Débats et contestations autour des aménagements forestiers d’un « haut lieu » : la forêt domaniale de la Sainte-Baume
p. 61-74
Texte intégral
1« La forêt primitive de la Sainte-Baume est une grande leçon1. » Située à 30 km de Marseille sur le versant nord d’un massif qui s’étire sur environ 45 000 hectares, la forêt domaniale de la Sainte-Baume est distincte des bois voisins, exceptionnelle par son histoire et ses écosystèmes. Ancienne propriété des Dominicains, puis de l’État à partir de la Révolution, cette forêt de 138 hectares a connu une certaine unité de gestion et d’aménagement, ce qui facilite son étude à partir d’un corpus relativement cohérent. Cette homogénéité permet de suivre, de l’époque moderne à nos jours, les interactions entre les aménagements anthropiques et les évolutions des écosystèmes. D’autre part, célébrée comme un « haut lieu2 », la forêt domaniale de la Sainte-Baume a suscité de nombreux écrits, témoignages des vives réactions des différents acteurs des sociétés locales ou des corps d’État. Lieu de pèlerinage puis de randonnée et de tourisme, peuplée de hêtres et de chênes formant un riche potentiel paysager, écologique et économique, ses aménagements et surtout son exploitation ont alimenté bien des débats. Présentée comme une « forêt relique » et une « forêt climax », elle est aussi devenue, à partir du XIXe siècle, un véritable laboratoire scientifique et technique de l’aménagement forestier, provoquant de nombreuses controverses. Enfin, perçue comme un « espace de nature sauvage » essentiel à l’équilibre physique, esthétique et biologique du littoral de la Provence et de la Côte d’Azur, la forêt de la Sainte-Baume est devenue une véritable base d’aménagement régional dans la politique nationale des « espaces verts forestiers ». Sur le temps long, l’étude du massif de la Sainte-Baume constitue donc un cas emblématique des interactions entre aménagements anthropiques et écosystèmes forestiers, des entrecroisements des différents temps de l’arbre et des sociétés, mais aussi de l’emboîtement des espaces : le local, le régional et le national.
Des écosystèmes singuliers
2Nichée sous une falaise sur le versant nord d’une chaîne de montagne qui s’élève à plus de mille mètres, la forêt domaniale de la Sainte-Baume présente un écosystème forestier extrêmement rare en région méditerranéenne. Au-dessus de la partie basse peuplée de chênes, la partie haute recèle des arbres ayant besoin de froid et d’humidité ou d’une grande part d’ombre, notamment des hêtres, des ifs et des houx. Ces peuplements serrés d’arbres ont permis d’entretenir une atmosphère de fraîcheur constante et un abondant humus noir. Ainsi, les 138 hectares de forêt domaniale se distinguent des bois voisins qui présentent une végétation méditerranéenne, mêlant les garrigues, les genêts et les pins d’Alep avec peu de mousses, de lichens et de feuilles mortes sur le sol. Ouverts au soleil et au vent et par conséquent plus exposés aux incendies, ces bois constituent un écosystème classique en zone méditerranéenne.
3Dans cette comparaison de deux écosystèmes différents, on retrouve l’opposition entre une partie exposée au sud et par conséquent au soleil, à la lumière, à la sécheresse et une partie exposée au nord. Néanmoins, au-delà de la classique opposition adret/ubac, les aménagements anthropiques ont pesé de tout leur poids pour forger cette distinction. Sur la longue durée, le versant sud a largement été exploité. Les habitants de Cuges-les-Pins, de Signes et de Mazaugues y trouvaient des branchages pour se chauffer, cuire l’eau et les aliments, des grumes et des perches pour fabriquer les outils, des ramilles pour tenir les vignes. Bois d’œuvre pour les artisans, fagots pour les fours à pains marseillais, bois de chauffe et charbon de bois pour les verreries, les poteries, les briqueteries, les fours à chaux et les tuileries, baies parfois utilisées dans les teintures et écorces de chênes qui servaient à fabriquer le tan employé par les ateliers du textile et du cuir : toutes les richesses des bois étaient exploitées. Dans le système agro-sylvo-pastoral de complémentarité des espaces et des pratiques, les bois du massif de la Sainte-Baume constituaient aussi un complément spatial. Grâce aux terrains de parcours pour les bêtes et aux terres temporaires de cultures, les paysans gagnaient sur les bois des espaces de production. Pour fournir à tous leurs besoins, ils sélectionnaient les essences les plus adaptées et aménageaient leurs bois en taillis coupés régulièrement avec des révolutions de 8-10 ans ou encore défrichaient par le feu en pratiquant des issarts ou des taillades.
4Au sein de toute cette activité, les 138 hectares de la forêt de la Sainte-Baume faisaient pourtant exception. Préservés par leur isolement, ces bois ont surtout fait l’objet d’une protection spécifique de la part des autorités religieuses mais aussi séculières comme lieu de culte consacré à Marie-Madeleine. Du Moyen Âge à la Révolution, la forêt entourant la grotte où se serait retirée la sainte est devenue un espace réservé à la prière et au recueillement, protégé de la chasse et de toute exploitation sylvicole, pastorale ou agricole3.
5À la fin du XIXe siècle, cette distinction entre deux écosystèmes se retrouvait aussi sur le versant nord du massif, bien au-delà de la classique opposition adret/ubac. D’un côté, le bois privé était constitué de pins sylvestres petits et moyens, en mélange avec un taillis de chênes blancs, et sans transition, la forêt domaniale était caractérisée par un peuplement serré de hêtres d’une grande hauteur. Certes, la forêt des Béguines, à l’est, et la forêt du domaine de Saint-Cassien, à l’ouest, ne bénéficient plus de la protection de la grande barre rocheuse qui offre aux peuplements ombre et fraîcheur. Cependant, ce sont surtout les usages des bois qui permettent d’expliquer cette rupture dans les écosystèmes. À l’est de la forêt domaniale, sur 400 hectares environ, la forêt des Béguines a été autrefois un espace de pâture et d’exploitation sylvicole produisant du bois de chauffage et du charbon de bois. À l’extrémité orientale de la haute chaîne, dans le domaine privé de Saint-Cassien, le bois a aussi été soumis au pâturage, c’est-à-dire aux prélèvements et aux piétinements du bétail, au passage régulier du feu avec l’utilisation des écobuages, et à des coupes effectuées suivant des révolutions très courtes. Placé dans ce contexte d’exploitation, le couvert arbustif a été moins développé. Les arbres plus sensibles à la lumière ont prospéré et le sous-bois plus sec s’est répandu4.
6Fonction de l’exploitation des ressources naturelles, cette distinction des écosystèmes se retrouve à l’intérieur même de la forêt domaniale de la Sainte-Baume. Les parties les plus élevées sont peuplées de hêtres et d’ifs alors que les parties basses sont composées de chênes et non plus d’essences d’ombre. Là encore, les facteurs naturels ont pu jouer. L’altitude mais aussi la situation des peuplements par rapport à la protection des barres rocheuses ont modifié les écosystèmes. En complément, les archives apportent d’autres types d’explications. Dans la zone basse plus accessible et desservie par des chemins anciens, des prélèvements de bois ont eu lieu pour alimenter le couvent des Dominicains, les usages clandestins des habitants des communes voisines ou encore les chantiers navals. Ces coupes ont été renforcées avec la remise en cause des différentes protections royales et religieuses au moment de la Révolution5. Récurrentes, ces exploitations ont favorisé le développement des essences de lumière et le chêne s’est fortement déployé au détriment du hêtre. D’un bon rapport, car il donnait des produits d’une grande valeur sous un faible poids, l’écorce et le charbon, le chêne aurait été en outre encouragé et le pin, moins rentable, systématiquement détruit.
Un « haut lieu » à protéger des exploitations
7Au-delà des seuls aspects écologiques, les choix d’aménagement du passé eurent aussi des impacts importants sur les sociétés des XIXe et XXe siècles. Ainsi, les protections octroyées sous l’Ancien Régime avaient permis de constituer une haute futaie composée de hêtres et de chênes plus que centenaires, soit un riche potentiel sylvicole qui ouvrait de nombreux appétits financiers dans la société industrielle naissante. Nouveau propriétaire de ce bien national, l’État y trouvait une source de revenus : un enrichissement immédiat par l’aliénation ou une exploitation du capital boisé par la toute nouvelle administration des Eaux et Forêts.
8Néanmoins, ces projets de mise en valeur économique furent largement combattus par les autorités religieuses et civiles locales. L’archevêque d’Aix s’adressa directement au ministère de l’Intérieur pour émettre les « plus vives réclamations contre l’aliénation de la Sainte-Baume », un lieu de culte et de prière qui ne saurait faire l’objet d’une opération financière. De son côté, le conseil d’arrondissement de Brignoles rédigea, en 1820, une pétition adressée au gouvernement et au roi s’opposant aux projets d’aliénation et de déboisement6.
9Semblant céder à ces pressions, le ministère des Finances, alors gestionnaire des forêts, renonçait en 1820 à tout projet d’aliénation7. Toutefois, la question de la mise en valeur de la forêt domaniale est restée ouverte tout au long du XIXe et au début du XXe siècle. Le ministère des Finances avait bien renoncé à vendre cette forêt si singulière mais non à en tirer profit avec la coupe « de ses arbres d’un mètre de circonférence et au-dessus qui sont rares dans la contrée [et] doivent présenter pour la vente les chances les plus avantageuses8 ». Dès 1838, l’administration forestière pratiqua des coupes de « desserrement, coupes de futaie, coupes de taillis avec réserves de semis, de baliveaux, avec nettoiement et éclaircies du sous-bois9 ». Mais, les autorités civiles et religieuses obtinrent la suspension de ce type d’exploitation par une décision ministérielle du 12 mai 185810. Les Eaux et Forêts se limitèrent alors à extraire les arbres morts ou dépérissant. Quelque vingt ans plus tard, conformément aux dispositions du procès-verbal d’aménagement du 20 février 1882 prorogé en 1892, l’administration put pratiquer l’« extraction d’arbres morts ou complètement dépérissants », mais aussi des coupes de régénération avec « des éclaircies en dix années et par coupes annuelles sensiblement égales11 ». Là encore, les élites provençales firent pression et obtinrent la suspension de ces aménagements.
Un « haut lieu » à aménager pour le tourisme
10Au début du XXe siècle, ce débat sur l’exploitation des bois continuait. Pour autant, il n’était plus tout à fait le même. Certes, il s’agissait toujours de protéger les arbres des coupes. Néanmoins, dans un contexte économique et culturel inédit, l’argumentation s’était profondément modifiée. Concurrencé par de nouveaux matériaux et de nouvelles sources d’énergie fossile, le bois, en Provence, n’était plus aussi rentable et l’exploitation devint un enjeu secondaire. De même dans une société de plus en plus laïcisée, il ne fallait plus seulement protéger les bois comme un lieu saint mais aussi comme une richesse esthétique indispensable au développement de nouvelles activités ludiques et touristiques.
11Là encore, les anciens aménagements avaient forgé une forêt adaptée au nouvel esprit des élites urbaines. Avec sa grande barre rocheuse, son atmosphère humide et montagnarde, la Sainte-Baume apparaissait désormais comme un cadre paysager enchanteur, sublime, grandiose et pittoresque. Dans les archétypes romantiques diffusés par les artistes, le parangon du beau ressemblait étrangement à cette forêt « vierge » peuplée de bois sombres. Forêt « sauvage », elle était parée de toutes les vertus et de toutes les beautés, figure d’une « nature12 » devant échapper au progrès et à la volonté de profit. Forêt « relique », elle était devenue le symbole d’un passé perdu qu’il fallait absolument conserver. Dans ces nouvelles perceptions, la coupe de ses « ancêtres » majestueux et splendides était ressentie comme un « véritable scandale », une « dévastation ». Opposés à toute exploitation, « les nombreux admirateurs de la forêt » souhaitaient que le paysage reste immuable sous leurs yeux et s’opposaient à toute « défiguration » du site13. Lieu de culte consacré à Marie-Madeleine, cette forêt était devenue un sanctuaire de la « nature », un modèle de l’harmonie d’un monde sans homme, le pendant apaisant du stress d’une ville de plus en plus stigmatisée par des élites urbaines en mal de « nature ». Dès la fin du XIXe siècle, ces représentations esthétiques s’associaient à de nouvelles pratiques touristiques et ludiques. Massif montagneux au cœur du Midi, la Sainte-Baume offrait les joies de l’aventure, de la randonnée, du vélo et même de l’escalade. Du haut de ses sommets, l’excursionniste pouvait admirer un paysage exceptionnel. De la rade de Toulon, au mont Aurélien et au mont Ventoux, toute la Provence s’étalait à ses pieds14.
12Conscientes de l’importance de ce « monument historique15 », différentes associations de défense des forêts, comme la Société Forestière Provençale, le Chêne (créée en 1909), ou de développement du sport, comme le Club Alpin Français (CAF, 1875) et les Excursionnistes Provençaux (1892), ou encore de promotion du tourisme comme le Touring Club de France (TCF, 1890) et le Syndicat d’Initiative de Provence menèrent une active propagande en faveur de la protection de la Sainte-Baume, du tourisme et des excursions. Au cours de cette croisade, les différentes associations s’étaient rapprochées des Eaux et Forêts afin de protéger les espaces les plus prestigieux tout en les mettant en valeur pour une exploitation touristique. Dans le domaine médiatique, publicités, itinéraires16 et guides illustrés17 permettaient de diffuser une représentation idéalisée d’un « haut lieu18 » Sur le terrain, entretien des routes, des chemins et des sentiers, poteaux indicateurs19, construction d’un Alpe hôtel20 et d’une table d’orientation21, tout était fait pour recevoir et guider le visiteur vers les plus beaux points de vue et proposer le paysage comme un véritable spectacle.
13Désormais, la « nature » et la forêt étaient devenues un patrimoine à visiter et à respecter. Au-delà des politiques de protection des monuments historiques et naturels nées dans la première moitié du XXe siècle, les défenseurs de la forêt proposèrent un projet beaucoup plus ambitieux. Le 22 avril 1942, la Société Linéenne de Provence, présidée par Henri Pratt, professeur à la Faculté des Sciences de Marseille, demandait la création d’un parc national qui « formerait un domaine d’un très haut intérêt à la fois scientifique, historique et touristique », englobant l’actuelle forêt domaniale et les terrains avoisinants sur une superficie totale de 2 600 hectares22. Appuyé par l’administration des Forêts, le projet ne vit jamais le jour23. Dans les années 1940, il était encore difficile de mettre la « nature » sous cloche. Cette « nationalisation » du sol au profit d’une vision désincarnée de la « nature » heurtait de front de nombreux intérêts locaux. Les propriétaires privés, qui ne pouvaient accepter l’interdiction de leurs usages, eurent gain de cause. Par arrêté du 31 juillet 1945, « la forêt, la falaise et les crêtes de la forêt de la Sainte-Baume [étaient] inscrits sur l’inventaire des sites légendaires ou pittoresques du Var24 ». Différente d’un classement, cette décision n’entravait guère les activités des propriétaires mitoyens de l’espace domanial. Ces derniers restaient libres de pratiquer les exploitations courantes en Provence : coupes, pâturage, maintien des taillis avec des révolutions de 17 à 25 ans25.
14Face à ces usages, les différentes associations avaient toujours affiché clairement leur volonté de « faire aimer les arbres, les sites et ce qui s’y rattache par le tourisme26 ». Dans l’esprit des multiples mécènes de la « nature », les nouveaux aménagements des forêts et la publicité qui en était faite constituaient un instrument de « l’éducation esthétique des peuples27 ». Animée par des activités de tourisme, la forêt deviendrait un spectacle capable de « créer ou réveiller le sentiment du beau, [de] révéler à tous le charme puissant qui émane de la nature28 ». Ces décors édifiants étaient donc chargés de faire adhérer l’ensemble de la population à la défense des paysages.
15Beau témoignage de cette réussite, à 30 km de Marseille, le massif de la Sainte-Baume se transforma vite en lieu touristique attirant une foule croissante de visiteurs venus admirer et aimer le témoignage exceptionnel d’une « nature » préservée29. Paradoxalement, cet afflux eut des conséquences extrêmement néfastes sur les boisements. Dès les années 1930, l’érosion, les piétinements, les détériorations, le non-respect des sentiers, les dépôts d’ordures, les risques d’incendies posaient déjà la question du seuil de saturation à ne pas dépasser pour permettre la régénération des peuplements. Comment faciliter la découverte de la « nature » sans la « dénaturer » ? Comment adapter et aménager les espaces en conséquence ? Comment faire pour que les visiteurs venus en nombre ne détruisent pas l’identité du lieu ? Dans ces domaines, la question n’était plus celle des aménagements à mettre en place pour attirer et guider le touriste mais au contraire celle des aménagements à mettre en place pour mieux canaliser la pression des visiteurs.
Un laboratoire scientifique et technique de l’aménagement forestier
16Cette question de la sauvegarde d’un « monument historique » et touristique était d’autant plus importante qu’il s’agissait de conserver une « forêt relique30 » : un écosystème forestier septentrional maintenu depuis les dernières glaciations. Vue comme une forêt « originelle », une forêt « climax » caractérisée par l’équilibre des différents éléments du milieu, la forêt de la Sainte-Baume alimentait les débats des forestiers, des botanistes et des naturalistes. Dans l’esprit des spécialistes, ce sujet d’étude devait permettre de comprendre toute l’histoire de la forêt méditerranéenne, de son origine à sa dégradation en forêt ouverte puis en maquis ou en garrigue. Dès lors, cette « connaissance du passé » laissait espérer une possible « reconstitution forestière31 ». Parée de toutes les vertus, la « forêt climax » était présentée comme le véritable remède pour faire revivre la forêt méditerranéenne, l’exemple vivant d’un passé qu’il paraissait possible de conserver voire de recréer32.
17Mais comment faire ? « Comment substituer aux forêts secondaires […] des peuplements stables du type climax33 ? » Pour les forestiers, il suffirait de créer des « réserves de reconstitution34 », de « faire des reliques35 » puis d’inverser la logique des temps, de suivre pas à pas la reconstitution de la forêt climax. Dans cette perspective, la forêt de la Sainte-Baume devint un véritable enjeu botanique et forestier pour « enrayer le mouvement de régression des formations forestières […] sur le pourtour méditerranéen36 ».
18Ces réflexions posèrent à nouveau la question du statut de cette forêt si singulière. Fallait-il créer une réserve naturelle, c’est-à-dire un espace totalement interdit au public, un lieu d’étude des écosystèmes évoluant en dehors de toute action anthropique ? Néanmoins, centre de pèlerinage et de visite, la forêt domaniale de la Sainte-Baume ne pouvait être transformée en réserve intégrale. Ceci dit, pour protéger cet écosystème, fallait-il le distraire de manière radicale de tout aménagement ? Au contraire, fallait-il, intervenir, pratiquer des coupes de régénérescence ? Dès les années 1930, ce débat était ouvert. Tous étaient d’accord pour conserver un milieu exceptionnel. Mais, au-delà de cet accord, que fallait-il conserver ? Devait-on garder les hêtres ? Devait-on se préoccuper de tous les éléments qui concourent à l’équilibre biocénotique de l’ensemble ? Dès lors, devait-on tenir compte de la faune entomologique et des champignons qui n’intéressent guère le grand public ?
19Fidèle à sa tradition et à la formation de l’École de Nancy, le corps des Eaux et Forêts défendait une sylviculture active37. Le hêtre vieillissant ne risquait-il pas de disparaître au profit des ifs et des houx ? Pour pallier ces problèmes, les forestiers prônaient le retrait des arbres morts, la coupe des arbres dépérissant accompagnée d’éclaircies, voire même l’installation d’une pépinière pour produire du hêtre de « race locale38 ». Opposés au contraire à toute intervention directe ou indirecte, de nombreux naturalistes, entomologistes, mycologues ou pédologues préconisaient que l’enlèvement des bois morts sur pied ou pourrissant sur place ne soit « qu’exceptionnel » en raison du rôle des « microorganismes, champignons, insectes… qui se succèdent au fur et à mesure du dépérissement des arbres et des différents stades de décomposition du bois mort […] », mais aussi des « porte-graines après leur mort dans la formation de l’humus et dans le développement des jeunes plants39 ».
20Sur le terrain, l’administration forestière n’a pas entièrement tenu compte de toutes ces remarques. Dans les faits, elle a pratiqué un aménagement en futaie jardinée dans le but de régénérer et de préserver la hêtraie. En 1972, les forestiers constataient toujours l’envahissement du houx et des ifs tout en recommandant des coupes d’éclaircies, voire parfois, le recours à des semis. Suite à ces avis techniques, la forêt domaniale de la Sainte-Baume devint, en 1973, une réserve biologique domaniale dirigée40. Différente de la réserve biologique intégrale qui laisse cours à la dynamique spontanée des habitats, la réserve biologique dirigée devait permettre d’assurer la conservation d’habitats naturels ou d’espèces remarquables requérant une gestion conservatoire active.
Une base d’aménagement régional
21À partir des années 1960, la nécessité de défendre « les espaces de nature sauvage essentiels à l’équilibre physique, esthétique et biologique du littoral Provence Côte d’Azur » est apparue d’autant plus grande que les massifs forestiers semblaient menacés41. Dans la société de consommation des Trente Glorieuses, les temps avaient changé. Avec la vulgarisation des moyens de transport, l’accroissement des temps de loisirs et du tourisme de masse, la valorisation des activités de « plein air » pour des citadins en « mal de nature », la côte méditerranéenne était devenue un pôle d’attraction touristique et urbain. Autrefois réservés à une élite bourgeoise et aux classes moyennes, les sites pittoresques de vacances, les excursions en forêt et les activités de sport et de loisirs s’étaient largement banalisés. Dans le même temps, la croissance urbaine du littoral méditerranéen conjuguée avec une extension de la périurbanisation et de la rurbanisation faisaient des espaces forestiers un nouvel enjeu foncier, social et économique42.
22Placé à peu de distance des grandes agglomérations de Marseille, Aix et Toulon (30/50 km), tout en étant désormais désenclavé grâce à un réseau routier de plus en plus dense, le massif de la Sainte-Baume était particulièrement attrayant, à la fois en tant qu’ensemble touristique mais aussi en tant qu’espace de périurbanisation43. En 1966, 1 000 à 1 500 voitures particulières étaient dénombrées chaque dimanche au pied de la forêt domaniale44. À côté de ces visites ponctuelles, une présence durable s’implantait rapidement avec la construction de cabanons, de résidences secondaires, de maisons individuelles puis de lotissements. Jusqu’alors protégé, le massif faisait l’objet de bien des convoitises de la part des promoteurs immobiliers. Dans les années 1960 au plan d’Aups, « des domaines de quelque importance » étaient acquis en vue de lotissements ultérieurs (Domaine la Taurel, 650 ha achetés par le groupe Algéco, Domaine de Panerolles, 1 200 ha par le groupe Ricard, domaine de Peyrus et Orgnon, 1 200 ha par M. Trouin45).
23Face à l’afflux massif des touristes et au développement des constructions, les différents représentants de l’État ont souligné très tôt les menaces pesant sur « les plus beaux sites » et sur « les espaces libres côtiers46 ». Les agents des Eaux et Forêts puis de l’ONF étaient d’autant plus alarmistes que la fréquentation touristique et le mitage des espaces verts semblaient progresser en parallèle avec le nombre des incendies posant à nouveau la question de la prévention et de la lutte contre les sinistres47.
24Confronté à cette situation jugée inquiétante, l’État providence se voulait aussi un État aménageur des espaces et régulateur des pratiques sociales. Dès 1964, le ministère de l’Agriculture avait souhaité prendre en compte les nouvelles attentes ludiques et touristiques du public en forêt. Edgard Pisani demandait d’ouvrir les espaces soumis au régime forestier « à un hôte » devant « y être accueilli et non plus seulement toléré48 » ? Depuis, l’ingénieur forestier est chargé d’une double mission. Il doit favoriser l’accès, la viabilité et la sécurité des massifs ouverts aux touristes tout en préservant le milieu contre les dégradations. Dans cette conception, « la forêt constitue une compensation physique et psychologique aux conditions de la vie moderne. Elle doit donc rester dans toute la mesure du possible “naturelle” et “sauvage” : végétation étendue et faune doivent, par leurs caractéristiques, représenter la nature, par opposition au cadre de verdure des parcs urbains ; cette forêt “sauvage” doit cependant être entretenue afin de se maintenir ; elle doit également recevoir quelques équipements favorisant la pénétration et le séjour en créant un cadre rassurant et partiellement humanisé49 ».
25Chargés d’aménager et de maintenir une forêt « sauvage », les agents de l’ONF s’alarmaient sans cesse de la dégradation des peuplements boisés menacés par de nombreux déboisements liés à l’urbanisation. Dans ce nouveau contexte, les mesures anciennes ne suffisaient plus. En ce qui concerne les forêts communales, la soumission au régime forestier ne constituait pas une barrière suffisante à la pression foncière. « Les collectivités, compte tenu du faible rapport économique de la plupart de leurs forêts » étaient « de plus en plus tentées d’en disposer pour réaliser des lotissements, à l’économie sur le coût des terrains s’ajoutant l’attrait majeur de la construction en zone boisée50 ». En ce qui concerne les forêts particulières, la protection élaborée dans le cadre des plans d’urbanisme n’était « ni totale, ni définitive51 ».
26À écouter les agents de l’État, une politique publique de préservation des espaces forestiers s’imposait. Cependant, elle ne devait pas entraver la liberté des propriétaires forestiers, ni bloquer le développement économique et social de la région. « Devant la pression de l’urbanisation des résidences secondaires à proximité de la ville, […] le seul moyen de préserver des espaces naturels consistait à procéder à des acquisitions pour s’opposer aux lotissements qu’[envisageaient] des promoteurs immobiliers, nombreux dans la région52. »
27Dès 1959, des mesures particulières de sauvegarde étaient prises. Grâce à la réglementation des « périmètres sensibles53 », le département disposait de moyens juridiques et financiers pour acquérir des terrains spécialement désignés comme espaces boisés à conserver. Timidement prise en compte dans le IVe plan de développement économique et social (1962-1965), la question des « espaces verts forestiers » « s’est imposée impérativement quelques années plus tard donnant lieu à un développement spécial dans le Ve plan (1966-1970)54 ». Pour pallier la faiblesse des moyens financiers locaux, l’État engagea un programme d’acquisition complémentaire de ceux des départements. Conçue dans l’optique de la protection des paysages et des sites, cette politique d’acquisition foncière nationale s’est également conjuguée avec celle de l’équipement touristique « d’espaces verts forestiers ». Sur la côte provençale, cette politique s’est aussi coordonnée avec la protection contre l’incendie et la reconstitution de la forêt méditerranéenne.
28Dans les années 1970, la politique des « espaces verts forestiers » était également indissociable des grandes orientations de développement de la côte. La décision du ministre de l’équipement de faire établir un schéma général d’aménagement de la Camargue à la frontière italienne a permis au service forestier de proposer un « schéma directeur forestier ». L’ONF a ainsi déterminé « les grands massifs forestiers et les espaces naturels essentiels à l’équilibre physique, esthétique et biologique du littoral Provence-Côte d’Azur » pour y poursuivre une politique active de protection et d’aménagement pour le public de l’espace naturel dans cette région55. À la fois carte et programme coordonné d’action, ce schéma venait renforcer la politique foncière menée sur la côte provençale en faveur des « espaces naturels » et de lutte contre les incendies56.
29Perçue comme le moyen de conserver la hêtraie, cette politique d’acquisition foncière domaniale a reçu un total soutien de la part des agents en charge de la forêt de la Sainte-Baume. Déjà en 1954, dans le cadre du périmètre de protection de l’Huveaune, l’État avait pu acheter les domaines des Béguines (380 ha 26) et de l’Hubac (171 ha 86), attenant à la forêt domaniale. Cette extension avait alors pour but de créer des peuplements d’abri capables de faire écran à l’assèchement des nappes phréatiques57. Mais pour les agents de l’ONF, la mise en place d’une sorte de glacis protecteur à la hêtraie aurait permis de mieux la protéger, voire même de la sauver.
30Depuis, les ingénieurs ont toujours encouragé la formation de blocs homogènes de grande ampleur à partir de noyaux durs de forêts domaniales et communales afin de protéger les peuplements. Dans leur esprit, il s’agissait « par acquisition ou échange de bois particuliers ou communaux de supprimer des enclaves et des saillants en vue de renforcer la résistance au grignotage58 ». Perçue comme une « Forêt relique », un site de tourisme et de loisirs proche des grandes agglomérations, une « réserve naturelle » de faune et de flore, un espace de « nature sauvage », le massif de la Sainte-Baume a donc fait l’objet d’une attention singulière. Dans les politiques nationales de création « d’espaces verts forestiers », il a occupé une place de tout premier ordre et concentré une grande partie des achats fonciers59. In fine, en comptant les terrains domaniaux (712 ha) mais aussi les terrains communaux de Nans-les-Pins, du Plan d’Aups, de Mazaugues et de Saint-Zacharie (1 874,94 ha) sans oublier les acquisitions foncières menées par l’État (Hôtellerie des Dominicains, Société civile immobilière Mazaugues, Terrains Pechiney, Domaine de la Taurelle, « Monde de Jadis » d’E. Trouin, soit 3 406,09 ha), l’ONF pourrait gérer un domaine forestier d’environ 5 993 ha60.
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31Doté de différents écosystèmes, le massif de la Sainte-Baume témoigne parfaitement de l’interaction qui existe entre l’aménagement des bois et les milieux forestiers. C’est bien la protection accordée à la forêt domaniale qui explique le maintien d’une hêtraie en Provence. À l’inverse, c’est bien l’exploitation des bois qui explique le développement d’une forêt ouverte et xérophile. Établie sur la longue durée, l’étude de ce cas singulier montre aussi l’entrecroisement des temps. Les aménagements du passé construisent les écosystèmes du futur et orientent les décisions des sociétés contemporaines. Ainsi, la protection de la forêt de la Sainte-Baume aux époques médiévale et moderne a permis de maintenir un bois qui pouvait être rentable à exploiter au XIXe siècle ou, au contraire, qu’il convenait de protéger et d’aménager pour des activités touristiques et ludiques au XXe siècle. Enfin, l’exemple des aménagements du massif de la Sainte-Baume met en lumière l’entrecroisement des échelles. Dans les années 1960-1970, la protection des 138 hectares de forêt domaniale a été intégrée dans la gestion totale du massif de la Sainte-Baume comme une question d’aménagement régional, voire national. Finalement, dans des contextes toujours différents, les acteurs sociaux et politiques relisent un espace ancien sur de nouvelles bases territoriales. À la croisée du temps et de l’espace, la question des aménagements a également un impact sur la société et suscite bien des débats entre les acteurs locaux et nationaux. Lieu de pèlerinage, de randonnée et de visite mais aussi lieu d’étude scientifique ou d’exploitation, « espace vert nécessaire aux équilibres biologiques de la région », le massif de la Sainte-Baume reflète les controverses et les choix de société liés à la multifonctionnalité de la forêt.
Notes de bas de page
1 Bauby P., « La forêt de la Sainte-Baume », Revue des Eaux et Forêts, (REF), 1930, p. 693-703, p. 703 pour la citation.
2 Micoud A. (dir.), Des hauts lieux : la construction sociale de l’exemplarité, Paris, éd. CNRS, 1991.
3 Bauby P., « La forêt de la Sainte-Baume », art. cit.
4 Procès-verbal de l’inspecteur des Eaux et Forêts Poulemaire, Brignoles, 20 février 1882, cité par P. Bauby, « La forêt de la Sainte-Baume », art. cit., p. 693-694.
5 Arch. dép. du Var, 7 PP art. 83. Procès-verbal descriptif du bois de la Sainte-Baume dressé par P. H. Pontier, inspecteur des Forêts, 22 septembre 1814.
6 Arch. dép. du Var, 7P 51. Extrait du conseil d’arrondissement de Brignoles cité dans la lettre du secrétaire d’État de l’Intérieur au préfet du Var, Paris, 22 juillet 1820.
7 Arch. dép. du Var, 7 P 51. Lettre du ministre des Finances au préfet du Var, 20 décembre 1820.
8 Arch. dép. du Var, 7 P 51. Observations sur la forêt de la Sainte-Baume comprise dans les états d’aliénation des bois de l’État, Inspecteur Général des Finances, Draguignan, 11 juin 1831.
9 Dugelay A., « La hêtraie de la Sainte-Baume. Enseignement du passé, perspectives d’avenir », Revue Forestière Française (RFF), no 1, janvier 1958, p. 1-26, p. 6 pour la citation.
10 Ibid.
11 Arch. dép. du Var, 7 PP art. 83. Instructions de l’inspecteur des Forêts de Brignoles au garde général, Brignoles, 7 juin 1882.
12 L’appellation « espace naturel forestier » apparaît dans les années 1970 dans les projets de protection de la « nature » entrepris par l’État. En 1972, une « mission interministérielle pour la protection et l’aménagement de l’espace naturel méditerranéen » est même créée. Pourtant en France, il n’y a plus à proprement parler « d’espace naturel forestier ». Sur la très longue durée, les pratiques anthropiques ont bouleversé tous les écosystèmes forestiers. Dans cet article les termes de « nature » ou d’« espace naturel » seront donc systématiquement mis entre guillemets.
13 Arch. Nat. Fontainebleau 20000028/0061. Lettre du 30 août 1935 du délégué principal du TCF à Marseille au président du TCF à Paris.
14 Arch. Nat. Fontainebleau 20000028/0061 Lettre du 29 décembre 1906 du président du Syndicat d’Initiative de Provence au président du TCF à Paris.
15 Dugelay A., « La hêtraie de la Sainte-Baume… », op. cit., p. 6.
16 Tavernier F., Guides illustrés de Provence. La Sainte-Baume et sa région, Marseille, 1914 ; Corroy G., Sainte-Baume, histoire géologique sommaire du massif avec itinéraires des excursions, Marseille, 1940.
17 Guides Joanne P., Provence, 1911.
18 Micoud A. (dir.), Des hauts lieux…, op. cit.
19 Arch. dép. du Var, 7 P 51, Lettre du président de la section marseillaise du CAF, novembre 1920.
20 Arch. Nat. Fontainebleau 20000028/0061. Lettre du 26 juin 1906 du président du Syndicat d’Initiative de Provence au président du TCF à Paris.
21 Arch. Nat. Fontainebleau 20000028/0061. Entre 1910 et 1913, le CAF et le TCF font poser une table d’orientation.
22 Arch. dép. du Var, 7 PP art. 83. Dossier sur le projet de Parc National de la Sainte-Baume. Lettre de M. Pratt adressée au secrétaire d’État, M. Bonnafous, 22 avril 1942.
23 Arch. dép. du Var, 7 PP art. 83. Dossier sur le projet de Parc National de la Sainte-Baume, op. cit.
24 Arch. dép. du Var, 7 PP art. 83. Arrêté du ministère de l’Éducation nationale, Direction générale de l’architecture, Direction des sites, des perspectives et des paysages, Paris, 31 juillet 1945.
25 Par la loi du 2 mai 1930 modifiée le 27 août 1941, l’inscription n’entraîne pour le propriétaire que l’obligation de ne pas procéder à des travaux autres que ceux d’exploitation courante, en ce qui concerne les fonds ruraux, et d’entretien normal, en ce qui concerne les constructions, sans avoir avisé quatre mois à l’avance l’administration préfectorale de son intention.
26 « Les grandes lignes de notre programme », publiées dans tous les bulletins de la Société Forestière Provençale le Chêne.
27 Bull. du Chêne…, no 8, 1912.
28 Changeur P. A., secrétaire général de la Société pour la Protection des Paysages de France lors du premier congrès international pour la protection des paysages (1909).
29 Arch. dép. du Var, 7 PP art. 83. En octobre-décembre 1946 puis en juin-août 1948, les Eaux et Forêt se plaignent d’un trop grand afflux de touristes et proposent des solutions d’aménagement pour protéger les parcelles.
30 Dugelay A., « La Hêtraie de la Sainte-Baume… », art. cit., p. 1.
31 Bauby P., « Les forêts des Bouches-du-Rhône », art. cit.
32 Bauby P., « La forêt de la Sainte-Baume », art. cit. ; Dugelay A., « Le reboisement dans la zone méditerranéenne provençale », REF, 1946, p. 492-506, p. 493 ; Lavauden L., « Forêts primitives et forêts secondaires », REF, 1935.
33 Messines J., « Actualité du reboisement », RFF, 1949, p. 435-457.
34 Goberx J., « Le Forestier et la nature », Unasylva, vol. 1, no 3 nov-déc 1947 ; Piroton J., « Les réserves de reconstitution forestière », RFF, janvier 1950, p. 1-20.
35 Ducamp R., « Protection de la nature », REF, 1934, p. 234-249, 1935, p. 305-320, p. 306.
36 « La réunion de 1928 », Bull de la Silva méditerranea, no 4, déc. 1928, p. 2.
37 Hervé P., « La forêt domaniale de la Sainte-Baume (Var). Problèmes posés par sa gestion », RFF, septembre 1953, no 9, p. 557-564, p. 558 pour la citation.
38 Arch. dép. du Var, 7 PP art 83. Lettre du Directeur général des Eaux et Forêts au Conservateur de Draguignan, Paris, 5 mai 1944, 935AF2/2. Ces débats se lisent dans la Revue des Eaux et Forêts et dans la Revue Forestière Française, voir Bauby P., Dugelay A. et Hervé P., art. cit.
39 Hervé P., « La forêt domaniale de la Sainte-Baume… », art. cit., p. 561. Voir également Khndzorian Iablokoff A., « Le rôle hygrométrique des arbres morts dans l’équilibre thermodynamique des forêts », RFF, no 1, 1953.
40 Arrêté du 2 avril 1973 qui classe les 138,2 ha de la forêt domaniale de la Sainte-Baume comme une Réserve Biologique Domaniale Dirigée.
41 Arch. Nat., 569 6 DF 20, dossier Acquisitions, domaine de la Sainte-Baume, ministère de l’Agriculture, direction générale de la Protection de la nature, service de la promotion des espaces naturels. Note pour le secrétaire d’État auprès du ministère de l’Agriculture, Paris, 27 octobre 1970, objet : construction en milieu boisé dans la région méditerranéenne.
42 Nature, loisirs et forêt, les espaces verts forestiers 5 ans de réalisation,Soubeiran A., ingénieur du GREF, directeur général de la protection de la nature, RFF, XXIII, 3, 1971, p. 385-396.
43 Arch. Nat., 569 6 DF 20, dossier Acquisitions, domaine de la Sainte-Baume. Note du Directeur des Forêts L. Velay, pour le Directeur général des études et des affaires générales, service des affaires financières, à l’attention de M. Le Dermann, 23 avril 1969.
44 Arch. Nat., 569 6 DF 20, dossier Acquisitions, domaine de la Sainte-Baume. Rapport pour la direction générale de l’ONF, R. Millo, Ingénieur principal des travaux de l’ONF, Brignoles, 16 septembre 1966.
45 Ibid.
46 Nature, loisirs et forêt, les espaces verts forestiers…, op. cit. Cette réglementation crée une ressource financière au profit du département, destinée à l’acquisition de terrains spécialement désignés comme espaces boisés à conserver et sur lesquels le département jouit d’un droit de préemption.
47 Arch. Nat., 569 6 DF 20, dossier Acquisitions, domaine de la Sainte-Baume. Avis du Conservateur des Eaux et Forêts, Nice, 18 octobre 1965.
48 L’instruction du ministère de l’Agriculture du 20 octobre 1964 est adressée à tous les conservateurs des Eaux et Forêts. Par la suite, les circulaires du 8 février 1973 et du 26 février 1979 sont venues renforcer ces premières instructions.
49 Nature, loisirs et forêt, les espaces verts forestiers…, op. cit.
50 Arch. Nat., 569 6 DF 20, dossier Acquisitions, domaine de la Sainte-Baume. R. Ulhen, ingénieur général du GREF, Plan directeur forestier du littoral Provence Côte d’Azur.
51 Ibid.
52 Arch. Nat., 569 6 DF 20, dossier Acquisitions, domaine de la Sainte-Baume. Lettre de l’Ingénieur en chef du GREF, adjoint au directeur régional PACA, C. Cusin, au Directeur général de l’ONF, 9 octobre 1968, Aix-en-Provence.
53 Nature, loisirs et forêt, les espaces verts forestiers…, op. cit.
54 Ibid.
55 Arch. Nat., 569 6 DF 20, dossier Acquisitions, domaine de la Sainte-Baume. Note pour le secrétaire d’État auprès du ministère de l’Agriculture, Paris, 27 octobre 1970.
56 Nature, loisirs et forêt, les espaces verts forestiers…, op. cit.
57 Arch. dép. du Var, 1790 W art. 48. Rapport de R. Millo, Brignoles, 28 octobre 1955.
58 Plan directeur forestier du littoral Provence Côte d’Azur, cf. supra.
59 Nature, loisirs et forêt, les espaces verts forestiers…, op. cit.
60 Arch. Nat., 569 6 DF 20, dossier Acquisitions, domaine de la Sainte-Baume. Lettre de l’ingénieur en chef du GREF, C. Cusin, cf. supra.
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