Les Antilles dans la préparation de la guerre de revanche
p. 181-192
Texte intégral
« Il se passerait encore des siècles, avant de pouvoir établir une paix durable avec cet État qui vise la suprématie dans les quatre parties du monde1. »
1Ces paroles tenues par Choiseul à Louis XV en 1765 suffisent souvent à inscrire la guerre de Sept Ans dans la longue durée, dans la « seconde guerre de Cent Ans », en présentant la période de paix succédant au traité de Paris comme un simple intermède dans une lutte séculaire inexpiable dans laquelle les intérêts coloniaux auraient été déterminants2. À l’issue d’une guerre globale3 catastrophique, la France connaissait un recul colonial considérable, sans que cela résultât nécessairement d’une intention délibérée de la Grande-Bretagne, hormis pour le Canada4.
2Dans les négociations du traité de Paris, il est difficile de faire la part entre la volonté d’obtenir des compensations en Europe, la rentabilité économique des colonies5, et les usages diplomatiques du temps pour expliquer la restitution des colonies capturées aux Antilles6, alors qu’on prenait acte de la perte définitive de la Nouvelle-France7. Simultanément, le Royaume se lançait dans d’ambitieuses réformes militaires qui semblaient s’incarner en un homme, Choiseul. Pour autant, il est certainement hasardeux de chercher la trace d’un grand dessein impérial et il y existe un vrai risque, celui des reconstructions intellectuelles a posteriori qui permettent de donner du sens à ce qui n’était peut-être qu’une suite d’initiatives décousues8, non exemptes d’échecs et de retours en arrière, la perspective de la guerre s’éloignant même rapidement9. Les Antilles, par leur importance économique10, furent un sujet constant de préoccupation et l’escadre chargée de réoccuper la Martinique, la Guadeloupe et Sainte-Lucie partit de Brest dès le 27 avril 176311. Mais comment les défendre ?
3Les décisions prises concernant les colonies s’inscrivaient d’abord dans les grandes réformes militaires consécutives à la guerre de Sept Ans12. D’abord on improvisa dans l’action (1761-1764). Puis, il y eut une période de théorisation empirique (1764-1772). Enfin, une phase d’anticipation de la guerre (1772-1778).
Fin de conflit
4Choiseul occupa le secrétariat d’État de la Guerre à partir du 27 janvier 1761, et celui de la Marine, à compter du 15 octobre 1761. La cessation des hostilités ne fut prononcée que le 23 novembre 1762, et le traité de paix signé le 10 février 1763. Ministre des Affaires étrangères depuis le 3 décembre 1758, il avait entrepris du printemps à l’automne 1761 une première phase de négociation avec la Grande-Bretagne13, pendant laquelle il avait cherché à renforcer sa position diplomatique – ce fut notamment la signature du Pacte de famille avec l’Espagne le 15 août 1761 –, mais aussi militaire, en renouant avec une conception offensive de la guerre. « Partie d’échecs » dans laquelle les colonies retrouvaient leur importance.
Une ultime réaction
5Une lettre du roi datée du 13 octobre 1761 avertit la Martinique de l’arrivée imminente d’une importante escadre, de sept vaisseaux et quatre frégates14, transportant 2 055 soldats et 105 officiers, ainsi que 47 officiers d’état-major15. L’escadre de Courbon-Blénac ne partit malheureusement de Brest que le 24 janvier 1762. Une autre escadre était préparée à Rochefort pour le printemps16. Pour Terre-Neuve, on fit embarquer 870 hommes d’élite à Brest encore sur l’escadre du chevalier de Ternay17. Et simultanément on se lança également dans le ravitaillement tout azimut des colonies : les ports de Nantes, Bordeaux, La Rochelle envoyèrent des navires pour le compte du roi à Cayenne, en Louisiane, à la Martinique ou à Saint-Domingue – en mai 1762 sept navires de Bordeaux y firent passer 600 hommes et des munitions18. Et l’effort continua jusqu’à la fin de l’année puisqu’on donna encore des ordres le 6 octobre 1762 pour préparer secrètement une expédition contre le Brésil19.
6Néanmoins, le système de défense aux colonies restait inchangé. Le point principal de défense de la Martinique, le fort Saint-Louis à Fort Royal (Fort-de-France aujourd’hui) était susceptible d’être escaladé de partout20. L’essentiel des troupes était composé de miliciens peu entraînés, entre 4 000 et 5 000 hommes. Les troupes régulières étaient formées de 660 grenadiers royaux récemment arrivés de France, 800 hommes des compagnies détachées de la Marine, et une compagnie suisse du régiment d’Hallwyl. Ces dernières troupes n’étaient pas exercées à servir en bataillons, et on ne disposait pas de la moindre artillerie de campagne. Le gouverneur Le Vassor de la Touche, un officier de vaisseau d’origine créole, et le commandant des troupes, Lancize, le commandant des Grenadiers royaux se querellaient ouvertement21. Alors que sous Louis XIV les miliciens constituaient l’ossature de la défense, leur comportement au feu déçut beaucoup, accréditant la thèse ultérieure de leur trahison22. La descente britannique réussit sans véritable opposition le 17 janvier 1762, puis commença la conquête de l’île. Des colonnes d’assaut vinrent rapidement à bout des lignes de défense intérieures, puis on bombarda Fort Royal. La capitulation fut signée le 13 février 176223.
7Cette nouvelle suscita la consternation à Saint-Domingue. L’escadre de Courbon-Blénac apporta dans la colonie des renforts importants en mars, puis resta immobile. Les troupes furent durement frappées par les maladies. Finalement, on apprit que c’était La Havane qui avait été attaquée le 6 juin. Pour Saint-Domingue, la nouvelle était catastrophique car on était dans l’incapacité d’imaginer un schéma tactique pour résister efficacement. Les troupes reçurent l’ordre d’abandonner dès la première attaque les côtes et de se réfugier dans l’arrière-pays24.
Nouvelle donne militaire
8En France même, l’appareil militaire avait commencé sa mue et les premières décisions prises furent concomitantes avec l’arrivée de Choiseul. Dès le 21 novembre 1761 le commandant du port de Rochefort fut saisi de la décision « de réunir l’artillerie de la marine au Corps royal de l’artillerie de terre ». Le 9 décembre 176125, le même fut avisé de la suppression des compagnies franches de la Marine, leur service devant désormais être rempli par des « troupes de terre ». Aux colonies, les compagnies détachées furent incorporées d’autorité dans les bataillons des régiments de l’armée de terre26. Désormais, les gouverneurs seraient quasiment uniquement recrutés parmi les officiers généraux de l’armée de terre. Le 10 décembre 1762, Bory, officier de vaisseau, fut remplacé brutalement à Saint-Domingue par Belzunce, un lieutenant-général. Les nominations ultérieures confirmèrent cette orientation : Bourlamaque à la Guadeloupe, Jumilhac à Sainte-Lucie, Fénelon à la Martinique ou Montreuil à Saint-Domingue étaient tous des officiers de terre. Comme l’écrivit à Choiseul Surlaville, qui avait servi à Louisbourg, il n’était pas possible de revenir sur ce point :
« Le plus grand service qu’il ait été possible de rendre au roy est le parti que l’on a pris de ne confier désormais le gouvernement et la défense des colonies qu’à des officiers généraux et à des troupes de terre assez instruits et assez aguerris pour qu’on ne les attaque pas impunément27. »
9Au début de l’année 1763, huit bataillons étaient déjà présents aux colonies : six à Saint-Domingue, un à la Louisiane et un dernier à l’île de France28. Le régiment de Saintonge fut en outre embarqué en 1763 afin de réoccuper la Martinique. Dans un « Plan général pour le service de la marine » d’octobre 176229, on avait prévu de lui affecter 23 régiments et 40 bataillons d’infanterie, dont 20 destinés pour les seules colonies. La répartition elle-même des troupes n’était pas satisfaisante. En effet, les sept bataillons présents à Saint-Domingue n’étaient passés au service de la marine que parce qu’ils « étoient déjà dans les Îles30 ». D’autres projets couraient dans les bureaux comme recruter un nouveau régiment suisse, un cantabrique, une troupe de cavalerie, des invalides pour la garde des places fortes, ou des « régiments des volontaires royaux d’outre-mer » tirés des régiments de milice en France31.
10Durant l’hiver on consulta beaucoup. Le marquis de Fénelon eut plusieurs entretiens particuliers avec le premier commis des Colonies, Accaron32. Surtout, il remit un mémoire pour le ministre que ce dernier fit lire et annoter autour de lui : il voulait transposer aux colonies l’administration militaire de la Guerre – commissaires des guerres, hôpitaux, artillerie, etc.33. Et la réflexion était vraiment multiforme puisqu’on s’intéressait même aux questions de nourriture : l’abbé de La Ville, un naturaliste, fut même consulté quant au manioc et la cassave34. Le ministre consulta également Montreuil, Duvivier, Bourlamaque ou Surlaville35. Ce travail de réflexion collective donna ses premiers fruits sous la forme d’une synthèse annotée par Choiseul à la fin de février 1763 intitulée « Mémoire sur le gouvernement des colonies36 ». Le 24 mars 1763, une ordonnance réformait en profondeur l’administration des colonies37. Le gouverneur était restauré dans toute la plénitude de ses attributions militaires et il était épaulé par un état-major. Des ingénieurs devaient être également envoyés sur place. Les milices enfin étaient dissoutes.
11En mars 1763, le seul point acquis était que la marine n’assurerait plus la défense des terrestres des colonies, mais le volume et les missions des troupes étaient encore largement sujet à discussions.
Préparer la guerre
12La paix permit d’asseoir une réflexion plus sereine et d’envisager également un changement de paradigme dans la guerre coloniale. Un acte législatif symbolise en quelque sorte les nouvelles orientations. C’est l’ordonnance du 25 mars 1763, concernant le « Traitement des troupes qui iraient servir dans les colonies38 ». Pour l’armée de terre, les colonies étaient désormais un théâtre d’opérations permanent au même titre que les Flandres ou l’Allemagne.
Penser la guerre
13Les esprits restaient marqués par la réussite des opérations de débarquement des Britanniques, car « une cruelle expérience nous avait prouvé que l’Angleterre pouvait et savait transporter des armées au-delà des mers39 ». Pour la première fois, on assista à une réflexion théorique consacrée spécifiquement aux colonies, avec notamment Jean Daniel Dumas40, auteur du remarquable « Traité sur la défense des colonies41 ». Le premier point dans son analyse, c’est que la guerre de Sept Ans marquait une rupture et qu’on ne pouvait compter sur la seule énergie des habitants pour se défendre42. Il proposait de mener une « guerre défensive ». Le premier point était de choisir « pour camper, un lieu intermédiaire d’où il puisse se porter rapidement par des communications bien pratiquées, à tous les points de la circonférence », « en lui donnant toujours le temps de se porter en force sur l’ennemi43 ». Si le traité de Dumas était volontairement théorique et général, ce n’était pas le cas des « Plans relatifs à la guerre de campagne de Saint-Domingue », réalisés sous l’impulsion du comte d’Estaing dans lesquels on anticipait les opérations militaires44. L’enjeu de la réflexion comme le posait pour la Martinique le marquis de Fénelon, c’était bien de mener aux colonies une « guerre de campagne45 ».
14L’abbé Raynal écrivit que Choiseul en Guyane « se proposoit d’élever un boulevart [sic] pour défendre les possessions françaises46 ». Mais c’était plutôt une reconstruction des faits complaisante puisqu’à l’origine, Choiseul pensait surtout à s’occuper des réfugiés d’Amérique du Nord47. Dès 1763, on chercha à les faire passer en Guyane, pour les « recaser48 ». L’inspirateur du projet de Kourou, Préfontaine49, était dans des vues raisonnables50. Un engouement tout à fait imprévu le transforma en entreprise de colonisation de vaste ampleur qui échoua rapidement.
La campagne de fortification
15Choiseul envoya le comte d’Estaing en mission d’inspection aux petites Antilles avant qu’il ne rejoignît son gouvernement. Il emmena avec lui un spécialiste, Jean Jacques Duportal, alors maréchal de camp et bientôt lieutenant-général, entré dans le corps des ingénieurs des fortifications en 172051. Il ne rentra de Saint-Domingue qu’en septembre 1769. C’était certainement la première fois qu’un personnage de ce niveau pouvait donner une ligne directrice aux travaux de fortification à entreprendre aux colonies. On pourrait rapprocher cette volonté de disposer d’informations fiables sur les colonies, de l’entreprise de cartographie qui se déroulait à la même époque. Les articles XLVI et XLVII de l’ordonnance du 24 mars 1763 déjà citée, ordonnaient spécifiquement aux gouverneurs des colonies d’en dresser précisément la carte. Du 1er septembre au 10 octobre 1763, huit ingénieurs géographes embarquèrent à Rochefort pour les Antilles52.
16Dès le 15 octobre 176353, Fénelon emmena l’intendant La Rivière inspecter le morne Garnier sur lequel il prévoyait d’édifier une citadelle. Le projet approuvé par un conseil de fortification du 4 avril 1764 montait à quinze millions de livres dont onze pour la seule citadelle. Le comte d’Estaing inspecta ensuite Sainte-Lucie à partir du 16 mars 1764 avec neuf ingénieurs54. Un plan remarquablement cohérent fut également proposé pour Saint-Domingue par Jean Jacques Duportal lui-même, intitulé « Mémoire général sur les côtes, les ports, l’intérieur de la colonie de Saint-Domingue ». Toute une série d’ouvrages furent édifiés autour du Cap-Français pour présenter un ensemble défensif adossé également aux hauteurs et pour ménager éventuellement le repli de la garnison vers l’intérieur de l’île55. En outre, on entreprit l’édification du Môle Saint-Nicolas, isolé de tout, mais solidement défendu par des ouvrages complexes qui devaient garantir un havre assuré aux vaisseaux.
De nouvelles troupes coloniales
17L’impréparation criminelle avec laquelle on avait envoyé des régiments outre-mer n’avait pas rendu ce service populaire au sein de l’armée : en 1765, 21,3 % des hommes servant à Saint-Domingue périrent de maladie56. Dans le travail du roi du 28 mars 1766, il fut décidé de retirer les quatre bataillons d’infanterie entretenus à Saint-Domingue, au profit d’un corps de troupe nouveau, dépendant de la Marine, la légion de Saint-Domingue57. Elle put recruter pour son compte à partir du 1er avril 176658, signant d’ailleurs un contrat avec l’entrepreneur en recrutement Agobert le 16 mai 176759. En avril 1769, le dispositif fut élargi à toutes les colonies60. Souvent plus petits que les soldats acceptés dans l’armée de terre, les recrues pour les colonies étaient novices le plus souvent à leur embarquement. Néanmoins, que ce soit pour leur uniforme61, ou pour la discipline, c’étaient bien les ordonnances du secrétariat d’État de la Guerre qui s’appliquaient pour eux.
18Alors que l’activité du dépôt se limitait à Saint-Domingue, la Guyane, Gorée, et Saint-Pierre et Miquelon, il eut à travailler dès le mois de décembre 1772 à la formation des nouveaux régiments coloniaux62. Cette dernière évolution clôturait en quelque sorte le système improvisé par Choiseul à la fin de la guerre de Sept Ans. Pour les troupes embarquées, le 24 septembre 1769, une ordonnance créa le Corps royal de l’artillerie et de l’infanterie de la Marine63. Pour les troupes coloniales, le processus avait été plus progressif. On recréa tout d’abord des troupes dépendant de la Marine pour Cayenne en 1763, principalement pour donner une nouvelle affectation aux soldats originaires d’Amérique du Nord. Puis, des légions pour Saint-Domingue et l’île de France (île Maurice). En 1771, on avait aux îles du Vent seulement encore des bataillons de l’armée de terre64.
19Afin d’unifier l’ensemble on créa des régiments coloniaux sous dépendant du secrétariat d’État de la Marine par l’ordonnance du 18 août 177265. En ligne de mire on conservait comme modèle l’infanterie de terre telle que Choiseul l’avait réformée : la référence implicite était les ordonnances de décembre 176266. L’artillerie coloniale eut la même évolution puisqu’on recréa à partir de 176467 des compagnies coloniales, les compagnies de canonniers-bombardiers : elles étaient onze en 177568.
20Le caractère impulsif de Choiseul et son peu d’application pour les parties administratives de sa fonction l’empêchèrent souvent d’aller au bout de ses idées de réforme militaire, toutes tournées vers la préparation de la guerre69, idées qui l’isolèrent au sommet de l’État avant son renvoi, alors que la France était plongée dans « la révolte des parlements contre la monarchie autoritaire70 ».
La montée en puissance
21Il fallut la conjonction d’un changement de règne et d’une révolte coloniale en Amérique du Nord pour amener de manière progressive les Antilles au centre d’un nouveau conflit. Il n’y avait plus après 1772 que des garnisons sédentaires, le minimum pour garantir l’ordre intérieur, tenir les places et interdire toute surprise. Pourtant, des orientations plus subtiles étaient impulsées qui ouvraient la voie dans le futur à des réactions mieux coordonnées.
Un nouvel environnement colonial
22Les milices furent rétablies le 1er avril 176871. Selon l’article 1er tous les hommes valides de 15 à 55 ans seraient soumis au service de la milice. En clair, toute la population libre des colonies se retrouvait en théorie mobilisable. Les compagnies de milice constituées par paroisse étaient essentielles pour le maintien de l’ordre intérieur. En outre, comme en France, elles pouvaient éventuellement servir de réserve à l’armée régulière. Les protestations des colons par rapport au rétablissement des milices n’étaient pas totalement illégitimes. En effet, on avait assorti leur suppression d’une forte augmentation de l’imposition qui perdura après 1768. L’arrêt du Conseil du 9 avril 1763 imposait lourdement les denrées coloniales72. On attendait un revenu de 1,5 million de livres coloniales pour la seule Martinique. C’est sur cette somme, qui resta identique jusqu’à la guerre d’Indépendance américaine, que les gouverneurs successifs purent entreprendre un important travail de fortifications dans les îles du Vent. À Saint-Domingue, on força la colonie à accepter une imposition de quatre millions de livres. Par ailleurs, quand le secrétariat d’État de la Guerre envoyait des troupes aux colonies, il en finançait l’entretien (soldes, armements, recrutement). En 1764, on avait estimé que le coût de l’entretien des bataillons aux colonies devait revenir à dix millions de livres73, dont le budget de la Marine ne prenait en charge que 40 %. En 1778, les dépenses prévues pour les colonies représentaient 20,12 millions, 77 % au minimum étaient d’ailleurs de nature militaire74. Si le budget de la Marine était contraint, il n’en était pas de même pour les colonies qui pouvaient se taxer elles-mêmes et faire contribuer le secrétariat d’État de la Guerre. Le goulot financier de la défense des colonies était en voie de résolution, sans « monnaies de cartes ».
23Le Pacte de Famille adossait les îles françaises à l’empire espagnol, agrandi de la Louisiane. L’Espagne de Charles III était entrée dans une époque de profondes réformes de l’État qui n’épargnaient pas l’administration des colonies75. Par exemple, Cuba devait être dotée de huit bataillons de milice, d’un régiment de dragon et de deux bataillons d’infanterie européens, ainsi que de fortifications importantes. Les premiers travaux commencèrent à Cuba dès février 1764 sous la direction du capitaine général Riecla. Un plan de fortification était prévu pour durer six ans avec un coût d’un demi-million de piastres pour la métropole76. Cette alliance des Bourbons aux Amériques changeait entièrement le rapport de force : leurs colonies seraient au minimum partenaires en cas de conflit et leurs forces s’additionneraient le cas échéant.
24Plus importante encore fut l’évolution de la législation sur l’Exclusif77. On connaît les grandes étapes de l’évolution réglementaire : abolition de la clause de la lieue en 1764, – ce qui interdisait pratiquement toute répression efficace du commerce de l’interlope – ; puis arrêts de juillet 1767 sur les entrepôts coloniaux qui permettait aux navires étrangers d’apporter légalement dans les colonies françaises des vivres et des matériaux de construction, suivies d’une extension progressive certes, mais réelle des tolérances locales. À Saint-Domingue on a pu estimer que les farines nord-américaines apportaient 10 % de la consommation en 177278. À la Martinique, le commerce étranger représentait entre le huitième et le neuvième du commerce total79. À la différence du Canada, il n’était pas nécessaire de ravitailler directement les colonies : les Neutres, le commerce interlope, les Espagnols et bientôt les Insurgents, pouvaient largement y suppléer.
Les renforts et la mise sur le pied de guerre
25Choiseul, encore lui, avait indiqué la voie à suivre pour quand on voudrait partir en guerre, c’est-à-dire faire passer « vingt-quatre bataillons qui trouveraient dans les îles80 ». Mais en 1765 quand il écrivait ces lignes, on était plutôt enclin à rapatrier les troupes régulières des colonies81.
26Le renforcement des garnisons commença dès 1775, avec l’envoi préventif de six bataillons des troupes de terre82. Cette première vague de renforts fut suivie d’une autre en juillet 177783. Avant même le déclenchement du conflit, les Antilles avaient reçu cinq régiments de l’armée de terre et dix bataillons. L’État militaire pour la France de 1778 rapporte ainsi qu’on trouvait le régiment d’Armagnac à la Guadeloupe (deux bataillons), le régiment d’Auxerrois à la Martinique (deux bataillons), le régiment de Viennois à la Martinique (deux bataillons), le régiment d’Agenois à Saint-Domingue au Cap-Français (deux bataillons), le régiment de Gâtinois à Saint-Domingue (deux bataillons), le régiment de Cambrésis à Saint-Domingue, au Môle Saint-Nicolas (deux bataillons). Or, des régiments coloniaux étaient également sur place. En août 1778, les îles du Vent étaient ainsi défendues en théorie par 7 200 hommes des troupes régulières (6 120 en réalité)84.
27La nomination de Bouillé85 au gouvernement général des îles du Vent en février 1777 montrait qu’on se préoccupait déjà de la guerre : avant son départ il eut une conversation « sur les affaires de l’Amérique » avec Vergennes86. En mai 1777, il procéda à une revue générale des troupes87 et dressa un plan de défense. La moitié des miliciens devait rester dans les quartiers pour monter la garde et assurer la « police des esclaves dans les ateliers ». La milice fournirait quatre bataillons à l’armée. Un corps de « troupes légères », devrait se porter rapidement sur le lieu d’une descente. Si elle réussissait, l’armée devait se mettre en ordre de bataille pour tenter l’affrontement. Et en cas de retraite, se replierait vers Fort Royal, puis vers un réduit général au centre de l’île. Le plan de défense était similaire pour la Guadeloupe. En revanche, Sainte-Lucie était abandonnée à ses seules forces.
Conclusion
28Les Antilles étaient prêtes pour la guerre en 1778. Choiseul fut l’initiateur de ce redressement militaire qui résultait principalement de l’implication du secrétariat d’État de la Guerre dans la défense des colonies. Se posait néanmoins différentes questions. D’abord la nécessité même d’une guerre puisque la Grande-Bretagne n’avait pas de volonté hégémonique aux Antilles88, et que la France elle-même n’exprimait pas de volonté de conquête89. Ensuite le coût même du système de défense était totalement prohibitif : « Les Chinois ne regrettèrent jamais ce que leur coûta les matériaux de leur grande muraille tant qu’elle arrêta les Tartares » avait écrit le comte d’Estaing en 176990. Imagine-t-on que pour la guerre d’Indépendance américaine, on expédia défensivement quelque 50 000 hommes aux Antilles de 1778 à 178391 ?
Notes de bas de page
1 Choiseul, « Mémoire de Monsieur de Choiseul remis au roi en 1765 », Journal des savants, mars-avril 1881, p. 178.
2 L’expression de « seconde guerre de Cent Ans » est ancienne. Par exemple, François Crouzet, dans La Guerre économique franco-anglaise au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 2008, l’emploie p. 7. Toutefois, en ce qui concerne « la guerre du sucre », il fait remarquer p. 385 que c’est la France qui la remporta assez rapidement grâce au formidable développement de Saint-Domingue. Le sucre n’était pas l’enjeu des guerres.
3 Voir par exemple Pocock T., The Battle of Empire, the very first world war (1756-1763), Londres, Michael O’Mara Books, 1998 ; ou encore Nester W. R., The First Global War. Britain, France and the Fate of North America, 1756-1775, Westport, Praeger, 2000.
4 Middleton R., The Bells of Victory : The Pitt-Newcastle Ministry and the Conduct of Seven Year’s War, 1755-1762, Cambridge, Cambridge University Press, 1985. S’il y eut mobilisation, c’était uniquement pour la conquête du Canada. Les autres succès britanniques relevaient plus de l’opportunisme.
5 Les droits de pêche dans l’Atlantique nord étaient depuis le traité d’Utrecht un point non négociable pour la France. Voir La Morandière C. de, Histoire de la pêche française de la morue dans l’Amérique septentrionale, Paris, Maisonneuve et Larose, 1972, p. 861-877.
6 Pour les colons martiniquais, Sainte-Lucie était l’extension naturelle de leur île.
7 Brecher F.W., Losing a Continent. France’s North American Policy, 1753-1763, Wesport, Greenwood Press, 1998, p. 175. Les Antilles pourraient être défendues à l’avenir tandis qu’on ne voyait pas de solution pour le Canada.
8 Marion F. Godfroy-Tayart de Borms dans son ouvrage Kourou 1763. Le dernier rêve de l’Amérique française, Paris, Vendémiaire, 2011, estime au contraire que la Guyane était centrale.
9 Daubigny E., Choiseul et la France d’outre-mer après le traité de Paris : étude sur la politique coloniale au XVIIIe siècle, Paris, Hachette, 1892.
10 Butel P., L’Économie française au XVIIIe siècle, Paris, SEDES, p. 116-117.
11 SHD, MR 1E 172, fol. 293.
12 Voir Corvisier A., Histoire de la France militaire, Paris, PUF, t. II, 1997.
13 Dziembowski E., « Les négociations franco-britanniques de 1761 devant le tribunal de l’opinion : le duc de Choiseul et la publicité de la diplomatie française », Jessenne J.-P., Morieux R. et Dupuy P. (dir.), Le négoce de la paix. Les Nations et les traités franco-britanniques (1713-1802), Paris, Société des études robespierristes, 2008, p. 45-67.
14 AN, Mar., B4 103, fol. 228, le roi à M. Le Vassor de la Touche, commandant général des Isles du Vent, Versailles, 13 octobre 1761.
15 Ibid., fol. 332, Projet d’instructions pour M. le comte de Blénac, chef d’escadre des armées navales.
16 SHD, MR 1A 26, 1761, fol. 183 et fol. 246.
17 Cerbalaud Salagnac G., « La reprise de Terre-Neuve par les Français en 1762 », Revue d’histoire d’Outre-Mer, t. 63, 1976, p. 211-222 ; Visme A. de, Terre-Neuve, 1762. Dernier combat aux portes de la Nouvelle-France, Montréal, Éditions André de Visme, 2005.
18 ANOM, Col., B 115, fol. 138, le ministre à Daubenton, 31 mai 1762.
19 BnF, Nouv. acq. fr. 9428, fol. 69.
20 BnF, ms. fr. 9404, fol. 301, Extrait des mémoires concernant les services de sieur de La Rivière adressé au maréchal de Castries.
21 AN, Mar., B4 103, fol. 223, Extrait de la lettre de M. des Lignery du 10 juin 1761.
22 Voir Lesueur B., « Les troupes coloniales aux Antilles sous l’Ancien Régime », Histoire, Économie et Société, t. 4, 2009, p. 3-19.
23 On présente ici une approche simpliste de la guerre aux Antilles (guerre navale, opérations de débarquement, sièges…) qui élude totalement les difficultés propres de ce terrain d’opération, ne seraient-ce que sanitaires. Voir McNeil J.R., Mosquito Empires. Ecology and War in the Greater Caribbean, 1620-1914, Cambridge, Cambridge University Press, 2010.
24 SHD, GR 1M 1107/29, Mémoire sur l’état actuel de l’artillerie à Saint-Domingue et sur les moyens d’en perfectionner l’usage, l’établissement et l’administration, 1er mai 1786.
25 SHD, MR 1A 26, 1761, fol. 649, le ministre au commandant du port de Rochefort, 9 décembre 1761.
26 ANOM, Col, D2C 18, État militaire des colonies, 1774.
27 Du Bosq de Beaumont G., Les Derniers Jours de l’Acadie, Correspondances et mémoires extraits du portefeuille de M. Le Courtois de Surlaville, lieutenant-général des armées du roi, ancien major des troupes de l’Ile Royale, Paris, Le Chevalier, 1899, p. 16, Surlaville à Choiseul.
28 Montandre-Longchamps, État militaire de la France pour l’année 1762, Paris, Guillyn, 1762, p. 199.
29 SHD, GR A1 3628, pièce 10, Mémoire anonyme adressé au duc de Choiseul. Le plan cité doit être mis en rapport avec l’ordonnance affectant 23 régiments d’infanterie pour le service de la marine.
30 Ibid., fol. 2.
31 Ibid., pièces 5, 53, 54.
32 Ibid., pièce 15, Mémoire particulier que M. de Fénelon prie M. Dubois de mettre sous les yeux de M. le duc de Choiseul et pour luy seul.
33 Ibid., pièce 10.
34 Ibid., pièce 20, lettre du marquis de Fénelon, 10 février 1763.
35 Ibid., pièce 25, 15 mars 1763. C’étaient tous des anciens combattants d’Amérique du Nord, soit à l’île Royale, soit au Canada.
36 Ibid., pièce 24, Mémoire sur le gouvernement des colonies, 27 février 1763.
37 Ibid., pièces 24, 28, 29, 49, 50, 51.
38 Ibid., pièce 30, Ordonnance du roi concernant le traitement des troupes qui iraient servir dans les colonies.
39 SHD, GR 1 M 1107/3, fol. 1, Essai sur la partie française de Saint-Domingue relativement aux moyens de la défendre, 25 avril 1764, par Boucher.
40 SHD, GR 1 Ye, 2672.
41 SHD, MV, SH 43.
42 SHD, MV, SH 42, fol. 1, Traité de défense des colonies.
43 Ibid., fol. 34v.
44 SHD, MV SH 243, fol. 199 commente les positions décrites dans SH 245-1.
45 SHD, GR 1M 1105, pièce 23, fol. 2-3, Extrait du procès verbal du conseil de fortification tenu à la forteresse de Fort Royal à l’isle de la Martinique en exécution des ordres du roy du 4 avril 1764.
46 Abbé Raynal, Histoire philosophique des deux Indes, Genève, Pellet, 1781, t. VII, livre XIII, chap. VIII, p. 35.
47 Bonnault C. de, « Les Canadiens en France (1760-1815) », Revue d’histoire des colonies, 1924, p. 495-550.
48 Voir Larin R., Canadiens en Guyane, 1754-1805, Paris, PUPS, 2006.
49 Dans La Maison Rustique, à l’usage des habitants de la partie de la France équinoxiale connue sous le nom de Cayenne, Paris, J. B. Bauche, 1763, l’auteur décrivait un simple projet de colonisation agraire.
50 Il pensait à l’origine à une centaine d’hommes. Voir Thibaudault P., Échec de la Démesure en Guyane. Autour de l’expédition de Kourou, s. l., Thibaudault, 1995.
51 Voir Blanchard A., Dictionnaire des ingénieurs militaires, 1691-1791, Montpellier, Anne Blanchard, 1991, p. 606-607.
52 Bégot D., Pelletier M. et Bousquet-Bressolier C., La Martinique de Moreau du Temple, 1770. La carte des ingénieurs géographes, Paris, Éditions du CNRS, 1998, p. 51.
53 ANOM, Col., C8A 64-65, fol. 190, lettre de Fénelon datée du Fort Royal, 15 octobre 1763.
54 Favart d’Herbigny, Cardon, Hallot, Pupil, Coulomb, Polchot, Salins de l’Isle, Duportal, Joblot.
55 SHD, MV SH 243-2, fol. 343, Mémoire sur la défense terrestre de Saint-Domingue, devis estimatif du 6 mai 1765.
56 ANOM, Col., F3 160, fol. 117, État de la situation des troupes pendant l’année 1765.
57 ANOM, Col., D2C 29, Mémoire, dépôt de l’île de Ré.
58 SHD, MR 1R 3, Ordonnance pour le dépôt des recrues des troupes des colonies à l’île de Ré.
59 ANOM, Col., D2C 29, Mémoire, dépôt de l’île de Ré.
60 SHD, MR 1R 3, Ordonnance pour le dépôt des recrues des troupes des colonies à l’île de Ré.
61 Lattré J., Uniformes de l’infanterie française suivant le règlement arrêté par le roy le 25 avril 1767, Paris, Chez Lattré, 1767 [les planches concernant les troupes de la Marine ont été rajoutées postérieurement].
62 ANOM, Col., D2C 79, Neyon de Villiers à Monseigneur, 28 décembre 1772.
63 AN, AD VII 9, pièce 38, Ordonnance du roi portant augmentation d’une brigade d’artillerie de la Marine et création d’une compagnie de fusiliers, 24 septembre 1769.
64 ANOM, Col., D1 27, État des troupes qui sont actuellement aux colonies, et leur situation après la réforme ou le rappel qui sont proposés.
65 AN, AD VII 3, pièce 5.
66 Montandre-Longchamps, État militaire de la France pour l’année 1762, op. cit., p. 307, Ordonnance concernant l’infanterie française, 21 décembre 1762.
67 ANOM, Col, A9, fol. 35.
68 Sur l’artillerie aux colonies voir Lesueur B., « L’artillerie et les colonies sous l’Ancien régime », Revue historique des Armées, no 271, 2013, p. 6-19.
69 Gibiat S., « Choiseul », Sarmant T. (dir.), Les ministres de la Guerre (1570-1792), Paris, Belin, 2007, p. 413, p. 414 et p. 420.
70 Voir le livre classique d’Égret J., Louis XV et l’opposition parlementaire, Paris, Armand Colin, 1970, p. 133-181.
71 SHD, GR Xb 122, Milices de Saint-Domingue, ordonnance du 1er avril 1768.
72 ANOM, Col., A26, fol. 123.
73 SHD, GR A1 3674, fol. 15-30.
74 BnF, Nouv acq. fr. 9434, Dépenses de la Marine et des Colonies, 9 janvier 1779.
75 Paquette G. B., Enlightenment, Governance and Reform in Spain and its Empire, 1759-1808, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2008.
76 Renaut F.-P., « Études sur le pacte de famille et la politique coloniale française », Revue d’histoire des colonies françaises, t. 10, 1922, p. 91.
77 Tarrade J., Le Commerce colonial de la France à la fin de l’Ancien Régime. L’évolution du régime de « l’Exclusif » de 1763 à 1789, Paris, PUF, 1972.
78 Klooster W., « La relation complexe entre la guerre et la contrebande dans l’Amérique atlantique », Marzagalli S. et Marnot B. (dir.), Guerre et économie dans l’espace atlantique du XVIe au XXe siècle, Pessac, PUB, 2006, p. 395-408.
79 BnF, Nouv acq. fr. 9430, fol. 229, marquis de Bouillé, Mémoire détaillé de mon administration aux Îles du Vent en dates du 15 mai 1777, jour de mon départ de Paris.
80 Choiseul, « Mémoire de Monsieur de Choiseul remis au roi en 1765 », art. cit., p. 255.
81 Cette discontinuité est souvent ignorée comme par R. John Singh, « L’importance stratégique des colonies françaises dans la politique française de l’après-guerre 1763-1770 », Revue d’histoire de l’Amérique française¸ vol. 28, juin 1974, p. 27-43.
82 SHD, GR Xi 1, chemise 1776, Sommes à remettre par le trésorier des Guerres au trésorier de la Marine.
83 Ibid., 27 juillet 1777, État des troupes destinées à s’embarquer pour les colonies de l’Amérique.
84 BnF, Nouv. acq. fr. 9430, fol. 253v, marquis de Bouillé, Mémoire détaillé de mon administration aux Îles du Vent en dates du 15 mai 1777, jour de mon départ de Paris.
85 SHD, GR 3Yd 1179, François Claude Amour, marquis de Bouillé.
86 BnF, Nouv. acq. fr. 9430, fol. 223, marquis de Bouillé, Mémoire détaillé de mon administration aux Îles du Vent en dates du 15 mai 1777, jour de mon départ de Paris.
87 Ibid., fol. 231-232.
88 Beer G. L., British Colonial Policy (1754-1765), New York, MacMillan Company, 1907, p. 158.
89 Ruggiu F.-J., « Une relation tombée dans l’oubli ? Le Canada et la monarchie française entre 1759 et 1783 », Fonck B. et Veyssière L., La fin de la Nouvelle-France, Paris, Armand Colin/ministère de la Défense, 2013, p. 449-473.
90 BnF, Nouv. acq. fr. 9428, fol. 120, comte d’Estaing, Idée sur l’opposition trouvée par les Espagnols à la Louisiane, 10 mai 1769.
91 AN, Mar., C3 13, État des troupes et des recrues qui ont été successivement embarquées pour le service des colonies.
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