1778-1788. La sécularisation du Journal sous l’austère épiscopat de Jouffroy-Gonssans
p. 301-463
Texte intégral
L’année 1778
Mort de Frécinne, chantre
1Le 8 janvier 1778, Frécinne, chantre basse-taille à St Julien, depuis 17 ans, est mort âgé d’environ 52 ans, d’une hidropisie1. Il buvoit beaucoup et il s’est tué par le vin et pour aller chanter partout où il croyoit estre regalé. Il étoit si pauvre que le chapitre étoit obligé de le faire gouverner et de luy fournir de tout ce qui luy a été nécessaire pendant sa vie et après sa mort.
Diner que Mr de Grimaldy Evesque du Mans et nommé à celuy de Noyon a donné à son chapitre
2Le 12 janvier 1778, Mr l’Evesque a donné à diner à tout le chapitre de la Cathédralle ; il y avoit 25 Chanoines. Il ne manquoit que les chanoines absents2, savoir : Mr l’abbé de Tarodeau, Mr l’abbé de Montgrenier, Mr le Théologal, et 4 chanoines malades, savoir : Mr de Brébeuf, sous-chantre, Mr l’abbé Nepveu et Mr Le Page ; Mr l’abbé Leconte n’y étoit pas pour des raisons particulières ainsi que Mr Leroyer, chanoine honoraire, aussi pour des causes particulières, et cependant, Mr l’Evesque les avoit priés. Il y avoit un très grand diner donné à l’Hotel de Mr le Comte de Valentinois où le Prélat est logé jusqu’à son départ. Le lendemain mardy, 13 du courant, il y a eu un diner pour tous Mrs les Curés de la Ville et pour tous les chefs et supérieurs des Communautés.
Diner de Mrs les Curés de la Ville du Mans donné à Mr l’Evesque
3Le Lundy 19 janvier 1778, Mrs les curés de la ville du Mans ont donné à diner à Mr l’Evesque du Mans ; ils ont diné chés Mr le Curé de St Nicolas ; comme Mr le Curé de la Coulture est malade, on [ne] put donner chés luy. Ils avoient prié Mrs les Grands-Vicaires, et même Mr le Doyen comme Grand-Vicaire, quoique en procès avec Mrs les Curés. Il a remercié, parce qu’il croyoit que le chapitre n’approuveroit pas sa démarche et je croy qu’il a eu tort.
Diner que le chapitre du Mans a donné à Mr de Grimaldy, Evesque du Mans et nommé à celuy de Noyon
4Le Mardy 20 janvier 1778, Mrs du chapitre de la Cathédralle ont donné un grand diner à Mr l’Evesque du Mans pour luy témoigner leur reconnoissance et leur regret. Le diner a été proposé au chapitre le dimanche 11, après la grande Messe ; il a été accepté avec joie excepté par un chanoine nommé Mr Le Royer de Forges dont les sentimens sont aussi bas que son avarice, quoique homme de condition. On décida qu’on luy remettroit ce qu’il pouroit luy revenir pour sa part parce que cette dépense est prise sur la manse du chapitre. On a nommé 4 commissaires pour ordonner et faire ce qui seroit nécessaire pour faire un beau et bon diner ; on a nommé Mr l’abbé de Vildon, Mr l’abbé Du Gast, Mr Savare et moy. Le même jour, nous nous sommes assemblés chés Mr l’abbé de Vildon pour faire le mémoire du repas qui sera composé de 3 surtout au milieu, de 4 potages, une bisque, une au ris, une à la reine et un au choix ; on retirera les souppes et on mettra 4 relevés, savoir : une bonne pièce de bœuf à la braise, une dinde grasse aux truffes, un quartier de chevreuil et un gros gigot de mouton de Mamers aux fèves. Après cela, 24 entrées, savoir : une poularde bouillie, deux perdrix au célery, deux sarcelles aux olives, deux poulets gras à l’italienne, deux pigeons à la crapaudine, des merles en salmy, une noix de veau glacé, des ris de veau en caisse, un filet de bœuf, un filet de mouton, un lapin en fricandeau, des palais de bœuf au jus, du boudin blanc de blanc de poularde, du boudin noir, 4 andouillettes, petits pâtés, queu de mouton au basilic, des rissolles, une teste de veau avec la peau à la matelotte, un pâté chaux de bécasses ; 4 entrées maigres, un morceau de saumon, une belle perche, un brochet et deux truittes. Au second service il y a eu 8 plats de rosty, savoir une carpe de 18 livres maigre, ou deux faisans dont un mâle, 2 perdrix rouges, un rouget entouré de mauviettes ou allouettes de Chartres, des bécassines, plus huit salades, dont deux d’anchois, deux d’ollives, deux de bigares de citrons, du celery et de la chicorée sauvage. 18 plats d’entremests, un grand pasté de poulardes et de deux perdrix ; un gâteau ou biscuit de Savoye, un chapon en daube, des crestes à laspie, des cordons au jus, des œufs au jus, des foies de poulardes en caisse, des épinards, des haricots au blanc, un pain aux mousserons, des menus de rois, pieds de cochon à la Ste Menehould, ecrevisses crême au chocolat, tourte de confiture, tourte de franchipanne, 40 pots de gelée d’orange en quatre plats, on n’avoit pu avoir de truffes. Le dessert, il y avoit des confitures sèches que l’on avoit fait venir de Tours, au moins huit plats, au moins autant des Maillets, le reste fruits, savoir lait et tout ce que l’on peut donner dans un biau dessert. Le vin d’ordinaire étoit du vin de Bordeaux que Mr l’Evesque vendoit ou plutost son maistre d’hostel. Il y avoit du vin de Bordeaux blanc pris chés Mr Marquenet, à 27 sols la bouteille pour l’ordinaire aussi ; au second service on servit du vin de Bessac et du vin de Médoc ; après, du vin de Sauterne, ensuitte du vin d’ovilée, c’est-à dire du vin de champaigne, et après cela du vin de Chypre, du vin de Malaga, le tout pris dans la cave de Mr l’Evesque qui comme il s’en va, vend le vin qu’il ne peut emporter, ayant à sa terre de Noyon appellée Carlepont3, une cave qu’il a achettée dix mille livres. On a eu 15 bouteilles de vin d’ordinaire pour le diner des domestiques qui ont diné, il n’y a eu que ceux de Mrs les Commissaires, celuy de ma mère, qui avoit fait le dessert, ceux de Mr l’Evesque et ceux de Mr le Doyen. Il y avoit encore environ 15 personnes à la seconde table, non compris les cuisiniers. Le repas s’est passé dans la plus grande décence ; il n’y a eu aucun bruit. A la fin du dessert, Mr le Maistre de Musique est venu dans la salle chanter une chanson avec tous ses enfans de chœur4 ; il y avoit une basse et un basson pour accompaignement5. Après le diner, on monta dans les Appartemens de Mr le Doyen chés qui l’on dinoit. Mr l’Evesque resta jusqu’à 7 heures du soir, qu’il dit adieu à tout le monde. Il vint à la maison, chés ma mère où il soupoit avec la Maison Lorchère, toute la famille et ses Grands-Vicaires ; on ne se mit à souper qu’à près de onse heures du soir.
5Voilà la chanson qui a été chantée par les enfans de cœur, le jour du diner :
Grimaldy, de ces lieux, va bientost disparoître
Pour tous les cœurs, quel moment douloureux.
Sous ses aimables loix tout se sentoit heureux,
En perdant ce qu’on aime, il faut cesser de l’être.
Comblés de vos nobles bienfaits,
Guidés par la reconnoissance,
Nous venons en votre présence,
Exprimer de justes regrets.
Ils ne sont points suspects
Dans la bouche de l’innocence.
Déjà nos mains dans la psallette
Ont gravé, sur ses murs, votre nom en grands trais
Dans cette enfantine retraitte
Ainsi que dans nos cœurs, il doit vivre à jamais.
Pourquoy faut-il que notre voix repette
Grimaldy de ces lieux va bientost disparoistre.
6La musique de cette chanson étoit, dit-on, très bonne et tout le monde fut attendry en l’entendant et même Mr l’Evesque6 ; il donna pour la psalette quatre louis pour estre partagés aux enfans. Le repas a esté arresté par nous Commissaires en tout et pour tout, à la somme de sept cent quarante une livres, trois sols, neuf deniers et tout le monde a été très content.
Couche de Mme de Biseuil
7Mme de Biseuil, qui demeure à la forge d’Antogny7 près Le Mans, est accouchée à sa forge, d’une fille, pour la quatrième ; l’enfant est mort deux mois après.
Portrait de Mr l’Evesque du Mans
8Le 30 janvier 1778, le chapitre du Mans pour témoigner à Mr de Grimaldy, Evesque du Mans, qui passe à l’Evesché du Noyon, toutte sa reconnoissance de ce qu’il a fait la décoration de son Eglise et aussi pour la réduction des fondations, a décidé au Chapitre Général, que l’on placeroit dans le revestiaire, ou la grande sacristie, le tableau ou portrait en grand de Mr l’Evesque avec une inscription8.
Mariage de Mlle le Baron avec Mr Du Chemin
9Mr Duchemin de Boisjousse, Conseiller9, a épousé Mlle Le Baron, qui demeure au Mans, proche l’Eglise de St Pavin de la Cité ; elle est riche et Mr Duchemin l’est aussi. Mr son père demeure au Mans, il porte le petit Collet10 ; la demoiselle a environ 22 ans et Mr Duchemin…. Ils ont épousé le 17 février 1778, dans l’Eglise de St Pavin la Cité11.
Mariage de Mlle le Courbe
10Le 17 février 1778, Mlle Le Courbe de Coutelier, âgée d’environ 22 ans, a épousé Mr Ruillé12, Lieutenant dans le Régiment du Mans, il est de la Flèche. Il peut avoir environ 24 ans ; il demeure à la Flèche, avec Mme sa Mère, de bonne famille de robe. Il sera riche ; Mlle de la Courbe aura aussi du bien, Mr son père, très dévot, est noble. Elle a un frère Capitaine dans le Régiment Dauphin Infanterie ; elle va aller demeurer à la Flèche chés sa belle Mère.
Sortye des prisonniers
11Le 23 février 1778 tous les prisonniers, au nombre de 48, ont sorty en plein midy ; lorsqu’on vint en chercher un pour le faire interroger, ils s’étoient tous donner le mot pour forcer la porte par la chambre criminelle. Ils ont tous forcé la porte et celuy qui conduisoit celuy qu’on alloit interroger et ont sorty par le palais13. Ils avoient déjà sorty le 2 avril 1774. Ils étoient, à la vérité, dans le bas de la tour Vineuse pendant qu’on raccommodoit les prisons. On a pris plusieurs de ceux qui sont sorty de cette dernière fois.
Mort de Mr Jannard
12Le 23 février 1778, Mr Janard, thrésorier des finances au bureau de Caen, est mort, âgé d’environ 75 ans, d’une fièvre putride ; il étoit aimé et considéré dans la Ville. Il laisse une femme à peu près de son âge, trois enfans dont un ainé est marié à une demoiselle de Malicorne dont il n’a point d’enfans ; il s’est marié malgré ses père et mère après les sommations ordinaires14 ; depuis son mariage, il avoit eu un enfans. Le cadet, appelé Mr de Mèdemanche, demeure à la maison, sans état ; il y avoit une demoiselle qui a épousé Mr Toussaint de Bellemare. Il y a deux filles de ce mariage, la cadette vient d’entrer à St Cir15. Mr Janard laisse environ 12 ou 15 mille livres de revenu dont la plus grande partie est du costé de Mme Janard. Il a été enterré au Grand Cimetière, il étoit de la paroisse du Grand St Pierre. Comme les Corps morts n’entrent point dans l’Eglise du grand St Pierre la Collégialle où est l’autel de la paroisse, on dit la Messe des morts à l’autel de la paroisse ; après la Messe, Mr le Curé va avec son clergé, chercher le corps et le conduit au grand Cimetierre.
Prédicateur du Caresme
13C’est un Capucin, Gardien16 à la Flèche, qui presche le Caresme ; il est assés bon.
Mort de Mr l’abbé Darcy, chanoine de St Pierre
14Le 15 mars 1778 Mr l’abbé Darcy frère du Lieutenant Général de Police est mort, âgé de 64 ans. Il étoit Diacre, chanoine de St Pierre la Collégialle ; il étoit paralitique depuis cinq ans ; il a été enterré au grand Cimetière. C’est Mr Paquineau curé de Teereau proche Bonnétable, qui a eu le Canonicat17.
Exécution
15Le 20 mars 1778, il a été pendu un homme qui avoit volé 36 # 10 sols, dans un tronc d’une Église18.
Mort de Mme Le Vayer
16Le 21 mars 1778, Mme Le Vayer, âgée d’environ 58 ans, est morte d’une fièvre gangraineuse ; elle n’a été que 9 jours malade. Elle laisse son mary et six enfans, savoir cinq demoiselles dont deux sont mariées : la cadette a épousé Mr de Préaux qui demeure proche Montrichard en Touraine et la cadette a épousé Mr Le Normand de Champflé qui étoit Lieutenant de Vaisseaux. Il reste encor trois demoiselles et un garçon qui est l’ainé ; la terre de Vandeuvre, paroisse de Fay, appartenoit à Mme Le Vayer, elle avoit au moins dix mille livres de rente. C’étoit une femme qui avoit l’estime et amitié et la considération de tout le monde ; ordinairement, il y avoit chés elle, assemblée tous les mercredy et les Dimanche19. Elle a été enterrée au grand Cimetière.
Mort de Mr Duponseau Curé du petit St Pierre
17Le 22 mars 1778, Mr Du Ponceau, Curé du petit Saint Pierre20, est mort, âgé d’environ 88 ans ; il étoit Doyen des Curés, et Doyen de la chambre Ecclésiastique. C’est Mr Doigny, son neveu21, qui en hérite ; il y a encor d’autres héritiers qui demeurent à Ste Suzanne22. Il a été soixante trois ans Curé.
Nomination des grands Vicaires, le siège Vacant
18Le Lundy 20 avril 1778, Mr l’abbé de Glandèves, qui étoit Grand Vicaire de Mr de Grimaldy, a mandé à Mr l’abbé de Vildon, Chanoine et Scolastique de la Cathédralle, que Mr l’Evesque de Noyon avoit reçu ses bulles de Rome. En conséquence, on a ordonné un Chapitre après Matines, pour le mardy de Pasques où il s’est trouvé 23 chanoines ; (il y en avoit eu autant à la mort de Mr Froulay)23. On a nommé à la pluralité des voix, et par scrutin, [pour grands vicaires] Mr Bazoge, Archidiacre de Passais, Mr Marin Huet, Mr Leconte et Mr du Mourier, procureur du chapitre ; pour Official, Mr Fay, chanoine ; Mr Nicolas Huet vice gérant et Mr Guilory de Vilballet, promoteur, le tout au scrutin. Pour Greffier de l’officialité, Mr Sallé, qui l’étoit déjà ; on a encor nommé les officiers de l’officialité de Domfront, qui sont les mêmes. Pour le tarif du sécrétariat, on a suivy celuy qui étoit du temps et pendant la vacance du dernier siège. Mr Paillé qui étoit Grand Vicaire et official, n’a pas voulu se trouver au chapitre, ainsi que Mr l’abbé de Vildon et Mr l’abbé Follope, qui n’y sont point venus ; comme on ne nomme point les absens, on en a nommé d’autres. Il n’y a eu que Mr Dugast, promoteur, qui a eu le chagrin de se voir en concurrence avec Mr de Vilbalet ; ils ont eu chacun dix voix. On a retourné au scrutin et Mr de Vilbalet a eu une voix de plus ; c’est une mortification qu’il mérite, n’ayant pas l’amitié de tous les Chanoines. Le mercredy 22, Mrs les Grands Vicaires au nom du Chapitre, ont été24 à Mr de Gonssans, Evesque de Gap et nommé à celuy du Mans, pour luy envoyer des lettres de Grand-Vicaire.
Mariage de Mr le Marquis de Broc
19Dans le courant du mois d’Avril25 Mr le Marquis de Broc capitaine fils de Mr le comte de Broc, demeurant au Mans, a épousé une demoiselle de Beauregard, âgée d’environ 18 ans26. Cette demoiselle a ses père et mère qui demeurent à Paris ; ils ont leur bien dans les Isles27 ; on luy donne en mariage seize mille livres de rente. Mr le Marquis de Broc a été présenté au Roy ainsi que sa femme28, il a 27 ans ; il a une compaignie de cavallerie dans le Régiment de…
Présentation de la cure de la Gravelle, pendant la Vacance
20Le 1er juin 1778, le chapitre a présenté la Cure de la Gravelle à Mr Beaulieu, prestre disant la Messe d’onse heures à St Julien ; c’est une très petite Cure à cinq lieues au-dessus de Laval ; c’est dans cette paroisse qu’est la séparation de la Bretaigne et du Maine. La paroisse, composée de 300 communians29, est remplie, pour la plus grande partie d’employés30 et de gens de contrebande ; c’est la seule cure qui soit tombée pendant la Vacance31.
Couche de Mme de Châteaufort
21Le 8 juin 1778, Mme de Châteaufort est accouchée d’une fille, qui est son premier enfans.
Mort de Mr Cureau fils
22Le 12 juin 1778, on a appris la mort de Mr Cureau fils, qui est mort à Paris, d’une appoplexie, âgé de 22 ans ; Mr et Mme Cureau sont inconsolables. Il faisoit son droit pour avoir une charge à la Chambre des Comptes ; il y a encor un garçon, âgé de 16 ans qui est à la Flèche et Mme de Montesson.
Présentation de la Cure de Torigné32 pendant la vacance
23Le 15 juin 1778, le chapitre a présenté à Mr Lechesne, secrétaire du chapitre, la cure de Torrigné vacante par la mort de Mr l’abbé de Bernière, mort à Paris de l’opération de la pierre33. C’est une des plus belles Cures du Haut-Maine ; elle vaut environ cinq à six mille livres de revenu, bien logé et un beau jardin34. Mr Lechesne est un garçon de mérite, que Mr de Gémarcé, à présent Chanoine et qui a été Curé de St Benoist, a élevé, son père étant à son service, comme il est encor actuellement, et sa mère raccommodoit de vieux soufflets. On peut luy rendre justice pour son mérite ; il est âgé de 29 ans. Mr de Réneaume, Seigneur de la paroisse, prétend, sans fondement, présenter la Cure ; il l’a réellement présentée à Mr Rivière, curé de Vouvray, et il avoit écrit au chapitre pour l’en prévenir ; on a toujours présenté à Mr Le Chesne. Il y avoit neuf chanoines qui avoient donné leur voix pour Mr Touchard, Chaplain de l’Hotel Dieu ; j’avois fait ce que j’avois pu pour la luy procurer, mais en vain.
Bénédiction des Drapeaux
24Le 24 juin 1778, après les Vespres de la Cathédralle, on a fait la bénédiction des Drapeaux des Régiments du Mans, d’Anjou, et de…, qui étoient autrefois Régiments provinciaux, c’est-à-dire la Milice, dont Mr de Simiane, qui demeure à Cormes, proche la Ferté-Bernard, en commande un, Mr le Chevallier de Murat, le second, et Mr de la Rivière, le troisième. Comme il n’y avoit que les Grenadiers qui fussent habillés, ils sont venus trois compaignies ; ils avoient à leur teste Mr de St Chamond, leur Inspecteur et Maréchal de Camp, et tous les officiers étoient à la suitte. On avoit mis des chaises proche la grille et la porte du costé de l’Evesché ; entre le Sanctuaire et le chœur, proche les stalles, Mr le Chantre, en chappe, avec un Diacre (c’étoit moy), et un sous-diacre, c’étoit Mr Savare, avec la croix, les chandeliers et le bénitier, nous sommes entrés dans le cœur et nous nous sommes placés au-dessus des marches du sanctuaire. Etant assis, Mr le chantre a prononcé un petit Discours au sujet de la Cérémonie, qui étoit très bien ; et a fait la bénédiction suivant le rituel. Nous sommes allés nous asseoir dans l’endroit où se place ordinairement le Célébrant ; on a chanté en Musique le psaume Exaudiat, après lequel, Mr Paillé a dit une oraison qui est dans le Rituel Processionnal. Après le psaume, on a chanté en musique, le Te Deum, après lequel on a dit l’oraison convenable. Comme c’étoit pendant l’Octave de la Feste-Dieu, ces Mrs ont resté au salut ; quand ces Mrs ont entré, on a sonné touttes les cloches et touché de l’orgue et de même quand ils sont sorty de l’Eglise ; ces Mrs ont été très contents. Mr Paillé avoit prié à souper Mr l’Inspecteur et 12 Officiers de la teste des corps, au choix de Mr l’Inspecteur ; il y avoit autant de chanoines. Il y avoit un grand soupper, qui a été donné dans la salle de l’Evesché ; on s’est mis à table à dix heures. On a bu à la santé du Roy, de la Reine, des Officiers, de Mr l’Evesque et du Chapitre. Le tout se passa très bien. Il y avoit eu pareille cérémonie, le 31 May 1772.
Jour de la petite Feste-Dieu
25Le 25 juin 1778, jour de la petite Feste-Dieu35, Mr l’Inspecteur des Régiments cy-dessus, a assisté à la procession, avec tous les Grenadiers. Mr de St Chamon, Inspecteur, avec tous les officiers, étoit placé dans le cœur, comme la veille ; il a suivy la procession placé derrière le dais et le célébrant, entre le dais et Mrs les Chanoines. Ils ont resté à la Grande Messe et tous les soldats, sous les armes, étoient en rang dans la nef. Mr l’Inspecteur est un homme très dévot.
Prise de possession de l’Evesché du Mans par Mr l’abbé Blin
26Le 27 juin 1778, Mr l’abbé Blin, chanoine et Archidiacre de Montfort, a pris possession de l’Evesché du Mans, comme procureur de Mgr de Gonssans, suivant les cérémonies ordinaires, comme on peut le voir le 13 juillet 176736. Mr l’abbé d’Olivet, nouveau Grand-Vicaire, étoit venu apporter les Bulles et Mr l’abbé Blin a donné à diner à 22 chanoines et au nouveau Grand Vicaire. Il y avoit six commissaires pour accompaigner Mr le Procureur, savoir : Mr Perrier, Archidiacre, Mr d’Andrieux, chanoine, Mr Trotté, Mr le Théologal, Mr Huet, et moy et Mr du Perrier, procureur. Après le serment, on l’a conduit à la chapelle de Notre Dame du Chevet37, où, après une courte prière et avoir baisé l’autel, il a dit une oraison à la Vierge ; on l’a conduit au Maistre Autel où il a dit pareillement une Oraison à l’honneur de St Julien le patron ; ensuitte de lautel qui est derrière où il a seulement baisé l’autel, on l’a conduit et placé dans la troisième stalle, proche le throsne, et après cela on l’a placé dans un fauteuil dans le throsne. On a chanté le Te Deum en musique, pendant toutte la cérémonie, on a sonné touttes les cloches ; après le Te Deum, Mr le Président du Cœur a dit loraison. Les Commissaires ont été prendre Mr le Procureur pour le conduire dans la chapelle de l’Evesché, ensuitte dans le sinode38 où il s’est assis dans le throsne qui y est. On est entré dans le Palais, et il s’est allé [asseoir] dans un fauteuil de la Salle ; on est allé à l’Officialité. Le tout étant finy, nous sommes rentrés par l’Eglise et traversé le cœur où tout le monde nous attendoit ; on a fait une génuflexion et une grande réverence à tout le monde, nous avons conduit Mr le Procureur chés luy, tout le monde s’est retiré et tout a été dit39 jusques au diner qui s’est bien passé. On a bu à la santé du Nouveau Prélat, de son Procureur et de son nouveau Grand Vicaire.
Mort de Mr Trouillard
27Le 29 juin 1778 Mr Trouillard, âgé de 85 ans au moins, est mort d’une indigestion, en deux jours. Mme Trouillard vit ; il y a un fils, chevalier de St Louis, marié, sans enfans.
Arrivée de Mgr de Gonssans, Evesque du Mans
28Le mardy 30 juin 1778 Mgr François-Gaspard de Gonssans est arrivé au Mans sur les six heures du soir ; comme son arrivée étoit annoncée, on a sonné touttes les cloches quand il a passé pour la ville pour aller dessendre au Séminaire où il fait sa demeure. Le mercredy matin, il est venu à son Palais Episcopal, dans la salle ordinaire, où il a reçu le Chapitre en corps, en robbe. Mr Paillé, grand Chantre, a fait un discours un peu trop long, mais bien dit et bien frappé, on a remarqué qu’il y avoit trop de choses avantageuses de Mr de Grimaldy, son prédécesseur ; mais il étoit tout naturel qu’il le fit tenant tout ce qu’il avoit de luy, il n’en pouvoit trop dire. Mr l’Evesque a répondu en peu de mots, d’une manière honneste ; nous nous sommes retirés et Mr l’Evesque, qui étoit en manteau long, violet, est venu nous reconduire jusqu’à la seconde antichambre. Tous ceux qui ont harangué notre nouvel Evesque, luy ont beaucoup parlé de notre prédécesseur.
Mr l’Evesque est venu à St Julien pour la première fois et aussi à Ivré
29Le dimanche 5 juillet 1778, Mgr l’Evesque est venu à St Julien, pour la première fois ; il s’est placé à la troisième stalle qui est la place de Mr l’Evesque quand il n’y a point de cérémonie. Il a assisté à tierce et à la station comme on les fait ordinairement tous les Dimanches ; il a donné la bénédiction Episcopale à la fin de la station ; a commencé la Messe et a donné la bénédiction à la fin de la Messe. Presque tous les chanoines ont été le chercher ; après la Messe, il est entré dans son Palais Episcopal où étoit presque toutte la paroisse d’Ivré tant à pied qu’à cheval sous les armes, le Vicaire de la paroisse à la teste, et le fils de Mr le Comte de Broc portoit le Drapeau. Mr l’Evesque est party à 11 heures, étant dans son carosse, pour aller à Yvré pour la première fois. Les personnes à pied, étant sous les armes, marchoient devant, avec les tambours ; le carosse suivoit et après venoient tous les gens à cheval. Il a diné ches Mr le Curé de la paroisse.
Premier repas que Mr l’Evesque a commencé à donner
30Le lundy 6 juillet 1778, Mr l’Evesque a commencé à régaler et donner à diner à touttes les Compaignies et autres personnes de la Ville, qui ont été le voir. Il mesle de touttes les compaignies ; il y a 20 personnes étrangères deux Mrs de la Mission où il fait sa demeure, luy et son Grand Vicaire, Mr l’abbé d’Olivet. J’étois prié de second repas le mardy.
Nouvelle supérieure des Ursulles
31Le lundy 6 juillet, Mr l’Evesque étoit au chapitre des Religieuses de Ste Ursulle, pour nommer une Supérieure en la place de Mme de Sougé, que Mr de Grimaldy, qui étoit avant Mr de Gonssans, a fait révoquer la lettre de cachet. Cette lettre avoit fait beaucoup de bruit dans le Diocèse et dans le Royaume ; les Gazettes Ecclésiastiques en ont beaucoup parlé. Les Religieuses avoient protesté contre cette nomination du Roy et avoient envoyé des Mémoires au Ministre40. C’est Mme Des Portes qui a été nommée presque d’une voix unanime et Mme de Sougé, la dernière Prieure, nommée sous-Prieure. C’est Mr l’abbé de St Simon, Oratorien, (ou du moins qui en porte encor l’habit), qui est nommé supérieur de touttes les Communautés du Diocèse.
Jour de la Ste Scolastique
32Le 11 juillet 1778, Mr l’Evesque a assisté à la procession de Ste Scolastique41 ; il a donné force bénédictions pendant toutte la marche. Mrs de St Pierre luy avoient envoyé des Députés pour le prier de faire l’office ; il avoit refusé, parce qu’il n’avoit point encore Officié à la Cathédralle, mais il promit qu’il assisteroit à leur office. Il quitta le chapitre, contre tout usage, ce qu’il ignoroit, à la rue qui est vis-à-vis St Pierre et Mrs du chapitre l’attendoient. Ce même jour, Mr Chesneau de la Drouerie, Doyen de St Pierre42…
Mort de Mr Duval, ancien bailly de Touvois
33Le 11 juillet 1778, Mr Du Val, avocat au Mans, et ancien baillif de Touvois43, est mort, âgé de 81 ans passés. Il avoit été du temps de Mr Froulay, et c’étoit son bon amy et complaisant.
Exercice de l’oratoire auquel a assisté Mr l’Evesque
34Le 14 juillet 1778, Mrs de l’Oratoire ont dédié à Mrs de St Pierre un exercice fait par la classe de cinquième dont Mrs de St Pierre sont fondateurs. Mr l’Evesque y a assisté ; il étoit placé sous un dais à la teste du chapitre, Mrs du Présidial avoient l’autre costé et Mrs de St Pierre avoient le troisième rang. Dans les programmes, ils avoient mis les mots d’Insigne Eglise de St Pierre, Collégialle et Ste Chapelle du Mans ; le chapitre avoit consulté pour ce mot « Insigne » ; comme cela ne va point contre les droits du chapitre, on n’a point fait d’opposition. On a seulement envoyé des Députés vers Mr l’Evesque44.
Nouveaux Grands Vicaires
35Le 14 juillet 1778, Mr l’Evesque a nommé pour Grands Vicaires Mr l’abbé Paillé, Chantre (il est aussi Official) ; Mr René-Marin Huet, qui avoit été nommé pendant la Vacance, Mr Fay, chanoine et Mr du Mourier chanoine, qui avoit été nommé pendant la Vacance ; Mr de St Simon est nommé Grand Vicaire et Supérieur Général des Communautés du Diocèse ; comme il n’a point de degrés, il ne peut pas être Grand Vicaire, mais il doit aller à Angers pour prendre des degrés45 ; Mr l’abbé d’Olivet, Conseiller au Parlement de Bezançon, qui est venu avec Mr l’Evesque et qui est chanoine à Bezançon.
Jour de St Vincent de Paul à la Mission46
36Le 19 juillet 1778, Mr l’Evesque, qui loge au Séminaire, y a pontifié le jour de St Vincent de Paul. C’est Mr Courte, Curé de St Jean, qui a fait le panégerique du saint.
Mort de Renée Guédon domestique à la maison
37Le 20 juillet 1778, Renée Guédon, âgée de 85 ans environ, est morte à la maison comme domestique. Elle avoit servi Mme De Forge, grand mère de Mlle Courcelle pendant plus de 40 ans ; elle luy avoit donné en mourant, 60 # de rente viagère. Après la mort de Mme de Forges, elle resta chés Mr de la Motte, mon oncle ; après mon oncle, elle vint demeurer à la maison pour la garder pendant que ma mère étoit à la campaigne ; elle y a resté pendant 15 ans. C’étoit une fille d’une vie exemplaire et très vertueuse ; elle a deux héritiers qui auront environ chacun 500 #.
Mort de Mr d’Amigny
38Mr Le Prince d’Amigny, Conseiller Honoraire est mort, âgé de 66 ans ; il ne laisse qu’une fille qui est dévotte ; Mr Le Prince est son frère et Mme de Linière sa sœur. Il est mort le 21 juillet 1768 et a été enterré à St Vincent47.
Couche de Mme de St Mars
39Le 22 juillet 1778, Mme de St Mars est accouchée d’une fille ; elle demeure chés Mme de Fondville48. Mr de St Mars fils, son mary, qui est sans contredit le plus indigne mary qu’il y ait sous le ciel, vint au Mans pour affaire, la vit un moment (c’étoit au milieu des douleurs les plus fortes), et partit en voiture pour la Sologne. Je n’en veux pas dire davantage49. Mme de Fondville a nommé l’enfant avec Mr l’abbé de Segrés, chanoine de St Pierre.
Couche de Mme de Dollon
40Le 21 juillet 1778, Mme de Dollon, qui demeure à son château de Dollon, à 5 lieues du Mans, est accouchée d’un garçon.
Jour de St Jasque où Mr l’Evesque a officié
41Le 25 juillet 1778, Mr l’Evesque du Mans a officié le jour de la Translation des Reliques de St Julien ; il est venu aux premières Vespres. Il s’habille dans la petite Sacristie du Revestiaire. Le lendemain, on est allé le chercher à l’ordinaire ; le Prélat a passé par derrière le cœur pour aller dans le Revestiaire. Il a dit la Grande Messe et a fait la procession ; il a diné chés Mr l’abbé Blin, avec beaucoup de personnes. Il y avoit du Présidial, de la Noblesse, et des chanoines. Mr Du Mourier, Grand Vicaire faisoit sous Diacre et Mr Sevié grand Pénitencier ; je portois le chef de St Julien avec Mr Bazoge.
Couche de Mme la Marquise de Flers
42Le 28 juillet 1778, Mme la marquise de Flers est accouchée heureusement d’un garçon, malgré les obstructions dont elle étoit attaquée. C’est Mr le marquis de Flers qui a envoyé sa procuration à Mr de Guibert pour le nommer avec Mme de Richemont ; Mlle de Richemont avoit épousé Mr de Flers, le 16 septembre dernier.
Dédicace à Mr l’Evesque du Mans
43Le 28 juillet 1778, Mr l’Evesque a assisté à une thèse de philosophie qui luy a été dédiée, par les nommés Héron et…
Jour de l’Assomption
44Le 15 aoust 1778, Mr l’Eveque a officié, ce qui luy arrive à touttes les festes Episcopales ; ainsi je ne les écriray plus ; il est trop dévot pour manquer touttes les fetes50. C’étoit Mr Louvel de Villarceau, Théologal, qui a preché ; il auroit aussi bien fait de s’en dispenser.
Dédicace au chapitre
45Le Mardy 18 aoust 1778, Mr le Régent de quatrième a fait éxécuter l’exercice51 qu’il avoit fait pour le chapitre en dédicace. Mr l’Evesque y étoit ; il y a eu force complimens, tant pour le Prélat que pour Chapitre, surtout une petite pastorale52 à l’occasion de Mr l’Evesque ; on dit que le tout étoit assés bien53. On dit Vespres à 2 heures et après vespres, tous les Chanoines qui voulurent aller à l’Oratoire se trouvèrent en robbe et on fut précedé du suisse et des Massiers, se placer à l’Oratoire comme les jours de fetes.
Perte du procès de Mr de Lansionniaire
46Le lundy 7 septembre 1778 on a appris au Mans, la perte du procès de Mr de Lansionniaire contre Mr Deslan son cousin ; le premier demandoit à rentrer dans une terre qui devoit luy appartenir. C’est une histoire qui seroit trop longue à écrire.
Depart de Mr l’Evesque pour ses Visites
47Le 20 septembre 1778, Mr l’Evesque est party pour commencer ses Visites Episcopales. Il a commencé par aller diner à Savigné et coucher à Beaufay ; il a fait ses Visites du grand Archidiaconné où il donna la Confirmation. Mr Du Mourier, Grand Vicaire est avec luy, Mr Dugast, Promoteur, et plusieurs autres personnes. Il est à cheval ; il n’a point voulu aller descendre chés les Seigneurs, mais toujours chés Mrs les Curés.
Mort de Mr de la Goupillière
48Le 4 octobre 1778, Mr de Dollon de la Goupillière, garçon, âgé de 72 ans, est mort chés son neveu, d’une fièvre maligne ou plutost d’un abcès dans la poitrine et un dépost dans la teste ; c’étoit d’une chutte qu’il avoit faitte à Yvré, il y a deux ans. Il a donné par testament, à Mr de la Goupillière qui demeuroit avec luy, sa maison du Mans par usufruit, plus une partie de son mobilier, c’est-à-dire tout ce qui peut luy estre nécessaire pour son petit ménage.
Mort de Mr de Maule Curé de St Pavin
49Le 22 octobre 1778, Mr de Maule, Curé de St Pavin la Cité, est mort, âgé de 73 ans ; il étoit le Doyen de Mrs les Curés. C’est Mr Maulny, Curé de la Coulture, qui est actuellement le plus ancien des Curés. Mr de Maule faisoit sa demeure dans la paroisse du Pré et, par testament, il avoit demandé à estre enterré dans le Cimetière de la paroisse ; Mrs les Curés luy ont fait faire l’Ultimatum Vale à St Pavin de la Cité dont il étoit Curé et, processionnellement le tour de la paroisse ; ensuitte, sont revenus au Pré où l’on a fait le service.
Baptesme de la cloche de Chemiré
50Le mercredy 28 octobre 1778, Mr le Marquis d’Aux, propriétaire de la terre de Vilenne, actuellement érigée en Marquisat avec Mme de Bellefille a nommé54 la grosse cloche de Chemiré dont il est seigneur55. Mr son fils, appellé Mr le Comte, âgé de quinze ans, a nommé la seconde cloche avec Mme Amyot du Bois de Maquilly56. Comme il ignoroit les usages du pays pour pareille cérémonie, il n’a pas bien fait les choses ; il a donné un bouquet, une douzaine de paires de gants à chacune des Maraines, mais point de dragées ; ce n’est point par avarice, mais faute de savoir. Mr d’Aux est un homme de 48 ans, d’un grand sang froid ; il a environ 150 mille livres de revenu. Il est veuf avec un garçon et 4 filles. Mr son père demeure à Nantes, dans un des plus beaux hôtels de la Ville.
Baptesme de la grosse cloche d’Athenay
51Le jeudy 29 octobre, j’ay nommé la grosse cloche de la paroisse d’Athenay avec Mme de Belle Fille, ma belle-sœur ; Mrs les Chanoines d’Angers, ne pouvant venir par procureur au païs, mont prié de les représenter en leur place, et ils ont marqué à Mr le Curé d’Athenay, de payer tous les frais nécessaires en pareille cérémonie57. Je ne leur ay fait payer que ce qui étoit indispensable, savoir : 25 # au fondeur ; 9 # pour jeter à la porte de l’Eglise et 6 # pour le sacriste. Je nay pas voulu quon me tint compte des 12 livres de dragées que j’avois fait venir de Paris, ainsi que des fleurs d’Italie que j’avois fait venir pareillement de Paris pour Mme de Bellefille et pour ses quatre demoiselles, plus 6 paires de gans à la maraine et deux à chacun de ses quatre enfans, il y a encore eu un ornement que j’ay fait faire à la Visitation, qui m’a cousté 52 #. Mme de Bellefille avoit donné une robbe qu’elle avoit fait dégresser à Paris ; j’ay fait mettre à l’ornement une croix de Damas à fleurs cramoisy58. C’est Mr le Curé de Souligné sous Vallon, Doyen Rural, qui a fait la cérémonie.
Vendanges
52Le 19 et le 21 octobre 1778, on a vendangé les petits et les grands Clos aux environs de la Ville ; on a eu gènéralement quart au quartier gènéralement, et le vin sera bon malgré les pluies qui continuent depuis trois semaines. Depuis ce temps59 le temps continue d’estre si mauvais que l’on a pas encor pu semer dans les campaignes et surtout dans les terres basses et fortes60. Comme nous avions été très longtemps sans avoir d’eau ; actuellement nous en avons beaucoup trop.
Arrivée de Mr l’Evesque
53Mr l’Evesque est arrivé le 17 novembre 1778, du cours de ses visites pour cette année. Il a fait tout le grand Archidiaconné, et a donné la confirmation dans touttes les grandes paroisses ; auparavant il disoit toujours la Messe, même les grandes Messes, sans cérémonie. Il a prouvé par ce voyage qu’il a beaucoup de zesle, car il a eu pendant plus d’un mois, un très mauvais temps et des chemins affreux. Il est revenu en bonne santé, le 17 novembre 1778.
Mr Bonet, installé au cœur
54Le 21 novembre 1778, Monsieur Bonet, secretaire et Aumosnier de Mr l’Evesque, a été installé dans le cœur du costé droit, comme je suis le plus ancien dans ce moment, c’est moy qui l’ay installé.
La Messe de la rentrée du Palais ditte par Mgr l’Evesque
55Le 24 novembre 1778 Mr l’Evesque a assisté à la harangue le jour de la rentrée du Palais ; c’est luy qui a dit la grande Messe dans la chapelle dudit Palais. Mr l’abbé Blin, Archidiacre de Montfort, a fait Diacre et moy sous-Diacre. C’est Mr de Létang, Avocat du Roy, qui a prononcé la harangue, et Mr de la Rozelle a fait aussi un discours ; ces Mrs ont fait un compliment chacun à Mr l’Evesque. Pendant la harangue, on n’avoit placé trois fauteuils pour Mr l’Evesque et pour nous, au-dessus du banc des Conseillers. En arrivant dans le carosse de Mr l’Evesque, il est venu dans la Cour du Palais, deux Conseillers en robbe rouge ; au haut de l’Escalier, il y avoit quatre autres Conseillers anciens qui sont venus recevoir Mr l’Evesque et luy conduire dans la chambre du Conseil. Après un petit moment, ces mêmes Messieurs ont conduit Mr l’Evesque dans la salle d’audiance, dans son fauteuil. Tous ces Messieurs ont pris leur place, et on a commencé les discours, après lesquels Mr l’Evesque est rentré dans la salle du Conseil pour un petit moment en attendant que la Chapelle fut preparée. On a conduit Mr l’Evesque dans la chapelle où il y avoit un throsne de tendu avec un fauteuil pour luy et ses Diacres61. Après que le Prélat a été habillé62, il a commencé le Veni Creator, dit l’Oraison du St Esprit, après quoy on a commencé la Messe ; c’étoit le tour des Cordeliers pour cette année. Après la Messe Mr Blin et moy, nous avons conduit Mr l’Evesque chés luy ; ces Mrs du Présidial avoient un grand diner qui a commencé à deux heures où étoit Mr Pasquier fils qui, cette année, doit monter à la Grande Chambre ; le neveu de Mr l’Evesque y étoit. Il est Lieutenant dans le Régiment du Roy ; il n’a que 16 ans.
Prédicateur de l’Avent
56C’est un Récollet qui presche l’Avent ; on l’appelle le Père Anselme ; comme c’est un bel homme, on l’appelle le Père Magnifique. Il avoit presché au Mans, le Caresme 176863.
Mr Touchard, Curé de Voutré
57Mr Touchard, prestre et chapelain de l’Hotel Dieu a été nommé dans le mois de novembre 1778 à la Cure de Voutré, près Evron et Sillé ; elle peut valoir environ 1 800 #64. Il y a longtemps qu’il travailloit ; il a été mon précepteur, il doit avoir environ 55 ans.
Mr de St Simon a remis ses lettres de Grand-Vicaire
58Le 5 ou le 6 décembre 1778, Mr l’abbé de St Simon, qui avoit été nommé Grand Vicaire et Supérieur Général des Communautés a remis ses Lettres de Grand Vicaire, ou a remercié Mr l’Evesque pour des raisons qu’il seroit trop long de dire65. Tout le monde qui les connoissent, a aprouvé Mr de St Simon ; notre Prélat n’a de confiance en personne, et veut tout voir et faire par luy-même, mais il n’a pas assés de connoissance pour cela.
Mort de Mme de Neveu
59Le 7 décembre 1778, Mme de Neveu est morte comme subitement, d’une indigestion, étant la suitte d’une fièvre maligne ; elle avoit encor 55 ans. Elle n’a qu’une fille qui est mariée dans le Perche ; elle étoit autrefois très jolie. Elle étoit sœur de Mr de St Cosme ; Mr de Neveu vit au Mans66.
Couche de la Reine
60La Reine est accouchée le sammedy 19 décembre 1778, à 11 heures et demie du matin, d’une Princesse que l’on appellera Mme Royalle67.
Mort de Mme de Martigny
61Le 31 décembre 1778, Mlle Samson de Martigny est morte, âgée de 79 ans ; elle avoit toujours été brouillée avec sa famille. Mr le Curé du Grand St Pierre a tout remy68 et elle a mesme changé son testament par lequel elle repare tous les torts qu’elle avoit fait à ses héritiers ; elle avoit donné la plus grande partie de son bien à fonds perdu. C’est Mr de Lorchère qui hérite du mobilier, du costé paternel et Mme d’Haudeville de l’autre moitié du costé maternel. Elle a été enterrée au grand Cimetière ; il y avoit beaucoup de cire69.
L’année 1779
Te Deum pour l’accouchement de la Reine
62Le trois janvier 1779, on a chanté le Te Deum pour l’accouchement de la Reine qui, en nous donnant une Princesse, nous fait espérer un Dauphin70. On a annoncé la veille, par le son de touttes les cloches, depuis six heures jusqu’à sept heures, joint à une décharge des boëtes71 de la Ville. Le Dimanche après Vespres, les Compaignies, suivant la coutume, étant assemblées, on a chanté le Te Deum en musique ; il y avoit de la symphonie72. Mr l’Intendant73 avoit demandé à Mr l’Evesque le jour qu’il feroit chanter le Te Deum, pour s’y trouver le jour convenu pour le dimanche 3. La maladie de Mme l’Intendante l’a empesché de venir au Mans ; s’il étoit venu, il devoit se trouver à la teste du Présidial en habit de Maistre des Requestes. Il étoit convenu au Chapitre, qu’on luy donneroit un careau, et que deux Chanoines iroient le recevoir à la porte, le conduire à sa place, et après le Te Deum, le conduire à la porte de l’Eglise et le remercier ; mais la maladie de Mme l’Intendante a dérangé ses projets.
Départ de Mr l’Evesque pour Paris
63Le 7 janvier 1779, Mr l’Evesque du Mans est party pour Paris, pour terminer ses affaires, sans doute de réparations de Gappe74 plutost que pour son plaisir ou pour faire sa cour, car il n’est pas Courtisan ; il ne doit pas estre longtemps. En arrivant au Mans, il ira dessendre à son Palais Episcopal et il quittera le Séminaire.
Mort de Mr Hemery, Curé de St Nicolas
64Le 9 janvier 1779, Mr Hemery, Curé de St Nicolas, est mort subitement. La veille, il avoit été faire des visites dans la paroisse, il se coucha bien portant ; le lendemain, son domestique voyant qu’il ne se levoit point sur les 9 heures, entra dans sa chambre et le trouva mort. Il avoit été nommé à cette Cure à la fin de décembre 1772 ; il avoit été nommé Député du Clergé au mois d’Aoust dernier. Il pouvoit avoir environ 66 ans75. C’est Mr Binet qui le remplace.
Couche de Mme de Broc
65Le 11 janvier 1779, Mme la marquise de Broc est accouchée d’un garçon, lequel a été nommé par procureurs Charles-Gaspard ; il a été baptisé à St Benoist. La contestation entre Mrs les Curés n’est pas encor terminée ; il est probable que la maison de Mr le comte de Broc va estre de la paroisse [de la Couture] parce que Mr de Broc a fait murer une porte cochère qu’il avoit dans la rue des Poules et qu’actuellement la principale entrée devient de la paroisse de la Coulture76. Mr de Broc étoit marié à Paris, le 8 avril 1778, elle donne un enfans au bout des 9 mois77.
Prise de possession de la Cure de St Nicolas
66Le jeudy 4 février 1779, Mr Binet a pris possession de la Cure de St Nicolas qui luy a été présentée par Mr l’Evesque comme Procureur de Mr l’abbé de la Coulture ; c’est Mr le Doyen qui l’as mis en possession, comme Doyen et Archidiacre. Mr Binet est un homme de beaucoup de mérite âgé d’environ 37 ans ; il étoit chaplain au château des Bordeaux78. Il est infirme, attaqué de la goutte et a la poitrine délicatte. La Cure de St Nicolas vaut 1 500 # et loge. Mr le Curé a dit la première grande Messe le dimanche 7 février 1779.
67Dans la même semaine de la mort du Curé de St Nicolas, Mr Prudhomme, qui étoit Vicaire de la paroisse, a été nommé à la Cure de Juillé près Beaumont, à la nomination de la communauté de St Vincent. C’est le plus joly bénéfice Cure de la Province : il vaut au moins 4 000 # de revenu. Mr Prudhomme est le neveu du dépositaire général de l’Ordre de St Benoist. C’est un jeune homme qui étoit à Paris et que Mr l’Evesque a placé à St Nicolas79.
Mort de Mr de Gémarcé Elu80
68Le 7 février 1779, Mr Boutier de Gémarcé, Elu, est mort âgé d’environ 80 ans ; il étoit le plus ancien des Élus et jumeau de Mr de Gémarcé le Chanoine. Il demeuroit à St Nicolas et a été enterré au grand Cimetière.
Mort de Mr l’abbé Puch
69Le 10 février 1779, Mr l’abbé Puch, ancien grand Vicaire du Mans, ancien chanoine d’Angers, est mort à St Charles81 où il demeuroit du temps de Mgr Grimaldy, Evesque du Mans, âgé d’environ 50 ans, d’une maladie de poitrine. Il a été enterré au grand Cimetière.
Départ de mon frère pour Paris
70Le 11 février 1779, on a appris les mauvaises affaires de Monsieur Prévost ; mon frère y est pour plus de cent vingt mille livres. Il est allé à Paris avec Mme Le Bon et Mr de Charantais qui y sont pareillement pour plus grosses sommes. Il est probable que les créanciers, surtout par billets82, n’auront rien.
Mort de Mr de Dollon de la Goupillière
71Mr le marquis de Dollon qui avoit épousé une Demoiselle de Falaise où il étoit allé avec sa femme chés Mr son beau-père, il y est tombé malade et au bout de 10 jours il est mort âgé d’environ 40 ans. Il laisse un enfans mâle.
Arrivée de Mr l’Evesque
72Mr l’Evesque du Mans est arrivé à son Palais Episcopal où il va demeurer à présent, le 21 février 177983.
Retraitte de Mr de Montbrais
73Le… février 1779, Mr de Montbrais, Capitaine de Grenadiers dans le Régiment de la Reine Infanterie, a eu sa retraitte avec 1 000 # de pension en appointement.
Prédicateur du Caresme
74C’est un Récolet qui presche le Caresme ; il avoit déjà presché au Mans. Il s’appelle le Père Anselme, gardien à la Flesche84 ; c’est un très bel homme aussi l’appelle-t-on le Père Magnifique. Son frère a presché l’Avent dernier ; il est aussi très bel homme et aussi Récolet85. Celuy qui presche le Caresme est bon prédicateur.
Grande Messe dite à St Benoist
75Mr l’Evesque a dit la grande Messe le dimanche 28 février 1779, à St Benoist pour la cérémonie de la bénédiction de l’autel de la paroisse. Mr le Curé a fait beaucoup de depenses à son Eglise ; il l’a fait blanchir, réparer et mis des bancs tous égaux. Plusieurs habitans de la paroisse et pas un homme comme il faut, pas même marchand, n’étoit à la teste de cette troupe, ont été le chercher à son Palais et l’ont ramené ; il a été de même pour Vespres. Le Prélat aime beaucoup ces misères, pour un homme en place86.
Prise de possession de la Cure de St Nicolas
76Le 27 février 1779 Mr Hureau, qui étoit Principal du Collège de Courdemanche, a pris possession de la Cure de St Nicolas vacante par la démission de Mr Binet qui en avoit pris possession le 4 février dernier. Ce Mr Binet, qui est un homme délicat, est nommé par Mr l’Evesque à la Cure de Chantrigny87 qui est très bonne et le rapproche de son pays. Le vicaire de Chantrigny est nommé à la Cure de Saint-Denis d’Orques. C’est Mr Le Doyen, comme Archidiacre de la Ville et Quinte qui a mis ces Mrs Curés en possession.
Prise de possession de la Cure de Ste Croix
77Le 7 mars 1779, Mr Herpell88, qui étoit professeur de Rhétorique à Nantes, a pris possession de la Cure de Ste Croix89, près la Coulture, par la résignation de Mr Launay. Il a dit la Grande Messe, le dimanche 7 mars ; tous les habitans luy ont fait beaucoup d’honneurs. L’ancien Curé, qui est très vieux, regrette bien de l’avoir résignée.
Mort de Mr Fagué ch[anoi]ne de St Pierre
78Le 18 mars 1779, Mr Fagué chanoine de St Pierre, est mort, agé de plus de 70 ans ; il a été enterré au Grand Cimetière derrière la Chapelle. Il avoit une nomination à St Julien, dont il ne faisoit point usage ; Mr Huet, Grand Vicaire, l’a donnée à l’ancien Curé de Conlie qui, après avoir résigné à Mr Chevreuil, s’est retiré au Mans.
Nouveau Grand Vicaire
79Mr l’abbé Dugage, grand-Vicaire du Mans, est arrivé dans cette ville et il loge au Séminaire ; il est très petit90. On dit qu’il a de l’esprit et qu’il est protégé de Mr l’Evesque d’Autun qui a la feuille des bénéfices91.
Exécution
80Le 26 mars 1779 il a été pendu deux hommes ; ils ont eu la question ordinaire et extraordinaire pour leur faire avouer leurs complices92.
Mort de Mme de Moloré
81Le 27 mars 1779, Mme de Moloré est morte âgée d’environ 87 ans ; elle laisse pour enfans Mme De Hais ; elle a été enterrée au grand Cimetière ; elle demeuroit dans la rue de la Coulture, chés Mme sa fille93.
Jeudy Saint
82Mr l’Evesque a fait les Saintes huilles pour Angers et Seez, et l’ordination le sammedy Saint pour Séez. Le jour de Pasque, il a dit la grande Messe ; j’étois Diacre.
Mort de Mme de la Borde
83Le 5 avril 1779, Mme de la Borde est morte âgée d’environ 72 ans ; elle laisse 4 enfans dont deux garçons. L’ainé est un très mauvais sujet ; le cadet a une compaignie dans le Régiment du Mans. L’ainée des filles a épousé Mr Ameslon davec qui elle est séparée ; elle a eu deux enfans qui sont morts ; il veut que sa femme demeure en couvent. La cadette est à la Houltière94 comme fille ; il n’y a pas beaucoup de bien dans cette maison.
Couche de Mme Lefeubre
84Mme Le Febvre est accouchée d’une fille vers le 20 de mars 1779 ; elle n’avoit point de fille.
Couche de Mme Moinerie
85Le 12 avril 1779, Mme Moinerie est accouchée d’une fille.
86[note] L’enfant est mort au bout de 9 mois.
Visites de Mr l’Evesque
87Le 2 may 1779, Mr l’Evesque est party pour faire ses visites épiscopales et donner la confirmation, avec Mr Du Mourier et Mr Dugast. Il a commencé par la Chapelle St Fray, Vernie, etc. Il doit estre deux mois.
Mort de Mr du Tiger
88Le 8 may 1779 Mr du Tiger du Léard, ancien Avocat du Roy, est mort subitement à la maison de campaigne de Mrs de Beaulieu95. Il vint une pluye d’orage qui tomboit très forte, il voulut haster le pas pour se mettre à couvert ; en entrant dans la maison, il tomba sans connoissance. Comme il n’y avoit qu’une femme vieille et sourde, elle ne put luy donner aucun secours ; il expira. Il vint des Mrs de Beaulieu pour luy donner du secours ; il n’étoit plus temps. On l’emporta dans la Communauté de Beaulieu et il a été enterré le lundy matin dans le cimetière de la Magdeleine, quoiqu’il fut de la paroisse du Crucifix. Il laisse une femme et trois demoiselles, la dernière est encor mineure ; il y avoit un garçon qui, heureusement est mort à la Cayenne, car c’étoit un très mauvais sujet. Il y a beaucoup de dettes dans cette maison et peu de revenu ; il étoit âgé d’environ 66 ans.
Mort de Mr Gourcy chantre musicien
89Le 11 may 1779, Mr Gourcy, cler et Musicien de St Julien, est mort âgé d’environ 75 ans96. C’étoit un garçon qui n’a jamais vu et fréquenté que bonne compaignie ; il étoit aimé de tous Mrs les Chanoines97.
Procès de Mr l’abbé Vielle et de Mr Fournier, notaire
90Le 20 ou le 21 may, le procès au criminel de Mr l’abbé Vielle et de Mr Fournier, Notaire à Bonnétable, a été jugé au Mans ; le notaire a été condamné à être pendu, le poing coupé et à faire amende honorable98. Mr l’abbé Vielle condamné aux galères perpétuelles, à faire amende honorable et à assister le Notaire à la potence. Ces deux hommes sont protégés par Mme la Comtesse de Sourches ; l’un étoit son Aumônier l’autre son Notaire. On croit, et cela est probable, que, par la connoissance de cette Dame, on poura commuer la peine en une prison perpétuelle ; ils ont rapellé à Paris de la sentence du Mans99.
Maladie de Mr de Lorchère
91Mr de Lorchère a eu la petite vérolle, à la fin de may, dont il a été bien malade et sera bien marqué.
Mort de Mr de Lorchère
92Il est mort le 7 juin 1779 âgé de 33 ans, qu’il auroit eu au mois d’Aoust prochain ; il laisse Mr le chevalier de Lorchère son frère qui devient lainé. Mme de Lorchère hérite du mobilier de son fils ; il est considérable.
93[note] Mr de Lorchère est mort âgé de 33 ans ; il laisse trois sœurs et un frère, Lieutenant dans le Régiment Penthièvre Infanterie ; il va bientost venir prendre possession de la Groierie100. La charge de Lieutenant Général qui appartient aux enfans sera bientost vendue.
Couche de Mme Martigné
94Mme de Martigné, ma voisine, femme du secretaire Notaire, qui est mariée il y a un an environ, est accouchée d’un garçon baptisé à la Coulture et nommé par Mr Martigné le père.
Mort de Mme Courcelle
95Le 28 may 1779, Mme Courcelle, âgée de 84 ans, est morte à Tennie ; j’étois muny de la procuration de Mr et Mlle Courcelle qui demeurent à Paris. Il y a deux enfans qui demeurent à Tennie dont un fermier demeurant à Montafrais et une fille qui avoit épousé, malgré sa famille, Mr Bonnay Notaire à Tennie. Touttes dettes acquittées, ils pourront encor avoir chacun 12 000 #.
Couche de Mme de Bellefille
96Le 2 juillet 1779, Mme de Bellefille est accouchée d’une fille qui a été baptisée à la paroisse d’Athenay, doù est Belle-fille101. Elle a été nommée par Henry Nepveu son frère, âgé de trois ans et par Mlle Tourette sa sœur, âgée de 9 ans. Mme de Bellefille a huit enfans, dont cinq filles et trois garçons.
Couche de Mme du Rancher
97Le 3 juillet 1779, Mme du Rancher est accouchée d’une fille ; c’est aussi pour la cinquième fille et deux garçons tous vivans102.
Couche de Mme Duchemin de Boisjousse
98Mme Duchemin de Boisjousse est accouchée d’une fille à la fin du mois de juin ; elle demeuroit près l’Hopital, paroisse de la Coulture. C’est une demoiselle Le Baron qui a épousé Mr Du Chemin Conseiller au Présidial de cette ville ; elle est mariée du 17 février 1778.
Mlle Lambert a eu la petite vérolle
99Les premiers jours de juillet 1779, Mlle Lambert la Touche la cadette ; a eu la petite vérolle. Elle en a été bien malade et elle sera bien marquée ; elle a 27 ans.
Retour de Mr l’Evesque
100Mr l’Evesque du Mans est arrivé au Mans le 13 juillet, de ses visites pastorales. Il étoit party pour ses Visites le 2 may dernier.
Service pour le Général de l’Oratoire
101Le 27 juillet 1779, Mrs de l’Oratoire ont fait un service solennel pour leur Général appellé Mr Muly auquel a assisté Mr l’Evesque. Il y a eu après le service un grand diner de 59 couverts ; il y avoit des membres de touttes les Compaignies.
Dédicace d’une thèse
102Le 9 aoust 1779, on a dédié une Thèse à Mr l’Evesque, à laquelle il a assisté.
Couche de Mme le Boindre
103Le 7 aoust 1779, Mme Le Boindre est accouchée d’un garçon qui a été nommé par Mme de Launay sa mère et Mr Le Boindre de Marsilly qui l’ont nommé François-Charles, dans la paroisse de la Coulture parce qu’il demeure au Greffier103.
104[note] La sœur ainée de Mme Le Boindre a eu la petite vérolle dans le même temps. L’enfant est mort.
Couche de Mme de Savonnière
105Le 20 aoust 1779, Mme de Savonnière est accouchée d’un garçon dans la paroisse de St Nicolas ; c’est son premier garçon, elle a deux demoiselles.
106[note] L’enfant est mort le 1er septembre 1779.
Mort de Mme de la Chaume
107Mme de la Chaume, Abbesse de la Perrigne, est morte âgée d’environ 72 ou 71 ans104.
Couche de Mme de la Borde
108Mme de la Borde ou Mme de la Bobannière, femme du Lieutenant particulier des Eaux et Forests du Château du Loir est accouchée heureusement d’un garçon. En son nom de fille c’étoit une Demoiselle de la Moustière.
Mort de Mr Suarez
109Le 3 octobre 1779, Mr de Suarés est mort, âgé d’environ 69 ans ; c’étoit un homme qui étoit aimé et considéré de toute la ville. Il étoit Américain105 ; il avoit tout son bien en partie en rente viagère. Il avoit été sénéchal à Brest où il avoit été aimé du corps de la Marine et de la Finance. Il avoit épousé une petite femme de rien dont il avoit fait la fortune, elle a de l’esprit mais bien laide. Il demeuroit au Mans sur les petits-fossés, dans une maison de Mr Nepveu, qu’il avoit prise à vie.
Te Deum
110Le 26 septembre 1779, on a chanté un Te Deum pour la prise des Isles de Grenades et St Vincent qui appartiennent aux Anglais106.
Mort de Mr Daudeville
111Mr Daudeville ancien Brigadier des Gardes du Corps, et retiré depuis environ 20 ans, est mort âgé d’environ 65 ans, à sa terre du Menil, paroisse de Savigné. Il laisse une femme et deux enfans qui étoient dans les Mousquetaires lors de leur suppression de ce corps107. Le père avoit achetté une Charge de Secrétaire du Roy ; il avoit épousé une Demoiselle Du Périer dont la fortune étoit à St Domingue et quil a retiré et placé dans la terre du Mesnil et de Moiterie, en la paroisse de Savigné108.
112[note] Mr Daudeville n’est pas mort.
Mlle Courcelle demeure à Bellechasse à Paris
113Le 25 octobre 1779, Mlle Courcelle m’a appris qu’elle étoit à l’Abbaye de Belle Chasse rue St Dominique, faubourg St Germain à Paris auprès de Mme la Marquise de Crillon, enfans unique, agée de 7 ans, qui est de grande maison et très riche. Elle est pour présider à l’éducation de la jeune personne et ne la quittera pas d’un moment ; elle a… d’appointement et des présents. Il est probable qu’elle restera avec cette demoiselle jusqu’à ce qu’elle soit mariée109.
Mariage de Mlles Garnier
114Le 19 octobre 1779, Mlles Garnier sont mariées. L’ainée âgée d’environ 20 ans au plus, a épousé Mr Duhail fils, dont le père est négociant ; il demeurera au Mans en société avec son père. La cadette âgée d’environ 18 ans, a épousé Mr Dubourg le fils, dont le père est apothicaire et Epicier en gros ; c’est [lui] qui a achetté le Tronchet et il a bien du bien dans la paroisse de Pruillé110 ; il tiendra la boutique de société avec son père. Ce Mr Dubourg a plusieurs enfans ; l’ainée a épousé Mr Cordelet. Mr Garnier est Négotiant, demeurant au Mans paroisse de St Nicolas, il ne peut avoir que 45 ans. Les deux mariages ont été faits le même jour dans l’Eglise de St Nicolas et les quatre mariés ne font en total que 84 ans111.
Mort du Curé de St Hilaire
115Le 23 octobre 1779 Mr Paquier, curé de St Hilaire, âgé d’environ 52 ans, est mort d’une indigestion ; c’étoit un homme d’esprit et considéré dans la ville et parmi Mrs les Curés. Il ne pouvoit y avoir qu’environ six ou sept ans qu’il fut Curé ; c’est le chapitre et un… qui présente la Cure alternativement. C’est le tour du chapitre et la Cure a été présentée par Mr Henry chanoine. C’est un mois gradué.
Couche de Mme de Rischebourg
116Le 27 octobre 1779, Mme de Rischebourg est accouchée d’un garçon, son mary est Contrôleur au Grenier à Sel ; elle demeure dans la paroisse de St Nicolas. Elle a déjà plusieurs filles et elle est jeune. Mr de Rischbourg est fils de Mme Besnard.
Mort de Mme des Granges
117Mme Desgranges est morte âgée d’environ 55 ans ; elle faisoit le commerce d’étamines112. Elle laisse un mary qui faute d’esprit sera obligé de quitter le commerce ; Mr Desgranges a une place ou charge à l’Hotel de Ville. Elle laisse un fils qui est imbécile ; il y a une Demoiselle qui a épousé, il y a quelques années, Mr Léon fils, Avocat du Roy. Il y a du bien dans cette maison. Mme Desgranges est morte le 11 novembre 1779.
Mort de Mr de Coudereau
118Mr de Coudereau, âgé de 84 ans, est mort a sa terre de Coudereau, paroisse de Brette113 ; depuis plusieurs années, il étoit en enfance. Il a deux Demoiselles dont une a 15 ans. Il est mort le 13 novembre 1779.
Mort de Mr de Langotière
119Le 24 novembre 1779, Mr de Langotière est mort âgé d’environ 65 ans ; il étoit ancien Exempt des Gardes du Corps. Il laisse une femme qui, depuis longtemps ne vivoit plus avec luy, elle demeuroit à Paris. Il avoit avec luy une grande Demoiselle, plus un jeune Ecclésiastique qui est chanoine de St Pierre et actuellement au petit Séminaire d’Angers. Il avoit 2 000 # de pension qui étoit le meilleur de sa fortune qui étoit médiocre ; sa mère vit encor, elle a 99 ans.
Prédicateur de l’Avent
120C’est un Capucin très médiocre qui a presché l’Avent ; c’est le Père Jolais, Manceau.
Partage de la succession de Mme Courcelle
121Le 1er décembre 1779, j’ay arresté comme procureur de Mr et Mlle Courcelle qui demeurent à Paris, les partages des biens laissés par Mme Courcelle leur mère114. La succession monte encor à au moins 50 000 #.
Arrivée du Régiment de Monsieur
122Le 3 décembre 1779, le Régiment de Monsieur frère du Roy Dragons Cavalerie, est arrivé au Mans, en garnison pour passer l’hiver. Mr de Cromeau, Intendant de Monsieur, ayant écrit à Mrs de l’Hotel de Ville pour les engager à bien recevoir le régiment de Monsieur dont Mr le marquis de la Chastre est Colonel, Mrs de l’Hotel-de-Ville pour y répondre, ont donné un grand diner à tous les officiers qui étoient au nombre de 17 officiers en total. Ils avoient envoyé des Députés de chaque Compaignie, tant ecclésiastiques que séculières ; pour le Chapitre, c’étoit Mr le Doyen et Mr l’abbé Blin ; pour le Présidial, Mr de la Rozelle et Mr Darcy. On s’est mis à table à 3 heures ; c’étoit un vendredy ; on a servy gras et maigre ; pour cette raison Mr l’Evesque avoit remercié. L’Hotel de Ville, pour rendre la feste plus complette, a donné à diner à tous les soldats ; il y en avoit aux Jacobins, aux Cordeliers et à l’Oratoire115. On a tiré les boëtes de la ville quand ils ont arrivé, en se mettant à table, quand ils ont bu à la santé du Roy, de Monsieur, du Régiment et de la Ville. Le tout s’est passé dans le plus grand ordre, même au diner des dragons ; il y en a eu cependant plusieurs qui étoient ivres et qui ont fait le carillon toutte la nuit116. Tout le détail est dans la Gazette du Mans, avec une chanson117.
Passage d’un Régiment
123Le 5 décembre 1779, le Régiment Royal-Marine Infanterie a passé par Le Mans, pour aller à Tours ; ils y ont eu le séjour.
Prise de possession et bénédiction de l’Abbesse de la Perrigne
124Le 12 décembre 1779, Madame de Montagnac, Religieuse au Pré, est allée à la Perrigne pour y prendre possession de la ditte Abbaye118. C’est Mr Paillé, official, qui l’a fait prendre possession ; le lundy Mr l’Evesque est allé pour faire bénir Mme l’Abbesse.
L’année 1780
Mariage de Mr de St Mars
125Le 29 janvier 1780, Mr de St Mars, frère de Mme de Fondville, a épousé une fille qu’il avoit chés luy, depuis plusieurs années119. Il l’avoit amenée de sa terre de Tremblevif en Sologne120, où elle gardoit les moutons ; il en avoit eu un enfans qui a environ deux ans, qu’il a fait baptiser en son nom ; c’est une fille qu’il a reconnue par son contrat de mariage. Il s’est marié, parce qu’il est fasché contre son fils et sa bru qui a encor plus de tort121. Mr l’Evesque n’a point voulu accorder de dispenses122 ; Mr et Mme de Fondville luy ont écrit pour en empescher et ils sont brouillés à jamais. Cette fille peut avoir environ 30 ans ; elle n’est point jolie et n’a point d’esprit123.
Mariage de Mr de Montbrais
126Le 8 février, Mr de Guilmeaux de Montbrais a épousé Mlle Richer de Monthéard, l’ainée, âgée de 28 ans, riche de plus de cinquante mille livres, fille de condition124. Elle a deux sœurs qui ne sont point encor mariées et deux frères au service, et l’ainé est riche et a épousé une Demoiselle de la Ferté-Bernard où il demeure125. Mr de Montbrais, âgé de 52 ans, est retiré, chevallier de St Louis, Capitaine de Grenadiers dans le Régiment de la Reine-Infanterie, avec 1 000 # de pension. Il a une sœur âgée de 40 ans, infirme au point de ne pouvoir se servir d’aucun membre ; il y a dans cette maison, plus de cent cinquante mille livres de bien en fond.
Prédicateur du Caresme
127C’est un Chanoine de Dol qui presche le Caresme ; il est bon et très bon. Comme c’est un chanoine, il a été régalé par la plus grande partie des chanoines. Je luy ay donné à diner avec 16 chanoines le 19 février 1780.
Couche de Mme Toussaint
128Mme de Toussaint Bellemare, qui demeure au petit Montpertuis, paroisse de Ste Croix, est accouchée d’un garçon. Elle a une grande fille, âgée de 13 ou 14 ans et une à St Cyr.
Pary avec Mme Guesrie
129Le 20 février 1780, j’ay fait avec Mme Guesrie Dame de Dehault près la Ferté-Bernard126, le pary suivant ; savoir : Mme Guesrie a parié 24 # que Mme de St Mars nouvelle belle-sœur de Mme de Fondville (voir l’article du mariage au haut de la page127) viendroit chés Mme de Fondville avant trois ans à partir de ce jour, et en outre que Mme de Fondville la recevroit et luy donneroit à manger. Moy, au contraire, je parie que jamais Mme de Fondville ne la verra, ny ne luy donnera à manger. Si dans trois ans Mme de St Mars n’est point allé chés Mme de Fondville, je gangne le pary ; si au contraire, Mme de Fondville a vu et reçu chés elle sa nouvelle belle-sœur, je perds 24 #. Le pary s’est fait chés Mr Fay en présence de témoins : Mr l’abbé de Vildon, Mr du Vauguion, Mr Lalande et Mr Chaubry. Il y avoit aussi un Officier de Dragons, parent de Mr l’abbé de Vildon.
Mort de Mr d’Aux
130Mr le Marquis d’Aux, père de Mr d’Aux propriétaire de Vilaine près Chemiré, est mort à Nantes, âgé d’environ 78 ans128.
Exécution
131Il y a eu un homme de pendu, le 25 février 1780.
Mariage du sieur Besnard dit la Jeunesse
132Le 2 mars 1780, le sieur Besnard, dit la Jeunesse, homme de confiance de mon frère à Bellefille, a épousé une fille de 28 ans, qui se nomme Le Chartier, de la paroisse de Chemiré. C’est un garçon bien à son aise, et qui a amassé par son commerce qu’il fait depuis longtemps ; il étoit domestique de feu mon oncle de la Motte.
Mort de Mme Nepveu ma tante
133Le 5 mars 1780 Mme Nepveu, ma tante, est morte âgée d’environ 85 ans ; elle étoit de la paroisse du grand St Pierre. Elle a été enterrée au grand Cimetière près la chapelle, au bas du costé du cimetière ou du costé gauche. Elle laisse un fils âgé de 62 ans, qui est marié et n’a point d’enfans.
Exécution
134Le 17 mars 1780, il a été roué un homme pour assassinat commis dans la forest de la Bazoge près Chemeré le Roy, du costé de Laval.
Député du Clergé et un autre pour Tours
135Le 18 mars 1780, il y a eu une assemblée du clergé pour nommer un Député à la chambre Ecclésiastique au lieu et place de Mr Hemery, Curé de St Nicolas, et pour nommer un Député de second ordre pour se trouver à l’Assemblée Généralle, à Tours, dans le mois d’Avril prochain. Pour Député, on a nommé Mr de la Boussinière, Curé du Crucifix, et pour le Député à Tours, pour aller avec Mr l’Evesque, on a nommé Mr du Mourier, Grand-Vicaire.
Mort de Mme de Coudereau
136Le 11 avril 1780, Mme de Coudereau, veuve de Mr de Coudereau mort le 13 novembre 1779, est morte âgée de 44 ans, d’un abcés dans la teste. Elle laisse deux Demoiselles, dont l’ainée a 17 ans et la cadette 16 ans ; elles sont émancipées. C’est Mr Petitjean oncle, qui est Curateur honoraire et Mr Des Ardilly pour la seconde. L’ainée aura une très jolie terre appellée Coudereau, paroisse de Brette ; la maison où elle est morte est de la succession du père. La mère n’étoit pas bien riche ; cependant, ces demoiselles pourront avoir du bien de ce costé là par les successions de Mr des Hayes.
Retraitte de Mrs les Curés du Diocèse
137Le 12 avril 1780, la retraite de Mrs les Curés a commencé ; Mr l’Evesque a dit deux petits mots. On a commencé la retraite par un salut et le Veni Creator ; Mr l’Evesque a donné la bénédiction. Mr le supérieur du séminaire a fait un discours qui n’a pas été trouvé bon. Tous les jours il y a conférences : il y a 67 ou 70 Curés au plus. Mr l’Evesque avoit envoyé a tous Mrs les Curés un mandement ou Lettre Pastorale, et aux Curés qu’il vouloit avoir, une lettre pour les engager a venir. Il y en avoit de tous les Cantons du Diocèse, ne pouvant les avoir tous ensemble. Il leur en a cousté 12 # pour 9 jours ; ils sont assés bien. L’année prochaine ils continueront.
Mr de Savonnières nommé Colonel en second au Régiment de Monsieur
138Le 28 avril 1780, on a appris la nouvelle que Mr le marquis de Savonnières, chevallier de St Louis et major dans le Régiment de… Infanterie, étoit nommé Colonel en second dans le Régiment de Monsieur, frère du Roy Dragons, qui est actuellement en garnison au Mans. Mr de Savonnières est très amy avec Mr le marquis de la Chastre ou Mr de Nancré, premier Ecuyer de monsieur, et Colonel dudit Régiment.
Lettre du Ministre Mr le Prince de Montbarey pour une place à l’Ecole militaire
139Le 28 avril 1780, mon frère a reçu la lettre du ministre pour une place à l’Ecolle Royalle et militaire a Ponlevoy, pour son fils ainé qui étoit en pension audit Collège de Ponlevoy129.
Baptesme de l’enfans du Garde de Mme l’Abesse du Pré fait par Mr l’Evesque du Mans
140Le 2 may 1780 Mr l’Evesque du Mans a fait un baptesme de l’enfant du Garde de Mme de St Simon Abesse du Pré depuis cinquante ans. Le garde avoit prié Mlle de St Simon, niepce de Mme l’Abesse, de nommer l’enfant avec Mr l’Evesque du Mans : Mr de Gonssans Evesque a dit à Mme l’Abesse qu’il donnoit Mr le chevallier de Gonssans en sa place et qu’il feroit le baptesme ; Mme l’Abesse y étoit. Mr Yvon, Curé de St Pavin des Champs, ainsi que Mlle sa sœur, m’avoient prié de me trouver a cette cérémonie. Mr le chevallier de Gonssans, agé d’environ 21 ans/22 ans, lieutenant dans le Régiment du Roy, étoit parrain et Mlle de St Simon agée d’environ 35 ans, étoit maraine.
Départ de Mr l’Evesque pour ses visites
141Mr l’Evesque est party le jour de la Pentecoste au soir ; pour aller coucher à Milon chés Mr le baron Dumenic130 pour continuer ses visites pastoralles. Il va dans le canton de Laval ; il sera six semaines dans ce premier voyage131.
Assemblée de Tours
142Mr l’Evesque du Mans est allé a Tours le 6 may pour l’assemblée Généralle Provinciale ; on a nommé Mr l’Evesque de Dol pour Député a l’Assemblée Généralle et Mr de Hercé son frère et son Grand vicaire pour Député du second ordre. Il a été décidé à l’Assemblée de Tours que touttes les festes et jeunes seroient communs dans tous les Eveschés suffragans, excepté les patrons qui seront festés le jour qu’ils se rencontreront ; ceux des paroisses remis au Dimanche le plus prochain. On a aussi décidé que les samedy gras que Mr de Grimaldy avoit étably n’auront plus lieu, qu’il n’y aura plus de jeune la veille de la Pentecoste et que le lundy de la Pentecoste on festera, la veille de St Jean on jeunera. On avoit aussi voulu le meme bréviaire pour toutte la maistropolle ; cela n’aura pas lieu. Le bréviaire du Mans n’est pas prest d’estre épuisé.
Couche de Mme de La Barre
143Le 20 may 1780 Mme Le Febvre de la Barre est accouchée d’une cinquième fille.
Jour de la feste Dieu
144Le jour de la Feste Dieu, 25 may 1780, le Régiment de Dragons de Monsieur, frère du Roy, dont Mr le Marquis de la Chastre fils est Colonel, étant en garnison au Mans depuis le 3 décembre dernier, comme touttes les troupes sont obligées d’assister à la procession généralle de la Feste Dieu. On chargea Mr de Vilbalet, procureur du chapitre, de voir Mr de Charnaille, Lieutenant Colonel, pour savoir son intention pour la procession. Il dit qu’il donneroit 100 hommes pour accompaigner le Saint Sacremens. Ils étoient placés sur deux lignes, a commencer du dais jusqu’après Mrs du Présidial ; il dit que le reste du Régiment se trouveroit a cheval sur la place des Halles pour y recevoir la bénédiction du St Sacrement. Comme le chapitre n’est pas dans l’usage de donner la bénédiction, il fut décidé au chapitre qu’on la donneroit a cause du Régiment, qu’on prieroit Mmes les Religieuses de la Visitation de faire un reposoir près la maison de Mr Le Prince132, et qu’en revenant de la Mission on s’y arreteroit, qu’on y chanteroit un petit motet, et qu’on y donneroit la bénédiction après avoir dit le verset et l’Oraison du St Sacrement et que pendant la bénédiction la musique du Régiment donneroit de leur musique. Le régiment a cheval a baissé le sabre et le drapeau, ce qui est le salut ordinaire ; les Dragons a pied ont mis un genouil en terre et la main au casque. Les Dragons qui ont suivy la procession ont resté sous les armes pendant le sermon et les officiers n’ont pas meme voulu venir déjeuner avec le Chapitre et Mrs du Présidial. La Musique a resté à la Grande messe ; le Chapitre avoit donné ordre qu’on leur donnast des rafraichissemens. Pendant le cours de la Procession, le cœur chantoit un Verset du répond, ou une strophe de l’hymne ; les trompettes le repétoient et ensuitte la musique qui a joué pendant la procession, la grande messe et le salut. On a député vers Mr de Charnaille pour le remercier. Le Jeudy de la petite Feste Dieu, Mr de Charnaille a donné par politesse 36 hommes et la musique qui a joué pendant la procession, la grande messe et le salut. On leur a donné deux louis de gratification, ce qui faisoit pour chacun 6 #133 ; ils ont été contents. On a donné aussi une gratification au maitre de Musique qui les avoit régallés134.
Exécution
145Le 2 juin 1780, il y a eu une exécution ; un homme pendu, condamné praivotalement.
Feste de Mrs les officiers du Régiment de Monsieur, donnée à Mme de la Chastre et aux Dames de la Ville
146Le 4 juin 1780, Mr et Mme de la Chastre sont arrivés au Mans. Mrs les officiers de Dragons du Régiment de Monsieur, dont Mr de la Chastre est Colonel, ont donné une belle feste a Mme de la Chastre et aux Dames de la Ville. Il y a eu un bal qui a commencé a 9 heures du soir jusqu’à 9 h du matin ; on a servi sur des buffets ou des planches en amphithéatre un ambigu, et cela a trois fois différentes. Tous Mrs les officiers, avec une serviette, alloient demander aux Dames tout ce qu’elles vouloient manger sans se déplacer, car on ne s’est point mis a table. Il y avoit a cette feste tout ce qu’on pouvoit désirer, tant en bonne chère qu’en bon vin. Le tout s’est passé on ne peut mieux. On a aussi voulu donner une feste aux soldats et au peuple ; on a placé sur la place des Jacobins trois busses135 de bon vin rouge qui a été distribué tant aux soldats qu’au peuple. Toute la place étoit illuminée ; à chaque arbre de la place, on y avoit un lampion. On a fait quelques petits artifices surtout beaucoup de fusées. Il y avoit sur la place des Jacobins un monde infiny136. Il y avoit des violons dans trois endroits de la place pour faire danser les soldats et le peuple137. Tout le régiment avoit monté a cheval pour aller au devant de Madame de la Chastre, mais il tomba de l’eau. Comme ils étoient sur la place des Jacobins, Madame arriva ; on tira les boetes de la ville, qui par politesse pour Mr de la Chastre avoit envoyé le vin de ville138. Le régiment se trouvant tout assemblé et sous les armes, Mr de la Chastre reçut Mr le Marquis de Savonnièrres pour a la teste de la troupe, en leur disant : « vous reconnoitrez Mr le marquis de Savonnières pour le Colonel en second et luy obéirez en tout ce qui regarde le service du Roy ». Chaque officier embrasse le nouveau reçu et pendant ce temps, la musique et les trompettes donnent des fanfares.
Orage considérable à cause de la gresle
147Le 30 may 1780, il y a eu un orage épouvantable surtout pour un nuage de gresle qui a tombé sur la ville du Mans et a cassé beaucoup de vitres. Les grains étoient communément gros comme des noix. L’orage a fondu sur la ville et n’a pas fait de tort plus loing. La gresle étoit plus forte que celle qui avoit tombé la nuit du six au sept septembre de l’année 1772 ; il est vray qu’elle n’a pas tant fait de mal.
Mort de Mr Nepveu
148Le 8 juin 1780, Mr Henry-Daniel Nepveu, mon cousin139, est mort agé de 62 ans et quatre mois ; il est mort subitement et a été ouvert. On luy a trouvé le cœur moitié plus gros que les hommes ne l’ont ordinairement, et entouré de graisse. Il avoit un costé des poumons desséchés et l’autre tout ulcéré ; joint a cela un sac d’eau dans la poitrine ; il a jetté l’abcès qui l’a étouffé. Il a été enterré le samedy au Grand Cimetière auprès de Mme sa mère, près la chapelle dudit Grand Cimetière ; il a fait un testament par lequel il a donné a Mme Nepveu son épouse, tout son mobilier en propriété, les biens d’acquest et les contrats dont elle a de droit la moitié en propriété, l’autre moitié en usufruit après sa mort seront partagés par la moitié entre la famille Feumusson et la famille Nepveu140 ; elle a en outre douère coutumier montant par arrangement à…. Il a donné 1 500 # à la paroisse de Courceboeuf pour placer sur le clergé pour qui des rentes en soient employées pour donner à un vicaire ; plus pour 500 # de linge pour les pauvres de la ditte paroisse de Courceboeuf141. Il donne aussi à la paroisse de Neuvilette la somme de 1 500 # pour vicaire comme a Courceboeuf142 ; plus il a donné a l’Hopital Général de cette ville 1 000 # pour condition qu’on dira tous les ans une messe pour luy ; il fait encore quelques laigs pour des Messes. Il charge Mme son Epouse de faire éxécuter ses volontés.
Les enfans de mon frère au Couvent
149Le 21 juin 1780, mon frère a mis en Couvent à la Visitation deux de ses enfans savoir : Renée Françoise Nepveu, appellée Fauvette agée de 11 ans, c’est elle qui est ma filleulle, et Louise Françoise Nepveu, appellée Villée agée d’environ 8 ans sont entrées a la Visitation pour y passer quelque temps et aussi pour donner du soulagement a Mme de Bellefille qui a trop de mal avec tant d’enfans. Le meme jour, Mme Du Vaugouin ma sœur a pris chès elle Françoise Gabrielle Nepveu sa filleulle pour la meme raison et pour l’élever. Elle est en bonne main et l’enfant sera plus heureux143.
Exécution
150Le 23 juin 1780, il y a une expédition d’un homme roué vif et condamné a expirer sur la roue. Il n’a pas expiré sur la roue par grace ; on dit qu’il a déclaré des complices. Il est de la troupe de ceux qui avoient été éxécutés il y a un an144.
Mort de Mr Blin de Monchâtaing
151Le 23 juin 1780, on a appris la mort de Mr Blin de Montchataing, à sa garnison a Châlons où est sa Compaignie des Gardes du Roy ; il est mort d’une fièvre putride et maligne145. Il est regretté générallement de tout le monde et mérite de l’estre ; il laisse deux frères dont l’ainé est Procureur du Roy au Présidial de cette ville et son autre frère est Conseiller au meme Présidial. Il n’avoit que 30 ans et étoit bien au milieu de la Compaignie des Gardes du Roy ; c’étoit un beau et grand cavalier.
Prise de possession du Canonicat de Mr Gilouppe
152Le 7 juillet 1780, Mr Gilouppe, prestre né le 4 may 1738 dans la paroisse de Maresché a pris possession du Canonicat de Mr de Cabrière, Grand Vicaire de Noyon ; il a permuté avec Mr Gilouppe pour une chapelle des Sts Anges ditte Montpertuis que le chapitre avoit donné a Mr Gilouppe a la mort de Mr Hubert semy prébendé. C’est le chapitre qui l’a présentée en corps ; elle vaut, charge faite, 600 #. Il luy a encore donné une petite chapelle a patronage laique, du consentement du présentateur ; elle est a Mayenne. Mr Gilouppe a été Diacre a St Julien, ensuitte il a eu la recette de la panetterie et chargé de payer les musiciens. C’est un bon et digne garçon qui se fera aimer dans le chapitre et en etat de rendre service au Chapitre. Il s’appelle Julien146.
Prise de possession de la sous chantrerie
153Le 17 juillet 1780, Mr Hurbain Henry de Lélée a pris possession du Canonicat et de la sous chantrerie vacante par la démission de Mr de Brébeuf qui l’avoit remis a Mr d’Autun, ministre de la feuille des bénéfices qui luy a donné une pension de 2 000 # sur une abbaye. Mr de Lélée est né dans le mois de may 1745 ; il est de la ville de Fresnay ; fils du Juge Criminel et Bailly de Fresnay ; il étoit vicaire à Chérancé ; c’est par le canal de son cousin Mr de Frémont secrétaire du ministre de la feuille des Bénéfices. Après que Mr de Lélée a eu présenté ses papiers, on a nommé deux commissaires pour l’examiner sur la lecture et sur le chant comme sous chantre. J’ay été nommé Commissaire avec Mr l’abbé Blin ; il chante assés bien. C’est Mr Paillé, chantre, qui présidoit ; il a fait un joly discours à l’avantage de Mr de Brébeuf et du nouveau. Le meme jour, on a demandé que Mr de Brébeuf fut reçu chanoine honoraire, ce qui luy a été accordé, quoiqu’il n’eust pas le temps requis ; mais il aura son rang de réception, c’est-à-dire entre Mr Dugast et Mr l’abbé Le Cointre.
Mort de Mr de Courtoux
154Le 31 juillet 1780, Mr de Courtoux, agé d’environ 78 ans, est mort garçon ; il avoit donné son bien à rente viagère. Il laisse deux sœurs dont une avec qui il vivoit ; il est mort d’une attaque de paralisie dont il menaçoit depuis longtemps. Il avoit eu bien du mal, quoique de très bonne condition ; il avoit servi en qualité de soldat en Prusse. Il a été enterré au grand Cimetière ; il étoit de St Nicolas.
Couche de Mme de Montesson
155Le 5 aoust 1780, Mme de Montesson est accouchée d’un garçon qui a été nommé par Mr de Montesson l’ainé et Mme Cureau sa mère ; elle avoit eu un enfant qui est mort. Il a été baptisé dans l’Eglise de St Nicolas.
Jour de l’Assomption
156Mr l’Evesque a officié le jour de l’Assomption, et a diné chés Mr l’abbé Blin.
Voyage de Tours et de Pontlevoie
157Le 18 aoust 1780, je suis party avec Mr et Mme de Belle Fille pour aller aux noces de Mlle de Charantais agée de 18 ans147 qui épouse le fils de Mr Cartier, très gros et riche négociant fabriquant de soye, surtout en noir et en uny. Le jeune homme, agé de 22 ans, est très aimable et a beaucoup de talent. Il joue du violon et chante supérieurement148. Ils ont épousé dans la chapelle de Charantais, le mardy 22149. De Charantais, je suis allé à Ponlevoie pour voir mon neveu qui est à l’Ecole militaire depuis le 28 avril dernier. Il y fait très bien et il a deux prix dans sa classe.
Mort de ma mère
158Le 22 septembre 1780, ma mère est morte, agée de 74 ans, du mois de may dernier ; comme j’étois malade au Mans depuis 8 jours, d’une fièvre continüe, ma mère, qui étoit a la Manouillère, s’en revint. Elle avoit besoin elle-même de se purger ; elle le fit le jeudy 21. Le lendemain après midy, le sac d’eau qu’elle avoit dans la poitrine creva et elle mourut comme subitement. Elle a été enterrée au grand Cimetière, le dimanche 24.
Départ de Mr l’Evesque
159Mr l’Evesque du Mans est party pour les visites, le dimanche 24 septembre et est allé coucher chés Mr le Curé de Sous ligné sous Vallon150.
Mort de Mme Fontaine
160Le 3 octobre 1780, Mme Fontaine est morte agée de 62 ans passés ; il y avoit environ 15 ans qu’elle étoit tombée paralitique. Elle a deux garçons dont l’ainé a achetté la belle maison de Mr le Comte de Valentinois151.
Mort de Mr l’abbé d’Olivet
161Le 15 septembre 1780, Mr l’abbé d’Olivet, Grand Vicaire du Mans, chanoine et Conseiller clerc au Parlement de Bezançon est mort à Yvré d’une fièvre maligne. Il étoit agé d’environ 58 ans. Il étoit bon amy de Mr l’Evesque, il venoit le voir tous les ans.
Couche de Mme du Breuil
162Mme Poisson du Breuil est accouchée d’une fille le 28 septembre. C’est Mme Deslondes sa mère qui étoit marraine avec Mr de Bordigny qui a été représenté par Mr de Chateaufort. Elle avoit déjà eu un enfan qui est mort ; elle est de la paroisse de St Benoist.
Couches de Mmes du Bourg et Duhail
163Dans le courant d’octobre 1780, Mme du Bourg et Mme Duhail sont accouchées, la dernière d’une fille ; c’est pour leur premier enfan. Leur nom de fille est Mlles Garnier, filles du Négociant152.
Mort de Mlle de la Goupillère
164Le 8 septembre 1780, Mlle Haton de la Goupillère a été enterrée au grand cimetière. Elle étoit de St Nicolas153.
Mort de Mr Bigot semy prébendé
165Depuis le 9 septembre jusqu’au 15 du meme mois154, Mr Bigot, agé de 78 ans, est mort. Il avoit résigné a Mr Maignan son neveu qui étoit Vicaire de Savigné où il étoit depuis 18 ans au moins. Comme les provisions n’étoient pas revenues de Rome, le chapitre a présenté a Mr Maignan.
Prise de possession de la semy prébende par Mr Maignan
166Depuis le 12 jusqu’au 18 septembre 1780, Mr Maignan a pris possession de la semy prébende de feu Mr Bigot, son oncle. Il est de la ville du Mans. Mr son père étoit tailleur au Mans.
Mort de Mr du Verger
167Le 16 octobre 1780, Mr Du Verger est mort agé de 85 ans155 ; il laisse 6 enfans dont 2 du premier lit, savoir : Mr de Forbonnais, Conseiller au Parlement de Metz et Mme d’Assé. Du second lit quatre, savoir : Mme de la Touche dont le mary est Ingénieur à… la commission vaut au moins dix mille livres de rente. Mr du Verger a une commission d’autant, au moins, à la Rochelle ; il y a un garçon qui est marié a Bourbon156 et a fait un bon mariage. Il reste Mlle de la Grassinnière157 agée de 37 ans au moins158 ; elle n’aura pas beaucoup de fortune, Mr du Verger n’ayant que sa maison qui est au carrefour de la Sirène159 et l’endroit de la Croix160. C’est une perte : c’étoit un homme de mérite qui s’est sacrifié pour le public ; il a été longtemps à l’Hotel de Ville. Il étoit Secrétaire perpétuel du bureau d’Agriculture161. Il avoit été Négociant pour les étamines, mais il avoit abandonné ce commerce.
Mort de Mme Brunot
168Le 12 novembre 1780, Mme Brunot est morte d’une hidropuisie162 de poitrine, agée de 60 ans. Elle n’a pour héritier qu’un neveu qui est marié à Allençon.
Mort de Mr d’Audeville
169Mr d’Audeville, ancien brigadier des Gardes du Corps, retiré avec pension, est mort agé d’environ 66 ans163. Depuis plusieurs années, il étoit asmatique ; il laisse deux garçons qui avoient été dans les mousquetaires, mais qui ont été réformés avec le corps. Mr leur père avoit achetté une charge de secrétaire, laquelle, à sa mort, a été vendue à Mr Lefebvre, Conseiller au Présidial, le meme prix. Mr Lefebvre a trois garçons.
Mort de Mr Herpin chapier à St Julien
170Le 14 novembre, Mr Herpin, qui étoit chantre à St Julien, est mort, agé d’environ 52 ans ; il étoit prestre. Il avoit eu une bonne chapelle que luy avoit donné le chapitre ; à sa mort on l’a donnée à Mr de Blaye, grand sacriste comme le plus ancien des Officiers, et non pas qu’il en eust besoin. On auroit du donner la préférence a Mr Deschamps, prestre sacriste de la petite sacristie ; mais il l’a manquée d’une voix.
Couche de Mme de Claircigny
171Mme de Claircigny, fille de Mr Leprince164, est accouchée d’une fille ; elle demeure chés Mr son frère qui fait le commerce de cirier. Le 17 novembre 1780.
Mariage de Mlle de Beauvais
172Le 21 novembre 1780, Mlle de Beauvais a épousé Mr de Fontaine de St Victor, agé d’environ 29 ans ; il est officier dans le Régiment… ; Mr son Père demeure à sa terre dont il est Seigneur près la petite ville de Fresnay165. Mr de St Victor a un frère ; il sera riche. Mlle de Beauvais a 20 ans, elle est très aimable. Mr son père est Receveur Général du tabac, commission qui vaut au moins dix mille livres de rente ; elle a deux frères qui sont au service pour passer le temps ; Mr de Beauvais est très riche. La cérémonie a été faite au Gros Chesnay166, dans la chapelle, par Mr l’abbé Savarre, chanoine de St Pierre.
Mariage de Mlle Dagues
173Le 28 novembre 1780, Mlle Dagues a épousé Mr Raison fils ainé qui a achetté la charge de Président au Grenier à sel. Mr Raison n’est pas riche ; il a un frère et deux sœurs ; Mr son père est Advocat au Mans. Le père de Mlle Dagues est des plus anciennes familles de bourgeois du Mans ; il est à l’Hotel de Ville par charge d’acquest. C’est un mariage d’inclination.
Mariage de Mr de Chassilly avec Mlle de St Cher
174Le 30 novembre 1780, Mr de Chassilly a épousé Mlle de St Cher l’ainée, agée de 32 ans ; elle est très aimable et jolie ; Mr de Chassilly est très riche et avoit beaucoup d’argent ; il a fait un grand avantage à sa future, c’est ce qui a fait que Mme sa mère s’est opposée au mariage. Il a fait les sommations respectueuses. Il a acheté une maison près Mr Lambert, qui étoit à Mr Amellon. Mr de Chassilly a 47 ans. Il étoit mousquetaire et a été réformé à la veille d’avoir la croix de St Louis ; il l’aura a la prochaine promotion.
Prédicateur de l’Avent
175C’est le Père vicaire des Capucins qui presche l’Avent ; il est médiocre. Il avoit presché icy une octave de la Feste Dieu.
Jour de la Conception
176Le 8 décembre 1780, j’ay dit la grande messe à la paroisse de la Coulture. C’étoit le jour de la Conception, feste de la paroisse.
Mariage de Mr de Guibert
177Le dernier jour de novembre 1780, Mr de Guibert fils a épousé une demoiselle de Chasteaudun ; elle est aimable et sera riche. Mr de Guibert est jeune ; mais ne promet pas beaucoup d’esprit ; il avoit été dans les mousquetaires où il avoit fait quelques débauches de liqueurs, ce qui l’a rendu malade longtemps. Mr de Guibert sera très riche ; Mr son père est encore jeune et sans l’attache qu’il a pour son fils, il se seroit marié167.
Prise de possession du canonicat par résignation par Mr Triquet de la Pierre
178Le 13 décembre 1780, Mr Triquet la Pierre a pris possession du Canonicat que luy a résigné Mr des Autieux, clerc tonsuré qui vient de se marier avec une veuve de Rouen qui n’a point d’enfant ny fortune, mais jeune, aimable et jolie ; c’est un mariage d’inclination. Mr des Autieux vient de perdre depuis un an son beau père et sa mère ; il a 38 ans ; il va demeurer dans une petite terre qui est a 4 lieues d’Ernée168 dans la Bretagne. Mr Triquet est né dans l’année 1727. Il étoit Curé de St Mars sous Ballon ; il a de l’esprit.
Mort de Mme La Fosse
179Le 18 décembre 1780, Mme La Fosse est morte agée d’environ 75 ans. Elle étoit veuve de Mr La Fosse, Lieutenant de l’Election, mort il y a plus de 18 ans. C’étoit une femme d’esprit qui ne voyoit que des hommes ; elle n’a jamais eu d’enfans. Elle étoit originaire de la Cayenne, elle avoit une jolie terre près St Calais. Comme elle n’a point de parent proche, elle a fait son légataire universel Mr Gousseaut l’élu169 ; elle avoit un nègre qui étoit son cuisinier, a qui elle a donné 800 # de rente viagère170. Elle donne 5 500 Messes à faire dire. Elle aimait à boire et c’est cela qui l’a fait mourir.
Mort de Mr de Beauvais
180Le 27 décembre 1780, Mr Daniel de Beauvais est mort subitement d’une hidropuisie de poitrine ; il ne pouvoit avoir que 58 ans. C’étoit un digne homme. Il étoit Directeur du tabac ; cette commission est dans la famille depuis 60 ans. Il a laissé une femme désolée, avec trois enfans dont deux garçons sont au service à la suitte d’un régiment, l’ainé est party pour Paris pour tascher d’avoir la commission. Il avoit une demoiselle très aimable qui vient d’épouser, depuis cinq semaines, Mr de St Victor171. C’est luy qui avoit achetté la terre du Gros Chesnay qu’il a bien augmenté et amméliorée depuis 20 ans qu’il en est possesseur ; il laisse une bonne maison. On ne pouvoit luy reprocher que de trop excompter ou faire la Banque172.
L’année 1781
Départ de Mr l’Evesque
181Mr de Gonssans, Evesque du Mans, est party pour Paris le 3 janvier. Il doit revenir au commencement du Caresme.
Mariage de Mr de Vancé avec Mlle de Coudereau
182Le 30 janvier 1781, Mr de Vancé fils, agé de 26 ans, a épousé Mlle de Coudereau, agée de 18 ans. Cette demoiselle n’a ni père ni mère ; c’est Mr des Ardilly qui étoit son tuteur. Mr de Vancé a père et mère qui demeurent ordinairement à Chesne de Cœur paroisse de St Pavace173 ; le nouveau marié a une commission de capitainne de cavallerie a la suitte d’un Régiment. Les nouveaux mariés doivent demeurer à Coudereau, paroisse de Brette174.
Mariage de Mr Guitton des Bois avec Mlle de Blandé
183Le 9 février 1781, Mr Guitton des Bois, demeurant à sa terre des Bois à une lieue de Sillé175, ancien Capitaine d’Artillerie, Chevalier de St Louis, agé de 60 ans, vient d’épouser Mlle de Blandé, agée de 26 ans, fille de condition, de meritte. Mr son père avoit mangé sa fortune et celle de sa femme ; il avoit une commission dans la finance et demeuroit a Bellesme où est encore Mme de Blandé, mais veuve ; elle a un frère au moins et plusieurs sœurs. Cette demoiselle étant chés Mr l’abbé de Souvré, curé de Connée, son parent, alloit souvent aux Bois176. Mr des Bois en est devenu amoureux. Mlle des Bois sa sœur, qui demeuroit avec luy, a fait tout ce qu’elle a pu pour l’en détourner, au point de se brouiller, et de se séparer pour jamais. Elle a meme su gangner Mme des Bois qui n’a point voulu approuver ce mariage ; on luy a fait des sommations177. Le mariage, malgré tout, s’est fait le vendredy 9 février ; et on l’approuve, et on condamne Mlle sa sœur qui va demeurer au Mans178.
Exécution
184Le 9 février 1781, on a jugé prévotalement aujourd’hui 9 février le nommé Bienvenu, pour avoir forcé deux maisons à St Cyr en Pail, près le Chasteau du Loir179. C’étoit un jeune homme de 26 ans, marié, avec un enfan180.
Mort de Mr de Boiscléreau
185Le 16 février 1781, on a appris la mort de Mr de Boiscléreau, mort à l’isle d’Oléron, dont il étoit Gouverneur. Il étoit maréchal de camp, il y avoit déjà longtemps ; il pouvoit avoir environ 78 ans. Il laisse deux enfans, dont la demoiselle qui est mariée ; le fils est dans le Régiment du Roy. Mme de Boiscléreau est à Oléron d’où elle ne reviendra pas demeurer au Mans ; elle est nièpce de Mr de Gémarcé, chanoine.
Mort de Mr Martigné, notaire
186Le 19 février 1781, Mr Martigné, notaire honoraire, est mort agé d’environ 69 ans ; il avoit donné sa place à son fils ainé181. Il a encor deux autres garçons et une fille ; sa femme est une Fréard. Il avoit une place ou charge d’assesseur à l’Hotel de Ville.
Prédicateur du Caresme
187Le 25 février 1781, on a député à Mr l’abbé Louet, chanoine et scolastique de l’Eglise d’Angers, Mr de Villeballet, procureur du chapitre, avec Mr Triquet, dernier chanoine, en l’absence de Mr Leleu. On luy a donné les honneurs du chapitre, savoir le pain et le vin à cause de la confraternité et union de prières qui règne entre les deux chapitres. Il est venu prescher le caresme dans la Cathédralle ; c’est un très bon prédicateur ; il est des meilleures maisons d’Anjou182. Il est logé chés Mr Paillé, chantre de la Cathédralle et grand vicaire.
Couche de Mme Goupil
188Mme Goupil, dont le mary est commis183 chés Mr de Fondville, est accouchée dans le mois de mars 1781. Elle est mariée il y a environ un an.
Couche de Mme Martigné
189Mme Martigné est accouchée le 16 mars 1781. C’est la mère et le père de l’accouchée qui ont été parrain et marraine184.
Mort de Mr de Mortrais
190Le 17 mars 1781, Mr Maulny Mortrais est mort d’une hidropuisie ; on luy a fait l’opération une fois. Il avoit environ 50 ans ; il étoit garçon. Il avoit été à l’Hotel de Ville ; il étoit aimé de tous ceux qui le connoissoient. Il a été enterré dans le Cimetière de St Hilaire où sont tous ses parents, ce qu’on peut voir par une épitaphe qui est dans l’Eglise de St Hilaire185.
Couche de Mme Le Boindre
191Le 26 mars 1781, Mme Le Boindre, qui demeure au Greffier186, est accouchée d’un garçon, après trois jours de douleurs. L’enfant a eu l’eau187 à la maison et il est mort.
Mort de Mr de Bellemare
192Le 26 avril 1781, Mr Carrey de Bellemare est mort, agé d’environ 55 ans ; il est mort subitement le soir en rentrant chés lui ; il s’est assis sans serviteur. On attribue sa mort [mot illisible] à une dartre qu’il avoit sur le corps et il avoit les jambes enflées qui avoient séché. Il laisse un fils unique qui est très riche ; il est un peu singulier ; il n’est point marié et ne voit personne.
Prise de possession du canonicat de Mr Fay ancien Curé de Boëssay le Sec
193Le 27 avril 1781, Mr Fay, ancien Curé de Boessay le Sec188 a pris possession du Canonicat que Mr l’abbé de Vildon avoit résigné a Mr Janvier, qui étoit chanoine à Noyon189. Mr de Grimaldy, Evesque de Noyon, en quittant l’Evesché du Mans, luy avoit proposé de quitter la Cure de Changé pour aller estre secretaire de l’Evesque à Noyon et ensuitte un Canonicat, le premier vacant. Quand il a été chanoine, il a essentiellement manqué à son bienfaiteur190. Il a donc été obligé de quitter Noyon ; il a permuté avec Mr l’abbé de Vildon191, et, comme il est inconstant et qu’il aime mieux estre Curé, il a permuté avec Mr Fay, curé de Boessay le Sec, qui s’appelle Julien-Françoy Fay né à la Bazoge le 25 septembre 1725192. Son père étoit un marchand, son frère est commis chés Mr de Fondville193.
Retraite de Mrs les Curés
194La retraitte de Mrs les Curés du Diocèse, au nombre d’environ quatre vingts. Le tout s’est bien passé. Mr l’abbé de Fontainne y a presché un jour sur le bon exemple ; le prélat n’y a pas dit un mot, comme à l’ordinaire ; Mr l’abbé Paillé y a tous les jours dit ou fait l’explication des cas de conscience ; il parle supérieurement bien. La retraitte a commencé le mercredy 2 may, et a duré huit jours.
Cérémonie ou bénédiction de la Cloche de la paroisse du grand St Pierre
195Le 8 may 1781, Mr le Doyen de St Pierre et Mme de Lorchère ont nommé194 la cloche de la paroisse du grand St Pierre195. Mr l’Evesque a fait la bénédiction de la cloche. Mr le Curé de la Coulture, comme chanoine honoraire, a porté les gans avec Mlle de Lorchère l’ainée. Mr le Doyen de St Pierre a voulu faire la dépense en son nom, quoique nommé par le chapitre. Il a fait les choses dans le grand bien : il a donné à Mme de Lorchère 8 boëtes de confitures sèches, avec un très beau bouquet d’hiver et 12 paires de gans ; et à chacune de ses demoiselles, un bouquet moitié d’hiver, moitié de fleurs naturelles, avec 2 boëtes de confitures sèches et des gans ; à Mr le Curé de la Coulture, 12 paires de gans et 2 boëtes de confitures sèches ; plus à chaque chanoine de St Pierre, une boëte de confitures sèches. Il y avoit la Musique du Régiment de Monsieur et une garde196 ; après la cérémonie, un grand diner de 25 couverts. Mme de Lorchère a donné à diner le Jeudy suivant et un très grand diner. Cette cérémonie doit couter à chacun des parain et maraine, environ 25 louis ; ils ont donné en commun six belles aubes pour la paroisse du Grand St Pierre.
Diète des Bénédictins
196La Diète des Bénédictins a commencé le 2 may 1781 ; on a nommé pour Député, à Tours Mr le Prieur de St Vincent et Mr Chevreux, cellerier actuellement à Tours ; je ne say pas les autres. On parle beaucoup, pour Général, du Prieur de St Vincent ou de Mr Chevreux ; dans deux mois on pourra le savoir.
Départ de Mr l’Evesque
197Le 12 may, Mr l’Evesque du Mans est party pour aller commencer ses visites de confirmation ; il a commencé par Parigné l’Evesque. Il doit finir dans ce voyage qui durera environ deux mois ; Mr du Mourier et Mr Dugast sont toujours avec luy.
Mort de Mr l’abbé de Boisdeffre, Chanoine de St Pierre
198Le 17 may 1781, Mr l’abbé de Boisdeffre, chanoine de St Pierre la Cour, est mort agé d’environ 27 ans ; il est mort de la poitrine. Il a icy un frère qui est Grand Vicaire ; Mr son père demeure à sa terre près Allençon. Il est homme de bonne condition et a plusieurs enfans au service. Le père est Maréchal de Camp de la dernière promotion197.
Chapelle donnée à Mr Deschamps
199Le 1er juin 1781, le chapitre en corps a présenté à Mr Des Champs, sacriste de la petite sacristie, la chapelle vacante par la mort de Mr Lucas, prestre, qui l’avait eue par résignation de feu Mr du Ponceau, Curé du petit St Pierre. A sa mort, on en a fait les réparations bien en règle, ainsi, il n’y a pas grande réparation ; elle peut valoir environ 500 #. Elle est desservie dans l’Eglise Cathédrale et porte frairie. Elle s’appelle la chapelle des Anges.
Incendie du bourg du Grand Lucé
200Le 2 juin 1781, le feu a pris au Grand Lucé, à cinq lieues du Mans ; il a presque tout brulé le bourg qui étoit grand. Il y avoit des halles qui ont été brulées ainsi que l’Eglise. La maison du Notaire et son protocole, ainsi que le controsle, ont été totalement brulés ; il y est péry plusieurs personnes198. On a fait une queste généralle dans la ville et partout le diocèse. Mrs du Présidial ont envoyé 600 # ; le chapitre de St Julien 1 200 #, St Pierre 600 # et St Michel 600 #199.
Jour de la feste Dieu
201Le 14 juin 1781, jour de la Feste Dieu, il a tombé de l’eau toute la matinée, et nous avons fait la procession autour de l’Eglise. On a dit tierce solennelle à six heures ; après 7 heures, on a commencé la procession et cela par extraordinaire ; c’étoit parce que cent hommes du Régiment a Monsieur, en garnison au Mans [étaient là]. On a dit le sermon après la procession et cela contre l’usage en pareil cas.
Mariage de Mlle Drugeon
202Le 18 ou le 19 juin 1781, Mlle Drugeon, agée d’environ 17 ans a épousé Mr … qui est secrétaire de l’Intendance d’Alençon ; on dit que sa place vaut environ 15 000 # de rente. Le père de Mlle Drugeon est riche ; il est teinturier et demeure au bout du pont de Saint Jean dans une belle maison.
Mort de Mr l’abbé d’Audeville
203Le 25 juin 1781, Mr l’abbé du Hardas d’Audeville est mort à son Abbaye de l’Epeau, près Le Mans, agé de 76 ans. On y a mis sur le champ les scellés pour Mr Rey, Receveur des économats.
Mort de Mr Lepaige, Chanoine
204Le 2 juillet 1781, Mr Le Paige, Chanoine, agé de 80 ans, est mort ; il a été enterré le lendemain matin200. Il avoit été Curé de Chemiré le Gaudin, pendant longtemps ; il avoit aussi une chapelle qui luy avoit été présentée par Mr de Monseaux, comme propriétaire de la terre de la Sauvagère, paroisse de Chemiré201.
Mort de Mr l’abbé Leleu Chanoine
205Le 12 juillet 1781, Mr Leleu de Montpertuis, chanoine agé d’environ 60 ans, est mort d’une paralisie et apoplexie, en trois jours. Il avoit pris possession du Canonicat que luy avoit résigné Mr son oncle, dans l’année 1777, à 500 # de pension. Ils demeuroient tous deux au Mans dans la maison de mon frère ; il avoit pour environ 1 200 # de chapelles. Son oncle, agé de 80 ans, est obligé de se retirer dans sa famille, étant réduit à 1 000 # de rente202.
Mariage de Mme de Broc
206Le 15 juillet 1781, Mme de Broc a épousé Mr Samson de Lorchère.
207[note] Voir le 15 septembre 1782. J’avois oublié à l’écrire.
Mort de Mme de Fontenay
208Le 10 aoust 1781, Mme Bastard de Fontenay est morte agée de 32 ans ; elle est morte de la poitrine. Elle laisse deux enfans ; le garçon, qui est au Collège de la Flesche a 10 ans, et une fille qui a 7 ans passés ; il est à craindre que ses enfans n’ayent un jour cette maladie ; la mère de Mme de Fontenay est morte de la poitrine. Mr de Fontenay est lieutenant Colonel de Dragons ; elle laisse Mr son père, Mr de Monthéard désolés. Cette dame a été regrettée de toutte la ville ; elle a été enterrée au grand Cimetière. Elle étoit de la paroisse de la Coulture203.
Mort de Mr l’abbé de la Briffe, Chanoine honoraire
209Le 31 aoust 1781, Mr de la Briffe l’ainé a écrit au Chapitre pour annoncer la mort de Mr son oncle, Chanoine Honoraire au Mans. Il étoit chanoine depuis 1710 et il avoit 14 ans quand il fut chanoine ; ainsi il est mort agé de 85 ans. Il étoit clerc tonsuré ; il est mort à sa terre de la Chevallerie au Perche204 ; c’est Mr son neveu qui est Doyen de St Julien. On a fait un service pour Mr de la Briffe comme on fait ordinairement un service donné, sans cérémonie. Quand on a su la mort, on a sonné la grosse cloche pendant une heure ; après le son de la cloche, on a fait les prières de la recommandation de l’âme, comme s’il avoit été au Mans. Le soir, on a dit vigile à un nocturne et le lendemain un service très simple.
Prise de possession du Canonicat par Mr de St Chéreau
210Le 15 septembre 1781, Mr l’abbé de St Chereau, agé de 23 ans, né le 9 may 1758, a pris possession du Canonicat de feu Mr Leleu, mort le 12 juillet dernier. Ce Canonicat étoit donné à un jeune homme de la Flèche mais très simple, et à peine sait-il lire ; il a permuté son droit à ce Canonicat, par un Indult, avec Mr de St Chéreau pour une chapelle qui vaut au moins 600 # de revenu. Mr de St Chereau est de Malicorne où demeure Mr son père qui a, je crois, une commission au Grenier à sel de Malicorne. Ils sont d’une bonne famille mais pas riche, et plusieurs enfans ; Mr Janard qui demeure au Mans, a épousé Mlle de St Chéreau par inclination205 ; elle est très jolie et très aimable. Mr Pilon, Conseiller honoraire, est oncle du jeune chanoine. Il est Diacre et sera prestre à la Pentecoste prochaine.
Mort de Mr Le Blais grand sacriste
211Mr Le Blais, grand sacriste de la cathédralle et sous Pénitenciaire, est mort âgé d’environ 55 ans, d’une fièvre maligne qu’il avoit eue il y a longtemps. Il avoit une chapelle à la nomination du chapitre, qu’il avoit eue à la mort de Mr Herpain, mort il y a bientost un an. Il est mort le 13 septembre 1781.
Mort de Mr Le Prince
212Le 18 septembre 1781, Mr Le Prince, Négotient pour la Cire, est mort agé de 71 ans : il laisse plusieurs enfans206. L’ainé demeure dans la rue de quatre Roues ; le dernier demeuroit avec les père et mère ; il faisoit du commerce de tout. On ignore comment sont les affaires de la maison ; il est sûr qu’il y a plusieurs enfans, quatre garçons et une Demoiselle mariée depuis longtemps à Mr Du Rancher. Il avoit achetté il y a quelques années la terre d’Ardenay ; il a une belle maison, près la Visitation, où il est mort207.
Couche de Mme de la Barre
213Madame La Bare est accouchée d’une fille et pour la sixième ; a même un garçon. Elle a accouché à la fin de Septembre, à sa terre de la Barre où elle demeure paroisse de Juigné208.
Vandanges
214On a fait les vendanges des petits clos le 28 septembre 1781, et celles des grands clos le 1er octobre. Il y aura beaucoup de vin cette année et abondamment ; il y a bien longtemps qu’on avoit vendangé aussi tost ; il y aura beaucoup de vin de vollier209 et de pommes.
Couche de Mme du Breuil
215Le 28 septembre 1781, Mme du Breuil Poisson est accouchée bien heureusement d’une fille.
Mariage de Mlle de Broc avec Mr Boutin de la Pommerais de Paris
216Le 25 septembre 1781, Mlle de Broc, qu’on appellait Mme Louise, comme dame d’honneur ches Mme la Princesse de Lamballe, et en cette qualité, a été présentée210, a épousé Mr Boutin de la Pommerais, riche de plus de soixante mille livres de rente, et agé d’environ 65 ans au plus. Il assure par contrat vingt mille livres de douaire. Elle avoit été présentée et avoit pris le nom de Mme la Comtesse Louise ; elle a bien mieux fait de renoncer à ces honneurs pour avoir une plus belle fortune. Elle est presque sourde et a plus de trente ans.
Mort de Mme Goussault la Ronce
217Le 19 octobre 1781, Mme Goussault la Ronce est morte agée d’environ 50 ans ; elle étoit malade d’une hidropuisie, depuis longtemps. Elle est morte sans enfans. Elle laisse un mary qui s’est retiré, Chevalier de St Louis, il étoit dans les Gardes du Corps.
Prise de possession du canonicat de Mr Heleu par Mr Tessier ancien Curé de Clermont
218Le 19 octobre 1781, Mr Tessier, ancien curé de Clermont211, a pris possession d’un Canonicat qui étoit tombé en régalle. C’étoit un jeune homme, du costé de la Flèche qui y avoit droit ; il a donné son Prieuré pour le droit à ce Canonicat ; plus il a permuté son Prieuré qui est celuy de Clermont près La Flèche, dont il étoit Curé et Prieur, avec Mr l’abbé de Vildon, qui luy a donné la Scolastique212. C’est un homme de rien, qui a de l’esprit, il est né dans le mois de février 1737. Il n’a pas encore pris possession de la Scolastique.
Mort de Mme Poisson
219Mme Poisson est morte agée de plus de 80 ans ; elle demeuroit à St Benoist avec Mme de Bordigny sa fille. Elle a en outre Mr Poisson du Breuil, Conseiller au Présidial, et Mlle Poisson qui a pris son ménage et une Maison près les Jacobins. La bonne Dame, tante de Mr du Vaugouin, avoit fait démission de son bien213, il y a environ deux ans. Elle est morte le 2 novembre 1781.
Couche de la Reine
220La Reine est accouchée d’un Dauphin214. Voir les papiers publics.
Mort de Mr l’abbé de Brébeuf chanoine honoraire
221Le 3 novembre 1781, Mr l’abbé Le Conte a appris la mort de Mr l’abbé de Brébeuf, qui avoit été Chanoine et sous chantre. Quoiqu’il n’eust pas le temps requis pour estre chanoine Honoraire, et parce qu’il vouloit demeurer au Mans, il avoit demandé d’estre reçu comme chanoine Honoraire. Il avoit fait sa démission de son Canonicat et de la sous Chantrerie n’étant pas en état de remplir cette place. Il avoit eu une pension de 2 000 #. Il est mort à Coutances chés une sœur. On a fait pour luy comme pour un Chanoine Honoraire ; dès l’instant qu’on a eu connoissance de sa mort, on a sonné la grosse cloche pendant une heure ; après cela, on a fait les prières de la recommandation de l’âme et un service donné.
Mort de Mr Jaret de la Mérie
222Le 12 novembre 1781, Mr Jaret de la Mérie est mort d’une fièvre maligne, agé d’environ 30 ans. Il avoit épousé une Demoiselle de Bois Jourdan, des environs de la Flèche215 ; elle est aussi bien malade de la même maladie et grosse de trois mois ; elle a deux enfans. Le père, Mr la Mérie vit à une terre à luy, du costé du Lude216.
Mr Pinot nommé Grand Sacriste
223Le 12 novembre 1781, Mr Pinot, vicaire de la paroisse de la Coulture, a été nommé Grand Sacriste au lieu et place de Mr Le Blais, mort il y a environ deux mois ; il avoit une chapelle qui a été donnée au Garde Reliques ou Silentière qui est très pauvre. La grande sacristie peut valoir 7 à 800 livres non compris St Michel217.
Avent
224C’est un Capucin qui presche l’Avent ; il est très médiocre.
Messe et Te Deum d’actions de grâce pour la Naissance de Mr le Dauphin
225Le 18 novembre 1781, on a chanté pour la Naissance de Mr le Dauphin, une grande messe d’actions de grâces, laquelle a commencé à 8 heures. C’est Mr l’Evesque qui l’a ditte et après la grande Messe, il y a eu une procession généralle à l’abbaye de la Coulture. On est allé par l’Oratoire, la rue Marchande, la rue de la Paille ; on est entré dans l’Eglise de l’Abbaye de la Coulture, on a chanté un répond. On s’en est retourné par la rue St Julien le Pauvre, la rue de Quatre Roues, la Vieille Porte et la Grande Rue ; et en arrivant à St Julien, on a chanté un Te Deum. On avoit sonné touttes les cloches de la ville, la veille, depuis six heures du soir jusqu’à sept et on avoit dit matines la veille et le Dimanche on dit la messe du cœur avant sept heures du matin. L’Hotel de ville n’ayant pas eu le temps de faire faire le feu d’artifice, il a été remis ; ils ont fait faire plusieurs décharges des boëtes de la ville ; on doit allumer des chandelles par toute la ville. Il y a icy un Régiment de Dragons qui n’a pas été invité de se trouver à cette cérémonie. C’étoit à Mr l’Evesque à le faire et à régaller touttes les Compagnies ; mais non seulement il n’aime pas à faire de dépense218 encore il est vray aussi qu’il est mal logé, dans l’embarras d’un assés vilain bâtiment qu’il fait faire.
226[note] C’est une erreur, Mr l’Evesque a prié, mais d’une façon peu honneste.
227Le Régiment a pris les armes, et quand la procession a rentré, ils se sont mis sur deux lignes dans la nef et ont assisté au Te Deum. La musique du Régiment avec la musique de St Julien ont chanté le Te Deum. Quand ils ont sorty, ils ont fait une décharge.
Couche de Mme de St Victor
228Le 19 novembre 1781, Madame de St Victor, en son nom de fille, Mlle de Beauvais, est accouchée d’une fille. Elle demeure chés Mme sa mère, paroisse de St Nicolas.
Couche de Mme de Chassilly
229Le 19 novembre 1781, Mme de Chassilly, en son nom de fille, Mlle de St Cher, est accouchée d’une fille ; elle demeure paroisse du Crucifix.
Croix de St Louis à Mr de Fontenay
230Le Vendredy 7 décembre 1781, Mr de Fontenay, Capitaine de Dragons, dans le Régiment Custine, si je ne me trompe219, a reçu la croix de St Louis, par les mains de Mr son père au château de Montreuil220, qui avoit aussi servy dans le mesme Régiment ; il a un frère sous lieutenant dans le mesme Régiment. Mr de Fontenay dont je parle, a eu, il y a six mois, un brevet de Lieutenant Colonel.
Mariage de Mlle Richer de la Bosserie
231Mlle Richer de la Bosserie a épousé Mr de Robeton, agé de trente ans ; il étoit mousquetaire. Il a une terre près Auton221 proche la Ferté Bernard ; il jouist actuellement de 15 mille livres de rente ; il en aura encore autant après la mort d’une grande mère et d’un oncle222. Il étoit veuf et a une petite fille. Mlle de la Bosserie est jolie et agée de 26 ans ; elle jouist de deux mille livres de rente. Elle a une sœur jumelle qui demeurera peut être avec elle ; Mme de Montbrais, du Mans, est sa sœur ainée. Elle a trois frères dont l’ainé est au château de Beauchamps, près la Ferté Bernard ; c’est à ce château qu’elle a épousé le…223.
L’année 1782
Mort de Mr l’abbé Blin Chanoine
232Le 2 février 1782, Mr l’abbé Blin, chanoine et Archidiacre de Montfort, est mort agé de 81 ans passés ; il demeuroit dans la Maison près St Michel. Il étoit aimé de tout le Chapitre et générallement de toutte la ville ; il a son petit neveu qui est Procureur du Roy dans cette ville et Mr des Roches, son autre petit neveu, Conseiller au Présidial ; il a deux nièpces qui demeurent dans la Grande Rue. Mr Ouvrard, Lieutenant de l’Election, a fait imprimer une feuille à la louange de Mr l’abbé Blin, dans laquelle il y a l’éloge de ses bonnes qualités, mais rien de son état224. Cela ne valoit pas la peine d’etre imprimé225.
Baptême de l’enfant du sieur Poulart
233Le 10 février 1782, j’ay nommé avec Mme Le Pelletier de Feumusson, l’enfant du sieur Poulart, perruquier, demeurant au bas de la rue de St Vincent ; c’est une fille qui a été nommée Geneviève Marie Pauline226. La mère est fille du sieur Rimbault, serrurier. Mme de Feumusson m’a donné pour présent deux ceintures dont une violette, un cordon de canne et une bourse très propre. Je luy ay donné 7 boëtes de dragées, un bouquet et six paires de gans.
Prédicateur du Caresme
234C’est le Père Lelong, Minime, qui presche le Caresme ; il est bon prédicateur.
Prise de possession de l’archidiaconné de Montfort
235Le 18 février 1782, Mr Perrier du Mourier, qui étoit chanoine, depuis le 13 mars 1767, a pris possession de l’archidiaconné de Montfort vacant par la mort de Mr l’abbé Blin227.
Prise de possession du Canonicat de Mr Bonet
236Le 18 février 1782, Mr Bonet, qui étoit Aumonier de Mr de Gonsans, a pris possession du Canonicat vacant par la mort de Mr l’abbé Blin, par un brevet du Roy pour le Canonicat du Joyeux avènement. Il s’appelle Michel Bonet, fils d’un marchand, né le 16 mars 1746, dans la paroisse de Vauvillers, duché de Clermont Tonnerre, Diocèse de Besançon. Il a de l’esprit, il étoit secrétaire de Mr l’Evesque, qui l’avoit amené avec luy comme son secrétaire, quand il est venu au Mans.
Mort de Mme de la Barre
237Le 11 février 1782, Mme de la Barre, agée de 38 ans, est morte à sa terre de la Barre, subitement, d’un déport ou [mot illisible] de couche228. Elle laisse son mary, agé de 72 ans, avec sept filles et un garçon dont l’ainée a 10 ans ; c’est une vraye perte. En son nom de fille elle s’appelloit Lambert, fille de Mr Lambert avocat ; elle avoit épousé Mr Lefebvre de la Barre, très riche, qui demeuroit à sa terre de la Barre, paroisse de Juigné. Il jouist aujourd’huy d’environ neuf mille livres de rente, dont une partie est homagée229.
Députations données à Mr le Doyen de St Pierre et à Mr Huet
238Le 28 mars 1782, on a nommé aux deux places du Clergé ou députation à la Chambre Ecclésiastique, vacantes par la démission de Mr l’abbé de Cabrières, Grand Vicaire de Mr de Grimaldy Evesque de Noyon, et de Mr l’abbé de Vildon, aussi Grand Vicaire et Chanoine audit Noyon. La première a été donnée à la pluralité des voix à Mr Chesneau de la Drouerie, Doyen de St Pierre. Cette place avoit été demandée pour Mr le Doyen par Mr Cromeau et Mr de Barre, Intendant de Monsieur frère du Roy ; cependant Mr l’Evesque vouloit la donner à Mr Pichon, Grand Vicaire des communautés religieuses et Chantre de St Pierre. Le prélat très simple en a eu le dessous, mais pour dédommager son bon amy, il luy a fait avoir un Prieuré qui luy vaudra 1 200 # ; c’étoit le frère de Mr l’abbé Follope, qui étoit Curé d’Argentré, qui en étoit possesseur. La seconde place a été donnée à Mr Marin Huet Grand Vicaire, qui a mieux aimé cette place que l’Archidiaconné de Montfort ; il aime mieux l’argent que les honneurs. Il a de l’esprit, mais il est attaché à l’argent. Cette seconde place n’a pas souffert de difficultés pour la nomination mais Mr des Bois, Curé du Crucifix, et plusieurs autres ont représenté à Mr l’Evesque et même ont requis que la première qui viendroit à vaquer seroit pour un Curé de la Ville qui, représentant tous les Curés du Diocèse qui composent le plus grand nombre des bénéfices, il étoit juste qu’il y eust plusieurs Curés de placé. La réquisition a été écrite sur le livre des délibérations de la Chambre Ecclésiastique230.
Mort de Mr de la Girouardière
239Le 7 mars 1782, Mr le Comte de la Girouardière est mort chés Mlle de Chantenay, sa tante, âgé de 38 ans231, d’une hidropuisie de poitrine et obstruction au foie. Il avoit épousé une Demoiselle de Bricqueville à qui appartient la terre de la Freulonnière, paroisse de Souligné sous Ballon dont ils sont Seigneurs232. C’est une jeune femme très aimable, veuve avec 4 garçons dont l’ainé n’a que 11 ans ; les deux ainés sont au Collège de la Flèche. C’est une maison très riche ; il y a au moins 40 ou 50 mille livres de rente, une belle terre appelée Mouline près Beaugé en Anjou où il avoit le projet de faire un beau château233. Il s’est retiré Capitaine de Dragons à la suite du Régiment d’Orléans Dragons. En cette qualité Mr de Savonnières, commandant le Régiment de Monsieur frère du Roy, en garnison en cette ville a fait prendre les Armes à 50 hommes au moins, et tous les Officiers ont assisté à la cérémonie. C’est Mr de Savonnières, Colonel en second, Mr de Montigny, premier Capitaine du Régiment de Monsieur, on a prié Mr le comte de Broc et Mr de Montaupin deux anciens officiers retirés, habitants de cette ville, qui portoient les coins du drap mortuaire.
Couche de Mme de Châteaufort
240Le 25 mars 1782, Madame de Châteaufort est accouchée d’un garçon ; elle demeure dans sa maison, près l’Hopital, paroisse de la Coulture. Elle a une fille qui peut avoir environ 4 ans ; je ne say pas qui a été parrain et marraine.
Feu d’artifice pour Mgr le Dauphin
241Le 15 avril 1782 le feu d’artifice qui devoit estre tiré pour la Naissance de Mgr le Dauphin234 a enfin été tiré le 15, après avoir essuyé plusieurs difficultés et accidents. Mr l’abbé Leguicheux, qui s’étoit chargé gratuitement de le faire, y a été blessé par son imprudence et il en est mort ; il y eust ce même jour, plusieurs personnes de blessées et de brulées, mais cela n’eust pas de suittes235. Mrs de l’Hotel de Ville, ayant eu des contestations avec Mr le Lieutenant-Général de Police pour les droits d’ordonnance à pareils jours, ont formé des oppositions. Il y a même eu un Arrest qui a donné le droit de Police à pareils jours. Mr Jouye des Roches a été à Paris et a obtenu de Mr le Procureur Général de Paris, un arrest qui luy donne à luy seul et à Mrs du Présidial, la police et Ordonnance à pareils jours. Cela est encor en contestation.
242Mais, pour revenir au jour du feu d’artifice : Le Dimanche on a sonné touttes les Cloches de la Ville, depuis 6 heures du soir jusqu’à sept. Mrs Livré et Pousset de la Vove sont venus au chapitre pour demander le son des cloches, mais n’ayant pas voulu donner leur soumission qui est d’en répondre si elles venoient à casser et comme cela s’est toujours pratiqué, nous n’avons point Sonné. On a commencé à chanter un Te Deum à St Pierre où ont assisté Mrs les Officiers de Monsieur, frère du Roy, et le Régiment avoit pris les armes. C’est Mr l’Evesque qui a entonné le Te Deum. Comme le nombre des Officiers de la Ville est très petit, ils avoient prié plusieurs anciens Echevins d’assister à la cérémonie du Te Deum et du feu. Après le Te Deum, tous ces Messieurs, qui composoient le cortège de la Ville, sont venus pour allumer le feu de joye et c’étoit Mr l’Evesque du Mans qui y a mis le feu. Après ce premier feu, composé d’environ une douzaine de fagots, et qui est d’usage, tout ce Cortège s’est en retourné à l’Hotel de Ville ; une partie du Régiment étoient autour du feu et tiroient continuellement. Sur les 9 heures du soir, tous ces Messieurs de la Ville sont venu prendre leur place sur un amphithéâtre qu’ils avoient fait préparer ; il y avoit des places pour une partie de la Noblesse que ces Messieurs avoient prié par billet. Mr l’Evesque y étoit ; il y avoit Mme de Savonnière qui a mis le feu au Dragon, le feu en général n’a pas été bien tiré parce qu’il y avoit trop de temps de distance entre les pièces, et comme l’artifice étoit fait depuis si longtemps, il n’a pu estre bien exécuté et aussi parce que le nommé Rousseau, tourneur et non artificier, n’a pas été bien servy par les hommes chargés de faire ce qu’il disoit, ils avoient bu. Il y avoit des amphithéâtres tout le long du bâtiment de la Halle, que les entrepreneurs, qui étoient des ouvriers de l’Hotel de Ville, louoient les places à 36 sols, à 24 sols et à 12 sols236. Il y avoit où placer au moins 1 200 personnes ; il y avoit aussi deux amphithéâtres en face de l’auberge de St Louis237 et aux deux costés de celuy de l’Hotel de Ville qui étoient loués plus cher. Comme ce feu avoit été annoncé pour estre très beau, il étoit venu beaucoup de monde des villes voisines, et réellement les décorations en sont très belles.
243Plusieurs personnes m’ayant demandé des places à mes croisées et ne pouvant placer tout le monde, je pris le party de faire faire dans ma cour un amphithéâtre où placer environ 100 personnes ; j’avois ôté le balcon du cabinet qui donne sur la rue et l’on dessendoit par là sur mon amphithéâtre238. Ce même jour, je donnoi à souper à 70 personnes dont étoient Mr et Mme la Comtesse de Broc, Mme la Marquise de Savonnière, Mr et Mme la Marquise de Samson, Mr et Mme la Marquise de Fougerais, Mr et Mme la Comtesse de Fougerais, une Dame et un Mr Abbé de leurs parents, tous demeurants à leur terre aux environs de Bellème ; Mr et Mme de Montulé ; Mr et Mme de Curby, Mr Mme et Mlle de Grandmaison, Mr et Mme le Boindre, Mr et Mme de Montbrais, Mr de Marsilly, Mr l’abbé de Boisdeffre et Mr l’abbé de Fontaine, tous deux Grands Vicaires ; Mr de Blin, Lieutenant-Criminel et Mr l’abbé de Moncé son frère ; Mr de Feumusson ; Mrs Mme et Mlles de Villiers ; Mr Mme et Mlles Moynerie et Mr de Cireuil, Mr et Mme Fontaine et Mlle la Moste le Vayer, Mr et Mme Amyot et Mr de Rouillon ; Mr de Létang ; Mr de Tilly ; Mme Nepveu et Mlle de Champaigné ; Mr le Curé de Gourdaine et son neveu ; Mr et Mme du Vaugouin ; Mr et Mme de Bellefille et Henry leur fils et Mlle Cuisnié, la niepce de Mr le Curé de Chemiré ; un officier de Dragons. Il y avoit plusieurs personnes qui avoient mangé un petit morceau avant souper, parce que le feu dura jusqu’à plus de onze heures et il faisoit grand froid. J’avois plusieurs chanoines qui ne voulurent point souper.
244Mr l’abbé de Montgrenier et Mr de Lelée, sous-chantre, étoient venus avec les 8 enfans de cœur239 ; comme j’avois beaucoup de monde à souper, ils s’en furent sans souper ; ils avoient soupé avant de venir. Un peu avant minuit, je fis servir sur ma grande table, dans la salle à manger, un aigneau, une longe de veau, un alloyeau de 20 livres, deux poulardes dont une à chaque bout de la table qui contenoient au moins 22 personnes. Il y avoit six entrées, dont une langue de bœuf en ragoust, un grand paté chaud, des pigeons en ragoust, un fricandeau240, un caré de mouton en ragoust, un gigot de chevreuil, un paté de lièvre, un jambon, une oreille de cochon glacée, un gâteau au riz, un gâteau de Savoye, des épinards, une tourte, des entremets et des pots de crême de deux façons, il y avoit des tartelettes. Au reste, je fis mettre beaucoup de plats de dessert ; voilà pour la grande table. Dans la salle, il y avoit une table de 12 couverts ; on eut du veau froid, un pâté de lièvre, une poularde, un ragoust de pigeons, une poularde aux cornichons, une tourte de confitures, une langue fourée, un plat de tartelettes, au reste, du dessert. Dans la chambre du milieu en haut, il y avoit une table de dix ou douze couverts, pour les enfans de Mr de Villiers et de Mme Moynerie ; il y resta plusieurs personnes. Il y avoit un grand plat de soupe au riz, une poularde, une langue fourée, des épinards, des pots de crême, des tartelettes et des plats de dessert. Au reste, tous ceux qui n’étoient point à table, mangeoient debout ou sur le buffet ; tout le monde parut content. Sur les une heure après minuit, on me proposa des violons ; je ne dis autrement que je n’étois pas le maistre, ny chés moy aujourd’huy, et aussitost cet officier de Dragons envoya chercher ses deux violons ; il en joua et Mr Moynerie. On dansa environ une douzaine de contredanses, jusqu’à trois heures, et chacun se retira241. J’avois pris la précaution de demander à Mr de Savonnière qui commande le Régiment une sentinelle.
Mariage de Mlle de Cailleau
245Le 15 avril 1782, Mlle de Cailleau, âgée d’environ 26 ans, a épousé Mr le Chevallier de Féron, qui a servy dans les Mousquetaires et dont le rang court toujours pour avoir la Croix de St Louis, le corps des Mousquetaires ayant été reformé. Il a encor père et mère et il n’est pas riche ; pour elle, elle le sera beaucoup ; il est vray que le père et la mère sont encor bien jeunes. Elle n’est pas jolye ; elle demeure avec ses père et mère au château d’Auvours, paroisse d’Ivré242. C’est Mgr l’Evesque du Mans qui a fait le mariage243.
Confirmation
246Mr l’Evesque du Mans a commencé à donner la confirmation, dans les paroisses de la Ville, le Vendredy 12 d’avril. Il a aussi fait la visitte de touttes les paroisses de la ville ; il n’a point voulu manger chés Mrs les Curés.
Retraitte de Mrs les Curés du Diocèse
247Le Mercredy 17 avril 1782, a commencé la retraitte de Mrs les Curés du Diocèse.
Couche de Mme de Vancé
248Le 19 avril 1782, Mme de Vancé est accouchée d’un garçon, ils ont été mariés le 30 janvier 1781, elle a accouché à Chesne de Cœur, chés Mr de Vancé, son beau-père244.
Couche de Mme de Fontenay
249Le 19 avril 1782, Mme de Fontenay, femme du chevalier, Capitaine en second d’artillerie, est accouchée d’un garçon dans la maison de Mr de Monthéard. Mr de Fontenay avoit épousé cette demoiselle dans la ville de Lorient où il est en garnison ; le père de cette demoiselle est Capitaine de Vaisseau dans la Compaignie des Indes ; il a été pris une fois par les Anglois et a perdu trente mille livres. Ce n’est pas un mariage bien riche pour Mr de Fontenay ; ils cherchent une maison pour y demeurer pour toujours.
250[note] Son enfans est noury avec du lait de chèvre245.
Couche de Mme Mérillon
251Mme Mérillon, femme d’un Procureur, est accouchée d’un garçon le 20 avril ou jour suivant. Elle est aimable ; elle est riche, fille d’un notaire de la Chartre près Château du Loir. Son mary est très bon Procureur et très honneste homme ; il a la confiance du chapitre, et quand j’ay des affaires, c’est à luy que je m’adresse.
Mort de Mr Bouvet, Greffier du chapitre
252Le 20 ou le 21 avril 1782, Mr Bouvet, Notaire honoraire est mort ; il étoit Greffier de la Prévosté du chapitre. Mr son fils exerçoit pour luy dans cette charge que le chapitre luy a vendue pour trois mille livres, bien cher. Il s’est trouvé Mr Bisneau neveu de Mr Sallé, notaire apostolique qui en avoit offert la ditte somme de trois mille livres. Le chapitre, très attaché à ses intérests, a donné la préférence à Mr Bouvet ; il a été reçu peu de jours après. Mr son père ne l’avoit achetée que 1 500 # après la mort de Mr Coutelle en 1760.
Nouveau Maistre de Musique
253Le 12 may 1782, le chapitre a reçu pour Maistre de Musique Mr Lesueur, clerc tonsuré, qui étoit Maistre de Musique à Dijon246. C’est un élève de Mr l’abbé Roze, fameux maistre de Musique à Paris247 ; il est âgé de 23 ans ; il a l’air honneste.
Jour de la Feste Dieu
254Le jour de la Feste Dieu, qui étoit le 30 may, il fit mauvais, on a fait la procession autour de l’Eglise trois tours et le dernier, en haut de la nef, on s’est arresté pour chanter un motet et on a donné la Bénédiction à cause d’un détachement de 100 hommes du Régiment de Monsieur, frère du Roy, des Dragons en garnison au Mans, depuis bientost trois ans. C’est cette année quon devoit changer la marche de la procession, comme les démolitions de la maison qu’occupoit Mr Dugast, chanoine, a été démolie par la crainte qu’elle ne vint à écrouler, on en a mis une partie de la démolition des murs dans les rues du Pans de Goron et comme il est impossible de passer par cette rue, après avoir présenté une requeste à Mr l’Evesque pour luy demander un changement, on a député vers Mrs du Présidial à qui l’on a présenté la requeste et l’ordonnance de Mr l’Evesque. Ils ont aussi donné une Ordonnance de concert avec Mr le Lieutenant Général de Police, et la marche de la procession de la Feste Dieu est par la place du château, devant l’Oratoire, la rue St Dominique, la rue Marchande, la rue de Paris, celle de la Coulture et du puits de quatre roue ; à la Mission, la marche du retour sera comme ci-devant248. La procession de la Châsse de Ste Scolastique ira par la place du château, devant l’Oratoire, les Jacobins, la rue St Dominique, la rue de la Barillerie, la place de l’Epron, la Vieille Porte et au reste la Cigogne. La procession de la translation des Reliques de St Jacques aura la même marche, avec obligation de tendre249 à touttes ces processions.
Première Messe de Mr de St Chereau, chanoine
255Le même jour de la Feste-Dieu, Mr l’abbé Pilon de St Chereau a dit sa première Messe ; après la procession, on a commencé la grande Messe par chanter le Veni Creator. Il avoit pour assistant Mr l’abbé du Mourier, chanoine et Archidiacre de Montfort. Mr l’Evesque étoit à la grande Messe qu’il a commencée et finie comme à l’ordinaire.
Mort de Mr l’abbé de Gémarcé chanoine
256Le 30 may 1782, au soir, Mr l’abbé Bouttier de Gémarcé, chanoine, est mort, âgé de 81 ans, d’une attaque de paralisie qui luy a pris auprès de son feu dans lequel il a tombé et le feu prit dans ses habits et luy brula une partie du corps ; il n’a vescu que trois jours. Il avoit esté Curé de St Benoist avant d’estre chanoine ; c’étoit Mr de Froullay qui luy avoit donné un Canonicat, le 12 juin 1761. Il étoit Député du Clergé du temps qu’il étoit Curé de St Benoist ; il avoit été Administrateur de l’Hopital. Il laisse sa succession à Mme de Boisclereau sa niepce et à une autre niepce et à un neveu qui est prestre chapelain de la Communauté de la Visitation d’Alençon pour lequel il n’a jamais rien voulu faire. Il n’a point fait de testament ; il laisse beaucoup d’argent. Mme de Thomassin, sa sœur, hérite de luy. Il avoit un esprit assés singulier pour les bons mots.
Prise de possession du Canonicat de Mr de Boisdeffre
257Le 14 juin 1782, Mr l’abbé Mouton de Boisdeffre, grand Vicaire du Diocèse, a pris possession du Canonicat vacant par la mort de Mr de Gémarcé. Il s’appelle… Mouton de Boisdeffre, né dans la paroisse de Notre Dame d’Alençon au Diocèse de Séez, dans le mois d’avril 1751. Il est homme de condition. Mr son père vient de se retirer, brigadier des armées du Roy ; il étoit Lieutenant Colonel dans un Régiment de Cavallerie ; il a plusieurs enfans au service et il n’est pas bien riche. Il a la terre de Boisdeffre, paroisse de Bethon près Alençon ; il y avoit un chanoine de St Pierre qui est mort il y a environ un an, frère de celuy d’aujourd’huy250.
Mort de Mr Henry, chanoine
258Le 21 juin 1782, Mr Henry, Greffier au Criminel à Paris, a écrit à Mr l’Evesque pour luy annoncer la mort de Mr Henry, son parent, mort chés luy à Paris. Il avoit pris possession le 2 décembre 1776, il avoit 52 ans. Il étoit allé à Paris pour consulter sur une maladie de langueur251. Mr l’Evesque a donné son Canonicat, le même jour, au fils de Mr Salmon du Chastelier, gentilhomme qui demeure à sa terre du Chastelier, paroisse de Savigné sous Brais, près Vendôme.
Prise de possession du Canonicat de Mr Salmon du Chastelier
259Le 8 juillet 1782, Mr de Salmon du Chastelier a pris possession du Canonicat vacant par la mort de Mr Henry. Il s’appelle… Salmon du Chastelier et est né le 24 aoust 1761 ; il n’est pas encor dans les Ordres, il sera sous-Diacre à la St Mathieu. Il est au Séminaire de St Sulpice à Paris ; on dit que c’est un très bon sujet252. Mr son père, homme de très bonne maison, demeure à sa terre du Chastelier, paroisse de Savigné sous Brais253. Il a un oncle qui a été Archevesque de Paris.
Jour de St Jacques – Musiciens
260Le 25 juillet 1782, il y a eu une grande Musique composée par un nouveau Maistre de Musique qui tient la Psalette depuis le 21 may dernier254. Comme il se plaignoit qu’il n’y avoit point de Musiciens pour rendre sa Musique, dans 15 jours, on a arresté ou fait venir trois Musiciens255 dont une haute-contre qui est bon musicien, mais dont la voix est faible ; il est jeune256. On a eu une haute taille très bonne ; c’est un jeune homme qui sort d’estre enfans de cœur257 ; on a aussi arresté une taille dont la voix n’est point forte258, mais ils sont tous bons musiciens. Ils ont tous chacun 12 # par semaine. Depuis un mois, on avoit pris un très bon serpent pour supléer à Hélis qui est hors de service. C’est un garçon très sage259.
Nouvel habit de cœur de Mrs de St Pierre
261Le 25 juillet 1782, Mrs les Chanoines de St Pierre ont pris la mozette comme celle de St Julien ; elle n’a de différence qu’au lieu de boutons ils ont mis des gances et olive260 ; celle qu’ils auront l’hiver sera de velours. Cela a fait une grande fermentation dans le chapitre de St Julien ; on a député vers Mr l’Evesque qui avoit dit qu’il engageroit ces Messieurs à différer, prétendant qu’il n’avoit pas donné son consentement. Le 22 juillet, Mr l’Evesque dinant chés Mr de Launay, l’avocat, où étoit Mr de Bare, un des Intendants de Monsieur, frère du Roy, Mrs les Chanoines de St Pierre envoyèrent des Députés pour dire à Mr l’Evesque que Monsieur, frère du Roy, leur avoit accordé la permission de porter la Mozette. Mr l’Evesque voulut faire quelques difficultés et les engageoit à différer ; ils luy répondirent qu’ils en avoient la permission et qu’ils la prendroient le jour de la Procession. Mr de Bare dit à Mr l’Evesque, qu’ayant donné son consentement, ils ne pouvoient différer et que c’étoit l’intention de Monsieur261. Ils vinrent donc le jour de la Translation des Reliques de St Julien ; et comme ils croyoient qu’on leur refuseroit l’entrée dans l’Eglise, ils avoient fait poster Mr Martigné, leur Notaire, de se trouver à la porte de l’Eglise262. Mr de Bare, qui vouloit en estre témoin, vint avec ces Messieurs. Mr l’Evesque, qui prévoyoit la fermentation, s’absenta et fit un voyage, aux Perray, à Malicorne et à Sablé263. Le Chapitre ne fit aucune démarche ; le lendemain on en fit un point au chapitre. Il y eut plusieurs chapitres à cette occasion, auxquels je n’ay point voulu me trouver264. Il fut décidé qu’on en écriroit à Monsieur, frère du Roy, et à Mr l’Evesque de Sées.
Installation de Mr Posset, comme Maire de Ville
262Le 13 aoust 1782, Mr Négrier de Posset ou de la Ferrière, a été installé à l’hotel de Ville comme Maire, au lieu et place de Mr son père, qui luy a donné sa place ; on espère qu’il fera mieux dans cette place que son père. L’Hotel-de-Ville avoit demandé au Roy des ordres pour qu’il ne parust pas au Bureau ; il avoit eu aussi une lettre de Cachet pour l’exiler à sa terre ; il avoit trouvé le moyen d’avoir la permission de venir au Mans pour ses affaires, et enfin d’y rester pour cause de maladie. Il y auroit beaucoup de choses à dire sur son compte. Le fils paroist plus doux et on en espère davantage ; il a promis de ne pas suivre les avis de son père qui est un très mauvais sujet. Il étoit à la procession de l’Assomption, à la teste de l’hotel de Ville. Le jour que Mr Posset a été installé Maire, il a donné un grand diner chés Mr son père, où il avoit invité beaucoup de monde. Il n’y a pas beaucoup de cérémonie pour recevoir. La veille, il fist des visites à tous les membres du bureau ; le lendemain il se présenta. On le reçoit à la porte, on va au-devant de luy ; quand il est installé, tous ceux qui sont présents au bureau, vont le reconduire avec le cortège de l’Hôtel de Ville. On luy envoye après cela le vin de Ville avec deux Députés qui luy font un compliment. Il n’y a pas d’autre cérémonie.
Couche de Mme de Montesson
263Le 17 aoust 1782, Mme de Montesson est accouchée d’une fille ; le premier enfant est mort. Elle a un garçon qu’elle a fait nourir chés elle265.
Mort de Mme Le Prince
264Le 21 aoust 1782, Mme Le Prince est morte, âgée d’environ 66 ans ; elle étoit veuve. Elle laisse plusieurs enfans qui sont tous mariés. Mr Le Prince l’ainé, ainsi que son frère, Mr de Clarsigny, faisoient le commerce de la cire ; il y a deux enfans à Paris, qui avoient fait la banque et qui avoient mal fait leurs affaires ; je croy même que les créanciers ont perdu. Ils vont sans doute avoir la succession de Mme Le Prince266.
Mort de Mr Raison
265Le 21 aoust 1782, Mr Raison, avocat, le père, est mort d’une fièvre maligne ; il étoit âgé d’environ 60 ans. Il a trois demoiselles et deux garçons ; il y en a un qui a épousé Mlle Dagues, lequel est Lieutenant particulier des Eaux et Forests et en outre sera Avocat ; il a plaidé sa première cause au Mans, il y a 15 jours. Le cadet est président au Grenier à Sel du Mans ; il y a en outre au moins deux demoiselles267.
Couche de Mme de Samson
266Le 15 septembre 1782, Mme de Samson, cy devant Mlle de Broc la dernière des demoiselles de Broc, mariée le 15 juillet 1781, à Mr de Lorchère devenu l’ainé par la mort de Mr son frère, est accouchée d’un garçon, au château des Perray. C’est Mr le Comte de Broc, père de la mère de l’enfans et Mme de Lorchère, qui ont nommé l’enfans.
Mort de Mr Vétillard, Médecin
267Le 20 septembre 1782, Mr Vétillard, Docteur en Médecine et très bon Médecin, est mort au Mans, d’une hidropuisie de poitrine, après avoir longtemps souffert. Il laisse une femme et 3 enfans dont deux Religieuses à la Visitation ; il a un garçon qui étudie à Paris et qui est chanoine de St Pierre. C’est une grande perte pour sa famille et pour le public. Il ne pouvoit avoir qu’environ 55 ou 56 ans268.
Ordination
268Le 21 septembre 1782, Mr l’Evesque a fait l’ordination qui étoit très nombreuse269. Mr Salmon du Chastelier, Chanoine, y a reçu le Sous-Diaconat et le lundy suivant, a présenté ses lettres de sous-Diacre pour avoir place au chapitre et aux stalles hautes270.
Mariage de Mlle de Samson Lorchère
269Le lundy 23 septembre 1782, entre sept et neuf heures du soir, Mlle de Sanson Lorchère, âgée de 31 ans, a épousé Mr de Grandval, Capitaine en second dans le Régiment de Monsieur, frère du Roy, Dragons en garnison au Mans depuis trois ans et qui vont encor y rester un an. Il est de Normandie et peu riche ; il a une petite terre qui, dit-on, pourra valoir 3 000 # de rente, où demeure Mme sa mère. Il a un frère ainé qui est retiré du service, et qui est venu aux noces avec un autre frère ; il a une femme très riche dont il y a une petite fille âgée d’environ 5 ans. Il a encor un frère et des sœurs. C’est un très digne garçon âgé d’environ 37 ou 38 ans ; c’est luy qui est à la teste pour l’équitation du Régiment. Mlle de Sanson aura au moins 5 000 # de rente ; elle est encor très jolie et d’un très bon et doux caractère. Elle a deux sœurs qui probablement ne se marieront point ; elle a un frère marié, dont la femme vient d’accoucher depuis 8 jours.
Assemblée extraordinaire du clergé271
270Au commencement d’Octobre, il y a eu une Assemblée du Clergé pour nommer un Député pour aller avec Mr l’Evesque à l’assemblée de Tours. C’est Mr l’abbé Fay chanoine, qui a été nommé. Mr l’Evesque du Mans a été nommé à Tours pour aller à l’Assemblée extraordinaire à Paris. Cela n’empeschera pas l’assemblée ordinaire qui se tient tous les cinq ans ; la présente a été occasionnée pour donner au Roy une somme d’argent pour l’aider à soutenir les frais de la guerre contre les Anglois272. Touttes les Provinces en pays d’état273 ont donné une somme, ainsi que les premiers généraux. Le Clergé a donné quinze Millions.
Mort de Mme de Souvré
271Le 27 octobre 1782 Mme de Souvré, qui demeuroit à Monpertuis274, est morte âgée de 80 ans ; cette Dame a été regrettée. Elle étoit gaie et aimable et on alloit chés elle avec plaisir ; j’avois l’honneur de luy appartenir275.
Mort de Mme Janard
272Mme Janard est morte âgée d’environ 80 ans ; elle s’étoit retirée au Couvent des Ursulles depuis la mort de son mary. Elle laisse trois enfans tous établis. L’aisné a épousé une demoiselle de St Chereau qui n’a point d’enfans ; il a achetté une charge de thrésorier au bureau des Finances de Tours276. Le cadet a épousé, depuis six mois, une Demoiselle de Genesté de Belesme. La demoiselle a épousé, il y a longtemps un Mr de Bellemare, cadet, Chevalier de St Louis, qui a deux demoiselles ; la cadette est à St Cyr à Paris.
Mort de Mr Courcelles ancien Maistre de forges
273Le 28 octobre 1782, j’ay receu une lettre de Mme Courcelles, qui demeure à Paris, qui m’annonce la perte qu’on vient de faire de son mary qui étoit allé à Nevers pour y faire les expériences du charbon de terre277 pour le faire employer dans les forges à fer. Si cela avoit eu lieu comme il l’assuroit, il rendroit un grand service à la France, et le Ministre luy assuroit une somme de cent cinquante mille livres à prendre sur la marque des fers de la Généralité de Moulins. En arrivant à Nevers, il y est tombé malade et mort en peu de temps. Depuis dix ans, ce Monsieur a été malheureux ; il avoit un procès avec Mr de Vilmorion pour la forge de Vanlançay en Berry, dont il estoit sorty avec sa femme et un enfans unique sans le sol. Il avoit été obligé de gagner sa vie comme il avoit pu à Paris, se réunissant avec des gens à sistème278 ; il avoit beaucoup d’esprit279.
Couche de Mme de St Victor
274Mme de St Victor, fille de Mme de Beauvais, est accouchée pour la première fois280, d’une fille baptisée à la paroisse de St Nicolas. Elle est accouchée heureusement le 8 novembre 1782, elle étoit accouchée la première fois, le 19 novembre 1781.
Mort de Mr Lefebvre281
275Mr Lefebvre, conseiller au Présidial, est mort à sa terre de Mareil près Brûlon282, d’une fièvre maligne ; il étoit fort jeune. Il avoit épousé une demoiselle Godard d’Assé dont il a trois enfans tous jeunes, deux garçons et une fille qui sont et seront très riches283.
Prise de possession
276Le 16 novembre 1782, Mr Sagé, qui n’est encor que Diacre, a pris possession du Canonicat et non de la sous chantrerie qui y est attachée. C’est un homme de bonne condition, de Franche-Comté et dont le père porte la décoration de chevalier de St Georges284. Comme il faut estre prestre pour estre sous-Chantre, il n’a pris possession que du Canonicat ; savoir encor si ce Canonicat n’est point devolutable285 et cela par la faute de Mr l’Evesque, Mr Sagey a commencé sa rigoureuse, le lundy 2 décembre.
Vandanges
277Les vandanges, toutes mauvaises qu’elles soient, ont été faites le 6, le 7, le 8 et le 9 novembre. Il y avoit encore assés de coupe, mais point mûr et il y avoit du raisin gelé.
Prédicateur de l’Avent
278C’est un Minime qui presche l’Avant ; il est passable, mais il a peu d’onction286.
Mort de Mr Provost et de Mr Tironneau
279Mr Provost et Mr Tironneau, prestres de St Michel, sont morts âgés d’environ 80 ans au moins. Le premier avoit une chapelle d’environ 600 # qui a tombé en la semaine de Mr l’abbé Nepveu, qui l’a présentée à Mr Faussabry, prestre vicaire dans le bas Maine. C’est Mr Lemercier, qui avoit esté Maistre de Musique, qui a eu la chapelle de Mr Tironneau. Elle étoit à la présentation du chapitre en corps, elle consiste dans 4 quartiers de vigne et 20 # de rente ; elle donne la frairie à St Michel. Il n’en avoit pas de besoin287.
Mariage de Mr le marquis de Vennevelle
280Le 23 décembre 1782 Mr le marquis de Vennevelle est arrivé au Mans avec Mme son épouse qui est une Demoiselle… de la ville de Poitiers, âgée de 19 ans le jour de son mariage288. Elle est fille d’un Capitaine de Vaisseau qui n’est pas bien riche, mais de belle alliance ; elle a un oncle, Mr…, qui est Cordon rouge289. Mr de Vennevelle est âgé de 23 ans, ils demeurent au Mans chés Mme de la Roussière, leur grande-mère.
Jour de Noel
281Mr l’abbé Sagey, prestre de l’ordination de Noel à Tours, a dit sa première grande Messe le jour de Noel à la Messe de Minuit. C’est Mr Du Mourier, Archidiacre de Montfort, qui l’a assisté. On a dit le Veni Creator avant de commencer la Messe, le reste à l’ordinaire. Voir l’article du 16 novembre dernier.
Procès entre Mr de Grimaldy et Mr de Gonssans tous deux Evesques
282Le procès entre Mr de Grimaldy, Evesque de Noyon et Mr de Gonssans, son successeur à l’Evesché du Mans, a été jugé avant Noël au Grand-Conseil. C’étoit pour des bois que demandoit Mr de Gonssans qui n’a pas eu tout ce qu’il demandoit, à beaucoup près, espérant avoir environ 80 000 # ; il n’en aura que 40 000 # tout au plus. Il en coûtera à Mr de Grimaldy 14 000 #, dont le reste sera employé à faire faire des fossés et à planter ou semer des vides dans les bois dépandants de l’Evesché. Savoir ceux de Montfort et de Touvois290.
L’année 1783
Couche de Mme Poisson du Breuil
283Le1er janvier 1783, Mme Poisson du Breuil est accouchée très heureusement d’un garçon, à la grande satisfaction de son mary et de sa famille.
Mort de Mr l’abbé Nepveu291
284Le 7 janvier 1783, Mr l’abbé Nepveu, Chanoine depuis plus de 50 ans, est mort, âgé d’environ 76 ans, après avoir été sans marcher pendant plus de 40 ans, à cause de la goutte qu’il avoit aux pieds et aux mains292. Il a été nommé chanoine en 1723 au mois de septembre ; son Canonicat est tombé en mois gradué de rigueur. Il avoit trois chapelles dont une appellée les Trois Maries, à la présentation de Mr le Curé de St Vincent, qui l’a présentée au Vicaire appellé Mr Guillotin ; une autre à la présentation de Mr de Chassilly, qui l’a présentée à Mr Ameslon, Curé de Courcemont, c’est Mr Chapelle, professeur à Paris, qui a requis la dernière, à la présentation de Mr l’Evesque. Ses héritiers sont : Mr de Rouillon, Lieutenant de Vaisseau ; Mr le chevallier de Rouillon, Capitaine en second des Dragons, et Mme Amyot ; elle est chargée de la procuration de l’ainé actuellement à Cadix. Il a fait un testament pour ses deux domestiques à qui il donne chacun 100 # de rente rente viagère. Il a fait un don à Mlle Montsaillier de 1 200 # ; elle avoit bien eu soin de luy pendant ses infirmités.
Couche de Mme de Robton
285Mme de Robton, sœur de Mme de Montbrais, est accouchée, il y a 8 jours, d’une fille ; à sa terre de Robton, à Auton, près la Ferté Bernard293. Il y a environ un an qu’elle est mariée294.
Exécution
286Il y a eu un homme de pendu le 31 janvier ; c’étoit un garçon tailleur qui avoit volé 12 # avec effraction. Il en a été pendu deux autres depuis un mois.
Mort de Mr du Vauguion, mon beau-frère
287Le 6 février 1783, Mr Le Cointre du Vauguion, mon beau-frère, est mort subitement, âgé d’environ 58 ans ; il avoit la charge de Lieutenant de la Maréchaussée. Il avoit épousé ma sœur, le 8 may 1764. Il est mort d’un abcès dans la poitrine, qui l’a étouffé. Le jour de sa mort, il avoit douze personnes à diner ; il mangea très peu ; après diner il fit une partie, en recommença une seconde pendant laquelle il mangea un petit morceau de pain et prit un peu de bouillon. Un quart d’heure après, il se sentit incommodé, passa dans son cabinet, se mit au lit et passa sans aucun effort. On fit tout ce qu’on put en pareille circonstance. On luy rendit les honneurs d’un Militaire, Chevalier de St Louis. Mr de Savonnières ayant dit que si l’on demandoit un piquet de Dragons295 en garnison au Mans, on le donneroit, Mr du Chesnay, cousin de Mr de Vauguion, écrivit en son nom et en celuy de la famille à Mr le marquis de Savonnières Colonel en second commendant le Régiment, pour le demander. On pria 4 Chevaliers de St Louis, de porter les 4 coins du drap ou poële296. C’étoient Mr de Montaupin, Mr le marquis de Vennevelles, Mr le Comte de Fontenay et Mr de Montbrais. Il a été générallement regretté.
Mort de Mme la Comtesse de Broc
288Le 11 février 1783, Mme la Comtesse de Broc, agée d’environ 63 ans, est morte d’une fièvre maligne et d’une fluction de poitrine. Elle demeuroit dans sa maison, place de l’Epron et a été enterrée au grand Cimetière. Mr de Broc, son mary, va se retirer aux Parray297, qui luy appartiennent. Elle laisse quatre enfans, dont l’ainée est Mme la Marquise de St Aignan, Dame d’honneur de la Princesse de Conty, agée de 33 ans ; elle a un fils, Capitaine de Cavallerie, bien considéré dans son corps ; il est sur le point d’avoir un régiment. Il a épousé une Demoiselle de Beauregard dont le père est Intendant à l’isle St Domingue ; il a environ 31 ans. Elle laisse encor Mme de la Pomerie et Mme de Samson la plus jeune. Mme de Broc, en son nom de fille, étoit Mlle de Turbilly298 ; elle pouvoit avoir environ quinze mille livres de rente. Elle a été généralement regrettée : c’est une très bonne Maison de moins dans notre ville299 ; Mr le marquis de Broc fils, va venir occuper la maison du Mans avec sa femme ; Mr son père luy a donné tous les Meubles qui sont dans la ditte maison. Les affaires et partages n’ont pas été longs à arranger ; Mr de Broc, le fils, a bien fait les choses vis à vis de Mme de St Aignan, sa sœur, qui n’est pas riche et a un mary qui a tout mangé son bien ; elle a un enfant qui est dans la Marine.
Couche de Mme le Boindre
289Le 10 février300 1783, Mme Le Boindre est accouchée d’une fille bien heureusement, après avoir souffert 5 heures. Ce n’est rien en comparaison des autres couches dont les enfans n’étoient point venu à bien301. C’est Mr de la Motte, négotiant à Laval, qui a été parain avec Mme Amyot ; elle a été nommée Catherine-Marie-Julie. Elle a été baptisée à la Coulture doù est le Greffier où elle demeure. On avoit fait venir un chirurgien de Laval, homme habille302.
Mariage de Mlle Le Vayer de Brassac
290Le 17 mars 1783, Mlle Le Vayer, qu’on appelle Mlle de Brassac, la dernière de touttes, épouse aujourd’huy Mr le Vicomte de Beaurepaire âgé de 26 ans ; il est Sous-Lieutenant d’Artillerie. Il jouist, dit-on, de douze mille livres de rente, et après la mort d’une tante, il en aura beaucoup plus. Il demeure une partie de l’année à Paris chés Mr son frère et l’autre partie à une terre qu’il a en Sologne. Ce mariage a paru surprenant. La demoiselle n’est pas jolie et jouist d’environ cent louis de rente ou 3 000 #303. Il y a encor une demoiselle Le Vayer, qu’on appelle Mlle de la Motte qui n’est point mariée ; elle n’est point jolie non plus. L’ainée, qui est incommodée d’un bras et qui n’est point mariée et qui probablement ne se mariera pas, est dans un Couvent près de Montrichard. Le mariage s’est fait au Mans dans l’Eglise de la paroisse de St Vincent ; c’est Mr l’Evesque qui a fait le mariage304. C’est le frère ainé qui a fait tous les frais de la noce ; il avoit à la cérémonie son habillement de Sénéchal, ce qui a paru assés singulier, surtout avant d’avoir été reçu au Présidial305.
Procès avec Mrs de Feumusson
291Le procès entre Mrs de Feumusson et la famille Nepveu pour la succession de Mr Nepveu, a été plaidé par Mr Lambert fils, le mercredy 19 mars, très bien, pendant plus d’une heure. Le sieur Landereau, procureur du sieur de Feumusson de la Borde, doit plaider mercredy 26 ; il a fait un mémoire imprimé qu’il a distribué306. On a playdé plusieurs séances.
Couche de Mme Duchemin
292Mme Duchemin, qui ne demeure pas avec son mary, qui, quoique Conseiller, se retire à une petite terre dans la paroisse de Torcé307, est accouchée la semaine d’avant Carnaval, d’une fille, chés Mr Duchemin son beau-père. Le père, qui est un homme jaloux et sans esprit, a dit qu’il n’en étoit pas le père. C’est la garde-malade qui l’a fait baptisée à St Benoist. Quand elle a été relevée, elle est partie pour aller rejoindre son mary308. C’est la nourrice et son mary qui ont nommé l’enfans309.
Mort de Mr de la Courbe
293Mr de la Courbe du Coutelier, est mort âgé d’environ 63 ans ; il y a longtemps qu’il étoit infirme. Il étoit un peu (pour ne pas dire beaucoup), faible d’esprit. Il laisse une femme et une Demoiselle, mariée à un Mr de la Flèche, qui sert dans le Régiment de Province310.
Mort de Mr Nepveu de Rouillon, Lieutenant de Vaisseau
294Par une lettre de Brest, en datte du 28 mars 1783, de Mr le chevalier d’Entheville Lieutenant-Colonel aide-major de la Marine et des armées navales, adressée à Mr le Curé du Mans, où il dit : « Monsieur, d’après la lettre du 3 mars, que je reçois de Mr le chevalier Dulau, Major de l’Escadre françoise commandée par Mr La Motte-Piquet, en rade de Cadix en Espagne, par laquelle il m’annonce la mort de Mr Nepveu de Rouillon, Lieutenant de Vaisseau, embarqué sur la Bretagne commandé par Mr le Comandant de Dampierre, j’ay l’honneur de vous en prévenir pour que vous vouliez bien en informer les parents les plus proches de cet officier311. » Il y a quelque chose pour la formulle d’une procuration qu’il faut envoyer pour avoir ce qui luy appartient. Il avoit à Brest, port où il résidoit ordinairement, un petit ménage. Il avoit achetté, pour ses parents, du vin de Malaga, qui reviendra en France quand la flotte rentrera. C’est Mr le Chevalier de Rouillon, Capitaine en second dans un Régiment de Dragons, qui devient l’ainé ; il a environ 33 ans et va hériter de tout son mobilier, de la terre de Rouillon, et de ses autres biens, avec Mme Amyot, sa sœur, agée de 39 ans, du mois de Septembre dernier. Il étoit chevalier de St Louis, et des anciens Lieutenants de Vaisseau ; il avoit 40 ans. Comme on ne dit point de quoy il est mort, on craint que ce ne soit une affaire312 ; il étoit très franc et avoit de l’esprit.
295[note] Il est sûr que Mr de Rouillon est mort de la maladie épidémique qui étoit dans l’Escadre lorsqu’elle est rentrée à Brest, avec plus de 1 500 malades.
Couche de Mme de St Cosme ou du Bois des Cours
296Mme de St Cosme la jeune, qui demeure ordinairement à sa terre de St Cosme313, est accouchée d’une fille, le 28 mars 1783, chés Mr son père, près la Flèche, à son château.
Prédicateur du Caresme
297C’est un Augustin, de Chartres, qui a presché le Caresme ; il est assés bon.
Prise de possession du Canonicat et de la Sous-chantrerie
298Le 7 avril 1783, Mr Des Graviers a pris possession de la Sous-chantrerie et du Canonicat y attaché, que Mr l’abbé de Sagey a remis à Mr l’Evesque et Mr de Sagey a eu le Canonicat de Mr l’abbé Nepveu qui étoit tombé en mois gradué et par arrangement, le prestre qui avoit droit à ce Canonicat, comme le plus ancien, ou du moins, le neveu de ce prestre, a eu la Cure de Clermont près La Flèche. Son oncle demeurera avec luy et Mr le Curé de Clermont a eu le Canonicat et la Sous-Chantrerie. Il s’appelle Jean…, né le 9 juillet 1739 dans la petite Ville de Sablé, en ce Diocèse.
Maistre de Musique
299Mr Marc, de Bordeaux, est venu au Mans, pour estre Maistre de la Psallette et Maistre de Musique. Il a du talent mais il est bien laid. Il est arrivé au Mans pour Pasques314.
Mort de Mme de Biseuil
300Mme de Biseuil, qui demeuroit à la forge d’Antoigny315, est venue mourir au Mans. Elle étoit la fille aînée de Mme de la Moustière. Elle avoit épousé Mr de Biseuil, il y a 14 ans, et elle a eu trois enfans, touttes filles, dont l’ainée a 11 ans. Elle étoit tout à fait aimable. Elle est morte d’une hydropuysie de poetrine ; elle avoit un poumon tout desséché et l’autre ulcéré. Comme elle se trouvoit un peu mieux, elle voulut venir au Mans pour y estre plus à portée des Médecins ; elle y arriva le Sammedy au soir. Elle voulu aller chés Mme Castan où elle mourut le mercredy… avril, regrettée de tous ses parents et de tous ceux qui la connoissoient.
Mariage de Mlle de Vançay avec Mr de Bellemare
301Le 20 may 1783, Mlle de Vançay, qu’on appelle Mlle de Chesne de Cœur316, âgée d’environ 25 ans, a épousé Mr de Caré de Bellemare, âgé d’environ 30 ans. C’est un Gentilhomme qui jouist d’environ 18 ou 20 000 # de rente, et après la mort des Demoiselles de Renusson ses tantes, il en aura encor autant. Le Mr de Bellemare étoit enfans unique, ses tantes qui l’aimoient trop, n’ont jamais voulu consentir qu’il ait rien fait ; il a de l’esprit. Il n’est pas joly, mais l’on croit qu’une femme sera heureuse. Mlle de Vançay a de l’esprit et est vive ; elle est assés bien de figure, mais elle étoit bien mieux avant la petite vérolle. Mr de Vançay, quoique riche, ne donne pas un gros mariage ; il a marié sa fille aînée à Mr de Saint-Rémy, qui sera riche. Son fils ainé a épousé Mlle de Coudereau l’ainée ; il reste encor un garçon, qui est dans la Marine, et une Demoiselle qui est avec ses père et mère à Chesne de Cœur où ils font leur domicile. Ils ont épousé dans la chapelle de Chesne de Cœur, paroisse de St Pavace.
Mr Fouassier, reçu forgeur
302Dans le courant du mois de May 1783, Mr Fouassier, prestre de la paroisse de Saint-Vincent, a été reçu Receveur de la Forge317, au lieu et place de Mr Souty qui, étant très vieux et infirme, ne peut plus remplir cette place. Le chapitre luy conserve toujours son logement et la place des Ardents318.
Diacre suppléans
303On a nommé Mr Choplin, prestre Vicaire de la paroisse de St Hilaire, Diacre suppléans au lieu et place de Mr Pencheron qui est Curé par résignation de Mr Guitton qui vient de mourir, Curé d’Athenay.
Enfans de cœur
304On vient de prendre deux petits enfans de cœur dont un est très petit, en la place de Treton, qu’on a renvoyé avant son temps, et aussi d’un autre qui étoit toujours malade319.
Jour de la Feste-Dieu
305Le jour de la Feste-Dieu, on a sorty malgré Mr l’Evesque qui ne le vouloit pas ; il fit beau tout le matin, mais l’après-diner, il tomba de l’eau très fort. On fit prier Mr l’Evesque, qui étoit Célébrant, de venir au Revestiaire pour présider au dit Revestiaire. Le Prélat commença par dire qu’on ne pouvoit pas sortir à cause de l’inconstance du temps ; tout le monde se réunit à dire que le temps n’étoit pas assés mauvais et qu’il ne tomboit pas d’eau. Et le public murmureroit contre nous. Quand le Prélat vit qu’on se décidoit à sortir, il se retira dans la Sacristie où il s’habille. Mr Paillé demanda le suffrage de Mrs les chanoines ; après cela, Mr du Chesneau d’Arpaillé, procureur, fut dire à Mr l’Evesque, que le chapitre avoit décidé de sortir. On fit la procession, pour la première fois, par le château, l’Oratoire, la place des Jacobins, la rue des Jacobins, la rue Marchande, la rue de la Coulture et à la Mission comme à l’ordinaire. Une fois arrivé à la Mission, Mr l’Evesque dit une Messe basse et fut déjeuner dans la chambre du Supérieur ; Mrs du Présidial et du Chapitre, qui sont à déjeuner dans la même salle, en murmurèrent. On dit même que Mr Bonnet, chanoine, qui demeure chés luy, fut l’en avertir ; il resta toujours, parce qu’il avoit de l’humeur. Ce même jour, je portois le St Sacrement avec Mr du Mourier, et, ce dit jour, le sieur Mongendre, premier huissier audiancier, porta la robe rouge à la procession ; il vint dans la salle du Déjeuner à la Mission. Un Semy-Prébendé s’avisa de luy dire de déjeuner ; il le fit. Mr Léon, l’avocat du Roy, luy dit des propos désagréables et il resta toujours. Il ne vint point le jour de la petite Feste-Dieu ; il a obtenu un Arrest du Parlement qui luy donne ce droit, comme à Angers et à Tours320.
Retour de mon frère arrivé de Paris
306Le 26 juin 1783, mon frère est arrivé de Paris avec un arrest sur resqueste du Conseil des Depesches pour notre procès commun avec Mr de Feumusson l’ainé contre Mr Le Peletier de Feumusson, autrement Mr de la Borde qui plaide contre nous, pour la Noblesse de feu Mr Nepveu dont il est héritier321. Ce procès a été plaidé au Mans, et Mrs du Présidial n’ont point voulu connoistre la bonté d’un jugement de Mr Chauvelin, intendant de Tours et Commissaire du Roy pour examiner les lettres de la Noblesse, lors d’une recherche sur la Noblesse. On a débouté Mrs Nepveu et de Rouillon de leur intervention au procès ; Mr de la Borde a fait opposition au jugement et ordonnance de Mr l’Intendant, voulant juger sur le fonds du procès dans une audiance suivante, Mr de la Borde a obtenu un défaut ne s’étant pas présenté pour plaider sur le fonds. Pendant ce temps-là, mon frère a obtenu cet Arrest d’évocation au Conseil des Depesches, qui a été signifié le Vendredy 27 juin 1783.
Prise de possession du Canonicat de Mr Jumel par résignation
307Le 30 juin 1783, Mr Jean-Charles Jumel, prestre, né à Paris, le 6 septembre 1751, a pris possession du Canonicat vacant par la résignation de Mr l’abbé d’Agoust qui est actuellement, depuis deux ans, dans les prisons du Chastelet. C’est un bien mauvais sujet, Mrs ses frères avoient obtenu une lettre de cachet pour le faire enfermer aux Capucins d’Autun322. Depuis ce temps, il avoit obtenu le changement de sa lettre pour demeurer à son Prieuré à 4 lieues de Paris ; il y a mené une vie si mauvaise et y a fait tant de dettes, que ses créanciers ont trouvé le moyen de le faire arrester et le faire mettre en prison où il continue de faire de la dépense ; c’est ce qu’on appelle un très mauvais sujet dont nous sommes bien heureux d’être défaits. Mr Jumel, qui le remplace, est un garçon d’esprit, bien de figure, qui a du talent pour la chaire ; il doit même partir sous peu, pour aller prescher le panégyrique de St …, où doit officier Mr l’Archevesque de Paris ; il est le fils d’un bonnetier de Paris. C’est Mr Bonnet, chanoine, qui a mené Mr Jumel, faire ses visites, ce qui a donné matière à rire parmy nous : Mr Bonet a conduit un bonnetier. Le premier a aussi beaucoup d’esprit. Mr Dagoust avoit écrit au chapitre pour annoncer qu’il avoit résigné à Mr Jumel, mais comme sa lettre n’étoit pas honneste, on n’a pas daigné luy répondre.
Grand orage
308Le mardy 15 juillet, il y a eu un orage affreux au Mans ; le tonnerre a tombé en plusieurs endroits, surtout sur le Clocher des Jacobins qu’il a tout dépouillé d’ardoise, tombé dans le cœur et remonté dans le clocher. Pendant ce temps-là, les Jacobins disoient leur Oraison, prests à montrer le St Ciboire. Il a tombé beaucoup d’eau pendant deux heures, et avec une abondance incroyable. Il n’y a pas eu de gresle ; les jours précédents, il faisoit une grande chaleur.
Couche de Mme de Grandval
309Le 19 juillet 1783, Mme de Grandval est accouchée d’une fille. C’est Mr le marquis de Savonnières, Colonel en Second du Régiment de Dragons de Monsieur, frère du Roy, comme porteur de la procuration du frère de Mr de Grandval, et Mme de Lorchère, qui ont nommé l’enfans. Elle est mariée le 23 septembre dernier.
Mariage de Mr d’Arcy avec une Demoiselle de l’Isle d’Oléron
310Mr Darcy, Capitaine d’artillerie en garnison à l’Isle d’Oléron, vient d’épouser Mlle de Cujulas, fille du Baron de Cujulas demeurant dans l’Isle d’Oléron ; il y a trois demoiselles dans la maison. On dit que la demoiselle peut avoir 32 ans ; on ne sait pas au Mans sa fortune323. Il est sûr que Mr Darcy a mangé la succession de Mr son père, qui étoit Lieutenant-Général de Police au Mans. Mme Darcy est au Mans avec une demoiselle, âgée d’environ 38 ans ; il y en a une à Paris à la poursuitte d’un procès, qui étoit autrefois très jolie et qui peut avoir 35 ans.
Mort de Mr l’Intendant et de Mr le Grand Maistre des Eaux et Forests
311Dans le mois d’aoust 1783, Mr l’Intendant et Mr le Grand-Maistre des Eaux et Forests, sont morts, le premier, à Tours, où il a été générallement regretté, il a été emporté en trois jours324. On a nommé en sa place Mr l’Intendant de Limoges, dont on dit aussi beaucoup de bien et qui est un grand travailleur325. Mr le Grand-Maistre n’est point encor remplacé ; c’étoit un jeune homme, remplissant sa charge avec honnesteté et exactitude, mais aimant beaucoup le plaisir. Il laisse beaucoup de dettes et on ne sait pas si sa charge sera suffisante pour les remplir. Ce sera Mr le Grand-Maistre des Eaux et Forests d’Alençon, qui viendra faire la tournée326, et Mr Gentil, secretaire de l’Intendance de Tours, qui viendra au Mans, le 22 septembre, pour faire le département327, comme étant nommé par la Cour.
Couche de Mme de Clersigny
312Mme Le Prince de Clersigny est accouchée d’une fille, le 19 septembre ; elle est de la paroisse de la Coulture328.
Mort de Mme Des Haies
313Le 19 septembre 1783, Mme Des Haies, demeurant rue de la Coulture, est morte, elle pouvoit avoir environ 68 ans329. C’étoit une femme bien singulière, donnant beaucoup aux pauvres ; elle donne tout son mobilier aux pauvres de l’Hopital, et le don peut monter à 25 000 #. C’est Mr de la Jupelière et Mr du Hardas d’Haudeville qui héritent de la terre de Vilenne près la Ferté-Bernard ; c’est une très belle terre. Du costé paternel, c’est Mr de Glatigny, mais il n’y a pas beaucoup de bien de ce costé-là.
Mort de Mr La Porte de la Houssaye
314Le 29 septembre 1783, Mr de la Houssaye, assesseur au Criminel, est mort à sa campaigne près la Flèche, il est Mr de la Porte en son nom. Il avoit épousé Mlle d’Auvours, l’ainée, dont il y a une fille âgée d’environ 12 ou 13 ans ; il pouvoit avoir environ 52 ans. Les partages de biens de la succession de Mme de la Porte, sa mère, n’étoient pas encor faits, ce qui va donner bien de l’embarras et du coust, à cause de la mineure.
Couche de Mme de Coudreux
315Mme de Coudreux, en son nom de fille, Mlle Courtois, est accouchée d’un garçon, après deux jours de douleurs très fortes. On craignoit beaucoup pour elle, parce qu’elle est très puissante330 ; elle a 35 ans environ et est mariée depuis 14 ans. Mr de Coudreux est Ingénieur des Ponts et Chaussées, non pas employé pour le Mans ; il demeure vis-à-vis la Coulture.
Départ du Régiment de Monsieur qui étoit en garnison au Mans
316Le 11 octobre 1783, le Régiment de Dragons de Monsieur, frère du Roy, qui étoit en garnison depuis le 3 décembre 1779, est party pour Schelestadt en Allemagne331, avec beaucoup de regrets des filles et femmes de la Ville. Il y a beaucoup de chansons qui paroissent, tant sur les femmes comme il faut, que sur les filles du commun. Il y a plusieurs soldats qui se sont mariés au Mans.
Vandanges
317Le 13 et le 15 octobre 1783, on a fait les vendanges ; le vin sera bon, cette année et il y aura environ busse au quartier332.
Jour de l’Assumption
318Le jour de l’Assumption, Mr Jumel, nouveau chanoine, a fait l’office et a presché très bien.
319[note] J’avois oublié de l’écrire.
Mariage de Mr Dagues avec Mlle de Posset
320Le 18 novembre 1783, Mr Dagues, Officier (Lieutenant au plus), dans le Régiment de Province, a épousé Mlle de Posset la cadette qui demeure avec le père, paroisse de la Coulture. On dit qu’elle a 1 000 # de rente, par contrat de mariage et qu’ils sont nourris333 ; cela ne durera pas longtemps avec le père de Posset qui est fou et très difficile à vivre. Le jeune Dagues n’a pas beaucoup de bien, et le père est paralitique ; ils sont, tous deux, jeunes. Le père de Posset, ancien Maire de Ville, est séparé de sa femme, c’est cet homme qui a tant fait de bruit et dont il est parlé dans ce livre de recueil334.
Couche de Mme de Fontenay
321Le 22 novembre Mme de Fontenay, femme de celuy qui est Officier dans l’Artillerie, est accouchée d’une fille. Elle demeure dans le haut de la maison d’un marchand, au bas du petit Pont-neuf335.
Couche de Mme de St Rémy
322Le 22 novembre 1783, Mme de Saint-Rémy est accouchée d’un garçon, au château de Chesne de Cœur336. Elle a déjà deux filles dont une a au moins huit ans.
Couche de Mme de Vançay
323Mme de Vançay, demeurant à Coudereau337, est accouchée d’un garçon au commencement d’Octobre. C’est Mr de Vançay et Mme des Ardilly qui ont nommé l’enfans.
Prédicateur de l’Avent
324C’est un Minime assés médiocre qui presche l’Avent.
Séparation de Mr et de Mme la Marquise de Samson
325Mr et Mme de Samson se sont séparés de corps par une transaction faite ensemble et signée le 7 décembre. Il laisse à Mme de Samson sa femme, la liberté de vivre où elle voudra, même chés Mr le Comte de Broc, son père, qui est aux Perrays338 ; il ne veut pas qu’elle aille à Paris avant l’année 1785 ; luy laisse la dotte qui est de 1 500 # de rente, et, de plus, se charge de son fils âgé de 15 mois339. L’enfans est chés Mme de Lorchère340 ; ses demoiselles en ont grand soin et l’aiment beaucoup. Comme les caractères de Mr et de Mme de Samson ne pouvoient sympatiser, il a fallu en venir à une séparation ; il avoit eu déjà de mauvaises façons pour elle, mais sans témoins. Elle a de l’esprit, mais elle est méchante et vive ; luy ne l’est pas moins et n’a pas autant d’esprit, à beaucoup près. Il demeurera à la Groirie341, et au Mans, chés Mme de Lorchère sa mère.
Séparation de corps de Mr et Mme Livré
326Mr et Mme Livré se sont séparés de corps par une transaction ; il luy donne 1 500 # de pension avec son ménage, savoir : ses hardes, son lit, du linge et des couverts d’argent, avec la liberté de demeurer où elle voudra. Il y avoit 25 ans qu’ils étoient ensemble, et qu’elle le faisoit enrager ; c’est une méchante femme et il y a contre elle des traits noirs. Il y a une fille qui est dans une bonne pension à Tours, le docteur Livré est riche, et sa femme a aussi du bien.
Couche de Mme de Vennevelle
327Mme la Marquise de Vennevelle est accouchée d’un garçon, le 13 décembre ; elle avoit épousé le 23 décembre dernier. C’est Mme de la Roussière, la grande tante, et le grand père, qui ont nommé l’enfans et cela par procuration (dans la paroisse de la Coulture).
Jour de l’entrée de Mr de Rouillon dans sa paroisse
328Le dimanche 14 décembre 1783, Mr de Rouillon a été reçu comme Seigneur, dans la paroisse de Rouillon où est le château. Il y avoit sous les armes tous les habitans qui sont venus le chercher et Mr le Curé de la paroisse, en chappe, avec deux autres chappiers, avec la croix et la bannière sont venus au-devant de luy à la grande porte. Mr le Curé ou Prieur, après luy avoir présenté de l’eau bénite, luy a fait un discours ou compliment très bien fait, où il retraçoit les qualités du père, et du fils dernier mort et aussi du présent, qui le mérite bien. Il342 a régalé tous ceux qui étoient sous les armes et leur a fait politesse à tous, de manière à s’attirer leur amitié. Le Dimanche suivant, il a régallé les femmes des fermiers et autres qui étoient sous les armes343. Mr et Mme Amyot étoient présents à cette cérémonie ; j’y étois aussi.
Prise de possession de la chapelle de l’Emondière ou du château du Bois de Maquilly, paroisse de Flacé344
329Le lundy 15 décembre 1783, j’ay été chés Mr et Mme Amyot, au bois de Maquilly, prendre possession de la chapelle du château qu’ils m’ont presentée de la manière la plus honneste, ce qui a fait que je n’ay pu la refuser. Mr Guitton, curé d’Athenay, est mort sans laisser de quoy faire faire les réparations ; c’étoit le dernier possesseur. Elle consiste dans une ferme près le château de Mr d’Aus (cy-devant Vilennes), laquelle est affermée 400 # ; il y a un bordage près Frenay, dont j’ignore la valeur, plus 3 journeaux de terre, paroisse de Maigné, qui étoient affermés 30 #. Il y a en outre, un petit pré dont j’ignore aussi la valeur ; le tout peut valoir 500 #, surquoy je donne à un prestre 170 #, pour aller dire la Messe, les festes et Dimanches au château du Bois-de-Maquilly, et d’acquitter une autre messe où il voudra. Elle paye plus de 30 # de décimes.
Mort de Mme de la Courbe
330Mme de la Courbe est morte dans le mois de décembre. Elle avoit donné un billet à Mr de la Futaye, par lequel elle s’obligeoit, ou étoit caution pour ses dettes, au-delà de 6 000 #. On dit même qu’elle l’auroit épousé, quoiqu’elle fut très âgée345. Elle a une fille qui a épousé Mr de Ruigny, Officier dans le Régiment de Province. L’affaire du billet, dont Mr Gouëvrot étoit le dépositaire, ne luy fait pas honneur sans vouloir même le dire, elle peut, et il le mérite, de se faire chasser de son corps. Il y a un acte devant Notaire qui peut le déshonorer, ainsi que Mr le chevalier de Monhoudou, très amoureux de Mme de Ruigny346.
Mort de Mlle de Courtoux
331Mlle de Courtoux appellée Caterine, est morte le 27 décembre 1783 ; elle donne tout à sa sœur Marianne qui demeuroit chés elle. Elle a des neveux qui en héritent.
Mort de Mme de Feumusson
332Mme de Feumusson, âgée de 74 ans, au moins, est morte, il y avoit environ 15 ans qu’elle étoit paralitique. Elle avoit fait démission347 à ses enfans et il ne restoit plus que son mobilier à partager entre les trois enfans. Elle a été enterrée dans le Cimetière de la paroisse de St Vincent dont elle étoit.
Mariage de Mlle des Etrichets avec Mr des Berries, autrement Mr de Fouchetière
333J’avois oublié d’écrire que Mlle des Etrichets, fille de Mr des Etrichets l’ainé, majeure de 25 ans, a épousé Mr des Berrie fils, appellé Mr des Fouchetierres. Cette demoiselle s’ennuyant chés Mr son père, homme dur et qui maltraittoit ses enfans, a promis d’épouser Mr des Berrie, malgré son père. Elle est allée se retirer à l’abbaye de la Perrigne348 où elle a une tante et a fait faire des sommations349 à Mr son père qui n’a point consenty au mariage et n’a rien donné à sa fille. Ainsi, cela fait un mariage d’inclination ; le jeune homme n’est pas riche. Il a fait des siennes et beaucoup de dettes qui ne sont probablement pas payées ; il avoit été enfermé pour mauvaise conduitte. Il a servy, je ne say dans quel Régiment du Corps ; malgré cela, il a été mis en taille aussitost son mariage350. J’ay vu son père, teinturier ; il avoit achetté une charge d’Elu au Mans, et avoit bâty une belle maison dans la rue de St Vincent, où il demeure avec sa mère et une tante351.
L’année 1784
Couche de Mme de Chassilly
334Le 19 janvier 1784, Mme de Chassilly est accouchée d’un garçon ; elle est de la paroisse du Crucifix. Ce sont des domestiques qui ont nommé l’enfans.
Disgrâce de Mr Fay Grand-Vicaire
335Mr l’Evesque ayant eu des prétendus mécontentements contre Mr l’abbé Fay, qui étoit son Grand-Vicaire, luy a fait demander ses lettres de Grand-Vicaire ; il seroit trop long d’écrire le ridicule que Mr l’Evesque s’est donné dans cette occasion. Le Prélat a trouvé mauvais que Mr Jumel, qui a pris possession du Canonicat qui luy a résigné Mr Dagoust, voulut le permuter avec Mr Fay, Curé de Neuvy, qui est son Cousin. Cependant, Mr Fay, le grand-Vicaire avoit été chés Mr L’Evesque pour luy demander l’agrément de la permutation ; le Prélat entra en fureur et tint des propos indécents contre Mr Fay, qui ne le mérite pas. La permutation aura cependant lieu malgré luy, mais ce qui a donné tort à Mr Jumel, c’est que preschant le premier de l’an en la place de Mr le Théologal, il fit au Prélat, qui étoit absent, un compliment352 que même il ne méritoit pas ; mais, en prédicateur il adressoit une prière à Dieu en disant et le conjurant d’éloigner de son Trosne, les flatteurs et les personnes qui sous prétexte de douceur ne cherchent qu’à le tromper ; en voulant désigner Mr Bonnet, qui demeure à l’Evesché et est secrétaire du dévot Prélat353. Mr l’abbé de Sagey, chanoine354, et qui remplace Mr Fay, est allé trouver le Prélat, et luy a fait part du compliment, et le prédicateur eut mieux fait de n’en rien dire.
Distributions ou charités pour les pauvres de la Ville
336L’Hiver ayant été très rude, tant pour le froid que pour les neiges qui ont empesché les ouvriers de travailler ; car depuis le commencement de décembre jusqu’à ce jour il a toujours fait froid et les neiges sont sur la terre depuis le 12 de janvier et il y en avoit déjà eu pendant 8 jours, il y a 15 jours. Cela a augmenté le nombre de pauvres qui excitent beaucoup la compassion et engagent beaucoup de monde à faire la charité, tant comme particuliers que les Compaignies. Mr l’Evesque a donné à Mrs les Curés de la Ville et le chapitre de la cathédralle a donné 1 200 # pour estre donné à Mrs les Curés suivant le nombre des pauvres qu’ils peuvent avoir. C’est Mr l’abbé Huet, administrateur de l’Hopital, qui est chargé de cette distribution.
Mr l’abbé Huet, continué administrateur de l’hopital
337Mr l’abbé Huet, chanoine, et en cette qualité Administrateur de l’Hopital, qui y avoit été nommé il y a trois ans, a rendu tant de services au dit Hopital par l’augmentation des biens, qu’on luy a continué ces fonctions.
Assemblée des Corps et Compaignies et de Mrs les Curés de la Ville
338Le 30 janvier 1784, Mrs les officiers Municipaux de cette Ville, ont fait une Assemblée de tous les Corps pour aviser aux moyens de nourrir les pauvres et touttes les Communautés y étoient invités, Mr l’Evesque et la chambre Ecclésiastique. Mr l’Evesque avoit nommé Mr Chéhère, son Aumosnier et son Procureur pour et le receveur de son temporel. Quand on le vit, Mr Huet et Mr de Vilebalet, députés du chapitre, s’opposèrent à ce qu’il les présidast ; en conséquence, firent une protestation qui parut juste à tout le monde, parce que Mr Chehère, aumônier de Mr l’Evesque et étant du bas-cœur de St Julien, n’étoit point fait pour présider le chapitre et touttes les Compaignies355. Il persista et dit qu’il étoit Grand-Vicaire du temporel de l’Evesché, qualité qu’on luy a fait rayer quand il a été reçu au bas-cœur et on ne manqua pas de le luy rapporter. Il prit une place sans rang, et cependant opina après le chapitre et le Présidial, sans opposition des autres Corps. On attribua cela au motif de l’assemblée356, dont le résultat fut que Mrs les Curés iroient dans les maisons de leurs paroisses, avec un ou deux Commissaires, faire une queste dont le montant seroit porté au dépost chés Mr Anfray, secretaire Greffier de l’Hotel de Ville et que suivant le nombre des pauvres, leur paroisse, on leur donneroit des fonds pour les soulager. Cette queste a été très abondante. Mr le Curé de la Coulture est allé par les Maisons avec Mr de la Boussinière Président à l’Election et subdélégué, et Mr de Richemont. Sans cette catastrophe de Mr Chéhère, tout se seroit bien passé, et c’est bien la faute du Prélat qui, aussi simple qu’entesté dans ses sentiments, persista à l’envoyer, malgré les observations de Mr Leconte, chanoine et Mr l’abbé de Montgrenier ; l’odieux en retombe sur luy et non sur Mr Chéhère qui soutint sa mauvaise cause autant qu’il a pu et enfin il céda en ne prenant point de rang.
339Comme le froid continue toujours, on continuera les charités ; on a fait le relevé du nombre des pauvres. Il y en a au moins 4 000 dont plus de 1 200 dans la paroisse de la Coulture. Le commencement des neiges est de la fin de décembre jusqu’au 6 février que le froid continue.
Mort de Mr du Valoutin
340Le 4 février 1784, Mr Drouet du Valoutin, qui avoit eu une charge de Contrôleur des Guerres, a été enterré au grand Cimetière. Il est mort d’une hidropuisie de poitrine qui l’a enlevé dans 24 heures. Il avoit épousé Mlle Le Prou dont il a au moins une Demoiselle qui est déjà grande, il étoit riche. Il avoit environ 65 ans.
Mort du fils de Mr de Clersigny
341Le 4 février 1784, le fils de Mr et Mme de Clersigny, autrement le fils cadet de Mr Le Prince, qui continue le commerce de la Cire, va perdre son fils ainé âgé d’environ 8 ans357. Il avoit beaucoup d’esprit ; il étoit délicat, il avoit une fontaine qui s’est arresté358. On l’a ouvert et on luy a trouvé un sac d’eau dans la poitrine. Il leur reste encor un enfans.
Installation de Mr le marquis Le Vayer à la charge de Sénéchal au Mans
342Le 4 février 1784, Mr Le Vayer de Vandœuvre, a été reçu sénéchal au Présidial de cette ville ; il a succédé à Mr le Prince de Beauveau, dont il a achetté la charge, je crois 10 000 #. Il avoit obtenu de Monsieur, frère du Roy, la qualité de Marquis, mais comme Mrs du Présidial n’avoient pas lieu d’estre contents de luy, on luy dispute la qualité de Marquis, luy disant pour raison, que cette qualité n’ayant pas été enregistrée à la chambre des Comptes, on ne pouvoit l’admettre. En conséquence, Mr de Létang, comme Avocat du Roy, a dit en pleine audiance que la qualité de Marquis que prenoit Mr le Sénéchal seroit rayée. Voilà à peu près ce qui s’est passé ce jour-là. 4 Mrs Conseillers sont allés chés Mr de Champflé, son beaufrère, le chercher ; il étoit au milieu des quatre Conseillers qui étoient précédés des Huissiers. Au bas de la porte d’entrée du Palais, il y avoit quatre autres conseillers ; qui est ordinairement le plus ancien, autrement le Doyen (c’étoit Mr Maulny) qui luy a fait un compliment. On le conduit dans la chambre du Conseil où Mr le Lieutenant Général, ou Mr le Lieutenant Particulier, en son absence – c’étoit Mr de la Rozelle – qui luy a fait un compliment auquel Mr le Sénéchal doit répondre (on dit que Mr Le Vayer n’a rien répondu). Après cela, on le conduit dans la salle d’audiance où on le place dans le siège du Lieutenant Général ; là, tout le monde assemblé, on donne la lecture des Provisions de Sénéchal. C’est là que Mr l’Avocat du Roy a protesté contre les qualités ; il luy a fait aussi un compliment en pleine audience ; tout cela finy par un plaidoyer par deux Avocats qui étant préparés, font un compliment à Mr le Senéchal. C’est Mr du Parc et Mr Menard qui ont plaidé ; Mr du Parc a fait un compliment et plaidoyer qui a été admiré de toute l’Assemblée. L’audiance finie, on rentre dans la chambre du Conseil ; après cela on reconduit Mr le Grand Sénéchal où on l’a été chercher et dans le même ordre. Il s’ensuit un grand diner que Mr Le Vayer a donné à tous Mrs les Conseillers et autres ; mais comme Mr Le Vayer avoit manqué de faire des visites avant d’envoyer des billets, tant pour assister à son Installation qu’au repas, beaucoup de personnes avoient refusé ; il y a plus. La Noblesse dont une partie est jalouse de le voir occuper cette place, n’a pas voulu s’y trouver. Il y a eu, à ce sujet, de mauvais propos tenus sur sa Noblesse et le temps que ses pères étoient Nobles. On prétend qu’il descend d’un petit-fils de Secrétaire du Roy. Mrs ses parents, Mrs de Fontenay, avoient refusé de s’y trouver. On dit que Mr le Sénéchal a droit, par sa place, de commander l’arrière-ban, c’est-à-dire la Noblesse, en cas de guerre, mais il est probable que cela n’aura jamais lieu et qu’il faudroit à Mr le Sénéchal des lettres de commandement du Roy. Ce qui a encor répugné à Mrs de la Noblesse, c’est qu’ayant invité plusieurs Gentilshommes de se trouver à cette cérémonie, ils auroient été obligés de se trouver chés luy et d’aller à sa suitte au Palais et de le reconduire également après la cérémonie. Cette raison sans doute, et le défaut de Noblesse qu’il n’a pas au-dessus d’eux, les ont fait refuser, ce qui est bien humiliant pour luy. Il est vray aussi que Mr Le Vayer avoit pris des hauteurs vis-à-vis des Conseillers et autres personnes. Il avoit aussi prié diverses personnes de la Ville, deux du chapitre de Saint-Pierre et plusieurs autres personnes qui ont également refusé. On ne luy a point envoyé les Honneurs de la Ville, savoir le pain et le vin, prétendant qu’il ne luy est pas dû. Mrs de St Pierre ne luy ont fait également aucun honneur ; ils ne sont pas en usage d’en faire à personne, que dans des cas extraordinaires. Le chapitre de la Cathédralle, qui avoit fait les Honneurs à Mr de Beauveau, le dernier Sénéchal, n’a pas voulu luy en rendre, et cela par la mauvaise humeur de quelques chanoines qui en ont entrainé d’autres, malgré les représentations de plusieurs chanoines qui étoient d’avis d’envoyer les Honneurs à Mr Le Vayer, on a eu beau leur dire que nous avions eu deux Doyens de ce nom, et de ses parents qui avoient été des personnes bien respectables et dont la mémoire devoit estre chère au chapitre, ils ont repondu qu’il y avoit un règlement dans lequel il n’étoit pas question de Mr le Sénéchal quoiqu’on eust rendu les honneurs à Mr de Beauveau, ils ont dit pour raison que c’étoit à cause de la naissance et non de la charge. Cependant, il n’en est rien dit dans les Registres, sinon : « ayant eu advis de l’installation ou réception de Mr le Sénéchal, nous avons comis Mrs les Orateurs pour luy porter, de notre part, les Honneurs du chapitre et le complimenter ». Voilà à peu près les expressions du Registre ; malgré cela on luy a refusé les Honneurs, et cela, par la caballe de quelques chanoines qui avoient suivy les impressions de la Noblesse. Mr le Sénéchal avoit prié Mr Le Tessier, chanoine scolastique, comme Président du cœur, Mr du Chesneau, comme procureur de la Compaignie ; il avoit fait plus : il avoit été voir ces Mrs et aussi Mr de Vilbalet et Mr Pillon de St Chereau, chanoines et Orateurs de la Compaignie. N’ayant rendu aucun Honneur à Mr le Sénéchal, ils n’ont point voulu accepter le diner et ont remercié. Il y avoit, à diner, toutte la Compaignie359 ; il ne manquoit que Mr de Jouie, Lieutenant Général de Police.
343[note] Il étoit à Alençon pour achetter des farines360.
344Il y avoit deux avocats, savoir : Mr Trotté, comme bâtonnier et Mr Le Balleur de l’Isle, comme procureur. Il y avoit deux de l’Election, savoir : Mr le Président et Mr de la Porte de la Thébaudière ; il y avoit trois des Eaux et Forests savoir : Mr de Blanchardon, Maistre particulier, Mr de Launay, Procureur du Roy et Mr Raison ; Mr de Bellemare, Gentilhomme et Mr de la Livaudière, comme amys et voisins de campaigne ; Mr de Launay, avocat, comme amy et voisin. J’étois aussi prié et le seul des chanoines qui y fut361. Mr l’Evesque y étoit avec Mr Pichon, Grand-Vicaire des Communautés Religieuses ; je ne say pas s’il étoit prié comme étant chantre de St Pierre. Il y avoit aussi Mrs ses deux beaux frères dont un avoit épousé Mlle la Motte, le sammedy précédent. Il y avoit un très grand et beau repas, qui fut donné dans la salle de l’Hotel de Ville. Mr le Maire de Ville y étoit, sans doute comme Conseiller du Présidial. Le diner fut très bien servy, il y eust de très bon vin et le tout se passa très bien. Mrs du Présidial n’ont point rendu le diner.
Seconde queste dans la Ville
345Outre les charités que les corps, Mrs les Curés de la Ville sont allés dans les maisons des particuliers pour faire la queste deux fois ; c’étoit le 20 et le 21 février, jour que le dégel a commencé. Mrs les Curés vont diminuer de moitié ces charités ; pendant ces grands froids, on donnoit une livre et demie de pain par homme, une livre par chaque femme, et trois quarterons par chaque enfans et un ou deux fagots par chaque ménage, par semaine.
Froid pendant l’hiver
346Le froid a commencé le 9 décembre 1783, et le dégel a commencé le 21 février 1784 ; pendant tout ce temps, il a fait un froid très grand et pendant la plus grande partie de ce temps, il y a eu de la neige sur la terre ; dans différents endroits, il y avoit jusqu’à deux pieds de hauteur. Aussi tout le gibier a été détruit et il y a eu des loups qui ont dévoré des personnes.
Mr Turpin, Curé de Gourdaine, au Séminaire
347Le 21 février 1784, Mr Turpin du Cormier, Curé de Gourdaine, a été passer ces trois mois au Séminaire du Mans, par ordre de Mr l’Evesque qui l’avoit envoyé chercher pour le gronder, pour avoir joué et perdu considérablement au tric-trac ou au piquet avec Mr de Savonnières et Mr de Bare, officier de Dragons qui a passé l’hiver au Mans. Il y avoit eu aussi quelques disputes au bureau ou Assemblée de l’Hotel de Ville, pour le nombre des pauvres de sa paroisse dont on ne vouloit pas croire le nombre362. Il avoit demandé audit Bureau ou Assemblée, qu’on nommât un Commissaire pour vérifier ce qu’il avançoit. On avoit déféré cela à Mr l’Evesque, qui nomma Mr Mautouchet, prestre sacriste de la paroisse, qui refusa en disant que Mr le Curé étoit le seul qui connust les pauvres de sa paroisse. Mr l’Evesque luy fit d’autres reproches qu’il ne méritoit pas, et le menaça de le faire enfermer ; à cela il répondit qu’il ne le craignoit point. Le dévot Prélat trouva des personnes qui ne cherchoient qu’à le perdre et luy dirent bien des choses sur son compte, dont il se disculpe. C’est sur l’article du jeu qu’il ne peut rien dire. Le Prélat luy dit que, sans que le Caresme approchoit, il l’enverroit à son Séminaire ; il luy répondit qu’il étoit prest à y aller. L’Evesque luy dit qu’il pouvoit y aller ; le Curé se retira chés luy et écrivit à Mr l’Evesque qu’il eust à luy faire dire s’il iroit au Séminaire. Alors le Prélat luy fit écrire qu’il pouvoit y aller ; le Curé doit faire et remplir des formalités pour faire signifier à Mr l’Evesque qu’il s’y est rendu d’après sa lettre. Il y passera ses trois mois qui finiront le 21 may prochain363.
Permission de faire gras le Caresme
348Sur la demande que Mrs de l’Hotel de Ville ont faite à Mr l’Evesque, de manger gras le Caresme, vu la cherté des vivres et le froid qui empesche de pescher les étangs, Mr l’Evesque, par un Mandement que l’on dit bien fait, a permis de faire gras le dimanche, lundy, mardy et le jeudy à diner seulement, jusqu’au 15 mars inclusivement, ce qui fait 11 jours gras. On n’avoit point eu cette permission depuis le 13 mars 1766. Le Prélat a bien eu de la peine à accorder cette permission, mais comme on a eu un hiver très rude et qu’il n’y a point eu de légumes, il l’a enfin accordée pour deux semaines. Le mandement est du 17 février.
Prédicateur du Caresme
349C’est un Minime qui a presché le Caresme ; il est de Tours. C’est le fils de l’ancien Receveur des Aides. Il est assés bon.
Mariage de Mlle Le Vayer
350Mlle Le Vayer l’ainée, qui étoit au Couvent, dans la Touraine, vient d’épouser Mr … Colombel, ancien officier, chevalier de St Louis. Il a une terre à…364.
Mort de Mme Lambert
351Le 21 avril 1784, Mme Lambert, âgée d’environ 68 ans, est morte ; il y avoit longtemps qu’elle étoit tombée comme en enfance. Elle laisse trois enfans dont un garçon qui est très bon avocat, et deux demoiselles. Il y avoit encor une demoiselle Lambert qui avoit épousé Mr de la Barre ; elle est morte jeune et a laissé six enfans, Mr Lambert, le père, vit.
Mort de Mr Dagues
352Le 26 avril 1784, Mr Dagues est mort âgé d’environ 68 ans ; il étoit Echevin de la Ville. Il n’a point été enterré avec le cérémonial de la Ville ; cela auroit cousté à la famille et à la ville. Il laisse trois enfans dont une demoiselle a épousé Mr Raison, Président au Grenier à Sel ; il y a un garçon qui a épousé Mlle de Posset365. Il y a encor un garçon qui est dans les Gardes de Monsieur, frère du Roy366.
Couche de Mme de Jouye
353Le 25 avril 1784, Mme de Jouye des Roches, femme du Lieutenant Général de Police, est accouchée d’un garçon. C’est Mr Le Goué de la Faverie, père de l’accouchée, qui a été parrain avec Mme des Roches. Ce Mr Le Goué étoit autrefois Notaire à Conlie.
Paralisie de Mr Dugast
354Mr l’abbé Dugast, chanoine de Saint-Julien, est tombé paralitique à la Manouillère, dans le mois de may 1784367.
Prise de possession du Canonicat de Mr Fay, Curé de Neuvy
355Le 10 may 1784, Mr Fay, prestre Curé de Neuvy en Champaigne, près Bernay, a pris possession du Canonicat de Mr Jumel, par permutation ; Mr Jumel avoit eu ce Canonicat par résignation de Mr Dagoust, mauvais sujet, dont nous sommes heureusement défaits368. Il étoit en prison pour dettes ; c’étoit, je crois, au Châtelet, d’où, dit-on, il est sorty, comme tous les gens de nom, pour arrester une affaire qui auroit fait tort à Mrs ses frères. On a terminé cette affaire en payant ses dettes et l’on dit qu’il est Grand Vicaire de…, pour la forme seulement, car en vérité il ne le mérite pas. Il avoit même couru un bruit entre Mr Jumel et luy, ou plutost un parent de Mr Jumel, qui ne feroit honneur ny à l’un, ny à l’autre. Quoiqu’il en soit, Mr Jumel a voulu estre Curé et il a choisy Mr Fay pour permuter. Mr l’Evesque, jaloux de présenter ce Canonicat à un Mr l’abbé du Gage, son Grand Vicaire, s’y est opposé et n’a point voulu donner d’attestation pour Rome. Cependant on l’en avoit prévenu et on avoit fait la politesse à Mr l’Evesque. Comme il n’aime pas Mr Fay, le Receveur des Décimes, il avoit dit : « J’ay déjà trop de Fay dans mon chapitre, et je ne le veux pas369 ! » ; c’est ce qui a amené Mr l’Evesque à demander à Mr Fay, son Grand-Vicaire, ses lettres de Grand-Vicaire. C’est Mr Dubois, le Notaire Apostolique, qui avoit fait la résignation ou permutation, sans en parler au Prélat ; comme il étoit sur le point de quitter, il a voulu obliger avant de quitter. Sa résignation s’est faite dans le mois de décembre dernier ; comme il n’avoit point d’attestation de l’ordinaire, on n’a point envoyé les provisions mais un extrait ou certificat de l’admission, à Rome. Avec cela, ces Mrs ont obtenu du Parlement qu’il les autorise à se mettre en possession civille ; une fois pourvus de cet Arrest, ils se sont présentés à l’Evesché pour avoir un Visa. Mr l’Evesque étoit party le 3, pour Paris, et Mr Huet, Grand-Vicaire, avoit demandé à Mr l’Evesque ce qu’il vouloit faire et comment il vouloit qu’il fist pour le Visa qu’on luy demandoit. Il dit de le refuser, ce qui arriva le même jour, sans dire de raison. Ces deux Mrs sont party pour Tours, le lendemain et se sont adressés à Mr …, Supérieur du Séminaire et Grand-Vicaire. Ils ont exposé leurs raisons et, après cela, Mr Jumel a suby un examen pendant environ une heure. Ayant satisfait, on luy a donné un visa, et Mr Fay, ayant été 18 ans Curé, n’a pas été examiné. Ils ont eu chacun leur Visa et le Prélat en est pour son refus. Mr Fay, après avoir fait ses visites, a été reçu chanoine, le 10 may ; il est né dans le mois de novembre 1733. Il s’appelle René-François Fay ; né à la Bazoge ; c’est une ancienne famille de cette Ville. C’est Mr l’abbé Paillé, comme Président, qui l’a reçu, et moy, comme le plus ancien du costé gauche, qui l’ay installé ; aussi, je luy ay donné à diner, ce même jour, avec Mrs ses frères et plusieurs chanoines370.
Présentation d’une chapelle à Mr Tuffier, prestre
356Le 10 may 1784, le chapitre a présenté une chapelle assés bonne à Mr Tuffier, prestre, diacre d’office à St Julien ; elle étoit vacante par la mort de Mr Paton, ancien Curé de Soudé. Il est mort dans la paroisse de Gourdaine ; il a fait un testament par lequel il donne tout ce qu’il peut donner aux paroisses de Soudé, Gourdaine et une ou deux autres371.
Couche de Mme Darcy
357Le 20 may 1784, Mme Darcy est accouchée d’un garçon ; elle demeure chés Mme Darcy, sa belle-mère, paroisse du Crucifix372. Mr Darcy, son mary, est allé rejoindre son régiment. J’ignore qui a été parrain et marraine ; c’est sans doute par procuration.
Procès avec Mr de Feumusson
358Le 22 may 1784, nous avons obtenu un arrest du Conseil pour le procès avec Mr de la Borde de Feumusson373.
Mariage de Mr Ogier de Paris
359Le 9 juin 1784, Mr Ogier, seigneur de Sillé, près Bonnétable374, est marié à Paris à une Demoiselle unique très riche, âgée de 22 ans ; assés bien de figure et elle a beaucoup de talents. Il demeurera à Paris chés son beau-père Mr … ; ils doivent venir au Mans chés Mme de Nouans, sa parente, qui luy a donné 50 000 # en mariage. Il a une terre dans la paroisse de Sillé qu’on appelle Passé, qui est bien bâtie et assés bonne en revenu. Mr Ogier peut avoir environ 28 ans ; d’un caractère honneste, doux, de l’esprit et qui rendra une femme bien heureuse ; il a eu bien de la peine à se marier ; il est même arrivé des choses singulières auparavant de se décider, et c’est Mr l’abbé Savare, qui demeure chés Mme de Nouans, qui l’a enfin déterminé à dire le grand oui.
Baptesme de l’enfans de Mr Fusil
360Le 16 juin 1784, j’ay nommé avec Mlle Nepveu l’ainée, l’enfans de Mme Fusil femme de chambre de Mme Amyot, et le mary est cuisinier de Mr et Mme Amyot, demeurant au château du Bois de Maquilly375. Il a été nommé Adolphe-René-Pierre. Voir sur mon livre de dépenses, ce que j’ay donné à Mlle Nepveu pour présent.
361[note] L’enfans est mort.
Couche de Mme de la Crochardière
362Le 16 juin 1784, Mme de la Crochardière est accouchée d’une fille ; c’est Mr l’abbé de St Chereau et Mme de la Crochardière qui ont nommé l’enfant. Elle a déjà un garçon, elle demeure dans la paroisse de St Nicolas.
Mariage de Mr Le Romain avec Mlle Pinchinat
363Le 22 juin 1784 Mr Le Romain fils, a épousé la fille de Mr Pinchenat ; Mr Le Romain fait le commerce de cire et Mr Pinchinat père fait commerce d’épicerie en gros. La mère de Mr Le Romain, qui vit encore, avoit mal fait ses affaires ; elle a avec elle une demoiselle qui est très jolie. Je crois que tout le monde vit ensemble avec le commerce de cire. Mr Pinchinat avoit une demoiselle qui avoit épousé Mr Paton qui avoit deux forges dans le Bas-Maine ; son mary est mort tout jeune. Elle a épousé Mr Lecomte dont elle n’a pas eu de fortune, mais elle gagne beaucoup, mais beaucoup dans ses forges376. Elle passe les hivers au Mans et a un carrosse, voit les personnes de la première qualité pendant que ses parents ne sont pas riches. Elle n’a pas d’enfans.
Mort de Mr l’abbé Le Leu chanoine honoraire
364Le 9 juillet, Mr l’abbé Le Leu, chanoine honoraire, est mort, âgé de 83 ans qu’il auroit eus la veille de l’Assumption prochaine. Il avoit résigné son Canonicat à Mr son neveu, qui est mort, il y a 3 ans, avec pension de 500 # ; c’est Mr l’abbé de St Chereau qui a eu son Canonicat. La mort de ce neveu l’avoit réduit à une simple fortune ; il avoit, outre la pension de son Canonicat, une pension de 400 #, plus une autre pension de 200 # ; il pouvoit avoir environ 1 200 #377. Il avoit été aimable dans son temps.
Couche de Mme de La Fosse
365Le 6 aoust 1784, Mme Defosses de Linières, est accouchée d’une fille.
Prise de possession de l’abbaye de la Coulture
366Le 6 aoust 1784, Mr Le Prieur de la Coulture qui est Mr de la Boussinière, frère du Président à l’Election, a pris possession, par procuration, de l’Abbaye de la Coulture pour Mr l’Abbé de la Chastre, frère de Mr de la Chastre, seigneur de Malicorne et Colonel du Régiment de Monsieur, frère du Roy, et son premier Ecuyer, très bien en Cour. C’étoit Mr l’abbé Fouquet, ancien Archevesque d’Embrun, qui avoit la ditte Abbaye ; il en a fait sa démission et Monsieur, frère du Roy, l’a donné à Mr l’abbé de la Chastre, âgé d’environ 30 ans ; il avoit un bon Prieuré qu’il a remis. On fait douze mille livres de rentes à Mr l’abbé Fouquet, sur les économats et autant sur le Prieuré de Ste Goburge378 qui vaut, dit-on, vingt mille livres de rentes, le dit Prieuré est resté aux économats. Mr l’abbé Fouquet est âgé d’environ 82 ans.
La Cure de St Gilles
367Mr le Doyen de la Cathédralle a donné, à ma résignation, la Cure de St Gilles des Guérets à Mr Poilpré, né le 18 avril 1753, dont le père est boulanger, demeurant au bas de la Poterne379 ; elle est tombée en mois gradué. Il faut aussi estre Maistre ès-arts au moins, pour estre curé de Ville ; il va estre six mois desservant pour attendre que Mrs les gradués ne la requèrent, ce qui n’est pas probable, à cause de la modicité du bénéfice, joint aussi qu’elle n’est pas sujette aux grades, ainsi que celle de Savigné l’Evesque, qui est pareillement à la nomination de Mr le Doyen. Mr Poilpré a été nommé par Mr le Doyen, et le chapitre l’a agréé. Mr Louis-René Poilpré le 23 juillet 1784380.
Mariage de Mr Charpentier
368Le 6 aoust 1784, Mr Charpentier, receveur des Consignations, est arrivé de Paris avec sa femme qui est petite et laide ; on dit qu’elle est riche. C’est la fille d’un avocat de Paris que l’on dit assés riche ; elle aura, dit-on, 3 000 # de rente. Elle est bien de figure et a de l’esprit et des talents pour les instruments.
Jour de l’Assumption
369Mr l’Evesque a officié le jour de l’Assumption ; je luy ay fait sous-Diacre parce que c’étoit à mon tour. Mr l’Evesque dinoit chés Mr l’abbé du Mourier, son Grand-Vicaire.
Couche de Mme Duhail
370Mme Duhail est accouchée d’une fille et pour la troisième ; elle demeure chés Mr son père, négotiant, paroisse de St Nicolas.
Mort de Mr de Chassilly
371Le 13 aoust 1784, Mr de Chassilly est mort à son château de Chassilly, sur la route de Laval381, d’une fièvre putride ; il avoit 50 ans. Il avoit été réformé comme tous les Mousquetaires382 ; il avoit eu la croix de St Louis, il y a deux ans. Il avoit épousé une Demoiselle de St Cher, l’ainée, qui étoit allée chés Mr son frère, du premier lit, lequel étoit mort Curé en Bretagne d’une belle et bonne cure ; il avoit donné à cette sœur qu’il aimoit beaucoup, dit-on, quarante mille livres dont elle jouissoit tranquillement sans penser à se marier. Mr de Chassilly, vieux garçon, qui amassoit de l’argent, l’épousa, il y a 4 ou 5 ans ; elle avoit trouvé le moyen de s’en faire aimer et d’en faire tout ce qu’elle vouloit383. Elle a eu deux enfans qu’elle a nourry elle-même ; la maison dans la rue des chaplains, près Mr Lambert, est à eux384. Il luy fait tout l’avantage qu’il peut faire.
Mariage de François Hemery, à la Manouillère
372Le 24 aoust 1784 François Hemery, dit la Roze, mon domestique, âgé d’environ 46 ans, a épousé Marie…, cuisinière chés Mr Turpin, Curé de Gourdaine ; elle peut avoir environ 40 ans385. Ils ont épousé dans la chapelle de la Manouillère et j’ay fait toute la dépense pour cette cérémonie ; ils ont été depuis le lundy au soir jusqu’au mercredy au soir ; il y avoit au moins 40 personnes386. Le Sieur Hemery peut avoir environ 2 000 # qu’il a gagné dans son commerce de graine de tresfle et de bled et de tout ce qu’il peut acheter ; on dit que sa femme peut avoir environ 400 # ; elle demeure chés Mr le Curé de Gourdaine et ledit Hemery avec moy, au moins jusqu’à Pasques. Il n’a pris ce party que parce qu’il ne sait point mener la voiture et que je suis sur le point d’en avoir une et des chevaux387.
Mort de Mr de Bellemare de Toussaint
373Le 30 aoust 1784, Mr de Bellemare est mort subitement au Puits de la Chaîne, en allant se promener avec Mlle sa fille ainée, à la foire aux oignons ; il pouvoit avoir environ 56 ans. Il avoit épousé Mlle Jannard dont il a 3 enfans, savoir deux demoiselles et un garçon qui peut avoir trois ou quatre ans. Il faisoit bâtir une maison au bourg d’Anguy388, sur le terrain des Religieux de la Coulture qu’il avoit assensé pour… boesseaux de bled ou d’avoine. Il avoit servy389 et avoit reçu à la jambe, un coup de feu dont il a toujours été incommodé ; il étoit chevalier de St Louis et avoit une pension. Mr de Bellemare n’étoit pas riche, comme cadet ; il y a du bien du costé de sa femme. On a porté Mr de Bellemare dans sa maison et il a été enterré au grand Cimetière. Comme la paroisse de Ste Croix est dans l’Eglise des Religieux de la Coulture, on y a fait la cérémonie.
Mort de Mr l’abbé Riballier, chanoine servé
374Le 3 septembre 1784, Mr l’abbé Riballier, Chanoine servé est mort, âgé de 56 ans390 ; il y avoit longtemps qu’il étoit malade d’une maladie de nerfs. Ce monsieur avoit eu du chagrin ; il n’avoit jamais oublié la réception qu’on luy fit le 15 may 1765 (on peut le voir à cette époque). C’est sans doute pour cela qu’il avoit fait son testament où il demandoit un petit luminaire et à estre enterré au grand Cimetière ; la famille de concert avec le chapitre, n’a point fait droit à son testament. Il avoit résigné son Canonicat à son frère, curé de Sceaux, mais il est mort six jours après ; c’étoit un garçon d’esprit, mais trop vif ; il avoit le talent de la chaire et s’en acquittoit bien. Il a un frère entrepreneur, qui a la confiance du chapitre391 ; il avoit été Vicaire à Rouillon et avoit élevé et instruit les enfans du Seigneur. Ce fut Mr de Rouillon qui luy procura son Canonicat392.
Prise de possession du Canonicat servé par Mr l’abbé Fontaine
375Le 13 septembre 1784, Mr l’abbé Fontaine, né dans la paroisse et ville d’Allençon, le 18 may 1749, a pris possession du Canonicat servé vacant par la mort de Mr Riballier. Comme ce Canonicat servé demande bien des obligations, on les luy a lus et il a fait le serment ordinaire ; et en outre a juré qu’il feroit et rempliroit touttes les obligations de son Canonicat servé, suivant une transaction faite avec le chapitre et Mrs les semy-prébendés par laquelle il s’oblige de faire et remplir la cinquième semaine quand Mrs les chanoines ne voudroient pas la faire ; enfin il est obligé de supléer aux défauts du cœur. Quoiqu’il soit Grand-Vicaire, cette qualité ne l’empêchera pas de remplir les fonctions de son Canonicat.
Mariage de Mlle Ory ainée avec Mr Cornu
376Le 21 septembre 1784, Mlle Ory l’ainée, a épousé Mr Cornu, riche négotiant de la ville de Beauvais ; elle peut avoir environ 22 ou 21 ans, elle entend bien le commerce393. Mme sa mère fait un commerce considérable de cire et de bougie, et à la mort de son mary, il y a trois ans, son inventaire montoit à plus de sept cent mille livres394. Elle n’a que trois enfans savoir : un garçon et une autre demoiselle.
Arrivée de Mr l’Intendant395
377Mr l’Intendant est venu, pour la première fois, au Mans, le dimanche 19 septembre. C’est Mr l’abbé Leconte qui a été le complimenter de la part du chapitre ; il avoit fait un très beau compliment. Tous ceux qui l’ont harangué n’ont pas été content de luy ; il recevoit ces compliments avec indifférence, et ne paroissoit pas y avoir attention. Cependant on en [dit] du bien. On ne luy a pas fait d’autres cérémonies qu’à l’ordinaire. Quoique ce soit pour la première fois, il n’a été que deux jours à faire les départements du Mans de Mayenne et du Château-du-Loir396.
Concours pour les Cures
378Le 28 septembre 1784, le concours annoncé, il y a un an, par un Mandement de Mr l’Evesque du Mans, a eu lieu. Il y a eu 33 prestres Vicaires qui se sont présentés ; la composition a eu lieu au Séminaire depuis 8 heures du matin jusqu’à 3 heures au plus tard. Il y a eu 12 prestres qui ont eu une assurance pour les premières Cures vacantes ; je ne crois pas qu’il vaque autant de Cures par an. Et il pourra arriver que le Concours ne durera pas longtemps. Le Prélat a de bonnes vues, mais il ne pourra pas donner des cures à d’autres prestres397.
Mort de Mr Maulny appelé Perrot
379Mr Maulny, bourgeois, oncle de Mrs Maulny, est mort, âgé de 84 ans, d’une fluxion de poitrine ; il a quatre enfans, savoir : l’ainé qui est marié à Paris, le second qui est dans les Gardes du Corps, a épousé Mme Cailleau ; il y en a un qui est tonsuré, très simple. Il y a une demoiselle qui ne demeuroit point avec son père, ainsi que tous ses enfans ; le bonhomme étoit très difficile.
Mort de Mme le Boindre
380Le 13 novembre 1784, Mme le Boindre est morte presque subitement, d’une foiblesse, âgée de 76 ans ; elle laisse trois enfans garçons. Mr Le Boindre l’ainé est marié à une demoiselle de Laval, dont il a un enfans ; il demeure au Greffier398. Le second, Mr de Marsilly, vivoit avec Mme sa mère et n’est point marié ; il a 53 ans. Le troisième, Mr de Moire, est veuf, il avoit épousé une demoiselle d’Auvours dont il a deux filles qui sont à la Visitation. Mme Le Boindre avoit plus de douse mille livres de rentes ; elle demeuroit dans la Grande Rue, paroisse du petit St Pierre. C’est Mrs du Présidial qui ont fait le convoy et ont mené Mrs Le Boindre ; l’ainé n’y étoit pas.
Mort de Mr de Négrier
381Le 19 novembre 1784, Mr Negrier est mort à sa terre de la Ragotière, paroisse de Degré399, âgé d’environ 58 ans, d’une fièvre maligne après 50 jours de fièvre. Il est mort avec tous les sentiments d’un véritable chrétien ; il a fait un testament où l’on dit qu’il donne à Mlle de Négrier sa fille, tout son mobilier, tant de campaigne que de sa maison de Paris où il demeuroit et où il étoit Conseiller à la Cour de la Monnoye. Il donne en outre quarante mille livres à Mlle sa fille. Il a un garçon ainé qui est dans la Marine où il a essuyé plusieurs rencontres400 parce qu’il y étoit entré contre toute espérance, il est parvenu à estre Lieutenant de vaisseau. C’est un brave officier, mais une teste bien vive ; il a un second garçon qui est dans un Régiment d’Infanterie ; il laisse une Demoiselle très jolie et très aimable, âgée de 22 ans ; c’est à elle qu’il a fait le don.
Mort de Mlle de Guillemeaux
382Le 20 novembre 1784 Mlle de Guillemeaux sœur de Mr de Montbrais, est morte âgée de 45 ans ; Mr son frère en a eu beaucoup de soin ; elle avoit fait abandon de son bien quand Monsieur son frère s’est marié.
Mariage de Mlle Geslot avec Mr Guédou
383Le 23 novembre 1784, Mlle Gueslot, très jolie et aimable, a épousé Mr Guédou, qui a achetté la charge de Notaire à Tennie401 ; elle a 32 ans et son mary peut avoir 36 ans. Il est riche. Elle est fille unique ; Mr son père est feudiste402, qui travaille peu ; il a une petite campaigne où il réside les trois quarts de l’année.
384[note] Elle a épousé un vilain Monsieur qui est jaloux au delà de toute expression et la rend malheureuse403.
Prédicateur de l’Avent
385C’est un Cordelier qui a presché l’Avent ; il étoit très médiocre. Comme il faisoit froid, il n’y avoit ordinairement personne, aussi, Mr l’Evesque a fait supprimer les sermons de l’Avent pour l’année prochaine. Il fera presché seulement les Dimanches de l’Avent et les festes.
Présentation404 du fils de Mr le marquis d’Aux
386Le fils de Mr le marquis d’Aux a été présenté dans le courant de novembre ou commencement de décembre. Il a monté dans les carosses du Roy et a été à la chasse ; Mr son père va prendre hôtel à Paris et viendra passer environ cinq mois à sa terre. Il a passé pour aller à Paris avec deux Demoiselles ses filles pour les mettre au Couvent à Paris.
Mariage de Mlle de Vilenne
387Au milieu du mois de décembre 1784, Mme de Vilenne a mené Mlle sa fille pour épouser à Paris Mr de Médavid dont les père et mère demeurent à Paris. Ce jeune homme sera très riche ; il est dans les Dragons et aura un Régiment, mais il n’est pas d’un nom à estre présenté ; ils font beaucoup de dépense.
L’année 1785
Mort de Mme de Nouans
388Le 22 décembre 1784, Mme de Nouans405, propriétaire de Ste Barbe406, près la paroisse de St Vincent, est morte à St Sulpice à Paris où elle étoit allée, il y a deux mois pour se faire gouverner407. Mme de Nouans pouvoit avoir environ 60 ans ; elle est morte comme subitement d’une hidropaisie de poitrine. Avant de partir, elle avoit donné son testament à Mr Fay, le receveur des Décimes, à qui elle donne valant 3 000 # son carosse et ses chevaux. Elle fait Mr Savarre, chanoine de St Julien, qui demeuroit chés elle depuis la mort de Mr de Nouans, ou du moins peu de temps après, elle le fait son légataire universel. Mme de Nouans a beaucoup d’héritiers entre autres Mrs Ogier, Mr le Président…. et plusieurs autres qui ne sont pas riches. On a mis le scellé à Paris où elle est morte et au Mans à Ste Barbe. Mr Savarre, en arrivant de Paris, s’est retiré à sa prébende408 qui est au bas du jardin de Ste Barbe ; c’est un endroit très joly et bien meublé. Mr Savarre avoit un appartement à Ste Barbe, que Mme de Nouans luy avoit donné par un bail ; elle luy avoit donné toutte la bibliothèque et le cabinet de feu Mr de Nouans, qui étoit considérable. Mr Savarre ne s’est point encore déclaré sur ce qu’il fera pour le don. Cette dame avoit 10 000 # de rente sur l’Hôtel de Ville de Paris ; la terre de Meurcé409 est un objet d’environ 8 000 # de rente ; on dit qu’elle jouissoit de plus de 25 000 # de rente. Elle donne à l’Hopital du Mans 8 000 # pour dire une Messe à perpétuité pour elle et ses parents, père et mère et mary. Elle avoit donné à Mr Ogier, en se mariant, 50 000 # qui ont été mis dans son contrat de mariage, mais à la condition de faire à une petite fille bâtarde, âgée d’environ 10 ans, que Mme de Nouans élevoit chés elle 1 000 # de rente viagère, plus 300 # de rente viagère à sa femme de chambre et 400 # de rente viagère à son laquais. Il y a bien des choses à dire sur ce testament ; le public et les parents murmurent assés sur cela et sur le don et donataire.
389[note] Il est sûr que Mr Savarre a gagné son procès ; malgré cela, il a proposé un accomodement avec les héritiers qui ont consenty à 80 000 # et la rente jusqu’au remboursement qui étoit fixé.
Mort de Mr Cerveau
390Mr Cerveau, chanoine de St Pierre, est mort au commencement de Janvier ; il pouvoit avoir environ 70 ans410. C’étoit un homme d’un caractère bien singulier… Le canonicat de Mr l’abbé de Segrais a été donné à un Mr Pasquer diacre du diocèse…. Le canonicat a été longtemps à estre donné ; il a été vivement sollicité. On ne sait pas encore qui aura celuy de Mr Cerveau411 ; on croit que ce sera Mr du Bourneuf, un très pauvre cadet de noblesse, dont la mère demeuroit dans un petit bordage412 dans les landes de Chauffour413.
Mort de Mr Fouquet de la Visitation
391Mr Fouquet prestre de la Visitation, est mort âgé de 82 ans passés ; c’étoit un homme bien respectable qui, depuis très longtemps, gouvernoit cette maison avec autant de douceur qu’il avoit les mœurs pures. Il n’avoit jamais eu d’ambition. Il avoit pour tout revenu ce que luy donnoient ces Dames et une nomination à St Julien ; c’étoit la mienne que je n’ay pas encore donnée. Il confessoit beaucoup d’ecclésiastiques et l’église de la Visitation étoit une de la ville où il se disoit le plus de Messes. Il emporte avec luy tous les regrets et il le méritoit. Les papiers publics ont fait son éloge par une Épitaphe latine faite par Mr Bellanger, Curé du petit St Georges ; et Mr Pavé, curé de Flacé près Vallon, en a fait une autre en françois414.
Couche de Mme de Fontenay
392À la fin du mois de janvier 1785, Mme de Fontenay, actuellement seule du nom, dont le mary est dans l’artillerie, est accouchée d’un garçon chés Mr son beau-père, à Montreuil, près le Grand-Lucé ; son enfans est en nourrice à la Guyardière.
Prédicateur du Carême
393C’est un Minime qui presche le Caresme, il est bon. Il avoit presché au Mans du temps que le Chapitre étoit aux Jacobins ; c’étoit l’année 1770.
Mort de Mlle le Boindre de Moire
394Le 3 mars 1785. Mlle Le Boindre de Moire l’ainée est morte de la poitrine ; elle étoit au Couvent de la Visitation doù Mr de Marsilly, son oncle, l’avoit fait sortir pour la faire gouverner ; elle avoit environ 15 ans. Il reste encore une demoiselle qui a un œil perdu par la petite vérolle, elle a un œil de verre ; cela paraît moins. L’ainée, qui vient de mourir, étoit très bien.
Couche de Mme Le Boindre
395Le 8 mars 1785. Mme Le Boindre, qui demeure au Greffier, est accouchée d’une fille. Elle étoit allée faire ses couches à Laval, chez Mme de Launay, sa mère, parce que le chirurgien en qui elle avoit confiance y demeure et comme elle avoit eu des couches affreuses, elle avoit pris le party de faire le voyage415. Voilà la seconde fille qui vit. C’est la sœur de Mme le Boindre et Mr de Rouillon qui ont nommé l’enfans par procuration.
Couche de Mme Cellier
396Le 10 mars 1785, Mme Cellier est accouchée d’un garçon ; c’est Mr Cellier, le chanoine, qui a été parrain et a fait le baptême dans l’église de la Coulture. Mme Cellier, étant fille, étoit la troisième demoiselle Garnier dont le père est négotiant en étamines et demeure à St Nicolas416.
Assemblée de parents pour Mme de Chassilly
397Le 15 mars 1785, j’ay été à une assemblée de parents chés Mr de la Rozelle, Lieutenant particulier, pour Mme veuve le Bourdais de Chassilly, restée veuve le 13 aoust dernier417, avec deux enfans dont un garçon et une fille qui est l’aînée. Son mary ne faisoit point de réparations sur tous ses biens et le château de Chassilly qui est près de tomber. Il y avoit pour Mr de Chassilly Mr le Chevallier d’Oursière Seigneur de Prévalles, Mr de Blanchardon, receveur à Loué et Mr de la Porte de la Thibaudière Procureur du Roy à l’Élection. Pour le coté de Mme de Chassilly qui est fille de Mr Ameslon de St Cher418 qui avoit épousé Mme de Becdelièvre, il y avoit : Mr l’abbé Livré, chanoine de St Pierre, comme procureur de Mr l’abbé Ameslon, curé de Courcemont ; Mr Le Normand de Champflé qui a épousé Éléonore Le Vayer et moy. On a permis à Mme de Chassilly d’abbattre le Vieux Château, d’en bâtir un dans un endroit plus convenable ; de détruire une ancienne maison de Maistre qui est à la ferme de la Fuye, d’abbattre tous les chênes dont elle aura besoin pour faire les réparations sur les biens de Chassilly et aussi d’emprunter une somme de 12 000 # pour faire les réparations et le château, le tout à sa volonté. Par son contrat de mariage, Mr de Chassilly luy avoit fait un gros don ; elle est obligée de nourrir et entretenir ses enfans jusqu’à ce qu’ils soient émancipés. Ainsi, tout le revenu des biens de Mr de Chassilly sera employé à faire les réparations et à placer à intérests. On dit que les biens montent actuellement à 6 000 # de rentes. Mme de Chassilly, la grande mère des petits enfans, vit encore, elle peut avoir 74 ans ; elle est riche et a beaucoup d’argent. Cette succession sera partagée avec les dits enfans et Mr de Tilly fils qui est un très mauvais sujet et actuellement enfermé pour dettes419.
Baptesme et cérémonie du baptesme de Mr de Condren qui est à l’Oratoire
398Le 30 mars 1785, Mr de Gonssans, Evesque du Mans, a fait le baptesme de Mr de Condren, âgé de 18 ans ou environ. Ce jeune homme, d’une grande condition, allié à la maison de Lorraine, avoit perdu ses parents de très bonne heure ; comme il avoit eu un grand Oncle, qui avoit été Général de l’Oratoire, on a eu des considérations pour luy. Il régente la troisième ; il a de l’esprit. Il est parent de Mr l’Archevêque de Paris, qui a été prié d’estre son parrain et Mme de Juigné sa marraine. Comme Mr et Mme de Juigné connoissent la famille Trotté ils ont prié Mr l’abbé Trotté de les représenter comme fondé de leur procuration ; c’est Mlle Trotté, fille de Mr Trotté-Bleu, avocat, qui a été la marraine. On a prié Mr l’Évesque de faire la cérémonie qu’il a faite dans sa chapelle ; comme l’enregistrement du baptesme ou ondoyement n’étoit pas bien en règle, on luy a aussi donné l’eau420. Après la cérémonie, Mr l’abbé Trotté a donné un grand diner ; il y avoit 22 personnes. Mme de Landemont et Mme de la Livaudière en étoient, et plusieurs Grands Vicaires et chanoines dont j’étois du nombre ; il y avoit trois messieurs de l’Oratoire. On pourroit adjouter que la cérémonie se faisant chés Mr l’Éveque il auroit pu et même dû donner le diner. Il le rendra sans doute421.
Mort de Mme de Chassilly la mère
399Le 3 avril 1785, Mme de Chassilly, belle-mère de la veuve dont il a été question à la datte du 15 mars dernier, vient de mourir. Elle laisse beaucoup d’argent ; elle étoit âgée d’environ 74 ans. Elle a un petit-fils qu’on appelle Mr de Tilly, âgé de 24 ans, qui est un fou, lequel a déjà été enfermé et l’est encore pour dettes ; il veut va en sortir. C’estoit Mr de St Victor qui a épousé Mlle de Beauvais, qui l’a fait enfermer pour 3 000 # qu’il luy devoit depuis longtemps ; heureusement pour luy que Mme de Chassilly a substitué son bien. Son père, Mr de Tilly, qui est veuf et est Sénéchal de Beaumont dont il a mérité d’estre chassé, ne vaut pas mieux que luy et encore moins. On a trouvé trente quatre mille livres en argent chés Mme de Chassilly ; le tout sera partagé également422. Mme de Chassilly, la veuve, qui a deux enfans, représente l’ainé.
Prières pour la pluye
400Le 24 avril 1785, Mr l’Evesque a ordonné des prières pour la pluye ; il y a une très grande sècheresse surtout pour l’herbe et les bestiaux souffrent beaucoup, n’ayant eu que très peu de fourage l’année dernière. Il y a bien cinq mois qu’il n’a tombé d’eau excepté un peu de neige. Les prières sont une procession dans chaque Église. Nous avons fait un tour autour de notre Église, en chantant les Litannies des Saints ; en entrant dans le cœur on a chanté le psaume Miserere, le verset Domine non secundum et les versets ordinaires avec l’oraison pour la pluye. On continuera jusqu’à ce qu’il tombe de l’eau423.
Députation à Tours
401Le jeudy 21 avril 1785, Mr l’Evesque est party pour Tours avec Mr Huet, chanoine et Grand Vicaire et Député à la chambre Ecclésiastique pour aller à Tours pour nommer un Evesque et un Député du second ordre pour l’Assemblée Générale à Paris. C’est Mr l’Archevesque de Tours qui est pour la province.
Mort de Mme de la Roussière
402Le 24 avril 1785, Mme de la Roussière, sœur de Mr de Monthéard, est morte d’une hidropaisie de poitrine, après un mois de maladie et beaucoup de patience et de vertu, âgée de 75 ans environ. Elle avoit une fille qui avoit épousé Mr le marquis de Vennevelles ; elle est morte et a laissé un garçon qui est marié. Elle a fait un testament en faveur de ses domestiques ; elle a été enterrée au grand Cimetière.
Mort de Mr de la Borde du Château du Loir
403Le 25 avril 1785. Mr de la Moustière a reçu une lettre de St Domingue qui luy annonce la mort de Mr de la Borde qui avoit épousé une Demoiselle de la Moustière, appellée Mme de la Borde, qui avoit épousé le 13 novembre 1773. Mr de la Baubonnière, autrement Mr de la Borde, il étoit allé à St Domingue pour y vendre tout le bien qu’il pouvoit y avoir ; il y étoit depuis environ un an ; il est mort au mois de janvier dernier. Il laisse deux petits enfans, c’étoit un très bon ménage.
Le premier de May
404Le 1er may 1785, Mr l’Evesque a officié et cela pour avoir la rétribution qui est un Ecu d’or ; il a dit qu’il demanderoit le rétribution fondée par le Cardinal de Luxembourg. L’Ecu d’or est évalué 10 # 10 sols, qu’on doit luy donner : ce qui prouve combien il est interressé424.
Procession de la paroisse d’Ivré à Ste Scolastique
405Le 14 may 1785, la paroisse d’Ivré l’Evesque est venu processionnellement à la chasse de Ste Scolastique425 ; la procession étoit très bien ordonnée. Sous la bannière étoient les femmes et filles, qui alloient en rang de procession ; ensuite s’estoient les hommes. Il y avoit presque toutte la paroisse ; ils ont party de grand matin et à jeun426. Mrs de St Pierre ont bien voulu permettre qu’on dise la Messe dans leur Église. Ils427 s’en sont retournés dans le même ordre. Voilà la première fois que je vois pareille chose ; il est vray qu’il fait une grande sècheresse. Cependant les bleds, seigles et froments souffrent un peu, mais les orges et autres choses souffrent beaucoup et encor plus les herbes ; les pauvres bestiaux périssent faute de fourrage et d’herbe. Le foin vaut 10 # le cent, pesant, et la paille à proportion.
Procession généralle pour demander de la pluye
406Le 18 may 1785, Mr l’Evesque, après en avoir conféré avec son Chapitre, a ordonné une procession généralle où ont été invitées toutes les Compaignies, suivant l’usage. Mrs de St Pierre ont apporté la châsse de Ste Scolastique. On est party à 9 heures ; on est allé par la place du Château, par la place des Jacobins, la rue Marchande et ainsi jusqu’à l’abbaye de la Coulture où Mr l’Evesque a dit la Grande Messe. En allant, on a chanté les Psaumes gravement ; Mrs de St Pierre occupoient le costé gauche. Mrs du Présidial avoient des fauteuils et chaises au bas des marches qui mènent au cœur, l’Hôtel de Ville du costé gauche et les différentes autres Compaignies derrière. On a chanté la Messe ad petendam pluviam en plain chant ; il y a eu Gloria et Credo, sans doute à cause de l’Octave de la Pentecoste. En revenant, on a chanté les Litannies des Saints comme le mercredy des Rogations ; on est revenu par la Rue de St Julien le Pauvre, la rue de Quatre Roues et la Grande Rue. Touttes les Communautés qui étoient à la Procession, sont revenues jusqu’à St Julien ; Mrs de St Pierre sont rentrés chés eux et les Compaignies ont suivy la châsse. En rentrant dans l’Église, dans la nef, on a chanté les versets Domine non secundum ; Mr l’Evesque a dit le Verset et l’oraison puis on a rentré dans le cœur. Il étoit Midy quand tout a été finy. En sortant de la Coulture il est venu un peu de pluye et en rentrant à St Julien ; il y avoit un monde prodigieux à la Procession. On a commencé prime à sept heures et demie et la grande Messe tout de suite.
Grande Messe à St Pierre
407Le 19 may 1785, le chapitre de St Julien est allé processionnellement dans l’Église de St Pierre, après l’office du chœur qui a finy à dix heures, pour chanter une grande Messe en l’honneur de Ste Scolastique, toujours pour demander de la pluye. Touttes les Communautés et paroisses de la Ville ont été aux heures marquées, à St Pierre, et point d’eau. On a ramassé428 la châsse, le mercredy à onze heures, à cause de la Feste Dieu.
Jour de la Feste-Dieu
408Le 26 may 1785, jour de la Feste-Dieu, Mr l’Evesque a fait la procession et a dit la grande messe429 et n’a pas dit la grande messe ; il se trouva trop fatigué à la Mission ; il dit une messe basse et vint déjeuner dans la salle des deux Compaignies. Il y avoit, cette année, un déjeuner comme à l’ordinaire, mais proprement servi. Je portois le bon Dieu, comme à l’ordinaire, avec Mr du Mourier, archidiacre de Montfort.
Mort de Mr Mersant
409Le 7 juin 1785, Mr Mersant, négotiant au Mans, tant en toilles qu’en touttes autres marchandises, est mort d’une attaque d’apoplexie, létargie et paralisie, âgé d’environ 59 ans. En sortant de la comédie, il rentre chez luy et tombe sans connoissance ; on luy a donné tous les secours possibles. Il mourut au bout de deux jours sans avoir donné aucun signe de vie, ou du moins de connoissance. C’est une vraye perte ; il laisse six enfans dont trois garçons ; l’ainé, qui est jeune, vouloit épouser une des Demoiselles Tiger. Comme elles ne sont pas riches, le père ne vouloit pas y consentir et pour luy faire oublier ce mariage, je crois qu’il la fait enfermer ; il a été à Bordeaux pour y apprendre le commerce, et il est [revenu] au Mans. Il y a trois Demoiselles, dont l’ainée, qui est un peu boiteuse, est un excellent sujet qui devoit épouser Mr de La Cour, son cousin germain, les dispenses de Rome arrivèrent la veille de la mort de Mr Mersant ; ce Mr de La Cour est un Américain, riche430. Ils doivent demeurer dans la maison de Mr Chesneau le médecin, près Mme de Beauvais ; on ne sait pas encore si la veuve continuera le commerce431.
Mr Bonnouvrier, curé d’Aubigny432
410Le 13 juin 1785, Mr Bonnouvrier, vicaire de la Coulture, a pris possession de la Cure d’Aubigny, près Le Lude. Mr Vilais luy avoit résigné sa cure à pension ; comme il se voyoit mourir de la poitrine, [il] avoit écrit à Mr l’Evesque du Mans pour luy demander son agrément pour cinq sujets qu’il luy nommoit ; Mr Bonnouvrier étoit le dernier. Mr l’Evesque écrivit au Curé qu’il ne vouloit aucun des sujets, que Mr Bonnouvrier étoit un bon sujet mais qu’il luy donneroit une Cure dans un autre temps. Mr Vilais, homme respectable, voyant que Mr l’Evesque disoit du bien de Mr Bonnouvrier, luy résigna sa Cure. Mr l’Evesque fut furieux, parce qu’il regrette de ne pas présenter tous les bons bénéfices ; il refusa une attestation de vie et mœurs, pour envoyer à Rome. Cependant quand on fut sûr que la résignation fut admise à Rome, Mr Bonnouvrier fut chez Mr l’Evesque pour luy demander les raisons qu’il avoit du refus d’attestation ; il la donna tout de suite. Mr Vilais mourut à Pasques ; Mr le Curé de la Coulture et Mr Huard sont allés mener Mr Bonnouvrier prendre possession. Mr Bonnouvrier est un excellent sujet qui avoit été élevé au séminaire d’Angers ; et Mr de Gonssans Evesque du Mans, l’engagea à estre prestre avant son âge et a demandé luy même une dispense d’âge à Rome. Il a une mère qu’il va prendre chez luy ; elle est dans cette dure nécessité. Elle tenoit l’auberge du Grand-Dauphin où elle avoit mal fait ses affaires, et a été obligée de quitter ; il a deux sœurs qui, depuis ce malheur, ont appris le métier de Couturière en robbes. Il a un frère qui étoit au Séminaire d’Angers ; il est actuellement précepteur dans la ville et continue ses études. Il est très bon sujet. Il a plusieurs frères qui sont cuisiniers et courrent le monde433. La cure d’Aubigny doit valoir au moins quatre mille livres de rente.
Mort de Mr de Blin de Madrelle, Lieutenant Criminel
411Le 17 juillet 1785, Mr de Blin, Lieutenant Criminel, est mort subitement au château du Plessis, paroisse de St Gervais en Blin. Cette terre est un Comté, seigneur de trois paroisses au moins. Mr et Mme de Madrelle, qui vivent encore avoient fait abandon de leur bien, et [en] jouissoient cependant ; Mr de Blin avoit la terre du Plessis et faisoit sans doute des retours à Mr l’abbé de Moncé son frère Chanoine de St Pierre434, et à Mme de la Poissonnière, sa sœur, séparée d’avec son mary ; elle demeure avec Mr et Mme de Madrelle ses père et mère. Il étoit âgé de 44 ans ; il avoit une humeur dans la tête, qui est sans doute la cause de sa mort. Comme Mme de la Poissonnière n’aura probablement point d’enfans, après la mort de cette Dame et de Mr l’abbé de Moncé, le fils de Mr de Courcival aura la moitié de la succession qui est considérable. La charge de Lieutenant Criminel est tombée aux parties casuelles parce qu’il ne payoit point le droit de paulette435 ; c’est une perte pour la famille. Mr de Rouillon l’avoit vendue à Mr de Madrelle, pour son fils, vingt-sept mille livres.
Gain du procès de mon frère contre Mr de la Borde de Feumusson
412Le 15 juillet 1785, le procès de mon frère, ou plutôt de la famille des Nepveu contre Mr de la Borde de Feumusson, hérault d’armes, a été jugé au Conseil, pour la Noblesse qu’il a disputée à la mort de Mr Nepveu, le cousin commun. Il y en auroit trop long à dire sur ce sujet, que je me dispense d’écrire pour l’honneur de Mr de la Borde de Feumusson436.
Nomination de mon neveu à la Croix du Mont-Carmel
413Le lundy 18 juillet 1785, Monsieur, frère du Roy, a nommé Henry-François-Jacques Nepveu de Bellefille437, Chevallier de l’ordre du Mont-Carmel comme récompense du dit enfant sur cent cadets gentilshommes qui sont à l’Écolle militaire438. On en donne trois par an aux trois meilleurs sujets de l’Écolle ; il étoit le second de cent jeunes élèves. En sortant de l’Écolle, il doit entrer dans un Régiment ; il paroit que ce sera dans les Dragons.
Pension de 200 # pour Mme du Vaugouin
414Le deux avril dernier – 1785 – le Roy a signé un brevet de pension de 200 # pour ma sœur, comme veuve de Mr Du Vaugouin, Lieutenant de la Maréchaussée au Mans, et cela en récompense de ses services. Cette pension est plus honorable que lucrative.
Mort de Mme de Clinchamps
415Le 10 aoust 1785. Mme de Clinchamps, âgée d’environ 48 ans, est morte d’une hidropaisie suitte de son temps critique439 ; elle étoit de Nantes. Elle avoit épousé en premières noces Mr Grou qui étoit très riche, dont elle avoit deux enfans qui sont au service440. Mr de Clinchamps, étant en garnison à Nantes, épouse cette veuve, et cela par amour ; elle en a eu deux garçons qui vivent. L’aîné est un bon sujet, Lieutenant, ou sous-lieutenant dans le Régiment Royal-Cravatte-Cavallerie.
Mort de Mme de la Drouerie
416Mme de la Drouerie, mère de Mr le Doyen de St Pierre, est morte, le 2 septembre, âgée d’environ 78 ans au moins. Mr de la Drouerie, son mary, est au moins aussi âgé et perclus de goutte. Il a un fils qui est Receveur des Tailles d’Alençon.
Mort de Mr Livré Médecin
417Le 20 septembre 1785, Mr Livré, médecin, âgé de 51 ans, est mort d’une fièvre qui l’a emporté en trois jours. C’étoit un très bon Médecin, ayant beaucoup d’esprit, tant de son état, qu’en général de toutte matière. Il étoit séparé d’avec sa femme avec qui il avoit vêcu pendant 23 ans ; enfin il a été obligé de la quitter ; il luy faisoit 1 500 #441. Il pouvoit avoir environ 3 000 # de rente, mais du costé de sa femme ; elle a et aura du bien. Il laisse une fille âgée de 18 ans ; je crains qu’elle n’ait le caractère de sa mère442. Comme parent, j’ay été prié de me trouver à l’assemblée des parents ; nous avons nommé Mr Livré l’apoticaire, son cousin, pour curateur443.
Mort de Mr l’abbé Triquet
418Le 24 septembre 1785, Mr Triquet, chanoine, est mort d’une attaque de paralisie et apoplexie ; depuis trois ans au moins, il étoit malade de vapeurs ou maladie de nerfs. Il avoit avec luy une sœur ; il avoit eu le canonicat de Mr des Autieux.
Prise de possession du Canonicat de Mr Du Gage
419Le 2 octobre 1785, Mr l’abbé Du Gage a pris possession du Canonicat vacant par la mort de Mr Triquet ; il s’appelle… Berthelot du Gage.
420[note] Il est mort en l’année 1792.
Vendanges
421On a vendangé le 6 octobre 1785 les petits Clos, et le 10 du même mois, on a vendangé les grands clos ; il y a une grande abondance de vin, générallement plus que pipe au quartier444 ; il sera très bon. Le mois de septembre a été beau et chaud.
Mort de Mme de la Moustière
422Le 17 octobre 1785, Mme de la Moustière, Dame très respectable, est morte, âgée de 58 ans ; dans son nom de fille elle étoit Mlle Cureau, sœur de Mr Cureau, qui demeure au bas de la Halle. Elle a fait le commerce d’étamines pendant longtemps et a augmenté considérablement sa fortune ; elle a eu de Mme Cureau, sa mère, en mariage, environ deux cent mille livres. Elle a cédé son commerce à son fils qui demeure au Mans. Elle avoit épousé Mr Pinceloup de la Moustière, de Nogent, qui étoit riche, et Mr Cureau avoit épousé Mlle Pinceloup, sœur du mary de Mme de la Moustière445. Elle avoit eu six enfans, savoir 4 filles et deux garçons. L’ainée avoit épousé Mr de Biseuil Maistre de forges d’Antoigné, près le Bizot et Ste Jammes ; c’étoit une femme très aimable ; elle a laissé trois filles toutes jeunes. Mme de la Moustière l’aimoit beaucoup et en a eu beaucoup de chagrin446. Il y avoit un fils qui étoit chés Mme de la Borde de la Baubonnière, demeurante au Château-du-Loir, qui est mort, il y a environ quinze mois ; il étoit faible de complexion et d’esprit. Mme de la Borde vient de perdre son mary à St Domingue ; il a laissé une femme dans un grand embarras et avec deux enfans447. Il reste encore trois enfans : Mr de la Moustière fils, qui fait le commerce avec succès, Mlle sa sœur, qu’on appelle Mlle de la Chevallerie demeure avec luy ; il y a Mlle de la Borde, qui demeuroit avec Mr et Mme de la Moustière qui n’est point mariée. Ils sont tous majeurs de trente ans. Tous les enfans qui ont été mariés, ont eu chacun quarante mille livres, et on assure que si Mr de la Moustière ne se marie point et ne leur fait point tort448, ils auront bien chacun cent cinquante mille livres ; mais le père est un homme sans beaucoup d’esprit, interressé, difficile à vivre ; cependant il aura beaucoup de bien. Ils avoient achetté une charge de Secrétaire du Roy. Elle a fait un testament pour rendre sa succession égasle à ses enfans449. Cette Dame est morte d’une obstruction au foie, qui a dégénéré en abcès. Elle a languy longtemps et enfin a succombé au grand regret de tous ceux qui la connoissoient.
Mort de Daniel-Henry Nepveu, mon neveu, âgé de 8 ans
423Le 11 novembre 1785, Henry-Daniel Nepveu, fils cadet des enfans de mon frère, est mort des suittes de la petitte vérolle. Il étoit né à Bellefille, le 11 juin 1776 ; il avoit été baptisé à Athenay. C’étoit un joly enfans qui promettoit beaucoup. Il étoit en pension chés Mr Graverand, principal du Collège de Vallon450 et qui vient d’avoir par résignation la Cure de Tassé près Vallon. Cet enfans, le bienaimé de Mme sa mère, avoit eu une maladie commune aux enfans qu’on nomme la riffle451 ; cet enfans n’a pas eu la force de jetter l’humeur qui luy étoit tombée sur la poitrine, et il a étouffé. Cet enfans a été regretté par tous ses parents et ceux qui le connoissoient ; il a resté encorre un garçon chez Mr Graverand, qui ne promet pas.
Mort de Mr l’abbé de Linières, chanoine
424Le 15 novembre 1785, Mr de Linières, Chanoine de la Cathédralle, est mort, âgé de 34 ans, d’une maladie qu’on nomme pleurimonie, c’est-à-dire que son sang s’est échauffé, et s’est dissous, et aussi d’une fluction de poitrine. La Gazette du Mans a fait son éloge en françois par Mr Marc, Mtre de Musique de la Cathédralle, et en latin par Mr Bellanger, curé du petit St Georges452. Il est sûr qu’on ne pouvoit trop en dire ; il a été généralement regretté. Il étoit à la prison pour dire la messe aux prisonniers et les instruire et convertir ; il confessoit beaucoup. Malgré tout cela, il ne manquoit pas un office. Il étoit aimable et gay dans la société ; il donnoit tout aux pauvres. Il a fait un testament où il donnoit a St Julien une somme de 600 # pour la petite sacristie ; comme il y avoit que c’étoit pour restituer toutes les manques d’offices qu’il avoit fait depuis qu’il étoit chanoine, le chapitre a refusé ce don. Il donnoit pareillement à St Pierre où il avoit été chanoine ; ils en ont fait autant et comme il avoit père et mère, il donnoit à quelques uns de ses frères une somme de 30 # pour petits vols qu’il avoit pu leur avoir fait pendant leur jeunesse.
Prise de possession du Canonicat de Mr Louis
425Le 25 novembre 1785. Mr Louis, prestre, Conseiller Clerc au Parlement de Paris, a pris possession du canonicat vacant par la mort de Mr de Linières. Comme protégé de Mr l’Evesque, il étoit logé chés luy ; il a fait des visites à tous les chanoines ; il a pris possession, et a reparty pour Paris. Comme Conseiller au Parlement, il est exempt de tout, même de rigoureuse, et il est sensé présent pour tout, comme les commenseaux de la Maison du Roy453. Je n’étois pas au Mans le jour de sa réception454.
Bureau de charité
426Dans le mois de décembre 1785, il y a eu plusieurs assemblées généralles à l’Hôtel de Ville, qui tous d’un commun accord désirent qu’il puisse avoir lieu. Comme Mr l’Evesque vouloit qu’il fut étably avec Lettres Patentes, et que tout ce qui composoit les assemblées ne le vouloit point, craignant les surcis, Mr l’Evesque n’a point voulu envoyer de Député, et le Chapitre, par bienséance pour son Prélat, n’a point voulu en envoyer aussi, mais par une conclusion qu’on a portée chez Mr le Maire de Ville, a assuré qu’on contribueroit à cette bonne œuvre. Dans la dernière assemblée, on avoit nommé tous les Commissaires pour chaque paroisse ; dans la dernière, du 3 janvier, comme il faisoit grand froid et qu’il y avoit beaucoup de pauvres qui demandoient et s’attroupoient, on a fait des questes dans chaque paroisse, et touttes les Compaignies ont donné. Le Chapitre de St Julien a donné 1 200 # ; Mrs du Présidial chacun 36 # et Mrs les Avocats la moitié ; Mrs de l’Election, chacun 12 # ; Mrs de la Mission, 600 # ; Mr de Chennevières a consenty à donner 1 500 # par an. Il est sûr que si ledit Bureau peut prendre consistance, c’est un grand bien.
427Dans la dernière assemblée du 3 janvier, on avoit député Mr de Guibert comme commissaire ou Député pour la Noblesse de la Ville, avec Mr de Blanchardon, pour venir demander au Chapitre que le Bureau verroit avec plaisir des Commissaires du Chapitre prendre la place qui leur étoit réservée ; Mr de Blandchardon a très bien parlé. Toujours à cause de Mr l’Evesque, il n’a point été question d’envoyer de Députés, mais de donner de l’argent ; il a été décidé de donner la somme de 1 200 #. On a placé Mrs les Députés du Bureau entre deux Dignités du chapitre, du côté droit, et Mr le Procureur a été les chercher au haut de l’escalier et les a reconduits de même, les deux battants des portes ouverts. On doit faire la même chose quand il vient quelque Conseiller du Présidial en dignité455.
Prédicateur de l’Avent
428C’est un Jacobin qui a prêché l’Avent ; il est bon prédicateur. Il ne devoit plus y avoir de sermons pendant l’Avent, parce qu’il y vient très peu de monde456. Mr l’Evesque en étoit convenu, mais ce Jacobin avoit été retenu et il a été bien suivy. Je crois qu’il y aura des sermons pendant l’Avent, comme à l’ordinaire.
Mort de Mr Gilouppe, chanoine
429Le 25 décembre 1785, Mr Gilouppe, chanoine, est mort, âgé de 48 ans, du poumon ou de la poitrine. Il a eu sa connoissance jusqu’au dernier moment de sa vie. Il avoit résigné son Canonicat à Mr son frère qui est vicaire à Chemiré-le-Gaudin ; la résignation a party du Mans le 21. Le 24 au soir, voyant qu’il alloit mourir, il a révoqué sa procuration pour la résignation, et a fait sa démission purement et simplement à Mr l’Evesque, à qui, le jour de Noël, on l’a présentée. On a pris ce party pour que Mr l’Evesque donnast quelque place à son frère ; le Prélat n’a point voulu se déclarer. Mr Gilouppe mourut le jour de Noël au soir ; on ne déclara sa mort que le Lundy à midy et demy, que l’on sonna son trépassement457. À cause des parents absents, il a été enterré le mardy matin 27 par Mr l’abbé Trotté, le plus ancien chanoine. Il avoit avec luy une sœur qui perd beaucoup ; il a un frère vicaire à Chemiré et en outre une sœur et un frère mort de lété dernier qui a laissé deux enfans. Il laisse plus de bien en fonds et en mobilier qu’il n’en faut pour payer ses dettes ; ils auront encore au moins 5 000 # chacun. C’étoit un bon et honneste garçon, aimé dans la société et que j’ay bien regretté ; il y avoit longtemps que je le connoissois458. Il n’a pas été longtemps chanoine ; il avoit permuté une bonne chapelle qu’il avoit eue du Chapitre, avec Mr l’abbé de Cabrières qui avoit suivy Mr de Grimaldy à Noyon. Il avoit pris possession le 7 juillet de l’année 1780.
Mort de Mr l’abbé de Montgrenier
430Le 26 décembre 1785, Mr Pannetier de Montgrenier est mort, âgé de 53 ans passés ; il étoit tombé sans connoissance douse auparavant ; à peine a-t-on trouvé un moment pour luy donner les sacrements. Il avoit été chanoine au temps de Mr de Grimaldy459 ; il avoit succédé à Mr de Boiscléreau et avoit pris possession le 22 mars 1768, et pour le grand archidiaconné, il avoit succédé à Mr Le Peletier ; il a pris possession de l’Archidiaconné le 19 avril 1776. C’étoit un excellent garçon qui se faisoit bien aimer et il a été bien regretté. Il a des parents qui sont à présent à Paris ; il avoit une maison qu’il avoit supérieurement arrangée et meublée460. Il avoit deux ou trois chapelles dont une à la présentation de Mr l’Evesque qui, pour faire un arrangement, l’avoit donné à Mr Gilouppe qui l’a donnée à Mr Baguenier, curé de Challes, lequel a été obligé de quitter sa cure.
Prise de possession d’un Canonicat
431Le 30 décembre 1785, Mr Despinals461 a pris possession du Canonicat vacant par la mort de Mr l’abbé de Montgrenier. Il est du Diocèse ; il est de condition, mais peu riche. Mr son père a une commission, et deux de ses frères. Il avoit été au service ; il quitta pour entrer dans l’état Ecclésiastique et quand il fut prêtre, il fut vicaire de St Vincent où il étoit très aimé ; il y travailloit beaucoup.
Prise de possession du Grand Archidiaconné
432Le 30 décembre 1785, Mr l’abbé de Sagé chanoine et Grand vicaire, a pris possession du Grand Archidiaconné vacant par la mort de Mr l’abbé de Montgrenier. C’est un des meilleurs de la Cathédralle462.
L’année 1786
Réception à la société du Jardin
433Le 13 janvier 1786, j’ay été reçu à la Société du Jardin du bas de la rue de St Vincent463. C’est une assemblée d’hommes de différens états, tous gens comme il faut. Il y a dans cette Société des Règlements très sages ; on y trouve, dans une chambre particulière, touttes les nouvelles et papiers publics. Il y a deux billards, on y joue des jeux de société, et point de jeux de hasard ; défense d’y boire et manger ; enfin tout s’y passe dans la plus grande honnêteté. On nomme, tous les ans, un Président, et cette année c’est Mr Trouillard ; on y nomme aussi, tous les ans, quatre Commissaires pour veiller aux besoins et provisions nécessaires du Jardin. On donne un louis en entrant et un louis par an. La Société n’a commencé qu’en 1785, il y a 100 associés et on n’en recevra pas davantage. Quand il en vaque, on les remplace464.
La Cure de Challes
434Mr Gilouppe, Vicaire de Chemiré, et frère de feu Mr Gilouppe, a pris possession de la Cure de Challes, vacante par la démission du Sieur Baguenier, sur lequel il y avoit des plaintes bien grièves et qui, par sa mauvaise conduite, étoit détesté dans sa paroisse ; dans le temps de la mort de Mr Gilouppe, chanoine, comme on peut voir à un mois de datte465, Mr l’Evesque promit de placer Mr Gilouppe, ce qu’il fit peu de jours après ; il a pris possession de la ditte Cure le 25 janvier.
Mort de Mr l’abbé Desprès, chanoine
435Le 12 février 1786, Mr Desprès, chanoine, est mort d’une suitte de pleurésie, âgé de 78 ans environ ; il étoit Curé d’Ivré quand il permutta sa Cure avec Mr de Létoile chanoine, le 30 décembre 1760. C’étoit un très bon chanoine, bien exact à tous ses devoirs ; il a un frère qui avoit été Principal du Collège de Sablé ; il a un neveu qui a beaucoup d’enfans. Il y en avoit un qui étoit tonsuré et à qui il devoit résigner son Canonicat après Pasques. Il n’a été que quatre jours malade. C’est moy qui ay fait la cérémonie de l’enterrement ; Mr l’abbé Trotté ne voulut pas venir au chapitre, et, comme le plus ancien chanoine après luy, on me nomma pour faire l’enterrement.
Mariage de Mr Lambert avec Mlle de la Fuye
436Le 13 février 1786, Mr Lambert fils, avocat au Mans, demeurant au Mans chés Mr son père, Rue des Chapelains, a épousé Mlle de la Fuye, âgée de 25 ans, dont on dit beaucoup de bien. Mr de la Fuye le père, étoit lieutenant particulier aux Eaux et Forests de la Maîtrise du Mans, et Mme de la Fuye est sœur de Mr Fay le Receveur des Décimes, et de Mr l’abbé Fay le Chanoine, qui avoit été Grand vicaire. Cette demoiselle sera très riche ; elle a un frère, très bossu, qui probablement ne se mariera pas. Mlle de la Fuye avoit été sur le point d’épouser Mr Livré l’appoticaire ; ce mariage n’étant pas du goust de Mrs Fay, leurs oncles, pour engager le père à rompre ce mariage, ils s’obligèrent à donner 800 # de rente, savoir Mr Fay, le Receveur des Décimes 600 # et Mr Fay, le Chanoine, 200 #. Ce mariage a fait plaisir à tout le monde, par la convenance : Mr Lambert a un cabinet qui luy produit beaucoup. Ils demeureront ensemble chès le père Lambert et les jeunes gens tiendront le ménage ; Mlles Lambert, sœurs du marié, seront aussi en pension466.
Couche de Mme Raison
437Le 18 février 1786, Mme Raison, qui, étant fille, étoit une Demoiselle Dagues, est accouchée d’un garçon ; c’est Mr de Touchemoreau père, représenté par Mr son fils, le chevalier, qui a été parrain avec Mlle Moreau, tous deux parents du père et de la mère. Ils demeurent paroisse de St Nicolas.
Mort de Mr de Clinchamps de St Marceau
438Le 22 février 1786, Mr de Clinchamps, Seigneur de St Marceau, où il demeure ordinairement, est mort âgé de 63 ans467. Il laisse une femme et trois enfans ; il étoit devenu l’aîné de sa famille.
Mariage de Mlle de la Moustière avec Mr le chevalier Richer
439Le 21 février 1786, Mr le chevalier Richer a épousé Mlle de la Moustière la Chevallerie, l’aînée des deux qui sont à marier ; il est Lieutenant dans le Régiment Beaujolais-Infanterie. Il est un très digne garçon. Il y a très longtemps qu’ils s’aimoient ; il a environ 33 ans, et a, de fortune, environ 2 400 # de rentes. La demoiselle est très aimable ; sans estre jolie, elle est bien, surtout bien faite ; elle a 37 ans et a, en mariage, 2 000 # de rente. Elle demeure avec Mr son frère au bourg d’Anguy468 ; il fait le commerce d’étamines.
Mort de Mr de la Drouerie
440Mr Chesneau de la Drouerie est mort âgé de plus de 80 ans ; il étoit très infirme et incommodé de la goutte. Il laisse deux enfans dont l’un est Doyen de St Pierre, et l’aîné Receveur des Tailles à Allençon ; ils trouveront une très bonne succession et beaucoup d’argent469. Il a été enterré, le 28 février 1786, jour du Carnaval ; il demeuroit au Carrefour de la Galère, paroisse de Saint-Benoist.
Prédicateur du Carême
441C’est un Cordelier qui presche le Caresme ; il est bon. Il est Gardien à Caen et il n’est pas de la Province. Il a 53 ans et il est Docteur en Théologie.
Diner de St Vincent
442Le mardy 21 mars 1786, jour de St Benoist, Mr l’Evesque a fait la bénédiction de l’autel de St Vincent ; cet autel est très beau et riche. Les Religieux ont fait blanchir leur Église, accommoder le cœur, fait poser une grille et un autel, le tout sur le plan de la cathédrale. Mais l’autel est bien plus décoré et les chandeliers plus riches. Mr l’Evesque a dit la grande Messe et vespres ; après cette cérémonie, il y a eu un diner immense où il y avoit tous les Grands Vicaires, plusieurs Mrs Conseillers et de chaque Compaignie et autres, au nombre de 66 personnes. Il y avoit au premier service 100 entrées, au second autant, et 127 plats de dessert ; il y avoit un saumon de 21 livres et beaucoup de poissons de mer, et autres à proportion pour un pareil repas qui a cousté, dit-on, au moins 2 400 #, dont le public s’est amusé et moqué des moines ; et l’on disoit avec raison qu’on auroit bien mieux fait de donner cet argent au bureau de charité470.
Mort de Mme Valienne
443Le 26 mars 1786, Mme Valienne est morte âgée de 83 ans. Elle laisse trois enfans, dont une fille que Mr Maulny a épousée, Mr Valienne, banquier à Paris471, et Mr Valienne, Elu au Mans. La bonne Dame étoit riche472.
Mort de Mme la Marquise de Broc
444Le 5 avril 1786, Mme la Marquise de Broc, âgée de 28 ans, est morte comme subitement473. Le mal luy a pris le mardy à 2 heures après midy, elle est tombée sans connoissance ; elle luy est revenue pour retomber le quart d’heure après en foiblesse. On a fait ce qu’on a pu pour la soulager ; elle a cependant eu le temps de se confesser. Le mercredy elle est morte à midy ; le vendredy matin on l’a ouverte avant de l’enterrer, et on luy a trouvé un vaisseau de cassé dans le bas-ventre ; il s’est formé un amas de sang qui l’a fait mourir sur-le-champ474. Mr son mary étoit à Paris ; on luy avoit envoyé un courrier pour le prévenir de l’état de Mme son épouse, et un autre pour luy annoncer la mort. Elle laisse un enfans qui est au collège, âgé de 8 ans. C’étoit une femme bien douce et très honneste ; elle a été regrettée de tout le monde. Mr son père vit, ainsi que Mme sa mère ; elle auroit été très riche. Après leur mort, le fils en profitera ; elle avoit seize mille livres de rente en argent, bien payée tous les ans. Elle tenoit bonne maison au Mans, dans leur maison, place de l’Éperon, paroisse de la Coulture475.
Mort de Mr Maulny Curé de la Coulture
445Le 6 avril 1786, Mr le Curé de la Coulture, Michel Geofroy Maulny, est mort, âgé de 58 ans. Il étoit tombé paralitique au mois de décembre dernier ; sa paralisie n’étoit pas comme les autres, il sentoit des douleurs dans son bras paralisé. C’étoit un homme dont le tempérament étoit usé par les remèdes ; il a toujours été malade depuis environ huit ans qu’il eût une grande maladie. Il avoit été nommé Curé de la Coulture au mois de septembre 1756 ; il avoit été vice gérant de l’Officialité, du temps de Mr de Froullay evesque, et Mr de Grimaldy l’a continué. Il avoit été nommé Notable à l’Hôtel-de-Ville476 et il a été Administrateur de l’Hopital, comme curé de Ville. Mr de Grimaldy, qui l’aimoit beaucoup, l’avoit fait nommer sindic du Clergé ; il étoit devenu Doyen de Mrs les Curés de la Ville. Il avoit été nommé par Monsieur, frère du Roy, Chanoine Honoraire de St Pierre. Mrs du chapitre de St Pierre, par reconnoissance de ce qu’il avoit fait si généreusement la réunion de leur chapelle et du bas-cœur à leur manse (c’étoit comme official), luy firent présent d’une belle aumusse et de lettres de chanoine honoraire. Il étoit aimé, craint et respecté dans sa paroisse où il faisoit beaucoup de bien ; il a résigné sa Cure à Mr Huard, son premier Vicaire, homme très vertueux et qui se fera aimer. Il avoit aussi résigné ses chapelles, mais il est mort avant d’arriver à Rome477 ; c’étoit à ses deux Vicaires, et Mr le curé de Pruillé auroit eu la meilleure478. Mr le Curé a été enterré, comme c’est l’usage, par Mrs les Curés de la Ville ; c’étoit Mr Desbois, curé du Crucifix, comme le Doyen, qui faisoit l’enterrement et Mr de la Boussinnière, qui suit Mr Des Bois, a dit la grande Messe, parce que Mr Des Bois ne peut plus dire la messe, parce qu’il ne voit presque plus. Le corps a été conduit autour de la paroisse, comme c’est l’usage, et on a fait le même tour qu’à la procession du Sacre des Moines, le dimanche dans l’Octave de la Feste-Dieu, et après la Messe, son corps a été conduit au grand Cimetière et enterré près l’entrée du chemin de l’Epau ; on y a mis une tombe qui est élevée.
Députation et le sindicat donnés à deux curés de la Ville
446Le 22 avril 1786, il y a eu une assemblée du Clergé pour nommer un sindic du clergé, vacante par la mort de Mr le Curé de la Coulture, et une place de Député, vacante par la mort de Mr l’abbé de Montgrenier. Le Chapitre avoit chargé Mrs du Chesneau procureur, et Mr de St Chereau, de nommer expressément Mr l’abbé du Mourier, chanoine et Archidiacre de Montfort, Grand Vicaire, pour sindic du clergé de ce Diocèse. Mr l’Evesque l’avoit approuvé et même avoit dit qu’il seroit nommé. Quand Mrs les Députés eurent dit leur avis, Mrs de St Pierre approuvèrent et nommèrent aussi Mr Dumourier ; cela fut suivy jusqu’au tour de Mrs les Curés, Mr l’Evesque dit tout haut et bien simplement, pour ne pas dire plus, il fit l’éloge de Mr Du Mourier, comme il le mérite, dit que par justice, et pour balancer entre Mrs du chapitre et Mrs les Curés, et en disant beaucoup de bien de Mr Buon, Curé de St Hilaire, Vice Gérant de son Officialité, il dit qu’il désiroit qu’il fut nommé sindic. Alors Mrs les Curés donnèrent leur voix pour luy, il eut 13 voix et Mr Du Mourier n’en eut que 7 voix479. Tout le monde a murmuré contre Mr l’Evesque et c’est avec raison qu’on dit qu’il se laisse conduire par le premier venu, et on dit encor avec plus de vérité que c’est par simplicité qu’il fait bien des sottises et qu’il manque de parolle. Enfin, Mr Buon, Curé de St Hilaire, fut donc nommé à la plus belle place du Diocèse, comme sindic du clergé. Cette place n’étoit point faite pour luy, pour cet homme que le chapitre avoit refusé pour estre Chanoine ; on avoit dit à Mr l’Evesque que, s’il luy donnoit un Canonicat, on le recevroit comme on avoit fait à Mr Riballier, le chanoine serve480.
Prise de possession du Canonicat serve par Mr de Bourneuf
447Mr de Fontaine de Bourg neuf a pris possession du Canonicat serve vacant par la démission de Mr Quillet de Fontaine, qui en avoit pris possession le 13 septembre 1784. Mr de Bourneuf est de condition, mais pauvre ; il est né dans la paroisse de Chauffour481. Il a un frère qui est au service et plusieurs sœurs dont une (l’ainée) qui étoit très jolie, demeure chés Mr et Mme Dehais qui sont très riches et en ont soin ; peut-estre luy assureront-ils quelque chose482. Il y en a une autre dans la communauté de l’Abbaye d’Etival, dont Mme l’Abbesse a soin ; une autre Religieuse aux Ursulles du Mans, c’étoit Mmes de Lorchère qui l’entretenoient.
Mort de Mr de Mainneville
448Le 25 juin 1786, Mr de Mainneville, Directeur de la Poste, âgé d’environ 38 ans, est mort à Angers où il étoit allé avec Mme de Mainneville pour voir la foire et le sacre d’Angers483. Une fièvre maligne luy a pris, et dans huit jours il y est mort. Mme de Fondville a écrit à Mrs les Administrateurs des Postes pour demander la place de la Direction. Il avoit une commission pour la descente des fils, qui lui valoit au moins 1 200 # ; la commission des postes vaut, le commis payé, environ 1 800 #.
Prise de possession de la Semy prébende de Mr Pillon
449Le 3 juillet 1786, Mr Claude Etienne Hubert Pillon, prestre vicaire de St Germain, et qui étoit Gramairien de la psallette484, a pris possession de la semy prébende que luy a résignée a 400 # de pension Mr Michel Pilon.
La Cure de la Bazoge donnée à Mr Bigot
450Le 15 septembre 1786, Mr Bigot, secrétaire du Chapitre et premier Vicaire de la paroisse de la Coulture, a pris possession de la Cure de la Bazoge, à deux lieues du Mans, vacante par la mort de Mr Bardou. C’est Mr l’abbé le Tessier chanoine et scolastique qui la luy a donnée ; c’est un très bon sujet. Cette paroisse étoit depuis longtemps négligée ; il presche très bien et nous les [sic] regrettons au Chapitre. Jay été témoin de la prise de possession, ainsi que Mr le Tessier ; il y avoit Mr le Curé de la Coulture et Mrs Bigot et Salmon, vicaires de la même paroisse, Mr Péan, ancien Curé de Vallon, Mr Chopelin, correcteur des Minimes, Mr Guiet, Curé de Pruillé ; Mr le Procureur de la Coulture et Mr le sous-Prieur y ont aussi assisté, tous comme amis de Mr Bigot.
Couche de Mme D’Arcy
451Mme D’Arcy est accouchée d’une fille dans les premiers jours d’octobre 1786 ; elle est de la paroisse du Crucifix.
Mariage de Mr Daniel de Vauguyon
452Mr Daniel de Beauvais, le cadet, qu’on appelle Mr de Vauguyon, a épousé Mlle …, et est arrivé au Mans à la fin du mois d’octobre. C’est luy qui a la place de Receveur Général du Tabac ; il a eu cette place à la mort de Mr son père485.
Mariage de Mlle Goussault avec Mr Périer
453Le 21 novembre 1786, Mlle Goussault, qui demeure près le Puits de Quatre-Roues, a épousé Mr Perrier, Avocat au Mans ; il sera riche. Son père étoit Procureur à l’Election ; sa mère vit avec une Demoiselle qui ne se mariera jamais ; elle est extraordinairement grosse et grasse. Il a un oncle, chanoine et Archidiacre de Laval, qui est infirme depuis longtemps. La mère de la demoiselle est infirme et ne peut pas vivre longtemps : c’est une suitte du temps critique486. Le père est d’un esprit très borné ; elle a une sœur qui n’a que 12 ans. La mariée a 17 ans, et Mr Perrier a 34 ans487.
Mariage de Mr Pavée avec une Dlle Niepceron
454Le 21 novembre 1786, Mr Pavée, médecin, a épousé Mlle Niepceron, de la paroisse de la Coulture, qui peut avoir 22 ans ; elle sera riche, son père a été longtemps procureur de la Fabrique de la Coulture. Mr Pavée est des environs de la ville, il a fait plusieurs campaignes sur mer, comme chirurgien, il étoit de l’escadre de Mr de Grâce. A son retour il a été quelque temps à Paris pour se faire recevoir médecin ; il est venu s’établir au Mans depuis deux ans. Il a assés la confiance du public488.
Rentrée du Présidial
455Le 21 novembre 1786, Mrs du Présidial ont fait la cérémonie de la rentrée ; Mr de Létang a fait et dit une harangue sur l’obligation de travailler aux affaires criminelles ; elle a été trouvée très bien. Il a fait aussi un éloge de Mr de la Rozelle489. Mr Maulny, comme Doyen et représentant les trois premières places du Présidial, a fait aussi une harangue où il a parlé de Mr de la Rozelle. Comme il n’est point accoutumé à parler en public et que c’est pour la première fois qu’il a rempli cette place, il a lu sa harangue. C’est Mr le Supérieur de l’Oratoire qui a dit la Grande Messe. Il y a eu, comme à l’ordinaire, un grand diner à 2 heures où étoit Mr l’Evesque, Mr son neveu et Mr Bonnet, chanoine, qui demeure à l’Evesché. Mr de Samson Lorchère et Mr de Grandval, qui a épousé Mlle de Samson, y étoient aussi.
Mariage de Mlle de Coudereau, cadette, avec Mr de Marsilly de la Flesche
456Le 28 novembre 1786, Mlle de Brisson ou Mlle de Coudereau, a épousé Mr de Marsilly, de la Flesche. C’est un jeune homme qui aura du bien ; il est Garde de la Porte. C’est, je crois, une charge ; il est âgé de 22 ans. Mlle de Brisson peut bien en avoir autant. Je crois qu’il est de condition, mais bien sûrement du costé de Mme sa mère il est parent de Mr de la Roussière. Elle a épousé à St Nicolas, et comme elle étoit au Couvent des Ursulles, elle avoit couché chés Mme des Ardillyers sa tante ; elle dina chés elle le jour de la noce et coucha chés Mme Nepveu, sa cousine. Elle a été tout de suitte à son ménage à la Flesche, où elle va demeurer.
457[note] Ils ont acheté la terre de Mr Petitjean, leur parent, dans le mois de décembre 1791.
Couche de Mme Lambert
458Mme Lambert, demeurant rue des Chapelains, est accouchée d’un garçon, le 29 décembre 1786 ; c’est Mr Lambert le père et Mme de la Fuye, la mère, qui ont nommé l’enfant Henry Lambert. Il y a plus de 400 ans qu’il y a des Lambert avocats au Mans. C’est mon parent, du costé de ma mère, des plus proches.
L’année 1787
Mort de Mme d’Auteville
459Le 7 janvier 1787, Mme d’Audeville est morte, âgée d’environ 72 ans ; elle demeuroit chés Mme de Châteaufort, sa sœur. Elle étoit tante de Mrs d’Audeville.
Mort de Mme Butet
460Le 8 janvier 1787, Mme Butet, sœur de Mme Cureau, et même sa marraine, est morte au Mans, dans la maison où est morte Mme Vallienne dans laquelle elle demeuroit depuis le mois de Juin dernier490. Elle demeuroit dans sa terre de Nouans qu’elle avoit achetée à la mort de Mr de Nouans491. Mr Butet est mort d’une attaque de paralisie, il y a trois semaines ; ils ont un enfans qui avoit passé dans le pays étranger. Il étoit officier dans le Régiment de Dragons de Monsieur, frère du Roy ; il avoit quitté pour dettes, Mme sa mère n’avoit pas voulu payer pour luy492.
Mort de Mme de Blin
461Le 9 janvier 1787, Mme de Blin est morte âgée de 65 ans ; elle vivoit avec Mlle sa sœur. Mr de Béru le Procureur du Roy, son neveu, avoit pris son ménage et Mr Blin des Roches, Conseiller au Présidial, a pris une maison rue des Chanoines ; ainsi reste Mlle de Chantelou qui va sans doute demeurer seule avec Mr Pichard, secrétaire de la Chambre du Présidial.
Mort de Mme de Lorchère
462Le 12 janvier, Mme de Lorchère est morte âgée de 78 ans ; elle a eu une attaque de paralisie quinze jours avant sa mort ; le coup avoit porté à la teste. Elle a été enterrée au grand Cimetière ; il y avoit au convoy des Mrs du Présidial qui ont mené Mr de Granval, son gendre et Mr Jannard son parent493.
Mort de Mr le marquis de Turin
463Le 14, Mr le marquis de Turin est mort âgé de 91 ans ; ainsi il n’y a pas d’autre maladie que le défaut d’huille494. Il y avoit un grand convoyment et beaucoup de monde ; il étoit de la paroisse de la Coulture.
Prise de possession du Canonicat de Mr Chéhère
464Le 19 janvier 1787, Mr Chéhère, aumônier et homme de confiance de Mr l’Evesque, a pris possession du Canonicat qu’il a eu par permutation avec Mr l’abbé d’Espinas qui avoit pris possession, le 30 décembre 1785, d’un Canonicat vacant par la mort de Mr l’abbé de Montgrenier ; il avoit commencé sa rigoureuse. On luy a donné une bonne cure dans la Bretagne diocèse de Tréguer495 ; comme il ne sait pas le langage du bas-breton, il vouloit permuter pour un bénéfice simple ; il n’a pas trouvé ce qu’il auroit voulu. Il a plusieurs sœurs qui l’ont engagé à aller dans sa cure et il a permuté son Canonicat avec Mr l’abbé Chéhère pour deux chapelles qui peuvent valoir 500 #. Mr Chéhère est des environs de Sablé et il est né dans l’année 1747 ; il est petit, mais il a de l’esprit. Il étoit nécessaire à Mr l’Evesque, aussi ne vouloit-il pas qu’il fut chanoine.
Mort de Mme Le Proust
465Le 21 janvier 1787, Mme Le Proust est morte, âgée d’environ 68 ans. Elle a deux enfans, savoir Mr de Chevaigné, qui a épousé Mlle Lambert de la Vannerie et Mlle Le Proust qui avoit épousé Mr du Valoutin. Ils ont des enfans tous grands.
Prédicateur du Caresme
466C’est Mr Raboteau chanoine de St Gatien de Tours496 qui a presché le Caresme ; il est très bon. Il peut avoir environ 45 ans ; il est logé à l’Evesché.
Mort du Curé de Coigners497
467Le 23 février 1787, Mr Houdayer Curé de Coigners, près St Calais, est mort âgé d’environ 50 ans ; il y avoit environ 14 ans qu’il étoit curé. Il avoit eu cette Cure comme officier de St Pierre.
Présentation de la Cure de Coigners à Mr Massé
468Mrs du Chapitre498 ont donné la cure à Mr Massé, un des Grands Chapelains, Secrétaire du chapitre et Maistre de la psallette499 ; il étoit aimé dans le chapitre. Comme il a une famille qui a grand besoin de luy, il a accepté la Cure qui peut valoir deux mille livres.
Ma nomination
469C’étoit Mr le Curé de Coigners qui avoit eu ma nomination, à la mort de Mr Fouquet, je l’ay donnée à Mr Yvon, Curé de St Bié500, près Ecommoy, qui veut se retirer et avoir une Eglise où pouvoir aller. Il est infirme et ne voit presque plus ; il a du bien de famille et vivra avec Mr son frère, Curé de St Pavind des Champs et une sœur qui est aussi à St Pavind501.
Couche de Mme Charpentier
470Le 16 mars 1787, Mme Charpentier, dont le mari est Receveur des Consignations, est accouchée d’une fille ; c’est Mme sa mère, qui demeure à Paris, qui a nommé l’enfans. Il est de la paroisse de la Coulture.
Mort de Mr de Vilbalet chanoine
471Le 18 mars 1787, on a trouvé Mr de Vilbalet, chanoine, mort dans son lit, sans avoir fait aucun effort. Il avoit pris possession d’un Canonicat, le 24 mars 1777 ; il étoit du diocèse de St Malo ; il demeuroit en pension chés Mr Trotté. C’est moy qui, comme le plus ancien (Mr Trotté n’étant point venu au chapitre), qui ay fait l’enterrement. Il avoit de l’esprit. Il avoit été Procureur du chapitre pendant six ans ; il étoit né le 4 aoust 1743502.
Mort de Mme de la Crochardière
472Le 21 mars 1787, Mme de Négrier de la Crochardière est morte, âgée d’environ 68 ans ; elle laisse un fils qui est Conseiller au Présidial et marié à Mlle Pillon dont il a deux enfans. Elle demeuroit dans la Grande-Rue, paroisse du Grand St Pierre ; elle étoit veuve depuis longtemps503.
Mort de Mr Deveaux, Supérieur de l’Oratoire
473Le 25 mars 1787, Mr de Veaux, Supérieur de l’Oratoire, est mort d’un coup de sang ; il étoit aimé au Mans et dans la Maison de l’Oratoire. Il étoit Janséniste. Il pouvoit n’avoir que 45 ans ; il étoit du Diocèse…
Mariage de Mlle de la Moustière ou de la Borde avec Mr le Chevallier de Touchemoreau
474Le 16 avril 1787, Mr le Chevallier de Touchemoreau, âgé d’environ… ans, a épousé Mlle de la Moustière, autrement Mlle de la Borde, la dernière des demoiselles qui sont toutes mariées. Elle est âgée de 32 ans, grande et bien faite et bien aimable. Elle aura en mariage 2 000 # de rente comme les autres. Ils demeureront chez Mr de la Moustière le père, paroisse de St Nicolas ; Mr de Touchemoreau est un aimable garçon rempli d’esprit, mais délicat ; il a encor père et mère. Mr de Touchemoreau étoit un des meilleurs Avocats du Mans, avant qu’il y eust des Procureurs au Mans ; comme Gentilhomme, il avoit eu des Lettres de compatibilité pour exercer cette place. Comme Mr et Mme de Touchemoreau ont un garçon ainé qui est premier Lieutenant dans le Régiment de…, et qu’ils ne sont pas bien riches, ils n’ont pu donner un gros mariage à Mr leur fils.
Mariage de Mr d’Audeville avec Mlle Robin
475Le 17 avril 1787, Mr d’Audeville l’ainé a épousé Mlle Robin, de la ville de Tours ; il peut avoir 37 ou 38 ans. C’est un aimable cavalier. Il étoit mousquetaire, mais ils ont été réformés ; Mr leur père, qui étoit Garde du Corps, après s’estre retiré, avoit acheté une charge de secrétaire504.
Retraitte de Mrs les Curés
476Le 25 avril 1787, la retraitte de Mrs les Curés du Diocèse, au moins une petite partie au nombre d’environ…, a commencé. C’est Mr Beauregard, ancien Jésuite qui a presché devant le Roy, qui est venu exprès pour prescher pendant la retraitte ; il arrivoit de Bordeaux où il avoit presché le Caresme. Il est retenu pour les Avents et Caresmes jusqu’en 1791505. C’est Mr l’abbé de Sagey, comme Grand Vicaire, qui préside ; Mr l’Evesque y va l’après diner506, pour assister au sermon et donner la bénédiction.
Mort de Mr Lambert de la Vannerie
477Le 25 avril 1787, Mr Lambert de la Vannerie, âgé de plus de 80 ans, est mort à son endroit507, paroisse du petit St Georges ; il laisse deux enfans. Mr Lambert est marié et demeure chés Mme de Palluau, sa tante ; il ne luy donnoit rien. Mlle Lambert a épousé Mr Le Proust autrement Mr de Chevaigné ; il y a une demoiselle qui est déjà grande.
Couche de Mme de Ste Croix
478Le 1er may 1787, Mme de Ste Croix est accouchée bien heureusement d’un garçon ; elle en avoit eu un qui est mort. Mr de Ste Croix est fils de Mr et Mme Le Clerc508 ; il demeure près les Ursulles, paroisse de St Nicolas509.
Couche de Mme Ogier
479Le 4 may, Mme Ogier, fille de Mr de Vancay, est accouchée à Chaisne-de-Cœur, paroisse de St Pavace. Elle a été trois jours dans les douleurs.
Réception de Mr le Lieutenant Général
480Le 18 may 1787, Mr Jouis des Roches, qui étoit Lieutenant Général de Police, a été reçu et installé comme Lieutenant du Présidial. Il s’est présenté chés tous Mrs du Présidial et les a engagés à diner510. Pour le diner, voici le cérémonial. Les Huissiers vont chercher Mr le Lieutenant Général ; il entre dans la chambre du Conseil, on le conduit dans la place du premier Juge, on lit les lettres de réception qui sont homologuées et scellées. Il a prononcé un très beau discours qui a été applaudy universellement, a fait un compliment à la Maison de Lorchère et a fait l’éloge de Mr de Lorchère et Mr de la Rozelle, Mr Maulny, Doyen du Présidial, qui a présidé la Compaignie depuis la mort de Mr de la Rozelle et ainsi des autres. Après son discours, qui a duré trois quarts d’heure (il a parlé avec une grande facilité et sans hésiter un seul mot), Mr de Létang, Avocat du Roy, a fait un petit éloge au nouveau venu ; Mrs les Avocats qui ont plaidé devant luy, luy ont fait aussi un petit compliment. Il est sûr qu’il a de l’esprit et que, s’il veut travailler, il deviendra un bon Juge ; mais il est jeune, et sans vouloir rien dire de luy, il n’est pas d’une naissance à remplir une pareille place. Il est marié avec une demoiselle Le Goué de la Faverie dont il a 2 000 # de rente ; elle pourra avoir du bien de son père, s’il ne se marie pas511. Touttes les Compaignies ont été le complimenter ; le Chapitre y a envoyé ses orateurs, seulement Mr l’abbé Le Conte et Mr Quillet de Fontaine.
Mariage de Mr Blin des Roches avec Mlle de Blanchardon
481La nuit du 21 au 22 may 1787, Mr Blin des Roches, Conseiller au Présidial de cette Ville, âgé d’environ 38 ans, a épousé Mlle de Blanchardon l’ainée, fille de Mr de Blanchardon, maître particulier des Eaux et Forests de cette ville. Il y avoit longtemps qu’ils s’aimoient ; Mr de Blanchardon, pour raison d’humeur et d’intérest, ne vouloit pas y consentir ; c’est la grande mère qui l’a fait finir512. Elle sera riche ; elle est l’ainée de trois demoiselles ; elle a 22 ans. Mr des Roches a environ 3 000 # de rente et sa charge ; son bien est à Vallon513. Il a un frère qui l’ainé, Procureur du Roy et point marié.
Mariage de Mlle Chevallier avec Mr Crespon
482Le 22 may 1787, Mlle Chevallier, fille de Mr Chevalier, notaire au Mans, et Receveur du Chapitre de St Julien, a épousé Mr Crespon, fils d’un Notaire, près la Flèche. Il donne sa charge de Notaire à Mr son gendre et restera receveur du Chapitre ; c’est un très honneste homme et bon Notaire.
Couche de Mme de Gonssans
483Mme de Jouffroy de Gonssans, niepce de Mr l’Evesque du Mans, est accouchée d’une fille. C’est Mr l’Evesque qui a été parain avec Mme de Brossia sa mère. Elle est accouchée à Yvré et y a été baptisée514 ; Mr son mary est Lieutenant dans le Régiment du Roy et il a été présent au baptesme.
Mort de Mme de Boiscléreau
484Le 5 juin 1787, Mme de Boiscléreau est morte, âgée d’environ 68 ans. Elle a été ouverte, on luy a trouvé plusieurs pierres autour du foie ; elle laisse deux enfans. Mr son fils est dans la Majorité du Régiment du Roy ; c’est un très bon sujet, il fera surement son chemin ; il pourra parvenir comme Mr son père, qui est mort officier Général et Gouverneur de l’Ile d’Oléron. Mlle sa fille a épousé Mr de Serceaux, un Gentilhomme de Province de Normandie.
La Rozière – voir l’Affiche du Mans, le 25 juin 1787, où tout est expliqué
485Le jeudy 21 juin 1787, Mrs du Bureau de charité ont fait la cérémonie de la Rozière, pour la filature du cotton. C’est une petite fille de la paroisse de Gourdaine et un petit garçon de la paroisse de St Germain. On leur a donné, à chacun, un habit complet et 24 #515. C’est Mr de Jouis, le nouveau Lieutenant Général, qui516 après un petit discours prononcé dans la salle de l’Hotel de Ville, on est allé ensuite aux Jacobins, où Mr Courte, curé de St Jean de cette ville517. Son discours étoit bon, mais mal débité. Mr l’Evesque y étoit et après le sermon il a dit la Grande Messe ; ce sont Mrs les Curés qui ont fait Diacre et Sous-Diacre, et ont porté les chapes. On a fait une queste ; Mme de Claircigny et Mr de Jouis le Lieutenant Général faisoient la queste ; elle a été assés considérable. Après la cérémonie, il y a eu un grand diner chés Mr l’abbé de Moncé, chanoine de St Pierre, et l’on peut dire, le chef du Bureau de Charité. Mr l’Evesque ayant chés luy Mr le Maréchal de Mailly518, fut dîner à Yvré où il est avec sa famille.
Diner donné à Mrs du Présidial
486Le 26 juin 1787, le chapitre de l’Eglise du Mans a donné à diner à Mr de Jouis, nouveau Lieutenant Général et à toutte la Compaignie du Présidial ; on avoit même prié Mrs les Conseillers Honoraires. Mr l’Evesque du Mans y étoit. Mrs les Jacobins ont presté leur réfectoire dans lequel on a mangé, et la grande salle de compaignie où recevoir tout le monde. Il y avoit un très beau diner, autant que la saison peut le permettre ; tout le repas a été gay et cela s’est très bien passé. On a resté à souper, on a servi des plats qui étoient entiers519 et on a mis le dessert et tout à la fois ; il y avoit un très beau dessert fait par un confiseur qui demeure au Mans. J’avois été nommé Commissaire pour faire faire le diner avec Mr l’abbé Le Conte, Mr l’abbé Le Cointre et Mr de St Chereau ; c’est Moisson, traiteur et cuisinier, qui l’a fait ; il étoit très bon.
Béatification de Gaspard de Bono
487Le 4 juillet 1787, Mrs les Religieux Minimes ont fait la cérémonie de la béatification de Gaspard de Bono, qui avoit été Provincial520. Mr Toupin, correcteur521 de la Maison, et le Père Chopelin, Collègue, et le Père Borée, m’ont prié de dire la Grande Messe ce jour-là. Ils n’ont pas fait de grande cérémonie ; il y a eu exposition de St Sacrement à 5 heures, Grande Messe à dix heures, Vespres à trois heures et demie et le salut tout de suitte. Mr Guiet, le curé de Pruillé522 et Mr Péan, ancien Curé de Vallon, m’ont fait Diacre et sous Diacre.
Exil du Parlement
488On peut voir dans les papiers publics que le Parlement de Paris a été exilé à Troyes en Champaigne pour n’avoir pas voulu enregistrer les deux Edits du Timbre et de l’impost territorial. Tous les Parlements du Royaume ont également refusé ; on espère que le Roy retirera les dits Edits. Le Présidial du Mans et l’Election ont refusé d’enregistrer, ils ont enregistré les Arrestés du Parlement. Il est sûr que tout Paris et tout le Royaume est dans l’inquiétude de savoir l’événement qui en arrivera.
Assemblées Provincialles
489Les Assemblées Provincialles ont lieu ; il y en a déjà eu à Tours. Celle du Mans doit commencer le 6 du mois prochain ; c’est Mr de Juigné qui présidera.
Mort de Mr Perrier, chanoine
490Le 8 septembre 1787, Mr Antoine Nicolas Perrier, Chanoine et Archidiacre de Laval, est mort âgé d’environ 75 ans. Il y avoit très longtemps qu’il étoit infirme et paralitique. Il laisse une belle sœur qui avoit bien soin de luy ; il a pour héritiers une sœur et un neveu qui est Avocat et a épousé Mlle Goussault, il y a 9 mois ; elle est preste d’accoucher. Un Mr Ménard avoit épousé la sœur de Mr Perrier, il y a des enfans de cette sœur ; il y a un peu de bien de fonds, mais bien en argent ou contrat523.
Mort de Mme Perrier
491Le 20 septembre 1787, Mme Perrier dont il est parlé cy dessus, est morte âgée de 23 ans, en couches, après avoir bien souffert. Son enfans étoit bien gros, à la vérité, et se présentoit bien ; mais il luy a pris des convulsions affreuses qui ont fait mourir l’enfans. Elle a été 24 heures dans cet état ; l’enfans étoit mort et après le décès de la mère, il y a eu une corruption qui a fait qu’on a été obligé de l’enterrer le même jour. Il y avoit dix mois qu’ils étoient mariés524.
Couche de Mme du Breuil
492Le 5 octobre 1787, Mme Poisson du Breuil est accouchée d’une fille ; elle demeure dans la Rue des Chanoines, paroisse du Crucifix525.
Assemblée provinciale
493L’Assemblée provinciale qui se tient au Mans dans la Salle de l’Hôtel de Ville a commencé le samedy 16 du mois d’octobre. Le Dimanche, il y a eu une Messe du St Esprit ditte par Mr l’abbé de Boisdeffre, dans l’Eglise Cathédralle ; après la Messe basse, on s’est assemblé à l’Hôtel de Ville.
Mort de Mme de Fondville
494Mme de Fondville est morte âgée de 66 ans, après avoir bien souffert et bien longtemps d’une maladie singulière ; on croit que c’étoit un cancer qu’elle avoit dans la matrice526. C’est une grande perte pour la ville ; elle étoit bonne amie et bien obligeante. Elle tenoit un grand état de maison527. Elle a fait un testament considérable, le tout soumis à la volonté de Mr de Fondville, son mary, Receveur des Tailles de cette Ville, âgé de 77 ans, et très délicat ; il est toujours inconsolable528 de la perte de Mme son épouse qui avoit touttes les qualités qu’on peut réunir. Elle demeuroit près de l’Hopital, et sa maison est de la paroisse de St Benoist ; comme elle n’avoit point d’enfans, c’est Mr de St Mars, son frère, qui en héritte529. Elle a été enterrée le 8 octobre 1787 ; il y avoit un enterrement splendide530.
Vendanges
495Les vendanges ont été, cette année, le 22 et le 24 octobre ; le vin est très mauvais. Le raisin étoit poury et une partie point mûre ; il y avoit encore assez de corps. Le vin, malgré cela, sera encor cher, parce qu’il n’y a point de cidre.
Rentrée du Présidial
496Mrs du Présidial ont dit leur messe rouge le mardy 20 novembre ; ils avoient décidé que ce seroit la première dignité qui diroit leur grande messe. Mr le Doyen s’est trouvé absent ; Mr Paillé ne peut dire la messe après dix heures ou même de grande messe, parce qu’il tremble beaucoup. C’est donc Mr Le Tessier, chanoine scolastique, la troisième Dignité, qui a dit la grande messe. C’est Mr Léon, Avocat du Roy, qui a fait une harangue ; le sujet étoit sur l’Éducation ; son discours étoit bon. Mr de Jouis le nouveau Lieutenant Général, a fait aussi un discours, comme c’est l’ordinaire, et il s’est trouvé, par hasard, que c’étoit aussi sur l’Éducation, mais traité bien différemment ; son Discours étoit plus brillant et beaucoup du plan de Jean Jacques Rousseau. Il y avoit eu, comme à l’ordinaire, un grand diner auquel j’ay été invité, ainsi que Mr Paillé et Mr l’abbé Le Conte ; il y avoit le Prieur de Beaulieu, de la Coulture ; celuy de St Vincent avoit remercié. Il y avoit plusieurs personnes, car le nombre de Mrs du Présidial étoit de Dix.
Mariage de Mme du Rosay avec Mr Dagues
497La nuit du Lundy au Mardy531, Mme du Rosay, veuve, en son nom de fille, Mlle de Linières, âgée de 39 ou 40 ans, a épousé Mr Dagues l’aîné, qui est Garde de Monsieur, frère du Roy, âgé de 38 ou 39 ans ; la Dame a un an de plus que son mary532. Mlle de Linières avoit épousé Mr du Rosay, qui étoit riche et dont elle a environ 3 000 # de rente en douère, elle demeuroit chez Mlle du Rosay, sa belle-sœur, chez laquelle elle étoit la maîtresse. Enfin, après plus de dix années de veuvage, s’est présenté Mr Dagues, d’une très ancienne famille de la Ville, qui luy a plu533. Malgré tout, elle a voulu l’épouser ; il n’est pas riche ; il a dissipé une partie de sa fortune et il ne luy reste que 600 # de rente au plus. Elle n’a en mariage que 500 # de rente, et, après la mort de ses père et mère elle n’aura que 1 200 # de rente au plus. Au reste, pour les qualités du cœur, on ne peut en dire que du bien des deux. Elle a quitté sa belle sœur pour se marier et pour aller chez Mr son père, qui demeure vis-à-vis la Boucherie534.
498[note] Dans l’année 1798, elle a mal fait ses affaires, pour ne pas dire plus.
L’année 1788
Couche de Mme Lambert
499Mme Lambert est accouchée d’une fille qui a été nommée par Mlle Lambert l’ainée et Mr de la Fuye, père de Mme Lambert. Elle est accouchée très heureusement, le 15 janvier 1788.
Couche de Mme du Genetay
500Mme du Genetay, qui étoit Mlle Ory, est accouchée d’une fille qui a été nommée par Mme Ory et Mr du Genetay, son père535.
Mort de Mr de Monthulé
501Mr de Monthulé est mort, âgé d’environ 56 ans ; il étoit paralitique depuis environ un an ; il aimoit bien à boire536. Il étoit Gentilhomme de la Perrière537 ; il avoit environ 2 000 # de rente. Il avoit épousé Mlle Le Vasseur qui avoit environ 30 ans538 ; elle a eu un garçon qui vit, et est Lieutenant dans le Régiment de… Infanterie539.
Mariage de Mlle de Boismauclair avec Mr de Châteaufort
502Le 22 janvier 1788, Mlle Richer de Boismauclair a épousé Mr de Châteaufort, cadet, qu’on appelle Mr de Lessard. Mlle de Boismeauclair l’ainée a environ 30 ans ; c’est une Maison riche ; il y a un garçon et une Demoiselle. Mr de Boismauclair, qui étoit Conseiller au Présidial du Mans, a achetté, depuis quelques années, une charge de Secrétaire ; Mr de Châteaufort, le père, en a achetté une pareille charge à peu près dans le même temps540. Il n’y a que deux garçons ; l’ainé a épousé une Demoiselle de Nogent, Mlle Guilly, dont il a 12 000 # de rente ; ils n’ont point de charges ny les uns ny les autres541.
Mariage de Mlle du Bourg avec Mr du Rocher
503Mlle du Bourg, dont le père demeure à St Nicolas, au carrefour de la Cirenne, et qui fait commerce d’épiceries en gros et en détail et est apothicaire, a épousé Mr du Rocher, son cousin, qui doit prendre le commerce et la boutique de Mr du Bourg542.
Mariage de Mlle de la Houssaye avec Mr de Malherbe
504Le 26 février 1788, Mlle de la Porte de la Houssaye dont le père est mort, il y a quelques années, dans la charge d’Assesseur au Criminel, a épousé Mr de Malherbe, Lieutenant au Régiment… Infanterie, âgé d’environ 25 ans. Mr son père vit à sa terre de Marçon543 dont il est Seigneur ; il sera très riche, ainsi que la Demoiselle. Il y avoit beaucoup de monde à la noce544 ; c’étoit en Caresme, à midy passé, dans la paroisse de St Nicolas. C’est Mr l’abbé du Chesneau, Procureur du chapitre, qui est très bien dans cette Maison, qui a fait le mariage et la cérémonie.
Prédicateur du Caresme
505C’est un Capucin qui a presché le Caresme ; il est très bon. Il est Provincial de la Province et il est de Rennes, homme de robbe.
Mort de Mme Goussault
506Le 10 mars 1788, Mme Goussault, âgée de 43 ans, est morte d’une hidropisie de poitrine, ou plutost de la maladie du passage545 ; il y a longtemps qu’elle étoit malade546. Mr Goussault, qui vit bourgeoisement, demeure près le Puits de Quatre Roues547 ; elle laisse deux enfans, savoir une demoiselle âgée de 13 ans, qui sort de la Visitation, et un garçon, très jeune qui est en pension à Souligné sous Vallon. Mme Besnard, mère de Mme Goussault, vit ; elle est bien âgée ; Mr de Richebourg est son frère ; elle n’est point riche du costé de son père. Elle avoit une fille ainée qui avoit épousé Mr Perrier, qui est morte en couches, le 20 septembre dernier ; l’enfans est mort tout de suitte.
Mariage de Mlle Livré avec Mr de la Vingtrie
507Le 2 avril 1788, Mlle Livré a épousé Mr de la Vingtrie, Lieutenant Criminel de Belesme, plus Lieutenant Général et subdélégué dans la même ville. C’est un garçon de 35 ans, homme d’esprit et considéré dans la ville de Belesme et autres lieux et de tous ceux qui le connoissent. Il a été chargé par le Gouvernement et le Parlement, de plusieurs affaires très intéressantes, entre autres, celle des chaplins ou Coqs en joye. Il vient d’estre chargé de l’affaire de Beaumont, c’est-à-dire, des Le Tessier et Beaudoux ; il a obtenu, depuis l’affaire des Chaplins, le cordon de St Michel. Mr son père avoit obtenu des Lettres de Noblesse qui sont bien en règle548. Il a été consulté pour le nouveau Code criminel, et il pourra bien arriver qu’il parviendra à la charge de Lieutenant-Criminel au Châtelet de Paris. Il jouist, tant de son bien de famille, d’environ 7 000 # de rente549 ; Mme sa mère, qui est venu au Mans avec luy, est d’une très bonne Maison ; Mme de Fréville, Religieuse à la Visitation, est sa sœur. Il est venu Mr de Fréville, son oncle, chevallier de St Louis et Officier dans les…
508Mlle Livré est âgée de 19 ans ; Mr son père, qui étoit un bon médecin est mort, il y a…550. Il avoit épousé Mlle de la Picannière, qui a un caractère très difficille ; il faut espérer que Mme sa fille n’en tiendra pas. Elle est et sera riche, parce qu’elle a encor sa… Mme de la Picannière, âgée de 80 ans, qui vit. Mme Livré n’a rien voulu donner à Mlle sa fille, de sorte qu’elle se marie avec tous ses droits, qui est le bien de son père qui peut monter à 3 000 #551 ; c’est Mr Livré, l’appoticaire, qui étoit son Curateur. Ils vont aller demeurer à Belesme où il a une maison qu’il a fait bâtir552 ; il pourroit bien arriver qu’il vint demeurer au Mans pour y occuper la charge de Lieutenant Criminel qu’il a eu de Monsieur, frère du Roy, pour 6 000 #, et cela par une faveur particulière.
509Les nouveaux mariés sont partis pour Belesme, le mardy 8 avril, avec au moins 12 personnes du Mans, savoir : Mme Livré, la mère de la mariée, Mrs et Mme de Villiers, Mr Mme et Mr Ménard de la Groye, Mr Mme et Mlle Ouvrard, Mr Valienne et plusieurs autres553. Mr Livré, son Curateur, en étoit aussi ; tout cela se fait au dépend de Mme Livré. Il doit y avoir une belle entrée à Belesme, un grand souper chés Mr de la Vingtrie et un grand feu d’artifice ; et la milice bourgeoise prendra les armes, et même on doit venir au devant de tout le monde, ce qui prouve qu’il est bien aimé554.
Couche de Mme de La Fosse de Linières
510Le 12 avril 1788, Mme de La Fosse est accouchée d’une fille ; c’est Mme Dagues, autrefois Mme du Rozay, sa sœur, qui a été la marraine avec Mr de… son frère, et de commerce avec Mr de la Fosse, qui a été parrain. C’est Mr l’abbé Livré, chanoine de St Pierre, qui a fait le baptesme au Grand St Pierre, la paroisse555.
Enfans de cœur
511Le 12 avril 1788, nous avons reçu le petit… dont le père est chantre à St Pierre et il a une petite boutique au bas de l’escalier de la Boucherie556. L’enfans a une jolie voix qu’il promet ; il prend la place de Chaumier qui vient de quitter depuis 8 jours après son temps remply557.
Sinode tenu le 16 avril
512Le mercredy 16 avril 1788, Mr l’Evesque du Mans a tenu un Sinode ; il y avoit eu un Mandement qui avoit annoncé le jour et au Séminaire558. Le chapitre de la Cathédralle fit représenter à Mr l’Evesque que son chapitre verroit avec peine que le sinode se tint aileurs que dans sa Cathédralle. Comme il avoit fait signifier au Chapitre un réquisitoire rempli de choses injurieuses et fausses pour le chapitre, Mr du Mourier, chanoine, Archidiacre de Montfort et son Grand Vicaire, fut très fasché de voir que Mr l’Evesque eut fait pareille chose sans en parler à personne. En conséquence, il luy remist ses Lettres de Grand Vicaire, disant qu’il se devoit à sa compaignie qui avoit toujours eu pour luy beaucoup d’amitié. Mr l’Evesque et ceux qui l’approchent, sentant le besoin qu’il avoit de Mr Du Mourier, le fit prier d’aller le voir ; il y fut : après une conférence qui fut longue, Mr Du Mourier luy dit qu’il n’avoit qu’une chose à faire, qui étoit de retirer son réquisitoire et qu’il n’en fut plus question. On a même brulé au Controsle, tout ce qui avoit été controlé. Voilà donc une affaire finie. Il luy dit encor qu’il falloit qu’il arrestat et arrangeâ le procès de Mr le Doyen avec Mrs les Curés de la Ville, ce qu’il accepta. Mr Du Mourier a resté Grand Vicaire et cette affaire luy a fait beaucoup d’honneur. Il fut donc dit que le sinode se tiendroit dans la Cathédralle ; en conséquence, on régla qu’on diroit Matines, la veille après vespres ; le lendemain, les petites heures et grand Messe à 6 heures du matin, de façon que l’Eglise seroit fermée à sept heures. Mr l’Evesque avoit ordonné le son des Cloches de toutte la Ville, depuis six heures jusqu’à la demie.
513Le lendemain, la grosse cloche sonna depuis sept heures jusqu’à la demie, et un quart avant huit heures, le chapitre assemblé fut chercher Mr l’Evesque à son Palais pour dire la Grande Messe du St Esprit qui fut chantée en grande cérémonie, c’està-dire que Mr le Chantre porta le bâton. Mr l’Abbé de Sagey, Grand-Archidiacre, fit diacre, et Mr l’abbé du Mourier, Archidiacre de Montfort, fit sous-Diacre. Après la Messe, on plaça le trosne de Mr l’Evesque devant la grille de la grande porte qui avoit été ouverte pendant la Grande Messe, pour que Mrs les Curés puissent entendre la Messe, de leur place, qui étoit dans la nef. On place aussi des chaises autour du Throsne en demi-cercle qui gagnoit la marche pour descendre dans la nef, il y avoit des chaises derrière pour le bas cœur de la Cathédralle ; on avoit placé des chaises un peu au-dessus de la marche pour les Députés de différents chapitres, savoir : celuy de Sillé, celuy de Troo, celuy de Coeffort ou Séminaire, celuy de Pruillé près Lucé559. Mrs les Curés de la Ville et Quinte avoient le premier rang des chaises, du costé de la paroisse, au-dessous de la marche ; Mrs les Curés des Grands-Archidiaconnés étoient de l’autre costé, et ainsi de suite par ordre d’Archidiaconné, Mrs les Archidiacres étoient à la teste de leur Archidiaconné, en habit de cœur et avec l’Etole, comme Mrs les Curés.
514Quand tout le monde fut placé, on commença par faire l’appel de tous ceux qui ont droit d’y assister ; on commença par faire la Cathédralle, les chapitres comme il est dit cy-dessus. On avoit oublié le chapitre de St Michel ; Mr Fouet, le Procureur, se leva et demanda qu’il fut nommé ; comme ils sont ordinairement dans touttes les Assemblées Généralles du Clergé du Mans, on accorda la demande à St Michel. On fit l’appel de tous Mrs les Curés du Diocèse ; après cet appel, Mrs les Curés firent des réclamations prétendant devoir avoir le pas sur les chapitres. On fit encor des protestations, Mr Fouret, chanoine et Procureur du chapitre de Sillé, parla au nom de tous les chapitres. Mr l’Evesque de son trosne, écoutoit tout cela, sans dire grand choses.
515Ces protestations finies, on voulut lire les statuts, lorsque Mr Turpin, curé de Gourdaine, se leva et demanda permission à Mr l’Evesque, de parler560. Mr le Prélat répondit qu’il parleroit à son tour, lorsque les Statuts seroient lus. Il dit que ce qu’il avoit à dire étoit nécessaire avant la lecture des dits Statuts et il commença malgré tout. Mr l’Evesque eut beau le luy déffendre, il continua, et même, Mrs les Curés prévenus qu’il devoit parler, dirent tout haut : « on n’entend point » et le firent changer de place et venir au milieu de l’assemblée. Son Discours dura plus d’un quart d’heure ; Mr l’Evesque l’interrompit pour luy dire qu’il luy déffendoit de parler sous peine de désobéissance à son Evesque. Il continua jusqu’à la fin, qu’une partie des Curés battirent des mains, comme au spectacle. Mr l’Evesque étoit furieux, cette première séance se passa très indécemment561. On fit donc la lecture des Statuts, après laquelle Mr l’Evesque dit tout haut qu’on remettoit la séance à trois heures. Chacun s’en fut diner à sa destination. Mr l’Evesque avoit à diner 106 Curés ; il avoit un très bon diner. Mrs les Grands-Vicaires avoient engagés plusieurs Curés aussi à diner. On dit Vespres à la Cathédralle à 2 heures, et à la demie, on sonna la grosse cloche jusqu’à 3 heures, où chacun prist ses places, Mr l’Evesque commença la séance par la prière Veni, Sancte Spiritus. Mr le Curé de Gourdaine voulut parler ; Mr l’Evesque luy déffendit et Mr le Curé demanda acte du refus, ce qui luy fut accordé. On demanda par appel comme on avoit fait suivant l’ordre de la première séance. Mr l’abbé Paillé, Chantre et représentant le chapitre dont il avoit été chargé de dire que le chapitre adoptoit et approuvoit les Statuts, commença son discours de sa place. Comme il n’a pas la voix bien forte, on demanda qu’il se fit entendre, et pour cela, après un grand murmure encor indécent, il voulut bien passer au milieu de l’assemblée, où il parla très bien pendant un petit quart d’heure. Il est vray que Mrs les Curés, du moins pour la plus grande partie, ne croyoient pas que le chapitre approuvast les dits Statuts. Après le chapitre, ce fut encor une nouvelle difficulté pour le rang avec Mrs les Curés ; cependant on continua, et Mr des Bois, le Doÿen des Curés de la Ville, parla au nom de Mrs les Curés ; il approuva par un petit discours qu’on trouva bien les dits Statuts, On appela Mrs les Curés de la Ville et Quinte, chacun à leur rang ; tous pour la plus grande partie, approuvèrent les Statuts, fors l’article troisième qui est l’article des servantes qui doivent avoir 40 ans562. On pria Mr l’Evesque de mettre le mot « nous exhortons », au lieu de celuy « nous ordonnons ». Tout le reste fut approuvé à peu près de même et chacun signa son consentement563. Comme il étoit dejà tard, on pria Mrs les Curés de s’assembler par Doyenné et de dire leur avis, ce qui fut fait. Il étoit sept heures, qu’il n’y avoit encor que la Ville et Quinte et une partie du Grand-Archidiaconné qui eust donné son approbation. Mr l’Evesque se leva et dit que le lendemain jeudy on s’assembleroit à 9 heures du matin et chacun se retira.
516Le chapitre fit son Office comme à l’ordinaire, sinon qu’on avança la Messe d’une heure. A 9 heures, après le son de la grosse cloche, pendant une demie heure, on commença la séance, et l’on continua d’aller aux voix par Doyenné, ce qui dura jusqu’à plus de onze heures ; que Mr l’Evesque dit qu’on se rassembleroit à 3 heures, ce qui fut fait. La séance dura jusqu’à sept heures ; quand tous Mrs les Curés eurent signé, ont fit la lecture des procès-verbaux, tant des protestations que des consentements ou modifications des Statuts. Après la lecture de ces Procèsverbaux, Mr Horeau, Curé de St Nicolas, demanda à parler au nom de tous Mrs les Curés, ce qu’il fit très bien et son discours roula sur l’administration et composition des décimes. Enfin, on chanta le Te Deum. Il avoit été décidé qu’on feroit une procession autour de la ville ; heureusement que le temps ne le permit pas, parce qu’il étoit trop tard, et parce qu’il y auroit eu du scandalle. Mrs les Curés n’auroient pas voulu aller processionnellement devant le bas-cœur de la Cathédralle564. Après le Te Deum, on reconduisit Mr l’Evesque chés luy, et tout a finy ainsi. Je crois bien que Mr l’Evesque ne sera jamais tenté de convoquer le sinode565.
Couche de Mme de Négrier
517Mme de Négrier est accouchée au Mans, paroisse de St Vincent, d’un garçon. Mr son mary, qui est Lieutenant de Vaisseau, étoit à Brest. Mr de Négrier a épousé une Demoiselle de Pologne dont il a 15 000 #, qu’il doit placer en une terre si, avant ce temps-là, il n’en mange pas une partie566.
Arrivée de Mr l’Intendant
518Le 24 may 1788, Mr l’Intendant est arrivé au Mans et a dessendu chés Mr l’Evesque, qui étoit allé à Sablé. Son séjour au Mans est pour arrester le Greffe de l’Élection, des Eaux et Forests et du Grenier à Sel567. C’est Mr de Lelée, Lieutenant-Général de Beaumont, qui est venu poser les seaux568 à l’Election.
Enregistrement des Edits au Mans
519Le lundy 26 may, Mrs du Présidial se sont assemblés pour enregistrer les Edits portant suppression des Parlements des différentes Cours, comme celle des Monnoyes, celle de la chambre des Comptes, fors celle de Paris qui est conservée jusqu’à nouvel ordre569. Le Présidial assemblé, il y en a eu quattre qui ont fait des oppositions verballes seulement, savoir : Mr Menard de la Groye, Mr de la Crochardière, Mr Poisson du Breuil et Mr Negrier de la Ferrière, qui est Maire de la Ville570. Ces Mrs ont été assemblés depuis neuf heures jusqu’à une heure, enfin Mr de Jouis, le Lieutenant Général, est dessendu pour faire enregistrer les Edits. On a été dire à Mr l’Intendant que la Sénéchaussée avoit enregistré sans opposition, et dès ce moment ces Mrs jugent comme Officiers du grand Bailliage, ce qui leur donne des Privilèges de Noblesse. Dans la crainte qu’il n’y eust du trouble, le Prevost Général étoit venu au Mans sous prétexte de faire la revue ; il y avoit plusieurs Brigades de Maréchaussée au Mans. Il n’y a pas eu le moindre mouvement. Il est sûr que Mr de Jouis a joué, dans ce moment, un rosle vis-à-vis sa Compaignie, qui annonçoit l’intérest et l’orgueil. Il est probable que les choses ne resteront pas ainsi. Mr L’Intendant a passé 4 jours au Mans ; le jeudy soir, avant de quitter Mr de la Boussinière, son Subdélégué, il luy donna une lettre signée de luy, comme ayant reçu des Ordres du Roy, sous le nom de Mr le baron de Breteuil, par laquelle il déffendoit à Mrs les Membres de la Société du Jardin de St Vincent, de s’assembler sous quelque prétexte que ce soit, dans ledit Jardin ou ailleurs571.
Mort de Mr de Montaupin et mariage de Mlle de Montaupin
520Le 3 juin 1788, Mr de Montaupin est mort âgé de 66 ans, environ, d’une hidropuisie de poitrine ; il a été malade très longtemps. Il laisse deux Demoiselles dont l’ainée vient d’épouser, depuis un mois, Mr de Lhermitte, Officier d’artillerie. Il est de Mortagne, riche, et déjà ancien dans son Régiment572. Mlle de Montaupin peut avoir dix-huit ans. Comme elle est née délicate, et d’une mère très délicate, et vû l’état pressant de Mr de Montaupin, elle a été mariée de très bonne heure (le 1er may 1788) et c’est luy-même qui l’a désiré, pour évitter après luy les suittes d’un scellé573. Il y a une seconde demoiselle qui est bien jeune, je crois qu’elle n’a que 14 ans, il y a 4 ans de différence entre l’ainée et la cadette. Il y a environ 12 000 # dans la maison ; il est probable qu’ils demeureront au Mans, dans la maison que ma mère avoit vendue à Mr de Montaupin, pour 18 000 #, y compris celle qui est à costé ; il y a un très beau terrain.
521[note] C’est Mr de Courcival qui a fait le mariage.
Couche de Mme de Blin des Roches
522Le 6 juin 1788, Mme Blin des Roches est accouchée d’une fille bien heureusement. C’est sans doute, Mr de Blanchardon, le père de la mariée, qui a été parrain avec Mme Blin, tante du père574. Elle demeure dans une grande maison, au bas de la rue des chanoines.
Prières pour le beau temps
523Le 29 juin 1788, on a commencé des prières pour le beau temps ; nous avons eu des pluyes d’orage pendant trois semaines. C’étoient des nuages qui tomboient avec violence. Il y aura beaucoup de perte sur les bleds froments qui sont couchés, et sur les foins, à cause des grandes eaux. On doit chanter le psaume Miserere et les versets Domine non Secundum, jusqu’au premier Aoust. On a atteint la châsse de Ste Scolastique575.
Couche de Mme Leroy
524Le 28 juin 1788, Mme Leroy, femme de Mr Leroy, Elu au Mans, est accouchée d’une fille ; elle demeure paroisse de St Vincent ; c’est son premier enfans. Elle s’appelloit, en son nom de fille, Mlle Gravelle ; nous sommes parents.
Lettres de cachet pour 4 Conseillers du Présidial du Mans, et pour Mr Ouvrard de l’Election
525Le 18 juillet 1788, Mr Menard de la Groye, Mr Poisson du Breuil, Mr de la Crochardière, ont reçu une lettre de cachet pour aller en exil. Mr du Breuil est à Luçon576.
526Mr Blin des Roches qui avoit d’abord enregistré ainsi que Mrs les Conseillers qui restent mais qui, après, avoit protesté, a été exilé à Issoudun, dans le Berry577.
527Mr Ouvrard, Lieutenant de l’Election, a eu une lettre de cachet pour avoir protesté contre l’enregistrement des Edits de suppression de leur charge. Il y avoit des répressions trop fortes et indécentes contre les pouvoirs du Roy578.
Mort de Mr Bordier chanoine semy-prébendé
528Le 9 septembre 1788, Mr Bordier, Chanoine Semy-prébendé, est mort subitement, en allant se promener pour voir une maison de campaigne qu’il venoit d’acheter au-dessus de Mulsanne579. En arrivant dans le bourg dudit Mulsanne, il tomba paralitique et appoplectique ; on le transporta dans une auberge à Mulsanne, où il mourut à 7 heures du soir, sans avoir donné aucun signe de connoissance. Mr le Curé en donna avis à Mr du Mourier, chanoine Archidiacre de Montfort et Grand Vicaire. On sonna son trépassement depuis 9 heures et un quart, jusqu’après la grande Messe du cœur, qu’on fit les prières accoutumées580. Comme ses parents ne sont pas riches, on décida de le laisser enterrer dans le cimetière de la paroisse de Mulsanne581, et on ordonna un luminaire moitié de celuy qui est d’usage. On a ordonné un service pour le vendredy et sammedy, comme c’est d’usage. Mr Bordier étoit un homme singulier, qui n’avoit pas le talent de se faire aimer ; ainsi il n’a pas été regretté582.
Nomination d’un semy-prébendé
529Le Vendredy 12 septembre 1788, on a procédé au chapitre à la nomination d’un nouveau semy-prébendé, par arrangement. Voilà comment cela s’est passé, sans blesser les règles Ecclésiastiques. Mr Tuffier, diacre Evangéliste, étoit le plus ancien officier de l’Eglise ; il a été proposé, mais comme il avoit une Chapelle assés bonne et qu’il avoit envie de la semy-prébende, il a fait sa démission pure et simple au chapitre. Après sa démission, par scrutin, on a procédé à la nomination de la chapelle de…, et au scrutin, cela a été en faveur de Mr Bigot, Secretaire du chapitre, quoiqu’il ne fust pas des plus anciens. Après cela on a été au scrutin pour la semy-prébende, et tout le monde a voté pour Mr Tuffier ; le voilà donc nommé. Comme Mr Tuffier étoit Diacre et Evangéliste, dans le même chapitre on a nommé Mr le Maistre, qui étoit Diacre suppléans, et cela n’a pas souffert la moindre difficulté ; on n’a pas pensé à donner la place de Diacre Evangéliste au Concours, comme c’est l’usage, mais on étoit si pressé qu’on n’y a pas fait la moindre observation. Je n’ay pas voulu en parler pour ne pas déranger les projets583. Toujours dans le même chapitre on a nommé à la place de Diacre suppléant, Mr Chéreau, ancien vicaire d’Etival, lequel a une bonne voix ; à la vérité, un peu petit, mais de bonnes qualités584. Mr Bigot, Secrétaire, avoit une petite chapelle qui donne la frairie à St Michel585. On l’a donné à Mr Desalay, neveu de Mr Le Tessier, chanoine et Scolastique. Mr l’abbé Tuffier avoit la nomination de Mr l’abbé d’Andrieux ; il en a fait sa démission et Mr l’abbé de Céran l’a donnée à Mr Salmon, Vicaire de la Coulture, un garçon bien vertueux et respectable par sa piété et autres qualités.
Mort de Mr de la Boussinière le père
530Le 14 septembre 1788, Mr Prudhomme de la Boussinière, le père, est mort âgé de 88 ans586, à sa terre, paroisse de Brains587. C’est Mr le Curé du Crucifix, comme ainé, qui l’a eue588 ; il y a Mr de la Boussinière Président de l’Election et Subdélégué, et Mme des Arcy, veuve. C’étoit une bonne Maison et il avoit beaucoup d’esprit ; en faisant les affaires des autres, il n’a pas négligé les siennes589.
Mort de Mr de la Galzière
531Le 29 septembre 1788, Mr Le Vasseur de la Galezière est mort, âgé de 57 ans ; il étoit garçon. Il demeuroit chés Mme de Montulé, sa sœur ; il étoit Lieutenant dans le Régiment de la Province du Maine, autrement de Milice.
532[note] Mr son frère lainé a eu la Croix de St Louis, au mois de janvier 1789.
Service du Régiment de Chartres-Dragons
533Le 24 octobre 1788, le Régiment de Chartres Dragons est arrivé au Mans pour y être en garnison ; c’est Mr de Rouillon qui en est Major. Il commende le Régiment en ce moment, Mr de la Gandie qui en est le Lieutenant Colonel est en semestre. Mr de Rouillon donne un grand diner en gras et maigre, comme cela se trouve un Vendredy ; il n’y a que 14 Officiers qui soient venus avec le Régiment. Le Couvert est pour 60 personnes, tant de la ville que du voisinage, tous les chevaliers de St Louis et tous les Militaires de la Ville en sont priés. Il y a du Présidial, Mr le Lieutenant Général, Mr Maulny, Doyen du Présidial et Mr de Béru, Procureur du Roy. On dit que le Régiment est très bien tenu ; il y a la moitié de chevaux logés chés le nommé Pouplin, qui a une très belle auberge et grandes Ecuries près les murs du Pré590.
Mort de Mr Riché, l’officier
534Vers la fin du mois d’octobre 1788, Mr Riché l’ainé, qui avoit été officier, Lieutenant de Vaisseau et Chevalier de St Louis, est mort à sa terre de la Tremblays, paroisse de St Ouen591. Il demeuroit au Mans, dans la Cour du Tronchet, dans une maison à luy qu’il avoit achettée de Mr Dogny. Il est mort âgé de 69 ans, de la goutte dont il étoit très infirme ; il avoit un frère qui étoit Conseiller au Présidial du Mans. Il venoit de faire un abandon de tout son bien à Mr son frère ou plutost à Mrs ses neveux. Il n’a pas été regretté, car il avoit le talent de se brouiller avec tout le monde à cause de sa mauvaise langue ; il ne pouvoit vivre avec ses parents qui ne le voyoient point.
Mort de Mr l’abbé des Berries
535Le 8 novembre 1788, j’ay été commis, par le chapitre, pour faire l’enterrement de Mr l’abbé de Berries, clerc tonsuré et Titulaire d’une très mauvaise chapelle qui ne luy donnoit que le droit de porter le surplis dans le cœur de la Cathédralle car il n’y a point de revenus attaché à la ditte Chapelle. Il vivoit de son bien qu’il avoit donné à fonds perdus à Mr de Bizeul, autrefois Maistre de forges d’Antoigny, près la terre de Montibault, dont il luy faisoit de 5 000 # de rente, et il avoit donné 12 000 # de pot de vin. Il avoit 52 ans ; il est mort d’une hidropuisie de poitrine. Il avoit fait un testament par lequel il demandoit à estre enterré dans le Cimetière de l’Oratoire ; il donnoit à cette Maison sa bibliothèque, mais comme il ne laissoit point de bien à son neveu et à sa sœur, ils ont refusé et remercié592. Etant officier de l’Eglise de St Julien, c’est le chapitre qui a commis un chanoine pour faire la cérémonie, et l’on m’a nommé593. J’ay donc été faire la levée du corps avec tous les Officiers de notre Eglise ; nous sommes entrés dans l’Eglise avec le convoy, on a fait l’Ultimatum Vale devant l’autel du Crucifix. Il y a eu six cierges de demie livre que j’ay eu pour moi seul ; après le subvenite, nous sommes allé conduire le corps dans l’Eglise de l’Oratoire, où tous Mrs de l’Oratoire étoient en surplis et Mr le Supérieur en chappe et une étole. On a déposé le corps ; j’ay dit l’Oraison et après avoir fait une inclination à tous ces Mrs, je me suis retiré avec tout le clergé. Mr le Curé de l’Oratoire est venu en surplis me conduire jusqu’à la porte ; j’ay eu la moitié du Luminaire qui étoit à l’Oratoire ; il étoit assés bien. J’en ay eu six livres de bougie pour la table594.
Rentrée du Présidial
536La rentrée du Présidial du Mans s’est faite, le mardy 2 décembre ; c’est Mr de Jouis des Roches, le Lieutenant-Général, qui a prononcé un discours qu’il a fait imprimer, pour des raisons particulières et suivant les circonstances595. La cérémonie s’est faite, comme à l’ordinaire, par les Religieux qui doivent dire la Messe pendant l’année. Il n’y a point eu de repas de corps, parce que Mrs les Exilés, savoir : Mr de Foisy, Mr Menard de la Groye, Mr Belin des Roches et Mr Négrier de la Crochardière ne veulent point se trouver avec Mr le Lieutenant-Général596. Tous ces Mrs là ont dîné chés Mr de Blanchardon597, ces Mrs se trouvent à l’audience, comme à l’ordinaire. Il est à désirer que cela continue et que le public n’en souffre pas598.
Mort de Mme la marquise de Vilennes
537Le 6 décembre 1788, Mme la Marquise de Vilenne est morte à sa maison de Coudoye, paroisse de Ste Croix, d’une fluxion de poitrine599. Elle laisse une fille qui est mariée à Mr de Médavid ; elle est très riche ; aussi dépense-t-elle beaucoup600.
538Il est mort, dans la même semaine, deux Demoiselles de Biars ou de Lommois, très anciennes, qui demeuroient aux Maillets depuis très longtemps. Quoique point riches, cadettes, on dit qu’on leur a trouvé de l’argent dans la paiaisse de leur lit ; elles étoient très économes et ne faisoient point de feu dans leur chambre par économie. C’est Mr de Médavid qui héritte de tout ce mobilier601.
Mort de Mr de Boismauclair
539Le 9 décembre 1788, Mr Richer de Boismauclair, Conseiller honoraire, est mort âgé de 75 ans, d’une fluxion de poitrine ; il y a longtemps qu’il étoit infirme. Il laisse un fils qui n’est pas sot ; il a deux Demoiselles dont une a épousé Mr de Châteaufort cadet, il en reste encor une. Il est probable que ces Demoiselles n’auront point d’enfans ; elles sont très puissantes602. Il avoit achetté une charge de Secretaire du Roy603.
Mort de Mme et Mlle de la Vigne
540Le 10 décembre 1788, Mme Lavigne, agée de 74 ans, est morte, paroisse de la Coulture. Elle étoit fille de Mr Lavigne, mort official du Mans604 ; elle n’a point eu d’enfans. Elle avoit une tante, qu’on appelloit Mlle Lavigne, qui est morte deux jours après Mme Lavigne, âgée de 91 ans. C’est Mr de St Per et Mr de Cumont, qui héritent de ces deux Dames. Mme Lavigne avoit presté au chapitre une somme de 20 000 #, à fond perdu, pour 2 000 # de rente viagère ; on n’a fait la rente que trois ou quatre ans605.
Mort de Mr Dehayes
541Le 11 décembre 1788, Mr de Hays, Chevallier de St Louis, ancien Capitaine de Cavallerie, est mort à sa terre des Etangs, âgé d’environ 72 ans ; il est mort sans enfans. Il avoit épousé Mlle de Vibrays ; il étoit riche. Il avoit chés luy Mlle de Bourneuf, sœur de chanoine que Mr et Mme Dehays avoient prise à la Visitation pour en avoir soin ; il luy a donné, par testament, seulement la somme de 300 # de rente viagère remboursable à la volonté des héritiers pour 5 000 #606. C’est Mr Petitjean, Mme de Vançay de Coudereau et Mme Marsilly, mariée à la Flèche, qui en sont héritiers pour une partie.
Mort de Mr Launay sergent
542Launay, un des sergents, est mort607. On a donné la place à son fils qui est encor soldat ; la femme a les cloches, les chaises et demeure dans la maison où est la prison du chapitre608.
Couche de Mme Ogier
543Le Samedy 20 décembre 1788, Mme Ogier, fille de Mr de Vançay, qui avoit épousé son mary, Mr d’Ivry, qu’on appelle Mr Ogier, malgré ses parens, est heureusement accouchée d’un garçon à Chesne de Cœur, où elle demeure, paroisse de St Pavace609.
Notes de bas de page
1 L’acte de décès de Jean-Eustache Frécinne le dit âgé de 53 ans ou environ, natif de la paroisse Saint-Sauveur de Paris, et chantre basse contre et non basse taille comme l’écrit Nepveu. Frécinne est attesté à la cathédrale du Mans depuis la fin de 1761 (AD Sarthe : G 28, comptes de la cathédrale).
2 Contrairement aux apparences, cette formule n’est pas pour le diariste une lapalissade : un chanoine absent est un chanoine officiellement autorisé à être absent du chapitre pendant un temps donné. En général il est du même coup absent de la ville aussi.
3 Carlepont est la résidence de campagne des évêques de Noyon à 8 km de distance de Noyon.
4 Le maître de musique est alors René Lemercier (voir le Journal de Nepveu à la mi-avril 1773). Les enfants de chœur de la cathédrale du Mans sont au nombre de huit.
5 On peut penser que la basse [de viole] est tenue par François Pichon (1741-1836), et le basson à coup sûr par un autre des musiciens de la cathédrale.
6 « Dit-on », écrit le diariste : en tant que commissaire du dîner il était forcément présent, cela signifie peut-être que ses compétences musicales sont trop faibles pour qu’il puisse juger de la qualité d’une musique. C’est probablement René Lemercier qui avait composé la musique de la chanson offerte à l’évêque.
7 La forge d’Antoigné, à Sainte-Jamme-sur-Sarthe (voir au 27 décembre 1773, en note).
8 Ce portrait est toujours exposé aujourd’hui dans la sacristie (sur le flan sud du chœur de la cathédrale).
9 Conseiller : conseiller au présidial.
10 Porter le petit collet : être un homme d’Église (les ecclésiastiques portant un collet, la partie du vêtement qui entoure le cou, plus petit que les autres). Pierre Duchemin, père du marié, avait été clerc tonsuré dans sa jeunesse, et avait renoué avec l’état ecclésiastique après son veuvage.
11 Saint-Pavin-de-la-Cité : petite paroisse situé intra-muros (voir au 16 avril 1761).
12 M. Ruillé : en fait M. de Ruigné, Pierre Bidault de Ruigné. Sur les suites de ce mariage, voir en mars et décembre 1783 (en note).
13 Les prisonniers se sont évadés non pas par la porte de la prison en elle-même, mais par le passage qui fait communiquer la prison avec le Palais [de Justice], le présidial, situé dans l’actuel Hôtel-de-Ville.
14 Les sommations ordinaires : procédure des sommations respectueuses, voir glossaire. Sur ce mariage, voir « dans le courant du mois d’avril 1774 ».
15 Pensionnat pour jeunes filles créé en 1684 à Saint-Cyr[-l’École, Yvelines aujourd’hui] par Louis XIV à la demande de Mme de Maintenon. Cette école était destinée aux jeunes filles de la noblesse pauvre.
16 Gardien : le père supérieur dans certains ordres, notamment les Capucins (voir glossaire).
17 Teereau : Terrehault, à 4 km de Bonnétable. L’orthographe du diariste reflète peut-être la prononciation usuelle.
18 Sans commentaire du chanoine. Se pourrait-il que cette brève notation soit l’écho d’une prise de conscience, voire d’une désapprobation, de la disproportion entre la faute commise et le châtiment ?
19 Cette assemblée bi-hebdomadaire chez les Le Vayer peut être considérée comme une sorte de salon, même si la dimension littéraire ou artistique n’est pas avérée.
20 Le Petit Saint-Pierre : voir au 16 janvier 1761.
21 M. d’Oigny : poète manceau déjà rencontré le 13 janvier 1776.
22 Sainte-Suzanne : à environ 50 km à l’ouest du Mans, cette localité est actuellement connue pour l’active mise en valeur de son patrimoine, en particulier médiéval.
23 On sent clairement ici que le chapitre fonctionne à l’ordinaire avec des effectifs fortement amputés par les absences, et que 23 présents pour 40 prébendes est une sorte de record. Sur la période 1730-1743 (seul registre capitulaire accessible), on observe qu’il était rare en effet que le nombre de présents dépasse 18 ou 20 (D. Pouillet, Le Chapitre de la cathédrale du Mans…, op. cit., vol. 2, p. 33 à 174, tableaux des présences à chaque réunion).
24 Sic. Sans doute : ont écrit.
25 Le mariage a été célébré le 8 avril 1778 paroisse Saint-Roch à Paris.
26 Les informations du chanoine sont approximatives, tant sur le patronyme que sur l’âge de la mariée. Il s’agit d’Émilie de Bongars, qui, née à Tours, paroisse Saint-Venant, le 20 février 1758, avait donc vingt ans et deux mois. On lira la fin de son histoire au 5 avril 1786 (Serge Bertin et Sylvie Granger, Femmes en Sarthe, Actrices de leur temps, Le Mans, Libra-Diffusio, 2012, 272 pages, p. 66-67). Voir son portrait, fig. n° 47.
27 M. de Bongars avait été intendant de Saint-Domingue de 1766 à 1771.
28 Après avoir connu les honneurs de la cour, les époux de Broc reviennent dans le Maine. Les Affiches du Maine du 31 août 1778 publient le compliment enthousiaste adressé par le vicaire de Cérans, Bouvier de La Rue, à la jeune marquise lors de son arrivée au château des Perrais (Parigné-le-Polin). Trois décharges sont tirées par 300 habitants « sous les armes dans la cour du château ». Les époux sont ensuite conduits au feu de joie, « entourés d’enfants portant des guirlandes de fleurs et suivis d’une compagnie distinguée ».
29 Le chanoine Nepveu possède-t-il le Dictionnaire de son confrère Le Paige publié l’année précédente ? Celui-ci indique que cette paroisse « très petite », à la présentation de l’abbé de Marmoutier, ne rapporte à son curé que 450 livres. Le chiffre de 300 communiants est corroboré par Le Paige.
30 Employés : au vu du contexte, le chanoine parle ici des employés des fermes du roi, et plus particulièrement des employés de la gabelle. Le Maine, en effet, est un pays de « grande gabelle », où le sel est fortement taxé et où l’achat par chaque chef de famille d’une quantité minimale de sel est obligatoire. Inversement, la Bretagne est exemptée de l’impôt sur le sel, le commerce y est libre et le prix bas. À proximité de la ligne frontalière, la tentation du trafic est donc forte…
31 Un seul décès de curé était survenu jusqu’alors durant l’intervalle entre les deux évêques. Un autre suit peu de temps après.
32 Torigné, Torrigné : aujourd’hui Thorigné-sur-Dué, à moins de 30 km à l’est du Mans.
33 Opération de la pierre : opération destinée à ôter des calculs rénaux.
34 L’évaluation des cures est un sujet difficile (voir introduction). Selon le Dictionnaire du chanoine Le Paige, aucune n’atteindrait dans le Maine de tels niveaux de revenus, les plus importantes étant Villaine-La-Juhel (3 000 livres), Marolles-les-Braults (2 à 3 000 livres) et Chemiré-le-Gaudin (2 000 livres). Sept ans plus tard, le curé doyen de Marolles, Jean-François Marquis-Ducastel, dans son État des cures en 1785 évalue celle de Marolles à 9 259 livres. Quant au revenu de Thorigné, Le Paige l’évalue à 1 500 livres par an. Le décalage est grand avec l’estimation du diariste, que l’on peut pourtant supposer au fait des réalités de l’Église et au courant de la valeur des choses.
35 La petite Fête-Dieu est l’octave de la fête du Saint-Sacrement. On l’appelle petite, parce qu’elle n’est pas fêtée tout le jour.
36 Le diariste renvoie lui-même aux détails notés onze ans auparavant, comme pour s’épargner d’avoir à les recopier, ce qu’il va faire cependant… Cette fois, il fait partie des six commissaires choisis. Il est donc aux premières loges tout au long de la cérémonie.
37 Notre-Dame du Chevet : la chapelle axiale, dont les anges musiciens sont alors enfouis sous le badigeon de chaux qu’avait fait poser Mgr de Grimaldi (voir au 14 juin 1768, dans le texte et en note).
38 La grande salle de l’évêché où se rassemble le synode lorsqu’il est convoqué par l’évêque.
39 Tout a été dit : il n’y a rien à ajouter, il ne s’est rien passé de plus.
40 La médiathèque du Mans conserve deux exemplaires de l’un de ces mémoires, intitulé « Mémoire à consulter pour les religieuses Ursulines de la ville du Mans », publié à Paris, chez P. G. Simon en 1775, 76 pages (TH 8* 4736 (9), et Maine 483).
41 Sainte Scholastique : voir en juin 1775, en note.
42 La phrase du chanoine s’arrête ainsi en suspens. Peut-être le diariste s’apprêtait-il à médire de Chesneau de La Drouerie, qui a laissé la réputation d’un personnage détestable (selon Menjot d’Elbenne et L.-J. Denis, Le chapitre royal…, op. cit.).
43 M. Duval occupait la charge de Bailli de Touvoie depuis 1755. Il s’agit de la juridiction du temporel de l’évêché, appelée de Touvoie, parce qu’elle était annexée à la terre et baronnie de ce nom, paroisse de Saint-Corneille, au nord-est du Mans.
44 On peut penser que le chapitre cathédral a voulu mettre en garde le nouvel évêque, qui ignore les usages locaux (voir au 11 juillet 1778), contre les tentatives du chapitre rival.
45 Degrés : dans ce contexte, grade conféré par une université (bachelier, licencié, docteur).
46 La Mission : Quand le chanoine Nepveu évoque la Mission, celle-ci a perdu sa fonction d’asile pour les malades car tous les dispensaires avaient été transférés en 1769 dans le nouvel Hôpital Général (voir glossaire et Ghislain Coutaud, L’implantation des prêtres de la Mission [Lazaristes] à l’Hôtel-Dieu de Coëffort en 1645, Master 1 sous la dir. de F. Pitou, U. du Maine, 2006, 122 pages).
47 Né en 1713 dans la principale famille de ciriers du Mans, Jacques-Geoffroy Leprince d’Amigné avait été pourvu en 1736 d’une charge de Conseiller au Présidial du Mans, et avait épousé en 1738 la fille du maire de Bonnétable, puis avait subi des revers de fortune. Il résidait en ville dans un hôtel de la rue Saint-Vincent, et à la Roche-Breslay, à Soulitré (20 km à l’ouest du Mans). Il fut l’un des membres fondateurs, nommés par le roi, du Bureau d’Agriculture du Mans en 1761. Son neveu, le mémorialiste Leprince d’Ardenay, en dresse un portrait élogieux : « Ce magistrat respectable et éclairé s’étoit concilié dans son état et dans toutes les places auxquelles la confiance publique l’avoit porté, une estime et une consideration generales, par l’aménité de son caractere et la justesse de son esprit, par la bonté de son cœur et l’étendue de ses talens et de ses connoissances, enfin par l’assemblage heureux des vertus qui caracterisent le vrai philosophe et le bon citoien » (Mémoires, p. 25, 61, 69, 98, 99, 141, 142 et planche XII).
48 Mlle de Flines, devenue Mme de Saint-Mars (voir au 27 août 1776), avait été élevée par Mme de Fondville.
49 Le chanoine s’auto-censure, sans doute par amitié pour les Fondville. Un an et demi plus tard, il évoquera les « torts » de la jeune femme, sans en livrer davantage (voir au 29 janvier 1780).
50 Le changement par rapport à son prédécesseur est manifeste.
51 Exercice : dans le contexte d’un collège, conférence, exposé public, plaidoirie… par lesquels les élèves montrent publiquement les progrès qu’ils ont accomplis et leur maîtrise des savoirs reçus.
52 Pastorale : théoriquement pièce de théâtre ou poème dramatique qui a pour cadre un décor champêtre et pour personnages des bergers. Il peut aussi s’agir ici seulement d’un chant sur des thèmes agrestes exécuté par les élèves en complément de leur exercice. Les Jésuites organisaient chaque année de véritables représentations théâtrales accompagnées de chants et de ballets dansés par les élèves. Chez les Oratoriens, le rapport aux arts du spectacle est empreint de méfiance et les distributions des prix ne sont accompagnées que d’exercices austères. La mention d’une pastorale à l’Oratoire du Mans est en elle-même exceptionnelle, et explicitement due à la présence du nouvel évêque.
53 Le diariste n’y a donc pas assisté, car on peut penser qu’il aurait été capable de jauger au moins les textes et le ton des compliments, même s’il ne se prononce jamais sur le plan musical (voir au 20 janvier 1778, en note). En ce milieu du mois d’août, sans doute résidet-il à la Manouillère.
54 Nommer : être parrain ou marraine (d’un enfant… ou, ici, d’une cloche).
55 La terre de Villaines est située à Louplande à une quinzaine de km au sud-ouest du Mans, et à environ 3 km du village de Chemiré. Le château construit au milieu du XVIIe siècle avait été racheté par le Marquis d’Aux en 1776 : c’est donc tout récent au moment où le chanoine écrit, ce qui explique que le nouveau propriétaire ne connaisse pas encore les usages locaux. Le château existe toujours et est partiellement ouvert à la visite. Ses jardins, potagers en particulier, font actuellement l’objet d’une mise en valeur soignée (Guy Durand et Claude Gache, Jardins de la Sarthe, éditions Transit, 2010, 96 pages).
56 Le Bois de Maquilly : voir au 18 octobre 1774, en note.
57 Athenay : paroisse du château de Bellefille, ce qui explique le choix de la marraine de la cloche.
58 À partir du riche tissu d’une robe donnée par la marraine, le parrain a donc fait fabriquer un ornement d’église par les Visitandines, spécialistes réputées de la broderie en fils précieux.
59 « Depuis ce temps » révèle une nouvelle fois une notation a posteriori : les vendanges n’ont pas été notées au moment où elles se déroulaient.
60 Terre forte : terre argileuse qui colle aux outils, aux charrues.
61 Trône tendu : le mot trône doit ici être entendu dans un sens plus large que le seul siège de l’évêque, il s’agit ici plutôt d’une estrade habillée de tapisseries, de tentures… (voir au 2 avril 1776).
62 Habillé : revêtu des ornements sacerdotaux.
63 Pourtant en mars 1768, le diariste avait noté que c’était un vieux Minime, le père Franclin, qui avait prêché le carême.
64 Le Paige (Dictionnaire, t. II, p. 592-593) estime la cure de Voutré à 680 livres.
65 Remercier prend donc ici le sens de démissionner, refuser de conserver plus longtemps un poste. La nomination des nouveaux grands vicaires datait du 14 juillet précédent.
66 Cette famille de Neveu n’appartient pas à la parentèle du chanoine.
67 Sur Madame Royale : Hélène Becquet, Marie-Thérèse de France, L’orpheline du Temple, Perrin, 2012, 414 pages.
68 Remettre : réconcilier. On devine l’influence déterminante du curé sur sa paroissienne à l’approche de la mort.
69 Le chanoine Nepveu évoque ici un très somptueux luminaire de première classe pour la sépulture de la vieille dame. Les ciriers manceaux étaient alors réputés pour la mise au point du « blanc du Mans », technique de raffinage de la cire d’abeilles dont cierges et bougies étaient composés, qui permettait d’obtenir un blanc translucide d’une grande perfection.
70 Voir au 19 décembre 1778. Le premier enfant du couple royal était né après plus de huit ans de mariage, d’où l’allusion du diariste à l’espérance d’un Dauphin. Cette naissance a déclenché un engouement certain dans le royaume. Dès le 21 décembre, soit le surlendemain des couches, deux divertissements sont représentés sur le théâtre des grands Danseurs du Roi : « L’Heureux jour » et « La Fête des Lys ». Leur texte, imprimé, est très vite en vente au Mans (Les Affiches du Mans, 15 février 1779).
71 Décharge des boîtes : tir de petits mortiers en signe de réjouissance (voir au 1er août 1763, en note).
72 De la symphonie : des instruments de musique.
73 Il s’agit alors de François-Pierre du Cluzel (1734-1783), Intendant de la généralité de Tours de 1766 à sa mort (Béatrice Baumier, Tours entre Lumières et Révolution, Pouvoir municipal et métamorphoses d’une ville [1764-1792], PUR, 2007, 548 pages, p. 134).
74 Gap, où Mgr de Gonssans était précédemment évêque avant de venir au Mans.
75 Le chanoine ne précise pas que Thomas-Jean-Baptiste Emery était considéré comme un curé exemplaire par ses vertus et le secours apporté à ses ouailles (P. Piolin, Histoire de l’Église…, op. cit., t. VI, p. 575).
76 Situé place de l’Éperon, l’hôtel de Broc est sur la limite entre les paroisses de Saint-Benoît et de La Couture (voir plan du Mans). Il est plus flatteur de tourner le dos à la vieille ville aux ruelles étroites et aux maisons à pans de bois, et d’appartenir à la grande paroisse de La Couture, qui regroupe les quartiers les plus actifs et les plus modernes, autour de la place des Halles (voir plan du Mans, fig. n° 10, en 1777).
77 Compte un rien trivial, qui suggère que la réputation de la charmante Émilie de Bongars était peut-être déjà observée par les langues mancelles. Comme elle donnera matière à l’être dans les années suivantes…
78 Le château des Bordeaux : à Amné[-en-Champagne], à 22 km à l’ouest du Mans (voir au 30 avril 1776). Une chapelle de la fin du XVIIe siècle existe encore, située dans les communs du château. C’est là que le jeune chapelain maladif a dû exercer.
79 En deux paragraphes, Nepveu brosse deux portraits contrastés d’ecclésiastiques aux profils de carrière bien différents. Celui de l’abbé Prudhomme est complété par F.-Y. Besnard, qui l’a bien connu car Juillé près de Beaumont-sur-Sarthe, où arrive ici l’abbé Prudhomme, se trouve à une lieue et demie de Nouans, dont Besnard deviendra curé en 1780. Le récit de ce dernier nous plonge au cœur d’un réseau d’hommes éclairés préoccupés de physiocratie. Le curé Prudhomme était passionné par l’élevage des chevaux (Souvenirs d’un nonagénaire, op. cit., p. l72).
80 Élu : officier de finance responsable d’une élection, circonscription fiscale (voir au 12 juin 1761, en note). Bien qu’ayant perdu de leurs attributions au profit de l’intendant et de ses subdélégués, les élus au XVIIIe siècle font toujours partie des notabilités locales des villes de province, la note du chanoine le prouve.
81 Le « séminaire-hôpital » Saint-Charles est installé depuis 1743 dans l’ancien couvent des Filles-Dieu (voir au 19 février 1774). L’abbé de Puch, venu de l’Agenais, y logeait. Sa fortune consistait en une montre à répétition, un miroir et cinq tableaux (AD Sarthe : B 981, 9 février 1779). Ce train de vie modeste contrastait avec la fonction de Grand-Vicaire qu’il avait occupée sous l’épiscopat de Mgr de Grimaldi et surtout avec son rôle de grand ordonnateur du temporel et des fêtes de l’évêque en son château d’Yvré. Là, le prélat recevait en effet de jeunes nobles, des femmes légères, des artistes et quelques chanoines mondains en « habit court ». Bénéficiant de la confiance de son évêque, l’abbé de Puch était aussi chargé d’écarter les porteurs de requêtes, qu’il recevait lors d’audiences publiques le mercredi matin (P. Piolin, Histoire de l’Église…, op. cit., p. 529-530).
82 Créanciers par billets : créanciers détenteurs d’une reconnaissance de dette informelle sous forme d’un billet griffonné à la hâte. Au XVIIIe siècle, en l’absence d’institutions de crédit et de marché financier spécialisé, les échanges reposent sur le crédit interpersonnel (Natacha Coquery, « Les faillites boutiquières sous l’Ancien Régime. Une gestion de l’échec mi-juridique mi-pragmatique [fin XVIIe-fin XVIIIe siècles] », Revue française de gestion, 2008, nos 188-189, p. 341-358).
83 Depuis son arrivée dans son diocèse, l’évêque logeait au séminaire Saint-Charles (voir aux 30 juin et 19 juillet 1778, et au 7 janvier 1779).
84 Lors du carême précédent, le diariste avait déjà mentionné un prédicateur supérieur de son ordre à La Flèche, mais sans mentionner son nom et en le donnant comme Capucin, et non Récollet. C’est une illustration des voisinages qui existaient entre ces deux rameaux franciscains et que souligne Fr. Meyer : « Dans le paysage religieux de l’ancien régime […] les Franciscains récollets restent mal connus […]. L’ombre des Capucins, à la définition très (trop) voisine, les écrase aujourd’hui encore dans l’historiographie, comme elle le fit autrefois dans la société. » Il existait bien un couvent de Récollets à La Flèche, rattaché à la province récollette d’Orléans (Frédéric Meyer, « Pour faire l’histoire des Récollets en France [XVIe-XIXe siècles] », Chrétiens et sociétés XVIe-XXIe siècles, 1995, p. 83-99).
85 Nepveu semble confondre les deux frères, puisqu’il avait mentionné les mêmes nom et surnom pour le prédicateur de l’Avent 1778.
86 Phrase qui est sans doute l’écho de ce qui se murmure dans la société mancelle… Dans la paroisse Saint-Benoît, qui compte environ 1 700 habitants à cette date (AD Sarthe : 111 AC 1550), règne pourtant une certaine « mixité sociale », dont attestent les rôles de taille. Aux artisans des bords de rivière (tanneries…) se mêlent aussi quelques familles aisées (Stéphanie Heitz, Le Mans, entre rivière et muraille : le quartier des Tanneries au XVIIIe siècle, Master 1 et 2, sous la dir. de S. Granger, U. du Maine, 2007, 129 pages, et 2009, 93 pages).
87 Chantrigné, à 80 km au nord-ouest du Mans, près de Lassay[-les-Châteaux], dans le Bas-Maine.
88 Jean-François Erpell, né en 1747 à Coblentz et mort au Mans en 1827 (voir note suivante).
89 Sainte-Croix : paroisse alors située en dehors de la ville, côté est. Gagné par l’urbanisation au cours du XIXe siècle, son territoire a été annexé au Mans en 1855. L’église de Sainte-Croix a été détruite en 1794. Il reste toutefois une trace du curé ici évoqué par Nepveu : l’ancienne « rue du presbytère de Sainte-Croix » a été nommée « rue Erpell », car l’ancien curé avait légué une rente destinée à habiller deux enfants pauvres.
90 François-Joseph Berthelot du Gage était prêtre du diocèse de Saint-Brieuc. Après avoir séjourné au séminaire, comme l’indique le diariste, il louera à vie du chapitre une maison canoniale dite la Maison Peinte, rue du Doyenné (Arch. diocèse Le Mans : dossier abbé Lochet).
91 Avoir la feuille des bénéfices : être chargé de la tenue à jour des listes des bénéfices (voir glossaire). Le protecteur de cet abbé était Mgr de Marbeuf (1734-1799), évêque d’Autun de 1767 à 1788.
92 Question : torture infligée à un accusé pour en obtenir des aveux. La question, très critiquée dans l’opinion éclairée, est de moins en moins employée au cours du XVIIIe siècle.
93 La famille Moloré de Saint-Paul comptait six maîtres de grosses forges dans le Maine et en Normandie et s’était alliée avec plusieurs autres familles exerçant cette activité (Bouteiller, Riffault, Dieuxivoye, Le Peintre…). Elle avait accédé à la noblesse en 1696.
94 La Houltière : maison de maître située à Aigné, paroisse des La Borde, à une dizaine de km au nord du Mans et à une douzaine de la Manouillère. En 1781, Leprince d’Ardenay achetera cette propriété à la veuve de Pierre-Gabriel Renusson de La Borde. Il décrit ainsi sa première résidence de campagne : « composée d’une maison de maitre fort commode, un grand jardin, un parterre avec une pièce d’eau, un petit bosquet de futaie, 24 journaux de taillis, une belle ferme et un bon bordage » (Mémoires, p. 143-144).
95 Messieurs de Beaulieu : les religieux de l’abbaye Notre-Dame de Beaulieu, abbaye augustinienne située paroisse de la Madeleine au Mans, sur la rive droite de la Sarthe.
96 « Le dix mai 1779 est décédé maître François Gourcy clerc tonsuré du diocèse de Tours, officier musicien de leglise cathédralle du Mans âgé de 76 ans ou environ, et le lendemain son corps a été inhumé dans le grand cimetière de cette ville… » (sépultures du chapitre Saint-Julien).
97 Du moins des chanoines de la cathédrale ! En effet, ceux de la collégiale voisine avaient eu un grief contre lui : après avoir chanté six ans au chœur de Saint-Pierre-la-Cour, François Gourcy avait été débauché par le chapitre cathédral peu de jours avant la Saint-Julien 1733. Le registre collégial garde trace du courroux des chanoines lésés : le musicien est accusé d’être parti « sans en faire honnêteté à notre chapitre pour s’engager à celuy de Mrs de St-Julien lesquels l’ont reçu sans nous en avoir prévenus », double inconvenance (AD Sarthe : G 503, 17 janvier 1733).
98 Amende honorable : peine consistant à obliger un condamné à avouer publiquement son crime et à en demander pardon, parfois en place publique et sous la conduite du bourreau, le condamné étant en chemise et à genoux, la corde au cou, une torche de cire allumée à la main. Le poing coupé châtie symboliquement l’instrument par lequel le notaire a commis la faute qui lui est reprochée : sa main tenant la plume. Où l’on voit que la justice des Lumières conserve une part de son héritage médiéval…
99 Nepveu passe encore sous silence le rôle clef de l’abbé de Cabrières dans cette affaire de mœurs, derniers échos de la période Grimaldi (voir au 31 octobre 1768).
100 La Groirie, à Trangé (voir au 14 septembre 1773).
101 Voir au 29 octobre 1778.
102 Mme du Rancher est la sœur du mémorialiste Leprince d’Ardenay. Mariée en 1765, elle résidait avec son époux au château du Rancher à Téloché (17 km du Mans, en direction de Tours). L’une des cinq filles identifiées par le chanoine, Anne-Charlotte, dite Mlle de Biard, deviendra la fille adoptive du couple Leprince qui ne pouvait avoir d’enfant (Mémoires, p. 177-180).
103 Le Greffier : quartier du Mans situé approximativement entre l’actuelle rue du Docteur-Leroy et le Palais des Congrès perché sur la « butte du Greffier » qui domine la Sarthe coulant en contrebas. Le plan du Mans en 1777 montre clairement qu’il s’agissait alors d’une zone non urbanisée, où s’étalent les terres cultivées du bordage du Greffier. Ce dernier sera acheté au tout début de 1789 par un investisseur qui y réalisera très vite ensuite une fructueuse opération d’urbanisme reliant à point nommé le quartier actif de la place des Halles à la nouvelle promenade publique aménagée au cours de l’année 1790 par l’ingénieur Bruyère sur les pentes de la butte du Greffier, justement sur des terrains en partie acquis des Le Boindre (J. Guilleux, « Alexandre-Pierre Leriche de Vandy… », art. cité). Une courte « rue Leboindre » pérennise le souvenir de cette famille sur les pentes du Greffier.
104 C’est l’épilogue final du procès fait à l’organiste Catherine Sevin (voir aux 12 mars, 22 juin et 26 septembre 1776, et au 22 août 1777). L’abbesse décède à son abbaye le 28 août 1779 et est inhumée le même jour « à cause de la putréfaction » dans le chœur de l’église abbatiale, en présence du « très petit » Vicaire général Berthelot du Gage évoqué par le diariste en mars précédent. L’abbesse est dite « âgée de 73 ans environ, ayant 52 ans de profession » (Saint-Corneille, sépultures de la Perrigne).
105 Américain : voir au 11 juillet 1777 (en note).
106 Le chanoine a écrit trop vite et a ensuite biffé cette entrée, ainsi que la suivante. Ces deux colonies avaient été françaises depuis la seconde moitié du XVIIe siècle. Elles avaient été perdues par la France au Traité de Paris (1763) à la suite de la guerre de Sept Ans. Reprises en 1779, elles seront restituées à l’Angleterre au traité de Versailles (1783) qui mettait un terme à la guerre d’indépendance américaine.
107 Le corps des mousquetaires avait été dissout en 1776 par Louis XVI pour des raisons d’économies.
108 Le Mesnil et Mortrie : deux petits châteaux situés à 2 km l’un de l’autre, au sud-ouest de Savigné[-l’Évêque], localité elle-même située à une douzaine de km au nord-ouest du Mans.
109 L’abbaye évoquée par le diariste est celle de Penthemont, située rue de Bellechasse, à Paris [aux numéros 37-39 de ladite rue, aujourd’hui, dans le VIIe arrondissement] (Paul et Marie-Louise Biver, Abbayes, monastères, couvents de femmes, à Paris des origines à la fin du XVIIIe siècle, PUF, 1975, 568 pages). Comme le suggère le chanoine Nepveu, Mlle Courcelle va y exercer la fonction de gouvernante car l’abbaye était aussi une maison d’éducation pour les jeunes nobles. Les jeunes filles de la noblesse provinciale se mettaient parfois ainsi au service des grandes familles aristocratiques.
110 Les lieux évoqués par le chanoine lui sont familiers, car situés comme la Manouillère sur la paroisse de Pruillé-le-Chétif. Antoine-Vincent Barbeu du Bourg avait effectivement acheté en 1772 la terre du Tronchet (bordage, maison de maître et futaie), pour 36 000 livres à la famille Le Vayer.
111 Le 28 novembre 1775, le diariste avait relevé un autre exemple de mariage double, et il concernait justement les sœurs Duhail, dont un frère se marie ici. Sur la famille Garnier, voir au 20 novembre 1775.
112 Cette solide négociante en étamine avait de qui tenir : Hélène-Françoise-Jeanne Véron des Granges était fille de Guillaume Véron, lui-même propre fils de l’inventeur de l’étamine (voir au 18 janvier 1775).
113 Brette[les-Pins] : localité située à une quinzaine de km au sud du Mans. La demeure de Coudereau existe toujours, isolée dans la campagne à 2 km à l’ouest du bourg.
114 Voir aux 28 mai et 25 octobre 1779.
115 C’est-à-dire dans trois des établissements les plus proches de l’hôtel-de-ville et disposant de vastes locaux et de cuisines à l’échelle pour restaurer « tous les soldats ». On remarque l’absence des deux grandes abbayes mancelles (La Couture et Saint-Vincent), qui disposaient pourtant de vastes réfectoires.
116 Faire carillon : faire du bruit, du tapage.
117 En effet, le 20 décembre 1779, les Affiches du Mans consacrent deux pages presque entières à l’arrivée du régiment : « Malgré l’embarras & l’impossibilité même de caserner commodément un Régiment de Dragons au Mans, ses Habitans ont reçu avec plaisir & distinction celui de Monsieur, qui y est venu prendre son quartier d’hiver. » Deux chansons font écho aux efforts des Manceaux : « Dragons, quelle Étappe/Nous trouvons ici !/Quel jus de la Grappe ! Avec quel Rôti !/[…] L’Manceau n’est pas bête/Il scait la fêter. » On saluera la qualité du vers…
118 Marie-Thérèse de Montagnac prend donc la succession de l’abbesse Mme de La Chaume (voir au 28 août 1779). Elle restera abbesse de la Perrigne jusqu’à la Révolution.
119 Depuis près de dix ans, Pierre-Nicolas Bailly de Saint-Mars (1718-1801) était veuf de Marie-Jeanne Le Maignan de La Thébaudière, qu’il avait épousée en 1737. Celle-ci, probablement handicapée car son inventaire comprend une « chaise roulante à quatre roues », s’était éteinte en 1770 au Mans, dans sa confortable maison de la Grande Rue où elle vivait seule avec deux domestiques (AD Sarthe : B 886, 26 avril 1770). Sur la séparation des deux époux (AD Sarthe : 5 F 32-33-34).
120 Tremblevif : aujourd’hui Saint-Viâtre, à 10 km de Lamotte-Beuvron. C’est là qu’étaient nés Mme de Fondville (en 1719) et son frère (en 1718). Quand M. de Saint-Mars se remarie, il a donc 62 ans.
121 Le chanoine diariste avait évoqué le mariage de M. de Saint-Mars fils avec Mlle de Flines (élevée par Mme de Fondville) le 27 août 1776 dans l’église du séminaire Saint-Charles. M. de Saint-Mars fils se serait ensuite révélé « le plus indigne mary qu’il y ait sous le ciel » (voir au 22 juillet 1778).
122 De quel type de dispense s’agit-il ici ? À l’évidence pas d’une dispense pour parenté, étant donné l’origine de la mariée. On peut penser que M. de Saint-Mars avait souhaité une dispense de publication de bans, peut-être dans un souci de discrétion.
123 Le curé de Saint-Mars-la-Brière, qui a célébré ce mariage, écrit sur son registre que « demoiselle Marie Mabileau » a été baptisée à Tremblevif le 7 février 1750, et qu’elle est fille « du sieur Pierre Mabileau et de feüe demoiselle Marie-Jeanne Bouzy », gratifiant ainsi la jeune femme et ses parents d’avant-noms honorifiques. Quoique avec moins d’aisance que son époux, la jeune mariée sait signer : « m. mabillau ». Le curé établit ensuite un acte pour légitimer « demoiselle Adélaïde-Thérèze », baptisée à Saint-Mars le 6 juillet 1778. Dans l’acte de baptême, rien ne disait le nom du père, mais le mot « demoiselle » avait déjà été ajouté en interligne avant celui de la mère. Sept signatures paraphent l’acte, chiffre élevé pour un enfant naturel : il indique que les présents et le prêtre connaissaient parfaitement l’identité du géniteur.
124 Famille de la bourgeoisie anoblie au XVIe siècle, les Richer étaient en effet de condition, ayant occupé des charges importantes dans la magistrature et l’armée. C’est vers 1780 que Philbert-Charles Richer, président au Présidial du Mans, fit remplacer l’ancienne gentilhommière familiale de Neuville (10 km au nord du Mans) par une demeure plus moderne : sobre façade à fronton, baies légèrement cintrées, boiseries moulurées dans les appartements. Au moment où écrit Nepveu, Monthéard est une vaste propriété de plus de deux cents hectares, comportant bois, jardins, promenades et parc d’agrément avec une terrasse surplombant la rivière (Ph. Grégoire, Maisons de maître…, op. cit., p. 80-81).
125 Voir au 11 février 1777.
126 Voir aux 29-30 décembre 1772. La parieuse, Mme Guerrier, née Marie-Françoise-Antoinette de Gast, connaissait bien les protagonistes puisque M. de Saint-Mars avait été le second mari de sa propre mère, Marie-Jeanne Le Maignan de La Thébaudière (sur cette dernière, voir au 29 janvier 1780, en note).
127 Ce pari est un écho concret des bavardages auxquels le remariage de M. de Saint-Mars a dû donner lieu.
128 Voir au 28 octobre 1778, en note.
129 Voir au 10 décembre 1777. Cinq mois plus tard, Montbarrey, ministre de la guerre, doit quitter son poste : en pleine guerre d’Amérique, il est en butte aux critiques de Necker sur l’utilisation des crédits militaires.
130 Milon : château situé à Amné (voir au 3 avril 1775, en note, et fin janvier 1777). Le baron Dumenic mentionné par le chanoine Nepveu, est Jacques-Ferdinand de Duminique, « colonel de Sa Majesté Impériale » et commandant du fort Saint-Pierre de Fribourg.
131 Prévision qui paraît contradictoire avec l’entrée suivante.
132 La maison de M. Leprince : l’hôtel que le cirier Jean-Baptiste-Jacques Leprince avait fait construire en 1760-1761 était situé place des Halles, entre le couvent de la Visitation et une auberge (voir introduction, figure n° 6.1). De style Louis XV, construit sur des plans attribués à tort à Soufflot, en réalité dûs à l’architecte manceau Jean-François Pradel, l’hôtel offrait une majestueuse composition symétrique, axée sur un portail monumental flanqué de deux colonnes et surmonté d’un toit à la Mansart. Leprince d’Ardenay y avait vécu avec sa femme et ses parents jusqu’en 1778. Échu au cadet de la famille, Leprince de Claircigny, il sera pillé par les Vendéens lors de la bataille du Mans, puis vendu en 1794 à Bouteiller de Châteaufort (Mémoires, p. 53-54 et 236-237). Il est occupé ensuite par des banques et l’est à notre époque par le Crédit Lyonnais, qui en cache la façade [au n° 33 place de la République] (Annie Calibre, L’hôtel Leprince ou la matérialisation de la notabilité urbaine, Maîtrise sous la dir. de J.-M. Constant, U. du Maine, 2002, 235 pages).
133 Cette précision du diariste permet de comprendre que la musique du régiment comporte 8 hommes (8 x 6 = 48 livres, soit 2 louis, un louis d’or valant 24 livres).
134 Le maître de musique de la cathédrale est toujours René Lemercier (voir en avril 1773). Ce paragraphe illustre de manière saisissante les manières dont musiques d’Église et musiques militaires peuvent dialoguer, se compléter et finalement s’entremêler au fil des processions et des cérémonies religieuses.
135 Busse : gros tonneau de 220 à 240 litres environ.
136 Il ne faut pas imaginer ce « monde infini » remplissant un espace à l’échelle de la vaste place des Jacobins actuelle. Jusqu’à la Révolution, l’espace disponible entre le mur de ville et les couvents des Jacobins et des Cordeliers se réduisait à un long et étroit mail rectangulaire aménagé à la fin du XVIIe siècle. Ce mail était résolument « piétonnier » depuis 1728, date à laquelle y avaient été installées des bornes reliées par des chaînes pour empêcher le passage des charrettes (Didier Travier, Les Jacobins, Urbanisme et sociabilité au Mans, La Reinette, Le Mans, 2007, 144 pages, p. 19). Au moment où écrit le chanoine, cet étroit mail s’étire de la Salle de Spectacle toute neuve jusqu’aux murs du jardin qui entoure le chevet de la cathédrale. Il est planté de quatre rangs d’ormeaux, auxquels sont accrochés les lampions en ce soir du 4 juin 1780.
137 Cette répartition des orchestres sur « trois endroits de la place » est liée à des nécessités auditives. Au vu de la période, il est probable que le répertoire dansé par « les soldats et le peuple » consiste essentiellement en contredanses, danses sociales aux figures variées organisées en carrés pour huit danseurs.
138 Comprendre : la Ville du Mans avait fait tirer ses mortiers et présenté les honneurs (« le vin ») à Mme de La Châtre par politesse envers son mari.
139 Sur ce cousin, voir au 19 mars 1770, et l’arbre généalogique n° 1.
140 Le diariste parlera plusieurs fois du procès qui opposera ensuite les Le Peletier de Feumusson aux Nepveu.
141 Courcebœufs : localité où les Nepveu possédaient le fief du Buisson (à quelque 20 km au nord du Mans).
142 Neuvillette[-en-Charnie] : localité située à environ 35 km à l’ouest du Mans. Le testament du cousin de Nepveu atteste un désir d’élévation spirituelle des villageois : fonder une rente pour entretenir un vicaire qui viendra assister le curé revient à multiplier par deux l’encadrement ecclésiastique des paroissiens.
143 La critique de l’éducation dispensée dans les couvents est à peine voilée. La fille adoptive de Leprince d’Ardenay sortait elle aussi de la Visitation : « à l’instar de presque toutes les jeunes personnes de son âge, elle ne savoit faire d’autre usage de son talent que de copier servilement les exemples que luy donnoit son maitre » (Mémoires, p. 177-180).
144 Voir au 29 mars 1779.
145 Selon l’un de ses descendants, Belin de Montchâtin aurait en réalité été tué en duel (Raoul de Montesson, Recherches sur la paroisse de Vallon, et principalement sur son histoire féodale, suivies d’un vocabulaire des mots usités dans l’ancien doyenné de ce nom, Le Mans, Gallienne, 1856, 299 pages, p. 243 [Méd. Le Mans : Maine 8* 2310]).
146 Julien Gilouppe s’est effectivement « fait aimer » du chanoine Nepveu, qui en parle à plusieurs reprises dans les années précédentes et suivantes et semble authentiquement l’apprécier (voir introduction).
147 Mlle de Charentais est nièce de Mme de Bellefille (voir au 10 juin 1766).
148 Ce jeune homme plein de talents deviendra dix ans plus tard une figure de la Révolution à Tours. Marchand-fabricant en soie comme son père, très investi dans la communauté de métier, Joseph-Pierre-Sylvain Cartier était par ailleurs franc-maçon (loge de la Concorde écossaise). Colonel de la Garde Nationale à Tours en 1790, puis élu député de l’Assemblée législative le 1er septembre 1791 et président des Amis de la Constitution, il sera un temps emprisonné sous la Terreur (Béatrice Baumier, Tours dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Institutions municipales et gestion urbaine [1764-1792], thèse sous la dir. de Cl. Petitfrère, U. François-Rabelais, Tours, 2004, 5 vol., 1 038 pages, p. 925-926).
149 Le château de Charentais se situe à Saint-Cyr-sur-Loire, en face de Tours, sur la rive droite de la Loire, et à 50 km de Pontlevoy, étape suivante du diariste.
150 Souligné-sous-Vallon : aujourd’hui (et depuis 1935) Souligné-Flacé, à 16 km à l’ouest du Mans.
151 La belle maison de M. le Comte de Valentinois : la résidence du neveu de l’ancien évêque, située place de l’Éperon, c’est-à-dire au pied de la cité fortifiée, à proximité du centre actif de la ville (place des Halles), au voisinage immédiat de l’hôtel de Broc et, à peine plus loin, de celui des Fondville.
152 Les deux sœurs s’étaient mariées le même jour (voir au 19 octobre 1779). Un an plus tard, elles conservent un calendrier commun pour la naissance de leur premier enfant.
153 Sans doute le chanoine n’avait-il pas emporté son Journal en Touraine. Puis son rythme d’écriture a dû être bouleversé par sa fièvre personnelle et par le brutal décès de sa mère. Il a ensuite tenu à noter rétrospectivement plusieurs événements à ses yeux importants, et ce « rattrapage » débute par le décès de Mlle de La Goupillière. On comprend mieux ainsi l’ordre chronologique erratique de ces pages.
154 Il faut comprendre : « entre le 9 et le 15 septembre »… Parmi les faits notés rétrospectivement par le chanoine, il en est dont il n’a pas la date précise.
155 Les Affiches du Maine du 19 février 1781 annoncent la vente des biens de Véron du Verger : nombreux tableaux des meilleurs peintres, beau cabinet d’histoire naturelle, bronzes, marbres, secrétaire et commode en laque, médailles, porcelaines, bibliothèque, gravures, etc.
156 Bourbon : ancien nom de l’île de la Réunion (jusqu’en 1793).
157 La Gracinière est le nom d’un hameau situé à Saint-Mars d’Outillé (22 km au sud du Mans) où Véron du Verger possédait d’importants biens fonciers.
158 Nouvel exemple montrant que le diariste n’a pas toujours un grand souci de rationalité ni d’exactitude : il estime ici que la fille de Véron du Verger restée célibataire est âgée de « 37 ans au moins » ; trois ans plus tôt, en octobre 1777, il écrivait qu’elle était « âgée d’environ 38 ans » ; or elle était née le 24 juillet 1738 (BMS, Le Mans, Saint-Nicolas, 11 septembre 1738, baptême différé par permission de l’évêque). À la mort de son père, elle avait donc 42 ans et trois mois.
159 Quoique altéré par des interventions plus ou moins judicieuses au fil du temps, l’hôtel Véron du Verger, se dresse toujours carrefour de la Sirène, à l’angle des rues de la Barillerie et Marchande. Le mur latéral porte un cartouche sculpté en bas-relief, signé « Chevalier F. » et daté « 1726 », qui a été restauré en 2009. Il représente une sirène surgissant des flots, les seins pudiquement couverts de sa chevelure. À l’arrière-plan vogue un navire, symbole du commerce international pratiqué par Véron, dont les étamines étaient expédiées via l’Espagne vers les Antilles et l’Amérique du Sud (voir fig. n° 46).
160 Le lieu de la Croix : lieu-dit aujourd’hui appelé La Croix-Véron, sur la route qui mène du Mans vers la Chapelle Saint-Aubin, à moins de 4 km de la maison urbaine des Véron. Diverses expériences agronomiques y furent menées : plantations de mûriers, élevage de vers à soie, culture de pommes de terre, labours à raies plates, essai de la charrue de M. des Pommiers (1767), etc.
161 François-Louis Véron du Verger (1695-1780), nommé en 1761 par le roi secrétaire-perpétuel du Bureau du Mans de la Société Royale d’Agriculture, en avait été un animateur infatigable et zélé, participant à 456 séances sur 466 entre 1761 et 1775. Acquis à l’idée que seule l’éducation pourra faire progresser l’humanité, il avait soutenu l’édition d’un manuel d’instruction pour les enfants des campagnes (1764) et la création d’une école de sages-femmes au Mans. Il avait obtenu pour des élèves du Maine des places à l’école vétérinaire de Lyon puis d’Alfort et à l’école de labourage d’Aunel-en-Brie. Il avait élargi les sujets d’étude de la Société aux « arts utiles » et promu divers perfectionnements mécaniques, machine à battre les blés, four à chaux… (B. Hubert, « Les fondateurs du Bureau d’Agriculture… », art. cit.).
162 Hidropuisie : hydropisie (voir aux 9 juin 1761 et 19 mars 1773, en note).
163 Nepveu avait prématurément annoncé le décès de M. d’Hauteville en septembre-octobre 1779.
164 En réalité, Nicole Legris de La Pommeraye est la belle-fille de Jean-Baptiste-Jacques Leprince, dont elle a épousé le plus jeune fils, Julien-Charles Leprince de Claircigny.
165 Il s’agit de la terre de Saint-Victeur (sic) à 6 km de Fresnay, et donc à une quarantaine au nord du Mans.
166 Le Gros Chesnay : château et domaine situés à Fillé[-sur-Sarthe], à environ 15 km au sud du Mans. Aujourd’hui connu des gastronomes car localisation du potager biologique du chef étoilé Alain Passard, ce domaine avait été, dès les années 1770, un lieu de production pionnier de pommes de terre.
167 Comprendre : le père se serait volontiers remarié après son veuvage, au risque de procréer de nouveaux enfants appelés à prendre part à l’héritage familial, rognant de ce fait les perspectives du fils du premier lit.
168 Ernée : ville de l’actuel département de la Mayenne, située à 25 km à l’ouest de la ville de Mayenne, donc une centaine du Mans. Pour Nepveu, c’est déjà la Bretagne.
169 Élu : voir définition aux 12 juin 1761 et 7 février 1779, en note.
170 Mme de La Fosse, née Françoise-Marguerite Rolle, était effectivement « originaire de la Cayenne », et c’est de là qu’elle avait ramené en 1733 un négrillon de trois ans, Philippe, né en 1730 « sur l’habitation de Mournegrande, île de Cayenne » (AD Indre-et-Loire : C 360, 1763 et 1777). Ce « nègre » devenu son cuisinier a pris place dans le Dictionnaire des Gens de couleur dans la France moderne, É. Noël (dir.), Droz, Genève, t. 1, 2011, 578 pages, p. 356.
171 Voir au 21 novembre 1780.
172 Les Daniel de Beauvais avaient considérablement accru leur fortune par diverses activités commerciales et financières. Bien des négociants manceaux avaient ainsi associé négoce et gestion financière. L’inventeur de la notion de « capital productif » n’était-il pas le Manceau Véron de Forbonnais ? La frontière entre négoce, banque, et spéculation est alors bien mince et difficile à évaluer selon Fernand Braudel (Civilisation matérielle, Économie et Capitalisme, XVe-XVIIIe siècles, Les Jeux de l’Échange, Armand-Colin, 1979, 599 pages, p. 297-299). Le diariste semble avoir de ces activités une perception négative. Pourtant, son cousin germain Henry-Daniel Nepveu du Buisson avait investi de grosses sommes dans le commerce entre Cadix et les colonies espagnoles d’Amérique par l’intermédiaire des Sociétés « Sablonière, de Feumusson et Cie » de 1763 à 1772 et « Sahuc, Sablonière et Guilet » entre 1771 et 1775 (AD Sarthe : 28 J 316-317). La finance et la spéculation étaient donc au centre de la plupart des fortunes du Maine et faisaient sans aucun doute l’objet de conversations. Le chanoine Nepveu n’exprime-t-il pas ici, tout simplement, la condamnation de l’usure par l’Église ?
173 Voir au 9 janvier 1776.
174 Coudereau, à Brette[-les-Pins] : voir au 13 novembre 1779.
175 Le domaine des Bois se trouve à Saint-Pierre-sur-Orthe (aujourd’hui en Mayenne), effectivement « à une lieue » au nord-ouest de Sillé[-le-Guillaume].
176 Connée, aujourd’hui Saint-Martin-de-Connée, est situé à environ 3 km des Bois.
177 Sommations : même un futur marié de soixante ans doit en passer par la procédure des sommations respectueuses pour pouvoir se marier sans le consentement de sa mère (voir glossaire).
178 Le on indéfini employé par le diariste désigne probablement l’opinion mancelle éclairée… et rapporte ce qui se dit dans les dîners et les salons fréquentés par le chanoine. On semble y minimiser les différences de moyens et d’âge pourvu que le critère essentiel du sentiment soit là… Les normes du bon mariage avaient changé au sein du peuple comme dans la « noblesse rustique », et la place de l’amour y devenait centrale (A. Fillon, Les trois bagues…, op. cit., p. 107-144). Pour appréhender le processus d’acculturation des valeurs, voir Benoît Hubert, Approche d’un notable manceau au siècle des Lumières, Mémoires de Jean-Baptiste-Henri-Michel Leprince d’Ardenay, thèse sous la dir. d’A. Fillon, U. du Maine, 2006, 2 vol., 659 pages, t. II, p. 441-483.
179 Saint-Cyr-en-Pail : localité située à 80 km au nord-ouest du Mans, que le chanoine positionne par erreur dans une direction diamétralement opposée. Écho de ce qui se raconte à chaud dans la ville, sans vérification ni souci de véracité ? Ou simple lapsus calami du diariste ?
180 Pierre Bienvenu, âgé de 25 ans et scieur de long de son état, croupissait dans les geolles mancelles depuis le 27 août 1780. Il était accusé de vagabondage et de deux vols avec effraction dans la paroisse de Flée (et non Saint-Cyr-en-Pail). Lors de son interrogatoire du 14 décembre 1780, l’accusé déclare être originaire de la paroisse de Nuillé-Pont-Pierre en Touraine et résider ordinairement à Tours, où se trouvait son épouse, alors enceinte de sept mois. La sensiblité du chanoine s’arrête sur une tragédie : un enfant vient au monde alors qu’on exécute son père (AD Sarthe : B 1403).
181 L’étude Martigné était l’une des études notariales les plus actives du Mans. De 1700 à 1831, la famille Martigné fournit plusieurs notaires : Michel, Joseph, Guy-Jean-René, Guy-Jean-François et enfin Adrien. Le minutier, conservé aux archives départementales de la Sarthe en 4E 37, comporte plus de 300 cotes.
182 Le chanoine Georges-Gabriel Louet est réputé pour son éloquence. « Il prononça les oraisons funèbres de Mgr de Vaugiraud (1758) du comte de Brionne (1762) du dauphin fils de Louis XV (1766) et prêcha l’Avent à la cathédrale d’Angers en 1767. Il fut envoyé en députation à Versailles en 1764, nommé chanoine maître-école en 1766 » (C. Port, Dictionnaire…, t. II, p. 386).
183 Commis : le mot, très général, peut désigner des employés de niveaux divers, et plus particulièrement ceux de la Ferme générale et de la régie des domaines et des aides. Ici, il s’agit probablement d’une sorte de « fondé de pouvoir » du receveur des Tailles qu’est M. de Fondville, à coup sûr d’un homme de confiance, ce qui lui confère le privilège d’intégrer le Journal du chanoine.
184 Le diariste est ici mal informé. La marraine est en réalité la belle-mère de l’accouchée.
185 L’église Saint-Hilaire : entre la rivière et la muraille romaine, à proximité des escaliers de la grande poterne, un restaurant portant aujourd’hui le nom de « Parvis Saint-Hilaire » évoque la placette située devant l’ancienne église paroissiale Saint-Hilaire, laquelle se dressait approximativement à cet emplacement (jusqu’à sa destruction durant la Révolution).
186 Le Greffier : voir au 7 août 1779, en note.
187 A eu l’eau : a été ondoyé (voir glossaire).
188 Boëssé-le-Sec : à 35 km au nord-est du Mans.
189 Le diariste évoque ici le fameux abbé Janvier, précieux aux historiens pour avoir dressé et publié une carte du diocèse du Mans en 1772 et surtout un plan du Mans en 1777. René-André Janvier avait, par ailleurs, été un très actif curé de Changé, près du Mans, de 1772 à son départ pour Noyon en 1778, faisant exécuter de grands travaux pour agrandir et surélever l’église du village (http://www.ville-change.fr/commune-histoire.php/, site fondé sur les recherches historiques de Françoise Lambert).
190 Manquer à : trahir, faire défection, ne pas faire ce qu’on doit à l’égard de quelqu’un.
191 Cette rapide permutation a permis à l’abbé de Villedon de rejoindre son ami Grimaldi à Noyon dès 1778. Trois ans suffisent pour que soit publié un opuscule dénonçant les abus nés là-bas de leur association : Mémoire pour les doyens, chanoines et chapitre de l’église cathédrale de Noyons, contre M. de Grimaldi, des princes de Monaco, évêque… etc., et encore contre les sieurs Duchesne, Brisemontier, Villedon et autres, Paris, Simon, 1781, 72 pages (Méd. Le Mans : Maine 563).
192 Deux légères erreurs du diariste, qui n’a manifestement pas l’acte de baptême sous les yeux au moment où il rédige son entrée : le nouveau chanoine a pour prénoms Julien-Jean-Jacques, et il est né le 18 novembre 1725.
193 Commis chez M. de Fondville : voir ci-dessus en mars 1781. Le diariste parle ici d’un autre commis, frère du nouveau chanoine Fay.
194 Nommer : dans le langage courant, baptiser, parrainer. S’agissant ici d’une cloche neuve, il s’agit à la fois de la bénir (c’est l’évêque en personne qui s’en charge) et de lui donner effectivement un nom : Pierre-Marie.
195 Bien que la cloche soit paroissiale, elle est parrainée par le chapitre collégial en corps, « représenté par Messire Charles-Jean Chesneau de La Drouerie, doyen d’icelui », paroisse et collégiale partageant le même édifice cultuel. Quant à la marraine, il s’agit de Marie-Françoise Le Rouge, la veuve de Samson de Lorchère, ancien Lieutenant général de la Sénéchaussée et ancien Maire perpétuel du Mans. Si le diariste a assisté à la cérémonie, aucune trace n’en apparaît parmi les vingt signatures qui paraphent l’acte (BMS, Le Mans, Saint-Pierre-la-Cour, 8 mai 1781).
196 Une garde : quelques gens d’armes pour maintenir l’ordre. C’est l’unique allusion indiquant que cette cérémonie a été publique, et a peut-être même attiré une foule assez dense pour que les autorités redoutent bousculades ou désordres. Le récit du diariste se limite étroitement aux personnalités impliquées et aux présents échangés.
197 Voir aussi au 14 juin 1782. La famille du défunt possédait le château de Boisdeffre à Bérus dans le Saosnois (à 55 km au nord du Mans, aux portes d’Alençon). Louis-René Le Mouton de Boisdeffre (1744-1814) est le grand-père du Général Raoul de Boisdeffre, qui sera chef d’état-major de l’armée au moment de l’affaire Dreyfus.
198 Il y est péry plusieurs personnes : le registre paroissial du Grand-Lucé mentionne l’inhumation, le 3 juin 1781, de six personnes « décédées d’hier », dont quatre de la famille de l’apothicaire Thibaudin. Par ailleurs le registre initial de l’année 1781 ayant lui aussi brûlé, les actes antérieurs au 2 juin 1781 ont été reconstitués a posteriori sur la foi des déclarations sur l’honneur des paroissiens. Cette tragédie est restée peu étudiée (Victor Alouis et Ambroise Ledru, Les Coesmes seigneurs de Lucé et de Pruillé, Mamers, Fleury et Dangin, 4 volumes, 1888, vol. IV, chap. III, p. 24-37).
199 L’information du diariste est exacte en ce qui concerne le niveau du secours voté par le chapitre de la collégiale Saint-Pierre, « étant informé de l’incendie qui, le 2 de ce mois, a réduit en cendres toutes les halles, la charpente de la tour de l’église de la ville du Grand Lucé dont il ne subsiste plus que 18 maisons… » (AD Sarthe : G 512, 11 juin 1781). Les événements sont largement relatés par les Affiches du Mans des 11 et 18 juin. Le n° du 25 juin confirme le secours de 1 200 livres versé par le chapitre cathédral.
200 Ce défunt si brièvement mentionné par le diariste n’est autre que André-René Le Paige qui avait publié quatre ans auparavant un Dictionnaire topographique, historique, généalogique et bibliographique de la province et du diocèse du Maine, toujours utile, avec des précautions, aux chercheurs qui travaillent sur le Maine. Nepveu assiste à sa sépulture et signe le registre.
201 Le Paige avait effectivement été curé de Chemiré de 1730 à 1755. Étienne de Monceaux était propriétaire de La Sauvagère depuis 1755. La chapelle du château était remarquable par la décoration armoriée de sa voûte (XVIIe siècle).
202 Comme le suggère le diariste, les revenus du défunt lui permettaient de jouir d’un intérieur confortable, sans plus : trois bergères, une table à pieds de biche, une commode, un lit à couronne (lit avec un ciel de lit rond ou ovale qui rappelle une couronne)… Françoise Angeard, désignée comme « sa domestique et sa nièce », prenait soin du chanoine Leleu et de son oncle (AD Sarthe : B 1048, juillet 1781).
203 Les Bastard de Fontenay vivaient depuis leur mariage dans l’hôtel de M. de Monthéard, paroisse de la Couture. L’apport au mariage de la défunte avait été de 12 000 livres et à son décès l’avoir de la communauté conjugale montait à 24 476 livres en meubles, effets, argenterie et dettes actives (AD Sarthe : 4E 37/801, étude Martigné, 7 mai 1782).
204 La Chevalerie au Perche : à Armentières [aujourd’hui sur-Avre] aux confins du Perche, près de Verneuil-sur-Avre [Eure]. Le vieux chanoine honoraire fut inhumé dans le cimetière de sa paroisse le 21 août 1781. Quoique membre du Bureau d’Agriculture du Mans, le chanoine de La Briffe-Ponsan ne semble pas avoir mené d’expérimentation sur ses terres : en tout cas il était peu assidu aux séances et ne laisse aucun ouvrage ni mémoire.
205 Le diariste semble avoir été frappé par la force de cette « inclination » puisque cela fait la 3e fois qu’il l’évoque (voir « dans le courant d’avril 1774 » et au 23 février 1778).
206 Jean-Baptiste-Jacques Leprince (1710-1782) avait été le principal artisan de l’élévation sociale de sa famille, élévation consacrée par l’achat d’une charge de secrétaire du roi qui lui apportait la noblesse. Chacun de ses cinq enfants avait été doté de 50 000 livres. Ces indicateurs de la réussite lui coutèrent au total une véritable fortune de plus de 500 000 livres (B. Hubert, « Un manufacturier manceau au siècle des Lumières : Leprince d’Ardenay et sa fortune », Fortunes Urbaines…, op. cit., L. Bourquin et Ph. Hamon [dir.], p. 191-211).
207 Le cirier avait quitté la vieille demeure familiale de la Grande-Rue pour la « belle maison » évoquée par Nepveu, place des Halles en 1761. La terre et le château d’Ardenay avaient été acquis en 1767. Son fils en l’évoquant énumère les qualités d’un notable estimé et exemplaire : « un parent parfaitement bon, un amy excellent, un Negociant habile, un juge integre, un maitre doux et humain, un protecteur zelé, un appuy scur dans les affaires épineuses, dans l’infortune et les revers et un vrai pere des pauvres au soulagement desquels il consacroit tous les ans des sommes considerables » (Mémoires, p. 157-162).
208 Juigné : aujourd’hui Juigné-sur-Sarthe, près de Sablé. Voir aussi au 11 février 1782.
209 Vollier : treillage disposé le long d’un mur, sur lequel court une vigne.
210 Présentée : à la cour.
211 Aujourd’hui Clermont-Créans.
212 Comprendre : la dignité de chanoine scholastique (voir introduction et glossaire).
213 Faire démission de son bien : acte notarié par lequel un vieillard lègue ses biens en échange d’une prise en charge et de son entretien jusqu’à son décès.
214 Louis-Joseph-Xavier-François de France est le Dauphin tant attendu après onze ans de mariage. Le chanoine avait évoqué cet espoir d’une descendance royale masculine le 3 janvier 1779.
215 Les Boisjourdan étaient de Bouère (Bas-Maine) près de Sablé et non de La Flèche comme l’écrit le diariste. M. de Boisjourdan était un agronome passionné et novateur, membre associé en 1768 au Bureau d’Agriculture du Mans. Il est l’auteur de 7 ouvrages.
216 Le berceau de la famille Jaret de La Mairie était la paroisse de Braye-sur-Maulne en Touraine (à 15 km au sud-est du Lude).
217 Comprendre : non compris ce que peuvent rapporter les distributions de la confrérie Saint-Michel (voir glossaire aux mots distributions et frairie).
218 Selon la rumeur, répercutée par Dom Piolin (Histoire de l’Église du Mans …, op. cit., t. VI, p. 564), l’avarice aurait été un trait marquant de la personnalité de l’évêque Jouffroy-Gonssans.
219 Si je ne me trompe : le diariste a raison de douter, car M. de Fontenay fils était en réalité capitaine au régiment d’Aubigny.
220 Résidant à Montreuil-le-Henri [37 km au sud-est du Mans], M. de Fontenay père était un des principaux piliers du Bureau d’Agriculture, dont il fut Directeur en 1766. Il y associa son fils la même année. Parmi ses initiatives développées dans sa région du Grand-Lucé, on peut relever qu’il fut le premier seigneur du Maine à organiser un concours annuel d’agriculture et à récompenser ses paysans par du bétail ou du matériel agricole (B. Hubert, « Les fondateurs du Bureau d’Agriculture… », art. cité).
221 Auton : Authon-du-Perche, à 20 km à l’est de La Ferté-Bernard.
222 Installée dans le Perche au XVIe siècle, la famille Robethon était alors calviniste. Un de ses membres avait été médecin de Henri III puis de Marguerite de Valois. Ils furent anoblis en 1703 (voir en janvier 1783).
223 En fait : le 29 janvier 1782. Nepveu ignore la date de ce mariage et l’a enregistré sur l’année 1781, avant d’écrire son titre « Année 1782 », laquelle année était donc déjà commencée depuis plus d’un mois. Ce qui prouve une fois de plus la discontinuité de son écriture et le flou de certaines de ses informations, glanées au fil des conversations, donc sujettes à toutes les déformations propres à la transmission orale.
224 Le diariste semble reprocher au Lieutenant de l’Élection de n’avoir pas assez insisté sur l’appartenance du chanoine Belin à « l’insigne et noble compagnie capitulaire ». L’annonce publiée par les Affiches du Maine le 11 février 1782 est plus équilibrée : « Messire Louis-François Belin, Prêtre, chanoine et Archidiacre de l’Église du Mans, ancien administrateur des Hôpitaux de ladite ville, associé étranger de l’Académie des Sciences d’Angers, Membre de la Société Royale d’Agriculture au Bureau du Mans, est mort en cette ville le 1er de ce mois. » Cela a-t-il mieux convenu au chanoine Nepveu ?
225 À défaut de cette feuille à la louange de l’abbé Belin, on pourra consulter à la médiathèque du Mans le Catalogue des livres du cabinet de feu M. l’abbé Belin, archidiacre du Mans, imprimé chez Pivron au Mans en 1782 [Maine 8* 2438].
226 L’acte de baptême semble de la main même du parrain : « je soussigné Messire René Pierre Nepveu de La Manouillère chanoine de l’église du Mans ai batisé… » (BMS, Le Mans, Saint-Vincent).
227 L’abbé Duperrier du Mourier et son confrère l’abbé Desportes de Linières seront trois ans plus tard des disciples du célèbre abbé de l’Épée (1712-1789), précurseur de l’enseignement spécialisé dispensé aux sourds. Ils feront partie d’un groupe de douze « instituteurs des sourds et muets », formés après la sortie de l’ouvrage La véritable manière d’instruire les sourds et muets de naissance confirmée par une longue expérience, Paris, Nyon l’aîné, 1784, 154 pages (voir Les Affiches du Maine, 3 janvier 1785).
228 La terre de la Barre est située comme l’indique le chanoine quelques lignes plus bas « paroisse de Juigné » [Juigné-sur-Sarthe aujourd’hui], près de Sablé, soit à environ 45 km du Mans. C’est sans doute ce qui explique que la plume du diariste n’ait noté ce décès qu’après avoir rédigé les deux entrées précédentes qui concernent, elles, l’actualité immédiate du chanoine. Voir aussi son Journal à la fin de septembre 1781.
229 Hommagé : tenu en hommage, terme du vocabulaire féodal désignant la promesse de fidélité et de devoirs faite au seigneur par son vassal. Il s’agirait donc de rentes assises sur des terres sujettes à hommage.
230 Plusieurs épisodes ont troublé les relations entre l’évêque, les curés et les chanoines. Ce qui est ici relaté par le chanoine en fait partie. Les curés manceaux souhaitent une représentation plus large à la chambre ecclésiastique et la nomination des deux chanoines contrarie cette perspective.
231 Le défunt, Armand-René-François Hardouin de La Girouardière, était né en juillet 1743.
232 La Freslonnière : voir au 29 juillet 1772.
233 Le domaine de Moulines est situé sur la commune de Cheviré-le-Rouge [Maine-et-Loire].
234 Le 1er avril, Les Affiches du Mans publiaient une annonce proposant des places sur des gradins érigés pour voir ce feu d’artifice.
235 Cela n’eut pas de suite : probablement faut-il entendre : cela n’occasionna pas d’incendie dans la ville… Mais ce n’est pas un incident anodin, il y a tout de même un mort et des blessés.
236 Ces prix, sans doute gradués selon le confort de vision offert aux spectateurs, représentent entre une demi-journée et un jour et demi de travail pour un artisan urbain. Si l’on imagine une sortie familiale, avec femme et enfants, cela pourrait mobiliser près d’une semaine de salaire. Il ne s’agit donc pas exactement d’un spectacle populaire. À titre de comparaison, la dépense est du même ordre pour entrer au bal en période de Carnaval : de 12 à 30 sols pour un bal de jour, 30 sols souvent pour un bal de nuit (S. Granger, « Le Bal dans les villes de province… », art. cité, p. 74).
237 L’auberge Saint-Louis, fondée en 1671, était située au bas de la place des Halles.
238 Sur la situation de la maison du chanoine Nepveu : voir introduction.
239 Intéressante notation qui éclaire les loisirs parfois offerts aux huit garçons de la psallette. Ils sont venus voir le feu d’artifice sous la houlette de deux chanoines, dont Urbain-Henri Delélée que Nepveu avait examiné « sur la lecture et sur le chant » lorsqu’il avait été reçu sous-chantre (voir au 17 juillet 1780).
240 Fricandeau : tranche de veau avec des morceaux de lard.
241 Une douzaine de contredanses : classiquement, chaque contredanse comporte un enchaînement spécifique de figures, qui la caractérise et en fait l’unicité, alternant avec des « entrées », au nombre de huit, qui se retrouvent, elles, dans toutes les contredanses du temps (tours de mains, moulins, rondes…). Ponctué de ces huit entrées et clos par la reprise finale de la première (le « grand rond »), l’enchainement original est donc exécuté neuf fois. Il n’est pas étonnant qu’il ait fallu près de deux heures aux invités du chanoine pour danser « une douzaine de contredanses ». Chaque contredanse est exécutée par huit danseurs, quatre cavaliers et quatre dames. Le logement du chanoine était-il assez spacieux pour permettre à plusieurs quadrilles de huit danseurs d’évoluer en même temps ? On peut en douter, d’autant que l’espace était déjà largement occupé par les assistants, même si certains des soixante-dix convives s’étaient sans doute retirés bien avant une heure du matin. Sur l’histoire de la contredanse, l’ouvrage fondamental est celui de Jean-Michel Guilcher, La Contredanse, Un Tournant dans l’histoire française de la danse, Bruxelles, Éditions Complexe/Centre National de la Danse, 2003 [1969], 238 pages.
242 Auvours, à Yvré[-l’Évêque] : château situé dans la campagne à mi-chemin entre les villages d’Yvré et de Champagné, à environ 8 km à l’est du Mans.
243 Faire le mariage : l’évêque François-Gaspard de Jouffroy-Gonssans a célébré le mariage, dans la chapelle du château d’Auvours (BMS, Yvré-l’Évêque, 15 avril 1782).
244 Chêne-de-Cœur : le château des Vanssay (voir au 30 janvier 1781).
245 La note du chanoine n’est peut-être pas innocente. On peut imaginer qu’il avait entendu parler du Genevois Ballexserd, qui, vingt ans auparavant, avait expliqué que le lait animal véhiculait les dispositions propres à chaque espèce. Ainsi préconisait-il le lait de chèvre aux enfants du nord de l’Allemagne pour leur conférer gaieté et vivacité « car on sait que la chèvre est folle et badine, qu’elle aime sauter et à gambader ». Inversement, il prônait le lait de vache aux peuples latins pour les rendre plus forts et moins frivoles (Jacques Ballexserd, Dissertation sur l’éducation physique des enfans, depuis leur naissance jusqu’à l’âge de puberté, Vallat-La-Chapelle, 1762, 238 pages).
246 Jean-François Lesueur (1760-1837) est l’un des rares musiciens ayant exercé au Mans qui ait aujourd’hui place dans les histoires officielles de la musique. Lorsque le chapitre manceau le recrute, c’est un jeune homme de 22 ans et sa carrière ne fait que commencer : après avoir été formé dans les maîtrises d’Abbeville puis d’Amiens, il a brièvement été maître de musique de la cathédrale de Sées, puis de celle de Dijon. Le Mans est donc déjà son troisième poste, dans lequel il ne restera pas plus longtemps (voir le Journal de Nepveu à Pâques 1783). C’est à Paris, sous l’Empire et la Restauration que Lesueur rencontrera le succès et la célébrité (Jean Mongrédien, Jean-François Le Sueur, contribution à l’étude d’un demi-siècle de musique française [1780-1830], Berne, Peter Lang, 1980, 1 204 pages).
247 La notation du diariste révèle la notoriété dont jouissait alors l’abbé Roze, jusque dans les provinces. Nicolas Roze (1745-1819) est un Bourguignon, d’abord en poste à Beaune puis à Angers, dont la carrière a rencontré le succès mondain à partir de sa nomination aux Saints-Innocents à Paris, à Pâques 1775.
248 Le nouvel itinéraire tourne le dos à la vieille cité et se déploie pour l’essentiel dans les quartiers qui environnent la place des Halles, cœur actif et plus récent du Mans.
249 Tendre : étendre des tapisseries, tentures, décorations aux balcons et fenêtres…
250 Voir au 17 mai 1781.
251 Maladie de langueur : sorte d’abattement physique et moral causé par les fatigues de l’esprit, par les peines de l’âme, et principalement, dit-on, par celles qui viennent de l’amour.
252 Ce jeune clerc « très bon sujet » fera effectivement carrière. Aumônier de Monsieur en 1815, il sera nommé évêque de Mende en 1817 puis d’Évreux en 1822. Il sera fait Pair de France en 1824 (Chevalier de Courcelles, Histoire Généalogique et Héraldique des Pairs de France, t. VIII, Paris, 1827, p. 237).
253 Savigné-sur-Braye est situé à presque 10 km au sud-est de Saint-Calais. Le père du jeune chanoine était un agronome réputé. Élu membre associé dès 1761 au Bureau d’Agriculture du Mans, il laisse 12 ouvrages ou communications dans les archives de la Société.
254 En fait depuis le 12 mai, les chiffres 1 et 2 sont ici inversés. Ce maître est Jean-François Lesueur.
255 Le diariste donne ici une preuve saisissante de l’ambition musicale du jeune Lesueur (les musiciens actuellement en poste au Mans ne suffisent pas pour « rendre sa musique »), et de l’emprise qu’il exerce sur ses nouveaux employeurs. Pour le satisfaire, ceux-ci sont capables d’opérer en quinze jours trois recrutements de musiciens qu’ils font venir ou qu’ils « arrêtent », c’est-à-dire qu’ils retiennent au passage. Ce terme peut d’ailleurs indiquer que des musiciens ont fait le voyage du Mans pour présenter ce qu’on appellerait aujourd’hui une « candidature spontanée ». Au sein des réseaux musicaux, les nouvelles circulent vite et il devait se savoir que Lesueur exigeait des voix neuves à la cathédrale du Mans.
256 Il s’agit de Jean Barillet, Parisien qui arrive alors de la cathédrale de Blois (Arch. diocèse Blois : 1 H, reg. capitulaire 1776-1790, p. 13, dépouillement Christophe Maillard). Le diariste le dit « jeune » : né le 9 novembre 1754, à Ivry-sur-Seine, Jean Barillet allait avoir 28 ans.
257 Il s’agit probablement de Guillaume Couriot, dont le service à la cathédrale du Mans a commencé au cours de l’année 1782, si l’on en croit l’avis du Directoire examinant son dossier en 1791 (AD Sarthe : L 568). Né à Brûlon en 1761, il avait été enfant de chœur à la psallette de la cathédrale jusqu’au début de 1780.
258 Ce chanteur n’a pas pu être formellement identifié. La voix de taille étant la plus utilisée dans les pièces liturgiques, les chantres tailles sont nombreux dans les chœurs anciens.
259 Ce nouveau serpentiste se nomme Antoine-Firmin Durand. Né en 1742 à Amiens, où il a été formé et a commencé sa carrière, il joue également du basson (AD Sarthe : L 39 et L 568). Il remplace le vieux Pierre Élie, né à Sées en 1715 et qui jouait du serpent au Mans depuis 1745, à la collégiale d’abord, puis à la cathédrale. Pierre Élie disparaîtra le 2 mai 1784, moins de deux ans après sa mise à la retraite du chœur.
260 Ganse et olive : cordonnet de fibre tressée (soie, or, argent…) replié et cousu sur lui-même, qui sert à attacher un bouton, ici un bouton en forme d’olive.
261 Monsieur : le Comte de Provence, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII, prince apanagiste du Maine. Celui-ci avait autorisé les chanoines de Saint-Pierre à imiter ceux de la cathédrale en adoptant la mozette et le rochet, « et bien appuyés en cour, ils laissèrent l’évêque et le chapitre de Saint-Julien protester tant qu’ils voulurent contre cette innovation » (P. Piolin, Histoire de l’Église…, op. cit., t. VI, p. 569).
262 Les chanoines de la collégiale ont convoqué leur notaire afin qu’il puisse sur le vif dresser un procès-verbal de l’incident attendu.
263 Les Perrays : château déjà plusieurs fois mentionné par Nepveu, appartenant à la famille de Broc et situé à Parigné-le-Pôlin, à 20 km au sud de la cathédrale du Mans et 18 à l’est de Malicorne, deuxième halte du prélat. Sablé, sa troisième escale, est ensuite à 20 km à l’ouest de Malicorne. L’itinéraire de l’évêque a été organisé de façon à ce que chacune des trois étapes ait une longueur équivalente.
264 Le chanoine Nepveu boycotte le chapitre : est-ce pour marquer sa désapprobation envers le temps gaspillé et la mesquinerie de cette guerre picrocholine, ou est-ce simplement pour imiter l’attitude de l’évêque qui a choisi l’abstention face à ce nouvel épisode de la rivalité séculaire entre les deux chapitres manceaux ?
265 Solution de compromis entre l’allaitement maternel et la mise en nourrice à l’extérieur, des dames de la noblesse éclairée choisissent ainsi de faire allaiter leur enfant par une nourrice hébergée au foyer parental même, ce qui favorise à la fois une meilleure surveillance et une plus grande proximité avec l’enfant.
266 Leprince d’Ardenay raconte (Mémoires, p. 157-162) que sa mère, Marie Desportes, n’a pu surmonter le chagrin lié à la disparition de son très cher époux, moins d’un an auparavant (voir au 18 septembre 1781). Deux des frères Leprince, Beaufond et Malessard, qui tenaient le magasin de bougie de Paris, n’avaient pas d’activité bancaire à proprement parler comme l’affirme ici le diariste mais avaient créé une société de commerce (« frères Leprince, Bouverot et compagnie »), qui fonctionna de 1762 à 1772 (B. Hubert, Approche d’un notable manceau …, op. cit., t. II, p. 362-365 et annexes 4, 5 et 6, p. 496-499).
267 Le diariste semble flou sur cette famille Raison. Il contredit ici ce qu’il avait écrit en novembre 1780 : c’était le nouvel époux de Marie Dagues qui était président du Grenier à Sel, ce que confirme le registre paroissial (BMS, Le Mans, Saint-Pavin-de-la-Cité, 28 novembre 1780).
268 Trois jours après la notation du chanoine, Les Affiches du Maine annoncent que « Me Michel-Patrice Vétillard, Docteur en Médecine, et de l’apanage de Monsieur, Membre du Bureau d’Agriculture de cette ville, est mort en sa maison, Paroisse de S. Pierre-le-réitéré, le 18 de ce mois » (23 septembre 1782). La semaine suivante, une épitaphe est publiée (Affiches, 30 septembre 1782).
269 Comprendre : l’évêque a conféré le sacrement de l’ordre à de nombreux impétrants, qui ont pour certains été ordonnés prêtres, pour d’autres sous-diacres ou diacres, tel le chanoine nouveau dont il est ici question.
270 Stalles hautes : dans le chœur des cathédrales et des collégiales, existent deux rangées de stalles ou de sièges, installées sur deux niveaux différents (voir glossaire).
271 Assemblée du clergé : voir glossaire.
272 La guerre contre les Anglois : la guerre d’indépendance des États-Unis (1775-1783), qui après la victoire de Yorktown (19 octobre 1781) et celle de l’amiral de Grasse à Saint-Kitts (25 janvier 1782) approche de sa fin. Les préliminaires de paix engagés aboutiront avec le traité de Versailles le 3 septembre 1783. Le diariste n’en fait pas écho : aucun signe de fierté ni de soulagement n’est manifesté, aucun Te Deum à la cathédrale n’est mentionné. Seuls apparaissent la pression fiscale et un gouffre financier de plus de trois milliards de livres, lourd de conséquences devant l’histoire…
273 Pays d’état : provinces ayant conservé des assemblées représentatives, les États provinciaux. Il s’agit en général de provinces rattachées tardivement au royaume (Bourgogne, Bretagne, Languedoc, Provence).
274 Monpertuis : le logis et domaine de Maupertuis étaient situés entre la route de Paris (actuelle avenue Bollée) et la rue de l’Éventail, paroisse de Sainte-Croix. Le 29 avril 1775, le cirier Charles Orry avait loué à vie en échange du versement de la somme de 18 000 #, l’enclos de Maupertuis à Anne-Charlotte Le Conte de Souvré, originaire de Conlie (AD Sarthe : 2F 15).
275 Lui appartenir : le mot s’emploie en général pour indiquer un lien de sujétion (« ce laquais vous appartient ») ou de parenté (« il appartient aux plus grands seigneurs du royaume »). On peut penser qu’ici le chanoine veut simplement indiquer qu’il fréquentait le salon de madame de Souvré, qu’il appartenait à son cercle de réception, de sociabilité.
276 Nepveu est bien renseigné : Étienne-Claude-François Jannart, né et baptisé en 1744 à Laval, a été reçu au Bureau des finances de Tours le 23 décembre 1778. Il restera en charge jusqu’en 1790 (François Caillou, Une administration royale d’Ancien Régime : le Bureau des finances de la généralité de Tours [1577-1790], thèse sous la dir. de C. Petitfrère, U. de Tours, 2002, 1 228 pages, p. 1 071, notice 127).
277 Charbon de terre : houille purifiée ou coke, ainsi nommé par référence au charbon de bois. En Angleterre, la Révolution industrielle généralise l’utilisation du coke. L’invention de la machine à vapeur est déterminante car seul le charbon, à l’époque, est capable de fournir assez de chaleur pour produire de la vapeur. En France aussi, l’enjeu économique est perçu. Les scientifiques se mettent au travail. Jean-Étienne Guettard et Antoine-Laurent Lavoisier rédigent leurs observations effectuées dix ans plus tôt : « Description de deux mines de charbon de terre, situées au pied des montagnes de Vosges, l’une en Franche-Comté, l’autre en Alsace, avec quelques expériences sur le charbon qu’on en tire [1777, Mémoire de l’Académie des Sciences de Paris]. »
278 Gens à système : au vu du contexte, on peut comprendre que le chanoine emploie la formule dans un sens péjoratif, pour évoquer des arrangements ou des combinaisons ayant tendance à négliger une juste appréciation de la réalité, notamment dans le domaine financier (on parle du système de Law).
279 La famille Courcelles était installée dans le Maine depuis le XVIIe siècle. Le père du défunt avait tenu des forges dans le Maine et ses alentours immédiats. Mathurin-Charles, après avoir travaillé avec son père, partit aux forges de Valençay dans le Berry. Plaque tournante de l’exploitation du charbon à destination des ports militaires, Nevers avait attiré et ruiné le maître de forges manceau.
280 Sic. Lire : pour la seconde fois.
281 Le diariste ne donne pas la date du décès. Le 7 octobre, Les Affiches du Maine signalent l’événement et le datent du 22 septembre 1782. Nepveu aurait donc tardé plus d’un mois avant de l’inscrire dans son Journal.
282 Brûlon : située à environ 37 km à l’ouest du Mans, cette localité comptait alors un millier d’habitants, dont Claude Chappe, futur inventeur du télégraphe, qui y était né vingt ans avant (1763). Mareil [aujourd’hui dit en-Champagne] se trouve à 7 km à l’est de Brûlon.
283 Par ce mariage avec Julie-Catherine Godard d’Assé, le défunt se trouvait donc beau-frère par alliance du négociant en cire Leprince d’Ardenay (voir au 17 décembre 1770).
284 Chevalier de Saint-Georges : M. de Sagey appartenait à l’ordre sacré et militaire constantinien de Saint-Georges. Suspendu à un ruban de soie bleu ciel, l’insigne de l’ordre que portait le père du nouveau chanoine consiste en une croix grecque rouge à quatre branches, fleurdelisées et passementées d’or, avec au centre, en or, le chrisme, et les lettres grecques alpha et oméga.
285 Dévolutable : terme de droit canon, concernant un bénéfice ecclésiastique réputé vacant par incapacité de celui à qui il avait été d’abord attribué.
286 Onction : dans cette acception, le mot désigne ce qui dans un discours, ou comme ici un sermon, touche le cœur et porte à la dévotion.
287 René Lemercier était déjà titulaire d’une chapelle qui lui ouvrait les distributions du bas-chœur de Saint-Michel (voir glossaire). En lui conférant cette chapelle supplémentaire, et les revenus afférents, le chapitre veut sans doute compenser le mauvais tour qu’il a joué à son ancien maître de musique en le rétrogradant à un rang de musicien ordinaire, et en recrutant comme maître le jeune Lesueur (voir au 12 mai 1782).
288 Le nom de la jeune épouse, Alexandrine Ponte de Nieul, n’est pas revenu à la mémoire du diariste. Le marquis de Vennevelles est capitaine au régiment d’Orléans-cavalerie.
289 Cordon rouge : ruban moiré couleur feu, auquel est attachée la croix de commandeur de l’ordre de Saint-Louis.
290 Mgr de Jouffroy-Gonssans réclamait à son prédécesseur un dédommagement de 80 000 # pour des dégradations commises dans des bois de l’évêché. Le chiffre escompté avancé par le diariste serait très surévalué, puisque selon Piolin, le Grand-Conseil trancha à la fin de 1782 en condamnant Mgr de Grimaldi à payer seulement 4 000 # à son successeur (P. Piolin, Histoire de l’Église…, op. cit., t. VI, p. 564-565).
291 Nepveu de La Manouillère assiste à la sépulture et signe le registre. Jacques-François Nepveu, né le 13 mai 1707, est un de ses arrière-cousins de la branche de Rouillon : le défunt était petit-fils de Daniel I Nepveu, mort en 1671, alors que le diariste en était arrière-petit-fils (voir arbre généalogique n° 2).
292 La goutte : maladie très couramment évoquée à l’époque moderne, se manifestant par des gonflements aux petites articulations, et surtout des douleurs articulaires aiguës.
293 À sa terre de Robton, à Auton : contrairement à ce qu’affirme le chanoine, il n’existe pas de « terre de Robethon ». La famille Robethon possédait, dans le bourg d’Authon-du-Perche, une maison à bretèche, avec porte à fronton, clef sculptée et emblèmes. Ses possessions foncières se situaient à Bethonvilliers, à Charbonnières ou au village des Autels-Tubœuf (Bruno Jousselin, Châteaux et manoirs du Perche, Mémoire en images, Alan Sutton, 2009, 128 pages).
294 Voir la dernière entrée de l’année 1781.
295 Un piquet de dragons : groupe de cavaliers du régiment des Dragons commandé pour un service donné (ici rendre les honneurs militaires au défunt).
296 Poële : voir glossaire.
297 Parray : le château des Perrays, à Parigné-le-Polin (voir au 3 avril 1775).
298 Madeleine-Gabrielle-Renée de Menon de Turbilly avait épousé Charles-Éléonor, Comte de Broc, en 1746. Elle était une cousine du célèbre agronome angevin qui fut à l’origine des défrichements de la seconde moitié du XVIIIe siècle et fondateur des Bureaux d’Agriculture de Paris, du Mans et d’Angers (A. Ledru, Histoire de la maison de Broc, op. cit., p. 315-347).
299 Remarque qui doit s’entendre dans une perspective de sociabilité mondaine : c’est l’hôtesse d’un salon bien fréquenté qui disparaît, même si en réalité la famille reste implantée au Mans dans son bel hôtel particulier situé place de l’Éperon, sur lequel va désormais régner Émilie de Bongars, obstinément appelée « de Beauregard » par le diariste (voir aussi « dans le courant d’avril » 1778 et 11 janvier 1779).
300 Sic. En fait, la naissance a eu lieu le 10 mars, et le baptême le 11 mars « ledit enfant né du jour d’hier » (BMS, Le Mans, La Couture).
301 Le chanoine est attentif aux naissances Le Boindre (7 août 1779, 26 mars 1781…). La famille Leboindre était liée aux Nepveu de Rouillon (voir au 11 février 1777, ainsi que note suivante).
302 Quoique « habile », « le sieur Hubert maître en chirurgie de la ville de Laval » a jugé l’enfant trop faible pour être porté jusqu’aux fonts baptismaux, et il procède à l’ondoiement « pour cause de danger de mort » (en réalité, Catherine-Marie-Julie Le Boindre vivra jusqu’en 1840). Le lendemain, 11 mars, le curé de la Couture « supplée les cérémonies du baptême ». Dans cet acte de baptême, la marraine est bien celle qui est mentionnée par le diariste : « madame Amyot », née Catherine Nepveu de Rouillon. Mais le parrain, s’il est bien négociant à Laval, est nommé « sieur Julien Nicolas de Launai » par le curé (BMS, Le Mans, La Couture, 11 mars 1783).
303 On croit ici deviner pourquoi le diariste et son milieu ont trouvé ce mariage « surprenant » : la jeune mariée non seulement a quatre fois moins de rente que son époux, mais de plus elle ne compense pas ce décalage par sa beauté…
304 Le mariage a été célébré, effectivement, par l’évêque du Mans : « je sousigné François Gaspard de Jouffroy Gonssans évêque du Mans conseiller du roi en tous ses conceils, ai reçu en cette église le mutuel consentement de mariage… » (BMS, Le Mans, Saint-Vincent, 17 mars 1783).
305 L’acte de mariage confirme que le frère et tuteur de la mariée est « Grand sénéchal du Maine ».
306 La médiathèque du Mans possède deux exemplaires de ce mémoire (SA 4* 2203 [6] et Maine 4* 15305). Les pièces liées à cette succession Nepveu sont conservées aux AD Sarthe : 28 J 317. Voir aussi le Journal aux 26 juin 1783, 22 mai 1784 et 15 juillet 1785.
307 Torcé : aujourd’hui Torcé-en-Vallée, localité située à environ 20 km au nord-est du Mans. Au rythme des déplacements à cheval, cette distance est évidemment trop longue pour permettre au Conseiller Duchemin d’être assidu aux séances du Présidial du Mans…
308 Relevée : ayant accompli le rite des relevailles, en général une quarantaine de jours après l’accouchement. C’est le départ de la jeune mère du Mans pour Torcé qui déclenche l’écriture du chanoine. Celui-ci n’avait pas noté la naissance à sa date effective (16 février), malgré la particularité du baptême, particularité qui n’a peut-être filtré dans la société mancelle qu’après coup.
309 Le registre paroissial confirme les dires du chanoine : Julie-Joséphine Duchemin est portée sur les fonts baptismaux par Françoise Bellanger, la garde malade, et son époux Jean Loyer, bordager au Petit-Saint-Georges. M. Duchemin qui niait sa paternité est malgré cela déclaré père de l’enfant (BMS, Le Mans, Saint-Benoît, 16 février 1783). Il se peut que, devant cette situation familiale compliquée, le curé de Saint-Benoît ait fait preuve de compréhension, lui qui avait l’habitude de baptiser les enfants abandonnés devant le portail de l’hôpital général situé tout près de là.
310 Cette demoiselle mariée à un monsieur de La Flèche est Perrine-Félix Le Coutelier de La Courbe, qui défrayera bientôt la chronique mancelle en faisant en quelque sorte ménage à trois avec son mari le militaire Pierre-François Bidault de Ruigny et le sémillant chevalier de Monhoudou (A. Bouton, La Vie pittoresque…, op. cit., p. 69-71). Le diariste y fera allusion « dans le mois de décembre 1783 ».
311 Ce neveu du chanoine était bien sous le commandement du célèbre Toussaint-Guillaume Piquet, Comte de La Motte, dit « La Motte-Piquet » (1720-1791), l’un des plus grands marins français du XVIIIe siècle (Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Tallandier, 2002, 573 pages). Il servait sur La Bretagne, vaisseau-amiral de la flotte franco-espagnole. Ce navire avait été le fleuron de la guerre d’indépendance des États-Unis et s’était illustré en 1778 à la bataille d’Ouessant (Claude Forrer et Claude Youenn, La Bretagne : vaisseau de 100 canons pour le roi et la République, 1762-1796, Spézet, Kaltia Graphic, 2005, 222 pages).
312 Une affaire : dans ce contexte, une dispute, une bagarre, un duel.
313 Sa terre de Saint-Cosme : le château de l’Étang, beau domaine situé au sud du bourg de Saint-Cosme-en-Vairais, à près de 40 km au nord du Mans et donc à plus de 80 km du château paternel où a lieu l’accouchement.
314 Dès le début de février 1783, après avoir passé moins de neuf mois à la cathédrale du Mans (voir au 12 mai 1782), Jean-François Lesueur était parti vers de plus prestigieuses églises, Saint-Martin de Tours d’abord, Paris ensuite. Il avait orchestré sa succession au Mans en faisant organiser par le chapitre un concours de recrutement, simulacre de l’ancien concours de composition musicale qui avait fait les belles heures de la Sainte-Cécile mancelle. Le lauréat, François Marc, était l’une de ses relations : les deux hommes s’étaient fréquentés un temps à Dijon. Le diariste croit-il le nouvel arrivant natif « de Bordeaux » ? En réalité, François Marc est originaire de Montpellier, où il est né le 19 février 1745. De tous les maîtres employés par la cathédrale mancelle d’Ancien Régime, c’est celui qui a les origines les plus lointaines. Après Dijon, il avait passagèrement été maître de musique de la Comédie de Bordeaux (Sylvie Granger, « Au service de sainte Cécile, Chantres, musiciens et maîtres aux XVIIe et XVIIIe siècles » La Musique à la cathédrale du Mans, du Moyen Âge au XXIe siècle, ouvrage collectif, Le Mans, Psallette-Éditions, 2007, 2 vol., 510 pages, p. 106, 114, et 121 à 124 ; puis, l’année suivante, Jean-Marcel Buvron, « De l’Ancien Régime au Concordat : Les mutations du chœur de musique de la cathédrale du Mans sous la direction de François Marc », Revue de Musicologie, n° 94/2, 2008, p. 471-502).
315 Antoigny : Antoigné, à Sainte-Jamme-sur-Sarthe (voir aux 27 décembre 1773, 2 mars 1775, 25 novembre 1777, fin janvier 1778…). Les Biseuil sont des relations proches du diariste, qui les mentionne souvent.
316 Chêne-de-Cœur : le château des Vanssay situé à Saint-Pavace, près du Mans (voir au 9 janvier 1776).
317 Forgeur, receveur de la Forge : la Forge est l’une des parties de la comptabilité du chapitre (voir glossaire).
318 La place des Ardents : voir au 27 novembre 1772, en note.
319 Renvoyé avant son temps : la formule signifie que le jeune homme a dû quitter la psallette avant la date prévue. Or Joseph Tréton avait été reçu le 1er février 1773 (voir le Journal de Nepveu à cette date). Cela confirme une nouvelle fois que pour le diariste la durée normale de la formation maîtrisienne est de douze ans, ce qui est supérieur aux durées majoritairement observées ailleurs (dix ans). Le renvoi d’un enfant de chœur est le plus souvent motivé par une santé incompatible avec un service efficace au chœur, comme cela semble le cas du second renvoyé ce jour-là, ou par la mauvaise qualité de la voix, mais ce défaut est en général détecté peu après l’admission. Sauf problèmes disciplinaires tardifs, cela peut faire penser que Joseph Tréton avait donc peut-être dans les faits terminé sa formation en dix ans. En 1790, il est toujours clerc tonsuré au Mans (AD Sarthe : L 529, n° 389, 31 décembre 1790).
320 On mesure à ce récit la force des symboles qui disent la distinction et le rang dans cette société : porter la robe rouge lors de la procession, déjeuner avec les messieurs du présidial et du chapitre cathédral…
321 Voir au 19 mars 1783.
322 Un bien mauvais sujet : voir René Baret, « L’Abbé d’Agoult, chanoine et Grand Vicaire du Mans (1741-1793) », La Province du Maine, 1925, p. 341-352.
323 On devine un certain dépit du diariste de ne pas pouvoir commenter ce point… L’île d’Oléron est trop éloignée pour que l’on ait beaucoup d’informations au Mans sur la nouvelle mariée, Marie-Louise-Adelaïde-Mélanie de La Fond de Cujula, dont le père est Colonel d’infanterie.
324 Il s’agit de François-Pierre du Cluzel (1734-1783), intendant de la généralité, qui avait pris ses fonctions à Tours en 1766 (B. Baumier, Tours entre Lumières et Révolution…, op. cit., p. 134).
325 Il s’agit de Marius d’Aine (1730-1804), arrivé à Tours en novembre 1783, et qui y restera jusqu’en septembre 1789 (pour un portrait détaillé de ce dernier intendant : Jean-André Tournerie, « La Fin de l’intendance de Tours », ABPO, 1978, p. 401-438).
326 La tournée : les grands maîtres des Eaux et Forêts, au nombre de vingt au XVIIIe siècle, sont chargés chacun d’une portion du territoire sur laquelle ils exercent une mission d’inspection.
327 Faire le département : établir la répartition des charges fiscales entre les communautés paroissiales.
328 Le diariste n’avait signalé ni le mariage de Leprince de Claircigny en septembre 1775 (à Angers, il est vrai), ni la naissance de ses deux premiers enfants. La notation de cette naissance est peut-être l’indice d’une fréquentation accrue des milieux du négoce aisé par le diariste. Depuis leur mariage, les Leprince de Claircigny logaient dans l’hôtel Leprince, siège de la manufacture familiale de cires et bougies, dont ils sont devenus propriétaires après la mort de Marie Desportes-Leprince (vue au 21 août 1782). Ils habitaient donc non loin du diariste, de l’autre côté de la place des Halles (voir au 25 mai 1780, en note).
329 Née le 15 mai 1709, la défunte avait en réalité 74 ans.
330 Puissante : forte, corpulente.
331 Schelestadt en Allemagne : Sélestat, en Alsace. Bien que l’Alsace soit réunie au royaume de France depuis plus d’un siècle (1681 : prise de Strasbourg), le chanoine l’intègre toujours à l’Allemagne.
332 Busse au quartier : chaque quartier de vigne permettra d’obtenir une pleine busse de vin. Un quartier de vigne peut avoir une superficie de 11 ares (autour de Ballon) à 16 ares 50 centiares, soit un quart d’arpent (autour de La Flèche). Une busse est un tonneau de 220 à 240 litres (Trésor du parler cénoman, op. cit.).
333 Ils sont nourris : le contrat de mariage prévoit que le jeune couple sera entretenu par le père de la mariée.
334 Sous la formule « livre de recueil » le diariste semble parler de son propre Journal dans lequel il recueille et amasse des nouvelles de natures diverses. Effectivement, il a souvent évoqué la figure de Négrier de Posset (voir les 3 octobre 1772, 13 novembre 1773, 7 mars, mi-mai, 7 juillet, 31 octobre, 9 et 29 décembre 1774, mai-juin 1775, ainsi que de mai à septembre 1777…).
335 On soupçonne dans cette précision un certain dédain du chanoine envers cette adresse trop roturière. Le Petit Pont-Neuf, ruelle en forte pente, était bordé d’étroites maisons, avec boutique en rez-de-chaussée (voir au 7 octobre 1777). C’est dans l’une d’elles qu’habitait donc Mme de Fontenay.
336 Voir ci-dessus au 9 janvier 1776.
337 Coudereau : à Brette[-les-pins aujourd’hui], voir au 13 novembre 1779.
338 Les Perrays : à Parigné-le-Polin, voir en juin 1772, ainsi qu’aux 3 avril 1775, 25 juillet 1782… La fréquence des allusions aux Perrays traduit la familiarité du chanoine avec la famille de Broc, même s’il ne mentionne pas de séjour qu’il aurait effectué lui-même au château des Perrays.
339 La naissance d’Alexandre-Auguste Samson avait été signalée par le diariste au 15 septembre 1782. L’organisation matérielle de cette séparation comporte des clauses intéressantes et originales, que l’on devine avoir été commentées dans les salons manceaux puisqu’elles apparaissent sous la plume du chanoine. L’actualité était féconde en la matière : voir, dès l’entrée suivante, un autre exemple de séparation conjugale au sein des élites mancelles.
340 Marie-Françoise Le Rouge, mère de M. Samson de Lorchère et donc grand-mère paternelle de l’enfant.
341 La Groirie : le château des Lorchère, situé à Trangé (voir aux 14 septembre 1773 et 7 juin 1779).
342 Il : M. de Rouillon.
343 Cette scène de réception du seigneur de paroisse à Rouillon, comme celle de l’accueil des jeunes époux de Broc par les habitants de Parigné-le-Polin (voir « dans le courant d’avril 1778 », en note), sont l’indice de relations paisibles entre le château et le village. Le château du Maine, où l’on mène souvent bon train, devient une vitrine des nouveautés, faciles à contempler et tentantes à imiter, au moins partiellement, pour des villageois qui ont indéniablement vu leur niveau de vie s’améliorer à partir de 1730-1740. Les plaintes contre la noblesse seront d’ailleurs résiduelles lors de la rédaction des cahiers de doléances six ans plus tard (Anne Fillon, « Les villageois et le château dans le Maine au XVIIIe siècle », Fruits d’écritoire, Société et mentalités aux XVIIe et XVIIIe siècles, Lhamans, Le Mans, 2000, 383 pages, p. 251-266).
344 Le Bois de Maquilly : autrefois paroisse de Flacé [aujourd’hui Souligné-Flacé], le de Maquilly, ou Maquillé, est placé entre Flacé et Louplande (voir au 18 octobre 1774, en note).
345 Très âgée : Mme de La Courbe, Perrine-Félix Poussin, était née le 21 février 1713 Elle a donc 70 ans et dix mois au moment de son décès.
346 Voir en mars 1783 (en note) Georges Le Bouyer, dit le chevalier de Monhoudou, l’une des figures mondaines de la ville dans les années qui précèdent la Révolution. Lorsque le diariste le cite fin 1783, il cultivait la poésie et depuis un an agrémentait les austères Affiches du Maine de l’imprimeur Monnoyer de charades, logogriphes, énigmes, stances, odes, etc. Le chanoine, abonné à ces feuilles hebdomadaires, le connaissait donc forcément, tant par ses écrits que comme voisin (il habitait lui aussi place des Halles). Monhoudou signe une cinquantaine de morceaux en vers jusqu’en 1789. La Révolution le transformera en journaliste. En mars 1791, il crée le premier organe de presse politique local, le Journal Général du Département de la Sarthe (Joël Grouas, Le chevalier de Monhoudou [1750-1826], Soldat, poète, et journaliste, À l’ombre de Corneille et Fontenelle, RHAM, 1999, p. 103-150).
347 Faire démission : voir au 2 novembre 1781.
348 L’abbaye de la Perrigne, à Saint-Corneille (voir au 12 mars 1776, en note).
349 Des sommations : voir glossaire.
350 Être mis en taille : être inscrit sur le rôle de taille de la paroisse. Aussitôt après son mariage, le jeune couple devient une entité fiscale autonome. L’étonnement du chanoine vient peut-être de ce que chacun des deux jeunes mariés est issu de familles qui, sans être nobles, vivent noblement, ce qui, sans doute, brouille quelque peu les repères.
351 Sur cette belle maison, voir au 27 décembre 1773.
352 Le mot compliment est ici à prendre avec une connotation ironique.
353 L’heure n’est plus aux amabilités entre Bonnet et le fils du bonnetier… (voir au 30 juin 1783).
354 Le chanoine de Sagey était originaire de Franche-Comté, comme Mgr de Jouffroy-Gonssans.
355 Illustration frappante du clivage fondamental qui oppose haut et bas-chœur (voir introduction).
356 Comprendre : les corps avant lesquels s’est indûment exprimé l’aumônier de l’évêque ont jugé que la nécessité de s’entendre pour secourir les pauvres devait passer avant les petites guerres de préséance. Les deux députés du chapitre n’en avaient pas jugé ainsi.
357 Le chanoine Nepveu semble ici confondre les deux fils de Leprince de Claircigny. Si l’on en croit le mémorialiste Leprince d’Ardenay, en effet, c’est le fils cadet de son frère qui a subi les symptômes ici évoqués par le diariste : « le cadet né très délicat fut attaqué de la poitrine et après avoir langui environ un an, il succomba par une mort douce et tranquille, mais terrible pour ses parens ». En revanche « l’ainé fut envoyé a Nantes pour apprendre le commerce chez un bon negociant, il fut ensuite embarqué pour les isles et il mourut dune maladie violente dans le passage » (Mémoires, p. 155).
358 Il avait une fontaine : on peut penser à une pleurésie purulente (voir la description des symptômes qui affectent Mme de La Rozelle, belle-sœur du mémorialiste Leprince (Mémoires, p. 124-125).
359 Toute la compagnie : ici le chanoine parle sans doute du présidial.
360 En cette période difficile, où l’on vient de voir le nombre de pauvres exploser (30 janvier 1784), le chanoine Nepveu juge manifestement l’alibi du Lieutenant de police recevable, au point d’ajouter une note en marge de son Journal.
361 C’est alors que l’on comprend pourquoi le diariste donne ici un tel luxe de détails sur cette affaire.
362 La paroisse de Gourdaine, située dans les bas quartiers du Mans entre muraille et rivière, peuplée d’artisans du cuir et du textile entassés dans un habitat médiocre, présente pourtant toutes les caractéristiques du quartier où il est logique de trouver un grand nombre de pauvres (voir S. Hietz, Le Mans, entre rivière et muraille…, op. cit.).
363 L’affaire laissera des traces. Quatre ans plus tard, lors du synode d’avril 1788, Turpin du Cormier sera, avec d’autres, un adversaire acharné du prélat (voir l’entrée du 16 avril 1788 et les notes afférentes).
364 Le diariste manque manifestement de précisions sur ce mariage. Il a été célébré plusieurs semaines avant qu’il ne le note, dans la chapelle du château de Vendœuvre, à Fay, c’est-à-dire à 6 km seulement de la Manouillère. Mais vu la saison, sans doute le chanoine résidait-il alors au Mans. Le marié, natif de Tulle, seul de sa famille à la cérémonie, est « messire Jean-Baptiste-Antoine-François de Loyac, comte de Loyac, chevalier seigneur de Couder » (diocèse de Limoges). Il signe « De Loyac Labachelerie » (BMS, Fay, 31 janvier 1784).
365 Voir au 18 novembre 1783.
366 Sur ce fils Dagues, voir la dernière entrée de 1787.
367 Signe discret de la sociabilité qui unit certains des membres du chapitre : en ce printemps 1784, le chanoine Dugast était donc venu séjourner à la « campagne » de son confrère de La Manouillère. On peut penser que les séjours de ce type sont en réalité fréquents, mais tellement naturels que le diariste ne les note pas, sauf lorsqu’un événement inhabituel survient.
368 Voir au 30 juin 1783.
369 En effet, dans le chapitre cathédral du Mans, siégeaient déjà Jérôme Fay entré en 1763 (vicaire général) et Julien-Jean-Jacques Fay (ancien curé de Boéssé-le-Sec), depuis 1781.
370 Ce dîner peut être interprété comme une prise de position du diariste dans la lutte sourde entre le chapitre et l’évêque.
371 Soudé : probablement Souday, dans le Loir-et-Cher actuel, à environ 60 km à l’est du Mans. Gourdaine : voir ci-dessus au 21 février 1784.
372 La famille d’Arcy occupait l’hôtel de Sceaux, d’ailleurs souvent appelé par la suite hôtel Rouxelin d’Arcy. Il s’agit d’un remarquable édifice Renaissance, situé à l’actuel n° 54 de la Grande-Rue (actuel Conservatoire de Musique et de Danse).
373 Voir aux 19 mars et 26 juin 1783.
374 Sillé près Bonnétable : aujourd’hui Sillé-le-Philippe, à 10 km au sud de Bonnétable. Le château de Passay (XVIIe siècle) est situé à moins de 2 km du centre du village de Sillé.
375 Le Bois de Maquilly : ou Maquillé, à Flacé [aujourd’hui Souligné-Flacé] (voir au 15 décembre 1783). Le curé de la paroisse décline dans son registre les titres du parrain : « messire René Pierre Neveu chanoine de l’Église du Mans, Prieur commendataire de Chefroy, Seigneur de la Manouillère et autres lieux ». On remarque la présence d’un autre chanoine de la cathédrale, Julien Gilouppe, qui n’a aucun lien de parenté avec les familles concernées et est donc là en tant qu’ami du parrain… (BMS, Flacé, 16 juin 1784).
376 Après la mort de son mari Jacques-François Paton, maitre des forges de Chailland, Marie-Jacquine-Renée Pinchinat continua le bail (J.-F. Belhoste et É. Robineau [dir.], La métallurgie du Maine …, op. cit., p. 157).
377 Malgré ses revers de fortune, l’abbé Leleu avait conservé un train de vie plutôt confortable. Deux domestiques tenaient un intérieur convenablement garni où l’on retrouve les meubles inventoriés lors du décès de son neveu, voir au 12 juillet 1781, en note (AD Sarthe : B 1048, 10 juillet 1784).
378 Le prieuré de Sainte-Gauburge (XIIIe-XVIIIe siècles) est situé dans le Perche, à Saint-Cyr-la-Rosière. Il abrite aujourd’hui l’éco-musée du Perche, dédié aux arts et traditions populaires de la région (http://museeatp.free.fr). Voir Bruno Jousselin, Abbayes et Prieurés du Perche, Mémoire en images, Alan Sutton, 2010, 128 pages, p. 105-108.
379 L’acte de baptême du nouveau curé confirme les dires de Nepveu : il est fils de Louis Poilpré « marchand maître boulanger » paroisse Saint-Hilaire. En 1782, un « sieur Poilpré, boulanger » demeurait effectivement « près St-Hilaire vis à vis la poterne », c’est-à-dire au pied de la muraille romaine (AD Sarthe : HG 355, Rôle de l’impôt pour les enfants exposés, arrêté le 30 novembre 1782).
380 Son entrée rédigée, le diariste a dû s’apercevoir qu’il ne l’avait pas datée. Il a aussi souhaité garder mémoire des prénoms du nouveau curé. Sans doute pour ne pas le confondre avec d’autres prêtres ou curés portant le même patronyme, ne serait-ce qu’un de ses cousins, Étienne-Louis, mort un an plus tôt, en juillet 1783 (AD Sarthe : 4E 25/260, Étude Chevalier, 27 septembre et 20 octobre 1783). Voir aussi le Journal de Nepveu au 2 novembre 1773.
381 Chassillé, à 25 km à l’ouest du Mans, effectivement en direction de Laval.
382 Pour des raisons d’économie, Louis XVI avait supprimé le corps des mousquetaires en 1776.
383 Le diariste avait alors pris note de ce mariage : voir au 30 novembre 1780.
384 Parallèle à la muraille romaine, la rue des Chapelains est une longue voie rectiligne, prolongée par les rues de Vaux et de la Verrerie. La « maison » de M. de Chassillé, dont parle Nepveu, est le bel hôtel particulier situé au n° 2 de l’actuelle rue de Vaux, appelé hôtel Richer de La Jousserie, du nom de l’avocat du roi au présidial qui l’avait fait construire en 1628. Au décès de Jean-François-Charles Le Bourdais de Chassillé, l’inventaire dressé le 17 novembre 1784 révèle que sa maison du Mans possédait un mobilier de réception à la mode (fauteuils, duchesses et canapé recouverts de velours jaune, tric-trac…). Le salon était orné d’un trumeau en paysage et d’une tapisserie de papier collé sur toile (Damien Castel, « Hôtel Richer de La Jousserie (1628), rue des Chapelains, au Mans », La Province du Maine, 1995, p. 329-357).
385 Le registre paroissial de Pruillé-le-Chétif permet de restituer l’état civil de la mariée dont le diariste n’a retenu que le prénom usuel : elle se nomme Marie-Louise Chevreuil et est fille de « défunt Louis Chevreuil, Garde du prince ».
386 Le registre paroissial révèle aussi que ce mariage de domestiques imite par certains traits celui des élites urbaines : on a obtenu de l’évêque une dispense pour deux des trois bans théoriquement obligatoires, et l’acte s’étale sur deux pages presque pleines. Il est clôturé par 16 signatures – dont celle des deux mariés. Turpin du Cormier, le curé de Gourdaine, est venu à la Manouillère célébrer le mariage de sa servante. Messire René-Pierre Nepveu de La Manouillère est le premier témoin cité, suivi de son inséparable Julien Gilouppe. Le domestique du chanoine a un frère maître d’école, dont la signature s’orne d’une ruche.
387 Discrète indication donnée, incidemment, par le diariste sur l’élévation de son train de vie à ce moment-là de son existence. En effet, s’il parle souvent d’argent, c’est de celui des autres, rarement du sien : il est peu disert sur sa situation propre (S. Granger, « Le chanoine et l’argent… », art. cité, p. 153).
388 La rue du Bourg d’Anguy figure sur le plan du Mans gravé par Janvier en 1777 : partant de la rue de la Paille, elle se faufile entre les terrains des Ursulines et ceux de La Couture, traversant approximativement l’espace aujourd’hui appelé « place des Comtes du Maine ». Les opérations d’urbanisme des années 1960-1970 ont profondément bouleversé ce secteur de la ville. Il est d’autant plus difficile de comprendre le plan ancien dans l’espace urbain actuel que dans le but (louable) de sauvegarder des bribes de l’ancienne toponymie, on a baptisé « allée du Bourg d’Anguy » une esplanade piétonne située certes à proximité, mais assez nettement décalée vers l’ouest par rapport à l’emplacement antérieur de la rue du Bourg d’Anguy. On trouvera un petit plan éclairant dans Ghislaine et Gérard Blanchard, Jean-Pierre Delaperelle, Daniel Levoyer, Le Mans, Le nom des rues raconte l’histoire, ITF Éditeurs, 2010, 264 pages, p. 81.
389 Il avait servi : sous-entendu le roi, donc il avait été dans l’armée.
390 Le chanoine Nepveu est présent à l’inhumation, et signe le registre.
391 Le défunt chanoine, Mathurin-Michel Riballier, avait en fait deux frères entrepreneurs de bâtiments, comme l’avait été leur père. Celui dont parle ici le diariste est François Riballier (1735-1794), installé paroisse Saint-Benoît au Mans. L’autre frère, Michel-Christophe, est parti à Orléans. Sur l’installation du chanoine Riballier au chapitre du Mans, voir au 15 mai 1765.
392 Un bel exemple de promotion fondé d’abord sur le voisinage (le seigneur choisit le vicaire du village pour servir de précepteur à ses enfants) puis sur le relationnel (le seigneur, ayant apprécié le précepteur, lui procure un canonicat).
393 Intéressante notation qui indique au passage le rôle important des femmes dans certains négoces, rôle corroboré par la phrase d’après : chez les Orry le commerce « s’entend » de mère en fille.
394 AD Sarthe : 4E 37/801, Étude Martigné, arrêté d’inventaire de Mme Orry, avril 1782.
395 Marius d’Aine (1730-1804). Voir le Journal de Nepveu « dans le mois d’aoust 1783 ».
396 Faire les départements : régler la répartition fiscale entre les diverses communautés concernées (voir en août 1783).
397 On sent le diariste sceptique sur cette innovation qui consisterait à sélectionner les curés par concours.
398 Le Greffier : voir au 7 août 1779 (en note).
399 La Ragotière à Degré : la Vagotière (voir fin décembre 1776, en note).
400 Essuyer des rencontres : combat, en principe imprévu, entre deux ou plusieurs navires.
401 Tennie : village situé au bord de la Vègre, à 26 km au nord-ouest du Mans. Il comptait alors 1 300 habitants environ.
402 Feudiste : juriste spécialisé dans le droit féodal et les droits seigneuriaux. La profession est lucrative, malgré son instabilité : un bon feudiste passe de seigneurie en seigneurie pour y ranger les chartriers et parfois dresser des plans nouveaux.
403 Cette note a évidemment été ajoutée après coup, sans qu’il soit possible de dire combien de temps plus tard.
404 Présentation : à la Cour. Voir aussi à l’entrée suivante : il faut « un nom » pour être présenté.
405 Celle que l’on appelle Mme de Nouans, née Mlle Rameau, était veuve de Jean-Jacques-Tobie Brière. Cette dame, « horriblement laide » mais riche de 25 000 livres de rente, selon le diariste (9 janvier 1776), logeait à demeure le chanoine Joseph-Jean Savare. Elle en avait fait son légataire, ce qui entraînera un procès (AD Sarthe : B 1054, B 1512, vente des immeubles de feu Élisabeth-Rosalie Rameau).
406 Aujourd’hui, une ruelle Sainte-Barbe, descendant depuis la rue de l’abbaye Saint-Vincent jusqu’à la Sarthe, pérennise le souvenir de ce vaste domaine de Sainte-Barbe.
407 Se faire gouverner : rechercher un entourage, du personnel, qui puisse prendre soin d’elle, avec une connotation médicale possible. Le décès ayant eu lieu à Paris et au cœur de l’hiver, la nouvelle en est parvenue à retardement au Mans, après que le chanoine ait écrit le titre « L’année 1785 » dans son Journal.
408 [Lieu de la] Prébende : en 1758, le chapitre Saint-Julien avait cédé à M. et Mme de Nouans, moyennant 100 livres de rente, une portion de terrain touchant au domaine de Sainte-Barbe, appelé le lieu de la Prébende (AD Sarthe : B 743 et 1 J 1181).
409 Meurcé : terre située à 30 km au nord du Mans, tout près du bourg de Nouans, à l’ouest.
410 Issu d’une famille de magistrats à la juridiction d’Évron et au grenier à sel de Sillé, Louis-Jean Cerveau, Maître ès-arts de l’université de Paris, ancien curé de Lamnay (Bas-Maine), avait obtenu son canonicat en 1772 grâce au Comte de Provence et du Maine. Au moment de son décès, il résidait au Mans, rue Saint-Flaceau, à proximité immédiate de sa collégiale. Son inventaire révèle un intérieur cossu (trumeaux, miroirs à bordures dorées, flambeaux d’argent massif, lits à l’ange, fauteuils, secrétaire, commodes à dessus de marbre…). L’importante somme de 720 livres était cachée entre les draps dans l’armoire de sa chambre (AD Sarthe : B 1053). Peut-on lire là une trace de la « singularité » relevée par le diariste ?
411 Le canonicat de Cerveau sera finalement donné à Charles-Jean-Marie Gaulard de Journy, fils d’un receveur des fermes à Bordeaux, à la demande du Comte de Provence, apanagiste du Maine.
412 Bordage : le mot désigne dans le Maine une petite exploitation agricole qu’une famille de bordagers fait valoir. Il peut aussi s’appliquer aux bâtiments de la ferme seuls, ce qui est peut-être le cas ici.
413 Les landes de Chauffour : zone de prés et de landes située à Chaufour[-Notre-Dame], à environ 5 km au nord de la Manouillère. On est ici dans le territoire rural familier du chanoine (voir fig. n° 9).
414 Voir les Affiches du Maine aux 7 et 14 février 1785. René Fouquet était mort le 14 janvier.
415 Sur les couches précédentes de Mme Le Boindre, voir aux 7 août 1779, 26 mars 1781, 10 février 1783.
416 Il s’agit de Pierre Garnier, l’un des grands négociants en étamine du Mans, époux de Marie-Françoise Fréart.
417 Voir le Journal de Nepveu à cette date.
418 Les Amellon de Saint-Cher appartenaient à la noblesse de robe et avaient fourni de nombreux magistrats au Présidial, à l’Élection et au Grenier à sel du Mans. Leur hôtel urbain est situé au n° 24 de l’actuelle rue de la Reine Bérengère. Aujourd’hui, ses propriétaires en ouvrent au public le rez-de-chaussée (cuisine, salon, jardin de topiaires) à certaines occasions (Journées du Patrimoine, Cours et Jardins, expositions temporaires…). Voir Lauréanne Gasnier, L’hôtel Amellon de Saint-Cher (Le Mans), de la construction à la restauration, Master 1 sous la dir. de S. Granger, U. du Maine, 2006, 171 pages.
419 Il s’agit de l’auteur de Mémoires pour servir à l’histoire des mœurs de la fin du XVIIIe siècle (Mercure de France, 1965, 703 pages). Son texte commence ainsi : « Je suis né en 1764 dans une ville de province célèbre par la beauté de ses bougies, renommées dans toute la France ; ajoutons que les gastronomes estiment singulièrement ses poulardes, et on saura que je suis né au Mans. » Quoique répétée par tous ses biographes, l’année indiquée est erronée : Pierre [Alexandre] de Tilly est né en réalité le 7 août 1761, paroisse du Crucifix, au Mans, fils de Jacques de Tilly et d’Anne-Suzanne-Magdelaine Le Bourdais de Chassillé, morte des suites de cet accouchement neuf jours plus tard, comme du reste Tilly le relate dans ses Mémoires. Nepveu ici ne se trompe donc pas sur l’âge du petit-fils de la défunte.
420 Donner l’eau : ondoyer (voir glossaire). Il semble donc que l’on ait repris à zéro la totalité des cérémonies initiales (ondoiement puis baptême) concernant ce jeune homme.
421 Discrète allusion du diariste à la lésinerie de l’évêque… (voir au 18 novembre 1781, en note).
422 Le tout sera partagé également : sans appliquer le partage noble, qui favoriserait l’aîné de la fratrie.
423 On remarque que, curieusement, il n’est fait ici aucune allusion à Sainte Scholastique, pourtant traditionnellement invoquée dans de telles circonstances (voir aux 14 et 18 mai suivants).
424 Voir à nouveau au 18 novembre 1781, en note.
425 Cette procession est évidemment la suite de la notation du 24 avril, au sujet de la très grande sécheresse (voir aussi au 18 mai suivant). Sainte Scholastique était particulièrement sollicitée pour remédier aux accidents climatiques (voir en juin 1775, en note).
426 Du centre bourg d’Yvré-l’Évêque à la collégiale Saint-Pierre-la-Cour, il y a environ 6 km, soit théoriquement une heure et demie de marche à pied, mais sans doute nettement plus pour une procession comportant des gens de tous âges, à jeun, et qui, au surplus, chantent ou récitent des prières en marchant…
427 Ils : les gens d’Yvré.
428 Ramasser : ranger.
429 Biffé et corrigé par le diariste.
430 Américain : voir au 11 juillet 1777 (en note).
431 Associées au fonctionnement des sociétés de commerce, les épouses de négociants étaient capables de suppléer leur mari en cas d’absence (transactions, écritures, changes…). En cas de disparition du conjoint, elles tenaient souvent les rênes des affaires en attendant qu’un fils ait atteint l’âge des responsabilités.
432 Aubigny : aujourd’hui Aubigné-Racan, à 40 km au sud-est du Mans. Honorat de Bueil, dit Racan, le poète, y est né en 1589, au manoir de Champmarin, et son nom a été ajouté à celui de la commune en 1934.
433 Sur la famille Bonnouvrier : voir au 11 mars 1775.
434 Incidemment mentionné ici par le diariste, l’abbé Rottier de Moncé est un personnage important de la vie intellectuelle mancelle. Depuis 5 ans, le chanoine de Saint-Pierre avait en effet succédé à Véron du Verger comme secrétaire perpétuel du Bureau d’Agriculture du Mans (voir au 16 octobre 1780).
435 Paulette : droit annuel payé par un officier au souverain, afin de pouvoir transmettre librement son office. Si cette redevance n’est pas acquittée, l’office revient au roi par l’intermédiaire des Parties casuelles, caisse qui reçoit le produit de la vente des offices. Marin-Louis Rottier de Belin n’était donc pas à jour en la matière.
436 Voir aux 19 mars et 26 juin 1783 et 22 mai 1784.
437 L’acte de baptême atteste que ce neveu se prénommait officiellement Jacques-Pierre-Daniel (BMS, Le Mans, Saint-Pierre-le-Réitéré, 16 septembre 1768). L’étonnante erreur du diariste est peut-être liée à l’enregistrement incomplet de ces prénoms dans son Journal (voir aux 3 et 16 septembre 1768).
438 Ordre du Mont-Carmel : ordre religieux français crée par le pape Paul V à la demande du roi Henri IV, venant sceller la réconciliation entre le roi converti en 1593 et le Saint-Siège. L’insigne était une croix en or décorée d’un médaillon de la Vierge du Mont-Carmel, suspendue à un ruban de couleur amarante (rouge tirant vers le violet). Près de quatre décennies plus tard, le maire du Mans, Bouteiller de Châteaufort, gratifie encore Jacques-Pierre-Daniel Nepveu de Bellefille, venu déclarer le décès de sa sœur Françoise-Gabrielle, du titre de « Chevalier de Notre-Dame du Mont-Carmel » (état civil, Le Mans, 15 mars 1822).
439 Temps critique : période de la vie où les indispositions ou maladies sont fréquentes. On dit aussi « âge critique ». Vu le contexte, il doit s’agir ici de la ménopause.
440 Le diariste est mal renseigné sur ce premier mariage qui avait eu lieu à Nantes, c’est-à-dire loin du Mans. Grou est en réalité le nom de naissance de la défunte.
441 Cette séparation était récente (voir entre le 7 et le 13 décembre 1783).
442 Voir au 2 avril 1788.
443 Le 13 mars 1786, les Affiches du Maine annoncent la vente de la maison [rue de la Paille] et du riche mobilier du docteur Livré.
444 Pipe au quartier : chaque quartier de vigne permettra d’obtenir une pipe de vin. Une pipe est une barrique contenant deux busses, soit 440 à 480 litres selon Trésor du Parler cénoman. Voir, pour comparaison, les chiffres indiqués par le chanoine Nepveu en octobre 1783.
445 Voici encore un exemple d’alliance croisée comme aimaient à les pratiquer les milieux du négoce et de l’industrie, pour renforcer leurs positions (voir au 28 novembre 1775).
446 Comprendre : la mort de sa fille aînée avait causé beaucoup de chagrin à sa mère (voir en avril 1783).
447 Voir au 25 avril 1785.
448 Comprendre : si le père ne se remarie pas et n’ajoute pas d’autres enfants à la liste de ses héritiers.
449 C’est-à-dire pour échapper au partage noble qui favoriserait l’aîné au détriment de ses frères et sœurs plus jeunes, partage noble acquis par l’exercice de la charge de Secrétaire du roi, durant vingt ans.
450 Vallon[-sur-Gée] : village situé à 22 km à l’ouest du Mans, proche de Chemiré-le-Gaudin, donc du château de Bellefille. Le « collège » de Vallon est en réalité une petite école, fondée en 1677, pour enseigner les rudiments, lecture, écriture et latin, aux garçons de la paroisse et des environs. Une école de filles avait été créée un demi-siècle plus tard (Pesche, Dictionnaire, t. VI, 1842, p. 450).
451 Riffle, rifle ou rife : selon Trésor du parler cénoman, ce mot désigne l’impétigo. C’est-à-dire une infection de la peau d’origine bactérienne touchant essentiellement les jeunes enfants.
452 Voir les Affiches du Maine des 21 et 28 novembre 1785.
453 Commensal de la Maison du roi : grand officier assurant le service domestique du roi à la Cour. Il bénéficie de divers privilèges, et donc aussi de celui de pouvoir émarger à une mense canoniale en province sans siéger au chapitre.
454 Cette absence pourrait ne pas être liée au hasard, mais signifier une certaine réprobation envers ce nouveau chanoine protégé par l’évêque et surtout par son statut de conseiller en parlement. Nepveu sait d’emblée que ce confrère se contentera de toucher les revenus de son canonicat, sans siéger au Mans. Dom Piolin, dans son Histoire de l’Église du Mans (t. VI, p. 565-566) nuance en précisant que le discours d’accueil du Chapitre « prouve du moins que ce corps s’estimait heureux de posséder dans son sein un personnage dont il espérait la protection ». Au moment où il écrit, le diariste ne peut pas savoir que l’abbé Louis (1755-1837) deviendra le baron Louis, et qu’il mènera une active carrière politique et diplomatique, étant longuement ministre, surtout des finances, sous les deux Restaurations et la monarchie de Juillet.
455 Le projet de Bureau de charité était dû au Bureau d’Agriculture où œuvraient Rottier de Moncé, secrétaire perpétuel et chanoine de Saint-Pierre, et son « bras droit », le négociant en cires Leprince d’Ardenay (Mémoires, p. 181-188). Les premières réflexions sur le sujet dataient de décembre 1784. La séance du 19 avril 1785 voit MM. Maulny et Chesneau des Portes, conseillers au Présidial, déclarer solennellement qu’ils acceptent en entier le projet présenté. Les assemblées évoquées par le diariste ne font que formaliser un projet abouti auquel l’Évêque tenta de résister sans pouvoir réellement s’y opposer (Arch. Sciences et Arts : reg. 7, séances 705 et 721, 19 avril et 31 décembre 1785, p. 417, et 477-479).
456 Voir en décembre 1784.
457 Le registre des inhumations du chapitre Saint-Julien garde trace de ces arrangements : le début de l’acte a été raturé et corrigé (« le vingt cinquième jour de décembre » est devenu « le vingt quatrième »…). Le chanoine Nepveu est bien sûr présent à l’inhumation, et signe le registre, premier des cinq signataires.
458 René-Pierre Nepveu et Julien Gilouppe semblent en effet avoir été étroitement liés : leurs signatures attestent assez fréquemment de leur présence conjointe aux mêmes événements, et Nepveu l’évoque souvent dans son Journal (voir introduction). Sur le registre des décès du chapitre la dernière cérémonie où les signatures des deux amis se trouvent côte à côte date du 24 septembre 1785.
459 Comprendre : il était devenu chanoine grâce à M. de Grimaldi. Le registre des décès du chapitre indique d’ailleurs que le défunt était « originaire de Monaco ». Là encore, le chanoine Nepveu est présent à l’inhumation, et signe le registre. Montgrenier était l’un des rares proches de l’ancien évêque du Mans à ne pas avoir défrayé la chronique mondaine.
460 L’assertion du chanoine n’est pas excessive. La vente des meubles de M. de Montgrenier, qui se monte à 10 489 #, fait apparaître un mobilier d’exception par sa modernité et son raffinement (secrétaire en marqueterie, commodes en bois de rose, flambeaux en argent…). Sa sociabilité, louée par Nepveu, est confirmée par la présence de tables à jouer, boîtes à reversi, jeu de loto, tabatières et aussi ottomanes, bergères, caquetoires… M. de Montgrenier possédait des réserves de vin de Bordeaux et de Bourgueil et pouvait faire servir à ses invités le désormais très courant café, ainsi que d’autres boissons moins répandues dans le Maine comme le thé et surtout le chocolat. De nombreux objets précieux et raffinés (montres en or, canne à pommeau d’or, lunettes en argent et en or) ou encore des raretés (baignoire) complètent l’évocation de l’univers matériel d’un véritable prince de l’Église (AD Sarthe : B 1510).
461 Sic. En fait : d’Espinasse, ou de Lespinasse.
462 L’abbé Nepveu n’avait pas signalé la nomination de Claude de Sagey (1759-1824) au titre de Grand-Vicaire en cette même année. Il deviendra évêque de Tulle en 1823.
463 La rue Saint-Vincent (actuelle rue Lionel-Royer) montait de la cité close, à partir de la porte du Château, jusqu’à l’abbaye Saint-Vincent. Au vu de la pente existante, on peut penser que la Société fréquentée par le diariste « au bas de la rue » est située à l’extrémité sud de la rue, vers l’actuelle petite place Saint-Vincent, donc à proximité de la cathédrale, ce qui en rend la fréquentation aisée pour le chanoine. Le plan du Mans en 1777 montre, à l’arrière des maisons bordant la rue, de vastes espaces plantés d’arbres, d’où a pu provenir le nom « société du Jardin ».
464 Les indications ici données par le chanoine Nepveu sont précieuses pour attester l’existence au Mans d’une sociabilité typique des Lumières, qui mêle activités culturelles (lecture, conversation) et activités de loisir (billard, jeux de société). Moins contraignante qu’une Académie officielle, une société de ce type était aux yeux de la bourgeoisie urbaine un excellent compromis qui alliait le confort rassurant de la cooptation académique et la liberté du club.
465 Voir au 25 décembre 1785.
466 Le jeune couple prend les rênes du ménage familial parce que la mère du marié est morte deux ans plus tôt : voir au 21 avril 1784.
467 Saint-Marceau : village implanté dans un méandre de la Sarthe, à 23 km au nord du Mans.
468 Le bourg d’Anguy : voir au 30 août 1784, en note.
469 Six mois plus tôt, le diariste avait enregistré le décès de Mme de la Drouerie (2 septembre 1785).
470 Trois ans plus tard, les cahiers de doléances du royaume sont nourris de ces accusations de gourmandise, richesse, parasitisme, envers le clergé régulier. La suppression des chapitres par la Constitution civile du clergé découle largement de cette mauvaise réputation (Ph. Bourdin, « Collégiales et chapitres cathédraux au crible de l’opinion… », art. cité, p. 29-54). Mais ce n’est pas une nouveauté. Au siècle précédent, le cahier de doléances de Fontenay-sur-Eure fustigeait le chapitre de Chartres : « Le grand nombre de multitude des biens que lesdits doyens et chapitre possèdent, au lieu d’être employés à œuvres divines et de miséricorde, ils sont employés à toute lubricité et paillardise et à nourrir bien eux, chevaux, chiens et oiseaux, à faire tous les jours grande chère… » (Jean-Marie Constant, « La lecture des cahiers de doléances des villages entre 1576 et 1651 permet-elle de parler d’un imaginaire politique paysan au XVIIe siècle ? », Dix-septième siècle, n° 234, 2007, p. 31-48).
471 Jean-Charles Vallienne avait pris la direction d’une banque rue Bourg-Labbé à Paris en 1758 (AD Sarthe : B 740). Leprince d’Ardenay retrouva ce parent lors de son second séjour à Paris (Mémoires, p. 54).
472 Catherine-Suzanne Cureau, fille du négociant en étamines, avait épousé Jean-Charles Vallienne, maitre des forges d’Orthe et d’Antoigné : la forge et le négoce, deux sources conjointes de richesse.
473 Il s’agit d’Émilie de Bongars, dont le diariste avait signalé le mariage avec le marquis de Broc en avril 1778 et l’accouchement neuf mois après en janvier 1779.
474 Dans ses mémoires, Tilly (qui était alors son amant) donne une explication plausible à la mort brutale de la jeune marquise : « voulant éviter de donner le jour à une créature qui n’était pas encore formée, elle avait, trois semaines avant, pris un breuvage qu’un chirurgien l’avait assuré n’être d’aucun danger » (A. de Tilly, Mémoires…, op. cit., p. 310).
475 L’inventaire de la marquise laisse entrevoir une « bonne maison » en effet, tout à fait propice aux fêtes qu’elle y donnait. On y relève des lustres en cristal, de nombreux meubles en acajou, bois précieux, placages, des ottomanes, caquetoires, bergères…, et toute la modernité imaginable à l’époque avec salle de bain et baignoire de cuivre rouge (AD Sarthe : 18 J 422, 1er juin 1786).
476 Le diariste attribue à tort au défunt curé une charge occupée par son frère Michel Maulny, Sieur des Mortrais, échevin du Mans en 1771.
477 Comprendre : le curé est mort avant que la résignation de ses chapelles ne soit enregistrée à Rome.
478 Doit-on lire ici une trace de regret sous la plume du Pruilléen qu’est aussi le chanoine de La Manouillère ?
479 En avril 1786, les curés suivent donc encore l’avis de l’évêque. Il n’en sera plus de même deux ans plus tard (voir au 16 avril 1788). Il se peut aussi que les députés des curés aient choisi de voter pour l’un des leurs (Buon est curé de l’une des paroisses mancelles) et que le diariste surestime l’influence qu’aurait eue la prise de parole de l’évêque. On peut voir là, indirectement, une suite de l’épisode du 28 mars 1782.
480 Voir au 15 mai 1765. Vingt ans après, la mémoire de la réception humiliante du chanoine Riballier est donc encore vive dans le chapitre.
481 Le village de Chaufour [depuis 1919 : Chaufour-Notre-Dame] est situé à seulement 7 km au nord de la Manouillère, d’où sans doute l’intérêt répété du diariste pour cette famille de Bourgneuf.
482 Comprendre : peut-être lui lègueront-ils quelque chose. Voir au 11 décembre 1788.
483 Le Sacre d’Angers : la procession de la Fête-Dieu prenait à Angers une dimension extraordinaire de pompe et de solennité. On venait de loin, parfois de pays étrangers, pour assister au défilé des douze fameuses torches des corporations de la ville, en forme de tentes carrées, ornées de colonnes, de festons, etc. À l’intérieur, étaient représentées des scènes historiques tirées de la Bible, avec des personnages en cire. Ces torches nécessitaient douze à seize porteurs. La fête du Sacre avait été conçue sous cette forme au Mans au début du XVIIe siècle, puis abandonnée vers 1690. Angers reprit cette tradition mancelle et la perpétua jusqu’en 1791 (C. Port, Dictionnaire…, t. I, p. 114).
484 Grammairien de la psallette : le maître de grammaire des enfants de chœur, chargé de leur instruction hors musique, c’est-à-dire la lecture, l’écriture et les rudiments du latin.
485 Le diariste a oublié le nom d’Élisabeth Richard de Beauchamp, que Joseph-Aimé Daniel de Vauguyon épousa dans la chapelle des Gringuenières à La Chapelle d’Aligné en Anjou. Nepveu fait succéder ce cadet à son père, alors que l’Armorial de Linière (t. I, p. 186-187) le donne mousquetaire de la garde du roi puis officier de cavalerie.
486 Temps critique : voir au 10 août 1785. La prévision du diariste quant à la courte espérance de vie de Mme Goussault était lucide : voir au 10 mars 1788.
487 Voir la fin rapide de cette union au 20 septembre 1787.
488 Charles-Jacques-René Pavet de Courteille, 32 ans, était docteur en médecine de l’université de Nancy. Sa jeune épouse, Jeanne-Marie Niepceron, était fille d’un avocat au Parlement (BMS, Le Mans, La Couture, 20 novembre 1786). Compte tenu de l’âge de Pavet, les campagnes de l’escadre de l’amiral de Grasse, « le vainqueur oublié de Yorktown », correspondent aux combats de la guerre d’indépendance des États-Unis.
489 Il est logique que la cérémonie de rentrée du Présidial évoque la mémoire de René-Joseph Thébaudin de La Rozelle, Lieutenant Particulier du siège Présidial, disparu le 26 mai précédent. Le diariste n’a pas mentionné ce décès, peut-être parce qu’il était parti à la campagne ou en déplacement sans emporter son registre : il n’y a rien écrit entre fin avril et fin juin 1786 et n’a pas opéré de rattrapage a posteriori comme il le fait parfois. Dans ses Mémoires (p. 93), Leprince d’Ardenay dresse un portrait flatteur de M. de La Rozelle (époux de sa belle-sœur, voir au 19 mars 1773). Il s’était consacré passionnément à son travail de magistrat, en particulier pendant la vacance de l’office de Lieutenant-Général.
490 Mme Butet sœur de Mme Cureau : Marie Pinceloup de La Moustière avait épousé Pierre-Martin Butet en 1733. Sa sœur, Marie-Madeleine Pinceloup de La Moustière, a épousé Charles-Pierre Cureau de Roullée.
491 Quelques semaines plus tard, Les Affiches du Mans annoncent plusieurs fois la vente des effets mobiliers de « Mme de Nouans ». On y relève notamment, outre meubles, linge et bijoux en abondance, un cabriolet à trois places et un clavecin (30 avril 1787).
492 Louis-Antoine-Charles Butet, capitaine des armées royales, était parti pour l’Angleterre en 1776, poursuivi pour dettes que sa mère refusait de payer, ce qui avait défrayé la chronique locale. François-Yves Besnard se fait l’écho de cette affaire (Souvenirs d’un nonagénaire, op. cit., p. 166).
493 Voir au 21 juin 1764. Le chanoine Nepveu avait longuement parlé des funérailles de M. de Lorchère.
494 Expression imagée pour signifier le grand âge du défunt. Le diariste avait déjà mentionné antérieurement le marquis de Turin et son âge (voir aux 15 décembre 1772 et 9 février 1777).
495 Tréguier.
496 Il existait deux chapitres importants à Tours, celui de la collégiale Saint-Martin (Chr. Maillard, Le Chapitre et les chanoines de la « Noble et Insigne Église de Saint-Martin de Tours »…, op. cit.), et celui de la cathédrale Saint-Gatien (Bertrand Guillaumin, Les chanoines du chapitre de l’Église métropolitaine de Tours aux XVIIe et XVIIIe siècles, DEA sous la dir. de Cl. Petitfrère, U. François-Rabelais, Tours, 1996, 188 pages).
497 Coigners, près Saint-Calais : Cogners, localité en effet située à 10 km au sud-ouest de Saint-Calais.
498 Il s’agit ici du chapitre collégial de Saint-Pierre-la-Cour (voir l’entrée immédiatement précédente).
499 Depuis la réorganisation de la musique de Saint-Pierre en 1773, René-François Macé logeait en effet à la psallette collégiale et en assurait la gestion matérielle. Ce n’est pas qui était chargé de l’enseignement du chant mais le psalteur Julien Letourneau jusqu’1783, puis les organistes successifs, Pierre Bertin et Michel Boyer (AD Sarthe : G 510-513). Le départ de Macé pour la cure de Cogners entraîne un débat au chapitre collégial sur la redéfinition du poste (AD Sarthe : G 513, 7 mars 1787).
500 St-Bié : Saint-Biez-en-Belin, localité située à 22 km au sud du Mans, dans le Belinois.
501 Saint-Pavin-des-Champs : paroisse de la rive droite de la Sarthe, au territoire plus qu’urbain, par opposition à Saint-Pavin-de-la-Cité, minuscule paroisse située au cœur de la ville close.
502 Sur la naissance de Guillory de La Villeballet, à Cancale, voir au 24 mars 1777, en note. Le registre des sépultures du chapitre montre que quatre chanoines ont signé son acte d’inhumation, dont Nepveu.
503 Veuve depuis longtemps : le décès de René Négrier de La Crochardière remonte au 14 juillet 1774. Le diariste l’avait brièvement mentionné à cette date. Par ailleurs, il rajeunit de dix ans Marie-Anne Chaston, la défunte, née en 1710.
504 René-François de Renusson d’Hauteville, garde du corps de la maison du roi fait partie de la liste des 27 anoblis manceaux de la seconde moitié du XVIIIe siècle, dressée par l’érudit Négrier de La Crochardière (Méd. Le Mans : ms. 21 A, t. IV, p. 408-410).
505 Saisissant exemple d’une notoriété qui confine au vedettariat dans le domaine de la prédication.
506 L’après dîner : l’après-midi.
507 Son endroit : sa propriété, sa maison, particulièrement sa maison des champs. Le registre paroissial de Saint-Georges-du-Plain (« le petit Saint-Georges ») confirme que le défunt demeurait « ordinairement au Mans, paroisse de Saint-Pierre le Réitéré » et qu’il est « décédé à sa Campagne située dans cette paroisse ».
508 M. Le Clerc, père : ce personnage est le procureur du roi honoraire au Présidial du Mans, Charles-Ambroise Leclerc de La Galorière (1713-1802), issu d’une importante famille de magistrats lavallois. Le registre de Saint-Nicolas précise qu’il est le grand-père de l’enfant baptisé (Auguste-Charles) ainsi que son parrain. Anobli de fraîche date, il avait épousé une fille d’anobli, enrichi par le commerce de l’étamine, Louise-Magdeleine Plumard des Rieux, sœur de Plumard de Dangeul, membre du groupe « les économistes » proche de Vincent de Gournay (Armorial de Linière, t. II, p. 385-386 et 573-574).
509 Victoire-Anne Surgan de La Courbe (fille d’un conseiller au Présidial du Mans) était justement pensionnaire au couvent des Ursulines lorsqu’elle épousa Charles-François Leclerc de Sainte-Croix, le 11 juin 1782 en l’église Saint-Nicolas. Le couple s’était installé ensuite dans la même paroisse.
510 Engager à diner : inviter à dîner, c’est-à-dire à déjeuner dans le vocabulaire actuel.
511 Comprendre : si son père ne se remarie pas (et n’ajoute pas des héritiers).
512 Cette grand-mère alliée des amoureux mérite quelques mots de biographie. Mme de Blanchardon était déjà âgée au moment où elle parvient à faire céder son fils pour favoriser le mariage d’amour de sa petite-fille : en effet, Michelle-Françoise Roger était née au Mans, paroisse Saint-Benoît, le 5 septembre 1705. Elle vivra encore plusieurs années après le mariage (sépulture le 30 septembre 1791, paroisse du Crucifix).
513 Vallon : Vallon-sur-Gée, village situé à environ 15 km à l’est de la Manouillère, donc dans le périmètre familier au diariste. La terre et le manoir de Béru (fin XVe siècle) avaient été acquis par la famille Belin en 1699 ; ils y avaient ajouté deux autres domaines situés sur Vallon : les Roches (manoir du XVIe siècle et actuelle mairie) et la terre de Châtain, qui servirent à « titrer » les membres de la famille Belin.
514 Comprendre : et son enfant y a été baptisé (le 2 juin 1787). Les mentions et titres portés sur l’acte de baptême occupent une page entière des registres d’Yvré. En dehors de la famille, les présents étaient Chéhère et Bonnet, chanoines proches de l’évêque, ainsi que Champion de La Livaudière, donné comme écuyer, qui doit être le médecin ayant procédé à l’accouchement (voir au 31 octobre 1773).
515 Remises à la mode par les récits de Mme de Genlis (1766) puis l’opéra-comique La Rosière de Salency de Favart (1769) puis celui de Grétry sur le même thème (1774), les fêtes de la Rosière fleurissent aux dernières années de l’ancien régime, et ressurgiront largement au cours du XIXe siècle (Sarah Maza, Vies privées, affaires publiques, Les causes célèbres de la France prérévolutionnaire, Fayard, 1997, 384 pages, p. 63-103). Elles avaient initialement une finalité morale et édifiante : célébrer les vertus de modestie et de sagesse d’une jeune fille vierge et méritante, publiquement couronnée de roses et récompensée d’une somme d’argent – au XIXe siècle, ce sera un livret de Caisse d’Épargne. Ici, il semble que cette fête ait été transformée en une opération mixte, au bénéfice de la filature de coton qui au sein de l’hôpital du Mans tente d’employer les pauvres : elle allie appel à la charité pour récolter des fonds et émulation pour encourager la qualité du travail des fileuses et fileurs de coton. Leprince d’Ardenay évoque cette cérémonie qui aurait été organisée pour la première fois en 1786 (Mémoires, p. 186).
516 Il manque ici un ou plusieurs mots : présidait ?
517 Il manque à nouveau un mot : officia ? On devine un paragraphe rédigé à la hâte, non relu, peut-être parce que le diariste sent que sa plume fait ici double emploi avec le récit publié par Les Affiches du Mans, qu’il cite lui-même comme référence en titre.
518 Augustin-Joseph de Mailly (1708-1794), maréchal de France depuis 1783. Manceau par sa mère, il était né dans le château familial à Villaines-sous-Lucé (30 km au sud-est du Mans). Après une brillante carrière militaire, il était devenu gouverneur du Roussillon en 1749, y fondant des hôpitaux, des manufactures, des foires, un théâtre, une académie militaire… et Port-Vendres. Acquis aux idées des Lumières, franc-maçon, il était aussi devenu l’ami de Frédéric II de Prusse. Ultérieurement, il refusa d’émigrer et vint se placer aux côtés du roi lors de l’attaque des Tuileries. Il sera guillotiné à l’âge de 87 ans à Arras, le 28 mars 1794 (Michel Brunet, « Les Hommes du roi en Roussillon au XVIIIe siècle : les maréchaux de Noailles et de Mailly », Mélanges roussillonnais, 2009, p. 183-193. Voir aussi, sous la dir. de Gilbert Larguier, Les Lumières en Roussillon au XVIIIe siècle : hommes, idées, lieux, Canet, Trabucaire, 2008, 234 pages).
519 Des plats entiers : des plats qui n’avaient pas été entamés lors du dîner (= déjeuner), preuve de l’abondance avec laquelle le chapitre avait fait les choses.
520 Le minime Gaspard de Bono (1530-1604) a été béatifié le 17 septembre 1786 et fêté au Mans, comme à Bordeaux et ailleurs, l’année suivante (Éric Suire, « L’écho des cérémonies de canonisation à Bordeaux sous l’Ancien Régime », Fastes et cérémonies, L’expression de la vie religieuse, XVIe-XXe siècles, M. Agostino, F. Cadilhon et Ph. Loupès [dir.], PU de Bordeaux, 2003, p. 17 à 33).
521 Correcteur de la maison des Minimes : le supérieur du couvent des Minimes (on dit : le Père Correcteur).
522 En choisissant ce curé de village pour être diacre lors de cette cérémonie mancelle, le chanoine Nepveu veut honorer le curé de Pruillé, qu’il côtoie lorsqu’il séjourne à la Manouillère.
523 On remarque la différence établie par le diariste entre deux types de richesses.
524 En notant le mariage, le 21 novembre 1786, Nepveu avait indiqué que la jeune mariée avait 17 ans ; dix mois plus tard, lors de son décès, il la donne comme ayant 23 ans. La juxtaposition de ces deux notations montre, une fois de plus, qu’il faut prendre avec prudence les indications de ce type qui parsèment le Journal du chanoine. Le registre paroissial du Crucifix, où la sépulture est enregistrée le 21 septembre 1787, indique que la défunte, « Dame Marie Charlotte Étienne Goussault », était « âgée d’environ dix huit ans » et avait été « baptisée en l’église paroissiale de La Couture ». Effectivement on trouve son baptême à La Couture, le 25 décembre 1769. C’est donc en notant le décès de la jeune femme que le diariste a commis une erreur de cinq années, peut-être sous le coup de l’émotion provoquée par ce drame brutal.
525 Mme Poisson est l’épouse d’un conseiller au Présidial du Mans, anobli.
526 Non daté en lui-même par le diariste, le décès est survenu le 7 octobre 1787. En atteste, dans le registre paroissial de Saint-Benoît du Mans, au 8 octobre 1787, l’acte de sépulture de « haute et puissante Dame Louise Bailly de Saint Mars », décédée d’hier. Le même acte précise : « née et baptisée paroisse de Tremblevif en Sologne, diocèse d’Orléans au mois de septembre 1719, mariée et épousée paroisse de Saint Mars la bruyère [Saint-Mars-la-Brière] diocèse du Mans il y a environ quarante sept ans avec messire Pierre Denis Claude Richard de Fondville écuyer, Conseiller du Roi, receveur particulier des finances de l’élection du Mans, Seigneur de l’Épichelière, Souligné sous Vallon et autres lieux »…
527 Le règlement de la succession, après la mort de M. de Fondville fin 1796, éclaire ce qu’avait été ce « grand état de maison » : citons à titre d’exemples « trois grands tableaux qu’on dit être des originaux de Vernet », une bibliothèque de plus de 900 volumes (dont l’Encyclopédie avec tous ses suppléments et tables, l’Histoire naturelle de Buffon en 36 volumes…), un diamant d’une valeur de 3 000 livres… (AD Sarthe : 18 J 422, sans date, vers l’an V).
528 Toujours inconsolable : à jamais inconsolable.
529 La récente belle-sœur de Mme de Fondville, celle sur laquelle le chanoine avait imprudemment placé un pari (voir aux 29 janvier et 20 février 1780), « Dame Marie Mabillaud épouse de messire Pierre Nicolas Bailly de Saint Mars, seigneur de St Mars la bruyère et autres lieux, demeurant au dit Saint Mars, frère de la Dame de Fondville », est non seulement présente, mais semble même représenter son mari, qui, lui, est absent. Elle est la première à signer le registre, assez maladroitement, « mabilau de st mars » sans former de majuscule et en faisant deux pâtés.
530 Parmi les présents, on remarque « messire Guillaume Pierre Tavernier de Boulongne, Chevalier commandeur de l’ordre de Saint-Louis ancien trésorier du dit ordre et de l’extraordinaire des guerres, demeurant ordinairement à Paris, paroisse de St Sulpice, cousin germain dudit seigneur de Fondville à cause de Dame Perrine Revenale son épouse ». Enterrement « splendide » oblige, on peut supposer la présence des élites mancelles du moment : le curé signale d’« autres parents et amis qui s’étant retirés n’ont signé avec nous ». Sans doute le chanoine diariste, lié aux Fondville, y assistait-il (voir introduction).
531 Curieusement, le diariste perd ici tout souci de datation, alors qu’il est ordinairement assez méthodique sur ce point. Ce mariage nocturne fut célébré le 27 novembre 1787, dans la paroisse de La Couture.
532 Le registre paroissial de La Couture confirme cette légère différence d’âge que le chanoine a pris soin de noter, en l’atténuant toutefois. En réalité les deux protagonistes sont nés à un an et demi d’intervalle puisque l’époux a été baptisé paroisse de Saint-Pavinde-la-Cité le 28 mars 1750, tandis que l’épouse l’a été dans celle de Saint-Pierre-la-Cour le 21 octobre 1748.
533 Sur la famille Dagues, voir au 26 avril 1784.
534 La Boucherie : ce grand bâtiment a été construit à la fin du XVIIe siècle au pied de l’escalier ensuite dit « des boucheries », pour accueillir les activités liées à la viande peu à peu jugées insalubres au sein de la ville close.
535 Le chanoine Nepveu n’avait pas signalé le mariage (le 17 juillet 1786) de Marie-Constance-Adelaïde Orry, fille du cirier Charles Orry, et de Jean-Baptiste-Charles Mareau du Genetay, officier des Eaux-et-Forêts.
536 René-Siméon Dubois de Montulé est par ailleurs connu pour son peu de goût pour la religion, qu’il transmettra à son fils. Ni le goût pour la boisson, ni l’irréligion n’étaient rédhibitoires, semble-t-il, aux yeux du diariste, qui convie à sa table le couple Montulé (voir au 15 avril 1782).
537 La Perrière : village pittoresque perché sur un éperon, à égale distance de Mamers et Bellême. De nombreux artistes y sont aujourd’hui installés (www.parc-naturel-perche.fr). Le défunt était seigneur de la terre de Montulé, à l’ouest du bourg de la Perrière. Il y était né le 15 juin 1728 (BMS, La Perrière, et Louise Tafforeau, Un petit coin du Perche : la Perrière et forêt de Bellême, Imprimerie Alençonnaise, Alençon, 1924, 114 pages, p. 79). Nepveu se montre une nouvelle fois approximatif concernant l’âge.
538 Nepveu avait noté ce mariage dans son Journal : voir au 16 avril 1761.
539 Le chanoine a oublié : il s’agit du régiment de Bretagne-Infanterie.
540 Le diariste, que l’on sait sensible à la conformité des alliances (voir au 13 février 1786), doit apprécier cette concordance dans l’acquisition d’une charge anoblissante.
541 Ils n’ont point de charges : aucun des deux fils de M. de Châteaufort n’a encore acquis d’office, civil ou militaire.
542 Ce mariage d’intérêt entre cousins ne réunit pas autant de monde que le suivant. Seule la famille et des proches parents assistent à la cérémonie, tous issus du négoce de l’épicerie, des étamines et des forges (BMS, Le Mans, Saint-Nicolas, 14 janvier 1788).
543 Marçon : localité située près de La Chartre-sur-le-Loir. Les Malherbe habitent le château de Poillé, à 500 mètres du centre du bourg. La famille a conservé un rôle influent dans ce village jusqu’au XXIe siècle : des années 1950 jusqu’en 2001, le Maire de Marçon s’appelait en effet Armand de Malherbe…
544 Ce mariage est un événement mondain qui n’échappe pas au diariste. L’acte de mariage occupe plus de 3 pages du registre paroissial. Outre les familles des mariés, sont présents de nombreux noms de premier plan de la province : Le Boindre, Vanssay, Le Paige, Musset, Négrier, Launay, Ogier, Guyonneau, La Porte-de-Saint-Gemmes, Le Febvre de La Porte de La Thébaudière, entre autres (BMS, Le Mans, Saint-Nicolas, 26 février 1788).
545 La maladie du passage : sorte de fièvre épidémique violente, avec inflammation de la muqueuse gastro-intestinale.
546 Le diariste avait annoncé la mort prochaine de Mme Goussault le 21 novembre 1786. Entre temps elle avait vu périr sa fille en couches, comme le rappelle Nepveu quelques lignes plus loin. Le registre paroissial précise que la défunte avait été baptisée à Souligné-sous-Vallon « il y a environ 44 ans » et date son décès du 11 mars 1788 (BMS, Le Mans, La Couture, 12 mars 1788).
547 M. Goussault père, conseiller à l’élection, s’était anobli par l’achat d’une charge de secrétaire du roi.
548 Le diariste semble confondre le père et le fils. L’Armorial de Linière (t. I, p. 40-41) affirme que c’est Louis-Jacques, le jeune marié, qui venait d’être anobli par Louis XVI, par lettres patentes données à Versailles en juillet 1786 et enregistrées à Paris le 5 septembre 1787.
549 D’après son contrat de mariage, M. de La Vingtrie jouissait de quatre rentes produisant 5 475 livres de revenu. Il apportait aussi pour 120 000 livres de dot, constituée de la valeur de ses offices, d’une maison et de plusieurs riches herbages en Normandie (AD Sarthe : 4E 37/820, Étude Martigné, 29 mars 1788).
550 Pris par tout ce qu’il avait à conter sur ce mariage, le chanoine n’a pas pris la peine de feuilleter son Journal pour remonter jusqu’au 20 septembre 1785.
551 Mlle Livré apporte en réalité dans la corbeille de mariage un patrimoine foncier de 74 000 livres situé dans la Champagne mancelle. Il lui resterait à récupérer la totalité de certains biens à la mort de sa mère avec laquelle existait une indivision sur certaines terres. Le chanoine Nepveu a été invité aux cérémonies et il signe même le contrat de mariage. Son erreur sur l’apport de la mariée est donc difficilement explicable.
552 Une maison qu’il a fait bâtir : cette demeure, estimée 25 000 livres dans le contrat de mariage, est appelée « le pavillon » et entourée d’un beau parc. Située rue du faux-pavé (ou rue de la Herse), à la sortie nord de Bellême, en direction de Mortagne, elle existe toujours.
553 On reconnaît en effet parmi les amis qui signent le contrat de mariage quelques personnalités très en vue, impliquées dans la révolte du Présidial : les magistrats Hérisson de Villiers, Ménard de La Groye, Ouvrard de Linières, Maulny, Chesneau Desportes, Delaunay et quelques riches amis négociants comme les Pinchinat et les Le Romain.
554 Si le chanoine Nepveu est aussi bien renseigné sur cette noce et tout ce qui l’a entouré, c’est que la jeune mariée est l’une de ses parentes éloignées. On le devine très satisfait de cette alliance. M. de La Vingtrie est l’homme fort de Bellême, où il cumule à peu près toutes les fonctions. Sa popularité locale présumée ne durera pas longtemps : deux ans plus tard, après qu’il ait subi graves accusations et procès en juillet 1789, le ton du diariste à son sujet sera bien différent (voir au 13 mars 1790).
555 En 1782, Louise-Honorine Ribot, originaire d’Amboise, avait épousé à Paris, paroisse Saint-Eustache, Jacques-Michel Desportes de La Fosse, écuyer et négociant en étamines. Pour le baptême de ce second enfant, le parrain, oublié par le diariste, est Joseph-Henri Desportes de Gagnemont, écuyer, oncle paternel. Parmi les amis qui signent, on reconnaît les notables de la ville : Legris de Claircigny, Jouye des Roches, Renusson de La Borde, Le Balleur de Lisle, Drugeon… (BMS, Le Mans, Saint-Pierre, 12 avril 1788).
556 Les documents émis pour régler les conséquences de la fermeture des chapitres et de leurs psallettes au début de la Révolution permettent d’affirmer que le jeune garçon reçu enfant de chœur le 12 avril 1788 se nomme Jean-Baptiste Lemeunier, ou parfois (Le) Mugnier (AD Sarthe : L 568, 16 janvier 1791). Son père, Pierre-Antoine Lemeunier, chante et joue du serpent à la collégiale Saint-Pierre, où il parviendra d’ailleurs à placer un autre de ses fils comme enfant de chœur… le 24 juillet 1789 (AD Sarthe : G 514).
557 Julien Chaumier avait été reçu à la psallette de la cathédrale le 22 mars 1776 (voir le Journal à cette date). Il y a donc été éduqué pendant douze ans : son temps normal de formation est « rempli ».
558 Comprendre : le mandement avait convoqué les participants du synode au séminaire, lieu que Mgr de Gonssans affectionne particulièrement, et non dans la salle dite du Synode au palais épiscopal.
559 Pruillé près Lucé : Pruillé l’Éguillé, à 5 km au sud-est du Grand-Lucé.
560 Turpin du Cormier, après avoir été curé du grand Saint-Pierre, avait été nommé à la paroisse de Gourdaine (voir au 30 août 1776). Il s’était déjà opposé à l’évêque (voir au 21 février 1784).
561 L’audace du curé Turpin, la solidarité des curés contre le haut clergé, l’évêque publiquement mis en difficulté… Tout ce récit prend une résonance particulière pour nous qui connaissons les événements survenus peu d’années plus tard. Il faut tenter de mesurer ce que ces événements pouvaient représenter sur le moment même, en avril 1788. Manifestement, au vu de la longueur du texte que le diariste leur consacre, ils avaient secoué le petit monde du clergé local, et, certainement, plus largement au-delà.
562 L’âge des servantes de presbytère a donné lieu à de vives discussions pendant le synode de 1788.
563 Le récit du curé de Brûlon est assez convergent. De plus, il établit un lien direct avec l’épisode qui trois ans plus tôt avait opposé le curé Turpin à son évêque, ce que ne fait pas Nepveu : « Nous nous rendîmes à la cathédrale à huit heures du matin […], nous pouvions être 400. Après l’appel on lut les statuts que le seigneur évêque nous proposait. Après cette lecture vinrent les débats aussi bruyants que longs et scandaleux. […] Le curé de Gourdaine ayant été envoyé au séminaire trois ans auparavant avait toujours conservé un levain contre l’évêque. Aussi tous les curés peu favorables aux statuts l’avaient choisi [comme] le chef, aussi remplit-il sa charge. Il se leva, lut un mémoire d’une demi-heure contre le despotisme épiscopal […]. L’après diner, même tumulte, et mêmes débats surtout pour l’article sur les servantes […]. L’œuvre de Dieu a toujours souffert contradiction. Signé : Beucher, curé de Brûlon » (Les Observations de M. Beucher, curé de Brûlon [1767-1791], édité par H. Roquet et R. Coutelle, Le Mans, Jobidon fils, 1932, 51 pages).
564 C’est-à-dire relégués à l’avant-dernière place, alors qu’ils « prétendent devoir avoir le pas sur les chapitres » comme l’a relevé le diariste au début de son compte rendu du synode.
565 Bon exemple de l’utilisation parcellaire et cependant intensive à laquelle le Journal de La Manouillère a jusqu’alors été soumis, son récit du synode d’avril 1788 a été souvent cité. L’un des premiers à le publier fut Dom Piolin dans son Histoire de l’Église du Mans (t. VI, pièces justificatives).
566 Cette naissance, non datée par le diariste, eut lieu le 27 avril 1788. Ce nouveau-né aura un destin militaire : engagé comme simple soldat en 1806, François-Marie-Casimir de Négrier se verra remettre la Légion d’honneur par l’empereur en personne en 1814. Il participera activement à la conquête de l’Algérie et sera tué durant les journées de juin 1848. Le diariste se trompe sur la nationalité de la mère de l’enfant : Marie-Anne Palyart de Clamouse était fille d’un gentilhomme portugais, et François-Gabriel de Négrier l’avait épousée en 1787 à Lisbonne.
567 Le diariste sait que le déplacement de l’Intendant a comme but la suppression de trois petites juridictions. Ce qu’il ne dit pas, mais que pourtant il n’ignore certainement pas car depuis des semaines Le Mans bruissait de rumeurs, c’est que les magistrats de ces juridictions supprimées avaient vocation à entrer au grand bailliage (voir les notes suivantes).
568 Poser les s[c]eaux : mettre les scellés.
569 Connus sous le nom de « réforme Lamoignon », les édits et ordonnances enregistrés à Versailles le 8 mai 1788 prévoient une large réorganisation de l’administration judiciaire. Dans cette refonte, la ville du Mans semble favorisée puisqu’elle devient siège d’un grand bailliage. Cela n’en provoque pas moins une crise parmi les magistrats manceaux, coupés en deux camps qui s’affrontent très durement. Après l’échec d’une première convocation du présidial du Mans le 19 mai, la séance d’enregistrement a lieu le 26 mai, en présence de l’Intendant, représentant du roi et du ministre. Il est arrivé l’avant-veille, comme le diariste l’a noté sans toutefois relier clairement son séjour à la réforme en cours. Cet épisode de grande tension, dont le Journal de Nepveu donne des échos assourdis, a été analysé par Frédérique Pitou, « Le Présidial du Mans en 1788 : le grand bailliage ou l’exil », Hommes de loi et politique, H. Daussy et F. Pitou (dir.), PUR, 2007, 258 pages, p. 143-161. Elle en montre toute la complexité : les partisans du changement sont accusés d’être soumis au despotisme de l’État, et les tenants de la tradition sont qualifiés de patriotes éclairés : « le paradoxe de la pré-révolution se retrouve aussi au Mans ».
570 Sur ces quatre opposants de la première heure, deux ont laissé des écrits qui sont des sources importantes sur le sujet. François Ménard de La Groye durant son exil écrit 15 lettres à son épouse restée au Mans (AD Sarthe : 10 J 121). Sa correspondance est doublement intéressante car elle conserve des lettres reçues de son ami Chesneau des Portes, qui était, lui, partisan de la réforme (AD Sarthe : 10 J 100). René-Anselme Négrier de La Crochardière retrace les événements dans son Journal historique et critique de ce qui s’est passé au Mans à l’occasion de la révolution arrivée en la magistrature au mois de mai 1788 et opérée par M. de Brienne, archevêque de Sens et principal ministre et M. de Lamoignon garde des Sceaux de France (AD Sarthe : 111 AC 62 et 1 Mi 4R2).
571 Sur cette Société du Jardin : voir au 13 janvier 1786. Telle que Nepveu l’avait alors présentée, elle semblait bien inoffensive. Mais la lecture et le commentaire des journaux, même pratiqués entre « gens comme il faut » et « dans la plus grande honnêteté », peuvent toujours inquiéter les autorités, surtout lors des périodes de grande tension, comme c’est le cas ici.
572 Le défunt, Louis-Auguste Le Roy, possédait le château de Montaupin à Oisé (28 km au sud du Mans). Il venait de marier sa fille au fils d’un officier au régiment de La Fère avec lequel il avait servi. Le marié, âgé de 36 ans, Pierre-Étienne de l’Hermitte, était lui aussi capitaine dans la même unité (BMS, Le Mans, La Couture, 1er mai et 4 juin 1788 ; Armorial de Linière, t. II, p. 405-406). Cet aristocrate percheron de Mortagne deviendra un des chefs du parti royaliste à la Révolution et mourra en avril 1795 à la tête d’une bande de chouans face aux républicains à Saint-Denis d’Orques dans la Sarthe (voir le Journal de Nepveu au 22 février 1789).
573 Le Roy de Montaupin étant veuf et père de deux mineures, une mise sous scellés et un inventaire devenaient indispensables après son décès. Le mariage accéléré de l’aînée permet d’éviter cela.
574 Le chanoine Nepveu avait évoqué aux 21-22 mai 1787 ce mariage obtenu de haute lutte par les amoureux, grâce à l’entremise de la grand-mère. Un an plus tard, « Messire Louis-Jacques de Blanchardon, écuyer… » semble réconcilié avec sa fille puisque, comme le suppose le diariste, c’est bien le « grand-père de l’enfant au costé maternel » qui est parrain du premier-né (BMS, Le Mans, Le Crucifix, 6 juin 1788).
575 Intempéries ou sécheresse, Sainte Scholastique était invoquée pour contrer les caprices du temps (voir juin 1775 en note, puis aux 14 et 18 mai 1785).
576 Il s’agit de la suite directe de l’épisode du 26 mai précédent. Le chanoine ne mentionne ici que le lieu d’exil de Poisson du Breil, expédié à Luçon par lettres de cachet. Peut-être ignore-t-il encore que Ménard de La Groye a été envoyé au Blanc, dans le Berry, et Négrier de La Crochardière à Mauléon (F. Pitou, « Le présidial du Mans en 1788… », art. cité, p. 149).
577 « Enregistrer » [les édits de suppression des parlements] s’oppose à « protester » [contre cet enregistrement]. On constate qu’entre le 26 mai et le 18 juillet, les positions ne sont pas restées figées. Certains Manceaux en vue ont changé de camp, comme le conseiller Belin des Roches (F. Pitou, « Le présidial du Mans en 1788… », art. cité, p. 146).
578 C’est là l’argument principal des opposants à la réforme Lamoignon : elle ébranlerait les fondements de la monarchie et porterait « atteinte aux lois et à la liberté nationale » (Protestations de Belin des Roches le 7 juillet 1788, citées par F. Pitou, « Le présidial du Mans en 1788…, art. cité, p. 146).
579 Mulsanne se situe à 12 km au sud de la cathédrale du Mans. Joseph Bordier semble y être allé à pied (« se promener »), ce qui représente environ deux heures et demie de marche.
580 L’information a donc été transmise de Mulsanne au Mans (moins d’une heure à cheval) le soir même ou dans la nuit, et le lendemain matin du décès le chapitre prend ses dispositions pour la cérémonie et les prières d’usage.
581 Le registre paroissial de Mulsanne confirme : « L’onze septembre 1788 le corps de vénérable et discret messire Joseph Bordier chanoine semi prébendé de l’église du Mans décédé d’avant hier en cette paroisse âgé de soixante trois ans a été inhumé en le cimetière de cette église. » Aucun représentant du chapitre manceau ne s’est déplacé. En revanche le clergé du Belinois est présent en nombre : le « curé de céans » et son vicaire, mais aussi les curés et vicaires de Moncé-en-Belin, Saint-Gervais-en-Belin, Laigné-en-Belin et Téloché. Est enfin venu le « sieur Jean Raynaud, marchand à St-Calais, neveu du défunt ».
582 Cet « homme singulier » serait l’auteur d’un opuscule satirique, Matinées de l’ex-curé de Champagné, ou instructions à un jeune clerc tonsuré, imprimées pour la satisfaction du public, Genève, 1778, in-12, 30 pages. Le lieu d’impression est fictif, l’ouvrage sortant apparemment des presses de Pivron au Mans (Méd. Le Mans : Maine 330). Sur Joseph Bordier, voir aussi le Journal de Nepveu fin avril 1774.
583 Nepveu pose ici au spécialiste ès usages capitulaires. Chanoine depuis près de trente ans, sans doute est-il alors effectivement l’un des meilleurs connaisseurs en la matière. La pratique du concours avait été instaurée par le Concile de Trente. Il s’agit d’une épreuve publique à laquelle pouvaient prendre part tous les clercs de bonne vie et mœurs. Ils devaient répondre à trois questions et faire une courte homélie sur un passage tiré de l’Écriture Sainte. L’arrangement pratiqué ici est contraire aux dispositions juridiques établies par une bulle pontificale de 1740 et une déclaration royale du 11 août 1742.
584 Les critères physiques sont jugés importants dans le choix d’un ecclésiastique : la taille, pour en imposer, la voix, tant pour prêcher que pour entonner le chant… (voir par exemple au 3 mars 1777).
585 Cette chapelle faisait de son titulaire un confrère du bas-chœur de Saint-Michel (voir glossaire).
586 L’acte de décès confirme les informations du diariste : le défunt est dit « âgé de 88 ans environ, baptisé dans l’église paroissiale de Mareil en Champagne dans ce diocèse le 1er avril 1701 » (BMS, Brains-sur-Gée, 14 septembre 1788).
587 Sa terre, paroisse de Brains : au château des Touches, à Brains [aujourd’hui Brains-sur-Gée], à 18 km à l’ouest du Mans, et à une douzaine à vol d’oiseau de la Manouillère.
588 Comprendre : l’aîné des Prudhomme de La Boussinière, qui est curé du Crucifix, a hérité de la terre familiale des Touches. Le diariste énumère ensuite les deux autres enfants du défunt. Le registre paroissial mentionne seulement la présence des deux fils à la sépulture, en déclinant tous leurs titres, présents et passés. Les deux frères font suivre leur signature de la mention « député du clergé », ce qui semble bien révélateur de l’atmosphère du moment.
589 Le registre paroissial énumère quelques-uns des engagements du défunt au service des « affaires des autres » : « Membre des assemblées provincialles de Tours et du Mans, membre et ancien Directeur général de la Société royale d’Agriculture de la Ville du Mans, ancien Conseiller de l’hôtel commun de la dite Ville du Mans et ancien administrateur des hôpitaux… » Mais à l’énumération de ses possessions, on comprend bien qu’en effet il n’avait « pas négligé les siennes », comme l’insinue le diariste : « Seigneur de Brains, les Touches, les Grandes Métairies, la Gravelle, Vauguion, Saint Christophe, Monceaux, La Barberie, Messimon, la Grande Buchaille et autres lieux… » Vauguion est une belle maison de maître située à Brains, et Monceaux un manoir à Souligné-Flacé. Entre les titres donnés au père et ceux des fils, l’acte de décès occupe plus de deux pages pleines du registre paroissial de Brains.
590 L’effectif du régiment de Chartres-Dragons était de 476 hommes et 500 chevaux. Les soldats étaient hébergés dans 27 maisons louées par les échevins de la ville. L’auberge dont parle le diariste venait de s’ouvrir et portait le nom de La Croix d’or. Le magasin à fourrage fut installé dans l’ancienne église Saint-Victeur tout près de l’abbaye du Pré (A. Bouton, La Vie pittoresque du Mans …, op. cit., p. 26).
591 Le château de Tremblaie est situé à une demi-lieue du bourg de Saint-Ouen-en-Champagne (36 km à l’ouest du Mans). J.-R. Pesche signale ce fief dans son Dictionnaire (t. V, p. 463). Au début du XIXe siècle, son propriétaire est Richer de Montauban.
592 La formulation du diariste laisse supposer que les Oratoriens auraient été mis mal à l’aise par l’exclusion des héritiers naturels, au point de refuser le legs. On peut penser aussi que la bibliothèque de ce clerc tonsuré à la « très mauvaise chapelle » n’était pas d’une richesse propre à les intéresser.
593 Comprendre : puisque le défunt était, par sa chapelle, officier de la cathédrale, il fallait un chanoine pour célébrer ses obsèques, même si celles-ci avaient lieu ailleurs qu’à la cathédrale. Le registre des décès du chapitre porte trace de cette commission dont a été chargé le diariste : « L’an 1788 le sept novembre, le corps de maître René-Scholastique Jousset des Berries, clerc tonsuré de ce diocèse, baptisé dans l’église paroissiale du Pré de cette ville, âgé d’environ 51 ans, décédé d’hier, a été transporté de cette église en celle de Saint-Ouen pour y être inhumé, présenté par monsieur l’abbé Nepveu prêtre chanoine de cette église soussigné, et en assistance de Messieurs les officiers de cette ditte église dont plusieurs ont signé avec nous. » Deux signatures seulement accompagnent celle de Nepveu.
594 Dans le même paragraphe et à peu de lignes de distance, ces deux allusions successives aux cierges récupérés après la cérémonie montrent l’importance de la cire dans l’économie domestique du chanoine, comme d’ailleurs dans celle de ses contemporains.
595 Les circonstances : voir aux 26 mai et 18 juillet 1788. Brienne renvoyé le 24 août, le Parlement remis dans ses fonctions par la déclaration royale du 23 septembre, la parenthèse du grand bailliage se referme. Cette cérémonie du 2 décembre 1788 marque en réalité « la capitulation du pouvoir royal » (Marc Auffret et Paul Bois, « La période révolutionnaire », Histoire du Mans et du Pays manceau, F. Dornic [dir.], Privat, 1975, 396 pages, p. 198).
596 Les blessures ne sont pas cicatrisées. L’affaire a divisé la magistrature mancelle « en deux factions qui vont se détester mutuellement » estime Ménard de La Groye, lequel, du Berry, a pris le temps de voyager vers le sud du royaume, avant de remonter au Mans « avec répugnance », exprimant son rejet de « l’esprit de parti à cause des violentes animosités qu’il excite » (F. Pitou, « Le présidial du Mans en 1788… », art. cité, p. 150 et 157).
597 Négrier de La Crochardière raconte ce dîner des anciens exilés comme une grande fête où se trouva réunie « très bonne et grande compagnie » (F. Pitou, « Le présidial du Mans en 1788… », art. cité, p. 153).
598 De fait, « le public » avait souffert des quelques mois chaotiques durant lesquels le grand bailliage avait tenté de fonctionner, en sous-effectif chronique et en malmenant souvent les règles de procédures (F. Pitou, « Le présidial du Mans en 1788… », art. cité, p. 151).
599 Coudoie à Sainte-Croix : voir au 21 septembre 1775.
600 La marquise de Vilennes avait aménagé Coudoie avec élégance, raffinement et même luxe. Son mobilier comportait fauteuils en cabriolet garnis d’indienne, bergères, caquetoires et une banquette couverte de soie cramoisie, ainsi que des tables en marbre, des meubles en bois de rose ou un poêle en faïence. Des objets en laque chinoise, des lustres de cristal et d’émail, de grandes glaces sur les cheminées, des trumeaux et dessus-de-porte à bordures dorées, de nombreux tableaux ou ce « bœuf de bronze portant un mouvement de montre et orné de fleurs d’émail » ornaient les pièces de réception. Partout, de petits objets précieux, des montres d’or à répétition, des tabatières d’or, une argenterie valant plus de 6 800 livres, de la vaisselle de faïence, de cristal et de porcelaine de Strasbourg, incarnaient « la douceur des Lumières ». Le train de vie remarquable relevé par le diariste se traduit aussi par trois luxueuses voitures (diligence, berline et cabriolet) ainsi que par des milliers de livres en pièces de monnaie stockées dans des sacs. Au total, l’inventaire atteint presque 25 000 livres. Enfin, une bibliothèque de 384 volumes composée d’ouvrages d’Histoire, de Belles-Lettres, de théâtre, de dictionnaires et de philosophie. Dieu en est absent mais Rousseau, Voltaire et Montesquieu sont là (AD Sarthe : 4E 37/822, Étude Martigné, 18 décembre 1788).
601 Pour comprendre le lien entre ces deux informations jetées apparemment sans logique par le diariste, il faut savoir que la première défunte dont il parle, la Marquise de Vilennes, était née Marie-Henriette de Biars de Lhommois (en 1732). Les deux autres défuntes, beaucoup plus âgées, disparues l’une à 76 ans le 30 novembre, l’autre à 80 ans le 4 décembre, étaient donc de ses parentes.
602 Puissante : grosse, corpulente, voire obèse. Le diariste n’avait pas signalé cette caractéristique en enregistrant le mariage de l’aînée le 22 janvier 1788.
603 Voir au 22 janvier 1788.
604 Comment peut-on être fille d’un official, lequel est forcément un ecclésiastique ? C’est possible lorsque celui-ci a embrassé l’état ecclésiastique après avoir été marié, avoir eu des enfants, et être devenu veuf. Tel était le cas de René de La Vigne, mort en 1760, chanoine de Saint-Pierre et official du diocèse.
605 Faire la rente : verser les échéances dues en échange de ce prêt qui avait apporté des liquidités au chapitre. Cette rente étant viagère, elle s’éteint automatiquement avec le décès de la prêteuse.
606 On devine que ce faible legs a été une déception pour la sœur du chanoine Bourneuf. Deux ans et demi plus tôt, en avril 1786, Nepveu se faisait déjà l’écho d’une possible perspective d’héritage.
607 Michel Launay meurt le 13 décembre 1788. Selon le registre des sépultures de Saint-Julien, il avait « environ 54 ans » et était originaire de la paroisse de Piacé. Il occupait l’emploi de sergent de la cathédrale depuis près de dix-huit ans (voir le Journal de Nepveu au 5 mars 1771).
608 Quoique sans doute absent puisqu’il est « encore soldat », le fils reçoit la charge du père. On voit que cet emploi de « sergent », chargé d’accomplir des tâches matérielles au service de la cathédrale et d’en assurer le gardiennage, était une affaire de famille, complétée et renforcée par les missions confiées à la mère, sonneuse et loueuse de chaises. Par ailleurs, la famille bénéficie d’un logement de fonction à proximité immédiate de la cathédrale.
609 Voir une autre naissance Ogier d’Ivry, également à Chêne-de-Cœur à Saint-Pavace, le 4 mai 1787.
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