1 « The invention of the airplane was at first perceived by many as an aesthethic event. » Robert Wohl, A Passion for Wings, Aviation and the Western Imagination, 1908-1918, New Haven, Yale University Press, 1994, p. 1. Italiques de l’auteur. Nous traduisons.
2 Pour une description complète de ce meeting, voir Robert Wohl, op. cit.
3 « L’image d’Icare joue, dans la poétique des anciens, le même rôle que joue l’aérostat, “la carcasse pneumatique” dans la poétique éphémère de Nodier, le même rôle que joue l’avion dans la poétique de Gabriele D’Annunzio. » Gaston Bachelard, Poétique de la rêverie (1960), Paris, Presses universitaires de France, « Quadrige », 1998, p. 37.
4 Jules Verne, Robur-le-Conquérant (1885), Paris, Hetzel, « Le livre de Poche », 2006, p. 247.
5 Capitaine Danrit (Émile Driant), L’Aviateur du Pacifique, Paris, Flammarion, 1909, p. 1.
6 Paul d’Ivoi, L’Aéroplane fantôme (1910), Paris, J’ai Lu, 1983, p. 24.
7 Edmond rostand, Le Cantique de l’aile, Paris, Eugène Fasquelle, 1922.
8 Le mot avion a surtout été concurrencé par aéroplane, qu’Apollinaire moque en ces termes : « Non, tes ailes, Ader, n’étaient pas anonymes,/Lorsque pour les nommer vient le grammairien/Forger un mot savant sans rien d’aérien,/Où le sourd hiatus, l’âne qui l’accompagne,/Font ensemble un mot long comme un mot d’Allemagne. » Guillaume Apollinaire, « L’Avion », dans Œuvres poétiques, éditées par Marcel Adema et Michel Décaudin, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1956, p. 728.
9 Guillaume Apollinaire, « Zone », dans Œuvres poétiques, p. 40.
10 Ibid.
11 Victor Hugo, « Plein ciel », dans La Légende des siècles (Première série - 1859), édition par Jacques Truchet, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1950, p. 719-732. Charles Leconte de Lisle, « In Excelcis », dans Poèmes barbares (1862), édition par Edgard Pich, Paris, Les Belles Lettres, 1976, p. 204-205. Sully Prudhomme, « Le Zénith » (1878), dans Poésies 1872-1878, Paris, Alphonse Lemerre [circa 1890].
12 « Il ne faudrait pas non plus négliger l’influence plus tardive [que le néo-platonisme] a eue sur un autre courant de pensée, à savoir le Romantisme. » Arielle Castellan, Plotin, l’ascension intérieure, Paris, Michel Houdiard, 2007, p. 111. Cette thématique appartient également de plein droit à l’Alchimie et à la Gnose.
13 « Of the mourning of the soul, exiled on this opaque earth from the splendor of Heaven. » Léo Spitzer, « The Poetic Treatment of a Platonic-Christian Theme », Comparative Literature, vol. 6, no 3 (Été 1954), p. 193. Notre traduction.
14 Ce thème fut d’abord traité par les poètes italiens, Dante le premier, suivi par Pétrarque, Daniello, Sanazarro, etc. Spitzer estime toutefois que Du Bellay lui donna son expression la plus juste et la plus forte dans son « Sonnet de l’Idée » (dans L’Olive, 1549-1550).
15 Pour la France, on pourrait citer, notamment, Lamartine.
16 À propos des images de Vol de nuit de Saint-Exupéry (1931), Sptizer déclare : « however appropriate they may be to the sensations of the modern aviator, [they] are topoi, chosen with exquisite taste by a writer as much at home in world literature as in modern technology, from the stock of Platonic, Dantean, and Renaissance cosmological (or mythological) poetry ». Léo Spitzer, article cité, p. 216. Notre traduction.
17 « Quand elle est parfaite, et porte des ailes, [l’âme] s’élève dans les hauteurs et gouverne le monde entier ; quand elle a perdu ses ailes, elle est entraînée jusqu’à ce qu’elle saisisse quelque chose de solide. » Platon, « Phèdre », dans Phédon, Le Banquet, Phèdre, trad. du grec par Paul Vicaire, Paris, Gallimard, « Tel », 1989, p. 191.
18 Filippo Tommaso Marinetti, « Premier manifeste du futurisme » (1909), dans Le Futurisme, Milan, Arnoldo Mondadori Editore, 1980, p. 153.
19 L’avion constituera également un sujet de prédilection pour les peintres cubistes et futuristes, au moins jusqu’à la Première Guerre mondiale. Le peintre Robert Delaunay en donna plusieurs représentations, notamment dans L’Équipe de Cardiff(1912-1913) et Soleil, Tour, Aéroplane (1913). Le peintre suprématiste russe Kazimir Malevitch proposa de nombreuses représentations d’aviateurs ou d’aéroplanes, avec L’Aviateur en 1911 et le très abstrait et très novateur Peinture suprématiste : avion volant en 1914-1915. Un des premiers peintres de l’aviation est le « douanier » Henri Rousseau, avec Les Pêcheurs à la ligne avec aéroplane, en 1908. L’entrée en lice des avions dans la Grande Guerre provoquera une brutale prise de distance des artistes, qui culminera notamment dans le célèbre Guernica (1937) de Picasso, toile sur laquelle la légèreté des aéroplanes s’est effacée et où n’apparaissent plus que les conséquences déplorables du bombardement aérien. Les artistes futuristes continueront toutefois de traiter massivement en sculpture et en peinture le sujet du vol mécanique, qui constituera d’ailleurs pour eux un sujet d’inspiration important dans les années 1920-1930.
20 L’importance de l’influence exercée par le néoplatonisme sur la fondation du christianisme en religion, et notamment du point de vue moral, n’est plus à démontrer.
21 Entre 1903 et 1912, D’Annunzio a composé I cinque libri delle Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi, ensemble poétique au sein duquel plusieurs poèmes s’attachent aux composantes ascensionnelles d’Icare (L’ala sul mare) et d’Hermès (Undulna), mais sans référence à l’aviation, dont la description dans Forse che si, forse che no en 1910 s’appuiera toutefois sur ces modèles mythiques.
22 Marinetti, dans son style caractéristique, reprochera vertement à D’Annunzio, qu’il admirait cependant beaucoup, de n’avoir pas renoncé à ses réflexes de décadent malgré la « conception absolument futuriste », selon lui, de son roman : « M. Gabriele D’Annunzio nous suit de loin, en passéiste converti, sans avoir le courage, bien entendu, de renoncer à son innombrable clientèle d’érotomanes maladifs et d’archéologues élégants. » Filippo Tommaso Marinetti, « Les premières batailles » (1909), dans Le Futurisme, p. 78.
23 Gabriele D’Annunzio, Forse che si, forse che no, trad. de l’italien par Donatella Cross, Paris, Calmann-Lévy, 1910, p. 467.
24 Ibid., p. 468.
25 Ibid.
26 « Mes Trois Grandes Courses (My Three Big Flights) struck just the right note, portraying the aviator as a mixture of technician and athlete who had won entry to a magical realm of “aerial mysteries”. […] He is truly free. » Robert Wohl, op. cit., p. 130.
27 Roland Garros, Guide de l’aviateur, préface d’Alfred Leblanc, Biographie de Roland Garros par Jacques Mortane, Paris, Lafitte, 1913.
28 Je remercie vivement Stéphane Tison de m’avoir communiqué toutes ces informations au sujet de Jacques Mortane.
29 Pour être tout à fait complet, il faudrait toutefois citer le célèbre Jean-Christophe (1915) de Romain Rolland, où l’aviation apparaît comme un symbole de jeunesse et de modernité, mais n’est toutefois pas traitée comme un thème important.
30 « Ces chevaliers du ciel qui, sur le tard, avaient tenté de donner un supplément d’âme à un affrontement par ailleurs totalement monstrueux et bestial. » (Benoît Heimermann et Olivier Margot, L’Aéropostale, Paris, Arthaud, 2003, p. 19.)
31 Guynemer, en particulier, fut élevé au rang de héros national.
32 Blaise Cendrars, La Vie dangereuse, Paris, Denoël, 2003, p. 217.
33 Henri Barbusse, Le Feu (1916), Paris, Gallimard, « Folio plus classiques », 2007, p. 60.
34 Ibid., p. 94.
35 Ibid.
36 René Fonck, avec 75 victoires homologuées et 52 probables, fut l’as des as des pilotes français et alliés de la Première Guerre mondiale. Jamais touché par le feu ennemi, il passait cependant pour un tueur de sang-froid, et son aura n’atteindra jamais celle de Guynemer, mort en héros le 11 septembre 1917. Même si le nombre de ses victoires est sujet à contestation, Manfred von Richthofen, le fameux « Baron rouge » allemand, fut le champion toutes catégories avec 80 victoires.
37 Les aviateurs modernes des films Top Gun (1986) ou plus récemment Les Chevaliers du ciel (2005) ressortissent à un imaginaire très semblable à celui qui motive la biographie de Henry Bordeaux.
38 Voir Gabriele D’Annunzio, I Cinque Libri delle Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi, 1905.
39 « Guynemer est notre Roland… » (3), « pareil au Cid Campeador… » (5), « Hercule, Achille, Roland… », Henry Bordeaux, Vie héroïque de Guynemer, Paris, Plon, 1918, p. 87.
40 Henry Bordeaux, op. cit., p. 95. Italiques de l’auteur.
41 Ibid., p. 145.
42 Ibid.
43 Ibid., p. 125.
44 Ibid.
45 Ibid., p. 107.
46 Ibid.
47 Robert Wohl, op. cit., p. 49.
48 Les ballons allemands, familièrement appelés « saucisses » par les aviateurs français, se nommaient en allemand « Drachen », c’est-à-dire « dragons ».
49 Ibid., p. 60.
50 Ibid., p. 63.
51 Ibid., p. 50.
52 Gilbert Durand, Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, Paris, Dunod, 1969, p. 134.
53 Louise Faure-Favier, Les Chevaliers de l’air, Paris, La Renaissance du livre, 1923, p. 20.
54 Ibid., p. 21.
55 Joseph Kessel, L’Équipage (1923), Paris, Gallimard, « Folio », 2006, p. 19.
56 Louise Faure-Favier, op. cit., p. 202.
57 Ibid., p. 99.
58 Ibid., p. 79.
59 Terme utilisé par Louise Faure-Favier, op. cit., p. 273. Le titre de son livre renvoie évidemment à la même vertu chevaleresque.
60 Joseph Kessel, op. cit., p. 38.
61 Ibid., p. 59-60.
62 Joseph Kessel, Le Repos de l’équipage, Paris, Gallimard, 1935.
63 Ibid., p. 180.
64 Ibid., p. 191-192. Dans Le Repos de l’équipage, le caractère masculin de Thélis est plus marqué : « Thélis […] était trop viril, trop formé, pour ne pas savoir… » (éd. 1935, p. 161).
65 Ibid., p. 221.
66 Henri Clouard, Histoire de la littérature française, vol. 2 : Du symbolisme à nos jours, Paris, Albin Michel, 1960, p. 371.
67 Ovide, Les Métamorphoses (Livre VII), trad. du latin par Georges Lafaye, Paris, Les Belles Lettres, 1960, p. 68.
68 Marcel Proust, À la Recherche du temps perdu III, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », p. 417.