Chapitre IX. Les réfugiés et le régime, une suspicion mutuelle
p. 295-316
Texte intégral
«Für meine Person bin ich im ständigen Dilemma. Ich möchte an den linkesten Flügel der KPD, ich möchte für Russland sein. Und andererseits, Freiheit, die ich meine!»
Victor Klemperer, le 8 août 1945.
1Entre 1945 et 1953, les réfugiés en SBZ et en Saxe entretiennent un rapport ambivalent vis-à-vis du régime qui se met en place. La proximité entretenue par le KPD puis le SED avec l’occupant soviétique est un premier obstacle. Le rôle joué par l’Armée Rouge dans les expulsions et les violences inhérentes à l’offensive soviétique de l’automne 1944 sont encore très présents dans l’esprit d’un grand nombre d’expulsés. De même, l’ambiguïté entretenue par le SED autour de la question de la frontière germano-polonaise jette le doute sur les buts politiques du parti. Le changement radical de 1947, conséquence de l’ordre de Moscou de ne laisser aucun doute sur l’inviolabilité future de la nouvelle frontière, provoque une seconde rupture entre le parti et les réfugiés. Cette dernière est consommée trois années plus tard lorsque la RDA reconnaît la frontière Oder-Neisse, désormais appelée « Friedensgrenze » : « Frontière de la paix. »
2Un autre élément pèse sur cette relation : la politique d’assimilation menée par les autorités est-allemandes, qui est renforcée au tournant des années 1948-1949, et l’instauration du « Zwang zur Zukunft1 » pour reprendre les mots de Michael Schwartz. En effet, l’accumulation des difficultés matérielles et les risques accrus de désorganisation induits par l’arrivée des réfugiés, couplés au manque de légitimité politique et d’autorité administrative des nouveaux cadres, en particulier du SED, mènent à une crispation du nouveau régime et au développement d’une ligne politique dure vis-à-vis des réfugiés. L’Umsiedlerproblem des années 1945-1946, que les administrations cherchent à atténuer par l’application de solutions temporaires, sur l’exemple des camps de réfugiés, de l’Umsiedlerbeihilfe et des appels à la solidarité, évolue vers un « Sicherheitsproblem » par sa prise en charge par les ministères de l’Intérieur régionaux et les commandants soviétiques locaux.
3Dans ce contexte évolutif, quelles sont alors les conséquences de l’Umsiedlerpolitik menée en Saxe ? La prudence politique vis-à-vis des populations locales, et le questionnement autour d’une mise à contribution de cette majorité, et d’autre part le volontarisme mis en scène par le SED permettent-ils une assimilation politique lorsque l’intégration économique et sociale a montré ses limites entre 1945 et 1953 ?
Une population sous contrôle
4Les doutes nourris par le régime est-allemand vis-à-vis d’une réelle adhésion des réfugiés aux idées politiques du SED mènent entre 1945 et 1953 à une double stratégie : d’une part le parti cherche à dominer politiquement et idéologiquement le processus d’intégration, d’autre part il contrôle étroitement la population, pour la pousser à l’adoption d’une identité construite idéologiquement.
De la politique à la contrainte : les réfugiés, le SED et l’occupant
Le discours officiel et ses limites : la question de l’expulsion
5Le 18 octobre 1948, la SMAS rassemble les maires et les présidents d’arrondissement de la Saxe afin de détailler ses ordres. Ils apprennent à cette occasion que la Saxe est passée du statut de région de transit à celui de région d’accueil pour les expulsés présents à cette date sur son territoire.
6La première directive de la SMAS est de commencer à identifier et surtout à contrôler les mouvements de cette population en interdisant aux Umsiedler de quitter les convois et en renforçant le contrôle policier dans les gares et sur les routes2. Cette mesure répond à un double objectif : permettre un recensement des réfugiés, et donc reprendre le contrôle sur la situation chaotique liée aux déplacements de populations de l’immédiat après-guerre, et les soustraire à la vue de la population. Les populations réfugiées, qui arrivent avec les quelques affaires qu’elles ont pu sauver et campent dans les gares ou errent sur les routes saxonnes ne correspondent pas à l’image d’un transfert de population organisé par les Alliés, comme le laisse entendre le terme d’Umsiedlung. Ces considérations se retrouvent lors de l’arrivée des « heimatlosen Heimkehrer » en Saxe : comme les réfugiés, les autorités allemandes les identifient comme des éléments perturbateurs et font usage de termes très durs envers eux :
« Une minorité de Heimkehrer revient dans son pays avec des attentes totalement erronées, et pense pouvoir jouer ici le rôle du martyr ; d’autres ne se soignent pas de manière volontaire et restent sales afin de provoquer la compassion de la population et recevoir des aides supplémentaires. La propagation de rumeurs fausses et tendancieuses à propos des conditions d’emprisonnement doit alors leur permettre d’éveiller l’intérêt de la population féminine en particulier3. »
7La suite du courrier explicite la volonté politique de contrôler l’apparence et les paroles des réfugiés et d’anciens prisonniers de guerre, ainsi que l’effet qu’ils pourraient produire sur la population de la zone d’occupation : « Il faut à cet endroit encore une fois souligner particulièrement que le personnel des trains qui amènent les prisonniers de guerre vers Francfort (sur l’Oder) nécessite une surveillance policière constante4. » L’efficacité de ce contrôle de la perception de ces populations est discutable. La population locale est-elle réellement tenue à l’écart des réalités de l’expulsion ou des conditions de captivité des soldats allemands en URSS ?
8Malgré l’instauration autoritaire d’une typologie des réfugiés autour des concepts d’Umsiedlung et d’Umsiedler, à la fois les Umsiedlerausschüsse et le personnel des camps saxons cherchent à attirer l’attention du gouvernement régional et de l’Umsiedleramt sur des pratiques violentes d’expulsion, et cela jusqu’en 1949. En juin 1948, une lettre est adressée aux autorités depuis le camp C de Dresde5. Elle contient des précisions sur les méthodes employées pour expulser les 60 mineurs allemands retenus en Pologne et leurs familles :
« Dans la nuit du 25 au 26 juin, entre une heure et 3 heures, les spécialistes allemands ont été expulsés avec leurs familles sans avoir été prévenus et avec une extrême violence. […] Les personnes armées étaient membres de l’armée polonaise ou de la police d’État et ont forcé les Allemands à quitter leurs logements dans les plus brefs délais, sans leur laisser assez de temps pour préparer des valises avec un minimum de vêtements ou de nourriture. Les Allemands ont été menacés, certains ont essuyé des coups, avec l’explication qu’ils ne devaient emporter que ce qu’ils pouvaient porter sur 5 km. Du coup, beaucoup ont laissé une partie de leurs affaires assemblées dans l’urgence dans les logements ou sur la route, car ils n’étaient pas capables de les porter sur 5 km. Par la suite, il s’est avéré que des véhicules de transport attendaient à proximité, dans lesquels les personnes ont été embarquées. »
9Au-delà des circonstances de l’expulsion, le courrier détaille plusieurs cas particulièrement graves de maltraitance, dont l’abus sexuel de plusieurs femmes de mineurs6. En 1947, l’administration de Leipzig exprime avec plus de prudence les accusations contre le déroulement des expulsions : « Le transport venait de Silésie et de Danzig. Il était frappant que le transport de Danzig ne détienne presque pas de bagages, et celui de Silésie beaucoup en comparaison. D’après les questions posées par l’annexe de Leipzig, l’origine doit être cherchée au niveau des contrôles aux frontières7. » Dans le silence qui entoure les conditions de vie et d’expulsion des réfugiés dans l’espace public est-allemand, les interpellations dont font l’objet les administrations saxonnes chargées de l’intégration font figure d’exception. Elles révèlent également la grande ignorance qui entoure les tenants et aboutissants de l’expulsion des populations allemandes, à l’exemple d’un courrier de l’Umsiedlerausschuss de la caserne 106, camp de réfugié de Leipzig, et signé de femmes qui ont vécu plusieurs années dans le camp de travail polonais de Petulice :
« Dans le camp, la direction polonaise du camp nous a dit qu’ils aimeraient eux aussi nous transporter en direction du Reich, mais personne ne veut vous accueillir là-bas. Nous demandons donc à la direction du camp de transmettre et de présenter cette affaire aux administrations compétentes, et d’organiser le transfert des Allemands encore présents dans les camps de Petulice, Lissa, Gronow ?
Par ce fait vous accompliriez une action noble et des milliers de femmes et d’enfants allemands seraient libérés de l’esclavage et vous seraient reconnaissants de tout cœur.
Signé : le comité des Umsiedler8. »
10Malgré les efforts du SED et des Soviétiques, ces thèmes reviennent régulièrement dans des courriers envoyés par des réfugiés voire de la part d’administrations locales probablement peu informées. L’hébergement des expulsés au sein de camp permet de cloisonner un temps les populations, et c’est au cœur même des camps que la « rééducation culturelle et politique » des réfugiés prend forme.
Enjeux et limites de la légitimité politique du SED
11Le discours du SED sur les motifs de l’expulsion et les enjeux de l’intégration des réfugiés n’est pas le seul dans l’espace public et politique de la Saxe. Entre 1946 et le début des années 1950, il parviendra cependant à s’imposer formellement, soutenu par l’autorité que lui confère le soutien de l’occupant. Le SED peine longtemps à être entendu par les expulsés, son discours relevant davantage d’une analyse politique de l’intégration plutôt que de propositions sociales et économiques concrètes pour améliorer leur existence9. À partir de 1947, à la suite des résultats décevants pour le SED lors des élections locales de l’année précédente, la SMAS enjoint au SED de multiplier les efforts en terme de politique d’intégration avec un double objectif : renforcer la publicité des actions réalisées par le parti en faveur des réfugiés, en se basant notamment sur la revue Neue Heimat, et renforcer parallèlement le contrôle de cette population, pour contrer toute « propagande fasciste10 ». Ce dernier point est lié à la question de la frontière Oder-Neisse et à l’interdiction d’association des réfugiés, qui doit limiter une politisation de ces derniers en dehors des cadres du parti. Cette interdiction d’association, instaurée sur le territoire de la zone soviétique, est également inscrite dans la constitution régionale, l’Umsiedlerabteilung de Dresde ne cesse de le rappeler aux autres administrations11 :
« Point 4 : Droit de coalition d’après l’article 15.
Réponse : Les émigrants de Tchécoslovaquie et de Pologne ainsi que les Allemands du Niémen ont reçu l’interdiction de former des associations d’Umsiedler. Ils sont cependant autorisés à former des coopératives, soutenues par toutes les autres instances pour contribuer ainsi à la promotion des conditions de travail et de salaire. »
12Une participation économique des réfugiés donc, sans contrepartie politique.
13Le contrôle politique des réfugiés, qui se développe fortement à partir de cette année 1947, formule les volontés d’un « Alleinanspruch » ou monopole du SED face aux questions d’intégration. Ce monopole est mis en place par la dénonciation des prétentions extérieures, que ce soient des réfugiés eux-mêmes, des autres partis politiques ou des acteurs sociétaux autres que des organisations officielles, telles les Églises. La logique d’opposition transparaît à travers les mesures de « politisation contrôlée », au centre d’un débat agressif entre les acteurs mais également au sein même du SED, dans un effort de légitimation externe et interne du parti. Le discours idéologique est ainsi peu à peu élaboré et transmis aux membres du parti à tous les niveaux hiérarchiques, administratifs et sociaux afin de les préparer à cette confrontation.
• La dénonciation de l’influence occidentale
14Dès septembre 1945 et la création de la ZVU, l’administration centrale allemande dominée par le SED, le discours du parti est orienté vers une dénonciation de la politique occidentale vis-à-vis des réfugiés. Il est présent dans l’immédiat après-guerre et réapparaît régulièrement, notamment lors d’avancées législatives en leur faveur, en premier lieu le Lastenausgleich, dont l’existence est connue des réfugiés est-allemands. En raison des comparaisons possibles sur les aspects et les résultats des politiques d’intégration des deux Allemagne, l’attention des membres du SED est attirée sur les conséquences possibles d’une telle confrontation :
« Il ne faut pas négliger l’influence destructrice de la propagande qui agit depuis l’Allemagne de l’Ouest. Les Umsiedler seront toujours enclins, d’autant plus si leurs souhaits et leurs espoirs ne sont pas assez pris en considération, à comparer leurs conditions de vie avec celle des Umsiedler en Allemagne de l’Ouest, et de part leurs mentalités encore marquées par la tradition et la réaction, ils auront tendance à les considérer comme plus avantageuses à l’Ouest12. »
15Le principal élément utilisé pour empêcher toute comparaison défavorable entre l’Est et l’Ouest touche à la composition des populations : le comité central (ZK) du SED ne cesse d’attirer l’attention sur l’ampleur différente du problème selon les zones : 24,2 % de réfugiés en SBZ, mais « seulement » 15,9 % dans la zone britannique, 18,1 % dans la zone américaine et à peine 3 % dans la zone française13.
• La concurrence des autres partis politiques et la place particulière de la CDU en Saxe
16Malgré le caractère industriel de la région et l’implantation des partis communistes et sociaux-démocrates avant 1933, le SED sort affaibli des élections de 1946 : Stefan Donth parle même d’une « situation critique » du parti en juin 1947, qui doit justifier de ses « difficultés à propos de l’Umsiedlerfrage » auprès de la SMAS14. Certains membres du parti, à l’instar du ministre de l’Économie saxon, plaident même pour une ligne politique de « Zweideutigkeit15 » au sujet de la frontière, pour ne heurter ni les électeurs réfugiés ni les pays voisins, avec lesquels la Saxe entretient des relations commerciales essentielles. Le 13 septembre 1946, Wilhelm Pieck, alors à la tête du SED, déclare à Cottbus : « Die Sozialistische Einheitspartei ist für eine Revision der Ostgrenze16 », et prône une renégociation de la ligne Oder-Neisse dans le cadre d’un futur traité de paix entre les vainqueurs, tout en insistant sur le fait qu’une telle décision n’est pas de sa responsabilité ni de celle de son parti :
« Seulement lorsque la réaction fasciste sera éliminée et lorsqu’un esprit de paix et de démocratie aura gagné notre peuple, nous pourrons espérer que la question de la frontière sera résolue selon les intérêts vitaux de notre peuple durant la conférence de paix. Le SED est décidé à s’engager pour qu’une révision des frontières selon les intérêts du peuple allemand soit effectuée lors de la future conférence de paix17. »
17La réaction de l’occupant est autre, les Soviétiques dénoncent avec fermeté la ligne politique du SED saxon et préconisent une ligne plus dure : la SMAD accuse en premier lieu les partis politiques, les Églises et les « Schumacherleute18 », d’être responsables de « propagande fasciste qui sévit parmi les Umsiedler19 ». Le contexte international est marqué par la montée des tensions entre les forces d’occupation, et le SED saxon peine à devenir un interlocuteur privilégié des expulsés. Ces deux points constituent des prétextes pour la SMAD pour renforcer son contrôle sur les partis politiques. Le SED n’est pas épargné, et la mise à l’écart progressive des anciens membres du SPD est accélérée sous couvert de leurs affinités réelles ou supposées avec le SPD occidental.
18Dans le paysage politique saxon, la CDU est la principale concurrente du SED sur les questions relatives à l’Umsiedlerproblem. La direction du SED, par la voix de Wilhelm Pieck, attaque frontalement la CDU dans son discours du 12 août prononcé devant une assemblée de réfugiés :
« Le travail de la CDU auprès des réfugiés est facilité par le fait que dans toutes les régions, à l’exception de la Thuringe, les Umsiedlerämter sont subordonnés aux ministères des Affaires sociales et ces ministres sont partout (sauf en Saxe) membres de la CDU20. »
19À cette date, l’attaque contre la CDU est devenue récurrente : le SED déplore la mainmise des chrétiens-démocrates sur les politiques sociales régionales et l’affirmation de leur légitimité sur les questions d’intégration :
« La CDU répand par le biais de ses représentants dans les administrations allemandes des explications démagogiques en tant que protecteur des intérêts des Umsiedler. Les administrations militaires américaines et britanniques répandent, avec l’aide de la CDU de l’Ouest et surtout avec l’aide de la direction Schumacher du SPD, une théorie sur l’impossibilité de résoudre le problème des Umsiedler dans les limites des nouvelles frontières de l’Allemagne21. »
20Depuis le congrès de la CDU de septembre 1947, son dirigeant Jacob Kaiser place clairement son parti en opposition au SED, en déclarant vouloir faire de la CDU : « Wellenbrecher des dogmatischen Marxismus und seiner totalitären Tendenzen22 » et en prenant la défense du plan Marshall. Le SED, soutenu par les Soviétiques cherche à affaiblir l’opposition par la création de deux partis supplémentaires en avril-mai 1948 à l’attention de l’électorat conservateur, mais sans grand succès23. Cependant l’entrée de ces derniers dans la politique de bloc est-allemande bouleverse de fait les rapports de force en faveur du SED.
21En plus de la participation active de la CDU aux gouvernements régionaux, dont elle sera peu à peu écartée, le SED dénonce avant tout la proximité soupçonnée entre les chrétiens-démocrates et l’Église24. Au sein du parlement saxon, la CDU va en effet tenter de mener sa propre politique d’intégration en déposant des motions autour de deux exigences : la mise en place dès le tournant des années 1946-1947 d’un Umsiedlergesetz, qui vise à harmoniser les Ortsgesetze, et la défense des droits religieux des réfugiés25 :
« Lors de la prise en charge des Umsiedler, les besoins religieux des “apatrides” sont largement ignorés par la direction des camps. Le gouvernement est prié d’émettre des directives selon lesquelles la participation à des offices religieux soit rendue possible, particulièrement aux enfants pour les messes pour enfants. De même, il faut viser à cesser la dispersion des enfants des orphelinats religieux qui sont arrivés dans des transports clos accompagnés de leurs aides-soignantes, pour ne pas les priver de leur environnement familier. »
22Par ce biais, la CDU dénonce l’interdiction faite aux personnes extérieures, dont les membres du clergé mais aussi les représentants politiques des partis politiques libéraux et chrétiens-démocrates, d’accéder aux réfugiés dans les camps, accès « confisqué » par le SED dans le cadre de sa politique de « rééducation culturelle et politique ».
23À Leipzig, le directeur Eichelbaum des services sociaux de la ville, membre de la CDU, déplore cette absence de son parti et de la LDP : « Pour se faire une image conforme aux réalités politiques de notre pays, il est dans l’intérêt des réfugiés et rapatriés que les partis soient présents dans des proportions raisonnables26. » Lorsqu’il fait cette déclaration aux antennes locales des partis concernés en novembre 1947, la main mise du SED sur la vie politique est déjà assurée.
Les réfugiés et la propagande, un échec du SED ?
24Le contrôle s’exerce déjà sur les réfugiés par le recensement et la répartition géographique, mais il devient plus politique dès l’arrivée dans les camps. Ces derniers constituent un espace privilégié de communication et de propagande pour le SED, en plus de servir de cadre à la dénazification. L’organisation des camps prévoit une direction double composée d’un commandant soviétique et d’un directeur allemand ce qui favorise la mainmise du parti sur les populations arrivantes, en raison du poids des décisions de l’occupant sur le recrutement mais aussi sur les activités politiques au sein du camp. Dès le mois d’octobre 1945, la ZVU définit la composition du personnel, en notant le rôle assigné aux auxiliaires qui doivent « observer le climat politique27 ». Le premier message qui est adressé aux expulsés est le suivant : « rappelons-nous toujours que la guerre déclenchée par l’Allemagne n’a pas seulement amené l’Allemagne au bord du gouffre, mais qu’elle a aussi fait souffrir la plupart des pays et des peuples28. Le SED est chargé de passer dans les camps afin de sonder les opinions politiques et pour expliquer l’idéologie officielle, autrement dit de les « familiariser avec notre pensée socialiste29 ». Pour le parti, il s’agit d’une aide aussi importante que le soutien matériel, « ideelle Hilfe30 ». Si, comme nous l’avons évoqué, le poids politique des réfugiés reste limité, les élections de 1946 sont une exception quant à la campagne ciblée que mène le SED.
Illustration 5. – Affiche électorale du SED en 194631.
25En plus des inscriptions dans les services sociaux, du logement et de l’emploi, le passage dans les camps rend automatique l’inscription de tous les réfugiés sur les listes électorales. Tous les réfugiés en âge de voter reçoivent leur carte électorale en quittant le camp.
• La propagande du SED dans les camps
26Le « travail politique » du SED dans les camps saxons est mené par le personnel des camps et la présence ponctuelle des partis politiques. À partir du milieu de l’année 1947, le SED est sommé par l’occupant soviétique d’intensifier son activité de pédagogie politique et de l’élargir à d’autres acteurs sociaux : les comités de femmes, les organisations de jeunesse et les syndicats32. Elle prend la forme d’activités diverses : des exposés politiques, des pièces de théâtres, des concerts et la projection de films. En 1947, le nombre d’événements organisés dans les camps par le SED et ses organisations passe de 208 pour les mois de janvier à mars à 998 entre octobre et décembre. À eux seuls, les « exposés politiques », « politische Referate » augmentent de 49 à 31433, avec pour objectifs principaux :
« – Combattre les rumeurs et les allégations de la presse réactionnaire afin de désavouer l’idéologie fasciste des Umsiedler et Heimkehrer.
– Diffuser des informations sur les objectifs politiques, économiques, culturels et sociaux de la reconstruction et des administrations allemandes.
– Faire la preuve des réussites accomplies sur le territoire et informer des avantages d’un véritable État populaire pour les travailleurs.
– Permettre une meilleure compréhension de la démocratie, pour continuer le travail politique après la sortie des camps. »
27Selon ce rapport, les résultats de cette politique sont mitigés. Les réfugiés et les anciens prisonniers de guerre semblent s’intéresser davantage aux questions pratiques (« pour cette raison, la majeure partie du temps passé en quarantaine a été consacrée aux questions relatives aux aides sociales et aux retraites ») qu’à la politique internationale. Malgré une fréquentation importante des activités politiques proposées par le SED, le parti déplore l’intérêt plus important encore accordé aux autres activités : le cabaret et les soirées dansantes. À la fin de l’année 1947, les membres du SED au contact des réfugiés préconisent l’organisation de « Kurzreferate », de petits exposés politiques, avant les soirées les plus populaires afin d’élargir le cercle d’auditeurs et de délivrer les messages politique sous une forme plus distrayante : « Récemment, l’utilisation de “cabarets politiques” a été expérimentée pour aborder les questions politiques sous un angle plus “cabarettiste”, et amener ainsi les Heimkehrer et les Umsiedler à la réflexion grâce à l’humour et la satire34. » L’affluence aux soirées organisées est davantage le signe d’un ennui ou d’une volonté de distraction plutôt que d’une adhésion politique. Cela tient d’abord au discours très « éducatif » voire « paternaliste » développé par le SED.
• Le SED et l’éducation politique des « réfugiés »
28Dans les discours transparaît l’idée d’une homogénéité politique des réfugiés. Cette population est jugée influençable. En février 1946, Erich Hanke de la ZVU insiste sur les perspectives ouvertes par une adhésion des réfugiés au KPD :
« Le devoir de notre parti est de réintégrer à la vie politique ces millions qui se tiennent encore à l’écart. Des millions de Umsiedler dans la zone soviétique, quelques millions de plus dans la zone occidentale, un facteur politique réel, dont nous devons et pouvons conquérir l’influence en tant que parti communiste, car nous avons là des gens qui ont besoin d’un soutien et qui prendraient chaque main qui leur serait tendue35. »
29Une population qui suivrait la première main tendue ? Dans les faits, nous l’avons vu, l’adhésion des réfugiés à la ligne politique du SED reste limitée, à l’exception notable des anciens membres des partis communistes tchécoslovaques. À la fin des années 1949, la population réfugiée se caractérise surtout par un désintérêt politique apparent, comme l’évoquent les rapports annuels saxons de l’année 194736 et de l’année 194837.
30Les réfugiés, une population non politisée ? L’explication donnée par les antennes locales à la direction centrale du SED est la suivante : la volonté du retour semble prédominer sur d’autres considérations politiques, tout du moins jusqu’à la fin des années 1940. La relation privilégiée qu’entretient le SED avec les Soviétiques, et leur rôle dans l’expulsion et le tracé de la frontière, a provoqué une rupture durable entre le parti et les expulsés. En 1949, lors des élections, des slogans d’opposition explicitent le lien établi dans l’esprit des expulsés entre l’évolution politique de la zone et la question des frontières :
« Ces souhaits silencieux (“retour chez eux”) ont été parfaitement extériorisés lors des élections de l’assemblée populaire. La devise : “Si tu votes oui, tu restes ici ! Si tu votes non, tu rentres chez toi !” est devenue populaire38. »
31D’autres propos sont inspirés par la réalité matérielle, largement marquée par l’ampleur des démontages soviétiques, qui viennent contredire aux yeux des populations les promesses d’une amélioration économique et sociale à venir : « Chez nous les Russes ont démonté tout ce qui était démontable. L’approvisionnement était très mauvais. […] On disait que la RDA était le pays des travailleurs et des paysans. On disait plus généralement qu’il fallait juste ne pas être un travailleur ou un paysan39. » La seconde raison de ce « silence politique » des réfugiés tient à la nature du nouveau régime qui vient prendre la suite d’une autre dictature40. Certains témoins évoquent une similitude des comportements d’une population habituée au contrôle et au mutisme politique :
« La population restait sans défense et en grande partie brisée moralement – déjà après l’expérience du troisième Reich – murée dans le silence et avec la peur du voisin de droite et de gauche. Partout des espions œuvraient, pour les délateurs un vaste champ d’action était ouvert, le NKVD avait pris dans le cœur des habitants la place que détenait jusqu’alors la Gestapo. Il existait de nouveau un “regard allemand”, c’est-à-dire le regard prudent à droite et à gauche avant que l’homme ou la femme honnête ne pipe mot41. »
32Au-delà de la peur inspirée par le nouveau régime, une participation politique à minima des populations et leur présence aux réunions politiques a aussi une raison pragmatique. L’ancien maire de Jena la résume ainsi : « Si vous devenez un bon officier du SED, vous ne manquerez de rien42. »
L’intégration « en dehors » des voies officielles
33Dans l’ombre du discours politique de l’Umsiedler, du Neubürger et de la « nouvelle patrie démocratique », une partie des réfugiés revendique son identité. Cette revendication, interdite dans la sphère publique et politique, investit les derniers espaces de liberté du nouveau régime, que sont la famille et les Églises, tout du moins jusqu’au début des années 1950.
Les Églises et l’intégration
34Entre 1945 et le début des années 1950, les Églises sont de plus en plus confrontées aux volontés de « monopole de l’encadrement social et sociétal » du régime est-allemand. Considérées comme une concurrence pour les organisations de masse du SED, les Églises sont les cibles privilégiées du parti, notamment de part leur influence, supposée ou réelle, sur la population réfugiée. Les Églises assument un double rôle d’intégration mais aussi de différenciation vis-à-vis de la population locale. En effet, l’arrivée des expulsés majoritairement catholiques met en évidence le clivage religieux avec la majorité confessionnelle protestante de Saxe. Cependant, au niveau local, les deux Églises, catholiques et protestantes, contribuent à un rapprochement des populations par la solidarité qui se met en place entre les confessions : elles sont confrontées toutes deux aux changements sociaux, économiques et idéologiques induits par le régime. Un rapport du ministère de la sécurité de l’État (Ministerium für Staatssicherheit) datant de 1989 déclare qu’après 1945 « le clergé [était] le seul instrument potentiel de “l’impérialisme allemand abattu”, qui est resté intact et qui de part son statut particulier au sein de la société […] avait les meilleures possibilités de contourner l’interdiction de coalition pour les organisations de réfugiés43 ».
35Les Églises sont-elles alors des lieux de résistance à l’interdiction d’association des expulsés ?
Umsiedlermessen et appels à la solidarité
36À Leipzig, la plupart des églises proposent, dès 1945, des messes prévues spécialement pour les réfugiés. L’église Saint Thomas organise des messes organisées régulièrement le dimanche après-midi appelées « Umsiedlergottesdienst44 ». Elles sont célébrées par des pasteurs et des prêtres eux-mêmes réfugiés, tout d’abord presque chaque semaine puis quatre fois par an. Ces messes permettent aux réfugiés de se retrouver après avoir quitté les camps. D’après les chiffres avancés par les églises, entre 2 000 et 3 000 réfugiés y assistent régulièrement45. Les Églises restent le lieu où les réfugiés peuvent se retrouver et partager leurs expériences, dans un cadre qui dépasse la seule organisation d’une messe. Les curés et les pasteurs informent les réfugiés sur les aides qu’ils peuvent obtenir et les soutiennent dans leurs démarches administratives.
37L’Église catholique, peu présente à Leipzig avant l’arrivée des expulsés, compte une grande proportion de prêtres issus des anciens territoires allemands. L’Église accueille les réfugiés dès la fin de l’année 1944 et organise des messes qui leur sont dédiées, à Leipzig-Reudnitz et à Leipzig-Connewitz46. De telles messes sont encore célébrées jusqu’au début des années 1950. Par exemple, le 15 octobre 1950 et le 19 octobre 1952, des « Umsiedlerandachten », c’est-à-dire des prières pour Umsiedler, sont organisées dans l’église de l’université, le jour de la Sainte Hedwige, sainte patronne de la Silésie47.
38En 1953, plus précisément après le 17 juin 1953, ces messes sont temporairement interdites par la police avant de reprendre plus tard, elles sont alors dans la ligne de mire des autorités et sont très surveillées. Des ecclésiastiques des deux confessions cherchent à organiser des messes dans les camps de réfugiés de la ville, notamment dans celui de la Diezmannstrasse48. Elles sont interdites en 1947 sur ordre de la SMAD, malgré les protestations du conseil municipal et de la CDU de Saxe. Seuls les ecclésiastiques présents dans les transports de réfugiés et dirigés vers les camps sont désormais habilités à organiser des prières. Cependant, un rapport de l’Église protestante de Leipzig montre que cette dernière trouve les moyens de contourner une telle interdiction : « Il nous a été possible avec les chorales de Leipzig de rentrer dans chaque camp de réfugiés49. »
39De plus, les Églises, dont les organisations à vocation caritatives et solidaires avaient été interdites durant le IIIe Reich, reprennent ce rôle dès la fin de la guerre. Les églises catholiques de la ville agissent surtout à travers leur organisation caritative « Caritas », et leur appel à la solidarité du 2 septembre 1945 trouve une grande résonance au sein de la communauté catholique :
« La Croix Rouge ne peut plus distribuer de nourriture à la gare pour les réfugiés, et c’est donc à chacun d’entre nous de participer pour soulager cette horrible misère. Nous savons que vos propres rations de pain sont très petites, mais peut-être l’un ou l’autre peut-il une fois mettre de côté une tranche avec l’intention de la faire parvenir aux réfugiés50 ? »
40Ces appels de l’Église catholique de Leipzig permettent notamment en juin 1945 de collecter près de 12 000 Reichsmark51. Cette aide matérielle et financière n’est cependant qu’une partie de l’aide apportée par les Églises, qui se concentrent sur le soutien pratique aux personnes dans cette situation de souffrance. Ainsi, la mission installée à la gare aide les réfugiés séparés de leurs familles à retrouver ces dernières en réunissant des informations au niveau des paroisses de la zone entière. Cette fonction est très vite récupérée par les autorités qui établissent le « Suchdienst für vermisste Deutsche », dirigé depuis Berlin. Après la création de la Volkssolidarität, le rôle joué par les Églises dans l’accueil des réfugiés à la gare de Leipzig s’amenuise même si elles sont toujours présentes. Les Églises restent, après le durcissement du régime et la mise en place de la dictature, des endroits uniques de discussion et de liberté. Malgré un champ d’action restreint, elles symbolisent « la possibilité d’une réflexion sur la survie des traditions et le souvenir de leur patrie52 ».
41En SBZ et en RDA, les actions spécifiques des Églises pour les réfugiés sont peu à peu interdites et ces dernières décident alors, pour pouvoir continuer leur mission auprès de cette population, de participer aux actions officielles, par exemple à la semaine saxonne « Neue Heimat – Neues Leben ». Les dons et les actions de solidarité ne se limitent pas aux Églises présentes dans la zone. Les réfugiés à Leipzig bénéficient, au moins dans les premières années, de dons en provenance des communautés américaines mormones et quakers.
Les Églises et la question identitaire
42Si le rôle des Églises consiste en premier lieu en un soutien moral aux réfugiés, pour les aider à surmonter leur passé et à se construire une nouvelle vie, elles peuvent aussi constituer une barrière identitaire entre réfugiés et population locale. Les réfugiés, catholiques dans leur immense majorité, se retrouvent en Saxe dans des communes largement protestantes. Même lorsque les deux populations appartiennent à la même religion, leurs prières et leurs messes peuvent se différencier et suivre des traditions liturgiques distinctes.
43La situation peut devenir conflictuelle dès l’instant où l’arrivée des réfugiés conduit à un changement de majorité confessionnelle. Ainsi, dans certains villages, la population fait plus que doubler ce qui conduit à une marginalisation des Protestants. L’augmentation du nombre de personnes catholiques s’observe tant au niveau de la zone d’occupation qu’au niveau local. À Leipzig par exemple, où la communauté catholique est présente depuis le début du XVIIIe siècle, les églises catholiques ne comptent à la veille de la guerre que près de 4 000 fidèles. En 1949, elles rassemblent quelque 10 500 personnes53. Les messes organisées pour les seuls réfugiés permettent une survie de traditions religieuses communautaires. Cela est dénoncé et utilisé comme argument par les autorités de la SBZ et de la RDA pour limiter le rôle des Églises dans l’intégration. Cependant, l’Église protestante de Saxe a conscience des problèmes des réfugiés et cherche à harmoniser, au niveau régional, l’aide que doivent et que peuvent leur apporter les ecclésiastiques :
« Ce n’est pas le rôle de notre assistance spirituelle d’orienter leurs pensées vers ce qu’ils ont perdu, de débattre des raisons politiques qui en sont la cause ni de faire naître ou de maintenir éveillé chez eux le vague espoir d’un retour. […] L’assistance spirituelle pour les Umsiedler est cependant aussi une assistance spirituelle pour les personnes d’ici envers les Umsiedler. Il faut montrer à la population que les Umsiedler ne sont pas des intrus dans nos paroisses mais que Dieu a donné à travers eux un don et une mission à nos paroisses54. »
44Dans cette même directive « Richtlinien zur Durchführung der Umsiedlerseelsorge55 » de mai 1948, l’Église protestante saxonne cherche le juste milieu entre une assimilation des réfugiés réclamée par les autorités politiques et le fait de leur laisser un espace où survivent leurs traditions :
« Des soirées paroissiales sont à organiser après l’arrivée de tout nouvel Umsiedler, à cette occasion les Umsiedler sont à introduire comme des nouveaux membres de la paroisse (et non comme des invités !), nous devons leur faire connaître notre vie religieuse et les règles de la messe saxonne. Des messes pour Umsiedler doivent en principe avoir lieu quatre fois par an […] dans toutes les paroisses, […] en tant que messes supplémentaires. Si des groupes pour Umsiedler ne sont pas à mettre en place dans les paroisses, des réunions mensuelles des Umsiedler âgés sont recommandées, ils ont de toute façon plus de difficultés que les plus jeunes à s’enraciner dans une nouvelle paroisse56. »
45Cette intégration des réfugiés dans les paroisses se révèle surtout importante dans l’anonymat des grandes villes comme Leipzig.
46L’arrivée de cette nouvelle population provoque aussi une coopération entre les Églises de Saxe :
« Les Catholiques de Silésie cherchaient toujours en premier l’église catholique, elle était pour eux le premier refuge. […] De par la grande augmentation du nombre de catholiques, il était urgent et nécessaire de mettre en place plus de lieux de messe. Face à ma prière de pouvoir utiliser leurs églises pour des messes, les pasteurs se sont montrés extrêmement obligeants57. »
47Les réfugiés catholiques qui arrivent en SBZ s’intègrent plus facilement dans les paroisses catholiques où les communautés de fidèles sont soudées par leur statut de minorité confessionnelle au niveau régional. L’intégration des réfugiés a localement pu être facilitée par leur appartenance religieuse, par « la conscience et la confirmation de leur appartenance religieuse commune pour surmonter les problèmes relatifs à la messe, à l’aide spirituelle et à la solidarité58 ».
48Les Églises sont le lieu de réunions clandestines de réfugiés car elles restent la seule institution à prendre en compte les conséquences humaines de la perte subie par les réfugiés, et non pas seulement les conséquences matérielles et financières. Elles permettent alors un échange entre les réfugiés, jugé illégal et contraire à l’interdiction d’association de ces derniers par le régime. Le prêtre catholique Erich Putzig, originaire de Breslau/Wroclaw, écrit en 1947 ses « Gedanken zur Flüchtlingsseelsorge59 ». Il y évoque les blessures morales subies par les réfugiés :
« La perte de tous ses biens provoque toujours des dangers psychiques/moraux. Les possessions nous donnent de l’appui, de la conscience de soi, de la responsabilité, laissent vivant notre intérêt pour le calme et la sécurité, confèrent du prestige, permettent la culture de la famille et du foyer, l’ordre et la beauté. […] Le réfugié ne possède rien de cela. Arraché d’un cadre de vie organisé, il souffre d’autant plus de sa condition de mendiant, il a d’abord honte, mais sa cruelle misère peut faire vaciller son point de vue. Celui qui a perdu tout signe extérieur de dignité, qui se matérialise par sa position, sa maison, ses habits, peut facilement perdre aussi sa dignité intérieure. […] Il a quitté son chez-lui après des événements horribles avec l’attente certaine de voir ses pertes compensées, au moins partiellement, vu qu’il ne peut pas être le seul à porter la charge de la perte de la guerre. Il n’est pas d’avis qu’il doive quémander des bienfaits, mais il croit en des droits sacrés, comme d’être au moins dédommagé au niveau matériel, vu qu’il a déjà perdu toutes les valeurs irremplaçables inhérentes à la patrie. Cependant, il constate que ces droits ne sont pas respectés. […] Le transfert n’a pas eu lieu, comme il aurait été logique, en suivant les anciennes expériences et fondement des colons, mais les réfugiés furent isolés et atomisés, des paysans furent envoyés dans les villes, des habitants des montagnes vers la mer, des catholiques dans des régions uniquement protestantes, des communautés rurales et urbaines furent séparées, des ethnies furent mélangées, des familles et des clans dissous etc.60. »
49L’Église représente alors pour des réfugiés très croyants, notamment les catholiques en provenance de Silésie, une deuxième patrie après la perte de la première, et permet la reconstruction d’un esprit de communauté : « Ja, für uns war die Kirche eine Heimat. Das war so verknüpft, der Ort, wo man zuhause war, und Kirche, man war da zuhause61. »
50Les Églises, de plus en plus contrôlées et surveillées par les autorités du régime, deviennent peu à peu des lieux de résistance contre la dictature, de part cette liberté de parole qui y reste presque intacte. Cela explique aussi en partie que les manifestations, qui menèrent à la chute du régime en 1989, commenceront sous l’égide d’une église protestante de Leipzig, la Nikolaikirche, et de son pasteur.
Les réfugiés et la contestation politique
La question du retour et l’apparition de groupes de pression
51Le premier signe d’un malaise ou d’un mal-être des réfugiés en zone soviétique et en RDA est le fait que peu veulent volontairement y rester. Durant les premiers mois d’après-guerre et surtout après la conférence de Potsdam, qui laisse entrevoir qu’un retour des réfugiés ne se fera pas sur le court terme, les expulsés s’amassent le long des frontières des zones occidentales et cherchent à quitter la zone soviétique. La peur d’une vengeance soviétique, motive les réfugiés à s’exiler une seconde fois vers l’Ouest62.
52La méfiance des réfugiés face aux autorités soviétiques puis face au régime instauré par le SED s’explique en partie par la peur de l’Armée rouge. Dans un second temps elle s’incarne dans les espoirs d’un retour sans cesse évoqué mais jamais rendu possible. Plus d’un an après les accords de Potsdam, le 19 septembre 1946, le ministre soviétique des Affaires étrangères Molotow désigne dans une interview la ligne Oder-Neisse comme la frontière occidentale définitive de la Pologne. 5 jours plus tard, Staline confirme cette prise de position63. Le président de la ZVU Engel soutient dans le même temps : « Le “oui” très clair quant à la question de savoir si la frontière occidentale de la Pologne est définitive est douloureux. [Nous devons] faire encore plus qu’avant, pour donner une nouvelle patrie chez nous aux Umsiedler64. »
53Malgré cela, les réfugiés ne perdent pas l’espoir de pouvoir retourner chez eux. Les rumeurs concernant un retour imminent, surtout pour les réfugiés issus des territoires désormais polonais, sont difficiles à contrôler ou étouffer :
« Beaucoup de lettres laissent deviner que les Umsiedler intégrés sur place et issus du territoire occupé par la Pologne attendent d’être ramenés chez eux. Il faut par tous les moyens agir contre ces rumeurs. […] Un retour dans leurs précédents lieux d’habitation est impossible. Des informations contraires sont incontrôlables et sont des rumeurs cruelles qui ne sont pas fondées65. »
54Le SED et la SMAD ordonnent de faire taire ces rumeurs par tous les moyens, et de transmettre au parti toute information sur la formation de groupes de réfugiés ou de communications suspectes entre eux. Les expulsés, dont tout regroupement même culturel est interdit, cherchent cependant à communiquer sur leur volonté de retour et risquent d’être découverts par la police ou les membres du SED. L’espoir des réfugiés repose bien souvent sur la commission de contrôle des Alliés dont ils espèrent le soutien. Ainsi, un Allemand des Sudètes transmet un appel à tous les réfugiés de la même origine :
« La Commission de contrôle interalliée a signifié que si tous les Allemands des Sudètes exprimaient leur volonté de rentrer chez eux, elle serait prête lors de la conférence de paix à rétablir la situation de 1937 entre l’Allemagne et la Tchécoslovaquie, cependant avec une autonomie totale. C’est désormais à nous, Allemands des Sudètes présents dans toutes les parties de l’Allemagne, de prendre en main le futur de notre patrie66. »
55Un tel appel se révèle non seulement inutile mais surtout dangereux pour son auteur. Les autorités de la province réagissent dès la découverte du contact entre les réfugiés et ordonnent : « L’aide à la diffusion ou de tels appels sont à faire cesser immédiatement. Les lettres doivent être rassemblées et m’être transmises et le nom des diffuseurs ou des auteurs doit être noté67. » De même, toutes les tentatives des réfugiés de former des groupements échouent dès qu’elles sont découvertes par les autorités. Le maire de Cottbus par exemple envoie le 19 avril 1947 une lettre au président d’un groupe de réfugié qui s’est constitué :
« Vous avez récemment créé une organisation qui doit porter le nom d’“association des personnes issues/des Umsiedler de l’Est”. La création d’organisation, d’association etc. ne peut se faire qu’avec l’autorisation des autorités allemandes et soviétiques concernées. Vu qu’une telle autorisation pour cette “association des personnes issues/des Umsiedler venus de l’Est” ne m’a pas encore été transmise, je suis obligé de faire immédiatement cesser les actions de cette organisation. […] Je me réserve le droit d’émettre des sanctions contre vous et tous les autres fonctionnaires en cas d’activités interdites68. »
56Si les archives régionales saxonnes font état de tentatives en vue de rassembler des réfugiés au sein d’organisations, les risques encourus par les initiateurs sont moins évoqués. L’exemple d’Heinrich Tröger montre que la répression est largement le fait de l’occupant dans les premières années d’après-guerre. Ainsi, l’ancien maire de Jena évoque la dureté de la sanction face aux tentatives de coalition des expulsés :
« L’ancien fabriquant de vélos Paul Decker de Wartenberg [aujourd’hui Otyn en Pologne], un bon ami à moi, qui a fui vers la Saxe, a rédigé et envoyé une circulaire “Heimatverbundener Schlesier”, pour reprendre et garder le contact avec les réfugiés de sa connaissance. Le NKVD l’a enfermé pour conspiration hostile et l’a détenu pendant longtemps ; pendant ce temps – alors que l’homme a plus de 70 ans et a une santé fragile – il a été maltraité au point de perdre un œil. Pour ces choses-là il faut être prudent ; les Russes ne transigent pas, ils soupçonnent tout de suite des secrets ou des activités subversives ou même la préparation d’actes de violence69. »
57L’attitude soviétique est motivée dans ce cas par des soupçons d’« activités subversives » compte tenu de l’envoi d’une circulaire. Cependant, la plupart des initiatives prises par les réfugiés semblent aller dans le sens de coalition sans but politique précis.
« Die Heimat gibt eine ehrlicher, anständiger Mensch niemals auf70 ! » : les réunions de réfugiés, signe d’une opposition politique ?
58Le rapport envoyé par la ville de Chemnitz aux autorités militaires soviétiques locales décrit une réunion de réfugiés dans la ville :
« De la propagande ouvertement fascisante n’a pas été remarquée dans les larges groupes de Umsiedler, chacun fait des efforts pour paraître particulièrement antinazi, à part les véritables démocrates et antifascistes. Cela est peut-être dû au fait que beaucoup de réfugiés n’ont pas de preuves sur leur passé et veulent en amont empêcher de donner l’impression d’être des anciens membres du NSDAP. Cependant les revendications concernant un retour chez eux sont encore largement présentes. […] Suite à des discussions avec des Umsiedler tout juste arrivés, il est à noter que ces derniers sont tellement préoccupés par leurs soucis et difficultés privés et familiaux, qu’ils n’ont pas encore eu le temps de se décider à une prise de position politique, mais ils ne s’expriment pas non plus sans réfléchir71. »
59Ce rapport montre que les réfugiés sont conscients d’être surveillés et évitent, lors des réunions, d’aborder des sujets politiques. D’autre part, la question du retour semble être au centre des discussions des réfugiés. La question, qui n’est pas forcément perçue comme « politique » par les réfugiés eux-mêmes, reste à l’inverse une question sensible et hautement politique pour les autorités est-allemandes. Ce qui est perçu par le SED comme une opposition politique n’est pas nécessairement pensé comme tel par les expulsés.
60L’interprétation de tout rassemblement de réfugiés comme un acte hostile au régime conduit à une très grande fermeté dans l’application de l’interdiction de former des groupes ou des organisations spécifiques à cette population. Ainsi, par exemple, un réfugié souhaitant réunir des proches pour organiser une fête de Noël et insiste auprès du maire de la ville de Chemnitz après que ce dernier ait refusé de donner son autorisation : « 180 enfants étaient déjà inscrits pour participer à notre petite remise de cadeaux. Des spectacles devaient être répétés, pour éviter que nous les réfugiés ne mourrions de chagrin à Noël72. » Le maire refuse d’autoriser une telle fête, qui fait selon lui doublon avec la fête officielle organisée par la Volkssolidarität de la ville. L’en-tête de cette lettre se révèle très intéressant pour mesurer l’état d’esprit de ce réfugié à la fin de l’année 1945. L’auteur note son adresse d’une façon particulière : « Ostdeutscher Heimatdienst (il avait d’abord marqué Schlesischer Heimatdienst avant de le raturer), Hubert Rosinski, aus Breslau Burgstr. 2/3, zur Zeit Chemnitz-Borna Schulgartenweg 22. » L’évocation du nom allemand de la ville de Breslau, aujourd’hui Wroclaw, n’est possible que dès lors qu’il s’agit d’une correspondance de l’année 1945. L’interdiction de cet événement explicite la portée de l’interdiction de coalition. Dans ce cas, la ville œuvre contre un rassemblement à vocation caritative, dès lors qu’il rassemble en majorité des réfugiés.
61Si l’on ne peut parler à propos des tentatives de rassemblement de la population réfugiée d’actes politiques stricto sensu, la répression contre les réfugiés renforcée à partir de l’année 1947 et qui culmine en 1950 lors de la reconnaissance de la frontière Oder-Neisse tend à politiser le phénomène. L’espoir d’une future renégociation de la frontière repose alors uniquement sur les épaules de la République fédérale, tout du moins jusqu’à la reconnaissance des frontières en 1970 par la RFA dans le cadre de la nouvelle Ostpolitik du Chancelier Willy Brandt.
62De même, par les nombreux contacts qui existent entre les réfugiés issus des mêmes villes ou régions et intégrés parfois dans des zones différentes, les expulsés en SBZ sont conscients de la différence de traitement de la question selon les zones. Ainsi, une lettre anonyme d’un Allemand des Sudètes est envoyée au gouvernement régional de Saxe :
« En tant que réfugié allemand des Sudètes, j’ai reçu beaucoup de lettres pour Noël de la part de mes proches, notamment de Bavière et de Hesse. Il y est écrit que beaucoup de réfugiés – pas des Umsiedler – se sont regroupés pour réclamer leurs pertes. Je voulais juste m’informer, si c’est aussi le cas dans la zone soviétique. Après avoir été expulsés avec 30 kg de bagages de chez nous et après avoir erré pendant des semaines, il ne nous a pas été possible, malgré nos efforts, de nous redresser73. »
63Cette connaissance des conditions de vie des réfugiés dans les autres zones, dont l’intégration fut certes difficile mais dont les difficultés sont reconnues plus tard par les autorités politiques, est peut-être aussi une raison décisive qui pousse près de 900 000 expulsés à quitter la zone soviétique puis la RDA74. Cette information est possible par la lecture illégale de journaux publiés par les réfugiés présents en Allemagne de l’Ouest. De même, jusqu’à la construction du mur en 1961, certains réfugiés se rendent secrètement à des réunions de Landsmannschaften en RFA. L’absence absolue d’associations de réfugiés et d’expulsés en SBZ et en RDA reste la différence la plus évidente entre l’intégration des réfugiés et des expulsés dans les deux sociétés allemandes séparées d’après-guerre75. C’est justement le manque de tels groupes de pression qui permet au régime de stopper net toute politique d’intégration au début des années 1950 sans faire face à une véritable résistance organisée.
Notes de bas de page
1 M. Schwarz, « Umsiedler – Flüchtlinge und Vertriebene in der SBZ und DDR », op. cit., p. 98.
2 « Tout déplacement sauvage et autonome des Umsiedler allemands doit immédiatement être enrayé. L’intégralité des forces de police saxonnes a le devoir de contrôler les villes et les gares et d’amener tous les Umsiedler qui ne se déplacent pas au sein d’un transport régulier vers le camp le plus proche », in SächsHStA 11377 LRS, MdI no 2371, LRS, Amt für deutsche Umsiedler, An alle Landräte, Oberbürgermeister und Bürgermeister des Bundeslandes Sachsen, Dresde, 19 octobre 1945.
3 SächsHStA 11377 LRS, MdI no 2750, Halbjahresberichte der Abteilung für Umsiedler, An die SMAS, BetreffHalbjahresbericht 1948 (2. Halbjahr), Stimmung der ankommenden Umsiedler und Kriegsgefangenen, Dresde, 5 janvier 1949.
4 Idem.
5 SächsHStA 11377 LRS, MdI no 2283, Bericht über die Aussiedlung der deutschen Belegschaft des Eisenerzbergwerkes « Bergfreiheit » in Schmiedeberg/Riesengebirge Bzw. der jetzigen Kopalnia « Wolnoso » in Kowary pow. Jelenia-Gora am 25.6.1948.
6 SächsHStA 11377 LRS, MdI no 2283, Bericht über die Aussiedlung der deutschen Belegschaft des Eisenerzbergwerkes « Bergfreiheit » in Schmiedeberg/Riesengebirge Bzw. der jetzigen Kopalnia « Wolnoso » in Kowary pow. Jelenia-Gora am 25.6.1948.
7 SächsHStA 11377 LRS, MdI no 2213, LRS, Ministerium für Wirtschaft und Wirtschaftsplanung, Außenstelle Leipzig, An die LRS, Hauptabteilung Umsiedler, BetreffMonatsbericht Mai 1947, Leipzig, 28 mai 1947.
8 Barch DO2/48, Umsiedlerausschuss Quarantänelager Leipzig 106er Kaserne, Bericht über die Lage der Deutschen im Lager von Petulice, 15 mars 1949.
9 « Il [le nouveau citoyen] est trop préoccupé par lui même et ne considère pas sa misère comme une question politique. Une grande partie des Umsiedler a des considérations libérales. L’immense majorité est paysanne et peu intéressée par les aspects partisans », SächsHStA 11377 LRS, MdI no 2212, Referat Landesumsiedlerausschusssitzung, Sonder-Informationsbericht Kreis Dippoldiswalde, Frau Röse, 1er novembre 1947.
10 S. Donth, op. cit., p. 268.
11 SächsHStA 11377 LRS, MdI no 2371, LRS, Hauptabteilung Umsiedler, interner Schriftwechsel, An die LRS, Min für Arbeit und Sozialfürsorge, Ressortverwaltung, Betreff: Durchführung der Landesverfassung, Dresde, 14 novembre 1947.
12 Barch DO2/1, ZVU, Zur Durchführung der noch zu leistenden Arbeit, Berlin, 14 avril 1948.
13 Idem.
14 S. Donth, op. cit., p. 270-271.
15 « Ambiguïté », in ibid., p. 271.
16 « Le parti socialiste unifié allemand est pour une révision de la frontière orientale », SAPMO-Barch, NY 4036/743, Kundgebung der SED, Erklärung der Partei zur Ostgrenze, 13 septembre 1946, in M. Wille (dir.), Die Vertriebenen in der SBZ/DDR-Dokumente, Band 3, op. cit., p. 54.
17 SAPMO-Barch, NY 4036/743, Kundgebung der SED, Erklärung der Partei zur Ostgrenze, 13 septembre 1946, in idem.
18 L’expression « Schumacherleute » renvoie aux sociaux-démocrates allemands hostiles (ou soupçonnés d’hostilité) à la fusion entre le SPD et le KPD, ou qui entretiennent des relations avec le « Büro Schumacher », du nom de Kurt Schumacher qui s’était opposé à la fusion des partis et qui tente depuis l’Ouest de soutenir les sociaux-démocrates encore présents en SBZ et RDA, in U. Weissgerber, Giftige Worte der SED-Diktatur. Sprache als Instrument von Machtausübung und Ausgrenzung in der SBZ und der DDR, LIT Verlag, Berlin, p. 291-293.
19 Idem.
20 arch, NY/4036/744, Institut für Marxismus-Leninismus beim ZK der SED, Zentrales Parteiarchiv, Bestand: W. Pieck, Referat auf der öffentlichen Versammlung der Umsiedler am 12. August 1949 in Berlin im Zirkus Barlay.
21 Idem.
22 « Brise-lame du marxisme dogmatique et de ses tendances totalitaires », in S. Suckut, Parteien in der SBZ/DDR 1945-1952, Bonn, Bundeszentrale für politische Bildung, 2000, p. 56.
23 La création du DBD (Demokratische Bauernpartei Deutschlands) et du NDPD (Nationaldemokratische Partei Deutschlands) vise à concurrencer les partis libéraux et chrétiens-démocrates de la zone sur le terrain de la population rurale et conservatrice pour l’un, des petits artisans et commerçants pour le second, qui cherche à recruter également parmi les anciens militaires de la Wehrmacht ou les anciens « petits » membres du parti nazi.
24 « La CDU utilise l’Église et les organisations religieuses pour étendre et renforcer son influence sur les Umsiedler », in Barch, NY/4036/744, Institut für Marxismus-Leninismus beim ZK der SED, Zentrales Parteiarchiv, Bestand : W. Pieck, Referat auf der öffentlichen Versammlung der Umsiedler am 12. August 1949 in Berlin im Zirkus Barlay.
25 SächsHStA 11375 Sächsischer Landtag no 47, Tagesordnung zu der am 27.2.47, vormittags 9 h 00 Uhr, stattfindenden Sitzung des Ausschusses für Arbeit und Sozialfürsorge, Antrag der CDU – Religiöse Betreuung der Umsiedler.
26 I. Schwab, « Neue Heimat – Neues Leben » ?, op. cit., p. 65 ; l’auteur cite un dossier appartenant aux archives de Leipzig StVuR (2) no 1430 dont l’accès nécessite une autorisation spéciale et l’autorisation des personnes concernées.
27 StAL StVuR (1) no 7640, Sitzung des Amtes für Umsiedler, 8 octobre 1945.
28 StAL StVuR (1) no 2037, 2 Jahre Arbeit des Umsiedleramtes, 15 décembre 1947.
29 StAL StVuR (1) no 289, SED – Kreisvorstand Leipzig, 3 février 1947.
30 Aide dite « idéelle » StAL StVuR (1) no 2040, Tätigkeitsbericht des Dezernates Arbeit und Sozialfürsorge von dem 1. Dezember 1949 bis 15 mai 1950, mai 1950.
31 Flucht, Vertreibung, Integration, op. cit., p. 90.
32 SächsHStA 11377 LRS, MdI no 894, Jahresbericht für die Hauptabteilung Umsiedler für 1947.
33 SächsHStA 11377 LRS, MdI no 894, Jahresbericht für die Hauptabteilung Umsiedler für 1947.
34 Idem.
35 Barch NY 4596/5, Nachlass von Erich Hanke, Leiter der Abteilung Wirtschaft und Versorgung in der ZVU, Sept. 1945-April 1946, Schrift : Das Umsiedlerproblem und die Aufgaben der KPD, 25 février 1946.
36 « La participation politique est en partie peu intense. La nostalgie de leur chez-eux est profondément ancrée », in SächsHStA 11377 LRS, MdI no 894, Rechenschaftsbericht der Direktion der Abteilung für deutsche Umsiedler für das Jahr 1947.
37 « Les Umsiedler participent malheureusement très faiblement à la vie politique. Ils sont surtout éprouvés par la présence des lignes de démarcation et réclament en conséquence l’unité de l’Allemagne et une paix juste », in SächsHStA 11377 LRS, MdI no 324, Kreisrat Dippoldiswalde, Amt für Umsiedler, An die LRS, Betreff Jahresbericht 1948, Dippoldiswalde, 17 décembre 1948.
38 SächsHStA 11377 LRS, MdI no 2975, Abteilung Einbürgerung, Zum 1. Halbjahres-Bericht 1949, Dresde, 2 juillet 1949.
39 Témoignage d’Olga Kleinfeld, née en 1920 en Sibérie, in K. E. Frantzen, op. cit. p. 286.
40 H.-U. Thamer, op. cit., p. 11.
41 T. Vogelsang, « Oberbürgermeister in Jena 1945/46 », art. cit., p. 922.
42 Ibid., p. 907.
43 M. Schwarz, « Umsiedler – Flüchtlinge und Vertriebene in der SBZ und DDR », op. cit., p. 99.
44 N. Schrammek, op. cit., p. 261.
45 Idem.
46 I. Schwab, « Neue Heimat-Neues Leben » ?, op. cit., p. 125.
47 Ibid., p. 126.
48 StAL StVuR (2) no 1430, Aktennotiz, 16 octobre 1947, in idem.
49 Ephoralarchiv Leipzig, Bestand Superintendur Leipzig-Stadt, S II no 46/9, Bericht über die Vertriebenarbeit der evangelischen Kirche in Leipzig, 10 septembre 1959, in A. Thüsing et W. Tischner, op. cit., p. 294-299.
50 Chronik der Propstei-Pfarrgemeinde zu Leipzig 1945, in I. Schwab, « Neue Heimat-Neues Leben »?, op. cit., p. 123.
51 Ibid., p. 126.
52 N. Schrammek, op. cit., p. 292.
53 Chronik der Propstei-Pfarrgemeinde zu Leipzig 1949, in I. Schwab, « Neue Heimat – Neues Leben? » op. cit., p. 125.
54 Ephoralarchiv Leipzig, Bestand Superintendur Leipzig-Stadt, S II no 35/1, Umsiedlerseelsorge 1945-1956, Richtlinien zur Umsiedlerseelsorge, 12 mai 1948, in A. Thüsing et W. Tischner, op. cit., p. 294-299.
55 Directives pour la réalisation de l’assistance spirituelle auprès des Umsiedler.
56 Ephoralarchiv Leipzig, Bestand Superintendur Leipzig-Stadt, S II no 35/1, Umsiedlerseelsorge 1945-1956, Richtlinien zur Umsiedlerseelsorge, 12 mai 1948, in A. Thüsing et W. Tischner, op. cit., p. 294-299.
57 Katholisches Pfarramt Freital, Chronik der Pfarrei 1945, in ibid., p. 317-320.
58 Archiv der Diözese Görlitz, Beschwerdebrief des Kapitelvikars, 20 décembre 1948, in ibid., p. 323-324.
59 « Pensées sur l’aide spirituelle aux réfugiés », Archiv der Diözese Görlitz, Gedanken zur Flüchtlingsseelsorge, 1947, in A. Thüsing et W. Tischner, op. cit., p. 325-326.
60 Archiv der Diözese Görlitz, Gedanken zur Flüchtlingsseelsorge, 1947, in idem.
61 « Oui, pour nous l’Église était une patrie. C’était tellement lié, le lieu, où on est chez nous, et l’église, où on est aussi chez soi », extrait du témoignage de M. et Mme O, nés en Silésie et expulsés le 11 août 1946 vers la Saxe, in ibid., p. 454-472.
62 E. K. Frantzen, op. cit., p. 286.
63 M. Wille (dir.), Die Vertriebenen in der SBZ/DDR-Dokumente, Band 3, op. cit., p. 337.
64 Barch, DO2/4, in idem.
65 Rat der Stadt Cottbus, Stadt-Archiv, Sozial-und Gesundheitswesen, Sozialamt, no 454, Auszug aus einem Rundschreiben des Oberlandrates an die Landräte und Oberbürgermeister, 6 juin 1946, in ibid., p. 349.
66 LAMER, KV Zeitz, no 508, Aufruf eines sudetendeutschen Vertriebene, Provinz Sachsen, in M. Wille (dir.), Die Vertriebenen in der SBZ/DDR-Dokumente, Band 3, op. cit., p. 349.
67 Ibid., p. 349-350.
68 Ibid., p. 351.
69 T. Vogelsang, « Oberbürgermeister in Jena », art. cit., p. 920.
70 « Une personne honnête et honorable n’abandonne jamais sa patrie ! », in StAL StVuR (1) no 7639, Kommentar eines jungen Heimatlosen, décembre 1948.
71 SächsHStA LRS, Mdl, no 2646, Schreiben der Stadt Chemnitz an den Kommandaturdienst der SMA des Landes Sachsen, 18 décembre 1947.
72 StA Chemnitz, Rat der Stadt, Soziale Verwaltung, Abteilung für Neubürger 3506, Brief eines Vertriebenvertreters mit der Bitte um Genehmigung einer Weihnachtsfeier, 15 décembre 1945, in A. Thüsing et W. Tischner, op. cit., p. 393-394.
73 SächsHStA LRS MdI 303, Anonymes Schreiben an die LRS, Abteilung Umsiedler, in A. Thüsing et W. Tischner, op. cit., p. 434-436.
74 M. Schwarz, « Umsiedler – Flüchtlinge und Vertriebene in der SBZ und DDR », op. cit., p. 98.
75 M. Grottendieck, « Egalisierung ohne Differenzierung? Die Unterdrückung von Vertriebenenorganisationen im Zeichen einer sich etablierenden Diktatur », in T. Grossbölting et H.-U. Thamer (dir.), Die Errichtung der Diktatur, Transformationsprozesse in der SBZ und in der frühen DDR, Münster, Aschendorff, 2003, p. 191.
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