La conduite de la politique monétaire en situation d’incertitude : le cas de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA)
p. 257-280
Texte intégral
1La croissance et le développement de l’Afrique subsaharienne (ASS) constituent une véritable arlésienne : ils sont évoqués dans tous les discours, mais ils tardent à apparaître dans la réalité. Dans le cas spécifique de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), regroupement de huit États1 ayant notamment en commun l’usage du franc de la Communauté financière africaine (CFA) et la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la crise ivoirienne a fait perdre tout espoir de retour rapide de la croissance économique. Cependant, cette crise que connaît le plus grand pays de l’Union (40 % du produit intérieur brut [PIB] de l’UEMOA) ne saurait faire oublier les déterminants réels de l’absence durable de croissance et de développement au sein de la zone UEMOA. Jamais une union économique et monétaire n’aura connu un suivi aussi strict de politiques dites de désinflation compétitive, d’inspiration monétariste. En effet, dans l’UEMOA, l’objectif de la politique monétaire conduite par la BCEAO est d’assurer la stabilité des prix, dans le souci de préserver la valeur interne et externe de la monnaie. Depuis 1989, la politique monétaire se fonde sur un recours accru aux mécanismes de marché, consacrant l’option d’une régulation indirecte de la liquidité bancaire. Un rôle primordial est ainsi accordé au taux d’intérêt qui devient l’instrument privilégié de la politique monétaire, en particulier depuis l’abandon de l’encadrement du crédit intervenu en janvier 1994.
2Le présent article a pour objectif de mettre en évidence les principaux déterminants de la faible efficacité de la politique monétaire conduite par la BCEAO depuis la libéralisation économique et financière de 1989, dans un contexte d’incertitudes exogène et endogène, et d’examiner les voies potentielles de son amélioration. Suite à la présentation du dispositif de gestion monétaire de l’UEMOA (première partie), la faible efficacité de la politique monétaire est illustrée à travers la présentation des résultats d’une étude d’impact des mouvements des taux directeurs de la BCEAO sur la croissance et l’inflation depuis la libéralisation (deuxième partie). À partir de la mise en évidence des modalités de gestion des incertitudes auxquelles la zone est confrontée, l’article analyse les déterminants de la faible efficacité de la politique monétaire de l’UEMOA (troisième partie) et propose des voies d’amélioration (quatrième partie).
Contexte théorique d’exercice de la politique monétaire et principales caractéristiques du dispositif de gestion monétaire de l’uemoa
Le contexte théorique d’exercice de la politique monétaire : le renouveau de la macroéconomie orthodoxe
3L’enrichissement de l’analyse microéconomique, du point de vue de la remise en cause de la conception instrumentale de la rationalité de l’agent économique, de la vision univoque du marché, et de la perception simpliste de l’équilibre, a coïncidé avec le constat d’une insatisfaction croissante des économistes par rapport aux modèles macroéconomiques hérités de l’après-guerre. Ce mouvement provient, d’une part, de la remise en cause de la courbe de Phillips2, symbole des politiques monétaires expansionnistes dans un contexte de stagflation et, d’autre part, de la fin du système de l’étalon-or qui marque l’abandon du régime de taux de changes fixes hérité de Bretton-Woods. Les conséquences pratiques des mutations de l’environnement international sont le retour au premier plan de l’analyse des comportements des acteurs et institutions (individus, marchés, États) et l’éclatement des champs de recherche vers des configurations mixtes, marquées à la fois par le conflit et la coopération entre les acteurs économiques, dans un univers jusque-là cristallisé autour du débat « libéralisme versus planification ».
4Les années 1980 voient ainsi fleurir des modèles macroéconomiques, héritiers du courant monétariste, ayant pour caractéristiques principales, d’une part, de rechercher les fondements microéconomiques de la macroéconomie et, d’autre part, d’adopter de manière systématique l’hypothèse d’anticipations rationnelles3 dans l’analyse du comportement des agents économiques.
Les développements récents de la théorie monétaire
5Partant du principe qu’une politique fondée sur des règles de conduite est plus crédible et efficace qu’une politique discrétionnaire4, il est apparu dans la littérature économique un courant académique cherchant à identifier les règles opérationnelles de politique monétaire, susceptibles de limiter au maximum, voire d’éliminer le recours à la « discrétion ». La crédibilité de la politique monétaire s’apprécie, d’une part, par rapport à la capacité de la banque centrale à respecter les règles de conduite qu’elle s’est fixées et qu’elle a préalablement annoncées et, d’autre part, au regard de l’efficacité de ces règles, compte tenu des objectifs arrêtés.
6Selon cette littérature, la politique monétaire serait ainsi plus efficace lorsque les marchés et les agents économiques peuvent aisément anticiper ses orientations sur la base d’objectifs clairement affichés par les autorités et de l’appréciation de la relation entre les objectifs arrêtés et les mesures adoptées.
7Dans ce contexte, la crédibilité joue un rôle-clé en indiquant, notamment au secteur financier, que les décisions annoncées par les banques centrales sont irrévocables ; ce qui favorise en retour une plus grande discipline dans la conception et la mise en œuvre de leur politique. La crédibilité de la politique monétaire peut être recherchée principalement à deux niveaux : les règles de politique monétaire et l’indépendance de la banque centrale. Les règles de politique monétaire peuvent être définies comme des guides contenant des recommandations pour la conduite de cette politique. L’adoption des règles constitue un gage d’efficacité de la politique monétaire dans la mesure où elles sont clairement annoncées et effectivement mises en œuvre. Cette nouvelle architecture de la politique monétaire a notamment pour objectif de réduire l’incertitude concernant les orientations futures de ces politiques tout en renforçant la crédibilité et la responsabilité de la banque centrale. Sur le plan empirique, les banques centrales ont en effet retenu deux leçons essentielles de l’expérience de ces vingt dernières années : une politique discrétionnaire a forcément un biais inflationniste ; il faut assigner à la politique monétaire un objectif précis : la stabilité des prix, en particulier les prix à la consommation.
Les canaux de transmission de la politique monétaire : du canal du taux d’intérêt au canal du crédit
8Outre les deux canaux traditionnels de transmission de la politique monétaire (canal du taux d’intérêt et celui du taux de change), la littérature économique récente distingue, depuis quelques années, le canal du crédit : l’existence de ce dernier suggère que la politique monétaire agit sur la demande agrégée non seulement par ses effets sur le taux d’intérêt, mais aussi par son action directe sur l’offre de crédit bancaire5. En effet, dans sa version stricte, l’augmentation de l’offre de monnaie accroît les dépôts collectés par les institutions financières (c’est-à-dire leur passif) : celles-ci ont alors l’opportunité de développer leur offre de crédit (c’est-à-dire leur actif). Dans sa version large, une baisse des taux d’intérêt accroît l’offre de crédits aux agents non financiers via l’augmentation de la richesse nette des emprunteurs potentiels (qui constitue autant de garanties pour le prêteur en cas de défaillance de l’emprunteur) et de leur solvabilité6. De même, dans les situations de forte asymétrie informationnelle, les banques peuvent avoir tendance à rationner l’offre de crédit, qui devient ainsi le côté court du marché. Le canal du crédit est alors d’autant plus important que les entreprises sont fortement dépendantes du crédit bancaire pour leurs investissements7.
Le dispositif de gestion monétaire de l’UEMOA
9L’objectif principal de la politique monétaire conduite par la BCEAO est la préservation de la valeur interne et externe de la monnaie. Cette politique a connu, depuis la réforme de 1975, une modification en octobre 1989, puis un renforcement en octobre 1993.
10Le nouveau dispositif de gestion monétaire de l’UEMOA se fonde sur un recours accru aux mécanismes de marché, privilégiant ainsi les méthodes de régulation indirecte de la liquidité.
11La politique monétaire de la BCEAO repose principalement sur : l’utilisation de taux d’intérêt directeurs propres à l’Institut d’émission ; un marché monétaire rénové ; et, enfin, une libéralisation des conditions de banque. En appui à ces instruments, il a été institué un système de réserves obligatoires, destiné à modifier le comportement du système bancaire, et à agir sur le coût du crédit. Suite aux décisions prises au mois de juillet 1996, dans le cadre de l’approfondissement du marché monétaire, le dispositif de gestion monétaire de la BCEAO comprend trois volets essentiels : le marché monétaire par voie d’appel d’offres, utilisant le guichet d’appel d’offres avec le système d’adjudications (injection ou reprise de liquidités) et le marché interbancaire ; les procédures permanentes de refinancement, notamment celles de la pension et du réescompte, mises en œuvre à l’initiative des établissements de crédit ; enfin, le système des réserves obligatoires, comprenant trois champs d’intervention, à savoir, le champ d’application des réserves, l’assiette de calcul et le coefficient des réserves obligatoires. Plus généralement, les innovations portent sur le remaniement de la grille des taux directeurs de la BCEAO, avec l’instauration d’un taux de prise en pension, dont l’évolution est adaptée à celle du taux du marché monétaire, qu’il influence et pour lequel il peut servir de signal.
12Le marché monétaire a également subi de profonds changements, dans le but de constituer un instrument privilégié de gestion des trésoreries bancaires et des interventions de l’Institut d’émission. La banque centrale y participe désormais comme intervenant. Le volume et la nature de ses interventions sont déterminés en fonction des orientations qu’elle se propose d’impulser au marché et au comportement des banques, au regard de ses objectifs en matière de politique de la monnaie et du crédit, et de la situation conjoncturelle de liquidité. Quant à la libéralisation des conditions de banque, elle se traduit notamment par des taux débiteurs applicables aux crédits à la clientèle, libres et fixés d’accord parties, sous réserve qu’ils ne dépassent pas, tous frais compris, le taux légal de l’usure, défini comme le double du taux d’escompte de la BCEAO.
13Il convient également de souligner que l’expérience de l’intégration monétaire dans l’UMOA/UEMOA8 est atypique, dans la mesure où l’instauration d’une monnaie commune en mai 1962 a précédé la mise en place des conditions économiques de sa pérennité, en particulier l’effectivité de règles édictées en matière de convergence et de bonne gestion macroéconomiques. La coopération monétaire existant avec la France est illustrée par l’existence du mécanisme dit du « compte d’opérations », qui contribue à garantir une parité fixe entre le franc CFA et l’euro. Dans ce cadre, la recherche de la stabilité des prix est présentée comme un objectif susceptible d’assurer la soutenabilité à long terme du taux de change et la compétitivité des économies de l’UEMOA. Par ailleurs, fortement dépendantes des chocs d’offre exogènes (aléas climatiques, variations erratiques des cours des matières premières, etc.), cette zone a dû faire face à des fluctuations diverses asymétriques auxquelles la politique monétaire commune a eu à répondre. À cet égard, Guillaumont et Jeanneney (2002) ont analysé les facteurs pouvant favoriser l’occurrence dans l’UEMOA de chocs asymétriques, notamment la forte spécialisation agricole déterminée par la géographie. En effet, les économies sahéliennes sont relativement proches les unes des autres, mais se distinguent des économies des pays « côtiers ». Seules deux économies, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, se distinguent par leur niveau d’industrialisation.
L’impact des taux directeurs de la bceao sur l’inflation et la croissance dans les pays de l’uemoa
14Dans une étude précédente, nous nous sommes attachés à décrire et à évaluer l’impact des mouvements des taux directeurs de la BCEAO sur la croissance et l’inflation entre 1989 et 1999 dans les pays de l’UEMOA9. Un modèle a été spécifié, dont les principaux résultats sont présentés et discutés selon la procédure ci-après : dans un premier temps, une approche en termes de modèle à correction d’erreur a permis d’identifier les effets de court et long termes de la modification des taux directeurs sur chaque économie. Dans un second temps, l’utilisation d’un modèle vectoriel autorégressif (VAR) a permis de mesurer les délais de réaction des économies de l’Union, suite à une modification des taux directeurs de la BCEAO.
Principaux résultats du modèle à correction d’erreur
15Les estimations économétriques effectuées à partir d’un modèle à correction d’erreur permettent d’aboutir aux résultats suivants. En ce qui concerne l’inflation, l’impact d’une variation du taux du marché monétaire est significatif aussi bien à court qu’à long terme et présente le signe négatif attendu dans l’Union prise globalement. En revanche, le taux de prise en pension exerce un impact significatif contraire au signe attendu, aussi bien à court qu’à long terme, dans l’Union et dans les différents pays, sauf au Bénin et au Niger. En effet, dans ces deux pays, une augmentation du taux de prise en pension engendre, à long terme, une diminution significative mais faible de l’inflation, conformément à l’effet théorique attendu.
16L’estimation de l’équation de croissance, ensuite, révèle l’existence d’un impact significatif mais relativement faible, à court et long termes, des modifications des taux d’intérêt de la BCEAO. En effet, à court terme, une relation significative et négative existe entre la variation du taux du marché monétaire et le taux de croissance du PIB dans l’Union et dans l’ensemble des pays, à l’exception du Niger. À long terme, c’est le taux de prise en pension qui exerce un effet significatif dans le sens attendu sur la croissance économique, à la fois dans l’Union prise globalement et dans les pays pris individuellement, à l’exception de la Côte d’Ivoire. Dans ce dernier pays, c’est l’impact du taux du marché monétaire qui reste significatif à long terme sur la croissance.
17Quant aux effets sur l’inflation et la croissance des taux d’intérêt directeurs de la BCEAO, ils semblent être indissociables les uns des autres. En effet, l’omission du taux de prise en pension dans les équations fait perdre toute significativité statistique au taux du marché monétaire. Ce constat suggère l’existence d’une forte complémentarité entre les deux taux d’intérêt directeurs.
18Enfin, il convient de noter, tant pour l’équation d’inflation que pour celle de croissance, que les coefficients de correction d’erreur sont différents d’un pays à l’autre. Ces divergences dans les forces de rappel traduisent une hétérogénéité entre les économies, du point de vue de leur capacité à retrouver leur niveau d’équilibre de long terme, en réponse à une décision de politique monétaire.
Résultats du modèle VAR
19Afin de déterminer les délais, la persistance et l’ampleur de l’impact des variations des taux d’intérêt directeurs, une estimation à l’aide d’un modèle VAR a été effectuée. Les principaux résultats peuvent être résumés. D’une part, une hausse des taux directeurs de la BCEAO se traduit par un effet négatif sur le PIB, effet dont l’ampleur maximale se situe à la fin du premier trimestre de l’année de référence. Le PIB remonte ensuite pendant quatre ans (16 trimestres), puis dépasse sa tendance de long terme avant de se stabiliser à son niveau initial au bout de six ans et demi (26 trimestres). L’effet du taux du marché monétaire et celui de prise en pension se conjuguent et suivent la même trajectoire durant toute la durée de l’impact.
20D’autre part, la réponse de l’inflation au même choc monétaire est tout aussi marquée. En effet, les deux taux directeurs exercent des influences identiques, provoquant l’effet dépressif attendu sur les prix. L’impact du taux du marché monétaire s’avère plus important à court terme que celui du taux de pension. Les deux effets ont une ampleur maximale dès la fin du premier trimestre, puis ils remontent et dépassent leur tendance de long terme au bout d’un an et demi ; ils amorcent ensuite leur retour au niveau initial de l’inflation, mouvement qui s’estompe au bout de cinq ans (20 trimestres).
Premiers enseignements de l’étude
21Il convient de noter qu’une amélioration de la connaissance des mécanismes de transmission de la politique monétaire au secteur réel, dans le cadre de l’UEMOA, s’avère indispensable. Elle est conditionnée par un certain nombre de facteurs que met en évidence l’étude. En effet, ses résultats plaident pour :
La nécessité d’évaluer l’impact de la structure financière des économies de l’Union sur leurs réponses aux chocs monétaires, ceci dans le souci d’aboutir à terme à une homogénéité et une convergence des réponses des différentes économies aux décisions de politique monétaire ;
Une utilisation active du taux du marché monétaire comme instrument de régulation à court terme de la liquidité au sein de l’Union ;
La nécessité d’envisager des leviers complémentaires de politique monétaire, susceptibles d’accroître l’efficacité du réglage de l’activité économique effectué à travers l’utilisation des taux directeurs ;
La poursuite de l’approfondissement du marché financier, devant se traduire par l’essor des placements financiers des ménages, condition d’une meilleure efficacité des mécanismes de transmission de la politique monétaire au sein de l’UEMOA.
22Une bonne appréhension de ces recommandations nécessite que soient mieux précisés le contexte et les défis de la politique monétaire dans l’UEMOA.
Les défis de la politique monétaire au sein de l’uemoa : la gestion des incertitudes
23L’objectif de cette partie est d’identifier les principaux paradoxes de la politique monétaire conduite par la BCEAO, et de montrer qu’ils proviennent d’une application décontextualisée de l’orthodoxie monétaire dans un environnement soumis à l’influence de nombreuses incertitudes. La prise en compte de ces dernières conduit à interroger la pertinence des choix opérés par les autorités monétaires de l’UEMOA.
Stabilité des prix et croissance économique dans l’UEMOA : Existe-t-il un arbitrage ?
24Dans le souci d’appréhender les déterminants de la faible efficacité de la politique monétaire de la BCEAO, il convient d’examiner dans quelle mesure cette politique est compatible avec les besoins d’une croissance soutenue des économies de l’UEMOA, compte tenu de l’arbitrage réel ou supposé existant entre stabilité des prix et croissance économique.
La cible d’inflation de la BCEAO
25Pour la théorie économique dominante, la recherche de la stabilité des prix est une condition nécessaire à l’obtention d’une croissance saine et soutenue à long terme. En effet, pour selon cette approche, une inflation élevée est un facteur d’incertitude majeur qui engendre des erreurs d’anticipations, crée des distorsions de politique, et perturbe les comportements des marchés. À cet égard, elle rend plus difficile la prise de décisions judicieuses en matière de consommation, d’épargne et d’investissement. Certaines études empiriques, relatives à l’impact de la politique monétaire sur la pauvreté10, vont dans le même sens en montrant qu’à long terme, une politique prudente ayant pour objectif une croissance non-inflationniste est fortement corrélée à une réduction sensible de la pauvreté. Ainsi, les politiques monétaires, fondées sur la recherche d’une faible inflation, seraient les plus aptes à engendrer une amélioration des conditions de vie des pauvres.
26Dans le cas de l’UEMOA, la coopération monétaire existant avec la France, qui contribue à garantir le maintien d’une parité fixe entre le franc CFA et l’euro, a des implications pour la politique monétaire de l’UEMOA. Elle contraint les autorités monétaires de l’UEMOA, du point de vue de leur autonomie, dans la conduite de leur politique monétaire, dans un contexte de libre circulation des capitaux entre les deux zones CFA et euro (triangle des incompatibilités de Mundell). En effet, dans un régime de changes fixes, l’inflation contribue, du fait de la perte de compétitivité qu’elle engendre, à la détérioration progressive des comptes extérieurs et à la surévaluation du taux de change, fragilisant ainsi la parité entre les monnaies. De fait, la cible d’inflation de 2 % retenue par la BCEAO, identique à celle de la Banque centrale européenne (BCE), semble impérative au regard des contraintes qu’induit l’existence d’un taux de change fixe entre les deux zones. Cependant, une telle cible d’inflation peut sembler exagérément restrictive pour des économies qui ont besoin de 7 % de croissance du PIB pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), notamment la réduction de moitié de la pauvreté à l’horizon 2015.
Politique monétaire et croissance
27Les banques centrales de pays en développement ne peuvent se contenter d’assurer uniquement la maîtrise de l’inflation. Elles doivent également avoir comme préoccupation, la croissance et le développement économiques. Dans la littérature empirique, la poursuite simultanée de ces deux objectifs a nourri le débat relatif à l’existence de la courbe de Phillips, c’est-à-dire de la nécessité d’effectuer un arbitrage entre l’inflation et la croissance économique. Une étude de la Banque mondiale menée en 199611 sur l’évolution de l’inflation et de la croissance dans 127 pays, de 1960 à 1992, a mis en évidence l’existence d’un lien étroit entre la hausse de l’inflation et la baisse de la croissance économique. De manière plus précise, cette étude montre que les pays qui ont le taux de croissance le plus élevé sont dans une situation d’inflation comprise entre 0 et 5 %. Un tel résultat est corroboré par des études empiriques effectuées dans les économies développées et en développement12 qui ont montré que si l’existence de l’arbitrage entre inflation et croissance économique était avérée à court terme, à long terme, les variables fondamentales de l’économie ont tendance à retourner à leur niveau initial, avec un taux d’inflation plus élevé qu’auparavant.
28Cette relative inefficacité à long terme des politiques monétaires expansionnistes est censée justifier la prudence des banques centrales, notamment la BCEAO, à viser directement la relance de l’activité économique. Cependant, d’autres études empiriques, menées notamment dans les économies en transition13, montrent l’impact macroéconomique récessif des politiques monétaires restrictives. En particulier, Ould-Ahmed (1999) illustre ce constat à partir de l’analyse des deux vagues de politiques monétaires restrictives en Russie de 1993 à 1999. En outre, des modèles néostructuralistes14 insistent sur les effets pervers liés à l’adoption de politiques monétaires restrictives dans les économies en développement.
29Dans l’UEMOA, les études empiriques relatives aux déterminants de la croissance, préalables à la discussion sur les politiques monétaires idoines15, ont généralement mis en évidence à court terme, outre les facteurs climatiques, le rôle majeur joué par l’investissement réel et l’évolution des termes de l’échange. À long terme, le capital humain, le taux d’investissement et la croissance des exportations sont les variables qui influent significativement sur la croissance par tête dans les pays de l’UEMOA. L’investissement est donc le principal moteur de court et de long termes de la croissance des économies de l’Union. Ses principaux déterminants sont : la stabilité du cadre macroéconomique, la qualité de l’environnement juridique, judiciaire et fiscal, les perspectives de profit réel des entreprises, l’efficacité de l’intermédiation financière, l’assainissement des finances publiques, et, enfin, la qualité de la dépense publique.
30On ne peut cependant pas passer sous silence le rôle crucial du crédit à l’économie comme moteur de l’investissement. À cet égard, le système bancaire de l’UEMOA, du fait de sa politique exagérément restrictive en matière d’octroi de crédits, dans un contexte où le déficit budgétaire des États est interdit par des critères de convergence plus restrictifs que ceux de la zone euro, porte assurément une part de responsabilité dans la faible performance de la zone en matière de croissance économique.
31Cependant, la politique monétaire conduite par la BCEAO ne peut être tenue pour seule responsable de la faible croissance prévalant au sein de l’UEMOA. Les spécificités de la zone, à savoir, la forte dépendance des économies vis-à-vis des chocs exogènes, l’impossibilité de conduire des politiques budgétaires actives dans un contexte d’ajustement structurel, et des insuffisances avérées au niveau de la gouvernance au sein des États, contribuent sans doute à priver l’Union d’atteindre son potentiel de croissance. Néanmoins, par une politique monétaire à tendance pro-cyclique et excessivement monétariste, la BCEAO porte sa part de responsabilité dans la faible performance enregistrée par les économies de l’UEMOA en termes de croissance économique.
32Ainsi, l’indispensable effort d’amélioration des conditions de fonctionnement du secteur réel des économies de l’UEMOA ne saurait exonérer la BCEAO de la réflexion sur, à la fois la cible d’inflation qu’elle vise (2 %) et surtout les mécanismes de transmission des impulsions monétaires dans la zone.
Difficultés de fonctionnement du dispositif de gestion monétaire de la BCEAO et inefficacité d’une politique de relance monétaire
Difficultés de fonctionnement du dispositif de gestion monétaire
33Suite aux décisions prises au mois de juillet 1996, dans le cadre de l’approfondissement du marché monétaire, le dispositif de gestion monétaire de la BCEAO comprend, on l’a vu, trois volets essentiels : le marché monétaire par voie d’appel d’offres et le marché interbancaire ; les procédures permanentes de refinancement ; et, enfin le système des réserves obligatoires. Cependant, la mise en œuvre de ce dispositif de gestion monétaire fait apparaître un certain nombre de difficultés :
La persistance de liquidités bancaires excédentaires malgré la titrisation des concours consolidés ;
L’existence de circuits exceptionnels de refinancement nuisibles à l’efficacité de la politique monétaire ;
La prévalence d’une hiérarchie peu opérationnelle entre les guichets de la pension et des appels d’offres, illustrée notamment par un écart peu significatif entre le taux du marché monétaire (taux moyen mensuel) et le taux de pension (0,05 au mois de mai 1998), ce qui n’incite pas les banques à effectuer des opérations sur le marché monétaire ;
L’étroitesse du marché interbancaire et du marché des titres de l’Union.
Ces difficultés ont un impact non négligeable sur l’optimisation des modalités d’atteinte des objectifs de la politique monétaire.
Incertitudes et inefficacité d’une politique de détente monétaire dans l’UEMOA : surliquidité bancaire et sous-financement des activités économiques
34Dans un environnement marqué par de nombreuses incertitudes et asymétries informationnelles, une politique monétaire fondée sur la manipulation des taux d’intérêt directeurs de la banque centrale perd l’essentiel de son efficacité. En effet, l’existence d’un rationnement endogène du crédit au sein de l’UEMOA (coexistence de plus de 400 milliards de FCFA de réserves excédentaires des banques primaires et de nombreuses demandes de crédit non satisfaites) conduit à l’inefficacité d’une politique de baisse des taux directeurs pour relancer la croissance, et pose la question de l’opportunité de la libéralisation financière au sein de cette zone. Après avoir rappelé le modèle théorique de référence relatif au rationnement endogène du crédit, une discussion concernant les conséquences sur l’efficacité de la politique monétaire au sein de l’UEMOA sera menée.
Le modèle de rationnement du crédit
35Dans le modèle théorique de référence, celui du rationnement endogène du crédit de Stiglitz et Weiss (1981), l’existence concomitante d’une surliquidité bancaire et d’un rationnement du crédit trouve une explication rationnelle. Les deux auteurs supposent que les prêteurs et emprunteurs se situent dans un cadre d’asymétrie d’information ex ante : les emprunteurs connaissent le rendement espéré et le risque de leur projet, alors que les banques ne connaissent que le rendement moyen espéré du projet. Tous les investissements ont la même taille et les coûts de faillite ne sont pas pris en compte. Les taux d’intérêt ne servent pas de variable d’ajustement car ils influencent la nature des transactions par un effet d’antisélection16 et un effet anti-incitatif. L’effet d’antisélection se traduit par le fait que si le taux d’intérêt augmente au-delà d’un certain niveau, seuls les emprunteurs les plus risqués se présentent sur le marché. L’effet anti-incitatif signifie que, si le taux d’intérêt augmente, un emprunteur ayant le choix entre deux projets de risques différents entreprendra le plus risqué, dans la mesure où le rendement espéré est une fonction croissante du risque. Du fait du niveau élevé du taux d’intérêt, il est amené à prendre des risques excessifs pour augmenter le gain tiré de l’emprunt afin d’honorer le remboursement.
36En raison de ces deux effets, au-delà d’un certain niveau de taux d’intérêt, toute augmentation de celui-ci entraîne une diminution du profit espéré de la banque, car le risque moyen de l’emprunteur s’élève. Cette relation entre le taux d’intérêt et le profit espéré de la banque s’explique par la différence entre l’objectif de cette dernière et celui de l’emprunteur. La banque souhaite que l’emprunteur respecte sa promesse de remboursement alors que celui-ci cherche à maximiser le rendement de son projet. De ce fait, la banque cherche à identifier les emprunteurs qui ne respecteront pas leur promesse de remboursement. Pour cela, elle met en place un mécanisme de filtrage basé sur le taux d’intérêt : dans un contexte d’asymétrie d’information, plus une entreprise est disposée à payer un taux d’intérêt élevé, plus sa probabilité de défaut est grande.
37L’originalité du modèle de Stiglitz et Weiss tient au fait que l’existence d’asymétrie de l’information peut engendrer une impossibilité de transactions, quand bien même chacun des co-contractants voudrait échanger. En effet, pour se prémunir contre le risque de défaut, la banque augmente le taux débiteur. Cependant, à un taux débiteur élevé, seuls restent sur le marché les demandeurs de crédit faisant partie des « hauts risques », car les « bons » emprunteurs quittent le marché, jugeant la prime de risque trop élevée. Sachant cela, la banque sera réticente à fournir des crédits à cette population composée essentiellement de « hauts risques » et va donc rationner son offre de crédit. Ce rationnement endogène du crédit traduit l’inefficacité du mécanisme de prix (ici, le taux d’intérêt débiteur) à servir de régulateur du marché en présence d’asymétries informationnelles. C’est la quantité (le volume de crédit octroyé) qui sert de variable d’ajustement du marché bancaire.
38Stiglitz et Weiss définissent une deuxième sorte de rationnement, le « red lining ». Ils supposent qu’il est possible d’identifier le risque des emprunteurs. Dans ce cas, des groupes entiers d’emprunteurs sont écartés du marché du crédit et ne peuvent obtenir de prêt, quel que soit le niveau des taux d’intérêt. Les emprunteurs concernés par le « red lining » sont de deux sortes : certains sont trop risqués et d’autres sont écartés car la banque n’a pu évaluer leur degré de risque. Ces deux types d’emprunteurs correspondent aux clients rationnés sur le marché du crédit dans la pratique.
L’intérêt de ces travaux pour les politiques économiques conduites par l’UEMOA et la BCEAO
39La prise en compte de l’impact des asymétries informationnelles sur le fonctionnement des marchés conduit à relativiser les vertus supposées de ces derniers. En effet, il ne suffit pas de libéraliser l’économie, de rendre les marchés plus fluides ou les prix plus flexibles pour rétablir la croissance. Un tel constat dépasse le cadre strict des travaux sur l’asymétrie d’information et englobe plus largement, la « nouvelle microéconomie ». Il interpelle à quatre titres l’UEMOA et la BCEAO, notamment en rapport avec le processus de libéralisation financière en cours depuis une dizaine d’années.
40Du point de vue du processus de la libéralisation financière, d’abord, il paraît important de se prémunir contre les nombreux effets pervers qui peuvent survenir si le rythme est trop rapide, en raison notamment les inconvénients liés aux asymétries informationnelles17.
41En ce qui concerne l’efficacité de la transmission des impulsions monétaires, avec la mise en évidence théorique du canal du crédit, un facteur explicatif potentiel de la persistance d’une surliquidité bancaire au sein de l’UEMOA est ainsi fourni. En effet, si les banques primaires perçoivent une grande partie des demandeurs de prêts comme étant de « hauts risques », elles refuseront d’octroyer les prêts, même si la banque centrale procède à un assouplissement de sa politique monétaire, ce qui permet de comprendre la persistance d’encaisses oisives dans le secteur bancaire. Par ailleurs, la forte asymétrie informationnelle qui caractérise les marchés des pays en développement, du fait notamment de la faiblesse de l’information statistique et du caractère semi-formel de ces économies, amène à réfléchir aux modes idoines d’incitation des agents à révéler l’information dont ils disposent et à adopter des comportements socialement optimaux. De même, il apparaît utile d’engager une réflexion sur les formes d’organisation et de gestion des marchés adaptées au contexte sociopolitique et institutionnel de l’UEMOA.
42Du point de vue de la structure du secteur bancaire au sein de l’UEMOA, le caractère fortement oligopolistique de ce dernier constitue un facteur de viscosité des taux d’intérêt débiteurs des banques18. Les banques de l’UEMOA n’ont pas réellement besoin de la BCEAO pour se refinancer dans la mesure où elles sont surliquides. De fait, elles ne sont pas obligées de suivre les signaux de détente monétaires émis par la BCEAO lorsque cette dernière baisse ses taux directeurs. En outre, un système d’entraide explicite (par le marché interbancaire de l’UEMOA) et de collusion tacite (d’où l’expression « cartel des banques françaises » répandue dans le jargon des financiers de l’UEMOA) s’est instauré entre les établissements bancaires qui sont pour l’essentiel des filiales de grands groupes bancaires européens et dont l’objectif principal est la maximisation du profit à court terme. Ceci les conduit à privilégier l’octroi de crédit aux entreprises d’État nouvellement privatisées, ou en voie de l’être, à la rentabilité avérée, et à réduire dans leur portefeuille la part des activités de financement de long terme. On ne peut que regretter le faible nombre de banques à capitaux sous-régionales opérant dans l’UEMOA, qui pourraient œuvrer dans le sens d’un véritable partenariat pour le développement de la zone, ainsi que la faillite des banques dites de « développement », emportées par une mauvaise gouvernance chronique.
43S’agissant du comportement des acteurs sur les marchés, la prise en compte des asymétries d’information entre les acteurs et de leurs conséquences sur le fonctionnement des marchés met en évidence l’importance d’études microéconomiques relatives à la structure du marché du crédit, à la taille optimale des banques, au taux de dégradation de leur portefeuille, aux déterminants du comportement des acteurs du secteur bancaire de l’UEMOA. À cet effet, l’apport de la microéconométrie est important, dans le souci de donner un contenu opérationnel aux études effectuées, afin qu’elles puissent servir d’aide à la décision en matière de réglementation et de surveillance bancaires. À cet égard, l’effort de mise en place de bases de données microéconomiques engagé par la BCEAO mérite plus que jamais d’être poursuivi.
Voies de recherche d’une efficacité accrue de la politique monétaire de l’uemoa
44Il importe d’initier des voies d’amélioration de l’efficacité de la politique monétaire conduite par la BCEAO, d’une part, en termes d’amélioration du dispositif de gestion monétaire et, d’autre part, en rapport avec l’atteinte de l’objectif d’inflation à un coût minimal pour la croissance.
L’amélioration du dispositif de gestion monétaire de la BCEAO
45Les réflexions en cours, relatives à une performance accrue dans l’utilisation des instruments de gestion monétaire, ont conduit la Direction du crédit19, à suggérer les voies d’amélioration suivantes :
D’une part, la ponction des liquidités excédentaires des banques, notamment par le biais d’une offre publique d’échange (OPE) de titres, accompagnée d’un relèvement du coefficient des réserves obligatoires en vue de neutraliser les liquidités résiduelles ;
D’autre part, l’établissement d’une cohérence dans les procédures d’intervention, qui se traduirait par exemple par l’instauration d’une procédure permanente d’open-market exclusivement sur les effets publics (bons du trésor), la mise en place de guichets permanents de refinancement (pension, réescompte) nécessitant une meilleure hiérarchisation de leurs taux d’intérêt directeurs et une meilleure adéquation de la durée de leurs interventions avec celle de la procédure par voie d’appel d’offres.
46Ces propositions auront d’autant plus de chances d’être pertinentes qu’elles prendront en compte un certain nombre d’éléments. Tout d’abord, le caractère rationnel des agents du système bancaire de l’Union. En effet, la proposition d’effectuer une OPE nécessite que soient prises certaines précautions, dans la mesure où les agents n’ont aucun intérêt avéré à échanger les titres qu’ils détiennent contre les nouveaux bons du trésor, du moins tant que les coûts de transaction et la prime de risque liés à l’échange demeurent supérieurs à 2 % (rémunération additionnelle liée à la détention des nouveaux titres, proposée par la Direction du crédit).
47De plus, l’intérêt à échanger les titres serait d’autant plus faible que les agents auraient connaissance de l’optique dans laquelle la banque centrale réalise la transaction, à savoir, l’assèchement de la surliquidité bancaire au sein de l’Union, ce qui aurait pour conséquence probable la hausse future du coût de refinancement des agents.
48Enfin, la coexistence légale envisagée par la Direction du crédit, des anciens et des nouveaux titres, contribue à réduire les avantages attendus de l’OPE envisagée.
49Des dispositions légales contraignantes doivent être prises pour réduire les forts risques que les agents du système bancaire et financier de l’Union, se situant dans une logique d’optimisation intertemporelle, ne répondent pas de manière favorable à l’OPE initiée par la banque centrale. Par ailleurs, pour couvrir les frais de gestion liés à l’OPE, la banque centrale pourrait être incitée à augmenter ses taux d’intérêt directeurs ; une telle attitude, dictée par des considérations strictement gestionnaires, pourrait avoir des conséquences récessionnistes, même faibles, sur l’activité économique de l’Union.
Une évaluation réaliste des contraintes pour un meilleur ciblage des objectifs et une conduite efficiente de la politique monétaire
Réformer un secteur bancaire fortement oligopolistique
50Des contraintes internes prévalant dans l’UMOA, en particulier l’atonie de la demande de refinancement du système bancaire de l’Union auprès de la BCEAO (1,2 % des crédits bancaires au 30 juin 2001, contre 20,1 % en décembre 1993) et la forte concentration du secteur bancaire, contribuent sans doute à réduire l’efficacité de la politique monétaire.
51Certaines initiatives pourraient permettre de restaurer, au moins en partie, une telle efficacité. Il s’agit en particulier des mesures visant :
L’augmentation du nombre d’établissements bancaires et financiers au sein de l’Union, dans le souci de lutter contre le caractère oligopolistique du système bancaire actuel ;
Le développement de relais informationnels puissants et efficaces, relatifs aux conditions de banque au sein de l’Union, en particulier, en direction des populations jeunes, plus réactives, et des populations analphabètes, moins au fait des réglementations bancaires ;
Le renforcement de la surveillance et des sanctions à l’égard des mesures anti-concurrentielles telles que le dumping, l’abus de position dominante se soldant par le prélèvement de marges exorbitantes sur certaines opérations de banque, la discrimination des clients et la subvention croisée des opérations bancaires ;
La formalisation autant que possible, notamment par l’instauration de titres ou d’autres supports, des transactions (prêts ou emprunts) se déroulant sur le marché interbancaire de l’Union.
52Par ailleurs, dans le souci d’accroître les sources alternatives de financement dans l’UEMOA et redonner ainsi aux taux d’intérêt leur qualité de signaux de rareté relative des fonds prêtables, il conviendrait de poursuivre l’approfondissement du marché financier, devant se traduire par l’essor des placements financiers des ménages. De même, il paraît indispensable de procéder à une évaluation précise de l’impact de la structure financière des économies de l’Union sur leurs réponses aux chocs monétaires, ceci dans le souci d’aboutir à terme à une homogénéité et une convergence des réponses des différentes économies aux décisions de politique monétaire, conditions d’une meilleure efficacité de la transmission de la politique monétaire au sein de l’UMOA.
53Enfin, certaines spécificités de la zone UEMOA, à savoir, une forte vulnérabilité des économies vis-à-vis de chocs exogènes, conduisent à rendre indispensable l’évaluation de l’impact des chocs exogènes sur la stabilité des prix dans l’Union : en particulier, quel est le degré de maîtrise effective de la politique monétaire sur l’inflation dans un tel contexte, et de manière plus générale, quelle cible d’inflation est-il raisonnable de viser (et éventuellement avec quelle fourchette de variation) ?
Combattre une inflation d’origine non monétaire et réduire des réserves de change excessives
54Si de toute évidence, il serait plus conforme aux usages en vigueur au plan international, pour la BCEAO, de s’en tenir à un objectif d’inflation sous-jacente (exclusion de l’énergie et des produits alimentaires de l’indice des prix à la consommation), il n’en demeure pas moins préoccupant qu’aucune réponse structurelle ne puisse être donnée à la partie non monétaire de l’inflation, en dehors de l’espoir de maîtrise par la zone euro, zone ancre du franc CFA, de son taux d’inflation. Dans le souci de réussir sa mission, qui consiste à préserver la valeur interne et externe de la monnaie commune, le franc CFA, la BCEAO devrait tenir compte de tous les déterminants de l’inflation dans les économies de l’Union et mener une réflexion sur le caractère adapté des instruments dont elle dispose. Il est également impératif pour elle de développer une réflexion prospective, relative à l’évolution de ses missions, dans un contexte général de libéralisation économique et financière. En effet, les principaux déterminants de l’inflation au sein de l’UMOA, mis en évidence par diverses études empiriques, sont l’inflation importée, l’inflation d’origine monétaire, l’inflation issue de chocs d’offre et l’inflation par les coûts20.
55De ces quatre déterminants de l’inflation, seul celui relatif à la monnaie est du ressort direct de l’action de la banque centrale. En effet, grâce à l’utilisation adéquate de ses principaux instruments (taux d’intervention) et au ciblage fin de son objectif intermédiaire (le crédit intérieur), la BCEAO peut contrôler la partie monétaire de l’inflation. Cependant, elle peut également inciter les pouvoirs publics à lutter contre l’inflation par les coûts, grâce à une politique de blocage des prix et de concertation entre les partenaires sociaux, indispensables pour freiner la spirale prix-salaires.
56De même, conviendrait-il de réduire la progression des prélèvements obligatoires qui se répercute ensuite sur les prix des produits, dans un contexte où le budget des États souffre désormais de l’arrêt de l’appui financier de la BCEAO. En effet, depuis 2003 et la suppression de l’article 16 des statuts de la BCEAO, cette dernière n’assure plus le financement monétaire du déficit budgétaire (à hauteur de 20 % des recettes fiscales de l’année précédente), mais conseille aux États d’émettre des titres sur le marché financier de l’UEMOA pour répondre à leurs besoins de financement. Il paraît pour le moins curieux qu’une banque centrale de pays en développement parmi les plus pauvres du monde s’interdise de remplir sa principale fonction de Banque des États. Ceci est d’autant plus surprenant que la BCEAO détient auprès du Trésor français plus de 3 000 milliards de FCFA de réserves de change, ce qui constitue plus de 110 % de taux de couverture de l’émission monétaire. Il convient de noter que les conventions du compte d’opération qui lient la BCEAO et le Trésor français n’exigent qu’un taux de couverture de l’émission monétaire de 20 %. Il résulte de cette situation que la BCEAO se prive volontairement de moyens financiers conséquents potentiellement utiles à la croissance au sein de l’UEMOA, et privilégie la détention de réserves de changes excessives dont l’intérêt le plus visible est l’amélioration de sa trésorerie du fait de la rémunération de ces dépôts. Certains économistes21 ont utilisé la théorie de la bureaucratie pour tenter d’expliquer la rationalité d’un tel comportement des autorités monétaires de l’UEMOA.
57La réponse de la banque centrale à l’inflation issue des chocs d’offre semble plus complexe. Il est néanmoins clair que c’est par le biais de politiques d’accroissement et de stabilisation de l’offre agricole qu’une telle inflation pourrait être maîtrisée. La question qui se pose est donc la suivante : de quelles manières la BCEAO pourrait-elle contribuer à l’accroissement et à la stabilité de l’offre agricole au sein de l’UEMOA ? Les réponses sont nombreuses et complémentaires.
58En premier lieu, il importe d’assurer aux petits producteurs des sources de financement de leurs activités, notamment l’approvisionnement en intrants et la hausse des capacités de stockage des récoltes. L’accès au microcrédit est donc crucial et des initiatives prises par la BCEAO, avec la création d’une mission relative au développement du microcrédit et d’une Banque régionale de solidarité (BRS) vont dans le sens du desserrement des contraintes financières auxquelles sont soumis les intervenants des filières agricoles, en particulier les petits producteurs.
59En second lieu, il est impératif de mettre sur pied un réseau de transport performant et de transmission rapide de l’information au sein de l’Union, capable d’uniformiser dans un délai court l’offre agricole dans toute l’Union et, partant, assurer une certaine convergence des prix des produits agricoles au sein de l’espace UEMOA. À cet effet, à côté du rôle indispensable des États, la coopération entre la banque centrale et les institutions sous-régionales filles de la BCEAO telles que la Banque ouest africaine de développement (BOAD) et la Commission de l’UEMOA, ou d’institutions régionales comme la Banque africaine de développement (BAD), devrait être notablement renforcée, dans le souci de mener des actions conjointes de développement.
Conclusion
60La politique monétaire de l’UEMOA conduite par la BCEAO souffre de deux principales faiblesses, nuisibles à son efficacité : d’une part, un déficit de réflexion endogène sur le rôle et les missions d’une banque centrale d’économies en développement parmi les plus pauvres, faiblement monétarisées et bancarisées, caractérisées par la prédominance d’un secteur rural et d’un secteur informel urbain importants ; d’autre part, l’inadéquation entre les déterminants réels de son principal objectif, à savoir la stabilité des prix, et les moyens effectifs dont elle dispose pour l’atteindre, notamment les instruments de gestion monétaire dans un environnement fortement contraint et incertain. Ces contraintes et incertitudes sont physiques (aléas climatiques), organisationnelles (structure oligopolistique du marché du crédit) et institutionnelles (nature du régime de change avec la zone euro).
61Les autorités monétaires de l’UEMOA tentent de ce fait de conduire une politique de lutte contre une inflation d’origine non monétaire avec des outils adaptés à des économies fortement monétarisées. De même, le processus de libéralisation croissante du secteur bancaire de l’UEMOA dans un contexte de surliquidité bancaire contribue à affaiblir l’efficacité de la politique monétaire. Enfin, cette politique qui se veut résolument monétariste, dans un environnement qui ne s’y prête guère, devient de plus en plus procyclique et accumule des effets pervers nuisibles au retour de la croissance au sein de la zone UEMOA.
62En tout état de cause, les questions ci-après, qui permettent de mesurer l’ampleur de la tâche à fournir afin de contrôler de manière efficace les variables fondamentales des économies de l’Union qui sont du ressort de la politique monétaire, devraient faire l’objet de discussions et de recherches approfondies : quel exercice efficace de la politique monétaire dans un contexte de prédominance de chocs exogènes ? Quels sont les mécanismes de transmission des chocs exogènes au secteur monétaire et financier de l’UEMOA ? Quelles mesures idoines adopter pour réduire le caractère « hors-banque » du secteur bancaire de l’Union ? Comment accroître l’efficacité de la politique monétaire dans un contexte de rationnement endogène du crédit ? Comment accroître la convergence des cycles économiques dans l’Union, cruciale pour une efficacité accrue de la politique monétaire ? Quelle est la pertinence des objectifs intermédiaires actuels de la politique monétaire de l’UEMOA, dans un contexte d’instabilité de la demande de monnaie issue notamment de la déréglementation financière internationale ? Enfin, quelle est la marge effective de manipulation des taux d’intérêt directeurs pour la BCEAO, dans un contexte de taux de change fixe avec l’euro et de liberté accrue de circulation des capitaux au plan international ?
Bibliographie
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Annexe
Tableau 1. Équations d’équilibre de court et de long terme de l’inflation
UMOA |
BÉNIN |
BURKINA |
CÔTE D’IVOIRE |
MALI |
NIGER |
SÉNÉGAL |
TOGO |
|
Coefficients de court terme |
||||||||
D(log(IPM) |
0,13 (2,45)* |
0,15 (4,14) |
||||||
D(IPS) |
0,02 (4,46) |
0,015 (3,60) |
0,013 (3,07) |
0,027 (4,67) |
||||
D(IM) |
-0,008 (-2,16) |
-0,009 (-2,35) |
-0,009 (-2,49) |
-0,006 (-1,85) |
-0,01 (-5,08) |
-0,02 (-4,71) |
||
Coefficients de long terme |
||||||||
Log(IPC(-1)) |
-0,06 (-2,03) |
-0,97 (-10,28) |
-0,08 (-1,71) |
-0,10 (-2,25) |
-0,11 (-1,71) |
-0,38 (-4,63) |
-0,67 (-8,70) |
-0,18 (-2,86) |
Log(PIBR(-1)) |
0,406 (5,50) |
0,12 (2,16) |
||||||
Log(IPM(-1)) |
0,13 (1,95) |
0,56 (5,82) |
0,07 (1,90) |
0,0008 (4,29) |
0,07 (1,86) |
|||
IM(-1) |
-0,018 (-3,66) |
-0,02 (-5,04) |
-0,01 (-2,42) |
-0,023 (-4,83) |
-0,02 (-3,96) |
-0,017 (-3,31) |
-0,031 (-4,71) |
|
IPS(-1) |
0,014 (2,57) |
-0,02 (-3,32) |
0,027 (7,36) |
0,014 (2,90) |
-0,016 (-3,57) |
0,014 (2,18) |
0,025 (2,89) |
|
BN92 |
-0,019 (-2,38) |
-0,01 (-2,38) |
||||||
BN94 |
0,05 (6,91) |
0,10 (5,82) |
0,02 (1,89) |
0,056 (3,64) |
0,029 (1,73) |
0,077 (4,80) |
0,104 (6,38) |
0,05 (4,96) |
BN95 |
0,05 (4,16) |
|||||||
BN99 |
0,043 (3,35) |
|||||||
C |
0,30 (1,94) |
1,93 (5,62) |
0,39 (1,70) |
0,57 (1,78) |
1,67 (4,51) |
|||
AR(2) |
-0,51 (-2,82) |
-0,62 (-3,72) |
-0,51 (-4,20) |
-0,69 (-4,70) |
-0,74 (-5,62) |
-0,48 (-3,52) |
-0,79 (-5,63) |
|
R² Ajusté |
0,78 |
0,83 |
0,61 |
0,73 |
0,68 |
0,57 |
0,84 |
0,83 |
F |
15,23 |
21,75 |
9,62 |
13,15 |
10,69 |
11,90 |
24,78 |
20,33 |
DW |
2,6 |
2,14 |
2,34 |
2,09 |
2,17 |
2,02 |
2,02 |
2,04 |
*: Valeur du « t » de Student empirique
Tableau 2. Équations d’équilibre de court et de long terme de la croissance
UMOA |
BÉNIN |
BURKINA |
CÔTE D’IVOIRE |
MALI |
NIGER |
SÉNÉGAL |
TOGO |
|
Coefficients de court terme |
||||||||
D(IM) |
-0,002 (-3,74)* |
-0,0006 (-1,88) |
-0,0007 (-1,87) |
-0,002 (-2,00) |
-0,003 (-2,64) |
-0,001 (-2,13) |
-0,003 (-2,32) |
|
D(log(INVTOTR) |
0,037 (2,31) |
0,104 (9,75) |
0,03 (3,40) |
0,05 (2,39) |
0,03 (1,87) |
0,08 (4,90) |
0,077 (9,44) |
|
Coefficients de long terme |
||||||||
Log(PIBR(-1)) |
-0,025 (-1,72) |
-0,016 (-1,33) |
-0,001 (-1,60) |
-0,109 (-6,07) |
-0,137 (-3,63) |
-0,11 (-2,87) |
-0,09 (-4,39) |
-0,21 (-3,63) |
IM(-1) |
-0,001 (-1,84) |
|||||||
IPS(-1) |
-0,003 (-7,16) |
-0,001 (-1,93) |
-0,0008 (-1,93) |
-0,005 (-4,65) |
-0,002 (-2,60) |
-0,003 (-7,77) |
-0,007 (-4,60) |
|
Log(INVTOTR(-1)) |
0,02 (2,94) |
0,01 (3,15) |
0,055 (2,39) |
0,001 (2,20) |
0,022 (2,81) |
|||
BN91 |
0,009 (3,87) |
0,02 (2,75) |
||||||
BN92 |
0,023 |
-0,017 (-1,93) |
||||||
BN98 |
-0,006 (-2,84) |
0,007 (3,75) |
||||||
BN99 |
0,02 (8,9) |
|||||||
C |
0,22 (1,97) |
0,72 (6,24) |
0,56 (3,93) |
0,57 (2,79) |
0,61 (4,55) |
1,00 (3,71) |
||
AR(1) |
0,39 (3,56) |
0,26 (2,42) |
-0,40 (-2,65) |
0,43 (2,52) |
||||
AR(4) |
-0,39 (-2,32) |
-0,61 (-3,29) |
||||||
R² ajusté** |
0,79 |
0,63 |
0,88 |
0,82 |
0,59 |
0,59 |
0,74 |
0,85 |
F |
26,91 |
10,73 |
41,85 |
28,47 |
9,00 |
10,76 |
20,35 |
35,74 |
DW |
2,03 |
1,88 |
1,86 |
1,86 |
1,98 |
2,013 |
2,19 |
1,86 |
*Valeur du « t » de Student empirique.
**Dans le cas des équations sans constante, le R² ajusté n’a plus de sens, seuls comptent en effet, les statistiques de Fisher et de Student. Cependant, par souci d’uniformité dans la présentation des équations par pays au sein des tableaux de résultat, il a paru judicieux de laisser cette statistique dans toutes les équations du tableau, ce qui justifie une telle présence dans le cas de certains pays (Côte d’Ivoire, Sénégal, Togo, en ce qui concerne l’équation d’inflation et, Bénin, Burkina, pour l’équation de croissance, cf. infra)
Estimations sur données trimestrielles résultats d’un modèle à correction d’erreur
Tableau 3. UMOA – Test de racine unitaire (ADF)
UMOA : Test de Racine Unitaire (ADF) sur les variables |
|||||||||||
En Niveau |
En Différence |
||||||||||
Valeur |
nombre de retards |
Avec |
Valeur |
nombre de retards |
Avec |
Conclusion |
|||||
empirique |
théorique |
constante |
trend |
empirique |
théorique |
constante |
trend |
||||
IPC |
1,78 |
-1,94 |
1 |
NON |
NON |
-3,09 |
-2,61 |
1 |
NON |
NON |
I(1) |
INVTOTR |
-2,90 |
- 3,51 |
5 |
OUI |
OUI |
-3,52 |
-2,92 |
1 |
NON |
NON |
I(1) |
IPS |
-1,13 |
-1,94 |
4 |
NON |
NON |
-6,37 |
-2,61 |
1 |
NON |
NON |
I(1) |
PIBR |
-2,03 |
-3,51 |
5 |
OUI |
OUI |
-3,24 |
-3,18 |
3 |
OUI |
OUI |
I(1)* |
IPM |
-2,19 |
-3,51 |
5 |
OUI |
OUI |
-1,79 |
-1,61 |
4 |
NON |
NON |
I(1) |
IM |
-1,20 |
-2,61 |
2 |
NON |
NON |
-4,08 |
-2,61 |
1 |
NON |
NON |
I(1) |
*Test de PHILLIPS-PERRON.
Tableau 4. UMOA : Inflation – Test de stationnarité des résidus de la relation de long terme
Valeur empirique (ADF) |
Valeur théorique (1 %) |
Nombre de retards |
Constante |
Trend |
Conclusion |
|
UMOA |
-3,67 |
-2,61 |
1 |
NON |
NON |
I(0) |
BÉNIN |
-5,04 |
-2,62 |
1 |
NON |
NON |
I(0) |
BURKINA |
-3,91 |
-2,61 |
4 |
NON |
NON |
I(0) |
CÔTE D’IVOIRE |
-3,18 |
-2,61 |
1 |
NON |
NON |
I(0) |
MALI |
-4,32 |
-2,61 |
1 |
NON |
NON |
I(0) |
NIGER |
-3,55 |
-2,61 |
1 |
NON |
NON |
I(0) |
SÉNÉGAL |
-4,40 |
-2,61 |
2 |
NON |
NON |
I(0) |
TOGO |
-3,79 |
-2,61 |
1 |
NON |
NON |
I(0) |
Tableau 5. UMOA : Croissance – Test de stationnarité des résidus de la relation de long terme
Valeur empirique (ADF) |
Valeur théorique (1 %) |
Nombre de retards |
Constante |
Trend |
Conclusion |
|
UEMOA |
-4,21 |
-2,62 |
1 |
NON |
NON |
I(0) |
BÉNIN |
-3,35 |
-2,61 |
1 |
NON |
NON |
I(0) |
BURKINA |
-3,80 |
-2,61 |
1 |
NON |
NON |
I(0) |
CÔTE D’IVOIRE |
-3,49 |
-2,62 |
3 |
NON |
NON |
I(0) |
MALI |
-3,54 |
-2,62 |
3 |
NON |
NON |
I(0) |
NIGER |
-2,86 |
-2,61 |
2 |
NON |
NON |
I(0) |
SÉNÉGAL |
-6,07 |
-2,62 |
3 |
NON |
NON |
I(0) |
TOGO |
-3,00 |
-2,62 |
3 |
NON |
NON |
I(0) |
Notes de bas de page
1 L’UEMOA est composée de huit pays : Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.
2 La courbe de Phillips rend compte de l’arbitrage existant entre inflation et chômage : elle suggère qu’il est possible d’obtenir un supplément de croissance économique devant se traduire par une baisse du chômage, par le biais d’une politique monétaire expansionniste. La hausse du taux d’inflation, conséquence de la politique monétaire expansionniste, serait le prix à payer pour obtenir la croissance. Un tel enchaînement des mécanismes a été remis en cause par Phelps et Friedman qui démontrèrent, grâce à l’introduction des anticipations dites adaptatives dans les modèles keynésiens, l’absence d’arbitrage à long terme entre inflation et chômage.
3 L’hypothèse d’anticipations rationnelles se base sur l’idée selon laquelle les agents économiques ne peuvent pas se tromper de manière systématique lorsqu’ils effectuent des prévisions. Ceci est dû au fait que les agents sont rationnels, disposent de la faculté d’apprendre, de tirer des enseignements de leurs expériences et peuvent donc anticiper correctement les événements, compte tenu de l’information dont ils disposent. Issue de l’enrichissement de l’hypothèse d’anticipations adaptatives (Cagan, Friedman, Phelps), l’hypothèse d’anticipations rationnelles est à la base de la « critique de Lucas » et des développements de la Nouvelle école classique (NEC). À cette hypothèse, la NEC ajoute celles de marchés toujours en équilibre et de prix parfaitement flexibles.
4 Kydland & Prescott (1977) ; Barro & Gordon (1983).
5 Bernanke & Gertler (1995), et Mishkin (1996).
6 Kashyap, Stein & Wilcox (1993).
7 Stiglitz & Weiss (1981).
8 Le traité instituant l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) date de mai 1962, alors que celui instituant l’UEMOA ne date que de janvier 1994. Contrairement aux idées reçues, le traité de l’UEMOA n’a pas remplacé celui de l’UMOA. Les deux traités coexistent et celui de l’UMOA sert encore de base juridique aux aspects purement monétaires. Cependant, dans le présent chapitre, nous avons choisi de ne mentionner que l’UEMOA pour faciliter la lecture, le recours au traité de l’UEMOA nous permettant d’évoquer à la fois les aspects réels et les aspects monétaires et financiers. De plus, il est prévu à terme une unification des deux traités.
9 Les résultats de cette étude ont été validés par les autorités monétaires de la zone et publiés dans le Rapport annuel de la BCEAO (2002 : 20-21) ; Nubukpo (2002).
10 Romer & Romer (1999).
11 Citée par Goux (1998).
12 Mankiw (2001).
13 Calvo & Coricelli (1993), Coricelli (1998), et Ould-Ahmed (1999).
14 Van Wijnbergen (1983a et 1983b).
15 Mamadou (1998a), Ténou (1999), et Nubukpo (2002).
16 Le terme « antisélection » ou « sélection adverse » désigne une situation « d’information cachée », d’inobservabilité d’une caractéristique inaltérable d’un bien échangé. Par exemple, lorsque les acheteurs observent imparfaitement la qualité des biens qu’ils désirent acquérir, les vendeurs ont intérêt à surestimer la qualité de leurs produits afin de les vendre au prix le plus élevé possible. Les acheteurs ne peuvent donc ni avoir confiance dans les déclarations des vendeurs, ni déduire qu’un prix élevé garantisse une bonne qualité.
17 Stiglitz (2002).
18 Diop (1998).
19 BCEAO (2002).
20 Doe & Diallo (1997).
21 N’guessan (1996).
Auteur
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