Chapitre VII. Des passerelles idéologiques pour penser un monde commun
p. 183-214
Texte intégral
1Italiens et Français d’extrême droite témoignent d’un intérêt culturel et intellectuel partagé, porté par des revues qui placent les échanges transnationaux au cœur de leur ligne éditoriale. Les référents culturels et idéologiques français contribuent à la formation d’une identité collective qui transcende les espaces nationaux et confère aux militants d’extrême droite français et italiens une communauté partielle d’héritage. Ces effets de résonance culturelle participent de la formation d’une mémoire franco-italienne commune d’extrême droite. Les échanges de revues sont en outre complétés par l’activité de librairies et de maisons d’édition qui favorisent ces contacts pour penser un monde commun. Ils contribuent à définir des identités collectives, « modes d’ancrage dans l’espace temps », qui « répondent sans aucun doute à une quête existentielle de repères invariants, destinés à faciliter une lecture intelligible du réel1 ».
Figures culturelles tutélaires et effets de résonance
2« À en juger par ses préférences, pendant un demi-siècle, l’extrême droite italienne a été résolument antinationale : Nietzsche, Jose Antonio Primo de Riveira, Drieu La Rochelle, Céline, Spengler, Jünger, Brasillach, Rebatet, Mishima2. » La lutte OAS, qui favorise contacts et circulations militantes favorise effectivement, comme l’écrit l’historien Francesco Germinario, la construction d’un panthéon de figures culturelles et politiques transnationales. Le travail de diffusion de revues permet la création de mythes et référents partagés dont témoigne Ordine Nuovo en avril 1963.
« Il y a une presse que les nôtres ne connaissent pas : c’est une presse courageuse, sans préjugés, anticonformiste, que les groupes qui nous sont proches publient dans chaque pays dépassant d’indescriptibles difficultés économiques, entre suspensions et mises sous séquestre, procès et diffamations. […] Quand on pourra écrire la vraie histoire de ces années, quand on pourra aligner, par exemple, dans un compte rendu documenté les titres de toutes ces publications, on se rendra compte que dans les années obscures de l’éclipse de l’Europe, c’est justement à cette presse qu’il faudra attribuer le mérite d’avoir bien résisté, d’avoir procédé au travail indispensable d’approfondissement doctrinaire, d’avoir créé des liaisons précieuses, d’avoir rompu avec ténacité, en mille et une occasions, le rideau de la peur, de la lâcheté et du mensonge3. »
3Dans ce panorama de penseurs européens, les Français occupent une place de choix. Si la figure et la pensée de Julius Evola sont centrales, elles laissent toutefois un large espace aux intellectuels transalpins. « Pères fictifs et réels4 », Pierre Drieu La Rochelle, Louis-Ferdinand Céline, Robert Brasillach et à sa suite Maurice Bardèche voient leurs œuvres largement publicisées par la plume de théoriciens – Adriano Romualdi, fils du dirigeant du MSI, Pino Romualdi – ou de dirigeants – tel Giorgio Almirante. Ils atteignent, indifféremment, l’extrême droite parlementaire et extra-parlementaire italienne.
Brasillach : une figure de martyr pour l’extrême droite italienne
4L’intérêt que porte Adriano Romualdi aux écrivains français de l’entre-deux-guerres et à leur œuvre leur confère, dans les colonnes des périodiques d’extrême droite italiens, une place exceptionnelle, dès le début des années 1960. Ordine Nuovo, L’Italiano et Il Secolo d’Italia contribuent à faire de ces écrivains français des référents intellectuels, culturels et idéologiques pour une extrême droite italienne qui se constitue un panthéon mémoriel. Adriano Romualdi traduit, en 1964, la Lettre à un soldat de la classe 60 de Brasillach sous le titre Lettera ad un soldato della classe 405. Il donne à lire, pour la première fois au public italien, l’œuvre du poète français. Dès 1990, l’historien Michel Espagne soulignait l’importance de la langue, « code paradigmatique » et insistait sur l’importance des traductions, élément fondamental des « enquêtes sur les passages entre cultures6 ».
5Composé « en pensant à ce petit garçon qui sera un jour un soldat de la classe 60 », Brasillach écrit « ces pages à propos de la guerre et au milieu d’une prison ». Il réfute la légitimité de ses juges, l’inculpation de trahison et dénonce cette justice de vainqueurs, qui serait responsable de « six mille ans d’erreurs judiciaires ». Il défend une réconciliation franco-allemande qui seule pourrait, selon lui, permettre la paix. Il participe de la construction d’une mystique fasciste :
« Les petits enfants qui seront des garçons de vingt ans, plus tard, apprendront avec un sombre émerveillement l’existence de cette exaltation de millions d’hommes, les camps de jeunesse, la gloire du passé, les défilés, les cathédrales de lumière, les héros frappés au combat, l’amitié entre jeunesses de toutes les nations réveillées, José Antonio, le fascisme immense et rouge7. »
6Ces mots résonnent positivement pour le public italien, et leur charge émotionnelle s’impose au lectorat d’outre-Alpes, qu’il ait ou non grandi sous le fascisme. Par sa prose, Brasillach transfigure un passé mythifié et glorifié et le rend présent à la jeune génération. C’est le penseur européen, celui qui « sent qu’une nouvelle foi politique émerge en Europe » qui est ici célébré. Le tropisme nazi de Romualdi, soutenu par un antisémitisme assumé, contribue à expliquer cette fascination pour l’itinéraire et l’idéologie de Brasillach. Romualdi condamne, comme l’écrivain français et sans doute à sa suite, « l’attentisme de Vichy » et se désole que « la haine pour l’Allemagne demeure dans les cœurs de ces incorrigibles nationalistes ». Il dresse enfin un parallèle entre l’exécution du poète et l’« agonie » de l’Europe8.
7Quelques mois plus tard, Ordine Nuovo consacre à la Lettre de Brasillach une recension élogieuse. La revue italienne, à laquelle collabore régulièrement Romualdi, se félicite que l’histoire ait donné raison au « fasciste » Brasillach et souligne que :
« Cette rencontre entre deux peuples […] a été faite ; cette entente […] à laquelle [il] avait généreusement offert son existence, [serait] aujourd’hui un pilier fondamental d’une grande amitié “entre les jeunesses des nations réveillées” ; une amitié et un sens de la solidarité qui vont bien au-delà des liens personnels et politiques des Adenauer et des de Gaulle. »
8L’amitié franco-allemande, qui constitue effectivement le socle de la construction européenne, habituellement tant décriée dans les colonnes d’Ordine Nuovo, confirmerait la dimension prophétique des choix idéologiques de Brasillach. Par une torsion idéologique et historique remarquable qui met face à face des contextes politiques dissemblables et des choix politiques opposés, la revue italienne justifie et actualise le discours de l’écrivain français. Par une réécriture de l’histoire, elle rend sa présence au monde des années 1960 d’autant plus palpable que l’auteur italien indique, en écho au souvenir des morts de la guerre d’Algérie, que Brasillach fut « tué par le plomb gaulliste9 ». La postérité et les mutations de l’imaginaire du combat nationaliste se donnent à lire à travers l’évocation de la figure de Brasillach en Italie.
9L’apparition de Brasillach ne se limite pas, dans le monde d’Ordine Nuovo, aux seules recensions des traductions italiennes de ses œuvres. En mai 1968, Noi Europa consacre une demi-page à l’évocation du souvenir de l’écrivain français et écrit :
« Il y a un peu plus de vingt-trois ans, dans l’aube sombre de ce 6 février 1945, un poète sincère et un frère européen, tombait assassiné par les gaullistes du fort de Montrouge […]. Ce jour-là, toute une certaine Europe mourait avec Brasillach10. »
10C’est donc une communauté mémorielle et militante qui se réunit autour de son souvenir.
11Brasillach, modèle d’engagement et de sacrifice fait figure de trait d’union entre plusieurs générations militantes européennes et plusieurs espaces géographiques – hongrois, italien, roumain, espagnol. La revue contribue ainsi à construire un contre-modèle militant lorsqu’elle fait référence à l’exécution du poète : « Ils le tuèrent parce qu’il croyait encore à la valeur du camératisme11, de la loyauté, de la fidélité, de l’honneur, termes sans sens dans une époque faite pour les francs-maçons et les démocrates, les lâches et les girouettes12. »
12Outre le milieu d’Ordine Nuovo, c’est également la revue L’Italiano, grâce à la médiation d’Adriano Romualdi, qui participe de la diffusion de l’œuvre de Brasillach en Italie, essentiellement durant les années 1970. Cinq articles, de longueur variable, sont en effet dédiés à la production littéraire ou à la figure de Brasillach entre le mois d’août 1970 et décembre 1978. Les auteurs qui se penchent sur l’écrivain français font successivement référence à son Histoire de la guerre d’Espagne, aux Sept couleurs, à la Génération dans l’orage, à sa pièce de théâtre Bérénice et enfin à André Chénier13. L’imaginaire anticommuniste, antisémite et antimaçonnique de l’écrivain français trouve ainsi des échos forts au sein de l’extrême droite italienne. Brasillach fait de la guerre d’Espagne une croisade anticommuniste menée par les forces de droite pour lutter contre la subversion qui serait portée par le communisme. Il porte aux nues l’engagement international, dont il fut, aux côtés des nationalistes espagnols, et célèbre cette révolution nationale qui préfigurerait une révolution univer14. L’exaltation du fascisme, de la solidarité du régime de Mussolini avec les troupes de Franco, de l’héroïsme de la Phalange et des Phalangistes trouvent un écho favorable au sein du lectorat italien de la revue, nourrissant un imaginaire qui demeure pétri de références au second conflit mondial. L’éloge constant de la jeunesse, de la camaraderie, de l’amitié, de la fidélité et de l’honneur, présents dans chacun des ouvrages cités, contribuent à renforcer, en les édictant, les valeurs constitutives d’un homme de droite intemporel. Encenser l’œuvre de Brasillach revient également, pour l’extrême droite italienne, à revendiquer l’existence de son univers, au-delà du drame de la Seconde Guerre mondiale et la continuité entre les aspirations générationnelles des militants de l’extrême droite, par-delà le décalage chronologique.
13Adriano Romualdi utilise d’autre part la référence aux Poèmes de Fresnes pour dresser le tableau des « derniers jours de l’Europe », illustrée par une photographie de l’exécution de collaborationnistes en France. Reprenant le titre d’un poème de Brasillach, « Mon pays me fait mal », composé dans sa cellule de Fresnes quelques jours avant son exécution, Romualdi fait un récit partiel et partial de la libération de Paris en 1944. Il rédige un pamphlet contre l’épuration communiste et les exactions dont serait responsable la Résistance française. Il dénonce ce « grand bain de sang, comme la France n’en a plus connu depuis 93 », dressant un parallèle déjà établi en son temps par Brasillach, entre les exactions de la Terreur et celles de la « terreur communiste », à la Libération. En outre, Romualdi dénonce l’inanité de la condamnation de Brasillach, due à la « soif de sang » de la France libérée15. Les effets de résonance avec le tableau dressé par L’Italiano des exactions communistes lors de la guerre civile italienne sont frappants et Romualdi joue de cet effet de miroir entre les deux pays.
14 Il Secolo d’Italia, journal officiel du MSI à partir de 1963, n’est pas en reste et témoigne de l’appropriation de la figure de Brasillach par l’ensemble de l’extrême droite italienne, faisant fı des courants et querelles d’héritage16.
15En mai 1964, une page entière du quotidien national est dédiée à Robert Brasillach : Adriano Romualdi y fait l’éloge de l’auteur et relie la mort de Brasillach au « sacrifice de ces hommes, tombés en vue du Nil ou du Don, assassinés sur les lacs de Lombardie ou dans la vaste plaine de l’Île-de-France. Méconnu et maudit, il serait exposé à la haine partisane ». Leur mort est transfigurée par Romualdi, et leur sacrifice aurait permis la renaissance de la civilisation occidentale17. Dans le même numéro, le traducteur de Brasillach fait référence à la pièce de théâtre de l’écrivain français, Bérénice. La reine de Césarée. C’est le Brasillach antisémite qui apparaît ici tandis que le combat éternel entre Orient et Occident, mis en scène par la pièce, fait écho à cette lutte des races qui serait en acte dans le monde, dans un contexte d’émancipation des peuples colonisés. Le traducteur italien tempère et justifie l’antisémitisme de l’auteur français en invoquant la référence antique : l’antichristianisme et l’antisémitisme de la Rome impériale qualifiés de traditionnels seraient bien plus violents et péjoratifs que la figure du Juif – en l’occurrence de son pendant féminin et donc pervers, « la Juive » – construite par Brasillach. Il est toutefois des nuances qu’il est parfois difficile, pour un lectorat contemporain non partisan, de percevoir, tant la Bérénice de Brasillach semble invoquer tous les poncifs antisémites mobilisables18 par un écrivain formé à l’école de l’Action Française et de la pensée de Drumont19. Brasillach reprend ainsi cette figure orientale stéréotypée de la « Belle juive » qui connaît son apogée dès son avènement, « de la Monarchie de Juillet à la fin du Second Empire ». Cette « figure ambiguë d’[une] altérité » féminine « avilissante », « élément essentiel d’une puissance juive abhorrée » menacerait par sa beauté, son pouvoir de séduction et sa lubricité la grandeur de Rome : la femme juive, symbole de ce peuple apatride, s’incarnerait en un triptyque tentateur, corrupteur et subversif20.
16Giorgio Almirante participe également à la construction de cette image italienne de Brasillach. En 1979, il consacre un ouvrage biographique apologétique à l’écrivain français « assassin[é] » et témoigne de l’importance de cette figure dans le milieu missin. À la biographie engagée du « martyr » Brasillach, au récit de son itinéraire politique glorifié et exemplaire, l’Italien adjoint une série d’extraits traduits des ouvrages du poète français, en dresse des résumés laudateurs et partisans21.
17Une correspondance entre Maurice Bardèche et Giano Accame y fait référence, plus de dix ans après la parution de l’ouvrage. Bardèche écrit :
« Je n’ai pas oublié la belle étude sur Robert Brasillach publiée il y a dix ans par Giorgio Almirante chez Ciarrapico dans la collection Biblioteca Della Cultura di Destra. Je suis très touché qu’Almirante ait consacré une partie de son temps, si occupé, à cet essai22. »
18Almirante confère en effet à Maurice Bardèche une place centrale dans son récit, en fait l’héritier, « l’éditeur courageux, le lecteur privilégié de l’humanité, de l’art, de l’âme de Brasillach23 ».
19Brasillach s’impose ainsi comme une figure à tiroir, à multiples facettes aisément mobilisable et instrumentalisable : le chrétien, le prophète, le martyr sacrifié, le poète, l’Européen, le fasciste, l’antisémite ; il incarne l’image de la jeunesse, de l’adolescence, de l’honneur. La figure de Brasillach n’est toutefois pas solitaire.
20Elle invoque, pour Il Secolo comme pour l’ensemble de l’extrême droite italienne, le « drame d’une génération », celle des Drieu, Bardèche, Bonnard, Céline et des « autres intellectuels français qui payèrent de leur vie ou par la prison ou l’ostracisme leur choix politique difficile et pragmatique24 ». Alors que l’on exalte la figure collective de l’écrivain européen, le prestige de Brasillach rejaillit sur son ami et beau-frère, Maurice Bardèche. Les deux personnages, étroitement liés, voient leurs noms associés dans les colonnes des périodiques étudiés.
Bardèche l’héritier
21L’engagement et l’implication de Bardèche pour faire vivre la mémoire de son beau-frère, notamment par l’intermédiaire de l’Association des Amis de Robert Brasillach a favorisé ce phénomène. Dès le début des années 1960, le 6 février 1945, jour de l’exécution de Brasillach, est commémoré par la Fédération des Étudiants Nationalistes. La FEN contribue, grâce à ses contacts avec les groupes italiens, à célébrer cet anniversaire des deux côtés des Alpes. Ainsi, en janvier 1962, la FEN presse publie, pour le 6 février, les consignes suivantes :
« Le Six-février est un anniversaire nationaliste par excellence : c’est en 1934 le premier mouvement insurrectionnel puissant des nationalistes en France ; c’est en 1945 l’assassinat du poète nationaliste Robert Brasillach dont il est inutile de rappeler les œuvres maîtresses ; c’est en 1956 la première action violente des nationalistes français d’Algérie pour empêcher toute liquidation de cette province française. Voilà donc rassemblé, en un seul anniversaire, tout un programme nationaliste… »
22Trois générations militantes et trois combats nationalistes s’incarnent dans la célébration du 6 février. La FEN recommande d’envoyer une lettre ou un télégramme à Maurice Bardèche pour lui signifier leur solidarité « en ce douloureux anniversaire ». Le groupe envisage également de manifester sa solidarité à « tous [ses] amis d’Europe qui luttent aussi pour le Nationalisme et la civilisation occidentale » et notamment au FUAN et à la Giovane Italia25. Dès lors, les groupes italiens commémorent à leur tour l’anniversaire de la mort de Brasillach, le 6 février.
23Bardèche est ainsi l’objet d’une attention toute particulière de la part de l’extrême droite italienne, qui n’est sans doute pas étrangère à l’attraction qu’exerce sur elle son prestigieux beau-frère. Dès février 1961, la Giovane Italia, connue pour ses prises de position radicales et son soutien à l’Algérie française, offre à Maurice Bardèche une double page dans sa revue Azione. L’auteur français y dénonce les très graves erreurs qui ont été commises dans la conduite des affaires mondiales après 1945 et attribue l’essentiel des responsabilités à « la frénésie antifasciste de Roosevelt et de sa clique ». Il identifie la disparition de l’Allemagne à celle de l’Europe, désormais sans défense face à « l’extension de la monstrueuse puissance russo-mongole ». La défense de l’Europe devrait donc, selon Bardèche, être assurée par les nationalistes d’Europe qui auraient pour mission de créer une nouvelle puissance politique. Il renvoie à son appartenance à cette « génération du front » et écrit : « Nous avons tous plus ou moins connu, senti plus ou moins fortement le puissant courant spirituel et de fraternité qui avait traversé tous les peuples d’Europe avant la guerre26. » Appel qui prend, en pleine guerre d’indépendance algérienne, un sens singulier et fait connaître à la jeune génération de militants italiens d’extrême droite le nom de Maurice Bardèche.
24En janvier 1964, L’Italiano envoie un de ses journalistes s’entretenir avec Bardèche. Dans son introduction, le journaliste contribue, en décrivant le domicile « très parisien » de Bardèche, rue Rataud, à construire cette image de l’éditeur militant. C’est un espace – et une vie – entièrement dédiés au militantisme qui sont ici décrits. L’écrivain français est dépeint comme un homme intégral, travailleur infatigable, tranquille et souriant « comme un jeune homme, curieux et vif ». L’Italien ne tarit pas d’éloges sur l’écrivain français et conclut son article par ces mots :
« Inutile de dire que nous l’avons salué à regret, presque désireux de pouvoir pénétrer, au-delà des questions et des réponses dans son monde à la saveur mystérieuse, le monde du terrible Bardèche, un des écrivains modernes les plus courageux qui non seulement “chevauche le tigre” mais en joue avec désinvolture27. »
25La référence à Evola n’est pas fortuite. Le philosophe italien s’est effectivement intéressé, en 1963, à l’œuvre de Bardèche. Il publie un article à l’occasion de la sortie de la traduction italienne de l’ouvrage de l’écrivain français, Qu’est ce que le fascisme ? Evola s’engage alors dans une polémique avec Bardèche, tout en saluant son amour pour la vérité28 : il regrette en effet que le Français n’ait pas étudié systématiquement le fascisme comme doctrine de l’État, offrant ainsi au régime de Mussolini une place réduite dans son ouvrage. Evola réfute en outre l’analyse économique bardéchienne du fascisme dont il rejette le qualificatif de socialiste29. Il loue en revanche son analyse du mythe, des aspects éthiques et existentiels du fascisme30, qui rejoignent les analyses de Robert Brasillach ou de Paul Sérant et de son « romantisme fasciste31 ».
26S’il n’est pas avare de critiques, l’attention que porte Evola à l’œuvre de Bardèche est, en elle-même, un gage de prestige pour l’écrivain français, le philosophe bénéficiant d’un crédit inégalé au sein de l’extrême droite italienne de l’après-guerre.
27La sortie de Che cos’è il Fascismo ? suscite également l’attention d’Ordine Nuovo, qui avait déjà consacré, depuis 1955, plusieurs articles à l’auteur français. L’un de ses dirigeants, Paolo Andriani, s’essaie à cette occasion à l’exercice de la recension. Il calque manifestement ses critiques sur celles de son maître Evola et c’est la présentation de l’auteur qui est ici digne d’attention. Andriani qualifie Bardèche d’écrivain français d’un courage peu commun : il loue la fidélité à ses convictions dont le Français a fait preuve dans l’immédiate après-guerre, alors qu’il risquait le « peloton d’exécution », puis en composant Nuremberg ou la Terre Promise. Le pamphlet négationniste est présenté en ces termes :
« Livre inoubliable, qui fut la première voix courageuse qui se leva en Europe en défense des “vaincus”, le premier acte d’accusation isolé mais néanmoins brûlant acte d’accusation contre les “juges” de la farce tragique de Nuremberg, le premier geste de révolte contre les ordres d’une mythologie démocratique qui était en train de devenir religion tyrannique32. »
28La réappropriation, par les Italiens, du vocabulaire négationniste est édifiante : l’évocation de Nuremberg fait d’Ordine Nuovo un support, une passerelle de diffusion de la pensée négationniste bardéchienne. Là encore, au-delà des critiques formulées sur l’ouvrage, la publicité apportée à l’œuvre de Bardèche, « écrivain fasciste », auprès du public italien est manifeste et contribue à expliquer la notoriété dont l’auteur bénéficie, dans la péninsule, durant toute la période étudiée.
29L’itinéraire politique et l’œuvre de Pierre Drieu La Rochelle sont également l’objet d’un intérêt suivi en Italie.
Pierre Drieu La Rochelle l’Européen
30Adriano Romualdi est le premier à donner un écho à l’itinéraire politique et aux œuvres de Drieu La Rochelle33. Dès 1965, il publie, aux éditions Volpe34, un ouvrage intitulé Drieu La Rochelle, le mythe de l’Europe et rappelle au public italien « distrait », l’importance de l’œuvre et de la figure de Pierre Drieu La Rochelle, l’écrivain collaborationniste qui s’est suicidé en 1945. Romualdi retrace avec précision l’itinéraire politique et intellectuel de Drieu et insiste sur l’actualité de son propos35.
31Adriano Romualdi célèbre le Drieu La Rochelle défenseur d’une Europe aryenne36. Selon l’Italien, l’Europe de Drieu serait celle des « volontaires français et scandinaves accourus pour défendre Berlin », de ces hommes qui se seraient « sacrifiés pour la nouvelle patrie aryenne du fascisme européen37 ». L’Italien simplifie ici, à dessein, l’itinéraire européiste complexe de Drieu, qui adhéra successivement à l’idée de créer une Europe des patries, avant d’envisager qu’elle puisse se construire grâce à la Société des Nations et finalement, d’adhérer à un fascisme européen38.
32L’intérêt et l’admiration que Romualdi porte à l’œuvre et au parcours de Drieu ne peuvent se comprendre que si l’on prend en considération l’adhésion de l’écrivain français à « une nouvelle forme de religiosité », proche de celle d’Evola. Drieu aurait senti la crise du christianisme et refuserait cette religion « sémite du Dieu personnel créateur et punisseur » pour mieux adhérer à une « forme spirituelle qui embrass[erait] le monde aryen tout entier ». Le jeune penseur italien partage en effet le paganisme d’Evola et loue la religiosité européenne de Drieu39.
33L’éloge de Drieu s’inscrit dans un projet plus vaste de réhabilitation et de réactualisation d’un fascisme européen, qui mettrait fin au processus de décadence dans lequel se trouverait le vieux continent40. Or, Romualdi, comme Drieu avant lui, dans la tradition d’une pensée antisémite datant du XIXe siècle, désigne clairement les supposés responsables d’un tel processus : les Juifs. Particulièrement sensible à cette thématique, la frange radicale de l’extrême droite italienne se félicite de la démarche de Romualdi. En effet, il en appelle aux penseurs décadentistes, Gobineau, Nietzsche, Spengler, Massis, Benda, Guénon, Evola, qui dénoncent « la maladie de la civilisation européenne41 ».
34Parallèlement et conjointement au travail d’Adriano Romualdi, l’œuvre et l’itinéraire de Drieu sont publicisés dans les périodiques d’extrême droite. Entre 1963 et 1970, Il Secolo d’Italia consacre pas moins de neuf articles à l’auteur français, dont sept paraissent entre février 1965 et septembre 1966, alors que trois de ses œuvres sont traduites et publiées en Italie en 1963-1964 et que l’ouvrage d’Adriano Romualdi sort en 196542. C’est un portrait élogieux de l’auteur français, « l’un des plus hauts esprits de la France contemporaine » qui est donné à lire dans le quotidien, celui d’un écrivain « qui se tua pour ne pas survivre à l’écroulement de l’Europe43 ». Drieu La Rochelle est dépeint comme une figure européenne, qui prône l’indépendance du continent et remet en question le nationalisme « étriqué » et ottocentesco du « patriotisme provincial », justifiant ainsi le choix collaborationniste de l’écrivain français44. Son statut d’écrivain proscrit est ici valorisé45.
35Dans L’Italiano, c’est un Drieu européen, antibourgeois, antiprogressiste et contestataire de l’ordre établi, qui est donné à voir. Les rédacteurs de L’Italiano construisent ainsi une figure de révolutionnaire nationaliste, homme de droite des années 1930 influencé par la philosophie nietzschéenne de l’action et arrivé au fascisme suite au choc du 6 février 193446.
36Les ouvrages de Drieu connaissent par ailleurs une diffusion importante dans les sections du Movimento Politico Ordine Nuovo : une affiche « attachée sur la partie gauche de la salle de réunion » de la section de Pérouse du MPON fait figurer, en 1973, parmi les livres en vente au sein de la section, les Idee per una rivoluzione degli europei de Pierre Drieu La Rochelle, aux côtés des ouvrages d’Evola, Hitler, de Poncins, Coston, Ford, Rassinier ou Romualdi47.
37À travers le propos de Drieu, c’est une Europe troisième force, étroitement liée à l’Afrique qui est défendue. La rivalité coloniale entre le binôme franco-britannique et les Italiens affleure dans le discours d’Ordine Nuovo et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale est attribué à ces puissances. Le propos tenu, fortement révisionniste, est le suivant :
« Malheureusement, l’affirmation anglo-française consistant à vouloir continuer à imposer leur hégémonie bicéphale au reste de l’Europe, sans en avoir la capacité et surtout parce que leur force était privée des valeurs qui auraient tendu à cet objectif de domination et de “primat”, conduit inévitablement à la nouvelle guerre mondiale. »
38Drieu aurait rapidement pris conscience de la nature du combat, « lutte de l’Europe contre l’Antieurope », et de la « nécessité d’offrir sa collaboration aux Allemands ». Son suicide est compris, car « il n’envisage [ait] pas d’être humilié par policiers et juges, et qu’il ne support[ait] pas de devoir expliquer à des hommes vils ses “belles raisons” ». Au-delà de la mort, il est encore considéré, en 1970, comme « un précurseur très noble de [leur] bataille48 ».
39Drieu inspire donc les groupes subversifs terroristes du début des années 1970 : Avanguardia Nazionale fait de L’Europe de Drieu La Rochelle un document programmatique, alors même que la production idéologique du groupe se caractérise par son indigence49.
40La figure de Drieu, dans le discours de l’extrême droite italienne, s’articule ainsi autour de plusieurs modèles : celui de l’écrivain prophète et actuel, qui a pensé l’Europe comme troisième force. Pour les groupes activistes, c’est aussi un modèle militant, celui du chevalier antique, médiéval, du combattant de la Première Guerre mondiale et « chantre des vertus viriles » qui est valorisé50. Son sens de l’honneur, du sacrifice, de l’engagement total, le culte de la force qu’il met en scène, sont heureusement accueillis par un lectorat italien qui demeure très imprégné par la mystique fasciste de l’homme nouveau.
41Tous passent sous silence cet éloignement progressif de sa réflexion avec la politique, à la fin de sa vie, que souligne le politiste Jean-Louis Loubet51 ou encore du sursaut nationaliste qui touche le « Drieu des années 1936-1940, celui qui adhère au PPF52 », peu mobilisables et instrumentalisables par les groupes italiens.
Céline l’écrivain maudit
42Comme Drieu et Brasillach, Céline apparaît régulièrement dans les colonnes du quotidien du MSI. Il Secolo d’Italia signale son décès, le 5 juillet 1961, par l’entrefilet suivant : « L’écrivain Céline est mort dans la pauvreté. Persécuté parce qu’il avait suivi Pétain53. » Par la suite, entre 1964 et 1968, six articles au moins sont consacrés à l’écrivain français. Ils recensent la sortie d’une biographie de l’auteur en italien et contribuent à publiciser la figure et l’œuvre de Céline. À plusieurs reprises, les journalistes du Secolo accusent la France d’avoir tué son plus grand écrivain contemporain54. La « cohérence idéologique » de Céline, son statut d’« écrivain maudit55 », sont érigés en contre-modèle d’une « Europe libre, virile, affranchie des fétiches de la démocratie56 ».
43Parangon de la contestation de la société démocratique, la figure de Céline est également utilisée pour appuyer un propos antisémite. La recension de la traduction italienne de l’ouvrage de Paul Rassinier, Les Mensonges d’Ulysse, est en effet l’occasion pour le périodique de tenir des propos violemment antisémites et complotistes57. Sur un ton ironique, le journaliste écrit :
« Le lecteur bien informé, l’Italien moyen, l’homo televisus, sait désormais en pointillé que franc-maçonnerie et judaïsme international sont l’invention de démagogues déments, de journalistes avinés et d’écrivains ratés (voyez le cas Céline dans les inoubliables “Bagatelle58 pour un massacre” et dans de nombreux autres écrits aussi), cela leur ferait donc un certain effet de lire […] comment en 1919, sur 50 hauts-commissaires du peuple, six seulement étaient plus ou moins russes tandis que les 90 % restants appartenaient […] à une race déterminée59. »
44Le nom de Céline apparaît en outre dans les colonnes de L’Italiano en 1969 sous la plume de Franco Petronio qui lui consacre un long article. L’Italien fait émerger la figure fasciste de l’écrivain français qu’il présente comme le rénovateur du roman contemporain. Écrivain « maudit », anticommuniste, antisémite, antidémocrate, opposé aux idéaux matérialistes et à la société moderne, Céline aurait été l’objet de persécutions de la franc-maçonnerie littéraire qui lui aurait refusé rééditions, traductions et célébrations60. Comme le souligne l’historien Johann Chapoutot, « l’imaginaire du complot […] présente l’immense mérite d’être immune à la contradiction, mieux, de l’intégrer pour la dépasser, d’être simple et accessible, et de proposer une herméneutique totale du réel61 ».
45En 1971, Marco Tarchi, jeune militant d’extrême droite, dresse à son tour le portrait d’un Céline « politique », « auteur dérangeant par excellence ». L’Italien se concentre plus particulièrement sur l’étude de ses pamphlets. De l’anticommunisme de Mea Culpa à l’antisémitisme de Bagatelles pour un massacre, Tarchi dessine le portrait de celui qu’il considère comme un « homme libre ». Il aborde également le collaborationnisme de l’auteur français, amplement justifié dans les colonnes par la « menace de guerre des trafiquants ». L’Italien insiste également sur la « trahison » de Vichy et regrette que « dans les couloirs de Vichy, les diatribes, la petite trahison, la conjuration de palais, l’accord secret soient encore et toujours à l’ordre du jour ». Tarchi apporte ainsi une tentative d’explication à la chute du fascisme qui aurait perdu la guerre, « peut être également pour n’avoir pas su savoir purifier de façon radicale ses propres rangs62 ». L’évocation de la figure de Céline permet ainsi à l’auteur de formuler une critique du régime de Vichy et de promouvoir des mesures radicales, applicables dans les années 1970, pour sauvegarder l’intégrité du groupe.
Regards croisés : un intérêt intellectuel partagé
46Au-delà de la réappropriation de figures tutélaires et mythiques françaises de l’entre-deux-guerres, les principaux périodiques de l’extrême droite italienne offrent à leurs homologues français une place privilégiée dans leurs pages. Ordine Nuovo et L’Italiano, témoignent, à travers la publication de nombreux articles sur les courants qui la composent, de leur intérêt continu et des relations particulières qui unissent les groupes des deux côtés des Alpes. Défense de l’Occident et Europe-Action alimentent ainsi les circulations et transferts idéologiques qui caractérisent les relations entre les extrêmes droites françaises et italiennes durant la période.
Défense de l’Occident et l’extrême droite italienne
47En 1961, Ordine Nuovo loue l’œuvre de clarification idéologique menée par Défense de l’Occident en France qui serait à l’avant-garde de la bataille63. L’intérêt que porte la rédaction d’Ordine Nuovo à Défense de l’Occident est réciproque et dès avril 1961, le périodique français se félicite de constater que « [leur] combat n’est pas solitaire ». Ils célèbrent « l’effort fraternel de [leurs] amis qui fait écho aux préoccupations majeures de l’équipe de Défense de l’Occident ». Ils rapportent en effet l’initiative éditoriale d’Ordine Nuovo qui aurait « édit[é] des affiches d’un graphisme sobre et précis sous le titre Europe réveille toi ». Quelques mois plus tard, la revue française souligne la proximité idéologique, politique et rhétorique entre les deux groupes et écrit :
« Ce n’est pas une coïncidence fortuite, mais bien un intersigne, inscrit en traits discrets mais nets dans le ciel noir des cataclysmes, si à Rome et à Paris de jeunes hommes, des étudiants, sans s’être concertés, trouvaient pour exprimer leurs volontés, les mêmes accents et parfois les mêmes mots. »
48Le périodique français voit dans cette concordance un effet de l’émergence d’une « conscience européenne64 ». Les revues procèdent à un échange régulier de leurs numéros, et ils ouvrent leurs colonnes à leurs correspondants d’outre-Alpes65.
49Plusieurs écrits d’Antonio Lombardo, responsable du secteur étranger d’Ordine Nuovo paraissent dans la revue de Maurice Bardèche : il consacre un long article, en février-mars 1966, aux « technocrates, néo-capitalistes et socialistes nationaux en Italie ». L’Italien s’insurge contre l’échec supposé des gouvernements de centre-gauche et fait le résumé des déséquilibres structurels italiens. Selon lui, le « miracle économique » que connaît l’Italie dans les années 1950 et au début des années 1960 serait à porter au crédit du régime fasciste puisqu’il serait « l’œuvre d’une génération de dirigeants d’entreprises dynamiques, ayant subi l’influence de la période mussolinienne ». La nature démocratique du régime d’après-guerre est ici dénoncée et qualifiée de profondément corrompue et corruptrice. Lombardo s’inquiète des perspectives politiques qui s’offrent alors à l’Italie et se soucie de voir éclater une crise qui pourrait s’achever par la prise de pouvoir d’une « sorte de gaullisme italien » ou par un « front populaire durci66 ». En 1968, le périodique consacre plusieurs articles à la situation italienne et s’offre des chroniques sur « Les étudiants italiens » ou sur une supposée « Église rouge en Italie67 ». Bardèche, dans un article intitulé « Le pays réel et le pays légal », s’interroge sur l’implication de la jeunesse d’extrême droite dans les événements de « mai ». Il insiste sur l’exemplarité de la situation italienne qui a vu « le MSI se rallier à la défense de l’ordre [se faisant] ainsi le collaborateur du gouvernement italien », tandis que le FUAN, son organisation de jeunesse, « restait fidèle à l’inspiration révolutionnaire de l’opposition de droite » et se trouvait « aux côtés de ceux qui cherchaient à obtenir par la force une défaite du régime ». Ce conflit met ainsi en évidence l’opposition de tendances qui traverse le MSI entre partisans de l’ordre et « ceux qui aspirent à un changement total de la société » : choix sur lequel les Français aussi seraient invités à réfléchir68.
50 Défense de l’Occident signale régulièrement, dans les années 1960, son admiration pour cette frange révolutionnaire de l’extrême droite italienne réunie autour d’Ordine Nuovo ; le retour de Giorgio Almirante à la tête du parti, en 1969, modifie substantiellement le jugement porté par la revue française sur le MSI. Jusque-là très critiques, les rédacteurs de Défense de l’Occident apportent désormais tout leur soutien à la politique du MSI, alors que s’opère un rapprochement entre le parti italien et l’extrême droite française en cours d’unification. Dans le numéro spécial publié en janvier 1970 par la revue française sur « Le fascisme dans le monde », un article se félicite en effet du dynamisme de la direction du MSI et de l’abandon de la « ligne réactionnaire et droitière69 ».
51L’arrivée à la rédaction de Défense de l’Occident du jeune idéologue d’extrême droite François Duprat en 1967, puis de Pascal Gauchon en 1971, entraînent une multiplication des articles portant sur l’extrême droite italienne70. Pascal Gauchon, pour qui le soutien du MSI constitue un enjeu fondamental au milieu des années 1970, ne cesse de rappeler dans les colonnes de la revue de Bardèche, à l’image d’Ordre Nouveau quelques années auparavant, qu’Italie et France vivent « au même rythme politique ». Une évidence qui, selon lui, devrait être étendue, « au-delà des réalités historiques, à l’idéologie ». Il dresse ainsi un historique des circulations et échanges idéologiques franco-italiens qui auraient touché l’ensemble des tendances constitutives de l’extrême droite71.
L’Italiano et Ordine Nuovo, vecteurs de dialogue idéologique franco-italien
52Outre Défense de l’Occident qui dialogue avec ses homologues italiens, offrant notamment une place de choix aux écrits d’Evola dans ses colonnes à partir de 1970, L’Italiano constitue également une passerelle idéologique franco-italienne. Dès les années 1960, Michele Rallo porte son regard sur l’extrême droite française et publie régulièrement des articles sur son histoire dans les colonnes de la revue de Pino Romualdi. Rallo échange ainsi des périodiques avec ses homologues étrangers : s’il réside en Sicile, et est donc quelque peu en marge des contacts franco-italiens, il reçoit néanmoins un certain nombre de publications françaises. Lorsqu’en 2012 je l’interroge plus spécifiquement sur les titres des revues avec lesquelles il est en contact, il mentionne pêle-mêle, Europe-Action, Rivarol, Défense de l’Occident, L’élite européenne de Joël Freymond ou encore les Lectures françaises d’Henry Coston. Alors que l’Italien est présent au congrès des jeunesses européennes organisé en novembre 1969 par le MSI, il raconte s’être par la suite détourné du jeu politique pour se concentrer sur la culture et l’histoire politique de l’extrême droite. C’est ainsi qu’il entre, au début des années 1970, en contact avec François Duprat avec qui il entretint, selon ses dires, une relation très étroite. Dans les suppléments à sa Revue d’histoire du fascisme, Duprat aurait ainsi publié quelques articles traduits de Michele Rallo parus dans L’Italiano sur les nationalismes polonais et croate. Les deux hommes auraient entretenu une correspondance longue et continue, à l’image de leur collaboration intellectuelle : Rallo loue en Duprat l’historien des mouvements fascistes européens et dit avoir eu vent de son rôle politique au sein de l’extrême droite française sans s’y être intéressé. L’Italien insiste sur la rupture que constitua la mort de Duprat, pour les échanges intellectuels et culturels des extrêmes droites françaises et italiennes. Parallèlement, il réussit à établir des relations avec certaines maisons d’édition françaises, comme la Table ronde, qui lui envoient leurs ouvrages72.
53Rallo publie d’ailleurs, en 1971, aux éditions Europa de Rauti, un ouvrage sur l’extrême droite française en langue italienne intitulé Dall’Action Française ad Ordre Nouveau. La dédicace de l’ouvrage témoigne de la pérennité de la référence à une communauté de combat intemporelle : elle est adressée aux « morts de la place de la Concorde, aux combattants français décédés en Espagne, sur le front russe, dans la bataille pour la défense de Berlin, aux victimes de l’épuration » et enfin, « aux martyrs de l’Algérie française73 ».
54 Ordine Nuovo porte également un intérêt continu à la situation politique française comme en témoigne, en 1964, la longue interview accordée par les Italiens à Fabrice Laroche. Il dresse alors un état des lieux du nationalisme en France, précise idéologies et notions de vocabulaire indispensables pour permettre un dialogue transnational. Laroche s’attache ainsi à expliciter, pour ses camerati italiens, la distinction établie par l’aile nationaliste-révolutionnaire de l’extrême droite française entre « nationalistes » et « nationaux », souvent méconnue de ses homologues européens. Selon lui, les « nationaux » seraient « les représentants de la vieille droite conservatrice et rétrograde, les derniers légitimistes, les “démocrates de droite” » et ne sauraient être confondus avec les « nationalistes ». Le nationalisme, que Laroche désigne avant tout comme « un état d’esprit et un comportement face à la vie », aurait en effet connu une série de transformations. Si elle a abandonné l’idée de reprendre le pouvoir à brève échéance, l’extrême droite se serait engagée dans une longue marche vers un objectif lointain et qui viserait « à la conquête intégrale ». Laroche dresse ainsi un parallèle étonnant entre la situation des nationalistes en 1965 et celle de Lénine et des bolcheviques durant la période qui s’étendit de l’échec de la révolution de 1905 à 1917. Il fait état des efforts de propagande et de formation menés par les groupes nationalistes sur le territoire français, dénonce le caractère technocratique de l’Europe du marché commun et en appelle à la création d’une Europe révolutionnaire, « rempart politique de l’Occident74 ».
55C’est justement pour dénoncer cette Europe technocratique et proposer un modèle économique alternatif qu’Europe-Action et Ordine Nuovo multiplient les contacts et projets communs, nourrissant la circulation de schémas idéologiques transnationaux.
CEPEO et CESEO : penser un modèle économique commun
56En 1963, les travaux du CEPEO occupent, au sein des colonnes d’Europe-Action une place non négligeable – huit articles – tandis qu’un ouvrage intitulé Éléments d’une économie organique est intégralement dédié au programme économique promu par Europe-Action75. Ces thèses ne trouvent cependant, dans les pages d’Ordine Nuovo qu’un écho limité, témoignant du peu de prise que les théories de l’économie organique eurent sur l’extrême droite italienne76.
57Le lundi 6 avril 1964, un communiqué annonce toutefois la création du Centro studi per una economia organica (CESEO) à Catane par Antonio Lombardo, qui se propose, selon ses homologues français :
« De réaliser et de diffuser une série d’études positives dans les domaines économiques, d’analyser la nouvelle articulation de l’économie […], de dénoncer les contradictions et la faillite des conceptions découlant des postulats paléotechniques (capitalisme libéral, économie marxiste, technocratie)77. »
58Il s’agirait, à terme, de promouvoir la création d’un organisme central d’Études pour l’économie organique à l’échelle européenne. En mars 1964, le CESEO aurait bénéficié, pour financer cette initiative éditoriale, de subventions des néofascistes français, d’organisations portugaise – la Jovem Europa – et espagnole – le centro doctrinal José Antonio78. En mai 1964, la préfecture de Catane confirme les liens entretenus entre le CESEO et le mouvement français Europe-Action et son CEPEO. Ces organisations s’attacheraient à diffuser « les postulats du système corporatif, qui devrait amener à l’abolition de la lutte des classes et à la création d’une nouvelle économie où l’État serait centre de fusion entre les forces du capital et du travail ». Néanmoins, la Préfecture sicilienne signale l’influence limitée de ces déclarations d’intention et de la propagande sur l’opinion publique italienne79.
59Il n’en reste pas moins que ces échanges nourrissent les débats sur le corporatisme et l’économie organique au sein de l’extrême droite européenne des années 1960. Comme le relève l’historien Olivier Dard, « pendant des décennies, les droites nationalistes [françaises] ont revisité le corporatisme […] tandis que certains publicistes […] ont vanté les mérites de certaines expériences étrangères, à commencer par le Salazarisme80 ». Ordine Nuovo, de son côté, promeut sous la plume d’Antonio Lombardo, la nécessité d’une programmation de l’économie par un pouvoir politique qui n’aurait rien en commun avec la « planification progressiste », à l’origine de « nouvelles formes de monopoles ». Il s’attache à promouvoir un modèle d’économie organique régulé par un pouvoir politique « fort et continu, capable de limiter les tendances expansionnistes trop hasardeuses et de casser toute apparition d’instances technocratiques81 ». Sans surprise, les auteurs ne cachent par leur attachement aux structures économiques et sociales fascistes, et en particulier, à la reconnaissance juridique des syndicats et à la loi sur la socialisation des entreprises qui auraient pu permettre de résoudre les problèmes de la République italienne82. Outre le modèle fasciste, c’est au « modèle de stabilité économique » de la République salazariste portugaise que les Italiens se réfèrent, « obtenue à travers la prééminence du pouvoir politique » sur l’économie, tenue à l’écart des « fluctuations du mécanisme productif du néocapitalisme mondial83 ». Le CEPEO dénonce ainsi la mainmise qu’exerceraient les dirigeants « des nouveaux colosses industriels et financiers » sur le pouvoir politique, il rappelle le caractère « aliénant » du régime technocratique et en appelle à la création de ce qu’il présente comme la seule véritable alternative moderne à la technocratie : « L’État national-européen [qui serait] en mesure de dominer les nouveaux “cartels” continentaux, de désarticuler le pouvoir technocratique » et permettrait une « réelle “participation des élites syndicales” à travers la création de structures corporatives ».
60C’est le spectre renouvelé d’un ennemi intérieur honni, désormais identifié dans le technocrate démo-capitalo-marxiste, qui est ici réactivé par les auteurs italiens. Les « vrais ennemis du peuple européen » seraient ainsi ces « capitalistes et financiers qui privilégient leurs intérêts à ceux de l’Europe ; les politicards démocrates, les communistes et secondairement les “idiots utiles” (progressistes, etc.) ». CEPEO et CESEO dénoncent ainsi la colonisation économique du continent européen par le capitalisme84. La circulation de ces schémas idéologiques témoigne des transferts de modèles théoriques économiques de part et d’autre des Alpes.
La librairie de l’Amitié, « espace de rencontres électives »
61Dans ce cadre d’échanges intellectuels et politiques transnationaux, un lieu parisien fait figure d’« espace de rencontres électives et de “pétrifiantes coïncidences”85 » : la librairie de l’Amitié. Lieu de vente parisien d’Ordine Nuovo, cette librairie constitue indéniablement un lieu d’échanges et de rencontres pour l’extrême droite européenne. Sa propriétaire, Anne Gingembre, femme de Maurice Gingembre ancien de l’OAS, opère ainsi un rôle de liaison entre les extrêmes droites. En mai 1964, Anne Gingembre effectue en effet un voyage à Rome : elle y rencontre les chefs du courant « Rinnovamento » du MSI86, plusieurs députés du MSI ainsi que les dirigeants d’Ordine Nuovo, Pino Rauti et le professeur Evola. Au cours de ces discussions, Anne Gingembre se serait fait la porte-parole d’une nouvelle organisation sud-africaine connue sous le nom de « Centre pour la lutte contre le communisme », dirigée par Éric Odendaal. Elle se serait attachée à s’assurer du soutien des Italiens dans « la lutte contre le communisme international que le gouvernement d’Afrique du Sud mène[rait] afin de neutraliser le mouvement international anti-Apartheid constitué à Londres ». Anne Gingembre aurait également favorisé le lancement éditorial de quelques publications d’Ordine Nuovo composées par Rauti et Evola qui illustreraient la « situation des forces national-révolutionnaires en Italie87 ».
62Ces échanges politiques et culturels, ces rencontres européennes favorisent rencontres personnelles et circulations idéologiques. Elles sont accompagnées par une activité éditoriale transnationale qui favorise ces contacts intellectuels franco-italiens.
Penser un monde commun : librairies, maisons d’édition et intellectuels de droite
63Comme nous l’avions souligné en première partie, Roland Laudenbach imprime sur les publications de la maison d’édition qu’il dirige ses inflexions idéologiques. Le catalogue des publications de la Table ronde88 est composé des ouvrages émanant de diverses tendances de la droite et de l’extrême droite européenne : les romans écrits par des écrivains marqués à droite89 voisinent avec les écrits politiques de Léon Degrelle, Maurice Bardèche, Jacques Ploncard d’Assac, Jacques Isorni, Suzanne Labin ou encore ceux des jeunes intellectuels Fabrice Laroche et François d’Orcival90. Mais c’est surtout le combat pour l’Algérie française qui marque durablement les éditions de la Table ronde. Fervent défenseur de cette cause, Laudenbach accorde, dès 1957 et durant toutes les années 1960, un soutien indéfectible à ses partisans et publie leurs ouvrages, au risque de les voir interdire91. Ces positions radicales conduisent à la fin de la participation de Gallimard dans le capital de la Table ronde, en 1974.
64Les correspondances conservées au sein de la Fondazione Spirito, dans le fonds Giano Accame et à l’IMEC, au sein des archives de la Table ronde92 permettent de saisir les relations éditoriales franco-italiennes. Elle éclairent également notre perception du fonctionnement de maisons d’édition qui s’attachent, malgré leur faible dimension et leurs tirages réduits, à occuper une place au sein des réseaux intellectuels européens.
Giano Accame et les Éditions de la Table ronde : une histoire éditoriale franco-italienne
65La mise en place de relations éditoriales privilégiées entre maisons d’édition françaises pro-OAS et italiennes ne peut être comprise que dans le contexte de soutien à la lutte de l’organisation secrète. En 1961, la France est en pleine guerre d’Algérie, l’extrême droite italienne est encore fortement marquée par la chute du gouvernement Tambroni et les militants des deux pays ont intérêt à élargir leur cercle de relations, à la recherche d’une audience internationale. La Table ronde entretient ainsi, dès cette période, des contacts avec des maisons d’édition de droite comme Il Borghese mais aussi avec des maisons plus généralistes comme Garzanti93, pour les publications les moins confidentielles.
66À partir de 1961, Michel Déon est en charge, pour la Table ronde, de « toutes les questions de traduction et de diffusion à l’étranger94 ». Il entretient ainsi une correspondance suivie avec Giano Accame qui occupe une place d’intermédiaire entre éditeurs italiens et étrangers. Si l’on en croit le ton employé dans les premières lettres conservées, les formules de politesse et la teneur des messages, Michel Déon prend contact, pour la première fois, avec Giano Accame, en septembre 196195. Les deux hommes ne se connaissent pas et leurs relations sont strictement professionnelles. Ils correspondent alors en français mais très rapidement, alors qu’ils entretiennent des relations épistolaires régulières et qu’une certaine familiarité s’instaure, chacun écrit dans sa langue maternelle96.
67Progressivement, des relations privilégiées s’établissent donc entre Accame et Michel Déon. La francophilie et la grande familiarité d’Accame avec la culture politique d’extrême droite facilitent sans doute les prises de contact. L’Italien dispose d’un réseau de correspondants français et entretient des relations intellectuelles avec Maurice Bardèche, Alain de Benoist ou Jean-Paul Bonnafous, l’un des dirigeants de l’Association des amis de Robert Brasillach97. Sa profession de journaliste le place au cœur des réseaux de l’extrême droite italienne proches du MSI, et en fait, pour les Français, un interlocuteur privilégié. Il connaît et fréquente également l’éditeur Giovanni Volpe98 et contribue à l’intensification des relations entre la Table ronde et les éditeurs italiens.
68Accame participe également au lancement et à la promotion d’auteurs de la Table ronde : s’il promeut Paul Sérant ou Jacques Laurent, il organise également, en décembre 1964, à l’occasion de la sortie de l’ouvrage de Michel de Saint Pierre, Les Nouveaux prêtres, une conférence de presse destinée à faire connaître l’ouvrage publié, dans sa version italienne, par les éditions d’extrême droite Il Borghese99. Les correspondances entre Laudenbach et Accame témoignent du rôle fondamental joué par le journaliste italien pour permettre sa diffusion en Italie. Laudenbach se félicite du succès rencontré par l’ouvrage en France et souhaite vivement qu’il connaisse la même réussite en Italie. Il compte ainsi sur le soutien de Monseigneur Arrighi (frère de l’ex-député français), susceptible de faire la publicité du livre dans les milieux du Vatican. L’éditeur français charge donc Accame d’organiser, lors de la venue à Rome de Michel de Saint Pierre toutes les rencontres qui pourraient être utiles avec la presse, la radio et la télévision100. Le service rendu est vraisemblablement fort apprécié par Laudenbach qui ne manque pas de remercier chaleureusement son interlocuteur italien pour l’aide amicale apportée à Michel de Saint Pierre lors de son séjour romain et il conclut par ces mots : « Je crois beaucoup à une étroite collaboration franco italienne des gens qui pensent comme nous101. » Laudenbach renouvelle d’ailleurs son attachement et son soutien éditorial à Accame quelques années plus tard, en janvier 1967, lorsqu’il lui écrit espérer la parution prochaine d’un ouvrage italien susceptible d’être traduit par la Table ronde. Il affirme à cette occasion que :
« Cette maison est faite pour vous, pour des écrivains comme vous. Si je ne réussis pas cela, l’effort que je poursuis inlassablement depuis vingt ans, à travers tant d’embûches, et au milieu de tant de cadavres (ou de rêves de rêveurs éveillés) aura été vain. Mais notre persistance ne tient pas qu’à la volonté, elle tient d’une sorte de miracle qui m’émerveille chaque jour : si nous avons tenu, nous tiendrons malgré tant d’ennemis et parfois d’infidèles amis. L’appareil existant, ne me manque que de très bons livres. À vous, à nos amis de les écrire, dans la déroute si complète de nos adversaires idéologiques102. »
69Accame s’attache également jusqu’au milieu des années 1970, à dénoncer le supposé monopole culturel de la gauche. Il favorise les échanges de revues d’extrême droite et promeut, dès 1961, les rencontres intellectuelles internationales. Il souhaite constituer, sur le modèle communiste, une Internationale des écrivains de droite. Il organise ainsi les rencontres romaines de la culture – un congrès des écrivains d’Occident – qu’il prépare grâce à l’aide des Français de la Table ronde et de Jean Brune. Les divisions de l’extrême droite française apparaissent nettement dans les choix opérés par Déon et Laudenbach qui s’opposent à la présence de certaines personnalités considérées comme démodées103. Accame s’indigne de cette sélection et compare la liste des participants « à une liste de la vieille garde après un congrès du PCUS ». Les enjeux nationaux et générationnels qui agitent l’extrême droite française ne peuvent, selon Accame, être pris en considération au niveau international104. Il suggère donc d’intégrer Maurice Bardèche à ces réunions internationales. La réponse de Michel Déon est, à ce propos, sans équivoque :
« Maurice Bardèche est un ami éminent et passionnant, que j’admire profondément, mais on ne sait jamais s’il ne va pas se lever brusquement pour faire l’apologie d’Eichmann. C’est un des dangers qu’il représente105. »
70Accame accepte finalement de renoncer à la présence de Bardèche et à ses « intempérances verbales ». C’est Bernard George qui représente Défense de l’Occident106.
71Les écrivains Pol Vandromme, Alexis Curvers, Ernst Von Salomon, Ernst Jünger, les roumains Vintila Horia et Mircea Eliade, les Grecs Karandonis et Elytis, les Français Girardet et Guitton sont finalement conviés au congrès. À la suite de cette rencontre et à la demande des participants, une Union internationale des écrivains est créée107. Ce premier colloque est suivi, en septembre 1963, par la seconde rencontre romaine de la culture, marquée par la présence d’une délégation américaine emmenée par l’écrivain John Dos Passos, en présence de représentants espagnols, grecs, autrichiens, belges, portugais, allemands, italiens et français. Ces rencontres connaissent une certaine postérité puisqu’une troisième édition est organisée en avril 1975 par Giovanni Volpe, suite au retrait d’Accame, qui se tient désormais à l’écart de ces milieux politiques. Une quatrième édition a lieu en 1978.
72À l’occasion de ces rencontres, ce sont de véritables réseaux intellectuels européens qui se constituent dans les années 1960 et perdurent dans les années 1970. Durant les années 1960, Accame permet également aux éditions de la Table ronde d’être représentées lors du premier festival mondial du film de science-fiction organisé, du 11 au 15 juillet 1963, à Trieste. Il assure ainsi la présence de la droite au sein d’une manifestation officielle, bénéficiant de subventions publiques et où la présence des communistes est assurée108.
73Parallèlement, lorsque Jean Brune lance le périodique Valeurs Actuelles en 1966, il ne manque pas de s’adresser à Accame pour favoriser sa diffusion en Italie. Brune souhaite en effet établir un service d’échange avec Il Borghese – « l’un des meilleurs journaux d’Europe » – et demande à en recevoir les derniers numéros. Brune demande à être tenu au courant de l’activité éditoriale italienne et, non sans une pointe de flatterie, il écrit à Accame :
« Je sais que vous êtes à Rome et plus généralement, en Italie, au centre de l’information, et je connais depuis longtemps vos qualités d’observateur et d’écrivain109. »
74La persistance des relations professionnelles entre Michel Déon et Giano Accame est à l’image de leur longue correspondance. Elle témoigne des liens personnels qui unissent les deux hommes, malgré l’éloignement et les déplacements fréquents de Déon. Si elles permettent de saisir l’établissement de relations éditoriales franco-italiennes, elles nous donnent également à lire le regard que ces intellectuels de droite portent sur la situation politique et sociale de l’Europe. Ainsi Déon écrit-il à Accame, en mai 1969 :
« Je suis un peu les événements d’Italie, mais il faudrait y être pour savoir la vérité. Toute la presse étrangère voit des fascistes partout. J’espère que c’est vrai. »
75Certains événements politiques ne manquent pas de susciter les commentaires parfois acerbes de l’un ou l’autre des correspondants. De Gaulle demeure par exemple l’objet de critiques virulentes lorsqu’en mai 1969, Déon écrit à Accame :
« Depuis des années, je m’étais promis de me saouler à mort, le jour du départ du vieux, mais mes reins douloureux m’ont interdit cette belle fête110. »
76Plus généralement, ce sont également les états d’âme de ces écrivains qui se qualifient eux-mêmes de « réprouvés » qui apparaissent dans ces correspondances.
77Le rôle fondamental joué par Accame dans l’établissement des relations intellectuelles entre les extrêmes droites françaises et italiennes est souligné par Michel Déon en 1969 lorsqu’il se désole de ne pouvoir venir en aide à son ami, « vous qui avez tant fait pour les écrivains français de notre bord en Italie111 ». Giovanni Volpe témoigne également de la relation privilégiée qu’entretient Accame avec les Français lorsqu’il écrit au journaliste italien, en novembre 1970 que lors d’une visite récente à Paris, leurs « amis communs parisiens (Bernard George, D. Venner, M. Bardèche) » lui ont confirmé toute « l’estime affectueuse » qu’ils portent à Accame et « combien ils regrettent… disons [sa] disparition de [leur] monde ». Il ajoute :
« Lui avoir écrit cela non seulement pour transmettre le bonjour de ces amis, mais également pour [lui] répéter qu’[Accame], en tant que semi-jeune certainement parmi les plus capables, peut toujours toujours trouver auprès de [Volpe] l’éditeur modeste et honnête prêt à accueillir un de ses livres, en gardant à l’esprit que, pauvres de nous, plus les cheveux deviennent blancs et plus la chemise devient noire112 » !
78Outre Accame, ce sont les edizioni Volpe de Giovanni Volpe et les éditions Europa de Rauti qui entretiennent des relations avec les Français.
Edizioni Volpe, edizioni Europa et les Français
79Dès décembre 1961, Giovanni Volpe entre en contact avec Roland Laudenbach, grâce à la médiation de Maurice Bardèche. Dans un français hésitant, Volpe écrit ainsi à son interlocuteur pour l’informer d’une initiative éditoriale organisée à Rome et qui vise à faire connaître aux lecteurs italiens des livres politiques oubliés. Il amorce d’autre part une prise de contact pour obtenir les droits d’ouvrages français. Il s’engage ainsi à signaler à ses homologues français « les très rares livres italiens qui sont en harmonie avec [s]es idées » et qui seraient susceptibles d’intéresser ses interlocuteurs transalpins113.
80Au milieu des années 1960, Volpe s’impose petit à petit, comme un partenaire italien privilégié pour les éditions de la Table ronde et obtient, en 1965, les droits pour la diffusion italienne d’ouvrages de Bonnard, Garder et Saint Pierre114. Il entretient en outre des relations personnelles avec l’avocat Jacques Isorni dont témoignent ses correspondances115.
81En 1968, Volpe s’adresse directement à Michel de Saint Pierre pour publier la première partie de son ouvrage Ces prêtres qui souffrent car « le lecteur italien craint les livres un peu gros ! ». Volpe souhaite ainsi éditer de petits ouvrages diffusés à bas prix. Il sollicite en outre Michel de Saint Pierre pour que celui-ci écrive « un profil d’un catholique “méchant” à la Léon Bloy ou Veuillot » pour « présenter les champions de l’intégrisme, du triomphalisme, de l’Église constantinienne116 ». Dans les années 1970, Volpe est désormais un partenaire privilégié des Français : le programme de son séjour parisien d’octobre 1972 témoigne du rôle d’intermédiaire qu’il occupe alors entre intellectuels français et italiens. L’Italien écrit ainsi à un interlocuteur non identifié avoir eu un « programme parisien bien dense (Weber, Monnerot, Bardèche, Andreu, Salleron)117 ». À cette occasion, il obtient les droits d’édition italiens pour des ouvrages de Louis Pauwels, de Paul Sérant et Jean Cau. Il envisage également de créer, avec Roland Laudenbach, une revue « semblable à la NTR [Nouvelle Table ronde] 1er numéro […], avec un tout petit peu de piment politique en plus ». Il sollicite Laudenbach pour qu’il lui recommande des collaborateurs et s’engage en échange à fournir du papier et à assurer l’impression118. Alors que l’initiative ne semble pas avoir abouti, la traduction d’un ouvrage de Rassinier met au jour les réseaux de publication d’extrême droite franco-italiens.
L’opération Vicaire
82Les débats suscités par la publication d’ouvrages qui interrogent le comportement du pape Pie XII durant la Seconde Guerre mondiale et son silence face au génocide juif agitent le public européen au milieu des années 1960. La parution de L’opération vicaire de Paul Rassinier laisse entrevoir aux éditeurs italiens de substantiels bénéfices qui expliquent l’intérêt que trois maisons d’édition manifestent pour obtenir les droits de traduction et de diffusion de son ouvrage en Italie.
83 L’opération vicaire 119, critique acerbe de l’ouvrage de Jacques Nobécourt Le vicaire et l’histoire120, suscite de fortes réactions et des conflits éditoriaux en France comme en Italie. Rassinier réfute en effet le propos accusateur de Nobécourt à l’égard de l’action de Pie XII durant le second conflit mondial. Antisémite notoire, Rassinier affirme que le débat suscité par la sortie de l’ouvrage de Nobécourt fut orchestré par « le bolchevisme et le mouvement sioniste international121 » et s’insérerait au sein d’un affrontement religieux séculaire supposé entre judaïsme et christianisme. Plusieurs maisons d’édition italiennes sont donc en lice, en 1965, pour obtenir les droits de l’ouvrage promis à un brillant succès italien : les edizioni Europa de Rauti, les edizioni Volpe et Il Borghese sollicitent, entre 1965 et 1966, l’auteur négationniste ou son éditeur français. Paul Rassinier écrit ainsi à Roland Laudenbach, le 25 avril 1965 que « son éditeur italien », Rauti, lui écrit « qu’il est acheteur des droits de l’opération vicaire ». Rauti a en effet obtenu les droits de traduction et de diffusion de l’ouvrage négationniste Il dramma degli ebrei europei122 qui fut, en 1967, le premier ouvrage publié par la nouvelle maison d’édition créée par Rauti en 1964. Rassinier insiste sur les importantes capacités de paiement de Rauti qui devraient permettre aux Français de la Table ronde de négocier un contrat dans les meilleures conditions123.
84Pino Rauti prend d’ailleurs personnellement la plume et écrit à Rassinier qu’il a « pu voir grâce à Giannettini le livre “L’Opération vicaire” ». Giannettini fait en effet office d’intermédiaire efficace entre Paul Rassinier, qu’il connaît personnellement124, et Rauti. C’est à Giannettini que Rassinier s’adresse pour savoir s’il serait possible de publier L’opération vicaire en italien125. Le leader d’Ordine Nuovo dresse du nouvel opus de Rassinier un éloge non dissimulé : il le félicite « pour sa fougue passionnelle, et son haut contenu documentaire ». Rauti confirme avoir des disponibilités financières et écrit « avoir trouvé des appuis concrets » pour sa maison d’édition126. De son côté, Rassinier, dans un courrier destiné à Giannettini daté de septembre 1965, identifie « deux personnages influents » susceptibles de faciliter une éventuelle édition italienne de l’ouvrage : « le R.P. Leiber » du Collegio Germanico, et « Mgr Roche, un Français, Opus Senaculi, via Aurelia127 ». La parution de l’ouvrage suscite effectivement l’émoi du secrétaire du cardinal Tisserant et supérieur général de l’Opus Cenaculi qui ne manque pas de remercier Rassinier pour cette lecture « boulevers[ante] ». Il dresse un portrait laudateur de l’auteur français :
« De toute la ferveur de mon âme je vous remercie, au nom de tous ceux qui, fidèles à l’incorruptible mémoire d’Eugène Pacelli, n’ont pas votre culture historique, votre talent littéraire, et peut-être (je le dis en rougissant) votre courage aussi admirable qu’indomptable128. »
85Rassinier se félicite, dans un courrier à Giannettini, du succès rencontré par son ouvrage en France, alors que « le total des exemplaires demandés par les libraires de France atteint déjà 20 000 ». Selon Rassinier, « les curés soutiennent. Si j’en crois les nouvelles qui me viennent de Rome, il en sera de même en Italie » et il ajoute : « Si vous publiez, vous serez soutenus aussi par Mgr Roche de l’Opus Senaculi, […] qui est le plus grand financier du Vatican. » Il invite ainsi Giannettini à prendre contact avec la famille Pacelli, qui, « paraît-il, est enthousiaste pour [s]on livre ». Il conclut par ces mots :
« Ce sont là toutes les nouvelles que j’ai. Je vous les transmets à vous parce que, comme vous parlez un excellent français, il est plus facile de communiquer avec vous qu’avec Rauti. Traduisez-lui cette lettre s’il vous plaît merci129. »
86Probablement informé par Giannettini, Rauti est persuadé que le livre de Rassinier sera bien accueilli en Italie, il prévoit de le publier au mois d’octobre 1965 avant de promouvoir la sortie, au mois de décembre, de trois autres volumes parmi lesquels « Le drame des juifs ». La maison d’édition est en plein lancement et Rauti concentre ses efforts afin de « “percer” tout de suite130 ». Au-delà de cet effet d’annonce, Rauti ne donne finalement pas suite à ses propositions et si, en 1967, il publie et diffuse en Italie l’ouvrage négationniste de Rassinier, Le drame des Juifs européens, L’opération vicaire n’est finalement pas publié, malgré le contrat signé entre la Table ronde et les éditions Europa le 21 septembre 1965. Il est probable que Rauti ait eu finalement besoin de davantage de temps et de fonds pour assurer le délicat travail d’édition.
87Parallèlement, Rassinier s’attache à promouvoir la diffusion de son ouvrage en Italie : il prévoit en effet de faire un voyage à Rome durant l’hiver pour rencontrer Mgr Roche et « régler définitivement le problème de l’Édition italienne ». Il sollicite l’aide de Giannettini pour assurer l’organisation de ce déplacement italien et l’invective : « À vous de jouer. » Il précise :
« J’aimerais rencontrer une vingtaine de personnes parmi les notables du MSI et de l’Action catholique, directeurs de journaux, secrétaires d’associations, etc., dans le dessein d’y constituer une sorte de comité de propagande de l’Édition italienne. En une petite réunion ou en une conférence de presse131. »
88Durant l’hiver 1965-1966, la Table ronde est sollicitée par Giovanni Volpe qui demande à Bernard George une « copie de l’opération vicaire pour une éventuelle édition italienne ». Volpe confirme dans un courrier directement adressé à Rassinier, qu’il souhaiterait obtenir les droits sur son ouvrage : il tempère néanmoins les espoirs que Rassinier a placés dans les ventes italiennes. Il relativise également le soutien supposé de la Curie à son ouvrage et écrit : « je crois qu’on peut sympathiser avec Ottaviani et ses amis mais il faut éviter toute illusion sur leur engagement ! Nous avons en matière une expérience très sûre ». Giovanni Volpe assure Rassinier qu’il s’apprête à faire une proposition à la Table ronde et que Rassinier pourrait compter, en cas d’accord, sur un versement à la signature, pratique qui semble être particulièrement appréciée de l’auteur132. Là encore, il semble que l’opération n’aboutisse pas et, en février 1966, ce sont cette fois les éditions Il Borghese qui contactent la Table ronde pour obtenir les droits italiens de l’essai de Rassinier, sans qu’aucun contrat n’ait vraisemblablement été signé, ce malgré le soutien de plusieurs membres de la hiérarchie catholique qui ne manquent pas, durant l’hiver 1965, de manifester leur reconnaissance à Rassinier. C’est le cas notamment de la nonciature apostolique en France qui « présente ses compliments à la maison d’édition “La Table ronde” et s’empresse de lui faire savoir que la Secrétairie d’État a bien reçu le volume de Paul Rassinier […] et qu’elle désire exprimer ses remerciements à l’Auteur et à l’éditeur pour cet hommage133 ».
89Ces correspondances exceptionnelles mettent au jour les relations étroites entretenues entre les éditeurs italiens et Paul Rassinier, le sou tien apporté par les institutions ecclésiastiques à la publication de l’ouvrage de l’auteur français, et la concurrence éditoriale à laquelle se livrent les éditeurs pour obtenir les droits d’un ouvrage qui n’a finalement jamais été traduit en Italie.
Les différends éditoriaux
90Ces relations suscitent néanmoins des différends qui témoignent des limites de ces collaborations éditoriales et politiques transnationales.
91Après quelques années de collaboration, Volpe émet de vives critiques sur « les catalogues et les annonces de LTR » qualifiés de mirage134. La réponse de Bernard George est cinglante :
« Le post-scriptum sur le “mirage” que constituent les catalogues et annonces de la Table ronde me laisse, il est vrai, rêveur. Je me demande en effet parfois si les productions Volpe ne sont pas elles-mêmes un mirage quand je pense à cette “Marea russa” pour laquelle nous avons signé un contrat en date du 3 janvier 1967 ! que nous avons ensuite refusé au “Borghese”, que j’ai annoncé aux Allemands qui doivent me prendre pour un plaisantin. »
92Il conclut par ces mots :
« Quand je parle à Roland Laudenbach des droits du “pape est mort”, il me regarde d’un air goguenard. Enfin je lui en reparlerai. Merci cependant encore de votre attention, et bien amicalement quand même135. »
93Dans la missive suivante, Volpe change de ton et interpelle son interlocuteur qu’il enjoint à lui « faire connaître [leurs] décisions sur l’ouvrage de Evola : Gli uomini fra le rovine ». Il ajoute :
« Je pense que vous aurez apprécié tel ouvrage qui est un classique pour notre élite. D’autre part, vous avez vu que nous avons acheté les droits pour l’Italie de plusieurs ouvrages chez vous, Table ronde, ce qui nous autorise à insister pour un minimum de réciprocité. »
94Volpe, visiblement agacé, conclut sa missive par ces mots :
« J’ai eu plusieurs fois la promesse d’avoir en prémices [sic] les nouvelles de vos nouveautés, mais la promesse est restée telle : j’y vois, malheureusement, la confirmation que la droit[e] ne connaît ce minimum de collaboration qui serait nécessaire ! »
95La traduction d’Evola semble tenir particulièrement à cœur à Volpe qui relance la Table ronde136, sans succès et c’est finalement Maurice Bardèche et ses éditions des Sept Couleurs qui obtiennent les droits sur Les Hommes et les ruines, publié en 1972137.
96Ces relations éditoriales mouvementées, mais néanmoins continues, mettent en lumière la permanence des relations intellectuelles des extrêmes droites françaises et italiennes. Nés à la faveur des échanges militants OAS, ces contacts intellectuels et politiques, portés par Maurice Bardèche, Fabrice Laroche ou encore François Duprat se caractérisent par leur pérennité, du début des années 1960 à la fin des années 1970.
Notes de bas de page
1 Braud Philippe, L’émotion en politique, Paris, Presses de Sciences Po, 1996, p. 186.
2 Germinario Francesco, Da Salo’al governo. Immaginario e cultura politica della destra italiana, Turin, Bollati Boringhieri, 2005, p. 31.
3 Ordine Nuovo, IX, 2, avril 1963, p. 56.
4 Dechézelles Stéphanie, « Questions d’héritage. Objets, supports et entrepreneurs de mémoire dans les droites italiennes », inBantigny Ludivine, Baubérot Arnaud (dir.), Hériter en politique : filiations, transmissions et générations politiques, Allemagne, France et Italie, XIXe-XXIe siècle, Paris, PUF, 2011, p. 203.
5 Romualdi Adriano, « Robert Brasillach », Robert Brasillach,Lettera ad un soldato della classe 40, edizione Caravelle, 1964. En France, la « classe » est déterminée par l’année où le soldat atteint ses vingt ans tandis qu’en Italie, elle l’est par son année de naissance. La « classe 60 » française correspond donc à la classe « 40 » italienne.
6 Espagne Michel, Les transferts culturels franco-allemands, Paris, PUF, 1999, p. 9.
7 Brasillach, Lettre à un soldat de la classe 60, Paris, Les Sept Couleurs, 1950, p. 17 ; p. 36.
8 Romualdi Adriano, « Robert Brasillach », inBrasillach Robert, Lettera ad un soldato della classe 40, edizione Caravelle, 1964, p. 33.
9 Iginus, « Lettera a un soldato della classe 40 », Ordine Nuovo, XI, 1-2, janvier-février 1965, p. 87.
10 Tosa Pino, « Omaggio a Brasillach », Noi Europa, mai 1968, p. 34.
11 Nous ne traduisons pas le terme cameratisma par camaraderie car, en Italie, ce terme a une connotation politique de gauche.
12 Tosa Pino, « Omaggio a Brasillach », art. cit., p. 34.
13 Brasillach Robert, Chénier, Paris, La pensée française, 1947.
14 Brasillach Robert, Histoire de la Guerre d’Espagne, Paris, Plon, 1969, p. 467.
15 Romualdi Adriano, « Mon pays me fait mal », L’Italiano, XII, 7, juillet 1971, p. 532-536.
16 En réalité, cette unanimité n’est guère étonnante puisque ce sont sensiblement les mêmes plumes qui écrivent dans les périodiques cités. C’est le cas notamment de Giuseppe Pensabene, d’Adriano Romualdi, de Michele Rallo et de Mario Prisco.
17 Romualdi Adriano, « Brasillach », Il Secolo d’Italia, 9 mai 1964, p. 8.
18 On fera, entre autres, référence au « peuple sans terre », comploteur, corrupteur (notamment sexuellement), subversif. Le couple Titus/Bérénice serait ainsi l’expression de l’opposition entre Occident et Orient.
19 Prisco Mario, « Berenice », Il Secolo d’Italia, 9 mai 1964, p. 8.
20 Fournier Éric, La « Belle juive ». D’Ivanhoé à la Shoah, Paris, Champ Vallon, 2011, p. 8 ; p. 311.
21 Almirante Giorgio, Robert Brasillach, Rome, Ciarrapico Editore, 1979, p. 44 ; p. 56.
22 Fondazione Ugo Spirito, Fonds Giano Accame, Correspondances, Pochette Maurice Bardèche, lettre manuscrite de Maurice Bardèche à Giano Accame, 13 février 1990.
23 Almirante Giorgio, Robert Brasillach, Rome, Ciarrapico Editore, 1979, p. 5 ; p. 14.
24 « Il dramma di una generazione », Il Secolo d’Italia, 28 mai 1965.
25 Archives du Centre d’histoire de Sciences-Po, Fonds Étudiants Nationalistes, EN1, Pochette no 2, FEN Presse no 2.
26 Bardèche Maurice, « Realtà europea », Azione, VI, 2, février 1961, p. 4-5.
27 Moneta Giovanni, « Intervista con Maurice Bardèche », L’Italiano, VI, 12, décembre 1963-janvier 1964, p. 27-28 ; p. 28.
28 Evola Julius, « Che cosa è il fascismo ? », L’Italiano, V, 10-11, octobre-novembre 1963, p. 28-32. Evola fait probablement référence ici aux ouvrages négationnistes de Maurice Bardèche, Nuremberg ou la Terre promise, Paris, Les Sept Couleurs, 1948 et Nuremberg II ou les faux monnayeurs, Paris, Les Sept Couleurs, 1950.
29 Peut-être faut-il voir, dans cette référence au « socialisme » fasciste, une trace de l’influence de la pensée de Drieu La Rochelle sur Maurice Bardèche.
30 Evola Julius, « Che cosa è il fascismo ? », art. cit., p. 31.
31 Brasillach Robert, Notre avant-guerre, Paris, éditions Godefroy de Bouillon, 1998, p. 283 ; Sérant Paul, Le romantisme fasciste. Étude sur l’œuvre politique de quelques écrivains français, Paris, Fasquelle, 1960.
32 Andriani Paolo, « I libri. Che cos’è il fascismo ? », Ordine Nuovo, 1-2, janv-février 1964, p. 40-46 ; p. 40.
33 Loubet Jean-Louis, L’illusion politique au XXesiècle, Paris, ed. Economica, 1999, p. 73. Voir également : Burrin Philippe, La dérive fasciste. Déat, Doriot, Bergery, 1933-1945, Paris, Seuil, 1986, p. 91-94 ; Ory Pascal, Les collaborateurs 1940-1945, Paris, Seuil, 1976.
34 Fils de l’historien fasciste Gioacchino Volpe, l’éditeur Giovanni Volpe est, au début des années 1960, le principal éditeur de l’extrême droite italienne.
35 Romualdi Adriano, Giannettini Guido, Prisco Mario, Drieu La Rochelle : il mito dell’Europa, Rome, Giovanni Volpe, 1965, p. 7 ; p. 11.
36 Julius Evola, maître de Romualdi, a été un fervent défenseur d’une supposée « aryanité » des Italiens durant les années 1930.
37 Romualdi Adriano, Giannettini Guido, Prisco Mario, Drieu La Rochelle…, op. cit., p. 12-15.
38 Loubet Jean-Louis, L’illusion politique…, op. cit., p. 95.
39 Romualdi Adriano, Giannettini Guido, Prisco Mario, Drieu La Rochelle…, op. cit., p. 125.
40 Germinario Francesco, Estranei alla democrazia…, op. cit., p. 35.
41 Romualdi Adriano, Giannettini Guido, Prisco Mario, Drieu La Rochelle…, op. cit., p. 102-103.
42 Drieu la Rochelle Pierre, La commedia di Charleroi, Turin, edizioni dell’Albero, 1963 ; I cani di paglia : romanzo, Bolzano, All’insegna del cavallo alato, 1964 ; Socialismo, fascismo, Europa, Rome, Giovanni Volpe, 1964 (scritti politici scelti e presentati da Jean Mabire).
43 « Antologia di scrittori europei di destra », Il Secolo d’Italia, 28 mai 1965.
44 « Drieu La rochelle e il mito dell’Europa », Il Secolo d’Italia, 17 mars 1970, p. 3.
45 « Novità in libreria Il mito dell’Europa », Il Secolo d’Italia, 8 juillet 1965, p. 3.
46 « Gilles, anarchico e fascista », L’Italiano, V, 6-7, juin-juillet 1963, p. 61.
47 CdM, Procedimento penale contro elementi del disciolto Movimento Politico Ordine Nuovo, Préfecture de police de Perugia, Gabinetto di polizia scientifica, perquisizione alla sede del movimento extraparlamentare di destra Ordine Nuovo, 14 novembre 1973.
48 Arpaja Andrea, « L’Europa in Drieu La Rochelle », Ordine Nuovo, I, 1, 1970, p. 58-60.
49 CdM, Dossier de procédure pénale n ° 6/81 contro Delle Chiaie Stefano, Documentation Ucigos, fasc. « Avanguardia Nazionale varie. Denunzia per riorganizzazione di Partito Fascista », « L’Europa di Drieu La Rochelle ».
50 Loubet Jean-Louis, L’illusion politique…, op. cit., p. 134.
51 Ibid., p. 73.
52 Ibid., p. 111.
53 « Lo scrittore Céline è morto in poverta. Perseguitato perché aveva seguito Petain », Il Secolo d’Italia, 5 juillet 1961, p. 3.
54 Cardarelli Dinamo, « La Francia ha ucciso il suo più grande scrittore contemporaneo. Celine », Il Secolo d’Italia, 24 mars 1966, p. 3.
55 Mambrini Renzo, « Céline intellettuale di destra », Il Secolo d’Italia, 14 mars 1968, p. 3. L’expression est en français dans le texte.
56 Cardarelli Dinamo, « La Francia ha ucciso il suo più grande scrittore contemporaneo. Celine », art. cit., p. 3.
57 Rassinier Paul, La menzogna di Ulisse, Milan, Edizioni la Rune, 1966.
58 Le s est manquant dans la version italienne.
59 Carbone Emilio, « La menzogna di Ulisse », Il Secolo d’Italia, 29 septembre 1966, p. 3.
60 Petronio Franco, « Ezra Pound e Celine », L’Italiano, XI, 11, novembre 1969, p. 773-783.
61 Chapoutot Johann, Le national-socialisme et l’Antiquité, Paris, PUF, 2008, p. 7.
62 Tarchi Marco, « Celine e il tramonto della democrazia », L’Italiano, XIII, 15, 1971, p. 554-557.
63 Mangiante Stefano, « La destra in Francia non rispetta più gli idoli », Ordine Nuovo, VII, février-mars 1961, p. 30-34 ; p. 31.
64 « Voix d’Occident. Pour l’Empire d’Europe », Défense de l’Occident, 12 (nouvelle série), avril 1961, p. 103.
65 « La chronique de la presse d’opposition nationale », Défense de l’Occident, 38, janvier-février 1964.
66 Lombardo Antonio, « Technocrates, néo capitalistes et socialistes nationaux en Italie », Défense de l’Occident, 55, février-mars 1966, p. 36-43.
67 Carrino Agostino E., « Les étudiants italiens », Défense de l’Occident, 74, juillet 1968 ; Carrino Agostino E., « L’Église rouge en Italie », Défense de l’Occident, 76, novembre 1968, p. 33-45.
68 Bardèche Maurice, « Le pays réel et le pays légal », Défense de l’Occident, 74, juillet 1968, p. 5-14.
69 Bardèche Maurice, « Progrès et chances du fascisme », Défense de l’Occident. Numéro spécial Le fascisme dans le monde, 91-92, janvier 1971, p. 6-26.
70 Selon Ghislaine Desbuissons, François Duprat participe à la rédaction de Défense de l’Occident à partir de 1967. Jusqu’en 1971, année où il cesse toute collaboration régulière, il prend des responsabilités de plus en plus grandes au sein de la revue. Il y est remplacé par Pascal Gauchon, nommé rédacteur en chef en décembre 1973. Gauchon cesse sa collaboration avec Maurice Bardèche à la fin de l’année 1974. Desbuissons Ghislaine, Itinéraire d’un intellectuel fasciste : Maurice Bardèche, vol. 1, IEP Paris, octobre 1990, p. 43.
71 Gauchon Pascal, « Alfredo Oriani, précurseur du “fascisme” », Défense de l’Occident, 118, mars 1974, p. 10-11.
72 Entretien avec Michele Rallo, 20 mai 2012.
73 Rallo Michele, Dall’Action française ad Ordre Nouveau, Rome, edizioni Europa, 1971.
74 « Un’intervista con Laroche. Uomini e idee per la Nuova Europa », Ordine Nuovo, XI, 1-2, janvier-février 1965, p. 17-25.
75 CEPEO, Éléments d’une économie organique, Paris, éditions Saint-Just, 1963.
76 CESEO (a cura di), « Il “rapporto Carli” e l’economia organica », Ordine Nuovo, X, 5-6, juin-juillet 1964, p. 56-62 ; CESEO (a cura di), « L’economia italiana e la congiuntura », Ordine Nuovo, XI, 1-2, janvier-février 1965, p. 35-51 ; CESEO (a cura di), « Pianificazione e corporativismo », Ordine Nuovo, XI, 3-4, mai-juin 1965, p. 67-79.
77 « Communiqué CEPEO – CESEO », Europe-Action hebdo, 14, 6 avril 1964.
78 Archivio Centrale dello Stato (ACS), ministero dell’Interno (MI), PS divisione Affari riservati 1957-1960, Busta 110, note du 31 mars 1964.
79 ACS, MI, PS serie G 1944-1986, Busta 154, fasc. Centro studi Ordine Nuovo, lettre de la Préfecture de police de Catane au ministère de l’Intérieur, 14 mai 1964.
80 Dard Olivier, « La Nouvelle droite, le libéralisme et la décroissance », in Dard Olivier, Richard Gilles, Les droites et l’économie en France au XXesiècle, Paris, Riveneuve, 2011, p. 85-105.
81 Lombardo Antonio, « Tecnocrazia e Stato organico », Ordine Nuovo, X, 3-4, mars-avril 1964, p. 16-41, p. 36.
82 CESEO (a cura di), « Il “rapporto Carli” e l’economia organica », Ordine Nuovo, X, 5-6, juin-juillet 1964, p. 56-62.
83 Lombardo Antonio, « Tecnocrazia e Stato organico », art. cit., p. 16-41.
84 « L’economia italiana e la congiuntura », Ordine Nuovo, XI, 1-2, janvier-février 1965, p. 35-51 ; CEPEO, « Le Marché commun », Europe-Action, Europe-Action, 1, janvier 1963, p. 40-51.
85 Birnbaum Jean, Leur jeunesse et la nôtre, L’espérance révolutionnaire au fil des générations, Paris, Stock, 2005, p. 180.
86 Il s’agit de la tendance de Giorgio Almirante.
87 CdM, Dossier de procédure pénale no 91/97 mod. 21, Rapport d’expertise no 5, d’Aldo Giannuli commandité le 20 février 1998, annexe 119, MI-DCPP, fasc. « Ordine Nuovo varie », note du 9 juin 1964.
88 Les éditions de la Table ronde ont été créées le 21 février 1945 par Roger Mouton. Elles tirent leur nom d’une « revue de luxe à tirage limité » dont le nom avait été choisi par Jean Cocteau. Grâce à Roland Laudenbach, nommé directeur littéraire, de nombreux auteurs rejoignent la Table ronde. C’est le cas notamment de Bernard Pingaud, Paul Morand, Maurice Bardèche ou encore Pierre Boutang. Au début des années 1950, la reprise des éditions par Plon entraîne une « dispersion des auteurs », remplacés par « le groupe des « Hussards ». Antoine Blondin, Roger Nimier, Michel Déon et Jacques Laurent rejoignent les éditions de la Table ronde, suivis de Bernard Franck et Michel de Saint Pierre, « dont le roman, Les Aristocrates, en 1954, est tiré à 85 000 exemplaires ».
89 François Mauriac, Jean Anouilh, Paul Sérant, Curzio Malaparte…
90 Pour les moins connus : Ploncardd’Assac Jacques, Salazar, Paris, la Table ronde, 1967. Labin Suzanne, La condition humaine en Chine communiste, Paris, la Table ronde, 1959 ; Le petit livre rouge, arme de guerre, Paris, la Table ronde, 1968. Laroche Fabrice, D’Orcival François, Rhodésie, pays des lions fidèles, Paris, la Table ronde, 1966 ; Le Danube était noir, Paris, la Table ronde, 1968.
91 C’est le cas notamment de Susini Jean-Jacques, Histoire de l’OAS, la Table ronde, Paris, 1963.
92 125 correspondances consultées au sein des archives de l’IMEC.
93 Garzanti publie en 1961 un ouvrage de Suzanne Labin, Vie ou mort du monde libre.
94 IMEC, LTR 104.3, Dossier Accame e Volpe, Pochette correspondance avec Accame, lettre de Michel Déon à Giano Accame, 25 septembre 1961. Les notes suivantes proviennent du même fonds.
95 Lettre de Michel Déon à Giano Accame, 25 septembre 1961.
96 C’est le cas à partir du 12 octobre 1961. Lettre de Giano Accame à Michel Déon, 12 octobre 1961.
97 Fondazione Ugo Spirito, Fonds Accame, Correspondances, fasc. « Association des Amis de Robert Brasillach » ; Correspondances, fasc. « Alain de Benoist/Fabrice Laroche », Carte de visite manuscrite signée Fabrice Laroche, 11 janvier 1961.
98 Giovanni Volpe est le fils de l’intellectuel fasciste Goacchino Volpe. Il dirige les éditions Volpe.
99 de Saint Pierre Michel, I Nuovi preti, Rome, Il Borghese, 1964.
100 Fondazione Ugo Spirito, Fonds Accame, Correspondances, fasc. « Roland Laudenbach », lettres de Roland Laudenbach à Giano Accame, 14 octobre et 10 novembre 1964.
101 Fondazione Ugo Spirito, Fonds Accame, Correspondances, fasc. « Roland Laudenbach », lettre de Roland Laudenbach à Giano Accame, 15 décembre 1964.
102 Fondazione Ugo Spirito, Fonds Accame, Correspondances, fasc. « Roland Laudenbach », lettre de Roland Laudenbach à Giano Accame, 3 janvier 1967.
103 IMEC, LTR 104.3, Dossier Accame e Volpe, Pochette Correspondance avec Accame, lettre de Déon à Accame, Paris, 16 novembre 1961. Les notes suivantes proviennent du même fonds.
104 Lettre de Accame à Déon, Rome, 8 novembre 1961.
105 Lettre de Déon à Accame, Paris, 16 novembre 1961.
106 Lettre de Accame à Déon, 24 novembre 1961.
107 Lettre de l’Union internationale des écrivains à Roland Laudenbach, 3 août 1962.
108 Lettres d’Accame à Michel Déon, 29 mai, 28 juin et 12 juillet 1963 ; lettre de Michel Déon à Accame, 6 juin 1963.
109 Fondazione Ugo Spirito, Fonds Accame, Correspondances, fasc. « Jean Brune », lettre du 2 septembre 1966.
110 Fondazione Ugo Spirito, Fonds Accame, Correspondances, fasc. « Michel Déon », lettre de Michel Déon à Giano Accame, 20 mai 1969.
111 Fondazione Ugo Spirito, Fonds Accame, Correspondances, fasc. « Michel Déon », lettre de Michel Déon à Giano Accame, 12 septembre 1969.
112 Fondazione Ugo Spirito, Fonds Accame, Correspondances, fasc. « Giovanni Volpe », lettre de Giovanni Volpe à Giano Accame, 19 novembre 1970.
113 IMEC, LTR 104.3, Dossier Accame e Volpe, Pochette Correspondance avec Volpe, lettre de Giovanni Volpe à Roland Laudenbach, 18 décembre 1961.
114 IMEC, LTR 100.3, Dossier Michel de Saint Pierre, lettre de Bernard George à Giovanni Volpe, 19 novembre 1965, lettre de Bernard George à Giovanni Volpe, 11 février 1966.
115 IMEC, LTR 30.3, Dossier Jacques Isorni, lettre de Jacques Isorni à Roland Laudenbach, 9 juillet 1963.
116 IMEC, LTR 100.3, Dossier Michel de Saint Pierre, lettre de Giovanni Volpe à Michel de Saint Pierre, 18 février 1968.
117 IMEC, LTR 58.10, Dossier Paul Sérant, Pochette Italie, lettre de Volpe à l’un des membres de la Table ronde, 6 octobre 1972.
118 IMEC, LTR 84.11, Dossier Jean Cau, lettre de Giovanni Volpe à Roland Laudenbach, 31 mai 1971.
119 Friedländer Saul, Pie XII et le IIIeReich, Paris, Le Seuil, 1964 ; Rassinier Paul, L’opération vicaire. Le rôle de Pie XII devant l’histoire, Paris, la Table ronde, 1965.
120 Nobécourt Jacques, Le vicaire et l’histoire, Paris, Seuil, 1964.
121 Rassinier Paul, L’opération vicaire…, op. cit., p. 216.
122 Rassinier Paul, Il dramma degli ebrei europei, Rome, Europa, 1967.
123 IMEC, LTR 53.3, Dossier Paul Rassinier, lettre de Paul Rassinier à Roland Laudenbach, 25 avril 1965.
124 CdM, Tribunal de Milan, Dossier de procédure pénale no 874/74 AGU, Uff. Istruz. Pen. Sez. 8, Dossier no 11, Documentation saisie lors de la perquisition du domicile de Guido Giannettini le 14 mai 1973, lettres de Paul Rassinier à Guido Giannettini des 15 et 24 septembre puis du 30 octobre 1965.
125 CdM, Tribunal de Milan, Dossier de procédure pénale no 874/74 AGU, Uff. Istruz. Pen. Sez. 8, Dossier no 11, Documentation saisie lors de la perquisition du domicile de Guido Giannettini le 14 mai 1973, lettre de Paul Rassinier à Guido Giannettini, 15 septembre 1965.
126 IMEC, LTR 53.3, Dossier Paul Rassinier, lettre manuscrite de Pino Rauti à Paul Rassinier, 18 septembre 1965.
127 CdM, Tribunal de Milan, Dossier de procédure pénale no 874/74 AGU, Uff. Istruz. Pen. Sez. 8, Dossier no 11, Documentation saisie lors de la perquisition du domicile de Guido Giannettini le 14 mai 1973, lettre de Paul Rassinier à Guido Giannettini, 15 septembre 1965.
128 IMEC, LTR 53.3, Dossier Paul Rassinier, lettre de Monseigneur Georges Roche, supérieur général de l’Opus Cenaculi à Paul Rassinier, Rome, 24 octobre 1965.
129 CdM, Tribunal de Milan, Dossier de procédure pénale no 874/74 AGU, Uff. Istruz. Pen. Sez. 8, Dossier no 11, Documentation saisie lors de la perquisition du domicile de Guido Giannettini le 14 mai 1973, lettre de Paul Rassinier à Guido Giannettini, 24 septembre 1965.
130 IMEC, LTR 53.3, Dossier Paul Rassinier, lettre manuscrite de Pino Rauti à Paul Rassinier, 18 septembre 1965.
131 CdM, Tribunal de Milan, Dossier de procédure pénale no 874/74 AGU, Uff. Istruz. Pen. Sez. 8, Dossier no 11, Documentation saisie lors de la perquisition du domicile de Guido Giannettini le 14 mai 1973, lettre de Paul Rassinier à Guido Giannettini, 30 octobre 1965.
132 IMEC, LTR 53.3, Dossier Paul Rassinier, lettre de Giovanni Volpe à Bernard George, 18 novembre 1965.
133 IMEC, LTR 53.3, Dossier Paul Rassinier, Carte de visite de la nonciature apostolique en France, Paris, 3 décembre 1965.
134 IMEC, LTR 84.11, Dossier Jean Cau, lettre de Volpe à Bernard George, 25 novembre 1968. Les erreurs d’orthographe sont dans le texte.
135 IMEC, LTR 84.11, Dossier Jean Cau, lettre de Bernard George à Giovanni Volpe, 4 décembre 1968.
136 IMEC, LTR 84.11, Dossier Jean Cau, lettre de Giovanni Volpe à la Table ronde, 9 décembre 1968. Les erreurs d’orthographe sont dans le texte. lettre de Giovanni Volpe à la Table ronde, 27 décembre 1968.
137 Evola Julius, Les Hommes et les ruines, Paris, les Sept Couleurs, 1972.
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