Clémence de Hongrie (1293-1328) et les œuvres pour la mort
Entre patronage religieux et revendications dynastiques
p. 231-242
Texte intégral
1La reine Clémence de Hongrie semble avoir mené une audacieuse politique artistique bien que les sources, à l’exception de l’inventaire de ses biens, ne soient pas très loquaces à ce sujet. Si la richesse de sa bibliothèque est bien connue1, en revanche, bon nombre de ses commandes d’objets d’art ne se perçoivent qu’en partie à la lecture des archives. Mais, les œuvres pour la mort, créées pour la reine, ou pour certains de ses proches font exception au vue des informations et documents conservés. En effet, la connaissance de son testament, et l’inventaire de ses biens après décès permettent d’évaluer et de cerner comment Clémence a envisagé ses obsèques, sa sépulture et celle de ses parents. Les fondations de chapelle, la division du corps qu’elle pratique par exemple interrogent aussi sur ses inclinations spirituelles ou son attachement dynastique à certains territoires.
2Clémence de Hongrie est née en 1293. Ses parents, Charles Ier Martel d’Anjou (roi titulaire de Hongrie, 1271-1342) et Clémence de Habsbourg, la laissent orpheline très jeune. C’est sa grand-mère, Marie de Hongrie, qui l’élève à Naples. Elle se marie avec Louis X le Hutin, arrière-petit-fils de saint Louis, le 13 août 1315 (il s’agit d’un second mariage pour ce dernier qui avait épousé Marguerite de Bourgogne en premières noces). Malheureusement, elle devient veuve l’année suivante, en juin 1316, alors qu’elle est enceinte de leur fils. À sa naissance, en novembre 1316, le nourrisson Jean Ier accède immédiatement au trône, mais il ne vit que 5 jours. La couronne revient dès lors à son oncle Philippe V le Long, le frère de Louis X. Clémence devient donc une reine douairière. Elle se retire à Avignon en 1317. Disposant dès lors d’importants moyens, elle adopte un dynamisme certain dans la commande d’œuvres d’art. Elle meurt à Paris, au Temple, le 13 octobre 1328.
3S’il n’existe pas de travaux de synthèse sur Clémence de Hongrie et son mécénat artistique, quelques documents importants contribuent néanmoins à cerner sa personnalité, ses goûts, sa culture, ses dévotions, et surtout pour le propos ici concerné les dispositions que la reine prend pour sa mort. Il s’agit surtout comme dit ci-avant de son testament et de l’inventaire de ses biens, tous deux publiés au XVIIIe et au XIXe siècle2. En outre, les recherches en histoire ont abordé ponctuellement la figure de Clémence de Hongrie et son rapport à la mort. Ainsi Damien Berné, Anne-Hélène Allirot, Jean-Patrice Boudet ont-ils éclairé certains aspects des ultimes dispositions, de la culture et des conceptions de la souveraine3. Les importants travaux d’Elizabeth Brown, de même que ceux de Murielle Gaude-Ferragu sur les reines de France n’omettent pas non plus cette personnalité féminine souvent oubliée4.
4Le testament que Clémence rédige à l’hôtel du Temple, en 1328, avant de décéder cette même année, suggère quelques remarques sur les appétences artistiques de la reine. On y remarque son fort penchant pour l’orfèvrerie : ainsi ses petits panneaux d’argent représentant une Annonciation qu’elle lègue à son confesseur Jacques de Corvo, ou son reliquaire du chef des Onze Mille Vierges qu’elle destine à la reine Jeanne de Bourgogne, ou encore le reliquaire de saint Jean Baptiste offert à Béatrice du Viennois, et comme on peut le lire dans son inventaire cette croix avec Marie et Jean et cette toile figurée des apôtres5. De même, sa librairie révèle une richesse évidente avec une prépondérance des livres liturgiques et religieux, mais aussi la présence d’une littérature de divertissement avec romans, ouvrages encyclopédiques et scientifiques6.
5Dans le domaine funéraire, Clémence de Hongrie choisit la division du corps, et par conséquent des sépultures multiples qui évoquent certes ses orientations spirituelles, mais également un fort sentiment d’appartenance dynastique. Pour résumer, en tant que reine de France, et reine douairière, Clémence privilégie d’abord la nécropole royale de Saint-Denis. Elle désire notamment fonder une messe perpétuelle et quotidienne en sa mémoire, celle de son défunt époux, le roi Louis X le Hutin, et de ses parents, dans une chapelle située dans l’église abbatiale. Elle choisit ensuite de faire inhumer son corps dans l’église des Jacobins de Paris, auprès du cœur de son arrière-grand-père, frère de saint Louis, Charles Ier d’Anjou, mort en 1285. Elle a fait construire à cet effet deux monuments en leur commune mémoire. Enfin, elle opte pour une sépulture de cœur, en Provence. Ce dernier reposera dans l’église du couvent des dominicaines de Notre-Dame-de-Nazareth, à Aix, auprès de la dépouille de son grand-père Charles II de Naples, mort en 1309.
6S’il est probable par ailleurs qu’elle s’occupe de la sépulture de son enfant, Jean Ier le Posthume7 (illustration 28), en revanche ce n’est pas elle qui se charge de la sépulture de son mari, Louis X le Hutin, mort en 1315 (illustration 29). Il revient à Charles IV le Bel de lancer en effet en 1327 le grand chantier des tombeaux royaux honorant son père, Philippe le Bel, et ses frères8.
La fondation à l’abbatiale de Saint-Denis : devoir royal et souvenir familial
7Revenons sur le détail de ces fondations. Par son testament rédigé le 5 octobre 1328, peu avant son trépas, la reine Clémence de Hongrie fonde donc à l’abbaye de Saint-Denis une messe quotidienne des morts pour les âmes de Louis X, d’elle-même et de leurs proches parents. Elle assigne à cet effet une rente annuelle de 30 livres parisis – rente autonome financièrement car prise sur sa terre de Vardes en Normandie :
« Item, nous donnons et laissons à l’Abbé et au Couvent S. Denis de France, trante livres parisis annuelle et perpetuelle rente, à prendre et à avoir desdits Religieux sur notre terre de Wardes en Normandie, après la mort de nostre amé Chevalier Missire Jehan de la Fresnaye, auquel nous y avons donné cent livres parisis de rente à sa vie par nos autres Lettres, et jusques à la mort dudit Chevalier, lesdits Religieux les prendront sur nostre autre terre de Normandie, pour faire chanter chascun jour perpetuelment une messe de mors en une déterminée Chapelle, par un des Moines de leur Eglise, pour les ames de nostre chier Seigneur le Roy Looys que Dieu absoille, et la nostre et les ames de tous nos amis9. »
8La reine précise que cette messe devra être célébrée dans « une déterminée chapelle ». Le testament ne dit pas cependant de quelle chapelle il s’agit au sein de l’abbatiale. Après sa mort, ses exécuteurs testamentaires éprouvent d’ailleurs quelques difficultés à organiser les célébrations telles qu’elles sont prévues. L’abbé de Saint-Denis, Guy de Châtres, se plaint que ses moines sont surchargés de travail et ne peuvent célébrer une messe tous les jours. Le 7 mars 1331, un accord est tout de même trouvé pour que le service devienne une « chapellenie » en la chapelle Saint-Louis récemment fondée à l’abbaye10. C’est ici que se déroulera par conséquent la messe, non plus quotidienne mais récitée trois fois par semaine. À cet effet, un prêtre chapelain spécialement voué à la chapellenie est nommé, et vient donc en renfort des clercs de l’abbaye. Il disposera de 20 livres parisis de rente, les 10 livres restantes étant versées au pitancier de l’abbaye pour fêter l’anniversaire de la mort de la reine chaque année. Cette fondation a été en outre confirmée par le roi Philippe VI, le 25 mai 1331, précisément en cette chapelle neuve Saint-Louis. Cette dernière fait partie des chapelles entourant le chœur de l’église. Elle a été construite entre 1299 et 1303 à la demande de l’abbé Renaud Giffard. On sait que sa construction a coûté environ 1135 livres par an. Elle a été édifiée entre la chapelle Saint-Romain-de-Blaye (ancienne chapelle Saint-Jean-Baptiste et Saint-Jean-l’Évangéliste) et le mur pignon du dortoir des moines, sur le flanc sud du chevet11.
9Concernant le décor de la chapelle, c’est sous l’autorité de ce même Renaud Giffard qu’a été réalisée entre 1301 et 1303 une série de huit vitraux historiés, évoquant la vie de saint Louis, détruit à la Révolution mais connus par des dessins de Montfaucon12. Ces témoignages figurés sont très importants car ils reflètent un des plus anciens cycles consacrés à saint Louis, fondé sans doute sur le récit des épisodes contenus dans l’office de la fête du saint roi13. On pouvait par exemple y voir les représentations de Louis IX voguant vers le but de sa première croisade, enseignant la justice à ses enfants, recevant la discipline de son confesseur, rassemblant les os des chrétiens morts à la croisade, nourrissant un lépreux, mais aussi Louis IX sur son lit de mort, et la vénération dont devait ensuite être l’objet sa propre effigie ; s’intercale encore dans cette suite, la scène de la restitution du bréviaire par l’ange au cours de la captivité chez les Sarrazins.
10Cette série d’images confirme en tout cas l’importance de l’abbaye de Saint-Denis dans le culte même voué à saint Louis, culte dont profitent bien sûr les membres de la famille royale qui s’inscrivent ainsi dans la sainte lignée. Toujours dans cette perspective, l’abbé Renaud Giffard commande en 1299 à l’orfèvre Jean de Nanterre une statue d’argent doré à l’effigie du roi. Comme le remarque Jean-Pierre Caillet, cette œuvre, que l’on croyait assignée à la tombe du roi, devait « plus probablement être prévue pour l’autel de la chapelle éponyme, où elle attirait plus immédiatement encore l’attention que les images aux verrières14 ». En 1306, le successeur de Renaud Giffard, Gilles de Pontoise, fait de plus confectionner pour les restes de la tête du saint roi encore conservés à Saint-Denis un autre reliquaire en argent doré et en cristal. L’œuvre était surmontée d’une flèche et soutenue à sa base par les figures de Philippe III et Philippe IV le Bel15. Enfin, le même abbé entreprend à partir de 1320 la construction de six chapelles au flanc nord de la nef de l’abbatiale. L’une d’elles était également placée sous le vocable de saint Louis. Il s’agissait de la seconde chapelle dédiée au saint au flanc nord de l’abbatiale. À l’extérieur, le décor était complété sans doute par une statue figurant saint Louis abritée sous une niche (aujourd’hui vide)16.
11De même, peu après la confirmation de la chapellenie en mémoire de Clémence de Hongrie, au printemps 1331, c’est sous l’abbatiat de Gui de Châtres qu’une peinture murale est réalisée dans la première chapelle Saint-Louis (au chevet donc) commémorant Clémence, son fils et son époux, insistant de ce fait sur leur lignage17. Louis X est en effet l’arrièrepetit-fils de saint Louis, tandis que Clémence est son arrière-petite-nièce. La reine, morte sans héritier – le petit Jean, né en 1316, n’ayant vécu que quelques jours – est ici inscrite dans une sainte lignée. La chapelle Saint-Louis de l’abbatiale de Saint-Denis offre alors un cadre propice à cette commémoration ainsi qu’une confirmation du saint et royal héritage.
12Toujours est-il, un autre saint Louis occupe l’esprit et la mémoire de la reine. À la lecture de son testament et de l’inventaire de ses biens après décès, l’évocation d’un objet que la reine lègue au roi Philippe VI de Valois pose question. Voici la mention que l’on trouve dans la catégorie des Joyaux et de la Vaisselle d’argent :
« Un ymage de Saint Loys a un entablement et a un mitre de perrerie qui tient son doit en une main et une petite couronne de l’autre, pesant 20 marcs et 2 onces. Non proisiée pour ce que Madame l’a lessié au Roy, livré à luy par Johan Billouart et Pierre des Essars, le XXIIIe jour d’octobre l’an mil CCCXXVIII18. »
13Nous retrouvons ensuite cet objet dans le testament de Clémence :
« Item, nous laissons et donons à nostre très-chier Seigneur et tres amé Cousin le Roy de France nostre image de Monsieur Sainct Looys, fait en la maniere d’Evesque qui tient son doit19. »
14Il faut ici sans doute entendre une statuette d’orfèvrerie. Toutefois, il ne s’agit pas comme cela a été affirmé récemment d’« une image de saint Louis, tenant la main de justice et une couronne20 », mais d’une représentation d’un autre parent de la reine, à savoir saint Louis de Toulouse, son oncle mort en 1297, et canonisé en 1317. En effet, à la lecture de l’inventaire surtout, on se rend compte qu’il s’agit bien de la figuration d’un évêque, mitré, tenant son « doit », c’est-à-dire une bague ornée de pierreries, autrement dit l’anneau épiscopal21. Quant à la petite couronne, elle n’est pas sans évoquer la représentation du même saint Louis de Toulouse élaborée quelques années auparavant, en 1317, par le célèbre peintre siennois Simone Martini à la demande du roi Robert de Naples. Le retable montre saint Louis de Toulouse en habit épiscopal couronnant son frère Robert22.
15Clémence de Hongrie entretient en tout cas depuis longtemps une dévotion envers saint Louis de Toulouse. Par exemple, elle assiste en 1319, aux côtés de Robert de Naples et de la reine Sancia, à la translation des restes du saint évêque dans son nouveau tombeau aux Frères mineurs de Marseille. Un an auparavant, en 1318, elle était déjà venue honorer les reliques de son saint oncle. La dévotion envers saint Louis de Toulouse est donc continue et profonde de sa part23.
16La reine offre ensuite cette statuette à son cousin le roi de France, confirmant le culte que ce dernier entretenait envers le saint24. En effet, la Vie de saint Louis de Toulouse nous raconte que dans les années 1330 le roi de France était venu deux fois se recueillir sur le tombeau du saint pour solliciter son aide. Lors de sa première visite en 1330, il assigne 500 livres tournois de pension aux Frères mineurs, puis pendant une seconde visite, en 1336, il offre, la veille de la fête du saint, le 18 avril, une image d’argent du poids de son fils Jean, son héritier25 ! L’affection de Clémence de Hongrie envers le royaume de Naples et la valorisation de ses ancêtres angevins s’exprime encore mieux comme nous le verrons dans ses choix de sépultures et ses autres fondations.
La sépulture de corps à l’église des Jacobins de Paris : entre humilité et continuité dynastique
17À une époque où les reines, sauf exception, ne sont pas encore enterrées à Saint-Denis, Clémence souhaite pour son corps une inhumation dans l’église des dominicains de Paris, rue Saint-Jacques26. Son testament le spécifie comme suit, en mentionnant d’ailleurs le privilège accordé par le pape Jean XXII eu égard à la division du corps :
« Selon la teneur du Privilege que nous avons sur la division de nostre corps, et que le corps et les entrailles ensemble soient mises en sepulture, en l’Eglise des Freres Prescheurs de Paris, et que le cuer soit portez et ensevelis en ladite Église Notre-Dame de Nazareth d’Ays27. »
18En outre, elle laisse deux cents livres parisis pour son obit, et l’inventaire de ses biens après décès évoque le poêle dont elle disposait pour recouvrir sa sépulture : « un ciel d’une salle de marramas [drap d’or d’origine orientale], à une bordeure de marramas, armez de Hongrie, ballié à messire Nicole, pour bailler à metre sur la tombe Madame28 ».
19Le choix des Jacobins de Paris n’est pas fortuit de la part de Clémence qui confirme par là non seulement son penchant pour l’ordre de saint Dominique, mais qui inscrit aussi sa mémoire dans un lieu fortement attaché au pouvoir Capétien. Elle désire reposer auprès du cœur de son arrière-grand-père, Charles Ier d’Anjou, dont elle fait réaliser le tombeau pour célébrer sa mémoire.
20Rappelons que ce couvent a déjà été amplement favorisé par le roi Louis IX. Les cœurs de deux de ses frères y reposent : Pierre d’Alençon, mort en 1283, et Charles d’Anjou. L’installation des dominicains à Paris est à cette époque récente. Arrivés dans la capitale en 1217, leur couvent a été fondé en 1218. Les moines ont toujours bénéficié du soutien et de la protection du roi Louis IX qui juge que leur enseignement est indispensable à la sauvegarde de l’orthodoxie. C’est le roi qui a fait achever leur église.
21Celle-ci, de grandes dimensions (plus de 80 mètres de long), était divisée en deux nefs par une file de colonnes, et comportait treize travées. Elle était insérée dans les bâtiments conventuels. L’entrée se faisait par le portail de la rue Saint-Jacques, au niveau du chevet. Le chœur des religieux occupait la nef la plus étroite, au nord, tandis que l’autre était réservée à la prédication. On y trouvait une chaire fixe. Sur les murs des arcades de cette nef, ainsi qu’au milieu de la voûte se trouvaient les armoiries des grandes maisons de France. Cette église fut un lieu de sépulture prisé par le milieu princier dès le XIIIe siècle, et pendant tout le xive. Partant, voici un cadre monumental particulier au sein duquel s’insère la sépulture de Clémence de Hongrie. Il y avait en effet de nombreux monuments dont beaucoup ont été détruits : on comptait ainsi les sépultures de Charles de France, comte de Valois ainsi que ses deux épouses, Marguerite de Sicile et Catherine de Courtenay, impératrice de Constantinople ; Louis, comte d’Évreux ; Robert, comte de Clermont ; Philippe d’Artois ; Philippe III le Hardi (pour le cœur) ; Charles IV le Bel (pour le cœur) ; Philippe V le Long et Philippe de Valois (pour les entrailles) ; Jean de Meung y avait aussi élu sépulture29.
22Le tombeau de Clémence de Hongrie, aujourd’hui à Saint-Denis était situé au milieu du chœur de l’église (illustration 30). Le gisant était en marbre blanc, et selon les dessins de François-Roger de Gaignières, posé sur dalle de marbre noir (illustration 31)30. Le style raffiné de cette sculpture évoque toute l’élégance du début du XIVe siècle. La formule luxueuse de la bichromie (marbres noirs et blancs, rehaussés de discrète polychromie et de dorure) est typique de la sculpture funéraire de l’époque. Cet usage, apparu pour la première fois sur le tombeau d’Isabelle d’Aragon († 1271), a été dès lors durablement suivi. Notre reine est ici représentée allongée, les mains jointes en prière. Elle est couronnée, mais sans le sceptre. Son visage est ceint d’une mentonnière. On pouvait lire autour de la tombe :
« Cy-gist, de bonne mémoire, madame Clémence de Hongrie jadis royne de France et de Navarre, fame du roy Loys, fils du roy Philippele-Bel, et fut fille de haut prince, le roi de Hongrie ; laquelle trépassa au Temple à Paris, XIII jour en octobre, l’an de grace M CCC XXVIII. Priez Dieu pour l’ame. »
23Le monument de cœur de Charles Ier comportait aussi un gisant (illustration 32)31. Charles meurt à Foggia en 1285. Son corps est transporté à Naples pour y être inhumé. Son cœur, lui, est ramené au couvent des dominicains de Paris selon ses volontés. Comme l’indique l’inscription gravée sur la dalle, il appartient à Clémence de Hongrie d’avoir fait tailler ce tombeau de marbre en 1326 à la mémoire de son aïeul. La statue représentant son effigie est aujourd’hui conservée à Saint-Denis, mais l’ouvrage était situé à droite de l’autel de la chapelle du Rosaire à l’intérieur de l’église des Jacobins. Ici, le roi est figuré couronné. Il est vêtu d’un haubert de mailles au chaperon rabattu, couvrant les jambes, protégées par des plaques de métal. Il porte une cotte d’armes et un large baudrier. Il tenait une épée, disparue à ce jour, et maintient son cœur enveloppé dans un linge de la main gauche. L’épitaphe dit ceci :
« Cy-gît le cuer du grand roi Charles, qui conquist les isles, qui fut frère de monsieur Saint-Loys, roi de France. Et li fit faire cette tombe la reine Clémence sa nièce. Fut enterré l’an de grâce M CCC XXVI. Séant le chapitre général des Frères prêcheurs à Paris à Pentecoste. »
24Voici donc deux tombeaux à envisager de concert dans le chœur de l’église des dominicains de Paris, et qui expriment le souci, certes banal, de la filiation de Clémence de Hongrie. La commande du monument qu’elle destine à la commémoration de son arrière-grand-père en même temps que celle de sa propre sépulture, vont dans deux directions : non seulement se situer dans la lignée royale de saint Louis, Charles Ier étant le frère du saint roi, mais aussi affirmer son appartenance à la Maison d’Anjou et au Royaume de Naples. Le choix de l’ordre de saint Dominique, très en faveur dans le milieu royal et princier au début du XIVe siècle n’est pas non plus étonnant surtout de la part d’une reine forte encline à la spiritualité men diante. Nous y reviendrons. L’église des dominicains de la rue Saint-Jacques offrait en tout cas le cadre propice par son envergure et la présence des plus grands princes du temps à la célébration de la mémoire de Clémence de Hongrie et de sa famille.
Le tombeau de cœur chez les dominicaines de Notre-Dame-de-Nazareth à Aix : les affinités méridionales
25En dernier lieu, comme nous l’avons déjà souligné, Clémence de Hongrie ayant fait le choix de la division du corps, elle désire que son cœur soit gardé chez les dominicaines d’Aix (dont le couvent est aujourd’hui détruit)32. Elle signale cependant que si elle décédait en Provence, son corps et ses entrailles devraient aussi reposer au couvent :
« Et elisons nostre sepulture de tout nostre corps entierement, et toutes les entrailles, si nous mourons en Provence, et estre puet et bonement en l’Eglise ou Moustier des sereurs de l’Ordre des Prescheurs, de Nostre-Dame de Nazareth de Ays en Provence33. »
26Comme l’a souligné Murielle Gaude-Ferragu, la sépulture de cœur est un privilège capétien à partir du règne de Philippe le Bel. La division devient en effet dans le dernier quart du XIIIe siècle une décision volontaire et, par là, revêt une autre signification. Prévue dès la rédaction du testament, la tombe multiple confirme « des préoccupations religieuses, affectives ou dynastiques34 ». Et Clémence de Hongrie n’a pas choisi au hasard le couvent des dominicaines de Notre-Dame-de-Nazareth à Aix. Ce couvent a en effet été fondé par son grand-père, Charles II d’Anjou. Cet imminent laïc accorde ici sa faveur et sa charité à l’ordre des dominicains (comme il l’avait déjà fait d’ailleurs pour le couvent de Saint-Maximin). Résidence royale, ce couvent devient désormais un lieu où s’entretient la mémoire de la famille et où s’affermit le pouvoir. En outre, comme l’a souligné Noël Coulet, parmi les 82 religieuses recensées en 1318, beaucoup appartiennent à des lignages prestigieux de Provence. Force est également de constater que la protection royale de Charles II propulse l’établissement des Dames de Nazareth au premier rang des institutions religieuses aixoises (ordres mendiants notamment). Leur couvent est ainsi décrit comme un des plus beaux bâtiments de la ville. Par cette fondation donc, le pouvoir royal, et la dynastie angevine, s’impose sur ce territoire provençal, territoire finalement peu à peu assimilé au royaume capétien.
27Clémence de Hongrie perpétue par conséquent cet attachement en faisant édifier une chapelle dans l’église :
« Que le cuer soit portez et ensevelis en ladite Église Notre-Dame de Nazareth d’Ays, en une Chapelle qui y sera faite semblable à celle de nostre ayol le Roy Charles de Secile [Charles II], dont Dieu ayt l’âme, à l’opposite d’icelle en maniere de Croix35. »
28Il s’agit probablement d’une chapelle établie en face de celle de son grand-père. On sait que la reine a prévu 2000 livres parisis pour sa construction. Seulement 400 ont été utilisées. La reine avait d’ailleurs indiqué que si les sommes allouées à cet effet étaient trop importantes, le reste de l’argent serait employé pour l’œuvre du couvent. Le 24 juillet 1330, Théobald de Meaux, un des clercs de Clémence, et Gilbert d’Erbois, un sergent royal, reçoivent aussi 136 livres parisis pour les dépenses liées au service de la reine à son tombeau d’Aix.
29Pour ses funérailles de cœur, Clémence indique aussi dans son testament que soient prévus 400 livres de cire. Le cœur devra être recouvert de draps de soie d’une valeur de 50 livres parisis. Des aumônes aux pauvres devront être faites à hauteur de 50 livres parisis. En même temps, la reine laisse une rente de 1000 livres parisis afin de fonder un autel dans sa chapelle, autel dédié à saint Jean Baptiste et saint Michel. Une messe quotidienne perpétuelle y est fondée pour les âmes de son feu mari Louis X le Hutin, son père et sa mère ainsi que tous ceux de son lignage. Elle spécifie aussi qu’elle veut des messes anniversaires le lendemain de la saint Jean Baptiste et de la saint Michel et le jour du trépas de Louis X et du sien.
30Cette dernière fondation, importante, autour du cœur de la reine, évoque donc un fort ancrage dans les contrées méridionales, et suggère cette double identité de Clémence de Hongrie, reine de France et princesse angevine.
31Au terme de cette rapide analyse des dernières volontés de Clémence de Hongrie, il semble se dégager un portrait assez précis des appétences de cette femme, de sa spiritualité et du dynamisme de sa politique artistique.
32Force est de constater d’abord le choix singulier de la division que Clémence de Hongrie privilégie, autorisée par le pape Jean XXII. Il s’agit certes d’une pratique courante à cette époque et le souhait de la reine ne diffère pas de celui des autres princes ou princesses de l’époque. En revanche, ces sépultures multiples sont, comme pour beaucoup d’autres reines d’ailleurs, le reflet net de ses dévotions et de ses motivations dynastiques et politiques36. Il apparaît ainsi un fort désir de reposer dans des couvents dominicains. Cette sympathie envers l’ordre des Frères prêcheurs se retrouve à cet égard dans l’inventaire de la bibliothèque de Clémence où plusieurs livres de dévotion (des bréviaires en particulier) sont à l’usage dominicain. Dans cette perspective, remarquons que son confesseur, Jacques de Corvo, est dominicain justement37, et cela n’est pas sans illustrer le fait que pendant le règne des trois derniers capétiens directs, la présence dominicaine à la cour se fait plus prégnante. Jacques de Corvo est un personnage important qui a été nommé en 1316 chapelain pontifical. Jean XXII le pourvoit en août 1322 de l’évêché d’Agram (Zagreb), mais malgré les exhortations pontificales, il ne quitte pas la cour de France. En 1325, il est autorisé à rester près de la reine, qui en fait son exécuteur testamentaire. Transféré au siège épiscopal de Quimper en mars 1326, il est présent à la rédaction du testament le 5 octobre 1328. Il est aussi l’un des procureurs qui vient contracter en 1315 le mariage de la princesse Clémence de Hongrie avec Louis, fils aîné de Philippe le Bel et roi de Navarre. Il reste au service de la reine comme confesseur38. En tout cas, Clémence de Hongrie, s’inscrivant dans une dévotion aristocratique et familiale promeut les dominicains tout comme son grand-père.
33En deuxième lieu, nous constatons une mise en exergue de forts liens dynastiques qui vont finalement en deux directions et que l’on perçoit par les choix de sépultures : valorisation de l’ascendance angevine et napolitaine de prime abord (avec le choix de Clémence de reposer auprès de son grand-père et arrière-grand-père en même temps qu’une grande dévotion envers son oncle, saint Louis de Toulouse) ; et d’autre part, valorisation de la filiation avec saint Louis, au travers de son arrière-grand-père, frère du roi, et par les fondations de messes dans la chapelle éponyme dans l’abbatiale de Saint-Denis.
34Clémence de Hongrie, reine de France, est donc active dans la construction d’une mémoire familiale et dynastique liée à la sainteté de proches de grande lignée. Et il faut peut-être rappeler le lien ténu entre fondations pieuses et légitimité pour cette éphémère souveraine. Enfin, il s’agirait d’interroger plus précisément au sein d’une vaste enquête la culture artistique de la reine, apparemment riche, et son rôle de commanditaire. Voici une femme qui apparaît comme un véritable maître d’ouvrage dans la commande des tombeaux de ses proches et d’elle-même par exemple. Elle est sensible aux dernières innovations de la sculpture funéraire, toute en élégance, écho du goût curial contemporain. Mais elle semble aussi tournée vers l’Italie. Dans cette perspective, la question des modèles utilisés pour la confection des monuments ainsi que celle des transferts culturels à l’échelle européenne, dont Clémence fait figure de pivot important, mériteraient d’être creusées.
Notes de bas de page
1 Boudet J.-P., « La bibliothèque de Clémence de Hongrie : un reflet de la culture d’une reine de France ? », Gaude-Ferragu M., Laurioux B., Paviot J. (dir.), La cour du Prince. Cour de France, cours d’Europe, XIIe-XVe siècle, Paris, Honoré Champion, 2011, p. 499-514.
2 Il existe une copie de ce testament conservé à la Bibliothèque nationale de France : BnF, Nouvelles acquisitions françaises 9636. Il a été publié en 1721 par le Marquis [Jean Pierre Moret de Bourchenu] de Valbonnais dans son Histoire de Dauphiné et des princes qui ont porté le nom de Dauphins, Genève, Fabri et Barrillot, 2 vol. , 1721-1722, t. II, preuve no XXXVI, p. 217-221 (« Testament de Clémence de Hongrie, reyne de France, seconde femme de Louis le Hutin »). Murielle Gaude-Ferragu prépare actuellement l’édition de ce testament. L’inventaire est commencé le 18/10/1328, 5 jours après la mort de la reine : Douët-d’Arcq L., « Inventaire et vente après décès des biens de la reine Clémence de Hongrie, veuve de Louis le Hutin, 1328 », Nouveau recueil de comptes de l’argenterie des rois de France, Paris, 1874, p. 37-112.
3 Allirot A.-H., Filles de roy de France. Princesses royales, mémoire de saint Louis et conscience dynastique (de 1270 à la fin du XIVe siècle), Turnhout, Brepols, 2010. Boudet J.-P., op. cit. ; Berné D., « La place du testament dans l’économie de la mémoire capétienne à Saint-Denis », Le Moyen Âge, 2013/1, t. CXIX, p. 11-25.
4 En particulier : Brown E., « Death and the human body in the later Middle Ages: the legislation of Boniface VIII on the division of the corpse », Viator. Medieval and Renaissance Studies, no 12, 1981, p. 221-270; Id. « The Chapels and Cult of Saint Louis at Saint Denis », Mediaevalia, 1984/10, p. 279-331. Gaude-Ferragu M., La reine au Moyen Âge. Le pouvoir au féminin XIVe-XVe siècle, Paris, Tallandier, 2014.
5 Douët-d’Arcq L., op. cit., p. X et no 88, 90, 107 ou encore 262.
6 Boudet J.-P., op. cit.
7 Le gisant de Jean Ier le Posthume est conservé aujourd’hui à l’abbaye de Saint-Denis, Baron F., « Jean Ier, roi de France », L’Art au temps des rois maudits : Philippe le Bel et ses fils, 1285-1328, Paris, RMN, 1998, p. 130.
8 L’Art au temps des rois maudits : Philippe le Bel et ses fils, 1285-1328, Paris, RMN, 1998.
9 Valbonnais J., op. cit., p. 219. Cf. Allirot A.-H., op. cit., p. 142-145.
10 Ibid., p. 142 (avec mention des sources) ; Gaude-Ferragu M., op. cit., p. 225 et 310 (no 45).
11 Félibien M., L’histoire de l’abbaye royale de Saint-Denys en France, Paris, Frédéric Léonard, 1706, p. 533 ; Brown E., op. cit., 1984, p. 310, no 11 ; Wyss M. (dir.), Atlas historique de Saint-Denis. Des origines au XVIIIe siècle, Documents d’Archéologie Française 59, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’homme, 1996, p. 76, 148, 156.
12 Montfaucon B. de, Les Monuments de la monarchie françoise, Paris, Gandouin et Giffart, 1729-1733, t. II, planches XXII-XXV.
13 Caillet J.-P., « Les trois cercles de l’exaltation de la figure de saint Louis : le roi, les dignitaires, la parentèle », Quintavalle A. C. (dir.), Medioevo : immagine e memoria. Atti del 11o Convegno internazionale di studi, Parma, 23-28 settembre 2008, Parme-Milan, 2009, p. 578-589 (ici, p. 581).
14 Ibid.
15 Se référer entre autre à L’Art au temps des rois maudits, op. cit., p. 199, no 122.
16 Caillet J.-P., op. cit., p. 581 ; Wyss M., op. cit., fig. 146.
17 Montesquiou-Fezensac de B. et Gaborit-Chopin D., Le Trésor de Saint-Denis : documents divers, Paris, Picard, 1973, p. 420-421 ; Gaude-Ferragu M., op. cit., p. 225.
18 Douët-d’Arcq L., op. cit., p. 48-49, no 86.
19 Valbonnais P., op. cit., p. 219.
20 Allirot A.-H., op. cit., p. 166.
21 À titre de comparaison, cf. le bras reliquaire de saint Louis de Toulouse conservé au Musée du Louvre (Naples, 1336-1338, OA 3254). Gaborit-Chopin D., « Le bras-reliquaire de saint Luc au musée du Louvre », Antologia di Belle Arti, 1985/27, p. 4-18 ; Nouvelles acquisitions du département des objets d’art 1980-1984, exposition au Louvre, Éditions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 1985.
22 Tableau conservé à Naples (Museo Nazionale di Capodimonte). Robert de Naples était l’oncle de Clémence de Hongrie, auprès duquel elle avait passé du temps avant d’épouser Louis X le Hutin.
23 La vie de Saint Louis, religieux de l’ordre de Saint François et évêque de Toulouse, par un habitant de Brignolle, Avignon, Aubanel, 1780, p. 183.
24 Valbonnais P., op. cit., p. 219.
25 La vie de Saint Louis, op. cit., p. 185-186.
26 Gaude-Ferragu M., « Les femmes et la mort : sépultures et funérailles des reines et des princesses au bas Moyen Âge », Inhumations de prestige ou prestige de l’inhumation ? Expressions du pouvoir dans l’au-delà. Actes du colloque de Caen, 23 et 24 mars 2007, CRAHAM, 2008, p. 219-240 ; Id., op. cit., p. 183-185.
27 Valbonnais P., op. cit., p. 217.
28 Douët-d’Arcq L., op. cit., p. 73, no 317.
29 Du Breul J., Le théâtre des Antiquitez de Paris, Paris, La Tour, 1612, Paris, p. 498-514 (liste des sépultures de sang royal, p. 508-509). Willesme J.-P., Les ordres mendiants à Paris, Paris, Paris-Musées, 1992, p. 27-28.
30 Paris, BnF, Est. Rés. Pe 11 a fol. 198. Bouchot H., Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières, Paris, Plon, t. II, 1891, no 4706. Willesme J.-P., op. cit., p. 32.
31 Paris, BnF, Est., rés., Pe 11 b, fol. 40. Bouchot H., op. cit., t. II, 1891, no 4806. Willesme J.-P., op. cit., p. 32.
32 Coulet N., « Un couvent royal : les Dominicains de Notre-Dame-de-Nazareth d’Aix au XIIIe siècle », Cahiers de Fanjeaux, no 8, 1973, p. 233-262. Richarté C., Barra C., Hartmann-Virnich A., « Le couvent des Dominicaines de Notre-Dame de Nazareth, un site monastique à Aix-en-Provence. Analyse des données archéologiques et premiers éléments de topographie péri-urbaine médiévale », Medieval Europe, actes du colloque de Paris, Paris, 2007 [Publication en ligne [http://medievaleurope-paris-2007.univ-paris1.fr/C.%20Richart%E9%20et%20al..pdf]].
33 Valbonnais P., op. cit., p. 217.
34 Gaude-Ferragu M., op. cit., 2005, p. 318.
35 Valbonnais P., op. cit., p. 217.
36 Gaude-Ferragu M., op. cit., 2014, p. 186-187.
37 Jean XXII lui donne d’ailleurs des pouvoirs d’absolution spéciaux vers 1317-1319.
38 Le fort penchant pour l’ordre des dominicains de la part de la reine se remarque aussi au don de 40 livres qu’elle fait aux sœurs du couvent Saint-Pierre du château de Naples de l’ordre de saint Dominique.
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