1 B. Poucet (dir.), Histoire et mémoire de la FEP-CFDT. Bâtisseurs d’avenir, Paris, L’Harmattan, 1999.
2 Les chemins d’une liberté, brochure publiée en 1992 par l’Abbé Mabon, adjoint du directeur diocésain (1954-1987), compilant des éléments variés sur le Morbihan (données statistiques et chronologiques, histoire des établissements, éléments juridiques et politiques…) s’est avérée utile.
3 Seules deux écoles sont hors contrat après 1959.
4 En 1990, 89 % des enseignants sont des femmes dans le secteur primaire (59 % dans le secteur secondaire).
5 Le Morbihan, en seconde position derrière la Vendée en termes d’effectifs scolarisés dans l’enseignement privé, fait partie des fédérations puissantes du syndicalisme d’enseignement privé, dans ses différentes acceptions : syndicat des maîtres laïcs CFTC de l’enseignement libre, syndicat de l’enseignement libre (puis privé) CFDT.
6 Le réseau de l’enseignement catholique, émanant de l’Église, est contrôlé par le directeur diocésain, à la tête de la Direction diocésaine de l’enseignement catholique (DDEC). Dans le secondaire, les chefs d’établissement, désignés par la DDEC, embauchent et gèrent le personnel de service sous le contrôle d’un organisme de gestion constitué de bénévoles, l’Association d’éducation populaire (AEP), devenue en 1974 l’Organisme de gestion de l’enseignement catholique (OGEC). Dans le premier degré, le président de cet organisme a quasiment le statut d’employeur, l’autonomie du directeur d’école étant limitée. Le rôle fondamental du directeur dans le recrutement des enseignants est à souligner : notes administratives, organisation des services (nature des postes, emplois du temps). À partir de la loi Debré, en 1959, l’État, remettant en cause le pouvoir des directeurs, fait irruption dans le quotidien des enseignants, assumant les rémunérations, les gestions de carrières, les inspections.
7 L’abbé Laudrin (1902-1977) est maire (1965-1977) et conseiller général (1967-1977) de Locminé, fondateur et directeur du patronage catholique depuis 1934 (le puissant Cercle d’éducation physique [CEP] de Lorient), résistant, et député gaulliste de Pontivy (1958-1977).
8 Issue d’une fratrie de huit enfants d’une famille de paysans catholiques de Loire-Inférieure, André Prodhomme (1919-2002) est formé à l’École normale catholique d’Orvault, dont est issu Branchereau, un des piliers de la FEP. Instituteur à Guiscriffen 1937, il adhère à la CFTC en 1950 lorsqu’il devient professeur au collège Saint-Joseph de Lorient, nouant des liens étroits avec André Laurent et Félix Nicolo, anciens permanents jocistes au plan national et dirigeants de l’UD-CFTC. Engagé à l’Action catholique ouvrière (ACO) et militant du Mouvement républicain populaire (MRP), à partir de 1956, il figure sur la liste conduite par Joseph Yvon aux sénatoriales en 1959. Il préside l’Action catholique des maîtres de l’enseignement chrétien (ACMEC) au plan national (1961-1964). Pressenti pour prendre la tête de l’Institut de formation des maîtres en septembre 1968, il renonce à cette idée, après avoir participé activement aux mouvements sociaux de Mai 68 à Lorient. Resté actif au sein de diverses associations diocésaines, il est conseiller municipal PS de Lorient (1983-1989). Cf. sa notice Maitron.
9 Cadre de la CFTC depuis 1950, Paul Chapel (1916-2005) fait partie des principaux dirigeants de la CFTC maintenue jusqu’en 1983. Professeur de lettres classiques et directeur des sports du collège Saint François-Xavier de Vannes, il est secrétaire départemental de l’Union gymnastique et sportive de l’enseignement libre, supérieur et secondaire (UGSEL), dès les années 1950, puis président régional (1985-1991). Il est le premier directeur du lycée privé Saint-Paul de Vannes (1971-1973), dont la naissance effective, à la rentrée 1969, vise à répondre au « vent de liberté qui souffle sur l’enseignement privé » en Mai 68. Relais de Raymond Marcellin, ce centriste est conseiller municipal, adjoint (1959-1977) puis maire (1977-1983), conseiller général (1974-1979) et député (1978-1981) de Vannes. Cf. F. Prigent, « notice Paul Chapel », in S. Jansen (dir.), Dictionnaire des parlementaires de la Ve République, [www.assemblee-nationale.fr].
10 Ce conflit fondateur contre l’Église, victorieux, porte en germe les prémices des contestations du catholicisme, sans ébranler ces pratiquants, actifs dans les milieux chrétiens. Le glissement vers la gauche, pour cette frange militante, s’opère de façon plus tardive (années 1960-1970). Plus du tiers du corpus identifié adhère au PS.
11 B. Poucet (dir.), L’État et l’enseignement privé. L’application de la loi Debré (1959), Rennes, PUR, 2011.
12 Peu utilisé, en dehors des écoles patronales, comme celles des houillères du Nord.
13 Originaire d’Alsace, né en 1932, ce professeur d’allemand exerce à Ploërmel (collège puis lycée) à partir de 1962. Il figure parmi les fondateurs de la section PS de Ploërmel en 1973, où militent plusieurs adhérents du SEP. En vue des investitures aux législatives de 1978, son nom est suggéré par Jean-Yves Le Drian, pour contrer la candidature Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste (CERES) de Patrick Badouel.
14 Y. Tranvouez, « La configuration bretonne de la crise catholique (1965-1975) », in C. Bougeard, V. Porhel, G. Richard, J. Sainclivier (dir.), Les années 1968 dans l’Ouest, Rennes, PUR, 2011, p. 103-116.
15 F. Prigent, « Chrétiens de gauche, chrétiens à gauche ? Plongée dans les réseaux socialistes des mondes chrétiens en Bretagne (1945-2004) », En Envor, no 6, 2015, p. 1-30.
16 F. Prigent, « Les socialistes bretons face au choc de la Guerre d’Algérie : générations, recompositions, trajectoires », in V. Joly, P. Harismendy (dir.), Algérie : sorties de guerre (19 mars 1962-19 mars 1963), Rennes, PUR, 2014, p. 177-188.
17 Ce problème se cristallise sur la catéchèse, assurée par les enseignants du primaire et souvent par ceux du collège. Dans le primaire, les relations avec le curé de la paroisse sont un point d’achoppement important.
18 Le choix du Morbihan témoigne d’une volonté de la FEP, à l’échelle nationale, de convaincre une région stratégique pour l’enseignement catholique (2e région fédérale), d’accepter ce choix de la nationalisation. Cela dit, les fédérations de la Loire-Atlantique et de la Loire forment le centre de gravité de la FEP-CFDT.
19 Né en 1939 en Tunisie, Hubert Colombier, actif à Saint-Joseph (Lorient) où il rencontre André Prodhomme, est responsable de la presse dans l’équipe départementale du SEP. C’est un militant dynamique de l’ACO et de la Confédération syndicale des familles (CSF) de Ploemeur.
20 Responsable du primaire, Robert Le Métayer, né en 1941, devient président du SEP en 1974. Il est secrétaire de la section PS de Pluvigner (1980-2010).
21 Né en 1939, Pierre Théaud a le profil d’un chrétien de gauche qui cherche, contre vents et marées, à concilier valeurs chrétiennes et engagements à gauche. Militant PS dès 1976, il mène l’opposition municipale à l’abbé Laudrin, devenant conseiller municipal de Locminé (1983-1995). Candidat aux cantonales en 1992, il est actif dans le groupe Chrétiens dans le monde rural (CMR) et dans de multiples associations.
22 Ce sentiment d’injustice (domination coloniale, torture, attitude de la hiérarchie militaire) construit les positions anticolonialistes d’un Pierre Théaud, tandis que Robert Le Métayer, révolté par la prégnance des inégalités sociales dans l’armée, prend conscience qu’il gagne plus comme lieutenant que comme instituteur.
23 Parmi les adhérents de base, citons Michel Texier, né en 1941, maire de Férel (1989-2008) et conseiller général de La Roche-Bernard (1998-2004) ou de Jean-Pierre Le Roch, député de Pontivy depuis 2012.
24 Sur le plan régional, plusieurs élus PS de premier plan sont actifs au sein de la FEP : Martial Gabillard, Xavier Amossé, Pierre-Yvon Trémel, Ronan Kerdraon.
25 Pour une synthèse sur ce point, cf. F. Le Moigne, « L’école privée contre la loi Savary », in S. Ollitrault, G. Richard, Les années d’alternance vues des régions (1984-1988), Rennes, PUR (à paraître, actes du colloque de Rennes, 18-20 novembre 2015).
26 La direction diocésaine, les gestionnaires, voire l’évêque de Vannes, Mgr Boussard, réputé pour son ouverture.
27 En parallèle, d’autres réseaux et espaces d’engagement jouent un rôle central sur ces questions. La déconnexion des relations avec le SEP surprend. Responsable départemental de la JAC (1950-1954) et du CMR à partir de 1965, Marcel Carteau, né en 1934, est responsable CFDT et PS. Il est responsable départemental puis national (1984-1988) de l’APEEC, avant d’être conseiller municipal (1983-1989) puis maire (1989-2001) de Sené.
28 Responsable CERES et futur fondateur du MDC-MRC, Gwendal Doré, son assistant parlementaire, est implanté à Pontivy.
29 Les propositions du SEP comme les réponses du ministre transitent directement via les parlementaires PS.
30 C. Barthold, La réception du projet de loi Savary dans les fédérations PS de Paris et du Morbihan, Master 2, IEP de Paris, 2009.
31 Après 1985 le SEP-CFDT reconquiert une place majoritaire au sein de l’enseignement catholique (doublement des effectifs dans les années 2000, avec 600 adhérents). La sélection nationale des cadres fédéraux témoigne du rôle de ces militants dans la confédération (Philippe Lepeu fait partie des négociateurs des accords Lang-Cloupet en 1993 qui donnent aux autorités académiques plus de pouvoir dans les nominations et permettent le recrutement sur concours avec la formation des maîtres du second degré en IUFM).
32 C’est très net pour la section du collège Saint-Joseph à Lorient.
33 Secrétaire général du SEP (1976-1979).
34 Secrétaire-adjoint du SEP dans les Deux-Sèvres, il est secrétaire-adjoint dans le Morbihan (1981-1985).
35 Il occupe des responsabilités nationales entre 1983 et 2001.
36 Trésorier départemental en 1979 puis secrétaire général (1981-1985).
37 Conseiller fédéral (1981-1983), il est secrétaire départemental en 1992, puis trésorier fédéral (2001-2009).
38 Secrétaire départemental (2000-2010), il dirige la structure régionale depuis 2010.
39 Un seul fait ses études secondaires entièrement dans le public mais deux autres y font leur collège.
40 En dehors de Daniel Chérel : action catholique (JEC), syndicalisme étudiant (UNEF), adhésion politique (PSU), actif en 68.
41 L’aspect légitimiste du SEP joue à plein dans la période de recentrage sur les enjeux professionnels.
42 Certains acceptent le recentrage vers le pédagogique, d’autres restent sur des positions plus radicales, sans flux d’adhésion vers les syndicats plus à gauche comme le SNUDEP crée par la FEN avec des dissidents de la CFDT ou plus tard le SUNDEP. Peu sont séduits par la CGT, très minoritaire, qui refuse le rapprochement et se tourne prioritairement vers l’employeur privé.
43 Une telle étude en Ille-et-Vilaine montrerait un tout autre ratio hommes/femmes dans les milieux de la FEP. Surtout présentes dans le secteur primaire, ces femmes, adhérentes de base du SEP, se révèlent très actives au sein de l’ACO. À noter le renforcement de la féminisation de la FEP dans le Morbihan, sans concerner les fonctions dirigeantes, ce qui est contraire avec les principes paritaires de la confédération au plan national.
44 La solitude lors des manifestations pour l’école catholique place les militants SEP en porte-à-faux, renforçant d’autant la solidarité syndicale.
45 André Le Bohec, Daniel Cherel, Philippe le Peu appartiennent au bureau de l’ARPEC (Association régionale pour la promotion pédagogique et professionnelle dans l’enseignement catholique).