Du parlementarisme au régime présidentialiste : mutations et adaptations des parlementaires socialistes (1956-1967)
p. 75-88
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Texte intégral
1La Seconde Guerre mondiale et la Libération ont constitué une rupture pour la SFIO, qui s'est livrée à une épuration très sévère, en particulier de ses députés et sénateurs qui avaient accordé les pleins pouvoirs le 10 juillet 1940. Grâce au scrutin de liste et par le biais des investitures, la SFIO a tenté, au fil des élections de la IVe République, d'exercer un strict contrôle sur ses parlementaires, régulièrement confrontés aux enjeux de la participation gouvernementale. Mais après la querelle de la CED en 1954, puis les critiques engendrées par « la politique de pacification » en Algérie du gouvernement de Guy Mollet1, les parlementaires socialistes abordent la crise du régime alors qu'ils sont divisés et en proie au doute.
2À partir de 1958, ils ont dû négocier le passage du parlementarisme à un régime présidentialiste et faire face à une personnification accrue du politique, dans une conjoncture qui leur est devenue peu favorable après la vague gaulliste des législatives. Le bouleversement du paysage politique et le changement de mode de scrutin ont-ils transformé la physionomie du personnel parlementaire ? Dans quelle mesure s'est-il adapté au nouveau régime et à ses contraintes ?
3Nous évaluerons d'abord l'ampleur et la nature du renouvellement des parlementaires, puis nous analyserons leur réaction face aux défis du nouveau régime et enfin leurs efforts d'adaptation2.
Un renouvellement du personnel parlementaire socialiste ?
4Les déchirements de la SFIO au lendemain de Munich, sa reconstitution sélective dans la clandestinité, et pour finir sa très sévère épuration – surtout parlementaire – expliquent qu'à la Libération, le groupe parlementaire d'octobre 1945 soit renouvelé à 76 % par rapport à celui de 19363. La rupture est-elle comparable après 1958 ? Pour répondre à cette interrogation, il faut analyser les conséquences du mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours, qui remplace la représentation proportionnelle de la IVe République.
Le taux de renouvellement des groupes parlementaires
5À l'Assemblée nationale, 18 sortants de 1956 seulement sont réélus, soit 18 % du groupe (dont des députés du Pas-de-Calais avec Guy Mollet, du Nord, ou Max Lejeune dans la Somme), auxquels on peut ajouter deux anciens sénateurs qui entrent au Palais-Bourbon, Paul Béchard et Maurice Pic, et un battu de 1956 qui fait sa rentrée, René Schmitt. En d'autres termes, le taux de renouvellement brut est de 50 %. Il est donc inférieur à celui enregistré en octobre 1945 (76 %), mais il est essentiellement dû à l'élimination des 4/5e des sortants. Et il est également inférieur à celui enregistré par l'ensemble des députés qui est de 80 %4.
6Au Sénat, si l'on exclut le renouvellement partiel prévu de longue date du 8 juin 1958 pour ne considérer que les élections sénatoriales du 26 avril 19595, on constate que, sur les 48 élus, il y a 34 sortants de la IVe République, auxquels on peut ajouter six nouveaux élus de juin 19586, et des battus de novembre 1958 qui trouvent asile au Sénat, tels que Gaston Defferre, Georges Guille ou Pierre Métayer. De sorte qu'ils ne restent que huit nouveaux, soit un un sixième des sénateurs7.
7Ce sont donc les sénateurs qui ont le mieux résisté au changement de régime, avec une longévité exceptionnelle pour certains, comme Marcel Champeix, sénateur jusqu'en 1980, ou Marius Moutet, élu depuis la Belle Époque. De sorte qu'en 1964, le bureau du groupe au Sénat est entièrement composé d'anciens de la IVe République : il est présidé par Antoine Courrière, assisté des vice-présidents Marcel Champeix, Jean Péridier et Edouard Soldani, et du secrétaire général André Méric. À l'Assemblée nationale, le groupe est au contraire animé par des nouveaux, tel André Chandernagor. Mais le vétéran Gaston Defferre revient à sa tête en 1962.
8Enfin, si l'on considère l'ensemble des parlementaires socialistes élus entre 1958 et 1967 (soit 141 députés et sénateurs), 53,2 % l'ont déjà été sous la IVe République. Notons le cas de François Blancho, ancien député qui a accordé les pleins pouvoirs en juillet 1940 et récemment réintégré. Le taux de renouvellement brut du groupe parlementaire après 1958 est donc de 46,7 %. Il convient maintenant de s'interroger sur sa nature.
Les enjeux décisifs du rajeunissement et de la féminisation
9En 1952, en livrant les résultats d'une enquête réalisée auprès de toutes les fédérations, Pierre Rimbert a déjà tiré la sonnette d'alarme en dénonçant le vieillissement du parti, qu'il associe à son faible taux de féminisation.
Graphique 1 : Âges comparés des groupes parlementaires de la IVe (en 1945) et de la Ve République (en 1958)

10Le vieillissement des cadres est un problème récurrent, déjà observé par Tony Judt au lendemain de la reconstruction au milieu des années vingt8. Des relations conflictuelles avec ses mouvements de jeunesse n'ont pas permis à la SFIO de se constituer un vivier de cadres et a créé un sentiment de méfiance à l'égard des jeunes, jugés politiquement immatures. La rupture de la guerre n'a pas permis de rajeunir le personnel parlementaire, puisque l'on constate que les deux tiers du corpus de la IVe République ont déjà plus de 40 ans en 1945. En outre, au fil du régime, les groupes à l'Assemblée nationale n'ont cessé de vieillir, l'érosion des suffrages socialistes éliminant les plus jeunes. De sorte que le petit groupe de députés élus en novembre 1958 est, avec une médiane à 48 ans, un peu plus jeune que le groupe (deux fois plus important) de 1956, avec une médiane à 52 ans.
11Mais le groupe de députés élus en 1962, avec une médiane à 54 ans, est nettement plus âgé. Ainsi, le personnel parlementaire élu de 1958 à 1967 – sénateurs compris – est encore plus âgé que celui de la IVe République (cf. graphique 1). D'une part, la SFIO n'a toujours pas été capable de se constituer un vivier pour rajeunir ses cadres, d'autre part, le renouvellement est plus faible et ceux qui résistent le mieux sont ceux qui disposent d'un ancrage local et qui ont donc déjà de l'ancienneté.
12Parallèlement, depuis l'ordonnance d'avril 1944, les socialistes sont confrontés à la nécessité de féminiser un parti très masculin et – il faut bien le dire – très misogyne. En 1951, Pierre Rimbert constatait que la SFIO ne comptait que 12,1 % d'adhérentes et 5,6 % de cadres féminines. Durant la IVe République, la part des femmes chez les députés ne cesse de diminuer : de 4,4 % en 1945, elles chutent à 2,7 % en 1951, pour tomber à 2,1 % en 1956. Quant au Conseil de la République, seules quatre femmes y ont accès : Gilberte Brossolette, Eugénie Éboué et Marie Oyon en 1946, puis Irma Rapuzzi en 1955.
13Après 1958, force est de constater que la disparition du scrutin de liste est fatale aux femmes. Avec la représentation proportionnelle, elles servaient, certes, souvent d'alibis et étaient mal placées sur leurs listes. Mais lorsque les socialistes avaient le vent en poupe, elles pouvaient espérer être élues, au moins par surprise. Avec la personnification du scrutin après 1958, le parti ne se risque guère à investir des femmes, et Gilberte Brossolette, veuve d'un martyr de la Résistance et qui a vice-présidé le Conseil de la République, a rejoint le PSA. De sorte qu'à l'Assemblée nationale de 1958 à 1967, aucune femme ne siège parmi les socialistes. Quant au Sénat, seule demeure Irma Rapuzzi. Cette marginalisation des femmes fait d'ailleurs écho au désintérêt total des candidats pour la question féminine dans leur campagne, alors que toutes les autres catégories de population – anciens combattants, paysans, « vieux » – font l'objet d'un soin particulier.
14Face à ces enjeux, pourtant vitaux pour l'avenir du parti, non seulement le changement de régime ne permet aucune amélioration, mais il aggrave le vieillissement et la virilisation du personnel parlementaire socialiste. On ne s'étonnera donc pas que, d'après les sondages de 1965, les suffrages socialistes ne soient féminins que pour un tiers9.
Des représentants génériques de la classe ouvrière ?
15Dans ses statuts de 1905 (art. 36), « le groupe socialiste au Parlement est distinct de toutes les fractions politiques bourgeoises et composé exclusivement des élus membres du parti, désignés par les fédérations ». La qualification de « bourgeoises » a disparu en 1945, lorsque la SFIO est devenue un parti de gouvernement, mais le reste de la formule demeure inchangé en 1969. Par ailleurs, la SFIO se définit toujours comme un « parti de lutte de classe », formule reprise dans la profession de foi du groupe de 1962. De sorte que le parti doit en théorie favoriser les candidatures ouvrières par le biais des investitures.
16Or, on constate sur le diagramme des catégories socio-professionnelles, que l'augmentation de la part des professions libérales, amorcée en 1936, atteint un quart du corpus. Chez les enseignants, la tendance amorcée sous la IVe République s'inverse avec un retour des instituteurs, que l'on peut expliquer par le nouveau mode de scrutin qui favorise l'implantation locale. Les journalistes et enseignants du secondaire, qui constituaient une grande part des cadres, ne sont plus autant représentés. L'apparente augmentation des ouvriers doit être relativisée, car seuls deux des six ouvriers déclarés le sont encore au moment de leur élection (le verrier R. Thiébault ou le technicien à l'arsenal de Toulon, Cl. Balestra).
Graphique 2 : Catégories socioprofessionnelles des parlementaires en %

Poids respectifs du parcours militant et de l'implantation locale
17Sur ce point, le passage du scrutin départemental de liste au scrutin uninominal d'arrondissement est encore plus décisif. L'ancienneté nécessaire pour être candidat au Parlement est passée de trois à cinq ans en février 1946 et reste requise jusqu'en 1969. A priori, des militants ayant adhéré avant 1953 sont donc susceptibles d'être investis. Or les trois quarts des parlementaires élus de 1958 à 1967 ont adhéré à la SFIO avant 1939.
18Néanmoins, les dirigeants nationaux ou fédéraux en exercice ne représentent plus que 20 % du corpus, alors que depuis novembre 1946 ils atteignaient environ 25 %. Pourtant, à l'occasion de la révision des statuts de 1956, la part des parlementaires au sein du Comité directeur a augmenté. C'est donc bien le changement du mode de scrutin et sa personnification qui, là encore, doivent être invoqués. La conjoncture politique et électorale a surtout permis la promotion de militants confirmés et bien implantés localement.
19Sur l'ensemble des parlementaires élus entre 1958 et 1967, plus de 87 % ont déjà détenu un mandat de conseiller général. Parmi les 16 restants, 10 ont été ou sont maires dont Gaston Defferre à Marseille (1944-1945), Fernand Duchateau à Denain (1947-1971), ou encore Edgar Tailhades à Nîmes (1947-1965). Et sur l'ensemble, près de 83 % ont déjà détenu un mandat de maire avant 1958, et 18 en détiendront un au cours de la période, comme Jean Montalat, élu à Tulle en 1959. Finalement, si l'on écarte les adjoints au maire, conseillers municipaux et autre secrétaire général de conseil général, seuls Anselme Evrard et Jean Le Bail n'ont jamais été élus locaux. À la différence de la IVe République, où le mandat national précédait encore assez souvent le local, sous la Ve République, il vient couronner le travail de terrain. Il convient donc de relativiser le renouvellement brut des parlementaires socialistes après 1958, en précisant qu'il est endogène.
Face aux défis du nouveau de régime
20Partie prenante de la IVe République, la SFIO n'a pas appelé de ses vœux son abandon. Néanmoins, lors la crise de mai-juin 1958, les parlementaires doivent envisager le retour de Charles de Gaulle, affronter la présidentialisation du régime et en finir avec le drame algérien qui les déchire.
De Gaulle, menace ou rempart de la République ?
21Le recours à de Gaulle fait l'objet de deux interprétations, radicalement inverses, auxquelles n'échappent pas les socialistes. Pour les uns, tels Alain Savary, Albert Gazier ou François Tanguy Prigent, de Gaulle se fait le complice d'un coup d'État ; pour les autres, tels Guy Mollet ou Maurice Deixonne, il est l'ultime rempart de la République contre les factieux. Les socialistes, si sévères à l'égard du 10 juillet 1940, dont le souvenir ressurgit, et très anti-gaullistes depuis 1947, ne s'accordent donc pas sur le sens à donner au retour du « général ». Le rôle de Guy Mollet dans le recours à de Gaulle est désormais bien connu, et nous ne nous y attarderons pas10. En revanche, il faut souligner la profonde division des socialistes.
22Fait exceptionnel, lors de l'investiture du général de Gaulle, la liberté de vote est accordée aux parlementaires, afin de limiter la portée du désaccord. De sorte que le 1er juin, le groupe se scinde avec 42 voix favorables contre 49. Le lendemain, les partisans d'une solution gaulliste reconduisent les pouvoirs spéciaux et votent l'article unique dotant de Gaulle des pleins pouvoirs pour six mois. Mollet devient l'un des quatre ministres d'État du gouvernement. À terme, certains de ceux qui ont refusé leur voix à de Gaulle vont fonder, ou rejoindre par la suite, le PSA, créé en septembre 1958 par Edouard Depreux. La crise du régime a donc entraîné un vaste mouvement de dissidence des parlementaires et, au-delà, la scission de la SFIO.
23Dans ces circonstances, il n'est pas surprenant de voir un plaidoyer pro domo pour le recours à de Gaulle dans les professions de foi de ceux qui sont restés, aux élections législatives de novembre 1958. Sur un fond très patriotique, les candidats entonnent le thème du sauveur de la République. « Une deuxième fois le Général a sauvé la République », écrit par exemple Charles Privat. Car « la guerre civile » (Paul Alduy, Raymond Gernez ou Fernand Duchateau) ou « fratricide » (François Var) menaçait, et seul « l'incomparable prestige » (René Dejean) du général de Gaulle a évité le pire à la nation. Certains justifient leur confiance en évoquant « l'homme du 18 juin », au premier rang desquels Mollet, mais aussi des nouveaux élus tels Denis Padovani ou Narcisse Pavot. Enfin, la plupart associent « de Gaulle et Guy Mollet » dans le sauvetage de mai-juin 1958 et appellent « à poursuivre l'œuvre de rénovation républicaine à laquelle, au côté du président de Gaulle, le parti socialiste et son secrétaire général Guy Mollet se sont attachés » (Jean Durroux ou Maurice Pic). Dans la campagne de 1962, il va de soi qu'il n'y a plus aucune trace de l'épisode de mai-juin 1958 et de leur rôle.
Face à la présidentialisation du régime
24Néanmoins, le ralliement de la SFIO au nouveau régime ne se traduit pas par une défense et illustration systématique des institutions de la Ve République. La profession de foi du groupe en 1958 donne le ton en s'achevant ainsi : « Le pays a adopté une nouvelle Constitution. Sur son berceau planent des dangers, mais les socialistes ont la volonté, dans la fidélité à la tradition républicaine, de faire vivre les institutions nouvelles, de les développer et d'écarter les risques de terrorisme, du fanatisme, de la dictature et de la guerre », ce qui laisse le champ ouvert.
25Quelques-uns critiquent le régime d'assemblée, comme Paul Alduy qui écrit lutter « depuis des années contre ses abus et ses faiblesses », ou Arthur Conte qui dénonce classiquement « la fréquence des crises ministérielles », mais ils font figure d'exception11. D'autres, en revanche, n'hésitent pas à défendre l'ancien régime, tel Raymond Gernez qui accuse de « sabotage » « ceux qui ont jeté le discrédit sur la IVe République » et « qui ont voulu la fin du régime républicain ». Ce thème est alors l'occasion d'accuser les communistes de collusion avec les forces conservatrices (Narcisse Pavot ou Raymond Gernez). En fait, l'unanimité se fait logiquement sur le nouveau mode de scrutin, une réforme électorale réclamée depuis longtemps par le parti. Implicitement, les candidats louent ses vertus, car elle permet de présenter aux électeurs des hommes du terrain qu'ils connaissent bien.
26Ayant refusé l'élection du président de la République au suffrage universel et ayant été désavoués par 62 % de « oui », les socialistes n'abordent pas les élections législatives de novembre 1962 dans les meilleures conditions.
27Assez curieusement, la profession de foi du groupe ne dit mot sur ce sujet, et reprend la déclaration de principes en vigueur depuis 1946, laquelle définit le parti socialiste comme un parti essentiellement révolutionnaire, démocratique, national et international. Très peu de candidats se risquent à mentionner qu'ils ont appelé à voter « non » au référendum d'octobre 1962 (Alphonse Le Gallo). En revanche, tous réclament « un équilibre et une séparation des pouvoirs », « un gouvernement de législature », la libéralisation de l'information et le respect des libertés syndicales ; certains revendiquent la fin des « tribunaux d'exception », séquelle de la guerre d'Algérie. Ainsi, les socialistes, convaincus que les libertés républicaines sont menacées, évoluent vers une dénonciation du « pouvoir personnel » (Guy Mollet ou André Chandernagor). Ils dénoncent, « les dangers du pouvoir absolu sans contrôle et sans frein » (Jean Montalat), « le nouveau Monarque » (Marceau Laurent), « la fausse grandeur ». François Var ironise même : « Du temps des rois, les Parlements avaient eux le droit de remontrance. »
28Or les socialistes trouvent une base inattendue de repli et d'opposition au Sénat. Il a toujours été la chambre mal aimée des socialistes et son rejet s'est accentué avec les mésaventures de Léon Blum en 1937-1938. Mais sous la IVe République, les conseillers de la République ont progressivement acclimaté cette chambre dans la culture politique socialiste.
29Aussi, dès 1959, ils œuvrent sans relâche afin de renforcer les prérogatives du Sénat, et Marius Moutet, président d'âge, critique « les abus d'un pouvoir exécutif sans contrôle » dans la séance du 29 avril 1959. En 1962, les sénateurs socialistes participent activement au « Cartel des non », et se rangent résolument derrière le président du Sénat, Gaston Monnerville. Enfin, ils relayent régulièrement, par l'intermédiaire entre autres de Fernand Verdeille, vice-président de la commission de l'Intérieur et membre du comité national de l'Association des maires de France, les revendications des maires pour défendre prérogatives et autonomie communales. L'avènement des nouvelles institutions scelle, par conséquent, la réconciliation des socialistes avec la chambre haute, ce « grand conseil des communes de France », en écho à leur implantation locale et à leur ruralisation croissantes.
Le cancer algérien
30La résorption du cancer algérien est beaucoup plus délicate. En 1958, la guerre d'indépendance reste pour eux « la guerre sans nom », comme le montre la profession de foi de Guy Mollet lui-même : « ...on peut désormais escompter dans un avenir peut-être proche que la sagesse et la générosité l'emporteront en ce cruel conflit sur le sectarisme FLN ou l'égoïsme aveugle des ultras. » On le voit, les socialistes sont désormais dans l'impasse.
31L'aspiration à « la paix » est courante, mais le contenu du mot diverge. Antoine Lacroix en détourne le sens, en proposant une pacification sur le modèle de la Terreur : « La Ve sera capable d'instaurer la paix en Algérie en s'inspirant de nos grands ancêtres de la Révolution française, dont le Général Lazare Hoche, pacificateur de la Vendée. » Une confusion totale règne dans les propositions de règlement. Selon René Dejean et Jacques Boutard, « l'Algérie doit demeurer française », alors que Francis Leenhardt pratique une classique politique de bascule en s'opposant aux tenants de l'intégration et à ceux « qui veulent que la France abandonne l'Algérie, la livrant au chaos et à la misère ». Camille Vals est le seul à attendre une solution « politique et négociée, avec les représentants qualifiés de la population, sans aucune exclusive ». Mais pour tous, « le but à atteindre demeure la coexistence harmonieuse des deux communautés, dans la reconnaissance d'une personnalité algérienne et d'une totale égalité des droits ». La question de la minorité française est, en outre, au cœur de leurs préoccupations. Pour l'heure, la plupart des élus assurent qu'il y a continuité entre la politique de Mollet et du « Parti socialiste précurseur de la paix en Algérie » et celle de Charles de Gaulle. Ils proposent donc de faire confiance à ce dernier.
32La fin de la guerre quatre ans plus tard provoque un soulagement. Un tiers des professions de foi de 1962 tourne la page ; elles ne citent pas l'Algérie ou se contentent de l'évoquer discrètement. Le règlement du conflit est toutefois l'occasion de s'opposer à politique de grandeur gaulliste. S'affirme ainsi chez les socialistes un courant « cartiériste », fort peu internationaliste, surtout dans les départements les plus pauvres (Aude, Corrèze, Creuse, Gers, etc.). François Var écrit : « L'effort financier nécessité Outremer par la guerre d'Algérie n'a que trop différé les mesures à prendre pour remédier aux misères des régions sous-développées de chez nous. » Pour Paul Vignaux, il faut « combattre pour que notre Gers ne devienne pas un désert pendant que notre argent part en investissement dans une multitude de pays sans cesse quémandeurs ». Lucien Milhau demande « une étude sévère des accords commerciaux avec le Maroc, la Tunisie et l'Algérie ». À l'inverse, dans les Bouches-du-Rhône et quelques autres départements, les députés demandent l'instauration d'une coopération franco-algérienne.
33Nombre de députés, néanmoins, déplorent la solution apportée à la guerre. Gaston Defferre rappelle ainsi sa propre politique en Afrique noire, en citant sa profession de foi de 1958 où il proclamait son opposition conjointe à l'indépendance et à la politique des ultras, et conclut : « L'UNR et les partisans de l'Algérie française, qui nous ont conduits là où nous sommes, peuvent aujourd'hui mesurer l'étendue de leurs erreurs. » Pour Paul Vignaux :
« Le douloureux problème algérien, brutalement tranché par le Pouvoir sans le moindre sentiment généreux, a provoqué l'afflux en métropole d'une multitude de pauvres gens ayant tout perdu, meurtris dans leur dignité, dans leurs biens, dans l'abandon total de tout ce qui fut leur vie avec la présence de leurs morts. Il faut les accueillir fraternellement, s'imposer tous les sacrifices nécessaires pour les aider à l'incorporer dans la Nation avec les droits et les devoirs de chacun de nous. »
34Dans le Sud tout au moins, le sort fait aux rapatriés est au centre des critiques. Si les socialistes ne sont pas unanimes sur le bilan de la guerre, tous trouvent ainsi le moyen de critiquer le gaullisme qui a su, en 1958, être le syndic de l'impasse dans laquelle était leur parti.
Les modes d'adaptations au changement
35Les parlementaires doivent donc s'adapter et y gagnent en autonomie. En campagne, les candidats reçoivent des délégués à la propagande tout un matériel au nom de la SFIO – affiches, tracts – mais également des brochures de formation telles que Arguments et ripostes, et des modèles de profession de foi pour les aider à développer leur argumentation, certes, mais aussi à rester dans la ligne du parti. Il est donc intéressant de mesurer les écarts entre ces canevas et leur texte final. Vitrine du parti, ces candidats donnent-ils une image conforme à celle que la SFIO a d'elle-même ?
Face à la personnification du scrutin, assumer la notabilisation
36Les parlementaires ne sont plus les représentants génériques de la classe ouvrière et – comme on l'a vu – cette tendance s'accentue encore après 1958. Or en 1946, la SFIO a refusé de substituer à « la lutte de classe » « l'action de classe » préconisée par Léon Blum afin de rompre avec le matérialisme historique et de s'ouvrir aux classes moyennes. La mutation la plus remarquable n'est donc pas tant la notabilisation croissante des parlementaires socialistes, déjà bien amorcée sous la IVe République, que le recul des réflexes ouvriéristes dont peu d'élus arrivaient à se libérer avant 1958, comme le montre l'étude attentive de leurs professions de foi.
37Déjà sous la IVe République, on notait leur tendance à s'affirmer de plus en plus comme les représentants de toutes les catégories sociales dépourvues, dans les faits, de capacité politique et, à cette fin, à mettre en avant leurs compétences professionnelles et leur engagement dans des associations d'utilité publique. Cette image d'eux-mêmes et cette définition de leur rôle amorçaient un glissement vers l'intérêt général.
38De 1958 à 1967, le pas est clairement franchi. Des expressions telles que « dévoué au bien public », « amour du bien public », « au service de tous ses concitoyens », ou « un élu qui soit des vôtres » sont récurrentes. Et s'ils défendent toujours « les travailleurs », on s'aperçoit que toutes les catégories de populations actives sont énumérées… sauf les femmes, ou presque. La personnification du scrutin atténue le ton idéologique, encore très marqué sous la IVe République, de leurs textes. L'affichage des présidences d'associations locales (syndicats d'électrification, d'adduction d'eau, d'HLM, etc.) prend donc largement le pas sur les marqueurs historiques, tels qu'ancien combattant de la Grande Guerre ou de la Seconde Guerre mondiale, décorations militaires et Résistance, réduits à la sécheresse d'une simple étiquette. Quant aux fonctions partisanes, elles ont déjà presque disparu en 1956. Le scrutin uninominal les autorise – et les oblige – également à mettre en avant leurs compétences de « gestionnaire » – terme que seuls les sénateurs et quelques audacieux utilisaient sous la IVe République – voire « d'administrateur » et de « réalisateur », qualificatifs absolument inusités jusque-là. De sorte que leur texte s'organise essentiellement autour de ce que leur doit déjà leur « petite patrie » (Raoul Bayou) et énumère toutes leurs réalisations municipales, cantonales ou départementales. On comprend donc que la part réservée au programme de la SFIO et à sa dimension idéologique est d'autant amoindrie.
La mise entre parenthèses de la laïcité
39Mais c'est à propos de la laïcité, valeur constitutive du socialisme français, que la rupture avec la IVe République est la plus marquée. Avant 1958, les professions de foi exigeaient la nationalisation de l'enseignement et la suppression des subventions aux écoles privées. L'adoption des lois Marie et Barangé en 1951 ayant relancé la guerre scolaire, en 1956, 86 % des élus ont fait campagne sur ce thème. Or le retour au pouvoir du général de Gaulle ravive les craintes des socialistes à ce sujet. Mais pour autant, on n'observe pas d'engagement laïque massif lors de la campagne de novembre 1958, pourtant axée sur la défense de la Liberté et de la République. Le mot « laïcité » est absent de la plupart des professions de foi. On remarque particulièrement le silence des élus du Midi « républicain », parmi lesquels cinq anciens instituteurs et le professeur Jean Durroux. La plupart ne parlent même pas de l'école. Les seules exceptions sont Raoul Bayou, qui se dit « ami de la paix et de l'école publique », et Charles Privat.
40En 1959, la loi Debré relance la querelle scolaire. André Bouloche, ministre socialiste, renonce à défendre le projet auquel s'opposent les députés de son parti. La SFIO, qui a vu ses liens se relâcher dangereusement avec la FEN et partir nombre d'enseignants au PSA, se mobilise pour la pétition laïque du CNAL et annonce qu'elle « poursuivra sa lutte pour l'abrogation des lois anti-laïques12 ». Pourtant, les professions de foi de 1962 sont bien en retrait. Dans le Midi, la laïcité de l'École et de l'État est revendiquée dans une douzaine de textes. Mais la plupart, comme Raoul Bayou, Henri Duffaut, Camille Dussarthou, Adbon Fil, Jules Moch, Louis Philibert ou Camille Vals, préfèrent parler de « défense de l'école publique » ou de « l'école de la République ». Pour Fernand Couzinet, « le problème des constructions scolaires et celui de la démocratisation de l'Enseignement public restent à résoudre ». Mais la plupart font simplement référence à l'école et à ses besoins, ou à des réformes spécifiques. Ainsi Paul Alduy est pour la gratuité de l'enseignement supérieur. Dans le Nord, on se dit le plus souvent favorable à la « liberté de conscience » et rares sont ceux qui vont plus loin. René Regaudie de la Haute-Vienne écrit ainsi : « En aucune façon, notre pays ne doit se départir du respect scrupuleux des convictions religieuses ou philosophiques de ses citoyens et la France doit demeurer le pays de la tolérance. » Ce terme est, en effet, présent dans nombre de professions de foi. Or il s'agit ici d'une véritable innovation. Peut-être peut-on y voir un écho des négociations menées par Guy Mollet avec le Vatican, ou de son appel aux chrétiens, lorsqu'il a envisagé la possibilité pour un prêtre de diriger une section ? Plus sûrement, on peut y voir un effet du scrutin d'arrondissement. Coincés entre les communistes et les gaullistes, les socialistes ont besoin de « ratisser large », jusqu'au centre-droit. Ils se disent « pour l'école publique » et « pour la tolérance » dans le même temps. Le dialogue avec les chrétiens peut s'ouvrir ; les colloques de Georges Brutelle en constituent la première illustration en 1963 ; et les rencontres avec les clubs en sont facilitées. Il y a bien là une rupture avec le laïcisme sourcilleux de la SFIO sous la IVe République.
La recomposition des forces politiques
41En juin 1958, la SFIO participe à l'Union nationale autour du général de Gaulle. La recomposition se fait donc à chaud, avec un nouveau mode de scrutin et de nouvelles alliances. Les candidats socialistes peuvent-ils se démarquer de la droite sans dénoncer les « gaullistes » ? Des élus, surtout dans le Sud, déclinent la figure classique de la défense de la République. Paul Béchard est ainsi « appuyé par la majorité des maires républicains [...], des hommes de toutes tendances, tous épris du désir passionné de défendre la République, la patrie et la liberté ». On retrouve aussi sans surprise le discours rodé de l'anticommunisme : Narcisse Pavot vilipende les « hommes du parti bolchevique » ; d'autres les « staliniens », ou le « parti de l'étranger ». Paul Mazurier revient au congrès de Tours et à ce qui les sépare de leurs frères ennemis : « La haine, le mensonge et le crime », mais aussi « le sang, les tortures ». Mais Eugène Montel dénonce aussi « la réaction ». De sorte que pour le second tour, des appels plus ou moins directs sont lancés aux électeurs communistes, devenus pour l'occasion des « républicains ». Charles Privat, qui a d'abord dénoncé le PCF, met en garde contre « l'hypothèque totalitaire de droite » et appelle à la discipline les « socialistes, républicains de toutes nuances, MRP, radicaux, électeurs communistes ». Mais nombre d'élus préfèrent ignorer le PCF. La continuité avec le discours de la IVe République n'est donc que partielle : s'il y a souvent survivance de l'anticommunisme, on note un premier recul de celui-ci.
42Les élections de 1962 poursuivent ce mouvement dans une toute autre configuration politique. Depuis janvier 1959, les socialistes sont progressivement passés dans l'opposition, tout en soutenant la politique algérienne du chef de l'État. En 1962, aux divergences sur la politique sociale et la question scolaire, s'ajoutent les désaccords sur la politique extérieure et surtout sur les institutions.
43La SFIO s'est intégrée à un « Cartel des non » dont sont exclus les communistes, mais rares sont les députés qui, comme Mollet ou Moch, y font référence. Seul l'appui radical-socialiste est affiché. Les autres partenaires sont rebaptisés « républicains » ou « démocrates », ou appartiennent à un « comité de soutien ». Si les socialistes peinent à avouer leur alliance avec la droite classique et le centre, ils sont désormais ouvertement opposés aux gaullistes. Le langage est souvent brutal. Charles Lamarque-Cando s'écrie : « Débarrassez-vous des députés-robots de l'UNR. » Pour Raymond Gernez, le pays a été victime d'une « immense mystification » et d'une « escroquerie morale » pratiquée par « les tricheurs de l'UNR, qui par les mensonges les plus cyniques ont réalisé une véritable intoxication collective ».
44Le recul de l'anticommunisme s'accentue. De virulent, il devient résiduel, disparaît pratiquement du Nord et du Pas-de-Calais, et concerne principalement les Bouches-du-Rhône, le Var ou le Limousin où l'adversaire reste à gauche. Mais, même là, le ton n'est plus celui des grandes joutes de 1947 à 1958. L'UNR est devenu l'ennemi principal dès avant le premier tour. On comprend ainsi la relative facilité avec laquelle est accepté le changement de tactique après le plus mauvais score de la SFIO depuis 1910 (12,4 % des exprimés). Le 12 novembre 1962, Guy Mollet, interrogé sur les désistements, lance un appel à battre les candidats UNR, quitte à faire élire quelques candidats du PCF, car « il y a une hiérarchie des urgences ». Dans l'Hérault, Jules Moch lui-même tient meeting commun avec les communistes, dont Raoul Calas et François Billoux.
45Dans l'immédiat, cet arrangement, présenté comme purement tactique, sauve les socialistes qui gagnent 23 sièges. Avec l'échec flagrant du « Cartel des non », la logique bipolaire se dessine. Mais rien n'est décidé : le choix d'une stratégie entre l'union des gauches et la Troisième Force reste à faire. Il sera au centre des débats entre partisans de la « Grande fédération » et ceux de la FGDS.
46Par conséquent, la rupture politique et institutionnelle de 1958 n'impulse pas de véritable renouvellement du personnel parlementaire socialiste ; il est plus faible qu'à la Libération et tout aussi endogène. Le vieillissement s'aggrave et la féminisation, déjà ridiculement faible, régresse, ce qui à terme obère l'avenir de la SFIO. En revanche, l'implantation locale des parlementaires socialistes se poursuit. Après avoir soutenu le retour au pouvoir du général de Gaulle et l'instauration de la Ve République, dès le règlement du conflit algérien, ils s'accordent pour dénoncer la présidentialisation croissante du régime. Mais nombre d'entre eux n'arrivent pas à faire leur deuil de l'Algérie française. Néanmoins, dans l'ensemble, les parlementaires socialistes manifestent une grande capacité d'adaptation au nouveau régime et à la personnification du mode de scrutin, en assumant leur notabilisation et en oubliant pour un temps leur attachement à la laïcité au profit d'une tolérance favorable à l'ouverture aux chrétiens. À partir de 1962, s'ils n'épargnent plus de Gaulle lui-même, ils concentrent leurs attaques sur l'UNR, qui devient désormais l'ennemi principal en lieu et place du PCF. Cette érosion de leur anticommunisme, aussi, leur permettra des rapprochements ultérieurs.
47À la veille du renouvellement de 1967, il est difficile de déceler le moindre signe annonciateur de la rupture majeure que sera le congrès d'Épinay en terme de personnel. En revanche, des inflexions politiques majeures sont déjà observables sur la laïcité ou le rapport aux communistes. Mais ce qui domine parmi les socialistes en ces années de transition, mis à part le refus collectif du gaullisme à partir de 1962, c'est le dissensus, ou tout au moins la difficulté à adopter des positions communes.
Notes de bas de page
1 Cf. Gilles Morin, De l'opposition socialiste à guerre d'Algérie au Parti Socialiste Autonome (1954-1960), thèse de doctorat d'histoire, Paris I, 1992, 3 tomes, 704 p.
2 Cette étude, portant sur les élus SFIO de 1956 à 1967, soit 367 parlementaires, a été réalisée à partir d'une base de données prosopographiques sur les cadres et élus socialistes SFIO de 1905 à 1969. L'ensemble sera accessible en 2007 sur le site de la Fondation Jean Jaurès.
3 Cf. Noëlline Castagnez, Socialistes en République. Les parlementaires SFIO sous la IVe République, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004.
4 Cf. Éric Duhamel, « L'avènement de la Ve République et les forces politiques », dans Fondation Charles de Gaulle, L'avènement de la Ve République, A. Colin, 1999, p. 199.
5 Les municipales des 8 et 15 mars 1959 marquent une grande stabilité par rapport à celles de 1953 et un reflux du courant gaulliste qui a porté le nouveau régime.
6 Lucien Bernier (Guadeloupe, ancien élu de l'Assemblée de l'Union française), Michel Champleboux (Puy-de-Dôme), Maurice Coutrot et Georges Dardel (Seine), Roger Thiébault (Loiret) et Émile Dubois (Nord).
7 Clément Balestra et Edouard Bellegou (Var), Roger Lagrange (Saône-et-Loire), Léon Messaud (Haute-Garonne), Gustave Philippon (Haute-Vienne), Georges Rougeron (Allier), René Toribio (Guadeloupe) et Maurice Vérillon (Drôme).
8 Tony Judt, La reconstruction du Parti socialiste 1921-1926, Presses de la FNSP, 1976, 231 p.
9 En 1965, sur 100 électeurs socialistes, il y a 37 femmes.
10 Cf. ci-dessous François Lafon, p. 89-100.
11 Notons qu'ils sont tous deux du même département, les Pyrénées-Orientales.
12 Lettre du 14 novembre 1962 à la Fédération protestante de l'Enseignement.
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Les partis et la République
Ce livre est cité par
- Bernard, Mathias. (2008) Histoire politique de la Ve République. DOI: 10.3917/arco.berna.2008.01.0321
- Audigier, François. (2018) Les Prétoriens du Général. DOI: 10.4000/books.pur.168098
Les partis et la République
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