Chapitre IX. Des « partis frères » ?
Déséquilibres et dépendances
p. 237-255
Texte intégral
1L’isolement politique des partis d’extrême droite à l’échelle nationale contribue à expliquer leur regard porté vers l’étranger. Dans une perspective complotiste indéniable, les partis d’extrême droite se posent en victime des groupes gauchistes mais également du « système ». Parallèlement, Ordre Nouveau s’autoproclame « parti frère » du MSI, avant que la scission du parti ne confère au parti italien un rôle central de légitimation au sein de l’extrême droite française. Même si le MSI constitue un soutien fondamental pour les deux partis nouvellement créés, Front national (FN) et Parti des forces nouvelles (PFN), les Italiens sollicitent également régulièrement l’appui de leurs homologues français, témoignant d’un rééquilibrage progressif des relations à la fin des années 1970.
Soutien à un MSI en difficulté : des partis victimes de la « persécution du système »
2Dès 1972, les rédacteurs d’Ordre Nouveau s’insurgent contre la « provocation du Régime » qui viserait à détourner les électeurs du mouvement nationaliste. L’usage de la violence par les groupes d’extrême droite serait une conséquence de la « persécution » des régimes politiques en place. Les « gens du Régime aux abois » seraient prêts à saisir toutes les occasions pour affaiblir le MSI et son « irrésistible ascension1 ».
3Dans les colonnes de Défense de l’Occident, Almirante fait ainsi de la tentative de coup d’État du prince Borghese de décembre 1970 une manœuvre de diversion du ministère de l’Intérieur italien à des fins électorales et il dénonce le parti communiste italien qui aurait « tiré les ficelles dans toute cette comédie2 ».
4Un an plus tard, l’arrestation de Pino Rauti dans le cadre de l’enquête sur la strage de Piazza Fontana ne serait ainsi que l’une des vaines tentatives du régime pour mettre en difficulté le parti d’extrême droite. Cet attentat à la bombe a des répercussions jusque dans les colonnes de la presse d’extrême droite française qui s’insurge contre « l’affaire Pino Rauti, membre du secrétariat exécutif du MSI, arrêté sous l’inculpation d’avoir participé à l’horrible attentat de Milan (16 morts) ». L’auteur de l’article s’insurge contre l’arrestation de Rauti, « théoricien politique remarquable ». Les responsabilités de Rauti au sein du parti constitueraient ainsi un élément à décharge pour l’homme politique car, « on voit assez mal l’un des chefs d’un grand parti se mêler directement à une affaire aussi sérieuse et aussi risquée3 ». Cette arrestation est qualifiée de « provocation invraisemblable » alors que l’anarchiste Pietro Valpreda4, « héros » des « gauchistes » a également été arrêté dans cette affaire. Ordre Nouveau désigne ainsi le coupable idéal, qui fut lui aussi l’objet d’une campagne de presse diffamatoire, sans que l’auteur ne prenne la peine de le souligner5. Parallèlement, renforçant la thèse de la persécution, l’auteur déplore la tentative de meurtre d’un jeune militant d’extrême droite abattu à Rome le 18 mars alors qu’il se rendait à un meeting du MSI, Piazza del popolo6. C’est un parallèle édifiant qui est ici dressé, entre un attentat à la bombe ayant entraîné le décès de seize victimes et l’assassinat politique d’un jeune militant du MSI. La jeunesse italienne d’extrême droite, engagée physiquement pour défendre la présence de son parti dans la rue aurait payé, selon Giorgio Almirante, le prix du sang. Le secrétaire cite, en 1972, l’ensemble des « Martyr[s] » de l’extrême droite qui contribuent indéniablement au maintien de l’unité du mouvement7.
5La thèse de la persécution est également nourrie par la supposée « provocation née de la mort du milliardaire gauchiste Feltrinelli » dont l’enquête se serait, dans un premier temps, orientée vers un meurtre impliquant l’extrême droite avant de se diriger « vers les compagnons du terroriste8 ». Ordre Nouveau n’hésite pas, dans une édition successive de son journal, à titrer « Italie : gauchistes assassins », relayant ainsi la propagande victimaire constitutive de la construction identitaire du MSI au début des années 19709. Face au silence de la presse italienne sur la question, Almirante se serait directement adressé à ses homologues français Alain Robert et Pascal Gauchon pour qu’ils se fassent l’écho de ces thématiques dans leurs colonnes10.
6Selon Ordre Nouveau, les pouvoirs publics seraient parvenus, par « l’agitation cyclique du mythe du néofascisme renaissant », à détourner l’attention des observateurs et de l’opinion publique. Sans doute le périodique fait-il référence aux enquêtes portant sur les attentats qui ensanglantent la péninsule durant cette période et qui s’orientent progressivement vers la « piste noire ». Autorités et « gauchistes » auraient recours au « mythe du néofascisme », victime expiatoire, qui ferait oublier « les véritables problèmes11 ». Les incidents violents qui touchèrent Milan lors du « jeudi noir » du 12 avril 1973 en constitueraient un exemple éclatant. La capitale lombarde est en effet marquée par de graves troubles consécutifs à l’interdiction d’une manifestation du MSI12 : des affrontements violents entre jeunes d’extrême droite et la police se soldent par la mort d’un policier, touché par une grenade lancée par deux militants néofascistes. Ordre Nouveau disculpe le MSI de toute forme de responsabilité dans les heurts advenus et ils relaient le propos de Giorgio Almirante qui aurait parlé, pour expliquer les affrontements, de « machination policière », dédouanant de fait les militants d’extrême droite.
7Le périodique français s’insurge ainsi contre la « campagne de haine » déclenchée par des journalistes accusés d’être des « agitateurs de mythes ». Il rappelle au lectorat français que c’est dans ce climat politique tendu que les « deux fils d’un ouvrier du MSI », les frères Mattei, furent victimes d’un « horrible assassinat » dans la banlieue rouge de Rome. Les fils d’un militant de la section romaine de Primavalle furent effectivement brûlés vifs dans l’incendie de leur appartement, qui avait été déclenché délibérément par « trois gauchistes du mouvement “Potere Operaio”13 ». Le périodique reproduit l’effroyable photographie du « rogo de Primavalle » – brasier de Primavalle, largement diffusée au sein de l’extrême droite. Virgilio et Stefano Mattei y apparaissent à la fenêtre de leur appartement tentant d’échapper aux flammes. La ghettoïsation du mouvement et le choc traumatique que l’assassinat monstrueux de ces deux jeunes gens provoqua au sein de l’opinion missine ne doivent pas masquer cette forme de concurrence morbide mise en scène par le périodique français : au carabinier mort pendant la manifestation du MSI répondrait les deux frères Mattei, brûlés vifs. L’auteur dénonce en outre l’impunité judiciaire dont jouiraient les leaders italiens du Movimento studentesco. Aux militants du MSI, systématiquement persécutés par la police et les gauchistes, en vertu du slogan « Uccidere un fascista non è un reato » – Tuer un fasciste n’est pas un délit, répondrait le laxisme de la magistrature à l’égard de l’extrême gauche dont Mario Capanna, l’un des leaders du Sessantotto italien – victime de la violence d’extrême droite – aurait bénéficié14.
Le « complot » de la démocratie-chrétienne
8La force de la propagande ne saurait toutefois masquer les faits et données électorales qui marquent un net recul du MSI après 1973. Le parti peine en effet à maintenir, auprès de l’électorat modéré, son image de parti de l’ordre, alors que ses franges extrêmes se manifestent régulièrement par leurs actions violentes. Le parti prend également ombrage de l’orientation progressive des enquêtes pour stragi vers une matrice d’extrême droite. L’ouverture de l’enquête judiciaire contre le MSI et la levée de l’immunité parlementaire de son secrétaire national Giorgio Almirante, votée par l’ensemble des partis républicains, contribue à rendre grandement improbable une participation missine à un gouvernement d’ouverture à droite. Affaibli par les attentats, le MSI l’est également par l’inculpation d’Almirante pour « reconstitution du parti fasciste » par la magistrature milanaise le 24 mai 197315. Les auteurs s’inquiètent des « mesures très graves » qui pourraient en découler « en cas de reconnaissance de culpabilité16 », ce qui paraît fort peu probable, lorsque l’on constate l’application fort restrictive de la « loi Scelba17 » depuis sa promulgation, en 1952. Alain Robert ne ménage pas ses efforts pour signaler à son homologue italien son soutien et il publie dans le Secolo d’Italia du 27 mai 1973 le message suivant :
« Je tiens à vous féliciter pour votre interfention [sic] à la télévision française, qui a été très remarquée par tous les observateurs politiques. Je vous assure de notre totale solidarité et de notre résolution au cas où d’inadmissibles sanctions seraient imposées par la gauche italienne contre le MSI, de manifester à travers toute la France pour prouver l’unité d’action des nationalistes dans toute l’Europe. Alain Robert secrétaire général Ordre Nouveau18. »
9Ces événements nourrissent, en Italie, un complexe de persécution constitutif de la construction identitaire du MSI tandis qu’Ordre Nouveau en fait une preuve des succès du parti et de l’inquiétude que celui-ci suscite au sein des instances dirigeantes italiennes19. Par la force du verbe, Ordre Nouveau fait d’un événement qui menace l’existence même du « parti frère » italien, un marqueur politique positif.
10En 1975, Duprat ne masque toutefois pas son inquiétude. Alors qu’en 1972, il insistait sur les répercussions positives des attentats de Milan et de Rome sur le parti d’extrême droite italien qui aurait donné un nouvel élan aux « Missini20 », il insiste désormais sur « l’effet déprimant » que « le matraquage de la presse, de la radio et de la télévision sur les fameuses “pistes noires” » aurait eu sur l’électorat de la droite nationale21. Duprat et Cabona soulignent la situation délétère du parti, marquée par la démission de l’amiral Birindelli22, représentant de l’aile modérée. Ils s’inquiètent également du départ possible de l’aile droite et activiste du parti dirigée par Pino Rauti, susceptible de succomber à la tentation extra-parlementaire. Face aux difficultés croissantes auxquelles se heurte le MSI, les auteurs ont recours à une rhétorique complotiste. Ils reprennent en réalité une argumentation développée dès juillet 1972 par Almirante lui-même, qui considère les accusations de « reconstitution de parti fasciste » proférées à son encontre comme une manœuvre politique de la DC et des partis de gauche pour le liquider politiquement.
11Malgré cette situation délicate, l’Italie demeure pour Duprat « le pays phare des Nationaux Européens », celui qui favorise le travail en commun des « partis-frères » et unifierait l’Europe nationaliste. Il lance ainsi un vibrant appel à l’unité des forces de droite pour que le MSI puisse poursuivre son ascension politique23. Bardèche partage ce point de vue et en février 1973, il prononce un plaidoyer vibrant pour le leader missin. Il critique ouvertement la stratégie adoptée par les mouvements minoritaires, comme Ordine Nuovo, susceptibles d’adopter des positions intransigeantes en raison de leurs effectifs réduits. Il défend fermement la stratégie adoptée par Almirante au sein du MSI dont les leaders ne pourraient « pas être effectivement intransigeants. Car ils sont d’abord les gérants d’un patrimoine ». Il affirme : « vous ne pouvez donc pas exiger du responsable d’un électorat de deux millions et demi d’habitants qu’il se conduise comme le chef d’une patrouille ». Et Bardèche conclut par ces mots qui témoignent de son attachement sentimental à la figure almirantienne et au parti italien :
« En définitive, il s’agit de savoir si vous avez confiance en Almirante. En son caractère et en son intelligence. Je ne peux pas répondre à cette question à votre place. Je peux seulement vous dire qu’il n’y a pas de combat politique qui ne repose finalement sur une telle confiance. Avant de la refuser, je vous demande de méditer cette parole d’un étranger qui a infiniment de sympathie pour vous, pour votre courage, pour votre sincérité : ce qui est étonnant, ce n’est pas que le MSI prenne parfois des positions qui surprennent ou qui déçoivent, c’est bien que le MSI existe, tout simplement. Nous voudrions bien pouvoir en dire autant chez nous24. »
12Tandis que le MSI entre à partir de 1973 dans une phase électorale descendante, la stratégie électoraliste du Front national se solde par un échec cuisant aux élections législatives de 1973. Malgré le substantiel soutien financier et pour la propagande qui est apporté par le MSI à son « parti frère », la sanction du suffrage universel est cuisante : le parti rassemble, à l’échelle nationale, 1,32 % des suffrages.
13Alors que l’extrême droite française traverse une phase d’incertitudes et de scissions, le soutien du MSI devient pour les partis qui la composent un véritable enjeu de légitimation et de survie politique.
Le tournant de 1973-1974 : FN-PFN, le soutien indispensable du MSI
14La période trouble de transition qui suit l’échec électoral d’Ordre Nouveau aux élections législatives et la dissolution du mouvement qui aboutit, à l’automne 1973, à la scission d’anciens membres d’Ordre Nouveau, est marquée par d’intenses contacts franco-italiens. La concurrence entre FN et PFN complexifie les relations entre partis français et parti italien.
15En 1973, l’extrême droite française renoue avec une longue tradition : la scission. Alors que l’alliance électorale du Front national demeure en place et se constitue progressivement en parti, dirigé par Jean-Marie Le Pen étroitement secondé par François Duprat, une partie des anciens membres du bureau politique d’Ordre Nouveau se rassemble autour d’Alain Robert. Le 17 octobre 1973, ils créent le journal Faire front qui donne rapidement naissance aux comités « Faire front », organismes d’accueil constitués autour de cet hebdomadaire25. C’est autour de ces comités qu’est créé, au printemps 1974, le Parti des forces nouvelles.
16Une structure concurrente à celle du Front national se met en place en 1973-1974. Elle bénéficie d’une audience non négligeable dans le milieu : le congrès constitutif du Parti des forces nouvelles organisé en novembre 1974 rassemble 250 délégués26. Son secrétaire général, Pascal Gauchon, est secondé par Alain Robert, François Brigneau, Jean-François Galvaire, Gabriel Jeantet27, Jack Marchal28, Yves Van Ghele29 et Anne Meaux30, présidente du Groupe Union Défense (GUD)31. Parallèlement, le groupe crée l’association « Front de la jeunesse » qui devient « la filiale “jeunes” des “comités Faire front”32 ».
17Cette période de transition et de scission s’avère cruciale pour l’extrême droite française en recomposition après l’expérience unificatrice du Front national, tant le soutien du MSI est alors fondamental. La fonction légitimatrice de cet appui associée au soutien financier du parti, font sans doute du MSI l’une des conditions de la survie de chacune des tendances de l’extrême droite divisée. Tandis que l’extrême droite de la fin des années 1960 s’est attachée à unifier les différents groupes et courants qui la composent, dès 1972 cette dynamique interne est mise à mal par des conflits idéologiques et personnels. L’établissement et la revendication du lien exclusif avec le MSI témoigneraient de la domination de l’une ou l’autre tendance sur l’extrême droite française. La continuité militante établie entre Ordre Nouveau et les comités Faire front, puis le Parti des forces nouvelles font de ce parti l’interlocuteur privilégié du MSI qui n’a toutefois de cesse, durant les années 1970, de donner le change en maintenant des relations avec le Front national de Jean-Marie Le Pen. Le MSI s’adonne ainsi à un double jeu qui lui permet de maintenir son ascendant sur l’extrême droite française.
18FN et PFN se placent incontestablement sous le signe de la dépendance à l’égard du « grand frère italien ». Ce déséquilibre structurel des forces qui se maintient jusqu’à la fin de notre période marque profondément les relations italo-françaises du sceau de la dépendance. Les services de renseignements français considèrent que les rapports entre le MSI et les partis français – FN et PFN – se situent au niveau des organisations et se manifestent par la présence de représentants italiens aux congrès des mouvements, par l’adresse de message de sympathie et par une aide financière occasionnelle des Italiens aux Français.
19Suite à la scission d’Ordre Nouveau à l’automne 1973, le Front national est en proie à de nombreuses difficultés. Le parti de Jean-Marie Le Pen s’attache ainsi à restructurer le parti à l’échelon national et à établir des relations avec ses homologues étrangers33. Tandis que le parti se construit et promeut son implantation locale en créant des fédérations départementales, l’objectif de Le Pen est de se présenter comme le porte-parole de l’opposition nationale. Pour renforcer la légitimité du Front national, ses dirigeants auraient pris contact avec les « extrémistes belges du “Club Nouvelle Europe Magazine” ». Ils auraient également approché le Mouvement social italien : le trésorier adjoint du Front national aurait rencontré, au début de l’année 1974, à Rome, Giorgio Almirante. Celui-ci lui aurait donné l’assurance que son parti reconnaissait désormais le Front national comme le représentant du nationalisme français et le seul interlocuteur du MSI en France. L’auteur de la note précise en outre qu’Almirante serait « partisan d’une “internationale fasciste” ». Selon la DCRG,
« Les relations ainsi établies entre les deux organisations aboli[raient] celles qui existaient précédemment entre le MSI et les dirigeants extrémistes de l’ex-Ordre Nouveau (qui ont fondé le comité faire front) et l’aide matérielle dont ces derniers avaient bénéficié de la part du parti italien (des affiches de propagande pour Ordre Nouveau ont été éditées gratuitement par le MSI entre 1970 et 1972) pourrait donc éventuellement profiter dans l’avenir au “Front national”. Déjà le principe de rapports suivis aurait été arrêté et, lors d’une réunion tenue à Paris, le 1er mars, M. Jean-Marie Le Pen a annoncé son intention d’inviter prochainement en France M. Almirante ».
20Le Front national tient effectivement, le 1er mars 1974, une réunion privée d’information à l’hôtel Modern, place de la République, en présence de 200 personnes. Le Pen s’y dit prêt à dialoguer « avec tous les mouvements de droite pour faire un front commun et défendre la nation », il fait également état « des relations d’amitié établies avec le MSI en Italie… ». Le Pen souhaite en effet inviter Almirante en France et organiser « avec ses amis belges, une “fête de plein air nationaliste” dans le Nord de la France, au début de l’été ». La DCRG ne rapporte toutefois, par la suite, aucune rencontre entre Almirante et Le Pen.
21Contrairement à ce que le secrétaire du parti italien affirme, le Front national est loin d’être le partenaire français exclusif de l’extrême droite italienne, propos pourtant réitérés par son représentant lors du deuxième congrès du FN, en juillet 1974. Alors que le Front national déplore que les délégations étrangères soient quasiment absentes, à l’exception notable d’une organisation khmère et d’un membre de la direction nationale du MSI, le FN tente de nouer de solides relations avec le MSI afin d’évincer auprès de celui-ci les dirigeants de l’ex-Ordre Nouveau. Le représentant du MSI est ainsi chaleureusement applaudi par l’assistance réduite de 250 participants environ, tandis que l’Italien souligne dans une courte allocution que le « “Front national” était le parti frère du MSI34 ».
22Pourtant, en 1974, le Front de la jeunesse, filiale jeune du PFN, est le principal bénéficiaire des aides financières du MSI, certainement grâce aux démarches entreprises, dès la scission, par Alain Robert. Un mois après la dissolution d’Ordre Nouveau, il se rend à Rome pour y rencontrer Giorgio Almirante et chercher des subsides à l’étranger. Vraisemblablement préoccupé par le maintien des relations du groupe avec le MSI, le dirigeant d’Ordre Nouveau a prévu de se rendre dans la capitale italienne le 24 juillet 1973 pour exposer au leader du MSI « ses difficultés, notamment financières ». La rencontre avec Almirante est finalement annulée au dernier moment, même s’il est prévu que les dirigeants d’Ordre Nouveau rencontrent des « amis du MSI35 ». Cette initiative porte ses fruits : dans un premier temps, le PFN bénéficie d’une relation privilégiée avec le MSI. Pascal Gauchon, lors d’une réunion privée du PFN organisée à Toulon le 14 décembre 1974, reconnaît entretenir des contacts très étroits avec le MSI, le NPD, la Phalange espagnole et l’extrême droite anglaise. Parallèlement, les échanges entre Marco Tarchi et le niçois Jean-Marc Tesseire, membre du PFN, apparaissent réguliers et suivis, comme en attesterait la présence du Français au domicile de Tarchi lors de la perquisition qu’il subit en novembre 197436.
23Si le secrétaire du PFN est parvenu à maintenir les relations établies à l’époque d’Ordre Nouveau, il semble que ce soit le Front de la jeunesse qui bénéficie principalement des collaborations et échanges avec ses voisins du MSI. En 1975, l’agression de cinq jeunes nationalistes français par des « gauchistes » italiens à Milan est l’occasion pour la DCRG de faire le point sur les relations entre Français et Italiens. L’état-major du Front de la jeunesse aurait eu rendez-vous dans la banlieue de Milan avec des représentants du MSI et des journalistes de la presse d’extrême droite italienne. Les jeunes Français invoquent des motifs touristiques pour expliquer leur présence dans la capitale lombarde et affirment avoir été agressés alors qu’ils déjeunaient dans un restaurant proche de la faculté à Milan. Leur version est la suivante : à la vue des journaux italiens de droite en leur possession, un groupe de « gauchistes » les aurait très violemment attaqués, à coup de barres de fer. Il semble toutefois que les choses se soient passées différemment. Les militants du Front de la jeunesse présents en Italie pour tenter de remédier aux problèmes financiers du groupe auraient été identifiés et suivis par un commando « gauchiste » agissant sur ordre. Une rencontre très importante devait se tenir à Milan et elle a justifié le déplacement de l’état-major du PFN : il s’agissait en effet d’obtenir « une aide substantielle de l’étranger au Front de la jeunesse, pour une action à mener en France37 ». C’est la solidarité activiste et militante entre Français et Italiens qui apparaît ici.
24Le responsable du PFN des Alpes-Maritimes (PR) apparaît d’ailleurs comme un intermédiaire fondamental dans les relations entre le parti français et le MSI : il aurait été l’interprète et l’agent de liaison permanent des nationalistes français qui « travaillent en Italie du Nord et participent aux stages des camps d’été néofascistes où ils s’entraînent au “close-combat” et au tir entre deux séances d’endoctrinement politique au cours desquelles sont commentées les œuvres de Nietzsche, Brasillach et Drieu La Rochelle ». PR est ainsi qualifié d’« agent de liaison » du parti français, chargé de superviser les stages accomplis par les jeunes Français dans les camps du MSI. Outre des subsides, le Front de la jeunesse bénéficierait de la formation politique et militante des structures du parti italien. Il n’est pas rare en effet que des militants du PFN soient interpellés au poste frontière de Menton, en provenance du siège du MSI de San Remo, porteurs de publications ou d’affiches. Des rencontres fréquentes ont lieu entre militants français et transalpins à Nice ou dans les villes italiennes frontalières38. Pour le MSI de San Remo, les militants de la section du PFN de Nice sont des partenaires politiques fiables et les Italiens tournent leur regard vers la frontière française. Plusieurs militants de la ville côtière italienne auraient ainsi séjourné régulièrement à Nice à l’occasion de meetings tenus par le Front de la jeunesse39.
25Les enjeux politiques et financiers liés au soutien du MSI sont donc majeurs pour l’extrême droite française qui se dispute son soutien tout au long des années 1970.
Le double-jeu du MSI
26Alors que les partis français s’arrogent l’exclusivité de la relation avec le MSI, le parti italien cherche à ménager les deux parties en présence et leur accorde tour à tour son attention. Un représentant du MSI est présent lors du deuxième congrès du Front national (FN) en juillet 1974, c’est également le cas quelques mois plus tard lors du congrès constitutif du PFN organisé du 9 au 11 novembre 197440. Marco Tarchi y assiste et il en dresse un récit circonstancié dans les colonnes de L’Italiano. Pour le militant italien, « finalement, la droite française se bouge ». Il cite François Brigneau et définit les caractéristiques d’une « droite intelligente » :
« Défense du fléau de l’immigration sauvage et incontrôlée, dans un pays déjà attaqué par le chômage, de centaines de milliers de nord et centre-africains chaque année… »
27Il dénonce pêle-mêle la supposée « gauchisation du régime de Giscard » qui étranglerait commerçants et artisans, la libéralisation de l’avortement et la majorité à dix-huit ans tandis qu’il évoque avec grande précision les interventions de Pascal Gauchon, Jack Marchal, Alain Robert, Gabriel Jeantet et Jean-François Galvaire. Le PFN aurait ainsi donné l’image d’une « Droite qui marche avec son temps41 ». Si Tarchi contribue ainsi à la publicisation de l’action du PFN dans la péninsule, il est également, grâce aux relations étroites qu’il entretient avec ses camarades français et notamment avec Jack Marchal, à l’origine de l’importation, en Italie, du rat noir, symbole stigmatisant retourné par les militants d’extrême droite et érigé en symbole identitaire42. Cet emblème connaît une grande postérité, aisément mobilisable par une extrême droite condamnée par l’aile politique opposée dont l’un des slogans est, dans les années 1970, Fasciste carogne, tornate nelle fogne [Fascistes charognes, retournez dans les égouts]. Le rat noir connaît un grand succès ; il est une icône largement partagée par les diverses tendances qui composent les extrêmes droites italiennes et françaises dans les années 1970 et 1980. Il devient notamment la mascotte du périodique satirique créé par Marco Tarchi en 1974 La voce della Fogna [La voix des égouts] et demeure omniprésent dans ses colonnes jusqu’en 1983.
28Parallèlement, Le National, périodique du Front national se félicite, dans son numéro de juin-juillet 1975, d’avoir bénéficié d’un entretien exclusif avec Giorgio Almirante. L’entretien est vraisemblablement très bref et les questions abordées concernent spécifiquement la situation sociale et politique italienne. Almirante se montre, comme tout leader politique, optimiste sur les résultats électoraux à venir du MSI et affirme que non seulement, le MSI conservera le très bon résultat obtenu en 1972, mais qu’il compte même sur une augmentation des suffrages43. Le témoignage de Massimo Magliaro s’est révélé, sur ce point, fort instructif. Il entre en 1970 comme journaliste au Secolo d’Italia avant d’en devenir le directeur, puis d’être nommé directeur du bureau de presse du parti. L’Italien explique que, s’il nourrissait une grande estime pour Alain Robert, son objectif final n’était pas clair : il visait à un accord avec la droite parlementaire, ce qui, dans le discours sans doute reconstruit de Magliaro, déplaisait au MSI. Peut-être fait-il écho au soutien apporté par le PFN à la campagne de Valéry Giscard d’Estaing en 1974 ou, plus tard, à son soutien affiché pour la droite parlementaire contre l’union de la gauche aux élections de 197744.
29Il explique néanmoins que le PFN bénéficiait de l’aide du MSI car ils étaient « arrivés les premiers ». Magliaro raconte en outre s’être rendu, lors de l’un de ses séjours à Paris où il représentait Almirante, en 1976, dans la même journée au deuxième congrès du PFN, puis auprès de Jean-Marie Le Pen. Il souligne d’ailleurs le décalage générationnel entre les jeunes militants du PFN et les personnes qui entourent alors Le Pen45. Ce double-jeu mené par Almirante et le MSI est clairement percé à jour au début de l’année 1978 par les Cahiers européens notre Europe de François Duprat qui n’hésite plus à critiquer la politique d’Almirante qui, à l’occasion de son voyage en France, aurait « demandé de voter pour la majorité » tout en renouvelant, selon l’auteur, son soutien aux candidats du Front national. Quelques semaines plus tard, les auteurs du périodique, fermement opposés au PFN qu’ils accusent de faire le jeu du système, soulignent qu’Almirante aurait, « sans surprise », « donné aux partisans d’une ligne régimiste analogue à celle après laquelle il soupire en vain, à savoir le PFN, des affiches gratuites… la boucle est bouclée46 ».
Des Italiens qui bénéficient d’un appui militant et opérationnel
30En outre, lorsque le MSI est en difficulté, c’est vers leurs camerati français que les missins se tournent. En 1975, Duprat rapporte ainsi dans Notre Europe les propos tenus par Maurizio Cabona dans le numéro 45 des Cahiers européens qui soulignent, dans le climat de persécution dont seraient victimes les militants du MSI, l’importance de la solidarité française par ces mots :
« Les poursuites contre le Mouvement social italien sont de plus en plus violentes. Des centaines de militants ont été emprisonnés. Notre avenir est sombre… il faut que les Nationalistes français nous aident avant qu’il ne soit trop tard. »
31Duprat ne manque pas de rapporter les chiffres largement surévalués des militants poursuivis, emprisonnés, exilés, qui étaieraient la thèse d’une extrême droite italienne persécutée par le régime démocratique. Selon ses dires, « 300 nationalistes » seraient emprisonnés tandis que 400 seraient en fuite à l’étranger et que 300 seraient « sous le coup de poursuites judiciaires plus ou moins graves47 ».
32Dans ce contexte, les Français ont fait bénéficier leurs collègues italiens de leur soutien actif. Des actions ponctuelles auraient ainsi été effectuées par des « équipes mixtes comprenant des néofascistes français et italiens48 ». Il n’est guère étonnant que les Italiens fassent appel à leurs camarades du PFN, lorsque l’on sait que c’est le PFN qui hérite du GIN, défini par les « services spécialisés » comme la « fraction opérationnelle du Parti des forces nouvelles, revendiquant les actions de ce parti sous un sigle n’engageant pas la responsabilité » du parti d’extrême droite49. La continuité de l’action violente exercée par le potentiel militant d’Occident renouvelé au sein d’Ordre Nouveau, puis du Parti des forces nouvelles, et qui bénéficiait de la formation d’anciens OAS, aurait pris fin, selon des rumeurs persistantes, relayées par les rédacteurs des Cahiers Européens qui en profitent pour régler leurs comptes avec le PFN, lors du rapt du PDG de Phonogram, Louis Hazan50.
33D’autre part, le soutien aux phalangistes libanais, affiché par le PFN lors de son deuxième congrès des 13 et 14 novembre 197651, doit peut-être être rattaché aux formations dont certains membres du GIN auraient pu bénéficier au Liban, au milieu des années 1970, et où ils ont d’ailleurs pu entrer en contact avec des Italiens, comme l’exemple de Patrick Pimbert le montre. Hypothèse qui trouve un élément de confirmation dans l’ouvrage dirigé par les militants d’extrême droite Frédéric Châtillon, Thomas Lagane et Jack Marchal et dans lequel les auteurs affirment qu’en 1976, des militants du GUD partirent se battre aux côtés des Phalanges chrétiennes52.
34Dans le contexte troublé de la campagne électorale de 1976, Almirante aurait ainsi décidé de faire appel aux « membres les plus éprouvés du Front de la jeunesse, filiale jeune du Parti des forces nouvelles […] en vue de faire face aux menées gauchistes ». Pour le MSI, la France doit être une base-arrière de la lutte, « accueillant les réfugiés politiques et fournissant à ces commandos les moyens d’effectuer des “raids” sur l’Italie » en cas de victoire de la gauche aux élections législatives du 27 juin 197653.
35Ce serait un véritable appui militant et opérationnel que les Français du Front de la jeunesse seraient susceptibles d’offrir à un MSI divisé et en net recul électoral.
Un intermédiaire français pour régler un conflit interne au MSI
36En outre, comme le raconte Massimo Magliaro en 2012, c’est vers un intermédiaire français que se tournent les dirigeants du MSI en 1977 pour tenter de régler un conflit interne qui éclate au sein du parti lors des élections du président du Fronte della gioventù. Ce sont en effet les deux grandes tendances du MSI, portées par Almirante et Rauti, qui s’affrontent lors de ces élections. Largement majoritaire au sein de sa jeunesse, la tendance rautienne, représentée par Marco Tarchi, proche de la Nouvelle droite française, est donnée gagnante et remporte largement ces élections internes qui se soldent néanmoins par la nomination, au mépris du principe démocratique, du dauphin d’Almirante, Gianfranco Fini, à la tête des jeunesses du parti. Les Cahiers européens de François Duprat, proches de la tendance rautienne du MSI ne manquent pas de relayer cette information et dénoncent le « coup de force » d’Almirante qui aurait interprété les résultats et qui aurait fait naître au sein du parti de fortes tensions54. Pour régler le conflit interne qui éclate à l’occasion de ces élections, Rauti aurait ainsi tenté, en vain, de faire d’Alain de Benoist un médiateur privilégié de la crise. Le théoricien de la Nouvelle droite se serait ainsi refusé à être impliqué dans cette querelle de tendances, doublée de rivalités personnelles évidentes et qui déchirent le parti à la fin des années 1970.
L’Eurodroite : la « victoire » du PFN
37L’« affrontement » entre les deux partis est sanctionné, en 1978, par la victoire du PFN et sa participation, en tant que représentant de l’extrême droite française, à l’alliance électorale de l’Eurodroite constituée en vue des élections européennes de 1979. Comme l’admet Giorgio Almirante dans son ouvrage Intervista sull’Eurodestra55, il s’agit d’une réponse directe à l’Eurocommunisme56. L’expérience confère au PFN une légitimité dont témoigne une note des renseignements datée de janvier 1978, qui affirme sans ambages que le Parti des forces nouvelles demeure « le principal mouvement activiste d’extrême droite57 ». Massimo Magliaro se souvient des réunions qui précédèrent la mise en place de cette alliance électorale, qui tente de faire exister l’extrême droite à l’échelle européenne : elles se seraient en partie tenues chez Sixte-Henri de Bourbon-Parme. Le programme politique promu par ces extrêmes droites européennes est notamment présenté dans les colonnes de Dissenso, mensuel du Fronte della Gioventù. Rejetant la logique des blocs, le programme de la « Giovane Europa » formée par les militants du Parti des forces nouvelles, du Fronte della Gioventù et de Fuerza Nueva en appelle à une Europe libre des « idéologies matérialistes », du « communisme athée », de « l’hégémonie financière nord-américaine et de l’impérialisme militaire soviétique ». Cette Europe troisième voie serait également sociale, sensible aux problèmes des travailleurs et assurant leur participation à la vie économique des nations tout en réfutant la lutte des classes58.
38La campagne électorale commune mise en place par les trois principaux partis européens – MSI, PFN et Fuerza Nueva – favorise rencontres et échanges dont les services de renseignements français et italiens se font l’écho. Almirante va jusqu’à affirmer, en 1978, dans un ouvrage de propagande qui vise à promouvoir cette initiative politique, que les leaders de l’Eurodroite seraient « devenus amis […] amis pour toujours ; comme lorsque l’on combat à la vie à la mort du même côté de la barricade, et quand la barricade n’est pas faite de matière brute mais d’âmes et de cerveaux59 ». Ses représentants promeuvent leur programme politique lors de grands meetings électoraux à Rome, Marseille et Madrid, mais également dans les bastions électoraux de la droite en Italie, en Sicile par exemple. Le premier congrès de l’Eurodroite, organisé au printemps 1978, se tient, sans surprise, à Rome, témoignant de la prééminence, au sein de l’alliance, des Italiens, politiquement plus puissants que leurs collègues espagnols et français. La réunion, qui a pour ambition de jeter les bases d’une collaboration stable entre formations politiques de droite, rassemble environ 150 personnes60. Le parti italien est représenté par ses dirigeants – Almirante, Pino Romualdi et Miceli – et des parlementaires tandis que la délégation française est composée de Pascal Gauchon, Alain Robert, membres du bureau politique du parti, de Ghislaine Lauret et Jack Marchal du comité central, de Joël Dupuy61 et de Jean-Louis Tixier-Vignancour. Blas Pinar est à la tête d’une délégation espagnole nombreuse. Les interventions des participants insistent sur la nécessaire constitution d’un front européen de forces de droite qui, tout en conservant leurs spécificités nationales, s’opposeraient à l’avancée du communisme et édifieraient une nouvelle Europe politique non marxiste. Les participants auraient en outre justifié leur alliance en insistant sur l’histoire et les traditions communes des trois pays et sur la nécessité de répondre activement au danger marxiste, incarné dans l’Eurocommunisme62. En juin 1978, Almirante se rend à Paris, personnellement accueilli par Alain Robert et une délégation de dix dirigeants du PFN.
39Ceux-ci demandent d’ailleurs aux autorités françaises une protection pour Giorgio Almirante, après avoir subi le matin même une attaque au cocktail molotov place de la Nation à Paris, symptôme de la tension qui règne autour de ces rassemblements63. La campagne électorale se poursuit, en décembre 1978, en Sicile, bastion du MSI où l’Eurodroite peut espérer obtenir de bons résultats électoraux. Sixte-Henri de Bourbon-Parme, dont la présence n’est sans doute pas négligeable au vu des disponibilités financières du prince, et Jean-Marie Teisseyre accompagnés de Gianfranco Fini, alors secrétaire national du Fronte della gioventù s’y rendent64. Elle fait également halte à Lyon où, le 6 février 1979, selon les services français, ce sont environ 450 personnes qui se réunissent pour entendre l’intervention à la tribune des principaux responsables de l’extrême droite européenne dont Almirante, tandis qu’à l’extérieur, 4 500 contre-manifestants protestent contre la tenue du meeting65.
40La campagne électorale de l’Eurodroite suscite l’inquiétude des instances gouvernementales en charge de l’ordre public qui ne manquent pas, en Italie comme en France, d’exprimer leur préoccupation et périodiquement, d’interdire certaines de ses manifestations. C’est le cas notamment à Nice où le préfet des Alpes-Maritimes s’oppose à une réunion prévue le 20 avril 1979. La participation de Giorgio Almirante motive la décision préfectorale : « en raison du passé de cette personne et du climat actuel du pays voisin », le préfet émet « des réserves particulièrement graves dans le département des Alpes maritimes qui, frontalier, abrite une importante colonie italienne66 ».
Les financements occultes de l’Eurodroite
41D’autre part, le financement de l’Eurodroite, du PFN et du MSI fait l’objet de l’attention du SIFAR qui publie plusieurs documents à ce sujet en janvier et février 1979. Ils mettent au jour des réseaux franco-italiens de financements occultes. Le 13 janvier 1979, le bureau contrôle et sécurité du SIFAR transmet à la première division de l’organisme de renseignements militaires la note suivante, que nous citons intégralement en raison de son caractère exceptionnel :
« Une source généralement fiable informe que le Mouvement social italien et l’eurodroite bénéficient de financements de nature secrète. Il semble en particulier que la principale source de financement soit constituée par la banque Worms de Paris qui se sert pour ces opérations d’un certain George [sic] Albertini né en Corse et ancien bras droit de Marcel Deast [sic]. L’un des principaux destinataires de ces financements est le député Almirante qui semble bénéficier de crédits équivalents à 7 millions de francs (1 milliard et 400 millions de lires).
Un autre financement arrive directement à l’imprimeur Ciarrapico de Cassino qui édite des affiches pour le compte du MSI et des “Fources [sic] nouvelles” (mouvement d’extrême droite française [sic] relié au MSI).
Pour lesdits financements l’imprimeur cité se sert d’un compte ouvert à son nom auprès de l’Union des Banques Suisses no 421-435-30 X à Lausanne.
La même source affirme que le Secolo (organe officiel du MSI) traverse des difficultés économiques.
Dans certains pays européens des contacts ont été pris pour la création d’une nouvelle ligne politique de soutien au Parlement Européen qui permettrait d’obtenir des financements par l’intermédiaire de Banques Suisses.
Le siège légal du journal, suite aux financements cités ci-dessus, pourrait même être déplacé tout en maintenant l’impression du journal en Italie67. »
42Un document daté du 2 mars 1979, dont la mention de provenance a été délibérément effacée mais émanant vraisemblablement d’un service étranger, comme la mention « traduzione » apparaissant sur le document le laisse penser, accorde quelque crédit à la nouvelle. À nouveau et de manière exceptionnelle, nous reproduisons le document dans sa version intégrale :
« Nous vous remercions des informations que vous nous avez communiquées sur le financement secret du MSI et de l’Eurodroite. Georges Albertini
– né le 13/05/11 à Châlons-sur-Marne, est effectivement connu de notre service.
– De 1931 à 1940 il a appartenu au Mouvement de la Jeunesse socialiste et à la SFIO.
– En 1940 il collabore avec le régime du Maréchal Pétain avec le gouvernement de M. Déat, ce qui lui cause une condamnation à une peine de prison.
– Suite à son amnistie, il entre à la banque Worms et se dédie à une intense activité anti-communiste.
Très dynamique, directeur de la revue Est-Ouest, il a attiré en raison de son comportement, l’attention de plusieurs services Spéciaux occidentaux avec lesquels il a travaillé et des services spéciaux de l’Est qui ont tenté de pénétrer au sein de son organisation.
C’est ainsi que, par exemple, des voyages d’étudiants en URSS qu’il organisa à des fins de renseignements, entre 1954 et 1962, ont été identifiés et bouleversés par le KGB, qui à cette occasion a démontré ne pas ignorer qui en était l’organisateur.
Les relations de G. Almirante et d’Albertini remontent aux années 1950 et le financement du MSI par la banque Worms est parfaitement plausible dans la mesure où Albertini y a conservé des intérêts. De son côté, le dénommé Ciarrapico n’a jamais attiré l’attention du Service68. »
43Corroborant ces dires, les relations entretenues par le PFN et Georges Albertini avaient déjà été évoquées publiquement par le Front national dans les colonnes du périodique de François Duprat Les Cahiers européens hedbo en mai 1974, à l’occasion de l’élection à la présidence de la République de Valéry Giscard d’Estaing. Le Front national, qui cherche alors à se poser en leader national des forces de l’extrême droite française, lance un appel « à tous les responsables et militants de Faire front qui refusent l’extravagante orientation politique imposée à leur mouvement par une poignée de gens douteux, qui réalisent une curieuse synthèse politique : Albertini-Abitbol-Robert et Cie69 ». Ils pointent ici du doigt la participation de militants du PFN à la campagne de Valéry Giscard d’Estaing, information qui est alors de notoriété publique.
44Les réseaux de financements occultes de partis politiques qui sont mis au jour complexifient quelque peu notre approche des flux financiers franco-italiens d’extrême droite. L’éditeur Ciarrapico fut notamment à l’origine de l’impression des documents fournis par le MSI à Ordre Nouveau, puis au Front national lors de son lancement : sa présence dans le document est susceptible d’invalider la thèse d’un financement italien de l’extrême droite française. Nous ignorons si les réseaux de transferts financiers ici décrits existaient déjà au début des années 1970 : si c’est le cas, cela alimenterait l’idée que l’extrême droite française fut financée par des fonds d’origine inconnue, mais émanant de la banque Worms, par l’intermédiaire du MSI. Cette hypothèse, au demeurant invérifiable, pourrait être nourrie par un document de la Préfecture de police de Paris qui mentionne le rôle d’Albertini dans le financement d’Ordre Nouveau, qui aurait fait office d’intermédiaire auprès du Conseil national du patronat français (CNPF) pour « financer le lancement d’un journal étudiant de lutte anti-gauchiste70 ». Quoiqu’il en soit, l’hypothèse d’un financement de l’Eurodroite par des fonds provenant de la banque Worms semble tout à fait plausible. Le péril représenté par l’Eurocommunisme pour les réseaux anticommunistes d’Albertini a sans doute justifié la mobilisation importante de capitaux pour permettre de financer une campagne électorale dynamique et justifiant le déplacement de personnalités politiques de premier plan dans plusieurs pays d’Europe.
45Ces documents mettant au jour de complexes réseaux de financements occultes des partis sont susceptibles de déconstruire l’hypothèse d’un financement de l’extrême droite française par ses homologues italiens. L’extrême droite italienne constitue néanmoins un exemple, un modèle et son soutien constitue un enjeu fondamental pour les partis français qui se le disputent. L’extrême droite italienne ne détient toutefois pas un ascendant absolu sur son homologue française, elle lui manifeste à son tour un intérêt marqué et continu, conférant à cette relation un caractère bilatéral indéniable.
46La persistance de ces relations bilatérales franco-italiennes insérées au sein de réseaux européens d’extrême droite plus larges ne semble toutefois pas avoir donné naissance à une véritable structure activiste coordonnant à l’échelle européenne, les activités de l’extrême droite. Une note de la DCRG, rédigée en mai 1977, témoigne de la relative sous-estimation de ce phénomène par les services français et passe notamment sous-silence l’existence des réseaux gladio ou stay-behind implantés en Europe et qui appuyèrent une partie de leur action sur les groupes d’extrême droite européens :
« En fait, la réalité est loin de correspondre à la fiction entretenue par une certaine presse – notamment communiste – qui laisse entendre, par exemple, qu’une “internationale noire” coifferait l’ensemble des mouvements d’extrême droite européens et coordonnerait la plupart des actions violentes commises dans les divers pays par les néofascistes. Aucun élément n’a pu, jusqu’alors, étayer cette thèse. Il existe certes des contacts, des rencontres, voire des stages communs mais rien à voir, semble-t-il, avec une Internationale supérieurement organisée et puissamment outillée71. »
47Si la constitution d’une internationale fut sans doute à la fois un espoir et un horizon de lutte, son histoire fut celle de tentatives répétées, toujours avortées. Les querelles idéologiques et personnelles, les multiples scissions et divisions, matricielles et constitutives de l’extrême droite européenne ont constitué autant d’entraves à la constitution de réseaux pérennes et efficaces en matière d’action politique, qui firent toutefois preuve, semble-t-il, d’une certaine efficacité de part et d’autre des Alpes. Après quarante ans de mise au ban de la vie politique et d’intenses relations, le milieu des années 1980 marque un tournant pour les extrêmes droites françaises et italiennes désormais acteurs à part entière du jeu politique national et européen. Leurs relations s’en trouvent, de fait, profondément modifiées.
Notes de bas de page
1 « La crise italienne », Pour un Ordre Nouveau, 9, mars 1972, p. 2.
2 Almirante Giorgio, « Position actuelle du MSI », Défense de l’Occident, 95, avril 1971, p. 66-68.
3 « La crise italienne », Pour un Ordre Nouveau, 9, mars 1972, p. 2.
4 Né en 1933, Pietro Valpreda, anarchiste romain membre du Circolo Anarchico 22 marzo est accusé, immédiatement après la strage de Piazza Fontana d’avoir posé la bombe dans la Banque de l’Agriculture de Milan le 12 décembre 1969. Il est emprisonné pendant trois ans avant d’être relâché le 29 décembre 1972 puis d’être acquitté en 1979 par la Cour d’Assises de Catanzaro pour insuffisance de preuves.
5 « Italie : provocation du Régime », Pour un Ordre Nouveau, 10, avril 1972, p. 2. Valpreda fut effectivement ardemment défendu par Il Manifesto qui tenta de le faire sortir de prison en le présentant comme candidat sur ses listes électorales.
6 « Italie : provocation du Régime », Pour un Ordre Nouveau, 10, avril 1972, p. 2.
7 CdM, Dossier de procédure pénale no 91/97 mod. 21, SISMI, ROS Roma, Discours aux jeunes du secrétaire national Almirante.
8 « Italie : provocation du Régime », art. cit., p. 2.
9 « Italie : gauchistes assassins ! », Pour un Ordre Nouveau, 14, 15 septembre-15 octobre 1972, p. 2.
10 Entretien avec Massimo Magliaro, 15 mai 2012.
11 « Italie : la crise du système », Pour un Ordre Nouveau, 19, mai 1973, p. 16.
12 La manifestation devait être accompagnée d’un discours de Ciccio Franco, leader de la révolte de Reggio Calabria. Rappelons également que le 7 avril 1973, Nico Azzi, membre du groupe de la Fenice de Milan est blessé alors qu’il manipule des explosifs destinés à exploser dans les toilettes du train Turin-Gênes-Rome. Pour la première fois, un militant néofasciste est surpris en flagrant délit de préparation d’attentat à la bombe, ce qui met à mal la théorie de la strage d’État développée par les néofascistes.
13 « Italie : la crise du système », Pour un Ordre Nouveau, 19, mai 1973, p. 16.
14 « Italie : la crise du système », Pour un Ordre Nouveau, 19, mai 1973, p. 16.
15 La procédure est lancée dès décembre 1971 par le Procureur général milanais Luigi Bianchi d’Espinosa, mais elle prend du retard en raison notamment de la mort du magistrat.
16 Duprat François, Cabona Maurizio, « Les mouvements nationalistes en Italie », Notre Europe, mars ( ?) 1975, Supplément no 7 à la Revue d’Histoire du fascisme. numéro non paginé.
17 La loi du 20 juin 1952 dite « loi Scelba » interdit la reconstitution du parti fasciste, réprime l’apologie du fascisme et la propagande raciste. L’application très limitée de la loi Scelba souligne l’ambiguïté des rapports entretenus par la Démocratie chrétienne avec le néofascisme (MSI et groupes extra-parlementaires) dans l’après-guerre (voir notamment Lanaro Silvio, Storia dell’Italia repubblicana, Venise, Marsilio, 2001, p. 39, 113, 498-499, 509-520).
18 Il Secolo d’Italia, 27 mai 1973.
19 « À l’échelle de l’Occident », Pour un Ordre Nouveau, 20, juin 1973, p. 3.
20 Duprat François, L’Ascension du MSI, op. cit., p. 106.
21 Duprat François, Cabona Maurizio, « Les mouvements nationalistes en Italie », art. cit.
22 Né en 1911, l’amiral Gino Birindelli est député du MSI de 1972 à 1976.
23 Duprat François, Cabona Maurizio, « Les mouvements nationalistes en Italie », art. cit.
24 « Problèmes tactiques de l’opposition », Défense de l’Occident, 109, février 1973, p. 9-22.
25 Le rapport de la DCPJ fait état de la présence, au sein du comité directeur de la revue, de François Brigneau (pseudonyme d’Emmanuel Allot), Joseph Bruneau de la Salle, Henry Charbonneau, Jean-François Galvaire, Gabriel Jeantet, Hervé Novelli, Pascal Gauchon et Alain Robert.
26 BDIC, Fonds Delarue, Documents officiels, Sous-direction des affaires criminelles, DCPJ/6, note non datée, De la dissolution d’Ordre Nouveau à la création du Parti des forces nouvelles.
27 Voir notice biographique en annexe.
28 Né le 11 avril 1953, il est l’ex-directeur de publication du journal Pour un ordre Nouveau.
29 Né le 19 septembre 1949, il est un militant de l’ex-Ordre Nouveau.
30 Elle est née le 7 juillet 1954.
31 BDIC, Fonds Delarue, Documents officiels, Sous-direction des affaires criminelles, DCPJ/6, note non datée, De la dissolution d’Ordre Nouveau à la création du Parti des forces nouvelles.
32 AN, MI, 19990045, Article 19, Pochette « groupements ou mouvements de caractère politique, extrême droite », lettre du cabinet du Préfet de police au ministère de l’Intérieur, Paris, 22 juillet 1977.
33 AN, MI, 19970002, Article 56, Pochette Italie, Sous-dossier « L’extrême droite française et le MSI (Movimento socialisto italiano) depuis les élections législatives de 1973 », Direction centrale des Renseignements généraux, Sous-dossier 1974, note du 11 mars 1974 ; Sous-dossier 1975, 25 avril 1975 ; 12 mai 1977. Les notes suivantes proviennent du même fonds.
34 Sous dossier 1974, notes des 2 mars et 1er juillet 1974.
35 Notes des 20 et 23 juillet 1973.
36 Sous-dossier 1975, 25 avril 1975.
37 Sous-dossier 1975, 6 octobre 1975.
38 Notes du 14 juin 1976 et du 12 mai 1977.
39 Sous-dossier 1975, 25 avril 1975.
40 Sous-dossier 1974, 12 novembre 1974.
41 Tarchi Marco, « Francia : finalmente una destra che “conta” ? », L’Italiano, XV, 16, novembre 1974, p. 704.
42 Entretien avec Marco Tarchi, 29 mars 2010. À noter que le rat noir avait été utilisé en mai-juin 1968 dans une affiche de l’Atelier des Beaux-Arts dénonçant le « service d’action civique (SAC) vermine fasciste ».
43 « Exclusif : Almirante parle », Le National, juin-juillet 1975, 15, p. 4-5.
44 AN, MI, 19970002, Article 56, Pochette Italie, Sous-dossier « L’extrême droite française et le MSI (Movimento socialisto italiano) depuis les élections législatives de 1973 », Direction centrale des renseignements généraux, Sous-dossier 1976, 15 novembre 1976.
45 Entretien avec Massimo Magliaro, 15 mai 2012.
46 « À propos du voyage d’Almirante », Les Cahiers européens notre Europe, 217, 7 février 1978, p. 14.
47 Duprat François, Cabona Maurizio, « Les mouvements nationalistes en Italie », art. cit.
48 AN, MI, 19970002, Article 56, Pochette Italie, Sous-dossier « L’extrême droite française et le MSI (Movimento socialisto italiano) depuis les élections législatives de 1973 », 12 mai 1977.
49 BDIC, Fonds Delarue, documents officiels, note du ministère de l’Intérieur, DGPN, DCPJ, Sous-direction des affaires criminelles, Paris, 31 octobre 1975.
50 Cahiers européens, 110, 20 janvier 1976, p. 4 et 8.
51 AN, MI, 19970002, Article 56, Pochette Italie, Sous-dossier « L’extrême droite française et le MSI (Movimento socialisto italiano) depuis les élections législatives de 1973 », Direction centrale des Renseignements généraux, Sous-dossier 1976, 15 novembre 1976.
52 Châtillon Frédéric, Lagane Thomas, Marchal Jack (dir.), Les rats maudits…, op. cit., 1995, p. 78.
53 AN, MI, 19970002, Article 56, Pochette Italie, Sous-dossier « L’extrême droite française et le MSI (Movimento socialisto italiano) depuis les élections législatives de 1973 », Direction centrale des renseignements généraux, Sous-dossier 1976, 14 juin 1976.
54 « Italie », Les Cahiers européens notre Europe, 220, 28 février 1978, p. 11.
55 Almirante Giorgio, Intervista sull’Eurodestra, Palerme, edizioni Thule, 1978.
56 Initié par le parti communiste italien, ce courant naît dans les années 1970 de la volonté de plusieurs leaders communistes d’Europe de l’Ouest d’adapter le communisme à la situation de leurs pays.
57 AN, MI, 19990045, Article 19, Pochette « Groupements de caractère politique », lettre du préfet de police au ministre de l’Intérieur, 5 janvier 1978.
58 « Il manifesto programmatico della “giovane Europa” », Dissenso, II, 10, 22 octobre 1978.
59 Almirante Giorgio, Intervista sull’Eurodestra, op. cit., p. 21-22.
60 ACS, MI, Gabinetto, 1975-1985, Busta 13, lettre de la DGPS au cabinet du ministère de l’Intérieur, 4 mai 1978.
61 Joël Dupuy est né le 8 janvier 1951 à Paris. En 1970, il adhère à Ordre Nouveau jusqu’à sa dissolution le 28 juin 1973. Il participe ensuite aux activités militantes des comités « Faire front » et devient, en novembre 1974, membre actif du Parti des forces nouvelles et de sa filiale jeune, le Front de la jeunesse. Il participe notamment, du 23 au 31 juillet 1977 au camp d’été organisé dans le Morbihan par le Front de la jeunesse.
62 ACS, MI, Gabinetto, 1975-1985, Busta 13, lettre de la DGPS au cabinet du ministère de l’Intérieur, 4 mai 1978.
63 AN, MI, 19940560, Article 30, note de la police de l’air et des frontières, 26 juin 1978.
64 ACS, MI, Gabinetto, 1975-1985, Busta 13, lettre de la DGPS au cabinet du ministère de l’Intérieur, Télégramme du 13 décembre 1978 de Raguse au ministère de l’Intérieur, Rome.
65 AN, MI, 19940560, Article 30, lettre du préfet délégué pour la police à Lyon à Monsieur le ministre de l’Intérieur, 12 février 1979.
66 AN, MI, 19940560, Article 30, lettre du ministère de l’Intérieur, direction de la réglementation et du contentieux, à l’att. de M. le Préfet, directeur du cabinet du Ministre, 22 mai 1979.
67 CdM, Dossier de procédure pénale no 91/97 mod. 21, AISE (documentation acquise le 18 août 2009 par l’inspecteur Michele Cacioppo), Atti sparsi, note de l’Ufficio Controllo e sicurezza du SIFAR transmise à la première division du SIFAR, le 13 janvier 1979.
68 CdM, Dossier de procédure pénale no 91/97 mod. 21, AISE (documentation acquise le 18 août 2009 par l’inspecteur Michele Cacioppo), Atti sparsi, note sans mention de provenance du 2 mars 1979.
69 Éditorial « Nos tâches politiques », Cahiers européens hebdo, XXIV, 30 mai 1974.
70 AN, MI, 19990045, Article 19, Rapport sans mention d’organisme producteur transmis au ministère de l’Intérieur, Bureau des Associations, 3 avril 1971, p. 9.
71 AN, MI, 19970002, Article 56, Pochette Italie, Sous-dossier « L’extrême droite française et le MSI (Movimento socialisto italiano) depuis les élections législatives de 1973 », 12 mai 1977.
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