Et si la Nouvelle-France n’avait pas été perdue ?
Essai d’histoire contrefactuelle
p. 41-56
Texte intégral
1Je n’aurais jamais rédigé le présent texte sans la très amicale demande de Laurent Veyssière qui m’avait souvent entendu souligner que la perte du Canada par suite de la défaite de 1759-1760 et du traité de paix qui mit fin à la guerre de Sept Ans, n’avait rien d’inévitable1. Et il m’arrivait souvent d’ajouter, dans le même esprit que le très remarquable historien que fut William J. Eccles2 : « Et l’on peut se demander ce qui se serait passé si Montcalm ne s’était pas lancé dans une charge aussi déraisonnable… » Il m’a donc pris au mot et lancé dans un exercice très nouveau pour moi : reprendre l’analyse de la perte du Canada par le royaume de France selon les méthodes proposées voici plus de quarante ans par l’histoire contrefactuelle dont les travaux m’avaient fort intéressé lors de leur parution3. On ne refait pas l’histoire mais en se posant la question « que se serait-il passé si… tel ou tel événement n’était pas arrivé ou n’avait pas connu l’issue qui a été la sienne », on peut montrer que les réalités étaient beaucoup plus compliquées qu’on ne l’écrit trop souvent, et, ce qui n’est pas moins intéressant, que telle ou telle analyse ou explication manque de pertinence.
2Dans le cas qui nous intéresse présentement, nous n’avons d’ailleurs pas affaire à une seule question mais à plusieurs, imbriquées les unes dans les autres. La première est bien sûr : « Que se serait-il passé si les Français n’avaient pas perdu sur les plaines d’Abraham et tout autant si Québec n’avait pas été rendue de manière incroyable, comme l’a exprimé Lévis ? » La seconde – qu’il faut lier à la première, comme nous allons le voir – est : « Que se serait-il passé si Lévis avait pu prendre Québec ? » La troisième, beaucoup plus globale, consiste à se demander ce qui se serait passé si la Nouvelle-France était alors restée une possession du Roi Très Chrétien.
3Le point de départ de nos réflexions est donc la défaite française sur les plaines d’Abraham le 13 septembre 17594, encore que la perspective canadienne soit loin d’être le seul élément à prendre en cause : une victoire française à Minden, le 1er août 1759, et la mainmise des Français sur le Hanovre qui en aurait été la conséquence, auraient à coup sûr compensé l’échec de Québec. C’est cette double défaite française qui a compté l’une en Amérique du Nord, l’autre en Europe. S’agissant du Canada, on l’explique très volontiers par des causes générales en affirmant que celles-ci rendaient inévitable la défaite. Les uns5 estiment que tout vient de la disproportion de population entre les colons britanniques des Treize Colonies et les colons français du Canada, mais ce n’est pas ce qui a joué en 1759 : la clé des événements a été la capacité britannique à réunir des forces militaires nombreuses et de qualité, et à les faire passer sur le continent américain. À cet égard, on doit souligner que les travaux récents ont montré qu’à Louisbourg en 1758 comme à Québec en 1759, ce qui a été essentiel ce fut la capacité des Britanniques à maîtriser des opérations amphibies terre-mer à longue distance. D’autres auteurs soulignent alors que c’est la supériorité militaire ainsi acquise qui a été déterminante, mais elle n’existait nullement lors de l’épisode décisif, qu’il faut rappeler avant d’aller plus loin. Seule une partie des troupes de Wolfe6 avait pu monter sur les plaines d’Abraham et même si c’étaient d’excellents soldats avec un très bon encadrement – on l’avait vu lors de la prise de Louisbourg –, elles étaient en infériorité numérique très nette, ce qui aurait encore été accentué si Montcalm avait attendu Bougainville, voire Lévis. En outre, pour attaquer, elles auraient été obligées de descendre au creux des plaines avec les Français sur les points hauts des plaines d’Abraham situés avant les défenses de Québec, ville fortifiée – même si l’on a exagérément discuté la qualité de ses fortifications7 –, qu’il aurait fallu prendre, alors que Wolfe ne disposait pas d’une artillerie suffisante ! Il était en outre exposé à une attaque sur ses arrières et sur son flanc gauche par Bougainville et par Lévis. Je ne développe pas ayant déjà écrit à ce sujet et m’en tiens à souligner que l’armée anglaise n’avait pratiquement aucune chance de l’emporter à ce moment-là8. Que se serait-il donc passé si Montcalm n’avait pas quitté sa très bonne position et ne s’était pas lancé dans un assaut qu’il n’avait aucune chance de gagner ?
4La première hypothèse est d’envisager que Wolfe aurait attaqué les positions françaises mais aurait été repoussé. La seconde est que découvrant la difficulté de sa situation il aurait temporisé en faisant venir davantage de troupes – mais il n’avait guère de marge de manœuvre à cet égard car beaucoup de soldats étaient malades – et en renforçant son artillerie – il ne disposait lors de la bataille que d’un canon ! Mais, dans ce cas, il aurait laissé le temps aux Français de regrouper toutes leurs forces et se serait heurté à trois fois plus de combattants qu’il n’en avait et à davantage de soldats de métier9 qu’il n’en dénombrait. Or le temps pressait : la flotte anglaise, pour éviter que les glaces ne se multiplient dans la basse vallée du Saint-Laurent, ne disposait guère que de trois semaines. Tout laisse à penser que n’ayant pu l’emporter sur le terrain et ayant subi de lourdes pertes, il aurait fallu rembarquer ce qui aurait été très difficile, les Français pouvant alors s’avérer extrêmement gênants. On peut même considérer que redescendre des plaines d’Abraham dans l’Anse-au-Foulon sous le feu de l’ennemi aurait été encore plus difficile que la montée effectuée dans la nuit ! Wolfe et ses troupes étaient réellement le dos au mur. L’affaire pouvait même tourner au désastre.
5Un deuxième événement qui fut la conséquence de la victoire de Wolfe, trop souvent oublié ou minoré, a également été décisif : la reddition de Québec le 18 septembre 1759 par Ramezay, en accord avec la plupart des officiers présents, reddition qui est une aussi lourde faute que l’assaut ordonné par Montcalm. Sans cette reddition, les Britanniques seraient restés dans une situation des plus difficiles puisque la plupart des troupes françaises arrivaient et que les Britanniques se seraient trouvés pris entre la ville et les soldats de Lévis. Étant données la supériorité numérique française, la possibilité pour Lévis de s’appuyer sur Québec et sur sa garnison, les qualités manœuvrières bien connues du général français, ils avaient peu de chances de pouvoir l’emporter et n’avaient pas la possibilité de recevoir des secours par mer10. Il leur restait cependant la possibilité d’une avancée de l’armée d’Amherst mais celui-ci, d’une prudence que tous les historiens militaires dépeignent comme excessive11, était encore loin du théâtre d’opérations, ce qui plaçait Murray et ses hommes dans une position périlleuse. La résistance de Québec pouvait donc annihiler les conséquences de la défaite des plaines d’Abraham, laquelle au demeurant, peu coûteuse en hommes, n’avait nullement affaibli les capacités militaires des Français12. L’incapacité d’Amherst à réellement combiner avec l’attaque de Québec laissait donc toutes leurs chances aux forces françaises, et il en fut de même l’année suivante comme le montre la victoire de Lévis à Sainte-Foy, mais Québec était alors aux mains des Anglais…
6L’échec de la grande opération mise sur pied par Pitt était donc écrit, d’autant plus que l’armée d’Amherst qui s’avançait par voie de terre n’aurait pu hiverner dans le haut pays. Or le coût de l’opération avait été si considérable que le gouvernement anglais n’était pas en mesure de le renouveler aussitôt13, d’autant moins que la politique du premier Pitt ne faisait pas l’unanimité : l’inner cabinet britannique était profondément divisé, d’abord entre Pitt et Newcastle, puis entre Pitt et Bute. On sait notamment que Thomas Pelham-Holles, duc de Newcastle, premier ministre de mars 1754 à novembre 1756, puis à nouveau de mai 1757 à juillet 1762, pensait que la partie décisive se jouait sur le continent européen alors que Pitt était totalement axé sur la conquête des possessions françaises en Amérique du Nord, tout particulièrement sur la conquête de la Nouvelle-France. En Amérique du Nord, en outre, l’échec devant Québec aurait eu des effets désastreux non seulement sur le moral des colons américains mais surtout parmi les peuples amérindiens. Les conséquences auraient été similaires si Lévis avait pu compléter sa victoire de Sainte-Foy en reprenant Québec : l’Angleterre n’était certainement pas en mesure de remettre sur pied aussitôt une grande expédition combinée terre/mer, d’autant plus que le coût financier des opérations lancées en Amérique du Nord n’était pas la seule variable à prendre en compte : elles bloquaient une très grande partie – le cinquième – de la flotte de ligne britannique, 22 vaisseaux de ligne, et 24 autres de moindre qualité, sans oublier 120 navires de transport, ce qui ne pouvait sans doute pas être maintenu très longtemps pour des raisons aussi bien navales que d’entretien ou de coût (maintenance des bateaux, ravitaillement et renouvellement des équipages et des soldats), questions que ne pouvait résoudre l’existence de la nouvelle base d’Halifax, créée en 1749, laquelle, au demeurant n’est pas réellement à proximité de Québec.
7Ne nous nous trompons pas cependant : pour que Lévis renverse en 1760 la situation, il lui aurait fallu, après sa victoire de Sainte-Foy, reprendre très vite Québec. Or, dans la mesure où par manque de moyens il était obligé d’attendre des renforts en hommes et surtout en armements et matériels venant de France, il n’en avait plus la possibilité, le gouvernement français n’étant pas en capacité d’affaiblir la maîtrise britannique de l’Atlantique Nord, ou à tout le moins de réussir à faire arriver dans la vallée du Saint-Laurent une flotte par suite de la surveillance par la Royal Navy de l’océan, et surtout ne l’envisageant pas. D’ailleurs, un problème bien difficile à résoudre aurait été l’entrée dans le Saint-Laurent dont bien entendu la flotte anglaise avait organisé le blocage. Aucune réflexion contrefactuelle n’est possible à cet égard, même si Lévis et Vaudreuil ont espéré qu’une flotte française arriverait la première, et il est difficile de suivre Philip Buckner et John Reid lorsqu’ils écrivent que rien n’était irréversible après la bataille perdue par Montcalm : « Seule l’arrivée d’une flotte britannique plutôt que française au printemps [de 1760] eut pour conséquence définitive que Québec resta entre des mains britanniques14. » En fait, l’arrivée d’une flotte française était littéralement impossible : seuls quelques bateaux pouvaient passer, ce qui n’était pas suffisant. C’est pourquoi la défaite des plaines d’Abraham s’est avérée décisive et tout autant l’imbécile reddition de Québec qui a sans doute eu une importance encore plus grande.
8L’hypothèse essentielle reste donc : que se serait-il passé si Wolfe avait échoué ? Dans ce cas, le gouvernement anglais n’avait plus que deux solutions : ou engager des pourparlers de paix qui auraient été d’autant plus les bienvenus que cela faisait plusieurs années que le conflit durait et qu’au XVIIIe siècle, au bout de trois à quatre ans les belligérants entament des pourparlers, la guerre étant coûteuse et très gênante pour les activités maritimes et commerciales ; ou déplacer le conflit vers les Antilles et, en profitant de sa supériorité maritime, s’emparer des îles françaises afin de forcer le gouvernement de Louis XV à conclure une paix qui pouvait au demeurant déboucher sur un abandon total ou partiel de la Nouvelle-France puisqu’il n’était pas question de concéder ni les trois grandes îles antillaises françaises ni le droit de pêche à Terre-Neuve, et que la conservation de la Nouvelle-France ne venait qu’en troisième position aux yeux du gouvernement français. On se rappellera à cet égard que plusieurs ministres du gouvernement britannique, dont le premier ministre Newcastle lui-même, estimaient quelque peu absurde la politique de Pitt : mieux aurait valu conquérir les Antilles françaises, ce qui aurait en outre été plus facile et moins coûteux. Mais Pitt représentait à la fois le lobby antillais britannique qui voulait éviter la concurrence des Antilles françaises si elles étaient devenues britanniques, et le lobby des colons américains qui voulaient la disparition de la présence française, le développement de la présence anglaise en Amérique du Nord étant à ce moment-là l’objectif principal du parti patriote dont il était le leader. Par ailleurs, incontestablement la conquête du Canada était un but de guerre de la Grande-Bretagne au début du conflit. Dans le cadre de pourparlers de paix, même sans défaite sous les murs de Québec, si le choix offert au gouvernement français opposait la Nouvelle-France aux Antilles ou au droit de pêche à Terre-Neuve, le Canada aurait donc pu être perdu15, comme il l’a été effectivement durant les négociations du traité de Paris malgré une vive controverse en Angleterre même où d’aucuns partageaient le point de vue français qu’il valait mieux la Guadeloupe – déjà aux mains des Anglais – que le Canada, pays de neige ne rapportant à peu près rien16. Il ne faut pas s’en étonner : il n’était pas une priorité absolue aux yeux de la France, ce qui ne signifie nullement que celle-ci l’a abandonné volontairement au cours de la guerre de Sept Ans17. Il n’empêche qu’il n’était qu’un théâtre d’opérations secondaire et qu’au demeurant, passé 1757, le royaume de France ne disposait plus d’une marine suffisamment importante pour le secourir avec efficacité.
9Néanmoins, et Laurent Veyssière l’a à juste titre souligné, ce n’est réellement qu’en juin 1761 que, « pour la première fois, la France envisage la cession complète du Canada, mais exige de conserver la Guadeloupe et les pêcheries de Terre-Neuve18 ». Or le rapprochement avec l’Espagne inquiète beaucoup le ministère anglais car, comme l’écrit à Choiseul le 17 juillet 1761 François de Bussy, qui avait été envoyé à Londres en mai 1761 « pour négocier le retour du Canada, encore et toujours contre les prises faites au Hanovre19 » :
« Ce qui met le comble aux alarmes du ministère britannique, c’est la perspective du mauvais état des finances de l’Angleterre, celle de la perte de la confiance publique si la paix ne se faisait pas, et de la détresse où la Cour de Londres se trouverait s’il fallait faire les fonds pour la continuation de la guerre avec la France et peut-être pour une nouvelle guerre avec l’Espagne20. »
10On sait que le conflit interne au sein du cabinet britannique se termina par le départ du ministère de William Pitt le 5 octobre 1761. Tout cela nous montre qu’un échec spectaculaire de Wolfe et donc de la tentative assez colossale, en regard des normes de l’époque, pour conquérir la vallée du Saint-Laurent, aurait pu avoir de telles conséquences qu’elles auraient assuré le maintien du Canada dans la souveraineté française : après tout, seul Pitt en avait fait un objectif essentiel et comme sa politique ultra-belliciste était très discutée, cet échec aurait pu y mettre fin. Certes, la guerre avait commencé pour défendre les colons américains et, comme je viens de le rappeler, la conquête du Canada était un but de guerre dès le début du conflit, mais en 1759-1761 une grande partie des ministres britanniques avaient une vue beaucoup plus pragmatique des affaires que Pitt. En cas de nécessité, ou d’une solution leur paraissant plus avantageuse pour leur pays, il n’est pas du tout certain qu’ils se seraient accrochés à la conquête du Canada, d’autant plus qu’en Angleterre même était apparue l’idée que les velléités d’autonomie déjà montrées par les colons américains seraient facilitées par la disparition de la menace française. Par ailleurs, il faut bien reconnaître que le plus souvent les auteurs qui s’occupent de la conquête du Canada oublient de replacer son histoire dans le contexte global de la guerre de Sept Ans. C’est ainsi que la conquête du Hanovre par la France aurait pu changer la donne en donnant à Louis XV une importante monnaie d’échange. De même, si, comme cela a failli arriver, Frédéric II avait dû subir la loi des armées russes, la donne aurait été changée21. Le Canada pouvait donc rester français au début des années 1760, d’autant plus qu’aux yeux de très nombreux Britanniques, y compris et notamment d’hommes politiques et de ministres, « l’acquisition de la Nouvelle-France n’était pas un objectif majeur des ambitions impériales anglaises à la fin de la guerre de Sept Ans : le Canada fut conservé pour procurer la sécurité aux colonies américaines22 », alors que par ailleurs il ne paraissait guère avoir d’intérêt.
11Les conséquences économiques en auraient été très réduites : j’ai montré dans une étude précédente que la perte de la Nouvelle-France n’avait pratiquement pas eu de conséquences pour l’économie du royaume de France, en dehors du commerce des fourrures qui était loin d’être un gros poste de la balance commerciale française23. Certes, en juin 1763 le Board of Trade britannique estima qu’il y aurait de grands avantages à retirer de « la possession exclusive du droit de pêche dans le fleuve Saint-Laurent, sur toutes les côtes du golfe Saint-Laurent et des îles de ce golfe », mais c’était une grande exagération, ces zones de pêche n’ayant rien de comparable à la pêche à Terre-Neuve et dans ses abords24. Il reste que ni le royaume de France ni sa colonie nord-américaine ne disposaient de ressources humaines permettant de mettre en valeur le vaste espace allant de la vallée du Saint-Laurent aux Rocheuses et de là au golfe du Mexique. Pour fort longtemps nous n’aurions pu avoir que des implantations humaines de taille limitée, comme c’était déjà le cas, ce qui signifie que la question de la vallée de l’Ohio se serait à nouveau posée de manière cruciale. On sait que, depuis les années 1740, les colons américains, et notamment les Virginiens, parce qu’ils manquaient de terres, voulaient aller au-delà des Appalaches et s’installer dans la vallée de « la belle rivière » dont les terres étaient considérées comme d’une très grande richesse et particulièrement propices à la colonisation agricole. Ce fut une des causes principales du conflit en Amérique du Nord au milieu du XVIIIe siècle, et cela le serait resté. Néanmoins, ce n’était pas un objectif principal pour le gouvernement anglais, or, sans son appui, les colons ne pouvaient pas grand-chose dans l’immédiat. Il leur aurait fallu se doter d’une armée capable de vaincre les Canadiens français dans le cadre d’un conflit localisé à l’Amérique du Nord. En cas de maintien de la souveraineté française, cet affrontement devenait de plus en plus probable à moyen terme : vingt-cinq ou trente ans. Ceci étant, on ne saurait oublier que dès 1759 le gouvernement français avait envisagé de céder la rive gauche de l’Ohio… pour mieux garder la vallée du Saint-Laurent25, ce qui aurait pu constituer la base d’un accord.
12En attendant, les colons américains auraient pu et auraient sans aucun doute – ils l’avaient fait dans les années 1750 – joué une autre carte : s’assurer des alliances amérindiennes plus larges et donc mettre en péril l’influence française dont on oublie trop souvent la fragilité. On ne cesse en effet de parler de « l’empire français » d’Amérique du Nord, dès le XVIIIe siècle d’ailleurs, tel Chateaubriand26, et Gilles Havard comme Robert Bothwell l’ont encore fait récemment27. C’est à tout le moins un abus de vocabulaire issu d’une notion de domination territoriale sans aucune pertinence : les Français ne dominent réellement que la vallée du Saint-Laurent où ils ont pu développer leur colonisation, et une partie de ses abords immédiats ainsi qu’une petite partie de la Louisiane. Dans l’esprit des Européens, la reconnaissance d’un territoire largement vide d’hommes équivalait à sa prise de possession mais en réalité ce n’était pas le cas : l’essentiel de ce qu’on appelle le territoire de l’empire français d’Amérique du Nord appartenait aux différentes tribus amérindiennes avec lesquelles avaient été négociées des conventions ou traités permettant de parcourir les territoire de ces tribus et d’y implanter des forts28, en échange de « cadeaux » fait chaque année auxdits peuples amérindiens, « cadeaux » qui étaient en réalité un véritable tribut29. Après les longues hostilités avec les Iroquois, la paix de Montréal de 1701 avait eu pour conséquence qu’à de très rares exceptions près30 les relations avec l’ensemble des peuples amérindiens étaient devenues paisibles, reposant sur la participation de ces derniers à la traite des fourrures et sur l’envoi chaque année par le gouvernement français des cadeaux dont je viens de parler. Le résultat en était que, dans la première moitié du XVIIIe siècle, en dehors des territoires proches de la baie d’Hudson, les relations commerciales liées à la traite étaient dominées par les Français qui, en outre, depuis les voyages de La Vérendrye et de ses fils, ne cessaient de mordre sur les territoires où s’exerçait l’emprise des factoreries de la Baie. Lors de la guerre de Succession d’Autriche et au début de la guerre de Sept Ans non seulement les Anglais n’avaient guère d’alliés amérindiens31 mais, en outre, à plusieurs endroits leurs implantations subissaient les attaques de tribus alliées des Français avec au premier rang d’entre elles les Abénaquis. En 1755-1756 beaucoup d’Amérindiens participèrent à la guerre aux côtés des Français, y compris des tribus membres de la Confédération iroquoise. Les raids menés contre les implantations des colons britanniques furent nombreux et dévastateurs. Mais la coopération amérindienne restait fragile et avait besoin d’être entretenue en permanence car elle ne correspondait, quelques groupes finalement peu nombreux mis à part, à aucune souveraineté effective. Gilles Harvard a d’ailleurs fort bien analysé cela en montrant que le discours officiel « de protection » du roi de France et de ses représentants s’accompagnait d’une « alliance inégale » ce qui « permettait au roi de symboliser formellement une relation de domination32 ». Il faut ajouter à son analyse la nécessité de bien comprendre la situation effective : du côté français, la domination et la souveraineté sur les territoires de la Nouvelle-France, Pays d’en Haut compris, étaient vues comme une réalité, mais tel n’était évidemment pas le point de vue des Amérindiens pour lesquels, au demeurant, ces concepts de souveraineté ou de domination n’avaient pas de sens : non seulement les tribus amérindiennes se voulaient et étaient libres, mais elles entendaient bien garder la possession de leurs territoires de chasse. Au départ de la guerre, donc, la coopération amérindienne bénéficiait essentiellement aux Français.
13Néanmoins, en très peu de temps, à partir de 1758 la situation se modifia considérablement33. D’une part, les Anglais réussirent à revoir leur manière de conduire la guerre34, à mener une politique offensive très active et à s’assurer de bonnes relations avec de nombreux Amérindiens alors que jusque-là peu nombreux étaient ceux qui combattaient à leurs côtés. Ce fut l’œuvre de William Johnson, nommé Surintendant aux Affaires indiennes35. Pour gagner leur confiance, les Britanniques leur promirent de développer leurs relations commerciales et de respecter leurs terres. Ce fut notamment le cas en octobre 1758 lorsque les autorités de Pennsylvanie négocièrent la paix avec les tribus de l’Ohio, moyennant la renonciation des Pennsylvaniens à réclamer les terres situées derrière la crête des montagnes36, à la suite de quoi ils se retirèrent de la guerre, et ce fut la fin de leur alliance avec les Français. D’autre part, l’avancée de l’armée britannique amena la prise et parfois la destruction des forts français avec pour résultat d’abord un desserrement marqué puis une disparition des anciennes alliances franco-amérindiennes, une participation désormais réduite d’alliés amérindiens aux opérations françaises et la venue progressive d’Amérindiens aux côtés des Anglais. En un véritable renversement des alliances, « ce fut seulement à partir de l’été de 1758 que l’armée britannique fut capable d’employer un nombre significatif de guerriers [amérindiens] alliés37 », mais ensuite le nombre d’Amérindiens se ralliant aux Britanniques ne cessa d’augmenter : « même les tribus proches de la vallée du Saint-Laurent qui avaient été les alliés très fidèles des Français, changèrent d’allégeance38 ». Leur attitude était logique : d’un côté ils se prémunissaient contre des représailles anglaises ; de l’autre ils pouvaient espérer continuer à profiter de la traite des fourrures, en liaison cette fois avec les Britanniques. En outre, on ne doit pas oublier qu’à partir de ces mêmes dates les Français ne sont plus capables de faire les « cadeaux » traditionnels, ce qui signifie la fin des anciennes alliances. Les Britanniques les supplantent auprès des tribus qui sont dans une situation d’autant plus difficile que la traite s’est pratiquement arrêtée et que d’ailleurs les Français n’ont plus les indispensables marchandises de traite : elles n’arrivent plus de la métropole39. Le meilleur exemple est sans doute celui des Hurons-Wendat, installés à Jeune-Lorette par les jésuites : ces si anciens alliés des Français cessèrent de participer à leur lutte en 1759 puis, « durant l’hiver, le conseil de leurs chefs adopta une politique de neutralité40 ». L’échec anglais aurait évidemment permis de faire revivre les anciennes alliances, créé une défiance considérable parmi les Amérindiens envers les Anglais, mais sans faire disparaître les inquiétudes nées dans les tribus devant le reflux français et devant la non arrivée des marchandises de traite, la mer restant dominée par la flotte anglaise. Cela aurait obligé le gouvernement royal à refondre sa politique indienne en la développant, ce qui n’aurait pas manqué d’être très coûteux en regard d’une colonie qui ne rapportait rien. L’avenir de la vallée de l’Ohio restait donc tout à fait ouvert et de nombreux éléments amènent à penser que la France se serait très vite trouvée confrontée à un dilemme : continuer une politique coûteuse et difficile, ou laisser le terrain aux colons anglais. On peut à cet égard envisager l’hypothèse que la vallée de l’Ohio aurait pu être englobée dans le cadre du règlement d’un conflit franco-anglais ultérieur et servir de monnaie d’échange dans la mesure même où elle ne constituait pas un objectif prioritaire pour le gouvernement français.
14Les Français avaient toutefois dans leur jeu une carte d’une réelle importance. En effet, malgré la volonté des autorités militaires britanniques de mener une politique de rapprochement avec les Amérindiens, malgré les avancées obtenues par William Johnson, les relations entre les troupes anglaises et les « Sauvages », pour reprendre le vocabulaire que l’on trouve dans de nombreux textes, continuaient à être médiocres, voire mauvaises41. Et d’ailleurs les années 1760 et 1761 furent aussi marquées par la guerre anglaise contre les Cherokees42. La plupart des militaires anglais méprisaient et détestaient les Amérindiens et leur comportement, et les officiers supérieurs avaient beaucoup de mal à éviter les affrontements. Eux-mêmes estimaient d’ailleurs, tels Amherst ou Gage, que leurs alliés amérindiens n’étaient guère utiles et qu’il fallait les garder uniquement pour éviter qu’ils ne retombent dans la main des Français43 :
« Les Indiens, très mécontents du traitement qu’ils recevaient des nouveaux venus [britanniques] dans les vieux postes de l’Ouest, essayaient de regagner le contrôle de leurs terres et de leurs destinées, qu’ils étaient en train de perdre, comme ils le réalisèrent trop tard44. »
15Peu de temps après la défaite française, la guerre de Pontiac (1763-1766) vint montrer l’ampleur du fossé entre les Britanniques et les Amérindiens45. Il est vrai que là où les colons britanniques s’étaient installés depuis le début du XVIIe siècle, le moins que l’on puisse dire est que les relations avec les tribus amérindiennes proches n’avaient pas été bonnes, et cela recommença après le départ des Français : William Eccles a souligné les dommages que causèrent « les hordes de commerçants, spéculateurs et soi-disant colons anglo-américains qui se déversèrent après 1763 sur les terres des nations indiennes46 ». Le problème était posé à tous niveaux : le gouvernement britannique lui-même n’était pas « à l’aise avec les populations autochtones d’Amérique du Nord47 », et n’arrivait pas à définir une politique claire et suscitant l’adhésion. Il n’était d’ailleurs pas plus à l’aise en ce qui concernait la politique à mener envers les Canadiens français48, encore que l’on a peut-être exagéré les tensions entre les autorités militaires et administratives anglaises en place à partir de 1760-1763 et les Canadiens français ; tel est le point de vue récemment exprimé par Donald Fyson pour lequel les réalités furent beaucoup plus complexes et les rapports bien davantage marqués par le pragmatisme qu’on ne l’a cru49. Certes, Stephen Conway a montré que le gouvernement anglais disposait en 1760 de deux modèles de gouvernement de populations catholiques placées sous sa domination : l’Irlande et Minorque ; il ne se trouvait donc pas dans l’inconnu comme l’historiographie consacrée au Canada l’a trop souvent souligné. Mais le choix d’appliquer la même politique qu’en Irlande s’avéra être une erreur et il lui fallut se tourner, « avec répugnance », vers « le modèle minorquin ». Ce changement de cap dénote, malgré l’analyse de Stephen Conway, une insuffisante compréhension de la situation50.
16Finalement, on peut se demander si la principale conséquence d’un échec anglais en 1759-1760 n’aurait pas été de retarder fortement l’indépendance américaine. Tous les auteurs sont en effet bien d’accord pour considérer – ce qu’avait fort bien souligné Choiseul lui-même – que l’implantation française en Amérique du Nord, l’obstacle qu’elle représentait pour les colons américains, la menace également que faisaient peser les Canadiens français et leurs alliés ou auxiliaires amérindiens rendaient les colons dépendant pour leur protection comme pour leur possible expansion du gouvernement britannique. D’ailleurs, lors des discussions à l’intérieur du Cabinet britannique sur la paix avec la France, plusieurs ministres se demandèrent si l’acquisition du Canada n’était pas en réalité dangereuse dans la mesure où elle cessait de rendre les colons américains dépendants de la mère patrie. C’était, notamment, le point de vue du duc de Bedford, mais aussi de Hardwicke et d’autres ministres51. Il est évident qu’au moins pendant longtemps cela aurait empêché les colons de prendre leur indépendance.
17Pour conclure, il me semble que l’on peut avancer les éléments suivants :
La disproportion des populations et des forces entre les colons français du Canada et les colons anglais ne débouchait pas inexorablement sur la défaite française, mais, dans le cas où celle-ci n’aurait pas eu lieu, elle aurait posé de considérables problèmes aux gouvernants français, les obligeant à un plus grand effort pour le Canada. Il reste que, dans la mesure même où c’est la défaite de 1759-1760 qui a changé les vues de Choiseul et du gouvernement français quant à la possibilité et à la volonté de conserver le Canada52, un succès français dans la vallée du Saint-Laurent aurait incontestablement modifié – au moins à court et moyen terme – la position adoptée lors des négociations de paix à partir de 1761.
L’essor américain en aurait été fortement retardé et à tout le moins freiné. L’indépendance des Treize Colonies ne se serait pas forcément réalisée, au moins à court et moyen terme.
Même si la Nouvelle-France avait été conservée, la guerre avait changé une grande partie des réalités. En particulier, la manière dont les Français avaient jusque-là géré leurs relations avec les Amérindiens et sinon leur emprise du moins leur présence par rapport aux tribus auraient été inéluctablement remises en cause : les reculs survenus de 1756 à 1759 n’auraient pu être purement et simplement gommés, et il aurait fallu redéfinir non seulement la politique suivie mais également son coût, donc ses possibilités.
La défaite des plaines d’Abraham et la reddition de Québec des 13-18 septembre 1759 sont bien les faits majeurs s’agissant de la perte de la Nouvelle-France, car finalement ce qui s’est passé ailleurs, notamment sur le continent européen, n’a pas inéluctablement scellé le sort de la présence française en Amérique du Nord. Le hasard des combats, les mauvais choix effectués sur les plaines d’Abraham puis à Québec ont été déterminants et non pas le déséquilibre initial des forces en présence car, par suite il est vrai de la manière plus que médiocre dont Amherst menait sa campagne, il n’existait pas devant Québec durant l’été 1759.
Le maintien d’une domination française sur la vallée de Saint-Laurent et ses abords était donc possible ; l’idée d’une grande présence française sur le continent nord-américain en sus de la vallée du Saint-Laurent se serait certainement avérée fort difficile devant la poussée des colons angloaméricains, à l’exception quasi certainement de la vallée du Mississipi où les Français étaient déjà bien implantés.
On n’oubliera pas, toutefois, qu’un maintien français dans les vallées du Saint-Laurent et du Mississipi – celle de l’Ohio aurait été quasi impossible à protéger – dépendait d’une grande politique indienne.
Notes de bas de page
1 Cela signifie que je suis en désaccord total avec le point de vue de Guy Chet, repris par Laurent Nerich, qui refuse d’accorder une importance décisive aux deux batailles finales : « ces batailles [les plaines d’Abraham et l’échec de Lévis pour reprendre Québec] furent plutôt le coup de grâce du Canada, son sort étant déjà scellé. Lentement mais de manière consistante, la marine britannique avait privé les forces françaises au Canada de provisions essentielles, de munitions et de renforts, tout en transportant en Amérique du Nord une armée bien ravitaillée, capable de surpasser ses ennemis sur le champ de bataille et, plus important, de surmonter une succession de rudes hivers » (Chet G., Conquering the American wilderness : the triumph of the European warfare in the colonial northeast, Amherst, University of Massachussetts Press, 2003, p. 113). Pour la citation et sa traduction : Nerich L., La Petite Guerre et la chute de la Nouvelle-France, Outremont, Athéna Éditions, coll. « Histoire militaire », 2009, p. 206.
2 Eccles W. J., The Canadian Frontier 1534-1760, nouv. éd., Albuquerque, University of New Mexico Press, 1992 [1969], p. 185 : « Si du côté français le commandement avait été meilleur, Québec aurait très bien pu ne pas tomber en 1759, et cela aurait entraîné un déroulement tout à fait différent des événements. »
3 Sur l’histoire contrefactuelle, voir Ferguson N., Virtual History : Alternatives and Counterfactuals, New York, Basic Books, 1999 et Rowley A. et D’Almeida F., Et si on refaisait l’histoire ?, Paris, Odile Jacob, 2009. Pour une critique de l’histoire contrefactuelle, voir Evans R. J., Altered Pasts: Counterfactuals in History, New York, Little, Brown and Cy, 2014.
4 Pour un récit très synthétique mais excellent de la bataille, voir Baugh D., The Global Seven Years War 1754-1763, Harlow (G.B.), Pearson Education Limited, 2011, p. 404-420. Excellent également est MacLeod P., La Vérité sur la bataille des plaines d’Abraham. Les huit minutes de tirs d’artillerie qui ont façonné un continent, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2008.
5 Par exemple, dans l’introduction de son ouvrage sur la population, Alfred Sauvy considère comme logique et inévitable la défaite française par suite de la disproportion démographique entre la Nouvelle-France et les Treize Colonies (Sauvy A., La population. Sa mesure, ses mouvements, ses lois, coll. « Que sais-je ? ; 148 », Paris, PUF, 1966).
6 Sur Wolfe et son armée, le plus simple est de partir de l’opuscule de May R. and Embleton G., Wolfe’s Army, Botley/New York, Osprey Publishing, 1997. Pour approfondir, voir Brumwell S., Redcoats: The British Soldier and War in the Americas 1755-1763, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, et Paths and Glory: the Life and Death of General James Wolfe, Londres/New York, Hambledon Continuum, 2006.
7 Voir mon étude « La mise en défense de la Nouvelle-France », Les Sociétés militaires en Aquitaine de l’Antiquité à nos jours, Actes du 58e Congrès d’études régionales de la Fédération historique du Sud-Ouest tenu à Blaye les 11 et 12 mai 2005, Pessac, Fédération Historique du Sud-Ouest, 2007, p. 379-402. Pour sa part, Peter MacLeod note qu’il y avait sur les remparts de Québec 264 canons et mortiers et 34 autres à Beauport, dans La vérité sur la bataille des plaines d’Abraham…, op.cit.
8 Voir mes articles : « Montcalm et la perte du Canada », Stratégique, t. 50, no 2, 1991, p. 89-108 ; « Les débats entre historiens à propos de Montcalm, de Wolfe et de la victoire anglaise en Amérique pendant la guerre de Sept Ans : bref essai d’historiographie apaisée » (Veyssière L. et Fonck B. [dir.], La guerre de Sept Ans en Nouvelle-France, Paris, PUPS, 2011, p. 23-48). Pour un point de vue similaire, Black J., Crisis of Empire : Britain and America in the Eighteenth Century, Londres/New York, Continuum, 2008, p. 79-80 ; Havard G. et Vidal C., Histoire de l’Amérique française, Paris, Flammarion, 2003, p. 443-446. Notons au passage que l’on s’est beaucoup interrogé sur les choix de Wolfe et sur la manière dont il a mené cette opération. Pour ma part, je pense que trois éléments sont à retenir : a) il aurait sans doute mieux valu débarquer plus en amont dans un site moins difficile, comme l’avaient proposé les brigadiers de Wolfe, mais les chances de l’emporter étaient très médiocres : la rive du Saint-Laurent était surveillée par les Français et il aurait fallu parcourir une assez longue distance pour atteindre Québec. b) La manière dont furent menées les opérations de débarquement et de montée sur les plaines d’Abraham furent remarquables et témoignent des grandes qualités de Wolfe et de l’amiral Saunders. c) Stephen Brumwell vient d’estimer que l’option retenue par Wolfe était la seule possible, thèse qu’il défend avec force et pertinence, mais il sous-estime les risques de ce choix : la destruction pure et simple de l’armée anglaise (Brumwell S., « “One more card to play” : Revisiting Wolfe’s Final Stratagem at Quebec » (Buckner P.A. et Reid J. G. [dir.], Revisiting 1759 : The Conquest of Canada in Historical Perspective, Toronto, University of Toronto Press, 2009, p. 19-43).
9 J’inclus bien sûr dans ce total les troupes de la Marine.
10 On connaît trop peu le passage du journal du chevalier de Lévis dans lequel il aborde cette question : « Ce fut dans ces circonstances que M. le chevalier de Lévis joignit l’armée le 17, ayant trouvé et arrêté nombre de fuyards en chemin. Il fit part à M. de Vaudreuil des ordres qu’il avait donnés et de ceux qu’il fallait donner pour empêcher la désertion et lui représenta que, pour arrêter le désordre, le seul moyen était de marcher en avant ; qu’il fallait faire tout au monde et tout hasarder pour empêcher la prise de Québec, et, au pis aller, en faire sortir tout le monde et détruire la ville, de façon que les ennemis ne puissent y passer l’hiver, observant qu’ils n’étaient pas assez forts pour garder la circonvallation de cette place, et pour nous empêcher d’y communiquer ; qu’il fallait se rassembler et se mettre en disposition de menacer l’ennemi de l’attaquer, et, pour cet effet, de profiter des bois du Cap Rouge, Sainte-Foye et Saint-Michel pour s’approcher d’eux, et que supposé qu’ils voulussent marcher à nous dans les bois, il fallait combattre, ou, s’ils nous fournissaient quelque autre occasion, en profiter parce que leur armée n’était pas assez forte pour se diviser et que, se trouvant ainsi entre la ville et nous, et nous étant si près d’eux, ils n’oseraient pas en faire le siège… » (Journal des campagnes du chevalier de Lévis en Canada de 1756 à 1760, éd. Léger R., Montréal, Michel Brûlé, 2008, p. 158).
11 Plusieurs historiens ont souligné que, par sa lenteur à avancer, Amherst avait handicapé et même mis en danger Wolfe : Jonathan Dull écrit à ce propos que « l’obsession d’Amherst de protéger ses propres troupes, avait mis très gravement en danger celles de Wolfe qui fut donc forcé d’affronter la grande majorité des forces de Vaudreuil et de Montcalm » (Dull J. R., The French Navy and the Seven Years’War, Lincoln, University of Nebraska Press, 2005, p. 148).
12 Il faut d’autant plus le souligner que comme l’a écrit Pouchot dans ses mémoires : la « place, quoique mauvaise, était à l’abri d’un coup de main. Il aurait fallu à l’ennemi au moins 3 à 4 jours pour élever des batteries. M. de Lévis survenant, on les aurait attaqués, ou, se plaçant tout proche d’eux, on aurait empêché leurs opérations. Ils auraient même été fort embarrassés pour se tirer de là » (Pouchot P., Mémoires sur la dernière guerre de l’Amérique septentrionale entre la France et l’Angleterre, publié et annoté par Catherine Broué, Sillery, Septentrion, 2003, p. 134).
13 Olivier Chaline a rappelé que Pitt a « fait voter pour 1759 le budget le plus ambitieux de toute l’histoire anglaise jusqu’alors : 13 millions de livres sterling, plus qu’à moitié couverts par l’emprunt ; la dette publique bondit, dévorant presque 50 % des recettes fiscales ». Et de conclure : « un tel effort financier et militaire paraît difficilement réitérable » (Chaline O., « Le Canada dans l’affrontement naval franco-britannique lors de la guerre de Sept Ans », Veyssière L. et Fonck B. (dir.), La guerre de Sept Ans…, op. cit., p. 129). Voir aussi le tableau p. 97-98 dans Morriss R., The Foundations of British Maritime Ascendancy: Ressources, Logistics and the State 1755-1815, Cambridge, Cambridge University Press, 2011. Chaffin R. J., « The Townshend Acts of 1767 », William and Mary Quarterly, 3rd série, t. XXVII, 1970 : à la fin de la guerre, la dette se montait à £ 137 millions, les intérêts à près de 5, alors que le revenu de la couronne n’était que de £ 8 millions.
14 Buckner P. A. et Reid J. G., « Preface », Buckner P. A. et Reid J. G. (dir.), Revisiting 1759…, op. cit., p. VII.
15 On verra plus loin qu’à partir de 1761, pour Choiseul et ceux qui l’entourent, le Canada peut et devra sans doute être sacrifié pour obtenir une paix honorable et garder aussi bien le droit de pêcher à Terre-Neuve que la Guadeloupe. Mais il avait existé tout au long du XVIIIe siècle, et il existait toujours au début des années 1760 de nombreux partisans de l’idée opposée : celle de conserver « les Canadiens, le Canada et la Louisiane » (Litalien R., « Conserver les Canadiens, le Canada et la Louisiane. L’opinion des Français sur le traité de paix », Imbeault S., Vaugeois D. et Veyssière L. (dir.), 1763. Le Traité de Paris bouleverse l’Amérique, Québec, Septentrion, 2013, p. 127-139).
16 Sur cette controverse, voir Pares R., War and trade in the West Indies 1739-1763, Oxford, Clarendon Press, 1936, p. 216-226, et Hyam R., « Imperial interests and the Peace of Paris », Hyam R. et Martin G., Reappraisals in British Imperial History, Londres/Basingstoke, The Macmillan Press, 1975, p. 21-43.
17 Même aujourd’hui, certains l’écrivent encore. C’est oublier que si l’armée de Wolfe comptait à son arrivée 8 500 soldats, de 1755 à 1760 la France en a envoyé au Canada 9 715, dont 7 878 sont effectivement arrivés. (Fournier M., « Les effectifs des troupes de Terre en Nouvelle-France 1755-1760 », La Guerre de Sept Ans en Amérique [1755-1760], Actes du colloque, 15 septembre 2009, Québec, Montréal, Société de généalogie canadienne-française, coll. « Cahiers généalogiques », no 3, 2010, p. 11-16). Voir également le très intéressant article de Gilles Proulx, dont le titre, assez malheureux, cache l’importance des apports : « Le dernier effort de la France au Canada : secours ou fraude ? », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 36, no 3, 1982, p. 413-426.
18 Veyssière L., « Introduction. Le traité de Paris de 1763, une paix “ni bonne ni glorieuse” », Imbeault S., Vaugeois D. et Veyssière L. (dir.), 1763…, op. cit., p. 21. En fait, lors des propositions de paix de décembre 1759, s’il est envisagé de laisser la rive gauche de l’Ohio et d’accepter la destruction de la forteresse de Louisbourg, la cession de la Nouvelle-France ne figure pas ; c’est donc seulement à la fin de l’année 1760 ou au début de 1761 que Choiseul considère cet abandon à la fois comme nécessaire et comme inéluctable car cette colonie est à la fois improductive, coûteuse et impossible à défendre réellement, ce qui était une rupture avec les points de vue prédominants jusque-là et qu’avait notamment défendus La Galissonnière. (Ruggiu F. J., « Falling into oblivion ? Canada and the French Monarchy, 1759-1783 », Buckner P. A. et Reid J. G. (dir.), Revisiting 1759…, op. cit., p. 69-94, spécialement p. 71-76) ; l’article a été traduit : « Une relation tombée dans l’oubli ? Le Canada et la monarchie française entre 1759 et 1783 », Fonck B. et Veyssière L. (dir.), La fin de la Nouvelle-France, Paris, Armand Colin/Ministère de la Défense, 2013, p. 449-473). Pour sa part, François Ternat a rappelé que « les mémoires de Silhouette de 1759 et celui de 1760 sont encore accrochés à l’idée de récupérer le Canada, plus précisément la vallée du Saint-Laurent » (Ternat F., « L’autre bataille de Québec : sauver la Nouvelle-France par la négociation », Veyssière L. et Fonck B. [dir.], La guerre de Sept Ans…, op. cit., p. 78).
19 Veyssière L., « Introduction… », art. cit., p. 18.
20 Cité par Veyssière L., ibid., p. 21. La conclusion, le 15 août 1761, du Pacte de Famille est une grande réussite de Choiseul dont la politique diplomatique en 1761 est tout à fait remarquable, mais Choiseul estime, sans doute avec raison, que la seule possibilité pour le royaume de France d’obtenir une paix la meilleure ou la moins mauvaise possible et de mettre fin à une guerre qu’il serait trop risqué de continuer, est d’accepter la cession du Canada (Dziembowski E., « Les négociations franco-britanniques de 1761 devant le tribunal de l’opinion : le duc de Choiseul et la publicité de la diplomatie française », Jessenne J.-P., Morieux R. et Dupuy P. [dir.], Le négoce de la paix : les nations et les traités franco-britanniques [1713-1802], Paris, Société des études Robespierristes, coll. « Études révolutionnaires ; 10 », 2008, p. 47-68).
21 Voir à ce sujet l’excellent récit global de Dull J. R., The French Navy…, p. 131-244 et le très récent ouvrage de Dziembowski E., La guerre de Sept Ans, Paris, Perrin/Ministère de la Défense, 2015. Néanmoins, la meilleure analyse du choix français d’abandonner le Canada est celle de Ruggiu F. J., « Falling into Oblivion ?… », art. cit.
22 Marshall P., « British North America 1760-1815 », Marshall P. J. (dir.), The Eighteenth Century, t. II, The Oxford History of the British Empire, Oxford, Oxford University Press, 1998, p. 374.
23 Poussou J.-P., « Les conséquences économiques de la guerre de Sept Ans », Fonck B. et Veyssière L. (dir.), La fin de la Nouvelle-France, op. cit., p. 433-448 ; voir aussi Poton D., « Le Canada : un espace économique marginal dans l’empire colonial français », Imbeault S., Vaugeois D. et Veyssière L. (dir.), 1763…, op. cit., p. 112-126.
24 Cité par Brunet M., Les Canadiens après la Conquête 1759-1775. De la Révolution canadienne à la Révolution américaine, Montréal, Fides, 1969, p. 102.
25 Ternat F., « L’autre bataille de Québec… », art. cit., p. 74-78.
26 Il écrit dans le prologue d’Atala : « la France possédait autrefois, dans l’Amérique septentrionale, un vaste empire qui s’étendait depuis le Labrador jusqu’aux Florides, et depuis les rivages de l’Atlantique jusqu’aux lacs les plus reculés du haut Canada » (Atala, Paris, Garnier-Flammarion, 1964, p. 71).
27 C’est ainsi que Gilles Havard parle de « l’imbrication d’un pays indien et d’un empire colonial » et ne cesse de parler de l’empire français d’Amérique du Nord dans Empire et métissages : Indiens et Français dans le Pays d’en Haut 1660-1715, Sillery/Paris, Septentrion/PUPS, 2003, p. 16. Bothwell R., Une histoire du Canada, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2009, p. 53. La question est d’autant plus embarrassante qu’Alain Beaulieu en vient même à parler d’un « empire d’alliances » ( !) dans le texte par ailleurs excellent qu’il consacre aux rapports de la France avec les Amérindiens (« L’empire colonial français et les nations amérindiennes », Joyal S. et Linteau P.-A. [dir.], France-Canada-Québec. 400 ans de relations d’exception, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2008, p. 17-38).
28 Duquesne en particulier en a établi toute une série pour verrouiller l’accès à la vallée de l’Ohio. On a une bonne carte des forts français et anglais au moment de la guerre de Sept Ans dans Nerich L., La Petite Guerre…, op. cit., p. 21.
29 Dans les années 1750, ils représentent 20 000 à 22 000 livres tournois par an. En une excellente analyse Olive Dickason montre qu’aux yeux des Amérindiens c’était en fait un dédommagement pour l’accord qu’ils donnaient de parcourir leurs terres ou d’y installer des postes (Dickason O. P., Canada’s First Nations : A History of Founding Peoples from Earliest Times, Toronto, McClelland and Stewart, 1994, p. 176-184).
30 Pour l’espace territorial qui nous concerne, il s’agit des Renards, implantés dans la vallée du Wisconsin, très hostiles aux Français que ceux-ci éliminèrent en trois campagnes très dures en 1730, 1731 et 1734.
31 Leur politique était tout à fait différente de celle des Français. Même s’ils passèrent très tôt des traités, ce ne fut que par nécessité et en ne les considérant que comme des solutions provisoires. Ils étaient totalement opposés aux « cadeaux », et n’en accordèrent pour la première fois qu’en 1752, au profit d’une bande de Micmacs. Dès la prise de Montréal et l’achèvement de la conquête, Amherst, commandant en chef des troupes britanniques, refusa de continuer une pratique considérée par les Britanniques comme de la corruption (bribery). Dickason O. P., Canada’s First Nations…, op. cit., p. 179). Il s’agissait d’une longue histoire de relations médiocres, voire mauvaises, ce qui, dans la première moitié du XVIIIe siècle et encore au début de la guerre de Sept Ans, « minait les efforts britanniques aussi bien pour enrôler des alliés aborigènes contre les Français que pour détacher de ceux-ci leurs alliés indiens » (Greene J. P., « 1759 : The Perils of Success », Buckner P. A. et Reid J. G. [dir.], Revisiting 1759 …, op. cit., p. 101).
32 Havard G., « Protection and Unequal Alliance: The French Conception of Sovereignty over Indians in New France », Englebert R. et Teasdale G. (dir.), French and Indians in the hearth of North America 1630-1815, East Lansing/Winnipeg, Michigan State University Press/University of Manitoba Press, p. 128. On ira plus loin pour comprendre la réalité fluctuante et difficile des « alliances » indiennes en recourant à l’ouvrage déjà cité du même auteur : Empire et métissages…, op. cit.
33 Voir Vaugeois D., La fin des alliances franco-indiennes. Enquête sur un sauf-conduit de 1760 devenu un traité en 1990, Montréal/Québec, Boréal/Septentrion, 1995 ; MacLeod P., The Canadian Iroquois and the Seven Year’s War, Toronto, Dundurn Press, coll. « Canadian War Museum historical Publication ; 29 », 1996 ; Beaulieu A., « Sous la protection de Sa Majesté : la signification de la Conquête pour les Autochtones », Imbeault S., Vaugeois D., Veyssière L. (dir.), 1763…, op. cit., p. 278-301.
34 Le recours à des régiments de Rangers est un changement fondamental. À ce sujet, voir l’étude consacrée par Stephen Brumwell au major Robert Rogers qui vengea le massacre d’une partie de la garnison anglaise du fort William Henry en menant un raid sanglant contre le village abénaquis de Saint-François, dans la vallée du Saint-Laurent (Brumwell S., White Devil : An epic story of revenge from the savage war that inspired The Last of the Mohicans, Londres, Weidenfeld and Nicolson, 2004).
35 Nerich L., La Petite Guerre…, op. cit., p. 105. Sur William Johnson (1715-1774) et son action, voir notamment Brumwell S., Redcoats…, op. cit., p. 174 sq.
36 Eccles W. J., France in America, Markham (Ontario), Fitzhenry and Whiteside, 1990, p. 207.
37 Brumwell S., Redcoats…, op. cit., p. 210.
38 Calloway C. G., The Scratch of a Pen: 1763 and the Transformation of North America, Oxford, Oxford University Press, 2006, p. 6. Pour aller plus loin, voir MacLeod P., The Canadian Iroquois…, op. cit. ; Sawaya J.-P., Alliance et dépendance : comment la couronne britannique a obtenu la collaboration des Indiens de la vallée du Saint-Laurent entre 1760 et 1774, Sillery, Septentrion, 2002.
39 Bougainville souligne le 12 janvier 1759 que « les marchandises de traite avec les sauvages manquent presque entièrement » (cité par Nerich L., La Petite Guerre …, op. cit., p. 177).
40 Peace T., « The Slow Process of Conquest: Huron-Wendat Responses to the Conquest of Quebec 1697-1791 », Buckner P. A. et Reid J. G. (dir.), Revisiting 1759…, op. cit., p. 120.
41 Philippe Jacquin a noté « l’incapacité [des Anglais] à maîtriser l’espace et leur impossibilité à communiquer avec les Indiens » (Les Indiens Blancs : Français et Indiens en Amérique du Nord (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, Payot, 1987, p. 230).
42 Nester W. R., The First Global War : Britain, France, and the Fate of North America 1756-1775, Westport (Conn.)/Londres, Preger, 2000, p. 214-215. Excellent récit, à l’anglaise, des événements.
43 Brumwell S., Redcoats…, op. cit., p. 162-226.
44 Eccles W. J., The Canadian Frontier…, op. cit., p. 187.
45 Peckham H. H., Pontiac and the Indian Uprising, Chicago, Chicago University Press, 1961 [1947].
46 Eccles W. J., France in America…, op. cit., p. 232.
47 Bothwell R., Une histoire du Canada…, op. cit., p. 88.
48 Parmi d’autres, on peut retenir la bonne analyse de Brunet M., Les Canadiens après la Conquête…, op. cit., p. 88-93, p. 156-163.
49 Fyson D., « The Conquered and the Conqueror: The Mutual Adaptation of the Canadians and the British in Quebec, 1759-1775 », Buckner P. A. et Reid J. G. (dir.), Revisiting 1759…, op. cit., p. 190-218.
50 Conway S., « The Consequences of the Conquest: Quebec and British Politics 1760-1774 », Buckner P. A. et Reid J. G. (dir.), Revisiting 1759…, op. cit., p. 141-165.
51 . Dull J. R., The French Navy…, op. cit., p. 198.
52 . Même si le caractère relativement peu intéressant du Canada est souligné en métropole par de nombreux auteurs au XVIIIe siècle, on ne peut absolument pas suivre Françoise Lejeune lorsqu’elle s’efforce de démontrer que « l’abandon du Canada » s’était en fait « produit bien avant le traité de Paris » car « rien n’avait été fait ni entrepris par la France pour garder sa colonie ou la protéger contre l’envahisseur au cours des années précédentes ». D’une part, c’est une exagération, d’autre part c’est oublier que les problèmes financiers et la politique extérieure globale du royaume ne donnaient pas de marge de manœuvre. C’est croire enfin, à tort, que la conquête a eu lieu parce qu’elle était inévitable. C’est au contraire parce qu’il y a eu la défaite et que les armes françaises n’ont pas obtenu sur le continent européen les succès escomptés que la perte du Canada est devenue inéluctable. Une lecture des événements enfermée sur la seule histoire de l’Amérique du Nord est erronée. Lejeune F., « La France et le Canada du milieu du XVIIIe au milieu du XIXe siècle : cession ou conquête ? », Joyal S. et Linteau P.-A. (dir.), France-Canada-Québec…, op. cit., p. 57-94.
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