L’ESS dans les écofilières en Pays de la Loire : une opportunité de développement ?
p. 73-89
Texte intégral
1La présente contribution a été rédigée à partir de l’étude menée par la SCOP ARAÏS à la demande de l’Observatoire régional de l’ESS au sein de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire des Pays de la Loire (CRESS) et intitulée : « La place de l’économie sociale et solidaire dans les écofilières en Pays de la Loire » (ARAÏS et CRESS Pays de la Loire, 2013). Cette étude a permis d’alimenter la réflexion des pouvoirs publics sur les politiques publiques stratégiques de développement économique régional. L’objectif de l’étude portait sur l’analyse et la légitimation du rôle que joue l’économie sociale et solidaire (ESS) dans le développement et l’orientation des écofilières en Pays de la Loire. Afin d’identifier l’ensemble des structures de l’ESS, en région, qui s’inscrivent dans le développement des cinq écofilières retenues, une base de données a été construite à partir des réseaux régionaux et infrarégionaux de l’ESS, des chambres consulaires et des ressources mises à disposition par les pouvoirs publics. Une enquête par questionnaire (55 répondants) et une enquête par entretien (44 entretiens) ont permis d’analyser le poids, le rôle, les atouts et les enjeux de l’ESS dans les écofilières en Pays de la Loire.
Les écofilières. Définition
2Dans cette étude, une structure de l’ESS est considérée comme appartenant aux écofilières en fonction de l’impact de son activité sur les émissions de gaz à effet de serre, le besoin en énergie ou la consommation de ressources naturelles et de matières premières. Une structure a ainsi deux façons de s’inclure dans les écofilières :
par la production d’un bien ou d’un service permettant à l’usager de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, son besoin d’énergie ou sa consommation de ressources naturelles et de matières premières (par exemple : habitat écologique, covoiturage, ressourceries…) ;
par l’utilisation de procédés de production ou d’organisation lui permettant de réduire ses propres émissions de gaz à effet de serre, son besoin d’énergie ou sa consommation de ressources naturelles et de matières premières (par exemple : utilisation de véhicules hybrides, consommation d’énergie d’origine renouvelable, valorisation des déchets agricoles, choix de circuits courts [proximité géographique et réduction du nombre d’intermédiaires]…).
3Cinq écofilières sont présentées ici : l’agriculture ; le bâtiment ; la gestion et la revalorisation des déchets ; les énergies renouvelables restreintes au solaire, à l’éolien et au bois-énergie ; les déplacements urbains et ruraux. Sur les 42 associations et 13 coopératives répondantes à l’enquête par questionnaire, on dénombre respectivement 772 et 405 emplois en 2011. Soit un total de 1 177 emplois ESS dans les 5 écofilières en Pays de la Loire en 2011. En extrapolant ces résultats en tenant compte de la répartition associations/coopératives dans le Fichier qualifié (147 associations/78 coopératives), on obtient un total de 5 132 emplois ESS dans les écofilières en Pays de la Loire en 2011, soit 3,4 % de l’emploi ESS dans la région (l’ESS compte 151 100 salariés en Pays de la Loire en 2011 selon le bilan de l’emploi 2011 de la CRESS Pays de la Loire).
La place de l’ESS dans les écofilières en Pays de la Loire
L’écofilière agriculture. Agriculture responsable et alternative aux modes de production
Tableau 1. – Principales activités relevées dans l’écofilière agriculture
Mutualisation de matériel agricole (CUMA) Agriculture maraîchère biologique |
Production, transformation (pain/farine, lait, animale et végétale) |
Collecte et achat (lait) |
Vente directe ou distribution (pain, lait, produits alimentaires bio, produits locaux, matériel agricole) |
Jardinerie |
Activités avec le bâtiment (chanvre et lin) |
Énergies renouvelables (photovoltaïque et biomasse énergie) |
Compostage et méthanisation |
Source : Rapport ARAÏS et CRESS Pays de la Loire, Observatoire régional de l’ESS, 2013.
4Les coopératives, et notamment les coopératives agricoles sont historiquement présentes dans la filière agricole quand bien même leur engagement en faveur de l’environnement est plus récent, notamment chez certaines CUMA qui développent aujourd’hui des liens avec les énergies renouvelables. Les deux tiers des coopératives interrogées ont été créées entre le début du xixe siècle et le début des années 1990. On trouve cependant des coopératives plus récentes, SCIC ou SCOP, œuvrant dans la production, la transformation et/ou la distribution de produits biologiques. Les associations, quant à elles, sont plus récentes et se sont développées avec le développement de l’écofilière, notamment sur des activités liées à la vente directe.
Carte 1. – L’économie sociale et solidaire dans l’écofilière agriculture en Pays de la Loire

5Dans le Fichier qualifié, 102 structures font partie de l’écofilière agriculture. Parmi ces structures, 8 appartiennent à plusieurs écofilières, ce qui laisse entrevoir des frontières floues entre l’ESS et les entreprises « classiques » dans l’écofilière agriculture. La plupart des structures de l’ESS sur l’écofilière agriculture entretiennent des liens étroits avec les entreprises « classiques ». Ces structures font preuve de solidité face à la concurrence des entreprises « classiques » du fait de leur positionnement et de leur fonctionnement proche de ces dernières. Les coopératives étant historiquement développées sur la filière agricole, il n’est pas étonnant qu’un grand nombre de coopératives ne se revendiquent pas comme appartenant à l’ESS.
6L’origine solidaire du statut coopératif dans la filière agricole est davantage un héritage historique qu’un gage d’engagement social et solidaire aujourd’hui et qu’un critère de différenciation. Il se justifiait par la volonté d’agriculteurs isolés de faire face à des contraintes économiques, la coopérative permettant la mutualisation des charges, du matériel, et procurant un poids plus important sur la filière. Ainsi, la forme coopérative est la forme « classique » au sens d’« historique » de la filière agricole. L’absence de volonté de se démarquer des entreprises « classiques » pour les coopératives agricoles « historiques » explique que ces structures entretiennent des relations professionnelles ou de concurrence avec les entreprises « classiques » qu’elles assument pleinement. En termes de mode de fonctionnement, certaines structures interrogées ont mis en avant l’hybridation des outils et des systèmes utilisés par les grandes coopératives et les structures « classiques ». Le fait d’être une coopérative n’a alors pas d’incidence sur les rapports professionnels entre les structures.
7Le statut n’est pas mis en avant, ainsi l’activité agricole passe en priorité et la structure est un partenaire économique avant tout. Le statut coopératif peut cependant être un gage de solidité, donc de différenciation à l’égard des entreprises « classiques », non pas pour ses valeurs solidaires, mais parce que les coopératives ont fait preuve d’une meilleure résistance à la crise.
8Cependant, on constate une certaine dichotomie dans les structures interrogées. L’ESS dans l’écofilière agriculture est constituée, d’une part, de ces coopératives traditionnelles, qui diversifient leurs activités en se positionnant sur une agriculture plus responsable et qui seraient pleinement intégrées à l’économie « classique » et, d’autre part, de structures plus innovantes qui cherchent à inventer et proposer une alternative aux modes de production et de consommation dominants. Ces acteurs, impliqués dans l’ESS par le soutien de valeurs solidaires fortes, déplorent le fait que certaines coopératives agricoles, de par leur taille, aient perdu leur fondement solidaire et aient dépossédé les agriculteurs du pouvoir dont ils disposaient dans la coopérative. Ils se reconnaissent mieux dans des initiatives innovantes, qui se distinguent des coopératives agricoles « classiques » comme les associations ou les coopératives de consommateurs qui développent la vente directe et biologique, ou encore les SCIC qui tentent d’inventer un nouveau modèle pour l’écofilière. Ils se reconnaissent aussi dans des structures plus historiques telles que les CUMA.
9Pour ces structures, les entreprises « classiques » représentent une menace en s’accaparant une partie de leur marché, notamment par la production et la vente de produits issus de l’agriculture biologique. La grande distribution notamment en est l’exemple type, elle est dénoncée comme ayant un effet dévastateur sur l’agriculture engagée et les petits commerces, en ce qu’elle favoriserait le monopole au détriment de la diversité des petites structures.
10Si ces structures voient les entreprises « classiques » comme une menace, elles ont tendance à inclure les grandes coopératives agricoles dans cette économie puisque leur fonctionnement et leur finalité ont, selon elles, perdu leur fondement solidaire. La dichotomie ne se situe donc pas entre ESS et économie « classique » mais plutôt au sein même de l’ESS.
L’écofilière bâtiment. Promotion de nouveaux matériaux et approche polyvalente des métiers
11Les structures ESS de l’écofilière bâtiment sont récentes. Les trois quarts des structures interrogées ont été créées dans les années 2000-2010. Néanmoins, la plupart d’entre elles disent développer une activité existant traditionnellement mais connaissant un renouveau aujourd’hui. Le travail des matériaux naturels notamment n’est pas une technique nouvelle mais plutôt un retour à des techniques et des ressources plus durables et locales.
12Dans le Fichier qualifié, 41 structures font partie de l’écofilière bâtiment. Parmi ces structures, 17 appartiennent à plusieurs écofilières.
Tableau 2. – Principales activités relevées dans l’écofilière bâtiment
Accompagnement, soutien, formation (auto-constructeurs, éco-projets, professionnels de la filière écoconstruction, création d’entreprise [CAE]) Sensibilisation |
Mise en relation (professionnels de l’écoconstruction, porteurs de projets d’auto-construction) |
Construction avec matériaux naturels |
Valorisation de la production de chanvre |
Projet de construction de logement social, environnemental et intergénérationnel |
Source : Rapport ARAÏS et CRESS Pays de la Loire, Observatoire régional de l’ESS, 2013.
Carte 2. – L’économie sociale et solidaire dans l’écofilière bâtiment en Pays de la Loire

13Un fort atout de l’ESS dans l’écofilière bâtiment est l’approche polyvalente et globale des métiers et des projets. Trois quarts des structures ESS interrogées dans l’écofilière bâtiment se disent plus efficaces que les autres structures. En effet, l’ESS favorise une approche complète des projets, en y intégrant tous les corps de métiers et en favorisant les liens entre les disciplines et les filières comme l’approvisionnement auprès de filières agricoles pour les matériaux naturels, le développement de circuits courts et de réseaux locaux de parties prenantes, la coopération inter-métiers dans les projets sont un facteur essentiel de différenciation et d’innovation pour l’ESS sur l’écofilière. Également trois quarts des structures se disent innovantes, essentiellement pour la démarche adoptée. Cependant, elles relativisent leur rôle dans le développement de ces innovations, prétendant ne faire que remettre au goût du jour des façons de faire traditionnelles, comme par exemple les anciennes techniques utilisées dans la production de chanvre.
14L’ESS dans l’écofilière bâtiment innove par ailleurs dans la place qu’elle accorde au citoyen, pour 38 % des structures interrogées, le citoyen est l’acteur central du projet. L’ESS développe en effet l’accompagnement à l’auto-construction et les chantiers participatifs. En vulgarisant les techniques et en favorisant l’apprentissage in situ, le citoyen devient constructeur de son propre logement. Outre l’auto-construction, les projets d’habitat participatif, d’habitat groupé ou d’habitat intergénérationnel responsabilisent les citoyens en leur donnant la possibilité de concrétiser une vision alternative de l’habitat et reliant l’habitation à un projet de vie plus large. À ce titre, ces entreprises promeuvent une différenciation à l’égard des entreprises « classiques ».
15Si la concurrence des entreprises « classiques » dans l’auto-construction n’est pas encore présente, les structures interrogées prédisent leur arrivée future sur ces activités pour lesquelles une demande émerge de la part des citoyens. Dans l’écoconstruction en revanche, la concurrence est accrue. Le manque d’adaptation de la réglementation environnementale et les politiques de recrutement à moindre coût des entreprises « classiques » ne favorisent pas l’ESS. D’autre part, bien qu’une demande émerge en termes d’habitat écologique, celle-ci est faible et les citoyens restent très sensibles au prix dans le contexte actuel de crise économique. Les structures de l’ESS ont pour la plupart une vision négative des entreprises « classiques ». Les grandes entreprises du bâtiment sont pour certaines « le symbole d’une économie qui a échoué et qui a besoin d’être accompagnée et rassurée ».
16Cependant, toutes les coopératives du bâtiment n’ont pas cette volonté de différenciation. Certains artisans en coopératives ou certains clients ne savent pas forcément qu’ils ont affaire à l’ESS. Ils se sentent pleinement intégrés à l’économie « classique ».
L’écofilière déchets En recherche d’une complémentarité avec les autres entreprises du secteur
17L’ESS s’est historiquement positionnée sur l’écofilière déchets. On constate un certain étalement de l’émergence des activités de réemploi (papier, carton, puis textile, meuble et objets de la vie quotidienne, puis équipements électriques et électroniques et enfin informatique) notamment des années 1940 aux années 2000, même si des réseaux plus ou moins informels de récupération et de troc sont antérieurs. Dans le Fichier qualifié, 55 structures font partie de l’écofilière déchets. Parmi ces structures, 10 appartiennent à plusieurs écofilières.
Tableau 3. – Principales activités relevées dans l’écofilière déchets
Réemploi ou valorisation (papier carton, D3E, textile, bois, encombrants, tous déchets) |
Vente de seconde main |
Soutien personnes en difficultés |
Développement du compostage (dont compostage de proximité) |
Fourniture de matériel (compostage) |
Formation |
Source : Rapport ARAÏS et CRESS Pays de la Loire, Observatoire régional de l’ESS, 2013.
Carte 3. – L’économie sociale et solidaire dans l’écofilière déchets en Pays de la Loire

18Les structures de l’ESS de l’écofilière déchets entretiennent des liens étroits et divers avec les entreprises « classiques », qui représentent des concurrents, des partenaires, des clients ou des fournisseurs, du petit acteur local à la multinationale. Elles s’impliquent autant dans des projets de territoire que dans des partenariats avec des firmes industrielles et témoignent donc d’une bonne capacité d’adaptation. La gestion des déchets concerne en effet toutes les entreprises et tous les acteurs du territoire. La majorité des structures valorise les relations qu’elles entretiennent avec les entreprises « classiques ». Elles estiment avoir une relation équilibrée et avoir une approche complémentaire qui leur permet d’échanger.
19L’aspect complémentaire implique que la plupart des structures ne se sentent pas particulièrement menacées par l’arrivée d’entreprises « classiques » sur l’écofilière. En effet, l’ESS se positionne sur des activités fortement consommatrices de main-d’œuvre et sur des métiers difficilement mécanisables, sur lesquels les industriels ne veulent pas forcément se positionner. Les industriels, eux, se concentrent sur les traitements lourds, demandant un investissement technique et matériel important. Le développement de partenariats et de sous-traitance semble donc la voie à privilégier. La plupart de ces structures souhaitent cristalliser et stabiliser cette complémentarité pour plus d’efficacité et afin de préserver sa place dans l’écofilière. Elles pensent être perçues par ces entreprises comme des professionnels. La structure Envie, dans les déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E), explique qu’elles étaient au départ « amusées » par le positionnement de la structure puis qu’elles ont été surprises par la qualité des services proposés. Cependant, il n’en demeure pas moins que pour certaines (29 %), il reste une forte dichotomie entre l’ESS et les entreprises « classiques ». Les industriels profitent selon elles d’un besoin de l’écofilière pour mettre en place des solutions inappropriées d’un point de vue environnemental dans l’unique but de gagner des marchés. Les industriels capteraient alors certaines activités de l’ESS en les détournant et parviendraient alors à proposer des prestations de masse à moindre coût. Les pouvoirs publics ayant pour critère central le prix, ils auraient alors une forte responsabilité dans le développement de ces solutions. Par ailleurs, la logique de réduction des coûts des industriels détruit les partenariats entre les industriels et l’ESS.
20Enfin, les industriels, de leurs côtés, ne voient pas d’un bon œil la proximité entre l’ESS et les pouvoirs publics. Si l’ESS et les entreprises « classiques » ont l’opportunité de travailler de façon complémentaire et constructive, des tensions apparaissent lorsque les valeurs entrent en confrontation avec l’image de la logique industrielle de traitement de masse, de celle de réduction des coûts et de rentabilité à court terme versus le primat de critères environnementaux et le tissage de partenariats locaux, solides et de long terme.
21Pour les perspectives de développement de l’écofilière, une incertitude repose en partie sur la prise de conscience des particuliers, des collectivités et des entreprises de l’urgence du tri et des dépôts des déchets dans les centres de collecte ainsi que de l’intérêt de se tourner vers le réemploi. L’ESS a non seulement un rôle à jouer dans la structuration de ses services de collecte et de valorisation des déchets collectés mais elle a l’opportunité de répondre au besoin de sensibilisation des particuliers et au développement de la formation, à la réparation et au réemploi. D’autre part, les activités de réemploi dans le secteur associatif sont amenées à s’élargir avec l’essor du commerce électronique. Potentiellement, la place de l’ESS sur l’écofilière peut prendre un essor considérable et diversifier ses activités dans les prochaines années au regard de l’enjeu de la réduction des déchets.
22Cependant, si le potentiel de développement de l’ESS est fort sur l’écofilière, ses activités (notamment la réparation) nécessitent un fort coût d’intervention humaine pour des objets de faible valeur. Une priorité d’action pour les pouvoirs publics est alors de soutenir l’ESS afin de viabiliser l’équilibre financier fragile de ses activités.
L’écofilière énergies renouvelables Ancrage local, mise en commun des compétences et des points de vue
23Les activités développées par l’ESS sur l’écofilière ont émergé à partir des années 1980 pour la plus grande majorité. La moitié des structures, associations traditionnelles travaillant sur la sensibilisation, la mise en réseau et la structuration des filières, ont été créées avant le début des années 1990. Les années 2000 ont vu émerger des structures plus innovantes développant des projets citoyens liés à l’énergie solaire ou éolienne. Dans le Fichier qualifié, 30 structures font partie de l’écofilière énergies renouvelables. Parmi ces structures, 17 appartiennent à plusieurs écofilières.
Tableau 4. – Principales activités relevées dans l’écofilière énergies renouvelables
Vente (bois) Séchage de bois déchiqueté acheté à des agriculteurs ou chantiers d’insertion |
Mutualisation de matériel agricole (CUMA) |
Accompagnement et mise en œuvre (projets citoyens dans le solaire et l’éolien) |
Mise en relation (professionnels, porteurs de projets, particuliers) |
Promotion, sensibilisation, formation |
Source : Rapport ARAÏS et CRESS Pays de la Loire, Observatoire régional de l’ESS, 2013.
Carte 4. – L’économie sociale et solidaire dans l’écofilière énergies renouvelables en Pays de la Loire

2483 % des structures interrogées sur l’écofilière se disent innovantes. L’innovation se situe d’une part dans les procédés et l’organisation comme dans les projets citoyens, l’expérimentation de nouveaux modes de financement, l’importance accordée à la co-construction, le conseil et la formation des agriculteurs pour les accompagner dans la réduction de leur consommation d’énergie et pour développer les énergies renouvelables… L’innovation se situe par ailleurs dans les techniques utilisées comme le développement d’une filière sur le bois bocage et forestier et non sur du résineux qui implique de faire face à l’inadaptation du matériel (cf. G. Pierre dans cet ouvrage), l’acquisition de techniques liées au solaire et à l’éolien…
25Les structures estiment que l’ESS dans l’écofilière est propice à l’innovation car elle s’appuie sur la mise en commun des compétences et des points de vue. La mise en commun est selon elles facteur d’intelligence, d’où l’importance de la mise en réseau et de la création de liens plus forts dans l’écofilière.
26L’ESS dans l’écofilière énergies renouvelables est caractérisée par des initiatives disséminées sur le territoire. Il existe trop peu de liens aujourd’hui entre la diversité des acteurs de l’écofilière, notamment pour l’éolien et le solaire (ESS, industrie, formation, recherche, collectivités…). D’ailleurs, une étude conduite en région par le cabinet Ernst & Young (2011) n’évoque pas les projets citoyens portés par l’ESS dans l’éolien et le solaire. Si les initiatives de l’ESS sont encore aujourd’hui peu nombreuses, elles sont cependant innovantes et sont susceptibles d’intéresser les acteurs de l’écofilière, comme en a témoigné l’atelier où un membre de la Société publique régionale des Pays de la Loire ainsi qu’un consultant ayant contribué à la mise en place du Cluster NetWind ont été agréablement surpris d’apprendre l’existence de projets citoyens sur le territoire. Selon eux, il est impératif de tisser des liens entre ces projets et les industriels.
27La plus-value de l’ESS dans l’écofilière est son ancrage local. Le succès des énergies renouvelables repose justement sur l’aspect distribué et non pas centralisé de la production d’énergie, et le local répond aux exigences techniques et financières de l’énergie. La force de l’ESS est de mettre en place de petites installations et de sensibiliser parallèlement les citoyens à la maîtrise de l’énergie. L’implication du citoyen dans les projets impacte les usages et la maîtrise de la consommation. Cette méthode ascendante est essentielle pour répondre aux défis énergétiques. Face à l’enjeu du stockage de l’énergie notamment, l’ESS répond pertinemment par l’utilisation collective et de proximité de l’énergie.
28Les collectivités et l’Ademe recherchent justement cet ancrage local des énergies renouvelables. L’enjeu pour l’ESS est de faire connaître et de défendre leurs initiatives pour garder la maîtrise citoyenne.
29Le développement de l’ESS sur cette écofilière ne sera possible que par la communication sur ces projets et la création de liens dans l’écofilière comme organiser des échanges entre ESS, industriels, chercheurs et décideurs pour structurer l’écofilière. L’objectif pour l’ESS est de se faire connaître et reconnaître des industriels et des pouvoirs publics afin d’être incluse dans le développement de l’écofilière et de défendre l’intérêt de l’apport du citoyen (maîtrise de l’usage).
L’écofilière déplacements urbains et ruraux. Repenser les mobilités
Tableau 5. – Principales activités relevées dans l’écofilière déplacements
Solutions pour la mobilité de personnes en difficultés économiques Transport de marchandises (livraisons à bi ou tri-porteur pour professionnels et particuliers) |
Transport routier de personnes en situation de handicap ou personnes âgées isolées |
Transport solidaire |
Covoiturage |
Service de transports de personnes en vélos-taxis |
Réparation de vélos |
Vente (bourses au vélo, matériel lié au vélo) |
Sensibilisation, promotion et formation (cyclisme en ville, éducation populaire) |
Organisation de balades à vélo |
Source : Rapport ARAÏS et CRESS Pays de la Loire, Observatoire régional de l’ESS, 2013.
Carte 5. – L’économie sociale et solidaire dans l’écofilière déplacements en Pays de la Loire

30L’ESS se développe doucement et depuis peu sur l’écofilière déplacements. Les structures interrogées ont toutes été créées à partir des années 1990. L’ESS se positionne principalement sur le développement de modes de transports doux, qui représentent des investissements plus faibles comme des associations d’entretien, de réparation, de location, de conseil et formation à l’utilisation du vélo, d’association de cyclistes et de loisirs autour du vélo, de vélos-taxis, de coursiers à vélo… Elle se positionne également sur le transport solidaire, destiné aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux personnes rencontrant des difficultés économiques ou des difficultés de mobilité. Des associations émergent autour de la mobilité scolaire ou encore de l’autopartage. Des garages solidaires, des activités autour de la réparation et location de véhicules se développent également. Globalement, l’ESS reste à la marge dans l’écofilière déplacements. Elle se positionne majoritairement sur des modes de transports doux, aux investissements et infrastructures légères et plus accessibles.
31Dans le Fichier qualifié, 25 structures font partie de l’écofilière déplacements urbains et ruraux. Parmi ces structures, 3 appartiennent à plusieurs écofilières. L’écofilière déplacements comporte moins de liens extra-filières que les autres écofilières étudiées. Si les métiers de coursiers à vélo et de vélo-taxi ont existé il y a longtemps, le défi est de les remettre au goût du jour et d’innover au niveau matériel pour préserver davantage l’environnement et répondre à une demande de mobilité. Le nouvel essor de ces activités en milieu urbain est récent et l’ESS est précurseur dans la création d’entreprise proposant ces services. D’autres activités développées par l’ESS s’estiment innovantes, comme les garages solidaires en chantier d’insertion, qui rompent avec la logique concurrentielle des garages classiques et qui ont pour objectif de développer la mobilité des personnes en difficultés sociales ou économiques.
32Par ailleurs, les structures défendent le fait qu’elles cherchent constamment, notamment dans les activités liées au vélo, à diversifier leurs services comme créer des animations sur le terrain avec de multiples publics, ou organiser des formations au vélo… La question de la mobilité urbaine évolue aujourd’hui face aux exigences environnementales et d’espace, d’où la création d’un nouveau diplôme d’initiateur à la mobilité urbaine.
33L’aspect innovant de ces activités réside enfin dans les défis à relever comme remettre en question la mono-culture de la voiture (c’est-à-dire la surutilisation de la voiture et le manque d’optimisation de cette utilisation), repenser les déplacements vers le développement des transports collectifs et transports doux, faciliter l’accès à la mobilité relèvent d’un changement considérable d’habitudes et de mentalités. L’ESS doit inventer de nouvelles façons de sensibiliser qui rendent nécessaires les expérimentations et l’innovation.
34Les déplacements et la mobilité à l’échelle d’une commune ou d’une EPCI ne représentent pas de réel marché. Les services proposés relèvent plutôt de services publics ou de petits créneaux, accessibles en termes d’investissement mais peu générateurs de profits. Les structures de l’ESS, en tant que secteur « moins marchandisé » que l’économie « classique » et dans sa recherche de l’intérêt collectif, sont des acteurs pertinents pour répondre aux exigences de l’écofilière.
35L’ESS se positionne d’ores et déjà sur des services liés à la pratique du vélo (sensibilisation, formation, location, réparation…). Cependant, cette place est amenée à se développer avec l’exigence de réduire l’utilisation de la voiture en ville notamment. L’ESS devrait continuer à se positionner d’une part sur des activités favorisant l’accès rapide et proche au vélo par le développement d’infrastructures, de parking à vélo, de structures de réparation et de location. D’autre part, l’utilisation massive et la bonne pratique de ce mode de transport passe par de la sensibilisation, des formations et des incitations à la pratique du vélo. Des structures associatives commencent à développer des formations au sein des entreprises pour inciter les salariés à utiliser le vélo dans leurs déplacements quotidiens.
36Les services de covoiturage représentent également une voie de développement pour l’ESS. Les besoins sont présents aux échelles communales et des EPCI, mais aussi pour assurer les déplacements du milieu rural vers le milieu urbain. Des sites internet sont souvent mis en place mais il manque un contact physique pour inciter les habitants à utiliser le service comme des opérateurs, des gestionnaires de parcs de stationnement et des personnes chargées de sensibiliser les habitants et de promouvoir le service sont autant de métiers à développer et dans lesquels l’ESS trouverait toute sa place.
37L’ESS possède par ailleurs un atout par son ancrage local, sa connaissance des acteurs et sa proximité avec le citoyen. Face à l’exigence de repenser les systèmes de mobilité, l’ESS pourrait prendre en charge la construction de plans de mobilité dans les quartiers, dans les écoles et pourquoi pas dans les entreprises. L’objectif est de favoriser l’usage du vélo, des transports publics, de la marche, du covoiturage, le développement du télétravail… En repensant l’organisation de la mobilité, l’ESS pourrait apporter des idées d’expérimentations voire ensuite mettre en place elle-même de nouvelles solutions comme l’auto-partage dans les quartiers par exemple.
38La question de la mobilité pose également la question de l’accès à la mobilité. L’ESS a depuis longtemps identifié les obstacles culturels et économiques que certaines populations rencontrent face à la complexité et aux coûts des déplacements. Ainsi, elle a développé des garages solidaires, des transports à la demande, etc. Le défi est de deux ordres, de rendre la mobilité accessible à tous culturellement d’une part et économiquement d’autre part.
39Culturellement, pour un grand nombre de personnes, les transports en commun ou services de covoiturage sont trop compliqués ou trop difficiles d’accès par rapport à l’utilisation sans contrainte que leur procure l’utilisation de leur propre voiture. Les collectivités ont des difficultés à adapter leurs modes de communication à des populations éloignées de la mobilité collective. L’ESS, de par sa proximité avec des publics divers et sa facilité d’adaptation aux besoins des citoyens, se positionne très souvent sur des actions de sensibilisation et d’animation, qui manquent considérablement aujourd’hui aux collectivités dans le management de la mobilité. L’objectif est d’aider les particuliers à utiliser les moyens mis à leurs dispositions et de jouer sur les comportements, un défi que l’ESS est capable de relever.
40Économiquement, la question de la mobilité se pose de plus en plus au regard du coût de l’énergie. Avec l’étalement urbain, de plus en plus nombreuses sont les personnes contraintes d’avoir recours à la voiture pour aller travailler, notamment en milieu rural. Parallèlement, il devient impossible pour certaines catégories socioprofessionnelles de se loger à proximité de leur travail, bien souvent situé en centre-ville. La question de la solidarité devient et va devenir de plus en plus pressante pour les déplacements. L’ESS commence à développer le transport solidaire pour répondre à ces exigences. Elle invente également des solutions concrètes comme le vélo pliable pour les personnes vivant dans des quartiers où les vols de vélo sont fréquents. La question de l’accès aux transports pour des personnes en difficultés économiques rejoint la question de l’accès à l’emploi. L’ESS est particulièrement pertinente pour répondre au défi économique, culturel, social et matériel de l’accès à l’emploi.
Quels enjeux à venir dans les écofilières en Pays de la Loire ?
41L’ESS, grâce à ses principes, ses expérimentations et son ancrage local, dispose de nombreux atouts dans le développement économique et dans la mise en place d’innovations dans les écofilières : l’émergence de nouvelles compétences et de nouveaux métiers au service des enjeux environnementaux, la recherche de l’intérêt collectif, la prise en compte de critères sociaux et environnementaux, la connaissance fine des enjeux locaux et des acteurs, la dimension collective des projets.
42Cependant, pour assurer un développement des écofilières qui prennent en compte ces atouts de l’ESS, celle-ci doit faire face à certains enjeux. Le développement des écofilières passe par la viabilité et la solidité économique des structures et des projets qui les composent, d’autant plus dans le cadre de filières émergentes, qui demandent des capacités d’investissement importantes. Comme les autres entreprises de petite taille, certaines structures de l’ESS peinent à viabiliser leur situation économique. L’équilibre délicat entre ressources publiques et privées, la nécessité d’autonomisation et la montée des charges économiques ressenties par les structures (notamment du fait du contexte de crise économique) fragilisent particulièrement le développement et la stabilité économique de certaines, notamment les structures associatives. Que ce soit du fait de leur petite taille, de la nature des projets portés ou du positionnement des collectivités, les structures rencontrent des limites dans la levée de fonds, pourtant essentielle au financement de l’innovation dans les écofilières.
43La gouvernance collective rend nécessaire la mise en place de solutions (échanges, formation, formalisation de parcours de gouvernance, etc.) pour dynamiser la prise de décision, favoriser la compréhension des enjeux de la structure et du système de gouvernance et stimuler l’activité. L’ESS fait face ici à un défi important qui doit être relevé dans l’organisation quotidienne des structures.
44Le développement des écofilières doit aussi passer par l’élargissement de la coopération à l’ensemble des acteurs économiques et à l’intensification des liens entre les filières, et particulièrement entre l’ESS et les entreprises « classiques ». Dans la plupart des écofilières, il existe toujours une scission entre ESS et entreprises « classiques ». La séparation de certains réseaux et les critiques développées par l’un à l’égard de l’autre témoignent d’un cloisonnement entre les logiques d’action de ces deux acteurs centraux des écofilières. Le risque est le développement de filières à deux vitesses, la captation des marchés des uns par les autres, plutôt que la coopération intra- et inter-filières et la reconnaissance de l’apport de chacun. Les écofilières ont pour défi de s’organiser de façon à conserver un équilibre au sein des territoires et des cibles entre les grandes entreprises et les acteurs de proximité et à développer leur complémentarité.
45En outre, les innovations portées dans le cadre des écofilières ne peuvent se limiter à des innovations techniques si celles-ci veulent répondre aux enjeux écologiques actuels. L’émergence de nouveaux métiers, de nouvelles activités et de nouveaux modes d’organisation des filières nécessitent de repenser la conception de l’innovation et de mettre en place des outils de structuration afin de faire reconnaître et de pérenniser cette innovation.
46Reconnaître l’impact de l’innovation sociale sur le développement de solutions durables et respectueuses de l’environnement passe par une meilleure prise en compte de critères sociaux, environnementaux et sanitaires dans les projets. Sans cette réévaluation des principes qui doivent guider les projets, les écofilières risquent de voir se développer des solutions inadaptées car encore focalisées sur une contrainte de rentabilité économique à court terme et une captation marketing des enjeux de développement durable (green washing) menaçant le développement de solutions durables.
47Aujourd’hui, l’ESS manque de moyens et d’outils pour valoriser, formaliser et structurer ses innovations et ses nouveaux métiers dans les écofilières. Elle fait face également à un manque de relais par les réseaux et les pouvoirs publics dans la reconnaissance des pratiques, des normes et dans la mise en place de formations.
Regard d’acteur sur l’articulation entre ESS et écofilières
48Deux idées semblent primordiales pour aborder ce témoignage. Le développement local est une condition pour des écofilières durables. Et l’ESS est très présente dans les écofilières.
49Suivant la première idée, il apparaît risqué de parler d’écofilières sans expliquer le mouvement qui a été à l’émergence du concept de développement local. En effet, dans la définition des écofilières, on décrit l’appartenance des activités au regard des différents impacts, et les objectifs sont louables et réels sur le territoire. Cependant, sans une démarche, un mouvement volontariste sur le territoire, ces écofilières ont peu de chance de résister au marché « spéculatif », outil de prédilection de la pensée unique. Lorsque des écofilières existent, il y a donc un projet de territoire porté par un ensemble d’acteurs économiques et sociaux conjugué à un choix politique de collectivité. C’est une des conditions qui permettra aux écofilières d’avoir des impacts positifs durables et créateurs d’emplois.
50En effet, l’ESS et, en particulier, l’insertion par l’activité économique, a une longue histoire avec les écofilières. C’est un constat qui s’explique notamment par le choix d’acteurs et de collectivités d’œuvrer ensemble pour cette approche du développement, fondé pour partie sur l’utilité sociale.
51C’est le cas, notamment, dans la filière « bâtiment »… mais la contribution dédiée met en avant un angle assez restrictif des acteurs de l’ESS : je dirais le « canal historique » de l’éco-construction, avec ses chantiers de prédilection (habitat partagé ou participatif, accompagnement à l’auto-construction…). Si l’angle d’attaque est l’ESS, le terrain de jeu me semble plus vaste (approche « développement durable ») : éco-construction, mais aussi logements performants pour tous, pour les plus fragiles, bâtiments publics, insertion professionnelle des jeunes et moins jeunes, développement progressif et structuré de la filière (en nombre d’entreprises et d’emplois).
52Prenons comme exemple les circuits alimentaires de proximité, cette écofilière fait depuis cinq ans l’objet de nombreux appels à projets et d’appels d’offres de la part des collectivités territoriales. C’est en soi rassurant, que les élus rejoignent ce qui a été à l’initiative de nombreux acteurs de l’ESS dans le territoire. On peut citer par exemple la multiplication des AMAP (Association de maintien de l’agriculture paysanne) : plus de 40 en Loire-Atlantique portées par des groupes de consommateurs associés à des groupes de producteurs. Autre exemple, les marchés fermiers développés par des groupements de producteurs locaux souhaitant mieux valoriser leur production pour vivre plus décemment et expliquer l’intérêt de produire et de manger sain.
53Ces initiatives rejoignent une demande sociale forte, une mise en cause des circuits longs et de la spéculation orchestrée par les marchés sur les produits alimentaires de base. Le GAB 44 (groupement des producteurs bio), Terroir 44 (groupement d’agriculteurs locaux) et ACCES-REAGIS (SIAE), se sont engagés dans une convention de collaboration pour mettre en œuvre un circuit alimentaire de proximité afin :
d’améliorer l’alimentation dans les cantines et plus généralement la restauration hors domicile dans le cadre d’un appel à projet ;
de consolider l’agriculture paysanne en sécurisant l’écoulement de la production notamment maraîchère et l’accès à la terre ;
de former des personnes dans l’agroalimentaire en proposant la mise en place d’une légumerie, interface entre les producteurs et la restauration locale hors domicile (lycées, collèges, primaires et autres…) ;
et plus globalement de mettre en place un système alimentaire territorial.
54Les appels à projet ou appels d’offres sont insuffisants pour répondre à la durabilité d’un système alimentaire territoriale. Les collectivités doivent aussi arrêter un positionnement politique et faire le choix d’agir sur la régulation du marché pour soutenir les acteurs porteurs de ces dynamiques territoriales de coopération. Toutes les écofilières ne sont pas sujettes à ce point à la pression du marché, ceci étant une dynamique de changement et de promotion d’une économie de proximité, de l’économie sociale et solidaire doivent se traduire par une mise en confiance affirmée des collectivités et des acteurs engagés dans ce choix de production de richesse locale.
55Certaines coopératives ont, semble-t-il, perdu le sens premier de la finalité d’une coopération génératrice de solidarité. Est-ce contraint par le marché ou par choix politique ? Les coopératives sont aussi pilotées par des organisations professionnelles, elle-même en première ligne pour négocier avec l’état, et tous les opérateurs des filières… À l’inverse, des entreprises « classiques » ont fait le choix du local, de la coopération, consciente que les dynamiques des uns nourrissent celles des autres. Elles sont de vraies alliées du faire en commun sur les territoires. Le réseau Échobat Développement encourage le rapprochement entre entreprises classiques et acteurs de l’ESS. D’ailleurs, le nombre de coopérations est en constante augmentation, tout comme le nombre de dynamiques engagées entre entreprises classiques et acteurs ESS du réseau, sur différents territoires de la région (35 entreprises, 25 structures ESS au 1er janvier 2015).
56Mais encore une fois, un soutien plus actif, plus affirmé des collectivités aurait un effet démultiplicateur, notamment pour soutenir la dynamique territoriale et dégager des fonds en recherche et développement.
57Tous les ingrédients sont réunis pour amplifier la place de ces écofilières dans la logique des marchés dominants et ainsi apporter la preuve tangible d’un développement plus harmonieux et respectueux de la nature. La demande sociale est réelle pour cette voix complémentaire notamment dans les jeunes générations.
58Témoignages réunis de :
Laurent Bouyer, Échobat
Développement,
Jean-Pierre Caillon, ACCES
REAGIS/Chantier École.
Auteurs
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