Dangereux pour la Nation ?
Altérité et normativité politique durant l’entre-deux-guerres : le cas de la Seine-Inférieure
A danger to nation? Political otherness and normativity at the interwar period in the French District of “Seine-inférieure”
p. 191-203
Résumés
L’analyse de la surveillance policière établie durant l’entre-deux-guerres en Seine-inférieure (76) révèle – en plus de l’avancement des techniques et du savoir-faire de l’époque – plusieurs dimensions que l’analyse socio-historique permet de discerner. Qu’il soit le fruit d’une « surveillance discrète » ou d’une inscription de suspects au carnet B, le travail de renseignement intérieur s’est principalement focalisé sur les populations militantes : syndicalistes, communistes et anti-militaristes.
Ces données permettent non seulement de comprendre les catégories menaçantes pour l’ordre intérieur à cette époque, mais aussi de reconstituer des trajectoires de militants, cartographier les différents réseaux, concevoir les dynamiques d’un espace de diffusion des idées illégitimes. C’est à la lumière des travaux d’Habermas concernant l’espace public et des apports critiques de Negt concernant l’espace public oppositionnel que ces fichiers de police prennent une nouvelle dimension sociologique. Ils permettent notamment de comprendre comment furent régulées les paroles militantes en interrogeant l’intégrité de la communauté nationale au sein d’un État s’appuyant sur l’impératif qu’est devenue la nation.
The paper addresses police surveillance at the interwar period in the French District (“Département”) of “Seine-Inférieure” in Normandy. Our analysis brings to light several socio-historical dimensions of relevant archives, as well as the improvement of policing methods and know-how. Both “discreet surveillance” and systematic monitoring of “B registered” suspects principally focused on militants, i. e. trade unionists, communists and anti-militarists.
Beyond understanding the categorisation of threats to French “internal order”, our data also allow us to reconstruct the trajectories of monitored militants and conceive of the dynamics of a sphere for the diffusion of illegitimate ideas. Our police files take on a new sociological dimension in the light of Habermas’s work on the public sphere and the critical contribution of Negt on the oppositional public sphere. These files reveal how militant discourses were regulated via the criterion of integrity of the national community, within the framework of a State dominated by the ideal of the Nation.
Texte intégral
« Les détenus communistes […] voient accrocher aux portes blindées de leurs cellules la pancarte “à isoler”. Ils doivent tenir à la main cette pancarte, “en promenade” ou dans les couloirs, comme les pestiférés du Moyen Âge agitaient une clochette pour faire le vide autour d’eux et préserver les contemporains du danger de la contamination1. » Aubin N., « Le manuscrit Pican », Communisme, no 55, juillet 1998, p. 152.
1L’implantation géographique du département de la Seine-Inférieure2 ne fait pas de lui un département frontalier. Pour autant, son ouverture maritime et son activité portuaire lui confèrent une position particulière en ce qui concerne la surveillance des individus en transit, des immigrés ou d’individus listés comme terroristes par les services de police de différents pays3. Le Havre et dans une moindre mesure Dieppe occupèrent longtemps cette position de porte d’entrée ou de sortie du territoire français, leur conférant une spécificité similaire aux départements frontaliers concernant la sécurité intérieure. D’une population ouvrière importante, l’histoire sociale locale est riche en mouvements sociaux. L’un d’entre eux – méconnu historiquement – connaît une incidence directe sur les événements de juin 18484. La démarche présentée ici repose sur deux types de données, d’une part, le contenu du carnet B5 de la Seine-Inférieure et, d’autre part, le contenu des fichiers d’individus suspects mais n’ayant pas été inscrits au carnet B6. Il existe donc plusieurs degrés de suspicion. Les inscrits au carnet B sont « suspects du point de vue national », l’inscription peut entraîner des mesures judiciaires spécifiques que nous détaillerons par la suite. Les autres personnes surveillées sont suspectes mais considérées comme moins menaçantes et de ce fait non-inscrites au carnet B. On établit sur elles une « surveillance discrète » que l’on peut qualifier de veille policière. L’étude comparative des différents profils nous permet de comprendre quels sont les critères menaçants pour l’ordre intérieur et entraînant l’inscription au carnet B. Plus généralement, l’ensemble de cette présentation repose sur le contenu de documents recueillis aux archives départementales de Seine-Maritime, en séries M et Z, ainsi qu’aux archives nationales pour la consultation des éléments du « fonds de Moscou » concernant la Seine-Inférieure7. Nous verrons que ce qui est principalement en jeu est la capacité à influencer la masse ouvrière, puis en quoi cette influence se traduit systématiquement en termes de moralité nationale. Cela nous permet d’interroger les critères définissant une moralité normée dans le contexte sociétal de l’époque.
La régulation des paroles subversives après 1918
Le carnet B au lendemain de la guerre
2Le carnet B, fichier français secret créé par Boulanger en 1886 pour la surveillance des suspects du point de vue national, connaît une longue existence puisqu’il existe encore sous Vichy et est abrogé en 1947. Fichier de renseignement intérieur, son histoire est jalonnée d’enjeux devenus internationaux, en témoignent les kilomètres parcourus par ces documents contenus dans le « fonds de Moscou8 » dès 1940. Objet historique vite occulté dans l’entreprise de mémoire nationale, la recherche sur le carnet B se confronte rapidement aux réticences du directeur général des services de la sûreté nationale quant à sa consultation, ou plutôt à l’existence même d’archives, de traces à son sujet9. Bon nombre de travaux se sont focalisés sur ses aspects et contenus avant 1914, interrogeant la question de sa non-utilisation au moment de la mobilisation générale, problématique traversée de fait par la question du patriotisme ouvrier. Il n’est finalement pas utilisé car il n’existe pas de mouvement ouvrier s’opposant à la mobilisation générale. Au contraire, la guerre est de nature à constituer un « patriotisme de collaboration de classes10 ». L’historique de ce fichier – et plus généralement de la surveillance policière – permet d’analyser la gestion normative de l’altérité politique par les institutions républicaines ; dans une autre mesure, aussi, la compréhension d’une gestion biopolitique de l’adhésion à la communauté nationale.
3Considéré comme le fichier national des suspects, son contenu atteste des évolutions de la menace intérieure et des transformations connues par le mouvement social dans ces différentes périodes. On retrouve en grande partie des anarchistes, des antimilitaristes et syndicalistes révolutionnaires (une forme organisationnelle elle-même politiquement proche du courant anarchiste) avant 1914, et durant l’entre-deux-guerres des communistes, des syndicalistes11 et des antimilitaristes. Dès 1922 une prérogative du ministre de l’Intérieur M. Maunoury établit une redéfinition des critères d’inscription dans cette configuration nouvelle du mouvement social. En 1930 est créé le carnet B spécial, destiné aux ressortissants italiens, il est élargi en 1933 à l’ensemble des individus étrangers suspects.
Le militantisme en question
4Un extrait de cette prérogative illustre le glissement concernant les populations à inscrire : il s’agit pour les institutions d’adapter la surveillance des suspects à ces nouvelles menaces marquées par une transformation du mouvement social. La peur d’une contagion des événements russes en Europe occidentale se traduit par une réadaptation des dispositifs utilisés pour la régulation du corps social.
« Il ne vous échappera pas que si certains syndicalistes ou antimilitaristes d’avant-guerre, qu’il n’y a plus aucune raison de suspecter, ne doivent pas être maintenus ou inscrits au carnet B, il y a lieu, par contre, d’y faire figurer les individus notoirement acquis aux idées extrémistes et qui constituent aujourd’hui, à l’intérieur du Pays, l’élément de trouble le plus préoccupant12. »
5Le glissement opéré redessine la forme prise par la contestation et tend vers une intégration progressive des aspirations ouvrières au sein du paysage politique par la lente inscription de la SFIC (Section française de l’Internationale communiste) puis du PC (Parti communiste) comme parti légitime de la démocratie représentative13. L’influence politique de certains individus est clairement définie comme étant illégitime.
6L’analyse des descriptions sommaires des inscrits ou de leurs « folios mobiles » comparativement aux individus surveillés mais non inscrits au carnet B démontre la prépondérance du caractère militant d’un individu comme principal critère d’inscription. Sa « capacité à influencer la masse », la prise de parole en réunion, meeting ou manifestation, la distribution de tracts, ou encore une place importante au sein d’une organisation syndicale sont les principaux critères faisant passer les individus de la veille policière à l’inscription au carnet B, entraînant la qualification de « suspect du point de vue national ». Le fait d’être membre d’un parti extrémiste ou syndiqué n’entraîne pas automatiquement l’inscription au carnet B mais c’est cette capacité à agir sur l’opinion publique individuellement ou par la mobilisation d’un réseau militant qui marque cette frontière. Les individus de nationalité française à inscrire étant ceux « qui, par leurs actes, discours, écrits, propagande, seront considérés comme réellement14 dangereux pour l’ordre intérieur15 ». C’est le cas de René Chapuis, né en 1895 et inscrit en 1934, décrit sommairement comme « fervent militant communiste. Manifeste ouvertement ses idées extrémistes16 ».
7La mise en application des consignes établies en 1922 révèle d’autres éléments de nature à nous informer sur la représentation de la dangerosité avérée d’un individu. Il est possible de l’analyser à partir du jugement émis par le policier sur le terrain, seul fonctionnaire à même de mettre en application les prérogatives institutionnelles et d’émettre ou non une proposition d’inscription. Elle se fonde sur différents critères : l’intelligence, la malignité, la sobriété17. Plus que le fait d’être « notoirement » acquis à une idéologie extrémiste, c’est la capacité à diffuser une idéologie au sein du corps social qui établit le degré de dangerosité du point de vue national. Le fichier contient certains élus communistes, tout comme des délégués syndicaux ou encore des individus ayant pris une part importante à des manifestations locales passées. Cette lutte contre le militantisme prend une forme secrète : aucun des inscrits n’a connaissance de ce fichage, la mention « secret » apparaît sur l’essentiel des documents et échanges de missives à ce sujet. Il n’existe pas de garde-fous démocratiques tels que nous pourrions aujourd’hui en dresser l’inventaire et en faire l’analyse dans le cadre d’un objet sociologique contemporain18. Au contraire, en vertu de l’article 10 du Code d’instruction criminelle, il conférait au préfet les pouvoirs du juge d’instruction pour les personnes effectivement inscrites, donc à leur insu. Cette spécificité peut d’ailleurs permettre une analyse de la nature même d’un régime républicain conférant à un représentant de l’exécutif des attributions si importantes relevant du pouvoir judiciaire. Suite à une très longue procédure parlementaire, ce texte incarnant l’arbitraire napoléonien est abrogé en 1933. Les événements du 6 février 1934 entraîneront toutefois sa remise en fonction19.
L’opinion en proie au dispositif de sécurité : une compréhension foucaldienne de l’espace public
8L’étude de ces dossiers nous permet de mettre à jour un enjeu fort pour les institutions de l’époque, incarné par ce contrôle du militantisme : la publicisation d’un courant politique subversif. Faisant ici référence à J. Habermas et la notion d’espace public20, la régulation des idées et argumentaires politiques en cet espace est au cœur du travail préfectoral. Pour se faire, les agents de la sûreté générale (devenant sûreté nationale en 1934-1935) disposent de différents dispositifs administratifs et humains. Ceux-ci ont pour but de réguler la diffusion de certaines idées auprès des citoyens, en cela ils sécurisent l’espace de formation de l’opinion publique par un contrôle minutieux des paroles et actions non normées. Ce qui nous intéresse en premier lieu n’est pas une étude historiographique de la police qui ferait l’état des lieux d’une accumulation de ces savoirs, mais de définir une conception de l’espace au croisement entre Habermas, Negt et Foucault. Considérant la police comme un dispositif de sécurité, un des « instruments techniques21 » de la gouvernementalité, elle constitue ce que nous pourrions qualifier de dispositif de sécurité par excellence ayant à sa disposition une multitude de techniques, de savoirs administratifs, de réseaux constituant eux-mêmes un panel de dispositifs22 et ayant pour cible les étrangers et les Français suspects. Une avancée technique démontre ce fait en simplifiant la massification du fichage : la généralisation de la machine à écrire. Les rapports de police ou fiches individuelles des suspects sont encore pour beaucoup rédigés manuellement avant-guerre alors qu’ils sont quasi systématiquement dactylographiés après 1918. Ces différents traits constituent ce que Foucault décrit comme
« un ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit, aussi bien que du non-dit. Le dispositif lui-même, c’est le réseau qu’on peut établir entre ces éléments23 ».
9Foucault caractérise quatre traits généraux des dispositifs de sécurité dont le premier nous intéresse tout particulièrement dans ce travail : « les espaces de sécurité24 ». Suite aux allers-retours successifs entre ces éléments conceptuels et les apports inductifs résultant du travail sur archives, il résulte que la notion d’espace est au cœur des problématiques qui se posent aux institutions de la IIIe République. Le travail sur le terrain des agents de la sûreté confirme cet argument. L’espace, à dissocier d’une stricte compréhension territorialisée, est ici appréhendé en termes d’espace public, tel qu’il est désigné dans les travaux d’Habermas. À cette dimension du concept habermassien comme émanant essentiellement de la bourgeoisie, O. Negt oppose un aspect critique visant à décrire l’espace public dans un sens plus large, non restreint à sa dimension bourgeoise. Dans sa préface à l’édition française de L’espace public oppositionnel, A. Neumann décrit ainsi un processus auquel la lecture des dossiers de police des suspects confère une dimension empirique : « Là où l’espace public bourgeois propose des généralisations politiques par des programmes, l’espace public oppositionnel cherche à collectionner des expériences, des exigences non reconnues et des souhaits25. » Il en donne une définition plus précise par la suite :
« Ce que nous nommons “espace public prolétarien” n’est rien d’autre que le domaine public au sein duquel les hommes arrivent à donner une expression politique à leurs intérêts et aspirations existentielles. Le terme “prolétarien” ne doit pas être compris dans un sens restrictif, comme s’il ne désignait que la classe ouvrière, car il renvoie surtout à l’ensemble des dimensions sociales, des expériences, des traits et caractéristiques existentiels qui ont pour spécificité d’être opprimés26. »
10Dans une autre mesure et prenant une dimension historique et sociétale spécifique puisque se situant à la fin de l’Ancien Régime, A. Farge démontre elle aussi l’intérêt d’un objet d’étude focalisé sur cet à-côté de l’espace public d’Habermas et constituant de fait un espace spécifique27.
L’espace politique : intérêt d’une articulation conceptuelle spécifique
11Comme le démontre le contenu des motifs d’inscriptions, la suspicion est étiquetée principalement sur des militants, dans la mesure où ces derniers possèdent une « influence sur la masse », une capacité à agir sur l’opinion. Il semble qu’on puisse en déduire qu’à partir du moment où s’opère ce glissement du mouvement ouvrier d’avant-guerre vers une adhésion en masse à la SFIC puis au PC, la capacité d’influence sur cette opinion publique plébéienne constitue une dimension qu’il est nécessaire de surveiller, régulariser, exclure. Ce qui s’accentue dès lors que la stratégie politique des tenants du communisme français ne passe plus uniquement par la tentative d’une révolution prolétarienne appliquée, mais par l’inscription dans le paysage de la démocratie représentative : en présentant des candidats, en obtenant des élus dans différentes collectivités et au parlement, principe dont M. Thorez est un des acteurs principaux. Il est dès lors important de contrôler l’espace public prolétarien afin d’en limiter la publicisation, l’influence potentielle sur une partie de l’électorat, comme en témoigne l’évolution du carnet B en 1922.
12On est ici dans une lecture historique qui voit deux espaces publics spécifiques s’opposer, l’espace public bourgeois, espace légitime de formation et diffusion de l’opinion, et l’espace public oppositionnel, dont le contenu même est opposé aux valeurs institutionnelles et de fait rendu illégitime, compris comme représentant un danger pour la moralité nationale. Cet espace de formation de l’opinion plébéienne se trouve en des lieux précis : salle de réunion de l’usine ou tout lieu de réunion syndicale28, réfectoire, entrée et sortie de l’usine comme lieu de tractage, grèves et manifestations. Il ressort également une cartographie humaine des réseaux militants de l’époque, l’approche policière est également basée sur les relations entre les différents sujets surveillés et, de fait, sur leurs lieux de rencontres. Les interactions entre différents ouvriers demeurent un aspect non négligeable du fichage.
13À partir du moment où l’on met en place un quadrillage voire un bannissement de ce militantisme d’extrême gauche, cet aspect est rendu effectif par ces « instruments techniques de la gouvernementalité ». Ces derniers agissent ici sur cet espace public oppositionnel, à l’instar d’une patrouille de police circulant dans l’espace physique, le sécurisant par la prévention des actes de délinquance : l’inscription au carnet B vise de manière préventive à sécuriser l’espace public, l’espace de formation et de diffusion des idées. En cas de situation exceptionnelle, comme la signature du pacte de non-agression germano-soviétique en août 1939, il vise à en réprimer les acteurs, les exclure.
14La notion d’espace se trouve bien à l’entrecroisement de ces différents concepts, les deux dimensions que revêt la question de l’espace public ainsi que cet aspect foucaldien que constitue l’espace de sécurité. Aussi, afin de définir cette dimension de la réalité observée, nous emprunterons une notion généralement utilisée par les géographes : l’espace politique en vue de décrire ce phénomène préventif qui régule l’espace public et sur lequel on applique le contrôle voire le bannissement de son contenu rendu illégitime. Au croisement entre la constitution d’espaces de sécurité et de l’espace public, on trouve cet espace politique au sein duquel la publicisation de l’espace oppositionnel va à l’encontre des valeurs du régime, celles-ci reposent principalement sur la nationalité et le sentiment patriotique comme lien social permettant d’assurer la cohésion du corps social.
15Notion abordée dans une réflexion contemporaine portant sur la perspective d’une démocratie représentative, A. Neumann en vient à une précision qui prend tout son sens historique dans notre cadre :
« Sur le plan sémantique, le concept d’espace public oppositionnel comporte aussi l’idée d’une complémentarité potentielle avec l’espace public civique bourgeois, dans la mesure où le terme allemand Gegenöffentlichkeit29 évoque également le « Gegenstück » (la complémentarité), idée qui a été frôlée par Negt et Kluge. Il s’agit aujourd’hui de nommer les interactions possibles et réelles entre les différents types d’espace public ainsi que leurs frictions. Voyons donc ce qui échappe à l’adhésion normative par le travail, à travers la critique du travail, allons scruter le caractère inachevé de la traduction politique à travers l’existence de l’expérience sensible, puis guetter le débordement cyclique de l’espace public représentatif par les espaces publics oppositionnels30. »
16Nous pouvons avancer dans cette idée l’hypothèse qu’un écart conséquent entre l’espace public représentatif et l’expérience vécue d’une part importante de la communauté citoyenne entraîne l’émergence d’un espace public oppositionnel en capacité de déborder l’espace public bourgeois, de rentrer en interaction avec lui, conflictuellement ou non31. Ce phénomène récurrent est effectif dans les années trente, principalement suite aux échecs du Front populaire et au sentiment de trahison ressenti par les ouvriers envers les membres du gouvernement, en particulier Daladier. Le 30 novembre 1938 sera un point culminant de ce processus.
Le critère de moralité nationale ou l’application d’un eugénisme à la française aux militantismes d’extrême gauche
Quelle moralité nationale ?
17La figure du suspect de l’entre-deux-guerres se trouve de fait étiquetée par un stigmate policier de mauvaise moralité nationale. Le carnet B fut quant à lui qualifié toute son existence de fichier de surveillance des individus suspects du point de vue national. L’inscription suppose donc de définir ce qui dévie du comportement et des valeurs attendus par la définition d’une moralité nationale normée. Nous avons vu précédemment en quoi le fait de diffuser une idée dans l’espace public est synonyme de non-conformité à cette moralité nationale. Il n’est pas étonnant que dans le contexte géopolitique de l’époque, l’attachement et la diffusion des idées communistes furent assimilés à cette question de la nationalité. Être communiste signifie alors adhérer ou se référer à un régime d’une autre nationalité représentant une menace. « Adorateur » ou « partisan » des « doctrines moscovites » sont des formulations récurrentes pour qualifier ces militants, cet attachement constitue un critère de plus d’inscription au carnet B. Il semble que l’inclination à une idéologie prônant l’Internationale soit, de fait, considérée comme une menée antinationale. Ce qui est ici en question, c’est la compréhension institutionnelle du mouvement social. Une analyse sensible qui émerge repose sur une compréhension marxiste du mouvement social par la sûreté. A. Kriegel revient sur ce rapport ambigu entre patriotisme et prolétariat :
« Tenant initialement le fait national pour un fait en voie de dépassement “Les prolétaires, écrivait Marx, sont déjà en grande partie naturellement exempts de préjugés nationaux ; tous leurs mouvements sont essentiellement humanitaires, antinationaux. Les prolétaires seuls peuvent abolir la nationalité32.” »
18Marx commet une erreur dans sa projection historique. Il semble que cette représentation des prolétaires comme étant les ennemis de la nation, les seuls à même de l’« abolir », est celle qui, en plus de constituer une de ses aspirations, prédomine dans la compréhension institutionnelle des aspirations militantes. Les surveillants appliquèrent-ils plus rigoureusement le marxisme que les surveillés33 ? Plusieurs historiens ayant travaillé sur la question du patriotisme ouvrier, comme A. Kriegel, rappellent le rôle de la Première Guerre mondiale dans l’assimilation des ouvriers à la communauté nationale ou encore la dimension patriotique spécifique prise par les mouvements antifascistes des années 1930 mais considérés comme antinationaux du point de vue institutionnel. C’est d’ailleurs en 1934 que le nombre d’inscrits fut le plus important pour la période allant de 1923 à 1940 en Seine-Inférieure, avec 34 des 76 nouveaux inscrits de cette période. La réaction antifasciste aux événements du 6 février 1934 constitue le pic d’inscription le plus important dans ce département. Cette mobilisation tout comme la diffusion d’une idéologie à connotation prolétarienne sont assimilées à une mauvaise moralité nationale.
L’exemple Jean Massie
19Plusieurs individus inscrits ont des profils particuliers, témoins de trajectoires biographiques spécifiques. L’un d’eux, Jean Massie, correspond à l’un des folios mobiles les plus riches en documents34. La proposition d’inscription rédigée en janvier 1938 comprend six pages, fait rare dans les données accessibles aux ADSM. J. Massie ne correspond pas à un profil type d’inscrit : mais, condensant la quasi-totalité des motifs d’inscriptions, son cas en est d’autant plus démonstratif.
20Il était à la tête du mouvement de grève en juin 1936 à Petit-Couronne et « jouit d’une grande autorité dans les milieux syndicalistes de la région et possède une certaine influence sur la masse ouvrière […], militant actif du parti communiste dans lequel il jouit d’une grande autorité ». Licencié de l’usine Jupiter en septembre 1937 pour mauvais rendement, il organise un « plan de grève » pour le 3 janvier 1938, chez Jupiter dans un premier temps, menaçant qu’il s’étende à l’ensemble des raffineries de la Seine-Inférieure sous 48 heures. Il aurait « acheté, dernièrement, avec des fonds de Moscou, une propriété dans la vallée de l’Andelle, pour une somme de 50 000 F, mais par personne interposée, sous un autre nom que le sien ». Fait contredit dans un document antérieur à cette proposition d’inscription35, pourtant mentionné ici. Celui-ci se rend régulièrement à Paris et « reçoit toujours une forte correspondance ». Il serait en lien direct avec Moscou, suspecté d’être un agent infiltré de l’URSS. Son action militante est « néfaste » dans la région, « il laisse planer depuis trop longtemps une menace de grève, préjudiciable à tous, inquiétante pour l’ordre public ».
21Suspecté d’être un agent de Moscou, il n’est pas inscrit pour cette raison, le critère de dangerosité le plus important est une fois de plus cette capacité à influencer la masse, comme en témoigne la date de sa proposition d’inscription rédigée durant le mouvement de grève provoqué par son licenciement. Plus qu’un ouvrier influent dans un secteur industriel qui n’aurait pas de répercussions stratégiques directes, ce dernier est secrétaire du syndicat CGT (Confédération générale du travail) des industries chimiques de Petit-Couronne. Son influence est nuisible à la défense nationale puisqu’il a démontré pouvoir bloquer en quelques jours l’ensemble des usines pétrochimiques de la vallée de Seine. L’importante concentration (encore aujourd’hui) de ce secteur industriel dans le département fait alors de ce mouvement une priorité pour le gouvernement36 et de Massie un suspect du point de vue national.
Prémunir le corps social, protéger la nation
« En donnant un contenu social à l’idée de citoyenneté, la République a fait de l’intégration des citoyens au sein de la communauté nationale le problème politique majeur que tous les dirigeants du pays – et Pétain ne fait pas exception à la règle – se donneront ensuite pour tâche essentielle de résoudre37. »
22G. Noiriel décrit ici un problème majeur dans mon étude, cette question de l’intégration à la communauté nationale, enjeu permanent pour une République qui construit un État social dont les membres deviennent une communauté sociale. La nation prend cette dimension nouvelle et la population devient ce corps qu’il faut soigner, qu’il faut vacciner pour la prémunir des éléments qui pourraient nuire à sa pérennité, plus particulièrement à la pérennité de ses institutions. Tout un ensemble de dispositions sont mises en place pour protéger la nation, on identifie et contrôle les menaces : les étrangers, les nomades, etc. Ayant réussi à s’imposer face aux autres formes de régimes et aux crises menaçant sa stabilité, la République impose dès lors la nationalité de ses sujets comme valeur fondamentale sur laquelle reposent ses institutions.
23G. Noiriel analyse les principes régissant le contrôle des étrangers comme un eugénisme à la française devenu « nécessité républicaine » du fait de l’importance de la nationalité au sein de ce régime. Cette idée ne semble pas se limiter à la seule assimilation des étrangers, mais est mise en application tout autant pour des individus suspects de nationalité française, dont l’intégration à la communauté est interrogée. Le militantisme d’extrême gauche est appréhendé telle une maladie dont il faut stopper la propagation en agissant sur les individus transmetteurs d’un virus nuisible au corps national, à l’intégrité de sa moralité. Deux groupes d’appartenance sont ici en tension : la nation opposée à la classe sociale, le degré d’attachement à la nation étant en corrélation avec l’origine sociale d’un individu. S’il appartient à la classe ouvrière, un individu est susceptible de devenir militant dans cet espace public plébéien. Si le lien social basé sur la place dans le système productif est plus important que celui qui lie les citoyens d’une même nation, l’origine sociale devient menaçante.
Appréciation de la dangerosité : l’influence de l’origine sociale sur la représentation du sentiment national
24Il est un constat flagrant pour ce qui concerne la Seine-Inférieure, aucun membre de ligues d’extrême droite n’est inscrit au fichier des suspects. Pour autant, l’activité de certains membres des ligues d’extrême droite correspond aux motifs d’inscription énumérés dans la prérogative de 1922. Que ce soit dans le contexte de l’affaire des cagoulards ou encore après le 6 février 1934, la dangerosité de ces groupes pour l’ordre intérieur est pourtant réelle. L’article 10 du Code d’instruction criminelle est d’ailleurs remis en fonction suite aux événements de février 1934. Où se situait alors la ligne démarquant l’acceptabilité ou non de la subversivité ? Pourquoi des individus notoirement acquis aux idées d’extrême droite n’ont-ils pas été jugés dangereux pour l’ordre intérieur « par leurs actes, discours, écrits, propagande » et ne furent-ils pas inscrits au carnet B en Seine-Inférieure, et seulement en proportion infime sur l’ensemble du territoire ?
25 L’état des inscrits au carnet B de la Seine-Inférieure arrêté au 1er décembre 1939 recense 100 individus au total parmi lesquels aucun n’appartient à l’une de ces ligues38 ; et le Répertoire des inscrits au carnet B de la Seine-Inférieure, qui présente l’intérêt de pouvoir accéder aux individus radiés, décédés ou ayant quitté le département démontre qu’aucun individu des ligues n’y fut inscrit39. Pourquoi les membres des ligues d’extrême droite ne furent-ils pas fichés ? L’exemple significatif d’Antoine Estival, docteur en médecine à Arques-la-Bataille, apporte ici des éclaircissements :
« Ex-Croix de Feu, ESTIVAL a pris la parole au cours des réunions organisées par son Parti, dans différentes communes d’Arques la Bataille, d’Offranville, de Longueville, etc. Il est plutôt écouté dans le milieu des Croix de Feu. Il quitta ce Parti pour ensuite s’enrôler au “CSAR40 ”. Bien qu’une perquisition opérée à son domicile, le 1er octobre 1937, se rapportant à l’affaire dite des “Cagoulards”, n’ait donné aucun résultat probant, cet homme est considéré comme extrêmement dangereux pour les Institutions Républicaines. Il n’a jamais fait l’objet d’aucune remarque défavorable au point de vue conduite et moralité41. »
26Le paradoxe est ici explicite pour un individu à la dangerosité avérée, non inscrit au carnet B, et, plus paradoxal, aucune proposition d’inscription n’est émise. Il est à supposer que cette conduite et cette moralité qui ne lui sont pas défavorables sont autant de critères pris en compte dans l’évaluation de la menace. Critères qui, même sans référence explicite, se rapportent à son origine sociale, lui conférant la conformité à une normalité politique. Il est de plus « peu estimé du public », donc non influent sur les individus qu’il soigne, même s’il est doté d’une influence au sein des Croix de feu. Nonobstant sa dangerosité avérée pour les institutions, il est un fervent défenseur de la nation dont l’action se répercute sur l’espace public légitime : il n’est dès lors pas nécessaire de l’inscrire préventivement.
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27Il est finalement notable que les critères de catégorisation des suspects ne se fondent pas sur une dangerosité avérée. La menace, la représentation d’un ennemi nuisible pour la pérennité du corps social se cristallisent dans la propension à entretenir et diffuser une opinion antagonique aux valeurs en place. Si la dangerosité d’un individu est le résultat d’un fervent attachement à la nation, ce dernier n’est alors pas considéré comme menaçant, la suspicion se définissant justement au « point de vue national ». Les valeurs qu’il défend ne vont pas à l’encontre des institutions, contrairement à un individu émettant un discours focalisé sur les rapports de domination au sein du corps social, à même de déstabiliser la cohésion de la communauté nationale. La diffusion d’une idéologie se basant sur les antagonismes sociaux est susceptible de détériorer le lien social. Celui-ci même qui permet à chaque citoyen de se reconnaître comme appartenant à une même nation.
28Comme grille de lecture des phénomènes sociétaux, les notions d’espace public et d’espace public oppositionnel constituent un apport éclairant la compréhension de la régulation des idées politiques. L’individu français disséminant une propagande d’extrême gauche est considéré comme un corps étranger, dangereux pour la cohésion nationale. La peur républicaine se situe du côté des acteurs du mouvement social, citoyens suspects d’entraîner la dégénérescence de la nation.
Notes de bas de page
1 Instituteur, militant communiste régional, A. Pican est incarcéré à la prison rouennaise Bonne-Nouvelle, le 11 avril 1940. Libéré durant la débâcle, résistant par la suite, il est fusillé au Mont Valérien le 23 mai 1942.
2 Renommé Seine-Maritime en 1955.
3 Plusieurs listes recensent des suspects internationaux susceptibles de commettre des attentats sur le territoire européen. Ces listings sont le résultat de premières formes de coopération policière internationale. On retrouve les 6e et 7e listes Menées terroristes en ADSM (Archives départementales de la Seine-Maritime) 1M538.
4 Le résultat des premières élections législatives de la IIe République entraîne à Rouen et Elbeuf deux jours d’insurrection opposant dans le sang les ouvriers à la Garde Nationale. Blanqui se réfère à cet événement dans une affiche de juin 1848, le qualifiant de « Saint Barthélémy Rouge », AM (Archives municipales) de Rouen, dossier documentaire Rouen 1848. Voir aussi à ce sujet Michel M., « Herzen en 1848 : un point de vue sur les émeutes de Rouen », Revue des études slaves, vol. 80, no 3, 2009, p. 353-361.
5 ADSM 1M522 à 1M525, « Dossiers individuels (“carnets B”), 1907-1941 ».
6 ADSM 1M526 à 1M537, « Dossiers individuels des individus suspects, 1908-1941 ».
7 AN (Archives nationales) versements 20010223/1 à 20010223/4.
8 Naud G., Monier F. et Cœuré S., « Le retour de Russie des archives françaises. Le cas du fonds de la sûreté », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 45, no 1, 1995, p. 133-139.
9 En 1965, le directeur général des services de la sûreté nationale répond à J.-J. Becker que toutes les archives à ce sujet ont été détruites en 1940 lors du repli des services. Becker J.-J., Le carnet B, les pouvoirs publics et l’antimilitarisme avant la guerre de 1914, Paris, Klincksieck, 1973, p. 123.
10 Kriegel A., Le pain et les roses, Paris, PUF, 1968, p. 132.
11 Une inscription quasiment systématisée des délégués syndicaux.
12 ADSM 1M521.
13 Peut-être n’est-il pas socialement légitimé, pour autant le fait de se « prendre au jeu de la démocratie » par des stratégies électorales le place comme un acteur de la vie républicaine donnant au mouvement social une teneur politique nouvelle, une représentativité politique plus importante.
14 Souligné dans le texte d’origine.
15 ADSM 1M521.
16 ADSM 1M522.
17 Je dirais plutôt que généralement le militant « s’adonnant à la boisson » est considéré comme n’influençant pas la masse. Il est de ce fait surveillé sans que ne soit établi de proposition d’inscription.
18 Les travaux présentés ici s’inscrivent dans un processus de recherche ayant débuté par l’étude des techniques de sécurité contemporaines : identifiants biométriques ou vidéoprotection notamment. La question de ces garde-fous est alors centrale pour les législations équilibrant le couple liberté-sécurité.
19 Berlière J.-M., « Une menace pour la liberté individuelle sous la République. L’article 10 du Code d’instruction criminelle », Criminocorpus, revue hypermédia. Histoire de la justice, des crimes et des peines, janvier 2008.
20 Ce dernier est défini comme lieu de formation et de diffusion de l’opinion publique bourgeoise prenant forme au XVIIIe siècle lorsque des individus échangent et construisent une opinion à l’encontre du pouvoir absolutiste, instrumentalisant le triomphe de la raison. Habermas J., L’espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Paris, Payot, 1988.
21 Foucault M., Sécurité, territoire, population : cours au Collège de France, 1977-1978, Paris, éditions du Seuil/Gallimard, 2004, p. 111.
22 Ces derniers sont tout autant les « indics » émetteurs d’informations précises et précieuses, la cartographie physique des lieux sensibles, la cartographie sociale des réseaux militants, des fichiers de différentes natures ; bref, un savoir administratif ayant atteint un niveau technique qui permet au renseignement de déployer un fichage intensif facilité par ces capacités technico-administratives sans précédent.
23 Foucault M., Dits et écrits, 1954-1988, t. III : 1976-1979, Paris, Gallimard, 1994, p. 299.
24 Foucault M., Sécurité, territoire, population, op. cit., p. 13.
25 Neumann A., « Préface », in Negt O., L’espace public oppositionnel, Paris, Payot, 2007, p. 20.
26 Ibid., p. 20.
27 Farge A., Dire et mal dire. L’opinion publique au XVIIIe siècle, Paris, éditions du Seuil, 1992.
28 Au Havre, c’est le cas de la salle du Cercle Franklin : Perrot A., « Franklin, un symbole. Du Cercle d’ouvriers à la Bourse du travail », IHS CGT 76 – LE FIL ROUGE, no 28, 2007 p. 13-15.
29 Terme allemand traduit en français par l’expression « espace public oppositionnel ».
30 Neumann A., Après Habermas, la théorie critique n’a pas dit son dernier mot, Paris, Delga, 2015, p. 28.
31 Le préfixe allemand gegen suggère la dimension conflictuelle dans cette évocation de la complémentarité.
32 Kriegel A., Le pain et les roses…, op. cit., p. 92.
33 Il est d’actualité que la compréhension idéologique des mouvements subversifs passe par une lecture policière des ouvrages symboliques, ce qui en pratique révèle l’écart existant entre l’expérience sensible des acteurs et la théorisation idéologique, écart non compris par un individu extérieur. « L’affaire Tarnac » constitue un sujet récent qui démontre cette idée en bien des aspects. La question reste de savoir si cette approche était déjà abordée à notre époque d’étude, et à ce sujet nous ne pouvons rester que dans la formulation d’une hypothèse.
34 ADSM 1M524.
35 Au sujet de Massie et de son épouse, rapport du commissaire spécial de police de Rouen au préfet, le 10 décembre 1937, ADSM 1M524.
36 Concernant ce mouvement, de nombreux échanges ont lieu entre le préfet de la Seine-Inférieure et le ministre de l’Intérieur, pendant le même temps un arbitrage est mis en place au ministère des Travaux publics entre les ouvriers et la direction des usines Jupiter, ADSM 10M390.
37 Noiriel G., Les origines républicaines de Vichy, Paris, Hachette, 1999, p. 78.
38 ADSM 1M306.
39 ADSM 1M521.
40 Comité secret d’action révolutionnaire.
41 ADSM 1M530.
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