Chapitre III. Une politique d’intégration « par à-coups »
p. 59-78
Texte intégral
1La zone d’occupation soviétique est marquée dans un premier temps par une politique d’aides ponctuelles1 en faveur des réfugiés. Très vite cependant, cette aide est intégrée dans le champ plus vaste de la politique économique et sociale décidée par la SMAD, à l’exception notable de la loi de 1950 qui sera détaillée par la suite.
2La directrice de la section administrative régionale en charge des réfugiés, Amt für Umsiedler, Ruth Fabisch résume la politique saxonne d’intégration ainsi : « Le soutien du gouvernement régional saxon à la construction d’une nouvelle existence pour les Umsiedler s’oriente en fonction des aspects nécessaires à la reconstruction de notre pays2. » Cette politique se doit donc d’accompagner le changement sociétal dans son ensemble, et de participer à la reconstruction économique ainsi qu’à la mise en place de la « patrie des travailleurs », en contrepoids du modèle de l’Allemagne de l’Ouest. La comparaison avec le voisin ouest-allemand reste une constante idéologique dans la politique est-allemande envers les expulsés, et le SED n’a de cesse de leur brosser un portrait effrayant de l’accueil réservé aux expulsés à l’Ouest :
« Dans les zones occidentales, on ne s’occupe presque pas des Umsiedler, on ne tente même pas de les sédentariser et de les laisser s’épanouir au sein de la population d’origine. Là-bas, on fait croire aux arrivants qu’ils peuvent améliorer leur condition par des compromis avec les occupants, le changement de la frontière à l’Est, l’émigration ou autre3… »
3Si les premières mesures d’aide à l’intégration, comme la réforme agraire et la répartition du logement, s’inscrivent encore dans une politique décidée conjointement entre les forces d’occupation à Potsdam, dès 1948 un « Sonderweg » se dessine pour les expulsés en Allemagne de l’Est.
La législation de l’intégration
La réforme agraire, une mesure d’intégration ? (1945-1946)
4La réforme agraire en Allemagne s’inscrit dans les priorités soviétiques d’après-guerre, au même titre que la dénazification et la décartellisation. Elle doit, à l’avenir, permettre de limiter le pouvoir des grands propriétaires terriens allemands qui, surtout en Prusse, ont largement influencé la politique allemande de l’entre-deux-guerres. L’afflux massif des réfugiés vers la zone soviétique dès la fin de la guerre se ressent surtout dans les zones les plus rurales, soutenant ainsi indirectement les plans soviétiques d’une intégration des réfugiés dans les campagnes. En effet, si 43,1 % des grandes villes sont détruites, ainsi que 30 % des villes moyennes, dans les campagnes et les villages de moins de 2 000 habitants, seules 13 % des habitations ont été touchées par les combats4. Dans le cadre de la réforme agraire, les réfugiés, en grande partie issus de l’agriculture, ont une fonction de légitimation pour le KPD. Le parti insiste sur la nécessité d’un partage des terres, justement pour accueillir les paysans qui ne possèdent plus rien à la suite de la guerre5.
5Après l’ordre de Staline du 4 juillet 1945, un projet de loi concernant une réforme agraire est élaboré à Moscou et repris par le KPD dans son programme du 23 août 19456. Le projet est présenté à la population comme un partage démocratique de la terre et une mesure d’aide à l’encontre des réfugiés. La prédominance de la politique sur l’économie est dans ce cas explicite. Il s’agit à la fois d’exproprier les grands propriétaires, présentés en tant que « nationaux-socialistes de premier plan, criminels de guerre et représentants influents du IIIe Reich » mais aussi de distribuer leurs terres aux victimes du fascisme, autrement dit « les membres de la communauté nationale qui étaient des adversaires d’Hitler et qui, suite à la guerre contre d’autres peuples, ont perdu leurs terres et leurs foyers ; pour leur redonner une perspective professionnelle, une partie et un avenir ».
6Le 2 septembre 1945, le communiste Wilhelm Pieck présente officiellement la réforme dans son discours « Junkerland in Bauernhand7 ». Elle prévoit la confiscation des terres des propriétaires fonciers qui possèdent plus de 100 hectares, des anciens nazis et membres influents du NSDAP, et la parcellisation des terres afin de les redistribuer aux paysans qui en sont dépourvus, aux journaliers et aux réfugiés. La propagande soviétique, met l’accent sur les besoins de ces derniers. Cette réforme s’inscrit dans une politique plus large, appelée Neubauernpolitik8, elle regroupe un ensemble de mesures d’aides et de crédits permettant la sédentarisation et l’accès à la propriété pour de nouveaux paysans. Elle est également parfois citée comme partie intégrante de la législation mise en place pour les expulsés. A posteriori, la réforme sera interprétée différemment, et notamment par Michael Schwartz : « Comme pour la réforme agraire, la politique soviétique des “nouveaux paysans” n’était pas une mesure uniquement pour les réfugiés mais participait à une politique agraire plus générale, qui ne faisait pas de différence entre les nouveaux paysans issus de la population d’origine et les réfugiés, et par là participait au désavantage structurel des expulsés9. » L’utilisation récurrente de la thématique de l’intégration des réfugiés à travers la réforme agraire a surtout des visées politiques : il s’agit de légitimer la réforme, de s’assurer le soutien politique des réfugiés et de rendre plus difficile la résistance des autres partis, SPD, CDU et LDP ainsi que les critiques des organisations religieuses10. Lors de conférences organisées dans chaque arrondissement saxon en septembre 1945, les membres du SED étaient ainsi chargés de présenter la réforme comme une nécessité pour l’intégration des réfugiés11.
7La réforme est mise en place entre le 3 et le 11 septembre 1945 par des décrets régionaux. En automne 1947, 80 000 familles de réfugiés ont obtenu une parcelle d’environ 8 ha. En 1950, ils ont créé 91 000 nouvelles exploitations agricoles12. Si l’on ajoute à cela leurs familles, il s’agit au final de près de 350 000 réfugiés qui bénéficient de cette réforme, c’est assez peu comparé au total de 4,3 millions qui peuplent cette zone d’occupation.
8Si dans la propagande du KPD la réforme agraire est une mesure visant en priorité les réfugiés, le partage des terres en Saxe montre clairement un clivage entre discours politique et réalité locale. Cela tient aussi aux réfugiés eux-mêmes : beaucoup hésitent à déposer une demande officielle en automne 1945 : l’espoir de retrouver leurs exploitations en Silésie ou en Bohème est encore vivace. De plus, le cadre législatif et organisationnel donné à la réforme désavantage clairement ces derniers. Les commissions chargées de redistribuer les terres sont composées en grande majorité de représentants issus de la population locale. Parmi les 10 000 membres des commissions, seuls 800 sont des réfugiés13. En outre, l’accès aux terres est réservé aux personnes détentrices d’un certificat prouvant qu’elles n’ont pas été membres du NSDAP (Unbedenklichkeitsurkunde). Le KPD, qui insiste sur cette condition, connaît alors très bien les difficultés d’une population arrivée sans papiers pour obtenir un tel document14. Les structures agricoles en Saxe sont également défavorables aux réfugiés : le partage des terres tend plutôt à un agrandissement des exploitations préexistantes qu’à leur création. Sur les 8 089 réfugiés qui se portent candidats, et qui constituent 11,7 % des demandes de terres, 6 310 en obtiennent, soit 78 % des requérants. Pour la population locale, les taux sont de 95 % pour les petits paysans, 86 % pour les journaliers et 84 % pour les paysans sans terres agricoles15.
9Les réfugiés sont donc peu nombreux à déposer des demandes, et obtiennent proportionnellement moins de réponses positives. En tout, 10,8 % des « Neubauern » sont issus de la population réfugiée, ils représentent 4 % des expulsés présents en milieu rural, 3 % au niveau de la Saxe entière, soit 23 000 personnes. Si les terres accordées aux réfugiés sont souvent plus importantes par leur surface, elles sont souvent de moindre qualité et le manque de soutien politique en Saxe est évident16. C’est une situation de handicap à long terme qui se dessine, car ils sont également presque absents par la suite de la « Vereinigung der gegenseitigen Bauernhilfe17 » (VdgB) en Saxe, qui gère par exemple le partage des machines agricoles et de matériel en cas de pénurie.
10Le bilan de la réforme agraire est difficile à évaluer. Globalement, les terres distribuées, 8 hectares, suffisent rarement à la création d’exploitations agricoles viables. De plus, les autorités poussent à inclure des terres peu propices à la culture dans la réforme pour lui donner plus d’ampleur politique. Les véritables bénéficiaires de la réforme sont les paysans qui ont pu agrandir leurs exploitations et non pas ceux qui en ont créé de nouvelles. Les réfugiés reçoivent des terres, mais ne peuvent pas forcément y construire une habitation et des infrastructures, dans une situation d’extrême pénurie en ce qui concerne les matériaux de construction. Les années 1946 et 1947 se caractérisent par de mauvaises récoltes et par des hivers très rudes, appelés « Hungerwinter », les hivers de la faim.
11Le bilan de la réforme s’avère donc surtout négatif pour les réfugiés, plus que pour les autres « nouveaux paysans ». Ils ne bénéficient pas de la solidarité et de l’aide de la communauté paysanne, ne reçoivent qu’une parcelle trop petite pour permettre une autosuffisance et ne possèdent ni maison, ni étable, ni matériel agricole : « À la campagne, où la tradition veut que le statut social dépende de la propriété, les réfugiés souvent dépourvus de ressources sont restés marginalisés jusque dans les années 1950 et dépendants d’une population locale qui s’est largement détournée des expulsés18. » Seuls 15 % d’entre eux pourront sur le long terme subvenir à leurs besoins grâce à leur exploitation agricole19.
12Au début des années 1950, un exode rural se dessine, amplifié par les débuts de la collectivisation des terres. Les réfugiés, stigmatisés et exclus des communautés rurales, choisissent alors l’anonymat des grandes villes saxonnes et les opportunités offertes par le développement de l’industrie, lorsqu’ils ne se décident pas pour un exode vers l’Allemagne de l’Ouest.
La difficile question du logement
Du problème allemand vers des problèmes locaux
13Malgré les tensions croissantes entre les différentes zones d’occupation, elles sont confrontées aux mêmes problèmes et cherchent dans les premières années d’après-guerre des solutions communes. Ainsi, les Alliés décident-ils, le 8 mars 1946, de promulguer une loi chargée de régler le problème du logement, appelée « Wohnraumgesetz20 ». Dans la zone soviétique, 700 000 logements ont été détruits par la guerre. Avant même l’arrivée massive des réfugiés, la surface habitable par adulte est passée de 15 m² en 1939 à 9,2 m² en 194421. L’ordre no18 « Wohnraumgesetz » de la commission de contrôle interalliée décide de recenser l’ensemble des surfaces habitables dans chaque zone afin de mettre en place une norme concernant la surface dévolue à chacun. Si les réfugiés ne sont pas spécifiquement mentionnés dans cette loi, elle s’applique à eux comme au reste de la population. Ils ne sont pas prioritaires dans l’accès au logement, contrairement aux victimes du régime nazi et aux personnes ayant un emploi. En SBZ, la surface habitable par personne est fixée à 8 m², ce qui fait du Land de Saxe une région relativement sous-peuplée avec 8,8 m² par personne en 194822 ! Cette directive a pour conséquence le partage forcé de logements avec des personnes qui n’en possèdent pas, mais ne règle pas le manque accru de meubles et de moyens de chauffage. Cependant, cette loi symbolise la priorité donnée au relogement : la première phase de l’intégration passe par l’accès à nouveau foyer aux yeux des législateurs. Cela s’avère difficile dans la mesure où l’accès au logement, dans la plupart des cas, signifie l’octroi d’une pièce pour toute une famille dans un logement déjà occupé. La directive no18 du Conseil de contrôle allié ne permet pas la confiscation automatique des logements, il s’agit pour les occupants des zones occidentales de respecter la propriété privée et d’éviter les conflits avec la population locale. Dans la zone soviétique cependant, au vu de la proportion plus grande de réfugiés, les autorités permettent bien souvent aux autorités municipales d’entrer dans les logements privés et de les inspecter. En Allemagne de l’Ouest, il faut attendre le début des années 1950 pour voir un véritable programme d’aides se mettre en place, soutenu par une vaste politique de construction de logements. En zone d’occupation soviétique, si l’accès aux logements est en règle générale plus rapide qu’à l’Ouest, c’est surtout la qualité des logements et la prédominance de la sous-location qui sont au centre des doléances.
14Cependant, en Saxe, de tels bilans sont difficiles à vérifier, les chiffres ne donnant qu’un aperçu global dans une région où les disparités sont immenses. Ainsi, si trois quarts des réfugiés se sont (ou ont été) dirigés vers les campagnes (Landkreise), de grandes différences existent entre les régions rurales mais aussi entre les villes : « une très grande densité de réfugiés et d’expulsés se retrouve dans les arrondissements ruraux proches de la frontière comme Görlitz (50 %), Dippoldiswalde (31,4 %) et Löbau (19,8 %) de même qu’Oschatz (47 %), Döbeln (31,6 %) et Borna (21,6 %). Pour les villes, on peut attirer l’attention sur Wurzen (38,3 %), Riesa (22 %), Freiberg (46 %)23 ». Malgré cette hétérogénéité, les problèmes causés par l’accès des réfugiés à un logement n’épargnent aucune commune saxonne.
Les camps, un « mal nécessaire »
15Au début de l’année 1946, 358 camps sont recensés sur le territoire de la zone d’occupation soviétique24. Il s’agit de camps de transit et de quaran25, souvent mis en place dans l’urgence en utilisant les anciennes infrastructures nazies. S’ils sont placés sous la responsabilité administrative de la ZVU et de ses antennes régionales, les camps restent sous l’autorité sans partage de l’occupant. Au niveau régional, les SMA et les Kommandanturen locales sont chargées d’inspecter les camps et de veiller à l’application des directives soviétiques. En effet, les priorités de l’occupant sont claires : limiter au maximum les délais d’accès au logement et développer les contacts entre le KPD/SED et les réfugiés durant cette phase d’attente. Il existe encore aujourd’hui un débat sur le nombre exact de camps mis en place en Saxe en été 194526.
16Sous l’influence grandissante des autorités soviétiques en Saxe durant l’automne 1945, les réfugiés sont transférés vers des camps moins nombreux mais mieux organisés, pour garder un certain contrôle sur la situation27. À la fin de l’année 1946, ils ne sont plus que 32, chargés d’accueillir 50 580 réfugiés28. Les camps et le contrôle de leur efficacité sont au centre de la politique régionale soviétique. L’occupant décide seul de l’emplacement des camps et confirme leur directeur. Ce dernier est un officier de l’armée d’occupation, il est assisté d’un directeur adjoint allemand. Leipzig, Görlau, Görlitz, Pirna, Marienberg sont désignés en tant que lieux de transit et de quarantaine ; à Oelsnitz sont créés des camps de transit vers la zone américaine29.
17Au vu de la situation catastrophique des moyens de transport et des voies de communication, le transit des réfugiés est décidé en haut lieu pour la seule zone soviétique. La ZVU est chargée de transmettre les ordres aux gouvernements des Länder et à la Reichsbahn, mais son manque d’autorité et la multiplication des conflits nécessitent bien souvent une intervention directe des officiers de l’armée d’occupation. Malgré les efforts d’organisation, dans le chaos de l’immédiat après-guerre, la plupart des transports arrivent en Saxe sans avoir été annoncés. De par sa situation géographique, la Saxe devient rapidement la zone la plus touchée par les épidémies de typhus et de diphtérie30. C’est pourquoi le 23 décembre 1945 l’administration soviétique impose deux semaines de quarantaine aux réfugiés qui arrivent sur le territoire saxon31. Officiellement, la ZVU est en charge des questions sanitaires et doit veiller à la répartition des médecins au sein du territoire. Elle se heurte au manque cruel de médecins qui, s’ils n’ont pas déjà quitté la zone pour les zones occidentales, ont souvent été démis de leurs fonctions lors de la dénazification. Face au risque accru d’épidémies et pour contenir les maladies au sein des camps (de quarantaine), les médecins sont envoyés de force dans les camps de réfugiés, afin de se réhabiliter aux yeux des autorités soviétiques.
18L’état physique des arrivants pose un premier problème :
« Le 1er février 1946, avec un taux d’occupation de 108 380 Umsiedler, 13 802 étaient déclarés comme malades, soit environ 12 %. En réalité le pourcentage des réfugiés malades est deux fois plus élevé, car il faut prendre en considération que pendant les transports les personnes qui tombent malades en sont exclues et n’apparaissent pas dans les statistiques des camps. La mortalité n’a pas encore été statistiquement examinée dans tous les camps. […] Beaucoup d’Umsiedler sont morts pendant les transports. Les chiffres donnés dans les rapports concernant les transports varient entre 0 et 100. […] La mortalité est relativement voire très élevée vu que beaucoup de personnes âgées et beaucoup d’enfants ont été transportés. La mortalité des nourrissons est décrite dans certains rapports de façon catastrophique32. »
19Les camps ont été créés pour résoudre les problèmes sanitaires et rassurer la population locale sur les risques de contagion. La réunion des conseils municipaux des villes saxonnes en octobre 1945 n’avait en effet pas de quoi rassurer avec comme Leitmotiv : « La question des réfugiés est une question d’épidémie33. » Les camps doivent aux yeux de l’occupant être la pierre angulaire de l’organisation du processus d’intégration. Les réfugiés, après la quarantaine, doivent en théorie être transférés vers un logement dans les 48 heures, munis d’une première aide financière. Cette pression exercée par les occupants va jusqu’à la menace, lorsque le délai de 48 heures ne peut être respecté. Ainsi, Dresde est accusée par la Kommandantur de « ne pas porter assez d’intérêt au bien-être des réfugiés qui lui sont confiés34 ». Dans le même rapport du 25 novembre 1946, la Kommandantur de Dresde donne à la ville dix jours pour rectifier la situation, sans quoi les autorités municipales seront accusées de sabotage. Les conséquences de cette politique autoritaire sont catastrophiques pour les réfugiés.
20Avant tout, la désorganisation des administrations et le manque de connaissance exacte des situations locales ne permettent pas, dans cette urgence, de concilier l’obtention d’un logement avec l’accès à un travail. Le temps manque aux services du logement pour se concerter avec les services pour l’emploi afin de permettre une sédentarisation des expulsés selon des logiques d’insertion professionnelle35. La SMAS tranche en juin 1948 en déclarant que « les Umsiedler doivent d’abord être sédentarisés, avant d’être intégrés d’un point de vue professionnel36 ». Les lieux choisis pour les réfugiés sont alors bien souvent des régions « sous-peuplées », justement à cause de leur manque d’opportunités professionnelles. Ce délai très court conduit également les autorités à envoyer les expulsés vers des logements qui n’ont pas tous pu être contrôlés au préalable, et qui répondent rarement aux besoins des personnes concernées.
L’accès au logement entre solidarité et confiscation
21En 1945, en moyenne, les personnes domiciliées en Saxe ont à leur disposition 8,3 m² par personne, bien peu comparé aux 16,2 m² d’avant-guerre. Les 315 700 logements endommagés par la guerre sont aux deux tiers sommairement réparés un an plus tard. La moitié des habitations ne sont pas construites de façon à pouvoir accueillir plusieurs familles sous un même toit. Après la première vague d’expulsions, en 1946, on estime à 573 056 le nombre de logements manquants pour loger les expulsés en Saxe37.
22En comparaison avec l’Allemagne occidentale, la RDA compte dans les années 1949-1950 un taux plus élevé de réfugiés vivant dans des logements plutôt que dans des camps. Ce bilan flatteur dissimule des réalités matérielles : la plupart des réfugiés vivent dans des logements de mauvaise qualité, souvent même dans des greniers et des caves, et rares sont ceux qui sont les locataires principaux de leur logement. Les conflits entre la population locale et les nouveaux arrivants se cristallisent bien souvent autour de cette question. Pour tenter de respecter les délais fixés par l’occupant, la municipalité force les personnes possédant une ou plusieurs pièces inoccupées à y loger des familles de réfugiés, ce qui provoque des tensions. Pour les éviter, nombreuses sont les villes qui donnent de fausses indications sur la situation réelle. Officiellement, seuls 6 000 réfugiés vivent encore dans des camps en janvier 1946. Les contrôles effectués ponctuellement par la ZVU montrent que seuls 4 % des expulsés vivent encore dans des camps, mais que 56,5 % d’entre eux sont encore dans des logements de fortune ou chez des particuliers38. Les réfugiés ne sont que très rarement les locataires principaux des logements qu’ils occupent, et doivent utiliser les meubles que les autres locataires sont prêts à partager la cuisine et la salle de bain. Si les communes concentrent leurs efforts sur l’accès des réfugiés à un logement dont ils seraient les locataires principaux, elles sont presque toujours confrontées à l’absence de meubles dans ces logements. Ni les collectes, ni les appels à la solidarité ne parviennent à combler cette pénurie. Surtout dans les villes, la proximité imposée entre les deux populations provoque de nombreuses tensions.
23À Leipzig, quel que soit le quartier, la cohabitation touche une famille sur cinq : à cette date, la ville héberge la majorité des réfugiés dans des camps. Nous verrons par la suite les conséquences d’une telle proximité « imposée » entre les populations.
Quartiers de Leipzig |
Logements occupés par une famille |
Logements occupés par deux familles |
Logements occupés par trois familles |
I |
66,4 % |
27,15 % |
6,5 % |
II |
76,2 % |
21,7 % |
2,1 % |
III |
76,8 % |
21,2 % |
2,0 % |
Tableau 3. – L’occupation des logements à Leipzig en novembre 194539.
24Si le manque de logements est un réel problème, le manque de moyens de chauffage et de meubles aggrave une situation déjà conflictuelle et a pour conséquence que la moitié des pièces recensées en tant que « libres » ne sont en fait pas habitables. Les contrôles ponctuels effectués montrent l’ampleur du problème. Sur 8 172 pièces recensées en avril 1947, 1 748 ne peuvent pas être chauffées, 1 528 n’ont pas de lits ou de paillasses pour dormir. Dans 1 108 logements, les deux manquent40. La pénurie de logement touche aussi d’autres populations, notamment ceux qui ont vu leurs logements détruits pas les bombardements. Cependant, il y a surtout une différence qualitative entre les pièces occupées par les réfugiés et celles dans lesquelles vit la population d’origine. Si les réfugiés arrivés avant même la fin de la guerre ont pu bénéficier de la solidarité des habitants, les réfugiés arrivés dans les « grands transports » de l’automne 194641, se retrouvent dans une situation plus difficile. Du fait de l’arrivée de l’hiver, ils préfèrent bien souvent rester dans les camps qui sont au moins partiellement chauffés, plutôt que d’emménager dans des logements dont les propriétaires ont jusque-là pu éviter le partage ou cacher l’existence de pièces inutilisées.
25La question du logement et surtout celle du partage du mobilier provoquent des tensions entre les populations et amènent certains réfugiés à réclamer de la part des autorités une prise de position claire en leur faveur et l’application des lois. Ainsi, à Leipzig, les plaintes des réfugiés se multiplient42. Le 8 octobre 1946, un réfugié vivant aux alentours de Mayence et qui avait jusque-là pu utiliser des meubles prêtés par des habitants qui en possédaient trop se voit obligé de les rendre à ces derniers sans motif apparent :
« En automne 1944, j’ai été évacué (vers) ici avec ma famille, et on nous a assigné comme logement une pièce qui appartient au logement du couple sans enfant G. L’utilisation de quelques meubles sur le nombre impressionnant de meubles présents m’a été permise. Il y a quelques jours, le poste de police m’a envoyé la décision de la police locale qui m’a sommé de rendre tous les meubles que j’utilise sans exception au propriétaire, vu que ce dernier en a besoin lui-même. Malgré mes protestations, le chef de la police local est resté sur sa décision, selon lui chacun peut utiliser ses biens personnels comme bon lui semble. La conséquence de cette décision est qu’un autre habitant s’est présenté chez moi et a réclamé le lit qu’il m’avait prêté avec l’argument qu’il en avait lui-même besoin. Un autre réclame maintenant son réchaud pour la même raison. Si je dois tout rendre maintenant, ma famille ne peut pas survivre43. »
26La situation de précarité des réfugiés est liée aussi à cette situation d’insécurité, ils sont livrés au bon vouloir de la population et des autorités locales qui ne veulent pas entrer en conflit avec cette dernière. C’est ce que dénonce l’auteur de cette lettre :
« C’est pour cela que nous, les nouveaux citoyens, exigeons qu’une législation précise et claire soit mise en place au plus vite, dont le respect doit être surveillé par les organes de l’État. Nous ne pouvons pas accepter que l’humeur de nos locataires soit comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Nous avons fait les plus grands sacrifices en perdant notre patrie et nos moyens d’existence. Ce n’est donc pas trop demander que de mettre à notre disposition quelques articles de consommation courante44. »
27Le problème du manque de logements et de meubles condamne les réfugiés à une précarité durable. De plus, ils ne sont pas les seuls à qui les communes doivent fournir un logement, s’y ajoutent les personnes évacuées des villes lors des bombardements. Ainsi, les 110 000 habitants de Leipzig évacués en décembre 1943 à la suite des bombardements rentrent peu à peu45. Leurs communes d’accueil, confrontées aux mêmes problèmes d’approvisionnement, les encouragent littéralement à retourner au plus vite vers leur ville d’origine. Ces personnes doivent elles aussi être relogées, alors que les bombardements ont causé des dégâts considérables et détruit les logements d’environ 20 % de la population soit 140 000 personnes46.
28Les communes doivent également prendre en compte les intérêts soviétiques. Nous l’avons vu, certaines régions comme celle des Monts Métallifères échappent totalement au contrôle des communes. Mais les hauts lieux industriels sont eux aussi touchés par des directives ponctuelles de l’occupant, qui doivent être suivies en priorité et qui viennent bouleverser l’accès au logement des réfugiés. Ainsi en mars 1947, les autorités soviétiques demandent à la ville de Leipzig d’héberger en priorité absolue 5 000 travailleurs venus pour effectuer des travaux de démontage47. De même les autorités soviétiques réclament pour elles-mêmes des logements que les habitants sont alors forcés de quitter. Pendant le seul mois de juillet 1947, l’administration militaire soviétique ordonne la libération d’environ 1 000 logements dans le quartier Gohlis-Nord de Leipzig pour y installer des entreprises soviétiques48. De même, le comité municipal en charge des questions sociales déplore en avril 1947, que près de 1,3 % des logements que compte la ville soient utilisés par l’occupant49.
29En 1949, la LRS de Dresde tire un bilan qui montre aussi les effets d’une politique d’intégration qui se heurte aux intérêts politiques particuliers : « Aujourd’hui encore beaucoup de Umsiedler disposent de logements plus petits et de moindre qualité que ceux de la population d’origine50. » Le 30 janvier 1948, un médecin de Leipzig envoie un rapport sur les conditions de logement des réfugiés aux services sanitaires de la ville51. Il décrit des situations de vie très différentes selon les cas, mais pour leur immense majorité plus que difficiles, par exemple dans le cas de cette famille :
« La famille est composée des parents et de trois enfants âgés de 19, 17 et 9 ans. Ils habitent dans une seule pièce. Mme P. dort dans le lit avec la plus jeune de leurs filles. Les deux enfants adultes dorment chacun sur un canapé. Le locataire principal a mis à leur disposition l’utilisation de la salle de bain pour se laver et la cuisine. Le logement est propre et rangé. Les seuls vêtements qu’ils possèdent sont ceux qu’ils portent sur eux. L’emménagement dans un logement plus grand est vivement souhaité52. »
30Cet exemple est significatif de cette situation des réfugiés, dont des familles entières sous-louent une seule pièce pendant des années. Le bilan pour Leipzig en septembre 1949 concernant les conditions de logement est explicite :
« De façon globale, on peut dire que la situation s’est améliorée et qu’on s’est appliqué à résoudre les situations les plus extrêmes. Cependant, il arrive toujours que 5 personnes (les parents et leurs trois filles adultes) doivent dormir dans la même pièce, qui sert également pour cuisiner et vivre et de débarras, ou que 5 personnes n’aient à leur disposition qu’une pièce et demie sans cuisine53. »
31Il faut attendre les grands projets de construction de logements des années 1950 et 1960 ainsi que l’amélioration des conditions économiques pour voir les écarts sociaux entre les réfugiés et la population d’origine s’atténuer54. En effet, le problème n’est pas tant le manque généralisé de logements, d’appareils ménagers ou de meubles, mais le fait que malgré une législation existante, les réfugiés semblent toujours désavantagés et rarement prioritaires lorsqu’il s’agit de combler ces pénuries. Dans les années 1945 et 1946, ces derniers sont nombreux à réclamer une politique plus autoritaire de la part des législateurs. Il est surtout question de confiscations, pour réduire les inégalités de façon visible et rapide. Pour permettre des confiscations, surtout en ce qui concerne les logements, une modification législative aurait été nécessaire.
32La pratique en cours, c’est-à-dire d’envoyer les réfugiés vivre dans des habitations déjà occupées, s’appuie sur une législation datant de 1939. Cette dernière, promulguée en temps de guerre, était destinée à reloger chez des particuliers les victimes des attaques aériennes. Le Brandebourg et la Thuringe réclament en mai 1946 un cadre législatif en vue de réquisitionner et de confisquer des logements, cette demande n’est soutenue ni par le SED, ni par les autorités soviétiques en cette année électorale. Le SED saxon se garde bien de déstabiliser et de faire pression sur la population d’origine, largement majoritaire dans la région. Une nouvelle répartition du logement se fait peu à peu au début des années 1950, lorsque le droit est accordé aux réfugiés de déménager pour des raisons professionnelles. Cependant, et surtout en ce qui concerne la première génération de réfugiés, une inégalité se manifeste toujours entre la population locale et les nouveaux venus, qui peinent à se construire un patrimoine.
Un arrêt brutal de la politique d’intégration (1948-1951)
La disparition des administrations spécialisées dans l’intégration
33La ZVU est placée dès avril 1948 sous l’autorité de la Deutsche Wirtschaftskommission55 (DWK) et perd son autonomie. Entre juillet 1948 et décembre 1949, la ZVU devient tout d’abord une section principale pour Umsiedler (Hauptabteilung Umsiedler) au sein du ministère de l’Intérieur (Deutsche Verwaltung des Innern : DvdI) avant d’en devenir une simple section administrative (Abteilung Umsiedler)56. Sa dissolution au sein de l’appareil administratif est-allemand est un signe fort. Pour les autorités soviétiques, la première phase de l’intégration est maintenant terminée, car la plupart des réfugiés sont arrivés sur le territoire. L’arrière-plan politique de cette mesure est clair : les réfugiés, citoyens à part entière, seront pris en charge par les mêmes administrations que la population d’origine.
34Cette dissolution des administrations chargées des réfugiés touche, après la ZVU, les sections pour Umsiedler régionales et locales. Manfred Wille, interprète la fermeture des administrations chargées des réfugiés comme une réaction politique du SED et la replace dans le contexte international de la guerre froide57. En effet, le parti est-allemand peine à nouer des relations de confiance avec ses voisins de l’Est et du Sud et les partis communistes tchécoslovaques et polonais boycottent les congrès du SED. Selon le parti, la méfiance des deux pays ne tient pas seulement au passé nazi de l’Allemagne, mais aussi au problème des réfugiés qui ne veulent pas reconnaître les nouvelles frontières allemandes et soutiennent majoritairement un retour dans leurs territoires à l’est de la ligne Oder-Neisse. La SMAD et le parti communiste commencent ainsi dès l’année 1947 à augmenter la pression sur les administrations centrales, régionales et locales pour arriver à une fin rapide du processus d’intégration et à gommer toutes les différences entre la population d’origine et les nouveaux arrivés. Une des premières victimes de ce revirement de la politique du parti est la ZVU, qui devait pourtant le surveiller. Après la fermeture dans le Mecklembourg des Umsiedlerämter du gouvernement régional début 1948, la ZVU encourage les autres provinces et Länder « à suivre le même chemin […] dans les mois à venir58 ». Malgré les résistances et les critiques le parti reste sur sa lancée et défend sa nouvelle politique :
« L’existence future d’une administration centrale spécifique pour les Umsiedler dans les Länder et au niveau local est devenue obsolète par l’évolution politique et économique de la SBZ. Elle pourrait avoir comme conséquence que le processus d’assimilation soit handicapé par la mise en avant d’intérêts apparemment particuliers aux Umsiedler59. »
35La CDU dénonce cette méthode et réplique qu’un semblant d’intégration ne constitue en rien une véritable intégration :
« La radio de l’Allemagne centrale, la station de Leipzig, a émis récemment un discours de l’intendant de la station de radio de Leipzig sur l’état de la question des Umsiedler dans le Land de Saxe. L’intendant a énuméré les 135 Umsiedler qui sont maires et la centaine d’entre eux employés par le gouvernement régional de Dresde, et a déclaré : “Il n’y a plus de problème concernant les Umsiedler dans la zone soviétique !” L’intendant d’une radio, sur laquelle passent quotidiennement de grands discours sur le socialisme, la solidarité et la démocratie, est-il à ce point éloigné du peuple, qu’il ne sait pas, dans quelle situation se trouve une population, qui compte plus de 25 % de Umsiedler ? […] N’y a-t-il pas un problème, si des centaines de milliers n’ont pas de lit, de paillasse et à peine une couverture, pas assez de vêtements et seulement des sandales en bois60 ? »
36La résistance contre la fermeture des administrations spécialisées se retrouve non seulement dans les administrations elles-mêmes, dans certains partis politiques, mais aussi au sein du SED, dont la base et surtout ses antennes locales ne comprennent pas ce revirement. Cependant, toutes les administrations sont finalement forcées de se soumettre aux plans du parti, qui utilise notamment l’argument financier. Les villes ne sont pas explicitement forcées de fermer leurs Neubürgerstellen de façon autoritaire ou sous la menace. Lors de la fermeture fin 1947 de l’Umsiedleramt de la LRS de Dresde, ses compétences sont transférées aux villes et aux arrondissements, de même que ses dépenses. Ainsi, ils doivent désormais financer leurs camps s’ils souhaitent continuer à assurer leur fonctionnement et prendre en charge les frais occasionnés par les Neubürgerstellen, dont le personnel était jusque-là rémunéré par le Land de Saxe.
37Si les administrations spécialisées disparaissent alors que les réfugiés n’ont bien souvent ni logement ni travail, c’est surtout un remodelage des sections administratives municipales qui en est la conséquence, bien plus qu’un véritable coup d’arrêt des efforts d’intégration. Les compétences de la Neubürgerstelle sont distribuées aux autres sections des communes mais il leur manque désormais une section qui coordonne l’aide aux réfugiés. Ainsi, à côté des services sociaux, le service au logement, Wohnungsamt, se charge désormais de l’accès au logement et aux meubles, et le service chargé de l’emploi, Arbeitsamt, contrôle l’intégration des réfugiés dans le milieu professionnel61. En cette période de conflit politique, et sur ordre de la LRS de Saxe, les administrations locales ne doivent en aucun cas divulguer leurs statistiques. Les chiffres contredisant la nécessité d’un tel remodelage administratif doivent rester confidentiels (« Statistische Ergebnisse sind vertraulich zu behandeln62 »).
38La plus grande résistance face aux projets du SED est organisée par la CDU de Saxe à travers son journal « Neue Zeit ». Cependant, le parti doit rapidement céder face à la directive du 31 mars 1949 à travers laquelle le SED ordonne la liquidation de tous les Umsiedlerämter. Elle a également pour conséquence l’interdiction du journal de la CDU63. Le SED peut compter sur le soutien des autorités soviétiques, qui poussent les administrations des Länder à appliquer au plus vite les directives du parti, face au retard que prend sa mise en place :
« La LRS, dans une lettre du 3 décembre 1947, a communiqué que, par l’ordre no87 de la SMA du 25 novembre 1947 et à la suite de la fermeture d’une série de camps en Saxe, la fermeture des sections administratives pour Umsiedler financées par le Land a été ordonnée. […] De plus, la LRS a déclaré le 13 décembre 1947, que les fonctions restantes des sections administratives dissoutes sont à transmettre à la ville le 1er avril 194864. »
39Le but du SED est de faire croire par la fermeture des administrations chargées des réfugiés que les problèmes liés à leur arrivée et leur intégration étaient surmontés ; il n’est atteint qu’en apparence. Lors des réunions des conseils municipaux, la question des réfugiés est souvent à l’ordre du jour de chaque réunion. Malgré cela, le Major Furdillo de la Kommandantur de Leipzig déclare ouvertement dès novembre 1947 : « Die zivile Umsiedlung ist zu ende65. »
L’année 1950 : entre aide aux réfugiés et reconnaissance de la frontière
40Malgré la dissolution de la ZVU et des Umsiedlerämter régionaux, les réfugiés sont une dernière fois aux premiers rangs de la politique est-allemande en 1950 : jusqu’en 1953 la loi « Gesetz zur weiteren Verbesserung der Lage der ehemaligen Umsiedler66 » est en vigueur. Dans l’appellation « ehemalige Umsiedler » se dessine déjà la future politique visant à faire disparaître le terme Umsiedler, en même temps que la politique d’intégration dont ils sont l’objet. Cette loi en faveur des réfugiés, datant de l’année 1950, est une mesure hâtive des autorités est-allemandes qui cherchent à regagner la faveur des réfugiés après le choc que représente la reconnaissance de la frontière Oder-Neisse.
41En effet, le 6 juillet 1950, la RDA reconnaît sa frontière orientale par la signature de l’accord de Görlitz avec la Pologne. Parmi les réfugiés, le choc est grand. En Saxe, et surtout dans les villes frontalières, des manifestations ont lieu. La nouvelle frontière, rebaptisée « Friedensgrenze67 » par le régime, enterre les espoirs d’une renégociation portés par les réfugiés. Cette reconnaissance, voulue par Staline, doit aider la RDA à trouver sa place dans le bloc soviétique et à régler ses contentieux avec ses voisins polonais et tchécoslovaques. Les conséquences de cet accord sur le processus d’intégration sont controversées. Selon l’historien Wolfgang Zank, la reconnaissance des frontières dès 1950 aurait mis un terme aux « Rückkehrillusionen68 » et aurait facilité l’intégration « surtout en comparaison avec la situation ouest-allemande ». Cependant, il est difficile de nier qu’elle a également instauré une méfiance des réfugiés vis-à-vis du SED et du régime dans son ensemble69.
42En 1950, le contexte politique pousse le régime à agir. Après deux années durant lesquelles il fut toujours question d’un « Lastenausgleich70 » comme il est mis en place plus tard en RFA, la loi est-allemande de 1950 reprend a minima toutes les propositions faites jusque-là par les milieux politiques. Le président de la RDA, Wilhelm Pieck, déclare dans un discours d’octobre 1950, juste après la promulgation de la loi, que cette dernière permettra « l’intégration des Umsiedler dans notre processus économique et social de développement71 ». Il y explique que l’intégration, malgré toutes les déclarations officielles, est loin d’être achevée : « Nous savons que beaucoup reste à faire. Nous savons, que les conditions de logement sont toujours mauvaises, que beaucoup de meubles et vêtements en tout genre manquent encore. Nous aidons et nous continuerons à aider, pour que les Umsiedler ne se sentent plus des Umsiedler mais puissent dire en toute légitimité, nous sommes citoyens de la RDA72. » La loi doit permettre, entre autre, un accès plus facile à des crédits à la consommation, ces derniers sont nécessaires à l’achat de meubles, et à des subventions destinées aux réfugiés appartenant aux catégories socio-professionnelles les plus importantes pour l’économie. Elle offre également des subventions pour la formation scolaire et professionnelle des jeunes. La loi soulève un débat dès sa promulgation, la CDU redoute que les réfugiés, surtout ceux qui se trouvent en situation de précarité, ne puissent pas respecter le délai de remboursement fixé à 3 ans73. En réalité, la loi s’adresse en priorité aux réfugiés les plus jeunes, en possession d’un emploi ou d’une formation et non pas aux plus démunis, notamment les retraités et les invalides. De même, l’obtention d’un tel crédit se révèle extrêmement difficile, ce qui amène Notker Schrammek à la conclusion suivante : « La règle était donc : beaucoup de paperasse pour peu d’aide74. »
43La loi connaît de nombreux ajustements dans les premiers mois de son existence, mais peu de changements significatifs. La Saxe, qui compte 22,8 % des réfugiés présents en RDA, reçoit 20,1 % des crédits octroyés. 7,4 % des réfugiés intégrés en Saxe bénéficient d’un crédit de 770,05 Reichsmark en moyenne par personne, soit 406,25 DM-Ost75. En février 1951, il devient évident que le remboursement des crédits subit un retard considérable : ce sont en première ligne les retraités et les personnes bénéficiant d’aides sociales qui ne peuvent pas s’acquitter de leurs remboursements76. Malgré un plan de remboursement échelonné sur trois ans, beaucoup avaient apparemment spéculé sur une annulation de ces dettes, et cela même dans les administrations qui ont accordé les crédits. Si le ministère des Finances propose au gouvernement de ne réclamer que le remboursement de 50 % des crédits, ce dernier refuse et de nombreux réfugiés se retrouvent endettés jusqu’à la fin des années 1950. Le gouvernement de la RDA tente de justifier son inflexibilité et précise que les crédits sont financés grâce aux fonds de pension (Spareinlagen) de la population d’origine, sur laquelle retomberait alors le prix de l’intégration. En tant que citoyens à part entière de la RDA, les réfugiés ne doivent pas bénéficier d’un traitement spécial, et payer leurs crédits comme toute autre personne. On est ici bien loin du Lastenausgleich ouest-allemand, qui fait de l’aide aux réfugiés un problème politique. Certains, pour échapper à ce remboursement, ou tout simplement dans l’incapacité de le payer, décident de partir en RFA pour bénéficier justement des grandes mesures de compensation du début des années 195077.
44La loi « Gesetz zur weiteren Verbesserung der Lage der ehemaligen Umsiedler », hâtivement décidée ou même selon certains « improvisée », est la dernière mesure d’aide explicitement destinée aux réfugiés. Elle reste aussi la seule aide concrète mise en place sur le moyen terme, soit pendant trois ans. Elle ne touche qu’une infime minorité des réfugiés, et laisse de côté les plus démunis. Elle permet aux réfugiés les plus jeunes, et à ceux qui sont d’ores et déjà insérés dans un milieu professionnel, une installation matérielle plus rapide. Le système du crédit exclut les plus pauvres mais surtout ne présente un attrait que pour ceux qui ont une certaine confiance en l’avenir et surtout qui ont accepté un avenir en RDA. En effet, et malgré la reconnaissance de la frontière entre la RDA et la Pologne, beaucoup ne sont pas encore prêts à accepter la pérennité de cette situation ou peinent à se reconstruire une existence. Bien plus qu’une mesure d’aide sociale et financière, la loi serait plutôt une réaction d’urgence à un climat d’insatisfaction générale, surtout sensible au niveau de la nouvelle population, elle « payerait son tribut non seulement aux problèmes sociaux mais aussi au grand danger politique potentiel des expulsés78 ».
45D’un point de vue social, la loi aurait dû prendre en compte, au même titre que les réfugiés, les personnes dont les logements avaient été détruits par les bombes et qui se retrouvent dans la même situation de précarité que les réfugiés les plus démunis. Quelques mois seulement après la reconnaissance de la frontière et une année après la création de la RDA, la loi revêt bien plus une fonction de stabilisation interne et externe pour le tout nouvel État qui cherche encore à s’établir durablement. Sur le plan international, elle cherche à concourir avec les mesures promulguées au même moment en RFA. Cette hâte dans la mise en place de la loi est critiquée même par le plus grand soutien du nouveau gouvernement est-allemand, la Commission centrale de la RDA, héritière de la SMAD. Pour elle, la loi sur l’amélioration des conditions de vie des anciens Umsiedler « montre dans sa mise en place comment il est possible, avec une bonne loi mais avec trop peu de préparation, de monter la population contre soi79 ».
46Dès 1950 et donc dès la promulgation de la loi, l’intégration des réfugiés et des expulsés est non seulement déclarée comme achevée mais surtout comme réussie, et il est affirmé qu’elle est même plus efficace et plus rapide qu’en République fédérale.
La « disparition » des réfugiés, souhait politique ou réalité locale ?
47Avec la disparition presque complète du terme « Umsiedler » dès l’année 1948, la SBZ cherche à clore le temps de l’intégration. Cependant la loi de 1950 et les problèmes persistants de part la relation conflictuelle entre la population et les réfugiés montrent la pérennité du problème bien au-delà de cette date, malgré la fermeture rapide de la ZVU. Si la loi de 1950 permet de surmonter le risque d’un conflit social, les années 1952 et 1953 sont marquées par la liquidation de cette problématique politique et la fermeture de toutes les administrations ou sections centrales, régionales et locales qui lui sont dédiées, ainsi que par la réorientation de ses fonctionnaires80.
48Une nouvelle phase commence, marquée par le tabou et la répression81. Ce tabou s’élargit aussi à tout ce qui concerne la politique de la SMAD et la phase d’occupation par les Soviétiques avec selon Norman Naimark de lourdes conséquences à long terme pour la société est-allemande :
« Dans la terminologie de la RDA, l’Allemagne de l’Est n’avait pas été “occupée” mais “libérée”. Jusqu’aux derniers jours de la RDA, on ne pouvait rien lire de concret, même dans les meilleurs livres d’histoire qui traitaient de la zone soviétique, à propos des avancées et mesures politiques de l’occupant russe. Une perte de mémoire forcée n’est jamais bonne pour un peuple82. »
49Les années 1952 et 1953 sont également marquées par la très grande déception des réfugiés face aux conséquences de la loi de 1950, qui provoque le surendettement là où la loi devait aider les plus démunis. Dès 1952, les réfugiés ont également en vue l’exemple de l’Allemagne de l’Ouest, où l’aide pour les expulsés prend une toute nouvelle dimension. Les contacts sont fréquents entre réfugiés de part et d’autre de la frontière, parfois issus des mêmes communes ou régions d’origine. Les réfugiés en RDA sont donc conscients du poids politique accordé à ces derniers à l’Ouest. Face à ce mécontentement, le SED décide de réagir par la force et interdit toute critique à la loi de 1950. De même, toute discussion sur une possible renégociation des frontières ou la mise en place en RDA d’une loi de compensation est désormais proscrite et punie. Le seul fait de mentionner l’existence de tels débats peut conduire à des poursuites. Lorsque la RDA cesse au milieu des années 1950 de mentionner les réfugiés et leur intégration, elle peut compter sur l’appui de la majorité de la population. Cette dernière avait déjà exprimé son mécontentement face à la loi de 1950, qui, selon elle, devrait aussi s’appliquer à d’autres victimes de la guerre, en premier lieu aux bombardés, aux veuves et aux orphelins de guerre.
50La répression et la politique du SED concernant la reconnaissance de la frontière forment le second volet de la politique d’intégration et font partie intégrante de sa stratégie que Michael Schwarz résume ainsi :
« La politique envers les réfugiés ne se limite pas, en SBZ et en RDA, à une politique sociale au service de l’intégration. Deux autres éléments, efficaces à long terme, s’y ajoutent : la politique de répression et la politique concernant la frontière (Grenzpolitik). Avec cette politique, les autorités de la SBZ et de la RDA veulent enlever aux réfugiés tout espoir de retour et les obliger à se tourner vers l’avenir (Zwang zur Zukunft)83. »
51Le défisocial et psychologique que représentent l’expulsion et l’arrivée au sein d’une société déjà constituée est largement mis de côté. Cependant, les autorités soviétiques puis est-allemandes donnent avec ce modèle officiel un cadre à l’intégration, qui, malgré la résistance des Soviétiques, s’avère au niveau local assez souple.
52Pour conclure, la politique des autorités suprêmes, qu’elles soient soviétiques ou allemandes, peut se définir en premier lieu comme une politique d’intégration menée sans conviction et pensée à court terme. La véritable intégration se fait au niveau local et individuel, quand la population, réfugiée ou non, cherche à se reconstruire une existence, loin de Berlin ou de Dresde mais dans un contexte social, politique, économique et idéologique entièrement bouleversé.
Notes de bas de page
1 Dès l’automne 1946, les autorités soviétiques décident d’octroyer une aide financière aux réfugiés les plus pauvres et à ceux qui ne peuvent travailler. Elle est payée jusqu’en 1949 et elle consiste en un paiement unique de 300 Reichsmark à chaque adulte et 100 RM pour chaque enfant. Elle concerne 45 % des réfugiés vivant dans la zone n’ayant pas encore atteint leur majorité. Cette mesure est la première aide concrète pour les réfugiés mise en place dans l’ensemble des zones d’occupation. Elle est cependant payée en Reichsmark, et perd une grande partie de sa valeur après la réforme monétaire, in M. Schwartz, Vertriebene und « Umsiedlerpolitik », op. cit., p. 92.
2 SächsHStA LRS 11377 no2287, Schriftwechsel mit den Stadt-und Landkreisen, 1947-1949 Fabisch-Direktion-An den Kreisrat zu Annaberg, Umsiedleramt, 19 février 1948.
3 StAL StVuR (1), no7639 Kreiskonferenz Sachsen, 18 juin 1947.
4 Chiffres du Brandebourg en septembre 1946, A. Bauernkämper, « Die vorgetäuschte Integration », in Geglückte Integration, op. cit., p. 197.
5 Ibid., p. 198.
6 Ibid., p. 199.
7 « La terre des Junker entre les mains des paysans », un Junker est le nom donné aux grands propriétaires fonciers notamment présents en Prusse, le nom comporte une connotation très militariste ; M. Boldorf, « Landarmut in der SBZ/DDR zwischen Bodenreform und Kollektivierung (1945-1952/53) », in U. Kluge, W. Halder et K. Schlenker (dir.), Zwischen Bodenreform und Kollektivierung. Vor-und Frühgeschichte der « sozialistischen Landwirtschaft » in der SBZ/DDR vom Kriegsende bis in die fünfziger Jahre, Stuttgart, 2001, p. 141.
8 « La politique (en faveur) des nouveaux paysans. »
9 M. Schwarz, « Umsiedler – Flüchtlinge und Vertriebene in der SBZ und DDR », art. cit., p. 95.
10 Les terres appartenant aux Églises ne sont pas concernées par les textes de loi, au niveau local cependant les terres peuvent être confisquées.
11 S. Donth, op. cit., p. 170.
12 M. Schwartz, « Umsiedler – Flüchtlinge und Vertriebene in der SBZ und DDR », art. cit., p. 94.
13 S. Donth, op. cit., p. 171.
14 Les difficultés particulières aux réfugiés dans le processus de dénazification sont approfondies dans le chapitre vi, partie III.
15 S. Donth, op. cit., p. 171.
16 Au niveau de la SBZ, 16,1 % des Neubauern sont des réfugiés, ils obtiennent 22,7 % des terres.
17 Organisation chargée de « l’aide mutuelle entre les paysans ». Elle est créée en 1947 et regroupe les commissions chargées de la distribution des terres et surveille par la suite le partage des machines agricoles, la production, etc.
18 A. Bauernkämper, « Die vorgetäuschte Integration », in Geglückte Integration, p. 195.
19 D. Hoffmann, H. Wentker (dir.), Das letzte Jahr der SBZ. Politische Weichenstellungen und Kontinuitäten im Prozess der Gründung der DDR, Munich, 2000, p. 251.
20 StAL StVuR (1), no611 Gesamtratssitzung Leipzig über das Wohnraumgesetz, 22 mars 1946.
21 P. Ther, Deutsche und Polnische Vertriebene, op. cit., p. 111.
22 StAL StVuR (1), no611, Gesamtratssitzung Leipzig über das Wohnraumgesetz, 22 mars 1946.
23 S. Donth, op. cit., p. 136-137.
24 P. Ther, Deutsche und Polnische Vertriebene, op. cit., p. 119.
25 Il existe également des camps spécialisés, comme ceux à destination des orphelins ou des enfants séparés de leurs parents par la guerre, le sujet est développé dans le chapitre vii, partie III.
26 Regine Just compte 102 camps en Saxe, contre 104 selon Manfred Jahn.
27 Au 1er octobre 1945, 148 camps sont déclarés en Saxe avec une capacité d’accueil de 65 000 personnes ; ils ne sont plus que 65 au 1er janvier 1946, avec une capacité d’accueil de 56 000 personnes ; in R. Just, Die Lösung, op. cit., p. 48.
28 S. Donth, op. cit., p. 130.
29 Idem.
30 Ibid., p. 132.
31 Ibid., p. 134.
32 Barch, Q-1, ZV Gesundheitswesen, in M. Wille (dir.), Die Vertriebenen in der SBZ/DDR – Dokumente, Band 1, op. cit., p. 385.
33 StAL StVuR (1) no7640, Protokoll zur Sitzung der kreisfreien Städte, 12 octobre 1945.
34 « Les ordres y sont les moins bien exécutés. Les informations y sont rares. Le temps de passage dans les camps est bien trop long, un rapport a cité des délais de 2 à 6 semaines ! », in StAL StVuR (1) no7638, Besprechung an der Zentralkommendatur bei Herrn Major Goldin, 25 novembre 1946.
35 S. Donth, op. cit., p. 139.
36 Ibid., p. 338.
37 S. Donth, op. cit., p. 338.
38 Ibid., p. 140.
39 I. Schwab, « Neue Heimat – Neues Leben »?, op. cit., p. 74.
40 StAL StVuR (1) no13426, Allgemeiner Monatsbericht über die Arbeit des Wohungs-und Siedlungsamtes, avril 1947.
41 StAL StVuR (1) no7648, Meldungen zur Umsiedleraktion, Umsiedlerstelle, 1946.
42 « Une série de plaintes de la part de personnes intégrées [ont été reçues], parce qu’il manque du mobilier, de lit, des tables, des chaises et des poêles dans les logements assignés. Le nombre de 3 800 lits et de 1 800 poêles doit être multiplié par 6 », in StAL StVuR (1) no7638, Besprechung an der Zentralkommandatur bei Herr Major Golodin, 25 novembre 1946.
43 SächsHStA LRS MdI 2285, Brief an die LRS, Hauptamt für deutsche Umsiedler, 9 octobre 1946, in A. Thüsing et W. Tischner, op. cit., p. 410-412.
44 Idem.
45 B. Horn, « Integration der Umsiedler in Leipzig (1945-1946) », in Räume voll in Leipzig, Leipzig, Tangent Verlag, 1994, p. 174.
46 I. Schwab, « Neue Heimat – Neues Leben »?, op. cit., p. 70.
47 StAL StVuR (1) no7639, Ratssitzung, 17 mars 1947.
48 I. Schwab, « Neue Heimat – Neues Leben »?, op. cit., p. 71.
49 StAL StVuR (1) no 289, 5. Sitzung des Sozialauschusses, 3 avril 1947.
50 StAL StVuR (1) no 7642, LVZ – Die Beschlüsse der LRS zur Wohnraumbeschaffung, 20 juillet 1949.
51 StAL StVuR (1) no 644, Stadtarzt an das Gesundheitsamt, Begehung von Umsiedlerwohnungen, 30 janvier 1948.
52 Idem.
53 StAL StVuR (1) no 7644, Bericht über die Wohnverhältnisse Vertrieber in Leipzig, Abt. Familienfürsorge, 4 septembre 1949.
54 I. Schwab, « Neue Heimat – Neues Leben »?, op. cit., p. 86.
55 La commission économique allemande, autrement dit l’administration centrale la plus puissante en SBZ.
56 P. Ther, Deutsche und Polnische Vertriebene, op. cit., p. 151.
57 M. Wille (dir.), Die Vertriebenen in der SBZ/DDR - Dokumente, Band 3, op. cit., p. 300.
58 SAPMO-Barch Positionspapier der ZVU zur organisatorichen Änderung der Umsiedlerarbeit, 19 janvier 1948, DY30/IV2/2.027/34, in ibid, p. 307.
59 SAPMO-Brch, Ausarbeitung der Abteilung Landespolitik des Parteivorstandes der SED zur Weiterführung des Assimilationsprozesses der Umsiedler, 8 novembre 1948, DY 30/IV 2/5/243, in M. Wille (dir.), Die Vertriebenen in der SBZ/DDR – Dokumente, Band 3, op. cit., p. 317-318.
60 Neue Zeit, 14 novembre 1948, in ibid., p. 319-320.
61 StAL StVuR (1) no289, 5. Sitzung des Sozialauschusses, 3 avril 1947.
62 « Les résultats statistiques doivent rester confidentiels », in StVuR (1) no2037, Abschrift der LRS Sachsen, Ministerieum für Arbiet und Sozialfürsorge an die Städte Leipzig, Görlitz, Dresden, 15 septembre 1947.
63 M. Wille (dir.), Die Vertriebenen in der SBZ/DDR-Dokumente, Band 3, op. cit., p. 306.
64 StAL StVuR (1) no2037, Sozialamt an Hauptverwaltungsamt, 18 février 1948.
65 « Le transfert de population civile est terminé », in StAL StVuR (1) no7639, Sozialamt an den OBM, 28 novembre 1947, le terme « civil » fait référence au fait que la région devra désormais accueillir uniquement des soldats en retour de captivité, des Heimkehrer.
66 « Loi pour l’amélioration des conditions de vie des anciens Umsiedler », 1950-1953, in StAL StVuR (1) no 7642.
67 « Frontière de la paix. »
68 « Illusion d’un retour. »
69 Sujet développé dans la troisième partie.
70 Littéralement « compensation des charges ». Cette loi permet aux réfugiés en RFA de faire reconnaître les les pertes qu’ils ont subies à la suite à la défaite allemande et de recevoir pour cela une compensation financière. Il s’agit cependant d’une compensation et non pas du remboursement de ce qu’ils ont laissé derrière eux.
71 M. Schwartz, « Vertriebene und Umsiedlerpolitik », op. cit., p. 1019.
72 M. Schwartz, Vertriebene und « Umsiedlerpolitik », op. cit., p. 1020.
73 Ibid., p. 1025.
74 N. Schrammek, op. cit., p. 282.
75 M. Schwartz, Vertriebene und « Umsiedlerpolitik », op. cit., p. 1055.
76 Ibid., p. 1080.
77 La loi sur les compensations (Lastenausgleich) permet en RFA l’obtention d’aides financières qui doivent compenser les pertes financières et matérielles des réfugiés afin de leur permettre un nouveau départ dans les mêmes conditions que celles que connaît le reste de la population.
78 M. Schwartz, Vertriebene und « Umsiedlerpolitik », op. cit., p. 1030-1031.
79 Ibid., p. 1056.
80 M. Schwartz, Vertriebene und « Umsiedlerpolitik », op. cit., p. 65.
81 « Ce qui suivit ne fut que réalisation sociale et politique ainsi que répression étatique et policière », in idem.
82 N. M. Naimark, Die Russen in Deutschland, op. cit., p. 10.
83 M. Schwarz, « Umsiedler – Flüchtlinge und Vertriebene in der SBZ und DDR », art. cit., p. 98.
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