Le citoyen face au compagnon dans la République à l’époque de la « terreur noire »
Ordinary Citizen vs. “compagnon” anarchists in the Third Republic during the “black Terror”
p. 165-177
Résumés
Entre 1891 et 1894 en France, un certain nombre d’anarchistes recourent à la propagande par le fait sous la forme d’attentats souvent spectaculaires, qui ont pour objectifs de faire table rase du passé, de terroriser le monde des exploiteurs et de précipiter un Grand Soir révolutionnaire considéré comme imminent. Participe bien sûr de cette entreprise de démolition la destruction d’une IIIe République qu’ils détestent toujours plus, une destruction impliquant la disparition de celui sans lequel cette démocratie ne saurait fonctionner : le citoyen. La majorité des contemporains découvre l’anarchisme à travers cette campagne d’attentats, et la peur se propage à des rythmes différents sur le territoire national, une peur ou des peurs (peur pour sa vie, pour ses biens, peur de voir le monde changer) qui ont pu être instrumentalisées par certains contemporains pour différentes raisons. Mais le danger que représentent les propagandistes par le fait pour la vie du simple citoyen ou pour l’existence du régime ainsi que les peurs justifiées ou non que leurs actions engendrent ont finalement provoqué des réactions de la part d’un certain nombre de citoyens difficiles à interpréter comme participant d’un réflexe de défense républicaine.
Between 1891 and 1894 in France, some anarchists resorted to “propaganda of the deed”, plotting attacks that were often spectacular and aimed at making a clean break with the past, filling the world of exploiters with terror, and speeding up the advent of a revolutionary “Grand Soir ” which they thought was imminent. The destruction of a Third Republic which they loathed more every day of course pertained to this demolition initiative, and implied the de facto disappearance of the citizen without which this democracy could not work. Most of those anarchists’ contemporaries discovered anarchism through this campaign of terrorist attacks, and fear spread at different paces over the country— a fear, or fears (for one’s life, for one’s belongings, that the world might change) that may have been exploited by some of them for various reasons. But the danger that propagandists of the deed were to ordinary citizens’ lives or to the regime’s very existence and the fears (whether justified or not) aroused by their actions in fact carried the seeds of a new defence mechanism enabling citizens, within the Republic, to get the better of that danger and those fears.
Texte intégral
1Pour les rédacteurs de la plupart des journaux anarchistes qui paraissent dans les années 1891-1894 ainsi que pour une majorité de compagnons, les attentats réalisés par certains d’entre eux auraient eu pour résultat de provoquer une vraie terreur chez l’ennemi de classe : le bourgeois. Et c’est cette grande émotion (peur pour sa vie, peur pour ses biens, peur d’une révolution engendrant le chaos, peur du changement tout simplement) qui permettrait de comprendre, dans l’affolement du moment, le vote précipité par les députés des lois dites « scélérates » dont ces derniers – comme de manière plus générale les bourgeois – attendraient qu’elles sauvent la République et le citoyen d’un « péril noir », c’est-à-dire d’une menace directe que les anarchistes représenteraient pour la IIIe République, menace se traduisant par un coup de force ou une révolution.
2Cette perception de la situation renvoie-t-elle à une réalité ? Peut-on lire l’épisode des attentats anarchistes comme un épisode clé d’une sorte de combat manichéen que se seraient livrés, depuis le début des années 1880, le citoyen et le compagnon ?
3Je montrerai d’abord qu’effectivement les attentats dont se rendent coupables certains compagnons doivent engendrer la peur et faire naître une révolution qui sera l’occasion d’une mise à mort du citoyen et de la République ; ensuite, comment et pourquoi, s’il y a eu peur, cette peur ou ces peurs se sont propagées en République. Enfin, je m’interrogerai sur leurs effets en tentant de comprendre si le citoyen a vraiment triomphé du compagnon dans le cadre de ce que l’on pourrait appeler un réflexe de « défense républicaine1 ».
Détruire la République, et donc faire disparaître le citoyen : l’objectif des propagandistes par le fait à travers les attentats
4Pour une majorité d’anarchistes au début des années 1890, les attentats sont le moment clé d’un grand combat entre le citoyen et le compagnon.
Les attentats anarchistes et leurs raisons
5Ces attentats sont l’une des formes de ce que les anarchistes appellent la « propagande par le fait ». À travers ces derniers, les propagandistes par le fait, soutenus par la plupart des compagnons à cette époque, ont plusieurs objectifs. Premier objectif : à travers un acte, servir la propagande en délivrant un message qui éduquera les masses ; l’acte doit être une « leçon de chose » anarchiste mise en œuvre dans l’espace public. Deuxième objectif : réaliser immédiatement un peu de la révolution (tuer un exploiteur par exemple fera mathématiquement un exploiteur de moins). Troisième objectif : s’inscrire dans une stratégie révolutionnaire, parce que les propagandistes par le fait attendent de ces actes qu’ils se multiplient par effet d’imitation et au fur et à mesure que le peuple serait éduqué en anarchisme, jusqu’à allumer l’étincelle du prochain Grand Soir révolutionnaire. Quatrième objectif : être également pour les compagnons un moyen d’attaque et de défense dans le cadre de la guerre asymétrique qu’ils livrent au pouvoir bourgeois ; ainsi, lorsqu’un commissaire de police arrête des anarchistes, une réponse possible de la part des propagandistes sera de l’exécuter. En même temps, ces différents objectifs et la manière dont l’acte est réalisé doivent faire de la propagande par le fait un instrument de terreur : le bourgeois doit en effet avoir peur de s’attaquer aux compagnons dont il craindra les représailles ; il doit avoir peur pour sa vie, celle de ses proches, et aussi pour ses biens dans l’immédiat et le futur ; il doit enfin avoir peur pour son monde, puisqu’à terme, il sait que les compagnons veulent faire table rase du passé pour en créer un nouveau.
La destruction de la République
6Participe bien sûr de cette entreprise de démolition la destruction d’une IIIe République que les anarchistes détestent plus que tout, comme le montre l’argumentaire qu’ils développent à l’écrit comme à l’oral depuis le début des années 1880. Premier argument : la condition de toute libération passe par la destruction de l’autorité sous toutes les formes qu’elle emprunte alors, dont celle bien sûr de l’État républicain. Deuxième argument : la IIIe République est un mauvais régime à cause des circonstances mêmes de sa naissance : elle est née d’arrangements entre monarchistes et républicains. Troisième argument : elle est également un mauvais régime pour au moins quatre grandes raisons inhérentes à son fonctionnement : d’abord, parce qu’il repose sur le vote, nécessairement aliénant puisqu’une majorité impose sa volonté à une minorité qui la subit ; ensuite, parce que le système parlementaire interdit au peuple de gérer directement ses affaires ; également, parce que les députés, auxquels les citoyens confient leurs affaires, ne peuvent être compétents sur tous les sujets ; enfin, parce que les députés, à cause de certains mécanismes institutionnels, sont presque toujours les représentants de la classe « exploiteuse » et sont donc avant tout préoccupés par leur carrière et par les intérêts de cette classe qu’ils protègent en fabriquant la loi. Dernier argument : elle est la République des affairistes, comme en témoigne par exemple le scandale de Panama qui éclate en 1892.
La mort du citoyen et la victoire finale du compagnon
7Cette destruction de la IIIe République implique de fait la disparition de celui sans lequel le régime ne saurait fonctionner : le citoyen. Effectivement, pour les anarchistes, le citoyen en IIIe République est l’ennemi à abattre2, d’abord parce qu’il est celui dont la liberté est aliénée par le système du vote, cela de deux manières : lorsque le candidat de l’électeur n’est pas élu ou lorsqu’il ne fait pas partie de la majorité. Ensuite, parce qu’il est celui qui, dans le cadre de ce régime parlementaire, s’abstient de s’occuper de la chose publique en s’en déchargeant sur les élus ; il est donc celui qui renonce et qui, en donnant sa voix, aliène sa vie et sa liberté. Également, parce qu’il est celui qui accepte de participer à un système qui le déresponsabilise ; or les anarchistes pensent et répètent que l’homme ne grandit pas par délégation. Enfin, parce qu’il est celui qui s’est fait abuser par le bourgeois et qui vit dans l’illusion que la souveraineté appartient réellement au peuple.
8Or, cette mise à mort du citoyen implique, quand la République aura disparu, le triomphe du « compagnon » dans un monde de toutes les promesses. Ce mot compagnon apparaît dans la presse anarchiste au début des années 1880, période qui correspond à une prise de conscience de soi et à l’affirmation d’une identité proprement anarchiste. Il est le mot (avec « camarade », moins fréquent) par lequel les anarchistes se désignent entre eux. Il a une dimension affective que l’on ne retrouve pas dans le mot citoyen. Étymologiquement, il désigne la personne avec laquelle on partage le pain. Il implique pour les anarchistes que ceux qui s’appellent ainsi se reconnaissent comme égaux. Il implique aussi qu’ils soient prêts à partager des épreuves de la vie et à s’entraider. Il implique surtout et enfin un rapport particulier au monde : le compagnon est en effet celui qui, contrairement au citoyen, refuse de s’absenter partout où son sort se discute ; il est celui qui s’efforce à tout moment d’être un acteur direct du monde dans lequel il vit, ce qui, d’une part, est le prix de sa liberté, et, d’autre part, lui permet de s’accomplir en tant qu’Homme.
9Alors, les conséquences de ces attentats ont été de deux natures au moins. D’abord, ils ont permis à une majorité de contemporains de découvrir l’anarchisme. Ensuite, ils auraient provoqué un sentiment de peur en France, voire de terreur.
La propagation de la peur en République
Pourquoi avoir peur ?
10Cette peur (avec des degrés différents dans l’émotion ressentie, de la vague inquiétude à la terreur) ou ces peurs ont plusieurs raisons d’être à l’époque. Première raison d’être : la capacité de nuisance réelle de propagandistes déterminés, qui mènent des actions brutales au cœur des grandes villes, des actions comme les attentats dont Ravachol ou Émile Henry sont les auteurs en 1892-1894, qui ont pour conséquences la destruction d’immeubles ainsi que la mort violente de contemporains.
11Deuxième raison d’avoir peur : le climat que ces attentats engendrent, particulièrement à Paris (ils ont lieu pour l’essentiel dans la capitale). À cette époque en effet, des affiches régulièrement placardées dans certains quartiers des grandes villes invitent le passant à s’opposer violemment à la bourgeoisie et prédisent la fin du régime républicain. Dans le même temps, une surveillance policière dans les lieux publics est mise en place et de nouvelles lois répressives sont votées visant tout spécialement les anarchistes, tandis que dans la presse de l’époque, les articles se multiplient sur les attentats anarchistes en France et à l’étranger, mais également sur le milieu anarchiste, les idées des anarchistes, les grands procès anarchistes ou les exécutions d’anarchistes. Ce climat rappelle régulièrement le citoyen au danger que les compagnons peuvent représenter pour lui.
12Troisième raison d’avoir peur : le fait d’appartenir ou non à telle ou telle catégorie de la population visée par les propagandistes, même si après l’attentat du café Terminus, personne (exploiteurs pas plus qu’exploités) ne se sent vraiment à l’abri d’une violence aveugle3. Au sentiment que quiconque, quel que soit son statut social, peut être frappé, s’ajoute un sentiment d’incompréhension vis-à-vis de ces actions, qui entretient la peur4.
13Quatrième raison d’avoir peur : la mobilisation fébrile des forces de l’ordre dans la capitale mais aussi partout en France, en même temps que leur incapacité à enrayer ces actions toujours plus spectaculaires, une impuissance ayant trois grandes causes au moins. D’abord, le mouvement anarchiste dans les années 1890 s’apparente à un agrégat de structures en recomposition constante, toujours plus cloisonnées et toujours plus difficiles à infiltrer pour les indicateurs. Ensuite, le législateur peine à dire ce qu’il faut combattre, ce que montrent les débats parlementaires en 1893-1894. Enfin, la propagande par le fait au début des années 1890 est un acte très difficile à empêcher, qui peut être le fait d’un seul individu (un « loup solitaire » pour reprendre une expression anachronique) se revendiquant du mouvement ou celui d’un petit groupe très structuré comme le groupe dont Ravachol est l’homme de main, groupe ou individu pouvant bénéficier au sein du mouvement d’une solidarité agissante.
14Cinquième raison d’avoir peur : l’ignorance dans laquelle se trouvent les citoyens, et dans une moindre mesure les politiques, de ce qu’est vraiment le mouvement anarchiste ; une ignorance qui ouvre le champ de possibles toujours plus effrayants et s’explique, là aussi, de différentes manières. D’abord, parce qu’elle est entretenue par des journalistes qui, pour certains d’entre eux, manquent cruellement de déontologie dans l’exercice de leur métier ; pour vendre, ils se complaisent dans le plus sordide de ce qui devient le « fait divers anarchiste », propagent les rumeurs les plus invraisemblables et construisent à travers leurs récits des figures de menace. Ensuite, parce que les services de police ont beaucoup de difficulté à évaluer le danger et à donner des réponses claires aux contemporains sur ce qu’est le mouvement et sur ce qu’ils risquent. Cette difficulté tient : à la méconnaissance qu’ont certains fonctionnaires de ce qu’est l’anarchisme (qu’ils ont parfois du mal à différencier des autres familles socialistes) ; à une possible mauvaise interprétation des informations recueillies par les mouchards sur le terrain, elles-mêmes liées à une méconnaissance du mouvement ; à la manière dont fonctionne le mouvement dans les années 1893-1894, toujours plus cloisonné et toujours plus difficile à comprendre pour les indicateurs ; au fonctionnement très centralisé du renseignement en France.
15Cette ignorance contribue à la production d’un imaginaire potentiellement anxiogène. Les informations les plus folles sont véhiculées par l’oral (bouche-à-oreille) et par l’écrit (rapports de police, articles, dessins de presse) selon des processus verticaux et horizontaux auxquels contribuent les honnêtes citoyens comme les farceurs, les journalistes comme les fonctionnaires de police. Un imaginaire forgeant des stéréotypes très négatifs dont les anarchistes sont les premiers prisonniers. Ainsi, dans cette « civilisation du journal5 » dans laquelle la presse devient le principal vecteur de l’information, les contemporains oscillent entre l’idée que les anarchistes sont une armée de révolutionnaires disciplinés susceptibles de renverser la République, ou qu’ils sont une poignée d’illuminés sanguinaires agissant individuellement et pouvant frapper n’importe qui n’importe quand, ou encore que le mouvement compte quelques dizaines de malfaiteurs, voleurs, souteneurs recourant à un discours politique pour déguiser leur appétit de jouir du bien d’autrui. Et ici, les auteurs des attentats, mais surtout le mouvement anarchiste, sont les premières victimes d’une médiatisation que les propagandistes par le fait recherchent, puisque si leurs actions n’existent vraiment que par leur écho médiatique, ils ne le contrôlent pas bien entendu.
Les tentatives de manipulation de la réalité : un autre ressort de la peur
16Par ailleurs, le danger que certains anarchistes représentent et les peurs qu’ils suscitent peuvent être exagérés à diverses fins par les contemporains. Si certains journalistes peu scrupuleux n’hésitent pas à déformer les faits et nourrissent cet imaginaire, ils ne sont pas les seuls à manipuler la réalité. Ainsi, des anarchistes interrogés par des journalistes n’hésitent pas à exagérer sciemment le danger que le mouvement peut représenter pour faire trembler les exploiteurs davantage qu’ils ne le devraient en réalité ou pour se donner de l’importance. Des indicateurs semblent recourir au même procédé pour rendre leurs services indispensables à ceux qui les emploient, cela à un moment où la République, selon eux, courrait à sa perte. De même, des préfets n’hésitent pas à pratiquer l’amalgame : à voir des anarchistes partout pour prétexter des opérations de police à l’encontre non seulement des anarchistes mais également de tous ceux qui se trouveraient en marge de la société ou s’opposeraient à la République. Aussi, certains opposants au régime, à droite de l’échiquier politique surtout, jouent sur les peurs pour dénoncer la faiblesse coupable des gouvernants et de la République. À l’extrême gauche en revanche, on aura souvent tendance à minimiser le danger et à considérer que les attentats témoignent de la mise en œuvre d’un complot bourgeois ayant pour seul objectif de restreindre les libertés.
17Donc le climat est propice à la propagation de la peur au sein des populations, et nous pouvons nous demander ce qu’elles ont ressenti.
La propagation de la peur en République
18Il est extrêmement difficile d’apprécier la manière dont les populations ont vécu l’épisode de la « terreur noire6 » en France pour trois grandes raisons. D’abord, parce que, alors que l’essor de la presse a profondément modifié la perception que les contemporains ont du monde au XIXe siècle, la manière dont les journaux ont informé les populations sur l’anarchisme et les anarchistes au début des années 1890 à l’occasion de ces attentats (via des articles ou des dessins de presse) n’a fait l’objet – à l’exception de quelques études à l’échelle départementale – d’aucune étude d’ampleur. Ensuite, parce que, là encore faute de travaux sur la question, nous sommes incapables d’évaluer l’impact de ces articles ou de ces dessins de presse sur les populations. Enfin, parce qu’il est très compliqué d’avoir un discours scientifique sur la peur : elle est en effet une émotion par nature difficile à appréhender, sinon par certaines manifestations physiques ou par les stratégies d’évitement qu’elle peut engendrer ; elle est aussi un sentiment qui suscite la honte, que l’on a du mal à s’avouer et que l’on cache le plus souvent. De plus, dans ce contexte particulier des attentats anarchistes, l’objectif des propagandistes étant de produire de la peur, avouer sa peur signifie que ces derniers sont arrivés à leurs fins, et la nier, qu’ils ont échoué ; donc le discours sur la peur peut être l’objet de toutes les récupérations.
19Il est toutefois possible d’approcher la peur à travers différentes sources qui sont bien sûr autant de prismes déformant la réalité, des sources à utiliser donc avec beaucoup de précautions : les mémoires des contemporains, les rapports de police, les rapports mensuels des préfets et des sous-préfets sur l’état de l’esprit public, les débats parlementaires et enfin les dessins de presse ainsi que les articles de journaux, à la fois parce qu’ils peuvent nous donner des informations sur l’esprit public et parce qu’ils contribuent à le façonner7.
20À partir de ces sources, nous pouvons affirmer que, dans les années 1891-1894, la peur face aux attentats, quand elle existe, croît ou décroît en fonction de quatre paramètres. Premièrement, en fonction du nombre d’attentats qui ont lieu dans un même endroit et du délai plus ou moins court qui peut les séparer les uns des autres. Deuxièmement, en fonction de la proximité que le citoyen entretient avec l’attentat, à la fois dans le temps, dans l’espace, et dans son vécu (par exemple, parce qu’il connaît quelqu’un qui était sur les lieux ou parce qu’il a failli y être). Troisièmement, en fonction de la perception que le citoyen a de l’événement à travers la rumeur et/ou la presse. Enfin, en fonction du risque auquel le citoyen se trouverait potentiellement exposé, soit parce qu’il vivrait dans un endroit qu’il estimerait plus dangereux (par exemple dans une ville dans laquelle militent des anarchistes actifs), soit parce qu’il appartiendrait aux catégories de population qui sont davantage la cible des compagnons (jurés ou magistrats siégeant dans des procès anarchistes, mouchards démasqués ou citoyens ayant aidé la police, voire simples bourgeois en tant qu’ennemis de classe), encore que, comme nous l’avons écrit, avec Émile Henry et les attentats de la rue des Bons-Enfants et du Terminus, cette question ne se pose plus vraiment.
21Finalement, il semble possible de distinguer différents cas de figure quant au rapport du simple citoyen à la peur au cours des années 1891-1894, cela en fonction de l’intensité de l’émotion ressentie par ce dernier.
22Pour ce qui est de la capitale, j’ai seulement quelques hypothèses de travail à partir des sources auxquelles j’ai pu avoir accès. Je pense que, de manière schématique, et avec bien sûr des évolutions dans le temps, on peut distinguer quatre types de situation quant au rapport du citoyen à la peur, et en conséquence, que l’on peut isoler quatre catégories de citoyens, des catégories qui ne sont bien sûr ni définitives ni étanches. Première catégorie de citoyens : une minorité, qui a été confrontée directement à la violence anarchiste lors d’un attentat et qui a véritablement connu un sentiment de terreur sur le moment, ce dont témoignent les scènes d’attentats racontées et dessinées par les contemporains, comme par exemple au café Terminus à Paris dans lequel une bombe explose le 12 février 1894. Deuxième catégorie de citoyens, sans doute encore une minorité au vu des rapports de police : ceux qui ont eu suffisamment peur pour leur vie ou peur d’une révolution pour recourir plus ou moins temporairement à des stratégies d’évitement, par prudence, ou pour demander une protection policière. Ainsi, au moment des attentats d’avril 1892 ou de décembre 1893, on apprend par les journaux que certains locataires déménageraient d’immeubles dans lesquels habitent des magistrats ou des policiers qui ont eu affaire aux anarchistes parce qu’ils ont peur que l’immeuble saute. De plus, des provinciaux ajourneraient leurs déplacements à Paris et des Parisiens se réfugieraient en province. Dans le même temps, des articles de journaux et des comptes rendus de débats parlementaires nous laissent penser que des étrangers ont quitté Paris et que d’autres ont annulé leurs réservations dans les hôtels de la capitale en décembre 1893, mais combien ? De même, toujours dans la capitale, on sait qu’entre mars et mai 1892, près de 1 500 personnes portent plainte après avoir reçu des lettres de menace de la part de ceux qu’ils pensent être des anarchistes et demandent la protection de la police. Troisième catégorie de citoyens : ceux qui sont seulement inquiets. Témoignent de cette inquiétude les rapports de police et les articles de journaux décrivant des mouvements de panique en certains endroits (lorsque se produisent par exemple des bruits inhabituels) ou bien le soulagement qu’aurait provoqué au sein de la population parisienne l’arrestation de Ravachol. Mais en même temps, les citoyens dont nous venons de parler semblent finalement vivre comme d’habitude en étant peut-être davantage sur leurs gardes : les recettes des théâtres ne paraissent pas diminuer au moment de l’attentat contre la Chambre et les cafés sont bondés dans la capitale au moment de l’attentat contre Sadi Carnot d’après les rapports de police. Quatrième catégorie de citoyens : une frange de la population insouciante ou inconsciente ; ce dont témoignent par exemple de très nombreux canulars ainsi que de nombreuses lettres de dénonciation qui sont autant de « fumisteries » pour reprendre le vocabulaire de l’époque.
23En ce qui concerne la province, il est possible grâce à des sondages dans les archives départementales de donner un début de réponse à la question qui nous occupe, en distinguant urbains et ruraux. Pour ce qui est de l’état d’esprit des habitants des villes de province sur lesquelles nous avons travaillé, nous pouvons faire quelques grands constats. D’abord, de 1891 (dès le moment où Ravachol fait sauter l’immeuble de la rue de Clichy) jusqu’en 1895 avec parfois de brefs temps morts comme pendant une partie de l’été 1892, la presse fait vivre les populations des villes à l’unisson du drame vécu par les Parisiens. Ainsi, si l’on prend l’exemple de la ville de Dijon, il n’y a pratiquement pas un jour sans qu’un article ne paraisse dans le Bien Public sur les attentats que connaît la capitale, et plus généralement sur l’anarchisme à Paris, des articles dans lesquels les auteurs n’hésitent pas à faire courir les rumeurs les plus folles8. Ensuite, la nouvelle des attentats parisiens, dès qu’elle est connue, provoque dans ces villes, chez ceux qui partagent l’information, une certaine émotion et une certaine empathie pour les habitants de la capitale : les mots « tristesse » et « indignation » reviennent ainsi régulièrement sous la plume des journalistes et des représentants de l’autorité décrivant l’état d’esprit des populations à Dijon. Troisième constat, une partie au moins de la population paraît plus nerveuse. Ainsi, quand un pétard éclate devant l’hôtel de ville de Dijon en avril 1892, un rédacteur du Bien Public écrit que la population paraît « sensibilisée » et constate « l’émotion violente » ressentie par ceux qui se trouvent sur les lieux9. Quatrième constat : toutefois, dans la plupart des cas, les provinciaux semblent suivre les événements parisiens comme des faits divers lointains qui ne peuvent arriver chez eux ; ce qui explique cet état d’esprit à Dijon par exemple, mais aussi dans d’autres villes, c’est le fait que les anarchistes locaux sont inoffensifs. Et ce qui montre qu’aux yeux des Dijonnais, ils sont inoffensifs, c’est que la presse locale ne s’intéresse pratiquement jamais à eux : pour l’année 1892 par exemple, on ne répertorie dans le Bien Public qu’un seul article sur les compagnons de Dijon intitulé « Conférence anarchique10 ». Par ailleurs, dans ces différents départements sondés, la population rurale (environ 60 % de la population totale en France au début des années 1890) paraît bien moins préoccupée que les habitants des villes par la question des attentats anarchistes, et plus généralement par l’anarchisme. Celui-ci est, en France, l’affaire des populations urbaines et surtout celle des habitants de la capitale : aux alentours de Dijon par exemple, les populations vivant dans les campagnes semblent avant tout soucieuses des effets du climat sur les récoltes11.
24La population dans son ensemble n’aurait donc pas vécu dans la peur, contrairement à ce que peut nous laisser croire le discours sur la peur à l’époque – notamment une sorte de bulle médiatique née surtout en ville autour des attentats anarchistes qui enfle entre 1891 et 1894, ainsi que des rapports de police très alarmistes, là encore dans les grandes villes. Il semble que sur les quarante millions d’habitants que compte le pays, seule une infime partie de la population parisienne (Paris compte alors 2,5 millions d’habitants intra muros) ait paniqué à certains moments au point d’adopter des stratégies d’évitement et/ou de rechercher la protection de la police. Par ailleurs, une inquiétude ou une « angoisse » – pour reprendre un terme de Karine Salomé sans doute déjà trop fort12 – a habité ponctuellement un certain nombre de Parisiens ainsi qu’une frange de la population urbaine de province. Mais pour les autres, notamment les ruraux, ils ont probablement en majorité vécu ces événements avec distance, empathie – peu ou prou – et curiosité. Dans tous les cas, il est intéressant de noter que d’après toutes les sources, différents sentiments coexistent au sein des populations, mêlés ou non de peur, après chaque attentat : la tristesse, la consternation, mais surtout l’exaspération, la colère, une colère qui s’exprime parfois brutalement.
Le triomphe du citoyen sur le compagnon à la faveur de la « terreur noire » ?
Un réflexe de défense républicaine à l’échelle du simple citoyen ?
25Ce que l’on peut en effet constater à l’échelle des simples citoyens, c’est qu’un certain nombre d’entre eux (mais il m’est impossible de dire combien) a eu la volonté de participer directement à l’éradication du mal anarchiste, cela de deux manières différentes. D’abord, en se montrant d’une grande vigilance : en signalant aux autorités les bombes qui pourraient avoir été posées par des compagnons dans l’espace public13 ; en n’hésitant pas à leur dénoncer tous les individus dont les agissements paraissent suspects (soit en se rendant directement dans des commissariats, soit en y envoyant des lettres de dénonciation, signées ou non). Et la vigilance de ces « citoyens policiers » put payer, puisque Ravachol fut arrêté à la suite d’une dénonciation d’un garçon de café, Jules Lhérot, érigé en modèle de citoyenneté par une presse qui encourage la participation populaire aux fonctions de police14. Ensuite, en allant jusqu’à se faire justice soi-même : par exemple en poursuivant Émile Henry dans les rues de Paris après l’attentat du Terminus afin de le lyncher.
26Ce que l’on peut aussi constater, c’est qu’ils se sont mobilisés individuellement sans communier dans un réflexe de « défense républicaine ». Pour certains d’entre eux, il s’est peut-être agi de sauver le régime qu’ils estimaient menacé. Mais, ce qui mobilise avant tout les citoyens, comme en témoignent les rapports de police, c’est le refus de voir se multiplier sur le territoire national des actes lâches, frappant des innocents, perpétrés par ceux qui ne seraient, comme l’écrivent nombre de journalistes de l’époque, que des tueurs de femmes et d’enfants auxquels ils dénient tout projet politique. Et quand bien même ils seraient des hommes politiques, ils ne retiennent de leur projet que la violence stérile. De même ceux qui manifestent contre les Italiens après l’assassinat de Sadi Carnot par l’anarchiste Caserio : bien davantage que venger la République, les auteurs de ces troubles sont mus par un sentiment de xénophobie d’autant plus fort qu’une véritable inimitié entre ouvriers français et italiens trouve alors son origine dans des différends liés à la rémunération et à l’emploi dans certaines branches de métier15.
Les réactions à la Chambre des députés
27De son côté, le législateur s’est lui aussi mobilisé comme en témoigne le vote des « lois scélérates », et cette mobilisation pose trois questions : les députés ont-ils réagi sous l’emprise de la peur ? De quelles peurs ? Leur réaction a-t-elle participé d’un réflexe de « défense républicaine » ?
28Il est extrêmement difficile de répondre en quelques lignes à ces questions qui mériteraient un travail très approfondi sur les archives parlementaires. Certains députés ont montré qu’ils ne se laisseraient pas intimider par les anarchistes, comme Charles Dupuy, le président de la Chambre, alors que la bombe d’Auguste Vaillant vient d’exploser dans l’hémicycle16. D’autres ne cessent de clamer au moment des débats parlementaires portant sur le vote des « lois scélérates » qu’ils n’ont pas peur, d’autant que, comme le dit Jean Casimir-Perier le 11 décembre 1893 : « La fermeté ne peut exister sans le sang-froid17. » Toutefois, dès décembre 1893, des mesures de sécurité exceptionnelles sont prises pour assurer la sécurité du Palais Bourbon…
29Alors si les députés ont eu peur, de quoi ont-ils bien pu avoir peur ? Peur pour leur propre vie ? Peut-être. Peur que la population les croit incapables de fermeté face à la vague d’attentats, et que la situation ne soit exploitée par les ennemis du régime ? Sans doute. Les députés savent que, dans son ensemble, l’opinion publique attend la plus grande fermeté, et que, pour elle, assurer l’ordre public fait partie des premières prérogatives de l’État. Un rapport du commissaire spécial de police de Longwy du 10 décembre 1893 est révélateur de cet état d’esprit : « On [la population de Longwy] déclare qu’avant tout, nos représentants ont pour premier mandat de faire réprimer les crimes sous quelque forme que ce soit18. » En revanche, les députés n’ont sans doute pas eu peur du « péril noir » tel que je l’ai défini, parce que dans sa grande majorité, la population désapprouve les attentats anarchistes et qu’ils le savent. Toutes les informations centralisées par les services du ministère de l’Intérieur vont dans ce sens : les compagnons ne sont pas suivis et leur stratégie visant à déclencher la révolution est de ce fait condamnée à l’échec ; l’action des propagandistes les isole de plus en plus sur l’échiquier politique et les éloigne toujours plus des masses, surtout quand des ouvriers meurent dans des attentats et quand la presse les présente comme des fous, des délinquants ou des fanatiques criminels. L’impression générale est « que les attentats politiques sont inadaptés à la situation politique de la France19 ».
30Dans ces conditions, le vote des « lois scélérates » a-t-il participé d’un réflexe de « défense républicaine » ? Pour certains députés, oui, dans la mesure où, même si le « péril noir » n’existe pas, la situation peut être exploitée par les ennemis de la République pour déstabiliser le régime. Pour d’autres, résolument non : ainsi à gauche, on dénonce la manière dont des députés de droite les ont votées en cherchant à étrangler la République. Toujours à gauche, on refuse de les voter justement parce qu’elles n’auraient pour objectif que de favoriser la Réaction. D’autres enfin, en votant ces lois, n’ont pas imaginé sauver la République d’un « péril noir », mais simplement fait ce que la population attendait d’eux : restaurer l’ordre public en réprimant les crimes sous quelque forme que ce soit.
*
31Pour certains propagandistes et une majorité d’anarchistes entre 1891 et 1894, l’épisode des attentats anarchistes peut être lu comme une sorte de combat manichéen dans le cadre d’une « terreur noire » entre le citoyen et le compagnon. En revanche, pour la plupart des contemporains, il n’en a sans doute rien été pour plusieurs raisons : d’abord, parce que si les attentats ont créé un climat particulier à Paris notamment, la population dans sa grande majorité n’a vraisemblablement pas eu peur. Ensuite, parce qu’il n’y a pas eu de « péril noir » (au sens où je l’ai défini en introduction) dans la mesure où les attentats ont surtout contribué à éloigner les citoyens de l’anarchisme, et où, donc, la stratégie des propagandistes, à terme, a été vouée à l’échec ; et les anarchistes en ont été de plus en plus conscients au fil du temps. Également, parce que les lois scélérates n’ont pas été une réponse des députés à un « péril noir » ; enfin, parce que de manière générale, la lutte contre les anarchistes n’a pas uni les populations (et cela même si la participation populaire aux fonctions de police est une dimension du programme civique républicain20) et/ou les politiques dans un grand réflexe de « défense républicaine ». En revanche, la mort de Sadi Carnot, dans son traitement par le gouvernement, aura été l’occasion pour les républicains au pouvoir d’enraciner toujours plus profondément la République en France21.
Notes de bas de page
1 Les idées ainsi que les exemples développés dans les deux premières parties de l’article sont issus de l’introduction non publiée de ma thèse, Les Anarchistes contre la République de 1880 à 1914. Radiographie du mouvement anarchiste français. Contribution à l’histoire des réseaux sous la Troisième République, sous la direction de P. Levillain, université Paris 10, 2006, ainsi que de trois articles : « Y a-t-il eu un complot anarchiste contre la République française à la fin du XIXe siècle ? », Mouvement Social, [http://mouvement-social.univ-paris1.fr/document.php?id=1624], octobre 2009-mars 2010 ; « Le mouvement anarchiste à travers les sources policières de 1880 à 1894 », [http://raforum.info/spip.php?article6176], mars 2011 ; « L’antiparlementarisme des anarchistes au moment de l’affaire de Panama », hors-série no 9 de la revue Parlement[s]. Revue d’histoire politique, consacré à l’antiparlementarisme en France, novembre 2013, p. 73-84.
2 Voir par exemple ici la définition que l’Encyclopédie anarchiste donne du « citoyen », Faure S. (dir.), Encyclopédie anarchiste, Paris, Œuvre internationale des éditions anarchistes : la Librairie internationale, 1933-1934, [http://www.encyclopedie-anarchiste.org].
3 Merriman J., The Dynamite Club. How a Bombing in Fin-de-Siècle Paris Ignited the Age of Modern Terror, Boston, Houghton Mifflin Harcourt, 2009, traduit par Emmanuel Lyasse sous le titre Dynamite club. L’invention du terrorisme à Paris, Paris, Tallandier, 2009.
4 Salomé K., Je prie pour Carnot, qui va être assassiné ce soir, Paris, Vendémiaire, avril 2012, p. 18.
5 Kalifa D., Régnier P., Thérenthy M. et Vaillant A. (dir.), La civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Nouveau Monde éditions, 2011.
6 C’est entre autres un ouvrage d’André Salmon qui a contribué à populariser l’expression : La terreur noire, chronique du mouvement libertaire, Paris, J.-J. Pauvert, 1959.
7 Sur les questions méthodologiques soulevées par l’étude de l’opinion publique au XIXe siècle, voir notamment Karila-Cohen P., L’état des esprits. L’invention de l’enquête politique en France, 1814-1848, Rennes, PUR, 2008.
8 L’auteur d’un article du 23 mai 1892 intitulé « La dynamite » affirme ainsi que les anarchistes parisiens ont eu l’idée de faire sauter les quartiers riches de la capitale grâce aux conduites de gaz, et que cette idée aurait déjà eu un commencement d’exécution.
9 Ibid., no 120, 30 avril 1892, « La bombe de l’Hôtel de ville ».
10 Ibid., no 99, 9 avril 1892.
11 AD (Archives départementales) de Côte-d’Or, 1 M 214 et 1 M 220, rapports mensuels de préfets et des sous-préfets.
12 Salomé K., Je prie pour Carnot…, op. cit., p. 16.
13 Entre mars et novembre 1892, ce sont par exemple près de 300 « bombes » qui sont découvertes par des passants à Paris et apportées au laboratoire municipal, pour la plupart d’entre elles relevant du canular.
14 Houte A.-D., « Citoyens policiers, pratiques et imaginaires publics de la sécurité civique dans la France du second XIXe siècle », Revue d’histoire du XIXe siècle, no 50, 2015, p. 99-116.
15 Salomé K., Je prie pour Carnot…, op. cit., p. 70-81.
16 Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Chambre des députés : compte rendu in-extenso, Imprimerie du Journal officiel, Paris, 1881-1940, séance du 9 décembre 1893.
17 Ibid., séance du 11 décembre 1893.
18 AD de Meurthe-et-Moselle, 1 M 657.
19 Salomé K., Je prie pour Carnot…, op. cit., p. 104.
20 Houte A.-D., « Citoyens policiers… », art. cité.
21 Salome K., Je prie pour Carnot…, op. cit.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008