Censures, contrôles, régulation dans les télévisions européennes des années 1970 aux années 1980
Censorship, Control, Regulation in the European Broadcasting Televisions from the 1970’s to the 1980’s
p. 135-147
Résumés
À travers l’étude de trois cas nationaux – France, Grande-Bretagne, Allemagne – cet article analyse le rapport des télévisions aux autorités qui les contrôlent. Plusieurs cas de censure sont étudiés, qui montrent la surveillance exercée sur le média de masse par excellence par un pouvoir politique attentif à tout ce qui pourrait remettre en cause l’ordre établi. L’évolution des technologies et des mœurs conduit à un déplacement autant qu’à un desserement de la contrainte.
Through the study of three national cases– France, Great Britain, Germany– this article analyzes the relationship between televisions and the authorities which control them. Several cases of censorship are studied, which show the surveillance exercised on the most important mass media by a political power attentive to all which could question the established order. The evolution of the technologies and of the moral standards of the societies leads to a shift as much as a loosening of the constraint.
Entrées d’index
Mots-clés : télévision, censure, contrôle, régulation
Keywords : television, censorship, control, broadcasting regulation
Texte intégral
1Pour les télévisions européennes, les années 1970-1980 sont des années de bouleversement des paysages audiovisuels : ceux-ci se transforment sous l’effet des mutations politiques, sociales, techniques : les chaînes de télévision publiques et privées sont plus nombreuses1 ; le câble et le satellite étendent l’espace de communication et par là la circulation internationale des nouvelles et des images. Les régimes de censure et de contrôle en Europe se modifient aussi bien dans les démocraties libérales qu’en Europe de l’Est. Trois modèles de télévision faisaient référence et dominaient le paysage2 depuis les débuts des télévisions en Europe :
- Celui de la télévision de service public à la française3 construit autour du triptyque « Informer, instruire, distraire4 », où l’État a le monopole de programmation. Cette télévision évolue dans les années 1950 vers une télévision de gouvernement5. Les chaînes privées se développent après 1984.
- Le modèle britannique, modèle mixte qui faisait coexister la BBC télévision de service public et la télévision commerciale ITV autour des mêmes missions : ce modèle est considéré comme la référence en matière d’indépendance.
- La télévision des pays autoritaires (URSS, démocraties populaires d’Europe de l’Est), télévision où l’État détenait le monopole, contrôlait le contenu des informations et des programmes, diffusait une propagande d’État.
2Comment ces modèles traversent-ils les événements politiques et sociaux des années 1970 à 1990 ? En particulier les événements des années 1968 et ceux de l’année 1989 ? Comment les télévisions européennes s’adaptent-elles ? Quelles transformations opèrent les régimes de censure et de contrôle politique, social, culturel, moral à travers ces évolutions ? Nous nous pencherons sur les cas de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne.
Censure et contrôle en France
3Depuis ses débuts la télévision française connaît le contrôle et la censure des programmes. La censure politique s’y est installée à la faveur des élections présidentielles de 19536 puis de la guerre d’Algérie dès 19567. Il faut ajouter que de Gaulle était interdit d’antenne sur la radio et la télévision depuis la création du RPF en 1947. Quand il revient au pouvoir en 1958, il a beau jeu de dire qu’il a « aboli » la censure. En fait, si la censure sous de Gaulle se situe dans la continuité de la IVe République8, elle s’effectue aussi à travers de nouveaux dispositifs sous l’autorité du ministre de l’Information et en s’appuyant sur le SLII9 qui, depuis 1963, travaille quotidiennement au contrôle a priori des programmes et dont nous avons grâce à Alain Peyrefitte lui-même les archives quotidiennes qui ont été versées aux Archives nationales10.
4Il faut ajouter à l’exercice de cette censure politique à large spectre un dispositif de contrôle moral et de régulation symbolisé depuis 1961 par le rectangle puis le carré blanc qui est situé en bas à droite de l’écran de télévision et qui indique les spectacles déconseillés aux mineurs. La régulation passe également par la grille de programmes qui depuis les années 1960 ajuste l’emploi du temps en fonction des âges11 et des publics.
5En 1968 les différentes facettes du contrôle et de la censure à la télévision ont été largement remises en cause par les journalistes de l’ORTF et par le mouvement social. Le secrétariat d’État à l’information et le SLII ont été supprimés. Le gouvernement, cependant – à l’exception de l’intermède libéral de la « nouvelle société » (1969-1972) –, n’entend pourtant pas remettre en cause son contrôle sur la télévision qu’il justifie par la mission de représentation de la France qu’il lui confère. Le président de la République Georges Pompidou déclare ainsi dans une conférence de presse le 21 septembre 1972 :
« Le journaliste de télévision n’est pas tout à fait un journaliste comme les autres. Il a des responsabilités particulières. Qu’on le veuille ou non, la télévision est considérée comme la voix de la France et par les Français et par l’étranger. »
6Dès les années 1970 la censure se déplace des programmes d’information aux autres secteurs des programmes, ce que ne cessent de dénoncer de nombreux contemporains12. Le réalisateur Marcel Bluwal estime même que cette censure est pire que celle de la période gaulliste car elle frappe désormais non seulement le secteur politique mais aussi celui des programmes, donc les réalisateurs et la création.
7L’homme qui met en œuvre cette politique est le directeur général de l’ORTF Jean-Jacques de Bresson qui publie une circulaire sur la « séparation des genres » en décembre 197013 :
« Les questions politiques, économiques et sociales doivent être traitées exclusivement dans les émissions d’information prévues à cet effet. »
8Cette censure dans sa mise en œuvre concerne non seulement les émissions d’art qui parlent de politique14 mais aussi tous les mélanges de genres comme, par exemple, les émissions scientifiques qui parlent de science-fiction15.
9Elle peut être considérée comme une réponse au « tout est politique » des soixante-huitards… Au nom de cette circulaire plusieurs interdictions sont prononcées. De Bresson exprime également une volonté de contrôle moral. Il déclare à Écran 72 :
« Je relève depuis quelque temps dans différentes émissions tant radiodiffusées que télévisées, des séquences dont les sujets, les images, les propos, le ton manifestent pour la violence, le relâchement des mœurs, l’irresponsabilité, la facilité d’inspiration ou d’expression une certaine complaisance peu compatible avec les exigences d’un organisme chargé du service public. »
10À partir de 1972 se dessine une véritable reprise en main de tous les secteurs de la radio-télévision en même temps que le PDG Arthur Conte est révoqué et remplacé par Marceau Long. L’Etat, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing supprime l’ORTF en 1974 mais n’entend pas pour autant abandonner le contrôle sur l’information comme le prouve la mise en place de la Délégation générale à l’information (DGI) dirigée par Denis Baudouin, PDG de la SOFIRAD16 avec Henri Pigeat comme adjoint17 ; la DGI doit « assister » le premier ministre et se présente comme une sorte de résurgence non aboutie du SLII.
Cas de censure
11La censure telle qu’elle est pratiquée à l’initiative du gouvernement et de la direction de la télévision peut s’exercer dans les années 1970-1980 pour des raisons politiques comme morales. Ses injonctions conduisent également à la pratique plus ou moins consciente et déclarée de l’autocensure.
12Afin d’examiner les cas de censure nous pouvons nous appuyer sur les documents issus de l’Enfer qui ont été conservés par l’Institut national de l’audiovisuel (INA)18 ainsi que sur les dossiers documentaires Censure et télévision réunis par l’INA. L’Enfer de la télévision était :
« Une petite pièce située deuxième sous-sol de [l’]immeuble [de la rue Cognacq Jay] et où étaient entreposés tous les reportages et les rushes censurés du temps de l’ORTF. Les journalistes l’appelaient ainsi en référence à l’“enfer” de la Bibliothèque nationale où étaient enfermés les livres jugés subversifs. “La plupart du temps, les raisons de cette mise au purgatoire étaient politiques, mais il y avait aussi des problèmes de droits et des questions juridiques”, explique Michel Raynal, directeur délégué adjoint aux collections de l’INA19. »
13La période couverte par les documents de l’Enfer va de 1956 (au moment de la crise de Suez) à 1986. L’INA en a dressé deux inventaires en 1974 et en 1980. Un travail de classement et de publication de ces documents audiovisuels est intervenu plus récemment. Le fonds contient en particulier un ensemble de documents sur la guerre d’Algérie liés au Putsch des généraux en avril 1961 et intitulés « émissions pirates ». On y trouve des émissions de tous les genres, politiques, sociaux, divertissements. Des documents diffusés et des non diffusés. Pour certaines on sait clairement, en particulier en croisant avec des sources de presse pourquoi elles ont été enfermées et interdites de diffusion20. Dans certains cas on ne connaît pas la raison de la mise en Enfer. Enfin il y a quelquefois des procès et affaires juridiques en cours qui justifient la non-diffusion. Mais on dispose aussi de courriers dans les archives de l’Ina qui montrent qu’un document peut être « sorti de l’Enfer ». Depuis 1992, lorsque la vidéothèque d’actualité a quitté la rue Cognacq Jay, il n’y a plus d’Enfer.
14La censure très présente dans les années 1970 tend à s’effacer dans les années 1980. Dans tous les cas, la principale limite à la censure en France est sa publicité dans la presse. Chacun des cas de censure y est régulièrement dénoncé comme le démontre le dossier établi par l’INA sur les émissions de l’Enfer qui ont été censurées.
15Lors d’un colloque, à Bourges en mars 1994, Jérôme Bourdon21 avait établi une typologie des cas de censure à la télévision ; il distinguait : les offenses au chef de l’État, au gouvernement, aux institutions publiques ; la mise en cause des pays amis dans les sujets de politique étrangère ; l’évocation d’épisodes douloureux du passé récent ; la présence de sujets offensant la morale et les bonnes mœurs. En relation avec ces catégories nous pouvons citer quelques exemples qui les illustrent dans des contextes variés.
16Ainsi l’imitation du général de Gaulle par le comique Thierry le Luron dans l’émission Cadet Rousselle en novembre 1971 rend ce dernier « indésirable à la télévision » pendant deux mois. L’évocation de la Collaboration comme dans le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophuls22 ou encore celle de la guerre d’Algérie sont sujettes23 à la censure. L’extrait de 5 minutes du film La bataille d’Alger a été supprimé du magazine Panorama du 12 juin 1970 par décision du conseil d’administration de l’ORTF et de Pierre Desgraupes. En février 1972 l’ORTF a différé la diffusion du feuilleton Mandrin qui pourrait, d’une part, être un éloge des malfaiteurs, d’autre part, évoquer de façon trop précise les commerçants en révolte contre le fisc avec Gérard Nicoud24.
17Il faut ajouter à ces cas de censure l’autocensure qui est attestée par les témoignages. Les journalistes comme Patrick Poivre d’Arvor affirment qu’ils se sentent sous pression de tous les bords. Pierre Schaeffer25 en explique le mécanisme dans les Informations, en novembre 1973 :
« C’est beaucoup plus subtil. Il y a surtout de l’autocensure, et dans cette prudence une certaine pudeur : l’importance du média, instinctivement ressentie, détourne les journalistes de la critique aventureuse ou prématurée qui risque de faire plus de mal que de bien […]. Évidemment il y a aussi des autocensures dues à la lâcheté, d’autres dues à des pressions. Un très bon moyen de garantie consisterait à exiger de tout “censeur” une recommandation écrite, avec exposé des motifs. »
18Le pouvoir par l’intermédiaire du directeur général de l’ORTF puis de son PDG use également d’autres moyens pour contrôler et censurer : à travers la programmation des deux chaînes, pour diminuer l’audience de Pierre Desgraupes dans son journal quotidien il fait programmer à la même heure un feuilleton sur la deuxième chaîne ; en face de À Armes égales, débat d’information, on place l’émission de variétés Cadet Rousselle si bien que l’audience est réduite de moitié. Des émissions peuvent être « gelées » pendant de longs mois. On exige des réalisateurs des suppressions, des remontages, on fait pression sur eux à travers les contrats26. Dans l’ensemble, on peut parler d’une censure qui s’exerce dans de multiples directions quelquefois imprévisibles.
19Deux cas ont été très médiatisés mais ils ne sont que la pointe émergée de l’iceberg : il s’agit de la censure qui frappe Michel Polac27 à plusieurs reprises et celle dont fut victime Maurice Clavel. Cette censure concerne deux intellectuels qui ont poussé l’ORTF dans ses retranchements afin de démontrer publiquement la nature autoritaire de l’institution.
20Michel Polac animait l’émission Post-scriptum : il l’avait consacrée le 20 avril 197128 à l’inceste et à un film de Louis Malle. L’émission a suscité un vif mécontentement de téléspectateurs. Le CA de l’ORTF a rédigé une directive : « Il souligne à cette occasion que l’ORTF établissement d’État assurant un service public national ne saurait par aucune de nos émissions heurter délibérément la sensibilité ou les convictions profondes du public et moins encore ignorer la loi ou inciter à la violence. » L’émission hebdomadaire est supprimée. Il est intéressant que la presse, tous bords confondus, ait soutenu Polac au nom de la liberté d’expression mais aussi qu’il ait reçu le soutien de membres du CA de l’ORTF comme le conservateur de la Bibliothèque nationale Julien Cain, le recteur Mallet et de plusieurs ministres comme Jacques Duhamel ou Olivier Guichard. Le départ brutal de M. Clavel « Messieurs les censeurs bonsoir » lors de l’émission À armes égales le 13 décembre 1971 dans laquelle il se confrontait à l’apôtre de la censure des mœurs Jean Royer après qu’on ait coupé une séquence de son film « Le soulèvement de la vie29 » semble relever du même acabit.
21Les années 1970-1974 sont donc des années d’affrontement, de raidissement des positions des partisans et adversaires de la censure. L’UDR30 est divisée : son secrétaire général Tomasini, Robert Poujade se mobilisent contre le projet de « nouvelle société » moins contrôlée de Chaban Delmas31. Dans le camp adverse se développe une mobilisation pour lutter contre la censure : autour de L’Humanité, du magazine Télé Liberté32, de Tribune socialiste, mais aussi de Télérama, d’André Brincourt, de Jacques Siclier, du Syndicat national des journalistes.
22En juin 1971 un Comité national pour la liberté de création et d’expression artistique se crée contre la censure. Il regroupe « aussi bien les auteurs, les compositeurs, les metteurs en scène, les animateurs de théâtre et de troupes dramatiques, les réalisateurs de cinéma, les réalisateurs et producteurs de tv et de radio, que les comédiens, les musiciens, les artistes de variétés, les techniciens, les ouvriers de toues les disciplines ». Il publie une brochure La censure dénoncée par ceux qui la subissent33. Marcel Bluwal, un de ses porte-parole s’attache à dénoncer non seulement les censures spectaculaires mais aussi les « censures latentes » :
« En fait une “autre forme de censure beaucoup plus importante car elle n’est pas ponctuelle” […]. “C’est une censure générale, complète, rigoureuse, à tous les niveaux, une censure latente et qui s’exerce partout, depuis le DG en passant par le CA, jusqu’au bas de l’échelle, je dirai jusqu’au Régisseur. C’est de cette censure-là que je veux parler essentiellement”34. »
23Pour M. Bluwal la télévision étant devenue un « moyen de communication de masse », le pouvoir en a conscience et exprime une volonté de contrôle. La réorganisation de l’ORTF, explique-t-il, dans laquelle 21 sections ont été mises en place aboutit à un contrôle total par les chefs de production qui devenus administrateurs des programmes, choisissent les émissions, les producteurs, les réalisateurs, les interprètes et enfin sont devenus « [des] censeurs : ils font observer sur tous les plans la conformité du produit fini au projet d’émission présenté ». Bluwal en appelle à une rénovation démocratique de l’ORTF et à la « liberté de création ».
24À la suite des différents rapports35 publiés sur l’ORTF, de débats contradictoires un consensus se dessine en faveur de la création d’une « instance juridique qui arbitre les différents de l’ORTF avec l’exécutif et qui soit distincte du gouvernement et de l’Office ». Le rapport Moinot36 « Pour une réforme de l’audiovisuel » établi à la demande du Premier ministre Pierre Mauroy publié le 30 septembre 1981 se prononce pour la création d’une Haute Autorité « chargée d’assurée l’Unité du service public et de garantir son indépendance ».
25Une autre politique se dessine à partir de 1982 et de la loi sur la communication audiovisuelle qui garantit la liberté de la communication audiovisuelle, 101 ans après de la loi de 1881 sur liberté de la presse, la loi prévoit la création d’une Haute Autorité « chargée de garantir l’indépendance du service public de la radiodiffusion sonore et de la télévision ». Néanmoins les vicissitudes des instances successives de régulation de l’audiovisuel, successivement la Haute Autorité (1982), le CNCL37 (1986), le CSA38 (1989) démontrent que le lien entre le pouvoir politique de droite ou de gauche et cette instance n’est pas totalement rompu. Cependant d’étapes en étapes, de conflits en conflits, l’indépendance se construit.
26Ainsi lorsque l’émission Résistances du 27 janvier 1983 annonce par la voix de Pierre Lescure la suppression du sujet consacré aux prisons marocaines, cette censure déchaîne les questions, « les spéculations se déchaînent : l’Élysée est intervenu, la TV reste la voix de la France, les journalistes sont en liberté surveillée39 ». Cependant la censure a été ici assumée à visage découvert.
27En mai 1985 la diffusion sur Antenne 2 du film du réalisateur Mosco sur le groupe Manouchian « Des terroristes à la retraite » est annulée à l’initiative de la Haute Autorité. Cette censure soulève un débat public d’importance qui atteste les mutations en cours. Dans ce film, Mme Manouchian accuse les communistes d’avoir sacrifié ces combattants. Le Parti communiste et des anciens résistants qui ont visionné le film avant diffusion comme Claude Bourdet ou Pierre Sudreau saluent l’interdiction. Celle-ci a été dénoncée de façon magistrale dans le journal Le Monde sur le plan juridique par l’avocat Georges Kiejman qui a estimé que la Haute Autorité avait fait œuvre de censure, sortant de ses compétences. « Seul le président du Tribunal était chargé par la loi de prendre position sur des demandes de droit de réponse formulées par des personnes mises en cause dans des émissions qui portent atteinte à leur honneur. » Et d’ajouter : « La Haute Autorité pouvait choisir entre trois possibilités : inviter les plaignants à saisir les tribunaux ; maintenir la programmation et demander qu’elle soit suivie d’un débat plus large que celui organisé dans le film lui-même ; l’interdire purement et simplement. » De son côté, le ministre Georges Fillioud a estimé que cette interdiction n’était pas conforme à la loi.
28Désormais, si on met à part l’affaire Polac devant la CNCL40 et son licenciement en 1987 par Bouygues41, le contrôle et la régulation se concentrent sur le respect du pluralisme (en particulier en période électorale sur les temps de parole), la protection de l’enfance et de la jeunesse, la prohibition de l’érotisme et de la pornographie aux heures de grande écoute : l’article 15 de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication confie au CNCL, puis au CSA la mission de veiller à la protection de l’enfance et de l’adolescence.
29Le 21 juillet 1988, saisi par la CNCL, le Conseil d’État a ordonné la déprogrammation du film érotique « Joy et Joan » prévu à 20 heures 30 sur la Cinq : l’annonce de la programmation à 20 heures 30 avait suscité des protestations indignées de Jack Lang et Catherine Tasca. La Cinq a dû diffuser « Joy et Joan » à 22 h 3042. La directive du 5 mai 1989 précise : « Ni les téléfilms susceptibles de heurter la sensibilité des jeunes, ni les films de cinéma interdits aux mineurs ne doivent être diffusés avant 22 h 30. » Cette directive suscite de nombreuses réactions de professionnels de la télévision et du cinéma qui parlent d’« inquiétante atteinte à la liberté de choix des téléspectateurs », d’une « méconnaissance des problèmes de télévision, de cinéma et de censure43 ».
30Le 20 avril 1990 le CSA réprouve la scène de l’Amour en France (Karlin-Lainé) dans laquelle un enfant est invité à se déshabiller et montrer son sexe à ses camarades dans des fins d’éducation sexuelle. Accusé de censure, le CSA se défend d’avoir voulu censurer l’Amour en France et publie un communiqué pour s’en expliquer le mercredi 25 avril 199044.
31Plusieurs débats télévisés portent sur la violence, le degré de violence et le type de violence que l’on peut montrer, dans les mangas japonais par exemple.
32Ainsi des années 1970 à la fin des années 1980 la censure à la télévision est progressivement frappée d’illégitimité. Les instances de contrôle et de régulation mises en place voient leur champ d’intervention s’orienter vers la défense de l’indépendance du service public, le respect des obligations des chaînes publiques et privées et la protection de l’enfance et de l’adolescence. Ceci dessine en creux une nouvelle conception de la télévision, de son rôle social et des libertés que l’on entend protéger.
La Grande-Bretagne et la censure
33La France, dans ces années de mutation de l’audiovisuel, a les yeux tournés vers la BBC censée incarner le modèle des télévisions. Au Royaume-Uni, deux types de télévision coexistent, l’une publique, la BBC, l’autre privée, ITV financée par la publicité depuis 195445. On peut considérer que les années pendant lesquelles Margaret Thatcher est premier ministre de 1975 à 1990 menacent le modèle d’indépendance de la BBC46.
34Plusieurs cas de censure jalonnent la période Thatcher et soulèvent des levées de bouclier : ils se déroulent en période de guerre (guerre des Malouines en 1982, guerre du Golfe en 1990-1991). Ils sont liés à la question irlandaise, aux menaces de « terrorisme », mais aussi à des questions de mœurs.
35Les journalistes de la BBC sont sous haute surveillance entre avril et juin 1982 pendant la guerre des Malouines47. Le gouvernement insiste pour qu’ils abandonnent tout langage de neutralité et limite l’accès des journalistes aux informations. De même, pendant la guerre du Golfe les journalistes présents sont l’objet de pressions. Leur accès à l’information est limité, comme d’ailleurs celui des autres journalistes européens. Comme l’explique Daniel Ruff, en août 1985,
« la BBC s’apprêtait à diffuser un documentaire intitulé The Edge of the Union sur la vie de deux hommes politiques irlandais de partis opposés du conflit (Martin McGuinness du Sinn Féin et Gregory Campbell du Democratic Unionist Party), dans la série d’émissions intitulée Real Lives. Le Ministre de l’Intérieur, qui avait la responsabilité de l’audiovisuel à l’époque, Leon Brittan, formula une demande publique à la BBC de ne pas diffuser le programme. Il justifia sa demande en évoquant la sécurité intérieure […]. En l’absence du Directeur Général Alasdair Milne, qui était en vacances, le Conseil d’administration décida de visionner puis d’interdire l’émission. Ces décisions étaient sans précédent ; le Président du Conseil d’administration, Stuart Young, se justifia, en partie, en rejetant la responsabilité sur le Ministre. De nombreux journalistes, à la BBC et ailleurs, virent dans l’interdiction de l’émission une capitulation face à la pression gouvernementale, et la réussite d’une tentative de censure contre la Corporation. Ils organisèrent une grève nationale, le 6 août, pour protester contre l’attitude partisane du Conseil d’administration48 ».
36La grève suivie également par les journalistes de la BBC et d’ITV, et le refus par des cadres de la BBC de la condamner, ne firent qu’empirer l’image de la Corporation auprès du gouvernement. Plusieurs députés conservateurs exigèrent, dans la presse, des changements dans l’équipe de direction. Sur TF1 l’émission Sept sur sept du 15 septembre 1985 s’interrogea alors sur la fin du modèle de la BBC : « La BBC : un mythe ébranlé ». Les gouverneurs de la BBC acculèrent le directeur général Alasdair Milne à la démission. En octobre 1988 une ordonnance interdit le passage à l’antenne de représentants d’organisations irlandaises terroristes. Cette interdiction se prolongea jusqu’en 1994.
37Une autre affaire de censure éclata en 1986 quand le Conseil d’administration décida d’interdire l’émission Secret Society, qui devait faire des révélations sur le financement et la construction d’un satellite espion. Quand l’auteur du reportage décida de publier ses informations dans le New Statesman, le gouvernement interdit la publication de l’article, et autorisa une perquisition des locaux de la BBC, à Glasgow, pour trouver la source des informations communiquées au journaliste49.
38Ces différentes affaires caractérisent le contrôle que le gouvernement de Margaret Thatcher tente d’établir sur la télévision en invoquant les intérêts nationaux en temps de guerre et les dangers du terrorisme. Cependant les réactions que ces affaires suscitent en Grande-Bretagne comme à l’étranger démontrent à quel point l’image de liberté et d’indépendance de la BBC est en elle-même un garde-fou contre le développement de la censure qui est immédiatement publicisée et dénoncée comme étrangère aux traditions britanniques.
La censure dans les deux Allemagne
39En Allemagne, les années 1970-1980 sont dominées par la « guerre des ondes50 », achevée en 1989, dans laquelle s’affrontent à travers propagande et contre-propagande les deux modèles de télévision de la RFA et de la RDA. À l’ouest seuls les Lander ont compétence sur l’audiovisuel. Ils doivent organiser les rapports entre secteur privé (depuis 1985) et secteur public. La télévision a la liberté de programmation. À l’est la télévision est entièrement sous le contrôle du SED51. Comme l’explique Isabelle Bourgeois, elle subit à la fois la censure a posteriori et la censure a priori52. Elle est conçue comme un instrument de lutte contre la propagande de l’ouest53.
40Le programme « Der schwarze Kanal » (le « canal noir », noir comme l’impérialisme occidental) magazine hebdomadaire de propagande (durée : 20 minutes) lancé en 1960 en RDA, en pleine guerre froide n’est déprogrammé qu’à la chute du Mur. En réaction à la « politique de démarcation » de la RDA, la deuxième chaîne ouest-allemande (ZDF) a de son côté lancé en 1971 un magazine politique hebdomadaire d’une demi-heure qui se veut l’émission par excellence d’une Allemagne unie : (« Matricule D », D comme Deutschland) :
« Sa mission est double : servir de correctif à la propagande de la RDA, mais aussi et avant tout à l’effet trompeur que pouvaient avoir sur des téléspectateurs est-allemands délibérément tenus à l’écart des réalités ouest allemandes les programmes de la RFA (et la publicité). Réputée pour l’honnêteté et l’objectivité de son information, elle était très prisée des Allemands de l’Ouest et de l’Est. Pour ces derniers, elle était l’une des sources d’information les plus crédibles sur la RDA54. »
41ZDF, la deuxième chaîne de télévision allemande diffuse en 1986 la « petite fenêtre » de Eckart Stein : des messages télévisés d’Ouest en Est, sortes de petits clips mis en scène par des évadés de l’Est qui voulaient s’adresser à leurs proches et familles.
42La télévision allemande de l’Ouest jouit de garanties de liberté constitutionnelles. Néanmoins, dans les années 1970, on peut relever une multiplication d’interventions à caractère politique dans les médias. Dans un article intitulé « À propos de la chasse aux sorcières », le journal Le Monde évoque les mesures d’interdictions professionnelles dans la fonction publique qui visent gauche et extrême gauche allemande. Le même article signale le licenciement du journaliste Arno Munster de la chaîne WDR de Cologne « pour avoir exprimé un point de vue trop progressiste sur le Portugal et avoir protesté contre la censure qui a touché ses reportages radiophoniques à ce sujet55 ». Il met en cause la CDU et la droite social-démocrate qui poursuivent de leurs accusations des « cellules rouges » à la radio et la télévision. Une campagne orchestrée par une « action radio et TV » se développe en faveur d’une procédure qui lierait les personnels de radio et de télévision par un « engagement écrit56 ». Les cas de censure les plus manifestes à l’Ouest concernent le terrorisme et les informations liées à la bande à Baader. La visite de Jean-Paul Sartre en décembre 1974 à la prison de Stuttgart57 a été censurée58. Le reportage qu’Antenne 2 a consacré à Klaus Croissant59, l’avocat de la bande à Baader frappé d’une interdiction professionnelle en Allemagne, est dénoncé par la presse ouest allemande et par des membres du gouvernement allemand.
43Les informations circulent entre l’Ouest et l’Est de l’Allemagne dès les années 1970 grâce aux relais déployés le long du mur et aux possibilités ouvertes par le satellite. Dans les années 1980, 90 % des Allemands de l’Est s’informent par le biais des télévisions de l’Ouest. Ils suivent massivement les programmes de divertissement de l’Ouest60. Au moment de la chute du Mur de Berlin, la télévision de l’Ouest devint la première source d’informations pour l’Est. Jacques Sémelin61 a montré le rôle de la télévision de la RFA comme acteur des événements au moment de la chute du mur de Berlin. Cependant, il y a débat sur l’importance plus ou moins grande que l’on prête aux médias de l’Ouest dans l’effondrement du Mur62.
***
44Ce tour d’horizon des censures des télévisions européennes permet de voir fonctionner des systèmes de censure. Toutes les télévisions des démocraties européennes, même celles jugées les plus libérales, instituent un contrôle voire une censure de l’information en temps de guerre et font œuvre de censure face aux menaces jugées « terroristes ». Cependant les moyens techniques disponibles dans les années 1970-1980, le développement des réseaux hertziens, ceux du câble et du satellite permettent la libre circulation des informations et des programmes de télévision. Tout examen des censures doit s’accompagner de celui, en creux, de ce que la société concernée entend contrôler, interdire et donc de ses valeurs. C’est en leur nom que se prennent les décisions de régulation et de contrôle social des médias.
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10.2307/3771757 :Dickason R., « La BBC, imperméable à la propagande ? De la guerre des Malouines aux guerres du Moyen-Orient », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2003/4 no 80, p. 71-81.
10.3917/tdm.001.0065 :Duccini H., « Carré blanc et signalétique télévisée en France, 1961-1998 », Le Temps des médias no 1, automne 2003, p. 65-76.
10.3917/tdm.001.0213 :Veyrat-Masson I., « Censure, autocensure : maladies des médias ? », entretien avec Michel Polac, Le Temps des médias, 2003/1 no 1, p. 213-222.
Notes de bas de page
1 En France TF1 est privatisé en 1987. Canal + naît en 1984.
2 E. Cohen, « La télévision dans les démocraties européennes (années 30-années 80) », in La démocratie aux États-Unis et en Europe, Nantes, Éditions du Temps, 1999, p. 211-229.
3 La Radiodiffusion télévision française (RTF) a été successivement une administration de l’État, un établissement public industriel et commercial (EPIC), un Office de radiodiffusion télévision française (ORTF).
4 Ce triptyque fondateur des télévisions européennes s’est lui-même modulé en fonction des politiques culturelles et des contours du projet culturel mis en œuvre. On peut, en simplifiant parler du passage d’une télévision de démocratie citoyenne qui voulait instruire le téléspectateur à une télévision de divertissement et de culture. La formulation évolue alors vers « Informer, éduquer, distraire » ou encore « informer, cultiver, distraire ».
5 E. Cohen, « Télévision, pouvoir et citoyenneté-Les années 50 », in M.-F. Lévy (dir.), La télévision dans la République, Bruxelles, Complexe, 1999, p. 23-41.
6 Le spectacle donné par les treize tours de scrutin pour l’élection du président Coty desservant l’image de la France a été interrompu à l’initiative du gouvernement.
7 Les images de Guy Mollet recevant des mottes de terre (« les tomates ») déshonorèrent la présidence du Conseil qui institua un contrôle journalier sur l’information du journal télévisé.
8 E. Cohen, « Mai 1958 : les événements télévisuels dans l’événement politique », in C. Delporte et A. Duprat (dir.), L’Événement, images, représentations, mémoire, Grane, Créaphis, 2004, p. 112-126 ; E. Cohen., « L’information entre contrôle, censures et libertés, 1954-1974 », in E. Cohen et M.-F. Lévy (dir), La télévision des trente Glorieuses-Culture et politique, Paris, CNRS Éditions, 2007, p. 15-30.
9 Service des liaisons interprofessionnelles pour l’information.
10 A. N 20010086/1-20010086/259 Premier ministre ; ministre de l’Information 1958-1967.
11 B. Papin, dans L’invention du carré blanc, Paris, L’Harmattan, 2006, parle « des critères d’acceptabilité d’une image dans les années 60 à la télévision ». Voir aussi H. Duccini, « Carré blanc et signalétique télévisée en France, 1961-1998 », Le Temps des médias no 1, automne 2003, p. 65-76.
12 J. Legrès, « Vers une télévision du mépris », Esprit, janvier 1973, p. 121-132. En 1969 on assista à un processus inverse : la libéralisation de l’information fut accompagnée d’un resserrement des contraintes sur les autres programmes. La reprise en main de 1972 a abouti à étendre à l’information un contrôle qui a été particulièrement nocif pour le reste de la télévision française.
13 En accord avec Xavier Larère coordinateur des programmes qui émet des « normes de production ».
14 Émission de la série Terre des Arts, « l’Usine » de Jacques Frémontier à qui on reproche de laisser dire aux ouvriers que l’amélioration de l’environnement n’a pas amélioré leurs conditions de vie finalement diffusée en 1970.
15 Ainsi le sous-comité scientifique du comité des programmes a censuré l’émission « Evariste et les 7 dimensions », de la collection Eureka qui devait être diffusée le 24 janvier 1971. « Evariste a dangereusement mêlé la science à la science-fiction, à l’astrologie, à la numérologie et autres disciplines non scientifiques. » On peut aussi penser qu’il s’agit d’un prétexte pour censurer le chanteur et mathématicien engagé.
16 Voir Télé liberté, septembre 1975.
17 Le Monde, 20 juin 1974.
18 J’adresse mes chaleureux remerciements à Michel Raynal et Agnès de Lens qui m’ont permis d’accéder à ce dossier et ce travail documentaire.
19 D. Psenny, « L’INA ouvre les portes de l’enfer », [Le Monde. fr], 31 août 2009.
20 On trouve par exemple la mention « JT 5 octobre 1982 mis sous séquestre à la demande de Joseph Pasteur ».
21 J. Bourdon, « Censure et télévision », P. Ory (dir.), La Censure en France…, op. cit., p. 315.
22 Le Chagrin et la pitié avait déjà été diffusé en Suisse, en Allemagne, en Grande-Bretagne.
23 Il faut cependant mentionner que le 14 octobre 1971 le magazine Objectifs diffuse un entretien de Massu sur la torture qui reconnaît son existence et affirme : « J’ai expérimenté la torture sur moi-même. »
24 L’Express, 7-13 février 1972 : « Ainsi Mandrin, une coproduction de belle envergure : 7 millions de Francs de budget pour 6 épisodes d’une heure réalisés par Philippe Fourastié. Tournée depuis juillet, programmée à 2 reprises puis déprogrammée, cette série est annoncée maintenant pour septembre. Sous réserve. Question de la “glorification du malfaiteur”. Sans compter que de mauvais esprits pourraient bien faire le rapprochement avec un certain Gérard Nicoud. Alors les coupes furent ordonnées. Puis, après mûres réflexions rétablies. La censure – même ubuesque – n’existe pas à la télévision… »
25 Administrateur du service de la Recherche de l’ORTF de 1961 à 1975.
26 Le feuilleton Face aux Lancaster produit par Tel France et réalisé par Ado Kyrou est accusé de donner « un côté ridicule au commissaire de police ». On lui demande de retoucher certaines scènes. Le feuilleton est transformé par la maison Tel France (M. Canello) et diffusé sans accord du réalisateur.
27 I. Veyrat-Masson, « Censure, autocensure : maladies des médias ? », entretien avec Michel Polac, Le Temps des médias, 2003/1 no 1, p. 213-222.
28 Cette émission de Polac est en Enfer.
29 Voir le film enregistré sur le magnétoscope d’un particulier [http://www.ina.fr/video/VDD10014259/le-soulevement-de-la-vie-video.html].
30 Union pour la défense de la République.
31 Le débat sur la loi anti casseurs du 8 juin 1970 n’est pas retransmis à la télévision malgré une tentative de dernière minute de Chaban Delmas.
32 Magazine du syndicat des auditeurs et téléspectateurs. Mensuel de l’association Télé Liberté fondée en 1965.
33 Comité national pour la liberté de création et d’expression artistique 213 rue Lafayette Paris (10e), juin 1971, 32 p.
34 Brochure p. 19.
35 Voir S. Bachmann, « La suppression de l’ORTF en 1974 [La réforme de la “délivrance”] », in Vingtième Siècle, Revue d’histoire, no 17, janvier-mars 1988, p. 63-72.
36 Consulté le 24 mars 2015, [http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/814054301/index.shtml].
37 Commission nationale de la communication et des libertés.
38 Conseil supérieur de l’audiovisuel.
39 D’après l’inventaire de l’Enfer de l’INA.
40 Commission nationale de la Communication et des libertés.
41 L’émission se situe peu de temps après la privatisation de TF1 en 1987, après que Michel Polac ait lu à l’antenne la phrase qui accompagne le dessin satirique de Wiaz : « Une maison de maçon ; un pont de maçon ; une télé de m… »
42 Le Figaro, 21 janvier 1988.
43 Le Monde, 9 juillet 1989 ; voir aussi JTA2, 6 juillet 1989.
44 Le Conseil supérieur de l’audiovisuel s’élève avec force contre les propos inexacts tenus dans le cadre des « Dossiers de l’écran » du mardi 24 avril 1990 sur Antenne 2 consacrés à la série « L’Amour en France » selon lesquels le Conseil aurait envisagé la censure du résumé des dix émissions ou la coupure d’un extrait du premier épisode concernant l’éducation sexuelle des jeunes enfants. Le Conseil tient à préciser qu’il n’a, à aucun moment, demandé à la direction d’Antenne 2 de prendre une telle mesure. L’instance de régulation s’est bornée, ainsi qu’en fait foi le communiqué qu’elle a publié après la diffusion du premier épisode de cette série, à déplorer les violences psychologiques infligées à un enfant invité à se déshabiller devant ses camarades de classe.
45 La BBC est organisée par une charte royale révisée tous les 10 ans. Il existe deux commissions de régulation. L’une chargée de la télévision du secteur public, la British Broadcasting Corporation (BBC), et l’autre du secteur privé, l’Independent Broadcasting Authority (IBA), créée en 1954. Chacune d’elles est composée de douze membres nommés pour cinq ans. Les membres de la BBC constituent le Conseil des gouverneurs et sont désignés par la Reine sur proposition du gouvernement. Les membres de l’IBA sont nommés par le ministre de l’intérieur. Ces deux institutions jouissent d’une totale indépendance dans l’organisation de leur gestion. Le conseil des gouverneurs de la BBC est compétent en matière de pluralisme, de qualité des programmes, d’équilibre des missions, de bon goût et de décence mais ce n’est pas une autorité juridique ; il ne rend de comptes qu’au Parlement.
46 Voir sur la censure en Grande-Bretagne les numéros 1 et 3 2013 de la revue Lisa, [http://lisa.revues.org/5119]. D. Ruff, « Margaret Thatcher et la BBC : régulation ou manipulation ? », Revue LISA/LISA e-journal, vol. IV, no 3 | 2006, p. 191-206.
47 R. Dickason, « “La BBC, imperméable à la propagande ?” de la guerre des Malouines aux guerres du Moyen-Orient », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2003/4 no 80, p. 71-81.
48 D’après D. Ruff, « Margaret Thatcher et la BBC : régulation ou manipulation ? », Revue LISA/LISA e-journal, vol. IV, no 3 | 2006, p. 193.
49 Ibid., p. 194.
50 I. Bourgeois, « La fin de la guerre des ondes », Le Monde, 18 février 1990.
51 Le Parti socialiste unifié d’Allemagne (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, SED). Je suis ici I. Bourgeois, « Les médias dans l’Allemagne unie. De l’unification démocratique à la normalisation du marché », Regards sur l’économie allemande, 98-99, 2010, p. 63-78.
52 I. Bourgeois, « Censure a posteriori et censure préalable », art. cit. : « Une fois par semaine, tous les rédacteurs en chef étaient réunis à Berlin pour prendre les directives ou mots d’ordre de la semaine. Ceux-ci concernaient à la fois les informations à passer sous silence, le contenu des informations à diffuser, et la manière de les traiter », [http://rea.revues.org/4191].
53 J.-P. Cahn et U. Pfeil, L’Allemagne 1974-1990, vol. 3, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2009.
54 I. Bourgeois, « Les médias dans l’Allemagne unie », art. cit.
55 « Correspondance – À propos de la chasse aux sorcières », Le Monde, 30 décembre 1975.
56 Ibid., art. cit.
57 « Correspondance – La presse et le pouvoir », Le Monde, 15 septembre 1977.
58 Le procès de la bande à Baader s’est tenu le 21 mai 1975.
59 « Correspondance – La presse et le pouvoir », Le Monde, 15 septembre 1977.
60 C. Defrance, « La télévision arme et miroir du conflit interallemand », in J.-P. Cahn et U. Pfeil, L’Allemagne 1974-1990, op. cit., p. 160.
61 J. Sémelin, La liberté au bout des ondes, Paris, Belfond, 1997.
62 C. Defrance, « La télévision arme et miroir du conflit interallemand », op. cit., p. 164.
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