1 Pour ce chapitre, nous avons eu recours aux travaux universitaires et aux monographies disponibles sur certains cercles, à l’ensemble des bulletins de la Ligue publiés sous des titres différents depuis l’origine (Projet d’établissement d’une Ligue de l’enseignement en France, Bulletin du mouvement d’enseignement par l’initiative privée, Bulletin du cercle parisien), à l’ouvrage de synthèse qui réédite plus tardivement ces bulletins (Jean Macé, La Ligue de l’enseignement à Beblenheim 1862-1870, Paris, Charpentier et Cie, 1890) ainsi qu’aux principales biographies du fondateur. Une des originalités de ce travail consiste aussi dans l’utilisation, pour la première fois, de la correspondance passive de Macé (environ 8 000 lettres), réunie dans le fonds de l’historien Georges Goyau déposé à l’Institut Catholique de Paris.
2 Geneviève Poujol, L’éducation populaire-Histoires et pouvoirs, Paris, Les Éditions ouvrières, 1981.
3 À défaut d’ouvrage de synthèse récent en langue française, on peut se reporter à : Lucien Trichaud, L’éducation populaire en Europe, tome 2 : Scandinavie, Paris, Les Éditions ouvrières, 1969.
4 Les citations qui vont suivre, à défaut d’autres indications, sont extraites de la correspondance de Macé consultable dans le fonds Goyau.
5 Pour une approche biographique, l’ouvrage le plus récent est celui de Jean-Michel Ducomte, Jean Macé, militant de l’éducation populaire, Toulouse, Privat, 2015, publié pour le bicentenaire de sa naissance. Tout en actualisant le propos et en le contextualisant, il emprunte largement à l’étude la plus complète à ce jour, qui avait été primitivement conçue en vue du centenaire de la naissance de Macé : Édouard Petit, Jean Macé, sa vie, son œuvre, Paris, Quillet, s. d. (1922). Parmi les autres ouvrages, voir surtout : Arthur Dessoye, Jean Macé et la fondation de la Ligue de l’enseignement, Paris, Marpon et Flammarion, 1883. Le petit opuscule de Prosper Alfaric, Jean Macé, Fondateur de la Ligue française de l’enseignement, Paris, édité par le cercle parisien de la Ligue de l’enseignement, 1955, n’apporte rien de très original.
6 On peut suivre sa pensée d’alors dans une série de petites brochures de l’année 1848 rédigées dans le feu de l’action mais où il s’efforce de mettre à jour sur un ton très personnel ses idées propres : Lettres d’un garde national à son voisin, Discours d’un vrai républicain, Petit catéchisme républicain, Les vertus du républicain, Profession de foi d’un communiste. Pour la dimension féministe, voir surtout ses contributions en 1849 à L’Opinion des femmes de Jeanne Deroin.
7 Préface de La Ligue de l’enseignement à Beblenheim, op. cit., p. 8.
8 Il développe notamment ce parallèle dans la quatrième lettre à Jeanne Deroin (L’Opinion des femmes, no 5, juin 1849). En 1849, Jeanne Deroin se présente devant le comité démocratique-socialiste en vue de sa candidature aux élections législatives. Jean Macé cosigne alors avec elle et trois autres personnes la déclaration de principe d’une « Association fraternelle des démocrates socialistes des deux sexes pour l’affranchissement politique et social des femmes », très opposée aux idées de Proudhon sur le sujet.
9 Deuxième lettre d’un garde national à son voisin (paru sous le pseudonyme de Jean Moreau), janvier 1848, p. 10.
10 Profession de foi d’un communiste, op. cit., p. 15. Cette opposition doctrinale du « socialisme » et du « catholicisme » est assez nette à l’époque dans son esprit. En 1849, il déclare : « Nous autres socialistes, nous n’avons qu’un seul ennemi, c’est le catholicisme » (l’épisode est relaté dans la préface de L’ennemi, 1880). Il faut comprendre cet antagonisme sémantique dans son contexte précis.
11 La Profession de foi d’un communiste est dominée en fait par ce schéma de pensée qui revient comme un leitmotiv. En voici un exemple : « Et maintenant […], que le travailleur en révolte enfle ses prétentions, que le consommateur récalcitrant tourne le dos au détenteur de produits et fasse son prix lui-même, que l’emprunteur et le locataire s’avisent de dicter les conditions du marché, voici venir de nouveaux maîtres qui domineront à leur tour, au même titre et avec la même tyrannie […] ; c’est la lutte commencée qui continue, seulement les combattants se déplacent : celui qui était dessous passe dessus » (p. 12). Cette situation est liée à l’emprise de la loi de haine et à son principe, le « chacun pour soi ». Le problème n’est donc pas seulement de renverser le rapport de forces au profit des dominés ou des opprimés du jour, mais de changer de principe. La conclusion va même plus loin encore dans l’énoncé d’une attitude qu’on pourrait dire évangélique : « La fraternité ne fait pas de choix, elle adopte toutes les douleurs ; et dussent les miens me jeter la pierre, en déroulant ce triste inventaire de nos misères communes, celles qui m’ont trouvé le plus prompt à compatir, ce sont celles du riche. Le pauvre est plein d’espoir à cette heure, et porte gaiement sa misère. Le riche, dévoré de souci, jouit mal des biens qu’on lui reproche et vit dans la terreur de l’inconnu. C’est lui le malheureux parce que c’est lui le vaincu. Je serais honteux si j’insultais à sa défaite » (p. 33). Rappelons que le texte est écrit dans les premiers jours qui suivent la révolution de février 1848.
12 Les vertus du républicain, op. cit. Souligné par nous.
13 Il esquisse ce raisonnement dans les dernières pages de Profession de foi d’un communiste, op. cit.
14 Deuxième lettre d’un garde national à son voisin, op. cit.
15 Pour les hommes seulement, bien entendu. La mesure n’en est pas moins spectaculaire : le corps électoral passe de 250 000 à 9 millions de personnes.
16 Profession de foi d’un communiste, p. 31.
17 Il publie un article à ce sujet, sous le titre « De la décentralisation intellectuelle en France », dans la Revue d’Alsace de janvier 1862 (repris dans : La Ligue de l’enseignement à Beblenheim, op. cit., p. 38-47).
18 Noë Richter, La lecture et ses institutions 1700-1918, Le Mans, Bibliothèque de l’université du Maine et Éditions Plein Chant, 1987, notamment p. 211.
19 Voir le dossier La Franc-maçonnerie à Mulhouse de 1809 à nos jours (en particulier l’article de Marie-Claire Vitoux, « Philanthropie et franc-maçonnerie à Mulhouse au XIXe siècle »), publié par le Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1985, numéro 1.
20 Georges Duveau, La pensée ouvrière sur l’éducation pendant la Seconde République et sous le Second Empire, Paris, Domat-Monchrétien, 1948, p. 314.
21 Extrait d’un manuscrit de Macé trouvé dans le fonds Goyau, destiné sans doute à une publication, et titré « La Ligue de l’enseignement et les sociétés populaires d’instruction » (daté du début de 1867 probablement).
22 Dans une lettre à Buls, du 11.1.1868 : « Ce sont les deux côtés d’une seule et même besogne : le relèvement du niveau des masses, l’embourgeoisement du peuple. C’est bien là ce qui fait sauter en l’air ceux qui ne voient dans le peuple que de la chair à barricades. Nous le leur gâtons » (cité par Édouard Petit, op. cit., p. 253).
23 « Le capital intellectuel n’est pas moins précieux à conquérir que l’autre auquel du reste il conduira toujours. Ce n’est donc pas faire dévier l’effort coopératif de son but que de l’appliquer à cette conquête-là. […] Ce que l’étudiant de loisir sait à vingt ans, l’ouvrier qui étudie à ses heures perdues peut le savoir à trente et il le saura mieux bien souvent. C’est par là que s’imposera l’égalité sociale qui est avant tout un fait d’égalité intellectuelle » (« De la coopération appliquée à l’instruction », article paru dans L’Almanach de la Coopération en 1868, cité par Édouard Petit, op. cit., p. 217).
24 Voir Crédit Agricole, un siècle au présent, 1894-1994, tome I « Des origines aux années cinquante », Paris, Éditions Hervas, 1994, p. 28-30 ; André Gueslin, Le Crédit mutuel. De la Caisse rurale à la banque sociale, Strasbourg, Éditions Coprur, 1982, p. 40-46. Voir aussi « Jean Macé précurseur du Crédit Mutuel français », Cahiers du Crédit Mutuel, 1966, p. 348-355.
25 Projet d’établissement d’une Ligue de l’enseignement en France, Premier bulletin, 15 décembre 1866, p. 20.
26 Arlette Boulogne, « La Société des Bibliothèques communales du Haut-Rhin, préfiguration de la Ligue de l’enseignement », Revue de l’économie sociale, mars 1989, noxvi, p. 142-144.
27 Secrétaire puis président de la Ligue belge, Charles Buls (1837-1914) sera aussi bourgmestre de Bruxelles. Les lettres que lui écrit Jean Macé dans toute la période de démarrage de la Ligue française, publiées dans l’ouvrage d’Édouard Petit, constituent une source capitale pour comprendre les contraintes qui pèsent sur l’action du fondateur. Le fonds Goyau contient aussi de nombreuses lettres de Buls à Macé.
28 La Ligue belge s’inspire aussi d’une société hollandaise, la « Maatshappij tot Nut van’t Algemeen », fondée en 1784 à Amsterdam par le pasteur Jan Nieuwenhuysen. Pour les débuts du mouvement, voir les premières pages de l’ouvrage collectif Histoire de la Ligue de l’enseignement et de l’Éducation permanente, 1864-1989, Bruxelles, 1989. Voir aussi : Jacques Lory, Libéralisme et instruction primaire, 1842-1879. Introduction à l’étude de la lutte scolaire en Belgique, Louvain, Éditions Nauwelaerts, 1979, 2 volumes (pour la Ligue, tome I, p. 325-446).
29 « La Ligue de l’enseignement en Belgique », L’Opinion nationale, 25 octobre 1866.
30 Le terme « Landwehr » évoque le corps auxiliaire de l’armée prussienne.
31 Aucun de ces trois hommes du peuple ne jouera le moindre rôle dans l’histoire ultérieure de la Ligue, bien que leurs noms soient très souvent cités dans les propos commémoratifs. Jean Petit (1810-1880) est du reste le seul à être plus ou moins identifié : maçon de la Creuse, il appartient à cette population de migrants temporaires qui a joué un rôle important dans la vie sociale de la capitale au XIXe siècle ; il était par ailleurs poète et s’exprimait en occitan, il sera redécouvert à ce titre par la Ligue dans les années 1970-80 (cf. « Jean Petit du Boueix, co-fondateur de la Ligue », Pourquoi ?, avril 1980, p. 36-37).
32 Ce journal est considéré comme l’organe du bonapartisme de gauche. Il est dirigé par l’ancien saint-simonien Guéroult, qui sera un des premiers souscripteurs de la Ligue (il porte le numéro 5 sur la première liste de Macé).
33 Édouard Petit, op. cit., p. 235-236.
34 Macé en publie les résultats – et attribue à chaque signataire un numéro au fur et à mesure des arrivées – dans les quatre livraisons de son premier bulletin, Projet d’établissement d’une Ligue de l’enseignement en France. Les dates de parution sont les suivantes : 15-12-1866, 15-02-1867, 15-05-1867, 15-11-1867. Il dresse un bilan global à cette date sous le titre : « Rapport sur la première année de propagande de la Ligue de l’enseignement en France. »
35 Lettres à Buls des 11-5 et 24-6-1867 (Édouard Petit, op. cit., p. 238).
36 Pierre-Emmanuel Raffi, Le temps des cercles – La Ligue de l’enseignement à Paris, 1866-1881, Paris, Cahiers de la Ligue, 1993.
37 « Je craindrais de mettre la Ligue en péril en affrontant une réunion publique à Paris en ce moment » écrit-il à Buls le 1er novembre 1867, évoquant l’affaire italienne ; et le 20 novembre : « Maintenant que j’ai remis la discussion des statuts aux groupes locaux, l’assemblée de Paris perd considérablement de son importance. L’organisation intérieure est d’ailleurs trop peu avancée » (cité par Édouard Petit, op. cit., p. 252-253).
38 Lettre à Buls du 15 mars 1868, citée par Édouard Petit, p. 255.
39 Ce bulletin (en abrégé : BME) paraît environ tous les trimestres, mais avec des irrégularités. Le numéro 1 est daté du 15 mai 1868, le numéro 6 (qui est le dernier) du 15 novembre 1871. Il y a un intervalle d’un an entre le no 4 (15 février 1869) et le no 5 (15 février 1870). Le numéro 5 comporte une seconde partie, datée du 15 juillet 1870, mais qui à cause de la guerre et de ses suites ne sera publié qu’un an plus tard (15 juillet 1871).
40 Jean-Paul Martin, « L’émergence des Ligues de l’enseignement en Europe, de la tentation cosmopolite à l’invention de la laïcité (1864-1876) », L’intelligentsia européenne en mutation (1850-1875) – Darwin, le Syllabus et leurs conséquences (colloque édité par Alain Dierkens), Bruxelles, ULB-IERL, Problèmes d’histoire des religions, 9/1998, p. 109-131.
41 Jusqu’à Alexandrie, il a voyagé sur le même bateau que Duruy, qui à cette date, n’est plus ministre de l’Instruction publique.
42 Jean-Paul Martin, « Entre projets et réalisations : la Ligue de l’enseignement au Levant et en Algérie (1867-1887) », in Patrick Cabanel (dir.), Une France en Méditerrannée. Écoles, langues et cultures françaises XIXe-XXe siècles, Paris, Creaphis Éditions, 2006, p. 133-148.
43 Futur homme politique libéral, il sera président du Conseil italien avant 1914. Professeur d’économie politique à Milan, il figure sur une des listes d’adhérents de la Ligue (no 4084).
44 Il préside les Arbeiter-Vereine dans le Bade-Wurtemberg et porte le no 220 sur la liste des adhérents à l’appel de Macé.
45 Édouard Petit, op. cit., p. 236.
46 C’est le cas en particulier à la suite des attaques de Mgr Dupanloup contre la Ligue en 1868 (voir plus loin). Les ligueurs belges répondent publiquement, à la demande de Macé qui préfère observer le silence pour ne pas indisposer le gouvernement impérial.
47 Sur cet épisode, des précisions dans : Georges Goyau, L’idée de patrie et l’humanitarisme. Essai d’histoire française (1866-1901), Paris, Perrin et Cie, 1902, notamment p. 52-56.
48 Édouard Pfeiffer, lettre du 15 mai 1867, fonds Goyau.
49 « Programme de la Ligue », BME, no 1, 15-5-1868, p. 9.
50 « Philosophie de la Ligue », BME, no 5, 15-2-1870, p. 2-9.
51 Les listes de Macé mélangent les personnes et les entités collectives ; ces dernières sont cependant peu nombreuses et les loges en forment l’essentiel.
52 « La Ligue et la franc-maçonnerie », BME, no 3, 15 novembre1868, p. 2-5.
53 André Combes, « Protohistoire de la Communale – La franc-maçonnerie et la question scolaire en France de 1830 à 1880 », Humanisme, no 193, octobre 1990, p. 23.
54 François Favre, « La Ligue et la franc-maçonnerie », Le Monde maçonnique, janvier 1869, p. 569-572. Pour des précisions sur les positions de ce périodique, qui incarne l’aile anti-déiste de la franc-maçonnerie, vis-à-vis de la Ligue naissante : Jean-Paul Delahaye, « Les francs-maçons et la laïcisation de l’École. Mythe et réalités », Histoire de l’éducation, no 109, janvier 2006, p. 33-73 (not. p. 47-53).
55 Lettre de Macé parue dans L’Opinion nationale du 2 février 1869 (reproduite dans Le Monde maçonnique, février 1869, p. 589).
56 Charles Sauvestre écrit dans L’Opinion nationale : « Accuser la Ligue de flotter entre l’esprit clérical et l’esprit libéral parce qu’elle ne prend pas le drapeau d’une secte, c’est faire un étrange abus de mots » (cité par Le Monde maçonnique, février 1869, p. 587).
57 Lettre à Buls, 11-2-1869 (cité par Édouard Petit, op. cit., p. 263).
58 Cité par Louis Capéran, Histoire contemporaine de la laïcité française, tome1 : « La crise du Seize Mai et la revanche républicaine », Paris, Marcel Rivière, 1957, p. 24.
59 Semaine religieuse d’Orléans, 23-1-1869.
60 Roland Remer, Jean Macé et les origines messines de la Ligue de l’enseignement, Metz, Éditions Serpenoise, 2003, p. 118-121.
61 Lettre du 15-3-1868, citée par Édouard Petit, op. cit., p. 255.
62 Pierre-Emmanuel Raffi, op. cit., p. 35-36. Sur l’incident de Joinville, voir aussi : Arthur Dessoye, Jean Macé et la fondation de la Ligue de l’enseignement, op. cit., p. 90-93.
63 Cité par Marcel Boivin, « Les origines de la Ligue de l’enseignement en Seine-Inférieure, 1866-1871 », Revue d’histoire économique et sociale,xlvie vol. , no 2, 1968 p. 218.
64 « Statistique de la Ligue », BME, no 5, 15.2.1870, p. 13-19 (et les compléments sous le titre « Dernières nouvelles » p. 76-77). Les adhérents sont donnés pour chaque cercle, ainsi que la date de création, le nom du président, et le montant des cotisations annuelles. Marcel Boivin a dressé une carte des cercles de la Ligue dans l’hexagone en 1870 à partir de cette documentation, dans son article pionnier, ibid., p. 204.
65 Ainsi en Moselle, autour du cercle messin, s’articule plusieurs autres structures à Ars sur Moselle, Solgne, Rémilly, etc.
66 Le plus ancien cercle connu de la Ligue, créé dès 1866, se situe à Chevilly dans le Loiret.
67 Raymond Huard, « La bataille pour l’école primaire dans le Gard (1866-1872) », Nîmes, Cercle nîmois de la Ligue de l’enseignement, 1966, p. 30-31.
68 Marcel Boivin, art. cit. ; Hervé Ferrière, La Ligue de l’enseignement en Seine-Inférieure fin XIXe -début XXe siècle, mémoire de maîtrise d’histoire, université de Rouen, 1983, p. 14-18.
69 Le régime juridique des associations est régi alors principalement par l’article 291 du Code pénal qui oblige les structures de plus de 20 personnes à solliciter une autorisation, sous peine d’amendes.
70 Le préfet Odent est un libéral, qui a précédemment, comme préfet du Haut-Rhin, suivi avec sympathie l’expérience des bibliothèques communales dans ce département. L’AG constitutive du cercle messin a lieu le 21 juin 1867. L’arrêté préfectoral autorisant le cercle date du 28 juin (cf. Roland Remer, op. cit., p. 31-38).
71 Pierre-Emmanuel Raffi, op. cit., p. 36-40.
72 Hervé Ferrière, op. cit., p. 35-36, + annexes vi et xiv.
73 Roland Remer, op. cit., p. 41.
74 BME, no 4, 15-02-1869, p. 26 : il s’agit de la quatrième liste d’adhérents du Cercle de Bône, dont plusieurs portent des titres d’auxiliaires de la justice musulmane (adel, bachadel, cadi, oukil).
75 Jean-Paul Martin, « Entre projets et réalisations : la Ligue de l’enseignement au Levant et en Algérie (1867-1887) », art. cit.
76 Pierre-Emmanuel Raffi, op. cit., p. 27 et p. 40.
77 Roland Remer, op. cit., p. 150-151.
78 De nombreuses lettres d’Elisa Hirtz, où elle relate son expérience, figurent dans le fonds Goyau.
79 « Le Cercle des Brotteaux à Lyon marche très bien. Je crois bien que nous allons finir par lancer nos ouvriers dans cette voie-là… Ce serait un grand progrès » (lettre à Buls du 6-2-1868, Édouard Petit, op. cit., p. 254). Le fonds Goyau contient de nombreuses lettres des responsables de ce cercle, auquel Macé fait adhérer Coralie Vérenet. Il est souvent mentionné aussi dans le bulletin de la Ligue.
80 Il aurait été animateur de l’Association Phocéenne en même temps que de l’Internationale (cf. G. Duveau, Les instituteurs, Paris, Éditions du Seuil, 1957, p. 105). Mais l’Association Phocéenne n’est plus reconnue dès 1868 par certains membres qui font scission pour constituer la Ligue marseillaise. Cette affaire reste confuse et les deux structures connaissent des bouleversements importants en 1870-71. Bastelica ne semble donc avoir fait que passer. À Troyes, le responsable du cercle, Stanislas Baltet, sera accusé lors d’un procès d’être le chef de la section de l’Internationale en 1870 (Jean Morlot, Les Aubois et l’éducation populaire, Bar-sur-Aube, 1986, p. 28).
81 À Rouen elle est représentée par un professeur libre du nom de Marque. Membre du comité du cercle, il se dit socialiste, proudhonien ; sa tonalité « ouvriériste » tranche sur le souci de respectabilité bourgeoise de ses collègues puisqu’il les attaque en ces termes : « ces messieurs organisent des conférences où, à tour de rôle, les gros bonnets vont faire assaut d’éloquence en traitant de sujets entièrement étrangers au mouvement qui préoccupe les classes ouvrières » (cité par Hervé Ferrière, op. cit., p. 34).
82 « À Mulhouse, l’élément casseur d’assiettes a failli faire avorter le cercle » (lettre à Buls, 12-5-1868, Édouard Petit, op. cit., p. 257). Le contexte, d’après les correspondances du fonds Goyau, est celui de la création d’un cercle ouvrier plus ou moins sur le modèle allemand, auquel l’industriel Engel-Dollfus, de Dornach, est étroitement associé (il projette de construire un bâtiment spacieux pour les loisirs des ouvriers). Apparemment les perturbateurs ne supportent pas la tutelle patronale.
83 André Combes, « Charles Fauvety et la religion laïque », in Jean-Marie Mayeur (dir.), Libre Pensée et religion laïque en France, Strasbourg, Cerdic, 1980, p. 26-42.
84 Camille Flammarion (1842-1925), frère ainé de l’éditeur Ernest Flammarion, est surtout connu pour ses travaux et ses nombreux ouvrages d’astronomie dite « populaire ». Il a fondé et dirigé l’Observatoire de Juvisy-sur-Orge. Il fut porté à l’âge de 25 ans à la présidence du cercle parisien, en raison de sa réputation scientifique déjà bien établie et sans doute aussi de ses affinités spirites – une fonction qu’il n’exerça que quelque mois. Il sera élu au conseil général de la Ligue en 1902, et réélu encore en 1914.
85 Il est l’auteur de petits ouvrages où il développe sa philosophie personnelle de l’existence, sous le nom de « spiritualisme scientifique », notamment La Terre ou Éducation morale.
86 L’immeuble Récamier, situé sur l’emplacement de l’ancienne Abbaye aux Bois où Juliette Récamier avait tenu salon, sera inauguré le 30 octobre 1909, en présence du président de la République Armand Fallières, de très nombreux ministres et personnalités républicaines.
87 Vacca, le président du cercle prend la tête d’une liste qui se réclame du comité démocratique radical. Un autre dirigeant, Bamberger, figure sur la liste du Comité républicain, plus modéré. Lui seul sera élu (Roland Remer, op. cit., p. 179-181).
88 Rappelons que la loi Falloux de 1850, qui régit la matière, rend l’enseignement religieux obligatoire dans les écoles primaires, tout en distinguant les écoles congréganistes et les écoles « laïques », entendues au sens où les maîtres qui y enseignent ne font pas partie du clergé.
89 Cité par Hervé Ferrière, op. cit., p. 26.
90 Roland Remer, op. cit., p. 73.
91 Lettre du frère Braun, membre du comité du cercle spinalien à Jean Macé, 9-10-1868 (fonds Goyau).
92 « Délibération du groupe havrais », BME, no 5, 15-02-1870, p. 9-10.
93 Cité par Édouard Petit, op. cit., p. 277.
94 Lettres d’un Paysan d’Alsace à un Sénateur sur l’Instruction obligatoire, publié chez J. Hetzel, 1870 (des extraits de l’avant-propos dans Édouard Petit, op. cit., p. 278).
95 Les nombreuses lettres de Lereboullet à Macé entre janvier et juin 1870 montrent que le fondateur de la Ligue a été associé presque au jour le jour à la préparation, au lancement et au déroulement de la pétition (fonds Goyau). La lettre du 20 juin supplie Macé d’accorder son patronage à l’initiative du comité de Strasbourg et va jusqu’à proposer de tricher sur la date de son soutien, en fixant celui-ci au 3 mars, juste avant le lancement des premières listes ! Alphonse Lereboullet est alors un jeune scientifique qui prépare une licence à la faculté de Strasbourg où il est aide-naturaliste, et qui aspire à devenir médecin. Il a été initié en franc-maçonnerie, juste avant de fonder le comité de Strasbourg.
96 Lettre du 22 juin 1871 (fonds Goyau).
97 BME, no 6, 15-11-1871.
98 Déclaration du bureau du cercle parisien, 20 juillet 1871.
99 Lettre du 28 juin 1871, Édouard Petit, op. cit., p. 291.
100 Voici ce qu’il dira quelques années plus tard dans une conférence : « On nous jette à la face les prêtres fusillés sous la Commune. La Commune n’était pas la République, et la preuve, c’est que le premier que ses hommes ont fusillé était un vieux républicain d’avant 48, un exilé de l’Empire, le général Clément Thomas. » Conférence sur les sociétés républicaines d’instruction faite à Pontivy le 19 décembre 1878, p. 24.
101 Lettre du 29-10-1871 (fonds Goyau).
102 Lettre de Charles Lambert, 21-07-1871. L’intérêt de ce propos est de mettre l’accent sur la condamnation constante par Macé de tous les épisodes révolutionnaires violents (journées de juin 1848, Commune de 1871).
103 Cité par Jean-Marie Mayeur, Nouvelle Histoire de la France contemporaine, tome 10 : « Les débuts de la IIIe République, 1871-1898 », Le Seuil, 1973, p. 10.
104 Nous en avons repéré au moins deux. Augustin Verdure porte le numéro 6 sur la première liste des adhérents de la Ligue dès 1866 : militant coopératif, il est alors délégué de la Société du crédit au travail ; il sera membre du comité central de la Commune, arrêté, condamné à la déportation en Nouvelle-Calédonie, où il mourra en 1873. Le second est plus célèbre : il s’agit de Louis-Nathaniel Rossel, officier qui deviendra le chef de guerre de la Commune et sera fusillé après être passé en conseil de guerre ; il avait été un des premiers membres du Cercle messin avant 1870.
105 La raison de cette séparation des listes entre hommes et femmes n’est pas explicitée, elle semble aller de soi pour les organisateurs. On peut penser qu’il faut pouvoir comptabiliser à part les « citoyens », dans un temps où les femmes ne votent pas. Cependant aucune condition d’âge pour pouvoir signer n’est clairement indiquée.
106 Maurice Gontard, Les Écoles primaires de la France bourgeoise (1833-1875), Toulouse, CRDP, Institut pédagogique national, p. 224.
107 Raymond Huard, Le mouvement républicain en Bas-Languedoc, 1848-1881, Paris, Presses de la FNSP, 1982, p. 302-305.
108 Bernard Ménager, « Prélude à la bataille scolaire : les pétitions de 1872 concernant l’enseignement primaire dans le département du Nord », Revue du Nord, tome LV, no 217, avril-juin 1973, p. 135-143.
109 Cité par Paul Lachapelle, « Le cercle parisien et la Ligue française de l’enseignement de 1866 à 1958 », Cahiers laïques, no 47-48, sept.-décembre 1958, p. 93.
110 L’apparition du néologisme « laïcité » daterait de novembre 1871 dans une délibération du conseil général de la Seine qui se rapporte à l’enseignement (voir Pierre Fiala, « Les termes de la laïcité. Différenciations morphologiques et conflits sémantiques », Mots, no 27, juin 1991, p. 49-50). Les conflits scolaires qui vont faire apparaître dans un sens inédit l’expression « enseignement laïque » ont commencé en toute illégalité à la fin du Second Empire : ils portent à la fois sur le remplacement du personnel congréganiste par des laïques et sur la suppression de l’enseignement religieux. Ils se poursuivent après la Commune, s’amplifient même dans plusieurs villes de France, et seront particulièrement âpres à Lyon et à Alger, où ils durent jusqu’en 1873. Cf. Germain Sicard, « L’offensive de laïcisation de 1870-1871 », Revue d’histoire de l’Église de France, t. LXXXI, 1995, p. 35-46. Pour le rôle de la Ligue d’Alger dans la laïcisation des écoles communales de la ville à cette époque : Jean-Paul Martin, « Entre projets et réalisations : la Ligue de l’enseignement au Levant et en Algérie (1867-1887) », art. cit., p. 137-138.
111 On peut néanmoins remarquer que le directeur et plusieurs rédacteurs du Siècle font partie du comité du cercle parisien (Pierre-Emmanuel Raffi, op. cit., p. 94).
112 1 267 227 signatures en faveur de l’instruction obligatoire, gratuite et laïque, Compte rendu, Paris, 1873, p. 34. Ce compte rendu officiel de la campagne, rédigé peu après sa clôture, ne précise pas si l’introduction de la laïcité a fait débat au sein du comité. Lereboullet dans son avant-propos multiplie les précautions pour éviter les malentendus à propos de cette notion.
113 Le passage de l’ouvrage de Petit où cette théorie est développée se trouve aux pages 344-347.
114 Nous reviendrons sur les réserves de Macé au sujet de la laïcité au début du chapitre iv.
115 Lettre du 31 mars 1870, Édouard Petit, op. cit., p. 283. La Séparation de l’Église et de l’École est le titre d’une brochure qu’il publie en 1872, où il développe son point de vue à ce sujet. Elle fait partie de la série Les idées de Jean-François.
116 Édouard Petit, op. cit., p. 345.
117 L’expression figure dans une lettre de Sauvestre, qui l’attribue à Macé. Il traite celui-ci de « vieux gredin ».
118 Pour un développement de ce thème : Jean-Paul Martin, « De la socio-genèse des associations à l’histoire de la Ligue de l’enseignement », Francis Lebon et alii (dir.), Un engagement à l’épreuve de la théorie. Itinéraires et travaux de Geneviève Poujol, Paris, L’Harmattan, p. 157-171.
119 Arthur Dessoye, op. cit, p. 126-127.
120 La contre-pétition catholique n’en aurait obtenu que 450 000 (cf. Bernard Ménager, art. cit., p. 136).
121 Cette addition peut paraître étrange, étant donné que la pétition de Strasbourg avait été signée dans toute la France : a priori certaines personnes ont pu signer deux fois. Cette situation n’a pas échappé aux organisateurs, qui ont mis en garde contre ce risque, en assurant que parmi les signataires, « un grand nombre, par scrupule honorable, ont refusé de signer la nouvelle pétition en alléguant qu’ils avaient déjà signé celle de 1870 ». Au demeurant, si cela est arrivé, cela n’aurait pas faussé les résultats car un certain nombre de signatures, adressées directement à des députés, n’ont pas été comptabilisées dans les totaux de la Commission du sou (BCP, 1872, p. 6).
122 En fait, les signataires n’ont que rarement eu la possibilité de choisir entre les trois options présentées ; au niveau local, c’est le plus souvent une seule formule qui circule ; il en va de même avec les listes diffusées par les journaux.
123 BCP, 1876, p. 185.
124 La dissolution du cercle d’Amiens provoque à la Chambre, le 13 décembre, une mémorable interpellation de son président René Goblet, député républicain de la Somme et futur ministre de l’Instruction publique.
125 Cité par Arthur Dessoye, op. cit., p. 163.
126 Le prétendant au trône de France, qui appartient à la branche « légitimiste », refuse tout compromis avec la France moderne, ce qui éloigne de lui de nombreux monarchistes « modérés ».
127 Hervé Ferrière, op. cit., p. 57.
128 Cité par Arthur Dessoye, op. cit., p. 197. Voir Pierre-Emmanuel Raffi, op. cit., p. 103-105, pour l’analyse des réponses apportées à l’Enquête.
129 Pierre-Emmanuel Raffi, op. cit., p. 111-112.
130 L’hebdomadaire dure de mars-avril 1877 à fin janvier 1878.
131 Jean Macé, Conférence sur les sociétés républicaines d’instruction à Pontivy, le 19 décembre 1878, brochure, 1879, 30 p.
132 Voir ses chroniques de La Petite République française réunies dans L’Ennemi, Paris, Bibliothèque républicaine, 1880.
133 Dans un article de La Petite République française, il semble prendre ses distances avec l’idée de séparation, à laquelle il adhère en principe, lorsqu’il écrit : « Les hommes du 16 mai ont appris à leurs dépens que nos paysans ne veulent pas du gouvernement des curés. Nous pourrions bien apprendre aussi, nous autres, et d’une façon qui nous serait désagréable si nous voulions essayer, que les mêmes paysans qui ne veulent pas être gouvernés par les curés, n’en tiennent pas moins à être baptisés, enterrés, mariés par eux et que la messe manquerait à beaucoup, bien qu’ils ne se soucient pas de la payer de leur poche. Ce n’est donc pas de ce côté qu’il va falloir aller si la lutte avec l’ultramontanisme, qui n’en est encore qu’aux bagatelles de la porte, arrive à l’état aigu » (cité dans L’Ennemi, Paris, Bibliothèque républicaine, Publication spéciale de la Petite République française, 1880, p. 134).
134 Notamment la Librairie centrale des publications populaires dirigée par l’historien Henri Martin, qui propage la formule des librairies de campagne (BCP, 1880, p. 232-233).
135 Ainsi dans La Semaine républicaine, Macé lance l’idée du « Sou pour la République » qui n’est pas sans évoquer le « Sou contre l’ignorance » ou le « Sou des écoles laïques ».
136 BCP, 1877, p. 9.
137 BCP, 1878, p. 20-28.
138 BCP, 1879, p. 43.
139 Voir la brochure « À cercles catholiques, sociétés républicaines », Laon, 1876, qui clôt la série des Idées de Jean-François.
140 Discours à l’AG du cercle parisien du 31 janvier 1880, BCP, 1880, p. 261.
141 Édouard Petit, op. cit., p. 371.
142 La situation est complexe puisque dans le même temps Macé est toujours président du cercle parisien ! Mais dans les faits, ce n’est pas lui qui le dirige, et il se considère avant tout comme le gardien de l’idée de la Ligue.
143 On suit sur ce point l’analyse de Pierre-Emmanuel Raffi, op. cit., p. 126-129.
144 Ibid., p. 129.
145 Ibid., p. 117-118.
146 Ibid., p. 126-128.
147 Il y consacre plusieurs articles dans La Semaine républicaine.
148 BCP, 1878, p. 20 à 28.
149 Texte cité par Arthur Dessoye, op. cit., p. 193-194.
150 Ibid., p. 195.
151 BCP, 1880, p. 262.