L'évolution des partis politiques dans le département de la Seine (1956-1967)
p. 153-167
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Texte intégral
1Sous la IVe République, dans le département de la Seine, toutes les élections, y compris les cantonales, organisées à des dates différentes des cantonales de province, se font à la proportionnelle. Ce mode de scrutin favorise une dispersion des candidatures, observée notamment aux élections législatives du 2 janvier 1956. La multiplication des listes dans le département, découpé en six circonscriptions (trois pour la capitale1, trois pour la banlieue2), traduit la crise du système partisan : 19 listes dans la première circonscription, 17 dans la deuxième, 19 dans la troisième, 13 dans la quatrième, 12 dans la cinquième, 12 dans la sixième. Les nouvelles modalités électorales mises en place par la Ve République conduisent à la disparition de la proportionnelle. La Seine est divisée en 55 circonscriptions pour les législatives de 1958 et de 1962 où s'applique, comme partout en France, le scrutin majoritaire à deux tours ; en 1967, les législatives se font dans le cadre des nouveaux départements, Paris conservant ses 31 députés. Le mode de scrutin proportionnel dans le cadre de secteurs, appliqué pour les cantonales de 1945 et de 1953, est abandonné pour celles de 1959, les dernières avant la disparition du département de la Seine et la création des nouveaux départements. La banlieue parisienne, seule à voter puisque les conseillers municipaux de Paris sont simultanément conseillers généraux de la Seine, est alors divisée en soixante cantons où s'applique le scrutin majoritaire à deux tours. Encore en vigueur aux municipales de 1959, la proportionnelle est abandonnée avant celles de 1965 qui se déroulent au scrutin à deux tours avec listes bloquées. Dans quelle mesure ces nouvelles modalités électorales, conjointes à la nouvelle donne politique nationale, vont-elles conduire à une recomposition du système partisan dans le département de la Seine ? C'est ce qu'examinera cet article, qui étudiera successivement l'affirmation croissante du gaullisme sur les droites, le rapprochement des formations de gauche se réclamant du marxisme et la difficile résistance des centres dans ce contexte.
L'affirmation du gaullisme sur les droites
2Alors que le département de la Seine avait été une des places fortes du RPF, les républicains-sociaux y connaissent un grave échec aux législatives du 2 janvier 1956, avec seulement 3,5 % des suffrages exprimés3. Ils ne recueillent à Paris que 2,78 % : 3 % dans la première circonscription, 2,7 % dans la deuxième, 2,65 % dans la troisième. Les résultats sont un peu meilleurs en banlieue (4,4 %). Dans la quatrième circonscription, la liste conduite par Michel Peytel obtient 3,2 %. Dans la sixième circonscription, la liste de Gaston Palewski atteint 5,6 %, mais n'a aucun élu. Seul Michel Maurice-Bokanowski parvient à être réélu de façon quasi inespérée dans la cinquième circonscription, grâce au mode de scrutin et parce qu'il était parvenu à convaincre Achille Peretti, maire gaulliste de Neuilly, de renoncer à son projet de prendre la tête d'une liste dissidente ; il n'obtient toutefois que 4,6 %. Les électeurs gaullistes avaient sans doute été déroutés par l'attitude des députés sortants qui, même s'ils paraissaient encore fidèles au général de Gaulle, se présentaient sur des listes concurrentes. Parmi les gaullistes élus députés en 1951, trois ne se représentent pas en 1956 (Pierre de Gaulle, René Moatti, Francis Caillet), deux prennent la tête de listes se réclamant du Front républicain (Louis Vallon, Irène de Lipkowski), trois forment des listes ARS-CNI (Edouard Frédéric-Dupont, Edmond Barrachin, Jean-Louis Vigier), un constitue une liste « divers modéré » (Jean Grousseaud), les six autres (Henri Ulver, Pierre Ferri, Christian Fouchet, Michel Peytel, Maurice-Bokanowski et Gaston Palewski) présentant des listes investies par le Centre national des républicains-sociaux. La division des gaullistes est donc patente. Ainsi, dans la quatrième circonscription, chacun des trois députés élus sous l'étiquette du RPF en 1951 y conduit une liste, Michel Peytel la liste officielle des républicains-sociaux, Louis Vallon une « liste d'action républicaine et socialiste pour l'Union des gauches », Irène de Lipkowski une « Liste du front républicain pour le redressement économique et social », tandis que le maire de Charenton-le-Pont, Henri Guérin, ancien RPF, mène une liste d'« Union démocratique et sociale » et que l'ancien président RPF du conseil général Jean Alessandri est à la tête d'une liste du « Redressement français ». La déroute des gaullistes conduit le préfet à estimer dans son rapport post-électoral que « ceux-ci ne paraissent plus appelés, dans la conjoncture actuelle, à jouer le moindre rôle politique dans le département4 ».
3Deux forces politiques, à droite, profitent de cet échec des gaullistes : les poujadistes et les indépendants.
4Les poujadistes, avec 7,8 %, obtiennent un succès inattendu. Né en province, le mouvement Poujade avait entrepris la conquête de Paris. Jean Damasio, commerçant en fruits et légumes, originaire du Puy-de-Dôme, avait été détaché à Paris le 20 janvier 1955 par le Bureau national pour faciliter l'implantation dans la capitale5. Le slogan d'une réunion organisée le 14 février 1955 au Vélodrome d'Hiver était révélateur des ambitions poujadistes : « La province vous a donné l'exemple : Parisiens, à vous de jouer6 ! » Le 9 décembre 1955, la liste poujadiste avait été élue en bloc à la chambre de commerce de Paris. Après la dissolution de l'Assemblée nationale, le mouvement Poujade décida de présenter des listes dans les six circonscriptions de la Seine et Pierre Poujade prit la parole à plusieurs reprises à Paris, notamment pour l'ouverture de la campagne7. Les listes poujadistes recueillent à Paris 8,4 % (7,8 % dans la première circonscription, 7,6 % dans la deuxième, 9,5 % dans la troisième) et en banlieue 7,75 % (9,1 % dans la quatrième circonscription, 7,7 % dans la cinquième circonscription, 6 % dans la sixième circonscription pour la liste de Jean Dides qui n'était pas officiellement présentée par le mouvement Poujade mais bénéficiait de son appui). Elles ont un élu dans chacune des six circonscriptions (dont Jean-Marie Le Pen dans la première et Jean Damasio dans la troisième), ce qui représente, selon le préfet, « un substantiel succès, manifestement hors de proportion avec l'importance numérique des adhérents à cette organisation dans le département de la Seine : le ralliement des mécontents s'est cristallisé sur les listes du mouvement Poujade en raison de leur dynamisme et de leur propagande particulièrement virulente ». Les listes de Rassemblement national, dont on avait pensé qu'elles feraient concurrence au mouvement Poujade, n'ont au contraire rencontré qu'une audience restreinte (1,5 % à 2,9 %), sauf dans la sixième circonscription où, en l'absence d'une liste poujadiste officielle, la liste conduite par Louis Allione a recueilli 4,3 %.
5Les indépendants sont les autres bénéficiaires du déclin gaulliste. La présentation sous l'égide du CNI de listes communes aux Indépendants et à ARS (Action républicaine et sociale, pour l'essentiel des dissidents gaullistes) leur permet de s'assurer de quatre sièges supplémentaires par rapport aux législatives de 1951 et d'obtenir sept élus. Dans le premier secteur, le nombre de suffrages de leur liste est passé de 33 247 (8,4 %) à 100 979 (22,2 %) ; dans le deuxième secteur, de 25 702 (6,3 %) à 72 496 (14,8 %) ; dans le troisième, de 8 323 (2 %) à 50 267 (10,2 %). Dans le quatrième secteur, ils ont recueilli 35 462 suffrages (7,7 %) et conquis un siège qui revient à Philippe Vayron, tandis que dans le cinquième secteur Edmond Barrachin a sa réélection acquise par 52 144 suffrages (12,4 %).
6La marginalisation des gaullistes dans la Seine observée en 1956 n'est que temporaire. Lors des législatives de novembre 1958, la nouvelle UNR obtient en effet, à Paris comme en banlieue, un résultat inattendu des observateurs, mais peut-être anticipé par les 2 500 personnes qui firent parvenir, en moins d'un mois, une demande d'investiture8. Quatre rapporteurs, Jacques Baumel, André Roulland, Raphaël Touret et Jacques Marette, furent chargés de trier les demandes et de faire des propositions à un comité d'investiture composé des membres les plus influents du parti (Roger Frey, Edmond Michelet, Léon Delbecque, Michel Debré, Albin Chalandon, Jacques Chaban-Delmas, Albert Marcenet...). L'UNR refuse l'alliance, souhaitée par Jacques Soustelle, avec les Indépendants, la « Démocratie-chrétienne » de Georges Bidault et le Centre républicain d'André Morice et présente des candidats dans la plupart des circonscriptions. Ce sont des militants de longue date du RPF (Georges Bourriquet, Jean Bernasconi, Robert Calmejane, Albert Marcenet, Marcelle Devaud, Michel Habib-Deloncle, Michel Peytel, René Plazanet, Edmond Pezé...), des compagnons de la Libération (Joël Le Tac, Daniel Dreyfous-Ducas, Henri Karcher), des personnalités locales dont la renommée pouvait assurer le succès, comme des médecins à clientèle importante (Jean-Marie Toutain, Jean-Pierre Profichet), ou des protégés de personnalités gaullistes (André Fanton et Christian de la Malène, proches de Michel Debré, Jacques Malleville, recommandé par Edmond Michelet, René Moatti, soustellien.). Rares sont les circonscriptions où l'UNR ne présente pas de candidat. À Paris, l'UNR est absente dans la 17e circonscription, où se présente l'ancien préfet de police Jean Baylot (ex SFIO) ; en banlieue, dans cinq circonscriptions, la 48e (Créteil, Saint-Maur), où se présente le MRP Paul Bacon, ministre du Travail du général de Gaulle, et des fiefs communistes : la 39e (Saint-Ouen, Épinay), la 40e (Saint-Denis), la 42e (Le Bourget-Drancy), la 44e (Bagnolet, Pantin). Dans cette nouvelle conjoncture politique, les indépendants tentent de se regrouper, comme le souligne Roger Duchet dans une conférence de presse du 19 novembre 1958 :
« À Paris et dans la Seine, pour essayer de mettre un peu d'ordre dans une confusion plus grande encore qu'en province, nous nous sommes mis d'accord avec la Démocratie chrétienne de Georges Bidault et le Centre républicain d'André Morice et Bernard Lafay pour présenter ensemble des candidats uniques. Certains se sont emparés, sans y être autorisés, de l'étiquette des Indépendants ; bien plus, ils se sont parfois emparés de l'étiquette du Centre national lui-même. Nous insistons auprès des électeurs pour qu'ils fassent confiance aux candidats qui ont la triple investiture9. »
7Au premier tour, l'UNR obtient dans l'ensemble du département 565 042 voix (300 529 à Paris et 264 513 en banlieue), soit 21,7 % (Paris : 22,19 %, banlieue : 21,1 %). En ne tenant compte que des circonscriptions où elle présentait des candidats, le score atteint 23,8 % (23 % à Paris, 26,2 % en banlieue). L'UNR représente environ 85 % des voix du bloc gaulliste, qui inclut aussi les candidats gaullistes dissidents et les gaullistes de gauche du Centre de la réforme républicaine. L'analyse menée en 1961 par Pierre Buchaillard et Bernard Contat conclut à l'origine politiquement très diverse des voix qui se sont portées sur l'UNR : 250 000 venues d'électeurs qui se sont prononcés en 1956 pour les listes mendésistes, 100 000 pour les listes de droite, 100 000 pour les républicains sociaux, les 120 000 voix restantes semblant provenir du MRP, de la SFIO, des radicaux, voire des communistes. Ainsi, l'électorat de l'UNR dans la Seine serait constitué, au premier tour des législatives de 1958, d'un peu moins de la moitié de mendésistes, d'un cinquième d'électeurs de droite, d'un cinquième de républicains-sociaux et d'un cinquième de centristes. Selon les deux auteurs, « l'UNR serait ainsi le produit d'une alliance entre le centre droit et le centre gauche, dans la mesure même où elle n'a pas retrouvé la moitié des électeurs de droite du RPF, alors qu'elle a récupéré les trois-quarts de ses électeurs de gauche ».
8Le succès de l'UNR est encore plus net au deuxième tour et dépasse toutes les attentes. L'UNR gagne 470 000 voix et dépasse le million de suffrages dans la Seine, atteignant 31 % des inscrits. 19 des 31 députés de Paris appartiennent à l'UNR. Des candidats gaullistes pratiquement inconnus l'emportent sur des notables bien installés, par exemple le jeune avocat Guy Vaschetti sur Bernard Lafay dans le XVIIe arrondissement, ou sur de fortes personnalités du parti communiste, comme Jeanine Vermeersch-Thorez battue par Jean Bernasconi. En banlieue, 15 des 24 sièges reviennent à l'UNR, certains triomphant même en pleine « banlieue rouge », comme Jean Toutain qui l'emporte sur Raymond Barbet dans la 33e circonscription (Nanterre, Suresnes), Marcelle Devaud qui l'emporte sur Waldeck L'Huillier dans la 36e circonscription (Colombes, Gennevilliers), Jean-Pierre Profichet sur Jacques Duclos dans la 45e (Montreuil, Rosny) ou Daniel Dreyfous-Ducas sur Fernand Dupuy dans la 51e (Choisy-le-Roi, Orly). Selon l'analyse de Pierre Buchaillard et Bernard Contat, l'UNR a alors tiré de la droite l'essentiel de son succès : 325 000 voix supplémentaires viendraient de la droite et du centre droit (droite indépendante, gaullistes de droite, MRP), les autres suffrages provenant des gaullistes de gauche et radicaux mendé-sistes (25 000), des radicaux (20 000) et de la SFIO et de l'UFD (70 000). Dans les circonscriptions où l'UNR s'est trouvée seule face au PCF, la plus grande partie des électeurs de toute tendance a sans difficulté rallié l'UNR, même en l'absence de danger communiste. Dans la 8e circonscription, les électeurs socialistes ont arbitré en faveur du gaulliste Jean-Charles Lépidi contre le candidat indépendant, Jean-Louis Vigier.
9Les élections locales de 1959 confirment la prééminence de l'UNR sur les Indépendants. À Paris, lors des municipales, l'UNR obtient 22 %, résultat comparable à celui de novembre, et 29 élus. Elle devance les Indépendants (19,5 % et 19 élus). L'UNR obtient ses meilleurs résultats dans des arrondissements périphériques populaires, là où la concurrence de la droite indépendante est moins forte, alors que ses résultats les plus médiocres se situent essentiellement dans les zones de force du CNI (Ve, VIe et VIIe arrondissements). La formation gaulliste obtient la présidence du conseil municipal, le poste de rapporteur général du budget et le poste de rapporteur général du personnel. Aux cantonales de 1959, l'UNR double la représentation gaulliste au conseil général de la Seine, avec dix élus, essentiellement dans la banlieue ouest10. Les Indépendants n'ont que huit élus.
10Dans la Seine, comme dans le reste de la France, l'UNR subit les dissidences de quelques élus lors de l'affaire algérienne. Plusieurs députés quittent le groupe gaulliste. En octobre 1959, l'activiste Jean-Baptiste Biaggi, député du XIIIe arrondissement, rejoint le groupe « Unité de la République ». En avril 1960, à la suite de l'exclusion de Jacques Soustelle, son collaborateur René Moatti démissionne de son mandat de député du IXe arrondissement. Le 17 décembre 1960, Raymond Poutier, député de la 54e circonscription (Clamart, Sceaux), signe un manifeste condamnant la politique du pouvoir, qu'il accuse de faire « trop souvent la politique antinationale d'une certaine gauche et la politique antisociale d'une certaine droite », puis, le 14 avril 1961, quitte l'UNR pour s'inscrire au groupe du « regroupement national pour l'unité de la République », hostile à l'évolution de l'Algérie vers l'indépendance. Le trouble gagne également les élus du conseil municipal de Paris. En janvier 1961, en pleine campagne du référendum, plusieurs conseillers municipaux, dont Jacques Dominati et Alain Griotteray, quittent l'UNR pour former un groupe d'Action municipale.
11L'électorat ne suit pas, comme en atteste le résultat de la législative partielle organisée le 11 juin 1961 à la suite de la démission de René Moatti. Sa circonscription reste aux gaullistes, avec l'élection de Gabriel Kaspéreit, contre la candidate indépendante, une notable parisienne, Janine Alexandre-Debray. L'échec des partisans de l'Algérie française est encore plus patent aux législatives de 1962, véritable déroute pour la droite indépendante, qui perd tous ses élus dans la Seine : 41 des 55 députés appartiennent à l'UNR. À Paris, l'UNR avait obtenu 43 % au premier tour, les Indépendants reculant sensiblement par rapport à 1958 (15,8 % pour le CNI). Au second tour, tous les députés de la capitale sont gaullistes. En banlieue, contrairement à ce qu'on avait observé en 1958, l'UNR présente des candidats dans toutes les circonscriptions, qui recueillent 35,44 % au premier tour, et a dix élus. Même si quelques personnalités communistes récupèrent leur mandat (comme Raymond Barbet ou Waldeck L'Huillier), les législatives de 1962 marquent l'apogée du gaullisme dans la Seine. Après le deuxième tour, le journaliste Henri Marque souligne, dans Paris Presse-L'Intransigeant, qu'il « ne reste plus rien du vieux Parti modéré, ce club des indépendants de Paris qui était un peu le cerveau de la droite française ». La signification nationale est nette, comme en atteste la réélection, dans le XVe arrondissement, de Claude Roux qui s'était peu impliqué dans son travail parlementaire si l'on en croit le récent témoignage de Michel Junot :
« Élu en 1958 dans la vague gaulliste, ce jeune avocat [...] avait lui-même considéré son élection comme miraculeuse et, ne s'attendant pas à être renouvelé, avait décidé de profiter le plus possible des avantages de sa condition, délaissant ses électeurs. D'origine antillaise, il séjournait souvent à la Guadeloupe et passait le plus clair de son temps à voyager. Il ne relevait même pas son courrier à la poste de l'Assemblée nationale. Surpris hors de France par la dissolution de 1962, il rentra sans trop se presser. Ne trouvant personne qui accepte d'être suppléant d'un député aussi dilettante, il confia ce rôle à sa propre épouse. Les Indépendants présentèrent contre lui un candidat de poids : Denis Baudoin [...], qui fit une brillante campagne. La seule affiche du député sortant se réduisait à deux phrases : "Vous faites confiance au général de Gaulle. Dans le XVe, de Gaulle, c'est Claude Roux. Votez Claude Roux." Il fut largement réélu11. »
12La modification du mode de scrutin pour les municipales de 1965 à Paris, qui se font désormais à deux tours, au scrutin majoritaire, avec listes bloquées, vise à affirmer définitivement la domination de l'UNR sur la droite parisienne, ce que comprend bien la fédération de la Seine du Centre national des Indépendants qui rejette toute alliance avec l'UNR afin de « faire échec au but avoué de la loi électorale municipale qui est de ne laisser en présence que le parti communiste et les partis inconditionnels du pouvoir12 ». L'UNR, qui présente dans la capitale des listes dites « Union pour le Renouveau de Paris », en association avec les Républicains indépendants, a alors assuré sa domination sur le bloc des droites, au moment où les gauches se rapprochent.
Un précoce rapprochement des gauches
13À la fin de la IVe République, le parti communiste est la principale force de gauche dans la Seine. Aux législatives de 1956, il arrive en tête à Paris, avec 27,1 %, progressant même légèrement en pourcentages de voix par rapport à 1951. Ses résultats sont encore plus importants en banlieue (39,3 %). Sur l'ensemble du département, il obtient 32,7 % et a, comme en 1951, 19 élus — neuf à Paris, dix en banlieue. Ce maintien des positions communistes ne surprend pas le préfet qui avait pronostiqué un succès communiste, en raison de la conjoncture : la nouvelle attitude du gouvernement soviétique propre à rassurer et à rallier certains hésitants, le rappel sous les drapeaux d'une fraction du dernier contingent et le maintien sous les armes des libérables, l'impression ressentie par une partie de la population que le règlement de conflits sociaux n'avait été obtenu que sous la pression de la violence et grâce à l'action déterminante de la CGT épaulée par le PCF13. Le PCF devance largement la SFIO, qui ne recueille que 10,4 % des suffrages exprimés (9,2 % à Paris, 11,9 % en banlieue).
Tableau 1 : Résultats de la SFIO et du PCF dans la Seine aux législatives de 1956 (en % des suffrages exprimés)

14En position dominante à gauche, le PCF reste isolé. Les élus socialistes expriment, dans les assemblées locales, leur anticommunisme. Ainsi, en décembre 1956, le conseiller municipal socialiste Pierre Giraud, rapporteur de demandes de subvention aux associations, refuse de verser des fonds à celles qui sont affiliées au PCF : « En supprimant ces subventions, nous empêchons le parti communiste de poursuivre en France cette tâche de désagrégation de la nation qu'il pratique depuis plus d'un quart de siècle et dans laquelle il a montré jusqu'à quel point il était enferré en prenant la position que vous connaissez tous après les événements de Hongrie14. » Le 20 juin 1958, alors que Guy Mollet est ministre d'État dans le gouvernement du général de Gaulle, le conseil général de la Seine se dote d'un président socialiste, Alphonse Le Gallo. Au premier tour de scrutin, Le Gallo, avec 55 voix, arrive à égalité avec le communiste Raymond Barbet, tandis que le gaulliste Alex Moscovitch recueille 21 voix et que 12 voix se dispersent sur des conseillers qui ne sont pas candidats. Après une suspension de séance, les groupes de droite ne présentent pas de candidat, ce qui permet l'élection de Le Gallo par 81 voix contre 54. Cette même majorité se réunit pour l'élection des autres membres du bureau, où ne siège aucun communiste.
Tableau 2 : Pourcentage des voix obtenues par le PCF aux législatives de 1956 et de 1958 selon le découpage des circonscriptions de 1958

Source : Archives de Paris 10451/73/1 art. 324 — rapport du préfet de la Seine du 4 décembre 1958.
15Aux législatives de novembre 1958, bien qu'il recueille encore, au premier tour de scrutin, 25,7 % dans l'ensemble du département, le PCF perd un nombre important de voix et de sièges, puisque l'effectif de ses députés passe de 19 à 5. L'une des défaites les plus spectaculaires est celle de Jeannette Vermeersch, battue dans la 27e circonscription par Jean Bernasconi. Pour le préfet, « cette désaffection d'une notable fraction de sa clientèle traditionnelle peut être imputée en grande partie à l'hostilité irréductible que le PCF a manifestée à l'égard de l'œuvre de redressement entreprise par le chef de gouvernement15 ». La SFIO, en nette régression au premier tour, hostile à toute entente avec les communistes, a maintenu ses candidats dans certaines circonscriptions dans le but d'empêcher les voix de gauche de se fixer sur les communistes.
16Dans la Seine, cette attitude anticommuniste des socialistes s'estompe pourtant dès le début des années soixante, de façon plus précoce que dans le reste de la France, comme en témoigne l'évolution des alliances au sein des assemblées parisiennes. Cette position est à relier à la position particulière de la fédération socialiste de la Seine, qui derrière les anciens députés Albert Gazier et Gérard Jaquet et surtout autour du secrétaire fédéral Claude Fuzier, futur parlementaire, s'est opposée au retour du pouvoir du général de Gaulle en mai 1958, s'est prononcée contre le projet constitutionnel et subit une concurrence rude des scissionnistes du PSA.
17Le 1er juillet 1959, au conseil général, le socialiste André Weil-Curiel veut interroger le préfet de police « sur les mesures à prendre pour faire respecter dans le département de la Seine la liberté d'expression et d'information, notamment par la voie de la presse et du livre16 ». Dans le contexte de la guerre d'Algérie, il s'agit de protester contre la saisie de numéros de France Observateur et des livres La Gangrène et La Question. Maurice Papon pose la question préalable afin d'empêcher la discussion. Socialistes, communistes et MRP votent ensemble pour la rejeter. Le débat a lieu et est l'occasion d'altercations entre socialistes et conseillers de droite, rarement observées les années antérieures. En janvier-février 1960, la commission exécutive de la fédération socialiste de la Seine dénonce le président du conseil municipal de Paris, Pierre Devraigne, le rapporteur général du budget de la Ville, Alain Griotteray, le président de la commission de la police, Alex Moscovitch, le rapporteur général du budget de la police, Edouard Frédéric-Dupont, et Bernard Lafay qui, « en soutenant les factieux d'Alger, ont combattu la République et, par là même, ne sont plus qualifiés pour parler au nom de la population parisienne ». À l'ouverture de la session du printemps du conseil municipal de Paris, le 21 mars 1960, socialistes et communistes s'opposent conjointement à la reconduction du bureau. En juin 1960 se forme au conseil général une majorité d'union de la gauche. Le socialiste Georges Dardel, qui avait été élu président en mars 1959 par 83 voix contre 61 au communiste Georges Marrane, est réélu dès le premier tour de scrutin, mais cette fois grâce au soutien des communistes. Il obtient 76 voix contre 69 au gaulliste Robert-André Vivien et une à Raymond Barbet. Socialistes et communistes se partagent les autres postes du bureau. La position prise par le groupe socialiste est critiquée au sein même de la SFIO. Le congrès de la fédération de la Seine adopte un texte affirmant que ce vote n'induit aucune entente avec les fédérations communistes de la Seine et Georges Dardel est évincé du comité directeur par le congrès national de 1960. Selon Robert-André Vivien, Guy Mollet, lors du congrès d'Issy-les-Moulineaux, aurait déclaré à Georges Dardel : « Le vrai vainqueur de l'opération n'est pas vous avec votre présidence, mais tous les autres et notamment les communistes, valets inconditionnels de Moscou17. »
18À partir de l'été 1960, communistes et socialistes votent généralement ensemble au conseil général. En décembre 1960, au conseil municipal, les socialistes s'abstiennent lors du vote du budget présenté par Alain Griotteray, alors qu'ils l'avaient adopté en 1959. En 1961, les débats sur le problème algérien et le rôle de la police sont nombreux au conseil général et montrent le rapprochement entre les positions socialistes et communistes. Jean Cayeux, élu du MRP, se dit alors « navré de voir nos collègues du parti socialiste SFIO dans cette Assemblée, tourner, malgré une apostrophe célèbre de Guy Mollet, leurs regards vers l'Est18 ». La majorité de gauche du conseil général reste unie entre 1961 et 1965 : le bureau, présidé par Georges Dardel, est réélu en juin 1961, juin 1962, juin 1963 et juin 1964. Au conseil municipal de Paris, les socialistes votent contre les projets de budget de 1963, 1964 et 1965. Aux élections législatives de 1962, le retrait des candidats socialistes entre les deux tours vise à favoriser le PCF qui a amélioré ses positions au premier tour, à Paris (23,3 % contre 20 % en 1958) comme en banlieue (38,5 % contre 32 %).
19En octobre 1964, dans la perspective des municipales, la fédération socialiste de la Seine engage des négociations avec les communistes. Fin novembre, le conseil national de la SFIO décide d'approuver « la constitution de listes de coalition avec les démocrates de gauche partout où cela serait absolument nécessaire pour battre l'UNR » et d'admettre « des ententes avec des communistes ou avec des républicains qui, bien qu'éloignés du socialisme, sont opposés sans équivoque au régime actuel19 ». Les négociations avec les communistes sont difficiles, compte tenu de la disproportion des forces dans la Seine. Le 7 janvier 1965, communistes et socialistes annoncent qu'ils présenteront des listes communes, justifiant leur décision par la nouvelle loi électorale : « Le gouvernement a voulu empêcher l'union des forces républicaines en interdisant la constitution de coalitions entre les deux tours de scrutin. » Ainsi, pour la première fois depuis la guerre froide, un accord de type « Front populaire » — qui sera élargi aux radicaux de gauche et au PSU — est conclu dans l'ensemble d'un département. Pourtant, si des listes d'« Union démocratique » sont présentées dans l'ensemble des quatorze secteurs parisiens, la situation est plus confuse en banlieue, en raison notamment du refus de certains maires socialistes. À Clichy, Georges Levillain, qui toutefois n'est pas exclu de la SFIO, conduit une liste d'union avec le MRP et les Indépendants, tandis que d'autres socialistes sont présents sur la liste d'Union démocratique conduite par la communiste Rose Guérin. Le maire d'Issy-les-Moulineaux, Bonaventure Leca, refuse également cette alliance avec les communistes. Il est exclu de la SFIO. Un tel choix avait également été opéré à Boulogne-Billancourt par le maire socialiste sortant, Alphonse Le Gallo, mort brutalement quelques jours avant les élections. Il souhaitait présenter une liste composée de socialistes, de radicaux, de membres du Centre républicain, de MRP et d'Indépendants, à l'exclusion des communistes et des gaullistes. La SFIO décida alors de lui opposer une liste groupant socialistes et communistes, avec comme chef de file son suppléant Georges Germain, secrétaire de la section SFIO de Boulogne-Billancourt. Au final, socialistes et communistes ne se retrouvent sur des listes communes que dans 39 des 80 communes de la Seine20. Dans quatre communes21, les socialistes apportent leur soutien à une liste « Union démocratique » exclusivement composée de candidats communistes. Dans les autres cas, les socialistes sont absents de la compétition électorale, dans quelques fiefs communistes22 ou dans des communes modérées23, présentent des listes autonomes24, font alliance seulement avec le PSU ou des syndicalistes25, se joignent aux radicaux26 ou aux « divers gauche27 » ou appartiennent à des coalitions souvent dites d'« Action démocratique » ou « Action locale », avec des MRP, des radicaux ou des « divers modérés28 ».
20À Paris, les listes d'Union démocratique obtiennent 35,2 % au premier tour et remportent, au deuxième tour, la victoire dans six des quatorze secteurs, ce qui leur assure 38 élus. En banlieue, elles remportent 25 des 39 villes de plus de 30 000 habitants, essentiellement au bénéfice des communistes. La victoire du « Front populaire » est acquise ainsi à Alfortville au détriment de Raoul Bleuse, ex-PSU, qui s'était allié au MRP, et à Epinay-sur-Seine au détriment du maire sortant Privet qui, refusant l'alliance avec les communistes, s'était représenté contre son adjoint socialiste Desjames qui conduisait la liste d'Union démocratique. L'Union démocratique conquiert également, au détriment de la droite, Levallois-Perret, Fontenay-sous-Bois et Colombes.
21Cette entente entre socialistes et communistes est renouvelée lors des législatives de 1967 à Paris. Les communistes, qui restent en tête malgré une régression, bénéficient d'un apport de suffrages qui leur permet d'avoir six élus, auxquels s'ajoute Pierre Cot, candidat de l'Union progressiste dans le XIIIe arrondissement. Le socialiste Claude Estier est de surcroît élu dans le XVIIIe arrondissement. Tous les observateurs soulignent la qualité des désistements à gauche entre PCF, FGDS et PSU. La base s'adapte plus vite que les cadres.
22Face à la formation de ces deux blocs, les partis du « centre », centre droit et centre gauche, forts à la fin de la IVe République, trouvent difficilement leur place dans les premières années du nouveau régime, ce qui conduit à des rapprochements d'hommes dont la culture politique peut paraître différente.
Quelle place pour les centres ?
23Les législatives de 1956 marquent l'apogée du centrisme. Les listes radicales-socialistes obtiennent 13,7 % dans la Seine — 15 % à Paris (17,6 % dans la première circonscription, 14,5 % dans la seconde, 13 % dans la troisième) et 12,2 % en banlieue (10,4 % dans la quatrième, 15,2 % dans la cinquième, 11,3 % dans la sixième) — et neuf élus, contre deux en 1951. La popularité de Pierre Mendès France lors de son passage à la présidence du Conseil et l'espoir de son retour au gouvernement expliquent ce succès qui se fait notamment au détriment de l'UDSR (1,6 % dans le premier secteur pour la liste Kosziusko, 2,5 % dans le deuxième secteur pour la liste Legaret, 3 % dans le cinquième secteur pour la liste Lanet, 1,8 % dans le sixième secteur pour la liste Beauchamp). Simultanément, le RGR double sa représentation à l'Assemblée nationale (quatre députés au lieu de deux). Bernard Lafay et Pierre de Léotard sont réélus dans le deuxième secteur, où leur liste recueille 18 %, et le RGR gagne un siège dans le troisième, qui revient à Louis Gautier-Chaumet, ancien chef du service politique de L'Intransigeant, vice-président du RGR, et un siège dans le sixième (Antoine Quinson). Le MRP, en revanche, avec seulement 5,6 % (5,2 % à Paris, 6 % en banlieue), régresse et perd un siège, celui que détenait Joseph Dumas dans le sixième secteur.
24La mise en place de la Ve République entraîne la disparition de toute représentation « centriste » de la Seine à l'Assemblée nationale. En 1958, le MRP connaît un grave échec : 3,9 % au premier tour. Les candidats du RGR et ceux du Centre républicain qui se présentaient sous l'étiquette Union nationale-Centre républicain ne peuvent résister aux assauts de l'UNR. En 1962, la représentation parlementaire de la Seine se répartit entre 41 UNR et 14 députés de gauche (12 PCF, 1 SFIO, 1 PSU), ne laissant aucune place aux centristes. L'application du scrutin majoritaire aux élections cantonales de 1959 limite également la part des centristes dans la représentation de la banlieue au conseil général. Le MRP, qui avait eu six élus en 1953, conserve seulement deux sièges, ceux de Charles Julien à Saint-Maur et de Roger Ménager à Fontenay-sous-Bois. Le maintien de la proportionnelle pour les municipales de 1959 limite les pertes centristes. À Paris, le MRP ne recueille que 58 536 voix mais sauve trois sièges sur six. Le Centre républicain, écrasé dans l'ensemble de la capitale, conserve quatre sièges dans les XVIe-XVIIe arrondissements, grâce à l'implantation de Bernard Lafay.
25Quand, en 1965, le scrutin majoritaire est appliqué aux municipales à Paris, d'anciens MRP (Hubert Prangey, Louis Gidel) rejoignent les listes de l'UNR. Se forment alors des listes « Libertés de Paris » se réclamant du centrisme, dont les leaders viennent des milieux indépendants (Frédéric-Dupont, Jean Legaret), du MRP (Jean Cayeux) ou du Centre républicain favorable à l'Algérie française (Bernard Lafay). Les « centristes » obtiennent 16,6 % dans l'ensemble de la capitale, les meilleurs résultats étant liés à la qualité de l'implantation de leurs candidats. Au deuxième tour, les listes centristes se maintiennent dans sept secteurs, attitude qualifiée de « scandaleuse » par le secrétariat général de l'UNR, en raison du risque de victoire communiste qu'elle entraîne, ce qui sera effectivement le cas dans le premier secteur (centre de la capitale). Les « centristes » remportent deux secteurs, ceux de Frédéric-Dupont et de Bernard Lafay.
26Le « centrisme » à Paris apparaît alors comme une nouvelle expression de la droite antigaulliste et les alliances se font essentiellement en faveur d'anciens indépendants, contrairement à ce qu'on observera pour la présidentielle de 1965 avec le regroupement autour de Jean Lecanuet. Cette ambiguïté du centrisme parisien se retrouve lors des législatives de 1967. Au premier tour, les candidats « centristes » y obtiennent 14,1 % des suffrages. Selon une étude du Centre français de recherche opérationnelle, seulement 47 % de ces électeurs ont voté pour les candidats « Ve République » dans les 18 duels opposant au second tour un candidat gaulliste et un candidat communiste. 25 % des électeurs du Centre démocrate ont alors préféré le PCF à la Ve République, conformément aux appels de certains responsables : le bureau du Centre démocrate du XIIIe arrondissement et le suppléant du candidat avaient appelé à voter contre « le pouvoir personnel » dans la circonscription où se présentait Pierre Cot. Inversement, les victoires d'Édouard Frédéric-Dupont et de Bernard Lafay s'expliquent par l'apport de voix de gauche : près de la moitié des suffrages fédérés et communistes se sont reportés sur Frédéric-Dupont, qui bat Maurice Couve de Murville. L'Express souligne alors le paradoxe de « cette victoire offerte par la gauche et bruyamment revendiquée par l'extrême droite ».
27En banlieue, l'attitude des centristes dépend des situations locales. Aux municipales de 1965, le MRP présente des candidats dans 60 des 80 communes. Dans trente d'entre elles, ces candidats figurent sur les mêmes listes que les candidats de l'UNR, le plus souvent dans les communes communistes de la banlieue rouge (Bagneux, Bobigny, Drancy, Malakoff, Nanterre, Orly...). Dans une douzaine de communes, le MRP fait liste commune avec la SFIO. Dans les autres communes, on observe des alliances du MRP avec des anciens PSU ou socialistes ayant refusé l'alliance avec les communistes (à Alfortville, Antony ou Issy-les-Moulineaux) ou avec des Indépendants ou des modérés avec lesquels sont constituées des listes se voulant une alternative au gaullisme et à l'Union démocratique (comme à Clamart ou à Créteil).
28En moins d'une décennie, on a assisté à une importante recomposition partisane dans le département de la Seine. L'UNR domine à droite, au détriment de la droite indépendante dont le rôle avait été important sous la IVe République. Le rapprochement entre communistes et socialistes s'y fait de façon précoce, ce qui permet des succès aux municipales de 1965 sur des listes que l'on qualifie de « Front populaire ». Les victimes de cette recomposition tentent de se rapprocher, soit en formant des coalitions nostalgiques de la Troisième Force, comme dans certaines communes de banlieue autour de maires socialistes refusant l'alliance avec les communistes, soit en formant des coalitions « centristes » en réalité assez connotées à droite, en particulier à Paris. Leurs succès électoraux sont limités, notamment aux élections législatives.
Notes de bas de page
1 Première circonscription : V, VIe, VIIe, XIIIe, XIVe et XVe arrondissements. Deuxième circonscription : Ier, IIe, VIIIe, IXe, XVIe, XVIIe et XVIIIe arrondissements. Troisième circonscription : IIIe, IVe, Xe, XIe, XIIe, XIXe et XXe arrondissements.
2 Quatrième circonscription : cantons de Nogent-sur-Marne, Saint-Maur-des-Fossés, Charenton-le-pont, Ivry-sur-Seine, Villejuif, Sceaux et Vanves. Cinquième circonscription : cantons de Boulogne-Billancourt, Puteaux, Colombes, Courbevoie, Neuilly-sur-Seine, Levallois-Perret, Asnières, Clichy et Saint-Ouen. Sixième circonscription : cantons de Saint-Denis, Aubervilliers, Pantin, Noisy-le-Sec, Montreuil-sous-Bois et Vincennes.
3 Sauf indication contraire, les résultats sont tous donnés par la suite en pourcentage des suffrages exprimés.
4 Archives nationales (AN), FlcII 221.
5 AN F1cII 221 - Fiche Jean Damasio.
6 Stanley Hoffmann, Le mouvement Poujade, Paris, Armand Colin, 1956, p. 54.
7 Ibid., p. 169.
8 Sur l'UNR dans la Seine : Pierre Buchaillard, Bernard Contat, L'Union pour la Nouvelle République dans la Seine, novembre 1958-décembre 1960, mémoire sous la direction de Jean Touchard, IEP de Paris, mai 1961.
9 AN, F1cII 564.
10 Albert Fabbi à La Garenne-Colombes, Charles Ehrmann à Levallois-Perret, Jean-Marie Guyot à Clamart, Robert Lavergne à Asnières, Michel Sans à Neuilly, Arthur Hevette à Maisons-Alfort, Victor Larcher à Villemomble, Émile Tricon à Bois-Colombes, Victor Segouin à Courbevoie et Robert-André Vivien à Saint-Mandé.
11 Michel Junot, Quand les Parisiens aimaient leur maire, Paris, Paris, Éditions de Fallois, 2006, p. 17.
12 L'Année politique, 1965, p. 3.
13 AN F1cII 221 - Rapport du 7 novembre 1955.
14 Bulletin municipal officiel (BMO), Débats du Conseil municipal, 1956, p. 1243.
15 Archives de Paris, 10451/73/1 art. 324 — Rapport du préfet de la Seine du 4 décembre 1958.
16 BMO, Débats du Conseil général, 1959, p. 228-242.
17 Cité dans BMO, Débats du Conseil général, 1961, p. 263.
18 BMO, Débats du Conseil général, 1961, p. 1020. La citation en question est « les communistes ne sont ni à droite, ni à gauche, ils sont à l'Est ».
19 L'Année politique, 1965, p. 4.
20 Alfortville, Antony, Asnières, Aubervilliers, Bobigny, Bondy, Boulogne-Billancourt, Champigny-sur-Marne, Choisy-le-Roi, Clamart, Colombes, Courbevoie, Créteil, Drancy, Épinay-sur-Seine, Fontenay-sous-Bois, Gennevilliers, Issy-les-Moulineaux, Ivry, Levallois-Perret, Maisons-Alfort, Malakoff, Montreuil-sous-Bois, Montrouge, Neuilly-sur-Seine, Noisy-le-Sec, Orly, Pantin, Saint-Denis, Saint-Maur-des-Fossés, Saint-Ouen, Sceaux, Suresnes, Thiais, Villejuif, Villeneuve-la-Garenne, Vincennes, Vitry-sur-Seine, auquel s'ajoute le cas spécifique de Clichy.
21 Bagneux, Bagnolet, Bonneuil-sur-Marne et Nanterre.
22 Gentilly, L'Île-Saint-Denis, Romainville, Villetaneuse.
23 Bourg-la-Reine, Bry-sur-Marne, Joinville, Nogent-sur-Marne, Rungis, Saint-Mandé.
24 Arcueil, Chatenay-Malabry, Les Lilas, Le Plessis-Robinson, Le Pré Saint-Gervais, Stains.
25 Dugny, Rosny-sous-Bois, Pierrefitte, Cachan (liste élargie à des radicaux).
26 Le Bourget, Bois-Colombes.
27 La Courneuve.
28 Fresnes, La Garenne-Colombes, Villemomble, Chatillon-sous-Bagneux, Charenton-le-Pont, Saint-Maurice, Vanves, L'Haÿ-les-Roses, Pavillons-sous-Bois, Fontenay-aux-Roses, Le Perreux, Puteaux, Chevilly-Larue, Le Kremin-Bicêtre.
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Les partis et la République
Ce livre est cité par
- Bernard, Mathias. (2008) Histoire politique de la Ve République. DOI: 10.3917/arco.berna.2008.01.0321
- Audigier, François. (2018) Les Prétoriens du Général. DOI: 10.4000/books.pur.168098
Les partis et la République
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