Évolution du service d'ordre gaulliste des années cinquante aux années soixante : quand la modernisation partidaire passe par la pacification militante
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1Si la question de la violence militante constitue depuis une dizaine d'années un axe de la science politique (sous l'impulsion notamment d'Isabelle Sommier, Pierre Favre et Philippe Braud1), elle reste encore un terrain peu exploré de l'histoire politique française2. Des historiens se sont déjà penchés sur les manifestations (Danielle Tartakowsky ou Michel Pigenet3) ou sur la violence de la répression policière de ces mêmes manifestations (Alain Dewerpe ou Jean-Paul Brunet4) mais sans s'arrêter sur les services d'ordre (SO) des partis. Ces structures originales sont oubliées d'une histoire partidaire qui privilégie d'autres thématiques5. Paraissant secondaire par rapport au débat d'idées plus prestigieux ou même triviale quand elle semble se résumer à quelques échanges d'horions entre nervis avinés, la question du service d'ordre est négligée6. Or loin de représenter un angle mort de la recherche, l'étude des SO permet d'aborder indirectement la question plus fondamentale de la violence militante qui elle-même offre un prisme éclairant l'évolution des partis politiques en général.
2Au début des années cinquante, les services d'ordre des partis de masse (gaulliste du RPF et communiste du PCF) fonctionnaient encore globalement comme ceux des années trente (pour le PSF et le PCF). Sous la IVe République, des appareils de sécurité puissants, de type paramilitaire et en partie clandestins, prévenaient autant la violence par leur action défensive qu'ils ne l'engendraient par leur propension à provoquer l'adversaire. Ces services d'ordre créaient paradoxalement du désordre, sans que cet état de fait ne choque une opinion plutôt tolérante vis-à-vis de ces excès. Dans les années soixante, la réalité semblait différente pour les mêmes partis témoins. Des services d'ordre, plus modestes et largement démilitarisés, se cantonnaient désormais à une fonction défensive. Écho évident d'une vie politique moins encline à accepter la violence sous toutes ses formes. L'observation de l'évolution des appareils de sécurité des partis entre la IVe République et les débuts de la Ve République pose donc la question du lien entre la modernisation partidaire et la pacification militante. L'étude du service d'ordre gaulliste durant la période considérée permettra de valider cette hypothèse.
Sous la IVe République, un service d'ordre gaulliste intégré et offensif
3Dès fin 1947, le service d'ordre du RPF se caractérisait par l'importance de ses effectifs et le caractère paramilitaire de son fonctionnement.
4Même si les archives du service de sécurité concernent surtout les années 1949-19527, d'autres sources (témoignages d'anciens responsables départementaux et presse militante8) attestent d'un puissant SO dès le lancement du Rassemblement. Le déclin du RPF après le demi-échec des élections législatives de 1951 entama peu ce potentiel. En 1954, ce qui restait du parti pouvait encore aligner plusieurs centaines de « gros bras » très décidés. Le service d'ordre était resté un bastion militant. Dans les trois premières années du RPF, au moins 15 000 adhérents étaient affectés au SO dont 3 000 pour la seule région parisienne. En 1950, plus de 1 000 personnes servaient dans le Nord et près de 600 pour la Charente-Maritime. En 1952, une centaine de militants étaient encore mobilisés dans le Cher. Rapportée aux effectifs d'ensemble du Rassemblement, l'importance numérique du SO s'apprécie mieux. En région Rhône-Alpes au début des années cinquante, ce dernier représentait entre 10 % des adhérents (Loire) et 35 % (Rhône), soit par endroits près d'un adhérent sur trois. À Bourges le 17 mars 1947, sur les 1 200 personnes assistant au meeting RPF, 230 relevaient du SO (près d'un présent sur six).
5Si le SO était intégré au parti au point de constituer un des services du secrétariat, l'appareil de sécurité jouissait d'une certaine indépendance. Il possédait ses responsables nationaux, régionaux et départementaux ainsi que sa propre logistique. Il fallut attendre la fin 1949 pour qu'à la suite de tensions, le service soit intégré au RPF. Dans ses premières années, le SO était structuré à l'échelle cantonale et communale avec des responsables pour chaque échelon et une section de six hommes par canton9. Cette organisation pyramidale assurait une mobilisation des effectifs en moins de 24 heures, avec assistance si nécessaire de groupes mobiles venus de la ville la plus proche et même d'une troupe de choc spéciale stationnée à Paris. Si le fonctionnement réel se révélait plus désordonné, l'esprit restait autoritaire. La dimension paramilitaire du SO était d'ailleurs assez nette, avec un fonctionnement hiérarchique caractérisé par l'emploi fréquent de grades (issus de la Résistance ou de l'armée régulière) et l'utilisation occasionnelle d'uniformes.
6Les chefs du service d'ordre étaient par ailleurs souvent des militaires d'active ou de réserve, passés par la Résistance ou la France libre. Au niveau national, le SO fut commandé par le colonel de Rancourt, le colonel Carré et le général Billotte. Deux autres responsables, le colonel Rémy et Dominique Ponchardier, rappelaient volontiers leurs faits d'armes durant la guerre. Au niveau départemental, de nombreux départements eurent comme responsable SO un officier ou un sous-officier relevant parfois de l'armée d'active (la direction du parti préconisait certaines consignes de prudence quant à l'envoi de lettres nominatives dans les casernes). Parmi les militants de base figuraient par endroits des militaires, appelés ou engagés. Les parachutistes formaient ainsi le gros du SO dans le Gers, le Finistère, les Pyrénées-Orientales ou le Vaucluse. À Saint-Brieuc, les 80 « paras » du bataillon SAS local, travaillaient en permission pour le RPF. Dans la zone d'occupation française en Allemagne, le RPF recrutait dans les casernes. Des responsables SO utilisèrent même au début la logistique de l'armée (radio, essence) avant que le gouvernement ne fasse pression sur l'État-Major pour mettre fin à ces facilités10. Cette militarisation s'exprimait à l'occasion par des défilés en uniforme avant les meetings ou plus rarement par des déplacements en colonnes motorisées avec jeeps des surplus américains. S'agissant de la présence d'armes, même si l'interdiction était clairement formulée (par crainte d'une provocation), la répétition de cette consigne témoignait de la difficulté à la faire respecter. Les incidents sanglants de Marseille (12 novembre 1947) puis de Grenoble (18 septembre 1948) comme l'arrestation de responsables du RPF en possession d'armes de guerre (le délégué à la propagande Michel Sillion en février 1948), prouvèrent que ces inquiétudes étaient fondées. Il existait par endroits une structure plus secrète : les groupes d'Auto-Défense (AD). Ces groupes paramilitaires, prêts à être engagés dans une éventuelle guerre civile contre les communistes, avaient souvent été constitués avant la création du RPF à partir de réseaux de la Résistance dont ils reprenaient les pratiques de clandestinité. L'AD, qui comptait aussi des éléments plus conservateurs, disposait de postes émetteurs. Cette structure, implantée dans des régions comme la Bretagne ou le Midi toulousain, fut versée dans le SO une fois dissipée la crainte d'une insurrection communiste vers 1949-1950. Elle constitua ici ou là une sorte de réserve et de soutien logistique, en liaison avec le service d'ordre appui, le SOA.
7En plus de la sécurisation de meetings, les gens du SO se livraient à des missions plus secrètes d'espionnage. Du parti d'abord dont ils surveillaient le bon fonctionnement et la fidélité politique des responsables. Des appareils de sécurité gouvernementaux ensuite, par le biais de rapports et d'infiltration. Les responsables locaux du SO envoyaient souvent à leur direction nationale des enquêtes portant sur l'évolution des effectifs et le dynamisme militant des fédérations mais aussi sur la moralité des leaders et leur positionnement par rapport à la ligne du Rassemblement. Se définissant comme « l'élite du parti », le service d'ordre n'hésitait pas à jouer les commissaires politiques en dénonçant ceux qui à ses yeux « trahissaient » le gaullisme, surtout dans les dernières années de crise. Il en résulta des relations parfois tendues entre le SO et le reste du parti, dans des régions comme la Bretagne, le Nord ou le Rhône. Dans les archives du RPF figurent également des rapports détaillés sur l'état d'esprit régnant dans les commissariats et gendarmeries ainsi que des notes relatant la situation politique dans les casernes. Dès 1949, le SO se dota secrètement d'un service de renseignement (SR) tandis qu'au niveau local les bureaux comportaient parfois des « responsables noyautage » [sic], comme à Clermont-Ferrand. Deux rapports sur la gendarmerie avignonnaise et la police niçoise (datés de 1949) témoignent de ces investigations. Les sympathisants communistes y étaient dénoncés nominalement, les gaullistes sûrs, répertoriés et la dotation en armes des postes, indiquée. De semblables enquêtes étaient menées en direction de l'armée, avec des rapports mentionnant dans certains régiments les noms d'officiers communistes ou supposés tels (anciens FTPF intégrés dans l'active). Cet espionnage politique, mené comme les archives le suggèrent avec l'aide de relais au sein de services policiers et militaires, s'inscrivait dans le contexte d'extrême tension des premières années de la guerre froide. Les dures grèves de 1947-1948 en France comme la détérioration de la situation internationale pouvaient laisser croire à certains responsables du RPF que le pays s'engageait dans la voie d'une prochaine guerre civile. Il s'agissait dans cette perspective de repérer à l'avance les éléments communistes infiltrés dans les appareils de sécurité de l'État. Dans l'optique d'une prochaine arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle, certains gaullistes ont pu juger bon de préparer « l'épuration politique » de ces mêmes appareils de sécurité.
8Rappelons enfin que l'hypothèse d'un recours à la force pour accéder au pouvoir dans une situation de crise exceptionnelle n'était pas une option totalement écartée par certains activistes. Une fois l'option électorale évanouie après les élections législatives manquées de 1951 et le déclin accéléré du RPF après 1953, le service d'ordre concentra les espoirs de quelques fidèles résolus. Autour de cette force tenue en haleine, des responsables (Dominique Ponchardier, Roger Barberot, Claude Dumont) pensèrent que « le Général » pouvait revenir aux affaires à la faveur d'une crise majeure du régime et qu'il fallait dans cette optique forcer le destin. Le 9 mai 1954, lors de la manifestation gaulliste sur les Champs-Élysées organisée au lendemain du drame de Dien Bien Phu, ce qu'il restait du SO prépara en vain un soulèvement populaire11. Au printemps 1958, relancés par une autre crise coloniale, les réseaux reconstitués du SO gaulliste participèrent avec plus de succès au retour de Charles de Gaulle12.
9La période du RPF était marquée par une forte violence militante. Gaullistes et communistes se battaient littéralement pour leurs idées et les services d'ordre alimentaient autant la violence qu'ils la contenaient. Lors des meetings et campagnes d'affichage, les heurts entre militants des deux bords étaient fréquents et graves, avec de nombreux blessés et parfois des morts. Dans leurs mémoires, d'anciennes figures du RPF et de l'entourage du général de Gaulle (Jacques Baumel, Jacques Dauer, le colonel Rémy, Claude Mauriac, Claude Guy et d'autres13) ont insisté sur la radicalité des affrontements avec les « séparatistes ». Des sondages régionaux effectués dans les rapports du SO (pour les premières années du Rassemblement) confirment qu'à peu près une réunion sur trois donnait lieu à des dérapages, allant de coups de poing et injures échangés avec l'autre camp à de véritables batailles rangées à coup de manches de pioche et rangers cloutées. Certaines régions semblaient plus violentes que d'autres comme la banlieue parisienne, la Provence ou les départements algériens. Dans leurs souvenirs, deux anciens du SO gaulliste, René Serre et Roger Tessier ont décrit ces affrontements homériques avec les « moujiks ivres » et les « moscovites sanguinaires14 ». Ces incidents étaient d'autant plus nombreux que les forces de l'ordre semblaient plutôt absentes ou passives lors de ces réunions, même lors de meetings géants comme celui du parc de Vincennes le 5 octobre 1947, sous-traitant tacitement aux SO respectifs le soin de contenir tout débordement.
10Certaines mesures étaient bien prises pour prévenir et limiter la violence militante. Les gens de la sécurité veillaient ainsi à ce que les organisateurs de meetings utilisent des bancs et non des chaises, ces dernières servant plus facilement de projectiles, à moins de les attacher entre elles ce qui se faisait souvent. Fouille des spectateurs à l'entrée, disposition en T pour protéger l'axe central et la tribune, dispersion des « gros bras » dans la salle pour évacuer rapidement d'éventuels perturbateurs, utilisation d'épinglettes de couleur pour se repérer entre gens de la sécurité, autant de pratiques témoignant d'une professionnalisation croissante du SO dont certains membres étaient des permanents du parti. Mais ces progrès n'empêchaient pas les dérapages. L'Humanité et Le Rassemblement tenaient d'ailleurs la comptabilité précise de leurs blessés, rejetant toujours la responsabilité de la rixe sur un adversaire dépourvu de morale. À en croire René Serre, les « gros bras » communistes n'hésitaient pas à s'abriter derrière d'anciens combattants mutilés ou des mères de famille pour frapper impunément le camp d'en face. Cette violence physique perçue comme défensive (et donc déculpabilisée) se doublait autant qu'elle s'alimentait d'une violence verbale, reposant sur la représentation fantasmatique d'un adversaire devenu ennemi (le « bolchevik » contre le « fasciste »). Dans sa thèse sur l'antigaullisme sous la IVe République, Philippe Foro a évoqué cette sémantique militante de la haine15.
11Les SO pratiquaient aussi l'offensive en allant provoquer l'adversaire sur son terrain. Les exemples abondent de ces expéditions menées pour afficher sa force et montrer à l'opinion qu'on tenait la rue. Le 18 juin 1948 à Bordeaux, informé que le RPF tenait meeting à l'American Park, le PCF envoya trois camions de militants armés de coups de poing américains, matraques et couteaux pour interrompre la réunion gaulliste. Les groupes de choc communistes chassèrent Jean Nocher de la tribune16. De leurs côtés, les gaullistes investirent des bastions de la ceinture rouge lors d'opérations commandos, débarquant de camions pour interrompre un meeting du PCF ou permettre à un orateur gaulliste de tenir la contradiction pendant quelques minutes. L'expédition de Malakoff au printemps 1948 resta célèbre. Les SO s'engagèrent vite dans une logique de surenchère lourde de dérapages. Quand les communistes expulsèrent ainsi du gymnase Japy les orateurs du RPF début septembre 1947, l'appareil de sécurité gaulliste, stimulé par André Malraux, décida des représailles. Selon Pierre Lefranc, « il fallait effacer cette défaite, Japy était devenu notre Douaumont17 ». Une référence militaire qui en disait long sur cette culture de guerre où la violence de l'un alimentait la radicalité de l'autre. Six mois plus tard, le SO gaulliste revint en force à Japy pour en chasser les communistes au prix de nombreux blessés.
12Les responsables du RPF faisaient preuve d'une étonnante indulgence pour les dérapages de leur service d'ordre, allant jusqu'à valoriser le recours à la violence. Pour de Gaulle, de l'issue de l'opposition physique entre militants gaullistes et communistes découlerait la crédibilité de son parti à se poser en alternative sérieuse, c'est-à-dire comme seule organisation capable de résister au PCF. Dans cette perspective, l'étalage de la force était légitime. Elle rassurait l'opinion en lui donnant une garantie : si l'État succombait, le RPF était là pour garantir l'ordre républicain et les libertés. Après la revanche de Japy, de Gaulle appela le soir même Dominique Ponchardier au téléphone pour s'informer et le féliciter. En septembre 1948, au moment des incidents de Grenoble (vingt blessés dont trois par balle et un mort), le leader du RPF ne prit aucune sanction disciplinaire mais menaça au contraire dans un discours offensif à Chambéry de faire taire les communistes une fois revenu au pouvoir18. Au sein des fédérations, cette acceptation-valorisation de la violence se lisait dans le tableau d'honneur des blessés tenu à jour comme dans le remboursement des soins médicaux prodigués à ces derniers. Elle s'observait dans l'exhibition des trophées pris à l'ennemi (drapeaux, portraits, affiches) comme dans les accents de communiqué militaire avec lesquels la presse militante rapportait les expéditions les plus audacieuses.
13Comment expliquer l'importance des appareils de sécurité et le niveau élevé de violence militante ? L'hypothèse conjoncturelle semble évidente. En pleine guerre froide, communistes et gaullistes se protégeaient contre un adversaire perçu comme violent et activiste en se dotant d'appareils de sécurité hypertrophiés. En raison de son fort anticommunisme, le SO gaulliste trouva d'ailleurs des soutiens clandestins au sein de la police (service de Jean Dides) et au début chez les Américains19. Mais la violence militante entre communistes et gaullistes resta élevée après l'année 1953, pourtant marquée par un apaisement de la tension internationale. L'assaut du siège de L'Humanité le 7 novembre 1956, où d'anciens membres du SO gaulliste passés par la guerre de Corée firent le coup de poing aux côtés des nationalistes, soulignait la persistance d'une certaine radicalité. Le contexte des guerres coloniales qui alimentaient de leur violence le champ politique français doit aussi être rappelé. Le SO recrutait facilement dans le vivier des anciens de l'Indochine, rassemblés pour certains dans l'ACUF, ou chez les soldats et sous-officiers en permission. Dans l'Aude en 1951, les « gros bras » gaullistes venaient surtout des bataillons coloniaux basés à Carcassonne tandis que les cadres étaient en général des officiers et sous-officiers rentrant d'Indochine. Habitués aux coups durs, ces hommes transposaient sur le terrain militant des pratiques de type militaire, avec toute la frustration de ceux s'estimant trahis par le « système ».
14L'héritage d'une violence de guerre qui aurait marqué les esprits en brutalisant le champ politique de l'après-guerre peut aussi être évoqué à la lumière des travaux de George Mosse pour la Première Guerre mondiale20. Les anciens des maquis, réseaux et combats de la Libération peinaient à sortir mentalement de schémas militaires pour appréhender le débat démocratique avec sérénité. Il est possible de remonter encore en amont et de voir dans cette radicalité des SO de la IVe République l'héritage de pratiques militantes des années trente. De nombreux « gros bras » gaullistes avaient fait leurs premières armes chez les Volontaires nationaux tandis que le service d'ordre communiste abritait beaucoup d'anciens ayant fait le coup de feu contre les Jeunesses Patriotes et le PSF avant-guerre21. Le phénomène générationnel jouait à plein avec un syndrome Damrémont-1925 ou Clichy-193722.
15La spécificité morphologique des partis de masse expliquait aussi la violence des SO gaulliste et communiste. Des formations de cadres comme le parti radical ou le CNIP ne disposaient pas vraiment d'appareils de sécurité et ne connaissaient pas ces problèmes de violence. Leur sociologie de recrutement, leur niveau d'effectifs, leurs référents historiques, leurs modes d'action et de propagande les mettaient à l'abri des dérapages. Sans compter que la protection policière leur était mieux garantie. N'oublions pas aussi que le PCF et le RPF constituaient deux partis d'opposition marginalisés par « le système ». Repoussés dans les extrêmes du champ politique par la stratégie d'apparentement, ils trouvaient dans la violence un exutoire à leurs frustrations. Violence protestataire pour des partis majoritaires en voix et en adhérents mais écartés du pouvoir. Reste à évoquer les modes d'action et d'expression militantes de l'époque. La vente à la volée de journaux, y compris dans les bastions de l'ennemi, la tenue de réunions contradictoires, l'organisation de meetings géants et de défilés de rues, autant de pratiques héritées de l'entre-deux-guerres qui nécessitaient un appareil de sécurité important. En jouant sur l'émotion, en attirant les masses, en supposant le contact direct avec l'adversaire, ces méthodes étaient lourdes de dérapages. La volonté enfin de ces partis de masse d'investir le terrain professionnel, avec des relais de type syndical (CGT pour le PCF) ou associatif (l'AOP pour le RPF, dont étaient issus beaucoup de membres du SO), renforçait le niveau de violence politique. Communistes et gaullistes s'affrontèrent physiquement pour le contrôle du monde ouvrier, tandis que la CGT s'opposa durement aux tentatives de quelques industriels d'utiliser l'AOP comme syndicat jaune et milice patronale23.
Dans les années soixante, un service d'ordre gaulliste externalisé et défensif
16Au sortir de l'affaire algérienne, la situation semblait différente pour les services d'ordre des grands partis. La pacification de la vie politique française se traduisait notamment par une restructuration des appareils de sécurité et une diminution de la violence militante. S'agissant de la restructuration des SO, ces derniers, intégrés au parti sous la guerre froide, furent de plus en plus externalisés comme si l'on souhaitait éloigner du parti la violence potentielle du SO. Une violence qui n'était plus ni souhaitée ni assumée. Chez les gaullistes, l'UNR se dota fin 1959-début 1960 d'un Service action propagande (SO intégré à l'ancienne)24, mais passa rapidement à une structure indépendante, le Service d'action civique (SAC)25. Une nouvelle formation (mais composée surtout d'anciens du SO du RPF) disposant d'une direction (un patron politique, J. Foccart, et les responsables de terrain Pierre Debizet puis Paul Comiti), de statuts, d'un siège (celui du défunt RPF), d'un journal26, de ressources financières et logistiques, de cadres et de militants propres. Les communistes gardèrent un SO intégré mais firent appel plus souvent qu'avant à celui de la CGT (dockers, « métallos » et ouvriers du livre essentiellement). Dans les deux cas, la diminution des effectifs était notable. Avant 1968, le SAC représentait moins de 3 000 personnes27.
17La dimension clandestine de ces SO s'était estompée. Quand elle persistait sous forme de pseudos, hiérarchie parallèle et contacts codés, ces pratiques relevaient désormais plus de réflexes militants hérités que d'un mode de fonctionnement réel. En dépit d'une légende persistante, le SAC (où beaucoup d'anciens nationaux-gaullistes restaient acquis à l'Algérie française comme P. Debizet), ne fut d'ailleurs pas sollicité contre l'OAS à la différence du MPC de Lucien Bitterlin28. Toutefois, même si le problème de l'infiltration de la sécurité gouvernementale ne se posait plus pour les gaullistes désormais au pouvoir, le SAC, comme l'a affirmé Constantin Melnik (conseiller pour les questions de renseignement auprès de Michel Debré de 1959 à 1962), noyauta le SDECE pour mieux s'assurer de son légalisme lors de la guerre d'Algérie29. Au risque de politiser l'institution. J. Foccart, persuadé que les socialistes avaient placé leurs hommes à la DST et aux RG sous la IVe République, y plaça à son tour des gens pris dans le SO gaulliste30. Lors du putsch des généraux, des gens du SAC arrivèrent dans certaines préfectures pour vérifier le loyalisme du représentant de l'État31. L'appareil de sécurité gaulliste ne se contentait donc pas du seul terrain militant mais servait aussi de réseau parallèle de surveillance politique.
18La dimension paramilitaire des appareils de sécurité diminua très fortement. Le caractère militarisé de ces formations relevait désormais du registre symbolique ou du decorum viril. Pour indiquer la hiérarchie, des insignes discrets (badges, écussons) remplaçaient les uniformes, brassards et fanions d'autrefois. Les grades militaires avaient disparu au profit d'une terminologie politique. Les armes, si elles existaient encore, n'étaient plus exhibées comme autrefois et se limitaient lors des meetings à quelques matraques ou coups de poing américains dissimulés. Une simple présence dissuasive avec bergers allemands suffisait le plus souvent. Le dernier sursaut « militarisé » du SO gaulliste eut lieu lors du putsch des généraux quand des militants arrivèrent Place Beauvau et s'équipèrent d'armes et de casques32. Mais la situation était exceptionnelle. En mai 1968 quand le régime vacilla, l'ordre de rester « l'arme au pied » fut respecté et le siège du SAC encaissa sans broncher la tentative d'assaut des étudiants contestataires33. Avant de fournir la logistique de la contre-manifestation géante des Champs-Élysées à la fin du mois34. L'heure était désormais à la légalité et à la discrétion. Pour encadrer le sursaut militant de la « majorité silencieuse », des responsables du SAC (Charles Pasqua et Jacques Godfrain) préférèrent d'ailleurs durant la crise superviser le lancement d'une nouvelle structure militante à partir du service d'ordre : les Comités de défense de la République (CDR)35.
19Cette nouvelle posture renvoyait à une diminution globale de la violence militante. Les campagnes électorales des années soixante (celle de juin 1968 exceptée) étaient plus tranquilles. Les dérapages étaient désormais localisés et, preuve que les esprits évoluaient, l'opinion acceptait moins ces débordements. Autre preuve d'une pacification militante, la sécurité des sièges des partis était allégée. Du côté communiste, alors que le PCF s'était « bunkérisé » dans l'après-guerre (le général Malleret-Joinville dirigeait avec des hommes armés l'unité spéciale de protection du 44, rue Le Peletier36), cette mentalité obsidionale avait décru dans les années soixante. Du reste, l'adversaire n'était plus forcément le même. En plus du PCF, le SAC luttait aussi désormais contre l'extrême droite favorable à l'Algérie française (le premier discours contre la « police parallèle » vint de ce bord, avant que la gauche ne prenne le relais après mai 1968 en y ajoutant le thème de la « milice fasciste »). De son côté, le SO communiste affrontait en plus des gaullistes l'extrême gauche trotskyste puis maoïste (le SO du PCF intervint durement contre les trotskystes à la Fête de L'Humanité en 1965).
20Comment expliquer cette relative pacification militante ? La police était déjà plus présente lors des grands rassemblements électoraux, collaborant avec les SO, assurant l'essentiel de la protection selon un partage clair des rôles (SO à l'intérieur, police à l'extérieur de la salle). Les services d'ordre se limitaient à une action défensive lors des meetings et affichages. Dans un contexte politique national et international apaisé (fin des guerres coloniales et coexistence pacifique), le PCF qui comptait désormais sur l'alliance avec les socialistes pour remporter les élections (lors notamment des législatives de 1967), n'avait plus intérêt à jouer la violence. Quant aux gaullistes au pouvoir, ils ne connaissaient plus cette radicalité oppositionnelle accidentogène. L'évolution morphologique des partis considérés jouait aussi. Si le PCF restait un parti de masse (avec d'ailleurs un SO toujours intégré), l'UNR se présentait comme un parti de cadres ou d'électeurs marqué par des effectifs réduits, une pratique militante molle, et donc une nécessité de protection moindre. De même que l'UNR sous-traitait la formation à l'UJP de Robert Grossmann et la propagande à l'Association nationale de P. Lefranc, elle déléguait la sécurité au SAC. Le renouvellement générationnel intervenait également. Comme l'a montré Jean Charlot, lors des assises de Lille fin 1967, la nouvelle génération des Robert Poujade, Jean Charbonnel et Jacques Chirac commença à remplacer celle de la Résistance et de la France libre37. La culture politique de ces jeunes « quadras » et notamment leur rapport à la violence militante n'étaient plus les mêmes. Si au PCF, les à-coups de la déstalinisation freinèrent cette évolution, le simple renouvellement générationnel diminua progressivement les rangs de la génération du feu (celle des Brigades internationales et des maquis FTPF), marquée par la radicalité militante. Il est certain enfin qu'au sein de la société, les progrès massifs de l'éducation et l'amélioration continue du niveau de vie contribuèrent dans les années soixante à pacifier les rapports sociaux et leur expression politique.
21L'évolution des modes de communication politique offre le dernier cadre explicatif. Dans les années cinquante, la proximité de l'autre créait la menace (ou du moins le sentiment du danger) et donc la nécessité d'un service d'ordre musclé. La modernisation politique des années soixante consista en partie dans une mise à distance médiatique de l'adversaire. Celui-ci était désormais affronté non plus dans la salle surchauffée d'une réunion contradictoire mais par l'intermédiaire indirect et pacifique de la radio et bientôt de la télévision. Dans ce nouveau contexte, les responsables avaient plus besoin de conseillers en communication que de « gros bras ». Le débat partidaire devint moins idéologique en subissant l'influence du marketing politique télévisé à l'américaine (introduit dès 1965 par des publicistes comme Michel Bongrand38) avec ses nouvelles règles de modération. Il en résulta une dépassionnalisation de l'affrontement politique qui excluait une violence verbale et a fortiori physique désormais perçue comme un échec. Alors que la radicalité militante était encore valorisée dans les années cinquante comme gage d'authenticité et de force de l'engagement, elle devint un facteur discréditant à partir des années soixante. Par une coïncidence qui ne doit rien au hasard, la date butoir du colloque, 1967, constitue le champ du cygne des réunions contradictoires. Les dernières eurent lieu lors des élections législatives de mars, quand Georges Pompidou (protégé par le SAC) débattit contre François Mitterrand à Nevers puis contre Pierre Mendès France à Grenoble39. Lors du premier meeting, ce furent d'ailleurs les « gros bras » gaullistes qui exfiltrèrent le leader socialiste d'une salle hostile.
22Mai 1968 et ses violences militantes, les années de poudre qui suivirent, pourraient sembler infirmer l'hypothèse d'une pacification de la vie partidaire entamée dans les années soixante. En apparence seulement, car cette nouvelle violence militante restait marginale, limitée à des groupuscules extrémistes de gauche comme de droite. Dès le milieu des années soixante-dix, selon Ch. Pasqua interrogé par la Commission d'enquête parlementaire de 1982 sur le SAC, les SO avaient perdu de leur utilité tant ils semblaient décalés par rapport à la nouvelle culture politique. « Il n'y a même plus de contradiction, chacun fait sa réunion de son côté, on évite soigneusement de se rencontrer, même si on est à 100 mètres. La principale tâche qu'on assigne aux responsables de région, c'est gardez vos troupes [...]. On n'est plus du tout dans une logique d'affrontement. » Témoignant devant la même commission, Ambroise Henry, ancien du SO du RPF puis responsable local du SAC, confirmait cette analyse en fixant le tournant à 1974. « Après, il y avait une autre mentalité. Au début, dans les campagnes électorales que nous avions à protéger, c'était un jeu pour certains de venir empêcher les réunions. Résultat : on allait chez les autres. Depuis, dans toutes les nouvelles élections que j'ai vues, les réunions se sont tenues sans que personne ne vienne faire quoi que ce soit40. » Le service d'ordre, vestige de la violence militante de la guerre froide pour ne pas remonter à l'entre-deux-guerres, n'avait plus sa place, même modernisé, dans l'univers politique pacifié du dernier tiers du xxe siècle.
23Si les appareils de sécurité étaient devenus obsolètes, pourquoi le SAC fut-il maintenu ? G. Pompidou qui avait souffert des polices parallèles lors de « l'affaire Markovic » et souhaitait par ailleurs affirmer son identité en s'affranchissant d'une partie de l'héritage gaullien, envisagea la dissolution du SAC en 1969. Son ministre de l'Intérieur, Raymond Marcellin, irrité des liens existant localement entre la pègre et le service d'ordre, le poussait dans cette voie. Si la survie du SAC fut finalement arrachée par J. Foccart, ce fut au prix d'une réorganisation sévère et d'une épuration massive de l'organisation. L'utilité logistique de ce bastion militant lors des campagnes électorales et la peur d'un nouveau mai 1968 (fantasme entretenu par les discours alarmistes du SAC) furent déterminantes. Tout comme l'intérêt de certaines tâches délicates effectuées discrètement par le service d'ordre et ses réseaux (collecte parallèle d'informations à caractère politique en métropole, Outre-mer et Afrique, participation aux circuits officieux de financement du parti, noyautage et surveillance d'administrations sensibles, d'entreprises et de syndicats). La dissolution d'une organisation placée depuis le début au cœur des secrets et scandales du régime était de toute façon trop risquée.
Notes de bas de page
1 Pierre Favre (dir.), La manifestation, Presses de la FNSP, 1990. Philippe Braud (dir.), La violence politique dans les démocraties européennes occidentales, L'Harmattan, 1993, et Violences politiques, Seuil, 2004. Isabelle Sommier, La violence politique et son deuil, l'après 1968 en France et en Italie, Rennes, PUR, 1998.
2 Quelques exceptions comme ces deux colloques organisés à Clermont-Ferrand : Philippe Bourdin, Mathias Bernard et Jean-Claude Caron (dir.), La voix et le geste, une approche culturelle de la violence sociopolitique et L'incident électoral, de la Révolution française à la Ve République, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2005 et 2003.
3 Michel Pigenet, Au cœur de l'activisme communiste des années de guerre froide, « la manifestation Ridgway », L'Harmattan, 1992. Danielle Tartakowsky, Les manifestations de rue en France, 1918-1968, Publications de la Sorbonne, 1997.
4 Jean-Paul Brunet, La police de l'ombre, indicateurs et provocateurs dans la France contemporaine, Seuil, 1990. Alain Dewerpe, Charonne, 8 février 1962, anthropologie historique d'un massacre d'État, Gallimard, 2006.
5 La question du service d'ordre fut absente du colloque pourtant très riche consacré au RPF à Bordeaux en 1997 (Fondation Charles de Gaulle et université Bordeaux-3, De Gaulle et le RPF, 1947-1955, Armand Colin, 1998). Christian Purtschet, y consacrait un court passage dans son étude du RPF : Le Rassemblement du Peuple Français, 1947-1953, Cujas, 1965, p. 100-104. Lors du colloque Gaullisme et Gaullistes dans l'Est sous la IVe République tenu à Nancy en mai 2007 et dont les actes sont à paraître, nous avons consacré une communication au service d'ordre du RPF dans son choc avec le PCF.
6 Trois exceptions. Dominique Cardon et Jean-Philippe Heurtin, « Tenir les rangs, les services d'encadrement des manifestations ouvrières, 1909-1936 » dans Pierre Favre (dir.), La manifestation, op. cit., p 123-156. Isabelle Sommier, « CGT : du service d'ordre au service d'accueil » dans Genèses, n° 12, mai 1993, et « Paradoxes de la contestation : la contribution des services d'ordre syndicaux à la pacification des conflits sociaux » dans Actes du IIe congrès mondial sur la violence et la coexistence humaine, Montréal, Éd. de Montmorency, 1994, tome IV, p. 332-336. Georges Vidal, « Violence et politique dans la France des années 1930 : le cas de l'autodéfense communiste », dans Revue historique, n° 640, octobre 2006, p. 900-922.
7 Dans les archives du RPF à la Fondation Charles de Gaulle, les cartons 62-64 contiennent les dossiers du SO.
8 La question du SO est peu évoquée dans le recueil de témoignages d'anciens RPF édité par la fondation Charles de Gaulle : Avec de Gaulle, témoignages, tome 2, Le temps du Rassemblement, 1946-1958, Nouveau monde éditions, 2005. Nous avons réalisé deux entretiens avec d'anciens responsables du service d'ordre : Paul Belin pour Bordeaux, témoignage le 2 avril 2006 et Paul Sentenac pour l'Hérault et la Haute-Garonne, témoignage le 9 juillet 2004. La presse du RPF, notamment son titre éponyme Le Rassemblement, contient de nombreuses allusions au SO gaulliste et à la violence communiste.
9 Bernard Lachaise, Le gaullisme dans le Sud-Ouest au temps du RPF, Fédération historique du Sud-Ouest, 1997, p 252.
10 Dans son journal, Vincent Auriol, à partir de notes des RG, se faisait régulièrement l'écho de ces facilités logistiques et du danger pour la légalité républicaine que représentait à ses yeux le service d'ordre gaulliste (Vincent Auriol, Journal du septennat, 1947-1954, Armand Colin, tome 1, 1947, 1970, tome 2, 1948, 1974).
11 Frédéric Turpin, « Printemps 1954. Échec à de Gaulle, un retour au pouvoir manqué », dans Revue historique, n° 303, 2001, p. 913-927. Louis Terrenoire et Jacques Foccart ont rapporté cette ambiance particulière (Louis Terrenoire, De Gaulle 1947-1954. Pourquoi l'échec ? Du RPF à la traversée du désert, Plon, 1981, p. 271 ; Jacques Foccart, Foccart parle, entretien avec Philippe Gaillard, Fayard/Jeune Afrique, 1995, tome 1, p. 72).
12 Christophe Nick, Résurrection, naissance de la Ve République, un coup d'État démocratique, Fayard, 1998. Dans un volume du Gorille, D. Ponchardier évoqua de façon codée le rôle des anciens du SO : Antoine Dominique, Le Gorille en révolution, Gallimard, 1958.
13 Claude Mauriac, Un autre de Gaulle, journal 1944-1954, Hachette, 1970, p. 331. Gilbert Renault, Rognes et grognes du Général, Versoix, 1978, p. 212. Jacques Dauer, Le hussard du Général, La Table ronde, 1994, p. 44. Claude Guy, En écoutant de Gaulle, journal 1946-1949, Grasset, 1996, p. 319-320. Jacques Baumel, L'exil intérieur, Albin Michel, 2001, p. 167.
14 René Serre, Croisade à coups de poings, A. Martel, 1954. Roger Tessier, J'étais le gorille du Général, Perrin, 2002.
15 Philippe Foro, L'antigaullisme, réalités et représentations (1940-1953), Honoré Champion, 2003.
16 Rassemblement, 26 juin 1948.
17 Pierre Lefranc, Avec qui vous savez, Plon, 1979, p. 86.
18 Seuls Cl. Mauriac et Mme Yvonne de Gaulle comprirent la gravité de ces événements qui semblaient cautionner aux yeux d'une partie de l'opinion l'image factieuse du Rassemblement (Jean Lacouture, De Gaulle, tome 2, Le Politique, Seuil, 1985, p. 346).
19 Des liens sont avérés entre les services américains et certains chefs du SO gaulliste, notamment entre Cl. Dumont, n° 2 du SO, et Irving Brown, représentant du syndicat américain anticommuniste AFL-CIO : Roy Godson, American Labor and European Politics, the AFL as a Transnational Force, New York, Crane, Russak and Co, 1976.
20 George L. Mosse, De la Grande guerre au totalitarisme, la brutalisation des sociétés européennes, Hachette, 1999.
21 Dans sa thèse, Droite et rassemblement du PSF au RPF, 1936-1953, hommes, réseaux, cultures : ruptures et continuités d'une histoire politique, IEP Paris, 2003, Jean-Paul Thomas a donné des exemples de ces passages.
22 Le 30 avril 1925, quatre membres des JP furent abattus par des communistes dans cette rue du XVIIIe arrondissement de Paris. Dans la nuit du 16 au 17 mars 1937 à Clichy, un affrontement entre éléments communistes et PSF fit 7 morts et plus de 400 blessés.
23 Didier Favre, Ni rouges ni jaunes. De la CGSI à la CSL, l'expérience du syndicalisme indépendant, Éditions Midi moins le quart, 1998.
24 Le SAP (qui coexista avec le SAC jusqu'en 1962) disposait d'un bulletin mensuel d'information interne, UNR Service Action Propagande Sécurité.
25 François Audigier, Histoire du SAC, la part d'ombre du gaullisme, Stock, 2003.
26 Le SAC publia en 1961-1962 un bulletin éponyme à la parution irrégulière Service Action Civique (le SO se dota d'un vrai journal à partir de février 1969). Les cartons relatifs au SAC dans les Papiers Foccart des Archives nationales ne sont pas consultables.
27 Rapport de la commission d'enquête sur les activités du Service d'action civique, Alain Moreau, 2 tomes, 1982 (la commission, mise en place à l'hiver 1981 par les socialistes après la tuerie d'Auriol, s'intéressa peu au SAC d'avant 1968). J. Foccart évoque très rarement le SAC dans le premier tome de son Journal (Jacques Foccart, Journal de l'Elysée, tome 1, Tous les soirs avec de Gaulle, 1965-1967, Fayard/Jeune Afrique, 1997).
28 Ancien du SO du RPF puis des « commandos noirs » du colonel Barberot durant la guerre d'Algérie, P. Lemarchand est récemment revenu sur ces événements : Pierre Lemarchand, Barbouze du Général, Le cherche midi, 2005).
29 Constantin Melnik, Des services « très » secrets, Éd. de Fallois, 1989, p. 277, et La mort était leur mission, le service Action pendant la guerre d'Algérie, Plon, 1996, p. 179. Le colonel Le Roy-Finville (en froid avec les gaullistes depuis l'affaire Ben Barka) avait déjà évoqué la collusion SAC-SDECE en 1980 : Philippe Bernert, SDECE, service 7, l'extraordinaire histoire du colonel Le Roy-Finville et de ses clandestins, Presses de la Cité, 1980, p. 281).
30 Témoignages de Claude de Peyron les 16 septembre 2005 et 20 juin 2006 (cousin germain de Jacques Chaban-Delmas, il appartenait à la direction du SAC tout en travaillant au cabinet du ministre de l'intérieur Roger Frey).
31 Gaëtan Avanzato cite le cas du préfet de la Moselle Jean Laporte (Raymond Mondon, maire de Metz et ministre de la Nouvelle Société, Éditions serpenoises, 2000, p. 123).
32 Le Courrier de la Nouvelle République, n° 55, du 29 avril au 4 mai 1961.
33 Jacques Foccart, op. cit., tome 2, Le Général en mai, Fayard/Jeune Afrique, 1998, p. 122-123.
34 Roger Abens, ancien sous-officier de parachutistes ayant rejoint le service d'ordre après la présidentielle de 1965, a décrit l'ambiance obsidionale du SAC parisien en mai 1968 : Roger Gascon, La nuit du pouvoir ou le 24 mai manqué, Nouvelles éditions Debresse, 1968.
35 Témoignages de deux anciens responsables CDR : Yves Lancien (8 novembre 2005) et Ernest Cartigny (23 août 2005).
36 Jean-Pierre Bernard, Paris rouge 1944-1964, les communistes français dans la capitale, Champ Vallon, 1991, p. 26-33.
37 Jean Charlot, Le phénomène gaulliste, Fayard, 1970.
38 M. Bongrand appartenait à la direction nationale du SAC et conseillait J. Foccart lors des élections (témoignage de M. Bongrand le 4 octobre 2004).
39 Jean Lacouture, Pierre Mendès France, Seuil, 1981, p. 468.
40 Rapport de la commission d'enquête, op. cit., p. 951 et p. 503.
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Les partis et la République
Ce livre est cité par
- Bernard, Mathias. (2008) Histoire politique de la Ve République. DOI: 10.3917/arco.berna.2008.01.0321
- Audigier, François. (2018) Les Prétoriens du Général. DOI: 10.4000/books.pur.168098
Les partis et la République
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