Paroles de femmes violées devant la justice en Lyonnais (xve-xviiie siècle)1
p. 345-357
Texte intégral
1Comme le soulignait, Michèle Perrot en 2002, les dépôts de plainte de femmes victimes de violences sexuelles sont « un trait marquant de la modernité juridique2 », un fait très récent, de seulement quelques décennies. Auparavant, « la souillure faite aux femmes a du mal à être portée en justice » et a aussi du mal « à trouver les mots pour se dire3 ». Les archives du Lyonnais, du Moyen Âge à l’époque moderne, conservent assez peu d’affaires d’agressions sexuelles ; en moyenne deux par an dans les registres de la cour séculière de l’archevêque comme dans ceux de la sénéchaussée criminelle de Lyon4. Ces chiffres, qui ne sauraient correspondre à la criminalité réelle, révèlent l’importance de ce que les criminologues nomment le « chiffre noir (CN)5 » qui désigne l’ensemble des délits non connus par les instances judiciaires et le chiffre des crimes connus mais non enregistrés (CCNE) ou n’ayant pas donné lieu à une procédure – dans la plupart des cas, les parties faisant appel à des processus de nature infrajudiciaire ou parajudiciaire6.
2Partant de ces affaires, aussi précieuses que rares, cette étude a pour objet les récits d’agressions faits par les victimes elles-mêmes ou leurs porte-paroles et la réception de leurs plainte ou déclaration par le personnel de justice, à l’instar de ce que Laurent Ferron et Céline Regnard-Drouot ont déjà pu proposer à partir des dossiers judiciaires angevins et varois pour le XIXe siècle7. Pourquoi la parole des victimes est-elle si difficile à libérer ? Pourquoi la plupart d’entre-elles décident-elles de se taire et ne portent-elles jamais plainte ? Qu’est-ce qui fait que le viol8 est si difficile à décrire et à dénoncer ?
Libérer la parole
3Notons, pour commencer, qu’au moins sur le papier, la sévérité des textes de loi concernant le viol, devrait donner une certaine confiance aux victimes et les encourager à dénoncer les outrages qu’elles ont subis. Depuis le XIIIe siècle, les textes normatifs définissent, en effet, le viol comme un crime majeur, relevant de la haute justice et gravement puni car il s’agit à la fois d’un trouble à l’ordre public et d’un attentat aux bonnes mœurs. C’est donc « un crime capital qu’on punit de mort9 ». Les coupables sont, à l’instar du violeur de la petite Elisabeth Janot, condamnés « à être pendu et estranglé par l’executeur de la haute justice jusqu’à ce que mort naturelle s’en suive, à une potence qui sera, à cet effet, dressée à la place publique des Terreaux10 ». À l’époque moderne, ils peuvent aussi être envoyés pour servir sur les galères royales, pour un certain nombre d’années ou à perpétuité, en qualité de forçat. On les marque au fer avec les lettres GAL afin de les désigner aux yeux de tous et pour toujours comme criminels11. La sentence fait l’objet d’une certaine publicité à but très largement dissuasif, puisqu’elle est affichée dans tous les lieux fréquentés de la ville et aux carrefours routiers. Condamné aux galères et marqué au fer pour tentative de viol sur une fillette de 6 ans, Sauveur Langet est, en plus, attaché au carcan avec un écriteau devant et derrière où il est écrit « impudique scandaleux12 ». En cas de fuite, le prévenu est condamné par contumace, et le jugement est exécuté « par effigie en un tableau qui sera attaché à ladite potence13 ».
4En cas « d’innocence » de la victime, c’est-à-dire lorsqu’il s’agit d’une fille impubère, la faute de l’agresseur est alourdie : virginitas corrupta est enormis crimen14. Les parents de Marie Radix expriment ainsi les implications du méfait : « sa virginité perdue ne sauroit lui être rendue et en la perdant, elle se trouve sans mary, sans espérance de mariage, réduite au sort le plus malheureux, exilée de la maison paternelle ou envoyée dans un couvent où ses pere et mere l’y tiendront comme une criminelle15 ». Sa réputation est aussi définitivement entachée et elle sera facilement assimilée à une fille de mauvaise vie. De fait, « lorsque le viol est commis envers une vierge, la peine ne peut jamais être moindre que celle de la mort et cette peine doit même aller jusqu’à celle de la roue si cette vierge n’était point encore nubile16 ». Malgré la sévérité de ces dispositions normatives, nous constatons que les femmes victimes de violences sexuelles hésitent bien souvent à recourir à la justice. Pourquoi ?
5Il ne s’agit pas d’une raison juridique car la loi reconnaît à la femme une capacité à agir de manière autonome dans quelques cas spécifiques, notamment en cas de viol : « femme mariée peut ester en jugement sans son mari en matière criminelle17 ». Reste que cette liberté n’est guère utilisée. Soit la victime est seule et elle n’ose pas porter plainte, soit, elle a dans son entourage des hommes qui se sentent impliqués et prennent l’initiative. Quelques plaignantes, pour leur part, agissent avec l’autorisation de leur époux comme Catherine Costaing18 ou Pierrette Gay Valet qui vient en justice : « de lui assisté et autorisé19 ».
6En revanche, force est de constater que les sentences prononcées ne sont pas aussi sévères que ce que prescrit la loi : il existe un vrai décalage entre la norme et la pratique qui décourage probablement bien des justiciables. Les procès débouchent souvent sur un jugement de « plus amplement informé » pour cause de preuves insuffisantes20. L’accusé reste alors sous le coup de la poursuite mais l’instruction ne peut reprendre que si de nouvelles preuves sont découvertes contre lui ; « c’est en somme, un demi-acquittement provisoire21 » mais qui peut s’inscrire dans la durée. Les juges décident aussi des « renvois hors de cour » qui laissent planer un doute sur l’innocence de l’accusé ou des « mises hors de cause22 » qui le blanchissent totalement (dans ce dernier cas la plaignante est condamnée aux dépens et peut même avoir à verser des dommages et intérêts). Beaucoup de peines prononcées sont des peines « légères » en ce qu’elles n’engagent pas la vie du violeur : 6 livres tournois pour une tentative de viol sur une jeune vierge par exemple au XVe siècle, 1 à 2 livres pour une veuve23. La condition sociale des acteurs du drame module aussi le résultat final. « Dans une société d’ordre […] la dignité de l’offensée oriente le calcul et suggère la mesure du mal. Le droit […] légitime un rapport de puissance24 ». Or, nos victimes sont, le plus souvent, de simples domestiques ou des filles d’artisans. Selon leur condition et celle de leur agresseur, elles estiment souvent vaine l’action en justice : ce serait engager des frais pour rien ! Ceux-ci sont d’ailleurs considérables et Madeleine Pirau explique qu’« elle n’avoit point d’argent pour venir en cette ville » et qu’« elle a été obligée de vendre ses nippes pour faire ce voyage lors de sa plainte25 ».
7La deuxième raison du silence des femmes est l’éclairage public que l’enquête judiciaire apporte aux faits. Lors de l’instruction les voisins, parents, amis sont sollicités pour témoigner et nul ne peut ensuite ignorer l’outrage subi. La victime est à jamais souillée aux yeux de ses proches et rejetée. Engagée dans un acte qui constitue une transgression des bonnes mœurs, même si c’est contre sa volonté, elle est considérée comme partie prenante du crime. Dans sa plainte auprès du lieutenant général des affaires criminelles de Lyon, Joseph Murat souligne qu’« outre le deshonneur […] la victime, en devient forcement la complice sans en être coupable26 ». Les femmes qui brisent le silence prennent ainsi le risque d’être publiquement diffamées et marginalisées. L’aveu des faits hypothèque leur avenir ; les coupables le savent et en tirent une certaine impunité. Ainsi le violeur de Pierrette Poyrat déclare : « il faut que la veuve Poyrat aïe perdu la tête pour avancer un pareil fait et il faut sans doute qu’elle ne se soucie pas de se perdre elle-même d’honneur et de réputation ainsi que sa fille27 ». Briser le silence revient aussi pour la victime à prendre le risque considérable de voir le procès se retourner contre elle et d’être considérée comme une aguicheuse voire une « putain ».
8Opter pour le mutisme, c’est espérer que personne n’aura jamais connaissance des faits dont les conséquences sociales peuvent être tragiques et ce n’est souvent que parce que l’agresseur rompt lui-même le silence en se vantant de ses frasques ou en tenant des propos injurieux sur sa victime que cette dernière décide de parler. Ainsi Marie Regny porte plainte car « après cet excès inouï le dit Cadot y a mis le comble en annonçant à haute voix à tout le quartier qu’elle estoit une petite putain qui recevoit chez elle des hommes28 ». De même, Madeleine Pirau indique « qu’elle s’est déterminée à rendre sa plainte en viol que parce que le sieur Rivoire l’avoit deshonnorée en se vantant lui-même de son crime29 ».
9Le silence des femmes abusées est aussi d’ordre psychologique. Le viol est, en effet, « le seul crime dont l’auteur se sente innocent et la victime honteuse30 ». La honte est liée au sentiment d’avilissement du corps et de la personne. Elle est aussi liée à la notion de péché. Depuis la réforme grégorienne, l’Église insiste sur le caractère nécessairement circonscrit de la sexualité et du plaisir : ils ne sont tolérés que dans le cadre du mariage et dans un but de procréation, hors de ce cadre il y a une transgression des lois divines préjudiciable au salut de l’individu. Ce discours a donc introduit chez les chrétiens un sentiment de culpabilité en cas de relations sexuelles non conformes au cadre canonique et ce, même si ces relations ne sont pas consenties. L’idée de faute transparaît dans certaines dépositions comme celle de Marguerite Chappeau (10 ans) qui avoue le viol à sa mère, « en luy demandant pardon et criant miséricorde31 ». La pression exercée par l’Église à ce sujet a aussi, pendant des décennies, emprisonné la parole sur le sexe qui est ressentie comme dégradante et contraire à la pudeur.
10Les femmes violées sont aussi tenues éloignées du prétoire par de multiples pressions : celles de leur agresseur mais aussi celles de leurs proches. Le viol s’accompagne souvent d’intimidations ou de menaces verbales, surtout lorsqu’il s’agit de fillettes. Le violeur use de sa supériorité morale pour réduire sa victime au silence. Dans la majorité des cas, il menace de représailles : « luy recommendant de ne rien dire, la menassant qu’il la tueroit sy elle en parloit32 » ; « lui disant qu’elle se garde bien de parler à qui que ce soit de ce qu’il venoit d’arriver, qu’il la maltraiterait si elle venoit à être indiscrete33 » et ces intimidations sont très efficaces car « cette crainte luy resta tellement imprimée dans l’esprit qu’elle a toujours tenu le secret jusques a present34 ». Quand l’action judiciaire est engagée, l’intimidation peut se poursuivre afin de contraindre la victime à retirer sa plainte. Madeleine Pirau par exemple dit craindre pour sa vie depuis que ses agresseurs ont tenté d’organiser son enlèvement35.
11Le violeur tente aussi d’acheter le silence de sa victime : il lui laisse quelques pièces afin de transformer son crime en échange marchand licite comme il aurait pu le faire avec une prostituée. C’est aussi probablement une manière de racheter sa faute. Pierrette Milan se souvient que « ledit Jouve luy donna quelques liards en luy disant de ne pas le dire à sa mère et que touttes les fois qu’il viendroit il luy en donneroit36 ».
12Pour les victimes, la pression peut aussi venir de l’entourage qui ne souhaite pas voir l’affaire s’ébruiter. Les propos tenus par les pères ou les maris ne laissent guère de doute : ce sont bien eux qui, à travers leur fille ou leur épouse, sont atteints par l’offense et le déshonneur. Jean Bruisset pour le viol de sa fille déclare que : « le sieur Frédérique Mesme lui a fait le plus grand affront37 ». L’opprobre retombe sur tous les membres de la famille comme le dit Jean Genoi dans sa plainte : « quia ipsi et ipsi filiae et altrei alie filie […] erant infamia et injuria38 ». L’humiliation des pères vient de ce qu’ils n’ont pas su préserver l’intégrité physique de leur progéniture, sur laquelle tous les traités d’éducation insistent39. C’est un manquement grave à leurs devoirs car, comme le souligne Paulette Leclercq, l’hymen, le signum virginitatis est la métaphore de la vertu « qui perd l’un, perd l’autre40 ». Les maris, pour leur part, sont humiliés de n’avoir pu protéger leur femme et privés de la fierté d’une perfection conjugale reposant sur une épouse à la conduite irréprochable. Le risque d’introduction de la bâtardise au sein du foyer réveille aussi toutes les inquiétudes. « On comprend mieux, dans ces circonstances, l’injonction au silence car ne rien dire c’est enfermer le crime dans le corps de la victime, c’est empêcher que l’on atteigne le groupe et en particulier ses hommes41. » Pour tenter de sauver l’honneur familial, les affaires de viol se résolvent souvent par des accords amiables qui se passent dans la plus grande discrétion. Comme le souligne J.-M. Carbasse, la voie de la justice n’est parfois « qu’un ultime recours, celui qu’on sollicite en désespoir de cause lorsque les modes privés de règlement des conflits ont échoué42 ». Si le viol concerne une fille vierge, la solution envisagée est bien souvent le mariage43. Déjà présente dans la Bible44, cette échappatoire sauve les apparences mais est soumise à des contraintes sociales et s’avère impossible si la condition sociale de la fille est supérieure à celle de l’agresseur. Ce dernier doit alors verser à sa victime une dot compensatoire suffisante pour lui permettre de trouver un bon parti. Le recours judiciaire n’intervient que lorsque le mariage organisé ou la dot tombent à l’eau, le plus souvent parce que le violeur se défile45.
13La rareté des plaintes en justice trouve ainsi de nombreuses explications mais la parole se libère plus volontiers dans certaines circonstances : lorsque la victime est atteinte d’une maladie vénérienne par exemple, qui ajoute à la souillure une macule définitive voire un risque de mort. Les parents d’Elisabeth Janot indiquent que « l’horreur du crime les auroit retenus long temps dans le silence, s’il n’y avoit de l’injustice à le taire […] car le cruel ravisseur ne luy a pas seulement enlevé l’honneur en effleurant sa virginité mais […] par une brutalité inouïe, il a placé cet enfant sur le bord du tombeau, en luy communiquant une maladie vénérienne46 ». Enfin, le silence est également rompu lorsque le viol donne lieu à une grossesse car se pose la question de la prise en charge de l’enfant à venir. Deux formes d’actions permettent à la mère d’obtenir une aide : l’actio provisionis qui fait supporter au père naturel les frais de gésine, c’est-à-dire l’entretien de la femme les semaines qui précèdent et suivent l’accouchement, durant lesquelles elle ne peut travailler et l’actio susceptionis partus ou actio capitionis qui a pour but de faire supporter l’enfant naturel à son père. Il est alors tenu de le prendre à la naissance pour le placer en nourrice ou de le laisser à sa mère mais de verser à celle-ci une grande partie des frais d’entretien pour sa vie future (nourriture, éducation, apprentissage d’un métier et dot s’il s’agit d’une fille)47. L’objectif de la démarche judiciaire est alors tout autant de faire reconnaître la paternité que d’établir le viol48.
Dire le crime
14Pour les femmes qui se retrouvent devant le juge, décrire le viol qu’elles ont subi est une véritable épreuve, encore plus difficile lorsqu’elles n’ont pas choisi de porter plainte mais que la procédure a été lancée ex officio ou à la suite de l’intervention d’un proche. Les mots sont difficiles à trouver par pudeur car ce récit est, un « récit de la honte49 ». Les ellipses, les termes amoindris sont aussi choisis pour « ne pas réitérer la souillure par le langage50 ». Madeleine Pirau évoque un « évènement malheureux », « des libertés indécentes auxquelles elle se refusa autant qu’elle pût ». Marie Regny, pour sa part, dit que ses agresseurs ont « fait plusieurs démonstrations et attouchements indécents », qu’ils n’ont pas eu « honte d’abuser de la supériorité de leurs forces pour [lui] faire une indignité que sa pudeur ne lui permet pas de détailler51 ». Au médecin venu l’examiner alors que son état se dégrade quelques jours après les faits, Jeanne-Marie Pitaval raconte que son agresseur « luy avait mis la main dans le corps par un endroit que la pudeur ne permet pas de nommer52 ». Le mot « violée » est quelquefois employé par les témoins mais jamais par les victimes qui préfèrent des expressions comme il la « connut » charnellement ou de force, « il jouit d’elle » ou « il parvint à consommer son crime ». L’idée de souillure est directement exprimée dans quelques cas : Jeanne Porte, par exemple, dit que ses deux agresseurs ont voulu « eadem maculare53 ». Aucune n’entre véritablement dans les détails de l’acte physique manifestement douloureux à évoquer, ce que font, en revanche, les petites filles. Les mots de ces enfants sont empreints d’une grande naïveté, explicites et crus car la plupart d’entre elles n’ont pas encore intégré les sentiments de honte et de culpabilité que ressentent leurs aînées. Suzanne Mignier (4 ans) explique que son violeur « lui fit voir une poupée qu’il luy fit toucher, qu’il luy mit cette poupée au bas ventre et luy fit bien mal54 ». De même, Benoite Blanc (9 ans) explique « qu’elle luy vit deboutonner sa culotte et en tirer un gros morceau de chair qu’il luy enfonça dans le ventre55 ». Pierrette Poyrat (10 ans) raconte qu’il : « s’estendit sur elle en se donnant beaucoup de mouvements et lui faisant beaucoup de mal. […] il continua ses instances et enfin se retira de dessus. […] se sentant toute mouillée de entre les cuisses ledit Boucharlat l’essuya avec sa chemise56 ».
15Si la pénétration elle-même est éludée par les femmes adultes, le discours se concentre sur tous les événements concomitants, manifestement moins pénibles à évoquer et dont le récit sert peut-être d’exutoire. Il s’agit sans doute aussi pour les plaignantes de présenter un discours crédible et d’apporter des éléments de preuve afin de confondre l’agresseur. Aux yeux des juges, en effet, le viol ne peut être reconnu que si sont établis des actes violents ayant laissé des traces (contusions, déchirement vaginal, blessures…) et si les victimes se sont débattues. Les rares textes normatifs parvenus jusqu’à nous, notamment les franchises de Trévoux, Thoissey et Marlieu le précisent : « si puella vel aliqua mulier dicit sibi violentiam illatam fuisse ab aliquo, in tali loco ubi potuerit clamare et audiri ab aliquibus, si non clamaverit non debet esse credi57 ». Ainsi les victimes indiquent qu’elles ont crié ou tenté de le faire ; celles qui n’ont pas été entendues par le voisinage avaient été « bâillonnées avec un mouchoir58 » ou l’agresseur avait « mit la main devant la bouche pour qu’on ne l’entendit pas59 ». Toutes mentionnent l’usage de la force et disent qu’elles se sont débattues jusqu’à épuisement. Elles évoquent leur « résistance ». Claudine Perrin prétend ainsi avoir combattu « aux mains pendant plus d’une heure et demy […] et commençoit à avoir perdu toutes ses forces […] pour avoir résisté si long temps à ses violences60 ». Ces femmes sont brutalisées, jetées sur leur lit ou au sol61, « saisie [s] par le gosier62 », leurs robes sont déchirées63 et leurs coiffes sont renversées – la femme « en cheveux » ou « échevelée » est symboliquement dépouillée de sa dignité et de son honorabilité64. Les preuves matérielles de la lutte sont remises au greffe comme la « robe déchirée et tachée » de Jeanne Coste65.
16Pour éviter de laisser croire qu’elles peuvent avoir été consentantes, les déclarations mentionnent fréquemment la surprise, la violation de propriété ou l’entrave physique. Ainsi la femme d’Etienne Giraud qui se trouvait au lavoir public « seule, fut attaquée par le nommé Jean Meunier […] qui l’a surpris par derriere66 ». La veuve de Martin Porte de Chasselay avait pourtant fermé sa porte d’une solide barre de fer avant d’aller se coucher mais cette barre a cédé. Ses agresseurs ont même arraché les piquets de la clôture du jardin67. De même, les meuniers Pierre Pascal et Martin Margilliat ont enfoncé la porte de Johanete68. Quant à Alexandre Nayme, qui a suivi sa victime jusqu’à son logis, il l’empêche de s’enfermer : « faict resistance, met le pied au bas de la porte et s’insinue par force dans la chambre69 ». La mention de ces effractions a une signification symbolique très claire : elles préfigurent la violation du corps de la victime. Beaucoup de femmes abusées ont aussi été entravées comme Claudine Rouge attachée par une corde aux pieds et au cou (elle meurt d’ailleurs étranglée pendant le viol) ou Jeanne Genoit, ligotée à un arbre70. En cas de viol collectif, l’entrave peut aussi venir des complices qui maintiennent la victime pendant l’acte à l’instar des frères Panier, l’un la « tenant pas les bras, l’autre troussant ses jupes jusque par-dessus la tête71 ».
17Les victimes font toutes entendre la douleur physique occasionnée par la violence de l’acte mais elles évoquent aussi quelquefois le traumatisme psychologique, notamment ses manifestations immédiates. Madeleine Pirau raconte qu’« elle fut tombée dans une espèce d’évanouissement72 » et Pierrette Milan qu’« après qu’il l’ait mise tout en sang par la nature […] elle demeura comme morte73 ». Ceux qui déposent en leur nom décrivent des manifestations post-traumatiques comme « la langueur extraordinaire74 » dans laquelle est tombée la petite Elisabeth Janot depuis les faits mais c’est surtout par le biais des témoins que les conséquences psychiques du viol se font connaître. Le chirurgien qui examine Madeleine Pirau indique qu’il l’a « trouvée agitée et semblable à une personne qui avoit eut frayeur […] et par le sang qu’il lui tira il reconnut que la plaignante avoit été effectivement épouvantée75 ». Il n’y a toutefois aucune volonté, de la part des victimes, de prouver et d’instrumentaliser ces douleurs invisibles comme elles cherchent à le faire des douleurs physiques.
18En revanche, elles manifestent une vraie volonté de faire entendre un jugement sur leur agresseur et sur ses actes. Marguerite Bruizet emploie le terme de « misérable76 » c’est-à-dire méprisable, indigne d’estime en raison de sa conduite moralement condamnable, tandis que Pierrette Guy Valet, le désigne de « malheureux77 », c’est-à-dire, au sens étymologique du terme, perverti dès la naissance et possédé par le Malin. « Malheureux est donc à prendre au sens de mauvais78. » Le viol est lui-même qualifié de « crime atrosse qui mérite une peine afflictive et qui merite a la supliante des dommages interets considérables79 ». La plupart des plaignantes formalisent à peu près en ces termes ce qu’elles attendent de la justice : une peine civile pour une part car ce crime « intéresse l’honneur des uns et des autres80 » et une réparation personnelle.
Entendre ou écouter les victimes ?
19En justice, « les mots des femmes ont des allures de murmures amoindris que l’on n’écoute pas81 » surtout si la femme agit sans le soutien d’un homme et qu’un écart important existe entre son statut et celui de son agresseur. Le juge reconnaît volontiers le problème de fama que le viol pose à l’ensemble de la famille et punit pour rétablir l’honneur du père et du mari. Il reconnaît volontiers le préjudice subi par les filles vierges qui sont désormais perdues pour un bon mariage ou celui des épouses dont la vertu a été mise en péril et, avec elle, l’honorabilité du ménage. Mais pour les autres femmes, celles qui ont perdu leur virginité depuis longtemps et qui ne sont pas mariées, la justice se fait sourde voire suspicieuse : leur parole est évaluée ; elle est appréciée à l’aulne d’une réputation, confrontée au « corps indiciaire82 » par l’expertise médicale et comparée aux dires de l’agresseur.
20Il s’agit d’éviter la prolifération des fausses dénonciations, en particulier à l’encontre des notables locaux car il faut admettre que ce cas de figure se présente quelquefois. En 1432 par exemple, une servante d’auberge accuse mensongèrement Jacquier de l’Arbres de viol. Elle est manipulée par les concurrents du marchand qui espèrent ainsi le calomnier et détourner sa clientèle83. La jeune Marguerite Chappeau, de son côté, qui avait prétendu avoir été violée par Jean-Baptiste Feroussat reconnaît que c’est « sa mère qui l’obligea à faire cette fausse déposition » afin d’obtenir des dommages et intérêts alors qu’en vérité, elle a été victime d’un homme inconnu84. De manière générale, les sociétés médiévales et modernes cultivent une certaine méfiance à l’égard des femmes dont la parole est toujours sujette à caution. La femme est réputée menteuse, malveillante et perverse par nature et surtout extrêmement faible et donc manipulable.
21Pour la justice, la crédibilité de la plainte est liée à la fama de la plaignante. Aussi cette dernière fait-elle, comme son agresseur, l’objet d’une enquête de mœurs assez poussée qui a tendance à se muer « en quête de l’impureté85 ». Il y a, comme le souligne Georges Vigarello comme « une résistance à disculper la victime […]. Tout préjugé ou soupçon préalable sur la plaignante, tout doute a priori, fût-il infime, rend insaisissable sa terreur possible, sa méprise, son assujettissement incontrôlé86 ».
22L’affaire Madeleine Pirau illustre tout cela parfaitement. Les interrogatoires auxquels elle est soumise montrent que l’on met en doute son honnêteté. Elle est même suspectée d’être manipulée par des « ennemis » des accusés et de faire, à dessein, une fausse déclaration. Quelques extraits donnent le ton : la justice se révèle ici manifestement violente. Les paroles prononcées sont dures, les accusations directes et il faut avoir une certaine force psychologique pour pouvoir soutenir ce qui prend tous les aspects d’une nouvelle épreuve :
« Interrogée par quel esprit d’une noirceur inouï ou par quel pernicieux conseil s’est-elle livrée à rendre une plainte en crime de viol contre trois particuliers dont les mœurs et la réputation sont connues. Répond que ce n’est par aucun motif d’animosité ni par aucun conseil qu’elle s’est plainte d’avoir été violée, qu’elle persiste à soutenir l’avoir été véritablement […] A elle demandé comment elle peut se persuader qu’on pourra croire qu’une fille de son âge et de sa corpulence puisse avoir été violée par trois particuliers […] Répond qu’une petite brebis est bientôt mangée par trois loups qu’ainsy une fille peut bien être violée par trois hommes […]. A elle objectée […] qu’elle n’a pas l’innocence des animaux auxquels elle se compare et qu’il est établi que depuis longtemps elle vit dans une prostitution publique et avérée87. »
23L’enquête a, en effet révélé que plusieurs mois avant les faits, elle a vécu en concubinage, ce qui suffit à ce « qu’elle passoit dans le pays pour une gueuse ». Le concubinage, contraire aux bonnes mœurs entache son honneur et sa crédibilité. Madeleine a beau prétendre qu’« une fille n’est pas censée être une prostituée pour avoir connu un seul homme » et « qu’on peut se livrer volontairement à un homme et pouvoir être violée par d’autres », il lui est notifié « qu’elle ne peut se défendre d’avoir vécu dans le désordre […] et qu’ainsy elle a tort de désavouer d’être une prostituée publique ». Pire, elle finit par être suspectée d’avoir utilisé des herbes afin « de s’empêcher de devenir enceinte » ou crime, « plus abominable, de perdre son fruit ». C’est un engrenage et dans cette affaire, comme dans bien d’autres, la victime se trouve prise dans une spirale de l’horreur.
24Suspicieuse, la justice soumet aussi la parole de l’accusée à l’expertise médicale. Elle a pour but d’évaluer la véracité des allégations : déterminer si la fille a bien perdu sa virginité récemment et si l’acte sexuel a laissé des traces de violence. Le corps a une parole finalement plus crédible que la voix. Dans le cas de Marguerite Pansu, les chirurgiens établissent « une escorchure et tumification […] une grande rougeur et inflammations aux grandes lèvres de la vulve […], la petite fente ouverte outre nature, […] les nimphes distandues et les caroncules séparées de leurs petites membranes lesquelles nimphes étoient gonflées et enflammées » et concluent que la victime a bien « este veue et connue par des hommes avec violence88 ». La défloration récente peut être confirmée par la rupture de la membrane hyménale, l’action violente par la présence d’hématomes aux cuisses, aux bras, au visage. Mais les matrones et les chirurgiens sont souvent prudents, en particulier lorsque l’examen clinique ne suit pas immédiatement les faits et/ou que la victime n’était pas vierge auparavant89. Ainsi à propos du supposé viol de Virginie Dufresne, la première expertise indique : « nous ne pouvons pas assurer qu’il y aye aucune marque de violence ny mesme introduction du membre viril attendu que la ditte Dufresne est dans un age avancé90 ».
25Enfin, la justice confronte la parole de la femme outragée à celle de son bourreau dont les propos sont toujours stéréotypés : soit il nie le crime, soit il reconnaît l’acte sexuel mais sans violence puisqu’il évoque le consentement de la fille. Il développe un discours du soupçon envers sa victime, mettant en cause sa moralité et joue de son statut et de sa réputation pour se disculper. Il « désavoue formellement qu’il se soit rien passé d’approchant aux horreurs dont nous venons de lui parler et dont luy et [les autres accusés] sont connus pour être incapables ; nous ajoutant qu’il n’y a qu’une coquine de l’espèce de la fille [Pirau] qui ait pu avoir ajouté à son inconduite un trait aussi noir et aussi calomnieux91 ».
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26Le résultat de ces mises à l’épreuve de la parole est souvent décevant pour les femmes violées. Malgré une adaptation du discours aux attentes de la procédure judiciaire (notamment en matière de preuves), elles ont du mal à être reconnues comme d’innocentes victimes et les plus téméraires comme Madeleine Pirau risquent la condamnation pour « mauvaise conduite » et « effronterie bien caractérisée ». Madeleine « est déboutée et déclarée dument atteinte et convaincue de mener depuis plusieurs années une vie scandaleuse et indécente92 » ; elle est condamnée à être « admonestée » et « à aumôner la somme de trois livres applicables au pain d’un prisonnier de la ville ». On comprend, dans ces conditions la réticence de nombreuses victimes face à la justice et force est de constater que la situation ne semble guère s’améliorer de la fin du Moyen Âge à la Révolution.
Notes de bas de page
1 Pour cette étude hors de mon champ de recherche habituel, le corpus documentaire consulté aux archives départementales du Rhône, a été largement orienté par les références données par N. Gonthier, « Les victimes de viol devant les tribunaux à la fin du Moyen Âge d’après les sources dijonnaises et lyonnaises », Criminologie, 27, 2, 1994, p. 9-32 et deux mémoires inédits : A. Bernard, Les crimes sexuels en lyonnais (1660-1760), mémoire de maîtrise, sous la direction de F. Bayard, université Lyon 2, 1993, et A. Pattalocchi, Crimes et délits sexuels portés en justice dans le Lyonnais (1750-1789), mémoire de master 1, sous la direction de Y. Krumenacker université Lyon 3, 2006. Que les auteurs en soient remerciés.
2 M. Perrot, « Introduction-Violences », dans Ch. Bard, F. Chauvaud, M. Perrot et J.-G. Petit (dir.), Femmes et justice pénale, XIXe-XXe siècles, Rennes, PUR, 2002, p. 125-128, ici p. 128.
3 F. Chauvaud et G. Malandain, « Introduction », Impossibles victimes, impossibles coupables. Les femmes devant la justice (XIXe-XXe siècles), PUR, Rennes, 2009, p. 14.
4 N. Gonthier recense 14 cas de viol ou tentatives entre 1427 et 1433 par exemple ; A. Bernard 50 entre 1660 et 1760 et A. Pattalocchi, 38 entre les années 1750 et 1789.
5 B. Aubusson de Cavarlay, « De la statistique criminelle apparente, à la statistique judiciaire cachée », Déviances et société, 22, 2, 1998, p. 155-180.
6 Sur ces procédés : B. Garnot, « Justice, infrajustice, parajustice et extrajustice dans la France moderne », Crime, histoire et sociétés, 1, 2000, p. 103-121.
7 L. Ferron, « Le témoignage des femmes victimes de viol au XIXe siècle », Femmes et justice pénale, op. cit., p. 229-238 ; C. Regnard-Drouot, « Dénoncer et dire la souillure. Les femmes victimes d’attentats à la pudeur devant la cour d’assises du Var au XIXe siècle », Impossibles victimes, op. cit., p. 33-45. On notera que cette enquête n’a de sens que parce que les sources judiciaires, en particulier les pièces de l’instruction consignent à la fois le dépôt de plainte et les interrogatoires, y compris celui de la victime. Au Moyen Âge, il est donc fréquent qu’une partie du dossier ne soit pas en latin mais en vernaculaire pour une transcription fidèle des paroles prononcées.
8 Nous parlons ici de « viol » mais au Moyen Âge, on emploie plutôt le terme de « rapt » (« viol » ne fait son apparition qu’au XVIIe siècle). Selon Philippe de Beaumanoir : « l’en apele rapt fame esforcier » (Coutume de Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. 1, Paris, Picard, 1899, § 926). « Dans la plupart des coutumes l’enlèvement d’une femme non consentante et/ou à l’insu de ses parents implique une présomption de viol : voilà pourquoi ces deux infractions sont en général confondues » (J.-M. Carbasse, Histoire du droit pénal et de la justice criminelle, Paris, PUF, 2009 [2000], p. 345). À partir du XVIe siècle, le viol est distingué du rapt proprement dit et celui-ci précisé comme « rapt de violence » ou « rapt de séduction » – avec absence de consentement parental, manipulation et tromperie supposée de la femme.
9 J.-B. Denisart, Collection de décisions nouvelles et de notions relatives à la jurisprudence, Paris, 1775, t. IV, p. 625. Il est possible qu’en Lyonnais, comme dans d’autres régions, la peine de mort ait pu être remplacée par la castration, comme l’illustre un manuscrit des coutumes de Toulouse (1296), mais nous n’avons trouvé aucune mention de cet usage entre les XVe et XVIIIe siècles.
10 BP 3011, octobre 1724. Voir aussi BP 3367, juillet 1770 et BP 3335, juillet 1767.
11 BP 3499, février 1785.
12 BP 3219, novembre 1753.
13 BP 3499, février 1785, voir aussi BP 3011, octobre 1724. Sur cette pratique : L. Hablot, « “Sens dessoubz dessus”. Le blason de la trahison », dans M. Billoré et M. Soria (dir.), La trahison au Moyen Âge, De la monstruosité au crime politique (Ve-XVe siècle), Rennes, PUR, 2009, p. 331-347, ici p. 338.
14 10 G 2246, f° 7, Condrieu, 10 décembre 1408.
15 BP 3086, octobre 1735. Voir aussi 10 G 2246, décembre 1408 : « eoquod dicta Johana predictam infamiam et culpam ipsius delata non posset matrimonio collocare ».
16 P. Muyart de Vouglans, Institutes au droit criminel, Paris, 1757, p. 497.
17 Les coutumes générales et particulières de France et des Gaules, Paris, 1635, t. II, art. « Femme ». Cité par G. Vigarello, Histoire du viol, XVIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 1998, p. 57.
18 10 G 1918, Anse, 1353.
19 BP 3243, avril 1757.
20 Par exemple, BP 3499, 23 février 1785 pour l’un des agresseurs de Marie Pitaval.
21 Sur ce jugement interlocutoire, voir J.-M. Carbasse, Histoire du droit, op. cit., p. 214.
22 Par exemple, BP 3499, 23 février 1785.
23 Voir N. Gonthier, « Délinquantes ou victimes ? Les femmes dans la société lyonnaise du XVe siècle », Revue historique, 271, 1984, p. 25-46, ici p. 44.
24 G. Vigarello, Histoire du viol, op. cit., p. 24.
25 BP 3379, mars 1772.
26 BP 3171, décembre 1746.
27 BP 3127, interrogatoire du 15 septembre 1741.
28 BP 3242, janvier 1757.
29 BP 3379, interrogatoire du 2 septembre 1772. Plusieurs témoins attestent ces dires, notamment Jean Marie Duperay « il disoit qu’il en avoit jouit par force et qu’il l’avoit mis dans un état dont elle devoit se sentir long temps ».
30 J.-Cl. Chesnais, Histoire de la violence en Occident, Paris, Robert Laffont, 1981, p. 145.
31 BP 2898, janvier 1685.
32 BP 3011, octobre 1724.
33 BP 3127, interrogatoire du 22 septembre 1741.
34 BP 3011, octobre 1724.
35 Sur cet enlèvement manqué, voir le témoignage de Pierre Cantin, BP 3379.
36 BP 2924, mars 1688.
37 BP 3201, juillet 1751.
38 10 G 2246, f° 7, Condrieu, 10 décembre 1408.
39 Voir par exemple, Vincent de Beauvais, De eruditione filiorum nobilium, éd. A. Steiner, Cambridge, Mass., 1938, p. 213.
40 P. L’Hermite-Leclercq, « L’image de la femme dans le De eruditione filiorum nobilium de Vincent de Beauvais », dans M. Rouche (dir.), Mariage et sexualité au Moyen Âge. Accord ou crise ?, Paris, 2000, p. 243-261, ici p. 248-249.
41 F. Virgili, « Viol », dans M. Marzano (dir.), Dictionnaire de la violence, Paris, PUF, 2011, p. 1423-1429, ici p. 1427.
42 J.-M. Carbasse, Histoire du droit, op. cit., p. 16-17.
43 10 G 2246, f° 7, décembre 1408 : « Johanes pater dicte filie […] accordio consentire nolit nisi dictus Stephanus ipsam Johanam filiam violatam conjugaret et matrimonio collaret. »
44 De 22, 28-29.
45 Par exemple, BP 3247, septembre 1757.
46 BP 3011, octobre 1724.
47 Sur ces actions, voir A. Castaldo et J.-P. Lévy, Histoire du droit civil, Paris, Dalloz, 2010 (2002), p. 214-217, et A. Lefebvre-Teillard, « L’enfant naturel dans l’ancien droit français », dans A. Lefebvre-Teillard (dir.), Autour de l’enfant : du droit canonique et romain médiéval au Code civil de 1804, Leyde, Brill, 2008, p. 259-273, ici p. 269.
48 Marie Terme par exemple, accuse son patron de viol et lui réclame 300 livres pour ses frais, BP 3243, mai 1757. Voir aussi BP 2992, juin 1722 ; BP 3247, septembre 1757 ; BP 3519, décembre 1787.
49 F. Chauvaud et G. Malandain, « Introduction », Impossibles victimes, op. cit., p. 14.
50 C. Regnard-Drouot, « Dénoncer et dire la souillure », op. cit., p. 37.
51 BP 3242, janvier 1757.
52 BP 3499, février 1785.
53 11 G 693, f° 157, Chazay d’Azergues, 1412.
54 BP 3335, juillet 1767.
55 BP 3442, octobre 1777.
56 BP 3127, interrogatoire du 22 septembre 1741.
57 M. M. Valentin-Smith et M. C. Guigue, Bibliotheca Dumbensis, t. I, Trévoux, p. 44, art. XLVI, cité par N. Gonthier, « Les victimes », op. cit., p. 18-19.
58 BP 3523, juin 1788.
59 BP 3011, octobre 1724.
60 2 B 434, 1683.
61 Par exemple, BP 3243, mai 1757.
62 BP 3050, mai 1729.
63 BP 3243, avril 1757.
64 Voir BP 3201, juillet 1751 ou BP 3499, février 1785.
65 BP 3038, mars 1728.
66 BP 3243, avril 1757.
67 11 G 693, f° 157, Chazay d’Azergues, 1412.
68 10 G 603, f° 1 v°, février 1427.
69 2 B 434, février 1683.
70 BP 3336, juillet 1767 et 10 G 2246, f° 7.
71 BP 2992, juin 1722.
72 BP 3379, mars 1772.
73 BP 2924, mars 1688.
74 BP 3011, octobre 1724.
75 BP 3379, mai 1772.
76 BP 3201, juillet 1751.
77 BP 3243, avril 1757.
78 N. Gonthier, « Sanglant Coupaul ! », « Orde Ribaude ! », Les injures au Moyen Âge, Rennes, PUR, 2007, p. 111-113.
79 BP 3050, mai 1729.
80 BP 3011, octobre 1724.
81 F. Chauvaud, « Introduction-Fonctionnement », Femmes et justice pénale, op. cit., p. 275-282, ici p. 275.
82 Expression de F. Chauvaud, Les experts du crime, Paris, Aubier, 2000, p. 78.
83 10 G 603, f° 80, Lyon, 8 novembre 1432. Perette se rétracte mais elle est condamnée pour parjure au bannissement à perpétuité.
84 BP 2898, janvier 1685.
85 C. Regnard-Drouot, « Dénoncer et dire », op. cit., p. 42.
86 G. Vigarello, Histoire du viol, op. cit., p. 9.
87 Interrogatoires des 30 mai et 22 juillet 1772, BP 3379.
88 BP 3069, 11 octobre 1732.
89 Mêmes constatations au XIXe siècle : M. Daniel, « Le repérage des traces et des signes de violence sur le corps meurtri au XIXe siècle », dans F. Chauvaud (dir.), Corps saccagés. Une histoire des violences corporelles du siècle des Lumières à nos jours, Rennes, PUR, 2009, p. 41-54, ici p. 53.
90 BP 2928, 10 octobre 1688.
91 BP 3379, interrogatoire du 16 octobre 1771.
92 BP 3379, septembre 1772.
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