Naître in ou extralegitimo matrimonio
Le témoignage des sources franques (vie-xie siècle)
To Be born In or Extra Legitimo Matrimonio
p. 59-82
Résumés
Présenter un état des lieux quant à la filiation illégitime pour les premiers siècles du Moyen Âge (VIe-XIe siècle) est complexe : outre le fait que la documentation l’évoque assez peu, tout le monde n’en donne pas la même définition et n’en tire pas les mêmes conclusions, sans compter que les situations, et donc les statuts, peuvent évoluer, notamment avec l’évolution du rapport de force en jeu. L’objectif de ce chapitre cherche ainsi à faire, dans le monde franc, un premier balayage – sans prétendre à l’exhaustivité – des différents types de sources (qui ne donnent qu’une vision partielle et partiale) pour y repérer, d’abord, les enfants susceptibles d’être nés (ou les naissances) en dehors d’un mariage légitime et en proposer une typologie et pour saisir ensuite de quelles manières ils retiennent l’attention, en soulignant notamment ce qui les distingue ou non des autres enfants issus d’une union légitime. Même si l’image de la filiation illégitime est d’un grand flou, la période semble marquée par une prise de conscience de plus en plus nette à partir de l’époque carolingienne, avec une intensification au tournant des Xe et XIe siècles, que les enfants n’ont pas les mêmes droits, notamment en matière d’héritage, selon qu’ils sont considérés comme légitimes ou illégitimes, ce qui ne les empêche pas d’être tous membres à part entière du groupe familial et de contribuer à en défendre les intérêts.
Present a state of the illegitimate filiation for the first centuries of the Middle Ages (6 th -11 th century) is complex: besides the fact that the documentation evokes it enough little, not everyone gives same definition of it and draws from it the same conclusions, not to mention that the situations, and thus the statuses, can evolve, in particular with the fluctuation of the balance of powers at work. The objective of this chapter thus consisted in making, in the frank world, a first scanning – without any claim in the exhaustiveness – of various types of documentations (which give only a biased and partial vision), to locate, at first, the children susceptible to have been born (or the births) outside a legitimate marriage and to propose a typology, and then to seize of which manner they hold attention, by underlining in particular what distinguished them or not, from others children, come from legitimate unions. Even if the image of the illegitimate filiation is of a big fuzziness, the period seems marked by a more and more clear awareness, from the Carolingian time, with an intensification in the turning point of the 10 th and 11 th centuries, that the children haven’t the same rights, in particular regarding inheritance, according to whether they are considered as legitimate or illegitimate, what does not prevent them from being every full members of the family group and contributing to defend its interests.
Texte intégral
« Clovis épouse Clotilde, alors qu’il avait déjà d’une concubine (de concubina) un fils, nommé Thierry […]. Après le décès du roi Clovis, ses quatre fils (quattuor filii eius), c’est-à-dire Thierry, Chlodomir, Childebert et Clotaire, recueillent son royaume et le partagent entre eux en tenant la balance égale1. »
1Les faits, rapportés par Grégoire de Tours, à la fin du VIe siècle et repris ensuite dans l’historiographie franque, ne sont pas sans soulever certaines questions. Si Thierry est fils d’une concubine, est-il considéré comme illégitime ? Si tel est le cas, comme il hérite au même titre que ses frères nés de la reine Clotilde, donc légitimes, existe-t-il des différences entre enfants légitimes et illégitimes ? Mais la mère de Thierry est-elle vraiment une concubine ? L’auteur ne cherche-t-il pas, en la qualifiant ainsi, à mettre en avant Clotilde pour vanter le modèle monogame ? Ce sont quelques-unes des interrogations auxquelles l’historien se trouve confronté lorsqu’il s’intéresse à la filiation illégitime et à la bâtardise au haut Moyen Âge. Cet article se propose donc de présenter un état de la question à partir de l’étude de la documentation franque (VIe-XIe siècles), avant que la réforme grégorienne ne conduise à distinguer plus fermement les enfants légitimes des illégitimes. Dans un corpus de sources aussi diversifiées que possible, mais qui ne saurait prétendre à l’exhaustivité, centré par ailleurs surtout sur les élites et relatif à une époque où les normes matrimoniales et les cadres notionnels de l’illégitimité ne sont pas encore fermement posés, le premier problème a d’abord consisté à repérer les enfants nés (ou les naissances) en dehors du mariage légitime. Ces difficultés méthodologiques seront abordées dans une première partie, en même temps que seront présentés le corpus documentaire étudié, ses limites, mais aussi les perspectives qu’il offre pour proposer une typologie de ces enfants illégitimes. À partir de là, il semble possible d’analyser, dans une deuxième partie, les contextes dans lesquels ces enfants sont évoqués et la manière dont ils retiennent l’attention des auteurs ecclésiastiques, ce qui les distingue ou non des autres enfants, en particulier de leurs demi-frères ou sœurs issus d’une union légitime lorsqu’il y en a, ainsi que les évolutions observées au cours de la période.
Repérer les naissances illégitimes
La difficulté d’appréhender l’illégitimité
2Le repérage des naissances illégitimes dans les sources des VIe-XIe siècles est compliqué pour quatre raisons principales. La première tient au fait que, si les sources évoquent régulièrement les unions illégitimes (à commencer par celles relevant de l’adultère et de l’inceste), le plus souvent pour en condamner les partenaires, elles s’intéressent beaucoup moins aux enfants qui en sont nés ou sont susceptibles d’en naître. C’est particulièrement le cas des sources législatives, civiles et religieuses : loi salique (version mérovingienne et remaniements carolingiens), capitulaires, canons. Faut-il en déduire que, pour le législateur, cela importe peu et que ces enfants sont considérés comme les autres, liés à un père et à une mère, quelle que soit la relation entre ceux-ci ? Les quelques mentions que l’on y trouve – évoquées plus loin – montrent que les choses sont plus complexes. Par ailleurs, le fait que la question des enfants soit soulevée par le décret de Burchard de Worms (début XIe siècle), dès le premier chapitre du livre VII consacré aux unions incestueuses2, témoigne peut-être d’une évolution sur ce plan, du moins pour ce type d’unions jugées illégitimes.
3La seconde raison relève de la terminologie : lorsque ces enfants sont évoqués, ils le sont rarement au moyen d’un terme spécifique. Sur l’ensemble du corpus, je n’en ai rencontrés que trois, et avec une utilisation très ponctuelle : naturalis (naturel), manzer (bâtard) et spurius (illégitime). Le premier, connu du droit romain comme le dernier3, est attesté au IXe siècle et utilisé notamment par l’Astronome, vraisemblablement chapelain du Palais, dans sa Vie de l’empereur Louis (le Pieux) écrite vers 840-8414 : il y présente Pépin (le Bossu) comme frère naturel (fratrem naturalem) de Pépin et de Louis (le Pieux)5. Le second terme – manzer – apparaît dans la Chronique, composée entre 1024-1025 et 1029, par Adémar de Chabannes qui qualifie ainsi quasiment tous ceux de son époque dont il souligne la naissance illégitime : Eble (III, 23) ; Arnaud (III, 28), Gauzlin (III, 39), Jourdain (III, 42), le frère de Roger Tosny (III, 55)6. Quant au troisième terme – spurius –, il est employé par Yves de Chartres (fin du XIe siècle) qui explique, notamment dans l’une de ses lettres, que les unions consanguines ne sont pas légitimes mais incestueuses, et que les enfants qui en naissent ne peuvent être légitimes et sont donc spurios7. À ces trois termes, s’ajoutent deux expressions ou qualificatifs qui soulignent implicitement l’illégitimité : non legitimi heredes (non [reconnus] héritiers légitimes) et filios incestuos (enfants souillés/adultérins). La première expression est notamment employée dans le Pactus legis salicae, première version de la loi salique, mise par écrit au début du VIe siècle, et reprise dans la Lex Salica de l’époque de Charlemagne : elle qualifie les enfants nés de « noces criminelles » (scerelatis nuptiis, à savoir ici union avec une nièce, une cousine, la veuve de son frère ou de son oncle)8. Les enfants ne sont pas dits illégitimes, mais lorsque l’on sait que la législation franque fait des enfants les premiers héritiers de leurs parents9, ne pas les reconnaître comme héritiers légitimes, revient à ne pas les reconnaître comme enfants légitimes. Les deux articles de loi notent, en outre, que ces enfants sont marqués par l’infamie (infamia notati sunt), notion juridique romaine qui privait les coupables de crimes scandaleux de certains de leurs droits, notamment en matière d’héritage10. Les quelques conciles qui évoquent l’exclusion de l’héritage pour les enfants nés d’unions incestueuses soulignent aussi régulièrement aux Xe-XIe siècles l’infamie qui affecte ces enfants, association que l’on retrouve dans le décret de Burchard de Worms11. La seconde expression – filios incestuos – est employée par Grégoire de Tours à l’égard des enfants de la deuxième union de Tétradie, aristocrate auvergnate du VIe siècle : c’est ainsi qu’ils sont qualifiés par un synode d’évêques réuni par Eulalius son premier mari, quitté plusieurs années auparavant pour se réfugier auprès du duc Didier, qui devient son deuxième époux12. La tournure de la phrase et l’adjectif employé ne laissent pas beaucoup de doute sur l’illégitimité de ces enfants, du moins pour l’Église qui défend l’indissolubilité du mariage et considère donc que Tétradie ne pouvait se remarier tant que son premier mari était vivant13.
4En l’absence de toute terminologie propre, l’identification d’un enfant illégitime revient donc, la plupart du temps, à le considérer comme tel, parce que l’union de ses parents l’est, ce qui implique souvent interprétation. Certes, les sources mentionnent parfois explicitement que l’union des parents est illégitime (non legitimus, a, um) ou illicite (inlicitus, a, um), à l’image des unions du roi mérovingien Thierry (596-613), si l’on en croit Jonas de Bobbio, dans sa vie de saint Colomban écrite vers 64014, ou de celles évoquées par le concile de Frioul (c. 8), réuni vers 796-797, sous l’autorité de Charlemagne. Mais il arrive que le discours soit beaucoup moins explicite, ce qui se traduit par l’utilisation de qualificatifs négatifs, à l’image des « noces criminelles » (sceleratis nuptiis)15, des copulations adultères (adulteriis permixtioninibus)16, des relations qui relèvent du péché, de la souillure ou du déshonneur (peccare, contaminare, polluere)17 ou tout simplement d’adultères (adulteriis)18 entendus dans un sens large comme toute relation sexuelle en dehors des liens du mariage19, dont sont nés des enfants, alors que l’Église, dont l’idéologie imprègne de plus en plus la société, à commencer par nos auteurs issus des milieux religieux pour la plupart, s’attache à circonscrire la sexualité au couple conjugal et à en limiter l’usage en vue de la procréation20. Autre cas de figure ambigu : les sources sanctionnent parfois, mais sans le justifier, certaines unions, dont la condamnation peut laisser supposer l’illégitimité. C’est le cas des pénitentiels et des conciles au sujet de la fornication des religieux et religieuses en général, et particulièrement de celles qui aboutissent à des naissances, sur le statut desquelles on peut s’interroger même si rien n’est explicitement dit. Par ailleurs, il arrive aussi que les sources enregistrent des situations que l’on sait condamnées mais sans en faire mention. Il en est ainsi d’une charte qui enregistre une donation réalisée vers 1015, à Saint-Cyprien de Poitiers, par le prêtre Eulard, sa femme (femina ejus) Aldagarde et leurs six enfants21 : malgré l’obligation de célibat à laquelle il est astreint en théorie, ce prêtre vit manifestement avec femme et enfants, ce que reconnaît le monastère poitevin bénéficiaire de la donation. Le seul indice laissant supposer une union illégitime est le terme de femina, alors que dans tous les autres actes l’épouse est dite uxor, voire conjux. Dans d’autres cas, l’illégitimité ne peut être identifiée que par déduction, après recoupement d’informations. C’est le cas lorsque Nithard, qui écrit au début des années 840 une histoire des fils de Louis le Pieux, évoque d’abord Louis le Pieux comme le seul survivant des fils de Charlemagne nés d’un juste mariage (justo matrimonio), puis ses jeunes frères, dont on déduit, puisqu’ils sont vivants, qu’ils ne sont pas nés d’un mariage légitime22. De même, la Vie de sainte Berthe de Blangy († v. 725 ?), rédigée probablement au début du XIe siècle, précise que, les deux parents de Berthe étant morts, celle-ci décida de partager son patrimoine avec sa sœur Angle, née d’une autre mère (de alia matre progenita) : celle-ci est donc très certainement née d’une union illégitime, puisqu’Angle n’est pas considérée comme héritière de son père23. Le cas de figure le plus fréquemment rencontré (dans près de la moitié des cas) est cependant celui où l’enfant est présenté comme fils ou fille d’un homme et d’une concubine (concubina, voire pellex), parfois assimilée à une prostituée (meretrix, ex lupinaribus)24.
5La troisième raison qui rend difficile le repérage de l’illégitimité résulte des problèmes que soulève la prétention à considérer des enfants comme illégitimes, parce que l’union de leurs parents l’est. Cela pose, en effet, deux problèmes majeurs d’interprétation. D’une part, parce qu’une union, considérée comme illégitime par les autorités, notamment religieuses, voire seulement par certaines, peut ne pas l’être par d’autres, notamment la famille et l’entourage, par ailleurs prêts à ne suivre les normes imposées qu’autant que celles-ci ne contrarient pas leurs stratégies25. Ainsi pour le moine rémois Richer qui écrit ses Histoires à la fin du Xe siècle, « le désaccord devint tel » entre le roi Louis V (986-987) et son épouse Adélaïde « qu’un divorce (divortium) ne tarda pas à s’en suivre » (c. 94). Puis, la reine ayant épousé Guillaume d’Arles, « son divorce devint ainsi un adultère public (adulterium publicum) » (c. 95)26. À une époque où l’Église cherche à imposer plus fermement l’indissolubilité du mariage27, cette nouvelle union d’Adélaïde qualifiée « d’adultère public » n’est pas légitime aux yeux de l’auteur qui considère, comme d’autres religieux de son époque, qu’Adélaïde ne peut se remarier tant que Louis V est vivant. Pourtant, l’union n’en est pas moins considérée comme légitime par la majorité des élites locales, mais aussi du royaume. Une génération plus tard, parmi les enfants qui naissent de l’union d’Adélaïde et Guillaume d’Arles, figure notamment Constance, qui épouse vers 1004 le roi Robert le Pieux, dont personne ne lui reproche d’être issue d’une union illégitime, y compris les auteurs qui, comme Raoul Glaber (dans ses Histoires écrites dans les années 1030-1040), l’apprécient peu et ne ménagent pas leurs critiques. De même, à la fin du XIe siècle, l’interdiction faite par Yves de Chartres au comte Geoffroi de Vendôme d’épouser Mathilde, du fait de leur lien de parenté, au risque de ne pas avoir d’héritiers légitimes (nec legitimos haeredes), n’empêche pas le mariage, ni au fils qui en naît (Jean) de succéder à son père28 : cela laisse supposer soit le manque d’effet de ces menaces, soit un arrangement avec l’Église pour éviter les sanctions29. Il n’en reste pas moins que la diversité et la flexibilité des points de vue conduisent à brouiller l’image de l’illégitimité qui peut évoluer par ailleurs. Ainsi pour reprendre le cas de Tétradie évoqué par Grégoire de Tours, celui-ci rapporte que lorsque Eulalius, son premier mari, vient se plaindre de sa situation à la cour royale, il est tourné en ridicule et humilié, ce qui laisse supposer que la seconde union de Tétradie n’est pas considérée comme illégitime. La situation n’évolue ensuite que bien plus tard – Tétradie eu le temps d’avoir plusieurs enfants de son deuxième mari – lorsque Eulalius profitant de la mort de celui-ci cherche à récupérer les biens que son épouse avait autrefois emportés avec elle et qu’il parvient à réunir un synode. Pendant plusieurs années, la seconde union n’a donc pas été considérée plus illégitime qu’une autre et si Grégoire de Tours précise qu’Eulalius a obtenu gain de cause concernant les biens, récupérés au quadruple, il ne dit rien des conséquences de la décision concernant les enfants, désormais considérés incestuos30. En outre, cette diversité de vues aboutit à des résultats différents selon le rapport des forces en jeu, ce dont témoignent l’histoire de Tétradie et, plus encore l’affaire, trois siècles plus tard, du divorce de Lothaire II (855-869). Celui-ci, marié à Theutberge, souhaiterait en divorcer pour légitimer son union avec Waldrade, et donc le fils qu’il en a eu (Hugues). Malgré plusieurs années de démarches, le recours à des juridictions multiples et à différents arguments, Hugues n’est pas reconnu comme légitime, parce que sa mère est considérée comme concubine par une partie des élites (à commencer par ses oncles Charles le Chauve et Louis le Germanique, ainsi que le pape Nicolas Ier et l’archevêque Hincmar de Reims) en mesure d’imposer son point de vue au parti de Lothaire II moins puissant31. Pourtant, la seconde moitié du IXe siècle connaît des affaires similaires qui n’aboutissent pas aux mêmes conclusions, y compris de la part des mêmes autorités qui se prononcent sur ces questions, comme Hincmar32 : tout dépend donc du contexte et des enjeux.
6D’autre part, il est compliqué de considérer qu’un enfant est illégitime du fait de l’union non légitime de ses parents, puisqu’une union, considérée comme légitime au moment où elle est conclue, peut, à une autre époque plus ou moins tardive, être interprétée comme illégitime (ou vice versa33). Ainsi en est-il de Pépin II (680-714) et d’Alpaïde, dont l’union est considérée comme mariage à part entière par les sources de la première moitié du VIIIe siècle, certes favorables à Charles Martel qui en naît. Alpaïde est prise comme nouvelle épouse (uxor) par Pépin, en plus de Plectrude34. La documentation tend cependant, à partir du Xe siècle, à faire d’Alpaïde une concubine (concubina ou pellex), quand ce n’est pas une prostituée (meretrix), voire à préciser explicitement que ce mariage est illicite (illicito matrimonio)35, ce qui revient à faire de Charles Martel un « bâtard », idée finalement passée à la postérité36. Pourtant, comme le souligne Sylvie Joye, la question de la légitimité de Charles pour les élites contemporaines, laïques et religieuses, ne saurait se réduire au type d’union liant ses parents. Les discussions autour de la légitimité d’une union prennent aussi en compte la puissance du groupe familial de la femme ainsi que la réussite de sa progéniture et elles sont davantage des arguments pour disqualifier certains héritiers putatifs37. Mais le fait que l’on cherche à montrer que tel individu est né d’une union légitime ou au contraire d’une union illégitime témoigne qu’il existe des distinctions sur ce plan. Pour Régine Le Jan, le IXe siècle constitue une rupture : jusque-là, il était difficile de distinguer clairement entre une épouse légitime et une concubine. La distinction s’est ensuite faite plus nettement avec les efforts de l’Église pour imposer la monogamie38. Il n’en reste pas moins qu’il est compliqué, dans ces conditions, pour l’historien qui ne dispose que d’une documentation lacunaire, le plus souvent issue des milieux religieux, d’apprécier correctement les situations et les statuts, dont certains restent d’une grande incertitude.
7À cela s’ajoute le fait que les sources évoquent parfois des situations qui peuvent relever de l’illégitimité, sans être qualifiée comme telle. C’est notamment le cas, au VIe siècle, de Chilpéric Ier, né du mariage du roi Clotaire Ier avec Arégonde, alors que celui-ci est déjà marié à Ingonde, sœur d’Arégonde, ce qui ajoute l’inceste à la bigamie. Pourtant si Grégoire de Tours (IV, 3) et après lui, le Liber Historiae Francorum (c. 27) au VIIIe siècle, ainsi qu’Adémar de Chabannes (I, 26) au XIe siècle, soulignent le goût du roi pour la luxure (luxoriosus)39, aucun d’eux ne laissent entendre que son fils Chilpéric pourrait ne pas être légitime.
8Enfin, la dernière raison qui explique les difficultés de repérage est liée au fait que pour certains de ces enfants nés extra legitimo matrimonio, certaines sources soulignent la particularité de leur naissance, alors que d’autres n’y font aucune allusion. C’est par exemple le cas pour les enfants de Charlemagne. Éginhard, dans sa Vita Caroli rédigée deux décennies après la mort de l’empereur, énumère les différentes femmes que celuici a eues, en précisant leur statut (épouse ou concubine) ainsi que les enfants qui en sont nés40 (tabl. 1). Charlemagne a eu quasiment autant d’enfants légitimes (huit) qu’illégitimes (sept), filles et garçons en proportion équivalente41. Or, si Éginhard permet de connaître le statut de ces enfants, plusieurs sources du IXe siècle mentionnent certains d’entre eux sans faire allusion à une quelconque illégitimité. C’est notamment le cas pour Hugues et Drogon, présentés comme frères de Louis le Pieux, dans les Annales regni Francorum ou la Vie de Louis le Pieux par l’Astronome, rédigées dans l’entourage royal, alors que par ailleurs, l’Astronome précise, comme on l’a évoqué, que Pépin (le Bossu) est « frère naturel » de Pépin et Louis (le Pieux). De même, si deux siècles plus tard, Raoul Glaber présente Guillaume (sans le nommer) – passé à la postérité sous le nom de Guillaume « le Conquérant » (1035-1087) – comme le fils du duc Robert de Normandie et d’une concubine (concubina), ni Guillaume de Jumièges qui écrit ses Gesta Normannorum ducum dans les années 1050, ni Guillaume de Poitiers, biographe de Guillaume dans les années 1070, qui ne mentionnent que son père, n’en font état42. Cela revient à considérer que certaines sources évoquent des enfants illégitimes sans le dire. Est-ce parce qu’il y a désaccord sur le statut de ces enfants ? Ou parce que chacun le connaît et que la précision est inutile ? Ou parce que cela n’a aucune importance ? Ou parce qu’il faut éviter d’en parler ?
9Au total, la recherche des enfants nés extra legitimo matrimonio est un travail de fourmi qui permet d’avoir, au mieux, une idée partielle de la manière dont un groupe d’individus perçoit les choses, ce qui ne signifie ni que cette perception est unanime, ni qu’elle est immuable, ni même qu’elle est réelle. Le tableau 2 permet de synthétiser les données obtenues sur ce point. Il en ressort d’abord un nombre assez réduit de mentions : 81 pour 27 sources dépouillées complètement ou partiellement (sans compter celles où aucune donnée n’a été trouvée), auxquelles s’ajoutent les informations données sur des enfants illégitimes identifiés sans que la source ne le précise (15 cas). Cela ne veut pas forcément dire que les naissances illégitimes étaient rares pour autant. Le rappel fréquent par la législation civile et religieuse des interdits en matière de mariage et d’adultère peut d’ailleurs laisser supposer l’inverse, même si celle-ci ne s’intéresse pas ou peu aux enfants et sans que l’on sache si ces rappels sont nécessaires du fait de la non application de la loi ou dus au caractère répétitif de ce type de sources. En outre, la dernière catégorie ne peut que voir ces effectifs grossir, au fur et à mesure des dépouillements et du croisement des données. Reste à comprendre ce petit nombre d’occurrences : les auteurs évoquent-ils assez peu les naissances illégitimes parce que ce n’est pas important à signaler ou parce qu’il faut les dissimuler ?
10Le tableau de synthèse montre ensuite que les sources narratives (chroniques, annales, histoires) apparaissent comme celles qui évoquent tout au long de la période des naissances extra legitimo matrimonio, réelles, supposées ou inventées. Les sources hagiographiques ne les évoquent que ponctuellement. Les sources législatives se préoccupent assez peu des enfants, comme on l’a dit, de même que les traités de morale43. Quant aux sources diplomatiques (et mémoriales44), elles présentent généralement les individus comme fils, voire filles, d’un père auquel est parfois associée une mère, sans autre précision sur la nature de la filiation, ce qui ne permet pas d’y observer d’enfants illégitimes, sauf à les avoir identifiés dans d’autres sources.
Les types d’enfants illégitimes
11Ce balayage des sources permet par ailleurs de proposer une première typologie des enfants considérés – au moins par certains – comme illégitimes. On peut d’abord distinguer ceux nés d’un couple qui n’est pas tenu par une partie des autorités pour légitime mais qui bénéficie d’une certaine reconnaissance sociale, et ceux nés d’une union ne relevant pas d’un couple officiel. De la première catégorie, relèvent notamment les enfants de Tétradie et Didier dont on a déjà parlé, ceux issus d’une union considérée comme incestueuse, ou encore les enfants conçus par un clerc avec sa femme après son entrée en cléricature, alors qu’il aurait dû renoncer à celle-ci, voire issus de l’union stable d’un prêtre45. De la seconde, bien davantage évoquée par les sources (86 % des occurrences), relèvent tous les enfants nés d’adultères (entendus comme relations sexuelles en dehors du mariage, que l’individu soit marié ou non, et intégrant celles des religieux et religieuses en principe unis à Dieu) et, au sein des élites, de concubines, plus ou moins passagères. Ils sont dans plus de 80 % des cas, évoqués comme le fait des hommes, ce qui n’a rien de surprenant puisqu’au haut Moyen Âge, la sexualité est aussi un facteur de distinction46. Mais il arrive aussi que les sources soulignent que certaines naissances résultent de relations hors mariage de femmes, consentantes ou non47 – ce dont témoignent les pénitentiels –, ou qu’elles les envisagent du point de vue des femmes. Ainsi en est-il de la progéniture des filles de Charlemagne : Éginhard précise qu’aucune n’a été mariée, alors que d’autres sources évoquent leur descendance, qui ne peut donc qu’être issue d’unions illégitimes48. La distinction entre les deux catégories n’est cependant pas toujours très nette, notamment pour le début de la période du fait que certains enfants de la seconde catégorie naissent d’unions qui sont parfois aussi stables que des unions légitimes.
12Le tableau 3 enregistre le nombre d’occurrences des enfants considérés, au moins par certains, comme illégitimes, selon la nature du lien de leurs parents, telle que les sources le présentent (lorsqu’elles le précisent) : si une partie de la documentation enregistre les différents cas de figure, sans forcément avoir conscience de la distinction proposée ici et que d’autres ne font pas de distinction entre les sexes en matière d’adultère49, la plupart se focalise uniquement sur les enfants nés de l’adultère masculin. Faut-il en déduire que cela correspond à une pratique plus développée chez les hommes que les femmes ? En partie, certainement. Cela résulte aussi probablement du discours qui s’intéresse d’abord aux hommes. Mais les sources qui font une plus large place aux femmes à partir du XIe siècle ne les évoquent pas davantage. Pourtant, l’adultère féminin existe et il est condamné par la législation civile et religieuse50, comme par la société51. En fait, en dehors des pénitentiels, l’essentiel des cas concrets d’enfants illégitimes envisagés du point de vue de leur mère, ou du moins présentés comme tels, apparaissent dans les Dix livres d’Histoires de Grégoire de Tours. Le seul autre cas repéré est celui d’un chevalier qui soupçonne sa femme d’adultère pendant qu’il était en Angleterre, parce que l’enfant qui vient de naître est né sept jours avant la date prévue, ce qui ne constitue pas, aux yeux d’Yves de Chartres, une preuve suffisante52. Il reste surprenant de ne pas voir davantage de contestations ou de revendications de paternité, liées à l’adultère féminin. Le sujet serait-il tabou ? Yves de Chartres en souligne les risques au chevalier qui l’a consulté, en lui prodiguant ce conseil : « ne te pousse pas toi, ta femme et ta descendance dans l’infamie, par une sévérité excessive53 ».
13Par ailleurs, si l’on revient à nos efforts de typologie, il faut souligner que les sources s’intéressent d’abord aux enfants des élites ; les sources narratives, à ceux des élites laïques, plus particulièrement royales ; les pénitentiels et les conciles, à ceux des élites religieuses. Mais ici ou là, on perçoit quelques aspects de la question pour des catégories sociales plus larges, à l’image des loi franques ou des conciles qui légifèrent sur les enfants nés de relations incestueuses, ce qui ne concerne pas que les élites, ou des pénitentiels qui évoquent les enfants issus de l’union d’un homme marié avec son esclave.
14Enfin, si parmi ces enfants, les sources portent une attention particulière aux garçons, elles évoquent aussi quelques filles issues d’unions illégitimes. Le tableau 4 recense les cas qui font une allusion explicite à leur illégitimité. L’approche genrée de l’illégitimité varie selon le type de source. La loi salique, les pénitentiels et autres sources normatives ne font pas de différence entre les sexes, envisageant de manière globale les enfants (liberi, filii54) nés d’unions illégitimes. Les autres sources s’intéressent en priorité aux garçons. Lorsqu’elles évoquent les enfants d’un individu ou d’un couple, ce qui est le cas par exemple d’Éginhard pour les enfants de Charlemagne, elles citent généralement les filles comme les garçons. Mais le plus souvent, elles évoquent un individu particulier dont elles précisent l’ascendance. Il s’agit alors beaucoup plus souvent d’hommes que femmes, ce qui contribue à expliquer le déséquilibre observé entre les sexes.
15Une fois précisé comment les enfants nés extra legitimo matrimonio apparaissent dans les sources, il s’agit d’analyser pourquoi ils sont mentionnés et ce qui les distingue des enfants nés in legitimo matrimonio.
Être né d’une union illégitime
Un membre spécifique du groupe familial ?
16L’ensemble de la documentation montre d’abord que les enfants nés extra legitimo matrimonio sont, comme les enfants nés in legitimo matrimonio, membres à part entière du groupe familial. Sept indices en témoignent. Ils sont, tout d’abord, tous qualifiés de fils, frères, neveux, oncles, voire filles ou sœurs, sans aucun rappel de leur naissance hors mariage légitime. Ainsi, à la fin du VIe siècle, Grégoire de Tours évoque Clotaire et Childebert comme les frères (fratres) de Thierry, présenté ailleurs comme le fils (filius) de Clovis, au même titre que ses frères, sans que l’auteur juge utile de rappeler que les deux premiers sont fils de Clotilde alors que le troisième, l’aîné, est fils d’une concubine ce qu’il a déjà mentionné55. Au milieu du VIIIe siècle, la continuation de la Chronique de Frédégaire présente Childebrand – probablement fils de Pépin II et d’une concubine56 – comme frère (germanuus) de Charles Martel (c. 20) et oncle (avunculus) de Pépin III (c. 24 et 34)57. Au IXe siècle, pour Éginhard, tous les fils et filles de Charlemagne sont ses enfants, quel que soit le statut de leur mère58. Quant à Nithard, il explique que Louis Pieux concède le royaume d’Italie à son neveu (nepos) Bernard, fils (filius) de Pépin, sans mentionner aucunement que Bernard est né d’une union illégitime59. Au XIe siècle, la plupart des sources qui évoquent Guillaume de Normandie précisent qu’il est fils du duc Robert, sans mentionner sa mère Arlette, dont l’union avec son père est considérée comme illégitime par les milieux ecclésiastiques60.
17En second lieu, les enfants illégitimes portent des noms qui appartiennent au patrimoine onomastique familial, alors que le nom est marqueur de l’appartenance à la famille61. Les deux fils du roi Dagobert s’appellent Sigebert et Clovis, et portent donc des noms d’anciens rois mérovingiens, alors que la Chronique de Frédégaire ne fait pas figurer la mère du premier parmi les épouses légitimes du roi, contrairement à Nanthilde, mère du second62. Le premier fils de Charlemagne et d’une concubine, aux dires d’Éginhard, s’appelle Pépin63, comme son grand-père, premier roi de la dynastie carolingienne. L’origine du nom de la plupart de ses autres enfants nés de concubines (comme ceux de ses épouses légitimes) peut se retrouver dans la lignée pippinide-carolingienne ou dans celles qui lui sont liées par mariage, ce qui est aussi attesté pour ses successeurs64. Au XIe siècle, Guillaume de Normandie porte de même le nom d’un oncle paternel.
18En troisième lieu, tous les enfants illégitimes œuvrent au service du groupe familial comme n’importe quel autre membre du groupe, ce qui n’exclut pas quelques conflits, attestés aussi pour des individus de naissance légitime65. Ainsi à la fin du VIe siècle, Grégoire de Tours montre Thierry, né d’une femme qu’il qualifie de concubine, seconder son père Clovis dans la conquête du royaume des Wisigoths66. Au IXe siècle, l’Astronome fait d’Hugues et Drogon, fils de Charlemagne et de Reine, une de ses concubines, des soutiens parmi les plus fidèles de leur frère (frater) Louis le Pieux67, né de la reine Hildegarde. À la fin du Xe siècle, Richer décrit comment Arnoul, fils illégitime du défunt roi Lothaire, soutient les ambitions de son oncle Charles de Lorraine (IV, 33-36) et il est fait prisonnier avec lui, après la défaite de celui-ci, de même que la femme et les enfants (fils et filles) de Charles (IV, 49)68.
19En quatrième lieu, ces enfants illégitimes contribuent pour certains, comme d’autres membres de la famille, à entretenir la mémoire familiale. Plusieurs auteurs sont ainsi de naissance illégitime : c’est le cas notamment de Childebrand, probablement fils de Pépin II et d’une concubine, qui poursuit la Chronique de Frédégaire, favorable à son frère Charles Martel, ou de Nithard, fils illégitime d’Angilbert et de Berthe, petit-fils de Charlemagne par sa mère, qui écrit, à la demande de son cousin Charles le Chauve, qu’il sert par ailleurs comme guerrier et diplomate, une Histoire des fils de Louis le Pieux, destinée à « justifier Charles le Chauve aux yeux de la postérité des attaques imméritées auxquelles ce prince a été en butte69 ». Quant à Drogon, fils illégitime de Charlemagne, il s’attache à entretenir la mémoire familiale, d’une autre façon, en favorisant la promotion de l’abbaye Saint-Arnoul de Metz comme mausolée dynastique70. Au siècle suivant, Richer laisse aussi supposer ce rôle mémoriel pour Arnoul, dont il rappelle qu’il est fils du roi Lothaire et d’une concubine, avant de reproduire le discours qu’Hugues Capet aurait prononcé en 988 pour sa consécration comme archevêque de Reims : Arnoul, seul à rester de la lignée royale, doit être pourvu d’une dignité honorable pour que le nom de son illustre père ne tombe pas dans l’oubli71.
20En cinquième lieu, quelques indications éparses laissent supposer qu’ils vivent avec les enfants légitimes et font l’objet des mêmes attentions. Éginhard, après avoir listé les différentes unions de Charlemagne et les enfants qui en sont nés (c. 18), précise que celui-ci prit soin de l’éducation de ses fils et filles et qu’il ne soupait jamais sans eux (c. 19)72. S’il faut très certainement relativiser cette remarque, elle traduit néanmoins une attention particulière de Charlemagne pour ses enfants, sans faire manifestement de distinction entre eux, selon le statut de leur mère. D’ailleurs, l’épopée de Paderborn, poème datée de 806 qui met en scène la famille royale au cours d’une partie de chasse, évoque parmi les filles de Charlemagne nées de mères différentes (sans que cela soit précisé), la présence de Rothaide (née d’une concubine), mentionnée après Rotrude, Berthe et Gisèle (nées d’Hildegarde) et avant Théodrade et Hiltrude (nées de Fastrade)73. Pour la génération suivante, Nithard précise que Louis le Pieux, après avoir succédé à son père, décida d’élever auprès de lui au palais ses frères Drogon, Hugues et Thierry, nés d’unions illégitimes de son père74. La précision peut aussi laisser supposer qu’il aurait pu décider de ne pas le faire et qu’il n’y avait sur ce plan rien d’automatique. Certaines mentions d’Adémar de Chabannes75, ainsi que quelques chartes76, témoignent néanmoins que les enfants nés extra legitimo matrimonio apparaissent, voire vivent, dans l’entourage de leurs parents. Force est cependant de constater que, dans tous ces cas, il n’y a pas mention aux côtés du père d’enfants nés in legitimo matrimonio.
21Sixième indice de l’appartenance des enfants illégitimes au groupe familial : leur mémoire est entretenue avec celle du groupe familial. Éginhard prend la peine d’enregistrer tous les enfants de Charlemagne (à l’exception de ceux morts en bas âge), même s’il distingue parmi leurs mères celles qui sont épouses de celles qui sont concubines (c. 18)77. La plus ancienne entrée du livre de confraternité de Saint-Gall datée de 816-817 énumère, à la suite des Carolingiens légitimes qui ont régné depuis Pépin III, Drogon, Hugues et Thierry, soit les fils illégitimes de Charlemagne, ainsi que Bernard, fils illégitime de Pépin d’Italie78, neveu de Louis le Pieux.
22Enfin, les enfants illégitimes sont inhumés avec les membres de leur groupe. Grégoire de Tours évoque ainsi le cas d’une fille de l’évêque Urbicus de Clermont, née après que celui-ci se soit converti à la vie religieuse et qu’il ait recouché avec son épouse (enflammée de concupiscence pour lui), et enterrée avec ses parents dans une crypte clermontoise à Chantoin79. Drogon, fils d’une concubine de Charlemagne, est inhumé aux côtés de son frère Louis le Pieux né de la reine Hildegarde, dont la sépulture se trouve là aussi, dans l’abbaye saint Arnoul de Metz, où repose aussi leur ancêtre commun élevé au rang de saint, et qui devient alors un mausolée dynastique, même si cette promotion est éphémère80.
23Cette intégration des enfants illégitimes au groupe familial peut s’expliquer aisément. La forte mortalité et la norme que constitue le remariage en cas de veuvage conduisent à faire cohabiter au quotidien des enfants nés de parents différents81, ce qui facilite très certainement l’association des enfants nés hors mariage légitime, surtout à une époque où l’une des forces du groupe réside dans le nombre d’individus qu’il est susceptible de mobiliser.
24Si les enfants illégitimes font partie du groupe familial au même titre que les enfants légitimes, cela ne signifie cependant pas pour autant qu’ils y occupent la même place ni qu’ils y jouent le même rôle. Des différences sont notamment observables en ce qui concerne le nom, la carrière et l’héritage. Pour ce qui est du premier, si les enfants illégitimes comme légitimes reçoivent un nom issu du patrimoine onomastique familial, les premiers ne portent pas forcément le même type de nom que les seconds, du moins à partir du VIIIe siècle. Régine le Jan a montré que dans la famille des Pippinides-Carolingiens, les fils légitimes recevaient des noms tirés des agnats (comme Pépin ou Charles), alors que les fils illégitimes en recevaient d’autres (comme Bernard ou Remi). Après l’accession à la royauté, ces derniers, lorsqu’ils reçoivent des noms carolingiens, portent des noms qui n’ont jamais été ceux de rois (comme Arnoul ou Drogon)82. Les noms associés à l’exercice du pouvoir sont progressivement réservés aux fils légitimes. Pour les filles, moins bien éclairées, l’analyse est plus difficile. Il semble que les filles de Charlemagne issues d’une union légitime porte le nom d’une parente beaucoup plus proche (grand-mère, mère, tante, sœur), et donc plus étroitement liée au pouvoir que celles nées d’une concubine, mais les filles n’héritant pas du pouvoir royal, les enjeux ne sont pas les mêmes que pour les garçons.
25En matière de carrière, Régine Le Jan constate que dans la famille carolingienne, les fils illégitimes étaient souvent voués à une carrière religieuse, ce qui témoignerait d’une forme de répartition des compétences au sein de la famille royale : les fils illégitimes sont pourvus de brillantes charges religieuses, contrôlées par leur biais, ce qui conforte l’autorité des fils légitimes auxquels revient le pouvoir royal83. Pourtant le canon 10 du concile d’Orléans (538), repris au début du Xe siècle, par Réginon de Prüm puis par Burchard de Worms un siècle plus tard, interdit à un enfant né d’une concubine d’être ordonné clerc84. Il n’est certes pas précisé que les enfants sont illégitimes, mais ils semblent marqués par l’impureté de l’union de leurs parents, ce qui les rend en quelque sorte indignes de la cléricature. Force est cependant de constater que les enfants illégitimes, ou considérés comme tels, sont fréquemment destinés à la cléricature ou au monastère dans les familles royales comme aristocratiques, même s’il n’y a rien d’automatique, y compris chez les Carolingiens : des enfants légitimes peuvent être voués à la vie religieuse (à l’image de Carloman en 747 ou les filles légitimes de Charlemagne après la succession de Louis le Pieux) et des enfants illégitimes à une carrière laïque (comme Bernard, Childebrand et Nithard). Le tableau 5 montre d’ailleurs que les sources évoquent bien plus souvent des enfants illégitimes restés dans le siècle que voués à la vie religieuse, du moins lorsque l’on ne prend en compte que celles qui soulignent explicitement à la fois l’illégitimité et le devenir. Mais parmi les enfants de fait illégitimes, nombreux sont ceux à avoir embrassé une carrière religieuse, sans que l’illégitimité de leur naissance soit toutefois précisée. Cela signifie-t-il une certaine retenue à ne pas souligner la naissance illégitime des religieux (que l’on ne connaît donc souvent qu’en croisant les informations fournies par les sources), du fait notamment de la règlementation canonique rappelée ci-dessus ? Ou bien s’agit-il juste d’une donnée que les auteurs ne jugent pas utile de préciser parce que cela ne participe pas au message qu’ils veulent faire passer ?
26Mais la principale différence porte sur l’héritage, particulièrement lorsqu’il intègre la transmission du pouvoir. Cela se traduit notamment par les différences de noms et de carrières : certains noms sont associés à l’exercice de l’autorité et la conversion religieuse est un moyen commode d’écarter des enfants illégitimes de toute prétention à la succession, même si elle répond aussi à d’autres motivations85. Les règles de transmission ont sensiblement évolué au cours du haut Moyen Âge. À l’époque mérovingienne, jusqu’au milieu du VIIe siècle86, tous les fils reconnus comme les siens par le roi deviennent rois, quel que soit le statut de leur mère. Ainsi, si l’on en croit Grégoire de Tours, après la mort de Clovis, ses quatre fils se partagent le royaume : Thierry, né d’une concubine, et les trois fils qu’il a eus de Clotilde (III, 1) ; en revanche, Gondovald qui se dit fils du roi Clotaire, ce que celui-ci nie – considérant que ce n’est pas lui qui l’a engendré –, est exclu de la succession royale (VI, 24)87. Si l’on en croit la Chronique de Frédégaire, le roi Dagobert élève à la royauté aussi bien Sigebert, né d’une femme qui n’est pas légitime, que Clovis, né de la reine Nanthilde, et il prévoit avant de mourir le partage du royaume entre eux (IV, 75-76)88. Cela n’exclut pas des débats sur la question. Selon Grégoire de Tours, certains ignoraient que l’on ne pouvait désormais appeler fils de roi, et donc considérer comme héritier, ceux dont la mère appartenait à la domesticité (V, 20)89, ce qui pose donc la question des fils nés d’unions hypogamiques du roi90. Quant à la Chronique de Frédégaire (IV, 36) et à la Vie de saint Colomban (c. 18-19), rédigées vers le milieu du VIIe siècle, elles enregistrent les reproches faits par Colomban, à Thierry, sur les fils qu’il a eus de concubines : pour le missionnaire irlandais, si l’on en croit les deux auteurs, la descendance royale doit naître d’une reine honorable et non d’une prostituée. Il prévient donc Thierry que ses fils, nés d’unions adultères, ne recueilleront pas le sceptre royal91, ce qui se vérifie ensuite en partie car, s’ils héritent du royaume de leur père, ils en sont rapidement écartés.
27Les choses évoluent progressivement avec les Carolingiens. Dans un premier temps, même si les fils légitimes semblent privilégiés, les fils illégitimes ne sont pas totalement exclus92. Tout laisse à penser que Charlemagne entendait faire de son aîné Pépin (le Bossu) un héritier avant qu’il ne l’exclut de la succession. Mais, on ne sait pas si cela est dû à son illégitimité ou à sa difformité93, à moins que sa mère Himiltrude, d’abord considérée comme épouse légitime, ne l’ait plus été ensuite94. Quoi qu’il en soit, la première allusion plus ou moins explicite à l’exclusion des fils illégitimes de la succession royale, se rencontre à la génération suivante, notamment sous la plume de Nithard (I, 2). Il explique qu’en 814, après la mort de Charlemagne, Louis (le Pieux), « le dernier de ses fils nés d’un juste mariage (justo matrimonio), les autres étant morts, lui succéda » et qu’il décida d’élever ses frères d’un âge encore tendre auprès de lui au palais. Cela laisse supposer que les fils légitimes héritent du royaume, alors que les illégitimes en sont exclus. La règle est d’ailleurs juridiquement exprimée dans l’ordinatio imperii, capitulaire de 817 dans lequel Louis le Pieux prévoit le partage de l’empire entre ses fils et, après : « si l’un [de ses fils] meurt sans laisser d’enfants légitimes (absque legitimis liberis), que son pouvoir (potestas) revienne à son frère aîné. Et s’il a des enfants de concubines (ex concubinis), nous l’exhortons à se comporter avec eux avec miséricorde » (c. 15)95. En matière de succession royale, l’affaire la plus retentissante de la période est certainement, à la génération suivante, celle de l’échec du divorce de Lothaire ii : son fils Hugues dont la légitimité n’est pas reconnue, du moins par une partie des élites comme on l’a vu, ne parvient pas à succéder à son père96. L’exclusion de la royauté, qui ne se pose que pour les garçons, même si l’ordinatio de 817 parle d’enfants (liberi), ne signifie pas cependant l’exclusion de toute part d’héritage. En outre, à la fin du IXe siècle, dans le royaume de l’est, des Carolingiens de naissance illégitime sont élevés à la royauté en l’absence d’héritier direct97. C’est le principe qui est ensuite appliqué dans le milieu princier des Xe-XIe siècles. En témoignent notamment Adémar de Chabannes et Raoul Glaber qui précisent toujours que tel puissant n’a pas de descendance légitime pour expliquer que c’est le fils d’une concubine qui hérite de la principauté98. Si les enfants légitimes sont progressivement avantagés, les illégitimes reconnus, filles comme garçons, ne sont pas exclus de tout héritage, ce dont témoignent quelques chartes. Le comte de Rouergue et marquis de Gothie Raimond Ier répartit ainsi, en 961, par testament, ses biens entre des communautés religieuses, son épouse légitime, son fils aîné et son cadet, mais aussi ses fils et sa fille qu’il a eus d’une autre femme (fille d’Odoin), probablement concubine99.
28C’est par rapport à la question de l’héritage et de la succession que les sources s’intéressent essentiellement aux enfants nés extra matrimonio legitimo, qui sont de ce fait presqu’exclusivement des garçons. Il est d’ailleurs possible que les hommes y aient été plus attentifs que les femmes, si l’on en croit deux lettres adressées par Yves de Chartres à un homme et une femme pour leur interdire le projet qu’ils ont de se marier, du fait qu’ils sont apparentés : s’il les menace l’un et l’autre d’excommunication en cas de refus, il n’avance l’argument de l’illégitimité des héritiers qu’au comte100, ce qui peut se justifier à partir du moment où les tendances patrilinéaires se sont renforcées en matière de succession.
29Les enfants illégitimes font donc partie du groupe familial et contribuent à le soutenir et le renforcer, particulièrement au sein des élites, tout en y étant considérés différemment, surtout à partir de l’époque carolingienne. Cela invite à s’interroger sur le jugement porté sur eux.
La perception de l’illégitimité
30Le plus souvent, les sources évoquent les naissances illégitimes de manière assez neutre, en se contentant d’enregistrer la filiation d’un individu. Le groupe familial est divers : il y a des enfants légitimes et illégitimes, nés de parents différents compte tenu de la forte mortalité et des remariages fréquents, comme il a aussi des filles et des garçons, puis des aînés et cadets, davantage distingués à partir du Xe siècle. Si tous soutiennent le groupe familial, tous ne le font pas de la même manière. Il semble que pour la plupart des contemporains, l’illégitimité ne donnait lieu à aucun jugement de valeur, y compris de la part d’auteurs souvent issus des milieux religieux qui font manifestement la part entre le discours théorique et la réalité : c’est juste une réalité à prendre, éventuellement, en compte. Il semble, par conséquent, que lorsqu’une source ne prend pas la peine de préciser la naissance illégitime d’un individu, c’est souvent parce que cela n’a pas d’importance : en revanche, ce qui en a, c’est qu’il est fils ou frère, voire fille ou sœur, de tel autre, et donc qu’il appartient au même groupe que lui. Il en est d’ailleurs de même pour les demi-frères ou sœurs, de naissance légitime : la documentation ne retient généralement que le fait qu’ils sont frères ou sœurs et ne précise qu’ils n’ont pas la même mère ou le même père que si c’est nécessaire pour comprendre les événements ou les enjeux.
31Quelques indices, peu nombreux, témoignent cependant de jugements négatifs, portés tout au long de la période, plus souvent à l’égard des parents, fautifs, qu’à l’égard des enfants, mais soulignant parfois le déshonneur dont ceux-ci sont porteurs. Cela se traduit tout d’abord par l’usage de certains qualificatifs. A déjà été évoquée l’infamie, notion certes juridique, mais qui comporte aussi une dimension morale négative. Certains auteurs associent aussi l’illégitimité à la souillure : selon Grégoire de Tours, un synode déclare les enfants nés de la seconde union de Tétradie souillés ou impurs (incestos)101 ; pour Richer (fin du Xe siècle), Charles-Constantin – fils illégitime du roi Louis l’Aveugle – est certes de naissance royale, mais sali (sordere) par une ascendance avec des concubines (concubinali stemmate)102. Quant à Raoul Glaber (XIe siècle), il laisse supposer que l’usage des Normands de prendre pour princes des hommes nés de concubines est jugé abominable (abhominabile) par certains103. Enfin, Yves de Chartres enjoint Hugues de Troyes de renoncer à donner sa cousine en mariage au roi, car née d’un mariage incestueux, elle n’est pas issue d’un mariage légitime (legitimo conjugio), et son infamie (infamia) diminuerait la majesté du royaume et l’honneur royal104. Le jugement négatif se manifeste aussi par le biais de l’accusation portée à l’encontre de certains individus d’être de naissance illégitime, ce qui est destiné, comme pour l’accusation d’adultère105, à fragiliser celui qui en est victime : Grégoire de Tours évoque ainsi, à la fin du VIe siècle les doutes du roi Gontran quant à son neveu Chilpéric, qu’il croit fils d’un leude plutôt que celui de son frère, ce qui remet en cause son soutien106 ; au XIe siècle, Adémar de Chabannes rapporte l’opposition des moines de Fleury puis de la population de Bourges à l’égard de Gauzlin désigné abbé de Fleury, puis archevêque de Bourges, parce qu’il était fils bâtard (filius manzer) du roi, né d’une prostituée (scorti)107, accusation dont Robert-Henri Bautier et Gilette Labory ont montré qu’elle n’était pas fondée et devait certainement s’expliquer par le ressentiment d’Adémar et de sa communauté à l’égard de Gauzlin108. Il y a là peut-être une évolution en cours, car à la fin du Xe siècle, quand Richer évoque les hésitations de la population rémoise à l’égard de la désignation d’Arnoul, fils du roi Lothaire et d’une concubine, celles-ci portent sur son caractère et son tempérament indécis (IV, 27), et non sur son illégitimité. Autre indice de jugement négatif : certains pénitentiels et conciles évoquent le meurtre par leurs parents, voire par la mère seule, d’enfants conçus ou nés d’unions illégitimes109, ce qui ne signifie pas pour autant que la pratique était très fréquente110. En outre, les mêmes sources évoquent aussi des actes similaires, sans préciser que les enfants sont de naissance illégitime, ce qui ne permet pas de dire que les parents considérés comme fautifs cherchaient particulièrement à éliminer les preuves de leur culpabilité. D’autres nuances peuvent être apportées aux jugements négatifs quant à l’illégitimité repérés ici ou là. Ils proviennent de sources écrites dans les milieux religieux, plus attentifs aux pratiques déviantes : or la plupart de ces mêmes sources évoquent aussi dans d’autres passages des cas d’illégitimité sans jugement de valeur, et on n’observe pas, à partir du corpus dépouillé, d’augmentation des critiques au cours de la période, pourtant marquée par une volonté de plus en plus grande de l’Église d’encadrer la société et de lui imposer ses normes, notamment en matière de mariage et de sexualité.
32La perception de l’illégitimité peut aussi se faire de manière positive, ou du moins par le biais de la condamnation des critiques à son égard. Sur ce plan, le témoignage de Raoul Glaber, lui-même « conçu par ses parents dans le péché » comme il le précise lui-même (V, 3) est particulièrement intéressant. Alors qu’il s’élève contre toutes les formes d’unions illégitimes – émanation du mal (IV, 1 et 17) –, il s’attache à justifier la pratique des Normands de prendre des princes nés de concubines, ce que certains jugent abominable comme on l’a vu : il rappelle pour cela l’exemple des fils de Jacob (Gn 29,30) et de l’empereur Constantin qui, bien que nés de concubines, succèdent à leur père (IV, 20)111. Ce qui peut apparaître comme un discours contradictoire prend tout son sens si l’on considère que, dans ce passage, Raoul Glaber présente les choses, non du point de vue des parents unis de manière illégitime – ce qui est condamnable –, mais de celui des enfants qui en naissent (comme lui) et dont il prend en quelque sorte la défense. L’idée que les enfants illégitimes ne sont pas responsables de leur situation est reprise au siècle suivant par le décret de Gratien112.
*
33Au terme de ce premier balayage qui n’a nulle prétention à l’exhaustivité, il apparaît d’abord clairement que l’étude de la filiation illégitime est particulièrement complexe pour le haut Moyen Âge franc. Outre que la documentation l’évoque assez peu, tout le monde n’en a pas la même définition et n’en tire pas les mêmes conséquences, sans compter que les situations, et donc les statuts, peuvent évoluer, notamment du fait de la fluctuation des rapports de force en jeu. L’image de l’illégitimité est donc extrêmement floue et la question ne paraît retenir l’attention que lorsqu’il y a des intérêts en jeu, notamment en termes de pouvoir. Il semble néanmoins qu’il y ait conscience que tous les enfants n’ont pas le même statut, notamment du fait de la nature de l’union de leurs parents, et qu’à partir de l’époque carolingienne, avec une intensification au tournant des Xe et XIe siècles, ils ont des droits différents, notamment en matière d’héritage, selon qu’ils sont considérés comme légitimes ou illégitimes. La redéfinition, dans le cadre de la réforme grégorienne, des normes du mariage par l’Église qui renforce par ailleurs son contrôle de la sexualité (interdite aux clercs, circonscrite pour les laïcs), tout en affirmant sa compétence exclusive en matière législative et juridictionnelle sur les affaires matrimoniales et en développant sa réflexion doctrinale, aboutit progressivement à distinguer plus clairement, parmi les enfants, les illégitimes des légitimes113.
Annexe
ANNEXES
Tableau 1. – Unions fécondes de Charlemagne et statut des enfants selon Éginhard.114
Épouses |
Enfants légitimes |
Concubines |
Enfants illégitimes |
3. Hildegarde |
Charles |
1. [Himiltrude] |
Pépin [le Bossu] |
4. Fastrade |
Théodrade
|
5. X |
Rothaïde |
7. Maldegarde |
Rotilde |
||
8. Gervinde |
Aldetrude |
||
9. Reine |
Drogon |
||
10. Adelinde |
Thierry |
||
Total |
8 |
7 |
3. = 3e union (la mère de Pépin, non évoquée dans l’énumération d’Éginhard, mais mentionnée – sans être nommée – ensuite, a été replacée dans la chronologie des unions de Charlemagne 114).
Charles : garçon
Rotrude : fille
[Himiltrude] : non nommée par Éginhard
Tableau 2. – Nombre d’occurrences relatives aux enfants nés (ou considérés comme nés) extra legitimo marito, selon la manière de présenter la situation.1
*Sources qui n’ont été dépouillées que partiellement, notamment à partir des index lorsqu’il y en avait ou pour y trouver des indications sur un individu précisément.
Tableau 3. – Nombre d’occurrences relatives aux enfants nés (ou considérés comme nés) extra legitimo marito, selon la nature du lien de leurs parents.
Sources |
Enfants nés d’un couple illégitime reconnu socialement |
Adultère envisagé du point de vue du père* |
Adultère envisagé du point de vue de la mère* |
Pactus Legis Salicae (VIe siècle) |
1 |
||
Grégoire de Tours, Dix livres d’histoire (VIe siècle) |
2 |
4 |
5 |
Pénitentiels (VIe siècle) |
2 |
2 |
3 |
Frédégaire, Chronique, l. IV (VIIe siècle) |
6 |
||
Vie de saint Colomban, par Jonas de Bobbio (VIIe siècle) |
1 |
||
Pénitentiels (VIIIe siècle) |
3 |
1 |
|
Liber Historiae Francorum (VIIIe siècle) |
4 |
||
Continuations de la Chronique de Frédégaire (VIIIe siècle) |
1 |
||
Lex salica (fin VIIIe-déb. IXe siècle) |
1 |
||
Éginhard, Vita Caroli (IXe siècle) |
5 |
||
Jonas d’Orléans, Instruction des laïcs (IXe siècle) |
1 |
2 |
1 |
Nithard, Histoire des fils de Louis le Pieux (IXe siècle) |
1 |
1 |
|
Annales de St-Bertin (IXe siècle) |
2 |
||
Capitulaires (mi-VIIIe s.-884) |
1 |
||
Conciles (742-874) |
2 |
||
Vie de sainte Berthe de Blangy (Xe siècle) |
1 |
||
Flodoard, Annales (Xe siècle) |
1 |
||
Richer, Histoire de France (Xe siècle) |
4 |
||
Burchard de Worms, Décret (XIe siècle) |
1 |
2 |
2 |
Adémar de Chabannes, Chronique (XIe siècle) |
10 |
||
Raoul Glaber, Histoires (XIe siècle) |
1 |
2 |
|
Cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers, no 140 (v. 1015) |
1 |
||
Vie de saint Lambert, par Sigebert de Gembloux (XIe siècle) |
|||
Yves de Chartres, Lettres (XIe siècle) |
3 |
1 |
|
Total |
16 |
53 |
13 |
*Dans les sources qui évoquent l’adultère sans faire de distinction entre les sexes, les occurrences ont été comptabilisées dans les 2 colonnes.
Tableau 4. – Nombre d’occurrences relatives aux enfants nés (ou considérés comme nés) extra legitimo marito, selon leur sexe2.
Sources |
Enfants |
garçons |
Filles |
Pactus Legis Salicae (VIe siècle) |
1 |
||
Grégoire de Tours, Dix livres d’histoire (VIe siècle) |
2 |
6 |
1 |
Pénitentiels (VIe siècle) |
7 |
||
Frédégaire, Chronique, l. IV (VIIe siècle) |
6 |
||
Vie de saint Colomban par Jonas de Bobbio (VIIe siècle) |
1 |
||
Pénitentiels (VIIIe siècle) |
4 |
||
Liber Historiae Francorum (VIIIe siècle) |
3 |
||
Continuations de la Chronique de Frédégaire (VIIIe siècle) |
|||
Lex salica (fin VIIIe-déb. IXe siècle) |
1 |
||
Éginhard, Vita Caroli (IXe siècle) |
4 |
3 |
|
Jonas d’Orléans, Instruction des laïcs (IXe siècle) |
3 |
||
Vie de Louis le Pieux par l’Astronome (IXe siècle) |
1 |
||
Nithard, Histoire des fils de Louis le Pieux (IXe siècle) |
3 |
||
Annales de St-Bertin (IXe siècle) |
4 |
||
Capitulaires (mi VIIIe s.-884) |
1 |
||
Conciles (742-874) |
2 |
||
Vie de sainte Berthe de Blangy (Xe siècle) |
1 |
||
Flodoard, Annales (Xe siècle) |
1 |
||
Richer, Histoire de France (Xe siècle) |
1 |
3 |
|
Burchard de Worms, Décret (XIe siècle) |
3 |
||
Adémar de Chabannes, Chronique (XIe siècle) |
9 |
||
Raoul Glaber, Histoires (XIe siècle) |
3 |
||
Cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers no 140 (v. 1015) |
5 |
1 |
|
Vie de saint Lambert, par Sigebert de Gembloux (XIe siècle) |
1 |
||
Yves de Chartres, Lettres (XIe siècle) |
3 |
1 |
|
Total |
24 |
40 |
7 |
Tableau 5. – Nombre d’occurrences relatives aux enfants nés (ou considérés comme nés) extra legitimo matrimonio, selon leur carrière.
Sources |
Carrière laïque |
Carrière religieuse |
Pactus Legis Salicae (VIe siècle) |
||
Grégoire de Tours, Dix livres d’histoire (VIe siècle) |
4 |
1 |
Pénitentiels (VIe siècle) |
||
Frédégaire, Chronique, l. IV (VIIe siècle) |
6 |
|
Vie de saint Colomban par Jonas de Bobbio (VIIe siècle) |
2 |
|
Pénitentiels (VIIIe siècle) |
||
Liber Historiae Francorum (VIIIe siècle) |
3 |
|
Continuations de la Chronique de Frédégaire (VIIIe siècle) |
||
Éginhard, Vita Caroli (IXe siècle) |
1 |
|
Annales du royaume des Francs (IXe siècle) |
||
Vie de Louis le Pieux par l’Astronome (IXe siècle) |
1 |
|
Nithard, Histoire des fils de Louis le Pieux (IXe siècle) |
1 |
3 |
Annales de St-Bertin (IXe siècle) |
2 |
|
Flodoard, Annales (Xe siècle) |
1 |
|
Richer, Histoire de France (Xe siècle) |
2 |
1 |
Adémar de Chabannes, Chronique (XIe siècle) |
6 |
|
Raoul Glaber, Histoires (XIe siècle) |
2 |
1 |
Fauroux, Actes ducs de Normandie (XIe siècle) |
1 |
|
Vie de saint Lambert, par Sigebert de Gembloux (XIe siècle) |
1 |
|
Yves de Chartres, Lettres (XIe siècle) |
1 |
|
Total |
34 |
6 |
Notes de bas de page
1 Grégoire de Tours, Libri historiarum X (ensuite LH), II, 28, et III, 1, éd. et trad. allemande R. Buchner, 2 vol., Berlin, Rütten & Loenig, 1956, I, p. 114 et 144 ; trad. française R. Latouche, Histoire des Francs, rééd. Paris, 1999, I, p. 117 et 142.
2 Burchard de Worms, Decretorum libri XX, VII, 1, éd. G. Fransen et T. Kölzer, Darmastad, Scientia Verlag Aalen, 1992, p. 108. Sur le livre VII, voir Corbet P., Autour de Burchard de Worms. L’Église allemande et les interdits de parenté (IXe-XIIe siècles), Francfort-sur-le-Main, V. Klostermann, 2001, notamment p. 79-91. Le chapitre 1 est repris, mais avec des retouches, à Réginon de Prüm (début Xe siècle) qui l’avait quant à lui placé dans les appendices (III, 60) de ses Libri duo de synodalibus causis et disciplinis ecclesiasticis (éd. F. G. A. Wasserschleben, 1840, réimpr. Graz, 1964, p. 490-491), ibid., p. 82.
3 Wiel C. van de, « Les différentes formes de cohabitation hors justes noces et les dénominations diverses des enfants qui en sont nés dans le droit romain, canonique, civil et byzantin jusqu’au XIIIe siècle », Revue internationale des droits de l’antiquité, 3e série, 39, 1992, p. 327-358, notamment p. 335-336, 344-345 et 352-354.
4 Depreux P., Prosopographie de l’entourage de Louis le Pieux (781-840), Sigmaringen, J. Thorbecke, 1997, p. 113-114.
5 Vie de Louis le Pieux, par l’Astronome, éd. E. Tremp, MGH SRG 64, 1995, c. 6, p. 302 ; l’adjectif est aussi utilisé par le pape Jean VIII dans une lettre de 878 (no 98) relative à Hugues, fils non légitime mais naturel (filium non legitimum sed naturalem) de Lothaire II, cité par Heidecker K., The divorce of Lothar II. Christian marriage and political power in the carolingian world, Ithaca, Londres, Cornell University Press, 2010, n. 11, p. 184.
6 Adémar de Chabannes, Chronique, trad. Y. Chauvin et G. Pon, Turnhout, Brepols, 2003, p. 226, 232, 250, 255 et 270 ; éd. P. Bourgain, Turnhout, Brepols, 1999, p. 144, 149, 160, 163 et 174.
7 Yves de Chartres, Lettres, éd. partielle et trad. J. Leclercq, Correspondance I (1090-1098), Paris, Les Belles Lettres, 1949, no 45 (aux clercs de Meulan, 1096, sur le projet de mariage du comte Robert de Meulan), p. 186 : nec filios poterunt habere legitimos sed spurios. Sur l’utilisation dans le droit romain du qualificatif, retenu à partir du XIIIe siècle pour désigner les enfants d’unions condamnées ou passagères, voir Wiel C. van de, « les différentes formes », art. cit., notamment p. 336-337, 344 et 354.
8 Pactus legis salicae [ensuite PLS], éd. K. A. Eckhardt, MGH LL 4.1, Hanovre, 1962, c. 13, § 11, p. 62-63 ; Lex salica [ensuite LS], éd. K. A. Eckhardt, MGH LL 4.2, Hanovre, 1969, c. 23, § 16, p. 209 (S : version en 70 titres). Sur les états successifs de la rédaction de la loi salique et les variations qui ont coexisté dont témoignent les différents manuscrits, voir Drew K. F., The laws of the salien Franks, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1993, notamment p. 52-55.
9 PLS, c. 59, p. 22 ; LS, c. 93 (D), p. 162 ; c. 92 (E), p. 163 (versions en 100 titres). Sur les règles successorales et la pratique au haut Moyen Âge, voir Le Jan R., Famille et pouvoir dans le monde Franc (VIIe-Xe siècle). Essai d’anthropologie sociale, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995, p. 233-242.
10 Corbet P., Autour de Burchard, op. cit., p. 183.
11 Conciles qui évoquent l’exclusion de l’héritage : concile de Frioul (v. 796-797), réuni par Charlemagne, c. 8, MGH Conc. 2.2, p. 192 (il précise que ces enfants sont improbi [réprouvés]) ; concile de Douzy (874), réuni sous l’autorité de Charles le Chauve, MGH Conc. 4, p. 583. Sur la diffusion de la notion d’infamie dans la législation des Xe-XIe siècles, voir Corbet P., Autour de Burchard, op. cit., p. 185. Pour l’association de l’infamie et de l’exclusion de l’héritage, Burchard de Worms, Decretorum, op. cit., VII, 1, p. 108.
12 LH, X, 8, II, p. 342 (trad. II, p. 270). Sur cette histoire, voir Santinelli E., « Quand les femmes sont traîtres. Hommes, femmes et trahison à l’époque mérovingienne », M. Billoré (dir.), La trahison au Moyen Âge. De la monstruosité au crime politique (Ve-XVe siècle), Rennes, PUR, 2009, p. 160-161, ainsi que Joye S., La femme ravie. Le mariage par rapt dans les sociétés occidentales du haut Moyen Âge, Turnhout, Brepols, 2012, p. 232-233 et p. 341.
13 Entre autres, Santinelli E., « Introduction. Séparation, divorce, répudiation, dans l’Occident médiéval. Théorie et pratique. Évolutions et divergences », ead. (dir.), Répudiation, séparation, divorce dans l’Occident médiéval, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, 2007, p. 13 et n. 20 pour les références bibliographiques.
14 Jonas de Bobbio, Vie de saint Colomban, I, 18, éd. B. Krusch, MGH SRM, 4 (BHL 1898), Hanovre, 1902, p. 86, trad. A. de Vogüe, abbaye de Bellefontaine, 1988, p. 135.
15 Par exemple, PLS, c. 13, § 11, p. 62-63.
16 Par exemple, Vie de saint Colomban, op. cit., I, 19, p. 87 (trad. p. 136).
17 Par exemple, Pénitentiel de Bède (VIIIe siècle), éd. F. W. H. Wasserschleben, Die Bussordnungen der abendländischen Kirche, Graz, Akademia Druck- U. Verlagsanstalt, 1958, III, 1, 7 et 13, p. 221-222 (pour les verbes) et III, 6, 8 et 16, p. 221-222 (pour les enfants nés de telles unions).
18 Par exemple, Annales de Saint-Bertin, a. 853, éd. F. Grat, J. Vieillard et S. Clemencet, Paris, C. Klincksieck, 1964, p. 67.
19 Sur l’adultère au Moyen Âge, voir notamment Manselli R., « Vie familiale et éthique sexuelle dans les pénitentiels », G. Duby et J. Le Goff (dir.), Famille et parenté dans l’Occident médiéval, Rome, École française de Rome, 1977, p. 370-374 et, plus généralement, Poly J.-P., Le chemin des amours barbares. Genèse médiévale de la sexualité européenne, Paris, Perrin, 2003, notamment p. 153-160 et 349-352, ainsi que Karras R. M., Sexuality in Medieval Europe. Doing unto others, New York, Routledge, 2005, plus particulièrement p. 88-96 et 120-124. Le terme peut néanmoins être utilisé pour désigner les relations entre époux lorsqu’ils transgressent des interdits : les enfants qui en naissent sont alors considérés comme des bâtards (voir Flandrin J.-L., Un temps pour embrasser. Aux origines de la morale sexuelle occidentale [VIe-XIe siècle], Paris, Le Seuil, 1983, p. 115-117).
20 Entres autres, Jonas d’Orléans, Instruction des laïcs, II, 1-12, éd. et trad. O. Dubreucq, 2 t., Paris, Éditions du Cerf, 2012, I, p. 315-421 ; Toubert P., « La théorie du mariage chez les moralistes carolingiens », Settimane di Studio del centro italiano di studi sull’alto medievo, 24, 1977, notamment p. 248-249 ; id., « L’institution du mariage chrétien, de l’antiquité à l’an mil », ibid., 45, 1998, p. 526-529 ; Flandrin J.-L., Un temps, op. cit., notamment p. 83-86 et 115-127. Cela ne signifie pas pour autant que toutes les injonctions de l’Église sont respectées : voir Karras R. M., Sexuality, op. cit., et Lienhard T., « Mariage et sexualité dans le monde de Charlemagne (VIe-IXe siècles) : quelques nouvelles approches », à paraître (je remercie Thomas Lienhard de m’avoir transmis son texte avant publication).
21 Cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers (888-1155), éd. L. Redet, Archives historiques du Poitou, III, no 140 (v. 1015), Poitiers, 1874, p. 95-96. Sur la fréquence du mariage des clercs méridionaux jusqu’à la fin du XIe siècle, voir Magnou-Nortier É., « Réalité juridique et sociale du couple d’après les sources du Bas-Languedoc avant 1100 », M. Rouche (dir.), Mariage et sexualité au Moyen Âge. Accord ou crise ?, Paris, 2000, p. 172-174. Sur la rétrogradation à partir de la fin du XIe siècle des femmes de prêtres au statut de concubines, en lien avec l’obligation de célibat, voir Karras R. M., Sexuality, op. cit., p. 67, ce qui n’exclut pas un type de situation fréquent et socialement accepté (ead., « Marriage, Concubinage, and the Law », R. M. Karras, J. Kaye et E. A. Matter [dir.], Law and the Illicit in Medieval Europe, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2008, p. 121).
22 Nithard, Histoire des fils de Louis le Pieux (814-843), I, 2, éd. et trad. P. Lauer, Paris, Les Belles Lettres, 1964, p. 4-7.
23 Vita s. Bertae Blangiacensis, AA. SS. Julii, II (BHL 1266), c. 5, p. 50 ; pour la datation, Mériaux C., Gallia irradiata. Saints et sanctuaires dans le nord de la Gaule au haut Moyen Âge, Stuttgart, E. Steiner, 2006, p. 350.
24 Par exemple, Frédégaire, Chronique, IV, 36, éd. J.-M. Wallace-Hadrill, trad. O. Devillers et J.-M. Meyers, Chronique des Temps mérovingiens (l. IV et continuations), Turnhout, Brepols, 2001, p. 102 : « concubinarum adulteriis misceretur et non pocuius legitimi coniugii solamina frueretur ; ut regales proles ex honobilem reginam prodiret et non pocius ex lupinaribus videretur emergi ». Sur le concubinage au haut Moyen Âge, Esmyol A., Geliebte oder Ehefrau ? Konkubinen im frühen Mittelalter, Cologne, Böhlau, 2002; Karras R. M., « Marriage », art. cit., p. 117-129; ead., « The history of marriage and the myth of Friedelehe », Early medieval Europe, 14 (2006), p. 119-151; ead., Sexuality, op. cit., p. 60-61 et 100-104.
25 Le Jan R., Famille, op. cit., p. 316.
26 Richer, Histoire de France (888-995), éd. et trad. R. Latouche, 2 t., Paris, Les Belles Lettres, 1937, III, 94-95, t. 2, p. 120-121. Sur Adélaïde d’Anjou, voir Stasser T., « Adélaïde d’Anjou, sa famille, ses unions, sa descendance. État de la question », Le Moyen Âge, 103, 1997, p. 9-52. Sur l’échec du mariage de Louis V et d’Adélaïde, voir Joye S. et Santinelli-Foltz E., « Le couple : une définition difficile, des réalités multiples », S. Joye, E. Santinelli-Foltz et G. Bührer-Thierry (dir.), « Le couple dans le monde franc (Ve-VIIIe siècle) », Médiévales, 65 (automne 2013), p. 10-17.
27 Santinelli E., « Introduction », art. cit., p. 14-17.
28 Yves de Chartres, Lettres, éd. J.-P. Migne, PL 162, no 129, col. 139-140.
29 Les difficultés rencontrées par ce couple au moment du mariage auraient été ensuite levées, selon Barthélémy D., La société dans le comté de Vendôme, de l’an mil au XIVe siècle, Paris, Fayard, 1993, p. 712-13 et 798.
30 LH, X, 8, t. 2, p. 338-342 (trad. t. 2, p. 267-270).
31 Heidecker K., « Les mariages ratés de Lothaire II. Idéologies ecclésiastiques et pouvoirs socio-politiques », E. Santinelli (dir.), Séparation, op. cit., p. 301-307 ; id., The divorce of Lothar II, op. cit.
32 C’est par exemple le cas pour le remariage de Louis le Bègue, après la répudiation d’Ansgarde, avec Adélaïde qui donne naissance à Charles le Simple dont la légitimité n’a jamais été mise en doute : voir Devisse J., Hincmar, archevêque de Reims, 845-882, 3 vol., Genève, Droz, 1975-1976, p. 436-439.
33 C’est le cas, par exemple, pour les mariages par rapt qui aboutissent parfois au rétablissement du consensus entre les familles et à la reprise du cycle normal des échanges matrimoniaux : Joye S., La femme ravie, op. cit., p. 332 et, pour les enfants qui en naissent, p. 281 et 383.
34 Liber Historiae Francorum, 49, éd. B. Krusch, MGH SRM 2, Hanovre, 1888 (ensuite LHF), p. 324 ; Continuations de la Chronique de Frédégaire, 6, éd. J.-M. Wallace-Hadrill, trad. O. Devillers et J.-M. Meyer, Chronique, op. cit. (ensuite Continuations), p. 210.
35 Sigebert de Gembloux, Vie de Lambert évêque de Maastricht (BHL 4686), éd. B. Krusch, MGH SRM 6, Hanovre, 1913, c. 16-22, p. 397-403 et c. 28 (épilogue), p. 406.
36 Deviosse J., Charles Martel, Paris, J. Tallandier, 1978 (partie I : « Le Bâtard », voir plus particulièrement p. 34-40 et 44-48) et plus récemment Lett D., Famille et parenté dans l’Occident médiéval, Ve-XVe siècle, Paris, Hachette, 2000, p. 14. Sur l’analyse de l’évolution du statut d’Alpaïde, voir entre autres Gerberding R. A., The rise of the Carolingians and the Liber historiae Francorum, Oxford, Clarendon Press, 1987, p. 118-121 ; Settipani C., La préhistoire des Capétiens, 481-987, Villeneuve-d’Ascq, P. Van Kerrebrouck, 1993, p. 155-156 ; Beckmann G. A., « Les deux Alpais et les toponymes épiques (Avroy-) Auridon-Oridon-Dordon(e) », Le Moyen Âge, 1, tome CXIV 2008, p. 55-65 et références note 17.
37 Joye S., La femme ravie, op. cit., p. 168.
38 Le Jan R., « Le couple », art. cit., p. 37. Dans le même sens, Karras R. M., « The history », art. cit., notamment p. 145-151.
39 LH, t. 1, p. 196 (trad., I, p. 182) ; LHF, p. 286 ; Adémar de Chabannes, Chronique, op. cit., p. 42 (trad. p. 88).
40 Éginhard, Vita Caroli, c. 18, éd. et trad. L. Halphen, Paris, Les Belles Lettres, 1938, p. 54-59. Sur les différentes unions de Charlemagne et les enfants qui en sont nés, voir Nelson J.-L., « Women at the court of Charlemagne : a case of Montruous regiment ? », J. C. Parsons (dir.), Medieval queenship, New York, St Martin’s Press, 1993, p. 51-55 ; Lienhard T., « Mariage et sexualité », art. cit.
41 À ces enfants cités par Éginhard, s’ajoutent quelques enfants morts en bas âge, dont trois connus par Paul Diacre, dans son Liber de episcopis Mettensis, éd. et trad. angl. D. Kempf, Paris/Leuven, Walpole/Peeters, 2013 : il attribue à Hildegarde 4 fils et 5 filles, mentionne la mort à 2 ans de Lothaire (p. 76), jumeau de Louis et rédige l’épitaphe de Adélaïde et Hildegarde, décédées très jeunes (p. 82).
42 Raoul Glaber, Histoires, éd. et trad. M. Arnoux, Turnhout, Brepols, 1996, IV, 20, p. 258. La première mention de l’ascendance maternelle de Guillaume se trouve sous la plume d’Ordéric Vital qui complète vers 1109-1113 l’œuvre de Guillaume de Jumièges : The Gesta Normannorum ducum of William of Jumieges, Orderic Vitalis ans Robert of Torigny, VII, (3), t. 2, éd. et trad. angl. E. M. C. Van Houts, 2 t., Oxford, Clarendon Press, 1992, p. 96-97 et introduction, t. 1, p. xxv ; ead., « The origine of Herleva mother of William the Conqueror », English Historical Revue, 101 (1986), p. 399-405.
43 Par exemple, Jonas d’Orléans prône, dans son de ordine laicali, rédigé dans les années 820, la chasteté avant le mariage (II, 2) ainsi que la fidélité entre époux et interdit les relations avec une concubine (II, 4), le remariage après répudiation de l’époux comme de l’épouse (II, 11-12), ainsi que les unions incestueuses (II, 13), en se référant longuement aux autorités antérieures (Instruction, op. cit., p. 332, 360 et 428).
44 Même si les sources mémoriales précisent peu les liens de filiation, elles enregistrent parfois des listes d’individus, dont on connaît la parenté et qui mêlent les enfants nés d’unions différentes, notamment légitimes et illégitimes : le Liber confraternitatum de Reichenau, par exemple, qui enregistre, au décès de l’impératrice Ermengarde en octobre 818, les défunts de la famille carolingienne, mentionne notamment Bernard d’Italie (fils illégitime de Pépin d’Italie) et Ruadheid/Rothaïde (fille de Charlemagne et d’une concubine) sans distinction avec les enfants légitimes : cité par Le Jan R., Famille, op. cit., p. 356-357.
45 LH, X, 8, t. 2, p. 338-342 (trad. t. 2, p. 267-270) ; concile de Frioul (796-797), MGH Conc. 2.2, p. 192 ; LH, I, 44, t. 1, p. 44 (trad. t. 1, p. 63) ; Cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers, op. cit., no 140 (v. 1015), p. 95-96.
46 Le Jan R., « Le couple », art. cit., p. 34-35.
47 Les pénitentiels évoquent par exemple des enfants nés de religieuses violées, ainsi que d’autres issus de l’union d’un maître marié avec son esclave, dont il est impossible de connaître le sentiment.
48 Sur les filles de Charlemagne, voir Nelson J.-L., « Women at the court of Charlemagne », art. cit., p. 55, 57 et surtout 59 ; ead., « La cour impériale de Charlemagne », R. Le Jan (dir.), La royauté et les élites dans l’Europe carolingiennes (du début du IXe aux environs de 920), Lille, Centre d’histoire de l’Europe du Nord-Ouest, université Charles-de-Gaulle-Lille 3, Vve J. Renouard, 1998, p. 185-189.
49 Par exemple, Burchard de Worms, Decretorum, op. cit., III, 201, p. 75-76 et XVII, 52, p. 179.
50 L’adultère féminin est condamné plus sévèrement que l’adultère masculin au début de la période, où il est une cause possible de répudiation ; de manière identique ensuite.
51 Par exemple, en l’an mil, le comte d’Anjou Foulques Nerra fait brûler son épouse Élisabeth, accusée d’adultère : histoire de Saint-Florent de Saumur, éd. P. Marchegay, E. Mabille, Chroniques des églises d’Anjou, Paris, 1869, p. 260.
52 Yves de Chartres, Lettres, éd. J.-P. Migne, op. cit., no 205, col. 210-211.
53 Ibid.
54 Dans ce type de source, filii a le sens d’enfants (et non de fils). Inversement, liberi peut ne concerner que les fils, ce qui est le cas dans l’Ordinatio imperii (817), c. 15, MGH Capit. I, p. 273.
55 LH, III, 11, t. 1, p. 156 (trad. t. 1, p. 152); II, 37, t. 1, p. 132 (trad. t. 1, p. 132); III, 1, t. 1, p. 144 (trad. t. 1, p. 142); II, 28, t. 1, p. 114 (trad. t. 1, p. 117).
56 Settipani C., La préhistoire des Capétiens, op. cit., p. 159 ; Le Jan R., Famille, op. cit., p. 272.
57 Continuations, p. 222, 228 et 234.
58 Éginhard, Vita Caroli, op. cit., c. 18-19, p. 54-63.
59 Nithard, Histoire, op. cit., I, 2, p. 6 ; sur l’illégitimité de Bernard : Le Jan R., Famille, op. cit., p. 204.
60 Voir ci-dessus.
61 Le Jan R., Famille, op. cit., p. 179
62 Frédégaire, Chronique, op. cit., IV, 59-60 et 76, p. 150 et 174.
63 Éginhard, Vita Caroli, op. cit., c. 20, p. 62-63.
64 Le Jan R., Famille, op. cit., p. 204 et tabl. no 50, p. 437.
65 Aurell M. (dir.), La parenté déchirée : les luttes intrafamiliales au Moyen Âge, Turnhout, Brepols, 2010 ; Cassagne-Bouquet S. et Yvernault M. (dir.), Frères et sœurs : les liens adelphiques dans l’Occident antique et médiéval, Turnhout, Brepols, 2007 et, plus généralement, Lett D., Histoire des frères et sœurs, Paris, Éditions de La Martinière, 2004, p. 132-147.
66 HL, II, 37, t. 1, p. 132 (trad. t. 1, p. 132).
67 Vie de Louis le Pieux, op. cit., c. 49, p. 484, c. 54, p. 500, c. 55, p. 506, c. 63, p. 546 et c. 64, p. 554.
68 Richer, Histoire, op. cit., t. 2, p. 195-199 et p. 223-225.
69 Nithard, Histoire, op. cit., introduction, p. vii-x.
70 Glansdorff S., « L’évêque de Metz et archichapelain Drogon (801/802-855) », Revue Belge de philologie et d’histoire, t. 81, fasc. 4 (2003), p. 976 ; Gaillard M., « L’éphémère promotion d’un mausolée dynastique : la sépulture de Louis le Pieux à Saint-Arnoul de Metz », Médiévales, no 33 (1997), p. 141-151.
71 Richer, Histoire, op. cit., IV, 26, t. 2, p. 185 et IV, 28, t. 2, p. 189.
72 Éginhard, Vita Caroli, op. cit., p. 55-61.
73 Angilbert, Carmina, no 6 : Karolus magnus et Leo papa, éd. E. Dümmler, MGH Poetae latini aevi Karolini, I, Berlin, 1881, p. 371-372. Sur l’analyse de ce passage, voir Nelson J.-L., « La cour impériale », art. cit., p. 187-188 et Guizard F., « Femmes, pouvoir et espace cynégétique au Haut Moyen Âge », E. Santinelli-Foltz et C.-G. Schwentzel (dir.), La puissance royale. Image et pouvoir de l’Antiquité au Moyen Âge, Rennes, PUR, 2012, p. 246-249.
74 Nithard, Histoire, op. cit., I, 2, p. 6.
75 Adémar de Chabannes, Chronique, op. cit., III, 21, 24, p. 141 et 146 (trad. p. 221 et 228).
76 Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066), éd. M. Fauroux, Caen, Caron, 1961, no 60 (v. 1030), p. 184 ; Cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers, op. cit., no 140 (v. 1015), p. 95-96.
77 Éginhard, Vita Caroli, op. cit., p. 54-59.
78 Borgolte M., Geuenich D. et Schmid K., Subsidia Sangallensia I, Saint-Gall, 1886, p. 114.
79 HL, I, 44, t. 1, p. 44 (trad. t. 1, p. 63).
80 Glansdorff S., « L’évêque », art. cit., p. 976 ; Gaillard M., « L’éphémère promotion », art. cit., notamment p. 145.
81 Le Jan R., Famille, op. cit., p. 340-341 ; Santinelli E., Des femmes éplorées ? Les Veuves dans la société aristocratique du haut Moyen Âge, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2003, p. 243-248 et 254-255.
82 Le Jan R., Famille, op. cit., p. 201-204.
83 Ibid., p. 244 et 399.
84 Les canons des conciles mérovingiens (VIe-VIIe siècles), éd. et trad. J. Gaudemet et B. Basdevant, 2 t., Paris, Éditions du Cerf, 1989, I, p. 238-239 ; Réginon de Prüm, Libri duo, op. cit., I, 427, p. 193 ; Burchard de Worms, Decretorum, op. cit., II, 19, p. 36. Le canon 64 du concile de Meaux (845), repris aussi par Reginon (I, 428), prévoit le même type d’interdiction pour les enfants nés d’une union issue d’un rapt, même après accord a posteriori des familles : voir Joye S., La femme ravie, op. cit., p. 383.
85 Le Jan R., Famille, op. cit., p. 201-204, 244 et 399.
86 Le Jan R., Les Mérovingiens, Paris, Presses universitaires de France, 2006, p. 23.
87 LH, t. 1, p. 144 (trad. t. 1, p. 142); t. 1, p. 40 (trad. t. 2, p. 39-40).
88 Frédégaire, Chronique, op. cit., p. 173-175.
89 HL, t. 1, p. 326 (trad. t. 1, p. 283).
90 Sur cette façon pour le roi d’imposer son autorité en se distinguant aussi sur ce plan, voir Bührer-Thierry G., Mériaux C., La France avant la France, 481-888, Paris, Belin, 2010, p. 592-593.
91 Frédégaire, Chronique, op. cit., p. 103 ; Vie de saint Colomban, op. cit., p. 86-87 (trad. p. 135-136).
92 Le Jan R., Famille, op. cit., p. 244 ; Gansdorff S., « L’évêque », art. cit., p. 946-947. J.-L. Nelson souligne le tournant du règne de Pépin III : « La famille de Charlemagne », A. Dierkens et J.-M. Sansterre (dir.), Le Souverain à Byzance et en Occident du VIIIe au Xe siècle, Byzantion, 61, 1991, p. 195-196.
93 Nelson J.-L., « La famille de Charlemagne », art. cit., p. 200 ; Le Jan R., Famille, op. cit., p. 202-204 : pour R. Le Jan, la décision est peut-être liée à l’influence des évêques qui ne reconnaissent que les unions légitimes et cherchent donc à privilégier les enfants qui en étaient issus, aux dépens des autres. Mais peut-être faut-il seulement y voir une conséquence de la difformité de Pépin qui lui a valu son surnom et le rendait indigne de la royauté ?
94 Nelson J.-L., « La famille de Charlemagne », art. cit., p. 197; ead., « Women at the court of Charlemagne », art. cit., p. 51.
95 MGH Capit. I, p. 273.
96 Heidecker K., The divorce of Lothar II, op. cit.
97 Le Jan R., Famille, op. cit., p. 245.
98 Adémar de Chabannes, Chronique, op. cit., pour Ramnoux, comte de Poitiers (III, 21 et 23, p. 141 et 144, trad. p. 221 et 226) et Guillaume Taillefer, comte d’Angoulême (III, 24, p. 146, trad. p. 228) ; Raoul Glaber, Histoires, op. cit., pour Robert duc de Normandie (III, 38, p. 216).
99 Vic C. de et Vaissette J., Histoire générale de Languedoc, III/2, rééd. Nîmes, Lacour, 1993, Preuves, no 54, p. 348-441, repéré par É. Magnou-Nortier, « Réalité », art. cit., p. 181.
100 Yves de Chartres, Lettres, éd. J.-P. Migne, op. cit., no 129-130, col. 139-140.
101 LH, X, 8, t. 2, p. 342 (trad. t. 2, p. 270).
102 Richer, Histoire, II, 98, p. 288.
103 Raoul Glaber, Histoires, op. cit., IV, 20, p. 258.
104 Yves de Chartres, Lettres, éd. J.-P. Migne, op. cit., no 209, col. 214.
105 Bührer-Thierry G., « Reines adultères et empoisonneuses, reines injustement accusées : la confrontation de deux modèles aux VIIIe-Xe siècles », C. La Rocca (dir.), Agire da donna. Modelli e pratiche di rappresentazione (secoli vi-x), Turnhout, Brepols, 2007, notamment p. 152-154.
106 HL, VIII, 9, t. 2, p. 170 (trad. t. 2, p. 136).
107 Adémar de Chabannes, Chronique, op. cit., III, 39, p. 160 (trad. p. 250).
108 André de Fleury, Vie de Gauzlin, abbé de Fleury, éd. et trad. R. H. Bautier, G. Labory, Paris, 1969, p. 18-20.
109 Pénitentiel de Finian (VIe siècle), éd. F. W. H. Wasserschleben, Die Bussordnungen, op. cit., 12-13, p. 110-111 ; Pénitentiel de Bède (VIIIe siècle), ibid., III, 8, p. 222 ; Réginon de Prüm (Xe siècle), libri duo, op. cit., II, c. 65, 67-68, p. 240-241 ; Burchard de Worms (XIe siècle), Decretorum, op. cit., XVII, 52, p. 180.
110 Pour Didier Lett qui n’envisage pas la question des enfants illégitimes, mais celle des enfants globalement, si l’infanticide est une réalité au haut Moyen Âge, il ne correspond pas à un phénomène massif : Alexandre-Bidon D. et Lett D., Les enfants au Moyen Âge, Ve-XVe siècles, Paris, Hachette, 1997, p. 32-36.
111 Raoul Glaber, Histoires, op. cit, p. 222-234, 252, 258 et 276.
112 Van de Wiel C., « Les différentes formes », art. cit., p. 356.
113 Gaudemet J., Le mariage en Occident, Paris, Éditions du Cerf, 1987, p. 139-149 ; Fliche A., Histoire de l’Église, depuis les origines jusqu’à nos jours, 8 : La réforme grégorienne et la reconquête chrétienne (1057-1123), Paris, Bloud et Gay, 1940, p. 462-467.
114 Le Jan R., Famille, op. cit., p. 274
Notes de fin
1 Lorsque l’illégitimité est indiquée de plusieurs manières (union illicite et concubine, par exemple), elle a été comptabilisée avec la forme sur laquelle l’auteur insiste le plus. Lorsqu’un même individu est évoqué à plusieurs reprises dans une même source, il n’a été comptabilisé qu’une seule fois.
2 Lorsqu’une même union donne lieu à plusieurs naissances évoquées ensemble, celles-ci n’ont été comptabilisées qu’une fois.
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