Entre adaptation à l’environnement et modification du milieu naturel : la canalisation de la Vilaine au xvie siècle
p. 125-136
Texte intégral
1La Vilaine, fleuve qui traverse la Haute-Bretagne du nord au sud, fait l’objet de nombreux usages dès le Moyen Âge. Les infrastructures fluviales classiques telles que les ponts, les pêcheries et de nombreux moulins, tant à vent qu’hydrauliques, sont implantées dans la vallée et sur les rives du fleuve. Des bateaux de cabotage empruntent ce cours d’eau à partir de l’estuaire et le remontent jusqu’à la limite de salinité des eaux, au port de Messac, mais avec la contrainte d’une rupture de charge au port de Redon (situé en aval de Messac). Les marchandises y sont transférées sur des embarcations de moindre tonnage. Environ quarante kilomètres en amont de Messac, la ville de Rennes, également installée au bord de la Vilaine, ne bénéficie pas de ce trafic fluvial et les produits y sont, par conséquent, acheminés par la voie terrestre avec de grandes difficultés. Dans la première moitié du XVIe siècle, la ville de Rennes, obtenant une autorisation royale de François Ier, décide d’engager des travaux en vue de canaliser la Vilaine sur le segment Rennes-Messac, afin de se placer dans la continuité de l’axe de transport fluvial.
2Les travaux sont de grande ampleur et comportent différents aspects : il s’agit de redessiner le lit du fleuve afin de créer un canal de navigation, augmentant le tirant d’eau, mais surtout de constituer un réseau d’écluses (douze au XVIe siècle). Ce projet est réellement ambitieux car les techniques de canalisation sont alors peu connues dans le royaume de France. Jusque-là, la navigation de la Vilaine était soumise aux volontés du fleuve lui-même et à divers éléments géographiques et naturels comme le mouvement des marées, l’apport des affluents, le vent marin ou encore le cycle saisonnier du fleuve (de l’étiage aux grandes eaux). Les grands travaux souhaités par la ville de Rennes entrent donc dans une logique de domestication du cours d’eau même s’ils ne peuvent que partiellement affranchir les usagers du contexte environnemental et des manifestations naturelles.
Les tâtonnements : des pertuis aux écluses à sas (1538-1571)
3En 1538, les représentants municipaux de la ville de Rennes demandent l’autorisation au roi de France de rendre navigable la Vilaine entre Messac et Rennes. Au mois d’août 1539, François Ier apporte son soutien au projet et accepte, pour financer sa réalisation, la levée de 24 000 livres d’impôts sur les contribuables de la province de Bretagne1. C’est ainsi que la ville de Rennes se lance dans la grande entreprise de canalisation de la Vilaine. Ce sont des travaux d’une ampleur inédite sur un cours d’eau du royaume de France2. Concrètement, l’objectif est de rendre navigable une portion de la Vilaine d’un peu plus de quarante kilomètres de long dont le débit est plutôt faible et la pente modérée. En effet, pour un fleuve, la Vilaine possède un débit assez faible estimé à environ 90 mètres cubes par seconde3 en moyenne. Ce chiffre illustre en fait assez mal la réalité car le débit de la Vilaine « est capricieux. Il passe de 600 à 700 mètres cubes par seconde en période de crue, à quelques mètres cubes seulement en période d’étiage4 ». La variation de son débit est donc grande entre son maximum, atteint en hiver, et son minimum, lorsque le niveau de l’eau est si bas que la navigation cesse, durant la saison chaude.
4La première phase d’aménagement, qui se déroule entre l’automne 1539 et l’automne 1542, consiste en l’érection de neuf écluses simples, c’est-à-dire sans chambre, entre Messac et Rennes5. Ce sont « des ingénieurs qui avoient rendus la rivière de Château-Gontier6 navigable » qui auraient réalisé ces écluses simples7. Celles-ci sont installées au cœur de chaussées (ou digues) qui barraient dès le Moyen Âge le cours de la Vilaine non navigable. En fait, ces retenues d’eau, créées afin de faire fonctionner des moulins hydrauliques, ont servi de structures aux écluses simples pour la réalisation desquelles il fut nécessaire de percer les chaussées puis d’y installer les portails amovibles, ou pertuis, des écluses. En effet, les écluses sans chambre sont constituées de deux murs latéraux (la chaussée ouverte) et d’un unique portail en bois à ouverture verticale. Or, l’absence de chambre ne permet pas un changement progressif des niveaux d’eau. Ainsi, ouvrir une telle écluse provoque un déversement d’eau puissant et dangereux pour les bateaux, qui sont attachés par des cordes aux arbres des berges lors de la délicate opération de levage de la porte8.
5Il est difficile d’imaginer que ces premiers aménagements étaient perçus comme provisoires car les sommes investies représentent plusieurs dizaines de milliers de livres. Néanmoins, l’idée d’ériger des écluses doubles ou écluses à sas, c’est-à-dire avec deux portes et donc une chambre, est déjà formulée en 1543 puisqu’on en trouve des schémas en annexe du Manuscrit de la Vilaine, document iconographique très précieux représentant le cours de la Vilaine en 15439. Il est possible que le projet d’origine fût de construire des écluses à sas mais, l’argent manquant, des pertuis ont d’abord été réalisés et les projets plus ambitieux mis de côté. En tout cas, les écluses simples qui ont été érigées sont fragiles : la ville de Rennes doit, de façon récurrente, payer des réparations et la navigation est régulièrement interrompue. De plus, ces aménagements ne semblent pas avoir permis aux navigants de se libérer des principales contraintes naturelles telles que la saisonnalité du fleuve ou le tirant d’eau. Les pertuis sont trop éloignés les uns des autres et le dragage du cours d’eau est circonscrit à certains passages difficiles et insuffisamment pratiqué tant dans le temps que dans l’espace. En ce qui concerne la saisonnalité, lorsque les eaux sont trop basses, pertuis ou non, il paraît impossible d’emprunter ce segment du fleuve à bord d’un bateau sans s’échouer. À l’inverse, les crues assez violentes de la Vilaine durant l’hiver abîment fortement les écluses qui doivent être réparées au printemps.
6Ces structures nécessitent donc un entretien régulier. De 1555 à 1560, les réparations aux écluses sont confiées à Simon Gérard. Ce marchand-batelier, tel qu’il est décrit dans les archives, s’est lui-même présenté et recommandé à la ville de Rennes. Le 2 février 1555, Simon Gérard, venu des Ponts-de-Cé en Anjou, est à Rennes et propose à la municipalité de s’occuper de l’entretien des structures de canalisation10 de la Vilaine. En tant que marchand-batelier, il est évidemment intéressé par les débouchés qu’offrirait le fleuve s’il était navigable, de façon durable, jusqu’à Rennes. Il arrive à s’imposer comme chargé de l’entretien des écluses puisqu’il est le seul à être sollicité pour les réparations effectuées, jusqu’en 1560 au moins. Régulièrement, la communauté de ville de Rennes fait appel à ses services11 et parfois même des particuliers. En effet, en 1556, des particuliers empruntent la somme de « seix vingtz deux livres12 » à la ville de Rennes « pour bailler a Symon Gerard batelier pour acoustrer les escluses affin de rendre la riviere navigable13 ». Ces différents documents montrent la fragilité des écluses, qui sont l’objet d’un entretien soutenu mais sans doute insuffisant.
7À cette fragilité structurelle, s’ajoutent les crues hivernales récurrentes de la Vilaine. Certaines années, les débordements sont particulièrement importants et le fleuve emporte tout ce qui n’est pas solidement bâti. Selon les sources, plusieurs hivers de suite au début des années 1560 sont difficiles : « et le plus grant inconveniant qu’ilz en puissent dire est de la grant innondation d’eaulx qui a esté l’hyver passé et puix quelzques années dernieres daventaige14 ». Des dégâts sont constatés pour les ouvrages hydrauliques et notamment la disparition d’au moins une des écluses (Champcors). Ainsi, le système d’écluses tel qu’il existe au milieu des années 1560 n’est pas satisfaisant puisqu’il n’est ni complet ni fiable. Pour y remédier, la ville de Rennes fait appel à des ingénieurs. Dès 1566, un maître architecte15 est sollicité pour aménager la Vilaine mais il semble qu’il n’ait pas réalisé de travaux. Le seul document qui évoque sa venue à Rennes explique qu’il a été « mandé et faict venir expres en ceste ville pour le faict du navigaige et entreprinse que l’on veult faire et entreprandre sur la riviere de Villaigne16 ». Ensuite, cet architecte flamand17 n’apparaît plus dans les sources. En 1567, la ville de Rennes fait appel à « Pierre Guillot ingénieur mandé et faict expres venir de Laval en ceste ville pour le faict de la riviere18 ». À l’instar du précédent spécialiste consulté, sa présence ne mène à aucune réalisation concrète.
8Le 8 juillet 1567, des représentants du duc de Nevers, prince de Mantoue, sont à Rennes19. Très peu de temps plus tard, précisément le 17 juillet 1567, la présence dans la capitale bretonne de l’ingénieur italien Laurent Barthazolo, envoyé par le duc de Nevers, est évoquée au cours d’une réunion de la communauté de ville20. Il est à son tour chargé des travaux de canalisation de la Vilaine. Le corps municipal rennais a probablement placé de grands espoirs dans les capacités de Barthazolo puisque de l’argent est à nouveau emprunté par la ville21. On sait assez peu de chose sur cet ingénieur et notamment qu’« il construit une ou deux écluses en pierre, sans doute doubles, qui s’effondrent à la première inondation22 ! », puis qu’il quitte la Bretagne sans y revenir.
9Les difficultés ne cessent de s’amonceler pour la ville de Rennes qui ne dispose pour son projet ni de maître d’œuvre ni d’argent23. Plus de vingt-cinq ans après les premiers aménagements, aucune des constructions effectuées n’a résisté à la force des eaux de la Vilaine. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet échec et la première difficulté est probablement technique. En effet, l’inexpérience dans la réalisation d’ouvrages hydrauliques et une certaine méconnaissance du fleuve peuvent expliquer la construction de structures de retenue trop fragiles pour résister à la pression et au contact continus de l’eau.
L’aboutissement : la canalisation de la Vilaine (1571-1585)
10Au début des années 1570, la ville de Rennes finance encore des réparations à une chaussée dont les moulins ne fonctionnaient plus24 et il ne semble plus être question d’écluse. La ville est endettée et la navigation arrêtée. Face à cette impasse, un groupe de Rennais désireux de voir le projet enfin aboutir propose un contrat à la municipalité :
« Et puis naguères, s’est presenté en la maison commune dudit Rennes, Leon Hux, marchand natif et originaire de ladite ville, lequel a entreprins parachever ladite excluse et refaire ladite chaussée [faites par Laurent Barthazolo] et en oultre faire faire des bapteaulx qui serviront de l’une chaussée à l’aultre ; et à l’endroict des chaussées faire faire et dresser des grues et vergues pour guinder les vins et autres marchandises et les passer par-dessus les chaussées de bapteau à l’autre […] moiennant ce qu’il n’y eust aultre que luy et ses consors, dont il bailleroit cauptions, qui peussent avoir bapteaux sur ladite riviere pour y trafficquer, depuis ledit Rennes jusques audit lieu de Messac, pour l’espace de douze ans entiers25. »
11Léon Hux et ses associés constituent le groupe de Rennais intéressés : ce sont des marchands, des notables ou des investisseurs. Ils sont six au commencement de l’entreprise26. En échange du monopole de la navigation pendant douze ans, ils proposent de remédier à l’échec de l’écluse double de l’ingénieur italien, de faire construire des bateaux et d’installer des engins de levage pour, à chaque chaussée, transférer les marchandises d’un bateau-amont à un bateau-aval et réciproquement. Cette alternative aux écluses est acceptée par la ville de Rennes puis par le roi Charles IX. C’est une idée audacieuse mais quelque peu hardie. En effet, au moins dès 157327, les entrepreneurs s’aperçoivent que :
« [L’]usage desdites grues et vergues pour le transport des vins et autres marchandises est de grand coustaige et d’ennuyeusse longueur et d’extreme danger, tant pour les hommes que marchandises, tellement que l’apport par la terre se trouve beaucoup plus prompt, de moindre fraiz et plus assuré que par ladite riviere par le moyen desdites grues, sinon qu’au lieu d’icelles il feust faict à chascune chaussée une escluse pour randre lad navigation aissée, prompte et assurée28. »
12Les entrepreneurs proposent alors de réaliser dix écluses en plus de celle de Blossac29 qu’ils ont déjà faite et de celle du Comte qu’ils avaient déjà promis de refaire. Au total, douze écluses sont envisagées en échange de l’augmentation de la durée de leur monopole sur la Vilaine30. Ces écluses comportent une chambre et donc deux portes (au total quatre ventaux) et sont construites entre 1573 et 1585 environ. Elles sont comme prévu au nombre de douze, puis une treizième est ajoutée en 1610 à l’entrée de la ville de Rennes31. Neuf d’entre elles semblent être installées sur les chaussées anciennes et de nouvelles digues ont sûrement été érigées pour les quatre autres. Ces chaussées ont un impact sur les inondations et les crues car elles interrompent de fait le cours naturel du fleuve et modifient son comportement ainsi que son écoulement32. En ce qui concerne la dimension de ces écluses, les documents ne mentionnent pas de chiffre précis ni même d’approximation. Grâce aux planches techniques du Manuscrit de la Vilaine, et notamment à la dernière d’entre elles, on connaît ce qu’on pourrait peut-être qualifier de « taille standard » d’une embarcation à fond plat de ce bassin de navigation. En effet, la planche XXIV est un simple croquis d’une écluse à sas dans laquelle est représentée et décrite une embarcation à fond plat de « quatre vingtz quinze piedz de long et de large treize piedz et demy33 ». Cela signifie que, dans les projets théoriques, chaque chambre des écluses de la Vilaine mesurait au moins trente mètres de long et cinq mètres de large. Ces chiffres, probablement sous-estimés, sont évalués sur la base du passage d’un seul bateau à la fois et peuvent être perçus comme la dimension minimum des écluses qui ont été réalisées dans les années 1570, 1580 puis en 1610.
13Les écluses à sas de la Vilaine sont assez éloignées les unes des autres puisque systématiquement plusieurs kilomètres les séparent. Seules, ces structures ne sont pas suffisantes pour permettre une navigation fluide. Il est nécessaire également d’augmenter la profondeur des eaux par le curage des dépôts dans le lit du fleuve. Ensuite, une fois la circulation établie, le canal de navigation nécessite un entretien régulier, particulièrement au niveau des retenues d’eau. Les risques sont importants si ce travail est négligé. En effet, un curage insuffisant du cours d’eau entraîne des inondations plus fréquentes, la formation d’atterrissements et de bancs ainsi que l’obstruction du lit au niveau des infrastructures hydrauliques telles que les ponts et les barrages34.
14Une première phase de dragage a très probablement été effectuée par les entrepreneurs de l’aménagement de la Vilaine, voire un entretien régulier pendant les décennies de leur monopole car ce sont eux qui rendent la possibilité de naviguer pérenne. Mais la municipalité rennaise n’a pas conscience de l’importance de cette pratique ou du moins sous-estime les conséquences d’un manque d’entretien du lit du fleuve. Après la construction de l’écluse de la Poissonnerie dans Rennes, des problèmes d’inondation apparaissent. Les habitants se plaignent. Le Parlement de Rennes finit par décider de la répurgation de la Vilaine en amont de cette première écluse et interdit en même temps aux Rennais de jeter leurs déchets dans la rivière35. Dans les sources, le dragage devient à partir des années 1610 une des principales conditions d’entretien de la Vilaine aménagée.
15Les travaux de canalisation ont été très longs et fastidieux : il a fallu quarante-cinq années pour que le projet de rendre la Vilaine navigable entre Messac et Rennes soit effectif et durable. Les vagues de construction et de réparation, rapidement décrites ici, sont en fait plus nombreuses au cours de cette seconde moitié du XVIe siècle. Le nombre d’ouvriers employés est impossible à déterminer, les sources n’évoquant pratiquement jamais leur existence ; les maîtres maçons et charpentiers sont à peine plus cités. Il en est de même pour les quantités de matériaux. Par contre, les matériaux en eux-mêmes sont régulièrement évoqués : chaux, sable, pierres, mortier (un tiers de chaux éteinte, les deux autres de sable), ciment (un tiers de chaux vive, deux tiers de terre cuite réduite en poussière et un peu d’eau) et du fer36. Selon les sources, une part importante de ces matériaux provient de carrières de la vallée de la Vilaine. Au vu des nombreuses phases de construction et de reconstruction des écluses, il est certain que les quantités de matériaux employées dans ce but ne sont pas négligeables. Il faut ajouter à cela que beaucoup de ceux-ci ont été emportés par les eaux du fleuve, sans que les conséquences soient mesurables.
Navigation, hostilité des riverains et premières conséquences décrites
16Rendre la Vilaine navigable jusqu’à la ville de Rennes a nécessité une convergence forte d’intérêts et de volontés autour de ce projet. Les retombées espérées au XVIe siècle sont grandes puisqu’elles concernent toute l’économie locale et notamment l’approvisionnement et les débouchés envisageables pour Rennes, alors la principale ville de la province de Bretagne. Les investisseurs dans un premier temps, puis la municipalité rennaise dans un second, comptent également beaucoup sur les revenus de la navigation c’est-à-dire sur les taxes prélevées sur les bateaux chargés de marchandises qui passent dorénavant les écluses. Cet effort exceptionnel, en matériaux, en personnes employées et en moyens financiers, mis en œuvre pour aboutir à l’existence d’une nouvelle voie de flux commerciaux illustre l’enjeu perçu dans ces aménagements.
17Cependant, une partie des seigneurs riverains de la Vilaine sont mécontents. Ils se plaignent à plusieurs reprises, pendant les travaux mais surtout après37, une fois la navigation établie sur le fleuve. Le problème principal, classique lorsque l’on s’intéresse aux usages des cours d’eau sous l’Ancien Régime, concerne les moulins. En effet, les chaussées barrant le cours de l’eau, présentées précédemment, ont pour vocation le bon fonctionnement des moulins ; ces structures de retenue garantissent une hauteur d’eau suffisante pour que les roues des moulins tournent de façon optimale. La mise en place d’écluses au cœur de ces installations ne modifie pas fondamentalement cet usage productif puisque les écluses retiennent également l’eau. Toutefois, elles sont souvent en mauvais état et même lorsque cela n’est pas le cas, les nombreux procès-verbaux de visite de ces ouvrages nous indiquent que l’eau passe tout de même par divers interstices, particulièrement au niveau des portes. De plus, quand un bateau souhaite franchir une écluse, l’ouverture de celle-ci diminue fortement le niveau de l’eau en amont, interrompant aussitôt l’action des moulins.
18Le ralentissement, voire l’arrêt ponctuel des moulins ne constituent pas les seuls motifs de plainte des riverains de la Vilaine canalisée : le halage représente également pour eux un dérangement. En effet, des seigneurs s’opposent au passage des bateliers sur leurs terres ; passage cependant nécessaire puisque la remontée du fleuve se fait en tirant les bateaux à l’aide de cordes. En réponse à une requête de la ville de Rennes au sujet des personnes et des obstacles qui pourraient nuire à la navigation, François Ier, dans une lettre patente de 1545, tranche en faveur des Rennais. Entre autres décisions, il ordonne que les riverains se soumettent au passage de bateliers sur leurs territoires. Ainsi, il indique à la municipalité rennaise la marche à suivre :
« Nous vous mandons en oultre que appellez les detempteurs desdictes terres adjacentes […] [et que vous] les contraigniés par touttes voyes deubs et raisonnables à abattre les arbres empeschans led navigage en les rescompansant raisonnablement et permettre aulx conducteurs desdictz batteaus et chalans de iceulx tirer avecq cordaiges sy mestier est, et à ceste fin passer sur lesdictes terres adjacentes le long de ladicte ripviere38. »
19Ces recommandations sont réitérées dans plusieurs lettres royales, notamment en 156839, qui montrent que les riverains n’ont pas appliqué les devoirs leur incombant : entretenir un chemin de halage en ôtant les arbres d’une des rives du fleuve et laisser les bateliers passer par ce chemin. Les conflits sont récurrents, et parfois violents, entre les « gens des seigneurs » d’une part, c’est-à-dire les fermiers des moulins et les métayers notamment, et les bateliers et marchands d’autre part. Parfois des bateaux sont empêchés de circuler, des bateliers sont molestés et des marchandises saisies40. À l’inverse, des exemples de provocations de la part des navigants peuvent être fournis : des arbres abattus hors du chemin de halage, des haies brûlées, des menaces de mort… Leurs usages s’opposent et du point de vue des riverains, cette navigation nouvelle, dirigée avant tout pour profiter à la ville de Rennes, empiète sur des pratiques séculaires et menace l’équilibre socio-économique de la vallée de la Vilaine. Les propriétaires de ces terres, et des moulins qui s’y trouvent, saisissent à plusieurs reprises le siège présidial de Rennes afin d’obtenir des dédommagements.
20Ces actions en justice, instruites avec zèle, fournissent de nombreuses informations : elles exposent notamment certaines des conséquences environnementales visibles dès les dernières décennies du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, ainsi que d’autres éléments moins explicites mais qui apportent matière à réflexion. Un seul exemple sera brièvement présenté ici : il s’agit d’un différend opposant la tutrice du seigneur de Cicé, alors mineur, et la ville de Rennes. Sur le territoire de la baronnie de Cicé, située de part et d’autre de la Vilaine à proximité de la ville de Bruz41, ont été construites deux écluses (Mons et Champcors). Dans les années 1610, Charlotte Cornulier, veuve du baron de Cicé et tutrice de son fils, intente un procès à la ville de Rennes et aux entrepreneurs de la construction des écluses. Elle entend, au minimum, obtenir une compensation financière pour la diminution de rendement de ses moulins à fouler (Champcors). Bien que les sources produites soient pour la plupart à charge contre les responsables de la canalisation, des témoins, sous serment, ont appuyé ses propos devant le lieutenant de la sénéchaussée de Rennes. De plus, même si une certaine prudence reste de mise, des procès-verbaux officiels de visite des lieux permettent de confirmer certains des éléments avancés par la dame de Cicé.
21Les motifs de plainte sont divers : deux d’entre eux nous intéressent particulièrement ici puisqu’ils concernent les transformations du milieu naturel. Le premier aspect est lié à la pratique du halage qui nécessite une dévégétalisation des berges. Ce n’est pas dans une préoccupation environnementale que l’abattage d’arbres pose problème aux seigneurs de Cicé mais bien pour des raisons économiques : le bois qu’ils possèdent est exploité, de façon d’ailleurs planifiée sur plusieurs années, et représente une rente substantielle pour la baronnie. Une représentation iconographique de la baronnie de Cicé en 1543 montre un domaine très boisé et les rives de la Vilaine recouvertes d’arbres en ces lieux42.
22Soixante-dix ans plus tard, lors d’un procès-verbal effectué au mois de juillet 1613 sur les terres de la maison de Cicé, il est décrit par le lieutenant du siège présidial de Rennes que les rives de la Vilaine dans cette zone ne comportent que très peu d’arbres :
« il n’y a aulcuns arbres sur ladicte riviere fors quelques spée [sic] de chesnes et sauldres et aultres boys, lesquelz sont plessez et en partye escorcez par les cordes que tirent ceux qui conduisent lesdicts batteaux43 ».
23De plus, les arbres restant sont abîmés et sont voués à disparaître pour ne plus déranger les haleurs. Les conséquences sur la flore et la faune des rives sont évidentes : les espèces végétales sont ôtées, ce qui entraîne un déplacement des animaux qui y vivaient. Il y a sans aucun doute de nombreuses autres modifications qui résultent de la dévégétalisation des rives. L’une d’elles, que l’on constate encore aujourd’hui sur les bords de certains cours d’eau, et notamment sur ceux de la Vilaine, est la fragilisation et l’émiettement des berges. En effet, les racines des saules permettent d’unifier et de renforcer la rive qui résiste alors beaucoup mieux à la pression de l’eau. Cette essence d’arbres est essentielle et sans elle le fleuve gagne du terrain, grignotant peu à peu les berges.
24Le risque est d’autant plus important que la Vilaine a naturellement cette tendance à s’étendre ; une partie des terres la bordant est constituée de marais et de zones humides, surtout dans sa basse vallée. Les aménagements imposés à ce cours d’eau ont modifié son écoulement comme l’explique le procureur de la dame de Cicé :
« à cause de ladicte escluse, l’eau qui prenoict son cours par les moullins à fouller, s’escoulle à presant près la prée appellé[e] la prée Dahault proche desd moullins de Champcor[s], et ruisne et endommaige ladicte prée et de là s’en retourne au passaige de Babelouze faire ung aultre cours où ladicte dame est contraincte [d’] entretenir des pontz pour venir à ses moullins, tellement qu’elle a esté contraincte de changer le bardeau acoustumé pour empescher la ruisne desdictes pré[s]44… »
25La création d’un canal de navigation et la mise en place d’écluses ont modifié le comportement de la Vilaine d’une façon imprévue et surtout non anticipée par les aménageurs. Celle-ci s’adapte aux contraintes qu’on lui impose en s’insinuant là où on n’a pas cherché à la contenir. Selon ce témoignage, des prés hors d’atteinte sont devenus submersibles et d’anciens passages praticables doivent dorénavant être franchis à l’aide de ponts. Le paysage se trouve modifié et de nouvelles difficultés apparaissent donc pour les riverains, qui avaient adapté leurs usages à l’ancien cours du fleuve et se trouvent surpris par ses nouvelles trajectoires.
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26La réalisation des projets de canalisation de la Vilaine entre Messac et Rennes se déroule entre 1539 et 1610. Cette période est ponctuée de phases de construction, reconstruction et réparation des écluses ainsi que de curage du lit du fleuve, mais correspond aussi au développement progressif, et probablement irrégulier, de la navigation dans cet espace. Cette partie de la Vilaine, exploitée au moins dès le Moyen Âge pour ses ressources halieutiques et sa force motrice, suscite un intérêt nouveau déterminant pour le cours d’eau et pour les hommes qui désormais y circulent. Les conséquences environnementales, bien que difficiles à mesurer sont indéniables. Les aménagements ont redessiné le fleuve, son lit et ses rives, la voie d’eau et ses usages. Cependant, il est intéressant de souligner que l’anticipation d’impacts sur le milieu naturel ne semble pas entrer dans le cadre de pensée des Rennais au XVIe siècle. L’extension de la navigabilité de la Vilaine a une finalité exclusivement économique. C’est d’ailleurs l’argument employé systématiquement dans les sources pour justifier l’acharnement, durant des décennies, des acteurs politiques et économiques dans le but que le projet aboutisse enfin. Les seules oppositions, celles des riverains, relèvent probablement plus de la lutte pour les prérogatives sur le fleuve et de motivations économiques que de préoccupations environnementales. Toutefois, ce sont ceux qui vivent au bord de la Vilaine qui sont les premiers témoins des conséquences sur le milieu naturel.
Notes de bas de page
1 Arch. mun. Rennes, DD80, pièce 1, lettres patentes de François Ier à la ville de Rennes, août 1539.
2 En France, c’est au XVIe siècle que naissent les premiers projets et les premières réalisations visant à canaliser des cours d’eau afin d’étendre leur surface navigable. Certaines rivières sont alors aménagées grâce à des écluses à sas, c’est notamment le cas du Lot, de l’Ourcq et de la Vilaine. Cf. Roblin L., Cinq siècles de transport fluvial en France, du XVIIe au XXe siècle, Rennes, Éditions Ouest-France, 2003, p. 35-37.
3 Lebrun F. (dir.), L’Ille-et-Vilaine des origines à nos jours, Saint-Jean-d’Angély, Éditions Bordessoules, 1984, p. 15.
4 Granville É. (dir.), Marais de Redon et de Vilaine, Redon, Comité des Marais et Rivières du Pays de Redon et de Vilaine, 2007, t. II, p. 229.
5 Il s’agit des écluses de Macaire, la Molière, le Guilleuc, la Bouëxière, Glanret, Pont-Réan, Champcors, Apigné et du Comte.
6 Il s’agit de la rivière de Mayenne, aménagée entre les villes de Château-Gontier et de Laval au XVIe siècle.
7 Arch. mun. Rennes, DD83, Abrégé historique de l’établissement, construction et entretien des écluses bâties sur la rivière de Vilaine, sans date, cité par Dupont N. (dir.), Quand les cours d’eau débordent. Les inondations dans le bassin de la Vilaine du XVIIIe siècle à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 101.
8 Information appuyée par les sources iconographiques du XVIe siècle, représentant la Vilaine. Cf. la planche XIII du Manuscrit de la Vilaine, dans Mauger M. (dir.), En passant par la Vilaine. De Redon à Rennes en 1543, Rennes, Éditions Apogée, 1997, p. 49.
9 Ce manuscrit en vélin comporte vingt-quatre planches peintes dont vingt-deux représentant le cours de la Vilaine entre Redon et Rennes en 1543, ainsi que deux planches techniques, comprenant chacune un schéma d’écluse à sas. Ce document iconographique exceptionnel a été publié et a fait l’objet d’un premier commentaire dans Mauger M. (dir.), En passant par la Vilaine. De Redon à Rennes en 1543, op. cit.
10 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, délibération de la communauté de ville de Rennes du 2 février 1555.
11 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, délibérations municipales de la ville de Rennes du 17 mars 1555 et du 3 septembre 1557, par exemple.
12 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, emprunt de particuliers à la ville de Rennes pour rendre la Vilaine navigable, 7 octobre 1556.
13 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, quittance, donnée en 1559, de 122 livres à Simon Gérard.
14 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, procès-verbal des moulins et de la chaussée de Champcors, 10 août 1565, f. 2v°.
15 Il se nommait Philippes Elon ou Eloy. L’unique document qui nous permet de connaître sa présence à Rennes mentionne son nom. Cependant la lecture de la lettre finale pose une difficulté.
16 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, délibération municipale rennaise du 1er février 1566 qui stipule que les miseurs, individus en charge des comptes de la ville de Rennes, doivent payer à cet architecte la somme de 15 livres afin de rembourser ses frais de déplacement.
17 Mauger M. (dir.), En passant par la Vilaine. De Redon à Rennes en 1543, op. cit., p. 18.
18 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, délibération municipale rennaise du 2 février 1567.
19 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, délibération municipale rennaise du 8 juillet 1567.
20 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, délibération municipale rennaise du 17 juillet 1567.
21 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, délibération municipale rennaise du 21 décembre 1567 au cours de laquelle il est décidé d’emprunter la somme de 5 000 livres pour réaliser les travaux nécessaires à la navigation sur la Vilaine.
22 Mauger M. (dir.), En passant par la Vilaine. De Redon à Rennes en 1543, op. cit., p. 18.
23 Avec la première phase de construction d’écluses, puis toutes les campagnes de réparation et les frais liés à la venue et au séjour des trois ingénieurs, la ville de Rennes aurait dépensé au moins 45 000 livres, dont une partie provenait d’emprunts, entre 1539 et 1570. Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, lettre de Charles IX à la ville de Rennes du 12 octobre 1571, f. 1 r° : « ledit œuvre [d’aménagement] estant demeuré imparfait et inutile, comme d’avant, encores que les fraiz reviennent en pure perte ausdits supplians [les Rennais] à 45 000 livres et plus… »
24 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, délibération municipale rennaise du 11 juillet 1571, ordre aux miseurs de la ville de payer les réparations faites à la chaussée d’Apigné.
25 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, lettre de Charles IX à la ville de Rennes, 12 octobre 1571, f. 1 r° et f. 1 v°.
26 Leurs noms : Léon Hux, Jean Merault l’aîné, Jean Chauvel, Jean Deshaieres, Michel Legendre et Nicolle Bernard (représentée par ses tuteurs, son père dans un premier temps, Me André Bernard, puis par son mari). Afin de reconstituer de façon fiable cette première équipe d’entrepreneurs, de nombreux documents, notamment des archives départementales d’Ille-et-Vilaine, ont été croisés ; en effet, le nombre d’associés varie très rapidement, notamment du fait des faillites, des successions, etc.
27 1573 est l’année du début de la construction sur la Vilaine de l’écluse à sas de Champcors : « Lorsque ladicte ecluze fut faicte qui fut es années mil cinq centz soixante treze et mil cinq centz soixante quatorze, le seigneur des Croiz… », Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4987, liasse de procédure – dame de Cicé, 8 mai 1619, f. 13 v° et début du f. 14 r°.
28 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, lettre d’Henri III à la ville de Rennes, 15 mai 1575, f. 1.
29 Appelée aussi « écluse de Mons » dans les archives.
30 Par décision d’Henri III en 1575, ils obtiennent 30 années de prérogatives et de monopole d’exploitation commerciale du segment canalisé de la Vilaine, commençant en 1571 (Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, lettre d’Henri III à la ville de Rennes, 15 mai 1575). Mais, dans les faits, si l’on met à part quelques années qui diffèrent dans cette période (sans doute moins d’une dizaine), les entrepreneurs possèdent les droits de navigation sur la Vilaine de l’année 1571 au 31 décembre 1613.
31 De l’aval vers l’amont, ces écluses sont celles de Messac, Macaire, la Molière, le Guilleuc, Glanret, la Bouëxière, le Boël, Pont-Réan, Mons (ou Blossac), Champcors, Apigné, le Comte et, à l’entrée de Rennes, de la Poissonnerie.
32 Dupont N. (dir.), Quand les cours d’eau débordent. Les inondations dans le bassin de la Vilaine du XVIIIe siècle à nos jours, op. cit., p. 95-99.
33 Planche XXIV du Manuscrit de la Vilaine, dans Mauger M. (dir.), En passant par la Vilaine. De Redon à Rennes en 1543, op. cit., p. 75.
34 Dupont N. (dir.), Quand les cours d’eau débordent. Les inondations dans le bassin de la Vilaine du XVIIIe siècle à nos jours, op. cit., p. 112-115.
35 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, audience au Parlement de Rennes, 26 juin 1613, f° 2.
36 Dès le XVIe siècle, des documents (adjudications, quittances de réparations, procès-verbaux d’écluses…) évoquent ces différents matériaux. Cependant, la composition du ciment et du mortier est tirée d’un document au sujet de la construction de deux autres écluses sur la Vilaine au début du XVIIIe siècle. Arch. dép. Loire-Atlantique, C108, Bail de construction des écluses de Joué et de Saint-Hélier sur la Vilaine, 6 juillet 1722, f. 1.
37 Par exemple, en 1565, le seigneur de Cicé, René Tournemine, se plaint « de la ruyne et chommaige desdits moullins [de Champcors] qu’il dict estre pour raison de l’escluse ». Le conflit reprend en 1573 avec le nouveau seigneur des lieux, François Champion, lors de la réédification de l’écluse, cette fois à sas, de Champcors. Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, respectivement : procès-verbal de visite du 10 août 1565, f. 1 v°, et audience au siège présidial de Rennes du 18 septembre 1573.
38 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, lettre patente de François Ier à la ville de Rennes, 19 avril 1545, f. 3.
39 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4986, lettre patente de Charles IX à la ville de Rennes, 13 août 1568, f. 2 r°.
40 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4987, requête au parlement de Rennes, 26 et 27 novembre 1615. Il s’agit de la plainte de plusieurs marchands de vins contre les exactions faites par des meuniers à l’encontre des bateliers qu’ils emploient pour transporter leur vin entre Redon et Rennes.
41 Bruz se situe dans l’actuel département de l’Ille-et-Vilaine.
42 Planche XVIII du Manuscrit de la Vilaine, dans Mauger M. (dir.), En passant par la Vilaine. De Redon à Rennes en 1543, op. cit., p. 59.
43 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4987, audience du siège présidial de Rennes, 15 juillet 1613, f. 7 v°.
44 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C4987, audience du siège présidial de Rennes, 15 juillet 1613, f. 12 et f. 13 r°.
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