La fabrique de l’homme nouveau après Staline
Les arts et la culture dans le projet soviétique
Dès ses débuts, l’État soviétique entend remplacer le Russe du passé par un « homme nouveau », indispensable pour que se concrétise le projet bolchevik : créer un « monde nouveau », avec des rapports politiques, économiques, sociaux et même humains, fondamentalement modifiés. L’Homme nouveau est donc censé être, à la fois, le moyen, la condition, le résultat et le témoignage des changements entrepris. Or, c’est aux arts et à la culture que sont confiées les tâches de représenter cet Homme nouv...
Éditeur : Presses universitaires de Rennes
Lieu d’édition : Rennes
Publication sur OpenEdition Books : 28 août 2018
ISBN numérique : 978-2-7535-5568-6
DOI : 10.4000/books.pur.46107
Collection : Histoire
Année d’édition : 2016
ISBN (Édition imprimée) : 978-2-7535-4768-1
Nombre de pages : 292
Cécile Vaissié
Introduction. Construire-déconstruire l’Homme nouveauPremière partie. Procédés, explicite et implicite dans la littérature poststalinienne
Michel Niqueux
Prométhéisme et anti-prométhéismeIan Levtchenko
Cécile Vaissié (trad.)
La réécriture des textes, reflet de la transformation des hommes. Le cas de Iouri GuermanTetiana Pastushenko
Olena Simon (trad.)
Le prisonnier de guerre comme personnage littéraire : du paria au « héros inconnu »Cécile Vaissié (trad.)
Encadré I. Lettre à la rédaction de la Litératournaïa Gazéta (1963)Irina Stoliarova et Cécile Vaissié
Des gens « pas sérieux » Vassili Axionov, un « homme des années 1960 »Anna Louyest
De l’interdit dans l’autorisé : l’art soviétique face aux sujets tabous. La prose de Iouri TrifonovDeuxième partie. Modèles et normes, imposés, mis à distance ou recréés
Bella Ostromooukhova
Le théâtre amateur étudiant et l’Homme nouveau : le retour du « soviétique » ?David Maurice
Une édification socialiste passée à l’arrière-plan, dans le dessin animé des années 1960Natalia Ogarkova
Anna Louyest (trad.)
Dans la chanson d’auteur, un « nouveau héros », bien différent de l’Homme nouveauIoulia Bolchakova
Anna Louyest (trad.)
Galina Oulanova, symbole du ballet russe et de la dissonance cognitive soviétiqueCécile Vaissié
Un acteur-clef de la culture poststalinienne : le KGBTroisième partie. Des identités religieuses et nationales, confisquées, abandonnées et/ou reconquises
Yves Hamant
La fabrique de rites soviétiques. Un objectif : évincer les rites religieux (années 1960-1980)Cécile Vaissié (trad.)
Encadré II. Extrait de la Chronique des événements en cours (1976)Boris Czerny
Auto-construction et re-construction de l’identité juive-russe. Le cas Sima-Simon-Shimon MarkishSergei I. Zhuk
Cécile Vaissié (trad.)
Les évolutions de la jeunesse ukrainienne des années 1970 et 1980, d’après ses journaux intimesGuennadi Kouzovkine
Cécile Vaissié (trad.)
Encadré III. La Chronique des événements en cours et l’histoire du samizdat : bilans provisoires et pistes de recherchesIgor Tchoubaïs
Frédéric Bruger (trad.)
Permanences, résurgences et pertes des valeurs et spécificités russes dans la culture soviétique et postsoviétiqueCécile Vaissié
Conclusion
Dès ses débuts, l’État soviétique entend remplacer le Russe du passé par un « homme nouveau », indispensable pour que se concrétise le projet bolchevik : créer un « monde nouveau », avec des rapports politiques, économiques, sociaux et même humains, fondamentalement modifiés. L’Homme nouveau est donc censé être, à la fois, le moyen, la condition, le résultat et le témoignage des changements entrepris. Or, c’est aux arts et à la culture que sont confiées les tâches de représenter cet Homme nouveau et, surtout, de le créer en « rééduquant » – tel était le terme employé – les ex-citoyens de l’Empire qui pouvaient l’être, les autres étant écartés d’une manière ou d’une autre.
Après la mort de Staline (1953), le discours officiel reste inchangé pour l’essentiel, mais l’image du Soviétique dans les œuvres littéraires et artistiques, y compris celles autorisées par la censure, se modifie très nettement. En outre, de plus en plus de Soviétiques tentent, par l’art et la culture, d’échapper aux règles trop strictes encadrant la vie sociale. La culture se fait double, voire triple ; plus que jamais, elle multiplie les codes, les doubles sens, l’implicite. Les œuvres d’art et leur réception, des convictions et des goûts évoluent et se complexifient, derrière les slogans officiels rabâchés et les affiches de propagande auxquelles plus grand monde ne prête attention. Un processus de déconstruction de l’Homme nouveau s’observe, tandis que des mythes s’effritent. Et ces évolutions expliquent aussi pourquoi l’URSS n’a pas survécu à cinq années de Perestroïka.
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