Autour de Nepveu de La Manouillère : glossaire de la vie canoniale
p. 657-679
Texte intégral
1Ce glossaire a été conçu afin d’éclairer et de guider le lecteur dans le kaléidoscope lexical du monde canonial et religieux du chanoine Nepveu. La plupart des termes et réalités recensés n’existent plus ou ont pris un sens différent avec le Concordat. Dans un souci de précision et de clarté, leur sens général a d’abord été défini. Les spécificités religieuses du diocèse du Mans et du chapitre Saint-Julien, quand elles existent, ont ensuite été mises en évidence. Enfin, un ou plusieurs exemples concrets, choisis dans le Journal, ont souvent été proposés.
2Abbaye : communauté de moines ou moniales gouvernée par un abbé ou une abbesse, et organisée par une règle. Au Mans, l’abbaye Saint-Vincent et celle de la Couture obéissaient à la règle de saint Benoît (Bénédictins). Ces établissements religieux sont aussi des enjeux de pouvoir et de richesse ; les mises en commende par la monarchie et la multiplication des procès en témoignent. Certains sont relevés par le diariste (voir en août/septembre 1764 et au 11 février 1774).
3Antienne : verset chanté avant et après un psaume ou un cantique, ou parfois repris par le chœur entre chaque verset d’un psaume, comme un refrain.
4Année sainte : dans la religion catholique, l’année sainte est une période de confession, communion et pardon des péchés commis, dont le début et la fin sont fixés par une bulle du pape, selon une périodicité d’une année sainte tous les 25 ans. On l’appelle aussi année jubilaire.
5Apostat : celui qui renie les principes et la foi catholiques. L’apostasie de vœux de religion consiste à quitter l’ordre où un individu avait fait profession (le 17 avril 1791 : « Il y a eu un sermon prononcé par un Capucin Apostat nommé Chouteau »).
6Archidiacre : ecclésiastique initialement chargé de former et diriger les diacres du diocèse, devenu ensuite responsable de l’administration d’un archidiaconé, ou partie d’un diocèse, sous l’autorité de l’évêque. Dans le diocèse du Mans, au temps de Nepveu, il y avait un Grand Archidiaconé (dit du Saosnois), et 6 Archidiaconés (Château-du-Loir, Laval, Le Mans et sa quinte, Montfort, Passais et Sablé). L’Archidiacre du Mans est toujours le Doyen du chapitre (voir introduction).
7Argenterie (office de l’) : partie la plus importante de l’organisation financière du chapitre. Ses revenus devaient pourvoir aux dépenses occasionnées par les potations [voir ce mot], les distributions canoniales, les fêtes solennelles et les fondations, le traitement du secrétaire du chapitre, des chapiers, du porte-croix, des sergents-gardes de l’église, le payement des décimes, l’entretien de la psallette, etc. Le chanoine Nepveu emploie aussi le mot « argenterie » pour simplement désigner les objets de culte en argent (24 décembre 1759).
8Ascension : fête chrétienne célébrée 40 jours après Pâques. C’est pourquoi elle tombe toujours un jeudi, le plus souvent au mois de mai. Selon le dogme catholique, elle marque l’élévation au ciel de Jésus de Nazareth après sa résurrection et la fin de sa présence terrestre. Au Mans, elle est marquée par une « procession des bouquets », dus par l’Oratoire au chapitre Saint-Julien (20 mai 1773 et Ascension 1774).
9Assemblée du clergé : selon Diderot, « Les assemblées générales du clergé sont de deux sortes ; les grandes, auxquelles chaque province ecclésiastique envoie deux députés du premier ordre et deux du second ; on les appelle les assemblées du contrat ; et les petites assemblées, auxquelles les provinces ne députent qu’un ecclésiastique du premier ordre et un du second ; on les nomme les assemblées des comptes. Celles qu’on appelle du contrat, ou les grandes assemblées, se tiennent tous les dix ans ; et cinq ans après la convocation de l’assemblée du contrat, on convoque une assemblée moins nombreuse, dans laquelle les comptes du receveur général sont examinés » (Encyclopédie, article « assemblée du clergé »). La fonction des députés durait cinq ans, et on en nommait deux nouveaux à chaque assemblée, où les anciens rendaient compte de leur gestion (voir octobre 1782).
10Attestation (de vie et mœurs) : certificat délivré par l’évêque ou le chapitre à tout clerc changeant de poste (musicien, par exemple) ou postulant à un bénéfice ecclésiastique. Elle est en principe rédigée en latin. Le 13 juin 1785, l’évêque du Mans, mécontent d’une résignation de cure, refuse temporairement de délivrer une attestation de vie et mœurs à son bénéficiaire.
11Assomption : élévation de la Vierge au ciel après sa mort. L’Église célèbre cette grande fête mariale le 15 août (« Le 15 Aoust 1770 jour de l’Assumption M. l’Evesque du Mans a assisté à la grande Messe, aux vespres et à la Procession. J’ay dit la grande Messe »).
12Aube : longue robe de tissu blanc portée par les prêtres pendant les offices, ainsi que par les premiers communiants (voir aux 1er février 1767 et 8 mai 1781).
13Aumônier de l’évêque : prêtre chargé de distribuer les aumônes de la part de l’évêque et de célébrer le culte dans sa chapelle particulière. L’aumônier joue parfois le rôle de représentant de son évêque. Ainsi, le 30 janvier 1784, l’évêque nomme son aumônier pour siéger en son nom à l’assemblée de tous les corps et compagnies de la ville.
14Aumusse : fourrure que les chanoines portaient sur le bras en allant à l’office ; elle symbolise le canonicat. On dit « porter l’aumusse ». Lors du service solennel pour le feu roi Louis XV, le 18 mai 1774 en la cathédrale du Mans, on déposa symboliquement une aumusse sur un prie-Dieu couvert en noir, car le roi possédait théoriquement la première prébende du chapitre.
15Avent : période de l’année liturgique couvrant les quatre semaines qui précèdent Noël. René-Pierre Nepveu note en 1768 : « M. Léger, prestre de Mayenne avec qui jay été à Angers au Séminaire, a presché l’Avent… »
16Bachelier : étudiant titulaire de grades universitaires qui précèdent la licence et le doctorat.
17Bailli du chapitre : avocat qui défend les intérêts et les droits du chapitre. M. Le Breton, doyen des avocats du Mans, occupa cette charge jusqu’en juin 1771. Il ne se présenta aucun candidat pour racheter cette charge. Comme les droits du chapitre n’étaient plus défendus, le chapitre dut se résoudre à nommer M. Delaunay fils le 1er février 1773.
18Bannière (de procession) : pièce de tissu ornée d’un décor en broderie et d’inscriptions spécifiques, en général de forme rectangulaire, suspendue par le petit côté supérieur du rectangle à un bâton horizontal lui-même porté par une hampe. Dans les processions, elle est un signe d’identification pour une confrérie religieuse, une paroisse ou une congrégation (14 février 1773).
19Baptême : pour les catholiques, sacrement qui efface le péché originel et fait entrer le nouveau-né dans la communauté chrétienne. Il consiste à verser de l’eau sur la tête en prononçant les paroles sacramentelles. Le chanoine appelle le prénom « nom de baptême ». Les cloches sont aussi baptisées : voir le récit du baptême de celles de Chemiré et d’Athenay aux 28 et 29 octobre 1778.
20Bas-chœur : ensemble des membres de second rang du chapitre, semi-prébendés, chapelains, prêtres habitués, mais aussi chantres et enfants de chœur tonsurés… (voir aussi confrérie Saint-Michel et stalle).
21Basse-contre : registre le plus grave des voix d’hommes. On parlerait aujourd’hui simplement de « basse ». Par métonymie, le mot désigne le chantre doté de cette voix et chargé de cette partie du chant. Le 23 juillet 1765, meurt Nicolas Badin, « chantre basse-contre » à la cathédrale du Mans.
22Basse-taille : voir taille.
23Basson : instrument à vent en bois, à anche double. Le même musicien pratique souvent basson et serpent, comme Letertre qui « joue très bien du basson et du serpent » (27 décembre 1774).
24Bâton cantoral : servant théoriquement à diriger le chant, mais aussi à faire respecter l’ordre au chœur, il est surtout la marque de la dignité du chantre (ou grand-chantre) qui le porte dans sa main droite. Au Mans, il était recouvert moitié en velours cramoisi et moitié en argent doré ou vermeil (16 avril 1788).
25Bedeau : employé laïque d’église, préposé au service matériel et à l’ordre, qui a pour insigne une verge ou canne et pour fonction principale de marcher devant les ecclésiastiques (voir aussi sacriste et massier). Le 10 mai 1766, le diariste évoque la mort de Jean Crouillebois, dit Grandmont, « sergent ou bedeau ». Son accent du Maine donnait certainement « bediaux » (5 mars 1771).
26Béatification : acte de l’autorité pontificale par lequel une personne est mise au rang des bienheureux. C’est un préliminaire à la canonisation. Pour la béatification de Gaspard de Bono, le diariste célèbre la Grande Messe (4 juillet 1787).
27Bénédictins : membres des communautés monastiques se rattachant à la règle de saint Benoit, les Bénédictins partagent leur temps entre la prière commune au chœur, la prière personnelle, la lecture de la parole de Dieu et le travail. Dans le Maine, la Congrégation de saint Maur réforme la plupart des monastères bénédictins : Craon (1624), Saint-Vincent du Mans (1633), Évron (1639), Tuffé (1646), La Couture du Mans et Lonlay (1657), Saint-Calais (1659), Solesmes (1661), Château-Gontier (1669).
28Bénéfice ecclésiastique : revenu attaché à une fonction ecclésiastique et tiré de biens d’Église (dîmes, seigneuries, domaines fonciers, rentes…). Il assure au bénéficier ses moyens d’existence. Ce bénéfice est souvent une chapelle (voir ce mot).
29Bonnet carré : coiffure de chanoine, mais aussi par exemple des docteurs en théologie ou des magistrats du Présidial, au Mans (synonyme : barrette).
30Bourse (office de la) : partie de l’organisation financière du chapitre qui pourvoyait aux distributions manuelles pour récompenser les chanoines de leur assiduité aux offices religieux et aux assemblées capitulaires.
31Bulle : lettre patente du pape, dont l’original est scellé par une boule de plomb, par laquelle le pape énonce une décision importante (nomination ou investiture, définition dogmatique, ouverture d’un jubilé…). Une bulle pontificale ou papale est ordinairement désignée par les premiers mots de son texte. Au centre du petit monde du chanoine Nepveu, la bulle objet d’affrontements entre ecclésiastiques est la bulle Unigenitus, édictée par Clément XI en septembre 1713 pour dénoncer le jansénisme.
32Camail : courte pèlerine descendant jusqu’à la ceinture et boutonnée par devant, portée par certains ecclésiastiques. Le camail est associé à la chape comme habit de chœur en hiver (6 mai 1765).
33Canon : décret et règle concernant la foi ou la discipline ecclésiastique. Le droit canon, ou droit canonique, est le droit ecclésiastique. Le terme canon désigne aussi l’ensemble des textes de la Bible ou des Conciles, tenus pour être d’inspiration divine. Il désigne enfin la partie de la messe qui va de la Préface au Notre Père.
34Canonicat : bénéfice détenu par un chanoine. « Le 20 décembre 1775 M. Hodebourg, chanoine Clerc, âgé de plus de 82 ans, a résigné son Canonicat à M. Maulny, Curé de la Coulture, à 500 # de pension. »
35Canonisation : mettre au nombre des saints suivant les règles et avec les cérémonies prescrites par l’Église. La canonisation est prononcée par le pape. Le diariste décrit les cérémonies qui au Mans suivent la canonisation de Jeanne de Chantal (14 février 1773).
36Capucin : les Frères mineurs capucins forment l’une des trois branches masculines du premier ordre de la famille franciscaine, approuvé comme véritable ordre de saint François en 1517 par le pape Léon X. Établis au Mans hors de la paroisse Saint-Vincent, leur effectif était d’une trentaine de membres au XVIIIe siècle.
37Carême : période de quarante jours, consacrée à la pénitence et au jeûne, du mercredi des Cendres au jour de Pâques. « C’est un Minime, appellé le Père Franclin, qui a presché le Caresme ; il avoit dejà presché le Caresme 1761. »
38Carme : membres masculins de l’ordre du Carmel. Ils ne vivent pas cloîtrés, mais exercent un apostolat à l’extérieur de leurs couvents.
39Carreau : coussin carré pour s’asseoir ou s’agenouiller au chœur.
40Casuel : offrande versée par les fidèles au curé et aux officiants (dont les musiciens) à l’occasion de certaines cérémonies, baptême, mariage, messe de funérailles.
41Catafalque : estrade décorative recevant un cercueil, réel ou simulé, lors d’une cérémonie funéraire. À la mort de Mgr de Froullay, « le catafalque a resté pendant les huit jours qu’on a transporté le cœur de M. du Mans à l’Hopital » (12 février 1767). Le diariste utilise aussi le terme impropre de « mausolée » en juin 1773.
42Cathédrale : église épiscopale d’un diocèse, celle où se trouve le siège de l’évêque (la cathèdre). La cathédrale du Mans a d’abord été dédiée à la Vierge, puis aux Saints-Martyrs Gervais et Protais au VIe siècle, puis à Saint-Julien, son premier évêque, aux environs de 838. « Le Dimanche, il y a eu une Messe du St Esprit ditte par M. l’abbé de Boisdeffre, dans l’Eglise Cathédralle » (16 octobre 1787).
43Chaire : tribune élevée d’où parle le prédicateur (28 mai 1773).
44Chambre ecclésiastique : assemblée jugeant souverainement des affaires relatives à la répartition et à la levée des décimes (voir ce mot). Il y en a huit pour le royaume. Le Mans dépendait de la chambre ecclésiastique de Tours et y envoyait des députés. L’abbé de Villedon, grand-vicaire de Mgr de Grimaldi, est nommé pour remplir ce rôle le 11 février 1768.
45Chanoine : clerc séculier membre d’un chapitre et détenteur d’une prébende, au sein d’une église cathédrale ou collégiale.
46Chanoine ferré : voir chanoine serve.
47Chanoine honoraire : sous l’Ancien Régime, c’est un vétéran ayant servi vingt ans et plus son Église qui, s’étant démis de son bénéfice, conserve le titre de chanoine honoraire, avec rang, séance, entrée au chœur et même quelques droits utiles (voir au 9 janvier 1776). Le Concordat, en réorganisant les chapitres, créa des chanoines titulaires et des chanoines honoraires, formant le conseil de l’évêque (voir au 13 mars 1803). La distinction, honorifique, entre titulaire et honoraire ne sera supprimée que lors du concile Vatican II. Seuls subsistent aujourd’hui les chanoines titulaires dont le nombre est limité par diocèse.
48Chanoine scolastique : troisième dignitaire du chapitre manceau, le chanoine scolastique était théoriquement chargé de l’enseignement philosophique et théologique à l’échelle du diocèse. Son rôle réel se réduit à prononcer des sermons/conférences expliquant des points de l’Écriture devant le clergé de la cathédrale. Denis Baudron occupa cette dignité à la cathédrale du Mans à partir de septembre 1742 jusqu’à sa mort le 10 février 1774. La place du scolastique, dans le chœur de la cathédrale du Mans, se trouvait à côté et à droite de celle du doyen. Sa stalle était donc la seconde à droite du chœur en entrant par la porte principale.
49Chanoine serve (ou servé) ou encore chanoine ferré : Tenu à une obligation de résidence permanente, il doit remplacer les chanoines absents. Il est marqué d’un statut d’infériorité. Le chanoine serve Riballier fut reçu au chapitre d’une manière humiliante (15 mai 1765). Très étonnamment, le 13 septembre 1784, l’abbé de Fontaine, Grand-Vicaire, accepte la succession de Riballier, ce qui donne au diariste l’occasion d’en définir les charges. Comme un Grand-Vicaire n’était pas forcément chanoine, M. de Fontaine accepta, peutêtre, la seule prébende disponible au chapitre avant longtemps.
50Chanoine théologal : les fonctions de ce chanoine consistaient à prêcher les dimanches et les fêtes solennelles de l’année, et à faire publiquement une leçon sur l’Écriture sainte tous les cinq jours au moins. Le goût des études sacrées du chapitre lui conférait une grande considération. Pour cette raison, le chanoine Nepveu ne le désigne pas par son patronyme mais par sa fonction « M. le Théologal » (par exemple : 12 février 1767). Pourtant, lorsque M. Louvel de Villarceau prêche le 15 août 1778, c’est incidemment que le diariste le signale comme le théologal.
51Chantre : selon le contexte, le mot désigne soit un professionnel du chant, clerc ou laïc, qui assure le chant et le plain-chant lors des offices, soit le 2e dignitaire de la cathédrale du Mans, portant le titre de Grand Chantre, Chantre en dignité, M. le Chantre… Ce dignitaire occupait la première stalle à gauche en entrant par la porte principale du chœur. Le bâton de chantre resta dans la famille Philippot pendant plus de cent cinquante ans, rapporte Nepveu (25 septembre 1769).
52Chantrerie (sous) : office ou « personnat », ayant rang au chœur, dans les cérémonies et les assemblées du chapitre, immédiatement après les dignités. René Bobet occupa la fonction de sous-chantre jusqu’au 26 janvier 1773.
53Chapelain : prêtre, aumônier chargé d’une chapelle (voir ce mot) ou d’une « paroisse personnelle », paroisse définie non en fonction d’un territoire géographique (cas le plus fréquent de la paroisse), mais en fonction d’un besoin pastoral particulier.
54Chapelle : église ou oratoire sans qualification paroissiale. Le 26 juillet 1775, le chanoine Nepveu détaille la « manière de bénir une chapelle ». Peu après, il met en pratique ses notes lors de la bénédiction de la chapelle de « sa » Manouillère (26 septembre 1775).
55Chapelle, chapellenie : on appelle ainsi une fondation [voir ce mot] prévoyant de célébrer des messes ou de dire des prières à l’intention d’un donateur en échange d’un revenu régulier pour le chapelain, revenu appuyé sur des biens fonciers ou immobiliers. La cathédrale du Mans comptait 71 chapelles en son sein, et sur l’ensemble du territoire urbain ou rural du Mans, on en comptait environ trois cents en total. Ces chapelles servent de bénéfice ecclésiastique pour procurer à de jeunes clercs ou à des prêtres habitués un moyen d’existence. M. Paris, mort le 18 décembre 1765 « avoit une petite chapelle de St Cristophe autrement la cave-fraische ».
56Chape : vêtement liturgique en forme de longue cape sans manche, agrafé devant, richement brodé, que portent le célébrant et ses assistants durant les célébrations. Se dit aussi d’un grand manteau de drap ou de serge que les chanoines portent au chœur durant l’hiver : « On a chanté vigiles ou tout le monde a assisté en habit de cœur d’hiver c’est à dire en camail et en chappe » (6 mai 1765). Les documents anciens et le Journal de Nepveu mettent le plus souvent deux p à ce mot.
57Chapier : prêtre célébrant portant la chape. Le mot peut aussi désigner le clerc plus particulièrement chargé du soin des chapes entre les célébrations. Michel Herpin occupait cette fonction le 12 février 1776. Ou bien il désigne le meuble où sont rangées les chapes.
58Chapitre (1) : collège des chanoines attachés à une église cathédrale ou collégiale. La ville du Mans au XVIIIe siècle possède deux chapitres : celui de la cathédrale Saint-Julien et le chapitre royal de la collégiale Saint-Pierre-la-Cour. Leurs rivalités et leurs chicanes sont largement rapportées par le diariste (exemple : 14 février 1773).
59Chapitre (2) : assemblée que tiennent les chanoines (ou les religieux d’un ordre régulier) pour délibérer de leurs affaires. Il existe trois catégories de réunions capitulaires : les chapitres ordinaires qui traitent des affaires courantes deux à trois fois par semaine ; les chapitres extraordinaires qui sont convoqués exceptionnellement, en cas de problème imprévu à traiter comme le décès d’un chanoine ; les chapitres généraux où se réunissent solennellement pendant plusieurs jours tous les chanoines et les membres du bas chœur (exemple : « le 12 avril 1768, le chapitre général a prié M. du Mans de vouloir bien continuer ses bontés pour la décoration du cœur de son Eglise »). Il y a théoriquement quatre chapitres généraux par an au Mans, mais dans les faits au temps de Nepveu, seuls deux d’entre eux conservent leur importance. En attestent les sommes dépensées pour l’occasion : 380 # pour le chapitre général de la Saint-Julien (fin janvier), 365 pour celui de la Saint-Pierre (fin juin), et 96 et 90 # seulement pour ceux dits de la Dédicace et de la Nativité [AD Sarthe : G 30, comptes du chapitre pour 1773].
60Chasuble : vêtement sacerdotal à deux pans et sans manche avec une ouverture pour la tête, que le prêtre revêt par-dessus l’aube et l’étole pour célébrer la messe ou d’autres actions liturgiques (14 février 1773).
61Cierge : bougie utilisée dans les cérémonies religieuses. De pure cire d’abeilles, les cierges des ciriers manceaux étaient pour les plus gros décorés de motifs religieux, floraux, animaliers, exécutés grâce à des tampons de buis sculptés. Ils pouvaient aussi être habillés d’étoffes et ornés de feuilles d’or ou d’argent. Les cierges étaient bénis le jour de la Purification (exemple : 2 février 1768).
62Clerc tonsuré : homme qui a reçu la tonsure et qui de ce fait est entré dans l’état ecclésiastique, au degré inférieur et sans engagement.
63Collecte : première des trois oraisons de la messe. Le prêtre invite les fidèles à prier collectivement, en silence, pendant quelques instants, pour exprimer intérieurement leurs intentions. Cette prière est appelée collecte parce qu’elle se dit au nom de tous les fidèles réunis et de la communauté chrétienne. L’assemblée répond « Amen », mot hébraïque signifiant « ainsi soit-il ». Après la mort de l’évêque Froullay, « MM. les Grands Vicaires ont ordonné la Collecte du St Esprit », jusqu’à l’élection du futur évêque (février 1767).
64Collège : établissement d’enseignement, tenu par une congrégation séculière enseignante qui assure le cycle des Humanités (6 ans, de la Grammaire à la Rhétorique), ou le cycle complet d’études, Humanités (6 ans) et Philosophie (2 ans) s’il est de plein exercice. Les Jésuites étaient installés à La Flèche depuis 1604. L’évêque Charles de Beaumanoir donna la direction du collège du Mans aux Oratoriens en 1624.
65Collégiale : église non cathédrale qui possède un chapitre de chanoines. Au temps de Nepveu, une seule collégiale existait au Mans, celle dite « royale » de Saint-Pierre-la-Cour. En 1741, le roi avait réuni les chanoines du Gué de Maulny à ceux de Saint-Pierre, pour ne faire qu’un même collège, composé d’un doyen, d’un chantre et de seize chanoines, tous à la nomination du roi.
66Commende : attribution d’un bénéfice ecclésiastique (abbaye, prieuré) à un clerc (ou à un laïc) qui ne réside pas, n’exerce pas les fonctions attachées au bénéfice, mais en perçoit les revenus. Ainsi Nepveu est-il dit prieur commendataire de Cheffoy (voir au 16 juin 1784, en notes).
67Complies : dernière heure de l’office divin, qui se chante après les vêpres.
68Concordat : convention officielle entre le Saint-Siège et l’État, qui règle les rapports entre l’Église et cet état. Dans le diocèse du Mans, Mgr de Pidoll incarna cette période de réconciliation et de reconstruction pour l’Église après le Concordat de 1801 (voir au 7 juillet 1802).
69Confession : la confession est un acte de pénitence consistant à reconnaître ses péchés devant les autres fidèles ou devant un prêtre. Dans ce sens, la confession est un sacrement. À son issue, le prêtre accorde ou non l’absolution, c’est-à-dire le pardon et la rémission des péchés du fidèle. Le chanoine Nepveu emploie l’expression « aller à confesse » (avril 1761).
70Confirmation : sacrement, administré par l’évêque, destiné à renforcer le catholique dans l’engagement du baptême. Dans le diocèse du Mans, Mgr de Gonssans confirma collectivement des milliers de ruraux pour compenser la négligence de ses prédécesseurs : « Il a fait tout le grand Archidiaconné, et a donné la confirmation dans touttes les grandes paroisses » (17 novembre 1778).
71Confrérie : association pieuse de laïcs qui souhaitent renforcer les liens spirituels entre les fidèles, promouvoir la foi et mettre en pratique des principes de charité et d’entraide. Au Mans, celle de Saint-Michel, souvent citée par le diariste, est composée d’ecclésiastiques. Elle se confond largement avec le bas-chœur de la cathédrale (voir aux 8 novembre 1760, 3 novembre 1776, etc.). Voir aussi aux mots distributions et frairie.
72Cordeliers : nom que prirent les franciscains établis en France. Les moines portaient sur leur robe de bure brune ou grise, une grosse corde qui tombait presque jusqu’à leurs pieds et un capuchon court et arrondi. Au Mans, ils s’installèrent en 1215 sur la paroisse Saint-Vincent (au pied de la cathédrale et à côté des jacobins). Leur maison, qui comptait au XVIIIe siècle une vingtaine de religieux, détenait plusieurs œuvres d’art remarquables : un ensemble statuaire en terre cuite de l’atelier Delabarre dans le sanctuaire et un tableau de la cène, peint par Lagout, dans le réfectoire. C’est dans la chapelle du couvent des cordeliers que se trouvait le caveau de la famille Nepveu (27 juin 1763).
73Couture (la) : l’abbaye bénédictine Saint-Pierre et Saint-Paul de la Couture fut fondée entre 587 et 616 par saint Bertrand, alors évêque du Mans. Mise en commende en 1518, l’abbaye plongea dans une période de décadence jusqu’à sa réforme par la Congrégation de Saint-Maur entre 1657 et 1660, qui redonna à l’abbaye une grandeur spirituelle qu’elle avait perdue (voir : Bénédictins). Les bâtiments entièrement rénovés entre 1760 et 1775 peuvent encore être admirés de nos jours (Préfecture). Le diariste évoque l’installation du préfet Auvray à la Couture le 6 octobre 1803.
74Couvent : maison de religieux ou de religieuses dont l’ordre ou la congrégation sont postérieurs au XIIIe siècle. Les ordres mendiants en particulier, qui n’ont pas comme supérieurs des abbés, sont dans des couvents.
75Croix du Saint-Esprit : ordre de chevalerie le plus illustre de la monarchie française, fondé par Henri III. Les chevaliers portaient la croix en écharpe sur un large ruban de couleur moirée bleu ciel, d’où le surnom de cordon bleu qui leur était donné. Les commandeurs ecclésiastiques portaient la croix en sautoir. L’abbé de Glandèves, comme chanoine-comte de Saint-Victor de Marseille, la portait attachée à un cordon rouge. Bien que le diariste précise qu’il est défendu de la porter au chapitre cathédral du Mans, Mgr de Jarente l’autorise (6 novembre 1771).
76Cuivrerie : dans la cathédrale du Mans, la cuivrerie était abondante, cloisons, chandeliers, piliers et colonnes, instruments de musique. Le sanctuaire recélait aussi des reliquaires, crucifix, images en argent et en argent doré, objets garnis de pierres précieuses. Dans la grande châsse, il y avait 64 anneaux d’or et des pierres précieuses, etc. Une cloison de cuivre séparait le sanctuaire du chœur des chanoines.
77Curé : prêtre chargé d’une paroisse. La cure désigne à la fois sa demeure et son bénéfice. Le 15 juin 1778, lorsque M. Lechesne est présenté par le chapitre à la cure de Thorigné, le chanoine précise « c’est une des plus belles Cures du Haut-Maine ; elle vaut environ cinq à six mille livres de revenu, bien logé et un beau jardin ».
78Custode : morceau de tissu, souvent brodé, enveloppant le ciboire où sont conservées les hosties consacrées. Le 22 juin 1760 : « Pendant qu’on a remonté la custode on a chanté en musique le psaume Exaudiat… »
79Dalmatique : du latin dalmatica qui signifie blouse en laine de Dalmatie. Vêtement de chœur en forme de croix avec des manches courtes. Elle se décline selon les couleurs du temps liturgique. La dalmatique est le vêtement des diacres lors de la messe, les processions et les vêpres (14 février 1773).
80Décimable : soumis à la dîme (voir ce mot).
81Décime : taxe que le clergé lève sur lui-même pour répondre aux demandes royales, notamment par l’intermédiaire du don gratuit (voir ce mot). Au départ, exceptionnelles et destinées à financer un projet précis (croisades par exemple), les décimes sont devenues depuis le XVIe siècle une source régulière et ordinaire de revenu pour la monarchie. Elles pèsent sur tous les bénéfices et les communautés religieuses. Michel Fay occupa la fonction de receveur des décimes (voir aux 21 avril 1773, 29 juin et 22 août 1777).
82Dédicace : consécration d’une église ; anniversaire de cette consécration (voir 15 avril 1760, 18 août 1778).
83Démission : acte par lequel on se démet d’une fonction, d’une charge, d’un bénéfice ecclésiastique (voir au 6 août 1784).
84Diacre : ecclésiastique qui a reçu le diaconat, c’est-à-dire l’ordre immédiatement inférieur à la prêtrise. Le diariste emploie souvent l’expression « faire diacre » : il s’agit alors pour un prêtre d’assister un célébrant, dont il est l’auxiliaire (« M. l’Evesque a officié le jour de l’Assumption ; je luy ay fait sous-Diacre parce que c’étoit à mon tour », août 1784).
85Diète : se dit de certaines assemblées qui se tiennent dans les ordres religieux, entre deux chapitres généraux, au sujet de leur discipline. Nepveu montre une diète extraordinaire des bénédictins se tenir à l’abbaye Saint-Vincent du Mans (voir au 12 avril 1769).
86Dîme : prélèvement de l’Église sur les fruits de la terre et des troupeaux, même si le droit canon en autorise l’extension sur d’autres produits. Son taux, théoriquement de 10 %, varie selon les cas et les lieux.
87Dignités : distinctions attribuées à des fonctions essentielles exercées au sein du chapitre. Au Mans, elles sont au nombre de neuf : le doyen, le chantre, le scolastique, un grandarchidiacre et 5 archidiacres (voir ce mot). Les six premières dignités ont des places marquées dans le chœur, les trois autres prennent rang dans les cérémonies suivant leur ordre de réception. Il n’y a pas de prébendes annexées aux dignités, mais les dignitaires peuvent en posséder une.
88Dispense : exemption de la réglementation du mariage par les droits canons de l’Église. Les cas les plus fréquents concernent l’interdiction de se marier entre collatéraux (10 juin 1766), ainsi que les dispenses d’un ou deux des trois bans obligatoires.
89Distributions : parts variables de la prébende, elles rémunèrent l’assistance aux offices et aux délibérations. Les membres du bas-chœur prennent aussi part aux distributions (voir frairie). « M. l’abbé Le Cointre peut interrompre sa rigoureuse [voir ce mot] et jouist à lentier du Canonicat fors les distributions manuelles » (2 juin 1773).
90Don gratuit : contribution financière accordée au roi par les Assemblées du clergé (15 avril et 13 mai 1772).
91Doyen du chapitre : au Mans, le titre de Doyen est la plus haute dignité du chapitre cathédral. À l’époque moderne, le pouvoir du Doyen est plus honorifique que réel. Nommé le premier, il se plaçait à la tête du chapitre dans toutes les assemblées, officiait aux fêtes solennelles, présidait au chœur et au chapitre, etc. Lors de la prise de possession de l’Evêque Grimaldi le 13 juillet 1767, le diariste témoigne qu’« Après le Te Deum, M. le Doyen ou Président du cœur a dit les versets et oraisons de St Julien ». Il consigne le cérémonial de la réception d’un nouveau Doyen le 31 octobre 1772. Cette dignité peut être résignée ; son titulaire prend alors le titre de « doyen honoraire ».
92Doyen rural : curé en charge d’une paroisse mais qui a aussi la responsabilité d’une fraction de diocèse ou d’archidiaconé appelée doyenné. « C’est M. le Curé de Souligné sous Vallon, Doyen Rural, qui a fait la cérémonie [du baptême de la grosse cloche d’Athenay] » (29 octobre 1778).
93Encens : substance aromatique issue d’une résine d’arbre. Le christianisme, dans la continuité de l’Ancien Testament, perpétue l’utilisation de l’encens (mentionné parmi les cadeaux apportés au Christ par les mages). L’encens est brûlé dans un encensoir, balancé pour mieux diffuser le parfum par un thuriféraire (voir ce mot). La fumée de l’encens montant vers le ciel symbolise également la prière qui monte vers Dieu. « Il est allé avec les Dignitaires pour l’encens » (15 août 1771).
94Enfeu : du verbe enfouir, niche funéraire creusée dans le mur d’une église pour recevoir un tombeau. Au XVIIIe siècle, certaines familles notables avaient encore un enfeu dans une église, telle la famille Samson de Lorchère dans la chapelle de l’Oratoire (voir au 21 juin 1764).
95Étole : insigne liturgique formé d’une large bande d’étoffe et porté par l’évêque, le prêtre et le diacre. Le 1er février 1767, les douze prêtres qui portaient le corps de l’évêque « etoient en aube et étole violette ».
96Evêques du Mans : du mot latin episcopus qui veut dire « surveillant », c’est-à-dire modérateur, tuteur, responsable d’une organisation. C’est un ecclésiastique qui dirige un diocèse. Le Journal du chanoine Nepveu évoque successivement cinq évêques du Mans. Mgr de Froullay ordonna le jeune Nepveu en 1756. Il « brillait » par ses absences. Le diariste relate ses funérailles (1er février 1767). Mgr de Grimaldi lui succède : évêque « libertin », dont l’épiscopat est marqué par divers scandales de mœurs impliquant ses proches, il décore la cathédrale dans le style nouveau. Puis il part pour l’évêché de Noyon, et le diariste évoque les adieux à Mgr de Grimaldi (12 au 30 janvier 1778). Arrivé en juin 1778, Mgr de Jouffroy-Gonssans se consacre à la réorganisation administrative du diocèse. Jugé pieux, zélé, sérieux et rigoureux, il incarne une nouvelle génération d’évêque des Lumières. Il reprend les visites pastorales et les confirmations que ses prédécesseurs avaient négligées. Refusant le serment constitutionnel, il se réfugie à Londres puis à Paderborn. La Révolution impose un nouvel évêque, Mgr de La Boussinière (Journal, 10 avril 1791). Le diariste le qualifie « d’intrus », le juge durement et enregistre ses nombreux déboires. Enfin, le Concordat voit arriver Mgr de Pidoll : son installation est évoquée les 7 et 11 juillet 1802. Il réunit et tente de réconcilier un clergé divisé. Il rétablit un véritable cérémonial, ce dont le diariste se réjouit. Pour parler des évêques du Mans sous l’Ancien Régime, le chanoine utilisait la formule « M. du Mans » (exemple : le 28 mars 1760, le 8 août 1770).
97Extrême-onction : sacrement que l’on administre aux malades en danger de mort, consistant en application (onction) d’huiles saintes.
98Faux-bourdon : procédé d’improvisation consistant en l’adjonction de deux voix parallèles à une mélodie préexistante – souvent grégorienne – la partie supérieure étant située une quarte au-dessus de la partie intermédiaire, et la basse, une tierce au-dessous (voir au 1er avril 1776).
99Fête-Dieu : fête de l’Eucharistie instituée en 1264 et célébrée soixante jours après Pâques. Elle donne lieu à une très importante procession à travers les rues de la ville, qui attire un nombreux public. Elle avait eu un éclat particulier au Mans avec une procession de torches sculptées jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Le diariste porte chaque année le Saint-Sacrement durant la procession (voir juin 1775, 25 mai 1780 ou 14 juin 1781).
100Feuille des bénéfices : liste des bénéfices pourvus et à pourvoir. Être « ministre de la feuille » revenait à être ministre des nominations ecclésiastiques. Au début du Journal de Nepveu c’est Mgr de Jarente qui est ministre de la feuille (voir en septembre 1764 ou 23 mars 1771).
101Flambeau : faisceau de mèches enduites de cire, sorte de torche. Lors des funérailles de M. Samson de Lorchère, lieutenant-général et maire du Mans, « il y avoit un nombreux clergé, 24 domestiques avec des flambeaux » (21 juin 1764).
102Fondation : création, par don ou legs, de messes ou de prières spécifiques en mémoire du fondateur, ou, éventuellement d’une école ou autre institution. Un acte de fondation était passé devant notaire, pour spécifier les charges (nombre de messes à célébrer par mois ou par semaine par exemple), ainsi que les revenus permettant de rémunérer celui qui accomplira la tâche prescrite (revenus assis sur des maisons ou des terres). Le diariste rapporte : « le chapitre a proposé de demander à M. du Mans de réduire nos fondations » (février 1768).
103Forge (Office de la), appelé aussi office de la Fabrique : partie de l’organisation financière du chapitre chargée des travaux de réparation et d’entretien de la cathédrale. Elle représentait environ un cinquième des dépenses du chapitre. Le 12 février 1776, Nepveu évoque Souty receveur de la Forge. Devenu vieux et infirme, Souty est remplacé en mai 1783 par Fouassier, qui est alors « reçu forgeur ».
104Frairie : mot régulièrement employé dans les deux chapitres manceaux, avec un sens particulier qui a peu à voir avec le sens généralement admis (divertissement, fête) puisqu’il désigne une caractéristique du revenu d’une chapelle ou d’une prestimonie, le droit de confrérie. Sur les quelques trois cents chapelles desservies sur le territoire manceau, 80 ouvraient à leur titulaire la confrérie de Saint-Michel du Cloître, confrérie du bas-chœur de la cathédrale, et les distributions afférentes. D’où les expressions fréquentes sous la plume du diariste de « frairie du bas-chœur », ou « frairie de Saint-Michel ». Ainsi de la chapelle des Anges, qui « porte frairie » (1er juin 1781).
105Gardien : titre donné au supérieur de certains couvents. On dit aussi « père Gardien ». Ainsi en 1767, « C’est un Récolet qui a presché l’Avent. Il est Gardien au Château du Loir ; il a bonne mine. »
106Général : supérieur de certains ordres religieux. Le diariste note l’intervention du Général des Oratoriens dans l’« affaire du père Roy » (8 novembre 1773) et la nomination du Général des Jacobins à la fonction cardinalice (24 décembre 1775). Voir aussi Supérieur.
107Glas (sonner le) : tintement des cloches pour une personne qui vient de mourir ou lors de ses funérailles. Le diariste évoque les « coups de regret » (26 mai 1774).
108Gradué : celui qui a étudié pendant 5 ans ou plus dans une université est gradué. Il a obtenu un degré à la faculté de théologie, de droit, de médecine ou des arts. Le premier des grades est celui de maître es-arts, puis viennent ceux de bachelier, licencié et docteur. René Gouault de Villiers, ancien curé de Fay, docteur en théologie, est désigné comme « gradué » par le chanoine Nepveu (29 avril 1760).
109Gradué : voir aussi mois gradué.
110Graduel : à l’origine, chant, le « répons graduel » exécuté par des chantres placés sur les « degrés » (marches) du jubé pour mieux se faire entendre. Le nom de ce chant s’est étendu à tout le recueil et désigne le livre contenant ce qui se chante au lutrin. Il s’adresse à des chanteurs formés à sa lecture et à son interprétation.
111Grand vicaire : prêtre désigné par l’Évêque pour l’assister ou le remplacer dans l’administration du diocèse (22 mars 1768 : « M. Pannetier de Montgrenier, grand-vicaire de M. du Mans… »). On dit aujourd’hui « vicaire-général ».
112Gros : ou « gros fruit », part fixe du revenu de la prébende.
113Haute-contre : registre haut des voix d’hommes, au-dessus du ténor, parfois appelé « contre ténor ». Par métonymie, haute-contre désigne le chantre doté de cette voix et chargé de cette partie du chant. Le 25 juillet 1782, le chanoine Nepveu mentionne « une haute-contre qui est bon musicien, mais dont la voix est faible », Jean Barillet.
114Hebdomadier : chanoine chargé de présider l’Eucharistie et l’Office pendant la durée d’une semaine.
115Heures : les heures canoniales sont les offices capitulaires où l’on récite les diverses parties du bréviaire. Les grandes heures sont laudes, matines et vêpres ; les petites heures sont complies, none, prime, tierce, sexte…
116Honneurs : le diariste dit « porter les honneurs » ou « faire les honneurs du chapitre ». Il s’agit d’un rituel canonial consistant à envoyer deux députés offrir le pain et le vin à des notabilités, comme à M. de Beauvau, sénéchal (11 juin 1759). Les honneurs du chapitre sont aussi rendus aux chanoines de la cathédrale d’Angers « à cause de la confraternité et union de prières qui règne entre les deux chapitres » (25 février 1781).
117Indulgence : rémission totale ou partielle de la peine due pour les péchés, en échange d’un acte de dévotion.
118Indult : en droit canon, faveur accordée par le Saint-Siège, soit à une communauté, soit à un particulier, et qui dispense du droit commun de l’Église. Les plus importants concernent la nomination aux bénéfices : dans ce cas, l’indult octroyé par le pape permet à certains officiers (notamment ceux du parlement de Paris) de nommer une fois dans leur vie un clerc à un bénéfice vacant, situé dans n’importe quel diocèse du royaume, court-circuitant ainsi la procédure habituelle de désignation aux bénéfices. Un indultaire est celui qui a reçu un bénéfice en vertu d’un indult (18 février 1774).
119Intrus : aux yeux du camp opposé, ecclésiastiques ayant prêté le serment constitutionnel et nommés à partir de 1791 à l’évêché et aux cures vacantes. Le diariste en recense 16 dans la ville du Mans, qu’il désigne des termes de « nouvel intru », « soit-disant Evesque »… (voir au 10 avril 1791).
120Jacobins : ordre des Prêcheurs, plus connus sous le nom de dominicains, ordre né sous l’impulsion de saint Dominique en 1215. Comme les Frères mineurs ou franciscains, ils appartiennent à la catégorie des ordres mendiants et suivent la règle de saint Augustin. Le nom de jacobins vient de l’implantation du couvent parisien fondé en 1217, rue Saint-Jacques. Au Mans, ils n’étaient plus que huit en 1768. Le diariste évoque un Te Deum chanté dans leur église le 24 décembre 1775. Situé au pied de la cathédrale, le couvent est saisi comme bien national à la Révolution, puis démoli en 1798, pour laisser place à un vaste aménagement urbain appelé aujourd’hui place des Jacobins. Le puits du couvent partage avec la Butte-aux-canons le triste honneur d’avoir reçu les cadavres des Vendéens massacrés au Mans le 13 décembre 1793.
121Jansénisme : doctrine théologique d’inspiration augustinienne considérant que l’homme, déchu par le péché originel, est conduit naturellement au mal et ne peut être poussé au bien que par la grâce divine, laquelle n’est accordée qu’à un petit nombre d’élus prédestinés. Rapidement le jansénisme eut aussi des implications politiques, sociales, économiques et artistiques. Au Mans, ses impacts se discernent jusque dans les années 1770. Ainsi le 2 novembre 1773, quand meurt Georges Poilpré, prêtre du bas-chœur de Saint-Julien, le diariste remarque « c’était un fameux janséniste ».
122Jésuite : la Compagnie de Jésus, fondée par Ignace de Loyola en 1534, engagée dans une obéissance absolue au pape, a pris une part importante dans la Réforme Catholique. À leurs activités de missionnaires, les jésuites ajoutent celles de l’enseignement. Ils sont bannis du royaume de France en 1763-1764 et leurs 200 collèges sont fermés, dont celui de La Flèche qui avait été fondé en 1603. Le diariste signale cet événement en octobre 1763.
123Jubé : dans les églises, clôture monumentale séparant le chœur de la nef, d’où se font les lectures liturgiques et où dans certains cas peuvent se placer des musiciens. Le jubé établissait une séparation entre les chanoines et les fidèles. Le diariste en connut deux dans la cathédrale Saint-Julien : celui du XVIe siècle, érigé par le cardinal Philippe de Luxembourg, masquait le chœur lorsque la massive porte de cuivre était fermée ; il est remplacé en 1769 (voir au 1er juillet 1768, début des travaux dans la cathédrale). Ce jubé de Mgr de Grimaldi ne sera supprimé à son tour qu’en 1857.
124Jubilé : anniversaire important, généralement cinquantenaire, d’un mariage, de l’exercice d’une fonction, etc. Dans le contexte liturgique, le mot jubilé désigne l’indulgence plénière accordée par le Pape aux fidèles qui participent à tel événement religieux important, en particulier aux pèlerinages de l’année sainte. L’année sainte du grand Jubilé est la dernière année de chaque siècle, mais les jubilés reviennent tous les 25 ans, et il peut y avoir des jubilés extraordinaires en diverses occasions. Le diariste raconte la clôture du Jubilé le 27 septembre 1776.
125Laudes : signifiant louanges en latin, c’est la deuxième des heures canoniales. Elle se chante à l’aurore, après mâtines, et est principalement composée de psaumes de louanges. Le mot désigne aussi les trois derniers psaumes du psautier 148-149-150 qui sont prévus pour ce moment-là.
126Litanies : suite de prières liturgiques d’intercession qui se terminent par des formules identiques, récitées ou chantées par les assistants.
127Luminaire : lampes, cierges utilisés dans le culte chrétien. L’importance d’un luminaire correspond à la solennité de la fête – ou à la richesse du défunt dans le cas des sépultures. Le 21 septembre 1775, la cérémonie funéraire de M. de Valogny est marquée par un « luminaire très considérable ».
128Mandement : lettre circulaire émise par un évêque à destination des fidèles de son diocèse pour leur transmettre des instructions religieuses. Le mandement doit être lu par le curé à la messe du dimanche. Le diariste donne le synonyme de « lettre pastorale » (14 février 1773 ou 12 avril 1780).
129Mariage d’inclination : mariage d’amour. Le chanoine Nepveu prend soin de les signaler à partir des décennies 1770 et 1780 car ils sont encore des curiosités liées à l’évolution des mentalités (exemple : 13 décembre 1780).
130Massier : huissier, sergent d’Église, ou bedeau portant une masse, dans certaines cérémonies. François Launay est reçu dans cette fonction le 7 février 1762.
131Matines : la première des heures canoniales, qui se chante entre minuit et le lever du jour. Chanoines et chantres cherchent souvent à être dispensés de cet office nocturne.
132Mense canoniale : ensemble des revenus des chanoines.
133Mense capitulaire : ensemble des biens du chapitre.
134Messe basse : depuis le milieu du XVIIe siècle, une messe basse, par opposition à une grand’messe, est une messe non chantée, où le prêtre récite les prières. Exemple : « Il y a aussi une réduction pour les messes basses dont l’Eglise étoit chargée » (11 février 1768).
135Messe (Grande ou Grand’) : célébration de la messe, où l’on chantait l’ordinaire et le propre, par opposition à la messe basse. Elle était dite « solennelle » quand s’y ajoutait la présence de diacre et sous-diacre. Le 21 mars 1786, « M. l’Evesque a dit la grande Messe ».
136Messe rouge : messe célébrée à la mi-novembre lors de la reprise des activités du Présidial après la suspension estivale et automnale. Elle est dite rouge en raison de la couleur des robes des magistrats. On la désigne aussi sous le nom de « messe du Saint-Esprit » ou « messe de la rentrée du Palais » (24 novembre 1778). Ainsi le 17 novembre 1772, « Messe rouge : MM. du Présidial m’avoient engagé de chanter la grande Messe du St Esprit pour la rentrée du Palais ».
137Minimes : ordre religieux créé en 1493 par saint François de Paule (1416-1507), luimême ermite recherchant le dépouillement absolu, une humilité radicale. Les Minimes s’installent au Mans en 1618 et comptent Marin Mersenne parmi leurs recrues locales. Leur couvent est détruit à la Révolution et une rue ouverte en 1802 sur son emplacement pour désenclaver la place des Halles [place de la République]. Elle fut nommée « rue des Minimes » après la Révolution de Juillet.
138Mission (la) : ancien hôpital religieux construit au XIIe siècle, où les Lazaristes officiaient depuis 1645, dans l’esprit de la Réforme Catholique. En 1769, les malades de tous les dispensaires manceaux sont transférés dans le nouvel hôpital, situé dans le quartier des halles. Les lazaristes restent cependant à la Mission jusqu’en 1791 (voir entre autres aux 6 juillet 1778 ou 2 mai 1780). La Révolution utilisera la Mission comme prison (23 novembre 1792). L’imposant bâtiment de style Plantagenêt est aujourd’hui connu sous quatre noms : en tant qu’ancien hôpital ou Hôtel-Dieu de Coëffort, et en tant qu’église de la Mission (église Sainte-Jeanne-d’Arc depuis 1923).
139Moine : homme lié par des vœux religieux et menant une vie, surtout spirituelle, en communauté dans un monastère. Cette appellation ne peut canoniquement être appliquée aux religieux non soumis à la clôture.
140Mois gradué : période de 4 mois pendant laquelle les gradués (les clercs qui ont obtenu des grades à l’université) bénéficient du privilège de préempter un bénéfice. Janvier et juillet sont des « mois de rigueur » réservés aux seuls gradués nommés, avril et octobre sont des « mois de faveur », pendant lesquels les collateurs disposent des bénéfices vacants en faveur de gradués de leur choix. « M. de Sagey a eu le Canonicat de M. l’abbé Nepveu qui étoit tombé en mois gradué… » (7 avril 1783).
141Motet : composition musicale, à une ou plusieurs voix, avec ou sans accompagnement instrumental, écrite sur un texte en latin. Les grands motets font appel à des solistes, un chœur et un orchestre ; les petits motets sont écrits pour une, deux ou trois voix, et basse continue.
142Mozette : camail des ecclésiastiques italiens. En décembre 1767, Mgr de Grimaldi autorise les chanoines de Saint-Julien à se distinguer de ceux de Saint-Pierre par le port de la mozette noire ou « petit camail » (voir aussi au 25 juillet 1782).
143Neuvaine : suite de prières ou de dévotions poursuivies pendant neuf jours pour l’obtention d’une grâce particulière. Ainsi le 16 décembre 1765, l’évêque du Mans ordonne des prières pour la guérison du Dauphin : « On a fait une neuvaine, et pendant ces neuf jours, on a ordonné une grand’messe de l’Immaculée-Conception… »
144None : heure canoniale qui se chante ou se récite après sexte, théoriquement à la neuvième heure du jour. C’est le dernier chant qu’entonnèrent les chanoines de Saint-Pierre-la-Cour : « A 3 heures, ils avoient commencé l’office de Nonnes ; ces Mrs se sont entrés accompaignés d’un détachement de la Milice Citoyenne et de 12 hommes du Régiment de Chartres » (4 décembre 1790).
145Obit : messe perpétuelle de fondation, célébrée pour le repos de l’âme d’un défunt, le jour anniversaire de sa mort.
146Octave : célébration en rappel d’une fête intervenant une semaine après cette fête. L’octave peut-être aussi la durée de huit jours pendant laquelle on célèbre une grande fête, par exemple l’octave de Pâques.
147Offertoire : ensemble de rites et de prières qui accompagnent la bénédiction du pain et du vin. L’offertoire se situe entre la liturgie de la parole et la grande prière eucharistique (17 novembre 1772).
148Office (faire un) : expression d’usage du chanoine Nepveu qui signifie « dire une messe », au cours de laquelle on célèbre l’eucharistie. Exemple : « on a commis M. l’abbé Blin, Archidiacre de Montfort pour faire l’office, moy pour faire diacre et M. Ponsan pour sous-diacre » (été 1768).
149Office des Ténèbres : nom donné dans le rite tridentin aux matines et aux laudes des trois derniers jours de la semaine sainte (jeudi/vendredi/samedi). L’office porte le nom de ténèbres puisqu’il est chanté normalement tôt le matin dans l’obscurité plus ou moins complète. En avril 1770, l’évêque du Mans « a assisté aux ténèbres pendant les trois jours ».
150Office du sel : cérémonie consistant à bénir le sel avant de le mettre dans l’eau bénite. Le prêtre prononce une formule qui fait allusion à un épisode du cycle du prophète Elisée assainissant les eaux par le sel : le sel mêlé à l’eau est le symbole de la présence vivifiante de l’esprit de sagesse (voir au 12 mai 1765).
151Official : vicaire général, chargé spécialement de la juridiction contentieuse. Créé au XIIIe siècle, pour amoindrir le pouvoir judiciaire de l’archidiacre, l’official était le président du tribunal ecclésiastique, l’officialité. Nommé par l’évêque et révocable par lui, il voyait sa juridiction s’éteindre avec celle du prélat ; son pouvoir étant une émanation de celui de l’évêque, il n’y avait pas appel de son tribunal à l’évêque diocésain, mais au métropolitain, puis au pape. L’official était pris ordinairement parmi les chanoines, ce qui était une économie pour la mense épiscopale. Le 9 décembre 1771, M. Dugast, chanoine de Saint-Pierre et Promoteur de l’officialité prend possession d’un canonicat vacant à Saint-Julien (voir officialité et promoteur).
152Officialité : tribunal ecclésiastique chargé par l’Évêque de rendre la justice en son nom, sa compétence se réduisant progressivement aux seules causes spirituelles. À sa tête se trouve l’official (voir ce mot). Au Mans, le bâtiment de l’Officialité est situé en face du transept nord de la cathédrale, au bout de l’actuelle allée Basile-Moreau. Il appartient aujourd’hui aux Bâtiments de France et est régulièrement ouvert pour des opérations patrimoniales (voir official et promoteur).
153Ondoiement : l’ondoiement d’un nouveau-né jugé en péril de mort consiste à lui administrer à domicile une version allégée du sacrement de baptême, en lui versant de l’eau sur la tête tout en prononçant la formule consacrée. Ce « petit baptême » peut être administré dans l’urgence par qui est disponible sur place, clerc ou laïc. En pratique c’est souvent la sage-femme qui procède à l’ondoiement, juste après l’accouchement. Le diariste emploie l’expression « avoir l’eau » ou « recevoir l’eau » (voir au 29 janvier 1771).
154Dans les familles aisées, l’ondoiement peut être utilisé à d’autres fins : on sollicite parfois de l’évêque l’autorisation de différer le baptême après ondoiement, pour mieux organiser la cérémonie. Ainsi, le 3 septembre 1768, le premier fils des Nepveu de Bellefille est ondoyé parce que le parrain « n’étoit pas arrivé de Tours, où il demeure ordinairement ».
155Oraison : prière mentale sous forme de méditation. Le terme désigne aussi la prière liturgique récitée, au nom de l’assemblée, par le célébrant d’un office. Une oraison funèbre, enfin, est le discours public prononcé en l’honneur d’un défunt illustre.
156Oratoire : Pierre de Bérulle fonde en 1611 une « société de prêtres », sans obligation de vœux, inspirée de l’Oratoire de Philippe Néri en Italie. À la mort de Bérulle en 1629, les oratoriens ont fondé une soixantaine de maisons, dont le collège du Mans en 1624. Le père Roy, professeur de philosophie du collège du Mans, défraya la chronique en publiant une proposition janséniste dans une thèse de morale et subit les foudres de l’évêque Grimaldi (8 et 13 novembre 1773 et février 1774).
157Orgues : avant la Révolution, 12 églises du Mans possédaient des orgues. Les grandes orgues de la cathédrale, dans leur buffet du XVIe siècle dû à Maître Symon du Mans (Simon Hayneufve), étaient les plus prestigieuses, mais pas les meilleures : l’instrument en lui-même, dû aux frères de Héman au milieu du XVIIe siècle, était en moins bon état que le bel orgue Parizot de Saint-Pierre-la-Cour, selon l’organiste Boyer qui toucha les deux. Le chanoine Nepveu connut à la cathédrale 4 organistes successifs : Guillaume Lebourdais, Louis-Jacques Mallet, Michel Boyer et René Coindon. Seul le premier est mentionné dans son Journal (le 4 septembre 1765).
158Ornement : dans le contexte religieux, au singulier, le mot englobe un assortiment de plusieurs pièces d’une même couleur (« un ornement rouge ») destiné à la parure d’une église, comportant habits sacerdotaux et devants d’autels. Au pluriel, il désigne les pièces diverses (chasuble, étole…) que revêt le prêtre pour l’office divin (voir au 19 mai 1771 ou 14 février 1773).
159Panégyrique : discours à la louange de quelqu’un. Dans le contexte capitulaire, il s’agit en général de l’éloge d’un chanoine défunt, ou encore de celui d’un saint, d’une sainte (exemples : le 14 février 1773 en l’honneur de sainte Jeanne-Françoise Frémiot de Chantal ou le 19 juillet 1778 pour saint Vincent de Paul).
160Paneterie : lieu où l’on distribue le pain, ou, plus largement, service chargé de l’approvisionnement en pain et céréales du chapitre. Le responsable en est le panetier. Le chanoine note, le 3 novembre 1776, la mort de Pierre Panard, receveur de la paneterie.
161Pâques : la plus importante fête religieuse chrétienne. Elle commémore la résurrection de Jésus-Christ, le troisième jour après sa Passion. La solennité commence le dimanche de Pâques, qui marque pour les catholiques la fin du jeûne du carême, et dure pendant huit jours. Exemple : « M. l’Evesque a officié le jour de Pasques, 7 avril 1776. »
162Pénitencier (grand) : chanoine de la cathédrale détenant le pouvoir d’absoudre les cas réservés. Cet office est associé à celui de grand-sacriste par M. Le Blais (13 septembre 1781). Voir aussi sous-pénitencier.
163Pentecôte : fête chrétienne célébrée le septième dimanche après Pâques en mémoire du don du Saint-Esprit aux apôtres. « Le jour de la Pentecoste, 22 May 1774, M. l’Evesque a assisté à l’office… »
164Permutation : échange de bénéfices entre deux titulaires. Par exemple le 30 décembre 1760 : « M. Duclos de Létoile a permuté son canonicat avec M. Després Curé d’Ivré l’Evesque. »
165Poêle : drap mortuaire, grande pièce d’étoffe noire ou blanche dont on couvre le cercueil pendant les cérémonies de funérailles. Lorsque le défunt est un chanoine, quatre chanoines tiennent les quatre coins du poêle (9 mai 1766).
166Pointe : dispositif consistant à relever les absents et les présents lors des offices. Celui qui en est chargé est le pointeur, ou le ponctuateur. Les chantres absents, trop souvent « pointés », subissaient une retenue sur leur salaire.
167Porte-croix : clerc chargé de porter la croix dans une procession (2 février 1768).
168Porte-crosse : celui qui porte la crosse devant un évêque (2 février 1768).
169Portier : individu gardant la porte de la cathédrale, qui s’ouvrait à l’aube et se fermait après complies, et exerçant la surveillance des lieux. Le 2 mars 1771 « les chaises de la Cathédralle ont été adjugées pour un bail de neuf ans, pour la somme de 900 # par an, au sieur et Dame Grandin, portiers de M. l’Evesque du Mans ». Il y avait environ 200 chaises dans la cathédrale, louées chacune 3 sols (26 mai 1774).
170Portion congrue : pension annuelle versée par celui qui perçoit la dîme d’une paroisse (voir décimateur) à celui qui dessert cette paroisse, donc en pratique par les riches ecclésiastiques aux curés. Un « curé à portion congrue » était donc un curé pauvre.
171Potation : absorption de liquide. Pour le chapitre il s’agit essentiellement du vin de messe et du vin contenu dans des « urnes ou vaisseaux », contenant chacune six ou huit pintes (5-7 litres environ), présenté lors de la cérémonie des honneurs du chapitre (Journal, 11 juin 1759).
172Pouillé : état et dénombrement de tous les bénéfices situés sur un territoire déterminé. Irrégulièrement remis à jour, c’est un document qui permet aujourd’hui d’approcher les niveaux de richesse et de revenu des chapitres et de les comparer entre eux. Le pouillé du diocèse du Mans est refait en 1770, et le diariste l’évoque le 22 décembre 1770.
173Prébende : fraction de la mense capitulaire constituant le revenu de chaque chanoine. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les prébendes étaient de 2 400 livres par an à Saint-Julien du Mans. On peut les estimer confortables, d’autant qu’elles sont souvent complétées par les revenus de la lucrative confrérie Saint-Michel et des très nombreuses chapelles du diocèse.
174Préceptoral (office) : office correspondant à une prébende, dont le titulaire exerçait la fonction de recteur des écoles. Au Mans, il était attribué aux prêtres de l’Oratoire.
175Présentation (droit de) : privilège réservé au collateur de nommer à un bénéfice. Le chapitre cathédral du Mans avait le privilège de nommer les curés des Quintes. Quand une de ces cures tombait en vacance, en dehors des mois gradués, le chanoine en service pouvait nommer le candidat de son choix. Ainsi le 23 octobre 1779, lors de la mort du curé de Saint-Hilaire, le diariste relève : « C’est le chapitre et un abbé qui présentent alternativement. C’est le tour du chapitre et la Cure a été présentée par M. Henry, chanoine. C’est un mois gradué. »
176Prestimonie : en droit canonique, fonds ou revenu affecté par un fondateur à l’entretien d’un prêtre, mais sans avoir rang de bénéfice. Voir fondation, chapelle, chapellenie. Le 20 juillet 1776, « jay résigné ma chapelle ou prestimonie de Bethon… » (voir aussi au 16 décembre 1776).
177Prêtrise : degré ultime du sacrement de l’ordre qui donne le pouvoir de célébrer la messe, entendre les confessions, conférer les sacrements.
178Prévôt : cette dignité qui existe dans de nombreux chapitres n’est pas mentionnée dans la hiérarchie officielle de celui du Mans. Pourtant le diariste emploie ce mot (par exemple le 15 juin 1763, à propos de la mort du chanoine Joseph Godard « prévost du chapitre »), sans que son sens en soit clairement précisé. À Sées, le Prévôt est le premier dignitaire du chapitre, équivalent à ce qu’est le Doyen au Mans. Le diariste évoque aussi le cas de François-Paul Le Cointre, Prévôt du chapitre de Nogent-le-Rotrou, qui devient chanoine de Saint-Julien le 2 juin 1773.
179Prieuré : communauté religieuse sous l’autorité d’un prieur et sous la dépendance d’une abbaye. Exemple : « Le 4 août 1776, M. l’abbé d’Haudeville, Abbé de l’Epau proche Mans vient de me résigner le Prieuré de Séphoix proche Lusson, à 800 # de pension. »
180Processionnal : livre liturgique contenant les pièces de chant à exécuter pendant les processions, essentiellement répons, antiennes et hymnes (24 juin 1778).
181Promoteur (de l’officialité) : au sein du tribunal ecclésiastique (officialité), le promoteur, nommé par l’évêque, évoquait les accusés et les causes devant le juge, et requérait contre les coupables l’application des pénalités édictées par les saints canons, les lois et les règlements de l’Église. Pour instruire les causes, avant d’en saisir le tribunal, et pour recueillir les dépositions préliminaires des témoins, il pouvait prendre des auditeurs, qui devaient lui remettre leurs rapports (voir official et officialité).
182Provision : mise en possession des revenus d’un bénéfice ecclésiastique. Les lettres de provision sont les actes qui établissent la nomination à un bénéfice. Nepveu parle des « provisions d’une chapelle ».
183Psalette : issu du grec psallein (vibration musicale des cordes d’un instrument), c’est le mot le plus employé dans la moitié nord du royaume de France pour désigner la maîtrise ou la manécanterie, c’est-à-dire l’école où sont formés les enfants de chœur à la musique, à la liturgie et à l’instruction de base (lecture, écriture, latin). Voir au 3 novembre 1776 ou au 25 juillet 1782.
184Psalteur : de la même famille que psallette, le mot désigne théoriquement un chantre à voix non spécialisée, chargé d’assurer la psalmodie. Il peut parfois s’étendre à l’ensemble du corps de musique (« les psalteurs »), revêtant alors un sens plus social que musicologique.
185Quarante Heures : prières expiatoires devant le Saint-Sacrement les dimanche, lundi et mardi gras, ou à l’occasion de calamités publiques, de danger, et pendant le jubilé.
186Quête : action de recueillir des fonds ou des objets ayant une valeur pour soutenir l’Église elle-même ou des causes qu’elle défend. Ainsi le 17 mars 1770 : « on a convoqué MM. les Curés de la ville pour recevoir l’argent des questes et pour donner l’état et le nombre des pauvres qu’ils ont dans leur paroisse ».
187Quintes (les) : division ecclésiastique, spécifique au diocèse du Mans, qui rayonnait à partir de la cathédrale, jusqu’à cinq lieues de rayon. Elle comprenait les 16 paroisses de la ville et faubourgs du Mans, 37 paroisses entourant la ville, et une succursale (voir au 7 août 1777).
188Rameaux : fête religieuse le dimanche qui précède Pâques. Elle commémore l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem où il fut acclamé par la foule agitant des palmes. Au Mans, elle donne lieu à une grande fête (voir au 24 mars 1771).
189Receveur : laïc chargé des comptes du chapitre.
190Récollets : les récollets sont des religieux de l’étroite observance de saint François, issus d’une réforme accomplie en Espagne au XVIe siècle. Leur nom vient de leur longue méditation quotidienne (récollection). Ils fournissaient des missionnaires pour les Indes ou le Canada, des aumôniers pour les régiments. Le diariste évoque un récollet qui prêche l’avent, venu d’un couvent de Saumur fondé en 1602 avec le soutien du roi Henri IV (décembre 1765).
191Régale : droit qu’avaient les rois de France de pourvoir à tous les bénéfices simples d’un diocèse pendant la vacance du siège épiscopal, et d’en économiser à leur gré les revenus. Le terme revient logiquement sous la plume de Nepveu après chaque décès d’évêque (par exemple les 11 février et 13 mars 1767, ou le 28 juillet 1773).
192Relique : reste du corps d’un saint ou d’un martyr et qui est l’objet d’une grande vénération. La relique est conservée dans un reliquaire (réceptacle ou coffret). Lors de la cérémonie en l’honneur de sainte Jeanne de Chantal, le diariste se fait caustique : « M. le Doyen en prenant la relique devoit aussi dire deux mots, mais la mémoire luy a manqué » (14 février 1773). Voir silentiaire.
193Répons : paroles tirées des écritures saintes qui se disent ou se chantent durant l’office et que l’on répète entières et par parties (il y a de grands et de petits répons).
194Requiem : ou messe de Requiem. Service liturgique de l’Église catholique pour les âmes des défunts, juste avant l’enterrement ou lors des cérémonies du souvenir. Par extension : messe de requiem en musique.
195Résignation : en droit canon, abandon d’un bénéfice entre les mains du collateur ou du pape. La résignation se fait souvent ad favorem, c’est-à-dire en faveur d’une personne désignée (parent, relation) par le titulaire initial du bénéfice. Cette pratique contribue à figer la composition sociologique des chapitres. Ainsi, le 16 novembre 1768, « M. Louis de Brébeuf a été reçu chanoine, par la résignation de M. l’abbé de la Briffe qui le luy a résigné à 400 # de pension. »
196Rétractation : action de revenir sur ce que l’on a affirmé comme étant vrai. C’est le cas du père Roy, professeur de philosophie au collège de l’Oratoire, qui avait fait soutenir une thèse de morale comprenant une proposition janséniste (8 novembre 1773 et février 1774). Voir jansénisme.
197Retraite : période réservée aux exercices spirituels. En 1780 au Mans, l’évêque Jouffroy-Gonssans inaugure cette pratique au séminaire de la Mission, à l’usage des ecclésiastiques du diocèse.
198Revestiaire : lieu où les prêtres se revêtent des habits sacerdotaux pour l’office divin. « Le revestiaire, dans lequel on dessendait par plusieurs marches, est aujourd’hui de niveau avec le bas côté de l’Eglise, au moyen de quoi, il est, au rapport des voyageurs, un des plus beaux revestiaires du Royaume », affirme dans son dictionnaire le chanoine Le Paige, après les travaux de Mgr de Grimadi dans la cathédrale du Mans. Nepveu raconte que « le 11 juillet 1802, il [Mgr de Pidoll] est allé dans le Revestiaire où il s’est habillé pour la Messe, et est revenu dans son throsne, commencer la Messe ».
199Rigoureuse : dans le contexte de la vie canoniale, ce terme est un substantif féminin et non un adjectif, qui désigne un temps probatoire, une sorte de stage, durant lequel un chanoine est rigoureusement astreint à l’assistance au chœur. Dès le XVIIe siècle, des accommodements sont pris avec la rigoureuse. Scarron, reçu chanoine du Mans en 1636, ne s’y soumit pas. Le futur baron Louis jouit de la même dérogation (25 novembre 1785).
200Riotte : le Cérémonial de l’Église du Mans (règlement de la sonnerie de la cathédrale pour les différentes fêtes de l’année, p. 249-255) indique que c’est la première des cloches de Saint-Julien qui sonne lors des cérémonies. Elle est souvent suivie par la petite et la grosse Échelette, Gervaise et Chaudron (voir au 22 juin 1760).
201Rochet : surplis à manches étroites porté par les évêques et certains ecclésiastiques. Les inventaires après décès révèlent que les musiciens clercs le portaient également. Le rochet sans dentelles, sauf au poignet, associé à la mozette, est adopté par le chapitre cathédral du Mans en décembre 1767.
202Rogations : procession de supplications destinée à attirer la bénédiction divine sur les récoltes et les animaux.
203Sacriste : forme locale du mot sacristain, celui qui a le soin de la sacristie, qui prépare les objets nécessaires au culte et aux cérémonies, entretient et orne l’église.
204Saintes-Huiles : huile mêlée de baume, consacrée par l’évêque, utilisée pour certaines cérémonies de l’église, notamment l’extrême-onction. On parle aussi de « saint chrême » (8 avril 1773). Contrairement à l’usage de mettre les vases contenant les Saintes-Huiles dans le tabernacle, le Rituel du diocèse du Mans de 1775 (p. 19) ordonne de les conserver dans une petite armoire de la chapelle des Fonts [baptismaux].
205Saint-Pierre-la-Cour : la collégiale royale Saint-Pierre-la-Cour est un édifice religieux, fondé au Xe siècle pour abriter la châsse de Sainte-Scholastique. C’est l’ancienne chapelle des comtes du Maine dont le palais était adjacent. Au XVIIIe siècle, ce chapitre, quoique beaucoup plus pauvre que celui de Saint-Julien, reste un concurrent (voir un exemple au 14 juillet 1778). Les perpétuelles rivalités à propos de la préséance, du cérémonial ou du costume illustrent les oppositions de pouvoir entre l’évêque et le roi. Située sur le flanc sud-ouest de la vieille ville, la collégiale sert aujourd’hui, dans sa partie basse, à diverses manifestations culturelles (expositions).
206Saint-Sacrement : selon le contexte, le mot peut désigner soit le sacrement d’eucharistie en lui-même, soit l’ostensoir renfermant l’hostie offerte à l’adoration des fidèles. On parle alors de l’exposition du Saint-Sacrement. Lors de la procession de la Fête-dieu 1783, « je portois le St Sacrement avec M. du Mourier ».
207Sainte-Scholastique : sainte protectrice de la cité mancelle. Voir le récit du diariste, entre autres, aux 30 juillet 1777 et 11 juillet 1778.
208Saint-Vincent : l’abbaye royale Saint-Vincent est une ancienne abbaye bénédictine fondée vers 572, amorçant ce qui allait être plus tard le faubourg Saint-Vincent du Mans. L’abbaye mise en commende par Louis XV est donnée au ministre de la feuille, Mgr de Jarente, évêque d’Orléans (voir Journal 1771-1772). Le logis de l’abbé ainsi qu’une partie des bâtiments mauristes sont classés au titre des monuments historiques (aujourd’hui : lycée Bellevue).
209Salut : prières chantées dans l’après-midi ou le soir dans les églises.
210Séminaire : institution définie par le concile de Trente, lieu de formation des prêtres. Le séminaire Saint-Charles du Mans était situé face au Présidial, sur le site de l’actuel Carré Plantagenet (musée d’archéologie et d’histoire).
211Semi-prébende : rétribution d’un semi-prébendé. Celui-ci, membre du bas-chœur, n’a pas voix au chapitre. Le 1er février 1763, « M. Jean-Baptiste Legendre… a pris possession de la semy Prébende de M. Herbelin, laquelle il a eu par ces grades ».
212Septime : du latin septimus, septième, le mot septime (abrégé parfois en setme) désigne le service religieux célébré en mémoire d’un défunt sept jours après son enterrement.
213Septuagésime : temps liturgique du calendrier catholique, qui succède au temps de Noël, et précède le Carême. Ce temps liturgique est ouvert par le dimanche de la Septuagésime, troisième dimanche avant le premier dimanche de carême soit environ 70 jours avant Pâques. Le 27 janvier 1771, la Saint-Julien tombe le dimanche de septuagésime. Ce jourlà, le chanoine Nepveu fait diacre de l’évêque Grimaldi.
214Sermon : discours de prédication prononcé dans des circonstances religieuses (après la lecture de l’Évangile pendant la messe, ou lors d’une mission, retraite spirituelle, etc.). Le diariste salue le prédicateur du carême de 1772 qui prononce « plutost des Conférances que des sermons ».
215Serpent : instrument à vent, en bois, recouvert de cuir, percé de trous, c’est la basse de cornet à bouquin, dont le tube est plusieurs fois recourbé, d’où sa forme sinueuse. Il sert à accompagner le chant d’Église jusqu’au XIXe siècle. Par métonymie, le mot désigne aussi l’instrumentiste qui en joue. Ainsi, le 29 mars 1776 : « Letertre reste au chapitre, en qualité de serpent. »
216Serve : voir chanoine serve, servé, ou ferré.
217Service (faire un) : expression d’usage du diariste pour « organiser une cérémonie ». Exemple : « Le 20 juillet 1768, M. du Mans a communiqué la lettre du Roy pour faire un service [pour la reine], ainsi que partout le Diocèse. »
218Sexte : l’une des heures canoniales, ou petites heures, qui devait se dire à la sixième heure du jour à compter de soleil levé. Ainsi le 20 septembre 1789, le chanoine Nepveu note qu’au retour de la procession générale « on a commencé sexte ».
219Silentiaire : dans les empires romain puis byzantin, officier subalterne du palais impérial chargé de faire respecter le silence et l’ordre autour de l’empereur. Dans la cathédrale du Mans au XVIIIe siècle, le silentiaire est un prêtre du bas-chœur spécifiquement chargé de l’entretien et de la surveillance des reliques. Ainsi, le 12 novembre 1781 le diariste évoque « une chapelle qui a été donnée au Garde Relique ou Silentière qui est très pauvre ». Voir relique.
220Sommations respectueuses : acte extrajudiciaire qu’un fils de plus de 30 ans ou une fille de plus de 25 ans étaient tenus de faire « respectueusement » signifier à leurs père et mère ou à leurs aïeuls et aïeules, lorsque ces parents n’avaient pas donné leur consentement au mariage qu’ils voulaient contracter. Au bout de trois sommations, le mariage est possible, même si les parents persistent dans leur refus. Ces situations de plus en plus fréquentes sont rapportées par le diariste alors que se multiplient les mariages d’inclination (exemple : les sommations de M. Guitton des Bois le 9 février 1781).
221Soutane : vêtement long en forme de robe, porté par les ecclésiastiques. Elles peuvent être de différentes matières selon la saison et de plusieurs couleurs en fonction de la qualité de celui qui la porte et du temps liturgique : « j’ay commencé à porter la soutane violette ; il y a bien les deux tiers du chapitre qui en ont. Outre cinq chanoines tous les autres en ont de laine. M. Nepveu lainé comme conseiller [au présidial] porte la soutane rouge » (14 juin 1767).
222Stabat : terme de musique désignant une œuvre composée sur les paroles Stabat mater dolorosa… (elle se tenait, la mère pleine de douleurs…), chantée le vendredi saint ou lors des fêtes mariales (voir en février 1768).
223Succursale : église adjointe à une église paroissiale devenue insuffisante pour accueillir les fidèles de la paroisse. Les curés chargés de ces églises succursales n’étaient pas inamovibles (3 mars 1803).
224Suffragant : un évêché suffragant est un évêché subordonné, dépendant d’une cathédrale qui lui est hiérarchiquement supérieure, la Métropole.
225Suisse : employé subalterne d’une église vêtu d’un uniforme coloré et chargé de galons brillants, coiffé d’un bicorne, armé d’une hallebarde et d’une épée, chargé de la garde de cette église et qui précède le clergé dans les processions. Nepveu y fait pour la première fois allusion en octobre 1770.
226Supérieur(e) : celui ou celle qui dirige une communauté religieuse, par exemple l’abbé ou l’abbesse d’une abbaye. On dit aussi le père supérieur, la mère supérieure. Exemple : « Le 25 mars 1787, M. de Veaux, Supérieur de l’Oratoire, est mort d’un coup de sang. » Voir Général.
227Surplis : vêtement d’Église de toile légère, aube raccourcie s’arrêtant à la hauteur des genoux, avec de larges manches.
228Stalles : sièges de bois, à dossier élevé, qui garnissent les deux côtés du chœur dans une église cathédrale, collégiale, ou abbatiale. On distingue les hautes stalles, sur les rangées supérieures, destinées aux chanoines (le haut-chœur), des basses stalles, au niveau inférieur, qui accueillent les membres du bas-chœur, prêtres habitués, petits officiers du chœur, musiciens, enfants de chœur. Sur chacun des côtés et aux deux niveaux, les stalles sont attribuées en fonction de l’ordre de réception et de la hiérarchie capitulaire. Ainsi, le 20 décembre 1767, le nouveau chanoine intronisé est installé dans les hautes stalles, d’abord « le dernier du costé droit, et quand il sera prestre il prendra son rang de réception qui est après M. Nepveu l’ainé ».
229Station : dans le contexte religieux, le mot désigne des chapelles, autels ou reposoirs désignés par les autorités ecclésiastiques pour y faire certaines prières afin d’y gagner des indulgences. On parle particulièrement des stations du jubilé (voir au 16 avril 1776).
230Synode : assemblée de prêtres et de clercs tenue par l’évêque qui traite des affaires du diocèse et du ministère pastoral et se traduit par la publication de décrets appelés les statuts synodaux. Exemple : l’interdiction faite aux curés d’avoir des servantes de moins de 40 ans soulève de multiples protestations lors du synode le 16 avril 1788.
231Taille : registre vocal masculin, correspondant à une voix de ténor. Par métonymie, le mot taille désigne le chanteur doté de cette voix. Nepveu évoque plus fréquemment des chantres basse-taille, au registre intermédiaire entre taille et basse : c’est la voix moyenne des hommes, correspondant à l’actuel baryton. En mai 1777, il enregistre l’engagement du « nommé Tardeau, pour basse-taille ».
232Te Deum : hymne commençant par les mots Te Deum Laudamus (seigneur Dieu, nous te louons), chanté avec pompe et cérémonie pour remercier Dieu d’une victoire militaire ou d’une naissance royale. Le mot Te Deum désigne aussi la cérémonie en elle-même. Sa signification est clairement politique : elle permet d’informer la population et de la faire participer aux grands événements en exaltant la puissance de la monarchie. La victoire de Berghen sur le roi de Prusse est l’occasion d’un Te Deum le 20 mai 1759.
233Ténèbres : voir office des ténèbres.
234Théologal : voir chanoine théologal.
235Trône : trône épiscopal, cathèdre, ou emplacement de la cathèdre ; concrètement le fauteuil ou lieu surélevé où prend place l’évêque lorsqu’il siège au chœur. Le diariste écrit throsne (27 juillet 1778).
236Thuriféraire : clerc qui dans les cérémonies de l’Église a la fonction de porter l’encensoir. Il est accompagné par le naviculaire qui, lui, porte la navette contenant l’encens (14 février 1773). Voir encens.
237Tierce : la seconde des heures canoniales, qui se chantait à la troisième heure du jour.
238Touvoie (juridiction de) : nom donné à la juridiction du temporel de l’évêché du Mans (11 juillet 1778).
239Ultimatum vale, ou Ultimum vale : mots latins signifiant littéralement « dernier adieu », et qui désignent les prières prononcées sur le corps d’un défunt (par exemple : 13 octobre ou 7 décembre 1773).
240Ursules (couvent des) : l’ordre de Sainte-Ursule a été fondé en 1535 à Brescia en Lombardie par sainte Angèle Merici (1474-1540). Il se consacre à l’éducation des filles ainsi qu’aux soins des malades et des nécessiteux. Le couvent du Mans est fondé en 1621. Le diariste signale qu’on s’y ennuyait beaucoup (Mlle Le Boindre de Moire en octobre 1790), et que certaines pensionnaires pouvaient succomber à un état dépressif (Mlle de Blanchardon le 29 janvier 1791). Il évoque souvent « les Ursules », en faisant parfois un point de repère dans la topographie urbaine : « il demeure près les Ursulles, paroisse de St Nicolas » (1er mai 1787). À la Révolution, les bâtiments sont transformés en prison. Le 23 novembre 1792, Nepveu redoute d’être attrapé par le « mauvais peuple » et d’y être conduit. Les bâtiments subsistants sont aujourd’hui occupés par l’office du tourisme du Mans.
241Vêpres : heure de l’office théoriquement célébrée le soir, « à la vêprée », au coucher du soleil, mais en réalité plus souvent en début ou milieu d’après-midi, après none et avant complies.
242Verset : brève phrase psalmodiée suivie d’une réponse chantée du chœur (voir répons), durant les offices.
243Vicaire : prêtre chargé de seconder un curé dans son ministère paroissial, souvent choisi par le curé lui-même mais avec approbation de l’évêque. Les grands vicaires, ou vicaires généraux, sont des prêtres qui assistent l’évêque dans l’administration diocésaine.
244Selon le contexte, le mot vicaire peut aussi désigner les musiciens employés au chœur : ainsi, le 16 mai 1766, « M. Vincent Hubert qui etoit ci-devant chantre ou vicaire dans l’église de Saint-Julien, a été reçu dans le chapitre ».
245Vigile : office célébré la veille d’une fête importante. Par extension, le mot désigne le jour précédant une fête religieuse.
246Visitation : au Mans, important couvent de femmes situé place des Halles. Bien des filles de la noblesse et de la bourgeoisie mancelles y passent une partie de leur jeunesse jusqu’à leur mariage (voir au 21 juin 1780). À la Révolution, le couvent est transformé en prison. Le diariste raconte sa détention à la Visitation jusqu’à l’arrivée des Vendéens au Mans (30 septembre-10 décembre 1793).
247Visite pastorale : visite que l’évêque est tenu de rendre à toutes les communautés paroissiales ou religieuses de son diocèse au moins tous les cinq ans. « M. l’Evesque est party le jour de la Pentecoste au soir […] pour continuer ses visites pastoralles » (mai 1780). Le diariste dit aussi « visite épiscopale » (20 septembre 1778).
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Journal d’un chanoine du Mans
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