La fabrique du traité de Paris (1763)
p. 67-74
Texte intégral
1En 1763, Louis XV offre à ses sujets « la paix la moins mauvaise qui soit » et conclut avec George III et Charles III le traité de Paris1. Que désigne ce terme de « traité », si souvent utilisé ? La fin de la guerre, certes, car, comme le rappelle Vattel, « quand les puissances qui étoient en guerre sont convenues de poser les armes, l’accord, ou le contrat, dans lequel elles stipulent les conditions de la paix, et règlent la manière dont elle doit être rétablie et entretenue s’appelle le traité de paix2 ». Mais encore ? Comment passe-t-on des négociations, qui n’ont pas de valeur juridique et sont toujours susceptibles d’être remises en question, à un traité définitif, qui, selon le même Vattel, « oblige les parties contractantes du moment qu’il est conclu, aussitôt qu’il a reçu toute sa forme3 » ? Le dossier du traité de Paris conservé aux archives diplomatiques françaises, sur lequel se fonde une bonne part de cette étude4, témoigne de la transformation du texte de la négociation en objet juridique. Et de fait, pour désincarné qu’il puisse paraître, le terme de « traité » désigne, dès lors qu’il « a reçu toute sa forme », une réalité concrète, qu’une approche juridique combinée à une analyse diplomatique laisse entrevoir. Les souverains sont les « véritables auteurs » de la guerre et de la paix5, mais ils ne traitent pas seuls. Chacun d’entre eux s’entend avec ses alliés et ses ennemis de la veille, et passe pour ce faire par son ambassadeur à qui il confie la mission de traiter. Ce double mouvement entre souverains d’une part, et entre souverain et ambassadeur de l’autre, se matérialise dans les différentes pièces qui constituent le traité – objet juridique6.
La hiérarchie des puissances
2C’est une évidence, pour traiter, un souverain doit s’entendre avec ses ennemis – et aussi avec ses alliés. Tandis qu’en 1713, la négociation du traité d’Utrecht, par exemple, consistait en autant de négociations bilatérales que nécessaire, à Paris, cinquante ans plus tard, les négociateurs français, espagnol et britannique tombent d’accord sur un texte commun, qui sera celui du traité de Paris et auquel le roi de Portugal sera admis à « accéder ». Rien que d’assez simple, donc, d’un point de vue juridique. Mais une telle construction pose problème, car il ne suffit pas de résoudre les problèmes de droit, encore faut-il que la forme finale respecte les nécessités qu’impose la hiérarchie des puissances. On le sait, le cérémonial n’est en rien anecdotique. Fondé sur un ensemble de rituels, instauré sur des bases fixes et consacrées par des précédents avérés, notamment, par le témoignage des archives, il est affaire de communication symbolique, légitime les prétentions des uns et des autres et, in fine, donne à voir la hiérarchie des puissances7. Comme le rappelle Yves-Marie Bercé, « une préséance cérémonielle [implique] une préséance politique. Un pas cédé dans une procession [peut] engager l’avenir, créer un précédent8 ». Dans le domaine très précis des traités, les questions de cérémonial prennent une importance exceptionnelle.
La reconnaissance des pairs
3Lorsqu’elles traitent de concert, les puissances se reconnaissent mutuellement égales, condition nécessaire à la diplomatie9. Ce principe se traduit explicitement par la pratique de l’« alternative10 ». Selon les termes utilisés par les contemporains, deux souverains « alternent », lorsque les textes de l’un et de l’autre exemplaires des traités signés par leurs plénipotentiaires donnent alternativement à l’un et à l’autre la première place, Ainsi, dans un traité signé entre les rois de France et d’Espagne, qui alternent, le premier est-il nommé en premier dans l’exemplaire qui lui revient et la signature de son plénipotentiaire se trouve-t-elle à gauche.
4L’alternative est consacrée par la tradition. Il est par exemple avéré que les rois de France, de Grande-Bretagne et d’Espagne alternent, comme les traités passés en témoignent. La seule difficulté posée par la signature d’un traité commun vient donc de la nécessité de respecter l’alternative – qui se conçoit dans le seul cas d’un accord conclu entre deux souverains – dans un texte réunissant trois signataires. Le dossier conservé aux archives diplomatiques témoigne de la solution trouvée pour contourner l’obstacle : le roi de France conserve en effet dans ses archives non pas un, mais deux exemplaires du traité, qui ne diffèrent que par la prééminence accordée dans l’un des deux au roi de Grande-Bretagne, et dans l’autre au roi d’Espagne11. Aucun de ces deux alternats n’a de caractère diplomatiquement ou juridiquement supérieur à l’autre.
La condescendance des pairs : la difficulté de l’alternative avec le Portugal
5Tandis que les souverains des trois principales puissances belligérantes concluent un traité entre pairs, le Portugal, pour sa part, est invité à signer un simple acte d’accession au traité – pratique courante au demeurant. À cette inégalité de traitement évidente, s’en ajoute une autre : ni la France ni la Grande-Bretagne n’alternent avec le Portugal, et aucune des deux puissances ne prévoit de rompre la tradition. Il ne faut voir dans ce refus aucune atteinte à la souveraineté du Portugal ; il n’est que le rappel de la hiérarchie des puissances, qui ne saurait mettre sur un même pied les souverains portugais d’une part, et français et britannique de l’autre.
6Quelques jours avant la signature du traité survient un véritable « incident diplomatique » – pour reprendre une catégorie moderne12, en l’occurrence tout à fait opérante, puisqu’il s’agit d’un « accident de la négociation » et qu’il crée « une situation de conflit entre les souverains13 ». « Une difficulté presque insurmontable », selon les mots de Praslin, surgit en effet lorsque De Mello, le représentant du roi de Portugal, sans remettre en question le principe de l’accession, s’efforce d’« obtenir l’alternative que le Portugal n’a jamais eue avec la France et l’Angleterre ». De Mello avance un argument imparable, puisque fondé sur les preuves archivistiques les plus inattaquables : l’Espagne et le Portugal alternent, comme le montrent huit exemples de traité qu’il produit devant les trois autres plénipotentiaires.
7La structure du traité se trouve cassée par la symétrie que réclame le Portugal et que la France et la Grande-Bretagne refusent de lui accorder. Que faire ? Devant la fermeté de De Mello, les trois ministres plénipotentiaires français, britannique et espagnol proposent plusieurs solutions. Ainsi suggèrent-ils que le ministre portugais donne à chacune des trois puissances un acte d’accession qui ne serait signé que de sa main et qu’il reçoive en échange trois actes d’acceptation ; De Mello refuse, arguant que cette solution ne vaut que pour les puissances qui n’alternent pas – ce qui constituerait un précédent fâcheux pour l’alternative entre les rois d’Espagne et de Portugal. Autre solution envisagée, la signature par Grimaldi d’une déclaration dans laquelle serait écrit que le Roi Catholique, bien qu’acceptant l’alternative avec le Très Fidèle, s’y refuse de manière exceptionnelle dans le cas de ce traité commun ; comme on s’en doute, De Mello repousse une telle suggestion.
8En fin de compte, craignant que la Grande-Bretagne ne se saisisse de l’occasion pour mettre à mal la négociation, Praslin accepte que soit accordée au Portugal l’alternative, sous la condition, toutefois, que cet exemple ne puisse être considéré comme un précédent. De Mello, satisfait, s’y engage14 :
« Nous soussigné ambassadeur et ministre plénipotentiaire de Sa Majesté Très Fidèle, déclarons que l’alternative observée de la part du Roi Très Chrétien et de la part du roi de la Grande-Bretagne avec le roi Très Fidèle dans l’acte d’accession de la cour de Portugal n’a été accordée par Leurs Majestés Très Chrétienne et Britannique que dans l’unique vue d’accélérer la conclusion dudit traité définitif, et de consolider par là plus promptement un ouvrage si important et si salutaire ; et que cette complaisance de Leurs Majestés Très Chrétienne et Britannique ne pourra tirer à aucune conséquence pour l’avenir. La cour de Portugal ne pourra jamais l’alléguer comme un exemple en sa faveur, ni s’en faire aucun droit, titre ou prétention pour quelque cause ni sous quelque prétexte que ce soit15. »
9De fait, lorsque les commis des affaires étrangères français étudient quelques années plus tard les liens passés entre le roi de France et le Portugal, ils établissent que jamais le Très Chrétien et le Très Fidèle n’ont alterné, et ne font aucune mention du traité de Paris16.
10De manière exceptionnelle, le roi de Portugal obtient ainsi le droit d’alterner avec les rois de France, d’Espagne et de Grande-Bretagne. Pour autant, il ne saurait être question de hisser le premier au rang des trois autres ; l’acte d’accession en témoigne. Ainsi se dessine l’architecture du traité de Paris, tout à la fois symétrique – entre la France, la Grande-Bretagne et l’Espagne – et asymétrique – entre les trois puissances majeures d’une part, et le Portugal de l’autre.
L’affaire des ministres
11Les ministres ne peuvent se mettre à la table des négociations sans être munis des pleins pouvoirs que leur ont délivrés leurs maîtres. À ce titre, « le pouvoir n’est qu’une pièce particulière, qui fait partie du traité17 ». Les juristes français considèrent ainsi que les plénipotentiaires sont des « commissaires », chargés donc d’une commission ou d’une mission précise18. Ainsi Louis XV confie-t-il à Praslin le soin de négocier et de signer le traité :
« Nous l’avons nommé, commis et député, et par ces présentes signées de notre main, le nommons, commettons et députons notre ministre plénipotentiaire, lui donnant plein et absolu pouvoir d’agir en cette qualité19… »
12Dès lors se met en place le ballet de l’échange. Les ministres commis par leurs maîtres se donnent mutuellement leurs pouvoirs. Comme l’écrit quelque quarante plus tard Portalis à propos de la signature de la paix d’Amiens, l’échange est « chose sacramentelle20 » et « leurs originaux [sont] nécessaires à la responsabilité des agents de la négociation et à celle de leurs gouvernements eux-mêmes21 ». Le geste, en effet, est symbolique de l’échange ; mais il permet aussi aux uns et aux autres de vérifier la légitimité de leurs interlocuteurs. Wicquefort le disait déjà : « Il est bien certain que le pouvoir est bien pour le moins aussi nécessaire à celui qui traite avec le ministre qu’au ministre même22. » Les pouvoirs ne se trouvent donc pas conservés dans les archives des puissances belligérantes, mais sont copiés à la fin de chaque alternat, ainsi que des exemplaires de l’acte d’accession, ce qui les rend de facto publics.
13Les parties contractantes s’étant entendues sur un texte commun, les ministres se retrouvent à Paris, le 10 février, chez le duc de Bedford. En signant et en scellant les textes, ils leur apposent leur marque personnelle et il ne pourrait en être autrement, puisqu’eux seuls sont commis pour ce faire. Le mode de scellement des alternats, typique des sceaux de clôture, met en scène le terme définitif et inattaquable des négociations. L’erreur constatée sur l’un des alternats français est d’ailleurs dûment rectifiée, et accompagnée des paraphes personnels des trois ambassadeurs, afin que nulle contestation ne puisse s’élever ultérieurement23.
14Le texte du traité, sur lequel se sont entendues les trois parties contractantes, est accompagné de déclarations unilatérales, comme celles de De Mello relative à l’alternative ou celle de Bedford sur les limites des États du Subah de Bengale et de la côte de Coromandel et d’Orixa24. En toute logique, la déclaration du roi de France relative aux « billets du Canada » ne se trouve pas dans les archives conservées par le roi de France, mais dans celles des parties avec lesquelles il a contracté. À cela s’ajoute, on l’a vu, trois exemplaires de l’acte d’accession du roi de Portugal au traité signé par De Mello avec chacun des trois ministres plénipotentiaires25.
Le domaine des rois
15Une fois signé les alternats du traité, les exemplaires de l’acte d’accession du roi de Portugal et les déclarations qui les accompagnent, la paix n’est pourtant pas en vigueur. Car « l’autorité d’un ministre est […] bornée, quoique ses pleins pouvoirs semblent lui donner tout celle de son souverain », comme l’écrit Mably26. Au XVIIe siècle, Wicquefort, s’appuyant sur les exemples passés, pouvait soutenir que la ratification n’était pas « une partie essentielle du traité », bien qu’elle fût à l’évidence devenue « une dépendance nécessaire […], puisque c’est par elle que le traité reçoit sa dernière perfection, et que sans elle on ne peut pas s’asseurer qu’il sera exécuté27 ». En 1763, une telle position n’est plus possible. Comme l’ont montré des exemples passés28, la ratification est devenue indispensable de manière indiscutable : les rois décident en dernier ressort, et les pouvoirs qu’ils ont délivrés à leurs ministres ne les engagent en rien. Vattel résume ainsi cette obligation juridique :
« Les princes ne pouvant être contraints, autrement que par les armes, à remplir leurs engagemens, on s’est accoutumé à ne faire fonds sur leurs traités qu’autant qu’ils les ont agréés et ratifiés. Tout ce qu’a conclu le ministre [demeure] sans force jusqu’à la ratification du prince29. »
16En ratifiant le traité que son plénipotentiaire a signé, le roi reprend à son compte les termes de l’accord conclu avec les autres parties. Pour cette raison, le texte de l’alternat est cité in extenso, ce qui se traduit dans la forme même de l’acte, un vidimus. Ultime validation et authentification, le roi signe et scelle l’acte, qui est ainsi l’expression même de sa volonté.
L’affaire de tous
17Vient alors le moment de l’échange des ratifications30. L’article 27 du traité prévoit qu’il aura lieu à Paris « dans l’espace d’un mois, ou plutôt s’il est possible, à compter du jour de signature du présent traité ». Chaque ministre remet aux trois autres ministres la ratification de son souverain, tandis que lui-même reçoit les ratifications des souverains des trois autres puissances. Par voie de conséquence, chacun ne conservera, à titre de preuve, que les ratifications des autres souverains31. Les procès-verbaux d’échanges des ratifications, dernières pièces nécessaires à la validité juridique du traité, sont datés du 10 mars 1763. Dans le dossier du traité de Paris conservé aux archives diplomatiques sont ainsi conservés deux procès-verbaux d’échanges des lettres de ratification française, britannique et espagnole, dans le respect de la règle de l’alternative, et un procès-verbal pour l’échange des ratifications française et portugaise32. Le traité « a reçu toute sa forme » et est alors en vigueur.
18Avec la publication, le traité devient l’affaire de tous, car comme le rappelle Vattel, « le traité n’oblige les sujets que du moment qu’il leur est notifié33 ». La publication oblige donc de facto les sujets des puissances belligérantes à cesser les hostilités, et les « remet […] dans l’état où elles se trouvoient avant la guerre34 ». L’ordonnance royale le rappelle d’ailleurs : « afin que personne ne puisse en prétendre cause d’ignorance, la présente sera lue, publiée et affichée où besoin sera35. » Aucun article n’étant secret, le traité tout entier est publié, y compris les pièces que l’on oublie ordinairement : déclarations unilatérales, accession du Portugal, ratifications, procès-verbaux d’échange des ratifications. Chaque partie publie toutes les pièces du traité qui sont en sa possession. Ainsi les Britanniques publient-ils les « billets du Canada36 » – et non les Français, qui n’en ont pas gardé d’exemplaire.
19Si on le compare au traité d’Utrecht, le traité de Paris est d’une architecture fort simple : un seul texte commun aux trois puissances belligérantes, une accession et quelques déclarations seulement, quand le traité d’Utrecht, ou pour mieux dire, les traités d’Utrecht, se décomposaient en nombreux textes bilatéraux et autres déclarations unilatérales. Pour autant, les impératifs juridiques semblent identiques : pas de signature de l’accord sans pouvoir, et pas d’entrée en vigueur sans ratifications et échange des ratifications. En 1763 comme en 1713, la hiérarchie des puissances se donne aussi à voir dans la rédaction du traité, mais dans le cas de la paix de Paris, la simplification juridique a paradoxalement rendu les contraintes de cérémonial plus visibles. Quoi qu’il en soit, les douze pièces qui composent aujourd’hui encore le dossier du traité de Paris aux archives diplomatiques sont nécessaires à l’expression diplomatique et juridique de la paix retrouvée. Elles sont un tout, que conserve le roi de France à titre éternel de preuve.
20Il en va toujours de même aujourd’hui pour les accords que signe la France.
Notes de bas de page
1 Dziembowski E., La guerre de Sept Ans (1756-1763), Paris, Perrin/Ministère de la Défense, 2015, p. 522. Sur la guerre de Sept Ans et le traité de Paris, la bibliographie est plus qu’abondante. On renvoie ici à la dernière mise au point.
2 Vattel E. de, Le droit des gens ou principes de la loi naturelle appliqués à la conduite et aux affaires des nations et des souverains, Londres, 1768, 2 vol., ici II, p. 255.
3 Ibid., p. 269.
4 AAE, TRA 1763000, Dossier du traité de Paris, février-juin 1763.
5 Pour reprendre l’expression de Vattel : « Le souverain est le véritable auteur de la guerre » (Vattel E. de, Le droit des gens…, op. cit., t. II, p. 5). Par « auteur », il faut entendre « celui qui est la première cause de quelque chose » (article « Auteur », Dictionnaire de l’Académie, 4e édition, 1762 [http://portail.atilf.fr/cgibin/dico1look.pl?strippedhw=auteur&headword=&docyear=ALL&dicoid=ALL&articletype=1] (dernière consultation le 1er février 2015).
6 Car la politique, « chose privée » des rois, produit du droit public. Voir Belissa M., Fraternité universelle et intérêt national (1713-1795). Les cosmopolitiques du droit des gens, Paris, Kimé, 1998, p. 92.
7 Les cérémoniaux ont fait l’objet de nombreuses études, menées dans le sillage des recherches consacrées à la cour. Voir par exemple les travaux de Roosen W., « Early Modern Diplomatic Ceremonial : A Systems Approach », The Journal of Modern History, 1980, vol. 52, p. 452-476, notamment p. 458 et suiv. ; de Stollberg-Rilinger B., « Symbolische Kommunikation in der Vormoderne: Begriffe, Thesen, Forschungsperspektiven », Zeitschrift für historische Forschung, 2004, vol. 31, p. 489-527. Pour la mémoire cérémonielle, voir par exemple Cosandey F., « La mémoire du rang », Völkel M. et Strohmeyer A. (dir.), Historiographie an europäischen Höfer (16.-18. Jahrhundert). Studien zum Hof als Porduktionsort von Geschichtsschreibung und historische Repräsentation, Berlin, 2009, p. 275-294. La question plus spécifique du cérémonial de l’écrit reste encore à explorer.
8 Bercé Y.-M., La naissance dramatique de l’absolutisme (1598-1661), Paris, 1992, p. 215 cité par Bély L., « Souveraineté et souverains : la question du cérémonial dans les relations internationales à l’époque moderne », Annuaire bulletin de la société de l’histoire de France – année 1993, 1994, p. 27-43, ici p. 28.
9 Bély L., « La naissance de la diplomatie moderne », Revue d’histoire diplomatique, 2007, p. 271-294, ici p. 282.
10 La notion existe aujourd’hui encore : lorsque deux États, ou pour dire mieux, deux sujets de droit international, concluent un traité, chaque exemplaire du texte revenant à l’une et à l’autre partie est appelé l’« alternat ».
11 AAE, TRA 17630001/001, Paris, 10 février 1763 : alternat France/Grande-Bretagne/Espagne ; TRA 17630001/002 : alternat France/Espagne/Grande-Bretagne.
12 Comme le souligne Lucien Bély. « Anatomie de l’incident diplomatique », Bély L. et Poumarède G. (dir.), L’incident diplomatique (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, 2010, p. 451-458, ici p. 451.
13 Ibid., propos introductif, p. 3.
14 Sur cette « difficulté insurmontable », voir notamment AAE, Correspondance politique, Angleterre, 449, fol. 255 v°-256 v°, Praslin au duc de Nivernais, Versailles, 8 février 1763.
15 AAE, TRA 17630001/006, déclaration de De Mello relative à l’alternative, Paris, 10 février 1763.
16 AAE, Mémoires et documents, Portugal, 5, fol. 151-152, Mémoire « sur la question : si les rois de Portugal ont fait des démarches auprès des rois de France pour obtenir l’alternative dans les traités qu’ils ont signés », août 1767.
17 Wicquefort A. de, L’ambassadeur et ses fonctions, Cologne, Pierre Marteau, 1690, 2 vol., ici vol. 1, p. 187.
18 « Les souverains traitent ensemble par le biais de leurs procureurs, ou mandataires, revêtus de pouvoirs suffisans, et que l’on appelle communément plénipotentiaires. » Vattel E. de, Le droit des gens…, op. cit., t. I, p. 370.
19 AAE, TRA 17630001/001 et TRA 17630001/002, Pouvoirs de Choiseul copiés à la fin des alternats français, Versailles, 7 février 1763.
20 La connexion entre les traités et la chose sacrée est passée dans le langage courant depuis bien longtemps, comme en témoigne par exemple l’article « sacramental, ale » : « On appelle dans le discours familier. Mots sacramentaux. Les mots essentiels pour la conclusion d’une affaire, d’un traité. L’affaire est conclue, il a dit les mots sacramentaux. », Dictionnaire de l’Académie, 4e édition, 1762 [http://portail.atilf.fr/cgi-bin/dico1look.pl?strippedhw=&headword=sacramentel&docyear=ALL&dicoid=ALL&articletype=1] (dernière consultation le 30 janvier 2015).
21 AAE, PAAP, 482, mémoire de Portalis relatif à la paix d’Amiens, [1802]. Je remercie Mme Françoise Aujogue de m’avoir signalé ce document exceptionnel.
22 Wicquefort A. de, L’ambassadeur et ses fonctions, op. cit., vol. I, p. 181.
23 Oubli constaté dans le troisième article des « articles séparés » dans les deux alternats (déjà cités).
24 Déclaration de De Mello relative à l’alternative (déjà citée). Déclaration de Bedford « faite au nom du roi d’Angleterre […] pour prévenir tout sujet de contestation à l’occasion des limites des États du Subah de Bengale et de la côte de Coromandel et d’Orixa », Paris, 10 février 1763 (AAE, TRA 17630001/003).
25 AAE, TRA 17630001/007, acte d’accession du roi de Portugal au traité, Paris, 10 février 1763.
26 Mably G. de, Le droit public de l’Europe fondé sur les traitez conclus jusqu’en l’année 1740. Nouvelle édition augmentée de remarques historiques, politiques et critiques par M. Rousset, Amsterdam, M. Uytwerf, 1748, 2 vol., ici vol. I, p. 74.
27 Wicquefort A., L’ambassadeur et ses fonctions…, op. cit., vol. II, p. 179.
28 On rappelle ici que le traité de commerce franco-britannique signé à Utrecht n’est jamais entré en vigueur, la reine Anne n’ayant pu le ratifier. Voir à ce sujet Schnakenbourg É., « Les interactions entre commerce et diplomatie au début du XVIIIe siècle : l’exemple du traité de commerce franco-anglais de 1713 », Histoire, économie et société, 2004, no 3, p. 349-365, ici p. 353 ; Janin F., « Un monument archivistique et juridique : les traités d’Utrecht (1713) conservés au ministère des affaires étrangères français », Perrillat L. (dir.), Couronne royale. Colloque international autour du 300e anniversaire de l’accession de la maison de Savoie au trône royal de Sicile, Annecy, Chambéry, Académie salésienne, Laboratoire LLS, 2013, p. 129-133, ici p. 132.
29 Vattel E. de, Le droit des gens…, op. cit., vol. I, p. 370-371.
30 Voir Constant M., « Les traités : validité, publicité », Bély L. et Richefort I. (dir.), L’invention de la diplomatie. Moyen Âge, Temps modernes, Paris, 1998, p. 235-248, ici p. 242.
31 AAE, TRA 17630001/005, ratification britannique, Saint-James, 21 février 1763 ; TRA 17630001/004, ratification espagnole, Pardo, 25 février 1763 ; TRA 17630001/008, ratification portugaise, Ajuda, 25 février 1763.
32 AAE, TRA 17630001/009, procès-verbal d’échange des ratifications France/Grande-Bretagne/Espagne, Paris, 10 mars 1763 ; TRA 17630001/010, procès-verbal d’échange des ratifications France/Espagne/Grande-Bretagne, Paris, 10 mars 1763 ; TRA 17630001/011, procès-verbal d’échange des ratifications France/Portugal, Paris, 10 [mars] 1763.
33 Vattel E. de, Le droit des gens…, op. cit., vol. II, p. 269.
34 Ibid., vol. II, p. 270.
35 AAE, TAR 17630001/012, ordonnance (« De par le roi »), Versailles, 3 juin 1763.
36 Voir la publication du traité de Paris dans The Saint-James Chronicle or British Evening Post, 19 mars 1763 conservée notamment aux archives diplomatiques, correspondance politique, Angleterre, 449, fol. 209-210.
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