Les endiguements de l’Isère au xixe siècle
Impact géomorphologique, écologique et social en Savoie et Grésivaudan
p. 149-161
Texte intégral
1Sur l’Isère, les premiers aménagements de grande envergure destinés à gagner des terrains sur la rivière et à les protéger ensuite des inondations apparurent au XVIIIe siècle. En Savoie et dans le Dauphiné, les riverains construisirent d’abord, ponctuellement, des digues et aussi des épis perpendiculaires aux berges, essentiellement destinés à lutter contre les « corrosions ». L’efficacité de ces ouvrages était limitée dans le temps et dépendait aussi des travaux de défense entrepris par les communes voisines, chaque nouvel aménagement modifiant les courants. En complément des digues et épis, on construisait aussi des levées en terre, gravier, pilots et fascines de bois vert, qui visaient, elles, à protéger des terrains agricoles gagnés sur une plaine alluviale particulièrement instable1.
2Les cours d’eau de piedmont drainaient en effet des bassins-versants dénudés et charriaient de gros volumes de matériaux. Leurs chenaux actifs se déversaient en contrebas à chaque crue, noyant et ensablant les prairies précédemment conquises et alimentant des bas-fonds où les eaux stagnantes favorisaient l’extension des fièvres paludéennes. Au XVIIIe siècle, les physiocrates encouragèrent une politique de mise en valeur des marécages, terres peu productives à leurs yeux. Leur action pour promouvoir le progrès agricole conduisit notamment au dessèchement et à la mise en culture de vastes surfaces réservées jusque-là aux prairies humides et aux marais2. Les hygiénistes, de leur côté, pointaient du doigt les « miasmes », si bien que l’assèchement des marais, considéré d’utilité publique, apparaissait désormais comme le seul remède efficace contre les fièvres.
3Pendant la période révolutionnaire, on encouragea l’élevage et la production de végétaux afin de rendre le pays auto-suffisant. Le besoin de développer les cultures s’accrut encore au cours du XIXe siècle. Pour ces raisons, la gestion des flux d’eau et de matériaux dans les vallées suscitait un grand intérêt3. Si on ajoute à cela le souci d’améliorer les infrastructures de transport (navigation sur des chenaux suffisamment alimentés en eau, routes et voies ferrées à faire passer sur des digues rectilignes), on comprend tout l’intérêt que semblait présenter la chenalisation des rivières en tresses4, opération qui consistait à forcer la rivière à passer dans un lit unique et promettait de rendre à l’agriculture de vastes surfaces planes et supposées fertiles. Après plusieurs projets avortés on réalisa ainsi, à partir de 1829, l’endiguement général (ou « diguement ») de l’Isère en Savoie et on compléta les endiguements partiels dans la partie française. Ainsi l’Isère fut transformée en cours d’eau à chenal unique d’Albertville à Grenoble.
4Depuis la fin du XVIIIe siècle, dans les Alpes, l’endiguement et la bonification des délaissés alluviaux (ces terrains gagnés sur la rivière) faisaient donc partie des grands projets promus par les gouvernements. Dans ce chapitre, on verra dans quel contexte se firent ces aménagements, quelle influence ils eurent sur les systèmes hydro-géomorphologiques, écologiques et sociaux, et les réponses que les sociétés humaines leur apportèrent, notamment dans l’utilisation des terres.
Les dimensions politiques et sociales des aménagements
5Jusqu’en 1860, la rivière Isère présentait la particularité de traverser successivement deux États souverains différents : la Savoie, qui relevait du Royaume de Piémont-Sardaigne, dans sa partie amont ; la France à l’aval de Montmélian. Ces deux régions connurent des formes d’aménagement différentes, mais non sans rapport l’une avec l’autre, comme on va le voir.
6En Savoie, l’endiguement général de l’Isère avait été décidé par l’État sarde. Il fut placé sous la direction d’un consortium unique en 1829. Il bénéficia d’une aide de l’administration (décret-loi du 20 mai 1845) qui prit à sa charge tout ce qui restait à faire à cette date. De plus, le Congrès permanent de Génie-Civil de Piémont-Sardaigne donna une forte impulsion aux travaux dans le cadre du plan d’aménagement des bassins-versants (1847). C’est donc le gouvernement sarde qui réalisa l’endiguement complet de l’Isère à l’aval d’Albertville (fig. 1) ; il fit construire 84 153 mètres de digues entre mars 1829 et octobre 1854. Une surface de 4 470 hectares de terrains inondables était comprise dans la zone à protéger et donc soumise à « l’impôt du diguement » destiné à financer les travaux. On fixa pour ces terres un taux d’imposition qui croissait avec la probabilité d’inondation avant endiguement. On distingua ainsi trois zones, déterminées par les limites d’extension des crues de 1816/1820, 1824 et 1778. Chacune de ces zones était subdivisée en « terrains cultifs » et « terrains boisés », catégories dépendantes des potentialités du sol. Par ailleurs, en contrepartie des conditions financières intéressantes qu’il consentait aux communes et propriétaires, l’État sarde s’octroya les parties du sol précédemment occupées par les lits ordinaires de l’Isère (à l’aval d’Albertville) et l’Arc (à l’aval d’Aiguebelle), son affluent, qui se trouvaient désormais abandonnés, en faisant des terrains domaniaux. La superficie de ces « délaissés » était alors de 1 465 hectares, qu’on projetait « d’atterrir » (c’est-à-dire de combler) et de vendre, pour compenser des dépenses engagées5. Dans cette partie de l’Isère, les travaux furent achevés en octobre 1854.
Fig. 1. – La vallée de l’Isère d’Albertville à Grenoble vers 1850.
7Après le rattachement à la France, un décret déclara d’utilité publique tous les travaux (endiguement, colmatage et drainage) effectués sur l’Isère et créa un syndicat unique en remplacement du consortium sarde6. L’État français contribuait pour un tiers à la dépense, tant à titre de subvention qu’en raison de l’intérêt que les travaux présentaient pour la conservation des routes et pour la plus-value escomptée sur des terrains domaniaux colmatés7.
8Dans le Grésivaudan, c’est-à-dire à l’aval de Montmélian, les aménagements avaient commencé avant ceux de la Savoie mais ils ne furent pas organisés avec la même efficacité. Ils furent réalisés ponctuellement, en fonction des urgences, et à l’initiative des propriétaires et des communes riveraines8. Vers 1845, ils étaient bien avancés à l’aval de la frontière de Savoie, dans la section en tresses qui s’étendait jusqu’à Brignoud, ainsi que dans la section à méandres qui la prolongeait jusqu’à Grenoble.
Les aménagements hydrauliques pratiqués sur l’Isère au XIXe siècle et leur impact hydro-géomorphologique et écologique
9Sur l’Isère, on avait favorisé les atterrissements en construisant d’abord des digues longitudinales percées de prises d’eau, comme celles qui furent construites en 1825 sur l’Isère dauphinoise à l’aval de Barraux, puis celles construites à partir de 1829 sur l’Isère savoyarde, par les Sardes. Il s’agissait donc de maîtriser une partie des flux d’eau et de sédiments et d’utiliser leur énergie pour créer des atterrissements sur les zones les plus favorables à l’agriculture.
10De tous les aménagements hydrauliques, c’est l’endiguement par des ouvrages insubmersibles qui eut le plus d’impact sur les hydro-systèmes alpins. On en mesura, dès la fin du XIXe siècle, les effets hydro-géomorphologiques les plus directs : augmentation de la fréquence des crues et exhaussement progressif du fond du lit à l’aval.
11Ainsi après l’endiguement de l’Isère en Savoie, on constata que les crues devenaient plus nombreuses et plus brusques à Grenoble. On nota aussi une augmentation de trente à quarante cm de l’amplitude estivale des oscillations diurnes journalières, à l’aval de Montmélian. Cette augmentation était due à l’arrivée des eaux provenant de la fonte diurne de la neige et des glaces en altitude9. L’exhaussement du fond du lit, lui, est lié à l’apport de sédiments et à la capacité de transport de la rivière. L’apport en sédiments dépend de la structure géologique du bassin-versant (substrat, pente) et du climat (pluviosité) ainsi que des activités humaines qui agissent par le biais de l’agriculture, de l’exploitation forestière et de la régulation des flux (irrigation, colmatage par limonement artificiel, barrages). Les analyses historiques montrent que l’anthropisation augmente l’apport de sédiments vers les rivières. La charge maximum (capacité de transport) dépend, elle, de la hauteur d’eau et de la pente. Une pente forte et une hauteur d’eau importante sont à l’origine d’une augmentation des forces de cisaillements dans le chenal et, de là, mettent en mouvement des particules tendant à grossir en volume et en taille. La quantité d’alluvions stockées dans un hydro-système est dépendante de l’abondance en structures retenant les sédiments (îlots et chenaux latéraux notamment), du débit de la source en sédiments et de la capacité de transport du cours d’eau.
12Quand l’alimentation en sédiments est très excédentaire par rapport à la capacité de transport, il y a alluvionnement, ce qui conduit à un exhaussement du lit. L’alluvionnement est courant dans les vallées alpines de piedmont en tresses car l’alimentation sédimentaire venant des torrents affluents excède la capacité de transport du cours d’eau de piedmont, de plus faible pente. Quand, en revanche, la capacité de transport excède l’apport en sédiments, on assiste au contraire à une dégradation des fonds de lits car les éléments fins sont plus facilement emportés vers l’aval. Ceci se traduit par un pavage en gros matériaux. La dégradation peut conduire à une incision des lits.
13Les sections de piedmont des cours d’eau alpins recevaient, au XVIIIe siècle, plus d’alluvions qu’ils ne pouvaient en évacuer. Avant l’endiguement, une partie de ces alluvions pouvait être emportée par la rivière mais après la construction des digues insubmersibles, une grande partie de ces matériaux s’accumulait dans le lit artificialisé10. Ce phénomène a été observé à l’aval de toutes les sections endiguées de l’Isère savoyarde, entre 1829 et 1854, quand l’endiguement continu fut réalisé par tronçons. À la limite du Dauphiné, par exemple, s’était créée une immense plage de dépôts qui avait entraîné la nécessité de rehausser considérablement les digues existantes11.
14Le resserrement des flux dans un étroit chenal provoquait aussi une diminution de la pente d’équilibre. Dès la mise en eau de la section endiguée, il y avait en effet surcreusement à l’amont, et accumulation de matériaux à l’aval. Dans chaque tronçon, le fond de lit avait dès lors une pente moindre, seul le milieu du parcours conservant son niveau initial12. Ainsi, à l’aval d’Albertville, dans la section de treize km endiguée entre 1829 et 1848, la pente passa-t-elle de 3,9 à 2,73 ‰. En 1832, les alluvions apportées au débouché de ce tronçon dominaient déjà de 1,50 m le reste de la vallée. Il avait donc fallu, à cet endroit, exhausser les digues13.
15L’endiguement avait aussi un impact écologique majeur, la réduction du nombre d’habitats. La forêt alluviale pouvait diminuer de plus de 70 %, par exemple, surtout en raison des variations de la nappe souterraine. Dans certains secteurs, celle-ci pouvait se rehausser et il y avait alors disparition des espèces mal adaptées pour résister au stress imposé ; dans d’autres secteurs, au contraire, l’endiguement favorisait les drainages des zones humides par abaissement des lignes d’eau et des nappes. La perte de biodiversité s’expliquait aussi par une réduction de l’espace de liberté où le cours d’eau peut renouveler les formes géomorphologiques et par conséquent les habitats naturels. Cependant, la largeur réservée à la rivière après endiguement était parfois suffisante14 pour permettre l’installation de dépôts latéraux qui servaient de refuges à quelques espèces caractéristiques comme la petite massette (Typha minima) ou le tamarix d’Allemagne (Myricaria germanica15).
16À l’aval des sections endiguées le débit maximum augmente et le temps de déplacement du flux de crue est considérablement raccourci à cause d’une diminution de la capacité de stockage des eaux (réduction de la plaine inondable et suppression des annexes fluviales). Les marais permanents, coupés du chenal, ne peuvent plus jouer leur rôle régulateur et, de plus, l’espace hors digue est transformé en zone agricole à protéger.
17L’endiguement était suivi d’une opération appelée colmatage (ou atterrissement) des chenaux secondaires et des îles caractérisant les systèmes en tresses. Cette technique consistait à provoquer, par des inondations dirigées par l’homme, la décantation de la charge solide transportée afin de boucher les anciens chenaux et bas-fonds. Le colmatage visait à supprimer les marais (« assainissement ») et à bonifier l’espace protégé par les digues à des fins agricoles par le dépôt d’une couche de limon.
18En effet, malgré les digues insubmersibles, la plaine restait encore en relation avec la rivière par l’intermédiaire des « filtrations ». Ces écoulements, importants en période de hautes eaux, s’ajoutaient aux ruissellements provenant des versants. Sans drainage et isolés du chenal, les terrains agricoles se transformaient alors rapidement en marécages insalubres16. Pour cette raison, dès qu’une section était endiguée, la zone adjacente était soumise au colmatage ; cette opération commencée vers 1837 fut achevée sur les derniers bassins en 1899.
19La mode du colmatage se répandit tout au long du XIXe siècle en Europe. Dans la Combe de Savoie, entre 1835 (premiers colmatages sardes) et 1899 (fin des opérations sous la direction des ingénieurs français) les techniques utilisées connurent de notables améliorations. Elles devinrent plus efficaces à partir de 1862, lorsque le gouvernement français eut réalisé l’intérêt qu’il y avait à achever le colmatage des 1 015 hectares de terrains domaniaux restant pour les revendre avec une forte plus-value17.
20Les colmatages étaient dépendants des techniques utilisées pour l’endiguement. Sur les cours d’eau alpins, on connaissait trois grands modèles. Le premier était un endiguement par levées longitudinales insubmersibles. Pour le colmatage, il impliquait la construction de prises d’eau dans les digues, de canaux d’amenée, de bassins d’atterrissement et de canaux de fuite avec déversoirs ; dans ce cas le colmatage ne commençait que lorsque des sections suffisamment longues étaient endiguées. Le second était un endiguement progressif à l’aide d’épis transversaux qui forçaient les flux à se concentrer en un chenal unique. Le colmatage naturel entre les épis, dans ce cas, commençait dès l’installation des ouvrages. Le troisième dit « en golène » ou « à l’italienne », nécessitait la construction de deux paires de digues parallèles, la paire intérieure submersible en période de crues permettant l’inondation et la déposition des matériaux fins dans les golènes. Dans ce cas, le colmatage naturel commençait dès la mise en place du système mais pouvait aussi nécessiter la construction de bourrelets transversaux pour être efficace.
21Enfin, le drainage réduisait les zones marécageuses, les plans d’eau et les dépôts de gravier (pelouses et landes alluviales sèches), entraînant une baisse de la biodiversité. Le colmatage pouvait en revanche créer des milieux et habitats inédits hébergeant des espèces nouvelles18.
L’impact économique et social des aménagements
22Ces travaux ne furent pas non plus sans conséquences sociales. En Savoie, le colmatage des délaissés alluviaux se heurta, dès les premières mises en eau, à une opposition des propriétaires riverains. Le remplissage des bassins, à partir du 15 avril, se traduisait en effet par une stérilisation des terres agricoles adjacentes (remontées de nappe, inondation par infiltration ou refoulement à partir des déversoirs). Peu à peu, des zones marécageuses insalubres remplaçaient les terres cultivées, au grand mécontentement de la population. Celle-ci fut à l’origine de nombreuses pétitions dénonçant les effets néfastes de l’opération et réclamant des indemnités à l’État19. Ingénieurs des Ponts et Chaussées, agriculteurs, syndicat des digues et communes se renvoyaient la responsabilité mais aucune solution n’était trouvée. Lassés de ne pas être entendus, certains propriétaires pratiquaient en pleine nuit des ouvertures dans les bourrelets de retenue des bassins. Ces sabotages entraînaient des ruptures de retenues en chaîne, à l’aval, notamment en 1877 et 1883. Cette « crise du colmatage » ralentit considérablement la marche des opérations20. Néanmoins, les ingénieurs réussirent progressivement à faire accepter ce « mal nécessaire » et le colmatage se révéla, à terme, bénéfique à l’intérêt général en faisant significativement régresser le marais.
23Dans le département de l’Isère, les opérations d’aménagement étaient encore en cours lorsqu’on perçut les premiers effets négatifs de celles qui avaient été effectuées en amont, c’est-à-dire en Savoie. Malgré les opérations de colmatage des « délaissés » et le stockage naturel sous forme de bancs latéraux dans le chenal, une grande partie des matériaux autrefois déposés entre Albertville et Montmélian, dans un lit majeur variant de un à trois km de largeur, étaient désormais évacués vers l’aval, dans un cours d’eau à pente adoucie.
24Dès 1839, l’augmentation des niveaux de crue et l’exhaussement général du lit entraînèrent, de Chapareillan à Grenoble, des demandes de réfection des digues existantes. À partir de 1842, le conseil général du département de l’Isère accorda de plus en plus d’attention et de moyens aux projets d’endiguement et de dessèchement déposés en nombre croissant par les syndicats. En 1844 et 1846, les rapports de l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Picot signalaient les dangers auxquels étaient exposées les propriétés riveraines de l’Isère à cause des travaux effectués en Savoie et des déboisements de versants faits à l’amont. La situation empirant, le département fit de la dégradation des conditions hydrologiques du Grésivaudan une question primordiale.
25À partir de Tencin, où la pente diminuait, les sédiments s’accumulant dans le chenal étaient à l’origine d’inondations des chenevières et prairies riveraines, soit par submersion des digues soit par filtration à travers celles-ci. C’est dans la section à méandres, de Brignoud à Grenoble, que l’accumulation fut la plus importante21. À Chapareillan (commune située au débouché de la dernière section savoyarde endiguée), on souhaitait, en 1846, que les digues savoyardes soient prolongées dans les plus brefs délais afin de produire une chasse efficace des matériaux encombrant l’Isère et de réduire les inondations. Les ingénieurs dauphinois pensaient qu’il faudrait au contraire demander à l’administration sarde de suspendre ses travaux à l’aval de Montmélian pour ne pas aggraver la situation du côté français22. Ceci explique que l’endiguement savoyard ne fut complété à cet endroit qu’en 1854 et qu’il s’arrêta à un kilomètre et demi de la frontière. La lacune non endiguée de cinq km de longueur, entre la fin des digues savoyardes à l’aval de Montmélian et le début de celles de Barraux, joua alors un rôle bénéfique en stockant une grande partie des alluvions apportées de Savoie23.
26La situation devenant néanmoins dramatique, le préfet demanda la nomination d’un ingénieur chargé exclusivement du service de l’Isère et une augmentation des aides financières de l’État. En 1847, confronté à des demandes croissantes de déclassement de terres agricoles jusque-là fertiles (3 000 hectares étaient devenus marécageux entre 1846 et 185324), le conseil général préconisa des travaux de dragage qui seraient également utiles à la navigation. Les grandes crues de 1848 puis de 1849 furent désastreuses.
27L’ingénieur Cunit tira de cette période critique des enseignements pour le projet d’aménagement qu’il proposa en 1850 et qui préconisait la construction d’ouvrages submersibles dans les lacunes existantes, la construction d’un bourrelet continu sur toute la ligne des digues anciennes et le redressement par recoupement de méandres25. Son plan d’ensemble des travaux à réaliser, de Chapareillan à Grenoble, concernait la sauvegarde de 4 000 hectares de bonnes terres agricoles. Pour y parvenir, de grandes associations syndicales chargées non seulement de l’endiguement mais aussi du dessèchement et de l’assainissement devaient être créées. Le plus urgent était d’ouvrir des canaux de dessèchement pour combattre en priorité l’impact croissant des infiltrations. Le conseil général soutint le plan de Cunit qui fut pourtant repoussé en haut-lieu devant la division des syndicats qui refusaient une maîtrise d’ouvrage unique et un financement global26.
28Après la crue de 1856 (1 200 m3/s) qui submergea les digues, puis celle de 1859 (1 800 m3/s) qui provoqua plusieurs ruptures, on créa un service d’étude du bassin de l’Isère qui détermina la largeur à donner au chenal en fonction de la pente et du volume d’eau. L’ouverture de canaux de drainage parallèles à la rivière fut réalisée avec succès pour assainir les sols et on finança la formation d’ingénieurs draineurs27. En 1862, on fusionna, par décret, les associations anciennes en grands syndicats chargés d’administrer et de financer les projets préparés et dirigés par les ingénieurs28. Ces syndicats poursuivirent des travaux qui avaient été ralentis par la nécessité de réparer les avaries dues à la crue du 2 novembre 1859. Les aménagements furent améliorés pour résister aux crues exceptionnelles.
29Pour gérer aussi les débordements dans la plaine, chaque rive fut divisée en sections « submersibles en crues ordinaires » ce qui avait pour but d’empêcher les ruptures tout en permettant l’inondation et donc, par voie de conséquence, le rehaussement général et la bonification de la plaine inondable29. Le retour à la situation de 1830 était encore loin d’être atteint en 1880. Du côté des propriétaires du haut Grésivaudan on soulignait le manque d’efficacité des chantournes (canaux de drainage) et on demandait encore des déclassements de terrains et de nouvelles études30. Les travaux dont une grande partie (entretien des digues, réalisation et entretien des canaux d’assainissement) était à la charge des syndicats (donc essentiellement des propriétaires) tardaient à s’achever et on dut faire appel au concours exceptionnel de l’État. La rive droite était cependant totalement drainée en 189231.
30À Tencin, le Marquis de Monteynard fut parmi les premiers à protéger ses terres par des digues, d’où sa motivation à lutter contre les infiltrations, et son exemple illustre les méthodes employées pour la mise en valeur des terres riveraines. Ses terrains situés à proximité du chenal étaient abandonnés aux blachères et au mauvais bois32. Le colmatage à partir de vannes établies dans les digues était considéré comme la seule solution pour assainir les terrains les plus bas. Ces derniers fournissaient toutefois de la bauche utilisée comme litière pour fertiliser la vigne. L’ouverture d’une chantourne à partir de 1863 permit au Marquis de défricher en bordure de l’Isère. En 1870, dix à douze hectares étaient ainsi conquis sur le marais. La mise en culture de ces terrains d’alluvions après assainissement se faisait d’abord par une récolte de chanvre puis par une récolte de betteraves ou de maïs. Le binage nécessaire à ces plantes permettait de bien nettoyer la couche arable. Ensuite on semait du blé et au printemps suivant, on répandait des graines de plantes prairiales33.
31À la fin du XIXe siècle, il y avait encore une grande différence entre l’aménagement savoyard homogène, efficace et plus achevé, grâce à une gestion centralisée et celui du Grésivaudan, encore très hétérogène et dépendant de plusieurs syndicats. Vers 1925, alors que l’agriculture se développait sur les terrains colmatés et drainés de Savoie, les filtrations et leurs impacts négatifs sur les bonnes terres restaient d’actualité dans le Dauphiné. Sur les 8 270 hectares de terres alluviales du Grésivaudan, 2 100 avaient gardé leur valeur, 4 100 étaient devenus humides et 2 070 s’étaient transformés en marais34. En 1949, l’exhaussement du lit par engravement sur une grande partie du tracé posait toujours problème et on évaluait le volume de matériaux accumulés dans le chenal à plus de huit millions de m3 ; des arasements d’atterrissements furent effectués au cours de l’hiver 1949-1950 mais ils furent arrêtés faute de crédits. Il fallut attendre une nouvelle grande crue (1955) pour que soit lancée une nouvelle tranche de travaux en deux temps35 : des arasements d’îlots au-dessus du niveau d’étiage de 1930 suivis du rehaussement des digues au-dessus du niveau de la crue de 1955, jusqu’à une capacité de 2000 m3/s.
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32Les endiguements réalisés au XIXe siècle eurent d’abord pour effet de perturber le transit de la charge transportée sans pour autant affecter son volume. Au cours du XXe siècle, les transports de charge de fond décrurent considérablement. Les reboisements et la correction des torrents (restauration des terrains en montagne à la fin du XIXe siècle), la construction de barrages hydroélectriques (piégeant les sédiments et modifiant le régime des flux au XXe siècle) puis le prélèvement de granulats dans le chenal (à partir des années 1950) altérèrent la dynamique des cours d’eau alpins. Ainsi l’Isère, dans la section étudiée, s’enfonça dans ses alluvions par érosion régressive et régularisation du profil en long. Le phénomène d’incision qui en résulta débuta vers 1975. Cette évolution joua un rôle sur la stabilité des nappes superficielles et des groupements végétaux qui leur sont liés. Elle eut aussi des conséquences sur la stabilité des lits ce qui entraîna le sapement des piles de ponts.
33Pouvoir anticiper en s’appuyant sur l’histoire, constitue l’intérêt des recherches actuelles en sciences de l’environnement. Ainsi, l’analyse des interactions homme-paysage sur plusieurs siècles fait appel à l’interdisciplinarité en s’adressant aux thèmes fondamentaux et communs des systèmes géomorphologiques, écologiques et sociaux36. Les legs des activités humaines passées mettent en évidence le rôle de séquences d’événements, se déroulant au cours du temps, dans la mise en place des paysages contemporains. Les écosystèmes traduisent les effets anciens des activités humaines car l’histoire des aménagements et de l’utilisation des terres a laissé un héritage qui masque ce que le biologiste attend d’interrelations de type causes-effets entre organismes vivants et environnement.
34Les plaines alluviales où s’expriment des changements liés autant aux facteurs naturels (climat) qu’à l’anthropisation, sont des modèles illustrant bien l’intérêt de démarches où l’histoire environnementale a un rôle important à jouer. Plus particulièrement, les plaines alluviales alpines, liées à un bassin-versant très réactif aux variations climatiques et soumises à des perturbations anthropiques variées affectant les processus de dissipation des flux (eau, énergie, matériaux) sont des modèles permettant de mesurer l’étendue de l’impact environnemental et social à différentes échelles37. En ce qui concerne l’Isère, l’avenir de son paysage est encore étroitement lié aux aménagements passés. Afin d’éviter l’impact d’une crue centennale, les experts et les élus départementaux se voient ainsi confrontés à des situations différentes créées par l’histoire. En Savoie, l’endiguement, le colmatage et le drainage ont permis très tôt de sécuriser à moyen terme toute la plaine inondable. De plus, les « zones naturelles » hors digues, impropres à l’agriculture furent réduites à quelques anciens bassins imparfaitement colmatés. La situation actuelle (voies à grande circulation sur les digues, développement de zones artisanales et agricoles à forte valeur économique, présence de nombreux plans d’eau profonds et pente forte) n’est compatible ni avec la création d’un espace de liberté plus large pour la rivière ni avec la rétention dans des champs d’inondation contrôlée de grandes capacités. Le renforcement des digues existantes et le nettoyage du lit (dessouchage de la végétation forestière très développée au cours de ces dernières décennies et arasement du dépôt jusqu’au soubassement de galets) s’avèrent donc nécessaires pour assurer le transfert à l’aval d’un flux de crue centennale. Cette opération indispensable à la création de milieux neufs est bénéfique aussi à une biodiversité fortement menacée par le boisement du chenal38. En revanche, dans le Grésivaudan, où la plaine est restée longtemps soumise aux aléas des crues et des infiltrations, les conditions actuelles s’accordent avec un programme ambitieux, où l’aménagement passe par des opérations de valorisation environnementale telles que la suppression de digues et de dépôts, la mise en eau de bras morts, la création de champs d’inondation contrôlée sur des terrains acquis à l’amiable et l’inondation de zones favorables à la reconstitution de forêts alluviales39.
Notes de bas de page
1 Girel J., « Les communaux dans une vallée alpine au XIXe siècle (exemple de l’Isère dans la Combe de Savoie) », dans Beck C., Derex J.-M. et Sajaloli B. (dir.), Usages et espaces communautaires dans les zones humides, Vincennes, GHZH, Collection Journées d’études, 2011, p. 89-106.
2 Sérandour J., Girel J., Boyer S, Ravanel P., Lemperière G., Raveton M., « How human practices have affected vector-born diseases in the past: a study of malaria transmission in Alpine Valleys », Malaria Journal, 6 (115), 2007, <http://www.malariajournal.com/content/6/1/115>.
3 Girel J., La prairie arrosée : un système ingénieux du patrimoine agricole européen- Rôle sur la biodiversité des communautés et des paysages, perspectives de restauration et de conservation, Rapport à diffusion restreinte, Grenoble, (LECA), 2012 (Colloque « Techniques et Environnement », RUCHE, 2012).
4 Style hydrogéomorphologique des cours d’eau de piedmont où la pente et le transport de forts volumes de matériaux entraînent la création de nombreux chenaux et îlots instables.
5 Rapports et délibérations du conseil général (désormais RDCG), Savoie, 1846, p. 372-374, <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>.
6 Décret du 19 décembre 1860.
7 Mosca J., Mémoire sur l’endiguement de l’Isère et de l’Arc en Savoye, Chambéry, 1860, Arch. dép. Savoie, S-762.
8 Les digues commencées vers 1780 à Barraux étaient encore en chantier en 1838 alors qu’on endiguait à l’aval entre Le Cheylas et Crolles (projet Crozet). On avait construit des digues submersibles en plusieurs endroits ou même laissé des lacunes pour bonifier les sols en période de crue (RDCG, Isère, 1839, p. 172 ; 1846, p. 360 à 387 ; 1854, p. 307 à 318 ; 1871, p. 56 et 57, <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>).
9 Mont-Rond E. (de), Du Rhône et de ses affluents des Alpes, Paris, Carilian-Goeury & Dalmont, 1847, p. 75-90 et 166-210.
10 Arch. dép. Savoie, 1FS 2420.
11 RDCG, Savoie, 1864, p. 81 – <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk> Dausse M. F. B., « Études relatives aux inondations et à l’endiguement des rivières », Mémoires présentés par divers savants à l’Académie des Sciences de l’Institut de France, 20 (1), 1872, p. 287-509.
12 Girel J., « Histoire de l’endiguement de l’Isère en Savoie : conséquences sur l’organisation du paysage et la biodiversité actuelle », Géocarrefour, 85(1), 2010, p. 41-54.
13 Troté A., « Étude générale sur les divers moyens employés en France pour protéger les terres contre l’envahissement des eaux », Annales du Ministère de l’Agriculture, 37, 1908, p. 231-249.
14 132 mètres pour l’Isère savoyarde, 110 pour l’Isère dauphinoise, entre 250 et 400 pour la Durance à l’aval de Sisteron et 500 pour la basse plaine du Var.
15 Girel J., Vautier F., « Changes in hydrogeomorphological processes along dyked alpine rivers and implication for riparian plant species conservation », Venise, 4th Conference of the ECRR, 2008, <http://www.ecrr.org/conf08/pdf/s1_11.pdf>. Till-Bottraud I., Poncet B.-N., Rioux D., Girel J., « Spatial structure and clonal distribution of genotypes in the rare Typha minima Hoppe (Typhaceae) along a river system », Botanica Helvetica, 120(1), 2010, p. 53-62.
16 Arch. dép., Savoie, 1FS-2411, 2412 ; 88-S-4 ; 34 SPc no 5 ; S-746.
17 Girel J., « Old distribution procedures of both water and matter fluxes in the floodplains of western Europe – Impact on the present vegetation », Environmental Management, 18(2), 1994, p. 203-221.
18 Girel J., Manneville O., « Present species richness of plant communities in Alpine stream corridors in relation to historical river management », Biological Conservation, 85 (1-2), 1998, p. 21-33. Girel J., Vautier F., Peiry J.-L., « Biodiversity and land-use history of the Alpine riparian landscapes (the example of the Isère river, France) », dans Mander U. et Antrop M. (dir.) Multifunctional Landscapes, Southampton, WIT-Press, International series on Advances in Ecological Sciences, 2003, p. 167-200.
19 Arch. dép. Savoie, S-188, 725, 746 ; 34 SPc no 1, 2, 3, 4, 5, 10 ; 37 SPc no 29, 33 ; 52 SPc no 2, 88-S-2, 88-S-4.
20 Arch. dép. Savoie, 34 SPc no 6.
21 En 1850, dans cette section où les vitesses étaient réduites, les terrains cultivés adjacents étaient impactés par un rehaussement du plancher alluvial qu’on évaluait à plus d’un mètre à Meylan par exemple (RDCG, Isère, 1844, 1846, p. 363 ; 1851, p. 340, <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>).
22 « Ainsi le plus pressé dans l’occurrence serait de condamner Chapareillan à la ruine pour le salut des propriétés d’aval », RDCG, Isère, Rapport du préfet de l’Isère, 1846, p. 364 – <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>.
23 RDCG, Isère, 1846, p. 363-364 ; 1872, p. 372-373 – <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>. On trouve actuellement à cet endroit des écosystèmes xériques sur sols alluviaux filtrants (brousses à épineux et argousiers, taillis de peupliers noirs, pelouses sèches alluviales) et surtout des plans d’eau artificiels créés par l’extraction du gravier.
24 Ces demandes provenaient des propriétaires de toute la vallée, de la frontière de la Savoie à Grenoble (RDCG, Isère, 1846, p. 361-365 ; 1848 p. 315 ; 1850, p. 675 ; 1853, p. 327 – <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>).
25 RDCG, Isère, 1849, p. 454-456 – <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>.
26 Cunit M.C., Endiguement de l’Isère et assainissement de la vallée du Graisivaudan entre les frontières de Savoie et Grenoble, Grenoble, Allier, 1851 ; RDCG, Isère, 1851 p. 339-345 – <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>.
27 Le canal Cheminade à l’amont de Grenoble fut terminé en 1859 et l’efficacité de l’ouvrage donna raison à ses promoteurs qui s’étaient heurtés à une forte résistance. Six autres canaux furent creusés jusqu’en 1869. RDCG, Isère, 1854, p. 307-318 ; 1871, p. 50 – <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>.
28 RDCG, Isère, 1861, 1863, 1864, 1871– <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>.
29 RDCG, Isère, 1861, p. 102 ; 1871, p. 48 – <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>.
30 Le lit continuait à s’engraver, les îlots à se végétaliser et la section hydraulique devenait insuffisante ; comme l’exutoire des canaux de drainage se relevait progressivement, les terrains redevenaient marécageux (RDCG, Isère, 1880, p. 190 – <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>).
31 RDCG, Isère, 1883 ; 1884 ; 1892 – <http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk>.
32 Blachères : prairies humides à roseaux, laiches, etc. fournissant la bauche (ou blache) utilisée comme litière pour les bestiaux ; mauvais bois : ici bois tendres alluviaux (peupliers noirs, aulnes blancs, saules).
33 « Concours régional de Grenoble-Prime d’honneur décernée à M. le Marquis de Monteynard, propriétaire agriculteur à la Grand’Maison, commune de Tencin (Isère) », Les primes d’honneur, les prix culturaux, les médailles de spécialités décernés dans les concours régionaux en 1871-1872, Paris, Imprimerie Nationale, 1873, p. 639-703.
34 Roy H., « La vallée de l’Isère en péril », Revue de Géographie alpine, 15(1), 1927, p. 145-150.
35 Pinhas M., « Rétrospective historique du système d’endiguement de l’Isère dans le Grésivaudan », Grenoble, Colloque Isère 1859-2009, 2009, p. 1-10, <http://www.obs.ujf-grenoble.fr/risknat/isere1859-2009/10PINHAS-conf-isere.pdf>.
36 Girel J., « Quand le passé éclaire le présent : écologie et histoire du paysage », Géocarrefour, 81 (4-2006), 2007, p. 249-264. Chin A., Florsheim J. L., Wohl H., Collins B. D., « Feedbacks in Human-Landscape Systems », Environmental Management, 53 (1), 2014, p. 28-41. Wohl E., Gerlak A. K., LeRoy Poff N., Chin A., « Common core themes in geomorphic, ecological and social systems », Environmental Management, 53 (1), 2014, p. 14-27.
37 Kondolf G. M., Podolak K., « Space and time scales in human landscape-systems », Environmental Management, 53 (1), 2014, p. 76-87.
38 SISARC, Second programme d’action de prévention des inondations en Combe de Savoie, Chambéry, DDT Savoie, 2013.
39 SYMBHI, Le projet Isère amont de Pontcharra à Grenoble, 2012, <http://www.symbhi.fr/10032-isere-amont.htm>.
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