Survivance et déclin du système vindicatoire à l’époque moderne
p. 75-87
Texte intégral
1Une interprétation de la violence homicide à l’époque moderne a été fondée il y a une vingtaine d’années sur l’hypothèse d’une incapacité des hommes du xvie siècle à maîtriser leurs émotions, peur, ivresse, et à contrôler leurs « pulsions ». Le tournant du Moyen Âge et de l’époque moderne aurait ainsi connu une sorte de « sauvagerie1 » qui aurait consisté notamment en cette violence « pulsionnelle ». Cette hypothèse a été liée au procès de civilisation des mœurs conceptualisé par Norbert Elias2. Il en a résulté des théories incluant l’idée évolutionniste d’une marche vers un progrès alliant modernité politique (l’État moderne s’attribuant le monopole de la violence légitime) et modernité culturelle (la maîtrise des pulsions)3. Gerd Schwerhoff4 a critiqué cette conception de la violence inter-individuelle qui ne résulterait que des pulsions et du degré de contrôle de celles-ci.
2Ce n’est pas sans raisons, il est vrai, que les historiens de la première modernité sous-évaluaient l’importance de la vengeance comme modalité des relations sociales. D’une part les historiens du droit et les historiens de l’État attribuaient à la justice royale une efficacité qu’en fait elle n’aurait que plus tard. De l’autre, dans ce qui est une des plus importantes sources criminelles, les lettres de rémission, le caractère intentionnel de la violence est dissimulé beaucoup plus au xvie siècle qu’à la fin du Moyen Âge. En 1539 l’ordonnance de Villers-Cotterets défend aux chancelleries et Cours souveraines d’accorder des grâces « fors celles de justice, c’est à sçavoir aux homicidaires qui auraient esté contraints faire des homicides pour le salut et défense de leurs personnes5 ». L’homicide pour légitime défense devenait presque le seul crime rémissible, et les suppliants durent s’attacher à montrer que l’homicide dont ils étaient coupables était essentiellement le fruit de circonstances malencontreuses, et d’émotions, comme la peur, accentuées par l’ivresse. Aussi des études ajoutant foi aux récits des suppliants ont-elles conduit à surestimer les émotions et les pulsions comme causes du déclenchement de la violence.
3En revanche, Stuart Carroll6 vient d’avancer l’idée qu’au début de l’époque moderne, en France comme en d’autres pays d’Europe, les relations sociales étaient encore façonnées par les querelles familiales, qu’on pourrait appeler des faides, et les modes de pacification de celles-ci. Je me propose ici de contribuer à vérifier cette hypothèse et, plus généralement, d’observer l’ensemble des actes de violence considérés comme légitimes dans le cadre des relations de parenté. Je le ferai avec des auteurs comme L’Estoile et Brantôme, ainsi qu’avec trois corpus de lettres de rémission du xvie siècle. Le plus volumineux est celui des lettres enregistrées à la chancellerie de Bretagne7. Le second est celui des lettres conservées aux Archives nationales pour le premier semestre de 1565, année qui a été choisie parce que le voyage du roi autour du royaume a suscité de nombreuses requêtes8 provenant des provinces méridionales auxquelles il est ainsi possible d’étendre l’observation ; enfin un corpus angevin présentant l’intérêt de couvrir la fin du xvie siècle9. J’envisagerai aussi les conditions idéologiques d’un déclin de la vengeance, qui n’a pu véritablement s’amorcer qu’à partir du xviie siècle.
Réalité de la vengeance au xvie siècle
4Un groupe familial était détenteur d’un capital-vie symbolisé par le sang et incluant un honneur10. Ce n’est pas ici le lieu de définir l’honneur dans la société du xvie siècle, mais disons seulement que les lettres de rémission et les mémoires distinguent les mots « honneur » et « renommée » : la renommée était propre à une personne, chacun devait se construire la sienne, tandis que l’honneur était collectif et porté par un groupe familial, puisqu’on avait le devoir de défendre celui d’un parent, consanguin ou allié. Entre sang et honneur il y avait équivalence symbolique puisqu’il fallait venger un homicide comme un déshonneur.
5On vengeait l’homicide d’un parent. Le devoir de vengeance était assumé prioritairement par le fils du défunt, même lorsque, dans le cas d’un fi ls très jeune, un délai d’une dizaine d’années lui était nécessaire pour passer à l’acte, ce qui laissait la haine intacte. On vengeait aussi les collatéraux ; vers 1530, étant averti qu’on vient de tuer ses oncles, un petit noble breton part chercher les coupables et, rencontrant un homme de la paroisse dont seraient venus les suspects, le tue11. Une alternance d’homicides pouvait ainsi courir sur plusieurs dizaines d’années. Deux frères Du Prat furent tués par deux ennemis différents, à la suite de quoi le troisième frère, Guillaume, le fameux baron de Vitteaux, « revancha » la mort de l’un et l’autre. L’un d’eux, François Du Prat, baron de Thiern, avait été tué à Paris à la suite de plusieurs altercations par Antoine d’Alègre, baron de Milhau, qui en obtint rémission12 en 1565 à la condition de servir le roi à Metz ou en Piedmont pendant six ans, c’est-à-dire jusqu’en 1571. Or dès 1573 ce dernier fut assassiné par Vitteaux. Enfin celui-ci fut appelé en duel par le fils de Milhau en 1583, Yves d’Alègre, qui réussit à le tuer13.
6L’homicide motivé par la vengeance était commis publiquement et à visage découvert pour que la communauté sache que l’honneur avait été lavé. En 1532 en Bretagne, un groupe d’hommes, apparentés entre eux, surgit en criant : « Frappez ! tuez ! tuez ce villain larron Desboys, meurtrier et brulleur de maisons ! », et tuent celui-ci. Pour ce meurtre ils ont obtenu la rémission du roi. Ce François Desboys était un noble, sous-garde des bois d’une seigneurie, et effectivement en décembre 1530, lors d’une altercation avec un tiers, il avait tué un prêtre, homicide dont il avait lui même obtenu une rémission en 153114. « Tuez, tuez ! », c’est le cri rituel de la vengeance15 : l’agresseur, loin de chercher à cacher sa volonté de meurtre, la proclamait pour que la communauté sût que vengeance était faite. C’est à Paris en pleine rue qu’en 1583, après un délai de quatorze ans, le seigneur de Mouy tua le meurtrier de son père ; il s’était fait accompagner et aider de parents16, ce qui confirme que l’acte de vengeance avait un enjeu familial. C’est parce que la vengeance opposait des groupes de parents qu’elle donnait lieu parfois à des batailles rangées. Brantôme la qualifi e même de « généreuse17 », c’est-à-dire qui « ne dégénère pas de la nature de son genus », de son groupe de parenté18. La vengeance restait un devoir inhérent aux relations de parenté.
7Il fallait aussi laver toute agression à l’honneur familial. Un déshonneur pouvait résulter d’une parole, insulte ou médisance, ou bien d’un acte, comme une action ayant conduit à faire pendre un parent. En 1531 en Bretagne, trois roturiers, deux frères et un cousin germain portant même patronyme, se coalisent pour battre un jeune gentilhomme « en hayne a l’occasion qu’il avait prins et rendu a justice » un autre frère qui depuis avait été pendu19. La pendaison, en effet, était infamante.
8Un mari vengeait aussi le viol de son épouse, mais si celui-ci était resté secret, il fallait éviter de le faire connaître et la vengeance ne devait pas être publique, ce qui justifiait le recours à l’assassinat, et a pu être une des causes de l’essor de l’assassinat à la fin du xvie siècle. Deux nobles bretons tuèrent en 1574 et 1594 des hommes qui avaient courtisé leur femme, et un autre assassina, « aux guerres dernières » (c’est-à-dire avant 1585), un voisin qui avait violé la sienne20.
9Ces volontés de vengeance étaient parfois d’autant plus farouches qu’ elles avaient été galvanisées par une femme, veuve ou sœur, qui y appelait. En 1565, un Gascon, le baron de Bournazel, ayant tué un de ses compatriotes (« on disoit que c’estoit par grande supercherie », précise Brantôme), la veuve de la victime « en poursuivit si vivement la punition » que le meurtrier, prisonnier, risquait d’être condamné à avoir la tête tranchée. Comme le roi Charles IX visitait son royaume, la Cour était à Bordeaux et les gentilshommes et dames s’émurent pour le prisonnier ; un de ses amis, aux pieds de la reine, obtint la grâce du meurtrier. La veuve, le lendemain
« […] vint trouver le roy… et se jetta à ses pieds. Elle luy présenta son fi ls, qui pouvoit avoir trois ou quatre ans, et luy dit : “Au moins, Sire, puisque vous avez donné la grâce au meurtrier du père de cet enfant, je vous supplie la luy donner aussi dez cette heure, pour quand il sera grand, il aura eu sa revanche et tué ce malheureux.” Du depuis, à ce que j’ay ouy dire, la mère tous les matins venoit esveiller son enfant ; et, en luy monstrant la chemise sanglante qu’avoit son père lorsqu’il fut tué, elle luy disoit par trois fois : “Advise-la bien, et souvien-toy bien, quand tu seras grand, de vanger cecy : autrement je te deshérite”21 ».
10Il en est de même de la suite de vengeances de Grands qui est liée aux débuts des guerres de Religion au point d’être une des causes de celles-ci. Le duc François de Guise fut assassiné en 1563 par Poltrot de Méré, un protestant ; or ce meurtre aurait été une première vengeance car d’après les Mémoires de Soubise, Poltrot était parent22 de Jean Du Barry seigneur de la Renaudie, tué en 1560 lors de la répression de la conjuration d’Amboise par les Guise. Pendant les jours que dura l’agonie de François de Guise, sa femme, Anne d’Este, et son fils, qui n’avait que treize ans, affirmèrent tous deux, devant Brantôme23, leur volonté de vengeance. Le fils allait exécuter cette volonté neuf ans plus tard, en 1572, en faisant assassiner le chef des protestants, l’amiral de Coligny, ce qui fut le préliminaire du massacre de la Saint-Barthélemy. Une sœur aussi appelait à la vengeance ; quand le même Henri de Guise fut tué sur l’ordre du roi en 1588, sa sœur emmena par les rues les enfants du défunt pour appeler le peuple à prendre les armes24.
11Ce n’était pas nécessairement le meurtrier qu’il fallait tuer, ce pouvait être un de ses consanguins25. Voici un cas où deux homicides symétriques nous sont connus grâce à deux lettres de rémission26. En Plenée-Jugon, une paroisse habitée par près d’une cinquantaine de petits nobles, deux fratries étaient cousines, les Sauvaiget et les Harcouët (leur parenté explique peut-être qu’on retrouve les mêmes prénoms dans les deux lignages depuis la fin du xve siècle). Un dimanche de 1518, Roland Sauvaiget, ivre, multiplie les provocations à l’égard de Roland Harcouët, ce qui suggère qu’un conflit existait déjà. Le provocateur est tué, et son meurtrier obtient des lettres de rémission. Cinq ans plus tard, ce même meurtrier, tenant taverne au bourg, à la suite d’une altercation avec un tiers, se bat avec son frère contre Jean Sauvaiget, frère du premier défunt, lequel tue Jean Harcouët. Ce second meurtrier part en Italie servir dans l’armée royale, ce qui suggère qu’il ne lui aurait pas été facile d’obtenir une rémission, qu’il ne s’emploie à demander qu’à son retour en 1525. Il est difficile de penser que le souvenir du premier meurtre n’ait été pour rien dans le second. Lue seule, la deuxième lettre pourrait être comprise comme un cas de violence arrivée malencontreusement, par « cas inopiné », entre de « bons amys », ce qui confirme que d’autres lettres soient rédigées de façon à masquer des actes de vengeance.
12En cette affaire comme en d’autres, le pardon royal du premier meurtre n’a pas suffi à rétablir durablement la paix, et il y a fallu un échange d’homicides. La parfaite symétrie inhérente à ce cas a aussi tenu, il est vrai, à la fortune des armes, car en d’autres cas, entre deux familles nobles angevines27 en 1609-1610 par exemple, il est arrivé que ce soit la même fratrie qui tue successivement deux membres d’une autre ! Reste que cette symétrie montre surtout que l’enjeu consistait moins à s’en prendre au meurtrier personnellement qu’à rétablir un équilibre entre deux groupes de parents, ce qui rendait peut-être possible le retour à la paix. Noël Du Fail conçoit qu’on puisse légitimement haïr et se venger, mais en respectant certaines normes et en considérant que la violence et la haine pouvaient finir par s’éteindre, conception qu’il oppose à la vendetta italienne dont il dénonce l’influence vers 1580 auprès de jeunes gens « farcis de certaines maximes endiablées et venues d’Italie… comme de se venger en quelque sorte que ce soit, et haïr perpétuellement28 ».
13Reste à préciser si ces cas sont des faits exceptionnels ou s’ils sont représentatifs d’une norme de comportement. Il semble que le corpus des rémissions de 1565 révèle des actes de violence en principe difficilement rémissibles et des formes et des motifs de violences plus diversifiés qu’à l’accoutumée. D’une part, les délais entre le crime et la grâce sont souvent anormalement élevés, allant de deux à trois ans jusqu’à neuf, treize, dix-sept, dix-neuf, vingt-deux et vingt-sept ans. Il s’agit donc là de suppliants qui ne songeaient pas à demander une rémission et qui s’y sont décidés en raison du voyage du roi. Longtemps ils n’ont pas songé à demander une rémission, en raison soit des difficultés de la démarche, soit que leur cas fût difficilement rémissible. Mais lors d’une nouvelle et joyeuse entrée dans une ville, et comme le précise le préambule d’une lettre, le roi était accoutumé à y délivrer les prisonniers et « leur donner pardon et remission… encores que ce fussent de crimes capitaulx et dignes de mort ». Aussi certains criminels, « estant adverty que nous venions en ce païs », se rendaient-ils « prisonnier volontaire es prisons29 » d’une ville où le roi allait entrer puisqu’ils avaient la garantie qu’ils obtiendraient la rémission du roi.
14Voici un exemple dans la noblesse bretonne où l’homicide a été précédé par une première violence neuf ans auparavant. En 1545, un certain Guy de Landujan, agressa les Labbé père et fils au point que le père en resta estropié et incapable de marcher. Le fils, Pierre Labbé, dut même quitter sa maison et aller vivre chez un beau-frère « pour fuyr » les poursuites de son ennemi, sans doute parce que celui-ci avait plus d’influence dans le pays, étant un homme de moyenne noblesse, tandis que les Labbé n’étaient que de petits nobles30. En 1554 cependant il s’en revint, son ennemi ne manqua pas de venir à sa rencontre, et le premier tua le second31. La vengeance pouvait donc être différée pendant des années jusqu’à ce que quelque circonstance en suscite la réalisation.
15En dehors de circonstances particulières favorables à la rémission comme en 1565, maintes lettres présentent un récit selon lequel le suppliant a porté secours à un frère ou une tante et a tué l’agresseur de son parent, mais de tels homicides ont aussi bien pu être des actes de vengeance. Voici en 1512, trois frères, dont un « homme de labeur » et un prêtre, ce dernier en querelle avec un sonneur de rebec au point que celui-ci a plusieurs fois menacé de le tuer ; un jour que les deux frères laïcs sont avertis que le sonneur est parti pour tuer le prêtre, ils partent à leur tour pour aider leur frère et, trouvant leur ennemi seul, « estimèrent que iceluy H… l’eust ocys », et le battent à mort32. Le secours porté à un parent aurait été à la fois l’occasion de réaliser une vengeance, puis le moyen de la dissimuler dans la requête de rémission33.
16Ces exemples montrent aussi que sous François Ier, un règne pendant lequel le pouvoir royal n’était pourtant pas affaibli comme il allait l’être après 1559, la pratique de la vengeance familiale n’était ni éliminée, ni même totalement réprimée par l’autorité royale. Or elle est repassée par un sommet pendant les guerres de Religion. Comme l’écrit Monluc, la religion a servi de « beau manteau » pour exécuter des vengeances34. Certains combats des guerres de Religion furent aussi des règlements de compte privés, comme lors de la prise de Pons en 1569 où Agrippa d’ Aubigné tua un capitaine qui « avoit voulu forcer » une « sienne tante35 ». Plus que jamais alors des nobles se vengèrent de torts qu’on avait fait à eux ou à un parent. Des actes de vengeance ont été identifiés jusqu’au milieu du xviie siècle, par exemple dans les années 1660-1670 en Agenais36.
Une violence intra-familiale
17Quant au concept de « système vindicatoire », il devient utile pour élargir l’observation à un autre type de motivation de la violence, la violence intra-familiale. En 1521 en Bretagne, dans une famille d’« hommes de labeur », comme un « jeune garçon » de dix-sept ans commet de multiples vols, son père et son oncle maternel se mettent d’accord pour s’assurer de sa personne, et lui crèvent les yeux parce qu’ils craignent qu’il soit « aprehendé de justice et pugny, en scandalle et deshonneur de sondit pere et de ses parans37 ». Un père a donc pu préférer mutiler son fils plutôt que de risquer qu’il soit condamné pour vol et être pendu. Son souci n’était pas moral mais était de préserver l’honneur familial. Un tel acte, qui nous paraît étonnant, n’a pas été unique. On peut lui trouver une rationalité familiale et sociale dans le cadre du concept de système vindicatoire, qui permet donc d’explorer les mentalités en matière de relations de parenté au cours de la première modernité.
18Trois gestes analogues sont rapportés par Tallemant des Réaux dans ses Historiettes38 sous le titre : « Enfans dont les pères ont fait eux-mesmes la justice ». Le premier est celui d’un charpentier du roi, ayant un fils « extresmement desbauché » et « engagé avec des filoux en une meschante affaire » ; il le tira de ce mauvais pas grâce à son crédit, apparemment en obtenant du roi sa grâce. Mais comme le fils se mit « à voller sur les grands chemins », le père, ayant appris où il était, alla l’y trouver armé de pistolets et lui en donna un coup dans la tête. Puis le père demanda sa propre grâce et l’obtint. Tallemant précise que le père craignait « d’avoir le desplaisir de le voir rouer », et le motif était donc le même que celui de notre homme de labeur de 1521. Le second cas est celui d’un gentilhomme de Champagne qui, voyant que son fils ne lui donnait « nulle marque d’amendement », lui cassa les jambes avec des tenailles. Enfin « un gentilhomme de la frontière de Lorraine, nommé Neufvilly », s’étant aperçu qu’une de ses filles était grosse et ayant appris que c’était des œuvres du berger, lui donna « de l’espée dans le corps ». Ce geste était analogue à ce qu’on appelle aujourd’hui dans les pays musulmans un « crime d’honneur ». Comme la fille agonisa trois jours avant de mourir, elle eut le temps de déclarer devant notaire « qu’elle meritoit un pire traittement que celuy qu’on luy avoit fait ». Elle aurait donc approuvé le geste qui la faisait mourir, comme si elle l’estimait légitime. Le pouvoir royal pensait de même puisque le père homicide a, lui aussi, obtenu sa grâce. Dans tous ces cas, un père préfère donc tuer ou mutiler son enfant pour éviter que celui-ci plonge son groupe familial dans le déshonneur.
19Dans d’autres cas, la démarche du parent détenteur de l’autorité est moins radicale et n’est conçue que comme une désapprobation. Ainsi en 1535 en Bretagne, un aîné, d’autant plus responsable socialement qu’il est marié, a un frère cadet désobéissant à leur père et voleur, qui donc fait peser un risque de « deshonneur a tout nostre laignaige ». L’aîné estime avoir assez d’autorité pour réprimander son cadet, mais la réprimande tourne mal et l’aîné en arrive à tuer son frère39. Ici encore, le motif était l’honneur familial, et l’action se voulait préventive.
20Ces cas de violences exercées par un homme détenteur de l’autorité familiale envers des membres de sa parentèle invitent à y mettre en perspective les violences en cas d’adultère. Natalie Zemon Davis a donné une première série de cas d’épouses tuées par leur mari à la suite d’un flagrant délit d’adultère, homicides dont les maris obtinrent rémission. C’était, avec la légitime défense, l’autre type d’homicide rémissible, ce qui donnait presque au mari un droit de mort sur son épouse adultère. Dans le corpus de plus de huit cents lettres de rémission accordées à des sujets du roi dans le duché de Bretagne entre 1516 et 1574, onze maris ont tué leur épouse, dont deux immédiatement à la suite d’un flagrant délit d’adultère. Un flagrant délit mettait le mari devant une alternative meurtrière : tuer l’amant, acte de vengeance, ou tuer l’épouse. Les lettres de rémission accordées à des maris ne précisent jamais rien sur le motif d’un uxoricide à la suite d’un flagrant délit d’adultère, comme si un tel acte était légitime. Luther rappelle que « quiconque garde une femme adultère est un fou », et pour lui l’adultère justifiait le divorce, ce qui ne l’empêchait pas de suggérer aux autorités civiles de condamner la femme adultère à mort. Certains historiens expliquent l’homicide de la femme adultère par son mari en évoquant les biens matériels et leur circulation, comme si la propriété était la seule instance fondamentale motivant les humains. Ce type d’explication témoigne de l’incompréhension de ce qu’est la parenté et de son importance pour l’identité. Une tache sur la renommée sexuelle des épouses était dommageable à l’honneur de leurs parents masculins. La réprobation des relations sexuelles illégitimes était certes exprimée en termes moraux et motivée par les préceptes de la religion chrétienne, mais le vrai fondement du caractère inacceptable de l’adultère féminin était de l’ordre de la parenté. Il est explicité par cette apostrophe en 1525 entre deux paysans : « Villain, tu cuydes estre marié o la fille de Jehan Raoul et tu es marié o la fille Robert Gayez ! » Et le suppliant de commenter : son ennemi voulait « inferez par ses parolles que la femme dudit B… ne feust pas [enfant] legitime, ne fille dudit Raoul, beau-pere dudit B.40… » L’adultère des femmes mariées faussait l’identité patrilinéaire de leurs enfants, c’est-à-dire leur filiation. On voit que les paysans en étaient conscients et y étaient sensibles tout autant que les nobles. L’homicide d’une épouse adultère par son mari était donc légitime parce que c’était le moyen d’éviter la naissance d’un enfant qui ne serait pas le fils du mari et qui incarnerait le déshonneur de celui-ci.
21Qu’un chef de famille tue un fils voleur ou une épouse adultère était donc vu comme un acte légitime, ayant pour motif de prévenir un déshonneur pour le groupe familial. Ces violences étaient conçues comme les actes d’une justice interne à la famille.
22Pour récapituler, on peut dire que la violence intra-familiale exercée par un patriarche détenant une autorité, père ou mari, est une forme de justice privée, comme l’est aussi la vengeance41. Mais tandis que la violence intra-familiale est exercée sur un parent pour prévenir un déshonneur qui s’abattrait sur le groupe familial, la vengeance est une violence exercée sur un étranger qui a attenté à l’honneur ou au capital-vie du groupe familial. La violence intra-familiale est donc le « pendant » de la vengeance, comme l’a vu Raymond Verdier42, et en est même une transformation logique.
23Du point de vue chronologique, la question est de préciser jusqu’à quand des violences pénales intra-familiales ont été pratiquées. Il semble que Tallemant écrivit ses Historiettes entre 1657 et 1659, et les trois cas qu’il rapporte peuvent se situer au temps de sa jeunesse, vers 1630. Or il estime que le meurtre commis par le charpentier en la personne de son fils était « une resolution assez estonnante », c’est-à-dire qu’à cette époque un homme de l’élite parisienne ne la comprenait plus, ce qui indique qu’elle était révolue. C’est le moment du début du règne personnel de Louis XIV, qui a reçu de façon croissante des placets de la part de familles qui voulaient se prémunir contre le comportement d’un des leurs, et dès lors c’est l’enfermement par lettres de cachet qui a permis de renoncer aux crimes d’honneur au sein des familles. Cependant la pratique de violences intra-familiales a perduré beaucoup plus tardivement dans certaines régions, en Lorraine par exemple selon Jean-Claude Diedler.
Conditions idéologiques du déclin de la vengeance
24Une des conditions de la renonciation à la vengeance relevait elle aussi des relations de parenté. Pour renoncer à la vengeance, les victimes avaient besoin de tenir la justice publique pour impartiale. Or au xvie siècle les juges locaux étaient partiaux, même les juges royaux, à cause du caractère systématique des solidarités familiales, et du caractère prioritaire qu’avait la parenté sur toute autre sorte de relation43. Les juges eux-mêmes étaient suspectés de défavoriser les adversaires de leurs parents, ainsi que les parents de leurs propres ennemis44. François Ier et Henri III reconnaissaient le fondement de ces suspicions puisqu’en tel cas il leur arrivait d’interdire à un juge la connaissance d’une affaire, ou ordonnaient de procéder à l’entérinement de la rémission à un autre juge de la même Cour, ou à une autre Cour. À la suite de l’homicide, à Morlaix, d’Alain de Penmarc dont les officiers de la ville étaient « parents et alliés », le sénéchal de Lesneven a condamné et fait exécuter Jehan Marec ; puis la veuve de celui-ci a épousé un noble, Pregent Duval45, qui a fait appel de la sentence au Parlement, et c’est pourquoi les juges de Morlaix le haïssent, ce qui devient un danger dès lors que lui-même a commis un homicide. De même, François Ier a ordonné de faire entériner une lettre à Nantes parce que la femme du sénéchal du lieu était cousine germaine de la victime46. En 1580 encore, un noble ayant blessé mortellement un jeune homme qui de nuit a attaqué sa maison avec une bande armée, le père de celui-ci le poursuit au présidial de Nantes, qui pourtant ne devrait pas avoir connaissance de l’affaire car celle-ci a eu lieu dans une paroisse des marches communes entre Bretagne et Poitou, mais le plaignant est un « homme fort riche et allyé de plusieurs des juges du siège […] où il a touttes faveurs » ; le suppliant obtient finalement de faire entériner sa rémission au présidial d’Angers47. Pour Max Weber, une des caractéristiques de l’État rationnel moderne est l’« impersonnalité » avec laquelle travaillent les fonctionnaires, « sans haine et sans passion », « sans considération de personne, de manière égale pour tout le monde48 ». La prégnance des relations de parenté faisait qu’au xvie siècle, les cours de justice locales, même royales, étaient fort loin de ce modèle.
25Les conceptions qu’on pouvait avoir sur la vengeance étaient reliées aux idées qu’on avait sur la justice et la religion. Deux idéologies peuvent être identifiées à travers divers épisodes des règnes de Charles IX et Henri III. L’une, traditionnelle, était encore largement majoritaire ; beaucoup, à la Cour, avaient de la compréhension ou de l’indulgence pour des auteurs d’actes de vengeance. L’autre idéologie, moderne, était le fait de quelques esprits d’élite.
26Dans le domaine de la justice, Montaigne avait conscience de cette opposition : il constate qu’il y a « doubles lois, celles de l’honneur et celles de la justice, en plusieurs choses fort contraires ». En 1565 à Bordeaux, où Bournazel était condamné à mort pour homicide, la Cour passant par là, seul le chancelier tenta d’expliquer « qu’il falloit que justice s’en fît », tandis que les gentilshommes et dames s’émurent pour sauver la vie du condamné, pour lequel un ami obtint enfin la grâce royale en se jetant à genoux aux pieds de la reine49. En 1572, au lendemain de la tentative d’assassinat de l’amiral de Coligny, selon Marguerite de Valois, témoin oculaire, Charles IX était déterminé à faire justice, c’est-à-dire à faire arrêter le duc de Guise, mais la reine-mère lui remontra que Coligny était « bien digne de tel traitement », et que Guise était « excusable… si, n’ayant pu avoir justice, il en avait voulu prendre même vengeance50 ». Quant à Henri III, il lui arriva de refuser la grâce d’un meurtrier, mais c’était parce qu’il « aimait » la victime51 : lui non plus, quoique principe même de la justice, ne faisait donc pas abstraction des relations inter-personnelles quand il avait à décider d’une grâce. Ainsi, la famille royale partageait les mentalités de ses sujets, et le pouvoir royal n’était pas unanime. En conséquence, les justiciables n’étaient pas dissuadés de renoncer à la violence tant que les homicides étaient volontiers pardonnés par le roi, et, plus précisément, tant que les clients des Grands pouvaient espérer obtenir assez facilement le pardon royal.
27On retrouve au plan religieux la même opposition de conceptions que nous venons d’observer au plan judiciaire. La vengeance est en contradiction avec l’appel au pardon que prône l’Évangile, ce qui pose la question de la compatibilité de la culture de la vengeance avec le christianisme. Brantôme affirme que ce sont seulement « les plus réformés », et il faut comprendre catholiques et protestants confondus, qui exhortent à l’oubli des offenses. Il en arrive logiquement à rapporter ces deux conceptions de l’attitude chrétienne envers autrui à deux statuts sociaux : l’oubli des offenses ne saurait convenir aux nobles, nous l’avons vu, et ne serait bon que pour les religieux. Seulement des âmes d’élite pouvaient passer de la soif de vengeance à une sensibilité religieuse supérieure, comme Antoinette d’Orléans, qui d’abord « voulut venger la mort de son mary tué52 » en 1596, puis « se fit religieuse » en 1599 et fonda la congrégation du Calvaire. En 1563, venant d’être blessé à mort, le duc François de Guise eut la grandeur d’âme d’appeler au pardon, mais sa femme Anne d’Este clama : « Dieu ! si tu es juste, comme tu le dois estre, vange cecy53. » Donner à Dieu des ordres ou des principes moraux s’apparente à la mentalité religieuse des fidèles qui, à la fin du xviie siècle, frappaient les statues des saints qui n’avaient pas exaucé leurs demandes dans leurs prières. Encore dans la deuxième moitié du xviie siècle, la dame de Nemours (1625-1707) « ne pouvoit pardonner. […] Quand quelquefois on lui demandoit si elle disoit le Pater, elle répondoit qu’oui, mais qu’elle y passoit l’article du pardon des ennemis sans le dire »54. Bien que la volonté de vengeance soit en contradiction avec l’appel au pardon que prêche l’Évangile, les fidèles des xvie-xviie siècles n’avaient donc pas de peine à la concilier avec leur conception du christianisme. Ce n’est donc qu’au terme du long processus de prédication des réformes religieuses et d’une culture religieuse approfondie, au cours du xviie siècle, que la foi chrétienne est devenue susceptible de contribuer au recul de la pratique de la vengeance.
28La relation personnelle avec Dieu conçue par les fidèles les plus fervents a parachevé le procès d’individuation, en ce qu’elle a fait reculer leur dépendance à l’égard des obligations traditionnelles inhérentes aux relations de parenté. En outre, le recours à l’homicide délibéré a pu reculer parmi les catholiques du fait du contrôle exercé sur les fidèles par la direction de conscience, et de l’introspection provoquée par la pratique de la confession. Pour Pascal, le désir de vengeance est criminel. La montée du jansénisme témoigne aussi d’une crise des valeurs héroïques55. Au sein des communautés protestantes enfin, le recours à la vengeance a été limité par les médiations et les arbitrages impulsés par les consistoires.
29Pour conclure, ce n’est pas seulement aux xive-xve siècles, mais aussi aux xvie-xviie, c’est-à-dire dans une très longue durée, que la justice étatique et l’Église ont fait reculer la vengeance et l’ont remplacée par la peine.
30Puisque, encore au xvie siècle, les rapports familiaux déterminaient une violence délibérée, l’interprétation historique de la violence homicide sur la longue durée ne peut se fonder sur une incapacité des hommes de ce temps à maîtriser leurs émotions, peur, ivresse, ni à contrôler leurs « pulsions », selon le concept dont, à la suite de Norbert Elias, on a usé et abusé. Il faut décidément « nuancer considérablement56 » les théories qui construisent la « civilisation des mœurs » sur la sauvagerie initiale d’un temps où aurait régné une violence « pulsionnelle ».
Notes de bas de page
1 R. Muchembled, L’invention de l’homme moderne, Fayard, 1988, p. 42, 457.
2 N. Elias, La civilisation des mœurs, Calmann-Lévy, 1973 ; La dynamique de l’Occident, Calmann-Lévy, 1975.
3 M. Wieviorka, Violence en France, Éd. du Seuil, 1999, p. 7.
4 G. Schwerhoff, « Criminalized violence and the process of civilisation, a reappraisal », Crime, Histoire et Sociétés, 2002, vol. 6, n° 2, p. 103-126.
5 Isambert, Decrusy et Armet, Recueil général des anciennes lois françaises depuis l’an 420 jusqu’à la Révolution de 1789, Paris, 1828, t. XII, p. 635.
6 S. Caroll, « The Peace in the Feud in Sixteenth-and Seventeenth-century France », Past and Present, n° 178, fevrier 2003, p. 74-115.
7 M. Nassiet, « Une enquête en cours : les lettres de rémission enregistrées à la chancellerie de Bretagne », Enquêtes et Documents, CRHMA, n° 29, 2004, p. 121-146 ; « Brittany and the French Monarchy in the sixteenth century : the evidence of the letters of remission », French History, vol. 17, 2004, n° 4, p. 425-439.
8 Arch. nat., JJ 263B. M. Pothus, Les relations sociales en France d’après les lettres de rémission de 1565, maîtrise, université d’Angers, 2005 ; A. Bouche, La violence en 1565 à travers les lettres de rémission, mémoire de master 1, université d’Angers, 2006 ; J. Boutier, A. Dewerpe et D. Nordman, Un tour de France royal. Le voyage de Charles IX (1564-1566), Paris, Aubier, 1984, p. 197-198 et 204-208.
9 BM d’Angers, ms. 353. T. Foucault, Les femmes en Anjou à la fin du xvie siècle d’après les sources criminelles, maîtrise, université d’Angers, 2005.
10 R. Verdier, La vengeance. Études d’ethnologie, d’histoire et de philosophie, Paris, Éditions Cujas, t. 1, 1980, p. 19.
11 AD Loire-Atlantique, B32, n° 6.
12 Arch. nat., JJ 263B, Bouche, op. cit., n° 75.
13 P. Bourdeille (seigneur de) Brantôme, Œuvres complètes de Pierre de Bourdeille seigneur de Brantôme, Paris, Ludovic Lalanne (éd.), Société de l’Histoire de France, 1869-1876, t. 6, p. 330-336 ; P. de L’Estoile, Mémoires-Journaux, Paris, Tallandier, 1982, t. 2, p. 106 et 130. Ajoutons que dans la première moitié du xviie siècle, Antoine Du Prat baron de Viteaux, mort en 1652, « avoit des brouilleries avec tous les gentilshommes de son voisinage » (Tallemant des Réaux, Historiettes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1961, t. 2, p. 726).
14 AD Loire-Atlantique, B33 (lettre à François Desboys) et B34 (lettre à Pierre Crochart).
15 C. Gauvard, « De grâce especial », Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 1991, p. 758.
16 Le seigneur de Moui, Claude-Louis Vaudrey, venge son père au bout de quatorze ans, avec l’aide d’un parent, le seigneur de Saucourt (L’Estoile, op. cit., t. 2, p. 122 ; Brantôme, op. cit., t. 5, p. 246-247).
17 Brantôme, op. cit., t. 5, p. 245.
18 A. Jouanna, L’idée de race en France au xvie siècle et au début du xviie, Montpellier, 1981, p. 91.
19 AD Loire-Atlantique, B35, lettre à Jean Sendoux.
20 N. Du Fail, « Contes et discours d’Eutrapel », Propos rustiques, balivernes, contes et discours d’Eutrapel, Charpentier, Paris, 1856, p. 154-155. M. Moreau, Histoire de ce qui s’est passé en Bretagne durant les guerres de la Ligue, particulièrement dans le diocèse de Cornouaille, Saint-Brieuc, 1857, p. 328-329.
21 Brantôme, op. cit., t. 9, p. 444.
22 H. Germa-Romann, Du « bel mourir » au « bien mourir ». Le sentiment de la mort chez les gentilshommes français (1515-1643), Genève, Droz, 2001, p. 222-223.
23 Brantôme, op. cit., t. 5, p. 247-248, et t. 9, p. 442-444.
24 Brantôme, op. cit., t. 9, p. 438.
25 Cf. de même, C. Gauvard, op. cit., 1991, p. 771.
26 AD Loire-Atlantique, B24 et B29.
27 Charles Du Plessis, puis son frère aîné Ambroise, furent tués en 1609 et 1610 par deux frères Turpin (AD Maine-et-Loire, E 2362 et 8J 151).
28 Souligné par nous (Du Fail, Contes et discours…, op. cit., p. 277).
29 Arch. nat., JJ 263B, f° 196 et f° 194.
30 En 1534, Guy de Landujan comparut à la revue de l’arrière-ban en homme d’armes accompagné de deux archers, tandis qu’en 1480, Olivier Labbé, de la même paroisse de Quédillac, comparut en archer et ne déclara que 15 livres monnaie bretonne de revenu noble. (M. Nassiet et G. Sevegrand, « Les montres de l’archidiaconé de Dinan en 1534-1535 », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. 105, 2002, p. 43-57 ; M. Nassiet, « Dictionnaire des feudataires des évêchés de Dol et Saint-Malo en 1480 », Bulletin de l’Association bretonne, 1992, p. 221-251, n° 542 et 1258).
31 Arch. nat., JJ 263B.
32 AD Loire-Atlantique, B33, lettre à Jean Jegou.
33 De même en 1564, dans la Soulle : « Craignant qu’ilz voulsissent tuer sondit cousin, ledit suppliant qui estoit armé de son espée, qu’il a accoustumé porter, s’aprocha dudit lieu et desgueyna, pour garder seullement de mal ledit Olivier, son cousin, et pour repoulser les efforts dudit [...] il auroit frappé sur la teste [...] duquel coup [...] ledit de Grihetz seroit deceddé… » (H. Courteault, « Trois documents inédits sur le pays Basque », Revue du Béarn et du pays Basque, 1904, p. 517-521).
34 B. de Monluc, Commentaires, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1964, p. 835.
35 Cité par M. Seguin, « Haines personnelles et violences politiques en Saintonge au début des guerres de Religion », Violence et relations sociales dans le Poitou et les pays charentais de la fi n du Moyen Âge au début du xxe siècle, GERHICO-Société des antiquaires de l’Ouest, 1994, p. 23-38.
36 G. Hanlon, « Les rituels de l’agression en Aquitaine au xviie siècle », Annales ESC, mars-avril 1985, n° 2, p. 244-268, p. 256-258.
37 AD Loire-Atlantique, B26, lettre à Yvon Buannec.
38 Tallemant des Réaux, op. cit., t. 2, p. 737-738.
39 AD Loire-Atlantique, B37, Janton, n° 22.
40 AD Loire-Atlantique, B29, lettre à Jean Bodiguel.
41 C. Gauvard, op. cit., p. 753.
42 R. Verdier, La vengeance, op. cit., p. 22-23.
43 M. Nassiet, « Relations de parenté et solidarités dans la noblesse en France au xvie siècle », D. Bates et alii, Liens personnels, réseaux, solidarités en France et dans les Îles Britanniques (xie-xxe siècle), Publications de la Sorbonne, 2006, p. 59-72.
44 AD Loire-Atlantique, B35, lettre à Jean de Launay.
45 AD Loire-Atlantique, B34, lettre à Pregent Duval.
46 AD Loire-Atlantique, B34, lettre à Guillaume de La Tribouille.
47 BM d’Angers, ms. 353, lettre à Guillaume Lamoureux. T. Foucault, op. cit., n° 1.
48 M. Weber, Économie et société. Les catégories de la sociologie, Plon, 1995, t. 1, p. 300.
49 Brantôme, op. cit., t. 9, p. 443.
50 M. de Valois, Mémoires et discours, Publications de l’université de Saint-Étienne, p. 69-71.
51 En 1573 (Brantôme, op. cit., p. 333) ; le 5 août 1579 (L’Estoile, op. cit., t. 1, p. 320).
52 Tallement des reaux, op. cit., t. 1, p. 29.
53 Brantôme, op. cit., t. 9, p. 442.
54 Saint-Simon, Mémoires, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1954, t. II, chap. LII, p. 879.
55 J. Rohou, Le xviie siècle, une révolution de la condition humaine, Paris, Éd. du Seuil, 2002.
56 C. Gauvard, op. cit., p. 944.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008