Introduction. La politique par les armes. Conflits internationaux et politisation (XVe-XIXe siècle)
p. 9-21
Texte intégral
1Le mercredi 6 septembre 1758, Jean-Louis Morel, sieur de Lourme, employé des fermes du roi demeurant à Lancieux, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Saint-Malo, passe sa soirée « en l’auberge ou cabaret du village du Sabre scitué en la paroisse de Lancieux1 », attablé avec deux compagnons. Les trois hommes « tinrent table jusques environ les onze heures avant minuit et, comme il estoient à boire, arriva un particulier qui parut au déposant estre épris de boisson, et qui dist qu’il venoit de voir passer une vingtaine de chevaux anglois qui n’estoient conduit que par un seul homme ». Deux jours plus tôt en effet, les Britanniques avaient pour la troisième fois en trois mois débarqué sur les côtes de France, entre Saint-Briac et Saint-Lunaire, le général Bligh, à la tête de 8 000 hommes, projetant une nouvelle opération contre Saint-Malo. Sans trop hésiter semble-t-il, Morel « avec ledit Grumellon et le nommé Jacques Quintin, frère du cabarettier, formèrent le dessein d’aller s’embusquer pour tâcher de surprendre quelquuns des dits chevaux » et, pour ce faire, « s’armèrent chacun d’un fusil et allèrent de compagnie jusques au bourg de Saint-Briac proche le cimettière dudit lieu où après avoir resté jusques environ deux heures avant jour ils s’en retournèrent de compagnie au susdit cabaret du Sabre ».
2L’historien hésite quant au sens à donner à ce « projet » échafaudé dans les vapeurs d’alcool d’un cabaret un soir de septembre 1758. On peut y voir la volonté des protagonistes de se procurer des chevaux gratis et sans trop de risque. Mais ce serait oublier que les trois hommes passent – certes piteusement – à l’action parce qu’ils ont face à eux un soldat britannique et qu’ils entendent, en prenant les armes ce soir-là comme ils le feront – dans le cas de Morel notamment – dans les jours suivants, participer à la défense, a minima, de leur « petite patrie », au nom d’un patriotisme qui ne dit pas forcément explicitement son nom.
3Faut-il pour autant parler ici de « politisation » ? Le contexte particulier de cette année 1758 – un conflit extérieur en cours, la guerre de Sept Ans, contre la Grande-Bretagne et la Prusse – joue-t-il en ces circonstances un rôle particulier ? Telles sont, parmi de nombreuses autres, les questions auxquelles cet ouvrage voudrait tenter d’apporter quelques éléments de réponse.
Conflits extérieurs et politisation : un « aboutissement »...
4Un aboutissement : c’est ainsi que l’on peut, pour une part au moins, voir les textes qui suivent, car ils sont issus d’un colloque tenu à Rennes en novembre 2010. Cette rencontre s’inscrivait en effet dans le cadre d’un projet ANR plus vaste, Conflipol – pour « Conflits et construction du politique (XIIIe-XIXe siècles) » –, lancé en 2007 par Laurent Bourquin et Philippe Hamon, professeurs d’histoire moderne à l’université du Maine pour le premier, à l’université de Rennes 2 pour le second, autour d’une vingtaine d’historiens médiévistes, modernistes et contemporanéistes des universités de l’Ouest de la France.
5Ce programme s’est notamment traduit par l’organisation de plusieurs colloques et journées d’étude qui ont jalonné nos réflexions2. La première, coorganisée au Mans en juin 2007 par L. Bourquin et Ph. Hamon, visait à réfléchir aux « types de conflits et formes de politisation » dans le cadre d’une réflexion pluridisciplinaire, associant notamment politistes et sociologues à nos approches historiennes3. Trois autres journées d’étude, rennaises quant à elles, ont permis d’affiner nos problématiques, autour de « Conflits et extension de la participation politique » (janvier 2008), « Prise d’armes et politisation » (janvier 2009), ou encore « Créer l’événement : officiers et fonctionnaires face aux crises politiques » (janvier 2010)4. Ces rencontres ont permis d’ouvrir de nombreuses pistes, développées lors de deux colloques internationaux. Un premier, organisé au Mans en mai 2009, s’interrogeait sur les liens entre « Conflits et opinion(s), XIIIe-XIXe siècle »5. Le second de ces colloques – « Conflits internationaux et politisation, XVe-XIXe siècle » – s’est quant à lui tenu à Rennes les 23 et 24 novembre 2010 : c’est celui dont nous publions ici les actes.
6Deux questions essentielles avaient structuré ces quatre années de réflexions et de productions scientifiques. Il s’agissait de tenter d’évaluer en quoi les conflits ont pu contribuer, entre XIIIe et XIXe siècles, à l’élaboration d’une sphère politique autonome. Dans le même temps, nous souhaitions mesurer comment le politique, au fur et à mesure de sa construction, avait pu être mobilisé pour résoudre des conflits de toute nature. Indéniablement – et les publications évoquées en témoignent –, nombre de réponses à ces deux questions ont d’ores et déjà été apportées, à commencer par la notion même de politisation. Cette notion est souvent floue et surtout restrictive – notamment chez les historiens de la Révolution ou du XIXe siècle qui la réduisent encore trop souvent à sa seule dimension électorale, à l’« inculcation de la démocratie », pour paraphraser Maurice Agulhon, suivant un processus où « la politique descendrait vers les masses » et permettrait ainsi l’accès des populations à un nouveau fonctionnement, démocratique6. Cependant, le terme de politisation possède un caractère polysémique qui souligne la pluralité des voies d’accès au champ politique. En effet, l’usage même du mot politique au sens machiavélien employé aux XVIe et XVIIe siècles désigne l’emploi de moyens de négociation et de médiation qui entraîne son lot de compromission et de calcul dans le but de résoudre des relations conflictuelles et de pouvoir entre différents groupes et diverses activités. Longtemps, l’historiographie a qualifié ainsi les processus de politisation des groupes sociaux durant la Fronde pour signaler leur implication dans la sphère politique par le biais des pratiques mentionnées. Une autre conception de la politisation résulte de la conversion des passions individuelles – telles que l’émotion, la violence, la haine ou l’amour – en des actes sociaux et collectifs, ce qui aboutit à mettre en évidence de nouvelles structurations des rapports communautaires. Ce dernier sens de la politisation peut revêtir un caractère stable que l’on rencontre dans la plupart des sociétés humaines, mais sa traduction et ses modes d’expression dépendent en grande partie des moyens sociaux mis à la disposition des communautés, où l’adhésion personnelle s’articule à un projet collectif. Ainsi que l’écrivent L. Bourquin et Ph. Hamon dans leur préface à La politisation, celle-ci passe donc indéniablement par des modalités diverses, spécifiques en fonction des contextes qui les voient éclore, hors de tout processus linéaire7. Il nous restait justement à étudier un type de contexte bien particulier, assez marginalement abordé lors de nos rencontres au cours de ces quatre années : celui des conflits internationaux, justifiant pleinement une manifestation spécifique.
Conflits extérieurs et politisation : un projet
7Ce colloque s’inscrit – bien évidemment – pleinement dans le projet global lancé en 2007 ; il a cependant des approches, des problématiques qui lui sont propres. Comme le précisait l’appel à communication, notre objectif est ici d’étudier, dans la longue durée des XVe-XIXe siècles, le rôle des conflits internationaux dans la construction progressive du politique, sur la base du désenclavement des institutions médiévales et modernes, de l’élargissement de leur juridiction et de leurs métamorphoses au cours de ces cinq siècles. Des conflits internationaux auxquels nous avons souhaité donner l’acception la plus large, sans nous limiter aux seules guerres entre États. Ont ainsi été incluses les occupations étrangères, de même que les conflits qui relèvent en tout ou partie des guerres civiles, mais se caractérisent aussi par une dimension internationale : nous pensions initialement, entre autres exemples, à la Ligue en France, aux révoltes de Catalogne et du Portugal en 1640, à la guerre de Succession d’Espagne, à la guerre d’Indépendance des États-Unis, une liste bien évidemment en rien limitative.
8Que ces conflits internationaux créent du « politique » semble une évidence : ils bouleversent les institutions, les finances et l’économie, façonnent de nouvelles formes d’engagement, induisent une mobilisation, et entraînent éventuellement des phénomènes de collaboration. Ainsi que l’avait noté Jacques Lagroye, cette transformation des activités sociales traditionnelles dans le champ public peut conduire à une transgression face aux institutions et à l’ordre établi. Cette « subversion » impose de nouvelles normes et elle a pour effet la requalification des activités sociales – militaires, économiques, religieuses, civiques... – qui, à leur tour, peuvent déboucher sur du conflit8.
9Notre objectif ne sera pas ici d’étudier l’essor de « l’État » en lui-même, mais bien de comprendre dans quelle mesure les conflits internationaux ont favorisé l’émergence d’un nouveau rapport au politique, lié aux transformations de l’administration, à la montée de la fiscalité, au recrutement des troupes, à l’émergence d’une économie de guerre, aux guerres révolutionnaires ou de « libération », à la construction d’un sentiment national aussi.
10Nous avons choisi d’aborder cette problématique d’ensemble selon trois axes interdépendants.
La politisation du conflit
11Au cours de la période concernée, États et autorités politiques prétendent de plus en plus détenir le monopole de la « guerre juste ». Cette expression même souligne la valeur éminemment politique de la guerre et l’étroite imbrication de ses sources de légitimation avec la pensée religieuse : le conflit extérieur ne peut être envisagé sans le recours aux notions de bien et de mal, sans référence à la justice et aux catégories du juste et de l’injuste. Ces notions légitiment les affrontements : il s’agit d’une arme dans les combats polémiques qui opposent les belligérants au cours des conflits militaires ; la finalité de cet usage est claire : se dédouaner des responsabilités morales du conflit pour mieux en rejeter la culpabilité sur l’adversaire9. Doit-on considérer les justifications officielles du recours à la guerre comme des indices de politisation des conflits ; comment et de quelle manière se conjuguent-elles aux éléments toujours présents de la pensée thomiste ? La réactivation de la notion de guerre juste, de Grotius à Rousseau, souligne l’existence d’une continuité de la pensée de la guerre et de ses nécessaires discours. Ainsi, les thématiques religieuses, sans disparaître, se mêlent à bien d’autres justifications. Par exemple, dans l’Empire, durant la guerre de Trente Ans, les clivages confessionnels peuvent s’articuler à la volonté de « libérer » des territoires d’une domination étrangère. En ce sens, les éléments d’adhésion ou d’opposition déterminent en partie la politisation des conflits, selon les fidélités choisies. Dès la fin du XVIe siècle et au siècle suivant, la fidélité à la maison des Habsbourg détermine, voire politise les conflits à partir du moment où elle conditionne les liens entre les protagonistes. Dans certains cas, comme aux Provinces-Unies, ces liens ou ces ruptures de liens à l’égard de la dynastie combinent les aspects religieux (catholicisme/protestantisme), les données patrimoniales (pro-Habsbourg/anti-Habsbourg) et les caractères nationaux (flamands/espagnols) ; dès lors, la politisation du conflit épouse une série d’oppositions duales, qui peuvent selon les cas se juxtaposer ou se recouvrer.
12Pour autant, peut-on considérer que ces éléments d’adhésion constituent des indices de politisation des conflits, puisque les populations se seraient trouvées face à des choix à effectuer ? Inversement, les retournements d’alliance au cours de conflits constitueraient-ils des signes de dépolitisation ? Ou bien doit-on préférer y voir des indices de déplacement du politique au sein du conflit ? Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, ces renversements d’alliance au sein des principales coalitions trouvent leurs illustrations dans les alliances formées par les puissances maritimes avec l’Espagne et l’Empire, pendant les guerres de Hollande et de la Ligue d’Augsbourg : doit-on penser que ces transformations des alliances révèlent des déplacements de la politisation ? Assiste-t-on à une politisation régie par de nouveaux modèles, qu’il s’agisse d’une répulsion envers l’impérialisme louis-quatorzien ou bien de la conséquence de la supériorité des ajustements économiques sur les choix religieux et idéologiques10 ? De tels bouleversements au cours des conflits se déroulent aussi au XVIIIe siècle lors de la guerre de Succession d’Autriche et pendant la guerre de Sept Ans : plus manifestement encore, on assiste à l’effacement des conflits de type confessionnel auxquels se substituent de nouvelles formes de conflits et d’adhésions politiques ; l’évolution s’accélère sans doute – il conviendrait d’y réfléchir plus avant... – au cours du XVIIIe siècle, notamment lors des conflits révolutionnaires. Ainsi, la guerre d’Indépendance américaine bouleverse en Grande-Bretagne la perception des relations colonies-métropole et y alimente les débats d’opinion, accentuant et infléchissant la politisation du conflit. En France, cette guerre révèle de fortes imbrications entre le monde économique et le pouvoir politique, tout en introduisant de nouvelles représentations politiques. Enfin, en Amérique, elle accroît fortement la politisation des milices engagées dans les combats. Les conflits de la Révolution et de l’Empire, qui interfèrent avec des luttes internes à la France, constituent une étape supplémentaire dans ce processus, l’engagement – de même que la désertion – devenant un geste politique. Mais, avant cela, nombre d’études ont montré, depuis deux décennies, le tournant que constituent les années correspondant au milieu du XVIIIe siècle et plus particulièrement à la guerre de Sept Ans, tournant marqué par le passage de la présentation du conflit comme une guerre des rois à une guerre opposant des nations11. L’on n’est pas loin alors, de la politisation par le conflit.
La politisation par le conflit
13Notre objectif, en ce domaine, est de nous interroger sur les effets des conflits en termes de politisation. La guerre elle-même en représente une première dimension, dans la mesure où elle impose de construire politiquement un consensus et/ou une adhésion : de ce point de vue, les débats entre partisans et adversaires de la lutte contre la Maison d’Autriche voulue par Louis XIII et Richelieu en disent long. En 1635, la déclaration de guerre constitue une illustration de cette construction du consensus par la désignation de l’adversaire. L’effet du déclenchement du conflit conduit à des recompositions politiques au sein de l’élite nobiliaire et princière, jusque dans la famille royale. 1635 est l’occasion du retour en France d’une partie majeure des exilés opposés à Richelieu : Gaston d’Orléans, héritier du trône et réfugié par intermittence en Lorraine et aux Pays Bas au cours des années 1629-1634, se rallie à son frère et rentre en France pour participer à cette lutte contre la Maison d’Autriche12. à l’inverse, dans certains cas, l’objectif est même de disqualifier toute attitude dénoncée comme « politique », c’est-à-dire attentatoire à l’unanimité requise, la guerre pouvant alors entraîner une – au moins apparente – « rétraction » du politique : la démarche semble assez nette lors des années 1630-1640 avec les révoltes de Montmorency et Soissons et l’exil de Marie de Médicis13 : les luttes de faction, les appels répétés au bien commun comme les multiples prises d’armes qui se succèdent au cours de la première moitié du XVIIe siècle constitueraient bien plus le signe d’un malaise social – en particulier celui de la noblesse – que les éléments d’une élaboration collective du politique pendant ces conflits. Dès lors, certaines interprétations confirment cette rétraction de la politisation au profit des intérêts clientélaires et lignagers de certains groupes sociaux.
14La politisation par le conflit peut bien évidemment concerner les « outils militaires » eux-mêmes, flottes ou armées, plus particulièrement lorsque ces outils deviennent permanents, pour l’essentiel à compter du XVIIe siècle. Ainsi, en 1647-1648, la mobilisation des insurgés du royaume de Naples s’appuie en grande partie sur la formation de corps armés dont le recrutement émane essentiellement des couches les plus défavorisées de la population, principalement des lazzari – cette partie la plus pauvre de la plèbe des villes d’Italie méridionale – et des Calabrais. à leur tour, ces soldats exigent des autorités révoltées des mesures politiques radicales et des décisions économiques qui sont à leurs yeux les conditions nécessaires à la victoire militaire et politique (réquisitions, répressions, ravitaillements, levées forcées...). Les processus d’opposition, militaire et politique, produisent des phénomènes d’engagement et de rejet selon l’appartenance à différentes couches de la société. Ces processus ont été bien étudiés dans le cas de la France, qu’il s’agisse de la période révolutionnaire ou d’un large XIXe siècle marqué par les récurrentes épurations résultant d’une politisation trop poussée, une politisation dans laquelle les conflits internationaux jouent d’ailleurs, semble-t-il, un rôle très variable. Ainsi, la question d’une politisation particulière des forces armées ressurgit-elle périodiquement en France après la décennie révolutionnaire : politisation républicaine hostile à l’évolution du régime consulaire dans les années 1800-1804, républicaine et bonapartiste dans les premières années de la Restauration notamment, légitimiste pendant la monarchie de Juillet, monarchiste pendant les premières années de la République opportuniste, les interventions militaires extérieures de la France contribuant pour une part à déterminer ces engagements politiques14. à cet égard, la situation au sein de l’armée britannique au XVIIIe siècle semble assez différente : ici, le souvenir de la guerre civile et du protectorat de Cromwell qui ont fait de l’armée désormais permanente – y compris après le Disbanding Act de 1660 – un enjeu politique de première importance conduit à redouter son éventuelle politisation et de ce fait à la contrôler, au même titre d’ailleurs que sa potentielle confessionnalisation. Le siècle suivant est, pour sa part, selon J. Cookson, celui d’une lente « dépolitisation », d’une mise à l’écart de l’esprit partisan au sein de l’institution militaire par une sorte d’accord tacite, selon les moments, entre whigs et tories, entre foxites et pittites, ce qui n’exclut pas pour autant les prises de position privées de certains officiers notamment et la démission d’autres, par exemple dans les années 1770, par refus de la guerre contre les Insurgents américains15. Si l’Europe des années 1750-1815 est mieux connue, on ne saurait limiter ces questions à cette seule période : en remontant le temps en effet, la guerre franco-espagnole des années 1595-1598 peut apparaître en France comme un instrument de politisation unanimiste, sous l’égide d’un monarque auquel désormais tous prêtent allégeance, à l’exception d’une poignée de « Ligueurs de l’exil ». Pour ceux-ci, il demeure impossible de sortir du cadre antérieur de politisation passionnément porté pendant la décennie précédente, au cours de la huitième Guerre de religion16. Chez les historiens de la guerre de Cent Ans, le débat fait rage sur le rôle du conflit international dans la construction politique des nations et plus précisément, dans la politisation des sujets au sein des divers espaces et milieux concernés. Certains vont même jusqu’à supposer un sentiment national embryonnaire chez les humbles, face à des princes qui y resteraient réfractaires17. Mais d’autres s’interrogent pour savoir si les Normands qui se soulèvent contre les Anglais dans les années 1420-1430 sont motivés par des considérations patriotiques ou agissent par simple volonté d’autodéfense, quand ce n’est pas pour se livrer au brigandage.
15De même, dans quelle mesure les effets de la politisation de l’économie se produisent-ils dans le cadre des conflits internationaux ? La guerre provoque en effet l’émergence, si ce n’est d’une économie de guerre, du moins d’activités économiques étroitement liées à la guerre et à sa préparation, sous la direction de l’État : leur structuration tend à devenir un enjeu politique. D’autant que les conflits internationaux s’accompagnent de mesures économiques – blocus, prédation, colonisation... – qui font débat et que l’on cherche à légitimer18.
La politisation pour le conflit
16La préparation et l’engagement dans un conflit nécessitent, d’une part, une adaptation de l’État et, d’autre part, une mobilisation de la population. Les mutations de l’État sont connues : institutions d’exception, lois nouvelles, accroissement de la pression fiscale, recrutement des troupes (et enjeux de l’existence d’une armée permanente)... La guerre affecte à des degrés divers l’administration. À l’intensité des besoins – humains, fiscaux, militaires, logistiques... – répondent des transformations au sein des organes de gestion avec de nouvelles configurations qui répondent à des critères politiques : dans quelle mesure ces métamorphoses s’accomplissent-elles par le biais d’une politisation des agents comme des administrés ? La politisation des organes de gestion de la guerre apparaît fort inégale, tant en ce qui concerne son extension que son intensité. Certains territoires semblent plus exposés que d’autres, en particulier les littoraux et les zones frontalières. Il n’en reste pas moins qu’au cours de la période, les espaces concernés ont tendance à se dilater, jusqu’à englober la majeure partie des territoires. Il s’agissait pour nous ici d’aborder ces processus non pas en eux-mêmes, mais comme facteurs de politisation : dans quelle mesure, en particulier, le renforcement de l’État favorise-t-il, au sein de la population, l’émergence de catégories politiques autonomes, de formes d’adhésion, de consentement ou de résistance ? Quelles sont les valeurs alors mises en avant ?
17Dans la politisation pour la guerre, les modalités de la mobilisation des populations constituent des conditions essentielles de la relation au politique. Cette thématique, familière aux historiens du XXe siècle, n’est pas assez explorée pour les périodes antérieures. Il ne s’agit pas de faire d’anachronisme, car les moyens à disposition des autorités sont moins puissants et d’une autre nature que ceux du siècle dernier. Nous devons tenir compte de spécificités socioculturelles propres à ces époques, ainsi par exemple en réfléchissant aux processus de politisation d’un conflit qui serait initialement religieux. Dans une perspective diachronique, les argumentaires, leurs auteurs et leurs modes de diffusion représentent des éléments importants de l’évaluation de la politisation. Enfin la construction d’un « temps de la guerre », comme temps politique spécifique et repère commun, souligne le besoin de mobilisation communautaire autour de l’axe central que représente le conflit pour l’ensemble des populations. La façon dont les élites politiques (prélats, aristocrates, municipalités, députés...) produisent et/ou relayent de tels discours et la manière dont ils sont reçus aux différents échelons des sociétés concernées offrent des indications sur le lien entre les degrés de pénétration de la politisation pour le conflit.
18Un dernier volet a été exclu en tant que tel de nos réflexions : celui de la politisation contre le conflit. En effet, les positions ne sont pas toujours tranchées entre le refus de la guerre et son acceptation. Chacune de ces deux formes connaît des nuances et des variantes entre le rejet total du conflit et l’union pour le conflit. À cet égard, ces positions ont en commun de pouvoir stimuler les débats et la prise de parole au sein de la société, créant en cela du politique dans un cas comme dans l’autre. Les exemples de politisation contre les conflits extérieurs sont nombreux : ainsi, au XVIIe siècle, des niveleurs en Angleterre s’opposant à la guerre en Irlande, ou encore des possessions espagnoles de Naples ou du Portugal qui refusent d’assumer les conséquences des guerres engagées par leur souverain, Philippe IV19. Que l’opposition à la guerre puisse être, en cela, source de politisation, est évident, qu’elle se traduise ou pas par le développement de ce que l’on qualifiera, sans doute de manière trop simpliste, d’insoumission, de pacifisme, voire de défaitisme. Il nous a semblé cependant que cette politisation ne suivait pas des cheminements distincts des trois axes précédemment évoqués.
Conflits extérieurs et politisation : thématiques renouvelées et jeux d’échelles
19Au-delà de ces trois axes – la politisation du conflit, la politisation par le conflit, la politisation pour le conflit –, le choix a été fait de mettre plus particulièrement en exergue deux dimensions.
20La première a été d’insister sur les thématiques en voie de renouvellement. Ainsi, tout d’abord, de la question des résistances aux invasions et aux occupations. Comme le montre le programme ANR dirigé par J.-F. Chanet (IRHIS, Lille III), les actes de résistance et de collaboration, tant à l’adversaire qu’à la guerre elle-même, l’attentisme des populations et l’accommodement aux contingences exceptionnelles se fondent sur un argumentaire politique qui se nourrit profondément du conflit20. En s’appuyant sur ces travaux, il nous a semblé nécessaire de rechercher plus précisément en quoi la résistance armée a pu constituer une forme et un facteur de politisation, depuis la guerre de Cent Ans jusqu’aux conflits « nationaux » du XIXe siècle.
21L’articulation entre la politisation par le haut et la politisation par le bas représente un deuxième élément d’interprétation, apparu plus récemment dans les réflexions des historiens. Délaissant l’approche plus classique des diverses formes de politisation « par le haut », depuis les sphères gouvernementales et étatiques, nous avons souhaité privilégier ici la politisation « par le bas », en étudiant, à travers les conflits, l’évolution du rapport au politique depuis les communautés locales, ainsi que le soulignent, par exemple, les études de cas de J.-M. Le Gall sur la bataille de Pavie en 1525 ou de R. Renault sur le micro-territoire Schönburg, en Saxe, entre 1648 et 1806.
22La question de la « guerre totale » intervient aussi fréquemment pour distinguer les éléments de la politisation des conflits, par les conflits et pour le conflit. La parution en français de l’ouvrage de D. Bell, au moment même où se tenait ce colloque, illustre l’actualité de cette réflexion21. Les contributions de H. Drévillon et de J.-Y. Guiomar sur les liens qui régissent les notions de « guerre totale » et de politisation ouvrent de nouvelles pistes. Il convient aussi d’interroger en retour ces dimensions à l’aune des problématiques du colloque, car la politisation de la guerre peut modi fier les relations des armées, des populations et des élites dirigeantes avec la violence guerrière. À ce titre, la communication de R. Morieux, entre autres, sur les prisonniers de guerre français en Grande-Bretagne pendant la Révolution et l’Empire offre un regard particulièrement précieux sur cette « totalisation » – fort inégale – de la guerre.
23Enfin, le thème de la politisation contre-révolutionnaire se trouve évoqué de manière distincte de la politisation contre la guerre ; en effet, si on ne néglige pas les formes « contre-révolutionnaires » de politisation liées à ces affrontements, il n’y a généralement pas ici de refus de la guerre, mais bien plutôt une guerre, elle-même politisée contre la politisation proprement révolutionnaire.
24Une seconde dimension a guidé nos choix dans la préparation du présent ouvrage : le jeu sur les échelles, géographiques comme chronologiques, seul apte à saisir l’extrême diversité des relations entre processus de politisation et guerres extérieures. Les différentes contributions modulent ainsi rythmes et durées. Au choix de moments clés comme la bataille de Pavie (1525) ou de périodes brèves pour l’analyse des conséquences de la bataille de la Montagne blanche entre 1618 et 1621 (O. Chaline), répondent des approches s’appuyant sur des tranches chronologiques un peu plus larges – de l’ordre des quelques années que durent les occupations françaises en Calabre (N. Cadet) ou en Espagne (J.-M. Lafon) au cours des années 1799-1814 ou 1808-1814, ou encore la captivité des prisonniers de guerre français en Grande-Bretagne pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire. Ce jeu d’échelles s’étend ensuite sur des durées variables, de quelques décennies jusqu’au siècle : la seconde moitié du XVIIIe siècle englobant la prise en compte de la guerre de Sept ans et de la guerre d’Indépendance américaine pour E. Dziembowski, parfois plusieurs siècles, comme dans le cas de Venise étudié par G. Poumarède.
25Les échelles spatiales retenues sont tout aussi variées, permettant de diversifier les approches et les questionnements sur les liens entre conflits extérieurs et modalités de politisation. Micro-territoires comme Schönburg en Saxe, catégories d’espaces tel que le littoral français, villes, provinces comme la Calabre, principautés telles que la Bohême, les républiques de Venise et de Gênes, et même pays – les Provinces-Unies, l’Angleterre l’Espagne, la France – voire empires comme le Saint Empire Romain Germanique ou l’empire ottoman : cette liste, non-exhaustive, dit, à elle seule, la richesse des pages qui suivent.
26Pourtant, les études réunies ici n’épuisent bien évidemment pas le sujet des rapports entre conflits extérieurs et processus de politisation. De facto, l’espace occidental européen se trouve presque exclusivement représenté, ce qui reflète tout à la fois un état de l’héritage politique et de l’héritage historiographique de la recherche actuelle, héritage qui nuit à l’appréhension de la diversité des processus de politisation en temps de guerre extérieure. L’échelle mondiale – ou au moins les relations intercontinentales et notamment impériales – est sans doute trop absente, la prise en compte de la guerre d’Indépendance américaine faisant ici exception. Par ailleurs, la couverture chronologique est inégale. Si le vœu était de soulever la question de l’existence d’une première modernité du politique face aux conflits extérieurs, sur un long terme s’étendant du Moyen Âge à la Première Guerre mondiale, force est de constater une double sous-représentation : celle du bas Moyen-Âge et, de manière plus étonnante peut-être, celle du XIXe siècle, comme si seuls les événements intérieurs – 1830, 1848 ou 1871 dans leurs dimensions strictement nationales par exemple pour la France – avaient participé à la construction du politique. Quid, par exemple, de la crise de 1840 évoquée par J.-Y. Guiomar dans son ouvrage qui, à notre connaissance, n’a guère fait l’objet de développements récents, sous cet angle, en France22 ? Quant à la guerre de 1870-1871, elle reste trop souvent présentée, par une historiographie désormais de ce point de vue datée, comme signe d’une « dépolitisation » en raison même du vote conservateur de février 1871.
27Enfin, les thématiques développées ici ont laissé de côté un certain nombre de questions importantes. Ainsi de la politisation du judiciaire sous l’effet des conflits extérieurs (cours spéciales, confiscations, criminalité et guerres...) ou du problème de la criminalisation du militaire par le politique (pillage, résistance, terrorisme) ou encore de la question de la criminalisation du champ social par le politique. On rejoint alors les questions économiques du sabotage, de la dénonciation des profiteurs et autres « embusqués ».
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28On le voit, le dessin en creux de l’état des recherches que nous présentons ici suivant quatre axes – « Conflits et construction de l’État », « Mobilisations et résistances », « Occupations et politisation », « De nouveaux espaces publics » enfin – constitue aussi un appel à prolonger les enquêtes sur les relations entre les processus de politisation et les conflits extérieurs, d’autant que les formes et les espaces de politisation des sociétés ne suivent pas des processus linéaires : ils s’opèrent par glissements, avec des chronologies plus ou moins denses et des diffusions spatiales inégales. En cela, nous espérons que les études rassemblées ici pourront fournir des jalons pour prolonger et étendre ces réflexions.
Notes de bas de page
1 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 2 B 1225, enquête de la maréchaussée sur de supposés espions, 11 octobre 1758. Voir aussi Yann Lagadec et Stéphane Perreon (en collab. avec David Hopkin), La bataille de Saint-Cast (Bretagne, 11 septembre 1758). Entre histoire et mémoire, Rennes, PUR, 2009, p. 178.
2 Il convient de noter, par ailleurs, que plusieurs autres réunions scientifiques ont été associées à ce programme ANR : en octobre 2007, une journée d’étude intitulée « Les conflits d’autorité dans l’administration urbaine », organisée à Caen par A. Hugon, publiée dans les Cahiers du CRHQ, en ligne ; en novembre 2008, le colloque sur « Les parlements de Louis XIV. Opposition, coopération, autonomisation ? » coorganisé à Rennes par G. Aubert et O. Chaline (Gauthier Aubert et Olivier Chaline (dir.), Les parlements de Louis XIV. Opposition, coopération, autonomisation ?, Rennes, PUR, 2010) ; enfin, en novembre 2008 à Lorient, le colloque « Ennemi juré, ennemi naturel, ennemi héréditaire. Construction et instrumentalisation de la figure de l’ennemi. La France et ses adversaires (XIVe-XXe siècle) », dû à J. Ulbert (Jörg Ulbert (dir.), Ennemi juré, ennemi naturel, ennemi héréditaire. Construction et instrumentalisation de la figure de l’ennemi. La France et ses adversaires (XIVe-XXe siècles), Hambourg, DOBU Verlag, 2011).
3 La plupart de ces contributions ont été publiées dans Laurent Bourquin et Philippe Hamon (dir.), La politisation. Conflits et construction du politique depuis le Moyen Âge, Rennes, PUR, 2010.
4 Les communications de la première de ces trois journées ont été publiées dans Laurent Bourquin et Philippe Hamon (dir.), La politisation..., op. cit. Celles de la seconde journée l’ont été dans un dossier des Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest dirigé par Y. Lagadec : « Prendre et/ou porter les armes entre les XIIIe et XIXe siècles, un facteur de politisation ? Quelques perspectives », ABPO, 2011-4, p. 7-78. Si la journée d’étude de janvier 2010 n’a pas donné lieu à une publication spécifique, elle poursuivait la réflexion entamée dans l’ouvrage de Marc Bergere et Jean Le Bihan (dir.), Fonctionnaires dans la tourmente. Épurations administratives et transitions politiques à l’époque contemporaine, Chêne-Bourg, Georg, 2009, publié avec le soutien de Conflipol.
5 Ce colloque a été publié en 2012 : Laurent Bourquin, Philippe Hamon, Pierre Karila-Cohen et Cédric Michon (dir.), S’exprimer en temps de troubles. Conflits, opinion(s) et politisation de la fin du Moyen Âge au début du XXe siècle, Rennes, PUR, 2012.
6 Maurice Agulhon, La république au village, Paris, Plon, 1970, expression empruntée au titre du chap. 6.
7 Laurent Bourquin, et Philippe Hamon, « Introduction », dans Laurent Bourquin et Philippe Hamon (dir.), La politisation..., op. cit., p. 8.
8 Jacques Lagroye, « Les processus de politisation », dans Jacques Lagroye (dir), La politisation, Paris, Belin, 2003, p. 359-372.
9 Une très bonne illustration est fournie par l’étude de la déclaration de guerre française à la monarchie espagnole en 1635 : José Maria Jover, 1635, historia de una polémica y semblanza de una generación, Madrid, CSIC, 1949 [rééd. 2003]. L’auteur cite la remarque de Jansénius dans le Mars français : « L’insolence n’a-t-elle pas commencé cette tragédie ? La rage, n’est-ce pas sa suite ? Les rapines et les sacrilèges ne lui ont-ils pas servi de catastrophe ? » ; Jansenius, Mars François, 1637, livre II, chap. VII, p. 227 [disponible sur Gallica]. Voir aussi, sur cette thématique, la thèse de Solange Rameix, La guerre juste. Regards croisés de France et d’Angleterre au temps des guerres de la Ligue d’Augsbourg et de Succession d’Espagne (1688-1713), thèse de doctorat, université Paris I, 2011.
10 Manuel Herrero Sánchez, El acercamiento hispano-neerlandés 1648-1678, Madrid, CSIC, 2000.
11 Voir, sur ce point, les travaux de Linda Colley, Britons. Forging the Nation, 1707-1837, New-Haven, Yale University Press, 1992 ; Edmond Dziembowski, Un nouveau patriotisme français, 1750-1770. La France face à la puissance anglaise à l’époque de la guerre de Sept Ans, Oxford, Voltaire Foundation, 1998, David Bell, The Cult of the Nation in France. Inventing Nationalism, 1680-1800, Cambridge, Harvard, 2001.
12 Pierre Gatulle, « La grande Cabale de Gaston d’Orléans aux Pays-Bas et en Lorraine : le prince et la guerre des images », XVIIe siècle, 2006/2, no 231, p. 301-326.
13 Sophie Nawrocki, Les réseaux d’information et la circulation des nouvelles autour de l’exil de Marie de Médicis (1631-1642), thèse de doctorat, université Paris IV, 2011.
14 Sur ces aspects, nous renvoyons aux travaux de Alan Forrest, Soldiers of the French Revolution, Durham/Londres, Duke University Press, 2003 ou Thomas Hippler, Soldats et citoyens. Naissance du service militaire en France et en Prusse, Paris, PUF, 2006. On trouvera des approches plus générales dans Bernard Lutun, « 1814-1817 ou l’épuration dans la Marine », Revue historique, 583, 1992, p. 61-86, Pierre-Antoine Montagne, Le comportement politique de l’armée à Lyon sous la monarchie de Juillet et la Seconde République, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1966 ou, plus récemment, dans l’ouvrage de Jean-François Chanet, Vers l’armée nouvelle. République conservatrice et réforme militaire, 1871-1879, Rennes, PUR, 2006.
15 John Ernest Cookson, « Service without Politics ? Army, Militia and Volunteers in Britain during the American and French Revolutionary Wars », War in History, 2003-4, p. 381-397 et John Ernest Cookson, The British Armed Nation, 1793-1815, Oxford, Clarendon Press, 1997, p. 66-94. En Grande-Bretagne, ce sont les volunteers qui sont, à compter de 1793, au cœur des luttes entre partisans de Fox et de Pitt.
16 Voir sur ce point Robert Descimon et José Javier Ruiz-Ibanez, Les ligueurs de l’exil. Le refuge catholique français après 1594, Seyssel, Champ Vallon, 2005.
17 André Leguai, « Royauté et principautés en France aux XIVe et XVe siècles », Le Moyen Âge, t. 101, 1995, no 1, p. 121-137.
18 Ángel Alloza Aparicio, Europa en el mercado español. Mercaderes, represalias y contrabando en el siglo xvii, Madrid, Junta de Castilla y León, 2007 ; Sylvia Marzagalli, Les boulevards de la fraude. Le négoce maritime et le blocus continental, 1806-1813, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 1999.
19 Olivier Lutaud, « L’accord du peuple, Londres, 1er mai 1649 », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1962-3, p. 501-516 ; Coll., 1640 : la monarquía en crisis, Barcelone, Crítica, 1992 ; Alain Hugon, Naples insurgée (1647-1648). La construction de l’événement, Rennes, PUR, 2011.
20 Jean-François Chanet et Christian Windler (dir.), Les ressources des faibles : neutralités, sauvegardes, accommodements en temps de guerre, XVIe-XVIIIe siècle, Rennes, PUR, 2009 ; Jean-François Chanet et Christian Windler (dir.), Le temps des hommes doubles. Les arrangements face à l’occupation, de la Révolution française à la guerre de 1870, Rennes, PUR, 2013.
21 David A. Bell, La première guerre totale. L’Europe de Napoléon et la naissance de la guerre moderne, Seyssel, Champ Vallon, 2010. Signalons, depuis, la mise au point de Bernard Gainot, « Les affrontements militaires sous la Révolution et l’Empire : une “guerre totale” ? », RHMC, 2012-2, p. 178-186.
22 Jean-Yves Guiomar, L’invention de la guerre totale, XVIIIe-XXe siècle, Paris, Le Félin, 2004.
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