Les conciles provinciaux français face au rétablissement de la liturgie romaine (1849-1853)
p. 157-180
Texte intégral
1Le ralliement de l’ensemble des diocèses français à la liturgie romaine au cours de la seconde moitié du XIXe siècle constitue, pour les observateurs des changements ecclésiologiques intervenus à l’époque concordataire, l’un des marqueurs les plus significatifs de l’entrée de l’Église de France dans l’orbite romaine. Le mouvement, mis en évidence d’abord par Austin Gough1, puis étudié de façon plus approfondie par Vincent Petit dans son livre sur la question liturgique au XIXe siècle2, s’étend sur une période chronologique globalement comprise entre le milieu des années 1840 et le milieu des années 1870, les diocèses les plus récalcitrants à l’adoption du rituel romain, qui figurent aussi comme les têtes de file de la résistance gallicane, cédant finalement aux pressions pontificales entre 1873 (Paris) et 1875 (Besançon, Lyon, Orléans). Cet intervalle chronologique correspond également au moment où les évêques de France se réunissent en conciles provinciaux, à la faveur d’une brève renaissance de l’institution conciliaire favorisée à la fois par l’avènement de la Seconde république et un assouplissement de la législation concordataire (l’article 4 des Organiques qui interdit la tenue de synodes et de conciles sans l’autorisation expresse du gouvernement est provisoirement mis en sommeil), et par les encouragements de Pie IX qui préfère autoriser les rassemblements à l’échelle des provinces métropolitaines que de voir ressurgir le spectre d’un concile national. En favorisant les échanges entre les titulaires diocésains et en soumettant le fruit de leurs délibérations à l’examen et à l’approbation de la Congrégation du concile, ces assemblées provinciales vont permettre aux idées intransigeantes de progresser et de s’imposer peu à peu dans une Église de France où les doctrines gallicanes dominent encore à la fin des années 1840.
2L’objectif de cette présentation sera de cerner le contexte et les acteurs de ces réunions conciliaires, puis de préciser en quoi elles ont favorisé l’émergence de débats sur la liturgie et ont pu, de ce fait, contribuer à l’adoption du rite romain par une majorité de diocèses français.
Contexte et acteurs
3Dans les premiers siècles de l’Église et jusqu’au VIIIe siècle, les conciles provinciaux se réunissaient deux fois par an dans chaque province. Puis petit à petit certains pouvoirs de ces assemblées furent transférés au pape et leur réunion devint moins fréquente. On attribua à cette baisse de fréquence un relâchement de la discipline observé au Moyen Âge, d’où la prescription faite aux conciles œcuméniques du Latran (1512-1517) et de Trente (1545-1563) de tenir ces conciles au moins tous les trois ans. Il en résulta une reprise de ces assemblées au XVIe siècle, même si elles rencontrèrent des oppositions d’ordre politique en France au point de ne plus se réunir au XVIIIe siècle3. Il faut attendre le milieu du XIXe siècle, pour qu’on assiste à un renouveau de l’institution qui part des États-Unis, le premier concile provincial se tenant à Baltimore en 1829.
4Dans le contexte français du régime concordataire, rien ne se passe sous le Premier Empire, ni sous la Restauration : l’épiscopat, majoritairement gallican, est peu soucieux d’observer les décrets du concile de Trente et tente surtout de faire respecter son autorité dans le cadre de diocèses redessinés. Après la révolution de 1830, les évêques continuent de solliciter l’autorisation du gouvernement pour tenir leurs synodes, même si la plupart répugnent à entreprendre les démarches nécessaires. La réticence des autorités civiles à l’égard des conciles provinciaux trahit leur crainte de perdre l’emprise qu’elles exerçaient sur les titulaires diocésains si ces derniers venaient à sortir de leur isolement. On y lit aussi le souci de préserver l’épiscopat de l’influence des doctrines romaines, dont ces conciles pourraient constituer des chambres d’enregistrement : le pouvoir civil n’ignore pas que les décisions prises par ces assemblées, tenues à huis clos, sont soumises à l’approbation de Rome. Par le biais des conciles provinciaux s’instituerait incidemment un dialogue entre l’épiscopat français et les congrégations romaines. Une première tentative voit le jour, à Aix-en-Provence, sous l’impulsion du vicaire général Jacquemet, futur évêque de Nantes, qui pousse son archevêque, Mgr Bernet, à réunir ses suffragants en octobre 1838. Mais les esprits ne sont pas encore assez mûrs à cette date et l’initiative aixoise demeure isolée. Il faut attendre la proclamation du droit de réunion sous la Seconde République (art. 8 de la Constitution du 4 novembre 1848) pour que l’épiscopat se saisisse enfin de la possibilité qui lui est laissée de se réunir en conciles provinciaux.
5L’initiative revient à Mgr Sibour, archevêque de Paris, qui travaillait depuis longtemps à la réunion d’un concile national, mais s’était heurté sur ce point au refus de Pie IX en mai 18494. En septembre 1849, Mgr Sibour force la main du gouvernement français et convie les évêques de sa province à se réunir à Paris. L’autorisation du gouvernement arrive après le début du concile et s’étend, pour une durée d’un an, à toutes les provinces métropolitaines. L’effet est immédiat : le concile de Paris est suivi de douze autres conciles entre septembre 1849 et octobre 1850 ; vingt et un conciles sont convoqués entre 1849 et 18735. On a peu de descriptions des premières assemblées qui privilégièrent la discrétion pour ne pas attirer l’attention des autorités. La seule partie visible, dans de nombreux diocèses, est la procession des pères du concile de l’archevêché à la métropole et la cérémonie d’ouverture qui s’y déroule, mais le reste demeure secret et les rapports préfectoraux signalent que ces réunions épiscopales n’ont qu’un faible retentissement. Les correspondances privées laissent en revanche mesurer l’émotion des évêques, qui découvrent tout de cette institution tombée en désuétude et de son cérémonial qu’il faut aller chercher dans les antiques cérémoniaires romains. Dans les mois qui précèdent le concile de Paris, Mgr Sibour entretient une correspondance nourrie avec ses suffragants, qu’il consulte sur les matières à traiter et sur l’organisation des réunions :
« Pour ce qui regarde les cérémonies marquées pour les conciles, mon avis serait de conserver ce qui est essentiel, ce qui imprime un caractère sacré aux réunions épiscopales de la nature de celles que nous voulons avoir. Il y a des prières touchantes, des rites qui ont une grande signification. Pourquoi les supprimerions-nous ? Il faudra se borner, je crois, à supprimer quelques longueurs et quelques formes moins utiles, du reste le concile en sera juge. En attendant, j’ai fait soigneusement rechercher tout ce qui se rapporte à cet objet. J’ai provisoirement désigné des maîtres de cérémonies qui seront également prêts à suivre les rites anciens et à se conformer aux désirs des Pères du concile6. »
6Les lettres synodales qui accompagnent la publication des décrets s’attardent sur l’importance du renouveau de l’institution conciliaire dont la France avait si longtemps été privée. Les Pères du concile de Paris dénoncent « les Articles organiques et l’incompétence du pouvoir civil pour régler seul les matières purement ecclésiastiques7 », alors que ceux de Soissons déplorent la trop longue parenthèse qui vient de se refermer : « ces assemblées si utiles, si nécessaires, la France, depuis longtemps, ne les connaissait plus ; cette province en particulier n’en avait plus joui depuis plus de deux siècles8 ». Partout s’exprime la satisfaction de recouvrer un droit dont l’Église de France était injustement privée. Les Pères du concile de Rennes se réjouissent de « reprendre possession de leur liberté9 », quand leurs collègues de la province de Bourges proclament l’indépendance de l’épiscopat10. Le ton est donc celui d’une Église victorieuse, déterminée à ne rien céder des avantages récemment acquis. Les conciles fournissent l’occasion de rappeler et de proclamer l’étendue du pouvoir épiscopal. Le soin apporté à la définition de la juridiction épiscopale, les réticences qui s’expriment contre la reconstitution des officialités diocésaines et le refus de revenir sur l’amovibilité des desservants prouvent que les évêques ne sont pas prêts à abandonner une quelconque part de leurs prérogatives dans le gouvernement du diocèse. Sur tous les plans, ils revendiquent une conception à la fois unitaire et centralisatrice de l’épiscopat, et donnent raison, sur ce point, à la logique concordataire.
7En même temps, les décrets des conciles provinciaux manifestent aussi les progrès de l’ultramontanisme et l’adhésion collective de l’épiscopat aux doctrines romaines. Les lettres synodales des premiers conciles sont l’occasion de diffuser une catéchèse où le pape occupe la première place, auréolé par les difficultés qu’il vient de traverser en 1849. Se dégage de ces textes l’image d’un pape souverain, « tête de l’Église, père et docteur de tous les chrétiens11 », « devenu en quelque sorte plus auguste et plus cher par tout ce que ses infortunes ont révélé en lui de grandeur d’âme et de sublimes vertus12 ». La plupart des conciles réservent le premier décret au Souverain Pontife : De summo pontifice13, De auctoritate sanctae sedis apostolicae14, De suprema romani pontificis auctoritate15. Si les intitulés varient, le contenu, lui, ne change pas : s’appuyant sur les textes des Pères de l’Église et des premiers conciles, les évêques redisent la primauté de Pierre et rappellent l’étendue de sa juridiction, sans jamais toutefois user du terme d’infaillibilité.
8Comme le préconisait le concile de Trente, les décrets des conciles sont soumis à l’examen des cardinaux de la Congrégation du Concile, qui tiennent particulièrement à l’œil les provinces du nord de la France : Paris, Rouen, Tours, dominées par des évêques de culture gallicane (Sibour, Dupanloup, Clausel de Montals, Morlot, Bouvier, Robiou de la Tréhonnais). Dès 1850, le nonce à Paris, Mgr Fornari, invite le cardinal Mai, préfet de la Congrégation du Concile, à ne faire preuve d’aucune indulgence à l’égard des Pères français : « Les évêques de France sont bons mais ont besoin d’être instruits parce qu’ils manquent des connaissances nécessaires. Peut-être certains se sentiront-ils piqués au début par les corrections qu’ils reçoivent ; mais ensuite ils se soumettront, étant révolu le temps où ils se défendaient à l’ombre du pouvoir laïc16. » Plusieurs corrections sont imposées à la province de Paris et il faut des mois d’échanges épistolaires un peu vifs entre le nonce et Mgr Sibour pour que l’archevêque de Paris accepte enfin de publier les décrets dans leur version corrigée17. Des réticences s’expriment également parmi les pères des conciles de Rennes18 et de Rouen19, qui expérimentent à leurs dépens la fermeté romaine et le prix de l’obéissance au Saint-Siège. À l’inverse, les provinces de Reims et de Bordeaux, dominées par les têtes de file du mouvement ultramontain, Gousset, Donnet et Pie, font figure de modèles et engrangent les louanges pontificales, entraînant dans leur sillage les provinces qui suivent leurs traces.
La question liturgique en débat
9Étant donnée la chronologie de ces réunions provinciales, on pouvait légitimement s’attendre à voir la question liturgique débattue lors des sessions, d’autant que l’un des arguments avancés par ceux qui défendaient la tenue de ces assemblées était la nécessité d’unifier les vues de l’épiscopat, de réduire les diversités d’usages, de liturgie et de catéchismes entre les diocèses. En 1842, Grégoire XVI était intervenu pour déplorer la variété des liturgies20, ouvrant la voie à un mouvement de retour à la norme tridentine, inauguré en France par Mgr Parisis qui avait rétabli la liturgie romaine dans son diocèse de Langres en 1839. Le nombre élevé de diocèses dans lesquels coexistaient plusieurs rites laissait néanmoins entrevoir la complexité du processus d’unification et une note retrouvée dans les archives de l’archevêché de Paris, datée vraisemblablement de la fin de l’épiscopat de Mgr Affre, soulignait l’intérêt qu’il y aurait à réunir en France un concile national, afin d’« arriver à l’unité disciplinaire : mêmes institutions, même liturgie, même catéchisme21 ». La perspective d’une rencontre nationale ayant été écartée par Pie IX, c’est au niveau des provinces ecclésiastiques que l’on tenta de réduire les disparités liturgiques. Sur les quinze conciles provinciaux qui eurent lieu entre 1849 et 1853, onze décrétèrent le retour à la liturgie romaine ou émirent un vœu en faveur d’un abandon à plus ou moins long terme des liturgies diocésaines. La mention ou non de la question liturgique lors des assemblées provinciales reproduit assez fidèlement la ligne de partage entre les provinces dites ultramontaines et les provinces gallicanes, celles de Lyon, Tours et Rouen, connues pour leur résistance au mouvement de romanisation qui souffle sur la France à partir des années 1840, gardant obstinément le silence sur le sujet.
Les provinces favorables à la liturgie romaine
10Entre 1849 et 1851, huit conciles provinciaux sanctionnent par un décret l’adoption de la liturgie romaine. Le premier de la série, le concile de Soissons, présidé par l’archevêque de Reims qui réunit ses suffragants en octobre 1849, s’impose d’emblée comme un modèle à suivre pour les tenants de l’intransigeantisme. Mgr Gousset, qui avait imposé le rétablissement de la liturgie romaine dans son diocèse dès 1848, convainc ceux de ses suffragants qui ne l’avaient pas encore fait d’adopter à leur tour le rituel romain. Après avoir insisté sur les dangers que représente pour la foi et la piété le manque d’uniformité liturgique et critiqué la confection de bréviaires propres à chaque diocèse, qui crée une disparité entre les évêchés, les pères décident de revenir à la norme tridentine : « Les évêques prendront soin, en outre, dès qu’ils en auront l’occasion opportune et convenable, de faire revivre dans toutes les églises de notre province par un ordre salutaire l’usage du bréviaire et du missel romain, sauf si une Église jouit du privilège de l’exception défini par Pie V22. » Les Pères de Soissons ne traînent pas pour soumettre leurs décrets à Rome. Ils adressent une lettre collective au pape et en reçoivent une réponse laudative le 30 novembre 1849. Le 17 février 1850, Mgr Gousset reçoit une lettre du cardinal Lambruschini qui le félicitait, ainsi que ses suffragants, de leur empressement et de leur zèle à défendre la foi catholique, à observer la discipline de l’Église et à rétablir la liturgie romaine dans la province de Reims. Aussitôt les décrets approuvés, le métropolitain les promulgue dans la province en les accompagnant des constitutions de saint Pie V sur le bréviaire et le missel.
11« Cette décision, se rappellera plus tard l’abbé Gerbet, devait avoir du retentissement et de l’effet sur le reste de la France23. » Avant même d’avoir obtenu l’approbation de la Congrégation du Concile, les décrets du concile de Soissons avaient circulé parmi les évêques ultramontains par l’intermédiaire du nonce. L’archevêque d’Avignon, Mgr Debelay, s’en inspire ainsi pour le concile d’Avignon qui a lieu en décembre 184924. Sous l’influence du très ultramontain Emmanuel d’Alzon, vicaire général de Nîmes qui assiste son évêque, Mgr Cart, un vœu y est pris en faveur de la liturgie romaine, ce dont se félicite le fondateur des Assomptionnistes :
« Notre concile marche assez bien ; il sera probablement fini avant Noël. Le vœu pour la liturgie passera. Je vous envoie le projet de décret, tel que je l’ai rédigé. À l’exception d’un mot que je n’ai pas encore lu, tout a été approuvé par la Congrégation particulière dont je fais partie. Je vous l’envoie, afin que vous le montriez au nonce. Je l’avais d’abord composé de passages tirés des bulles de Clément VIII sur le missel et le bréviaire. Figurez-vous qu’un évêque a trouvé que ce n’était pas d’assez bon latin ? Dites au nonce si vous en avez l’occasion que l’évêque de Montpellier [Thibault] marche en ce moment dans un bon sens. L’évêque de Valence [Chatrousse], quoique se posant en gallican, adoptera le romain ; l’évêque de Viviers [Guibert], quoiqu’ultramontain, veut toujours d’un bréviaire national ; l’évêque de Nîmes [Cart] me fait toujours affaiblir tout ce qui sent trop l’amour de Rome, et il est romain25. »
12Poussés par un fort mouvement de la base du clergé, les diocèses de Valence et de Nîmes décident le passage au romain en 185126, si bien que Mgr Debelay peut sans exagération présenter le retour à la liturgie romaine comme un signe de l’attachement des pères du concile aux doctrines du Saint-Siège : « Le décret sur l’Immaculée conception, le retour de quatre diocèses à la liturgie romaine car alors ce diocèse seul était romain –, le décret sur le Sacré Cœur de Jésus honorent en même temps la piété du concile27. »
13Il en va de même à Albi, six mois plus tard, où le retour à la liturgie romaine s’impose à toute la province : « C’est pourquoi le synode décide et ordonne, aussitôt que cela pourra être fait de manière opportune, de restituer dans les trois diocèses [Albi, Cahors et Mende] où il n’est pas encore en usage, le rite vénérable par son antiquité et son universalité qu’observe l’Église romaine, mère et exemple des Églises28 … » Ce retour n’allait pourtant pas de soi si l’on considère qu’en 1849, seuls les diocèses de Perpignan et de Rodez suivaient le rite romain. Le métropolitain, Mgr de Jerphanion n’était lui-même pas déterminé à abandonner le rite parisien en usage dans son diocèse et entendait laisser ses suffragants libres de déterminer ce qui convenait le mieux pour leurs diocèses, comme en témoigne la lettre qu’il écrivit le 23 janvier 1850 au directeur du séminaire de Saint-Sulpice de Paris, l’abbé Carrière, pour l’inviter à participer aux délibérations du concile de sa province et lui demander conseil sur la liste des matières à traiter. Il s’y interrogeait sur l’opportunité d’aborder la question liturgique et concluait par la négative. La réponse de l’abbé Carrière n’a pas été retrouvée, mais elle devait aller dans le même sens car le programme établi par Mgr de Jerphanion quelques semaines avant le concile fait abstraction de la question liturgique29. Il faut croire que, là aussi, l’influence exercée par le nonce Fornari, fut déterminante.
14Quelques semaines après Albi, la province de Bordeaux se réunit du 13 au 30 juillet, à l’invitation de son archevêque, Mgr Donnet. Il s’agit d’une grosse province qui compte sept diocèses, dominés par la personnalité du métropolitain et de l’évêque de Poitiers, Mgr Pie, fervent défenseur des doctrines romaines. Avant la tenue du concile de Bordeaux, ce dernier correspond avec Mgr Gousset afin de définir « les mesures à prendre pour favoriser et développer, sans éclat et froissement, le mouvement qui tend à resserrer les liens qui nous unissent à la chaire de Pierre30 ». Quelques semaines avant l’ouverture de l’assemblée conciliaire, il écrit également à l’abbé de Solesmes, l’un des principaux artisans du passage au rite romain pour le rassurer sur la ligne qu’il défendra :
« Au concile de Bordeaux, je serais défavorable à certaines décisions du récent concile de Paris dont on pourrait abuser, et qui favoriseraient nos idées françaises de suprématie épiscopale, en fait de rites […]. Quant à la question liturgique proprement dite, elle n’a pas seulement été touchée à Paris ; il n’y a pas un seul évêque favorable au rit romain dans cette province. Mais à Tours, la moitié de la province est romaine, et à Bordeaux, trois sur sept. Je voudrais bien que l’on arrivât à décréter qu’à l’avenir il ne se fera aucun changement, ni aucune réimpression liturgique si ce n’est pour revenir aux termes de la Bulle de saint Pie V et aux décrets des conciles provinciaux qui ont suivi cette Bulle. Je travaillerai fortement à cela31. »
15Sous l’influence de Donnet et de Pie, l’assemblée s’accorde sur un retour au rite romain, rappelant que l’unité de la liturgie importe au plus haut point pour la conservation de l’intégrité de la doctrine et de la piété : « C’est pourquoi, obéissant aux constitutions des souverains pontifes et notamment de S. Pie V, renouvelant les décrets des précédents conciles de cette province, nous ordonnons que l’usage de la liturgie romaine revive dans toute la province et soit gardé à l’avenir. Les évêques du diocèse qui n’ont pu encore obéir au vœu du Saint-Siège prendront soin le plus tôt possible de rétablir l’usage de toute la liturgie romaine32. » Le 4 août, Mgr Pie confie sa satisfaction à l’abbé de Solesmes :
« Le concile a été parfait : il y aurait eu plutôt une sorte d’excès dans le sens romain. Imaginez que c’est moi qui ai fait modérer l’exécution du décret sur la liturgie romaine, que l’on voulait rétablir partout immédiatement ! Indépendance de l’Église envers le pouvoir civil, suprême infaillibilité du pape, acceptation de la Bulle Auctorem fidei, réprobation et condamnation du gallicanisme : que pouvait-on de mieux33 ? »
16Pas grand-chose assurément, si l’on en croit le ton élogieux dont use le cardinal Mai dans sa lettre d’approbation des décrets du 23 septembre 185134.
17En septembre 1850, c’est au tour des conciles de Sens et d’Aix-en-Provence de se prononcer en faveur d’un retour à la liturgie romaine. On aurait pu craindre que la province de Sens s’inspirât de l’exemple parisien en reportant à une date ultérieure toute décision relative à la liturgie, d’autant que deux de ses membres, l’archevêque Jolly Mellon et l’évêque de Troyes, Mgr Cœur, avaient été invités par Mgr Sibour à suivre les délibérations du concile de Paris35. Ces deux prélats avaient toutefois opté eux-mêmes pour le rite romain depuis 1847 et n’eurent guère de difficulté à convaincre leurs co-provinciaux, Dreux-Brézé et Dufêtre, d’en faire autant dans leurs diocèses de Moulins et de Nevers. Au nom de « cette unité que le Christ recherchait en mourant », les pères du concile de Sens entendaient suivre « l’unité du Siège apostolique » et décidaient de rétablir le plus rapidement possible dans tous les diocèses de la province l’usage du « bréviaire et [du] missel édité sur l’ordre de Pie V et d’Urbain VIII36 ».
18Dans la province d’Aix, le consensus l’emporta également sans difficulté. Le décret consacré à la liturgie renouvelait les actes du synode de 1585 prescrivant l’adoption du bréviaire et du missel romains et demandait aux évêques qui ne l’auraient pas encore adopté, d’introduire le rite romain dans leur diocèse et d’ordonner à tous les clercs d’en faire usage, tant dans les offices privés que publics37. À la date du concile, six des huit diocèses qui composaient la province usaient déjà du rituel romain [Aix, Ajaccio, Alger, Gap, Marseille, Nice] ; seuls les titulaires de Digne et de Fréjus avaient encore à franchir le pas, ce qu’ils firent dès 1850 pour le premier, en 1852 pour le second.
19La dernière province à tenir concile en 1850 fut celle de Bourges, dont l’archevêque, le cardinal Du Pont, réunit ses suffragants à Clermont-Ferrand du 6 au 21 octobre. Contrairement aux provinces précédentes, la bataille liturgique y était fort peu engagée, le diocèse de Saint-Flour étant alors le seul à user du rite romain. Les pères s’accordèrent néanmoins sur un retour à l’unité, tout en laissant à chaque évêque le soin de déterminer le moment opportun pour introduire dans son diocèse l’usage du bréviaire et du missel romains. Sans être trop directif, le décret sur la liturgie manifeste un profond désir de satisfaire le Saint-Siège et de témoigner, par ce retour à la norme, d’une entière adhésion aux orientations magistérielles :
« Jaloux de remédier à la variété de liturgie qui s’est introduite dans la province et de couper court à la facilité toujours pleine d’inconvénients, de pouvoir changer les livres liturgiques ; jaloux aussi de nous conformer aux Constitutions de saint Pie V, d’immortelle mémoire, et de réaliser en même temps le vœu exprimé par son très digne successeur, le pape Pie IX, sûrs de donner par là à notre bien aimé Père un nouveau témoignage de notre piété filiale, et de procurer à son cœur un sujet de consolation et de joie, nous décrétons que la liturgie de la sainte Église Romaine, vénérable par son antiquité et son universalité, et consacrée par l’autorité du Saint-Siège, sera adoptée, le plus tôt possible et pour toujours38. »
20Dès le mois de novembre, le cardinal Du Pont adresse pour examen à la Congrégation du Concile le texte des décrets39. S’il affirme que « toutes ses observations et corrections seront reçues avec respect, soumission et reconnaissance », l’archevêque espère que la Congrégation appréciera les efforts consentis par les pères de la province et les encouragera par une lettre qui renforcerait leur position face aux attaques des gallicans. Il s’en confie dans une lettre de janvier 1851 :
« Je serais fort reconnaissant si on voulait profiter du renvoi des actes du Concile pour m’accorder à cet égard un témoignage explicite de haute satisfaction à ce sujet. Je désire aussi beaucoup que Mgr le cardinal Mai veuille bien à cette occasion s’exprimer d’une manière analogue. Car nous avons bien besoin de ce précieux encouragement pour contrebalancer des embarras qu’on nous suscite et qui semblent devoir encore s’aggraver. Votre Éminence sait sans doute que deux prélats ont lancé des brochures de nature à produire de fâcheuses divisions et à faire surgir de nombreuses difficultés contre le retour à la liturgie romaine. Si je suis bien informé, il se prépare d’autres menées et d’autres sorties qui ne pourront que produire les plus déplorables effets. Rien de tout cela ne saurait m’arrêter. Le rite romain est rétabli dans mon séminaire et dans ma cathédrale, il l’est successivement dans bon nombre de paroisses. Il deviendra obligatoire dans toutes après la promulgation du concile. Mais la grâce que je sollicite aplanira bien des difficultés et fera tomber bien des oppositions. Car la parole qui vient de Rome est toujours une parole aimée et vénérée40. »
21Le Saint-Siège répond volontiers à la requête archiépiscopale : dans la lettre du 13 mars 1852 qui accompagne l’approbation des décrets, le cardinal Mai félicite chaleureusement les pères du concile de Clermont pour leurs décrets sur le culte divin, notamment le passage relatif à la liturgie romaine qu’ils ont décidée d’accueillir en bonne intelligence dans leurs diocèses, « comme elle a vocation à l’être, une fois pour toutes, dans toutes les églises de Gaule41 ». L’intégralité de ce décret est reprise dans la lettre synodale qui accompagne la publication des décrets en juillet 1852, afin que le clergé et les fidèles puissent prendre toute la mesure de ce retour à la tradition : « Ce changement, une fois effectué, préviendra de nouveaux changements : il détruira la variété, amènera l’uniformité, assurera de nombreux avantages. C’est d’ailleurs en soi moins un changement qu’un retour ; car nous répéterons alors les mêmes prières, les mêmes chants que nos pères ont redits pendant des siècles. C’est une tradition, malheureusement interrompue, que nous aurons ainsi la consolation de renouer et de perpétuer42. » L’abandon des liturgies diocésaines est présenté, non comme un renoncement, mais comme la fin d’un long égarement.
22L’année suivante, le concile d’Auch valide à son tour le principe d’un retour à l’unité liturgique. Réunie sous la présidence de Mgr La Croix d’Azolette du 17 août au 2 septembre 1851, cette petite province semble bien éloignée des débats qui agitent les diocèses du nord de la France. Seul le diocèse de Tarbes a pris le parti, dès 1848, d’adopter le rite romain et l’archevêque lui-même se satisfait du rite auscitain en usage dans son diocèse. Non sans se prémunir contre les reproches qui pourraient leur être faits en raison des délais d’application de la réforme dans leurs diocèses, les pères du concile reconnaissent toutefois les bienfaits du rétablissement de la liturgie romaine :
« Le synode d’Auch juge très souhaitable l’unité liturgique, la restitution du rite ancien et son observance, pour que les prières et les louanges soient accomplies pour un seul Dieu selon une seule formule. C’est pourquoi nous voyons avec joie et grands applaudissements la tendance de plus en plus forte à adopter partout la liturgie romaine et si nous, nous avons été empêchés jusqu’à présent par des obstacles importants, et si nous sommes encore empêchés, d’instaurer dans toute la province les rites romains, nous décidons pourtant d’un commun accord, de nous efforcer de toutes nos forces, de supprimer lesdits empêchements. Et quand l’occasion opportune se présentera, que l’usage du bréviaire et du missel romains revive dans toutes nos églises par une mise en ordre salutaire43. »
23Entre 1853 et 1858, les diocèses d’Aire, d’Auch et de Bayonne mettent en pratique l’engagement pris en juillet 1851. À l’issue de la première vague de conciles, la carte des provinces françaises ayant validé par leurs décrets le principe d’un retour au rite romain laisse apparaître une masse compacte de diocèses gagnés ou bientôt gagnés à la réforme liturgique, de Reims à Aix-en-Provence, de l’Atlantique aux Alpes du Sud, en embrassant les diocèses du centre de la France. Dans le prolongement des conciles, la réunion de synodes diocésains dans les mois qui suivent l’approbation des décrets par Rome est l’occasion pour les évêques d’expliquer les décisions conciliaires à leur clergé et d’en préparer l’application. La question liturgique en fait évidemment partie : c’est ainsi, par exemple, que les synodes de Reims en 185044, de Quimper en 185145, de Bordeaux en 185446, consacrent ou rappellent l’usage obligatoire du bréviaire romain en référence aux récentes décisions conciliaires. Le cas du synode de Beauvais, qui se tient en octobre 1852, mérite d’être évoqué plus longuement, tant la question liturgique y occupe une place centrale : les deuxième et troisième congrégations générales lui sont entièrement consacrées, Mgr Gignoux prenant le temps d’expliquer longuement à son clergé les motifs qui le déterminent à adopter la liturgie romaine47. Après avoir cité le décret sur la liturgie adopté par le concile de Soissons auquel il a adhéré, il confie sa perplexité devant l’attachement au rite diocésain manifesté par plusieurs membres du chapitre, cite le mémoire qu’il a adressé à Rome pour demander des aménagements, enfin la réponse péremptoire qu’il a reçue du cardinal Lambruschini le 22 août 1851 et qui lui impose de rétablir définitivement la liturgie romaine, afin d’obéir à la fois aux injonctions de Rome et aux engagements pris en concile vis-à-vis de ses co-provinciaux :
« Vous comprendrez dès lors, Messieurs, que notre intention n’est point de consulter le synode sur le fond de la question liturgique. Un synode diocésain est évidemment inférieur à un concile provincial légitimement assemblé et authentiquement approuvé. Il est inférieur à une décision qui émane du siège apostolique. Nous manquerions à notre devoir, si nous permettions qu’on remît en question ce qui a été décidé par des autorités supérieures et on ne peut plus vénérables […]. En faut-il davantage pour qu’un évêque catholique, profondément dévoué au Saint-Siège, pressé du reste par des circonstances impérieuses de prendre un parti, embrasse celui qui répond à des vœux si respectables, à une volonté si sainte ? Dans une province où l’adoption de la liturgie romaine est universelle, se déciderait-il à se séparer de collègues qu’il aime et qu’il vénère, et à protester seul, par sa conduite, contre une mesure qui réjouit le cœur du Chef de l’Église, qui a reçu sa haute approbation et ses paternelles félicitations48 ? »
24L’unité liturgique, souhaitée à l’échelle de la catholicité, se fait d’abord à l’échelle de la province métropolitaine à laquelle les conciles rendent toute leur cohérence.
Les réfractaires
25Dans cinq provinces, la consigne semble avoir été d’éviter à tout prix de débattre de la question liturgique afin d’empêcher à la fois l’émergence de désaccords entre les pères et l’adoption de décrets qui engageraient les évêques réfractaires au retour du rite romain dans leur diocèse. Il s’agit de provinces encore fortement marquées par l’empreinte du gallicanisme et dominées par des archevêques qui refusent de se laisser dicter leurs décisions par Rome : Sibour à Paris, Morlot à Tours, Bonald à Lyon, et dans une moindre mesure, Blanquart de Bailleul à Rouen et Mioland à Toulouse.
26La province de Paris, dans laquelle se tient le premier concile provincial en septembre 1849, parvient à jouer habilement sur les apparences, en évoquant la question à l’issue des débats sans rien imposer. Sur la question liturgique, elle s’en tient prudemment au principe de l’unité et se garde de prescrire un passage à la liturgie romaine49. Dans la lettre qu’ils adressent au pape avec les décrets conciliaires, les Pères du Concile formulent néanmoins le vœu de favoriser dans chacun de leurs diocèses le passage à la liturgie romaine dès que les circonstances locales le permettront :
« Il est un vœu, très-Saint-Père, formé par le concile de Paris, et que ses décrets ne pouvaient contenir qu’implicitement, mais que nous aimons à répandre dans le sein de votre paternité. Ce vœu est relatif à l’unité liturgique. Nous applaudissons à cette tendance qui se manifeste de toute part vers la liturgie Romaine. Si des obstacles encore insurmontables nous empêchent de nous y associer, nous avons résolu d’un commun accord de chercher à les écarter, s’il est possible. Des changements de cette nature, qui touchent à des habitudes anciennes prises par le peuple, ne peuvent pas être tentés sans exciter du trouble dans les esprits, et ont besoin d’être préparés avec beaucoup de sagesse et une prudente lenteur. Mais enfin, il nous est peut-être permis d’espérer qu’un moment viendra, où toute la province de Paris pourra donner à Votre Sainteté la consolation solennelle d’un rétablissement du rit romain50. »
27Pie IX ne manque pas de souligner cet effort louable dans la réponse qu’il adresse aux évêques de la province le 11 décembre 1849 :
« Ce n’est certes pas sans une vraie et profonde consolation, que Nous avons appris par votre lettre le désir que vous auriez de rétablir dans vos propres diocèses la liturgie romaine, déjà, à notre très grande satisfaction, remise en vigueur en plusieurs diocèses de France, et la résolution où vous êtes de mettre, d’un commun accord, tous vos soins à écarter, quand les circonstances le permettront, suivant les règles de la sagesse et de la prudence, les obstacles qui jusqu’ici vous ont empêchés de conduire cette affaire à la fin désirée51. »
28Comme s’il cherchait à les engager davantage dans leur promesse, le secrétaire d’État, le cardinal Lambruschini, loue à son tour les Pères de Paris en mars 1850 du « désir qu’ils manifestent de rétablir la liturgie romaine dans [leur] province52 ». Dans les faits, le vœu exprimé par le concile demeure pieux. Le premier des diocèses de la province à se rallier à la liturgie romaine est celui de Blois, en 1854, suivi de peu par le diocèse de Meaux en 1858. Mais à Chartes, l’influence du gallican Clausel de Montals persiste bien après son départ en 1853 et il faut attendre 1865 pour que la liturgie romaine s’impose. À Orléans, Mgr Dupanloup favorise le maintient de la liturgie orléanaise jusqu’en 1875 et à Paris, malgré les annonces de Mgr Sibour, qui promet à Pie IX de se soumettre lors de la proclamation de l’Immaculée conception en décembre 1854, l’application ne devient effective que sous l’épiscopat de Mgr Guibert en 187353. En dépit des promesses de 1849, la province de Paris compte donc deux des derniers diocèses français à se rallier à l’unité liturgique.
29La province de Tours se réunit en novembre 1849 à Rennes. Sur les huit diocèses qui la composent, seuls ceux de Rennes, Saint-Brieuc et Vannes sont déjà passés au rite romain et celui de Quimper y est favorable. Mais plusieurs évêques, tels Bouvier au Mans, Jacquemet à Nantes ou l’archevêque de Tours, Morlot, sont connus pour leur attachement aux liturgies diocésaines. Au-delà des apparences, la question de l’unité liturgique s’annonce dès le début comme une potentielle source de désaccord, ainsi que le relève le journal de l’un des membres du concile, au lendemain de l’ouverture des sessions :
« D’après ce que j’apprends, plusieurs évêques sont fort préoccupés de la question liturgique. Ce n’est pas qu’ils ne soient très d’accord entr’eux : ceux qui ont adopté le romain disent à leurs collègues « Si vous aviez été à notre place, vous auriez fait comme nous, et si nous avions été à la vôtre, nous aurions fait comme vous. » Mais Mgr du Mans, chez qui les livres liturgiques sont épuisés, et qui d’ailleurs peut avoir à craindre des embarras de la part de son chapitre, croit qu’il est bien difficile d’éviter de dire quelque chose et Mgr de Tours craint qu’on ne pousse les évêques jusqu’au pied du mur, pour les forcer de s’expliquer54… »
30Ni vœux, ni décret ne sanctionnent une quelconque décision en matière de liturgie, en dépit de la présence de l’abbé de Solesmes qui pèse de tout son poids en faveur du rétablissement du rite romain. Avant de partir pour Rennes, dom Guéranger avait demandé à Mgr Gousset de lui communiquer le texte des décrets du concile de Soissons afin qu’il puisse s’en inspirer. Mais il est pessimiste sur ses chances de succès : « Si les décrets du concile de Rennes présentent quelque air de famille avec ceux de Soissons, je suis persuadé que vous n’en serez pas mécontent […] d’un autre côté, j’ai lieu de craindre qu’à Rennes on s’en éloigne davantage… Vous savez que sur le programme de Rennes, il n’est pas question de l’unité liturgique. Angers et Nantes font une opposition trop forte ; Le Mans favorise peu un mouvement parti de Solesmes et Tours a peu d’initiative55. » Furieux de l’absence de débat sur cette question, l’un des théologiens du concile écrit au nonce pour en dénoncer la tendance toute « gallicane » :
« Sur les huit diocèses de la Province de Tours, quatre sont déjà revenus à la liturgie romaine. Le clergé et les bons catholiques des quatre autres (Le Mans, Angers, Nantes, enfin Tours lui-même) espéraient que le concile prendrait des mesures pour amener ce résultat. Des pétitions ont été adressées aux Pères. Tout a été inutile. Le métropolitain et les trois autres ont refusé de faire même mention de la liturgie dans les décrets et les quatre autres évêques romains ont été sans influence. On prépare en ce moment dans le diocèse du Mans une édition populaire de la liturgie locale, pour rendre le retour aux usages romains impossible56. »
31Dans sa conclusion, l’auteur de ces lignes en appelle au pouvoir de correction de Rome pour introduire ce qui ne fut pas évoqué : « Souvent, il est arrivé que la Sacrée congrégation efface les choses répréhensibles et ajoute celles qui avaient été omises. Les retranchements qu’elle jugerait à propos de faire […] seraient reçus avec reconnaissance par le clergé ; quant aux additions, celle surtout qui regarderait la liturgie romaine, elles trouveraient obéissance, même dans les évêques. » En beaucoup de points, le concile de Rennes est comparé à celui de Paris par les examinateurs de la Congrégation du concile, mais ni la liste des corrections transmises à Mgr Morlot en septembre 1850, ni la lettre du cardinal Mai qui l’accompagne ne mentionne la question liturgique. Et lorsqu’en 1852 le cardinal Lambruschini fait courir à Rome le bruit selon lequel le concile de Rennes aurait émis le vœu de voir rétablir le romain dans tous les diocèses pour contraindre l’évêque du Mans à céder, Mgr Morlot se défend d’avoir posé le moindre engagement sur le rétablissement de la liturgie romaine en 1849 : « Il n’en a pas été question au concile de Rennes57. » Il finit toutefois par renoncer à son tour en 1856 au rite parisien en usage dans le diocèse de Tours, rejoignant dans le camp des résignés ses confrères d’Angers, du Mans et de Nantes qui avaient annoncé l’adoption du rite romain dans leurs diocèses en 185258.
32En juillet 1850, les provinces de Lyon et de Rouen se réunissent quasiment aux mêmes dates. Dans chacune d’elles, la question liturgique concentre l’attention du nonce qui sait que le camp des romains n’y est pas majoritaire. L’opposition la plus forte s’exprime dans l’ancienne Primatie des Gaules où le cardinal de Bonald, soutenu par une très large partie de son clergé, favorise le maintien de la liturgie lyonnaise et influence les diocèses voisins59. Si l’on en croit ses décrets, le concile de Lyon demeure obstinément muet en matière de liturgie et Mgr Parisis, malgré son influence, ne parvint pas à infléchir ses co-provinciaux dans une province où les liturgies diocésaines continuent d’être l’unique référence parfois jusqu’à la fin des années 186060. Dans la province de Rouen, où aucun diocèse n’a encore annoncé le rétablissement du rite romain en 1850, l’opposition ne vient pas tant de l’archevêque, Mgr Blanquart de Bailleul, que des évêques de Coutances et d’Évreux, Robiou de La Tréhonnais et Olivier, qui campent sur une ligne gallicane dure. Dès 1848, les pères de la province s’étaient mis d’accord lors d’une réunion préparatoire pour ne pas s’engager sur la question liturgique lors d’un futur concile. S’ils admettaient qu’un retour à l’unité était souhaitable, les problèmes qui résulteraient d’un abandon des rites diocésains et le coût de l’opération les invitaient à remettre à plus tard le passage au rite romain61. Sans surprise, les décrets envoyés à Rome font l’impasse sur le sujet. Prévenu dès le mois d’août 1850 par le nonce Fornari qui le prie de ne faire preuve d’aucune indulgence à l’égard des évêques de cette province « presque tous adeptes des anciennes doctrines gallicanes »62, le cardinal Mai en fait explicitement le reproche à l’archevêque de Rouen dans la lettre qui accompagne la liste des corrections à apporter aux décrets :
« La congrégation eût vivement souhaité que les pères du même synode, suivant les traces du synode de Rouen de 1581 où de nombreuses décisions furent prises sur le missel et le bréviaire selon la constitution de S. Pie V, prissent quelque décision sur la liturgie romaine qui a déjà été rétablie dans de nombreux diocèses français et qui a reçu force de loi dans quelques très récents conciles provinciaux. Mais la S. Congrégation doute de ce que le prochain concile provincial fera sur ce point63. »
33Il est fort probable que la lettre pastorale publiée par Mgr Robiou de la Tréhonnais le 4 décembre 1850, dans laquelle il faisait l’éloge de la liturgie diocésaine, ait suscité l’exaspération du Saint-Siège et poussé la Congrégation à montrer davantage de fermeté à l’égard de Rouen que des autres provinces64. Traqué par le clergé ultramontain et dénoncé à l’Index pour sa lettre pastorale, Mgr Robiou démissionne et se retire comme chanoine en novembre 185265.
34La province de Toulouse s’en tire à meilleur compte, alors que la question liturgique ne bénéficie pourtant pas d’un meilleur traitement lors du concile qui se déroule du 10 au 19 septembre 1850 sous la présidence effacée du cardinal d’Astros, relayé par son coadjuteur, Mgr Mioland66. Tous deux sont connus pour leur attachement aux liturgies diocésaines : après avoir réédité le missel de Loménie de Brienne en 1832, Mgr d’Astros avait publié en 1843 une réponse virulente aux Institutions liturgiques de dom Guéranger67, tandis qu’à Amiens, Mgr Mioland avait réédité en 1849 le bréviaire et le missel du XVIIIe siècle68. Chargé par ce dernier de préparer l’organisation du concile, le directeur du grand séminaire de Toulouse, l’abbé Vieusse, prend conseil auprès de l’abbé Carrière qu’il prie de lui adresser un « exemplaire autographié ou lithographié du concile de Paris » afin de dresser la liste des matières à traiter69. Sans surprise, la liturgie en est exclue. Mais Rome se montre plutôt satisfaite de la teneur globale des décrets et de l’attitude docile des pères toulousains qui laissent entendre qu’ils se soumettront avec obéissance aux corrections qui y seraient apportées70, de sorte que nulle remarque officielle n’est formulée sur la question liturgique. Parmi les suffragants, l’évêque de Montauban, Doney, en défenseur des idées de dom Guéranger, avait rétabli le rite romain dans son diocèse dès 184771, et l’évêque de Carcassonne, Saint-Rome-Gualy, s’y emploie dès 1851. Le processus est plus long à Pamiers où il aboutit en 1862, comme à Toulouse, où Mgr Mioland procède avec tact et ne réalise la réforme qu’en 186172.
35Les diocèses des provinces réfractaires à une prise de position collective sur la question liturgique finissent donc eux-aussi par rentrer dans le rang, quoiqu’en moyenne dix ans plus tard que ceux des provinces dont les conciles ont opté pour un retour à l’unité liturgique.
La seconde vague de conciles
36Alors que la réforme gagne du terrain un peu partout, les deux provinces les plus engagées dans la bataille liturgique, Reims et Bordeaux, se réunissent à nouveau trois ans après la tenue de leur première assemblée synodale, soit en 1853. Les décrets qui découlent de cette seconde vague de conciles sont moins développés que les premiers, mais ils ne se désintéressent pas pour autant des affaires liturgiques, preuve à la fois que le sujet reste brûlant et que les archevêques de ces provinces n’entendent pas laisser d’échappatoire à leurs adversaires. Ainsi, la province de Reims qui se réunit à Amiens en janvier 1853, se donne-t-elle pour objectif de « travailler efficacement au triomphe des doctrines romaines et à l’apaisement des esprits ». Les décrets, préparés et rédigés par l’abbé Gerbet, tournent autour de trois questions d’actualité : le droit coutumier, les écrivains catholiques et les études classiques. Un mémoire avait été diffusé à l’automne 1852 auprès des évêques, vicaires généraux, supérieurs de séminaires et de congrégations religieuses, sous le titre Sur la situation présente de l’Église gallicane relativement au droit coutumier : mémoire adressé à l’épiscopat, et divisait profondément l’épiscopat. Quoique publié anonymement, cette œuvre de résistance de l’opposition gallicane, qui récapitulait les fondements de la doctrine gallicane sur les droits des églises nationales, était l’œuvre de trois sulpiciens, dont l’abbé Carrière, et remettait en cause l’ingérence de Rome dans le gouvernement des diocèses. Sans surprise, il dénonçait les atteintes à la liberté d’action des évêques dans le domaine liturgique et soutenait que, dans le cadre concordataire, Rome avait outrepassé ses compétences73. Pour le cardinal Gousset, en accord avec l’internonce Garibaldi, il importait de limiter les effets désastreux que ce mémoire pouvait avoir sur le bas clergé et d’en condamner au plus vite le contenu74. Le concile d’Amiens s’y emploie avec efficacité : après avoir énuméré les assertions erronées dont il est émaillé, les Pères les réprouvent et défendent de les enseigner dans les églises, les séminaires et les écoles de la province75. Parmi les propositions condamnées, deux concernent la liturgie, dont l’une qui reconnaît à chaque évêque le droit d’« exclure de son diocèse, non seulement de manière provisoire, mais aussi absolue la liturgie romaine76 ». Une première approbation de Rome est apportée indirectement par l’encyclique Inter multiplices du 21 mars 1853, dans laquelle le pape encourage les pasteurs dans la tenue des conciles et le rétablissement de la liturgie de Saint Pie V, tout en condamnant le mémoire sur le droit coutumier. Quelques jours plus tard, les actes du concile d’Amiens sont officiellement approuvés sans le moindre changement, hormis l’ajout d’un membre de phrase, dans le décret relatif aux usages de la province, pour reconnaître que le pape a toujours le droit de juger ce qu’il est bon de conserver dans les coutumes de l’Église77. Dans une lettre d’éloge chaleureuse, le cardinal Mai félicite les pères de la condamnation opportune du Mémoire sur le droit coutumier78.
37Le concile de La Rochelle, qui réunit la province de Bordeaux79 à l’été 1853, s’inspire de celui d’Amiens. Dom Guéranger prête son concours à Mgr Pie pour préparer le programme de cette assemblée, avec l’objectif affiché de faire rentrer les Églises particulières dans la loi commune, ou de faire régulariser, par la sanction de Rome, les exceptions et dérogations. Les décrets reflètent fidèlement le programme initial : « l’obéissance due au souverain pontife et à ses jugements » fait l’objet d’un chapitre principal ; l’encyclique Inter multiplices est glorifiée ; l’Index accepté ; un mauvais livre schismatique de l’abbé Guettée condamné ; l’unité liturgique encouragée80 ; les prescriptions disciplinaires du dernier concile renouvelées et amplifiées ; la province ecclésiastique consacrée au Saint Cœur de Marie, comme elle l’avait été au Sacré Cœur de Jésus en 185081. À la différence de Reims qui avait clairement pris le parti de la condamnation du gallicanisme, Bordeaux s’inscrit dans une volonté d’apaisement et de conciliation : Mgr Pie, qui avait été élève de Saint-Sulpice, fait relever par le concile de La Rochelle les sentiments de dévouement au Souverain Pontife professé par l’école sulpicienne, ce dont le supérieur général, l’abbé Carrière, lui est très reconnaissant. L’évêque de Poitiers pensait, à raison, qu’une sentence sévère à l’encontre de Saint-Sulpice, décrite par le camp ultramontain comme un foyer de gallicanisme, risquait de détourner une partie de l’épiscopat et du clergé français, fidèles à l’enseignement de la Compagnie, des doctrines romaines82.
38Les intransigeants ne tardent pas à dénoncer auprès de la Congrégation du Concile les égarements du concile de La Rochelle et le contenu de ses décrets, si bien que le cardinal Donnet est obligé de se justifier auprès du cardinal Antonelli des sentiments romains de sa province, avant de prendre la défense de Saint-Sulpice :
« Nous avons tenu dans le courant de juillet notre second concile provincial. Si notre dévouement au Saint-Siège, notre zèle à défendre toutes ses prérogatives, et notre amour pour le pontife qui l’occupe si dignement avaient eu besoin d’une nouvelle manifestation, nous n’eussions pas hésité à donner au Saint-Père cette preuve de notre fidélité. Mais les faits parlaient pour nous ; le nihil supra de la lettre du cardinal Mai en nous renvoyant l’approbation des décrets de notre premier concile ; la liturgie romaine, maintenue ou rétablie dans les Églises de Bordeaux, Angoulême, Périgueux, La Rochelle, Luçon, Agen, la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion, et le dixième diocèse, qui a obtenu un délai du Saint-Père, se mettant en mesure de faire bientôt comme nous ; ces deux faits, dis-je, avaient dû nous rassurer.
Veuillez aussi, Éminence, rappeler au Saint-Père, que parmi les évêques qui ont confié ou conservent la direction de leurs séminaires à la congrégation de Saint-Sulpice, se trouvent les cardinaux de Lyon, de Bourges, de Reims et de Bordeaux : il me semble que cette garantie devrait suffire ; comment penser en effet que des membres du Sacré Collège puissent ne pas avoir l’oreille toujours ouverte sur l’enseignement philosophique et théologique donné à leur clergé83 ? »
39Mgr Pie écrit également à Rome pour s’expliquer : la disparition de la Compagnie de Saint-Sulpice serait un désastre irréparable en France. Au contraire, la gagner à l’école romaine, ce serait gagner par elle plus de cinquante évêques, élèves ou amis, et c’est ce qu’avait cherché le concile de La Rochelle par ses ménagements. Dans l’intérêt de tous, il importait que Rome n’infirmât pas l’autorité d’un concile célébré par la province la plus romaine de France. Les deux prélats obtiennent gain de cause puisque Rome approuve sans difficulté les décisions du concile84. De son côté, Saint-Sulpice s’empresse d’adresser au pape ses protestations d’obéissance et adopte le Bréviaire romain en 185685.
40Après La Rochelle, les Pères de la province de Bordeaux se réunissent encore à trois reprises, en 1856, 1859 et 1868. Lors du concile de Périgueux d’août 1856, ils reviennent sur un certain nombre de décisions adoptées lors des précédents conciles de la province. Le chapitre VI du deuxième livre statue sur l’unité des cérémonies sacrées et insiste sur le développement des études liturgiques86. C’est la dernière fois que la question liturgique est abordée lors de réunions provinciales, preuve qu’elle ne fait plus partie des préoccupations les plus urgentes. Il en va de même du concile de Reims de novembre 1857.
*
41Dans tous les diocèses, y compris ceux dominés par des prélats intransigeants, on constate un écart de plusieurs années entre la proclamation des décrets conciliaires annonçant le passage à la liturgie romaine et l’abandon effectif des liturgies en vigueur dans ces diocèses. Cet intervalle s’explique en partie par le délai d’approbation des décrets qui séjournent de nombreux mois dans les bureaux de la Congrégation du Concile avant de revenir avec la sanction romaine. En février 1852, l’internonce Garibaldi écrit ainsi au secrétaire d’État qu’il ne sait plus que répondre aux évêques de la province de Sens, qui ont adressé pour examen à la Congrégation les décrets de leur concile depuis dix-huit mois et qui en sont toujours sans nouvelle. Plusieurs évêques souhaiteraient pouvoir mettre en pratique dans leurs diocèses respectifs les décisions de ce concile, notamment ce qui touche au retour de la liturgie romaine, « qui constitue l’un des sujets les plus intéressants du moment87 ». Il ne faut pas négliger non plus les résistances internes aux diocèses et notamment celle des chapitres qui ont souvent cherché à négocier avec l’évêque le maintien de leur liturgie propre, entravant le processus d’unité liturgique, ainsi que le désir de certains évêques de garder la main sur leurs diocèses une fois les assemblées synodales terminées.
42Il n’en reste pas moins qu’à l’échelle du pays, les conciles provinciaux ont joué un rôle déterminant dans le processus de diffusion de la réforme, en gagnant entre 1850 et 1855 toute une série de diocèses qui n’auraient peut-être pas franchi le pas de l’abandon de leur liturgie propre s’ils n’y avaient été engagés par une décision collective. Pour les spécialistes et les esprits cultivés, retrouver la liturgie romaine, c’était retrouver la pureté originelle, renouer avec les premiers siècles de l’Église, avec son esprit, sa constitution. Pour beaucoup d’évêques intransigeants, le désir de se rapprocher du Saint-Siège et d’échapper à l’emprise concordataire constituait une autre raison d’appuyer les thèses de dom Guéranger et de plaider en faveur d’un retour à l’unité. Ce renvoi à une situation ante de laquelle on s’était malencontreusement éloignée, permettait d’éviter de traiter la question sous l’angle de l’abandon des particularismes locaux et de la liberté des évêques en matière de droit coutumier et c’est sans doute la raison pour laquelle on retrouve l’argument dans tous les décrets favorables au passage au rite romain. À l’intérieur des provinces, la personnalité et l’engagement de l’archevêque apparaissent comme des éléments clés du succès de la réforme auprès des suffragants, comme le prouvent les exemples des provinces de Reims, de Bordeaux, de Sens, d’Aix-en-Provence, ou encore de Bourges. À l’inverse, les archevêques réfractaires parviennent souvent, en couvrant le silence de leur concile sur ce sujet, à retarder la diffusion de la réforme de plusieurs années, voire de plusieurs décennies, au sein de leur propre diocèse et de celui de leurs voisins, comme ce fut le cas dans les provinces de Paris, Lyon, Rouen ou Tours. Pour autant, ils durent céder comme les autres : en ouvrant un dialogue forcé entre l’épiscopat et les Congrégations romaines, les conciles provinciaux fournirent un excellent argument à Rome pour accroître sa pression sur les prélats récalcitrants.
Province |
Lieu de réunion |
Dates a |
Débats sur la liturgie |
Aix-en-Provence |
Aix-en-Provence |
21-26 octobre 1838 |
Ouib |
Paris |
Paris |
18-28 septembre 1849 |
Oui |
Reims |
Soissons |
2-22 octobre 1849 |
Oui |
Tours |
Rennes |
11-28 novembre 1849 |
Non |
Avignon |
Avignon |
8-23 décembre 1849 |
Oui |
Albi |
Albi |
23 juin-3 juillet 1850 |
Oui |
Lyon |
Lyon |
27 juin-13 juillet 1850 |
Non |
Rouen |
Rouen |
10-17 juillet 1850 |
Non |
Bordeaux |
Bordeaux |
13-30 juillet 1850 |
Oui |
Sens |
Sens |
2-15 septembre 1850 |
Oui |
Aix-en-Provence |
Aix-en-Provence |
8-23 septembre 1850 |
Oui |
Toulouse |
Toulouse |
10-19 septembre 1850 |
Non |
Bourges |
Clermont-Ferrand |
6-21 octobre 1850 |
Oui |
Auch |
Auch |
17 août-2 septembre 1851 |
Oui |
Reims |
Amiens |
10-19 janvier 1853 |
Oui |
Bordeaux |
La Rochelle |
24 juillet-2 août 1853 |
Oui |
Bordeaux |
Périgueux |
2-10 août 1856 |
Oui |
Reims |
Reims |
18-25 novembre 1857 |
Non |
Bordeaux |
Agen |
8-18 septembre 1859 |
Non |
Bordeaux |
Poitiers |
janvier 1868 |
Non |
Alger |
Alger |
4 mai-8 juin 1873 |
Non |
Bourges |
Le Puy |
5 octobre 1873 |
Non |
a. Les dates correspondent à celles mentionnées dans Mansi G.-D., Amplissima collectio conciliorum…, t. 43-44, 47-48.
b. Rambert P., Vie de Monseigneur Charles-Joseph-Eugène de Mazenod, évêque de Marseille, fondateur de la congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, Tours, Mame, 1883, t. II, p. 32 : « L’assemblée d’Aix s’est encore occupée de plusieurs questions de culte et de liturgie ». Malheureusement le contenu des débats et des décisions prises n’est pas connu ; les décrets n’ont pas été adressés à Rome.
Tableau 1. – Les conciles provinciaux français du XIXe siècle et les débats liturgiques.
Notes de bas de page
1 Gough Austin, Paris et Rome. Les catholiques français et le pape au XIXe siècle, Paris, Les Éditions ouvrières, 1996, p. 151-163 et p. 201-219.
2 Petit Vincent, Église et Nation. La question liturgique en France au XIXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2010, 199 p.
3 Venard Marc, « Les conciles provinciaux post-tridentins de France, sous la censure de Rome », in Marc Aoun et Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu (dir.), Conciles provinciaux et synodes diocésains du concile de Trente à la Révolution française. Défis ecclésiaux et enjeux politiques ?, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2010, p. 31-44.
4 Consulté sur cette question, Pie IX répond de Gaète, le 17 mai 1849, par un bref dans lequel il loue le « zèle sacerdotal » et la « sollicitude » des évêques de France à restaurer la discipline ecclésiastique dans leurs diocèses, mais leur déconseille de tenir un concile plénier et réserve pour un avenir meilleur la convocation de semblables conciles. En attendant, il enjoint tous les archevêques de convoquer des synodes provinciaux pour y débattre, avec leurs suffragants, des questions qui préoccupent l’Église de France. Voir Mansi Gian-Domenico, Amplissima collectio conciliorum, Paris-Leipzig, H. Welter, 1907-1923, t. 43, 465-466 A.
5 À part celles de Cambrai et de Besançon, toutes les provinces françaises tinrent concile pendant cette période. L’archevêque de Besançon réunit ses suffragants en mars 1849, mais sans que les formes du concile aient été respectées et que les actes soient soumis à Rome.
6 Lettre de Mgr Sibour à ses suffragants (5 août 1849), insérée en appendice des Décrets du concile de la province de Paris, 1850 conservée à la Bibliothèque nationale de France [BnF] sous la cote B-42390 (2).
7 Lettre synodale adressée par les pères du concile provincial de Paris au clergé et aux fidèles de leurs diocèses (27 octobre 1849), dans Mansi G.-D., Amplissima collectio conciliorum op. cit., t. 43, 497 A.
8 Lettre pastorale des pères du concile de Soissons (15 juin 1850), ibid., 621 C.
9 Lettre synodale des pères du concile de Rennes (8 décembre 1850), ibid., 683 D.
10 Lettre synodale des pères du concile de Clermont (2 juillet 1852), ibid., 497 C.
11 Décrets du concile de Rouen (septembre 1850), Decretum VI : De summo pontifice : Mansi G.-D., Amplissima collectio conciliorum, op. cit., t. 44, 40 C.
12 Lettre synodale des pères du concile de Clermont (2 juillet 1852), ibid., 501 A.
13 Conciles de Rennes (1849), Lyon (1850), Rouen (1850), Bordeaux (1850), Toulouse (1850), Clermont (1850), Auch (1851).
14 Conciles de Paris (1849) et Albi (1850).
15 Concile d’Aix-en-Provence (1850).
16 ASV, Arch. della congregazione del Concilio, Concilia 9, Avenionensis, Mgr Fornari au cardinal Mai (11 septembre 1850), fol. 190.
17 Voir Manceau Jean, Mgr Marie-Dominique-Auguste Sibour, archevêque de Paris (1848-1857), Paris, 1987, p. 165-175 ; Blenner-Michel Séverine, « L’Esprit Saint corrigé ? Le Saint-Siège face au concile provincial de Paris (1849-1850) », à paraître dans La dramatique conciliaire, coups de théâtre, tactique et sincérité des convictions dans les débats conciliaires de l’Antiquité à Vatican II. Actes du colloque de Lille des 15, 16, 17 mai 2013.
18 ASV, Arch. della congregazione del Concilio, Concilia 94, Turonensis, Mgr Garibaldi au cardinal Mai (9 février 1850) : « Une des principales raisons pour lesquelles je crois devoir appeler l’attention de votre Éminence est que j’ai su que dans certains de ces conciles, et notamment dans celui de Rennes, il y a des évêques et des soi-disant théologiens, qui ont prétendu qu’il n’y avait pas de stricte obligation à envoyer les actes des conciles provinciaux au Saint-Siège pour les faire examiner et même corriger au besoin, mais qu’il s’agissait d’un simple acte de déférence de la part des évêques… »
19 L’opposition vient des évêques d’Évreux et de Coutances, ce dernier menaçant de ne pas faire figurer sa signature au bas des décrets modifiés (compte rendu signé de l’archevêque de Rouen d’une réunion des évêques de la province tenue le 20 novembre 1851 pour discuter de la publication des décrets dans leur version corrigée par Rome, inséré dans le volume des actes conservé à la BnF sous la cote B-42388 [6]). En réponse à l’archevêque de Rouen qui lui demandait conseil, Pie IX confirme toutes les corrections de la Congrégation le 31 janvier 1852 et demande aux pères récalcitrants de les accepter comme l’expression de sa volonté (ASV, Arch. della congregazione del Concilio, Concilia 77, Rothomagensis).
20 Bref du 6 août 1842 à l’archevêque de Reims.
21 AHAP, 1 B 1 1, concile provincial de Paris, préliminaires à la tenue du concile, pièce qui s’interroge sur les conciles œcuméniques, pléniers, provinciaux et les synodes (s. d.).
22 Acta et decreta concilii provinciae remensis in Suessionensi civitate anno domini MDCCCXLIX pontificatus Pii Papae noni IV celebrati, a Sancta Sede approbata, Paris, Lecoffre, 1850, Titre III, De cultu, chapitre viii, De sacra liturgia, p. 55. Je remercie sincèrement Cédric Giraud de son aide précieuse pour la traduction des décrets en latin.
23 Cité par Gousset Isidore, Le cardinal Gousset. Sa vie, ses œuvres, son influence, Besançon, Henri Bossanne, 1903, p. 228.
24 ASV, Archivio della nunziatura di Parigi, 89, Mgr Debelay à Mgr Garibaldi pour le remercier des actes de Reims transmis par l’abbé d’Alzon (28 novembre 1849).
25 Lettre du P. d’Alzon à Melchior du Lac, DCLXIII, Avignon 14 décembre 1849, dans Lettres du P. Emmanuel d’Alzon, éd. par le P. Siméon Vailhé, Paris, 1926, t. III, p. 516-517.
26 Cholvy Gérard, Hilaire Yves-Marie (dir.), Histoire religieuse de la France, 1800-1880, Toulouse, Privat, 2000, p. 185 ; Delpal Bernard, Entre paroisse et commune. Les catholiques de la Drôme au XIXe siècle, Valence, Imp. Sorépi-Domergue, 1989, p. 181-182 et p. 222 : le synode de Valence de 1850 se prononce en faveur du retour à la liturgie romaine, alors même qu’en 1848 Mgr Chatrousse avait donné sa préférence au rite viennois.
27 ASV, Arch. della congregazione del Concilio, Concilia 9, Avenionensis, lettre de Mgr Debelay à l’un de ses correspondants romains, l’abbé Janault (s. d.), fol. 195.
28 Concilium provinciae Albiensis in civitate metropolitana celebratum anno domini MDCCCL pontificatus Pii Papae IX quinto, a Sancta Sede approbatum, Toulouse, Cazaux, 1853, p. 88-89 : Titre IV, décret IV : De liturgia.
29 Pièces manuscrites insérées dans le volume des actes du concile d’Albi conservé à la BnF sous la cote B-42387 (3).
30 Cité par Mgr Baunard Louis, Histoire du cardinal Pie, évêque de Poitiers, Poitiers-Paris, Oudin-Poussielgue, 1887, t. I, p. 288.
31 Ibid., p. 301.
32 Acta et decreta concilii provinciae burdigalensis, in urbe Burdigala celebrati, anno domini MDCCCL, pontificatus Pii Papae IX quinto, a Sancta Sede approbata, Bordeaux, Gounouilhou, 1852, p. 38 : Titre II, chapitre vii : De sacra liturgia.
33 Cité par Baunard L., Histoire du cardinal Pie, op. cit., t. I, p. 309.
34 Mansi G.-D., Amplissima collectio conciliorum, op. cit., t. 44, 61-64.
35 AHAP, 1 B 1 1, Mgr Sibour à Mgr Jolly (25 août 1849) et réponse de ce dernier (29 août 1849).
36 Concilium provinciae senonensis Senonis habitum, anno domini MDCCCL mense septembri V autem pontificatus Pii Papae IX, Sens, Duchemin, 1850, p. 53-54 : Titre III, chapitre x : De liturgia.
37 Concilium provinciae Aquensis in urbe metropolitana celebratum anno domini MDCCCL pontificatus Pii Papae IX quinto, a Sancta Sede approbatum, Aix-en-Provence, Vitalis, 1852, p. 119-120 : Titre XI, chapitre ii : De Sacra Liturgia.
38 Decreta concilii provinciae bituricensis, Claramontii in civitate Arvernorum celebrati anno MDCCCL, Pontificatus Pii Papae noni, Bourges, P.-A. Manceron, 1852, p. 67-68 : Titre IV De Cultu Divino, décret 2 : De unitate liturgica inducenda.
39 ASV, Arch. della congregazione del Concilio, Concilia 15, Bituricensis, le cardinal Du Pont au cardinal Mai (20 novembre 1850).
40 Ibid., le cardinal Du Pont au secrétaire de la Congrégation du Concile (7 janvier 1851).
41 Mansi G.-D., Amplissima collectio conciliorum, op. cit., t. 44, 457.
42 Lettre synodale des pères du concile provincial de Clermont au clergé et aux fidèles de la province de Bourges (2 juillet 1852), publiée dans les Decreta concilii provinciae bituricensis…, op. cit., p. 130-131. Mgr Lyonnet, nommé à Saint-Flour après le concile, adhère à cette lettre synodale et y appose sa signature.
43 Concilium provinciae Auscitanae in civitate metropolitana celebratum anno domini MDCCCLI pontificatus Pii Papae IX sexto, a Sancta Sede approbatum, Auch, A. Brun, 1852, p. 93 : Titre III, chapitre viii : De Rubricis et Caeremoniis, CXXXVII.
44 Histoire du synode de Reims de l’an 1850, contenant le cérémonial qu’on y a suivi, par M. l’abbé Delan, Paris, Lecoffre, 1851, p. 49-50, titre III, Du culte, § V, De la liturgie sacrée.
45 Statuts et règlements du diocèse de Quimper, publiés à la suite du synode célébré en septembre 1851 sous la présidence de Mgr Graveran, Quimper, E. Blot, 1852, p. 119, chapitre lxiii : De la reprise du bréviaire romain.
46 Statuts du synode diocésain tenu à Bordeaux le 1er et le 2 août 1854 par son Éminence Monseigneur le cardinal Ferdinand-François-Auguste Donnet, archevêque de Bordeaux, primat d’Aquitaine, Bordeaux, G. Gounouilhou, 1855, p. 60 : chapitre ier : Du Culte divin, § 4.
47 Notice historique sur le synode diocésain tenu à Beauvais les 5, 6, 7 et 8 octobre 1852, par Mgr Joseph-Armand Gignoux, évêque de Beauvais, Noyon et Senlis, assistant au trône pontifical, etc., rédigé par les notaires du synode, Beauvais, Desjardins, 1852, p. 37-64.
48 Ibid., p. 49-50 et p. 59-60.
49 Decreta concilii provincialis parisiis habiti ab illustrissimo et reverendissimo D.-D. Maria-Domenico-Augusto Sibour miseratione divina et Sanctae Sedis Apostolicae gratia Archiepiscopo Parisiensi, Throno pontificio Assistente, anno domini MDCCCXLIX, mense septembris, a Sancta Sede recognita et approbata, Paris, J. Lecoffre, 1850, p. 81-83, Titre III : De la Discipline ; chapitre v : De l’unité qui doit régner dans les rites et les cérémonies.
50 Lettre d’envoi des décrets à Pie IX (s. d.), ibid., p. 127.
51 Ibid., p. 133.
52 Lettre datée du 9 mars 1850, ibid., p. 135.
53 Petit V., Église et Nation…, op. cit., p. 90-91.
54 Journal manuscrit du concile sur papier à en-tête du grand séminaire de Rennes (10 novembre 1849-15 janvier 1850), § IX, inséré en appendice des Acta et decreta concilii provinciae Turonensis in Rhedonensi civitate celebrati anno domini MDCCCXLIX pontificatus Pii Papae Noni IV a Sancta Sede approbata, Tours, Mame, 1851, 136 p., conservé à la BnF sous la cote B-42390 (4).
55 Lettre de dom Guéranger à MgrGousset (29 octobre 1849), citée par Gousset I., Le cardinal Gousset, op. cit., p. 231-232.
56 ASV, Arch. della congregazione del Concilio, Concilia 94, Turonensis, Mémoire sur le concile de Rennes par un membre de ce concile adressé au cardinal Mai par l’internonce Garibaldi (non signé, non daté), f. 118-119.
57 AHAP, 1 D VII 1 (papiers Morlot), Mgr Morlot à Tours (1843-1857), Mgr Morlot à Mgr Mathieu, archevêque de Besançon (26 mai 1852).
58 Dans les faits, le passage d’un rite à l’autre ne fut effectif dans ces diocèses qu’entre 1856 et 1858. Voir Petit V., Église et Nation, op. cit., p. 119-121.
59 Ibid., p. 91-95.
60 Saint-Claude adopte le rite romain en 1854, Autun en 1858, Dijon en 1864, Grenoble en 1866 et Lyon dans la première moitié des années 1870. Voir Ibid., p. 119-121.
61 Compte rendu d’une réunion des évêques de la province (Rouen, Coutances, Bayeux, Évreux, Sées) tenue les 13 et 14 septembre 1848 à Sommervieu, § XIV, inséré en appendice du volume des actes conservé à la BnF sous la cote B-42388 (6).
62 ASV, Arch. della congregazione del Concilio, Concilia 77, Rothomagensis, Mgr Fornari au cardinal Mai (11 août 1850) : « Les pères ont tenu absolument à s’abstenir de parler de liturgie, afin de ne pas être obligés de désapprouver leurs liturgies propres (trad.). »
63 Lettre du cardinal Mai à l’archevêque de Rouen pour lui communiquer les observations de la Congrégation du Concile (19 juillet 1851), Mansi G.-D., Amplissima collectio conciliorum, op. cit., t. 44, 51.
64 Petit V., Église et Nation, op. cit., p. 64.
65 Gough A., Paris et Rome, op. cit., p. 229-230.
66 D’Astros ne prit pas part aux délibérations du concile qu’il se contenta d’inaugurer solennellement ; c’est son coadjuteur, Mgr Mioland, qui présida effectivement les sessions.
67 Droulers Paul, Action pastorale et problèmes sociaux sous la Monarchie de Juillet chez Mgr d’Astros, archevêque de Toulouse, censeur de La Mennais, Paris, Vrin, 1954, p. 167-168.
68 Petit V., Église et Nation, op. cit., p. 80 et 64.
69 Lettre du directeur du séminaire de Toulouse à l’abbé Carrière (17 janvier 1850), Concilium provinciae tolosanae in urbe Tolosa habitum, anno domini MDCCCL pontificatus Pii Papae IX quinto, a Sancta Sede approbatum, Toulouse, Douladoure, 1851, 149 p., BnF, B-42389 (6).
70 ASV, Arch. della congregazione del Concilio, Concilia 91, Tolosanensis, Mgr Mioland au secrétaire de la Congrégation, Mgr Tomassetti (8 février 1851).
71 Droulers P., Action pastorale, op. cit., p. 169.
72 Ibid., p. 169.
73 Sur le Mémoire, son contenu, sa réception, voir Gough A., Paris et Rome, op. cit., p. 228-234.
74 Le cardinal Gousset rédige par ailleurs un petit opuscule intitulé Observations sur un mémoire adressé à l’épiscopat sous le titre : Sur la situation présente de l’Église gallicane, relativement au droit coutumier, Paris, Lecoffre, décembre 1852, 103 p.
75 Gousset I., Le cardinal Gousset, op. cit., p. 330.
76 Acta et decreta concilii provinciae remensis in civitate Ambianensi anno domini MDCCCLIII pontificatus Pii Papae noni VII celebrati, a Sancta Sede revisa et approbata, Amiens, Lenoel-Herouart, 1850, chapitre V, De quibusdam pravis opinionibus iura Sanctae Sedis laedentibus, p. 25 : proposition 5. La proposition 9, qui dit que « Le mouvement qui pousse à adopter la liturgie romaine ne doit pas être approuvé », est également condamnée.
77 Gousset I., Le cardinal Gousset, op. cit., p. 345-348.
78 Lettre du 31 mars 1853, citée par Mansi G.-D., Amplissima collectio conciliorum, op. cit, t. 44, 836.
79 À l’occasion de ce second concile, les trois évêchés récemment créés dans les colonies françaises (Fort-de-France, Basse-Terre, Saint-Denis) sont annexés à la province de Bordeaux.
80 Decreta concilii provinciae Burdigalensis Rupellae celebrati anno domini MDCCCLIII, a Sancta Sede recognita, La Rochelle, Deslandes, 1855, p. 34-35 : Chapitre II, De observandis praecedentis concilii decretis, § 4 : Quoad Liturgiae et Caeremoniarum unitatem et observationem. Le décret rappelle l’invitation à l’unité liturgique, en principe déjà réalisée, et insiste sur l’unité des cérémonies dans l’office, la messe et les autres fonctions sacrées, qui doit être obtenue par l’édition de livres liturgiques selon le rite romain. Il évoque la nécessité de faire un résumé des livres liturgiques (cérémonial ou manuel) à usage de tous les clercs. Dans tous les séminaires, il faut un préfet des cérémonies pour former les clercs ; idem pour les églises cathédrales. Les pères du concile souhaitent que tous les prêtres ordonnés depuis le mandement du concile de 1850 subissent un examen sur les cérémonies.
81 Baunard L., Histoire du cardinal Pie…, op. cit., t. I, p. 511.
82 Ibid., p. 513.
83 Copie d’une lettre du cardinal Donnet au cardinal Antonelli, secrétaire d’État du pape (10 octobre 1853), insérée dans les Decreta concilii provinciae Burdigalensis Rupellae celebrati anno domini MDCCCLIII, a Sancta Sede recognita, La Rochelle, Deslandes, 1855, conservés à la BnF sous la cote B-42389 (3).
84 Baunard L., op. cit., t. I, p. 515-516.
85 Petit V., op. cit., p. 91.
86 Decreta concilii provinciae burdigalensis, Petrocorae celebrati, anno domini MDCCCLVI, Périgueux, J.-B. A. Lavertujon, 1856, p. 38-39.
87 ASV, Arch. della nunziatura di Parigi, 89, Mgr Garibaldi à Mgr d’Andrea, secrétaire de la S. Congrégation du Concile (1er février 1852).
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