1 « 150 ans, une identité politique à affirmer », document interne en vue du congrès de Strasbourg, janvier 2016.
2 Pour un aperçu : Jean-Paul Martin, « L’émergence des ligues de l’enseignement en Europe, de la tentation cosmopolite à l’invention de la laïcité (1864-1876) », L’intelligentsia européenne en mutation (1850-1875) – Darwin, le Syllabus et leurs conséquences (colloque édité par Alain Dierkens), Bruxelles, ULB-IERL, Problèmes d’histoire des religions, 9/1998, p. 109-131.
3 Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou le métier d’historien, Paris, A. Colin, 1952, p. 13.
4 Lettre à M. Bader, rédacteur en chef de l’Industriel alsacien, 3 décembre 1866 (Projet d’établissement d’une Ligue de l’enseignement en France, Premier bulletin, 15-12-1866, p. 21).
5 Antoine Prost, « Quand l’école de Jules Ferry est-elle morte ? », Éducation, société et politiques. Une histoire de l’enseignement de 1945 à nos jours, Paris, Le Seuil, 1992, p. 47-67.
6 Noelle Gérôme, « Une étude organisationnelle en sociologie de l’éducation : l’enseignement primaire dans un département français », Revue française de sociologie, VIII, numéro spécial, 1967, p. 98-116.
7 Yoann Garreau, Les référentiels d’analyse du fait associatif du CRIDA à l’épreuve de la Ligue de l’enseignement, Master dirigeant associatif, Sciences Po Paris, 2013-2014.
8 La Ligue a perdu quatre fois moins d’associations et six fois moins d’adhérents au cours des années 2005-2015 que pendant les vingt années précédentes : « le travail de suivi et d’accompagnement du réseau a fonctionné. La fidélisation de notre réseau s’est améliorée » (« Évolution des effectifs de la Ligue de 1985 à 1993 et de 1993 à 2015 », document interne communiqué par J.-M. Roirant, février 2016, 2 p.). Voir aussi le document « Comité technique affiliation », réunion du 29-01-2016 (transmis par le service VDQR de la Ligue, 25 p.).
9 . C’est le cas des MJC qui ont enregistré deux scissions en un demi-siècle et se sont retrouvées sur trois réseaux à un moment donné ; beaucoup de leurs grosses structures urbaines ont disparu. Peuple et Culture n’a plus de visibilité nationale ; les foyers ruraux n’ont guère mieux résisté.
10 La coordination du Service civique par exemple.
11 Cf. les remarques suggestives de Richard Robert, « Un fragile équilibre entre dire et faire », IEM, novembre-décembre 2015, p. 10.
12 Vincent Guillemin et Dominique Argoud, « Les associations d’éducation populaire face au marché. Le témoignage de la Ligue de l’enseignement du Val-de-Marne », communication au colloque de Créteil, L’éducation populaire au tournant du XXIe siècle, université Paris-Est Créteil, document de travail, 2011, p. 11.
13 Sans prétendre être exhaustif, on pense notamment aux travaux de Jean Baubérot, Marcel Gauchet, Catherine Kinztler, Claude Nicolet, Philippe Portier. Son intérêt en philosophie politique a été relancé aussi par le débat entre libéraux et communautariens (Rawls, Taylor, Walzer…) et par le renouveau du républicanisme (Habermas, P. Petitt, S. Audier…).
14 Par adjectivation, on entend ici la possibilité de préciser le substantif par un adjectif : laïcité ouverte, fermée, traditionnelle, nouvelle, etc.
15 Rappelons que le néologisme laïcité apparait pour la première fois dans un article de presse en novembre 1871, et est très rapidement repris par le Larousse et le Littré (P. Fiala, « Les termes de la laïcité. Différenciations morphologiques et conflits sémantiques », Mots/Les langages du politique, no 27, juin 1991, p. 49-50).
16 « Sachons bien, écrit Renouvier dès 1872, que la séparation de l’Église et de l’État signifie l’organisation de l’État moral et enseignant » : un État enseignant, dont il dira aussi qu’il est « le foyer de l’unité morale de la collectivité », qu’il a « charge d’âmes », aussi bien que l’Église, « mais à un titre plus universel » (textes cités par Marcel Gauchet, La religion dans la démocratie. Parcours de la laïcité, Paris, Le Débat/Gallimard, 1998, p. 47). Sur Renouvier, voir l’ouvrage de Marie-Claude Blais, Au principe de la République. Le cas Renouvier, Paris, Gallimard, 2000.
17 Grosso modo, la liberté de conscience désigne ici la liberté de suivre la religion de son choix (ou de n’en suivre aucune), la liberté de pensée renvoie à l’exercice de la pensée critique qui permet de passer les affirmations religieuses au crible du jugement rationnel. Ces deux dimensions relèvent d’une démarche laïque, mais comme elles sont potentiellement contradictoires, le problème est de les hiérarchiser. Cf. Jean Baubérot, La morale laïque contre l’ordre moral, Paris, Le Seuil, 1997, p. 305-314. Le problème au niveau de l’École (depuis Jules Ferry) est de concilier la volonté de respecter les croyances religieuses et la nécessité de dispenser des éléments de savoirs critiques pouvant éventuellement les contredire. D’où des discussions infinies sur ce qu’est la « neutralité ».
18 Plusieurs exemples – de Poincaré à Guy Mollet en passant par Daladier – analysés finement par Jean-Marie Mayeur, La question laïque, XIXe -XXe siècle, Paris, Fayard, 1997.
19 Sur la différence avec la Belgique : Jean-Paul Martin, « Laïcité belge, laïcité française : deux usages d’une même notion », in Jean Baubérot, Micheline Milot, et Philippe Portier (dir.), Laïcité, laïcités. Reconfigurations et nouveaux défis, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2014, p. 55-69.
20 Pour des prolongements sur ces thémes, auxquels nous renvoyons, voir les présentations synthétiques de : Jean Baudouin et Philippe Portier, « La laïcité française, approche d’une métamorphose », in Jean Baudouin et Philippe Portier (dir.), La laïcité, une valeur d’aujourd’hui ? Contestations et renégociations du modèle français, Rennes, PUR, 2001, p. 15-34 ; Joël Roman, « Le renouveau de la question laïque et les principaux courants laïques aujourd’hui », Commission islam et laïcité, 1905-2005 : les enjeux de la laïcité, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 37-49.
21 Une telle expression semble bien être naturalisée alors sous la plume de nombreux commentateurs, tandis qu’auparavant, on parlait beaucoup plus, semble-t-il, de la République en termes de « tradition » que de « modèle ».
22 Une perspective qui semble rejoindre celle de Stéphane Lavignotte, Les religions sont-elles réactionnaires ?, Paris, Éditions Textuel, 2014. La proposition n’est pas forcément généralisable bien entendu, et implique un examen des situations au cas par cas.
23 Pour l’usage de ces notions, nous rejoignons Jean Baubérot, Les 7 laïcités françaises. Le modèle français de laïcité n’existe pas, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2015 (cf. le passage consacré à la Ligue p. 78-85).
24 Pour une synthèse particulièrement remarquable de ces problématiques : Serge Audier, Les théories de la République, Paris, La Découverte, 2004 (notamment le chapitre iv consacré au renouveau républicain).
25 Cécile Laborde, Français encore un effort pour être républicains !, Paris, Le Seuil, 2010.
26 Nous nous inspirons ici du compte rendu de l’ouvrage par Serge Audier, Le Monde du 4/5/2010 (« Rafraîchir la République »).
27 Cécile Laborde, op. cit., p. 54-55.
28 Ibid., p. 116-127.
29 Ibid., p. 54.
30 Cf. son insistance, par exemple, pour que la parole des jeunes filles musulmanes portant le voile islamique soit entendue en tant que telle. Et plus largement celle des jeunes des quartiers populaires.
31 Cécile Laborde, op. cit., p. 21.
32 Ibid., p. 52.
33 Ibid., p. 37-38. Cela renvoie à la notion anglophone d’agency, inspirée de Michel Foucault, « suggérant que le sujet s’affirme comme tel en résistant, manipulant et subvertissant les ordres de pouvoir auxquels il est partiellement assujetti ». Cette vision s’oppose à la conception laïciste de l’autonomie rationnelle.
34 Ibid., p. 45-46.
35 Ibid., p. 55.
36 Serge Audier, Les théories de la République, op. cit., p. 106.
37 Parmi une littérature importante sur ce sujet, bornons nous à rappeler : Martine Barthélemy, Associations : un nouvel âge de la participation ?, Paris, Presses de Sciences Po, 2000 ; Jacques Chevallier, « L’Association entre public et privé », Revue du droit public et de la science politique en France et à l’étranger, juin-juillet 1981, no 4, p. 887-918 ; Pierre Rosanvallon, Le modèle politique français. La société civile contre le jacobinisme de 1789 à nos jours, Paris, Le Seuil, 2004. Nous nous appuyons plus spécialement dans la suite de ce propos sur l’analyse de ces deux dernières références.
38 Jacques Chevallier, art. cit., p. 894-895.
39 Ibid., p. 900.
40 Ibid., p. 901.
41 Ibid., p. 902.
42 Ibid., p. 906-909.
43 Pierre Rosanvallon, op. cit., p. 391-393.
44 Ibid., p. 382-384.
45 Jean-Paul Martin, « À la recherche d’un modèle associatif laïc », La Revue de l’économie sociale, avril 1988, p. 133-143.
46 Extrait de l’intervention de Charles Bayet, directeur de l’enseignement primaire, BLFE, 1898, p. 477-478.
47 Eugène Dubief, rapport des travaux de la Commission d’éducation militaire, BLFE, 1887, p. 188-189.
48 Georges Goyau, L’École d’aujourd’hui, Paris, première série, 1899, Libriairie académique Perrin, p. 213.
49 Eugène Dubief, BLFE, 1887, p. 188.
50 Pierre Rosanvallon écrit : « L’intervention du mouvement associatif correspond à une temporalité propre de l’action : celle de l’expérimentation. […] L’association est chargée de ce moment de la particularité, qu’elle est plus apte à gérer : elle reste de cette façon liée et subordonnée à l’État, appelée à s’effacer dès lors que l’innovation a été introduite dans la machine administrative devenant la nouvelle norme. […] Il y a ainsi une dialectique de la particularité et de la généralité articulant des temporalités distinctes (temps court de l’innovation associative, temps long de la permanence étatique) » (op. cit., p. 381-382). Or, il est avéré que l’association ne s’efface pas. Mieux, c’est plutôt elle qui par sa capacité anticipatrice à long terme se situe du côté du temps long…
51 Sur les affinités républicaines de la pensée de Tocqueville : Serge Audier, Les théories de la république, op. cit., p. 45-48. L’une des vertus essentielles que Tocqueville attribue aux associations dans son analyse de l’exemple américain (lutter contre le repli des individus sur la sphère privée) nous paraît très proche de la pensée de Macé et de Bourgeois.
52 Il en va tout autrement, semble-t-il, dans le domaine de l’Assistance où dès le début du XXe siècle, des associations catholiques reçoivent des délégations de l’État (cf. Colette Bec, Assistance et République. La recherche d’un nouveau contrat social sous la IIIe République, Paris, Éditions de l’Atelier, 1994).
53 Cf le texte « Vie associative et intérêt général » adopté par le CA de la Ligue en 2008.
54 Ce principe préside depuis une trentaine d’années à tous les textes régissant leurs rapports, notamment les « chartes d’engagement réciproques » conclues en 2001 et 2014.
55 Jean-Louis Laville et Anne Salmon (dir.), Associations et Action publique, Paris, Desclée de Brouwer, 2015, notamment introduction, p. 11-14.
56 Par expression positive d’un « nous », on veut signifier qu’il s’agit de dépasser des formulations négatives ou privatives, telles que : athées, agnostiques, incroyants, ou indifférents en matière religieuse.
57 Bérengère Massignon, « La Fédération humaniste européenne, un athéisme organisé et militant auprès des institutions européennes », communication présentée à la rencontre annuelle de l’AFSR, 2016, à paraître.
58 Raymond Huard, « La genèse des partis démocratiques modernes en France », La Pensée, no 201, octobre 1978, p. 96-119 ; La pré-histoire des partis : le mouvement républicain en Bas-Languedoc1848-1881, Paris, Presses de la FNSP, 1982 ; La naissance du parti politique en France, Paris, Presses de la FNSP, 1996. Gérard Baal, Le parti radical de 1901 à 1914, thèse d’histoire contemporaine, université Paris I, 1991 ; Serge Berstein et Michel Winock (dir.), L’invention de la démocratie. 1789-1914, Paris, Le Seuil, 2002.
59 Pierre Avril, Essais sur les partis politiques, Paris, Payot, 1990. Voir aussi Odile Rudelle, La République absolue. Aux origines de l’instabilité constitutionnelle de la France républicaine 1870-1889, Paris, Publications de la Sorbonne, 1982.
60 Maurice Agulhon, Le cercle dans la France bourgeoise. Etude d’une mutation de sociabilité, Paris, Armand Colin, 1977, p. 67.
61 On pourrait ajouter à cette énumération les sociétés de gymnastique et de préparation militaire..
62 Serge Berstein, « Naissance des partis politique s modernes », in Serge Berstein et Michel Winock, L’invention de la démocratie, 1789-1914, op. cit., p. 421-422.
63 Kathrine Auspitz, The Radical Bourgeoisie: The Ligue de l’Enseignement and the Origins of the Third Republic (1866-1885). London, New-York, Cambridge : Cambridge University Press, 1982 ; Philip Nord, Le moment républicain. Combats pour la démocratie dans la France du XIXe siècle, Paris, Armand Colin, 2013 (édition originale en anglais, 1995).
64 Jacques Ion, Métamorphose de l’engagement, espace public et sphère politique (conclusion), in Jacques Ion (dir.), L’engagement au pluriel, Publications de l’université de Saint-Étienne, 2001, p. 211.
65 Christine Rumillat, « Pratiques et modèles républicains de la politique à la fin du XIXe siècle », in Philippe Dujardin (dir.), Du groupe au réseau. Réseaux religieux, politiques, professionnels, Lyon, Éditions du CNRS, 1988, p. 87-95.
66 Nous avons évoqué à plusieurs reprises cette notion due à l’essayiste politique Albert Thibaudet (voir en particulier la fin du chap. iii, et le chap. vi).
67 La seule interrogation porte ici sur le Sni, avec lequel il existe pendant une longue période une proximité proche d’une subordination de fait ; mais on a vu aussi que cela occasionne des conflits.
68 Danielle Tartakowsky, « Une redéfinition du politique par les associations ? », in Claire Andrieu, Gilles Le Béguec, Danielle Tartakowsky (dir.), Associations et champ politique. La loi de 1901 à l’épreuve du siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2001, p. 49-50.
69 Pierre Rosanvallon, La contre-démocratie. La politique à l’âge de la défiance, Paris, Le Seuil, 2006, Point-essais, 2008, p. 28.
70 Jacques Chevallier, L’Etat post-moderne, Paris, LGDJ, 2008, p. 162-172.
71 Danielle Tartakowsky, article cité, p. 54-60. Dans le même ouvrage, cette historienne consacre aussi un article approfondi au cas d’Attac (« Attac ou les échelles-temps du libéralisme », p. 643-657).
72 Nous empruntons cette formule à l’un de ses dirigeants actuels.
73 Philippe Clément, « L’éducation au cinéma et aux images, la refondation de l’éducation populaire : pour une transformation sociale ? », postface à Frédéric Gimello-Mesplomb, Pascal Laborderie, Léo Souilles-Debats (dir.), La Ligue de l’enseignement et le cinéma – Une histoire de l’éducation à l’image (1945-1989), Paris, AFRHC, 2016, p. 334-335. P. Clément est secrétaire général de la Ligue de l’enseignement de Basse-Normandie.