1 Jean Cornec et Michel Bouchareissas, L’Heure laïque, Paris, Clancier-Guénaud, 1982.
2 L’expression est notamment utilisée par A.-M. Franchi (témoignage, avril 2014). Sa formule complète est la suivante : « nous avons perdu la bataille des idées, de l’argent et des structures ».
3 Guy Gauthier, 1994-1994 : Laïcité, le réveil ?, document consultable sur [www.laïcité-laligue.org], p. 31.
4 Ibid., p. 32.
5 Robert Ballion, Les consommateurs d’école, Paris, Stock, 1982 ; voir aussi dans une approche voisine, les travaux de Gabriel Langouet et Alain Léger.
6 Formules extraites de sa lettre aux enseignants du privé, du 1er mai 1981, qui sera considérée par Savary comme un document capital (cité notamment par Gérard Leclerc, La bataille de l’École, Paris, Denoël, 1985, p. 87).
7 Sur ce point, voir le témoignage de Louis Astre et la réponse de Jean Battut, in Bruno Poucet (dir.), L’État et l’enseignement privé. L’application de la loi Debré (1959), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 60-64.
8 Georges Davezac (1928-1996), fils d’un militaire de carrière, est devenu instituteur après avoir été muté en Seine-Maritime pour ses engagements au sein de la tendance syndicale Unité et Action du Sni à l’école normale d’Auch (Gers) – ce qui est paradoxal par rapport à sa fidélité future, qui sera sans faille, à la tendance majoritaire UID de la Fen. À Rouen, il est mis à disposition des Francas et de la Fol, comme responsable Ufoval puis comme secrétaire général. Il entre au bureau national de la Ligue en 1959, devient secrétaire général-adjoint en 1968. Il succède à Paul Fahy en 1978 au poste de secrétaire général, qu’il occupera jusqu’en 1984. Il a exercé d’importantes responsabilités dans la vie associative : président du Cnajep en 1974, président du CNVA à sa création en 1983, secrétaire général du CNLAMCA en 1987. Il a été membre du Conseil économique et social de 1984 à 1993. Il n’était pas franc-maçon.
9 Commission « Vers un service public unifié et laïque de l’éducation nationale », AG de Montpellier (Archives Ligue).
10 Pourquoi ?, septembre-octobre 1982, p. 9.
11 Celui-ci a dû faire face au début de 1981 à un problème semblable, l’ouverture de l’École à des tiers venus de l’extérieur (collectivités locales, associations invitées…) dans le cadre du projet de loi Barre-Bonnet ; après débat interne, le Cnal avait décidé d’y répondre favorablement, après accord du conseil d’établissement (Louis Astre, témoignage de septembre 2014).
12 Pourquoi ?, avril 1982, p. 4 et juin 1982 (« en revenant de la revue de presse »).
13 Selon Jean-Louis Rollot (témoignage de juillet 2014).
14 Pourquoi ?, août-septembre 1984, p. 74.
15 Jean-Louis Rollot (né en 1946) est à l’origine instituteur, issu de l’École normale de Nevers, mais il n’a exercé qu’une seule année. Fils d’un militant socialiste de la Nièvre, qui était également maire d’une commune de la circonscription de Château-Chinon, il a, étant enfant, connu personnellement François Mitterrand. Jeune, il s’engage très fort en politique, contribuant à la création du Parti Socialiste dans le département en 1971. De retour dans la Nièvre après un séjour de deux ans à La Réunion comme coopérant, il est mis à disposition de la Fol et secrétaire général de 1973 à 1978. Élu pour la première fois au CA de la Ligue en 1975, il devient secrétaire national à l’animation et à la formation, puis s’impose comme secrétaire général adjoint, en triomphant d’une compétition serrée avec Clément Pieuchot (1980). Il sera secrétaire général de 1984 à 1993. Son mandat correspond à une orientation profondément novatrice pour la Ligue, bien qu’un peu assombri à la fin par un certain laisser-aller gestionnaire. Après son départ de la Ligue, il a été nommé inspecteur général de l’Éducation nationale.
16 Jean-Louis Rollot, « Laïcité et service public », Pourquoi ?, juin-juillet 1984, p. 12-19.
17 Elle publie notamment : Gérard Malglaive, Politique et pédagogie en formation d’adultes, 1981 ; Marcel Lesne, Lire les pratiques de formation d’adultes, 1984 ; le collectif Éducation et alternance, 1982.
18 Bernard Cassen est un des contributeurs du no 5 consacré à « Science et audio-visuel ». La revue a eu 8 numéros, semble-t-il. Les rédacteurs en chefs sont Yvon Minvielle, Michel Morineau et Marc Sébille.
19 Voir Pourquoi ?, novembre 1984. Le projet de fondation Diderot/Nouvelle Encyclopédie des sciences et des techniques n’aboutira que très partiellement, avec la publication de seulement deux ouvrages collectifs en 1988, coédités par Edilig et la Fondation Diderot : L’école de la démocratie (coord. par Xavier Renou), et La citoyenneté (coord. par Catherine Withol de Wenden).
20 Voir le document dactylographié : LFEEP/Fol de l’Hérault, « La parole aux régions et aux minorités », 75 p. ; « Laïcité, langues et écoles de France : cent ans après », Pourquoi ?, mars 1983, p. 29-33 (qui reproduit l’intervention, largement remaniée, de Robert Lafont).
21 Voir le document dactylographié : LFEEP/Fol de l’Hérault, « IIe rencontres culturelles Europe-Méditerranée » 16-19 novembre 1983, non paginé ; et Richard Grau, « Réflexions sur les identités culturelles et linguistiques en France », Pourquoi ?, mars 1984, p. 5-9.
22 Guy Gauthier, « Montpellier 1984-IIIe rencontres sur les identités culturelles », Pourquoi ?, janvier 1985, p. 23-27.
23 Titre, déjà, d’un long article de Guy Gauthier, Pourquoi ?, mai 1984, p. 23-30.
24 Exposé des motifs des premières rencontres de Montpellier, « Cultures régionales et minoritaires en Europe et dans les pays méditerranéens », document dactylographié, p. 4.
25 « La parole aux régions et aux minorités », op. cit., p. 74.
26 Guy Gauthier (1930-2010), fils d’un ouvrier peintre, est pendant les années 1950 instituteur rural dans la Vienne. Avec son épouse, institutrice comme lui, il se consacre activement à l’action culturelle – théâtre, cinéma, visites de la capitale avec les jeunes de son village. Mis à disposition de la Fol comme responsable Ufoleis, il est rapidement appelé à Paris. Au siège confédéral, il s’occupe de cinéma et de culture au sens large, et est à la tête du service culturel dans les années 1970 : réflexions sur l’animation, les langues régionales, l’éducation à l’image, l’urbanisme… Sa qualité de journaliste universitaire le met en position de dialoguer avec le monde intellectuel, une ressource qui sera précieuse dans la réflexion nouvelle sur la laïcité. Il incarne une figure originale à la Ligue : ni universitaire, ni dirigeant (il n’occupera jamais de fonction élective), mais auteur de très nombreux livres et articles (pour la plupart édités dans les revues de la Ligue) et passeur entre les intellectuels et le mouvement. Sa stature intellectuelle dépasse d’ailleurs de très loin l’horizon de l’organisation. Spécialiste reconnu du cinéma, il a publié des ouvrages de référence sur Chris Marker, Andréi Tarkovski, René Allio, le cinéma documentaire, etc. Il avait soutenu en 1976 une thèse sur la bande dessinée, sous la direction de Christian Metz, dont il suivait le séminaire à l’EHESS. S’agissant de son activité militante, il laisse deux livres de souvenirs importants, l’un sur son expérience d’instituteur rural (Un village, deux écoles, Condé-sur-Noireau, Arléa-Corlet, 1994), l’autre sur le renouvellement de la pensée laïque dans les années 1980, 1984-1994 : Laïcité, le réveil ?, op. cit., mis en ligne sur le site de la Ligue.
27 Michel Morineau se contente d’affirmer que « la laïcité a été détournée de son sens véritable » (Pourquoi ?, novembre 1985, p. 3). Selon J.-L. Rollot, « nos détracteurs ont falsifié le débat en présentant les laïques comme tenant d’un choix étatique uniformisant » (« Laïcité en crise », document interne, 23-1-1985). Il se demande cependant si les laïques ont su prendre en considération le souhait des parents « de bénéficier d’un éventuel recours pour leurs enfants » (Pourquoi ?, décembre 1985, entretien, p. 6).
28 « Les camionneurs d’idées » sera d’ailleurs le titre d’un important dispositif de formation des cadres, mis en œuvre dans les années 1990.
29 L’ouvrage se compose de 21 entretiens : 4 responsables de journaux ou de revues (José de Broucker de La Vie, Claude Julien du Monde diplomatique, Pierre Manent de Commentaire, Olivier Mongin d’Esprit) ; une douzaine d’universitaires ou chercheurs dont 5 historiens (Claude Nicolet, Antoine Prost, Madeleine Rebérioux, René Rémond, Michel Vovelle), 1 généticien (Albert Jacquard), 1 mathématicien (Jean-Pierre Kahane), 1 astrophysicien (Evry Schatzman), 1 professeur de littérature (Bernard Sarrazin), 1 politologue (Lucien Sfez) ainsi que Viviane Isambert-Jamati et Edgar Morin ; 1 haut fonctionnaire devenu IG de l’Éducation nationale (Henri Dieuzeide) ; 2 religieux (1 jésuite, Jean-Louis Schlegel et le pasteur Jacques Maury, à l’époque président de la Fédération protestante de France) ; 1 philosophe marxiste (Lucien Sève) ; 1 journaliste musulman d’origine égyptienne par ailleurs docteur en linguistique (Amr Helmy Ibrahim).
30 Philippe Bernard, « Les laïques à la recherche d’une nouvelle image », Le Monde, 20 novembre 1985.
31 Titre de l’éditorial de Michel Morineau, Pourquoi ?, novembre 1985.
32 Guy Gauthier, 1984-1994 : Laïcité, le réveil ?, op. cit. p. 40.
33 Cf. Laïcité 2000 – Actes de colloque, Paris, Edilig, novembre 1987.
34 Claude Nicolet, L’Idée républicaine en France, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 1982. À certains égards le recueil de textes de la Ligue est un complément de cet ouvrage princeps. Claude Nicolet participera à des réunions de la Ligue pendant quelques années.
35 Il en existe deux versions, l’une provisoire avant le congrès, l’autre, revue à sa suite, sous le titre Laïcité en débat. Introductions à 1989, 52 p. avec les annexes. Sauf indication contraire, les citations qui vont suivre proviennent de la seconde version.
36 La résolution finale et le programme d’action du congrès de Lille sont publiés dans Pourquoi ?, août-septembre 1986, p. 43-44.
37 Une laïcité pour l’an 2000, rapport présenté par Michel Morineau, Toulouse, 6 juillet 1989, 50 p. + documents annexés (dont la résolution du congrès).
38 Anne-Marie Franchi (née en 1930), a été secrétaire générale des DDEN et membre de l’état-major du Cnal, dont elle a exercé la présidente tournante à deux reprises, avant d’être vice-présidente déléguée de la Ligue entre 1984 et 2001. Franc-maçonne, elle fait partie de l’obédience mixte, Le Droit Humain. Déléguée à l’éducation, elle représente la Ligue au Conseil national des programmes à la fin des années 1980. Chargée ensuite des questions internationales, elle aura des responsabilités au sein de la Ligue internationale de l’enseignement, de l’éducation et de la culture populaire. Elle s’est beaucoup investie pour la promotion de la laïcité en Europe et a été vice-présidente de la Commission de liaison des ONG agréées par le Conseil de l’Europe. Elle a également été fondatrice du Cidem en 1984, dont elle sera vice-présidente jusqu’en 1999. Elle a aussi représenté la Ligue dans les organisations luttant contre « les emprises sectaires ».
39 « Au cours de son congrès à Toulouse, la Ligue de l’enseignement se prononce pour “une nouvelle laïcité« », Le Monde, 8-9 juillet 1989.
40 Faut-il voir là un décalque inconscient de ce qui s’est passé dans l’Église catholique lors du concile Vatican II ? C’est le terme aggiornamento (mise à jour) qui a alors été choisi pour indiquer le sens de la démarche : actualisation, et non autocritique, ou reniement du passé de l’Église. Toutes proportions gardées, il nous semble qu’il en va de même avec ce que la Ligue a tenté ici.
41 Tendance qu’illustrent par exemple la revue Le Débat, l’évolution de la revue Esprit, ou la Fondation Saint-Simon qui réunit des intellectuels libéraux ou proches de la « deuxième gauche ».
42 Michel Morineau, Laïcité en débat, op. cit., p. 28.
43 Michel Morineau, Une laïcité pour l’an 2000, rapport de 1989, p. 25.
44 Jean-Louis Rollot, Pourquoi ?, oct.-nov. 1989, p. 1.
45 Michel Morineau, Laïcité en débat, op. cit., p. 22.
46 Michel Morineau, Une laïcité pour l’an 2000, op. cit., p. 27. Souligné par nous.
47 Résolution finale du congrès de 1986.
48 Les phénomènes religieux aujourd’hui et la laïcité, brochure du Cercle Condorcet, 1989, p. 52.
49 Ibid., p. 53-54.
50 Ces dernières formules sont extraites du rapport provisoire de Michel Morineau pour le congrès de 1986 (p. 31-33). Mais elles ont disparu de la version définitive Laïcité en débat, op. cit.
51 Laïcité en débat, op. cit. p. 31.
52 Jean-Louis Rollot, Pourquoi ?, février 1988, p. 44 : discours lors d’une campagne de la Ligue « pour l’exigence d’égalité ».
53 Laïcité en débat, op. cit., p. 32-33.
54 Extrait de la résolution finale du congrès de 1986.
55 Michel Morineau, Une laïcité pour l’an 2000, op. cit., p. 15-16.
56 Laïcité en débat, op. cit., p. 25-26.
57 Claude Nicolet dans son maître-livre qualifie la conception républicaine française de citoyenneté participative à l’ancienne (c’est-à-dire référée, malgré des différences, à la démocratie antique telle qu’elle fonctionnait à Athènes).
58 Cf. notamment Michel Morineau, « Les nouvelles cléricatures », Projet, no 225, printemps 1991, p. 53-61.
59 L’analyse des AAI s’appuie sur une étude du juriste Serge Regourd, réalisée pour le congrès de 1989 : Serge Regourd, « Les AAI, éléments pour une réflexion », Une laïcité pour l’an 2000, op. cit., annexe.
60 Ainsi un intellectuel proche de la Ligue considère positivement la création du Comité consultatif national d’éthique : il y voit « un tournant culturel de la laïcité française », même si les religions « dans une optique néo-gallicane » sont appelées ici à « contribuer au sein d’un débat pluraliste à la construction sociale du sens » (Jean Baubérot, « Le débat sur la laïcité », Regards sur l’actualité, mars-avril 1995, p. 56-57).
61 Voir sa contribution à Laïcité en miroir, op. cit., p. 218.
62 Claude Julien (1925-2005) a appartenu à la Jec dans sa jeunesse et a participé à la Résistance. Parti se former aux États-Unis après la guerre, dont il sera toujours un grand spécialiste et un analyste très critique, il devient à son retour en 1949 journaliste à La Vie catholique illustrée, puis entre au service étranger du Monde, où il fera une longue carrière mais qu’il quitte définitivement en 1982, après avoir échoué à en devenir directeur lors de la succession de Jacques Fauvet. Il est alors nommé directeur du Monde diplomatique, où il était entré comme rédacteur en chef en 1973. Il conservera cette fonction jusqu’à la fin de l’année 1990, accentuant l’autonomie de la ligne du mensuel et assurant le progrès de sa diffusion. Son retrait coïncide avec son élection comme président de la Ligue, dont nous reparlons plus loin (parmi de nombreuses références, voir l’article nécrologique de Patrick Eveno, Le Monde des 8-9 mai 2005).
63 Maxime Szczepanski-Huillery, Du diplomate au citoyen : études sur la politisation du Monde diplomatique et de ses lecteurs (1954-2008), thèse de science politique, Amiens, université Picardie-Jules Verne, 2009, p. 215.
64 Liste donnée dans la brochure de présentation de la Ligue pour 1991, p. 43. Ce sont les cercles d’Aix-en-Provence, Angoulême, Arras, Beauvais, Bordeaux, Bourges, Brest, Caen, Clermont-Ferrand, Douai, Grenoble, Guéret, Laon, du Mantois, Metz, Montluçon, Moulins, Nantes, Perpignan, Rennes, Roanne, Saint-Étienne, Saint-Lô, Toulon, Toulouse, Vesoul. On compte deux cercles hors métropole : Fort de France et Montréal. La croissance des cercles se poursuit après cette date : on en compterait 55 en 1993, dont 8 à l’étranger (rapport d’activité à l’AG de Pointe-à-Pitre, mai 1993, p. 10).
65 Rappelons que trois figures de la Révolution sont transférées au Panthéon à l’occasion du bicentenaire de la Révolution : Condorcet, l’abbé Grégoire, et Gaspard Monge.
66 Hommage à Condorcet, brochure, collection « Les débats du cercle Condorcet ».
67 Volume premier : Cinq mémoires sur l’instruction publique (texte présenté, annoté et commenté par Charles Coutel et Catherine Kintzler), Edilig, avril 1989. Second volume : Rapport sur l’instruction publique (texte présenté, annoté et commenté par Charles Coutel), Edilig, octobre 1989.
68 Actualité de la pensée de Condorcet, brochure contenant l’intervention de C. Kintzler le 9 avril 1987 devant le cercle Condorcet de Paris, et celle de C. Coutel devant le cercle Condorcet d’Arras en octobre 1987. Le compte-rendu de la discussion qui a suivi le propos de C. Kinztler fait état du malaise des auditeurs, bien que la transcription ne soit pas littérale.
69 Parmi les autres universitaires ou chercheurs de cette première liste, relevons : M.-J. Chombart de Lauwe, H. Giordan, A. Prochiantz, E. Schatzman, etc.
70 Il a quitté ses fonctions de responsable de la laïcité à la Fen en 1984.
71 Il a présidé le Crédit Lyonnais, banque nationalisée par la gauche, de 1982 à 1986.
72 Ancien ambassadeur de France, il joue alors un rôle important dans la mouvance rocardienne, comme animateur des clubs Convaincre et porte-parole de Michel Rocard.
73 Proche de Michel Rocard, il est le rédacteur en chef de la revue Intervention.
74 Désormais un candidat présenté par deux parrains ne devient adhérent actif qu’au bout de six mois de réelle participation aux activités et s’il confirme alors son intérêt. Destinée à augmenter la participation qualitative aux travaux, cette règle ferait baisser le nombre de postulants. Mais les arrivées compenseraient les démissions (cf. Michel Morineau, Rapport d’activité du cercle pour l’AG de juin 1993 ; voir aussi le rapport d’activité de 1989, paru dans une brochure du cercle, série bleue).
75 Mais il sera élu président de la Ligue contre l’avis de son mentor : un conflit concernant la Société des Amis du Monde Diplomatique (et son éventuelle transformation en mouvement politique dans le contexte de la naissance d’Attac) est, semble-t-il, à l’origine de la brouille entre les deux hommes. Roger Lesgards (né en 1935), énarque, administrateur civil, a été sous-préfet. Politiquement proche de J.-P. Chevènement, il est directeur de son cabinet comme ministre de la Recherche entre 1981 et 1983. En 1988, il dirige le cabinet de Catherine Tasca, ministre de la Culture et de la Communication, avant de présider la Cité des Sciences et de l’Industrie de La Villette (1989-1993), puis de devenir directeur de la mission de création de la Cité de l’Espace de Toulouse (1994-1997). Il a été secrétaire général du Comité national d’études spatiales, et est l’auteur de Conquête spatiale et démocratie, Paris, Presses de Sciences Po, 1998. Ses multiples casquettes n’ont pourtant pas suffi à le rendre populaire à la Ligue, dont il comprenait mal le fonctionnement. Il devra se retirer de la présidence en 2001, à la suite d’une élection contradictoire (fort inhabituelle), où il a été battu par Jacqueline Costa-Lascoux (soutenue par le secrétaire général de l’époque, Jean-Marc Roirant). Il sera ensuite président du collège international de philosophie (pour la biographie de Lesgards et son passage à la Ligue, voir notamment IEM, août-septembre 1998, p. 3, et divers témoignages).
76 Certains numéros de Pourquoi ? reflètent aussi cette influence, en particulier celui de mai 1989, « L’Europe des financiers et celle des citoyens » avec des articles de B. Cassen, C. Julien ou C. Cheysson.
77 La plupart des groupes de travail ont une durée de l’ordre d’une année seulement.
78 Jean Baubérot, titulaire de la chaire « Histoire et sociologie de la laïcité » à la section des sciences religieuses de l’EPHE depuis 1989, dirige le Laboratoire du même nom, rattaché à cette institution. Régine Azria, Françoise Champion, Jean-Paul Martin, qui sont membres de ce laboratoire, participent au groupe. S’y agrègent aussi des responsables de la Ligue (Guy Gauthier, Anne-Marie Franchi) et d’autres personnes : Jean Boussinesq, qui co-préside par ailleurs la Commission « Le citoyen et le pouvoir politique », Guy Coq de la revue Esprit, Alain Joxe, Edmond Vandermeersch…
79 Cette dernière publication servira de base à un ouvrage plus substantiel élaboré en dehors du cercle : Jean Baubérot (dir.), Religions et Laïcité dans l’Europe des douze, Paris, Syros, 1994. L’ouvrage est dédié à Henri Dieuzeide, récemment décédé. Le Laboratoire histoire et sociologie de la laïcité fusionnera un peu plus tard avec le Groupe de sociologie des religions pour donner naissance au GSRL (Groupe de sociologie des religions et de la laïcité).
80 C. Julien, « Une démarche plus offensive », rapport moral pour l’assemblée générale du 2 mai 1990, p. 4.
81 Rapport d’activités 1989-1990, par Michel Morineau, p. 10.
82 Selon les termes mêmes de Claude Julien, « Une démarche plus offensive », p. 5.
83 Sur le rôle et l’action des Clef 89, voir la synthèse de Patrick Garcia, Le Bicentenaire de la Révolution française : pratiques sociales d’une commémoration, préface de Michel Vovelle, Paris, CNRS Éditions, 2000, not. p. 52-55.
84 Mona Ozouf, « Peut-on commémorer la Révolution française ? », et François Furet, « La Révolution dans l’imaginaire politique français » Le Débat, no 26, septembre 1983. Dans son article, Mona Ozouf pose notamment l’alternative suivante : « Il faudrait ou bien commémorer et renoncer à l’analyse ; ou bien remémorer et renoncer à la piété. » Cette position est discutée par Maurice Agulhon, « Faut-il avoir peur de 1789 ? », Le Débat, no 30, mai 1984, qui publie aussi la réponse de Furet.
85 Un numéro spécial identique de Pourquoi ? et de la revue de la Ligue des droits de l’homme est publié en mars 1988 pour lancer les Clef. Il contient un article majeur de Michel Vovelle sur les enjeux et débats du Bicentenaire, un autre de Madeleine Rébérioux (l’historiographie de la révolution), et plusieurs contributions d’historiens se rattachant avec des nuances à la même école de pensée. Michel Vovelle est alors directeur de l’Institut d’Histoire de la Révolution Française où il a succédé à Albert Soboul. Membre du cercle Condorcet, il fait partie des « communistes critiques » à l’égard de la direction du PCF.
86 Certains articles de Pourquoi ? n’y échappent pas toujours : ainsi, celui, assez virulent, de Claude Nicolet, dont la première version est parue dans Le Monde diplomatique, à propos du Dictionnaire critique de la Révolution française, dirigé par François Furet et Mona Ozouf (juin-juillet 1989, p. 25-29). Selon C. Nicolet, membre du Cercle Condorcet de Paris, les auteurs enterrent la Révolution et l’origine révolutionnaire de la République, au profit d’un libéralisme américano-atlantique d’inspiration tocquevillienne.
87 Déclaration constitutive des Clef 89, citée dans Brochure de présentation de la Ligue pour 1989, p. 7.
88 Intervention de M. Rébérioux devant le cercle Condorcet de Paris, 4 décembre 1989, Premiers regards sur le Bicentenaire, brochure, p. 20.
89 La Haute-Garonne semble déployer un effort énorme, sous l’impulsion de l’historien Rémy Pech : quatre commissions de travail (histoire, traces de la mémoire révolutionnaire, droits de l’homme, éducation), publication d’un Guide de l’historien amateur de la Haute-Garonne, d’un bulletin départemental, organisation d’une exposition nationale de l’activité des Clef lors du congrès de la Ligue à Toulouse, animation de centaines de manifestations dans le département…
90 Patrick Garcia, op. cit., p. 53.
91 Guy Gauthier, 1984-1994 : Laïcité, le réveil ?, op. cit., p. 51.
92 Résolution finale du congrès de 1986.
93 Elle est précédée de deux articles publiés dans Réforme du 21 mai 1988 (« Pour une participation à une nouvelle laïcité » de Jean Baubérot et « Quelle est notre identité ? » de Guy Gauthier). Jean Baubérot est intervenu pour la première fois au colloque laïcité 2000 d’avril 1986. Il sera ensuite régulièrement associé à la Ligue surtout à partir de son élection à la chaire « Histoire et sociologie de la laïcité » de l’EPHE créée par le gouvernement Rocard en 1989. Il copréside, comme on l’a vu, la commission « Phénomènes religieux » du cercle Condorcet de Paris et participe jusqu’à aujourd’hui à de très nombreuses manifestations ou organismes de la Ligue ou proches d’elles (entretiens d’Auxerre, centenaire de la loi de 1905, Comité National Laïcité, Commission Laïcité et Islam…). Michel Morineau rédige une postface à son ouvrage Vers un nouveau Pacte laïque, Paris, Le Seuil, 1990.
94 Le texte de cette déclaration est reproduit en annexe du rapport de Michel Morineau pour le congrès de Toulouse, Une laïcité pour l’an 2000, dactyl.
95 E. Vandermeersch, ancien participant au dialogue Cnal/enseignement catholique des années 1970, devenu journaliste universitaire, a rencontré G. Gauthier dans ce cadre. Leur dialogue « Dieu est de retour, de quel côté l’avez vous rencontré ? » est publié dans Pourquoi ?, avril 1980, p. 5-23. E. Vandermeersch invite G. Gauthier à faire une conférence sur la laïcité au centre Sèvres dès l’automne 1984. Il sert d’intermédiaire pour la présence de Mgr Bescond, évêque de Meaux, au colloque laïcité 2000 de mars 1986, dont lui-même est un des intervenants. Il publie encore un article sur « Religion et laïcité » dans Pourquoi ? de mars 1986. Membre du cercle Condorcet de Paris, il participe à la Commission Phénomènes religieux. Il sera ensuite membre du groupe de travail sur l’enseignement privé/public au milieu des années 1990 ; et membre du Comité national laïcité (sur tous ces points : témoignages oraux de M. Morineau et E. Vandermeersch, 2014 ; G. Gauthier, 1984-1994 : Laïcité, le réveil ?, op. cit. ; Edmond Vandermeersch, « La laïcité à l’œuvre, la Ligue de l’enseignement et le fait religieux depuis 1984 », Bulletin de la bibliothèque Michel Duclerq, no 31/32, mai 2000, p. 5-12).
96 Edmond Vandermeersch, « La laïcité à l’œuvre… », article cité, mai 2000, p. 8-9.
97 Jean Boussinesq (1918-2015), ancien élève de l’ENS avant guerre, est membre de l’Union rationaliste lorsqu’il rencontre la Ligue à l’occasion du colloque Laïcité 2000 de 1986. Il se montre vivement intéressé par le tournant qu’elle prend à cette occasion. Retraité de l’industrie, il dispose alors de beaucoup de loisirs pour mettre son immense culture au service de la Ligue et devient une sorte de conseiller officieux, exerçant une forte influence, notamment sur Michel Morineau.
98 Sa prise de parole a un grand retentissement : « Un dialogue inédit entre l’épiscopat et la Ligue de l’enseignement », titre sur une page entière Le Monde.
99 L’obligation d’un jour de congé par semaine pour permettre le catéchisme remonte aux lois Ferry, le transfert du jeudi au mercredi datant de 1972. Mais dans les années 1980 la tendance à supprimer les cours le samedi matin pour permettre d’allonger le week-end, et à les reporter sur le mercredi menace dans un certain nombre de cas l’organisation de la catéchèse. Certains évêques (à Bourges, à Angoulême) saisissent les tribunaux administratifs pour faire annuler des décisions de transfert des cours au mercredi, et obtiennent satisfaction, ce qui engendre un certain malaise : telle est la toile de fond de ce débat.
100 Libération en rend compte sous le titre : « Les enfants de Jules Ferry et du Bon Dieu » (16 février 1989).
101 De larges compte-rendus des deux colloques sont publiés dans l’ouvrage Nouveaux enjeux de la laïcité, Paris, Le Centurion, 1990, préface de René Rémond.
102 Bertrand Révillion, « Dialogue au rythme de l’enfant », La Croix du 17 février 1989.
103 Selon les formules de Michel Morineau, cité par Libération du 16 février 1989.
104 Les religions au lycée : le loup dans la bergerie ? (textes réunis par G. Gauthier), Panoramiques, no 2, 4e trimestre 1991.
105 Nouveaux enjeux de la laïcité, op. cit., notamment p. 59-67.
106 Il est publié sous le titre Enseigner l’histoire des religions dans une démarche laïque, Besançon, CNDP/CRDP, 1992. Ce colloque est fortement soutenu par le recteur de l’académie de Besançon, Philippe Joutard, qui deviendra un compagnon de route de la Ligue.
107 Ce que ne manquent pas de lui reprocher certains catholiques critiques, comme Edmond Vandermeersch, article cité, p. 11-12.
108 Demain le bilinguisme, Pourquoi ?, n 216, juin-juillet 1986.
109 Armand Keravel, « Vers une charte européenne des langues minoritaires. Que fera la France ? », Pourquoi ?, juin-juillet 1986, p. 20-27.
110 Voir les interventions de Christian Lochon (« Le droit aux langues de l’émigration : un devoir laïque »), Henri Dieuzeide (« Le droit à la différence »), et René Gallissot (« Les minorités : égalité et différence ») au colloque d’avril 1986, Laïcité 2000, Paris, Edilig, 1987.
111 Déclaration du CA de la Ligue du 31 janvier 1985.
112 Ibid. Un numéro de Pourquoi ? fait écho à ces préoccupations en mai 1987, sous le titre « École publique, école des cultures », ainsi qu’un article de Guy Gauthier « Citoyenneté et identité culturelle » (avril 1988).
113 Jean-Louis Rollot, « Ségrégation et racisme », Pourquoi ?, avril 1990, p. 1.
114 Gilles Manceron et Étienne Séguier, « Intégration : le rôle de l’école », Pourquoi ?, octobre 1990, p. 2-3.
115 Jean-Louis Rollot, « Agir avec ceux qui sont sur le terrain », Pourquoi ?, novembre 1991, p. 4 (rencontre « Lutter contre les exclusions » du 26 septembre 1991, avec la CFDT et la Fen).
116 Selon le témoignage de Rollot à Laetitia Cardi, « Le pluralisme culturel, un nouveau souffle ? », IEM, Printemps 2016, p. 12-13. Cet article propose une bonne mise en perspective des initiatives de la Ligue sur le sujet à la fin des années 1980.
117 Claude Liauzu (1940-2007), historien spécialiste de la colonisation, est fortement présent à la Ligue pendant quelques années après le congrès de 1989. À la fin de sa vie, il a orchestré le mouvement de protestation contre la loi du 23 février 2005 qui aurait obligé à enseigner le « rôle positif » de la colonisation et qui a été annulée.
118 Jean-Louis Rollot, « Laïcité plurielle », Pourquoi ?, mars 1990, p. 1. Claude Liauzu est le maître d’œuvre de ce numéro qui a pour thème « Laïcité et islam : les nouveaux enjeux ». Il rédige alors de nombreux articles dans la revue, notamment « Racisme et exclusion », novembre 1990 ; « La guerre du Golfe », décembre 1990 ; « L’Autre dans notre culture : contre les identités exclusives, inventer la pluralité », dans le numéro sur « Races et civilisations », novembre 1992.
119 C’est le no de mars 1990, « Laïcité et islam, les nouveaux enjeux ».
120 Selon les termes du manifeste « Profs, ne capitulons pas » publié par Élisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Élisabeth de Fontenay et Catherine Kintzler, Le Nouvel Observateur, 2-8 novembre 1989, qui alimentera durablement l’argumentation des partisans de l’interdiction du voile.
121 Jean-Louis Rollot, éditorial, Enjeux et Débats, 17 octobre 1989.
122 Jean-Louis Rollot, « La République en danger », 24 octobre 1989, Pourquoi ?, décembre 1989, p. 1.
123 Nous en avons recensé quatre dans la revue interne Enjeux et Débats : les 17, 24 et 25 octobre et le 4 décembre. Le Bureau de la Ligue en débat le 22 novembre et approuve la ligne adoptée par le secrétaire général.
124 Cf. « L’intégration ne se fait pas par décision administrative. Elle demande souvent une génération et doit être accompagnée avec vigilance et compréhension. Les mesures considérées comme injustes retardent l’intégration. Par ailleurs la demande d’intégration est toujours bruyante, voire agressive. Les communautés asiatiques qui veulent la réussite sociale sans intégration restent en général silencieuses » (Jean-Louis Rollot, « Quelques réflexions à propos d’un débat inachevé », 4 décembre 1989, Enjeux et débats, no 13, 9 décembre 1989).
125 Communiqué du 25 octobre.
126 Il s’agit d’une part d’une journée organisée le 16 décembre 1989 (en collaboration avec Le Nouvel Observateur), d’autre part du colloque « Islam et laïcité : quel avenir en France ? » des 3 et 4 mai 1990 au Centre de conférences du Panthéon. Le compte rendu de la première est publié dans un tiré à part de l’organe de la Fol de Haute-Garonne, Enjeux Fol 31, no 1, janvier 1990, 18 p. Les contributions et discussions du second, profondément retravaillées par Guy Gauthier, paraîtront dans un numéro spécial de revue, sans mentionner la manifestation d’origine, sous le titre « Islam, France et Laïcité : une nouvelle donne ? », Panoramiques, no 1, juin-juillet-août 1991.
127 Mémoire et enseignement de la guerre d’Algérie, actes du colloque, Paris, La Ligue-Institut du monde arabe, tomes 1 et 2, 1993. L’historien Gilles Manceron, militant actif de la LDH, est alors chargé de mission scolaire et universitaire à la Ligue de l’enseignement. D’autres ouvrages sont issus de l’ensemble de la réflexion conduite en cette année commémorative de la fin de la guerre d’Algérie : La guerre d’Algérie dans l’enseignement en France et en Algérie, Textes rassemblés par Abdeljalil Laamirie, Jean-Michel Le Dain, Gilles Manceron, Gilles Morin et Hassan Remaoun, Paris, La Ligue-IMA-CNDP, s. d. (1993 ?) ; Gilles Manceron, Hassan Remaoun, D’une rive à l’autre. La guerre d’Algérie de la mémoire à l’histoire, Paris, Syros, 1993.
128 Grenade 1492-1992 : du Royaume de Grenade à l’avenir du monde méditerranéen, dirigé par Manuel Barrios Aguilera (université de Grenade) et Bernard Vincent (EHESS, Paris), publié en français et en espagnol, Universidad de Granada et LFEEP, 1997. Pour des compléments sur cette opération : G. Gauthier, 1984-1994 : Laïcité, le réveil ?, op. cit., p. 91-95.
129 Nous y reviendrons au chapitre xiv.