Convicium et clamor : la justice romaine face aux cris de la foule
p. 211-220
Texte intégral
1Dans la Rome antique, les clameurs populaires sont associées à la reconnaissance d’un ordre social et politique. Inversement, elles peuvent être liées à l’idée d’un dérèglement, d’un désordre qui peut aller jusqu’à l’émeute ou seditio. Au centre de ces manifestations se trouve la voix. La voix du citoyen sert à exprimer deux de ses qualités intrinsèques : sa gravitas et son auctoritas. Par ailleurs, la voix est un organe du pouvoir, comme le souligne Jean-Michel David dans son étude du praeco1, ou héraut, qualifié d’« instrument vocal ». Ce dernier marque les limites du temps et de l’espace civique, en faisant faire silence à la foule et en créant ainsi les conditions nécessaires au déroulement de rituels civiques, religieux ou politiques2.
2Parmi les rituels qui fondent la société romaine, l’exercice de la justice. Or rendre la justice induit trois éléments : un espace, une gestuelle, des sons. L’espace judiciaire se définit entre autres, et peut-être surtout, par la voix même de l’orateur3. Il s’étend aussi loin que sa voix porte et que les réactions du public sont audibles. Le modèle de l’orateur qui sait se faire entendre, au milieu des clameurs, et bien au-delà de son propre tribunal, reste Publius Galerius Trachalus au Ier s. apr. J.-C.4. Dans le procès romain à la fin de la République, interagissent trois acteurs : les plaideurs, leurs patrons (ou défenseurs) et le public,
« omniprésent : en tant que censeur vigilant des comportements, il blâme les poursuites inconvenantes, condamne la pusillanimité d’un parent réticent à venger une victime et à rendre coup pour coup ; il applaudit aux accusations triomphantes et se passionne pour l’innocence injustement attaquée mais valeureusement défendue5 ».
3L’intervention sonore de la foule des spectateurs dans le déroulement même du procès est bien attestée. Ainsi lors du procès de Verrès, Cicéron se réfère « aux cris et aux menaces du peuple » alors que l’orateur résiste aux menées de ses adversaires pour récuser et changer les jurés6. Il en est de même lors du procès de Milon en 52 av. J.-C. ; ce dernier a tué le populaire Clodius et il est défendu par Cicéron. L’agitation est telle que Pompée, l’homme fort du moment, alerté par les cris, fait intervenir ses troupes. Plus tard, le silence n’est finalement rompu que par les cris des partisans de Clodius, qui font apparemment perdre un peu de sa superbe oratoire à Cicéron7. Cicéron va même jusqu’à comparer les partisans de Clodius, comme d’ailleurs ceux de Verrès, à la meute de chiens hurlants attachés au monstre Scylla8. Dans son plaidoyer en faveur de Rabirius, l’orateur oppose les manifestations sonores de ceux qui veulent l’intimider au silence digne du peuple9.
4Le procès n’est pas le seul moment où le public peut intervenir : il peut être présent lors de l’enquête et surtout au moment de l’exécution de la sentence. Dans les sources dont nous disposons, aussi bien littéraires que juridiques, cette pression populaire n’apparaît pas seulement aux derniers siècles de la République, mais également à l’époque impériale, par exemple dans une œuvre romanesque comme les Métamorphoses d’Apulée ou encore dans la littérature martyrologique10.
5Seront d’abord abordés les manifestations sonores de la foule et leur traitement dans le droit romain, qui oscille entre acceptation et répression. Ces manifestations peuvent d’ores et déjà être classées en deux grandes catégories : les cris licites, qui ont en particulier pour objet la création d’un espace de légitime défense par l’appel au secours contre les malfaiteurs ; des cris illicites, réprimés par la loi, car considérés comme facteurs de désordres. En effet, le droit romain définit, autorise ou sanctionne un certain nombre de manifestations verbales, et cela, dès la loi des Douze Tables, traditionnellement datée de 450-449 av. J.-C.11, à commencer par le convicium.
Un délit : le convicium
6Au livre 77 de son commentaire de l’édit, Ulpien, juriste d’époque sévérienne, propose comme étymologie de convicium : « un rassemblement de voix » (collatio vocum ou convocium) :
« On dit convicium ou de l’appel (concitatio) ou du rassemblement (conventus), c’est-à-dire du concert de voix. De fait, quand, contre un seul, plusieurs voix convergent, on dit convicium, comme si c’était convocium12. »
7Cette étymologie est aujourd’hui généralement admise et reprise par les linguistes13. Néanmoins, au IIe siècle apr. J.-C., le lexicographe Sextus Pompeius Festus rattache convicium à vicus et donc au voisinage14.
8Certains éléments sont indispensables pour qu’il y ait convicium : il faut à la fois une vociferatio (qu’une personne ou plusieurs prennent la parole) et un rassemblement (in coetu15). Car son objectif est justement de créer un désordre bruyant pour dénoncer les agissements d’une personne. Le conuicium semble trouver son origine dans l’occentatio, pratique déjà attestée – et réprouvée – par la loi des Douze Tables. Festus établit ainsi un lien entre convicium et occentatio16 :
« Les Anciens désignaient sous le nom d’occentatio ce que nous appelons maintenant convicium facere, ce qui se fait ouvertement et avec un certain bruit, de telle sorte que cela puisse s’entendre de loin, ce qui est considéré comme honteux (pour celui qui est visé) parce qu’on pense que cela n’est pas fait sans raison17. »
9Les connotations de base du verbe occentare sont le tapage et le mauvais présage, conservées, à l’époque impériale, dans l’utilisation de ce verbe archaïque et des termes appartenant à sa famille18.
10Le convicium fait l’objet d’un édit prétorien (de convicio), sans doute vers 200 av. notre ère19 ; dès lors, il est constitué en délit. Atteinte mineure à l’ordre public, le conuicium se définit avant tout par des injures verbales et entre dans la catégorie juridique de l’iniuria verbis20. Ce délit est traité dans le chapitre du Digeste consacré aux autres formes d’atteinte à la réputation des personnes, telles que le libelle diffamatoire. D’ailleurs convicium finit par désigner l’injure verbale elle-même21.
11Du strict point de vue juridique le convicium n’est réalisé que lorsque trois éléments sont réunis : le fait qu’il y ait une injure verbale prononcée et dirigée clairement contre une personne bien définie22 ; que cela ait lieu en réunion23 ; enfin, aduersus bonos mores, contre les bonnes mœurs24. Peu importe que la personne visée soit physiquement présente ; elle doit être nommée, et cela dans un lieu qui ne laisse pas de doute sur la volonté de l’auteur du conuicium à inciter le public à se retourner contre elle : cela peut être devant sa maison ou encore une boutique25. Les conséquences d’un conuicium peuvent être graves : des destructions matérielles, notamment l’incendie de la maison de la personne dénoncée, aussi bien que des atteintes physiques à sa personne, peuvent découler de cette dénonciation publique bruyante26. Sa catégorisation délictuelle montre ainsi la force collective du cri, qui représente un élément déterminant par rapport aux autres éléments constitutifs du délit27.
12Comme forme de manifestation collective, le convicium est assez mal attesté dans les sources littéraires. Un extrait de l’Apologie d’Apulée est habituellement utilisé pour illustrer le conuicium qui aurait été dirigé contre le prétendu magicien. Apulée est publiquement dénoncé, en plein forum d’Oea, vers 160 apr. J.-C., et accusé de magie. L’accusateur d’Apulée, Rufinus, par ses allégations véhémentes, crée autour de lui un attroupement, qui aurait fort bien pu dégénérer. Le terme même de conuicium, qui aurait permis à l’accusé d’engager une poursuite pour iniuria, n’est cependant pas utilisé. Apulée insiste d’ailleurs uniquement sur le rôle de son accusateur. La scène a l’intérêt de montrer comment pouvait débuter un conuicium : par ses accusations, Rufinus vise à créer de l’animosité (iniuidia) contre Apulée28, et par son agitation, il génère un attroupement. Le désordre qu’il provoque est indéniable, comme le montre l’allusion aux bacchantes.
13Dans l’un des exercices rhétoriques des Déclamations mineures du Pseudo-Quintilien, est abordé le cas d’un « conviciator » : spécialiste du convicium, ce pauvre meurt dans une rixe avec les hommes de main du riche qu’il harcelait ainsi29.
14Le convuicium est généralement interprété comme une forme de justice populaire30, dont les législateurs cherchent à limiter l’exercice31. Si le convicium est réprimé, il n’en est pas de même d’un certain nombre de cris licites, qui servent le plus souvent à appeler les proches, le voisinage ou la foule à la rescousse.
Des cris licites : l’appel autorisé à la foule
15 L’obvagulatio représente une forme spécifique du convicium, dirigée contre une personne précise. Là encore le terme insiste sur l’aspect sonore de cette manifestation. Car si vagulare a pour sens premier : « vagir » ou « chevroter », par dérivation, il signifie « résonner ». Le mot est attesté par deux passages de Festus, qui le fait remonter à la loi des Douze Tables. Il définit la vagulatio comme une plainte « questus [quaestio] cum convicio », à l’encontre de celui dont le témoignage fait défaut. Un rassemblement est organisé devant la porte du témoin récalcitrant, afin de le contraindre à témoigner ou de le punir ainsi pour ne pas avoir témoigné32.
16Outre cette manifestation sonore et collective qui vise à la dénonciation d’une personne dont le manquement entrave en quelque sorte le cours de la justice, le cri peut aussi devenir un outil de régulation directe du désordre. Dans certaines circonstances, face aux voleurs, aux meurtriers et autres ravisseurs, manifester bruyamment devient une obligation légale. Le rapprochement a souvent été fait avec le cri « haro ». Il s’agit en effet d’un cri qui « rend licite l’usage de la violence ouverte et collective33 ».
17D’après Cédric Brélaz, « la seule précaution que doit prendre le particulier pour pouvoir exécuter impunément le voleur est d’émettre un cri ou un appel (endoploratio) dans le but d’ameuter des voisins pouvant servir de témoins à la mise à mort, ce qui donne une dimension publique à l’événement34 ».
18Il existe ainsi des situations dans lesquelles il est non seulement permis mais aussi obligatoire d’ameuter par ses cris, la maisonnée, le voisinage, le quartier.
19Dans un passage consacré à la loi Aquilia35, Gaius, juriste du IIe siècle de notre ère, évoque des cas de légitime défense36. Dans le cas d’un voleur nocturne, pris sur le fait, il est permis de le tuer : de même, le voleur armé, qui tente de se défendre, de jour, peut être tué sans que cela soit tenu pour un homicide. Néanmoins, une condition est commune à ces deux cas de mises à mort en quelque sorte dépénalisées : le clamor doit attester la publicité donnée à cet acte. La maisonnée, comme le proche voisinage, doit pouvoir témoigner du respect des conditions autorisant une mise à mort sans passer par une procédure judiciaire normale. Là encore il faut en revenir à la loi des Douze Tables, qui est à l’origine de ces limites imposées à la mise à mort d’un voleur par une personne privée. Il s’agit de l’endoploratio ou endo plorato37.
20En ce sens le cri qui a pour fonction première d’ameuter le voisinage, devient un élément de preuve quant à la publicité donnée à un acte autrement interdit : mettre à mort un criminel sans recours à la justice. Le bruit même causé par le désordre – la foule émeutière, les cris des gens de la maison – devient alors le vecteur d’un retour à l’ordre. Et le principal support en est la voix, outil de la dénonciation collective.
Les cris comme expression d’une demande de sanction, plus généralement de justice
21Les clameurs de la foule peuvent enfin être dirigées contre un certain nombre de personnes (criminels ou chrétiens, notamment) pour demander une sanction. Cela pose le problème de la légitimité et de la place des revendications populaires dans l’administration de la justice, à l’époque impériale. Julien Fournier, dans son ouvrage sur l’administration judiciaire dans l’Orient romain, parle d’ailleurs de « formes alternatives de participation populaire38 ».
22Dans les sources juridiques, le clamor correspond d’abord au cri par lequel on prévient d’un danger ou par lequel on appelle au secours. Mais il désigne ensuite les cris d’une foule, dans les sources littéraires, au sens positif d’acclamation ou plus négatif de clameur. Un deuxième mot, souvent employé dans un contexte de désordre, est celui de uox, ou plus fréquemment au pluriel, de uoces. Enfin un certain nombre de verbes expriment une volonté. Il s’agit surtout du verbe postulare, la postulatio étant la manifestation verbale de la volonté de la foule.
23Les clameurs de la foule rapportées par les sources, sont d’abord l’expression d’une volonté, qu’il s’agisse d’un refus ou d’une réclamation39, exprimée le plus souvent lors de spectacles et dans le but de faire pression sur les autorités.
24Le cri « ad leonem » est le plus attesté, sans doute parce qu’il est utilisé à l’encontre des chrétiens40. On connaît le passage de Tertullien qui, à la fin du IIe siècle de notre ère, fait écho à cette demande récurrente de leur châtiment :
« Mais ce nom de factieux, il faut l’appliquer, au contraire, à ceux qui conspirent pour exciter la haine contre des gens honnêtes et doux, et qui réclament à grands cris (conclamant) le sang des innocents. À la vérité, ils allèguent, entre autres vains prétextes, qu’ils regardent les chrétiens comme la cause de tous les désastres publics, de tous les malheurs nationaux.
Le Tibre a-t-il débordé dans la ville, le Nil n’a-t-il pas débordé dans les campagnes, le ciel est-il resté immobile, la terre a-t-elle tremblé, la famine ou la peste se sont-elles déclarées, aussitôt on crie : « Les chrétiens au lion ! » Eh quoi ! tant d’hommes à un seul lion41 ! »
25Dans le récit du martyre de l’évêque de Smyrne, Polycarpe, sans doute sous le règne de Marc Aurèle, le peuple, réuni pour assister aux fêtes impériales offertes par l’assemblée provinciale, exige à deux reprises le châtiment du chrétien. Les spectateurs réclament tout d’abord qu’il soit exposé aux lions puis, devant le refus des autorités, qu’il soit brûlé vif42. Il en est de même dans quelques passages de la correspondance de Cyprien, évêque de Carthage au milieu du IIIe siècle : il dit avoir été réclamé par la foule assemblée au cirque pour être exposé aux lions43. Ces cris de la foule pour obtenir le châtiment de criminels, ou considérés tels, sont bien attestés dans les sources44.
26Pour faire connaître une situation à l’empereur, y compris quand il ne s’agit pas du cadre normal d’un spectacle, les clameurs (voces) lui sont rapportées45. C’est le cas pendant le conflit entre les partisans de Damase et ceux d’Ursinus. Un passage de la Collectio Avellana paraît à cet égard particulièrement intéressant puisqu’il montre comment un groupe de chrétiens exerce une pression sonore pour demander la tenue d’un procès, et obtient finalement que l’empereur revienne sur une sanction pénale46. Le 24 septembre 366, l’évêque de Rome, Libère, meurt, laissant le siège épiscopal vacant. Ursinus est alors élu, ainsi que Damase. En octobre des affrontements ont lieu entre partisans des deux évêques. Ursinus et certains de ses partisans sont condamnés à l’exil. Ursinus rentre, dès le 15 septembre 367, mais il doit repartir en exil en novembre de la même année. Cependant ses partisans se rassemblent dans la basilique de Libère : ils chantent des psaumes mais en appellent à l’empereur (clamabant) pour que Damase soit jugé lors d’un procès. Finalement « les clameurs de la plèbe sont rapportées au prince Valentinien, qui, mû par la piété, concéda le retour aux exilés47 ».
27Les autorités impériales n’étaient pas toujours favorables à ces manifestations populaires. Le rescrit d’Hadrien à Minucius Fundanus, nous a été transmis en grec par l’Apologie de Justin puis l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée :
« Si donc les habitants de la province peuvent soutenir ouvertement cette pétition contre les chrétiens, de manière à ce que l’affaire soit plaidée devant le tribunal, qu’ils se servent de ce seul moyen, et non pas de pétitions ou de simples cris48. »
28Une constitution des empereurs Dioclétien et Maximien, conservée au Code Justinien, mentionne encore ces interventions bruyantes du peuple dans le cours de la justice :
« Les empereurs Dioclétien et Maximien Augustes ont déclaré en leur consistoire : “Les fils de décurions ne doivent pas être jetés aux bêtes”. Et alors que le peuple se récriait, ils dirent une seconde fois : “les cris sans fondement du peuple (vanae voces populi) ne doivent pas être écoutés ; en effet, il ne faut pas croire leurs clameurs (vocibus eorum) soit qu’ils désirent faire absoudre d’un crime un coupable, soit faire condamner un innocent49”. »
29Ces interventions populaires ne sont pas réprimées ; pour autant elles ne doivent pas devenir des moyens de pression sur la justice.
30Un épisode montre comment la foule peut aussi rester sans voix, face à une exécution massive. En effet, lors de la condamnation des esclaves du préfet de la Ville Pedanius Secundus, qui a été assassiné en 61 apr. J.-C.50, le peuple réagit pour faire pression sur les juges, puis lors de l’exécution de la sentence : des soldats doivent être disposés tout au long du parcours pour contenir la foule. Le sénatus-consulte silanien, datant de 10 apr. J.-C., prévoyait que tous les esclaves vivant sous son toit, soient soumis à la question, dans l’espoir de découvrir les complices du meurtrier, voire le meurtrier lui-même. Il dispose également que les esclaves d’une maisonnée dont le maître a été assassiné doivent être exécutés pour ne pas l’avoir secouru. Dans le cas de Pedanius Secundus, l’importance de la famille servile pose problème : il s’agit de plusieurs centaines de personnes.
31Cette situation suscite des réactions populaires, puis des débats au sein même du Sénat. Mais c’est le respect de la tradition qui l’emporte : les esclaves de Pedanius Secundus doivent donc être exécutés. La foule, face à une sanction pénale considérée comme injuste, reste finalement sans voix, cette dernière étant monopolisée par le Sénat, dans le cadre des débats, puis par l’empereur, qui prend un édit imposant l’application de la sentence. Restent donc les armes de l’émeute : pierres et torches évoquées par Tacite.
Notes de bas de page
1 Jean-Michel David, « Le prix de la voix : remarques sur la clause d’exclusion des praecones de la Table d’Héraclée », dans Théodora Hantos (éd.), Laurea internationalis. Festschrift für J. Bleicken zum 75. Geburstag, Stuttgart, Steiner, 2003, p. 81-106 ; id., « La baguette et la voix », in Sons du pouvoir dans les mondes anciens, sous la dir. de M. T. Schettino et S. Pittia, Besançon, Pr. Univ. de Franche Comté, 2012, p. 313-327.
2 Ibid., p. 88 : « Leur tâche était plus précisément de proclamer les formules qui faisaient d’une foule turbulente un peuple attentif et structuré dans sa participation au rituel civique. »
3 Francesco de Angelis, « Ius and space: an introduction », in Spaces of Justice in the Roman World. Ed. Francesco deAngelis, Leiden-Boston, Brill, 2010, p. 10.
4 Quintilien, Institution oratoire, XII, V, 5 ; Tacite, Hist., I, 90. Luc Duret, « dans l’ombre des plus grands : II. Poètes et prosateurs mal connus de la latinité d’argent », ANRW II. 32, 1986, p. 3152-3346 : sur Trachalus, p. 3259-3260.
5 Michel Humbert, « Le procès romain : une approche sociologique », Archives de philosophie du droit, 39, 1995, p. 76. Voir également Claude Nicolet, Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris, Gallimard, 1979, 2e éd. revue, p. 494-516 ; sur la politisation des procès par la plèbe voir Cyril Courrier, La plèbe de Rome et sa culture (fin du IIe s. av. J.-C./ fin du Ier s. ap. J.-C.), Rome, BÉFAR, à paraître, en particulier chap. VI : « “Apolitisée” ? Intégration politique, comportements collectifs et volonté plébéienne à l’époque républicaine ».
6 Cicéron, Contre Verrès, II, I, LXI, 158.
7 Asconius in Milonianam 36 (Q. Asconii Pediani Orationum Ciceronis quinque enarratio, éd. Albert Curtis Clark, Oxford, 1re éd. 1907, p. 41-42) : « Cicero cum inciperet dicere, exceptus est acclamatione Clodianorum, qui se continere ne metu quidem circonstantium militum potuerunt. Itaque non ea qua solitus erat constantia dixit … » ; voir Asconius Commentaries on speeches by Cicero, translated with introduction and commentary by R. G. Lewis, Oxford Univ. Pr., et Fergus Millar, The Crowd in Rome in the Late Republic, Ann Arbor, Univ. of Michigan Pr., 1998, p. 181-184.
8 Cic., De la réponse des haruspices, 59 ; Jean-Michel David, Le patronat judiciaire au dernier siècle de la République, Rome, BÉFAR-277, 1989, p. 260-261.
9 Cicéron, Pour Rabirius, VI, 18.
10 Voir Julien Fournier, Entre tutelle romaine et autonomie civique : l’administration judiciaire dans les provinces hellénophones de l’Empire romain (129 av. J.-C./235 apr. J.-C.), Athènes, BÉFAR-341, 2010, p. 384-396 en particulier.
11 Michel Humbert, « La crise politique du Ve siècle et la législation décemvirale », dans Crise et transformation des sociétés archaïques de l’Italie antique au Ve siècle av. J.-C., Rome, 1990, p. 263-287 ; André Magdelain, « le ius archaïque », MÉFRA 98, 1986, p. 256-358. Voir Roman Statutes. II, ed. by M. H. Crawford, Londres, 1996.
12 D. 47, 10, 15, 4. Trad. Annette Ruelle, « Les Douze Tables et l’invidia : archaïsme ou innovation ? », RIDA 47, 2000, p. 44, n. 46.
13 Annette Ruelle, « Les Douze Tables et l’invidia : archaïsme ou innovation ? », RIDA 47, 2000, p. 43, n. 45 ; Alfred Ernout, Antoine Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, Paris, 1967, s. v. convicium. Contra: G. L. Hendrickson, « Convicium », CPh 2, 1926, p. 114-119.
14 Festus, De verborum significatione, ed. W.M. Lindsay, Teubner, 1913, p. 36.
15 D. 47, 10, 15 (Ulpien, lib. 77 ad ed.).
16 Andrew W. Lintott, Violence in Republican Rome, Oxford, 1968, p. 8-9: « a vocal means of bringing infamy ».
17 Festus, De verborum significatione, ed. W.M. Lindsay, Teubner, 1913, p. 160.
18 Annette Ruelle, « Les Douze Tables et l’invidia : archaïsme ou innovation ? », RIDA 47, 2000, p. 63-64.
19 Ibid., p. 43, n. 44 ; p. 45, n. 53 sur la datation de l’édit de convicio.
20 Jean-Benoît Clerc, dans Homines magici. Étude sur la sorcellerie et la magie dans la société romaine impériale, Paris, P. Lang, 1995, p. 57, propose cette définition du convicium : « Les juristes romains regroupent en effet sous ce terme technico-juridique toute iniuria uerbis avec attroupement qui diffamait et rendait odieuse une personne dont on dénonçait publiquement et dans un concert de vociférations quelques travers, vices ou fautes et dont on révélait le nom. »
21 Sur l’évolution du terme : Annette Ruelle, « Les Douze Tables et l’invidia : archaïsme ou innovation ? », RIDA 47, 2000, p. 45 et n. 50 et 51 ; Alfred Ernout, Antoine Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, Paris, 1967, p. 141.
22 D. 47, 10, 15, 7; 9.
23 D. 47, 10, 15, 4; 8; 11.
24 D. 47, 10, 15, 5-6; SP, V, 4, 21.
25 D. 47, 10, 15, 7: « domum, stationem, tabernam ».
26 Andrew W. Lintott, Violence in republican Rome, 1968, p. 8-9: « It appears that occentatio might be accompanied by the burning down of the door of a man’s house… » Sur le rapport entre conuicium et occentatio, voir Jean-Benoît Clerc, Homines magici. Étude sur la sorcellerie et la magie dans la société romaine impériale, Paris, P. Lang, 1995, p. 57, n. 236.
27 Annette Ruelle, « Les Douze Tables et l’invidia : archaïsme ou innovation ? », RIDA 47, 2000, p. 69.
28 Apulée, Apologie, 82, 3-6. Jean-Benoît Clerc, Homines magici. Étude sur la sorcellerie et la magie dans la société romaine impériale, Paris, P. Lang, 1995, p. 58 : « La victime d’un maléfice qui attirait bruyamment l’attention de l’opinion publique sur son sort ne le faisait certainement pas seulement pour qu’on la prît en pitié. En dénonçant à grands cris et dramatiquement le magicien tenu pour responsable de son sort, elle voulait par des déclarations fracassantes, bien faites pour exciter la haine et l’indignation, pousser la foule des spectateurs à exercer une sorte de justice spontanée et populaire, en châtiant sans autre forme de procés le magicien. » Voir également p. 306.
29 Ps.-Quintilien, Declamationes, CCCLXIV : « Conviciator pauper occisus », Teubner, 1965, p. 395-396.
30 Hermann Usener, « Italische Volksjustiz », RhM 56, 1901, p. 1-28; Geoffrey MacCormack, « Witnesses in the law of the twelve tables », BIDR 76, 1973, p. 235: « Since the investigations of Usener it has been generally accepted that such public abuse is a remnant of an earlier and all persuasive Volksjustice. »
31 Paul Veyne, « Le folklore à Rome et les droits de la conscience publique sur la conduite individuelle », Latomus 42, 1983, p. 21.
32 Roman Statutes. II, ed. by M. H. Crawford, Londres, 1996, p. 621. Voir J. A. Arias Bonet, « Prueba testifical y “obvagulatio” en el antiguo derecho romano », dans Studi in onore di Pietro di Francisci, I, Milan, 1956, p. 285-301.
33 Valérie Toureille, « Cri de peur et cri de haine : haro sur le voleur. Cri et crime en France à la fin du Moyen Âge », dans Haro ! Noël ! Oyé ! Pratiques du cri au Moyen Âge, sous la dir. de Didier Lett et Nicolas Offenstadt, Paris, Publications de la Sorbonne, 2003, p. 178. Voir également L. L. Hammerich, Clamor. Eine Rechtsgeschichtliche Studie, Copenhague, Ejnar Munksgaard, 1941.
34 Cédric Brélaz, « Lutter contre la violence à Rome : attributions étatiques et tâches privées », dans Les exclus dans l’Antiquité. Actes du Colloque organisé à Lyon les 23-24 sept. 2004, rassemblés et édités par Catherine Wolff, Paris, De Boccard, 2007, p. 225 et n. 31.
35 La loi Aquilia porte sur des injures et date du début du IIIe s. av. n. è.
36 D. 9, 2, 4, 1. Gaius, ad Edict prov 7: « ut tamen id ipsum cum clamore testificetur », dans Roman Statutes. II, ed. by M. H. Crawford, Londres, 1996, p. 609 et s.
37 Festus, De verborum significatione, ed. W. M. Lindsay, Teubner, 1913, p. 67, pour imploratio : « C’est demander avec des cris ; car implorare signifie solliciter avec des larmes, ce qui arrive à une personne battue. » Alfred Ernout, Antoine Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, Paris, 1967, s. v. plorare, p. 516 : se plaindre, se lamenter, pousser des cris de douleur. Franz Wieacker, « Endoplorare. Diebstahlsverfolgung und Gerüft im altrömischen Recht », dans Festschrift für Leopold Wenger zu seinem 70 Geburstag, I, Münich, Beck, 1944, p. 129-179. D’après Claire Lovisi, Contribution à l’étude de la peine de mort sous la République romaine (509-149 av. J.-C.), Paris, De Boccard, 1999, p. 80, ploratio comme « malédiction rituelle ».
38 Julien Fournier, Entre tutelle romaine et autonomie civique. L’administration judiciaire dans les provinces hellénophones de l’Empire romain (129 av. J.-C.-235 apr. J.-C.), Athènes, BÉFAR-341, 2010, p. 251 et s.
39 Comme le peuple réagissant à l’offre de Didius Julianus : Dion Cassius, LXXIIII (LXXIV), XIII, 3.
40 Voir Jean-Claude Fredouille, « Les chrétiens aux lions ! », BAGB, 1987, p. 329-330.
41 Tertullien, Apologétique, 40, 1-2 (trad. Jean-Pierre Walzing, CUF, 1971). Il y fait également référence dans deux autres œuvres : De Resurrectione, 22, 9 et De exhortatione castitatis, 12, 4.
42 Martyre de Polycarpe, XII. (trad. Pierre Thomas Camelot, Paris, SC 10bis, 2007). Juan De Churruca, « L’intervention du peuple dans la condamnation de l’évêque Polycarpe de Smyrne », dans Justice populaire. Actes des Journées de la Société d’histoire du droit, Lille, 25-28 mai 1989, Hellemes, ESTER, L’espace juridique, 1992, p. 38 et s. ; Julien Fournier, Entre tutelle romaine et autonomie civique : l’administration judiciaire dans les provinces hellénophones de l’Empire romain (129 av. J.-C.-235 apr. J.-C.), Athènes, BÉFAR-341, 2010, p. 387 ; Les villes libres de l’Orient gréco-romain et l’envoi au supplice par acclamations populaires, Bruxelles, Latomus, coll. « Latomus », vol. LXXII, 1965, p. 126 et s. Sur les chrétiens de Lyon en 177 : Jean Colin, Les villes libres de l’Orient gréco-romain et l’envoi au supplice par acclamations populaires, Bruxelles, Latomus, coll. « Latomus », vol. LXXII, 1965 p. 130.
43 Cyprien, Ep. XIV, 1, 2; XX, 1, 2; LIX, 6, 1: « ad leonem petitus in circo … », « clamore popularium ad leonem denuo postulatus in circo ». Voir également Histoire Auguste, Commode, XVIII, 10 ; 15 : « Exaudi Caesar : delatores ad leonem. Exaudi Caesar : Speratum ad leonem ».
44 Jean Colin, Les villes libres de l’Orient gréco-romain et l’envoi au supplice par acclamations populaires, op. cit., en partic. n. 4 et 5 p. 109 ; plus généralement p. 113-134. L’auteur fournit un certain nombre de références de ces clameurs populaires, dans son étude de l’épiboésis (ou acclamation).
45 Par exemple CTh. I, 16, 6 = CJ 1, 40, 3 (1er nov. 331) ; voir Roland Delmaire, « Quelques aspects de la vie municipale au Bas-Empire à travers les textes patristiques et hagiographiques », dans Splendidissima civitas. Études d’histoire romaine en l’honneur de François Jacques, réunies par André Chastagnol, Ségolène Demougin et Claude Lepelley, Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, p. 44.
46 Il s’agit d’un recueil de lettres émanant d’empereurs ou d’évêques de Rome, datant du IVe au VIe siècle. Le recueil connu actuellement date sans doute du pontificat de Virgile, après 553.
47 Coll. Av., I, 10 : « Voces ergo plebis ad Valentinianum principem sunt delatae, qui pietate commotus reditum concessit exulibus. »
48 Eusèbede Césarée, Histoire ecclésiastique, IV, VIII, 6-IX, ici IX, 2. Trad. Gustave Bardy, SC, 1952.
49 CJ IX, XLVII, 12 [De poenis].
50 Consul suffect en 43 apr. J.-C., préfet de la Ville de 56 jusqu’au moment de son assassinat en 61. Les motifs de l’assassinat ne sont pas connus avec précision.
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