Cercles savants et pratique généalogique en France (fin XVIe siècle-milieu du XVIIe siècle)
p. 101-136
Texte intégral
« La généalogie est grise ; elle est méticuleuse et patiemment documentaire. Elle travaille sur des parchemins embrouillés, grattés, plusieurs fois récrits. » Michel Foucault, 19711.
La pratique généalogique entre antiquariat et histoire sociale
1Depuis un quart de siècle, l’intérêt des historiens pour les généalogies et l’attrait pour l’histoire des pratiques savantes des XVIe-XVIIe siècles ont crû de concert, au point parfois que les premières ont pu être assimilées prioritairement comme une contribution à l’élaboration du savoir en Europe occidentale. La confusion n’est pas illogique a priori, tant il est vrai que la pratique généalogique suppose un arsenal de connaissances et de techniques que l’on a pu qualifier de sciences auxiliaires (paléographie, épigraphie, diplomatique, archivistique). Enrichir celles-ci pour améliorer celle-là a constitué quelquefois le creuset d’un discours savant qui a pu donner l’illusion que les enjeux se résumaient à une dispute érudite inscrite dans une téléologie du progrès de la science historique.
2La tentation, légitime, de produire des synthèses à l’échelle européenne2 a ensuite conduit, comme toujours en pareil cas, à mettre en relief les traits communs de ces pratiques (sélection, usage, édition et critique des sources, lectures croisées et citations) au détriment du génie propre aux auteurs et à des milieux intellectuellement, socialement et politiquement divers. Les acteurs même ont alors droit, dans les études, à un traitement différencié qui distingue volontiers des leaders d’opinion, touche-à-tout impressionnants, des partisans d’un conservatisme avéré et une foule indistincte de praticiens jugés médiocres ou ordinaires. Cette inclinaison naturelle vers l’élite, que l’on retrouve dans d’autres domaines (histoire politique, prosopographie, histoire des entreprises, etc.), est parfois guidée et comme encore resserrée par la documentation disponible, que celle-ci soit aujourd’hui conservée ou non, qu’elle le soit en abondance (fonds d’érudits conservés à la Bibliothèque nationale de France) ou de manière incidente, qu’elle ait été enfin rendue aisément disponible par le biais d’éditions imprimées.
3Cette dernière caractéristique est encore biaisée puisqu’elle obéit à une sélection dont les historiens n’ont pas toujours conscience : le fonds Peiresc, pourtant riche de milliers de lettres inédites, n’est souvent perçu qu’à travers le monument d’érudition érigé par Philippe Tamizey de Larroque3. Pris dans les rets d’un héritage archivistique et érudit qui porte en soi des motivations insuffisamment questionnées, l’historien peut dès lors être amené à construire un discours qui sert admirablement le récit d’une curiosité antiquaire et d’une République des lettres européenne avant l’heure. Une telle réalité des pratiques savantes à l’âge moderne (ou pré-moderne au sens de Frühe Neuzeit) n’est évidemment pas niable. Il faut porter au crédit de ses promoteurs une connaissance renouvelée de cercles dont on n’a pas assez pris la mesure car leurs méthodes et leurs centres d’intérêt, passablement fanés à nos yeux, s’accordent parfois mal avec nos critères actuels de scientificité. Malgré tout, en l’état actuel de la recherche, cette histoire faite de précurseurs ou d’incarnations d’une altérité radicale pour nos contemporains (les généalogies incroyables étudiées par Robert Bizzocchi) néglige la masse des ouvriers, plus nombreux, moins brillants, souvent maladroits et suivistes, de l’ordinaire du travail généalogique de cette époque.
4L’autre travers induit par la recherche en la matière réside dans l’affadissement qui en résulte dans la prise en compte des réalités géopolitiques et individuelles. Si la dernière objection est régulièrement levée par des chercheurs qui s’emploient au contraire à ne pas limer abusivement les aspérités d’une personnalité érudite4, l’histoire des idées ne parvient pas toujours à contextualiser correctement son propos, en dépit de revendications explicites5. Il importe alors moins de souligner les simultanéités que de rechercher les similitudes. Le modèle diffusionniste, qui cadre bien avec la capillarité épistolaire d’une République de savants, l’emporte ainsi sur une explication plus conjoncturelle et pour ainsi dire internaliste. L’écart est souvent réduit lorsque la généalogie est saisie dans son autre versant, savoir celui de ses usages sociaux6. L’historicité du phénomène est ici pleine et entière. C’est aussi le moment où les bataillons besogneux, mais ô combien actifs et présents, retrouvent une attention méritée à travers des études de cas de nature très diverse7.
5La présente contribution voudrait s’attacher à respecter un certain équilibre dans l’exploration des usages de la généalogie au sein de ce que l’on nommera ici – par commodité plutôt qu’en raison d’une réalité avérée et autodéfinie – des cercles savants. Ces derniers se définissent d’abord par l’existence de recherches et de travaux analytiques ou synthétiques qui trouvent quelquefois la voie de l’édition imprimée. L’analyse de la production spécifiquement ou prioritairement généalogique révèle l’existence d’un genre à part entière, avec ses rythmes, ses commanditaires et sa matérialité. Ses auteurs tissent entre eux des liens de nature variable et savent à propos inscrire leur action dans le jeu croisé de l’échange d’information avec leurs homologues. Le cercle naît ici autant de la citation que d’une appartenance à des milieux socioprofessionnels et géographiques relativement homogènes. Une hiérarchie se dégage cependant. Elle est lisible non seulement dans les hommages rendus à la science de tel ou tel mais aussi dans l’imitation et la reprise de formules qui émergent d’expériences plus foisonnantes pour se fixer, de manière classique avant l’heure, comme de bonnes pratiques scientifiques, non théorisées mais légitimées par une forme de consensus.
Un genre dans son siècle : généalogies et histoires généalogiques
6Écrire une généalogie peut obéir à des motivations assez diverses. Inscrite dans un mouvement social dont elle ne peut être arbitrairement détachée, cette pratique constitue une réponse à des demandes politiques et sociales dans lesquelles les notions d’honneur et de distinction8 le disputent aux revendications prosaïques d’exemption fiscale. Conséquemment ou marginalement, elle est le support d’une activité érudite dont elle constitue au mieux un secteur entier traité pour lui-même, au pire une accumulation de faits dans lesquels puiser des notes érudites.
L’offre et la demande de la pratique généalogique : État et société
7On ne peut manquer d’être frappé par l’essor d’une intense pratique généalogique à une époque, les années 1580-1640, où la contrainte étatique n’est somme toute pas si pressante pour les individus et pour leurs familles. Elle ne devient réellement envahissante qu’à partir du dernier tiers du XVIIe siècle9. Le contrôle de la monarchie française sur la noblesse du royaume est pourtant clairement en marche dès l’époque des guerres de religion. L’ouverture-récupération consécutive à la saignée de la guerre de Cent Ans et au processus d’autoanoblissement par usurpation10 a considérablement renouvelé le second ordre au cours de la seconde moitié du XVe siècle et de la première moitié du XVIe siècle. Les progrès souterrains de l’hérédité des offices royaux de judicature, bientôt officiellement sanctionnés par une décision du pouvoir royal (instauration du droit annuel en 1604), ont ensuite beaucoup élargi les bénéficiaires de privilèges fiscaux.
8À cet afflux de sang nouveau et de prétentions potentielles, la monarchie répond en réalité mollement et sur le plan des principes. Il n’y a eu, sauf erreur, aucune tentative sérieuse d’imposer à la noblesse de France un contrôle sur preuves, à l’image de ce qui se pratiquait en Normandie depuis les années 146011 ; le projet d’un catalogue des nobles tenu dans chaque bailliage, souhaité par les députés de la noblesse aux états généraux de 157612, n’a pas été retenu par la monarchie. En revanche, tout l’arsenal juridique et institutionnel dont Colbert et les intendants firent ample usage dans les années 1660-1680 naît peu ou prou à l’orée de la période ici considérée : primat de la preuve écrite imposé pour les contrats engageant plus de 100 livres (article 54 de l’ordonnance de février 1566)13, institution d’une charge de généalogiste de l’ordre du Saint-Esprit en faveur de l’historiographe Bernard de Girard, seigneur du Haillan (lettres patentes du 9 janvier 1595)14, définition des intégrations ou assimilations à la noblesse du point de vue fiscal (article 25 de l’édit sur les tailles de mars 1600), création d’un juge d’armes royal (édit de juin 1615). Tous ces instruments, porteurs potentiels d’une production généalogique afférente, ne furent pas réellement activés par une monarchie soucieuse de concorde sociale au sortir des troubles, contrainte de ménager des officiers de justice et de finance conquérants, et encore capable, surtout, de faire supporter l’effort fiscal par ses sujets autrement qu’en inquiétant les élites sociales.
9La raison de la floraison des travaux généalogiques est donc à rechercher dans la société elle-même. Elle procède, dans un mouvement dont il est délicat de désigner la direction et l’intensité, de trois motivations principales. La première tient dans un stress nobiliaire qui prend sa source, pour ce qui concerne l’impulsion donnée aux pratiques généalogiques, non pas tant dans la crainte du déclassement, mais plus probablement dans un réflexe de défense contre l’impureté et la confusion sociale15. La menace d’indistinction est sans doute à l’origine de quelques projets de généalogies nobiliaires dont on mesure bien qu’ils ne visent pas à justifier des agrégations obscures et récentes au second ordre, comme la généalogie de la maison de La Rochefoucauld – demeurée à l’état de planche gravée d’un arbre généalogique – ou de la maison de Montmorency16. Dans cette dernière, comme dans d’autres entreprises antérieures ou postérieures, politiquement subversives ou utiles17, l’effet d’une forme de proximité avec le pouvoir royal est aussi clairement recherché.
10La deuxième explication tient dans les mécanismes de production d’une « aristocratie d’État18 » qui passe, entre autres, par l’adoption de mesures successorales comparables (primogéniture mâle) et par des alliances matrimoniales opportunes. Par voie de conséquence, la litigiosité de ces milieux s’en trouve probablement redoublée : elle donne ici à l’État et à ses juges un rôle d’arbitrage que l’administration monarchique exerça plus tard de sa propre initiative sous Louis XIV. La littérature généalogique produite devant les tribunaux n’est pas moins importante que celle qui se donne pour œuvre de l’esprit ; parfois travail de savants eux-mêmes19, elle est à rapprocher de cette production cartographique née de procédures judiciaires renouvelées à la fin du XVe siècle et qualifiée par certains historiens de « cartes de contestations20 ». Dans ces procédures d’assimilation à la très grande noblesse – qui relèvent davantage d’une interpénétration des élites du royaume que d’un « simple » passage dans le second ordre –, le placement de tel ou tel rejeton dans des compagnies et ordres aux critères d’accès éprouvés quant à la parenté noble (ordre de Malte principalement, mais aussi chapitres nobles21) appelle immanquablement la présentation de preuves concordantes avec les exigences généalogiques posées. Ces productions « parlementaires », souvent confinées dans le milieu familial ou réduites à être vantées sous forme de planches gravées (arbre des Séguier, 164222), ont pour une partie d’entre elles conflué dans des œuvres symptomatiques d’une généalogie qui, d’individuelle et familiale, devient l’expression des revendications d’un corps tout entier23.
11Il convient enfin de faire une place spéciale aux travaux généalogiques conduits à la demande ou dans l’entourage des ministres du roi pour asseoir un pouvoir ministériel, au besoin en soulignant les liens privilégiés existant avec la maison régnante. Richelieu, mais aussi d’anciens ministres du roi désormais hors du jeu politique (Sully), cherchent ainsi à établir le lustre de leurs origines nobiliaires, quitte – dans les deux cas précédemment cités – à passer sous silence leur parenté maternelle, en général toute d’officiers et de roturiers24. Ces productions nécessairement limitées quantitativement empruntent aux modèles établis pour d’autres individus ou familles à l’époque même. Mais elles font, peut-être davantage que d’autres textes concernant des individus plus éloignés de la scène du pouvoir, l’objet de redoublements, d’inclusions dans des projets d’apparence plus vastes25 et de critiques auxquelles l’historiographie a accordé une importance parfois sans rapport avec la qualité érudite du travail fourni.
Anatomie d’une production
12Il n’est pas aisé de prendre la mesure de l’activité éditoriale en matière de généalogie pour la période moderne et singulièrement pour la période 1580-1660, plus spécialement envisagée ici. Il n’existe aucun recensement scientifique et, dans l’attente d’une meilleure identification, l’historien en est réduit à la relecture des notations bibliographiques des contemporains. L’oratorien Jacques Le Long, dans sa Bibliothèque historique parue à l’époque de la Régence (1719), relève 598 généalogies, produites pour l’essentiel depuis le milieu du XVIe siècle26. Le recensement est loin d’être complet (relative ignorance des œuvres de la France méridionale), en dépit d’un effort évident de traquer les généalogies comprises dans des ouvrages historiques plus larges, de ne pas établir de hiérarchie entre une table généalogique imprimée et un in-folio de plusieurs centaines de pages et enfin de ménager une place aux œuvres manuscrites, qu’il s’agisse de travaux prêts pour l’impression et jamais publiés ou de recueils de notes généalogiques conservés dans les cabinets d’érudits ou la bibliothèque du roi. Par son caractère touffu et divers, la liste de Le Long restitue admirablement ce qu’a été la pratique généalogique du Grand Siècle, un work in progress collectif et individuel où la célébrité des collections documentaires le dispute à l’éclatante reconnaissance des œuvres imprimées.
13Car la seconde nouveauté de la période consiste effectivement dans la multiplication des travaux généalogiques soumis à la consécration de l’imprimerie. Peu de titres antérieurs aux années 1580 prennent pour objet principal l’écriture généalogique d’une famille qui ne fût pas royale ou souveraine d’une quelconque manière : l’avènement de François Ier, auteur d’une nouvelle dynastie sur le trône de France, suscite une vague de célébrations et justifications généalogiques27. Seuls les preux chevaliers échappent à ce monopole monarchique, Godefroy de Bouillon, La Trémoille ou encore Bayard28. Pareille effervescence généalogique ne pouvait manquer d’être cueillie et croquée par Rabelais dans son Pantagruel29. Des années 1580 date l’essor, lent dans sa phase initiale, de cette écriture qui hésite entre l’exposition d’une généalogie familiale, le récit de vies successives de membres d’un même lignage et un discours historique qui prend principalement appui sur l’action des membres d’une même maison, celle-ci dilatée selon les cas aux parents les plus éloignés pourvu qu’ils soient illustres. Au cours du dernier tiers du XVIe siècle, de grandes familles aux prétentions potentiellement très politiques30, comme les La Trémoille ou les Croÿ, promeuvent des travaux généalogiques qui trouvent le chemin de l’édition sous des formes diverses31. Le conflit ligueur, couvert puis violemment public, donne lieu à des passes d’armes généalogiques dont l’enjeu n’est rien autre que la couronne, royale (France) ou ducale (Bretagne)32. Suit un temps de latence durant le règne de Henri IV au cours duquel le souci généalogique demeure présent mais ne trouve pas à s’exprimer, dans un contexte d’union nationale d’après Ligue33 et d’exposition monarchique presque exclusive34. La fin des années 1610, à l’issue des luttes politiques intenses de la régence de Marie de Médicis et du début du règne personnel de son fils Louis XIII, marque le début d’une prolifique période, qu’il serait aisé de qualifier de « classique » sous l’angle de l’histoire généalogique. Les années 1619-1620 sont assurément un moment de lancement important à cet égard, en particulier par la reprise assez systématique du titre caractéristique d’« histoire généalogique ». La locution était apparue pour la première fois en français en 1606 avec le Boccace français (sous cet angle tout au moins), Étienne Laplonce-Richette35 ; il ne semble pas que l’expression ait connu des équivalents dans les autres langues latines. Paraissent donc coup sur coup l’Histoire généalogique de la maison de France, des frères de Sainte-Marthe (1619), l’Histoire des roys, ducs et comtes de Bourgogne et d’Arles, d’André Duchesne (1619), l’Histoire généalogique de la maison de Médicis, de Pierre de Boissat (1620), l’Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, du dominicain Augustin Du Paz (1620) et l’Histoire généalogique de la maison des Briçonnets, de Guy Bretonneau (1620). Les trois décennies suivantes sont tout entières placées sous le sceau et la stimulation des travaux d’André Duchesne, de l’Histoire de la maison de Chastillon-sur-Marne (1621) jusqu’à l’Histoire généalogique de la maison de Béthune (1641), pour s’en tenir aux œuvres imprimées et éditées sous son nom. Cette chronologie duchesnienne, qui fait des décennies 1620-1640 un moment d’acmé éditoriale, trouve un exact correspondant dans les Pays-Bas espagnols qui sont le théâtre d’une floraison de travaux de ce genre36. Les années du ministériat de Mazarin, moins connues, s’inscrivent dans son sillage, avec des auteurs émergents comme Jean Le Laboureur (1623-1675), Samuel Guichenon (1607-1664) ou Nicolas Chorier (1612-1692), mais ne marquent ni une accélération ni un renouvellement profond.
14En France, l’œuvre généalogique revendiquée et aboutie – car il en est qui ne sont que des prospectus ou « desseins37 » – se présente dans la première moitié du XVIIe siècle sous la forme d’un volume in-folio, le format choisi alors pour les grandes œuvres historiques et théologiques. Matériellement, il se donne ainsi comme un monument, un traité achevé. Écrit en français, le texte est introduit par un titre aussi expressif que possible, faisant place aux diverses composantes de l’ouvrage et à la méthode et aux sources privilégiées. Ces manifestes de la généalogie, qui portent haut et clair le flambeau de leur objectif, ne sont que la partie émergée de la diffusion d’une pratique qui ne se qualifie pas toujours aussi nettement chez certains auteurs, qui leur préfèrent le terme plus neutre de « recueil38 ». Elle gagne progressivement toute écriture sur le passé, lointain ou plus immédiat, qu’il s’agisse des additions que Jean Le Laboureur joint régulièrement à des récits de vies contemporaines39, des pièces justificatives de vies de saints40, de l’histoire d’une charge ou dignité41, d’une province42 ou d’une ville43. Au temps de la Fronde, le genre est même si solidement enraciné dans le paysage éditorial qu’il sert de support à quelques mazarinades : une forme d’antigénéalogie où la recherche des basses extractions constitue une arme supplémentaire pour dénoncer l’entourage financier du cardinal-ministre44.
Les hommes et la méthode : des cercles savants ?
Une pratique sociale : auteurs et commanditaires
15Il est essentiel que la généalogie se donne comme une œuvre extérieure à la famille ou à l’individu qui en est l’auteur. Si certains gentilshommes, rares, sont capables de dresser leur généalogie, ils n’en laissent rien paraître, préférant l’anonymat à l’exposition de leur identité45. Dans l’écrasante majorité des cas, le commanditaire d’une généalogie se tourne vers des auteurs extérieurs. Il peut s’agir de personnes qui sont à son service et disposent, ès fonctions ou temporairement, d’un accès privilégié aux éléments documentaires et/ou d’une capacité de lecture et d’analyse de ladite documentation46. À l’autre extrémité du champ, les savants font rarement leur propre généalogie et répugnent à les publier de leur vivant ou sous leur nom, comme Charles de Combaud (ou Combault), comte d’Auteuil et historien de Blanche de Castille, dont la généalogie fut donnée comme une œuvre de Pierre d’Hozier47, ou Guy Coquille dont la généalogie de la maison fut imprimée après sa disparition au tome premier de ses œuvres publié en 1665.
16Mais la nouveauté de la première moitié du XVIIe siècle est la rencontre entre des savants qui mènent leurs propres recherches érudites et recueillent des matériaux généalogiques, d’une part, et des individus ou des familles qui ont intérêt à la publication de la matière historique les concernant. Dans cette opération complexe, il n’est pas toujours évident de discerner qui a l’initiative de la réalisation d’une généalogie, tant les intérêts du savant et du noble sont étroitement mêlés, le premier y trouvant un soutien financier et un patronage aristocratique tandis que le second y puise un surcroît de légitimité dans une époque qui doute et questionne les origines sociales des individus. Les lettres-préfaces des ouvrages imprimés sont un genre à part entière, on le sait48, et ne livrent qu’une expression souvent formalisée d’une relation qui hésite entre contrat économique et lien clientélaire, quand elle n’emprunte pas aux deux caractéristiques. Dès lors que le destinataire est un noble, ou prétendu tel, la démonstration tourne au procédé49. La réception par la famille commanditaire est en définitive mal connue. Les généalogies heureuses, ou plutôt flatteuses, n’ont sans doute pas d’histoire. Ce sont les clients mécontents qui alimentent, comme en d’autres domaines, le filet archivistique de l’historien. Dans un contexte tendu, qui était celui du règne personnel de Louis XIV, il semble bien que le seul achèvement d’un manuscrit de prestige destiné à rejoindre la bibliothèque familiale, sans aller jusqu’à la mise en circulation d’un ouvrage imprimé dans un public plus large, suffisait à alimenter le sentiment outragé des clients. La famille bourguignonne des Espiard en voulait ainsi terriblement à Pierre Palliot, généalogiste du duché de Bourgogne, qui avait achevé ses recherches les concernant en 1687. L’ami commun qui avait servi d’intermédiaire entre les deux parties, un dénommé Boisot de Besançon, écrivait ainsi à Palliot que le résultat n’était pas à la hauteur des attentes de la famille :
« Quand on veut faire plaisir aux gens, il faut s’y prendre d’une autre façon que vous n’avez fait, et tout au moins, avant de faire enluminer leurs armes et de mettre votre ouvrage au net pour le rendre public, il le leur fallait faire voir pour savoir s’ils le trouveraient bon en l’état que vous l’avez mis et s’ils croyaient qu’il n’y avait rien à retrancher ou à ajouter. […] Si au contraire, vous l’avez fait pour leur faire injure, pour leur reprocher leur bassesse de leur extraction, pour les faire souvenir qu’il n’y a rien de plus nouveau que leur origine, qu’ils tirent de marchands, d’artisans et d’habitants de petites villes ou de villages, qu’ils n’ont point eu d’autres alliances qu’avec des maisons de même condition, vous avez parfaitement bien réussi !
Mais tout au moins, il semble qu’ils ont sujet de douter que cela mérite un grand paiement. […] Je ne vois pas pourquoi vous voulez qu’ils achètent une chose qui leur fait si peu d’honneur. Pouvez-vous dire de sang-froid aux gens ce qui se dit communément dans la plus grande colère ? On a vu des inimitiés mortelles entre des familles pour de semblables reproches. Quand une femme a querelle avec sa voisine, la première chose qu’elle lui reproche et lui met devant les yeux, c’est son origine de quelque petite ville ou village, où elle la renvoie à la boutique de son grand-père. Il y a telles marquises ou telles conseillères qui aimeraient mieux qu’on les appelât du nom infâme dont on nomme les coureuses de rempart, que de les appeler bourgeoises50. »
17Dans cette relation, plus équilibrée qu’il y paraît, entre un auteur et une famille dont il retrace l’histoire généalogique, il convient d’ajouter un troisième acteur, le cercle des relations de l’auteur qui joue le triple rôle d’arbitre des élégances généalogiques, de fournisseur de sources et de constructeur d’une identité savante collective.
Le périmètre du cercle : de la réalité d’une sociabilité savante au premier XVIIe siècle
18Le cercle savant est une réalité avant tout performative, elle n’a pas d’existence institutionnelle et procède d’une reconnaissance tacite d’intérêts et d’exigences communs qui équivaut de fait à une cooptation de nature taisible. Le fameux cabinet Dupuy – dont l’appellation hésite entre le modèle académique et le salon littéraire – existe d’abord par la régularité et la fixité géographique de ses réunions. Les praticiens d’une généalogique savante ne se rencontrent que très peu, mais se lisent et s’écrivent. Une lente et sûre décantation s’opère au fur et à mesure des parutions, des échanges de correspondance et de copies de sources. Une hiérarchie se dessine qui favorise les plus libres en temps et en argent et ceux qui ont accès aux gisements documentaires les plus profitables à toute la communauté.
19Dans cette configuration, les leaders naturels du groupe sont statutairement les auteurs distingués par la monarchie par un titre d’historiographe, tels Louis (1571-1656) et Scévole III (1571-1650) de Sainte-Marthe51, Théodore Godefroy (1580-1649)52, Pierre Dupuy (1582-1651)53, ou de géographe, comme André Duchesne (1584-1640)54. Ils sont naturellement les plus demandés et les plus prolifiques. Ils dominent par la qualité et le nombre de leurs ouvrages une production toutefois beaucoup plus diverse et aux objectifs d’écriture plus variés qu’il y paraît. Point de départ ou d’arrivée : le choix du prince en fait des chefs de file autant que leur notoriété leur vaut cette reconnaissance.
20Les recherches généalogiques et, dans le meilleur des cas, les publications qui en découlent, amènent à isoler des savants pour qui cette activité est tantôt accessoire, tantôt principale, mais qui tous partagent l’idée qu’elle entre pleinement dans la panoplie des outils de la connaissance historique. Les praticiens savants de la généalogie constituent un monde complexe et bigarré. Il est d’abord fait des professionnels précédemment cités, en général historiographes du roi. Le nom de d’Hozier, juge d’armes royal à partir de 1641, émerge nettement dans le paysage du deuxième tiers du XVIIe siècle. Alors qu’il publie très peu de monographies sous son seul nom, celui-ci est régulièrement sollicité pour parer les publications d’auteurs secondaires ou à la recherche de consécration. C’est probablement moins la réputation de d’Hozier le savant – dont on sait combien il fut peu regardant à l’égard de certains de ses clients55 – que l’on recherchait que la sanction de l’autorité institutionnelle que représentait son office royal. Dès 1629, l’année même où il publie l’un de ses très rares ouvrages, la Généalogie de la maison des seigneurs de Larbour, dict de Combauld – qui n’est même probablement pas de sa plume –, Pierre d’Hozier passe sous la protection matérielle du roi qui lui accorde 1 200 £ de pension « pour lui donner plus de moyen de vaquer aux recherches curieuses et connoissance des maisons illustres de ce royaume, auxquelles, par ses longues veillées et travaux, il s’étoit acquis une intelligence particulière56 ». Il est singulier que celui qui accède au rang de premier généalogiste officiel n’ait pas entretenu de lien régulier avec les amateurs de sciences historiques, qui se tournaient plus volontiers vers les savants généalogistes, tout aussi officiels, qu’étaient les Duchesne ou les Sainte-Marthe.
21En effet, ces derniers savaient attirer à eux le groupe des amateurs – sans que ce terme emporte avec lui une moindre capacité dans ce domaine – du genre. Magistrats et donc juristes de formation dans leur écrasante majorité, ils appartiennent pour l’essentiel aux officiers moyens auxquels l’historiographie française s’est attachée depuis plusieurs années déjà57. On pourra nommer, entre autres, Jean Savaron (1566-1622), président au présidial de Clermont et lieutenant général de la sénéchaussée d’Auvergne58, Jean Besly (1572-1644), avocat du roi au siège présidial de Fontenay-le-Comte59, Louis Trincant (1571-1644 ?), procureur du roi à Loudun60, Guillaume Catel (1560-1626), conseiller au parlement de Toulouse61, ou, bien évidemment, Peiresc lui-même, conseiller au parlement d’Aix-en-Provence62. On pourra enfin y joindre quelques ecclésiastiques comme le chanoine de Troyes Nicolas Camusat63 ou le dominicain breton Augustin Du Paz (mort en 1631), ou les érudits calvinistes qui contribuent à l’originalité du milieu français formé autour des pratiques savantes et qui mettent la généalogie à l’honneur, comme Christophe Justel (1580-1649)64 ou David Blondel (1590-1655), qui croisa le fer avec Jean-Jacques Chifflet et dénonça courageusement le mythe de la papesse Jeanne65.
22Le rôle de la sociabilité scientifique née et nourrie de ces recherches est délicat à interpréter. Il n’est pas absolument certain tout d’abord qu’elle fonctionna partout et en tout temps. Que des ouvriers solitaires aient existé n’est pas totalement impossible et on les découvre au hasard des adresses au lecteur de certains éditeurs courageux et fidèles qui reprennent le chantier interrompu par la mort de quelque érudit local, comme ce chanoine de la cathédrale de Carcassonne, Bernard Destellat, dont Guillaume Bessé publie les résultats en 1645 ; en ce cas, leur contact avec le reste de la communauté passait inévitablement par le média de l’imprimé. Or ce dernier fut loin de refléter la quantité et la variété des recherches conduites isolément. La nature de cette sociabilité est encore plus difficile à qualifier. Les échanges de service équilibrés, dans un système de dons/contre-dons de documentation, paraissent avoir correctement fonctionné au sein de certains groupes unis par une commune origine qui peuvent mériter le qualificatif de cercle. Ce fut en particulier le cas des Poitevins, et spécialement la cellule loudunoise formée de Duchesne, des Sainte-Marthe et de Trincant ou le cercle voisin de Fontenay-le-Comte dont la figure de proue était dans le domaine généalogique Jean Besly, correspondant de Duchesne ou de Peiresc66. Ces savants, dans leur domaine géographique privilégié, étaient capables de gagner à leurs entreprises d’autres collaborateurs, des amateurs intéressés ou sympathisants de la cause généalogique qui ne franchissaient pas le cap de l’écriture ou encore des détenteurs de documents, de quelque type qu’ils soient, chartriers naturellement mais aussi pierres tombales comme les religieuses de Fontevrault sollicitées par Louis Trincant qui traitait par ailleurs de leurs procès67.
23Pour les autres, les rapports furent peut-être davantage marqués au sceau des relations de bon voisinage intellectuel (fourniture d’ouvrages, exécution de telle ou telle copie) que d’un réel échange d’idées ou de méthodes. Il ne faudrait pas toutefois inférer de l’absence de sources ou de la sécheresse de certains propos que ceux-ci n’aient été qu’utilitaires et pas du tout spéculatifs. Sans doute un a priori de cet ordre a-t-il fait négliger l’édition de correspondances moins denses et moins enlevées que celles de Peiresc et contribué à donner de ces échanges épistolaires savants du premier XVIIe siècle une image déformée de la réalité. Ce que nous apprend la correspondance d’un Besly68, nous pourrions tout aussi bien le trouver dans les lettres des Sainte-Marthe ou d’André Duchesne, et à un moindre niveau d’un Trincant ou d’un Justel.
André Duchesne : un chef d’école ?
24Duchesne incarne enfin, dans cette construction d’un savoir et de méthodes communs, une forme extrême, originale et systématique de diffusion de la matière généalogique par le biais de l’imprimé. Sa stratégie éditoriale, qui repose aussi, comme en témoignent les lettres de Peiresc, sur une recherche de ressources financières (et donc de mécènes-commanditaires)69, l’a amené à construire une œuvre particulière destinée à influer très longtemps sur la pratique généalogique, non seulement française, comme le démontrent les instructions aux mauristes chargés de rédiger les vies de saints, datées du 8 mars 164870, mais encore étrangère, comme le montre l’exemple de Leibniz qui, de manière générale, considère que l’apport de l’historiographie de France et des Pays-Bas est décisif en la matière71.
25Le feu nourri de ces publications le conduit, en une dizaine d’années (de 1619 à 1630 environ), à élaborer un modèle d’écriture dont il ne se dépare plus par la suite et qui passe dès lors pour classique auprès de ses homologues. Très rapidement Duchesne imposa sa méthode à tous ses émules, grands et petits. Il parut bientôt inconcevable de se passer de documents originaux ainsi qu’il l’exposait dans l’Histoire de la maison de Béthune qu’il donna au public en 1639. Sa préface, qui visait sans doute aussi à justifier auprès du commanditaire (en l’occurrence le duc de Sully) les importantes dépenses qu’il avait engagées, était un véritable discours d’une « méthode » qu’il pratiquait depuis de nombreuses années :
« Mais afin que vous sçachiez, Monseigneur, l’ordre que j’ay observé en la tissure de ceste histoire et les raisons qui m’ont obligé à la dresser de la sorte, il ne m’a pas semblé suffire d’y descrire seulement les branches de l’arbre accompagnées de leurs feuilles et de leurs fruits, c’est-à-dire les lignes et les degrez de la généalogie avec les simples alliances et le récit des choses remarquables, lesquelles chaque seigneur a exécutées en sa vie. J’y ay adjousté outre cela les preuves justificatives des discours, tirées des anciennes chartes d’églises et abbayes, des chroniques et histoires tant imprimées que manuscrites, des registres de la cour de parlement et des titres de divers trésors publics et particuliers, sans lesquelles les plus judicieux n’estiment pas que tel genre d’escrits doive mériter aucune créance. Bref, je l’ay embellie de tous les ornements extérieurs que j’ay coustume de rechercher pour l’enrichissement de pareils ouvrages72. »
26Et, de fait, les ouvrages de Duchesne et de ses imitateurs les plus fidèles (Sainte-Marthe) sont la plupart du temps bâtis selon un mode simple : un volume de texte et un volume de « preuves » où les documents originaux sont publiés la plupart du temps in extenso avec la mention de leurs lieux de conservation. C’est alors une originalité absolue en Europe73.
27Duchesne abandonna très vite la voie purement judiciaire pour privilégier les chemins de l’histoire : la Généalogie des seigneurs de Rais du Bueil, court texte imprimé en 1621 pour appuyer une cause pendante à la cinquième chambre des Enquêtes du parlement de Paris, fut l’unique contribution de Duchesne au genre du factum généalogique. Quoique converti plus tard que d’autres à l’efficacité de l’expression « Histoire généalogique » – elle apparaît chez lui avec l’histoire de la maison de Montmorency publiée en 1624 (figure 8) –, Duchesne en devient le plus illustre défenseur. Il ne cesse, dans ses adresses au lecteur, et au rebours de ses confrères historiographes « rhéteurs74 », comme Dupleix ou Mézeray, d’ériger en autorité absolue la source citée et si possible éditée. Ce faisant, il s’agit tout autant d’appuyer la démonstration que de combler le vide documentaire dont souffrent l’ensemble des généalogistes du temps : cette soif existentielle, qui le conduit à ne pas négliger l’édition au profit de la seule écriture historique, est sensible dans l’ensemble de ses écrits d’éditeur des œuvres d’Abélard (1616), Alain Chartier (1616), Alcuin (1617), des Historiae Normanniae scriptores antiqui (1619) et surtout des Historiae Francorum scriptores coaetanei (5 vol., Paris, Sébastien Cramoisy, 1636-1639). Cette dernière œuvre est symptomatique d’un double souci d’édition et de recensement accomplis dans un même mouvement.
28L’œuvre généalogique de Duchesne n’est cependant pas tout entière placée sous le signe de la commande. La liberté du savant est poussée aussi loin que possible : aux travaux directement inspirés par une requête aristocratique de haut rang (Montmorency, Sully) ou de moindre extraction (Vergy) répondent les ouvrages dont le géographe et historiographe Duchesne a l’initiative principale. Elles sont, semble-t-il, aisées à déterminer puisque n’y figure aucune épître dédicatoire, mais seulement de longues préfaces à l’attention des lecteurs. Pour ces sujets librement choisis, Duchesne s’efforce de couvrir un large pan territorial et familial ; il étend son emprise éditoriale à toutes les branches même mineures, mais populeuses, et empile les traités particuliers afin de conférer l’audience la plus large à des œuvres dont le financement n’est pas assuré a priori. L’histoire de la maison de Dreux vise ainsi la noblesse du nord du royaume de France désireuse de revendiquer sa proximité avec la dynastie régnante, celle de Guînes couvre un large spectre territorial de la Picardie méridionale aux Pays-Bas espagnols, tandis que celle des Chasteigniers illustre le tropisme poitevin de Duchesne qui saisit l’occasion de la préface pour accomplir un tour d’horizon de la noblesse de l’ensemble du royaume.
29Le discours des préfaces et adresses au lecteur de Duchesne révèle un auteur capable d’exhausser un travail alimentaire au niveau d’une œuvre de l’esprit où il tente de concilier les exigences du commanditaire avec celle de l’historien, les deux pôles de tension du généalogiste75. L’attention étroite du mécène n’est pas toujours vécue comme une contrainte : son financement généreux permet quelquefois à Duchesne de jouer sur la gamme complète des sources disponibles, en particulier iconographiques (monnaies, sceaux et tombeaux). Cette riche illustration prouve une curiosité antiquaire qu’on ne reconnaît pas toujours au « père de l’histoire de France » et que l’on réserve plutôt à ses brillants contemporains76. Dès 1621, il fait des armes « représentées en cuivre » un argument publicitaire de la page de titre de l’Histoire de la maison de Chastillon. Mais c’est bien la publication subventionnée par Montmorency en 1624 qui lui donne l’occasion de déployer un arsenal iconographique de très grande qualité, reproduisant sceaux et contre-sceaux (p. 25, sceau et contre-sceau de Mathieu de Montmorency, figure 9) ou tombeaux (p. 412, tombeau du connétable et de son épouse dans l’église Saint-Martin de Montmorency, figure 10). Désormais, tous ses ouvrages comporteront à un niveau ou à un autre une illustration, y compris purement décorative et destinée à rendre palpable visuellement la réalité d’un personnage récent de la lignée, comme dans l’histoire de la maison des Chasteigniers. Son usage des tableaux généalogiques, tel que nous le livrent ses impressions, ne révèle pas une grande originalité : il faut ici faire la part des contraintes typographiques auxquelles son éditeur ordinaire – Sébastien Cramoisy, éditeur de Richelieu et du Clergé de France – est logiquement soumis. La verticalité généalogique n’en est que plus accentuée, sauf dans le cas de l’évocation des quartiers de noblesse où une présentation horizontale est alors de mise77. En revanche, il n’hésite pas à bousculer la pratique de l’iconographie des écus féminins en choisissant de ne plus les singulariser sous forme de losanges78.
30Comme beaucoup de ses confrères en généalogie, une part importante de l’œuvre de Duchesne repose dans ses notes manuscrites. On aurait tort de n’y voir qu’un réservoir de notes dépareillées pour de futurs apparats critiques. Chez Duchesne, il y a souvent près de la note à la publication, pour des raisons qui tiennent autant au souci de ne pas se faire devancer qu’à l’ambition d’accroître les connaissances historiques dans le public. Ces deux préoccupations sont ainsi présentes dans la publication de l’Histoire généalogique de la maison royale de Dreux, en 1631, où il se reproche à mots couverts d’avoir tardé pendant deux ans à imprimer son livre et où il publie à la suite du corps principal des traités singuliers sur les familles de Bar, de Luxembourg et de Limbourg, de Broyes et de Chateauvillain ainsi qu’un troisième texte sur la maison du cardinal de Richelieu79. Si Duchesne fut un chef d’école, à tout le moins un authentique leader, il le doit d’abord et avant tout à sa capacité à publier. Occuper le terrain éditorial par une succession régulière de lourds in-folios – 1619, 1621, 1624, 1625, 1631 (deux fois), 1634, 1639, pour s’en tenir aux travaux généalogiques – est un tour de force qu’il fut le seul à réussir. De plus savants que lui, tout au moins disposant d’une meilleure formation universitaire et d’une curiosité différente comme Peiresc, n’ont pas pesé aussi lourdement sur la communauté savante de leur temps, de leur vivant et assurément après leur décès. Pour Duchesne, la notion de cercle n’est pas appropriée. Il dispose de correspondants, avec lesquels il partage des hypothèses et des sources, auxquels il rend hommage et dont il n’hésite pas à publier les missives qu’ils lui adressent80. Duchesne n’en était pas encore à penser, avec Papenbroch, qu’il valait mieux renoncer aux échanges de correspondance qui apportent plus d’obstacles que d’aide81. Mais, par l’imprimé, il élargit son audience dans l’espace, dans la société et dans le temps.
31Cette publication à flux presque tendu porte un discours historique réduit au script sec et efficace d’une histoire dont les sources originales sont non seulement la matière unique mais dont le signalement et l’édition sont encore l’objectif véritable. Les preuves dont il assortit chacun de ces ouvrages marquent bien à quel point le primat de la source s’est imposé à chaque participant de ce jeu à entrées multiples que constitue la pratique de la généalogie savante en France à cette époque.
Une pratique scientifique : l’obsession de la preuve
Le discours sur la pratique
32L’expression de pratique généalogique convient à merveille pour désigner les usages non exclusifs que l’on fait de la généalogie comme technique et démarche et des généalogies comme objets et résultats de la recherche. L’élaboration d’une généalogie, le discours généalogique même peut être accessoire, fondamental ou au cœur du travail des savants concernés en dessinant des groupes variables de militants, de sympathisants et de simples commentateurs. La voie la plus employée, à tout le moins la plus partagée par les acteurs du milieu, était d’entendre la généalogie comme une succession extrêmement verticale d’un détenteur d’une autorité publique ou d’un titre féodal. Les auteurs rejoignaient en cela les préoccupations de ceux qui dressaient des listes d’évêques d’un diocèse ou un autre pour souligner la succession apostolique sur un même siège82, dans un contexte de controverse avec les réformés et pour nourrir un amour renouvelé de la petite patrie83. Faire l’histoire d’une succession comtale84 permettait à l’auteur de se dégager un terrain de travail propre et d’exploiter au mieux les ressources locales en mobilisant ses réseaux familiaux, sociaux et parfois professionnels. Il pouvait tout à la fois nourrir une déclaration d’affection à la monarchie des Bourbons, dont le lien généalogique avec l’une ou l’autre famille comtale était démontré, et magnifier l’identité d’une province. L’un de ces promoteurs, Guillaume Catel, déclarait ainsi :
« les historiens ont le plus souvent dessein d’estre favorisez de ceux dont ils composent l’histoire ; […] ceux-là mesmes leur donnent des advis et les fournissent des titres de leurs maisons, qui les guident et conduisent en la composition de leurs escrits. Ce qui ne se rencontre aucunement en notre Histoire, car l’union de la comté ayant esté faicte depuis de longues années et cette famille de comtes ayant fini à mesme temps, personne ne resta pour en donner des mémoires85. »
33L’une des nouveautés absolues pour la France du premier XVIIe siècle fut de mettre en relief des généalogies aristocratiques, sans lien direct avec la monarchie mais en revanche parfaitement insérées dans un terroir d’où elles tiraient parfois leurs patronymes. Ce propos particulier n’excluait nullement le propos plus général visant, sous la plume d’auteurs stipendiés, à reprendre sur un mode documentaire renouvelé les généalogies royales86. Ces dernières relevaient depuis longtemps, il est vrai, d’un genre spécifique87, à mi-chemin entre histoire familiale et histoire politique.
34Ces généalogistes se livraient-ils à des travaux historiques ? Pour ceux qui, comme Duchesne plaçaient assez systématiquement leurs ouvrages du genre sous le titre d’histoire généalogique, la réponse était évidente : la généalogie est au cœur de l’opération de reconstruction vraisemblable du passé. Comme l’a dit Peter N. Miller à propos de Peiresc, « les tableaux généalogiques embrouillés de Peiresc traduisent la complexité d’une réalité avec laquelle il se débat88 ». À la fin du siècle, l’affaire était entendue, comme l’affirmait haut et fort Leibniz en 1695 dans une profession de foi des plus organicistes89 :
« Pour juger distinctement de l’Histoire, on la peut comparer avec le corps d’un animal, où il y a des os qui soutiennent tout, des nerfs qui en font la liaison, des esprits qui remuent la machine des humeurs, dans lesquelles consiste le suc nourrissant, et enfin la chair, qui donne l’accomplissement à toute la masse. Les parties de l’Histoire y répondent assez. La Chronologie aux os, la Généalogie aux nerfs, les motifs cachés aux esprits invisibles, les exemples utiles au suc et le détail des circomstances à toute la masse de la chair. Je considère donc la Chronologie, ou connoissance des temps, comme la base ou esquelette de tout le corps, qui fait le fondement et le soutien de tout le reste. La Généalogie des personnes illustres répond à mon avis aux nerfs et tendons de l’Histoire car puisque l’Histoire récite ce qui s’est passé parmy les hommes, il faut bien qu’elle aye égard à la connexion naturelle des hommes, qui consiste dans la parenté. Et comme de tout le temps la succession a donné beaucoup de pouvoir et d’autorité, et que la plus part des peuples y ont eu égard pour éviter les troubles et les difficultés qui se rencontrent dans le choix des hommes, il se trouve que les Histoires des peuples, des royaumes et des principautés dépendent beaucoup des connexions et changemens des familles, d’où sont venu des guerres, des unions de plusieurs pays, pour former une grande monarchie et les prétensions d’un prinse sur l’autre. »
35Il serait toutefois abusif d’enrôler les pratiques généalogiques des cercles savants exclusivement au service de l’écriture de l’histoire. La dimension probatoire et judiciaire n’est jamais loin : l’oublier serait amputer la généalogie d’un de ses usages, qui, pour n’être aujourd’hui presque plus cantonné qu’aux seules revendications de successions en déshérence, a été au XVIIe siècle certainement aussi important que son utilisation par les historiens. Rares sont d’ailleurs ceux qui visent à élaborer directement et en première intention un récit linéaire. Et même les auteurs d’histoires généalogiques, comme André Duchesne, fourbissent quantité de dossiers préparatoires, utilisés ou non au reste90. Cette dimension judiciaire est enfin d’autant plus forte que la formation initiale et le statut de nombre des meilleurs praticiens de la généalogie – magistrats, de cour souveraine ou officiers moyens de tribunaux royaux d’un rang inférieur – les confortent dans des attitudes mentales et professionnelles qui leur sont ordinaires.
36Bien qu’ils ne cessent de citer des auteurs des décennies 1580-159091, quand ils n’éditent pas leurs manuscrits comme le fit Duchesne en 1617 avec l’Histoire de la maison de Luxembourg de Nicolas Vignier (1530-1596), les praticiens de cette période ont pleinement conscience d’appartenir à une génération de terrassiers, chargés d’élaborer la base savante minimale susceptible de renouveler le discours historique. La métaphore maritime ou architecturale d’un Louis Chantereau Le Febvre, en 1642, exprimait à sa manière ce point de vue :
« Mais avant que s’embarquer sur cette mer de faussetez et d’absurditez [ = les anciennes généalogies de la maison de Lorraine], il est besoin de se prémunir de certaines notions et cognoissances générales qui calmeront toutes les bourrasques et tempestes qui pourront arriver durant le cours de la navigation. Que si l’on se plaint que mes provisions sont excessives et qu’elles accroissent sans sujet les frais du voyage ou bien si l’allégorie du bastiment d’un palais ou superbe édifice plaist davantage pour désigner la compilation de mes mémoires et que l’on m’objecte que mes eschafaudages sont plus longs à faire et d’aussi grande despense que le bastiment mesme, je respondray que les frais que j’y ay mis ne coustent rien à personne, tout vient de mon mesnage et de l’amas que j’ay fait de longue main et qu’à la fin du voyage le résidu des provisions ne sera pas perdu ; il pourra servir à quelque autre entreprise de pareille ou plus grande difficulté que celle où je me suis embarqué et que souvent pour mettre après coup une table de marbre, une inscription ou quelque figure importante au sommet d’un somptueux édifice ou y réparer un défaut arrivé par l’injure du temps ou quelque cas fortuit, il faut eschafauder aussi soigneusement que s’il falloit construire tout à neuf l’édifice92. »
37Les excuses d’un manque d’exhaustivité pourraient paraître de pure forme et convenues93. Jean Besly, qui comme beaucoup d’autres (dont les Sainte-Marthe ou Peiresc eux-mêmes) ne parvint pas à publier de son vivant le résultat de ses travaux, déclarait ainsi en 1633 :
« Je travaille tous les jours plus ou moins à mon ancienne tasche, mais plus je considère ma besogne, moins elle me plaist, tant les materiaux me semblent vils et de mauvais employ. Vous sçavez que l’histoire consiste en faitz qu’on ne peut inventer sans reproche de fauseté et de fable, je n’y voy quasi rien que de la genealogie destituée de narration digne du public, et qui puisse profiter. C’est le gibier de ce siècle, me direz vous ; eh bien, soit : il me faudra donc faire la moue avec les singes94. »
38L’objet de leur recherche n’était en soi guère original. Le choix des parentèles mises en avant mériterait une étude fine de tel ou tel auteur, mais on sera sans doute d’accord pour affirmer, à la suite d’autres travaux95, que les personnages retenus dans ces recherches sont d’abord des consanguins avant que d’être des alliés et que la parenté mise en avant dans ces travaux ne reflète pas la pratique sociale révélée, par exemple, par les mentions de témoins à la signature des contrats de mariage. Pourtant, les généalogistes de la première moitié du XVIIe siècle savaient ménager des exceptions lorsque les agnats ne suffisaient plus à soutenir le lustre d’une famille. Ces variations de la pratique généalogique rencontraient heureusement une volonté affirmée de valoriser un matériau archivistique découvert en abondance. Duchesne, confronté à la généalogie de la maison de Dreux, liée à la maison de France par les femmes, pouvait se montrer souple tout en manifestant son regret de devoir en passer par là :
« Ainsi donc […], j’ay creu estre à propos de d’escrire en l’histoire de la maison de Dreux la postérité des femmes, aussi bien que celle des masles. En quoy neantmoins j’ay usé d’un tel tempérament, que comme la répétition des choses desja cognues et déduites ailleurs apporte ordinairement quelque dégoust, je ne me suis arresté qu’aux descentes moins vulgaires, ou qui avoient besoin d’esclaircissement96. »
Le primat des sources et le goût du Moyen Âge
39On a pu écrire que les savants historiens du premier XVIIe siècle ne faisaient après tout que déplacer les études historiques d’une rhétorique vers une autre, en l’occurrence la « rhétorique de l’archive » selon les termes d’Emmanuel Bury97. Si déplacement il y a eu, il réside aussi dans le passage d’une histoire « agréable » et « plaisante » à une histoire « profitable » et « utile », pour reprendre les qualificatifs affrontés que l’on rencontre dans bien des avertissements au lecteur des œuvres ici envisagées. Qu’il s’agisse là de fausse modestie ou d’une coquetterie de savant, peu importe en définitive. La répétition des balancements rhétoriques imprime dans l’esprit de leurs auteurs et de leurs lecteurs qu’un nouveau genre émerge, distinct de la littérature historique antérieure. Un regard distant et ironique point même dans certaines épîtres dédicatoires, comme celle que Philippe de L’Espinoy adresse en 1631 à l’infante et archiduchesse Isabelle-Claire-Eugénie, gouvernante des Pays-Bas, pour lui présenter son « petit recueil, qui est plustost basty sur une naifve vérité de tiltres et preuves que sur l’éloquence de beaucoup de belles paroles recherchées98 ».
40Au vrai, les savants français ont été abondamment préparés à une lecture renouvelée des sources écrites anciennes. Leur acribie particulière sur le sens à donner aux mots dans les chartes n’a pu qu’être stimulée par la philologie historique qui imprègne le mos gallicus des juristes français du XVIe siècle. Elle a abondamment nourri un « médiévisme gallican » (Marc Fumaroli)99 et constitué sans aucun doute un soubassement intellectuel100 qui a permis à la recherche historique française de franchir, avant d’autres, certaines étapes vers un véritable discours critique fondé sur la contextualisation des occurrences. L’apport des généalogistes est ici considérable. Si les juristes du XVIe siècle commentaient les textes normatifs, les Duchesne, Besly et autres praticiens des archives médiévales affrontaient une réalité documentaire de nature archivistique qui était datable, contextualisable et enfin appelait une relativité géographique et politique relativement hors de portée des Du Moulin et Baudouin avant tout soucieux d’histoire nationale101.
41Une communauté de destin entre la monarchie et sa noblesse au cours du Moyen Âge est établie au gré des constructions généalogiques. Le corollaire de cet imaginaire généalogique est l’investissement inédit dans la construction d’un savoir historique et philologique médiéval102. Dans une société où la féodalité demeure une réalité prégnante103, cet effort peut malgré tout se comprendre car l’épaisseur du temps croît, recouvrant les évolutions d’une réalité historique et juridique désignée par un même terme. Un demi-siècle avant Du Cange, les mises au point sur l’alleu, le fief, la roture, la particule nobiliaire, etc., appartiennent à cette première génération d’historiens médiévistes, au besoin enrôlés dans des querelles domaniales très contemporaines104. Cette conscience d’une altérité temporelle irrémédiable est avérée, même si elle demeure discrète jusqu’à la seconde moitié du XVIIe siècle105 : l’expression « moyen aage » n’apparaît-elle pas pour la première fois sous la plume de Pierre Pithou dès 1572106 ?
42Le contexte français, où l’écriture de l’histoire du royaume emprunte aux mythes gaulois, francs et romains tout à la fois, fait échapper à l’emprise écrasante de l’Antiquité classique qui étouffe et pervertit les entreprises généalogiques de la péninsule italienne par exemple107. Il a pu laisser à l’inverse libre cours à l’imagination des origines de la monarchie franque, incarnée par exemple dans la figure polymorphe de Pharamond, en deçà de laquelle les savants du premier XVIIe siècle répugnent à remonter. Au XVIIe siècle, sous les coups de butoir de certains auteurs réformés du siècle précédent (La Popelinière et surtout François Hotman108), elle ne joue plus du reste qu’un rôle mémoriel et les disputes achoppent plus volontiers sur l’enracinement de la dynastie capétienne dans les familles ou hautes fonctions mérovingiennes ou carolingiennes. Mais il s’agit là de pratiques généalogiques réservées à un petit cercle proche du pouvoir. La masse des recherches se concentre sur des familles dont chacun s’accorde à placer les débuts dans la période féodale du Moyen Âge. Cette « idole des origines », selon les propos de Marc Bloch109, constitue, on le sait, l’occasion principale de trébucher pour un généalogiste, même s’il est consciencieux et capable. Une étude approfondie des termes choisis pour s’excuser, se justifier ou simplement s’expliquer sur le point de départ retenu révèle cet accord sur un temps de naissance des maisons aristocratiques plus ou moins contemporaines de l’accession au trône des Capétiens. On ne cherche plus d’explication alambiquée, qui entraînerait du reste sur la voie d’une théorisation de la noblesse et de ses origines ; on se contente volontiers, avec une certaine désinvolture qui masque mal l’embarras, d’aveux aussi simples qu’imparables :
« L’usage des siecles passez, qui ne donnoit aux gentilshommes aucuns surnoms et la perte generale des plus vieux tiltres des familles, ont envié à celle-cy [la maison Du Plessis de Richelieu], comme presque à toutes les autres, la cognoissance de ses premiers ancestres. Ou bien ce qui empesche de remonter à la source de leur extraction, c’est que de tout temps l’on a ignoré les commencemens de l’ancienne noblesse110. »
43L’une des conséquences d’un questionnement relativement inédit portant sur des familles non liées directement à la monarchie française est le bouleversement introduit dans la hiérarchie des sources. Cette mise en cohérence documentaire avec l’objet historique considéré confère, par la grâce d’une méthode et d’une connaissance partagées entre tous ces acteurs, aux archives locales et singulièrement seigneuriales une valeur sinon équivalente aux sources « royales », du moins parfaitement légitime pour la démonstration historique111. L’accès à la documentation « royale », Trésor des chartes et registres du parlement de Paris, avait récemment fait l’objet d’une forme d’ouverture à des cercles élargis lorsque le greffier civil du Parlement s’était vu retirer en 1582 la tutelle sur le Trésor des chartes au profit du procureur du roi. Le travail de reclassement Godefroy et Dupuy en 1615112, si essentiel à la diffusion et à l’irrigation des sources royales dans les travaux généalogiques français du règne de Louis XIII – rappelons les premières publications de travaux à la fin des années 1610 –, trouve ici son immédiate application. Quant aux autres sources, elles sont mises par la volonté de ces savants sur un certain pied d’égalité d’authenticité avec les autres autorités invoquées.
44Lorsque l’auteur donnait en tête de son ouvrage une liste de sources, les archives seigneuriales figuraient ainsi sous des rubriques particulières. La « table des chartes, registres, tiltres, historiens et autres mémoires » que livrait André Duchesne dans son Histoire généalogique de la maison de Montmorency est un modèle du genre113. Les chartriers laïcs y sont rangés sous les deux catégories des « Tiltres » et des « Inventaires de tiltres ». À l’intérieur des volumes de preuves, les références sont toujours générales et liées explicitement au lieu de conservation et plus encore au détenteur sans qu’aucune mention de l’ébauche d’une cote ou d’un meuble spécial soit évoquée. Le terme de « titres » est le plus constamment utilisé (titres de Monsieur Untel, de la Maison Unetelle, etc.), parfois en combinaison avec « archives » ou « trésor » (titres du trésor de Monsieur Untel ou conservés/gardés au château de X). Le terme de « Trésor », appliqué à des ensembles archivistiques de famille, semble réservé à des archives peut-être plus clairement identifiées ou citées, sans que toutefois son emploi obéisse à des règles logiques.
45L’usage de ces archives semble nettement destiné à servir de complément et à informer les périodes pour lesquelles les ressources ecclésiastiques et royales sont de faible rapport ou bien sont moins requises. Tandis que l’on n’imaginait pas documenter les origines d’une famille avant le XIIe siècle autrement que par les sources ecclésiastiques, du reste souvent les seules disponibles, la concurrence entre archives royales et archives familiales est plus nette à partir du XIIIe siècle. Selon cette hiérarchie de la preuve qui fait la part belle aux cartulaires et au Trésor des chartes, les chartriers laïcs étaient mobilisés selon un schéma inversement proportionnel à la notoriété de la famille en question. L’examen superficiel de la plupart des publications de preuves d’André Duchesne laisse ainsi apparaître une proportion de documents seigneuriaux cités probablement inférieure à 10 %, pour l’essentiel des XIVe-XVe siècles. Mais il y a des exceptions comme la famille de Béthune et plus encore de Richelieu. L’origine des Du Plessis n’était pas évidente pour le généalogiste qui n’en trouvait pas de trace dans ses sources favorites de sorte que la ressource des archives de la famille que le cardinal avait mis à sa disposition – et dont nous avons perdu la trace aujourd’hui – constituait l’écrasante majorité des citations : un comptage rapide fait ainsi apparaître que sur 146 documents cités ou publiés intégralement, 115 proviennent des « tiltres de la famille du Plessis »114.
46La dilatation du réservoir de sources admissibles par les généalogistes patentés ou intéressés a pour principal effet de rompre le monopole de fait jusqu’alors détenu par le petit nombre de privilégiés (historiographes du roi pour l’essentiel) qui peut seul puiser à pleines mains dans le coffre-fort archivistique de la monarchie. L’imprimerie joue ici un rôle démultiplicateur : elle ne se contente pas de briser le confort douillet d’une République de happy few et d’initiés, mais permet à ces derniers de s’affirmer publiquement et d’attirer à eux des collègues moins chanceux. Une forme d’égalité sur la ligne de départ documentaire refonde une hiérarchie savante sur la base du travail de critique historique et d’habileté technicienne et scientifique. Il ne suffit plus d’avoir la clé du Trésor pour devenir un maître à penser.
47Le statut de la source publiée change progressivement au fil des décennies ici considérées. Bien précieux, jalousement gardé dans des cabinets d’où il ne sortait que par la grâce d’un échange bilatéral autorisé, il devient dans ces décennies décisives un matériau partagé, mutualisé par la grâce de l’imprimerie et confié à la critique d’une communauté aux contours variables. Il ne suffit plus de citer, il faut éditer115. Les privilèges demandés par André Duchesne, fervent promoteur de ces pratiques, pour ses ouvrages en témoignent. Son premier ouvrage sur les rois, ducs et comtes de Bourgogne (1619) n’est assorti que d’un privilège simple portant sur l’ouvrage sans plus de précision. Mais en 1621, avec l’impression de sa première grande œuvre généalogique, l’Histoire de la maison de Chastillon, le privilège évolue pour mettre à couvert le cœur du travail de Duchesne, dont il est aisé de retrouver, derrière la rhétorique de la lettre de chancellerie qui désigne l’éditeur comme le demandeur, les termes de la requête :
« À ces causes, désirant bien et favorablement traitter ledit exposant [ = l’éditeur Sébastien Cramoisy] et qu’il ne soit frustré des fruits de son labeur et des grandes despences qu’il luy a convenu faire en l’impression de ce grand œuvre où il y a quantité de figures, luy avons permis et octroyé, permettons et octroyons de grâce spéciale par ces présentes, d’imprimer ou de faire imprimer, conjointement ou séparément ledit livre, iceluy mettre et exposer en vente et distribuer durant le temps de dix ans, à commencer du jour qu’il sera achevé d’imprimer, faisant très expresses inhibitions et deffences à tous libraires, imprimeurs et autres personnes de quelque qualité et condition qu’ils soient, d’imprimer ou faire imprimer, vendre ou faire vendre ledit livre, ny en extraire ou faire extraire aucunes généalogies, armes, chartes, tiltres ny arrests soubs quelque prétexte que ce puisse estre116… »
48Pareille précision dans le privilège d’impression fut renouvelée par deux fois en 1631 : il fut ainsi défendu d’imprimer ou réimprimer « aucunes pièces tirées ou extraites » des histoires de la maison de Guînes et de Dreux117. Par la suite, aucune œuvre généalogique de Duchesne ne fit plus mention de cette restriction à la réutilisation des sources éditées par le savant. Sans qu’il faille attribuer une valeur surestimée à ce type d’indice – qui mériterait d’être confronté à un usage du privilège de librairie dont on connaît encore trop peu le fonctionnement réel118 –, il mérite d’être versé au dossier d’une communauté d’historiens dont la publicité est un gage de vertu historique.
49Le processus de filtrage de la source historique affecte aussi ceux qui revendiquent de pouvoir les utiliser. Il importe dès lors de lire les remerciements et les mentions de collaboration non plus seulement comme des marques d’une sociabilité savante qui emprunte parfois à notre namedropping contemporain où l’hommage dissimule une autocélébration de sa propre notoriété, mais comme l’expression forte et simple tout à la fois d’une authentification de références documentaires. Dans un monde d’explorateurs de première main, les querelles d’érudits, les coups de griffe distribués à longueur de correspondance constituent aussi une opération de décantation communautaire et disciplinaire, dont on trouve facilement des équivalents durant ce siècle chez les géographes, les physiciens ou les mathématiciens. Si les débats scientifiques sont la preuve de la bonne santé d’une discipline, alors la généalogie savante se porte bien au XVIIe siècle. Tous les auteurs n’ont pas pour objectif principal la démolition en règle, ironie et sarcasmes en bandoulière, comme Louis Chantereau Le Febvre engagé dans une opération de bella diplomatica du meilleur acabit après la mainmise française sur la Lorraine et le duché de Bar119. Mais même les meilleurs amis du monde se cherchent noise, comme Duchesne et les Sainte-Marthe, si l’on en croit le rapport de Peiresc120. La réputation d’un savant contamine dès lors, pour le pire ou le meilleur, la documentation qu’il propose à ses confrères. Par un singulier transfert de crédibilité, la source vaut aussi par l’identité de celui qui l’a identifiée, qui l’a vue, qui l’a copiée ou qui l’a éditée :
« Encore la plus grande partie en est deue au soin et à la diligence du sieur Besly, duquel j’ay fait mention cy-devant. Qui d’ailleurs aussi par l’exacte cognoissance qu’il a de l’histoire de la Guienne et du Poitou m’a donné divers esclaircissements sur les matières obscures et difficiles, lesquelles s’y sont rencontrées. Il a pris la peine de rechercher, veoir et examiner les tiltres des thresors de Saint-Georges de Rexe, de La Melleraye, de Saint-Michau le Cloux et de Reaumur. Il a extrait les chartes des abbayes du Bois-Grollant et de Moreilles, les chartulaires de celle de l’Absie en Gastine et diverses pieces tirées d’Ancenis, de La Rochepozay, de Touffou et de plusieurs autres lieux. Sur tous lesquels actes j’ay pris fondement de verité, comme de la main d’un personnage remply de merite et de probité recogneue et lequel depuis plusieurs années m’a favorisé de son amitié121. »
50La même équivalence figure dans la courte adresse au lecteur que Christophe Justel place en tête de son Histoire de la maison d’Auvergne :
« Les preuves de cette histoire estans tirées de diverses chroniques et histoires escrites à la main (outre celles qui se trouvent imprimées et ce qui est de ma recherche particulière) et de diverses chartes, titres, registres et mémoires, dont les extraits m’ont été communiquez par plusieurs personnes de mérite, je suis obligé de tesmoigner au public qu’il en a l’obligation à messieurs de Boissieu, du Puy, de Saint-Marthe, du Chesne, du Bouchet, d’Ozier, Dominicy, Chartier, du Luguet et Guichenon et aux révérends pères Sirmon et Thomas d’Aquin, lesquels m’ont libéralement communiqué tout ce qu’ils avoient parmy leurs curieuses recherches qui a pu servir à esclaircir et illustrer cet ouvrage. »
51Le niveau de critique des sources n’est pas inférieur dans le fond et dans le questionnement à ce qu’il fut sous Louis XIV à l’époque des mauristes et bollandistes triomphants122. Il faut se garder ici de pécher par un excès de croyance en un progrès continu des sciences historiques. Les attentes d’un Jean Besly n’avaient rien à envier à la science d’un Mabillon. Il ne démontrait pas, sauf cas particulier123, un esprit de système qui lui aurait permis de formaliser les règles de sa critique. La valeur des sources à la disposition de l’historien reçoit moins une hiérarchie typologique absolue que relative. En effet, les pratiques des généalogistes enseignent que l’empirisme règne124 : à chaque époque, ses sources les plus aisément mobilisables sont censément les meilleures possible.
52La mention systématique des sources écrites dans les pages de titre de la plupart des ouvrages de généalogies de ces décennies fondatrices tendrait à asseoir leur omnipotence. Dominants, certes, les enseignements des cartulaires et des chartes laissent toutefois de la place à d’autres gisements de vérité historique. Ils n’invalident pas en particulier le témoignage oral ou indirect. Ce dernier vaut moins par l’autorité de celui qui le rapporte que par les détails qu’il est capable de fournir et qui garantissent la validité de ses assertions :
« Au reste, quant à l’authorité de cestes preuves, sçachez tout ce que (outre les seaux, chartes, épitaphes et tesmoignages des aucteurs contemporains) j’ay apporté des historiens postérieurs, estre de telle sorte que, puisqu’iceux y racontent toutes les circonstances, comme des mariages, le jour du traité, les personnes présentes, la quantité du dot et autres conditions y pourparlées, il apert qu’ils rapportent tout cecy hors des chartes et registres anciens et publics, d’autant qu’il n’y peut avoir aucun doute125. »
53Les autres ressources, dont Duchesne s’est fait une spécialité remarquable, sont diversement sollicitées par ses homologues. Le fait notable dans ce panel iconographique, qui va des tombeaux aux monnaies (figure 12), en passant par les sceaux, les vitraux (figure 13) et naturellement les témoignages héraldiques (figure 14), est la faible place accordée aux arbres généalogiques. Passons sur l’hapax, à tous égards, de la généalogie des Porcellets de Maillane, gravée en 1612 par le jeune Jacques Callot – dont ce fut la première œuvre –, qui ne peut être ici que mentionné car son analyse requiert une attention spéciale126. L’appauvrissement du langage iconographique de l’arbre généalogique tranche avec l’inventivité dont celui-ci pouvait encore être l’objet au XVIe siècle127. Pour certains auteurs pressés, et sans doute moins capables de tenir un discours ordonné et d’éditer correctement des sources anciennes, les arbres généalogiques continuent de porter un discours censément savant. En réalité, ils deviennent des abrégés, des produits de substitution de médiocre qualité. Les tableaux généalogiques, à peine pourvus d’iconographies, les remplacent progressivement, d’autant qu’ils sont moins coûteux à imprimer, puisqu’il n’est pas nécessaire de substituer un graveur à un bon typographe. En 1611, Van der Haer, qui appartient encore à une génération où l’on n’a pas la patience de lire de longues déductions, s’en tient même là pour certaines parties de sa démonstration :
« Nous viendrons maintenant à la déduction de ceste seconde branche [des comtes de Luxembourg], de laquelle je renvoieray une bonne partie à la carte généalogicque, pour éviter les redites ennuyeuses, car la déduction d’une généalogie couchée d’un context, lorsqu’elle est copieuse, ne sçauroit estre agréable128. »
54Si l’image ne disparaît pas, le texte et la démonstration argumentée ont désormais pris le pas dans une production qui vise désormais moins à émouvoir le cœur que l’esprit.
Conclusion : croire et faire croire
55La « génération Duchesne » paraît encore hors d’atteinte des deux maux qui frappent leurs successeurs du dernier tiers du XVIIe siècle : la commission des faux et les attaques des philosophes et des pyrrhonistes. Si certains généalogistes fraient avec des individus peu recommandables129, il ne semble pas qu’ils aient été directement mêlés à des affaires de faux comme en connut la fin du règne de Louis XIV, au cours duquel le gendre de François Duchesne (le fils d’André), un dénommé Haudicquer de Blancourt, fut condamné aux galères pour avoir forgé des faux. Si érudits et faussaires sont les deux faces d’une même médaille130, il n’est pas établi, pour l’heure, que les savants généalogistes du premier XVIIe siècle aient cédé à la tentation du faussaire. L’usage qu’ils font des sources originales, par erreur ou par omission, n’est en revanche pas exempt de reproches, parfois formulés par leurs continuateurs131. Mais les mauvaises querelles de l’histoire généalogique, instrumentalisée par les pouvoirs monarchiques132, sont en définitive assez rares et l’on ne peut encore soutenir sans réserves que cette génération a déjà chuté « de l’érudition des doctes dans les conflits d’intérêts immédiats133 ».
56Écrire une généalogie demeure un merveilleux outil pour débrouiller un passé finalement plus complexe que ce que les savants historiens du XVIe siècle avaient entrevu. En plaçant la barre documentaire à un très haut niveau, Duchesne et ses homologues ont permis aux maisons aristocratiques concernées d’atteindre leur objectif de distinction. Mais ils ont aussi, par leur acharnement à empiler les preuves éditées, accrédité l’idée que la fin de l’histoire était là. Pire encore, ils ont obstinément refusé l’aspect « plaisant » et « agréable » du métier entendu au sens de l’ars rhetorica, qui était de distribuer les bons et les mauvais points, de chercher les causes et d’analyser les conséquences. C’est oublier que le discours généalogique, l’histoire généalogique au sens premier du terme, n’appelle pas des jugements particuliers : il est en soi et pour soi un jugement. Comme dans le domaine judiciaire auquel bien des aspects la rattachent, la vérité qu’elle proclame est valable tant qu’une nouvelle preuve n’est pas apportée. Ce relativisme accepté, que portent les avertissements aux lecteurs des ouvrages de cette période, est la leçon majeure qu’ont apprise ces auteurs. Une chronique devient fragile lorsque l’on possède des chartes contemporaines, et une charte n’est jamais aussi forte que lorsque d’autres chartes abondent dans son sens. Pareille faiblesse ne pouvait être qu’une cible de choix pour les philosophes qui, à l’instar de Descartes, s’efforçaient de bousculer les thèses aristotélico-scolastiques qui ménageaient une place de choix à la notion de probable, entendue comme l’avis du plus grand nombre134. Il aurait été aussi inutile qu’indifférent pour les savants généalogistes du règne de Louis XIII de chercher à anticiper les futures attaques des cartésiens comme des néopyrrhonistes tels que La Mothe Le Vayer ou Bayle135. Les effets critiques de la généalogie, et beaucoup moins son objet, royal ou aristocratique, sont déterminants pour la construction d’une science historique. En fabriquant empiriquement et collectivement des règles de critique des sources, ces érudits de la première modernité vivent un paradoxe fructueux pour leurs recherches : en se faisant les arbitres des travaux des uns et des autres et en repoussant toujours plus loin la frontière des matériaux disponibles, ils tendent vers le vrai mais installent l’idée que le plus probable est… le probable. L’esprit universel qu’était Leibniz plaidait à son tour pour une prise en compte des apports de l’histoire érudite par les logiciens dont la réflexion pouvait aider les savants historiens pour les sortir de leur « routine » :
« Il y a une science qui nous gouverne dans les incertitudes mêmes pour découvrir de quel costé la plus grande apparence se trouve. Mais il est estonnant qu’elle est presque inconnue et que les Logiciens n’ont pas encor examiné les degrés de probabilité ou de vraisemblance qu’il y a dans les conjectures ou preuves qui ont pourtant leur estimation aussi asseurée que les nombres ; cette estimation nous peut et doit servir non pas pour venir à une certitude, ce qui est impossible mais pour agir le plus raisonnablement qu’il se peut sur les faits ou connoissances qui nous sont données. […] Il y a donc une science sur les matières les plus incertaines, qui fait connoistre démonstrativement les degrés de l’apparence et de l’incertitude ; l’habileté des personnes expérimentées consiste souvent à connoistre par routine le choix qu’ils doivent faire ; cependant, comme ils ne laissent pas de juger légèrement le plus souvent ; les philosophes et les mathématiciens leur pourroient estre d’un grand secours, s’ils examinoient doresnavant ces matières de praticque et ne s’arrestoient pas à leur spéculations abstraites toutes seules136. »
57Le milieu de production d’une recherche scientifique, les institutions formelles ou informelles qu’il se donne et les médias auxquels il recourt pour diffuser ses découvertes et ses hypothèses revêtent une importance majeure pour l’épistémologie d’une science. Faire l’histoire d’une discipline à l’époque moderne est aussi écrire une histoire du livre, une histoire de la langue137, une histoire du droit, bref une histoire sociale aussi aboutie que possible. Ces facteurs méritent d’être nettement réévalués pour s’affranchir de la célébration rituelle de la réputation d’un esprit, tout génial qu’il soit. Si la notion de cercle savant possède une vertu heuristique, il n’est pas absurde d’y chercher là une première confirmation.
Notes de bas de page
1 M. Foucault, « Nietzsche, la généalogie, l’histoire », dans S. Bachelard, G. Canguilhem et al., Hommage à Jean Hippolyte, Paris, Puf (coll. « Épiméthée »), 1971, p. 145-172, ici p. 145, repr. dans Id., Dits et écrits, t. II, 1970-1975, Paris, Gallimard (coll. « Bibliothèque des sciences humaines »), 1994, p. 136-156, ici p. 136.
2 A. Schnapp, La conquête du passé. Aux origines de l’archéologie, Paris, Carré, 1993 ; R. Bizzocchi, Genealogie incredibili. Scritti di storia nell’Europa moderna, Bologne, Il Mulino (coll. « Annali dell’Istituto storico italo-germanico, Monografia », 22), 1995 (trad. fr. Généalogies fabuleuses. Inventer et faire croire dans l’Europe moderne, Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2010) ; G. Pomata et N. Siraisi (dir.), Historia. Empiricism and Erudition in Early Modern Europe, Cambridge, MIT Press, 2005.
3 Lettres de Peiresc, éd. Philippe Tamizey de Larroque, 7 t., Paris, Imprimerie nationale (« Collection de documents inédits sur l’histoire de France »), 1888-1898.
4 A. Grafton, What was History? The Art of History in Early Modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2007.
5 J. Vincent, « Concepts et contextes de l’histoire intellectuelle britannique : l’“École de Cambridge” à l’épreuve », Revue d’histoire moderne et contemporaine, no 50-2, 2003, p. 187-207.
6 A. Burguière, « La mémoire familiale du bourgeois gentilhomme : généalogies domestiques en France aux XVIIe et XVIIIe siècles », Annales. ESC, vol. 46, no 4, 1991, p. 771-788.
7 C. Maurel, « Construction généalogique et développement de l’État moderne. La généalogie des Bailleul », Annales. ESC, vol. 46, no 4, 1991, p. 807-825 ; O. Rouchon, « L’enquête généalogique et ses usages dans la Toscane des Médicis. Un exemple pisan de 1558 », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 54, no 3, 1999, p. 705-737.
8 P. Bourdieu, La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Minuit (coll. « Le sens commun »), 1979.
9 R. Descimon et É. Haddad (dir.), Épreuves de noblesse. Les expériences nobiliaires de la haute robe parisienne, XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Les Belles Lettres (coll. « Histoire »), 2010. Voir aussi ici même la contribution de Valérie Piétri.
10 G. Huppert, Les Bourgeois Gentilshommes : An Essay on the Definition of Elites in Renaissance France, Chicago, University of Chicago Press, 1977 (trad. fr. Bourgeois et gentilshommes. La réussite sociale en France au XVIe siècle, Paris, Flammarion, 1983).
11 J. Wood, The Nobility of the « élection » of Bayeux, 1463-1666: Continuity through Change, Princeton, Princeton University Press, 1980.
12 « Cahier original des plaintes, doléances et remontrances de l’ordre de la noblesse convoquées ès états généraux à Blois en 1576 et 1577 sous Henri III », dans Recueil des cahiers généraux des trois ordres aux états généraux…, t. II, Premiers états de Blois en 1576, Paris, Barrois l’Aîné, 1789, p. 123-183, ici p. 133 : « 35. Afin que les vrais gentilshommes soient discernés de ceux qui faussement s’attribuent le titre de nobles, soit en chacun bailliage et sénéchaussée élu par la noblesse un doyen ou syndic d’icelle qui fera registre fidèle de tous les gentilshommes du ressort, du blason de leurs armes, honneurs et antiquités de leurs races, lequel soit enregistré aux greffes royaux ou chambres des comptes de la province et qu’il n’y soit enrôlé que ceux qui seront nobles de quatre races. » Voir aussi M. Orlea, La noblesse aux états généraux de 1576 et de 1588, Paris, Puf (coll. « Publications de la Sorbonne, n.s. Recherches », 39), 1980.
13 O. Poncet, « Inscrire les clercs dans l’État. La monarchie française, les clercs et le gouvernement par l’écrit (XVIe-XVIIIe siècle) », dans P. Arabeyre et B. Basdevant-Gaudemet (dir.), Les clercs et les princes. Doctrines et pratiques de l’autorité ecclésiastique à l’époque moderne, Paris, École nationale des chartes (coll. « Études et rencontres de l’École des chartes », 41), 2013, p. 79-103, ici p. 83.
14 La charge devint rapidement une sinécure et, après le poète et diplomate Pierre Forget, seigneur de La Picardière, qui succéda à Du Haillan en 1607, elle entra pour de longues décennies dans la famille Cotignon, jusqu’en 1698, date à laquelle le célèbre généalogiste Pierre Clairambault en fut à son tour pourvu jusqu’en 1716.
15 A. Devyver, Le sang épuré. Les préjugés de race chez les gentilshommes français de l’Ancien Régime (1560-1720), Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1973 ; A. Jouanna, L’idée de race en France au XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, 3 vol., Montpellier, Presses de l’Imprimerie de recherche de l’Université Paul Valéry, 1981 ; E. Schalk, From Valor to Pedigree : Ideas of Nobility in France in the Sixteenth and Seventeenth Century, Princeton, Princeton University Press, 1986 (trad. fr. L’épée et le sang. Une histoire du concept de noblesse, vers 1500-vers 1650, Seyssel, Champ Vallon [coll. « Époques »]), 1996.
16 André Duchesne (ou Du Chesne), Histoire généalogique de la maison de Montmorency et de Laval…, Paris, Sébastien Cramoisy, 1624.
17 André Duchesne, Histoire généalogique de la maison Du Plessis de Richelieu justifiée par tiltres, histoires et autres bonnes preuves, dans Histoire généalogique de la maison royale de Dreux et de quelques autres familles illustres, qui en sont descendues par les femmes, le tout justifié par chartes de diverses églises, tiltres, arrests, histoires et autres bonnes preuves, Paris, Sébastien Cramoisy, 1631 : l’arrière-grand-mère de Richelieu, Anne Le Roy, serait l’arrière-petite-fille de Jeanne de Dreux, descendante de Robert de Dreux, le fils de Louis VI le Gros, permettant au cardinal de laisser entendre que du sang royal coule dans ses veines (F. Hildesheimer, Richelieu, Paris, Flammarion, 2004, p. 158).
18 R. Descimon, « La haute noblesse parlementaire parisienne : la production d’une aristocratie d’État aux XVIe et XVIIe siècles », dans P. Contamine (dir.), L’État et les aristocraties, XIIe-XVIIe siècle, France, Angleterre, Écosse. Actes de la table-ronde, Maison française d’Oxford, 26 et 27 septembre 1986, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1989, p. 357-386.
19 André Duchesne, Généalogie des seigneurs de Rais Du Breil, pour servir au procès pendant au parlement de Paris, en la cinquième chambre des enquêtes, entre le sieur de S. Laurens et du Bois-de-La-Mothe, demandeur en requête civile,… d’une part, et messire Guy Du Breil, seigneur du Plessix de Rais,… intimé, d’autre part, Paris, 1621.
20 F. de Dainville, « Cartes et contestations au XVe siècle », dans Imago mundi, no 24, 1970, p. 99-121, repr. dans Id., La cartographie reflet de l’histoire, Genève-Paris, Slatkine, 1986, p. 177-199.
21 C. Marchal, « Définir et inventorier les chapitres nobles de la France du XVIIIe siècle », Revue d’histoire de l’Église de France, vol. 99, no 242, 2013, p. 115-126.
22 Carte de la généalogie de la maison des Séguiers par tiltres authentiques, depuis l’an 1129, Paris, Pierre Rocolet, 1642, in-fol. plano (Paris, BnF, f° Lm3 857).
23 François Blanchard et Jean-Baptiste L’Hermite de Soliers, Les éloges de tous les premiers présidens du parlement de Paris, depuis qu’il a esté rendu sédentaire jusques a présent, ensemble leurs généalogies, épitaphes, armes et blazons, en taille douce, Paris, Cardin Besongne, 1645 ; François Blanchard, Les présidens au mortier du parlement de Paris, leurs emplois, charges, qualitez, armes, blasons et généalogies, depuis l’an 1331 jusques à présent. Ensemble un catalogue de tous les conseillers selon l’ordre des temps et de leurs réceptions : enrichy du blason de leurs armes, et de plusieurs remarques concernans leurs familles, le tout justifié par les registres du Parlement, tiltres domestiques, chartes d’église, épitaphes et autres preuves authentiques, Paris, Cardin Besongne, 1647.
24 L’ouvrage d’André Duchesne (Histoire généalogique de la maison Du Plessis de Richelieu…, op. cit.), s’inscrit dans un « hommage généalogique » plus large : Lettre du sieur de Cléaux à Monseigneur le cardinal Spada sur la généalogie de Monseigneur l’illustrissime cardinal de Richelieu, Paris, Julian Jacquin, 1627. Le Catalan Manuel Fernandes de Villareal reprend globalement les conclusions de Duchesne dans son Epitome genealogico del eminentissimo cardinal duque de Richelieu, y discursos politicos sobre alguñas acciones de su vida, Pampelune, Juan Antonio Berdun, 1641 ; voir l’édition qu’en a récemment donnée António Borges Coelho (Lisbonne, Caminho [coll. « Obras clássicas da literatura portuguesa », 27], 2005). Sur la famille de Sully, André Duchesne, Histoire généalogique de la maison de Béthune…, Paris, Sébastien Cramoisy, 1639 ; L. Avezou, Sully à travers l’histoire. Les avatars d’un mythe politique, Paris, École des chartes (coll. « Mémoires et documents de l’École des chartes », 58), 2001, p. 115-117. Sur la réalité de la parentèle du ministre de Henri IV, voir B. Barbiche, « Les deux familles de Sully », XVIIe siècle, no 174, 1992, p. 21-32.
25 Antoine Aubery, Histoire général des cardinaux, dédiée à monseigneur l’éminentissime cardinal duc de Richelieu, 6 vol., Paris, Jean Jost, 1642-1649.
26 Jacques Le Long, Bibliothèque historique de la France, contenant le catalogue de tous les ouvrages, tant imprimez que manuscrits, qui traitent de l’histoire de ce roiaume, ou qui y ont rapport, Paris, Charles Osmont, 1719, p. 835-861 (nos 16230 à 16828). L’art. II (« Généalogies des familles illustres de la France ») du liv. IV (« Histoire civile de la France », chap. iii, « Histoire des familles illustres ») est organisé en deux parties, « Recueil des généalogies de différentes familles et les nobiliaires des provinces et des chapitres » (p. 835-843, nos 16230-16371, ouvrages généraux) et « Généalogies des mesmes familles et de leurs alliances » (p. 843-861, nos 16372-16828, dans l’ordre alphabétique des familles).
27 Symphorien Champier, Les grans croniques des gestes et vertueux faictz des très excellens catholicques illustres et victorieux ducz et princes des pays de Savoye et Piémont. Et tant en la saincte terre de Jherusalem comme ès lieux de Sirie, Turquie, Égipte, Cypre, Italie, Suysse, Daulphiné, et autres plusieurs pays. Ensemble les généalogies et antiquitez de Gaulle et des très chrestiens magnanimes et très redoubtez roys de France, avecques aussi la généalogie et origene des dessusditz ducz et princes de Savoye, Paris, Jean de La Garde, 1516 ; Jean Bouchet, Les anciennes et modernes genealogies des roys de France et mesmement du roy Pharamond, avec leurs épitaphes et effigies, Poitiers, Jacques Bouchet, 1527 ; Gilles Corrozet, La Fleur des antiquitez, singularitez et excellences de la plus que noble et triomphante ville et cité de Paris avec la généalogie du roy Françoys premier de ce nom, Paris, D. Janot, 1532.
28 Pierre Desrey, La Généalogie avecques les gestes et nobles faitz d’armes du très preux et renommé prince Godeffroy de Boulion, et de ses chevalereux frères Baudouin et Eustace, yssus et descendus de la très noble et illustre lignée du vertueux chevalier au Cyne, Paris, Michel Le Noir, 1504 [d’après le Miroir historial de Vincent de Beauvais] ; Symphorien Champier, Les gestes, ensemble la vie du preulx chevalier Bayard, avec sa généalogie…, Lyon, Gilbert de Villiers, 1524 ; Jean Bouchet, Le Panégyric du chevallier sans reproche, Poitiers, s.n., 1527.
29 R. Bizzocchi, Genealogie incredibili…, op. cit., p. 197.
30 O. Poncet, « Des chartes pour un royaume. Les prétentions de la famille de La Trémoille sur le royaume de Naples au XVIIe siècle », dans Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, 2007, p. 145-172.
31 Pour s’en tenir au XVIe siècle, après l’œuvre de Jean Bouchet en 1527 (Panégyric…, op. cit.) vient la publication du Portugais Joseph Texera en 1596, Explication de la généalogie de très hault et très puissant Henri prince de Condé…, descendant en ligne légitime masculine de saint Louys, par les premiers comte et duc de Bourbon et d’Imbauld, seigneur de La Trimouille jusques aux père et mère dudict prince Henri (Paris, Plantin). Un dénommé Isaac de Malmédy aurait publié en 1566 à Paris un Traité ou brief discours de l’origine et descente de la maison de Crouy ou Croy en Picardie, ducs d’Ascot (Jacques Le Long, Bibliothèque historique…, p. 848, no 16508) ; il fut suivi en 1589 par La généalogie et descente de la maison de Croÿ, avec les blasons et armoiries, de Jean Scohier (Douai, veuve Boscan).
32 Voir les polémiques suscitées, par exemple, par les écrits en faveur de la maison de Lorraine et des Guise lancés dans le débat public dans les années 1570-1590 : M. Penzi, « Les pamphlets ligueurs et la polémique anti-ligueuse : faux textes et “vrais faux”. Propagande et manipulation du récit (1576-1584) », dans J. Berchtold et M.-M. Fragonard (dir.), La mémoire des guerres de religion. La concurrence des genres historiques (XVIe-XVIIIe siècle), Genève, Droz (coll. « Cahiers d’Humanisme et Renaissance », 79), 2007, p. 133-151, en particulier p. 138 sq. Les prétentions de Mercoeur en Bretagne ont été soutenues dans Pierre (ou Nicolas) Biré, Alliances généalogiques de la maison de Mercoeur, [Nantes], 1593.
33 Claude Du Pré, Abbrégé fidelle de la vraye origine et généalogie des François, auquel est traicté de la généalogie et hauts faicts des anciens François, ensemble de leurs ducs et roys, jusques à Clovis premier roy de France chrestien, Lyon, Thimbaud Ancelin, 1601.
34 Henry de Montagu, La decente [sic] généalogique depuis saint Louys de la royale maison de Bourbon, enrichie de l’histoire sommaire des faits vies et morts de tous les descendents jusques à présent, Paris, Claude Rigaud, 1609.
35 Étienne Laplonce-Richette, Histoire généalogique des dieux des Anciens, recueillie de plusieurs autheurs grecs et latins, pour l’intelligence et explication des fables politiques, Tournon, C. Michel et t. Soubron, 1606.
36 Aubert Le Mire, Gentis Spinulae illustrium elogia, Anvers, J. Verdussen, 1607 ; Id., Stemmata principum Belgii, ex diplomatibus ac tabulis publicis potissimum concinnata, Bruxelles, Meerbeck, 1626 ; Philippe de L’Espinoy, Recherches des antiquitez et noblesse de Flandre, contenant l’histoire généalogique des comtes de Flandre…, Douai, veuve M. Wyon, 1631 ; Christophe Butkens, Annales généalogiques de la maison de Lynden, Anvers, J. Cnobbart, 1626 ; Olivier De Wrée, La généalogie des comtes de Flandre depuis Baudouin Bras de fer jusques à Philippe IV, roy d’Espagne, représentée par plusieurs figures des seaux et divisée en vingt-deux tables, vérifiées tant par chartes qu’escripts anciens ou contemporains, 2 vol., Bruges, J.-B. et L. Van den Kerchove, 1642-1644 ; Georges Galopin, Flandria generosa, seu compendiosa series genealogiae comitum Flandriae…, Mons, Waudré, 1643.
37 Guy Autret, Dessein et project de l’histoire généalogique de Bretagne, s.l., s.n., 1642 ; Pierre Palliot, Dessein ou idée historique et généalogique de la duché de Bourgogne, s.l., 1654.
38 Adrien de La Morlière, Recueil de plusieurs nobles et illustres maisons vivantes et esteintes, en l’esten due du diocèse d’Amiens, et à l’environ, des alliances et vertueux actes des seigneurs et des abbayes, prieurez et esglises collégiales par eux fondées…, Amiens, J. Hubault, 1630.
39 Histoire du mareschal de Guebriant…, Paris, R. de Nain, 1656 (généalogies de plusieurs maisons de Bretagne, de la maison de Budes) ; Les Mémoires de messire Michel de Castelnau, seigneur de Mauvissière, 2 vol., Paris, P. Lamy, 1659 (généalogies de plusieurs familles de France, des Bochetel). Voir aussi la généalogie de Philippe de Comines dans l’édition des mémoires de ce dernier par Denis Godefroy en 1649 (Paris, Imprimerie royale) ou de la maison de Joinville dans l’édition de l’Histoire de saint Louis de Jean de Joinville édité par Charles Du Cange en 1668 (Paris, S. Mabre-Cramoisy).
40 Albert Le Grand, La Vie, gestes, mort et miracles des saincts de la Bretaigne armorique, Nantes, P. Doriou, 1637.
41 Floris Van der Haer, Les chastelains de Lille, leur ancien état, office et famille. Ensemble l’état des anciens comtes de la république et empire romain, des Goths… des forestiers et comtes anciens de Flandre…, Lille, C. Beys, 1611 (généalogie de la maison de Luxembourg) ; Jacques Sanson (en religion Ignace de Jésus-Maria), L’histoire généalogique des comtes de Pontieu et maïeurs d’Abbeville, Paris, F. Clouzier, 1657.
42 Gilles Bry de La Clergerie, Histoire des pays et comté du Perche et duché d’Alençon…, Paris, Pierre Le Mur, 1620 (généalogie des comtes du Perche) ; Guillaume Morin, Histoire générale des pays de Gastinois, Senonois et Hurepoix, contenant les antiquitez des villes, bourgs, abbaïes, églises et maisons nobles, avec les généalogies des seigneurs et familles qui en despendent…, Paris, veuve Chevalier, 1630 ; Pierre Le Baud, Histoire de Bretagne, avec les chroniques des maisons de Vitré et de Laval…, Paris. G. Alliot, 1638.
43 François Le Maire, Histoire et antiquités de la ville et duché d’Orléans…, Orléans, M. Paris, 1646.
44 Catalogue des partisans, ensemble leur généalogie et extraction, vie, mœurs et fortunes, [Paris], s.n., 1649.
45 Jacques Le Long (Bibliothèque historique…, p. 846, no 16465) rapporte que la Généalogie de la maison des Cardaillac… (Paris, Martin, 1654) est l’œuvre (sous forme d’un abrégé) du marquis de La Chapelle, un cadet de cette maison.
46 Le secrétaire de Jeanne de Mortemart, Nathaniel Adam de Sychar, par ailleurs conseiller à l’élection de Poitiers, publie ainsi un Recueil sommaire et généalogique des maisons de Mortemar, de Saulx et de leurs alliances (Paris, Mesnier, 1622).
47 Pierre d’Hozier, Généalogie et alliances de la maison des sieurs de Larbour, dits depuis de Combauld, sortie autresfois puisnée de la première race de Bourbon non royalle, Paris, Mathurin Henault, 1629. Combaud publia son œuvre sur Blanche de Castille en 1644 à Paris chez Sommaville.
48 W. Leiner, Der Widmungsbrief in der französischen Literatur (1580-1715), Heidelberg, Winter, 1965 ; C. Blanquie, Les épîtres dédicatoires de Scipion Dupleix. Une carrière en épîtres ?, Paris, Kimé, 2008.
49 S. Uomini, « Enjeux historiographiques des représentations nobiliaires : l’exemple des épîtres dédicatoires », dans C. Grell et A. Ramière de Fortanier (dir.), Le second ordre : l’idéal nobiliaire. Hommage à Ellery Schalk, Paris, PUPS (coll. « Mythe, critique et histoire »), 1999, p. 315-333.
50 Cité par B. Chevignard, « Les tribulations d’un généalogiste bourguignon du Grand Siècle : Pierre Palliot et la famille Espiard », dans Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Beaune, t. LXI, 1980, p. 51-58.
51 O. Poncet, « La Gallia christiana (1656) des frères de Sainte-Marthe : une entreprise gallicane ? », Revue de l’histoire des religions, no 3, 2009, p. 375-397, disponible sur rhr.revues.org/7268 (consulté en février 2014).
52 Denis-Charles de Godefroy-Ménilglaise, Les savants Godefroy, mémoire d’une famille pendant les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1873.
53 J. Delatour, « Les frères Dupuy (1582-1656) », dans École nationale des chartes, Positions des thèses… de 1996, Paris, École des chartes, 1996, p. 93-100.
54 M. Deschamps-Juif, « L’historiographe André Du Chesne (1584-1640) », dans École nationale des chartes, Positions des thèses… de 1963, Paris, École des chartes, 1963, p. 45-49 ; E. Bury, « Le “Père de l’histoire de France” : André Duchesne (1584-1640) », dans Littératures classiques, no 30, L’Histoire au XVIIe siècle, 1997, p. 121-131.
55 C. Maurel, « Construction généalogique… », op. cit.
56 Louis Moreri, Le grand dictionnaire historique, ou le Mélange curieux de l’histoire sainte et profane, t. VI, Paris, 1759, p. 105.
57 M. Cassan (dir.), Les officiers « moyens » à l’époque moderne : pouvoir, culture, identité, Limoges, Pulim, 1998.
58 A. Vernière, Le président Jean Savaron, érudit, curieux, collectionneur, et ses rapports avec les savants de son temps, Clermont-Ferrand, 1892 (tiré à part du Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne).
59 O. Poncet, « Promouvoir la diplomatique à l’époque de Louis XIII : les exigences de Jean Besly », dans J. Leclant, A. Vauchez et D.-O. Hurel (dir.), Dom Jean Mabillon, figure majeure de l’Europe des lettres, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2010, p. 497-515.
60 E. Jovy, Un juge d’Urbain Grandier : Louis Trincant, biographe inédit de Salomon Macrin, Loudun, Roiffé, 1892.
61 H. Mancini, Recherches sur Guillaume de Catel, 1560-1626, conseiller au parlement de Toulouse, et sur ses mémoires sur l’histoire du Languedoc, thèse de doctorat de littérature française de l’université de Toulouse 2, 1984, ms.
62 P. N. Miller, Peiresc’s History of Provence : Antiquarianism and the discovery of a medieval Mediterranean, Philadelphie, American Philosophical Society (coll. « Transactions of the American Philosophical Society », 101-3), 2011.
63 D. Nebbiai, « Pour la bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés au XVIIe siècle : Nicolas Camusat (1575-1655), ses livres, ses recherches », dans J. Leclant, A. Vauchez et D.-O. Hurel (dir.), Dom Jean Mabillon…, op. cit., p. 517-548.
64 M. Reulos, « Deux réformés éditeurs de textes canoniques : Christophe et Henri Justel », dans Mélanges offerts à Jean Dauvillier, Toulouse, Centre d’histoire juridique méridionale, 1979, p. 732-741.
65 A. Boureau, La papesse Jeanne, Paris, Aubier (« Collection historique », 44), 1988.
66 O. Poncet, « Promouvoir la diplomatique… », op. cit. Sur Fontenay, cénacle de savants et de juristes au XVIe siècle, voir É. Barnavi et R. Descimon, La Sainte Ligue, le juge et la potence. L’assassinat du président Brisson (15 novembre 1591), Paris, Hachette (coll. « La force des idées »), 1985, p. 73.
67 Paris, BnF, n. a. fr. 6209, fos 27-28, Louis Trincant aux frères de Saint-Marthe, s.l., 22 septembre [1639].
68 O. Poncet, « L’usage des chartriers seigneuriaux par les érudits et généalogistes en France dans la première moitié du XVIIe siècle », dans P. Contamine et L. Vissière (dir.), Défendre ses droits, construire sa mémoire. Les chartriers seigneuriaux, XIIIe-XXIe siècle, Paris, Société de l’histoire de France, 2010, p. 247-272.
69 Lettres de Peiresc, op. cit., t. I, p. 276-285, Peiresc à Pierre Dupuy, Aix-en-Provence, 11 juillet 1627, p. 280 : « Je plains le pauvre M. Du Chesne d’avoir une si chettive assignation et m’estonne qu’il n’ayt trouvé de quoy mieux contenter sa curiosité en Flandres. »
70 « VI. […] Ceux qui composent l’histoire de quelque monastère peuvent imiter M. Duchesne dans les histoires qu’il a faites des maisons particulières, lequel ordonne premièrement l’histoire de suite selon l’ordre de la chronologie et suivant les pièces qu’on luy avoit donné et les divers tesmoignages qu’il avoit colligé et puis il insère lesdites pièces et tesmoignages tous entiers par année à la fin de chaque histoire. » (Cité par Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. II, Paris, 1874, p. 60).
71 Gottfried W. Leibniz, Schriften und Briefe zur Geschichte, éd. M.-L. Babin et G. Van den Heuvel, Hanovre, Hahn (coll. « Veröffentlichungen der Historischen Kommission für Niedersachsen und Bremen », 218), 2004, p. 71, 88, 758. Cet hommage constant rendu par Leibniz aux savants français mériterait d’être davantage éclairé par des études fondées sur l’immense matériau conservé à Hanovre : voir par exemple M.-L. Babin, « Mabillon et Leibniz », dans J. Leclant, A. Vauchez et D.-O. Hurel (dir.), Dom Jean Mabillon…, op. cit., p. 373-383.
72 André Duchesne, Histoire généalogique de la maison de Béthune…, op. cit., f° aiii r°.
73 R. Bizzocchi, Genealogie incredibili…, op. cit., p. 207-208.
74 E. Bury, « La tradition gallicane : les historiographes et l’érudition en France (fin XVIe-milieu XVIIe siècle) », dans C. Grell (dir.), Les historiographes en Europe de la fin du Moyen Âge à la Révolution, Paris, 2006, p. 313-323.
75 A. Schröker, « Die deutsche Genealogie im 17. Jahrhundert zwischen Herrscherlob und Wissenschaft », Archiv für Kulturgeschichte, no 59, 1977, p. 426-444.
76 Voir ainsi l’éloge de Peiresc par Gassendi cité par P. N. Miller, Peiresc’s History of Provence…, op. cit., p. 13.
77 Par exemple, utilisation des deux présentations sur deux pages en vis-à-vis dans l’Histoire généalogique de la maison de Béthune…, op. cit., p. 322-323 (figure 11).
78 André Duchesne, Histoire de la maison de Chastillon sur Marne…, Paris, Sébastien Cramoisy, 1621, Advertissement : « En quoy néantmoins je n’ay pas gardé la forme, qu’aucuns ont pratiquée devant moy en pareilles occasions, principalement pour le regard des escussons des femmes, les ayant representez non en lozenge, ny partis de ceux de leurs maris, ains tous entiers comme ceux des hommes, afin que l’on discerne mieux ce dont ils sont composez. »
79 André Duchesne, Histoire généalogique de la maison royale de Dreux…, op. cit., Préface.
80 André Duchesne, Histoire généalogique de la maison des Chasteigniers, seigneurs de la Chasteigneraye, de La Rochepozay, de Saint-Georges de Rexe, de Lindoys, de La Rochefaton et autres lieux, justifiée par chartes de diverses églises, arrests de la cour de Parlement, tiltres domestiques et autres bonnes preuves, Paris, Sébastien Cramoisy, 1634, Préface, citation d’une longue lettre de Jean Besly (6 pages).
81 « Pridem autem alia omnia commercia rescidi, expertus a multis uni mihi offerri plus impedimenti quam auxiliis ab iis possim sperare. » (Cité par M.-L. Babin, « Mabillon et Leibniz », op. cit., p. 382).
82 O. Poncet, « L’histoire des évêques saisie par l’érudition (XVIIe-XVIIIe siècles) », dans F. Bougard et M. Sot (dir.), Liber, Gesta, histoire. Écrire l’histoire des évêques et des papes de l’Antiquité au XXIe siècle, Turnhout, Brepols, 2009, p. 407-436.
83 C. Dolan, « L’identité urbaine et les histoires locales publiées du xvie au XVIIIe siècle en France », Annales canadiennes d’histoire, no 27, 1992, p. 277-298 ; J.-M. Le Gall, « Catalogues et séries de vies d’évêques dans la France moderne. Lutte contre l’hérésie ou illustration de la patrie ? », dans F. Bougard et M. Sot (dir.), Liber, Gesta, histoire…, op. cit., p. 367-405.
84 Jean Besly, Histoire des comtes de Poictou et ducs de Guyenne, contenant ce qui s’est passé de plus mémorable en France depuis l’an 811 jusques au roi Louis le Jeune, vérifiée par titres et par anciens historiens, Paris, R. Bertault, 1647 ; Guillaume Catel, Histoire des comtes de Tolose,… avec quelques traitez et chroniques anciennes concernant la même histoire, Toulouse, P. Bosc, 1623 ; Guillaume Bessé, Histoire des comtes de Carcassonne, Béziers, A. Estradier, 1645 ; etc.
85 Guillaume Catel, Histoire des comtes de Tolose…, op. cit., Préface.
86 Louis et Scévole de Sainte-Marthe, Histoire généalogique de la Maison de France… avec les illustres familles qui sortent des roynes et princesses du sang…, 2 vol., Paris, N. Buon, 1328.
87 B. Guenée, « Les généalogies entre l’histoire et la politique : la fierté d’être Capétien, en France, au Moyen Âge », Annales. ESC, vol. 33, no 3, 1978, p. 450-477.
88 P. N. Miller, Peiresc’s History of Provence…, op. cit., p. 37 : « Peiresc’s tangled genealogical charts convey the complexity of the reality he was grappling with. »
89 Gottfried W. Leibniz, Schriften und Briefe zur Geschichte, op. cit., p. 69-76, « Zu Gegenstand, Geschichte und Methoden der Geschichtswissenschaft (1695/1696) », p. 70.
90 Voir par exemple BnF, Duchesne 121.
91 E. Bury, « La tradition gallicane… », op. cit., p. 319.
92 Louis Chantereau Le Febvre, Considérations historiques sur la généalogie de la maison de Lorraine, Paris, N. Bessin, 1642, p. 46-47.
93 André Duchesne, Histoire généalogique de la maison royale de Dreux…, op. cit., Préface : « Or, comme les histoires, principalement généalogiques, dont la matière se forme de divers tiltres et papiers, ne peuvent estre jamais traitées si exactement que le temps ne descouvre tousjours quelque chose pour y adjouster, diminuer ou corriger, aussi nonobstant la grande diligence que j’ay apportée en la recherche des pièces nécessaires pour la composition de celles-cy, je n’ay sceu les rendre tellement accomplies qu’outre les manquements arrivez tant en l’impression que par inadvertance ou autrement, desquels j’ay fait note à la fin de chacun traité, il n’en reste encore beaucoup d’autres à remarquer. »
94 Lettres de Jean Besly (1612-1647), éd. Apollin Briquet, Poitiers, Typographie de Oudin frères, 1880 (Archives historiques du Poitou), p. 324-325, Besly à Pierre Dupuy, Fontenay-le-Comte, 3 septembre 1633.
95 C. Maurel, « Construction généalogique… », op. cit.
96 André Duchesne, Histoire généalogique de la maison royale de Dreux…, op. cit., Préface.
97 E. Bury, « La tradition gallicane… », op. cit., p. 313.
98 P. de L’Espinoy, Recherche des antiquitez…, épître dédicatoire datée de Gand, 14 avril 1631.
99 M. Fumaroli, « Aux origines de la connaissance historique du Moyen Âge. Humanisme, Réforme, gallicanisme au XVIe siècle », XVIIe siècle, no 114-115, 1977, p. 5-29, p. 18 sq.
100 D. Kelley, Foundations of Modern Scholarship : Language, Law and History in the French Renaissance, New York-Londres, Columbia University Press, 1970.
101 Charles Du Moulin (1500-1566) et François Baudouin (1520-1573) : ibid., p. 183 sqq., « Chapter vii. Feudal Law and History : The Legists Investigate the History of Institutions ».
102 J. Voss, Das Mittelalter im historischen Denken Frankreichs. Untersuchungen zur Geschichte des Mittelalterbegriffes und der Mittelalterbewertung von der zweiten Hälfte des 16. bis zur Mitte des 19. Jahrhunderts, Münich, Fink (« Veröffentlichungen des Historischen Instituts der Universität Mannheim », 3), 1972.
103 M. Grinberg, Écrire les coutumes. Les droits seigneuriaux en France (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, Puf (coll. « Le nœud gordien »), 2006.
104 Nicolas Rigault, De feudis liber singularis a Bartholomaeo Baraterio,… ex omni vetere feudorum jure digestus, nunc primum editus ex bibliotheca regia, Paris, A. Beys, 1612. Auguste Galland, Du franc-aleu, et origine des droicts seigneuriaux…, Paris, Étienne Richer, 1637 (paru pour la première fois avec le titre Contre le franc-alleu sans tiltre prétendu par quelques provinces au préjudice du roy…, Paris, R. Estienne, 1629) ; sur cet auteur, voir D. Harai, Pour le « bien de l’État » et le « repos du public ». Auguste II Galland (1572-1637), conseiller d’État et commissaire de Louis XIII aux synodes des Églises réformées de France, Paris, Champion (coll. « Vie des Huguenots », 63), 2012. Pierre de Caseneuve, Le franc-alleu de la province de Languedoc establi et défendu. Seconde édition reveue et augmentée d’un second livre… à laquelle a esté de plus adjousté un traicté de l’origine, de l’antiquité et des privilèges des estats généraux de la mesme province, ensemble un recueil des chartes de ses principaux privilèges, Toulouse, J. Boude, 1645 (la première édition avait pour titre Instructions pour le franc alleu de la province Languedoc, Toulouse, J. Boude, 1640). Voir encore Jean Besly, Histoire des comtes de Poictou…, op. cit., p. 181-184, « De l’origine du mot de roture et roturier », et André Duchesne, Histoire généalogique de la maison des Chasteigniers…, op. cit., Préface, p. [3].
105 J.-M. Dufays, « Le Moyen Âge au XVIIIe siècle : contribution à l’étude de la terminologie et de la problématique d’“époque intermédiaire” », dans M. Fumaroli et C. Grell (dir.), Historiographie de la France et mémoire du royaume au XVIIIe siècle, Paris, Champion (coll. « Bibliothèque d’histoire moderne et contemporaine »), 2006, p. 69-85.
106 Pierre Pithou, Le premier livre des mémoires des comtes héréditaires de Champagne et de Brie, Paris, R. Estienne, 1572, p. 11, 21.
107 R. Bizzocchi, Genealogie incredibili…, op. cit.
108 Sur La Popelinière, ibid., p. 62. Sur l’influence, décisive selon lui, du Franco-Gallia de Hotman, voir M. Fumaroli, « Aux origines de la connaissance historique du Moyen Âge… », op. cit., p. 13-14.
109 M. Bloch, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien, dans Id., L’histoire, la guerre, la Résistance, éd. A. Becker et É. Bloch, Paris, Gallimard (coll. « Quarto »), 2006 (1re éd. 1949), p. 843-985, ici p. 868 sq.
110 André Duchesne, Histoire généalogique de la maison Du Plessis de Richelieu…, op cit., p. 5-6. Il renouvelle plus loin cette réserve, signe d’un embarras inhabituel chez lui : « Les rivières paroissent ordinairement petites en leur source ; mais plus elles coulent avant, plus leurs eaux s’enflent et se grossissent. Il en est ainsi presque de toutes les maisons nobles et illustres. L’antiquité trop esloignée empesche qu’on ne voye leur escalt dès qu’elles commencent à paroistre. Mais plus elles s’avancent vers les derniers siècles, plus leur splendeur semble prendre d’accroissement et d’augmentation. Celle du Plessis en donne tesmoignage… » (Ibid., p. 18).
111 O. Poncet, « L’usage des chartriers seigneuriaux… », op. cit., p. 247-272.
112 H.-F. Delaborde, « Les travaux de Dupuy sur le Trésor des chartes et les origines du supplément », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 58, 1897, p. 126-154.
113 O. Poncet, « L’usage des chartriers seigneuriaux… », op. cit., p. 246-249.
114 Le décompte exact s’établit comme suit : 115 documents de la famille du Plessis, 10 de la chancellerie royale, 7 de l’évêché de Poitiers, 6 du parlement de Paris, 5 de divers imprimés, 2 du Trésor des chartes et 1 d’une chronique manuscrite.
115 Gottfried W. Leibniz, Schriften und Briefe zur Geschichte, op. cit., p. 86-93, « Reflexions sur un extraict d’une généalogie de la maison de Bronsvic et d’Este présentée depuis peu à S.S.S. à Venise », 1685, p. 88 : « Et on se mocque aujourd’huy d’un auteur qui se rapporte à l’autorité des archives quand il ne peut point produire des pièces qui portent leur autorité avec elles. »
116 André Duchesne, Histoire de la maison de Chastillon sur Marne…, op. cit., privilège de dix ans daté de Paris, 7 janvier 1621.
117 André Duchesne, Histoire généalogique des maisons de Guînes, d’Ardres, de Gand et de Coucy…, Paris, Cramoisy, 1631, privilège de neuf ans daté de Saint-Ambroise, 11 juin 1629 ; Id., Histoire généalogique de la maison royale de Dreux…, op. cit., privilège de neuf ans daté de Saint-Ambroise, 11 juin 1629.
118 N. Schapira, « Le monde dans le livre, le livre dans le monde : au-delà du paratexte. Sur le privilège de librairie dans la France du XVIIe siècle », Histoire et civilisation du livre, vol. 6, 2010, p. 79-96.
119 Louis Chantereau Le Febvre, Considérations historiques…, op. cit., par exemple p. 213-217.
120 Lettres de Peiresc, op. cit., t. I, p. 678-385, Peiresc à Pierre Dupuy, Aix-en-Provence, 28 juillet 1628, p. 680.
121 André Duchesne, Histoire généalogique de la maison des Chasteigniers…, op. cit., Préface.
122 O. Poncet, « Promouvoir la diplomatique… », op. cit.
123 Ibid., p. 512-515, lettre de Besly à Peiresc, Paris, 8 mars 1633.
124 J. Soll, « The Uses of Historical Evidence in Early Modern Europe », Journal of the History of Ideas, vol. 64, no 2, 2003, p. 149-157.
125 O. De Wrée, La généalogie des comtes de Flandre…, op. cit., t. I, Préface.
126 M. Sylvestre, « La généalogie de la famille des Porcellets de Maillane gravée par Jacques Callot et les généalogies dessinées », Lotharingia, no 7, Mélanges d’archéologie, d’art et d’histoire offerts au chanoine Jacques Choux, 1997, p. 267-292. Voir aussi P. N. Miller, Peiresc’s History of Provence…, op. cit., p. 56-61 (reproduction de l’exemplaire personnel de Peiresc, redécouvert par l’auteur, alors que l’exemplaire de la Bibliothèque nationale de France passait pour l’unique ayant survécu de cette commande).
127 M.-É. Gautier, Mille ans d’histoire de l’arbre généalogique en France, Rennes, Éd. Ouest-France, 2008 ; l’ouvrage reproduit en annexe un fac-similé de la Généalogie et descente des roys de France daté de 1593, dépliant de six mètres de long.
128 Floris Van der Haer, Les chastelains de Lille…, op. cit., p. 272.
129 Lettres de Peiresc, op. cit., t. I, p. 904-906, Pierre Dupuy à Peiresc, Paris, 6 mars 1628 : « Ung nommé [François] Jousselin, sieur de Joupiles, fort entendu en faict d’armoiries, a esté décapité pour faulse monnaie. Tous ses papiers, qui estoient curieux en cette matière, ont été saisis par le lieutenant criminel. Messieurs Du Chesne et Hozier le cognoissoient. »
130 A. Grafton, Forgers and Critics : Creativity and Duplicity in Western Scholarship, Princeton, Princeton University Press, 1990.
131 Jean Le Laboureur, Les Mémoires de messire Michel de Castelnau, seigneur de Mauvissière…, 2 vol., Paris, P. Lamy, 1659, t. II, p. 300 (reproche à Duchesne d’avoir été trop bienveillant à l’égard de la généalogie du cardinal de Richelieu).
132 Voir ainsi les controverses entre Jean-Jacques Chifflet (Vindiciae Hispanicae in quibus arcana regia politica, genealogica, pacis bono luce donantur, Anvers, Plantin, 1645) et David Blondel (Genealogiae Francicae plenior assertio…, Amsterdam, J. Blaeu, 1654).
133 M. Fumaroli, « Aux origines de la connaissance historique du Moyen Âge… », op. cit., p. 27.
134 C. Borghero, « Les philosophes face à l’histoire. Quelques discussions sur la connaissance historique aux XVIIe et XVIIIe siècles », dans C. Grell et J.-M. Dufays (dir.), Pratiques et concepts de l’histoire en Europe, XVIe-XVIIIe siècle, Paris, PUPS (coll. « Mythes, critique et histoire », 4), 1990, p. 73-83.
135 A. Momigliano, « L’histoire ancienne et l’Antiquaire », dans Id., Problèmes d’historiographie ancienne et moderne, Paris, Gallimard (coll. « Bibliothèque des histoires »), 1983, p. 244-293, ici p. 259-260.
136 Gottfried W. Leibniz, Schriften und Briefe zur Geschichte, op. cit., p. 62-66, « Nouvelles ouvertures », 1686, p. 64.
137 F. Waquet, Le latin ou L’empire d’un signe, XVIe-XXe siècle, Paris, A. Michel (coll. « L’évolution de l’humanité »), 1998.
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D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008