Penser la généalogie. Modèles, pratiques, savoirs
p. 31
Texte intégral
1S l’on accepte de considérer la généalogie comme un objet historique de plein droit, ce sont les procédés de connaissance de l’ancestralité qui doivent en priorité retenir l’attention. On aimerait ici ne pas séparer la fabrique des ancêtres, les paradigmes intellectuels qui lui sont associés et les différentes matrices – familiales, sociales, territoriales ou politiques – qui l’ont sous-tendue. Parmi bien des cas possibles, on a donc retenu des modèles variés : des figures qui dérivent de l’imaginaire chrétien de la parenté et des logiques proprement ecclésiales, des constructions de l’ancestralité élaborées dans la société des princes, des usages civiques du savoir généalogique, et, enfin, des pratiques érudites prises entre les logiques de la commande et celles de la rigueur documentaire.
2L’imprégnation généalogique de l’Europe médiévale et moderne est étroitement liée à des modes de calcul de la parenté voulus par l’Église et dont les clercs ont inventé les premières formes de construction intellectuelle en introduisant un lexique, des modes de raisonnement et une rationalité graphique. De cette intelligence de la construction généalogique, le Moyen Âge a fait bien d’autres usages, que ce soit pour penser la légitimité d’une transmission ou pour ordonner des secteurs de connaissance et de savoirs. Plus profondément, comme travail de l’esprit sur lui-même, la généalogie est restée longtemps un art de la trouvaille, un agencement de procédés inférentiels tout entiers ajustés à des solutions, qu’elles soient imagétiques ou textuelles. Que ces opérations menées sur des figures, des images ou des récits fondateurs puissent s’exercer sur des actes écrits, des preuves savantes et une culture scientifique du document, voilà qui constitue une question traversant toutes les cultures européennes de l’ancestralité du XVe au XIXe siècle. En examinant les pratiques et les savoirs qui construisent ce type de solutions, et en évitant d’indexer arbitrairement l’histoire de l’objet sur une téléologie du progrès, on a surtout voulu rester attentif à des manières de faire et à des manières de penser. Une série de questions convergentes sont ainsi posées aux procédés de l’investigation, aux formes différenciées – et parfois opposées – de la probation, aux modalités d’écriture et de communication, enfin aux logiques d’interprétation des textes et des images.
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