N° 26. Le Héraut de la Nation sous les auspices de la patrie
p. 263-268
Texte intégral
Notes de bas de page
1 N’est-ce pas un abus, de donner au Trésorier 95,000 liv. d’appointemens annuels, sans compter les grands profits de la Caisse ? Est-il nécessaire qu’un Trésorier tienne table ouverte pour quelques parasites, et qu’il ait le train, la représentation d’un Marquis ou d’un Comte ?
2 Il n’y a pas de plus folle dépense que les 11,000 liv. qui forment les trois articles suivans. Les voyage et séjour durent trois semaines ; le travail consiste en quelques signatures. Le temps se passe en festins ; et pour cela 11,000 liv. ! En Dauphiné, à 6 liv. par jour, sans distinction d’Ordre, toute la dépense n’irait pas à 400 liv. Il y a ici une profusion de plus de 10,000 liv. Mais un plus grand abus, sont les 45,000 liv. d’épices qui se payent à la Chambre des Comptes, pour le jugement des comptes de la Province, et les 7000 l. qui se payent au Procureur des Etats à la Chambre, pour ce jugement, tandis que tout le travail est fait par les Commis du Trésorier des Etats. N’oubliez point que les Magistrats, dont les épices sont si chères, deviennent, à la seconde génération, des Privilégiés héréditaires ; et jugez si le sang du Peuple est ménagé.
3 Quarante mille livres à retrancher. Pourquoi flétrir les suprêmes honneurs par un vil intérêt pécuniaire ? Pourquoi 15,000 liv. à un Evêque qui jouit déjà de 200,000 liv. de revenus publics, et dont le Cocher, le Cuisinier, nourris, logés et vêtus, ont encore, pour gages fixes, 1200 liv. ; c’est-à-dire, près de cinq portions congrues d’un Vicaire de Paroisse, qui doit s’habiller et se nourrir sur ses 250 liv. ? A un Evêque qui a obtenu l’Abbaye de Froidmont en Normandie, afin, disait-il, de ne rien coûter à la Bretagne ? Le Président de la Noblesse n’étant plus payé pour exercer la place, viendrait l’occuper avec tous les sentimens qu’elle exige.
4 Cet article montera à plus de 30,000 liv. si la Cour veut le passer, à cause des Couriers et des Députations, des Commissions et des Ordres de l’Eglise et de la Noblesse.
5 Remarquez que les Nobles retirent encore 5,000 liv. sur ces gratifications de la Cour.
6 Les gages des Parlemens dans les autres Provinces sont bien moins onéreux ; ceux des AvocatsGénéraux ne sont que de 2,000 liv.
7 Voyez la Note sur le Chap. 4. Quel Gaspillage !
8 Droit de banc et d’étanches ! Popule meus, quid ƒeci tibi ?
9 Qu’est-ce encore que ce droit de litières ? Quoi ! le Prince Charles de Lorraine veut se faire seul fournisseur de voitures, qui ne sont plus en usage ; et pour l’indemniser de ce honteux privilége exclusif, qu’il n’oserait et ne pourrait exercer, vous lui donnez 6000 liv. ! Quelle ruse dans le Courtisan, quelle faiblesse dans les Administrateurs ! N’y a-t-il point quelque détour qui fasse encore tomber à des Nobles de Bretagne cette ridicule gratification ?
10 Il n’y a point de gratificateurs comme les Etats de Bretagne ; mais c’est toujours la Noblesse qui est gratifiée, et le pauvre Peuple qui paye. Il serait curieux de connaître l’emploi de ces 48,000 liv. Il y a encore une ferme appelée du Port-Louis, qui appartient au Roi, et dont le montant de 48,000 liv. environ est sacrifié en pensions en faveur de la Noblesse.
11 La Chambre des Comptes, le Parlement et la Noblesse engloutissent la majeure partie de la recette. Cet abonnement avec la Chambre est fait pour empêcher ses poursuites pour la foi et hommage dus au Roi. Premièrement, le Tiers paye l’abonnement des Seigneurs de Fiefs ; secondement, le Roi perd ainsi ses mouvances.
12 Le Commandant et l’Intendant, voilà les vrais Commissaires du Roi ; ils sont payés par la Cour pour chaque tenue, et ont d’ailleurs de gros gages. Les autres Commissaires ne sont que des hommes inutiles à la chose, et pourtant honorés et gratifiés. Les deux articles suivans sont des pensions scandaleuses, parce qu’elles sont faites à des hommes qui n’en ont pas besoin. Plusieurs des pensions suivantes sont dans le même cas ; toutes seraient supprimées sans injure, ou pour mieux dire, avec la plus grande justice.
13 Ce Pensionnaire est devenu riche en servant les Etats, et recevant d’eux plus de dix mille livres d’appointemens par an, sans compter les gratifications : en servant les Etats dans une place honorable et lucrative, il a fait son fils Colonel ; il l’a marié avec une femme plus de deux fois millionnaire. Pourquoi faut-il que ce riche Héritier trouve encore la succession de son père grossie par une pension de retraite de six mille livres, levée, pour la plus grande partie, sur une multitude de misérables ?
14 Ce Lieutenant de Maréchaussée a un traitement que n’aurait pas un Maréchal-de-Camp. Il fait le pauvre, et a plus de 10,000 liv. de rentes de patrimoine.
15 Il n’y a pas parmi ces Pensionnaires ou Gratifiés, six Membres du Tiers-Etat.
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