1770-1777. Faste, mondanités et scandales, l’effervescence des années Grimaldi
p. 151-299
Texte intégral
L’année 1770
Queste
1Aux Chapitres Généraux de la St Julien de la présente année 1770, le chapitre a donné pour les paroisses où le chapitre disme, la somme de 1 000 # pour le soullagement des pauvres, vû la misère des temps et la disette des bleds dont l’espèce a presque manqué. Mr l’Intendant a fait venir du riz pour distribuer aux pauvres des paroisses surtout dans le bas Maine où les habitants sont réduits à manger du pain de farine de gland et des racines de fougères. J’en ay vu : il est très mauvais à manger et pour la santé1.
Assemblée de l’Hotel pour avoir des bleds
2Le 17 février 1770 l’Hotel de Ville a fait assembler toutes les Compaignies et Communautés de cette ville pour prester de l’argent pour achetter des bleds qui manquent dans la Province et dont la disette rend le pain très cher ; car le pain molet vaut plus de 3 sols la livre. Le pain michard vaut 31 sols le pain de douse livres et le pain noir vaut 26 sols le pain de douse livres ; le bled froment vaut 4 # le boesseau pesant trente livres ; le bled seigle vaut 3 # 1 sol. Le chapitre a presté 4 000 # ; le clergé, 4 000 #, le Présidial 1 700 #, chaque Communauté de Bénédictins, chacune 2 000 # ; le Séminaire 2 400 #, Mrs les Avocats 1 200 #, l’Election 600 #, les Eaux et forests autant, le Grenier à sel 500 #, la Visitation 600 # ; il y a un particulier de la ville qui a presté 3 000 #. Toutes ces sommes font au moins 30 000 # ; j’en ay oublié quelques communautés. Cet argent sera employé à achetter du bled, lequel sera vendu au marché et dont l’argent sera remis au Receveur de l’Hotel de Ville. Sil y a de la perte, tous ceux qui ont presté en souffriront au Marc la livre. On a commis Mr Prudhomme de la Boussinière et Mr… pour aller à Nantes faire l’achat dudit bleds2.
Mort de Mr Fouché chanoine
3Le 16 février 1770 Mr Jean Fouché chanoine âgé de 86 ans chanoine est mort ayant été chanoine pendant 40 ans ; il avoit eu son Canonicat par un Indult. Il a été enterré le sammedy 17 après Midy avec les cérémonies ordinaires, porté aux Jacobins et de là à St Julien où il a été enterré dans la nef. Huit jours avant de mourir, il avoit donné au Chapitre la somme de 700 # pour estre employée à la volonté du Chapitre.
Mort de Mme Maulny
4Le 26 février 1770 Mme Maulny veuve de Mr Maulny, Conseiller honoraire, est morte et a été enterrée dans l’Eglise de St Hilaire3.
Caresme
5C’est un Minime qui a presché le Caresme en 1770.
Assemblée généralle pour les questes
6Mr l’Evesque du Mans, ayant eu envie de faire un Bureau de Charité pour cette année et pour l’avenir afin d’empescher aucuns pauvres de demander par les rues, pour cet effet, il avoit indiqué une Assemblée de tous Mrs les Curés, pour prendre les moyens de tenir ce bureau, et il avoit fait imprimer une lettre pastoralle qui a été lue au prosne des grandes Messes4. A l’issue de la grande Messe on devoit faire une Assemblée de paroisse pour nommer un des principaux habitans de chaque paroisse pour aller dans les maisons avec Mr le Curé, et demander à chaque particulier ce à quoy il vouloit se taxer par mois pour le présent et pour l’avenir. Mrs du Présidial croyant que ces Assemblées et ce Bureau établis alloient contre leurs droits et Privilèges et faschés de ce que Mr l’Evesque ne leur en avoit point parlé et craignant aussi que cette taxe ne devint vraye taxe à l’avenir, se sont assemblés plusieurs fois et ont donné une Ordonnance qui indique une Assemblée généralle pour le lendemain sammedy, à laquelle on a convoqué toutes les Compaignies et Mrs les Curés. Le chapitre ayant été prevenu de cela a député vers Mr du Mans qui étoit à Ivré pour savoir sa façon de penser et s’il se trouveroit à l’Assemblée généralle. Comme Mr du Mans avoit été fasché de ce que son projet n’avoit pas réussi, il ne voulut point s’y trouver ; mais cependant il engagea tous ceux qui vinrent luy demander son avis pour savoir ce qu’il feront, il dit à tout le monde que comme il s’agissoit du bien des pauvres, il falloit se rendre à la ditte assemblée, qui étoit pour le lendemain sammedy à sept heures du matin. Comme le Chapitre parla le premier, il déclara qu’ayant donné une somme d’argent pour les bleds, et plus une somme d’argent de 1 000 # pour distribuer aux paroisses où ils avoient du bien, ils ne donneroient rien en corps, que si l’on alloit chés les membres de la compaignie, ils donneroient s’ils vouloient et ce qu’ils voudroient. Les Députés du Chapitre adjoutèrent quils ne vouloient point que l’on nommât des Commissaires parce que Mrs les Curés étoient Commissaires nés dans leurs paroisses ; cependant après bien des protestations de la part de plusieurs personnes et surtout de la part de Mr Maulny Curé de la Coulture au nom de Mrs les Curés, on a nommé des Commissaires ; et l’ordonnance ayant indiqué une Assemblée dans toutes les paroisses, qui ont nommé chacune des Commissaires, il y a toujours un de Mrs du Présidial. Pour Mr de Coulture, c’est Mr de Bellemare, gentilhomme, avec un du Présidial et le Procureur de la fabrique, qui tient la bourse. Ces Mrs doivent aller tous les mois dans la paroisse, et le jour de l’assemblée généralle porter leur argent et là on donne pour Mrs les Curés à proportion des pauvres qu’ils ont dans leur paroisse. Comme il y a tant de pauvres la somme n’est pas considérable et si Mrs les Curés n’avoient pas d’autres ressources que cet argent qui vient du Bureau général, les pauvres manqueroient. L’assemblée généralle qui commença à sept heures du matin dura jusqu’à sept heures du soir, outre depuis midy jusqu’à deux heures. Comme Mr l’Intendant avoit été informé de cette Assemblée et ordonnance il a écrit à Mr de la Boussinière subdélégué pour luy rendre compte de la manière dont tout cela s’étoit passé, et il en a aussi écrit une à Mrs du Présidial où il leur reproche d’avoir troublé Mr l’Evesque dans son projet surtout le faisant de concert avec le Ministre5.
Assemblée généralle
7Le 17 mars 1770 il y a eu une assemblée généralle ; on a convoqué Mrs les Curés de la ville pour recevoir l’argent des questes et pour donner l’état et le nombre des pauvres qu’ils ont dans leur paroisse. Le nombre des pauvres de la ville est de quatre mille et la queste n’a été que de deux mille livres. Mrs les Curés ne se sont point trouvés à cette assemblée ; on leur a envoyé à chacun une petite somme pour leurs pauvres.
Prise de possession du Canonicat de Mr Vildon
8Le 17 mars 1770 Mr de Vildon Archidiacre du Château du Loir et Grand Vicaire, a pris possession du Canonicat vacant par la mort de Mr Fouché, tombé en régalle. Il est né le premier janvier 1735, il s’appelle Gabriel de Vildon, homme de condition du Poitou6.
Mariage de Mr Nepveu
9Le 19 mars 1770 Mr Henry Daniel Nepveu chevalier de l’Ordre de St Louis et ancien Capitaine dans le Régiment de Royal Comtois, âgé d’environ 52 ans (Mr Nepveu est né dans le mois de février 1718 et baptisé a la Couture) a épousé en secondes noces, Demoiselle Anne Catherine Blondeau des Ardilliers âgée d’environ trente ans. Il avoit épousé en premières noces Mlle de Maridort dont il n’a point eu d’enfant ; elle est morte le 27 May 1767. C’est moy qui ay fait le dernier mariage dans l’Eglise de St Nicolas7.
Service pour Mr l’Evesque de Rhodés8
10Le 24 mars 1770 Mr Paillé grand Vicaire et chantre de la Cathédralle nous ayant donné avis de la mort de Mr l’Evesque de Rhodés oncle de Mr du Mans, nous avons commis Mrs les orateurs ordinaires pour aller à Yvré et demander à Mr du Mans que l’on fit un service pour Mr de Rhodés. Mr du Mans d’abord ne vouloit point de service pour ne pas, disoit-il, contribuer le chapitre en dépense, mais plus pour éviter un cérémonial. Cependant il a accepté l’offre du Chapitre et a choisy le Vendredy 30 mars, on a commis Mr Paillé, chantre de la Cathédralle et Grand Vicaire, pour dire la grande Messe, moy pour estre Diacre et Mr Ponsan pour sous diacre. On a prié toute la ville par billets9 sans avoir convoqué les compaignies ; la veille on a sonné depuis six heures du soir jusqu’à sept. Il y avoit un petit catafalque honneste et le cœur tendu en noir avec force armes ; il en a cousté de déboursés plus de 120 #.
Saintes huilles
11Mr du Mans a fait les saintes huilles le Jeudy saint, a assisté aux ténèbres pendant les trois jours10, et a dit la grande Messe le jour de Pasques qui étoit le 15 avril 1770.
Mort de Mr de Fontenailles
12Mr Louis Gouin Marquis de Fontenailles ancien Capitaine au Régiment du Roy, Gouverneur du Château du Loir, est mort âgé de 78 ans. Il a été enterré au grand cimetière, le 22 avril de cette année 1770.
Cure de Coulans
13Mr Sellier chanoine et Grand Pénitencier a présenté la Cure de Coulans, vacante par la mort de Mr Pequet à Mr Ceudeville oratorien. Il demeuroit à Tours où il faisoit des Conférences ; la ditte Cure est tombée en sa semaine11 elle vaut environ 2 400 #12. Mr Pequet est mort le 30 avril 1770, mois gradué.
Pain taxé
14Le 5 may 1770, le pain noir est taxé à 31 sols, 6 deniers, le pain michard13 à 37 sols 6 deniers et le pain molet à plus de trois sols ; depuis un temps immémorial on n’avoit point vu le pain aussi cher au Mans, pas même l’année 1739 qui étoit une année de disette. Le seigle a été vendu 4 # 10 sols le boesseau, et le bled froment 5 # et 5 # dix sols le boesseau mesure du Mans, qui ne pèse que trente livres ; l’orge a valu jusqu’à 3 # 5 sols et 10 sols.
Mort de Mme Rivault
15Le 5 may 1770 Mme Rivault femme de Mr Rivault Conseiller au Présidial est morte âgée de 25 ans et a laissé quatre enfans ; elle avoit été mariée à 13 ans. En son nom de fille elle s’appeloit Mlle de Monseaux, née dans la paroisse de Chemmiré le Gaudin14.
Mort de Mr Haudebinne chanoine d’Angers
16Le 7 may 1770 le Chapitre a reçu une lettre du chapitre d’Angers qui nous annonce la mort de Mr Houdebine Archiprestre, chanoine et grand Vicaire d’Angers ; il avoit été professeur de l’université de Théologie. C’étoit sans contredit un des plus grands esprits de tout l’Anjou ; il est mort âgé d’environ soixante ans ; nous avons fait un service pour luy le 8 May 177015.
Affaire de Mr de Flers
17Le 8 may 1770 Mr Hiver de Touchemoreau avocat au Présidial du Mans a commencé à plaider pour Mr de Flers, chanoine Régulier et profès de l’ordre de Ste Croix de la Bretonnière, lequel a fait des vœux chés le Prieur de St Ursin16 lequel Prieur s’appelloit le frère Besnier (lequel passoit pour un misérable). Aujourd’huy il proteste contre ses vœux, prouvant qu’il a été forcé ; qu’il n’a point fait de noviciat. Celuy là est sûr17 et il demande aux Juges de l’Officialité du Mans une sentence qui annulle ses vœux ; Mr de Touchemoreau plaide pour Mr le frère de Fléer, et Mr de Launay fils plaide pour Mr le Comte de Flér père18. Il y aura au moins dix audiances pour cette affaire ; Mr de Launay a fait imprimer un mémoire, c’est à dire son plaidoyer qui est très bien écrit19.
Mariage de Mgr le Dauphin
18Le 16 may 1770, Mgr le Dauphin a épousé Marie Anne d’Autriche fille de l’Impératrice Reine de Hongrie, âgée de 16 ans. Il y a eu à cet effet beaucoup de belles fêtes par où elle a passé, à Versailles et à Paris. Les habits de cour étoient magnifiques ; il y en avoit qui coûtoient jusqu’à quinse mille livres, l’étoffe de la robe de Mme la Dauphine 1 500 # l’aune. Il y a eu à Paris un feu d’artifice magnifique ; il y avoit tant de monde que dans la presse qu’il y avoit dans les rues, il y a eu plusieurs personnes d’étouffées dont 143 sont resté sur la place et sans compter plusieurs qui ont été blessées et qui en sont mortes plusieurs jours après. Il y a eu des chevaux étouffés, des carosses brisés ; jamais on n’avoit rien vu de pareil dans Paris20. Toutes les festes ont été rapportées dans les Gazettes.
Office
19Mr l’Evesque du Mans a officié le jour de la Pentecoste 1770.
Mort de Mr de Guillemeaux
20Mr de Guillemeaux, Conseiller Honoraire et ancien Procureur du Roy est mort le 7 juin 1770 et a été enterré le sammedy 9 de Juin dans le grand Cimetière. Le Présidial étoit en corps ; il étoit âgé d’environ 82 ans. Il a été presque cinquante ans en ménage avec Mme de Guillemeaux qui vit et il laisse deux enfans savoir Mr de Monbrais capitaine dans le Régiment de la Reine, et une Demoiselle qui est avec Mme sa mère.
Jour de la Feste Dieu
21Mr du Mans a assisté à la procession du St Sacrement ; on a été à la Mission, comme à l’ordinaire21. Mr du Mans avoit dit au Prédicateur de l’Octave, qui étoit le Père Clottereau, Jacobin, de ne prescher que pendant un quart d’heure. Tous les chanoines ont assisté au sermon, après lequel Mr du Mans a passé dans la salle où il y a un déjeuner qui est ordinairement du beurre et du pain et du vin. Comme Mr l’Evesque y estoit, il y avoit un pasté et du jambon ; on a été une demie heure dans la salle après quoy on a party pour s’en revenir aux Jacobins où nous sommes22. C’est Mr Després Chanoine qui a dit la grande Messe. Mr l’Evesque, qui y a assisté, l’a commencée.
Dédicasse au Présidial
22Le 18 juin 1770, Mr Martigné, fils du notaire mon voisin et Mr Corlevé phisiciens ont soutenu une thèse de mathématiques qu’ils ont dédiée à Mrs du Présidial. Ces Mrs du Présidial avoient demandé au Chapitre les deux premiers rangs pour se placer disant pour raison que cela étoit arrivé en 1750 aux Cordeliers ; et lorsqu’il y avoit des Thèses dédiées au Chapitre, ces Mrs du Présidial cédoient aussi leur rang. On a examiné les registres et on n’a point trouvé cela écrit23 ; le Chapitre n’a pas voulu céder son rang. Ces Mrs du Présidial étoient en robbe rouge.
Prières pour le beau temps
23Le 6 juillet 1770 Mr l’Evesque du Mans a donné un Mandement pour les prières pour le beau temps, lequel Mandement a été communiqué au Chapitre à l’issue des Vespres. On chantera tous les Dimanches jusqu’au 16 septembre le psaume Miserere et le Domine non secundum, gravement, avec les versets et l’oraison pour le beau temps.
Passage d’un Régiment
24Le 11 juillet 1770 Le Régiment de… Cavallerie a passé par Le Mans, pour aller en Normandie ; ils n’ont point séjourné ; ils ont logé dans les quartiers de la haute ville24. On avoit numéroté toutes les maisons ; il y avoit eu un ordre du Roy pour le faire, on a numérotté toutes les maisons de la ville marqué par une marque d’un pied de large sur huit pouces de haut en huille en gris blanc et le numéro de la maison est au milieu le chiffre en noir. Les maisons des exempts et non exempts sont numérottées25.
Mort de Mme de Luygné
25Mme de Luygné en son vivant fille de Mr du Rocher est morte de la petite vérolle le 23 juillet 1770.
Prix du pain
26Le 28 juillet on a fixé le pain michard de douse livres à 40 sols le pain noir à 31 sols et le pain molet vaut quatre sols la livre. De temps immémorial on n’avoit point vu le pain si cher26.
Remboursement
27Mrs de l’Hotel de Ville qui avoient emprunté des différentes compaignies et communautés la somme de trente mille livres ont rendu au Chapitre qui, pour sa part avoit presté quatre mille livres. Comme le bled avoit presque manqué, ce qu’ils en avoient fait venir n’a point duré longtemps et ils ont eu seulement trois cent livres de bon tout frais fait. Le 28 juillet 1770.
Le pain
28Le sammedy 4 aoust 1770. Le pain blanc ou michard a été fixé à 45 sols le pain de douse livres. De vie d’homme on ne l’avoit vu aussi cher. On a diminué le pain noir de 1 sols six deniers.
Cérémonial
29Le 8 aoust 1770 Mr du Mans a fait présenter au chapitre la première partie du Cérémonial pour que le Chapitre nomme des Commissaires pour l’examiner et conserver ce qui est d’usage dans notre Eglise. Le même jour, on a nommé Mr Blin, archidiacre de Montfort, Mr Bobet, sous chantre, et Mr Leconte, chanoine, qui l’avoient présenté au chapitre de la part de Mr du Mans. Le 10 Aoust, le chapitre extraordinairement assemblé a entendu le rapport de Mrs les Commissaires qui ont approuvé les remarques et observations qu’ils ont fait et on a chargé Mr Leconte de donner à Mr du Mans les observations27.
Diminution du pain
30Le 11 aoust 1770 on a diminué le pain de beaucoup. Le pain michard fixé à 26 # le pain de douse livres, le pain noir à 20 # et le pain molet à 2 # 6 deniers la livre. En réjouissance de cette diminution, toutes les marchandes du marché Saint Pierre ont été remercier Mr Darcy lieutenant Général de Police et ils ont mis du vin et des biscuits à tous les carrefours, pour celuy qui publioit à son de trompe la diminution. Ils ont fait chanter des grandes messes et des Te Deum dans plusieurs églises.
L’Assumption
31Le 15 aoust 1770 jour de l’Assumption Mr l’Evesque du Mans a assisté à la grande Messe, aux vespres et à la Procession. J’ay dit la grande Messe.
Arrest de réunion de St Michel28
32Le 10 septembre 1770 jour de chapitre Général l’on a lu au chapitre Général le brevet du Roy en son Conseil de réunion de toutes les chapelles à la nomination et collation du chapitre et de la réunion de la Confrérie de St Michel. Mr du Mans a écrit au chapitre pour qu’il tienne tout l’ouvrage prest quand il reviendra au Mans ; on a commencé par renoncer par une conclusion généralle au droit de nommer aucuns bénéfices à la présentation du chapitre. On a nommé Mr Leconte et Mr Le Page29 chanoines pour commissaires et pour travailler à cette affaire ; ils avoient déjà été nommés pour cela du temps de Mr de Froulay ; mais il mourut peu de temps après.
Mort de Mme Doigny
33Mme Dogny est morte âgée de quarante et deux ans ; elle étoit allée chés Mr de Grandmaison son frère à Pambourg, paroisse de Beaufay30 ; la fièvre luy a pris et dans onse jours elle est morte. Elle avoit un abcès dans la teste qui a crevé et l’a étouffé ; elle a été enterrée dans l’Eglise de Beaufay. Elle a laissé un fils unique31 ; en son nom de fille elle s’appelloit Guianeau dont le père étoit assesseur au Criminel. Elle est morte le Jeudy 13 septembre 1770 à 11 heures du matin.
Grille des Cordeliers
34Le 4 octobre 1770 Mrs de l’Hotel de Ville ont été invités par les Cordeliers de cette ville à leur grande Messe le jour de St François d’Assise et cela parce que ce jour là Mr le Gardien32 qui a fait raccommoder son Eglise a fait mettre une grille de fer à la grande porte du cœur et les armes de la Ville au-dessus. Mrs de l’Hotel de Ville ont été en corps et le Gardien à la teste de la Communauté a été à la porte de l’Eglise, faire un compliment en peu de mots, mais très bon. Ils étoient avec la croix, et ont présenté de l’eau bénite à Mrs de l’Hotel de Ville. On dit que leur maison sera détruitte33.
Députation de St Michel
35Le sammedy 27 octobre 1770 Mrs du chapitre ou Confrairie de St Michel ont fait une grande députation à Mr du Mans, qui étoit à Yvré. Mr Desbois Curé du Crucifix, Mr Boyère34, Mr Sorel et Mr Denys sont partis du Mans en carosse à six chevaux en poste pour aller faire des représentations à Mr du Mans au sujet de la réunion ; il paroit qu’ils feront des oppositions, ainsi que plusieurs corps de la ville.
Mort de Mr de Villiers Conseiller
36Le 2 novembre 1770, Mr Hérisson des Villiers, Conseiller honoraire au Présidial du Mans, est mort d’une hidrophisie de poitrine, à l’âge de 63 ans. Il a été enterré le jour des morts, dans l’Eglise des Cordeliers, après l’ultimatum vale à la paroisse de la Coulture. Il laisse un fils unique à qui il avoit donné sa charge. Le Présidial a assisté en corps à l’enterrement à 3 heures après midy, le 2 novembre 1770.
Mort de Lépinay sergent ou bedeau de la Cathédralle
37Julien Lépinay sergent ou bedeau de la Cathédralle, est mort âgé de quatre vingts ans ; il a été enterré dans le bas de l’Eglise dans le costé collatéral du costé de la place du château le… octobre 1770. Sa place ne sera point donnée ou vendue parce que Mr du Mans se propose de mettre des Suisses en sa place35.
Vendanges très mauvaises
38On a vendangé les petits clos le sammedy 10 novembre et les grands clos le Lundy 12 novembre 1770. Depuis longtemps on n’avoit vu d’aussi mauvaises vendanges, et il y a quatre ans que l’on a eu du bon vin.
Mariage de Mme Cailleau
39Le Lundy 26 novembre Mme Cailleau la veuve a épousé Mr Maulny, Garde du Roy, âgé de trente cinq ans. La ditte Dame Cailleau a un enfant, et sa famille n’a pas vu d’un œil tranquille ce mariage.
Grandes eaux
40Dans ce temps-là les eaux sont devenues très hautes, de façon que les voitures ne pouvoient passer à Pontlève36.
Mr Beaudoux
41Le lundy 26 novembre 1770 Mr Beaudoux, premier commis de Mr de Fondville receveur des tailles37 est disparu sans cependant avoir fait tort à Mr de Fondville.
42[note] Il étoit allé à Angers où il est sans vouloir revenir ; il a perdu la teste, croyant toujours que la maréchaussée étoit après luy.
L’Avent
43C’est un Jacobin appellé le Père Clottereau, Procureur de la maison du Mans, qui a presché l’Avent de la présente année.
Mariage de Mr de Létang
44Madame de Ponthosme a épousé Mr de Létang avocat du Roy ; cette Dame est âgée de cinquante et trois ans38. En son nom de fille elle s’appelloit Mlle de Classé ; elle avoit épousé Mr de Ponthosme, gentilhomme servant chés la Reine, il s’étoit fait annoblir dans l’année 1764. Mme de Ponthosme quand elle a épousé Mr de L’Étang avoit 55 ans ; ils ont épousé dans l’Eglise du Séminaire St Charles le 3 décembre 177039.
Mort de Mme de Monthéard
45Madame de Monthéard âgée de 84 ans est morte le 6 décembre et a été enterrée le sept dans l’Eglise des Minimes dans la première chapelle proche la Sacristie où est leur enfeu. C’étoit le Présidial qui menoit le deuil, comme veuve d’un Présidant au Siège Présidial du Mans.
Mariage de Mr Lefebvre
46Le 17 décembre 1770 Mr Lefebvre âgé d’environ trente ans, a épousé Mlle Godard d’Assé âgée d’environ 24 ans40. Il est Conseiller au Présidial du Mans et sera très riche ; son père est de Brûlon41.
Passage d’un Régiment
47Le 20 décembre 1770 le Régiment Brochart Suisse est passé par Le Mans, où il a eu séjour ; il avoit été en garnison dans cette ville l’année 1747.
Ordination
48Mr du Mans a fait son ordination le 22 ; il a assisté à l’office, le jour de Noel. J’avois été commis par le chapitre pour dire la messe de Minuit ; j’ai dit aussi celle du jour. Il a passé plusieurs jours au Mans à faire le nouveau département des décimes. On a fait un nouveau Pouillé42 ; il n’y a eu que dix-sept cents livres d’augmentation du dernier don gratuit qui étoit de dix sept millions. Nous devons ces bienfaits à Mr l’Evesque.
2e partie du cérémonial
49Mr l’Evesque du Mans a fait présenter au chapitre la seconde partie du Cérémonial. On a commis Mr Le Chantre, Mr le sous chantre, Mr Cabaret et Mr Montsallier43, pour l’examiner, et cela le 24 décembre 1770.
Exil de Mr le Duc de Choiseul
50Le 28 décembre 1770, on reçut des nouvelles de Paris qui annonçoient que Mr le Duc de Choiseul, ministre de la guerre étoit exilé à Chantelou, sa terre et Mr de Praslin Ministre de la Marine éxilé à sa terre aussi ; on ne sait point encore qui les remplacera. C’est toujours l’affaire de Mr le Duc d’Aiguillon qui est la cause de tout ce trouble44. Le Parlement qui a eu des lettres de jussion45 persiste à ne point continuer ses fonctions ; ils sont assemblés depuis huit jours et le premier Présidant a été chargé de la part du Parlement de dire au Roy que tous ces membres venoient par sa bouche luy offrir leur vie et leurs charges. On dit que Mr Pasquie est à la teste, et cela parce qu’il est brouillé avec Mr le Chancelier46. Les places ont été plusieurs jours sans être données. Le Parlement a été assembler le lundy 31 décembre 1770 dont on ne sait point encore le résultat.
Mort de Mme Rivault
51Le trois Décembre47 Mme Margueritte Pépin en son nom de fille, veuve de Mr Rivault Conseiller au Présidial est morte, âgée d’environ 65 ans. Elle a laissé un fils qui est veuf depuis six mois48 ; il est Conseiller au Présidial, et il vient d’achetter une charge de Conseiller à la Cour des monnoies à Paris. Mme Rivault a été enterrée dans l’Eglise de St Pavin la Cité.
L’année 1771
Mariage de Mr Trouillard
52Le 7 janvier 177149, Mr Trouillard gendarme50, a épousé Mlle Poulard, niepce de Mr de Neveu, riche de plus de soixante mille livres, héritière de père et de mère, âgée d’environ 25 ans et Mr Trouillard, âgé d’environ trente neuf ans qui sera très riche. Ils ont épousé dans la chapelle du Séminaire St Charles.
Enfant de Mme Le Peletier
53Le 4 janvier 1771, Mme Le Peletier de Femusson est accouchée d’une fille.
Mariage de Mr Ouvrard
54Le 14 janvier 1771 Mr Ouvrard, Lieutenant de l’Election a épousé Mlle Vouvereau qui demeure à St Benoist ; ils sont tous deux riches. Le marié peut avoir environ trente ans et la demoiselle peut avoir vingt ans. C’est Mr Cheneau de la Drouerie Doyen de St Pierre qui les a épousés dans l’Eglise de St Benoist.
Baptême de l’enfant de Mme de Courcival
55Le 18 janvier 1771 Mme de Courcival est accouchée d’un garçon ; c’est Mr de Baigneux son père, et Mme de Maridort mère qui ont nommé l’enfant. Il a été baptisé à la Magdelaine, parce qu’elle est accouchée aux Hormeaux51.
Parlement
56Le Vendredy 18 janvier, on a appris de Paris, que le Parlement avoit cessé ses fonctions, parce que le Roy avoit cassé l’arresté du Parlement. Il est vray qu’il étoit bien fort.
Exil et Cassation du Parlement
57Le Vendredy 25 janvier 1771 on a appris de Paris que le Roy avoit cassé annullé le Parlement et qu’il leur étoit deffendu de prendre la qualité de Présidens, Conseillers de ces dites charges tombées aux parties casuelles. En outre ils ont été exilés tous générallement dans les plus petits endroits du Royaume. Mr le Chancelier a été prendre possession du Parlement avec plusieurs Maistres des Requestes dont il fera un nouveau Parlement. Il a aussi donné ordre aux Procureurs de plaider sous peine de perdre leurs charges et d’estre puny très sévèrement. Il y a un Conseiller du Parlement exilé à Conlie, un à Bernay, nommé Mr de la Coste, âgé de 21 ans ; il y en a un à Sillé52.
Jour de St Julien
58Le 27 janvier 1771, Mr l’Evesque a officié à la grande Messe et à Vespres ; c’étoit le jour de St Julien ; il m’avoit prié de faire diacre. Le jour de St Julien s’est trouvé le Dimanche de la Septuagésime53. Mr l’Evesque doit un sermon ce jourlà, et toutes les fois que Mr du Mans doit le sermon, il est sonné avec la grosse cloche. Le sermon a été supprimé à cause de la longueur de l’office.
Mort de Mr des Arcy
59Le 27 janvier 1771 Mr des Arcys Directeur du grenier à sel est mort, âgé d’environ soixante ans ; il a été enterré au grand Cimetière54, sans aucune cérémonie, parce qu’il n’est pas mort riche. Il a laissé deux enfans ; la demoiselle a épousé Mr de la Bossonnière, ancien Capitaine dans le Régiment Rouergue, et Mr son fils a épousé une Demoiselle d’Amiens où il demeure. Il est mort mal à son aise, et ses enfans n’auront rien de luy.
Nouveau Parlement
60Le 28 janvier on a reçu une déclaration du Roy pour son nouveau Parlement composé de quatre chambres. Les procureurs qui avoient eu ordre de plaider en la place des avocats qui ont refusé, n’ont pas voulu y plaider. On ne sait encore ce que cela deviendra.
Maître de psallette
61Le 31 janvier 1771, aux chapitres généraux de St Julien, on a renvoyé Mr Bourgoin, maistre de la psallette, pour cause de conduitte ; il a laissé deux mille livres de dettes. On luy a accordé 300 # de pension à partir de ce jour et on l’a dispensé du cœur. Il avoit été enfant de cœur à St Julien et il étoit maitre de la psallette depuis très longtemps55.
Mort de la Bouttevin
62Le 29 janvier 1771 la Bouttevin, femme de ferme de la Manouillière est morte en couche ; lenfant a eu l’eau à la maison56 ; elle est morte dans la nuit âgée de 42 ans57.
Affiches
63Les petites Affiches de la Ville du Mans ont commencé le lundy quatre février 177158.
Mort de Mlle d’Auvours
64Le 5 février 1771 Mlle d’Auvours la troisième est morte de la poitrine, âgée d’environ 28 ans ; elle a été enterrée au grand Cimetière ; elle a trois sœurs toutes mariées. L’ainée a épousé Mr de la Porte appellé Mr de la Houssai assesseur criminel ; la cadette à Mr Guionneau dont le père étoit assesseur, et la troisième, mariée à Mr Le Boindre, le troisième, que l’on appelle Mr de Moire. Toutes ces demoiselles ont eu chacune vingt mille livres.
Couche de Mme de Fontenay
65Le mardy au soir 5 février 1771, Mme de Fontenay mariée il y a un an dans ce temps59, est accouchée heureusement d’un garçon et a été baptisé dans l’Eglise de la Coulture, d’où ils sont.
Caresme
66C’est le Père Vicaire des Cordeliers qui presche le Caresme ; il est assez bon.
Arrest d’opposition de St Michel
67Le 20 février 1771, Mrs de la Confrairie de St Michel ont obtenu du Conseil un arrest d’opposition pour la réunion des chapelles à la nomination du Chapitre et de la Confrairie de St Michel. Cet arrest porte que Mrs de St Michel ayant présenté un Mémoire au Conseil, le Chapitre ne fera aucune démarche quils n’ayent répondu au mémoire présenté par St Michel. Ainsi tout en est resté là jusqu’à la mémoire du mémoire60.
Affaire des bedeaux
68Le 23 février 1771 le Chapitre extraordinairement assemblé pour l’affaire des sergens ou bedeaux ; il a été décidé que le Chapitre rembourseroit les trois places. Comme Mr l’Evesque du Mans en a deux à sa nomination on a député Mr Vildon pour luy demander son consentement ; il a non seulement consenty au remboursement, mais au droit de nomination des dittes places à condition que ceux qui les remplaceront et qui seront à gages, iront le chercher comme à l’ordinaire. Il n’y aura plus à l’avenir que deux bedeaux et un Suisse61 qui auront chacun 300 # de gages et qui seront chargés de nettoyer l’Eglise et le cœur.
Couche de Mme Chesneau
69Le 2 mars 1771 Mme Chesneau femme du Conseiller du Présidial du Mans est accouchée d’une fille.
Chaises de la Cathédralle
70Le 2 mars 1771 Les chaises de la Cathédralle ont été adjugées pour un bail de neuf ans, pour la somme de 900 # par an, au sieur et Dame Grandin, portiers de Mr l’Evesque du Mans.
Nomination des bedeaux
71Le 5 mars 1771 on a nommé par scrutin aux places de trois bediaux ou sergens qui seront gagés. On a nommé Dumaine, Launay et Poucet, avec les obligations qu’il seroit trop long de détailler. On doit aussi avoir un Suisse qui sera aussi gagé à 500 # par an et un petit logement autour de l’Eglise et qui sera, tous les jours, à l’Office et nettoiera aussi, tous les jours, le cœur et le sanctuaire. Les bedeaux auront le tour du cœur et la croix qui est devant la paroisse62.
Couche de Mme Guionneau
72Le 9 mars 1771, Mme Guionneau est accouchée d’un garçon.
Sortie d’un enfant de cœur
73Le 14 mars 1771, Mrs les Commissaires de la Psallette63 ont demandé au Chapitre la permission pour que Valée, troisième enfant de cœur, sorte de la psallette quoiqu’il eut encore trois ans64 ; c’est pour continuer le latin. Il est bon troisième et Mr Paillé le chantre veut bien le soutenir au Collège ; on luy a donné 25 # en sortant, comme c’est l’usage, en outre la soutane et son camail parce qu’il est tonsuré.
Sortie des Jacobins et Rentrée à St Julien
74Le 24 mars 1771, le Dimanche des Rameaux, nous sommes partis des Jacobins pour aller à St Vincent avec Mrs de St Pierre comme c’est l’usage, et nous sommes rentrés processionnellement avec le Crucifix à St Julien, on y a dit la grande messe, suivant le nouveau Cérémonial. C’est Mr Perrier archidiacre de Laval qui a dit la grande Messe comme chanoine en semaine. Mr du Mans y a assisté ainsi qu’à la procession et même aux Vespres65.
Exil de Mr de Jarente
75Le 23 mars 1771 Mr de Jarente Evesque d’Orléans et Ministre de la feuille des Bénéfices66, a été éxilé dans son Abbaye de St Vincent où il est par ordre expresse du Roy qui luy a écrit luy-même de se retirer à son Abbaye de St Vincent du Mans67.
Jubilé
76Le 25 mars 1771, Mr l’Evesque du Mans a fait l’ouverture du Jubilé, par une Messe du St Esprit ; on avoit sonné la veille, depuis 5 heures jusqu’à six, et le lundy, jour, toutes les cloches ont sonné depuis 8 jusqu’à 9 heures. On a commencé matines à 6 heures et demie, après le chapitre tout de suite les petites heures, la grande Messe, vespres, le sermon à 9 heures, auquel a assisté Mr du Mans. C’est le prédicateur du Caresme qui a presché ; la grande Messe du Saint Esprit à dix heures ; on n’y a point invité les Compaignies ; on a chanté la messe du Saint Esprit68, en plain chant, et le reste la Messe Dumont69.
Les Saintes huilles
77Le 28 mars 1771, Mr l’Evesque du Mans a dit la grande Messe, et fait les Saintes huilles. Mr l’Evesque d’Orléans, éxilé à St Vincent, a assisté à la grande Messe. Mr Trotté faisoit Diacre, et moy sous Diacre.
Jour de Pasques
78Le 31 mars 1771, jour de Pasques, Mr l’Evesque du Mans a dit la grande Messe ; Mr Huet, le procureur faisoit Diacre et Mr Leconte sous diacre. Le même jour, Mr de Jarente, Evesque d’Orléans, a dit une messe basse au grand autel.
Mort de Mr le Curé de Montrenault
79Le 8 avril 1771, Mr Herbelin, Curé de Montrenault, âgé de 63 ans, est mort et Mr le Théologal, en semaine, a présenté sa cure à Mr Briffaut gradué d’Angers, et Vicaire à Lucé sous Ballon.
Mort de Mr l’abbé de Pezé, Chanoine honoraire
80Le 13 avril 1771 Mr de Pezé de Courtalvert, Chanoine honoraire, est mort âgé de 95 ans ; il avoit été Chanoine du Mans pendant vingt ans, et en l’année 1756 ou 1757, il se fit recevoir Chanoine honoraire. Il est mort au château de Montfort, chés Mme de Murat, il a été enterré dans la chapelle du Château. Quand on a su sa mort, on a sonné le trépassement comme pour un Chanoine, après lequel on a fait les prières comme à l’ordinaire. On a ordonné un service pour le Lundy, et Mardy on a dû écrire à Angers et avertir les Minimes et l’Oratoire pourqu’ils fassent un service. Il est mort bien riche, et avec deux Abbayes. Mr Roger, le plus ancien chanoine, a dit qu’on ne devoit point sonner de trépassement pour un Chanoine Honoraire, à moins qu’il ne meure en ville. Cela doit estre écrit sur les Registres du Chapitre70.
Grand Chemin d’Yvré
81Le 14 avril 1771, on a commencé le nouveau chemin de Paris ou plutost d’Yvré ; il a 42 pieds de chemin sans y comprendre les fossés. Il fait beaucoup de tort à plusieurs particuliers et au chapitre on murmure beaucoup contre Mr l’Evesque du Mans71.
Mort de Mme Dogny la mère
82Le 12 may 1771 Mme Dogny mère âgée de 80 ans est morte ; elle laisse un petit-fils dont le père et la mère sont morts ; il sera très riche après la mort de son grand-père ; il a 20 ans72.
Mort de Mr Brunot
83Le 29 avril 1771 Mme Brunot a reçu la nouvelle de la mort de son mary qui est mort à Paris après avoir mangé tout son bien ; elle avoit été obligée de se faire séparer en justice il y avoit deux ans. Il n’avoit point d’enfans. Mr Brunot est du 1er avril 1720.
Ornement rouge
84Le 19 may 1771 Mr l’Evesque du Mans a officié pour le jour de la pentecoste, et il a donné un bel ornement rouge complet ; il est de velours cramoisy avec des orfrois73 d’étoffe d’or et des fleurs d’argent. Il a été décidé qu’on ne le porteroit point dans les stalles, Mr l’Evesque désirant que lon ne s’y pare plus à l’avenir, à cause des ornements qui sont bientost corrompus et rompus.
Mariage de Mr le Comte de Provence
85Monsieur le Comte de Provence a épousé une des filles de Savoye qui est laide et noire ; vu tous les troubles du Parlement, les festes ont été tristes, et les Princes du sang n’ont point assisté au mariage74.
Prédicateur
86C’est le Vicaire de St Mars de Loqnay75 qui a presché l’octave du St Sacrement.
Jour de la feste Dieu
87Le 30 may 1771 jour de la feste Dieu Mr l’Evesque du Mans a assisté à la procession ; la pluie nous a pris en chemin, nous avons été obligés d’aller à l’abbaye de la Coulture. Il y a eu un Capucin qui s’est trouvé prest à prescher ; on y a dit aussi la grande Messe, où Mrs de Saint Pierre ont assisté : on ne leur a donné ny encens, ny livre d’Evangile, ny pain. C’est Mr Trotté Chanoine qui a dit la grande Messe ; j’y ai fait Diacre. On est party pour s’en retourner avec la pluie qui a finy avant l’arrivée à Saint Julien. Tout étoit finy à midy et demy.
88Mrs de St Pierre ont fait donner une assignation au Chapitre pour ne leur avoir point donné ny encens, ny livre d’Evangile, ny pain76.
Mort de Mr Le Breton
89Mr Le Breton, âgé de 88 ans, Doyen des avocats, et bailly du Chapitre, est mort ; il étoit marié et n’a jamais eu d’enfant.
Mort de Mr Chicoineau
90Mr Chicoinneau, qui avoit les controlles de la ville, et aussi receveur des Domaines, est mort âgé d’environ 50 ans. Il laisse deux garçons dont un travaille en qualité de commis aux bureaux de la guerre, et l’autre est huissier chez Mme Victoire77. Il laisse aussi une femme qui étoit en son nom de fille une Demoiselle de Grandchamps. Il a été enterré aux Cordelliers, le lundy 17 juin 1771.
Mort de Mr de Tahureau
91Le lundy 24 juin 1771 Mr le Chevallier de Tahureau, garçon, est mort âgé d’environ 78 ans ; il a été enterré le mardy dans l’Eglise des Jacobins.
Prise de possession de Mr Baglin
92Le mercredy 14 aoust 1771, Mr Michel Baglin prestre secretaire du Chapitre, a pris possession d’une semy-prébende vacante par la démission de Mr Panthou à raison de 300 # de pension, il est tombé paralitique. Mr Baglin peut avoir environ 30 ans ; il restera semy prébendé et secretaire du chapitre.
L’Assumption
93Mr l’Evesque du Mans a officié, le jour de l’Assumption ; je luy ay fait Diacre, et Mr du Mourié sous diacre. Le mesme jour aux premières Vespres le célébrant, supléans en la place de Mr du Mans, s’est placé dans la troisième stalle, en habit de cœur seulement ; il avoit devant luy un tapis et un careau, et a resté ainsi pendant vespres, jusqu’à l’himne, il est allé avec les Dignitaires pour l’encens78.
Mr Rigault
94Au commencement d’Aoust, on a reçu Mr Rigault, prestre chaplain des Dames des Ursulles pour la place ou recette de la panneterie, par la démission de Mr Panard.
Secretaire
95Le 16 aoust 1771 Mr Baguelin semy prébendé a demandé d’estre continué Secretaire, ce qu’on luy a accordé avec plaisir. Comme il a ses obligations de semy prébendé, on a nommé pour adjoint Mr Crosnier qui est chaplain ou Curé de l’Hôpital.
Maitre de la psallette
96Le 16 aoust 1771 Mr Couet a été nommé maitre de Musique et de la psallette ; il est âgé de 23 ans, et sort de la psallette de Meaux79 ; il remplace Mr Bourgoin qui a été renvoyé pour avoir fait des dettes considérables. Comme il est jeune, on espère de luy.
97[note] Il n’y a pas été longtemps ; c’étoit un mauvais Maistre et peu de conduitte : on l’a renvoyé80.
Mort de Mr Usard
98Mr Usard, prestre de St Michel est mort le 11 Aoust ; il avoit une chapelle qu’il a résignée à Mr Bourgoin qui étoit maistre de Musique.
Enfant de cœur
99Le 2 septembre 1771 on a reçu un enfant de cœur âgé de six ans ; c’est le fils de Mr Poilpré, qui est commis au bureau de Mr Beauvais, receveur du Tabac. Le même jour, on a renvoyé le dernier enfant de cœur appellé Vilarteau, le quel est un peu bossu et n’a point de voix81.
Mort de Mlle de Chamborant
100Le 15 septembre 1771 Mademoiselle de la Clavière de Chamborant, âgée de dix ans, est morte, c’étoit la petite fille de Mr et Mme de Fondville, dont la fille avoit épousé Mr de la Clavière, Marquis de Chamborant, Maréchal de camp et inspecteur général des Hussards dont il a un Régiment qui porte son nom, et premier Ecuyer de Mr le Prince de Condé. Sa femme est morte en couches de Mlle sa fille, laquelle vient d’estre enterrée dans l’Eglise de St Benoist. Comme elle n’avoit pas encore fait sa première communion, on a fait la cérémonie en blanc ; il y avoit beaucoup de monde et elle a été universellement regrettée.
Assemblée de la Milice
101Le 15 septembre 1771 la Milice, savoir le bataillon de Mayenne et du Mans, s’est assemblée pour en faire un régiment que l’on appellera dans la suitte le régiment du Mans. Mr l’Intendant est venu au Mans passer 4 jours pour ces opérations ; en même temps, il a fait le Département82 de la Taille. C’est Mr le Comte des Nos qui est le Colonel de ce Régiment.
Mort de Mr Vaugeois Archidiacre de Sablé
102Le 6 octobre 1771 Mr Jean Vaugeois, Chanoine et Archidiacre de Sablé est mort âgé de soixante et quinse ans ; il a été enterré le lundy après la grande Messe du cœur. C’est luy qui a été mis le premier dans la chapelle sous terre, laquelle dans la suitte servira de sépulture. On a fait quarante cinq fosses qui sont les unes sur les autres ; il y en a 15 à chaque rang et on met le serqueuil comme dans un tiroir, lequel sera massonné avec des briques. On fait la cérémonie à la porte de la chapelle, et on descend le corps sans le clergé.
Mort de Mr de Chassillé
103Mr de Chassillé Oratorien est mort âgé de 36 ans ; il avoit quitté la maison de l’Oratoire et il s’étoit mis à son ménage dans la rue de quatre roues83. Le clergé de la Coulture l’a conduit après l’Ultimatum vale dans l’Eglise de l’Oratoire, où il a été enterré ou mis dans leur cave ; il a donné, par testament, sa bibliothèque à la maison de l’Oratoire. Il est mort de la poitrine le 29 septembre 1771. Mr de Chassilly en mourant, a laissé une chapelle desservie en l’Eglise de St Julien ; Mr Chassilly, son frère ainé, qui avoit droit de la présenter, l’a donnée au fils de Mr Amellon, âgé d’environ dix ans. Mr l’Evesque a tonsuré ce jeune homme exprès pour cela.
Mort de Mr Montsaillé
104Le 16 octobre 1771 Mr René Montsaillé Chanoine est mort âgé de quarante et deux ans84 ; il a laissé une sœur et un père qui étoient chés luy, et qu’il nourrissoit, n’ayant pas de fortune. Il avoit deux Prieurés dont l’un luy avoit été résigné par Mr Hoquart, en 1760, lequel valait au moins 1 800 # ; il en avoit un autre qu’il avoit eu de Mr son oncle lequel étoit en le Vendomois ; il avoit résigné les deux, mais trop tard. Il est probable que ce sera les Moines qui rentreront dans le premier ; pour le second, je ne connois point le présentateur. On a ouvert son corps, on luy a trouvé la cervelle comme lécrosée et un grand verre d’eau dedans ; il avoit le foix et le poumon comme cangraignés et aussi loralle il avoit aussi un sac proche le fiel. On croit et on assure que c’est la démolition de la cuiverie de la Cathédralle qui l’a empoisonné par un poison lent ; et cela est dautant plus probable que Martin, couvreur, qui a aussi travaillé à cette démolition est bien malade.
105[note] Tout cela se trouve faux.
Couche de Mme de Bellefille
106Le mercredy 1er novembre Mme de Bellefille est accouchée bien heureusement d’une fille à Bellefille même ; elle a été nommée le même jour, par Mr et Mme du Vauguion, Françoise Gabrielle ; elle est en nourrice au Mans, chés la femme du Domestique de Mr de la Goupillière85.
Musicien basse contre
107Vers la fin d’octobre 1771, on a reçu un musicien, appellé Hemery Lefebvre ; il est très bonne basse-contre, et il est âgé de vingt ans et il demeuroit à Sées doù il est ; il étoit attaché à la Cathédralle de Sées ; il gagne 25 sols par jour pendant six mois ; si on est content, on luy donnera comme aux autres 30 sols par jour86.
Prise de possession du canonicat de Mr Dagou
108Le 6 novembre 1771, Mr l’abbé Dagout, grand-Vicaire, né dans l’année 1740 et du Diocèse de…87 a pris possession du Canonicat de Mr Vaugeois, mort le 6 octobre dernié. Il s’appelle…88.
Archidiaconé de Sablé
109Le 6 novembre 1771, Mr l’abbé de Glandèves, grand Vicaire de ce Diocèse, a pris possession de l’archidiaconé vacant par la mort de Mr Vaugeois, tombant en régalle. Mr de Glandevés est né le… Octobre 1732 au diocèse de… en Provence ; il est chanoine de St Victor de Marseille et par là ils ont droit de porter un cordon rouge où est attachée une Croix du St Esprit ; cette marque de distinction n’aura point lieu dans notre Eglise, où il ne pourra la porter ; il est deffendu à ces Mrs de porter cette croix à Paris et à Lion ; on avoit dit que la place d’archidiacre étoit incompatible avec celle de chanoine de St Victor de Marseille ; Mr de Jarente, autrefois Ministre des bénéfices, a décidé le contraire89.
Arrangement avec Mr du Bourg pour le chemin de la Manouillère
110Le 12 novembre 1771, jay, pour ma mère, fait une transaction avec Mr du Bourg, Marchand Epicier et Apothicaire dans cette ville, pour le nouveau chemin de la Manouillère ; comme l’ancien chemin étoit commun avec Mr du Bourg comme propriétaire de la ferme du Bignon et que j’en ay mis plus de la moitié dans le dit nouveau chemin, nous sommes convenu par acte passé devant Mr Martigny, notaire au Mans90.
Mort de Mr de Vannoise
111Le 22 novembre 1771 Mr Richard-Jacques-Claude le Breton, seigneur de Vannoise, est mort âgé d’environ 55 ans ; il avoit servi comme Capitaine dans le Régiment Dauphin-infanterie. Il avoit épousé Mlle Le Maignan, veuve de Mr Portail ; il avoit deux enfans dont un garçon qui est page chés Mr le Duc d’Orléans et une Demoiselle. Il vivoit ordinairement à sa terre de Vannoise, proche Bellesme. Il avoit une maladie dont il ne pouvoit pas revenir ; c’étoit le boyau qui partage la matière d’avec les urines de façon que la matière sortoit par les conduits de l’urine. Il est mort dans la maison proche les Cordeliers que j’avois louée à Mme, parce qu’elle est séparée de biens d’avec son mary, par contrat de mariage91. Il a été enterré dans le cimetière de la paroisse de St Ouen le 23 novembre 1771, à 11 heures du matin.
Administrateur de l’hopital
112Le 23, Mr Bazoge chanoine et Archidiacre, a été reçu par le bureau, Administrateur de l’Hopital pour le Chapitre, et cela pour six ans.
L’Avent
113Le prédicateur de l’Avent est un Jacobin qui vient de Nantes ; il est assés bon.
Couche de Mme de Blanchardon
114Le 2 décembre 1771 Mme de Blanchardon est accouchée d’un garçon ; il a été baptisé à Saint Nicolas, doù ils sont.
Mort de Mme de Blanchardon
115Le 10 décembre 1771, Mme de Blanchardon, âgée d’environ 32 ans est morte en couches. Elle étoit fille de Mr Meslié, bailly de Sillé, elle avoit épousé Mr de Blanchardon, Maistre particulier des Eaux et forests, lequel reste veuf avec cinq enfans dont quatre filles et un garçon qui vit92.
Prise de possession de Mr Dugast
116Le 9 décembre 1771 Mr Dugast, qui étoit chanoine de St Pierre, la Collégialle, a pris possession du Canonicat vacant par la mort de Mr Montsaillé ; il est Promoteur de l’officialité, il s’appelle Michel, né dans la paroisse du Crucifix de cette ville dans le mois de décembre 1726.
Te Deum
117Le 15 décembre 1771 on a chanté un Te Deum pour la convalescence de Mme la Comtesse de Provence ; elle a eu la petite vérolle dont elle n’est point marquée. Comme Mr le Comte de Provence a pour appanage l’Anjou, le Maine et le Perche, Mr l’Evesque du Mans a ordonné un Te Deum auquel il a assisté avec Mr de Jarente, Evesque d’Orléans.
L’année 1772
La liberté de Mr l’Evesque d’Orléans
118Dans les premiers jours de janvier 1772, Mr de Jarente, Evesque d’Orléans, et cy-devant Ministre ayant la feuille des Bénéfices qui avoit été exilé à son Abbaye de St Vincent93, a reçu une lettre de Mr le Duc de St Florentin qui luy marque que le Roy luy accorde la liberté et la permission d’aller dans son Diocèse. Il est party du Mans le lundy 13 janvier et Mr l’Evesque du Mans chés qui il a toujours été, soit à Yvré, soit au Mans94, est allé avec luy à son château du Meung proche Orléans95. Il étoit arrivé au Mans le 23 mars dernier, et en est reparty le 13 janvier 1772.
Mariage de Mr de Villiers avec Mlle Maulny
119Le 13 janvier 1772, Mlle Maulny âgée de 15 ans et trois mois a épousé Mr de Villiers, Conseiller, âgé d’environ 30 ans, dont le père et la mère sont morts ; il est et sera très riche ; son grand-père qui est Mr Hérisson avocat âgé de 78 ans, vit encore. Le père et la mère de la demoiselle vivent ; le père est âgé de 52 ans ; il est Conseiller au Mans et la mère n’a que 35 ans.
Mort de Mme la marquise de Vilenne
120Le 7 février 1772, on a appris la mort de Mme la Marquise de Vilennes âgée d’environ 72 ou 73 ans, femme très respectable. Elle étoit allée avec Mr et Mme la Marquise de Lort à Paris, chés eux ; elle est morte d’une fluction de poitrine le…
Installation du Canonicat honoraire de Mr Maulny Curé de la Coulture
121Le 7 février 1772 Mr le Curé de la Coulture, âgé de 43 ans, a fait ses visites avec Mr l’abbé Hureau, Chanoine de St Pierre, qui le conduisoit et il a été reçu Chanoine Honoraire. Mrs du chapitre de St Pierre ont demandé à Mr le Comte de Provence un brevet de chanoine honoraire pour Mr Maulny, Curé de la Coulture et cela en reconnoissance de la manière généreuse avec laquelle Mr le Curé de la Coulture a remply la commission pour la réunion du bas cœur, savoir chapelle, places de chapelain ; le tout est réuny à la manse capitulaire. Le Chapitre a prié Mr le Curé de la Coulture d’officier le jour de Ste Scolastique ; le jour de réception on luy a donné à diner chés Mr de Beauvais, Directeur du Tabac où demeuroit Mr Savare, Procureur du chapitre.
Un Suisse
122Le 9 février 1772, le Chapitre du Mans a commencé à se servir d’un Suisse96. Il est revêtu d’un habit bleu avec parements jaunes et du galon d’argent ; le beaudrier est bleu et un galon d’argent autour et au milieu97.
Couche de Mme de Montaupin
123Le 21 février 1772 Mme de Montaupin est acouchée d’une fille ; Mme sa sœur qui demeure à la campaigne est accouchée le matin, et elle le soir, aussi d’une fille.
Mort de Mr Renou, prestre
124Le 21 février 1772, Mr Renou, prestre vicaire de la paroisse du grand St Pierre98 est mort âgé d’environ 40 ans, d’une fièvre maligne qu’il avoit gagnée à visiter les prisonniers ; il y en a eu beaucoup de malades dans la prison. Mr le Curé du grand St Pierre a eu la même maladie et est un peu mieux. Mr Renou avoit une chapelle qui ne vaut que 60 # ; elle est tombée en la semaine de Mr Riballier, chanoine serve qui l’a présentée à Mr son frère, curé de Seaux, elle porte frairie. Pour la nomination, on a remis à la donner à la St Jean prochaine.
Grandes eaux
125Le 26 février et jours suivants jusqu’au 29 février 1772 les eaux ont débordé considérablement au point que toutes les voitures publiques et postes ont retardé ; quoiqu’il eust tombé de l’eau plusieurs jours, ce n’est pas cela qui la fait augmenter. Il y avoit eu beaucoup de neiges qui avoient tombé au delà d’Alençon ; ces neiges ont fondu tout de suitte, et l’eau a crû de plus de six pieds dans 24 heures.
Mort de Mme de Montaupin
126Le 28 février 1772 Mme de Montaupin est morte âgée d’environ 29 ans, d’une suitte de couche ; elle a été enterrée le lendemain dans l’Eglise de St Nicolas où elle demeuroit ; elle laisse deux enfans. Dans son nom de fille elle s’appelloit Mlle de Montesson, qui est une des meilleures maisons de la province ; elle avoit déjà été mariée, et elle n’avoit point eu d’enfant. Quand elle a épousé Mr de Montaupin, elle avoit 80 mille livres en argent. Mr et Mme de Montesson, ses père et mère, demeurent à Fresnay, proche Beaumont99.
Mort de Mme de Fontenay
127Le 28 février 1772 Mme de Fontenay est morte, âgée d’environ 63 ans ; elle a été enterrée aux Minimes, sous le marche pied de la première Chapelle proche la sacristie. Elle laisse trois enfans dont l’ainé a épousé Mlle de Montéard ; Mr le chevallier est dans l’artillerie et le troisième aussi. Dans son nom de fille, elle s’appelloit Mlle Boullemer ; elle étoit d’Alençon.
Mort de Mr Hozan, Chanoine de St Pierre
128Le Dimanche dans la nuit, le 1er mars 1772, Mr Hozan, Chanoine du Gué le Maulny réuny au chapitre de St Pierre100 est mort subitement. Il étoit âgé d’environ 63 ans ; on l’a trouvé mort le Dimanche matin, sans avoir fait aucun effort. Il a été enterré dans l’Eglise de St Pierre le mardy matin, jour du Carnaval. C’est Mr Gouëvrot qui a l’entrepot du tabac qui en hérite ; il a laissé beaucoup d’argent.
Enfant de Mme de Courcival
129Le 4 ou le 5 mars 1772, Mme de Baigneux Courcival est accouchée d’un garçon à sa terre de Courcival ; elle avoit déjà eu un enfant qui n’avoit pas vescu.
Mort de Mme de Courcival
130Le 11 mars 1772, Mme de Courcival est morte après sa couche d’une fièvre maligne ; elle a été enterrée dans l’Eglise de Courcival dont ils sont seigneurs ; elle laisse un enfant ; elle avoit 21 ans.
Prédicateur du Caresme
131C’est un Eudiste de la ville de Caen, appellé Mr Beurié qui presche le Caresme ; il est bon. Ce sont des sermons de moralle, et les jours ordinaires ce sont plutost des Conférances que des sermons ; elles sont cependant très bonnes et très instructives et à la portée de tout le monde. Il a été suivy et très suivy et jamais je n’avois vu l’auditoire si bien remply depuis que je suis chanoine101.
Mort de Mr Dodin
132Mr Dodin, porte croix, est mort le 12 mars et a été enterré dans l’Eglise des Jacobins dans laquelle le chapitre a droit pour une indemnité. Il avoit une Chapelle à la présentation du chapitre.
Enfant de Mme Durancher
133Le 13 mars 1772 Mme du Rancher est accouchée d’un garçon ; elle a quatre filles.
Mrs de la Porte
134Le 30 mars 1772 Mr de la Porte Vaussenay, Président au grenier à sel et Mr de la Porte, Procureur du Roy à la mesme jurisdiction, ont reçu une lettre de Mr l’abbé de Thesray102 Controleur général qui leur ordonne de la part du Roy de se rendre à la suitte du Conseil souverain pour y rendre compte de leur conduitte. Ils ont demandé des certificats à toutes les Compaignies, comme ils avoient toujours bien rempli leur place ; le chapitre en a donné un. On dit que c’est pour avoir donné une ordonnance qui deffendoit de percevoir la nouvelle augmentation du sel, la Déclaration n’ayant pas encore été enregistrée au nouveau Conseil Supérieur de Blois.
Arrivée de Mr le marquis de Grimaldy frère de Mr l’Evesque
135Le 3 avril 1772 Mr l’Evesque du Mans est arrivé avec Mr son frère ainé appellé le marquis de Grimaldy, qui est retiré du service, Enseigne de Vaisseau, sans aucunes distinction. Il est marié et a fait un assés mauvais mariage dont il a deux enfans. Comme frère de Mr l’Evesque du Mans, le chapitre luy a envoyé les honneurs savoir les Députés en robbe avec pain et vin. Le même jour, comme Mr l’Evesque ne couche point au Mans, il est allé chés tous Mrs les chanoines ; il est laid et a de gros yeux et voit de près. On est dans l’usage de rendre les honneurs aux frères et neveux de Mrs les Evesques.
Député pour l’assemblée du clergé
136Le 15 avril 1772, il y a eu une Assemblée du Clergé pour nommer un Député pour aller à Tours à l’Assemblée provincialle. C’est Mr l’abbé Vildon qui va à Tours, et à Tours on nommera un Evesque et un Abbé pour aller à l’Assemblée généralle qui se tient à Paris. Le Roy demande huit millions au clergé103.
Les Stes huiles
137Le 16 avril 1772, Mr l’Evesque du Mans a fait les Stes huilles ; je faisois Diacre et Mr Dugast, promoteur, faisoit sous-diacre.
Jour de Pasques
138Le 19 avril 1772, Mr l’Evesque du Mans a officié le jour des Pasques. Mr l’abbé de Montgrenier a fait Diacre et Mr l’abbé de Cabrières, sous diacre, tous deux grands Vicaires.
Enfant de Mme Moinerie
139Le 22 avril 1772 Mme Moinerie est accouchée d’une fille ; suivant la lune elle doit encore avoir une fille le premier enfant qu’elle aura, quoiqu’elle en ait déjà trois104.
Assemblée à Tours
140Le 13 May 1772, on a nommé Mr l’abbé Vildon, Chanoine et Archidiacre du Château du Loir, pour aller avec Mr l’Evesque du Mans à l’assemblée provincialle de Tours, pour un nouveau don gratuit que demande le Roy.
Diette de St Vincent
141La diette et assemblée des Moines de l’ordre de St Benoist a commencé à St Vincent le jeudy au soir 7 may ; on a nommé Mrs les Prieurs de St Vincent et de la Coulture et un autre Prieur qui étoit autrefois Abbé de St Vincent et autant de Religieux pour aller à l’assemblée de Tours qui se tient à Marmoutiers.
Cérémonie des Drapeaux du Régiment du Mans
142Le dimanche 31 may 1772, les Drapeaux du Régiment de province appellé le Régiment du Maine (c’étoit autrefois sous le nom de Milice) sont été bénis dans l’Eglise de St Julien et voicy comment cela s’est passé. Tous les soldats sous les armes sont venus après la grande Messe dans l’Eglise. Mr le Comte des Noues, frere de l’Evesque de Verdun, Mr le Marquis de la Rochefoucault Colonel du Régiment des Grenadiers de France et Mr le Duc de Simiane Lieutenant Colonel et le premier Capitaine des Grenadiers sont venus se placer au bas des marches du sanctuaire et là tenant chacun un des drapeaux : Mr Paillé, Chantre de la Cathédrale a fait un petit discours sur la cérémonie après quoy a dit la prière qui est dans le Pontifical et a bény le drapeau et a baisé celuy qui le portoit ; après quoy, chacun de ces Mrs les ont donnés aux Enseignes qui étoient derrière eux. On a chanté en musique le psaume Exaudiat et le Te Deum ; on a dit l’oraison ; cela finy on a apporté les anciens Drapeaux que ces Mrs ont déposé au bas de l’autel ; Mr de Ponsan et moy étions diacre et sous diacre. Après la cérémonie tout le monde s’est relevé ; Mr Paillé a donné un grand diner où y avoit 15 officiers et autant de chanoines.
Mort de Mme de Moire Le Boindre
143Le 6 juin 1772 Mme de Moire qui en son nom de fille s’appelloit Mlle d’Avoust est morte âgée d’environ trante ans ; elle laisse deux enfans. Mr de Moire, fils de Mr Le Boindre le dernier des trois Mrs Le Boindre avoit épousé cette demoiselle malgré sa mère ; il avoit fait des sommations respectueuses105. Il n’a été que quatre ans avec cette demoiselle dont il a eu deux enfans qui vivent ; elle est morte de la poitrine et elle a été enterrée au grand Cimetière le 7 juin 1772 jour de la Pentecoste à six heures du soir.
Mort de Mme de Vilmain
144Le 13 juin 1772, Mme de Vilmain âgée d’environ 80 ans est morte chez Mme de la Livaudière sa nièce ; en son nom de fille elle s’appelloit Mlle de Clinchamps. Elle avoit épousé Mr de Vilmain ; elle a été enterrée dans l’Eglise St Nicolas.
La feste Dieu
145Mr l’Abbé Dugast Chanoine et Grand Vicaire a été nommé pour faire l’office le jour de la Feste Dieu ; Mr l’Evesque n’est point venu au Mans. Etant au Perray106 il avoit fait une chutte qui l’obligea de se faire saigner ; il avoit une marque au front ; cela n’a pas eu de suitte.
Couche de Mme de Fontenay
146Le 20 juin 1772 Mme de Fontenay est accouchée bien heureusement d’un garçon ; le lendemain il a été nommé et baptisé dans l’Eglise de la Coulture. Son parain étoit Mr de Fontenay le grand père et Mme de la Roussière tante de Mme de Fontenay. Le père étoit à son régiment ; il est arrivé le 6 juillet 1772 à l’heure que l’on s’y attendoit le moins. L’enfant est mort le 28 juillet 1772 ; il a été ouvert, on luy a trouvé le foix gasté et tout noir.
Mr et Mme de Tessé
147Le 6 juillet au soir Mr et Mme la Comtesse de Tessé sont arrivés au Mans où ils ont passé trois jours. L’Hotel de Ville leur a porté le pain et le vin le mardy au soir et le Chapitre leur a envoyé aussi la même chose. C’étoit Mr Leconte Chanoine et Procureur (nommé au chapitre dernier) qui y est allé avec Mr Dugast en la place de Mr du Mourié.
Couche de Mme de Champaigné
148Le 10 juillet Mme de Tahureau de Champaigné est accouchée d’un garçon. C’étoit Mr le Prince et Mme la Princesse de Beauveau qui devoient nommer l’enfant ; ils ont donné procuration à Mr de St Cosme et à Mme de Lammois. On a fait la cérémonie à St Nicolas doù sont les père et mère.
Diner des prisonniers
149Le 29 juillet 1772 ma mère a donné à diner aux prisonniers ; il y en avoit 54. Il y avoit 25 livres de viande et quatre pains de douse livres, pain michard107.
Couche de Mme de la Girouardière
150Le 29 juillet 1772, Mme de la Girouardière est accouchée d’un garçon à sa terre de la Freulonnière108 ; je ne say pas qui a nommé lenfant. C’est au moins le second enfant ; il est mort le 9 Aoust 1772.
L’Assumption
151Le 15 aoust 1772, Mr l’Evesque du Mans a officié pour la feste de l’Assumption.
Grand orage
152Dans la nuit du six au sept septembre 1772 il y a eu un orage très fort. Il a tombé une gresle qui étoit communément grosse comme de bonne et grosse noizettes. Cet orage a porté perte au Chapitre du Mans de plus de 600 # pour les vitres des Maisons canonialles et pour l’Eglise. La dépense des vittres des maisons sera payée [par] le chapitre, quoique les adjudicataires ou locataires soient obligés à lentretien des vitres, cela est regardé comme vimère109. Les vignes de Broussin ont été perdues au quart110 ; depuis vie d’hommes on n’avoit vu un pareil orage ; au Mans on fait monter la perte des vitres seulement à plus de deux mille écus.
Cure de St Quentin
153Le 7 septembre 1772 Mr Fay Chanoine a présenté la cure de St Quentin qui est tombée dans sa semaine ; elle est petite et proche La Ferté-Bernard.
Mort de Mr Robaille
154Le 20 septembre 1772 Mr Robaille chanoine de St Pierre est mort âgé de 80 ans ; il a été enterré le lendemain dans l’Eglise de St Pierre.
L’Intendant de Mr le Comte de Provence
155Le 5 octobre 1772, Mr de Séguiac Intendant de Mr le Comte de Provence est venu au Mans pour les affaires de Mr le Comte de Provence, à qui le Roy a donné, en le mariant, pour appanage les Provinces du Maine, d’Anjou et du Perche. Ainsi il a tout ce qui regarde les Domaines du Roy ; il étoit dessendu chés Mr de Beauvais, Directeur du Tabac, la ville luy a porté les honneurs du pain et du vin. La collégialle de St Pierre luy a rendu les mêmes honneurs, point les autres Compaignies. Il a passé six jours au Mans.
Installation de Mr Posset Maire de la Ville
156Le 3 octobre 1772 Mr Négrié de Posset Conseiller honoraire, a été reçu à l’hôtel de Ville comme Maire perpétuel ; il a achetté cette charge à bon marché, il l’a eu par le canal de Mr le Chancelier. Il a eu les honneurs du pain et du vin de la ville par Mr Martigné, notaire au Mans, qui étoit alors premier Echevin de la Ville.
Vendanges
157Le 12 et le 14 octobre on a vendangé aux environs du Mans, c’est à dire que le Présidial a donné les bans pour ce jour là. La vendange a été assés bonne, mais on a vendangé trop tost et le vin sera vert.
Prise de possession du Doyenné
158Le 31 octobre 1772, Mr de la Briffe Ponsan a été reçu Doyen de la Cathédralle par la résignation de Mr l’abbé Chauvelin, qui l’a été pendant trante ans. Mr de la Briffe est né le 23 septembre 1733 ; il avoit eu un Canonicat à pension, de Mr l’abbé Hoquart, et en avoit pris possession le 15 avril 1760 ; il est de condition du costé de la Normandie.
159Manière de recevoir Mr le Doyen : La veille de la réception, Mr le Doyen futur va avec une dignité, faire des visites chés tous les Chanoines. Le lendemain il présente ses bulles au Chapitre : ce sont des bulles qui sont fulminées111 par Mr l’official ; il en couste pour les bulles 600 #. On lit donc ces bulles et tous les papiers nécessaires ; après cela Mr Blin archidiacre qui avoit fait les visites avec Mr de la Briffe fut le chercher. Il dessendit au Chapitre pour y prester le serment, qui est propre pour Mr le Doyen ; on nomme deux dignités savoir Mr le Grand Archidiacre, et Mr Blin pour aller installer Mr le Doyen, dans sa place et le reste comme un Chanoine. Il entre au chapitre pour le baiser où on dit comme à tous les chanoines qui sont reçus ad multos annos. Il se met dans la place du Doyen, celuy qui préside luy fait un compliment auquel il répond. Après cela, on s’en va112.
Doyen honoraire
160Le mesme jour 31 octobre (1772) Mr l’Abbé Chauvelin, ayant demandé à estre Doyen Honoraire, on le luy a accordé et il sera placé au cœur.
La Messe rouge
161Le 17 novembre 1772 Mrs du Présidial m’avoient engagé de chanter la grande Messe du St Esprit pour la rentrée du Palais113 et le 17 j’ay dit la Messe ; voilà la manière dont cela se fait. Aux environs de la Toussaint, Mrs du Présidial députent deux Conseillers pour aller en robe avec deux massiers chés le Mre Prestre qu’ils veulent prier et luy disent que c’est ordinairement le premier Mardy d’après la St Martin. En conséquence, Mr Maulny Conseiller sindic, est venu à la maison avec Mr de Villiers, son gendre. Depuis quelques années ils sont dans l’usage de prier un Chanoine de se régaller entre eux ecotative114. La surveille115 ils envoyent une carte pour le diner ; le jour indiqué, le célébrant se rend en soutanne violette, quand c’est un Chanoine, pour entendre la harangue qui est toujours prononcée par un des Avocats du Roy : cette année c’étoit Mr de Létang qui a parlé très bien pendant une demie heure sur le défaut de l’indépendance. Après la harangue de Mr l’avocat du Roy, Mr la Rozelle représentant Mr le Lieutenant-Général parle et harangue aussi le Présidial et Messieurs les Avocats ; il parla pendant un bon quart d’heure, très bien, sur les défauts des juges, sur les passions auxquelles ils se laissoient aller, comme l’interest etc. Après la harangue il fait prêter serment à Mrs les Avocats, comme ils observeront les règles et Ordonnances ; Mr le Sindic des Avocats au nom de tous lève la main. Toute cette cérémonie faite tous les Conseillers se rendent dans la Chapelle pour y entendre la grande Messe, qui est chantée une année par les Jacobins et l’autre année par les Cordeliers ; c’etoit cette année le Tour des Cordeliers. Mr le Célébrant prie ordinairement son diacre et sous diacre ; il y a Offertoire, où chaque Conseiller met 12 sols, et tout cet argent est pour une des deux Communautés qui chante la Messe. Le sindic des Avocats est aussi dans la Chapelle après Mrs du Présidial et il va à l’offertoire aussi après. Après la Messe, Mrs les Conseillers montent dans la chambre du Conseil, et on nomme deux Conseillers pour aller en robbe rouge avec deux huissiers remercier Mr le Célébrant. C’étoit Mr Menard de la Groye et Mr de Villiers qui sont venus me voir et m’engager de diner avec eux ; j’y ay passé la journée à diner et soupper ; il y avoit bonne chère. C’étoit Mr Maulny Conseiller sindic de la Compaignie qui faisoit les honneurs ; il est dusage que Mr le Célébrant aille voir en manteau long Mr le Présidant qui étoit Mr de la Rozelle et Mrs les Députés qui étoient venus en robbe rouge. J’ay aussi été voir Mr Maulny comme sindic non d’obligation mais de politesse.
Diner du nouveau doyen
162Le mercredy 18 novembre jay donné un grand diner à Mr de la Briffe Ponsan comme nouveau Doyen ; il y avoit 20 chanoines et bonne chère.
Gain du procès de St Michel
163Le Vendredy 20 novembre 1772, Le chapitre a reçu la nouvelle du gain du procès avec Mrs les Echevins et Maire de ville et Mrs les prestres de St Michel.
Couche de Mme de Bellefille
164Le sammedy à sept heures du matin 28 novembre 1772, Mme de Bellefille est accouchée d’une fille (qu’on nomme Mlle de Villée)116, qui le même jour a été nommée Louise-Françoise par les deux enfans. Comme ils n’avoient pas l’âge, Mr du Mans avoit donné permission que ce fut eux qui la nomment ; c’est pour la quatrième fille.
Mariage de Mr Léon
165Le 17 novembre 1772 Mr Léon avocat du Roy a épousé Mlle Barbet des Granges dans l’Eglise des Minimes.
Prédicateur de l’Avent
166C’est un Eudiste appellé Mr Beurier qui presche l’Avent ; il avoit presché le Caresme dernier avec édification. Dans le courant des semaines, il avoit donné des Conférances sur la Religion et pendant l’Avent il en donnera sur la Pénitence. Il est très suivy.
Maistre de Musique
167Le 27 novembre 1772 nous avons reçu Mr Bisanne pour maistre de Musique et de psallette ; il est âgé de 23 ans117. Il sort de la Cathédralle d’Avranches, où il étoit Maistre de Musique118 ; il est fort honneste et bon Musicien et Maistre. Le chapitre luy donne mille écus pour tenir le ménage de la psallette, et entretenir les enfans de souliers.
Maistre de grandmaire
168Le mesme jour nous avons reçu Monsieur Blinsu pour Maistre de grandmaire119 ; il étoit Vicaire à Laval. Il a pour cela la place des Ardents120.
Baptême de Pousset
169Le 1er décembre 1772 j’ay nommé, avec Mme de Rouillon, lenfant de Pousset, tisseran qui demeure dans la paroisse de St Jean ; nous avons commis pour nos procureurs Mlle Trouillet, la femme de chambre de Mme de Rouillon et François Hemery dit Laroze, mon domestique, et ils ont nommé l’enfant, qui est une fille, Renée-Catherine.
Mariage de Mr de Thurin
170Le 15 décembre 1772, Mr le Marquis de Thurin, âgé de 77 ans, a épousé Mlle de Fontenay âgée de 58 ans, dans la chapelle du château de Dauber, proche Chennevière121. Tout le monde a été surpris de ce mariage122.
Départ de Mr l’Evesque du Mans
171Mr l’Evesque du Mans est party pour Paris, le lundy 21 décembre après avoir fait le département du nouveau don gratuit pour le Diocèse. Il y a vingt mille livres d’augmentation.
Mort de Mr Renaudin
172Le 17 décembre 1772 Mr Renaudin prestre est mort subitement, âgé d’environ 75 ans. Il avoit été curé à St Celerin et l’avoit résignée à Mr Fourmy, qui étoit alors Vicaire de Savigné l’Evesque. Mr Renaudin avoit deux chapelles à la nomination du corps de St Michel. Mr Dubois frère du notaire apostolique dans la semaine duquel elles sont tombées les a présentées toutes les deux à Mr Quimont, clerc tonsuré, et neveu de la femme du sieur Dubois. Le chapitre de St Michel n’a pas voulu accepter le sieur Quimont pour les deux et il en a présenté une au sieur Genvresse prestre qui est de St Michel. Le sieur Dubois persiste dans sa nomination, et a fait signifier au Chapitre ; ils ont tous deux pris possession. Ce sera matière à un procès.
Mort de Mr le Curé de St Nicolas
173Le 24 décembre 1772 Mr Couasnier des Landes Curé de St Nicolas, est mort, agé d’environ 45 ans. Depuis longtemps, il étoit attaqué de la poitrine ; il a été enterré dans le cœur de l’Eglise de St Nicolas. C’est Mr Borée, Curé du Pré qui en a fait la cérémonie ; après Mr du Ponceau, Curé du petit St Pierre, c’est luy qui est le plus ancien. Il avoit été Curé pendant 8 ans ou environ ; c’est Mr Hemery, Vicaire de St Nicolas qui la remplacé par le canal de la maison Lorchère. Il avoit été Vicaire dans la paroisse depuis 30 ans ; c’étoit Mr de Grimaldy qui la luy avoit présenté.
Mort de Mr Gouevrot, Entrepreneur de Tabac
174Le 29 ou le 30 décembre 1772, Mr Gouevrot qui avoit l’entrepot du tabac, vient de mourir, âgé d’environ 42 ans. Il étoit allé à Dehaut123 chés Mme Gierries où il est tombé malade ; il a été, pendant 10 jours, tourmenté de coliques et de maux intérieurs, au point qu’il a jetté des boelliaux par en haut et par en bas ; on prétend qu’il étoit comme empoisonné. Il est mort comme enragé ; il a reçu tous les Sacrements. Il a donné sa démission à la fin de ses jours, et Mr son fils âgé de 19 ans est allé à Paris, avec Mr son oncle pour tascher d’obtenir la place. A force de sollicitations, il l’a obtenue avant que l’on sut la mort au Mans. Il y a eu plusieurs personnes qui ont sollicité ceste place ; Mr de Vandy, Directeur des Gabelles124, y a surement contribué en mandant à Mrs les fermiers qu’il le cautionneroit et la feroit exercer pour luy en attendant son âge.
L’année 1773
Mort de Mr Bobet sous-chantre
175Le 26 janvier 1773 Mr René Bobet sous-chantre de la Cathédralle125 est mort âgé de cinquante… ans ; il a été généralement regretté, à cause de ses bonnes qualités personnelles, et à cause du bien qu’il faisoit à toute sa famille qui en avoit besoin126. Il a un neveu du même nom à qui il a donné une bonne Chapelle qui consiste dans une maison qui est à Paris ; on a demandé aussi la place de souschantre pour luy à Mr du Mans pour le prier de la demander au Ministre, la régalle n’étant point encore fermée. On a fait sa sépulture le mercredy 27 janvier jour de St Julien après les vespres, qui ont été comme à l’ordinaire, on a chanté les vespres des morts et Vigiles ; après laudes on a fait l’enterrement, qui n’a fini qu’à six heures et demie ; comme il étoit mort ayant tout le sang gangrainé, on ne l’a pas pu garder jusqu’au lendemain.
Mr de Launay fils, bailly du chapitre
176Le 1er janvier 1773 au chapitre général on a nommé Mr de Launay fils pour bailly du Chapitre et afin que l’on eust pas le temps d’estre sollicité Mr Leconte, alors procureur, dit au Chapitre que depuis la mort de Mr Lebreton, qui étoit mort dans le mois de juin 1771 on navoit trouvé personne qui eust voulu achetter la charge, que pendant ce temps il y avoit eu plusieurs affaires et que lon navoit pu trouver davocats qui eussent voulu s’en charger, que pendant ce temps-là la Juridiction du Chapitre perdoit de ses droits. On prit le party de nommer au scrutin et il eust presque toutes les voix. On luy envoya comme députés Mr Leconte procureur et Mr Dumourier, pour luy demander s’il vouloit l’accepter. Il a remercié le Chapitre en faisant des visites chés tous les Chanoines.
Enfant de cœur
177Le 1er février, on a nommé un enfans de cœur appellé Joseph Treton ; il a sept ans et demi127.
Messe à St Georges
178Le 9 février 1773 j’ay dit la grande messe au grand St George le jour de Ste Appoline qui est un des patrons, et le jour de St George je dois encor dire la grande Messe128.
Canonisation de sainte Jeanne-Françoise Fremiot de Chantal
179Le 14 février 1773, nous avons commencé la cérémonie de la Canonisation de Ste Jeanne-Françoise Fremiot de Chantal129. Le 14 à midy on a commencé par sonner toutes les cloches jusqu’à une heure ; les Vespres de la Cathédralle ont commencé à la fin de la cloche après lesquelles le Chapitre est party processionnellement pour venir chanter les premières Vespres130. On avoit envoyé la bannière où étoit le portrait de la sainte ; la bannière étoit portée par un prestre du bas cœur et Mr Leconte chanoine étoit derrière. En partant on a sonné toutes les cloches ; en arrivant à la porte de l’Eglise, Mr Leconte a pris la bannière et est entré après la croix, il a été déposer la bannière au pied du grand autel. Mrs les chanoines étoient sur deux lignes dans l’Eglise, Mr le chantre et deux autres chanoines ont pris des chappes, Mr le Doyen l’étolle et une chappe ; Mr Leconte est venu à la porte de l’Eglise, avec le reliquaire de la sainte, là il a prononcé un petit discours en lhonneur de la Sainte. Mr le Doyen en prenant la relique devoit aussi dire deux mots, mais la mémoire luy a manqué. Ils sont allés ainsi au bas du grand autel ; Mr le chantre et ses acolites étoient sur un pont qui étoit préparé dans la nef, Mr le Doyen au pied de l’autel a entonné le Te Deum qui a été continué par la musique qui étoit dans la Tribune au-dessus de la grande porte131. Après le Te Deum Mr le Doyen (qui étoit allé dans sa place préparée proche la petite sacristie ; il y avoit un fauteuil, et devant luy le même carreau et coussin qui est à St Julien), a commencé les Vespres. Comme c’étoit un Dimanche on a chanté les psaumes du Dimanche et l’office propre pour l’office de la sainte, le premier psaume et le dernier psaume en faux bourdon, avec la neume aux entiennes132 ; le répond chanté par quatre chanoines ; lhimne, le magnificat et un motet avec une grande musique et simphonie133. Après les vespres on a chanté un motet pendant lequel Mr le Doyen est allé à l’autel avec le diacre d’office, en aube et en étolle quatre flambeaux et deux thuriféraires. Le Diacre a tiré le St Sacrement qui n’avoit point été exposé pendant les vespres, a donné la bénédiction suivant le rit de la Cathédralle, c’est-à-dire Mr le chantre et tout le monde à genoux même Mr le Doyen. On a entonné O Salutaris Hostia ; on continue et on dit trois fois o salutaris Hostia. Après le salut, on est party processionnellement pour s’en retourner et on a chanté les Litanies de la Sainte. En arrivant à St Julien, on a sonné toutes les cloches ; il pouvoit estre plus de 5 heures.
180Le matin lundy on a chanté matines comme à l’ordinaire et tout de suitte les petites heures et la grande Messe à neuf heures. On a party processionnellement pour venir à la Visitation ; Mr le Doyen et les officiers sont allés dans la grande sacristie pour s’habiller, Mr l’abbé Royer faisoit Diacre et moy sous diacre ; toute la Messe a été chantée en musique et simphonie. Après la messe qui a bien duré deux heures, on est allé dans une grande salle qui avoit été préparée pour Mrs les chanoines ; nous étions au nombre de 32 y compris des semy-prébendés134. Il y avoit un grand déjeuner ou ambigu135 ; outre la soupe et du dessert, il y avoit de quoy faire un grand diner, de bon vin, force caffé ; les Mrs qui vouloient prendre des bouillons il y en avoit à force. Tout le bas cœur, qui étoit en grand nombre a eu aussi à déjeuner ou diner, la musique étoit aussi à part ; ils ont même nourry jusqu’aux domestiques qui étoient en grand nombre. Je suis sûr que ce jour là ils ont nourry 300 personnes. Après le diner on a causé jusqu’à l’heure des Vespres qui ont commencé à deux heures et demie. Les Vespres de la Cathédralle avoient été chantées comme à l’ordinaire par deux musiciens et un semy-prébendé en semaine136. On a chanté les Vespres comme la veille ; après les Vespres, Mr de Vilarceau, Chanoine et Théologal a fait le panégirique137 de la Sainte ; après le sermon, les enfans de cœur ont chanté un répons et on a donné la bénédiction comme la veille. Après la bénédiction et pendant qu’on ramassoit le St Sacrement qui avoit été exposé pendant toute la journée, et qui doit l’estre pendant l’octave, on a chanté un motet après quoy, le Chapitre s’en est allé processionnellement comme la veille. Voilà la journée du Chapitre ; comme il y avoit beaucoup de monde et que l’Eglise est petite, ces Dames avoient des Cavaliers de Maréchaussée à la porte, qu’ils ont bien nourris et payés pendant toute l’Octave. Comme ces Dames n’avoient point de chappes pareilles et de Dalmatiques, le chapitre avoit fait apporter ces ornements outre la chasuble du célébrant ainsi que la Dalmatique et Tunique du Diacre et du sous-Diacre qui sont magnifiques. L’Eglise de ces Dames étoit bien éclairée, les croisées fermées par des rideaux cramoisis ; il y avoit environ 300 bougies ou cierges.
181Le mardy suivant le mandement, les Bénédictins de St Vincent sont venus processionnellement chanter la grande Messe et le reste de l’office ; y ont été bien régalés en maigre. Comme la Maison de St Vincent est peu nombreuse, les Bénédictins de la Coulture s’étoient joints à eux ; le lendemain mercredy les Bénédictins de la Coulture ont fait la même cérémonie. C’est Mr Courte, Curé de St Jean qui a presché pour Mrs de St Vincent et Mr Huro, garçon d’esprit, principal du Collège de Courdemanche, pour Mrs de la Coulture.
182Le Jeudy, Mrs les Jacobins ont été faire la même cérémonie ; c’est le Père Beaudoux, Jacobin, qui a presché. Ils y ont passé la journée comme les autres.
183Le Vendredy les Cordeliers ont fait la même cérémonie ; c’est le Père… Religieux Jacobin, qui a presché.
184Le sammedy les Minimes ont été faire la même cérémonie ; c’est le Père Chevalier, Minime, qui a presché.
185Le Dimanche, le Séminaire a fait la même cérémonie et c’est Mr du Prat, curé de Roués grand orateur qui a presché. Ils ont été nourry comme les autres.
186Le Lundy 22 février, jour de l’Octave, Mrs les Chanoines de la Collégialle de St Pierre ont été processionnellement faire la même cérémonie que nous et les autres ; c’est Mr Savare, chanoine de St Pierre, qui a presché. Ils ont eu à diner comme nous et tous les autres. Ainsi a finy la cérémonie de la Canonisation de Sainte Jeanne Françoise Frémiot de Chantal ; pendant tout ce temps il y a eu un concours énorme de monde qui ont édifié et gangné les Indulgences. Ces Dames avoient fait donner des petits livres où est l’office particulier de la Sainte. C’est Mr l’abbé Leconte chanoine qui a une sœur dans la maison qui a été chargé de faire les honneurs de la table pendant les huit jours.
187 Nota que Mrs du Séminaire n’ayant été que le Dimanche suivant le Mandement, et après les Mandians n’ont pas voulu y aller comme la Mission ; ils ont représenté cela à Mrs les Grands Vicaires qui ont dit que Mr du Mans ne vouloit que son seminaire ; en conséquence, il n’y a eu que [le] Maistre de la cérémonie qui y soit allé et qui a dit la grande Messe.
188Mrs les chanoines de St Pierre, qui font le dernier jour, vouloient dire les premières Vespres le Dimanche. Comme le Séminaire étoit marqué pour toute la journée, on n’a pas voulu changer l’ordre du mandement ; d’abord ils ne vouloient point y aller du tout et le Chapitre de St Julien a été sur le point de faire la cérémonie. Ils se sont mis de l’eau dans leur vin, ils ont seulement protesté contre le mandement et ont fait signifier au Secretariat les Protestations du Mandement et tout a finy par-là.
Couche de Mme La Barre
189Le 25 février 1773, Mme la Barre est accouchée d’une fille, qui a été nommée par Mme Lambert sa mère, et par Mr de Brulon. Elle est accouchée à sa terre de la Barre, paroisse proche Brulon ; elle a été nommée Louise-Jeanne.
190Elle est morte de la petitte vérolle au commencement de Décembre suivant. Sa mère est grosse138.
Mort de Mr Ouvrard
191Le 2 mars 1773 Mr Ouvrard, valet de la Garde-robbe139, est mort au Mans âgé de 28 ans, d’un abcès dans la teste, il étoit propriétaire de la terre de Befeu140. Il n’étoit point marié ; il a un frère qui a épousé une Demoiselle Ranniseau, il a la charge de Lieutenant de l’Election. Il a une sœur qui a épousé Mr de Beaumont élu ; il avoit un frère qu’on ne sait pas ce qu’il est devenu ; il étoit à Paris, on a fait toutes les recherches possibles. C’est cet événement qui a empesché qu’on ait fait des partages ; ils sont très riches.
Prédicateur du Caresme
192C’est un Jacobin qui presche le Caresme ; il est assés bon. Il est prieur à Orléans.
Mort de Mme Chesneau
193Le 10 mars 1773, Mme Chesneau âgée d’environ 66 ans, est morte d’une longue maladie ; l’on dit que c’étoit un abcès dans la poitrine141. Elle est morte en véritable chrétienne après avoir donné différens bons avis à ses enfans ; son mary est Conseiller Honoraire ; il avoit donné sa charge à son fils ainé qui est marié142. Elle avoit en outre un autre garçon qui étant Mousquetaire a fait plusieurs sotises au jeu et ailleurs ; on a obtenu une lettre de cachet, il est enfermé. Elle avoit une fille, qui avoit épousé en premières noces Mr Joubert, receveur des Décimes ; son mary mourut dans cette commission après avoir mal fait ses affaires ; il laissa un enfant sans bien. On dit seulement que sa femme avoit enlevé les deniers de la caisse, car à sa mort, on ne trouva point d’argent ; cependant le clergé n’a rien perdu. La ditte veuve a épousé depuis Mr de Tournay, inspecteur des Manufactures. Dans son nom de fille elle s’appelloit Le Prince, elle étoit sœur de Mr Le Prince et de Mme de Linières ; elle demeuroit dans la Rue de St Vincent et a été enterrée dans l’Eglise des Jacobins proche la chaire, le 11 mars 1773. Tout le Présidial a assisté à cet enterrement.
Mort de Mme de la Rozelle
194Le 19 mars 1773, Dame Magdelaine-Charlotte-Françoise Godard d’Assé, épouse de Mr Thébaudin de la Rozelle, Lieutenant Particulier au Siège Présidial du Mans est morte et a été enterrée le lendemain 20 mars dans l’Eglise du Petit St Pierre ; elle étoit âgée de 28 ans. Il y avoit cinq ans qu’elle avoit épousé Mr de la Rozelle ; elle est morte d’une hidropisie de poitrine. On luy avoit fait l’opération de l’empieme143 le vendredy précédent ; c’étoit Mr Des Bois, comme le meilleur chirurgien. On luy avoit tiré trois pintes et demie d’eau ; pendant cinq jours elle avoit été un peu mieux. Son sang s’est tourné en cail144 et elle est morte enflée ; elle n’a point eu d’enfant. Mr et Mme d’Assé vivent ; elle a deux sœurs, dont une qui étoit l’ainée a épousé Mr Le Prince fils, qui n’a point d’enfant ; elle étoit la cadette ; sa sœur a épousé Mr Le Febvre Conseiller ; elle a eu un enfant qui est mort ; elle est grosse. Comme Mr de la Rozelle est le père temporel des Capucins, ils ont assisté à l’enterrement de Mme de la Rozelle ; toutes les communautés ordinaires y étoient et Mrs du Présidial conduisoient le deuil145.
Mort de Mr de Launay, avocat
195Le 27 mars 1773 Mr de Launay ancien sindic des Avocats est mort, âgé d’environ 72 ans ; il laisse trois enfans dont l’ainé est avocat et est marié avec une Demoiselle Chasseray ; c’est un des plus fameux avocats de cette ville. Le second, qui s’appelle Mr des Hormeaux, est Conseiller au Présidial ; le troisième ne fait rien. Il a été enterré dans l’Eglise de St Nicolas ; c’étoient Mrs les avocats qui conduisoient le deuil.
Diacre d’office donné à Mr Gilouppe pour la place de Mr Dezile
196Le 30 mars 1773 Mr Gilouppe146 qui étoit cy devant suppléant des Diacres a été nommé Diacre d’office au lieu et place de Mr Desisle qui a remercié le chapitre ; voilà pourquoy. Quelques jours après la mort de Mr le Sous-chantre, le bruit a couru dans le public que Mr l’Evesque faisoit avoir cette place à Mr Desisle ; le Chapitre qui auroit été très mécontent de cette nomination avoit prié Mr le Doyen d’écrire à Mr du Mans qui étoit alors à Paris. Mr le Doyen marqua à Mr du Mans que le père de Mr Desisle avoit été domestique chés un Mr Fay chanoine, pendant le temps de son service, il eust une place de sergent147 ; après cela il eust la sonnerie pour raison de quoy il avoit les chaises de la Cathédralle, que l’on avoit vu le prestre en question nettoyer l’Eglise, que de plus, l’on avoit dit qu’il y avoit eu un de ses parents assés proches qui avoit subbi une sentence diffamante, que toutes ces raisons jointes ensemble, on prioit Mr du Mans de ne pas le faire nommer. Mr du Mans, qui aime Mr Desisles, a été très fasché contre le Chapitre et surtout contre Mr le Doyen ; il écrivit une lettre assés forte au chapitre et il exigeoit que quand le chapitre luy écriroit, on eut à faire retirer au Chapitre les lettres que l’on luy enverroit. Le Chapitre fut très mécontent de cette lettre, et on chargea de luy récrire de la manière que l’on faisoit ordinairement et Mr Leconte procureur alors, fit la lettre, la signa et la fit contresigner du secretaire. Mr du Mans fut très mécontent, et quand il fut de retour, le Chapitre fut le voir ; il fit le froid à tout le monde. Il a su tous les propos qui avoient été tenus par Mr Leconte, Mr le Théologal et Mr Le Royer et Mr Huet ; tout cela fait un très mauvais effet pour l’avenir. Pour récompenser Mr Desisle il luy a donné un Canonicat de Sillé, et il reste toujours aumônnier de Mr l’Evesque du Mans.
Mort de Mme des Chapelles
197Le 5 avril 1773, Mme des Chapelles âgée d’environ 80 ans, est morte d’une attaque de paralisie, d’appoplexie et d’une révolution de goutte remontée ; elle a été portée à la paroisse de la Chapelle dans le Bas-Maine. C’est Mr du Buat fils et Mrs des Chapelles qui en héritent ; elle laisse bien du bien et un bon mobilier.
Stes huilles
198Le 8 avril 1773 Mr l’Evesque a fait les Stes Huilles et pour les Diocèses d’Angers et de Nantes ; c’étoit Mrs de Cabrières et Follopes grands vicaires qui faisoient diacres et sous-diacre, et Mr de Vildon, l’Archidiacre.
Départ du Maistre de Musique
199Le 8 avril 1773 le Sieur Bizanne, Maistre de Musique est party sans rien dire et est retourné à Avranches où il étoit Maistre de Musique quand il est venu148.
Ordination
200Le 10 avril 1773 Mr l’Evesque a fait l’ordination pour l’Evesque d’Angers et pour le Diocèse.
Jour de Pasque
201Mr l’Evesque a officié le jour de Pasques ; c’est moy qui ai fait diacre et Mr du Mourier, sous-diacre.
Maitre de Musique
202Le chapitre a reçu un nouveau Maistre de Musique en la place du sieur Bizanne ; on en dit beaucoup de bien et il est bon et habille. Il s’appelle…149.
203[note] On s’étoit trompé ; il n’étoit pas bon musicien ; après quelque temps on l’a remercié et on a nommé en sa place le sieur Lemercier serpent, bon musicien ; il avoit été élevé à la psallette ; on en sera bien content150.
Mort de Mme Fay
204Le 21 avril 1773 Mme Fay, femme de Mr Fay, receveur des Décimes est morte subitement d’une attaque d’appoplexie ; elle étoit languissante depuis deux mois et on craignoit pour elle une hidropisie de poitrine. Elle a été ouverte : on a trouvé qu’elle auroit finie par hidropisie, mais la cause de sa mort a été l’attaque d’appoplexie. Elle a été enterrée dans l’Eglise de St Nicolas ; elle étoit fille de Mr Le Houx, médecin ; elle a un frère qui est medecin et a épousé Mlle Trotté, fille de l’avocat. Elle est morte sans enfans ; elle a donné à son mary par testament tout ce que la Coustume du Maine luy permettoit de donner151 ; on dit que ce don peut monter à trente mille livres.
Pary avec Mr le curé de Pruillé
205Le 2 May 1773 j’ay fait un pary avec Mr le Curé de Pruillé, d’un louis d’or ou d’un petit diner, savoir que, si le presbitaire dudit Pruillé étoit à moitié bâty à la fin de septembre 1774, suivant le plan que doit avoir son entrepreneur, je perdrois le pary ; si au contraire le dit bâtiment n’est pas à moitié bâty au dit terme Mr le Curé perdit le dit pary et donneroit à diner à tous les présents, savoir Mr Rousset, Curé du Grand St Georges, chés qui s’est fait le pary le jour de St Georges, en dinant (j’avois dit la grande Messe ce jour-là) ; Mr Péron, Curé d’Etival et son Vicaire ; Mr Moreau, curé de Fay, Mr Gauquelin, Curé d’Allonnes. Ces deux derniers se sont obligés à donner aussi un diner si je perdois ; Mr Le Blais, grand sacriste de St Julien et sous-Pénitencier ; Mr Tresfous horloger ; Mr Boutelou son gendre et organiste, Mr Baussan, notaire à Etival, lesquels seront tous invités au diner152.
Mort du Curé de Voivres
206Mr Goussault, curé de Voivres, à trois lieues du Mans, est mort, âgé d’environ 55 ans ; c’est Mrs du chapitre de St Pierre qui présentent cette cure. S’ils avoient suivy l’usage ordinaire, ils l’auroient donnée à Mr Houdayer, vicaire de la Coulture ; mais Mr Savare, Chanoine et Procureur du Chapitre, a sollicité pour son frère qui étoit Evangéliste153 depuis deux ans. Il l’a obtenue pour son frère. Mr du Mans a refusé un visa audit sieur Savare parce que Mrs de St Pierre avoient mis dans leur présentation le tittre de Ste chapelle154 ; premier refus ; en outre ils avoient encor mis qu’ils étoient exempts de la Juridiction de Mr l’Evèque : second refus. On arrange (et c’est Mr Touchemoreau) que l’on mettroit que ce seroit sans préjudicier aux droits d’un chacun. On a examiné Mr Savare : Mr Paillé grand-Vicaire a dit qu’il ne savoit rien, pas même le françois. Cela n’est pas surprenant, il est fils d’un jardinier de la paroisse de la Coulture ; il a cependant eu un visa par protection155.
Mort de Mr l’abbé Chauvelin, ancien doyen
207Mr l’abbé Chauvelin, encien Doyen du chapitre du Mans, est mort, âgé d’environ 69 ans, dans son Doyenné ; on a fait la même cérémonie qu’à un chanoine ; cependant à cause de sa dignité et de son nom, on a exposé le corps dans la Chapelle du Doyenné, qui étoit tendue en noir ainsi que la porte de la maison et tout le cœur de la Cathédralle. On avoit fait un petit mosolée ou catafalque avec un dais au-dessus pour y mettre le corps ; c’est Mr Paillé, chantre de la Cathédralle, qui a fait la cérémonie. On a trouvé un testament par lequel il demande 30 Messes seulement ; il fait légataire universel Mr de Chauvelin, son neveu ; on luy a trouvé environ 24 mille livres en argent, les meubles iront pour ces réparations. Il avoit résigné son Doyenné à Mr de la Briffe Ponsan et un bon Prieuré à Mr l’abbé Le Conte, chanoine, qui est nommé son exécuteur testamentaire. Il est mort le lundy 10 [mai] au matin, et a été enterré le mardy 11, après l’office du cœur. On l’a mis dans le caveau des Chanoines, le premier du second rang.
Couche de Mme Lefebvre
208Le 20 may 1773 Mme Lefevbre, femme du Conseiller, est accouchée d’un garçon ;
209[note] Son fils est mort à la fin de septembre de la même année ; elle n’a plus d’enfant.
L’Assension
210Le jour de l’Assension qui se rencontroit le 20 may 1773, il faisoit si mauvais, que le Chapitre ne fut point en procession à l’Oratoire pour chercher des bouquets. Mrs de l’Oratoire eurent la politesse d’envoyer les bouquets à St Julien, quoiqu’ils n’y soient point obligés156.
Mort de Mr Roger
211Le 28 May 1773, Mr Jacques François Roger Chanoine, est mort âgé de 80 ans, qu’il auroit eu dans le mois prochain157 ; il y avoit très longtemps qu’il étoit chanoine ; il étoit aimé et respecté de la Compaignie. Par son testament, qui étoit datté de l’année 1762, il demandoit à estre enterré a costé de son oncle qui avoit fait des fondations à St Julien, et à costé de son frère. Le chapitre a eu de la peine à accorder cette demande parce que depuis la nouvelle décoration, Mr de Grimaldy, Evesque du Mans, a fait faire une cave où l’on enterre Mrs les chanoines158. Mr Roger a donc été mis sous la tombe de Mr son oncle, qui avoit été enterré dans l’année 1727 ; Mr Roger a passé, le 28, à cinq heures du soir, c’étoit le Vendredy ; on sonna le trépassement, depuis six heures et demie du soir jusqu’à sept et demie. A la fin de la cloche, tout le monde s’assembla et dit les prières accoustumées ; on fut au Chapitre pour décider de l’heure de l’enterrement. Comme Mr Roger avoit demandé à estre enterré à costé de son oncle et de son frère, il fut décidé qu’on le mettroit sous la tombe de Mr son oncle, qui est dans le bas de la nef, vis à vis la chaire. On commença Vespres à deux heures ; après Vespres chacun fut changer de soutane et on commença Vespres des morts à quatre heures et demie, ensuitte l’enterrement qui ne finit qu’après sept heures. Mr Roger demeuroit dans la rue de la Barillerie159 ; Mr de Sérans d’Andrieux fut avec la Croix et le bas cœur, chercher le corps, passa devant les Jacobins, les Cordeliers et l’Oratoire (on sonna dans toutes ces Eglises), vint par la porte du Château où le chapitre attendoit le corps, étant dans l’usage de ne point sortir hors l’enceinte de la ville.
Prise de possession de la sous-chantrerie par Mr de Brebeuf
212Le 2 juin 1773 Mr l’abbé de Brebeuf, qui étoit chanoine, a pris possession de la sous-chantrerie et du Canonicat attaché, vacant par la mort de Mr Bobet, mort le 26 janvier dernier. Mr du Mans a engagé, pressé et sollicité Mr l’Abbé de Brebeuf qui avoit pris possession d’un canonicat que luy avoit résigné Mr l’abbé de la Briffe pour 400 # de pension. Il est né à Avranches, dans le mois d’Aoust 1717 ; Mr du Mans avoit sollicité Mr de Brebeuf d’accepter cette place qui a occasionné une rupture presque ouverte avec le chapitre ; et le canonicat de Mr de Brebeuf, Mr du Mans l’a demandé pour Mr l’abbé Le Cointre, comme nous allons le voir. Comme il a déjà fait une rigoureuse, le chapitre l’en a dispensé ; et il jouira des revenus de sa prébende, pendant le temps de sa rigoureuse, parce qu’il n’a point cessé d’estre chanoine.
Prise de possession du canonicat de Mr Le Cointre
213Le 2 juin 1773 Mr François Paul Le Cointre, né le 17 septembre 1721, a pris possession du Canonicat dont Mr l’abbé de Brebeuf s’étoit demis pour avoir la Sous-Chantrerie. Mr du Mans l’a demandé et obtenu pour Mr l’abbé Le Cointre, dont le frère est au Mans Lieutenant de la Maréchaussée ; il étoit chanoine et Prévost du chapitre de Nogent le Rotrou, où il est né et où est une partie de sa famille ; la prévosté n’oblige point à résidence ; elle vaut au moins 400 #, en outre il est chapelain de la Chapelle du Roy ; c’étoit autrefois des charges que l’on achettoit dix mille livres, la finance a été supprimé. Elle produit 500 # et il est obligé de faire six mois de service ; pour cette place de chaplain, Mr l’abbé Le Cointre peut interrompre sa rigoureuse et jouist à lentier du Canonicat fors les distributions manuelles ; il est obligé seulement de rapporter un certificat de services.
Couche de Mme de Villiers
214Mme de Villiers, femme du Conseiller est accouchée d’un garçon, le 5 juin 1773 ; c’est Mme Vallienne, sa grande mère, qui étoit marainne, et Mr Hérisson, grand-père du père, le parain, dans la paroisse de la Coulture.
Cure de Ponset à Mr Gravier
215Le chapitre ou plutot Mr l’abbé Folloppe160, Grand Vicaire, a donné la cure de Ponset161 dans l’Archidiaconé du Château du Loir à Mr Gravier, prestre vicaire de Coulans, âgé de trente et huit ans. Il étoit protégé par la Maison de Lorchère et par Mme de Nouans ; c’étoit Mme de l’Ecluse mère de Mme de Nouans qui l’a élevé et donné un titre.
La Feste-Dieu
216Mr l’Evesque du Mans a assisté à la procession de la feste-Dieu ; c’est Mr l’Abbé Le Cointre qui a dit la grande messe, et a fait le reste de la cérémonie. Le même jour Mr Paillé, Chantre, a donné à diner à Mr l’Evesque et il avoit prié Mr le Doyen, avec qui il étoit fasché pour les raisons que j’ay marquées en datte du 31 mars dernier.
Nominations
217Le Chapitre du Mans qui avoit décidé que l’on nommeroit point aux nominations, voyant que Mr l’Evesque vouloit abandonner le projet de réunion, a consenty que Mr Le Pelletier, grand Archidiacre donnast la sienne vacante par la mort de Mr Renau Vicaire du Grand St Pierre à Mr Rigaut qui étoit chapelain des Ursulles, et l’autre que Mr de Gémarcé donnast la sienne à un jeune homme qu’il a élevé, qui s’appelle Duchesne ; il est Diacre et un excellent sujet. C’est luy qui fait les Conferences de philosophie au séminaire St Charles.
Rentrée de la paroisse de la Coulture dans l’Eglise
218Le 24 juin 1773 la paroisse de la Coulture est enfin rentrée dans l’Eglise de la paroisse après avoir été pendant plus de… ans dans l’Eglise de l’Abbaye de la Coulture. Le tout s’est passé en grande cérémonie. Le 23 Mr Paillé, chantre de la Cathédralle et Grand Vicaire a béni l’Eglise de la paroisse, le lendemain à huit [heures] Mr Maulny Curé de la paroisse est party de l’Eglise des Moines avec un grand nombre d’ecclésiastiques tous en chappe et ont fait le même tour que le Dimanche dans l’Octave de la Feste Dieu. Ils sont party de l’Eglise des Moines et sont allés par le puits de quatre roues, ont monté la rue et sont entrés dans l’Eglise de la Visitation pour y donner la bénédiction à ces Dames. C’étoit Mr le Curé qui portoit le St Sacrement ; il y avoit beaucoup de personnes qui portoient des flambeaux et qui suivoient. On a chanté la grande Messe après la procession ; on a tendu dans les rues, Mr le Curé avoit demandé une ordonnance de la police pour cela ; les Moines en sortant ont sonné toutes les cloches. On a chanté les Vespres en solennité et un Te Deum ; il y avoit eu un petit discours prononcé par Mr Le Bleu, vicaire de la paroisse. On étoit sorty de la paroisse pour aller chés les Benédictins le 4 octobre 1759 et on est rentré dans la nouvelle Eglise de la paroisse le 24 juin 1773 ce qui fait environ quatorse ans qu’on a mis à la bâtir162.
Opération de Mr Fagué chirurgien, à la petite de Belle-fille
219Le 10 juillet 1773 Mr Fagué chirurgien très habille chirurgien de Mr le Duc de Villeroy et de la Compaignie des Gardes du Roy, demeurant à Paris, est venu au Mans pour y voir Mme sa mère. Il a fait une opération à la petite de Bellefille lainée, à laquelle il étoit venu un petit sein au dessous de l’œil gauche ; cela avoit augmenté de beaucoup. Mr Fagué luy a fait l’opération dans très peu de temps et on luy a donné deux louis pour sa peine.
Prise de possession du canonicat de Mr de Cluzel
220Le 12 juillet 1773 Mr l’abbé de Cluzel, cousin de Mr l’Intendant, a pris possession du Canonicat vacant par la mort de Mr Roger ; il est né le 12 avril 1747 dans le Diocèse de Perigueux ; il étoit chanoine de la Cathédralle dès l’âge de 14 ans. Mr l’Evesque luy a donné des lettres de Grand Vicaire aussitost qu’il a été prestre. Il a eu à Pasques dernier un prieuré de deux mille livres, dans le diocèse de Bourges ; il s’appelle Pierre-François de Cluzel.
Présentation de la cure de St Jean sur Herve à M. de la Torillière, gradué
221Le 14 juillet 1773 Mr l’Evesque du Mans étant allé à la Ferté-Bernard, pour y donner la confirmation à dix paroisses, a diné chés Mr de la Torillière qui a une place au Grenier à sel de la Ferté-Bernard. Ce même jour Mr l’Evesque a donné à Mr l’Abbé de la Torillière, la cure de St Jean sur Herve à huit ou neuf lieues du Mans sur la grande route de Laval, proche les Chartres163. La Cure étoit vacante du deux de ce mois : elle vaut environ 2 400 # de rente164. Il a attendu à ce jour à la donner à Mr de la Torillière qui étoit Gradué d’Angers et prestre depuis quatre ans ; dont il a pris possession la veille du premier de l’an. La vacance de la Cure sera pour Mr l’abbé de Glandèves ; c’étoit convenu en donnant la Cure.
La Régalle
222Mr l’Evesque du Mans a fermé la régalle le mercredy 28 juillet 1773 ; il n’y a point d’autre cérémonie que de faire signifier à Mr le Procureur du Roy que Mr l’Evesque ferme la régalle. Le même jour Mr l’Evesque a rendu une plainte criminelle contre Mr de Languemont qui dans son mémoire contre Mr l’Evesque, le traite de concussionnaire165.
Procès de Mr l’Evesque du Mans
223Mr l’Evesque du Mans a perdu son procès pour le chemin avec Mr de Languemont, c’est à dire que le Conseil de Blois a blamé la conduitte de Mr de Blin, Lieutenant Criminel, d’avoir laché indiscrètement un décret d’ajournement personnel contre Mr de Languemont. Il luy a été enjoint destre plus circonspect à l’avenir dans ses décrets, ainsi que Mr Leclerc, Procureur du Roy ; pour le reste de l’affaire, pour le civil, renvoyé devant les Juges de la Flèche. Mrs du Présidial, faschés de ce jugement, ont fait des reproches à Mr Blin.
Mort de Mme Charpentier
224Le 24 aoust 1773 Mme Charpentier, veuve de feu Mr Charpentier, Chirurgien, est morte âgée d’environ 65 ans ; elle laisse deux enfans, dont le fils est receveur des Consignations et une demoiselle qui a épousé Mr de la Goupillière, aide-major dans le Régiment de Province du Maine ; elle a été enterrée au grand cimetière de la Coulture.
Couche de Mme Moinerie
225Le 23 aoust ou le 25, Mme Moinerie la jeune est accouchée d’une fille, pour la quatrième ; elle demeure dans la paroisse du petit St Pierre ; elle a quatre filles.
La Cure de Cogners pour Mr Houdayer, Vicaire de la Coulture
226Le 23 aoust 1773, Mrs les Doyens et chanoines de St Pierre ont présenté au sieur Houdayer prestre Vicaire de la paroisse de la Coulture la Cure de Cogners proche Evaillé comme le plus ancien officier de leur Eglise. Il étoit grand vicaire depuis longtemps et il avoit déjà manqué la cure de Voivres qu’ils avoient présentée au sieur Savare qui étoit diacre de leur Eglise depuis peu mais comme frère d’un chanoine procureur du chapitre, il l’avoit emporté sur le sieur Houdayer. La cure vaut au moins 1 200 #166 ; il n’a point eu de visa parce que Mrs de St Pierre ont mis dans leurs provisions le titre de Ste Chapelle que Mr l’Evesque leur dispute ; Mr Houdayer a eu recours à Tours pour le visa ; on le refusera, il ira à Lion. Je ne scay ce que cela deviendra.
227[note] Mr l’archevesque de Tours luy a donné le visa et cela sur le champ et cela de concert avec Mr l’Evesque du Mans ; c’est seulement pour empescher que Mrs de St Pierre prennent le titre de Ste Chapelle. – Il est mort le 23 février 1787167.
Mme de Bellefille
228Le 29 aoust 1773 Mme de Bellefille a eu une fausse couche, étant à Belle fille ; elle n’a pas été longtemps malade.
Diner de Mr l’Evesque à la Manouillère
229Le 14 septembre 1773, Mr l’Evesque du Mans est venu diner à la Manouillère avec la maison Lorchère168.
Acquisition de la maison de Mr de Rouillon
230Le 18 septembre 1773 Mon frère a achetté la Maison de Mr de Rouillon syse dans la grande Rue169 pour le prix et somme de Vingt-six mille livres. Il a donné onze mille livres en argent, la métairie de la Coefrie en échange, laquelle est estimée quinze mille livres170. Cette métairie étoit autrefois de la dépendance de Rouillon ; elle est au bas d’une des allées et les terres la touchent171.
Mariage de Mr Mainneville
231Mr de Mainneville, Directeur de la poste, vient d’épouser Mlle Berland, dont le père est Directeur du grenier à sel de Sillé ; elle est jolie et âgée de 25 ans ; le marié peut en avoir autant.
Mort de Mr l’abbé Godefroy
232Mr l’abbé Godefroy chanoine de St Pierre, est mort le mercredy 13 octobre 1773, à Préau, paroisse de Pontlieue ; il a été porté à la paroisse de Pontlieue pour y faire l’Ultimatum Vale, et Mr le Curé de Pontlieue est venu avec un nombreux clergé et le bas cœur de St Pierre, apporter le corps jusqu’à St Pierre où il a été enterré. Il étoit Député de la Chambre Ecclésiastique ; il est mort d’une attaque de paralisie, âgé de 62 ans. Mme Brunot est sa sœur et Mrs de Chesné ses neveux ; mais la succession ne vaudra rien. Il est probable qu’il n’y aura pas dans son mobilier de quoy payer ses dettes ; il avoit eu du bien de fond qu’il a mangé ; il a toujours bien vescu et vu la bonne compaignie172. Il devoit beaucoup ; les héritiers ont renoncé ; les créanciers ont perdu plus de moitié. J’y étois pour quatre louis sans billet ; je les ay perdus ; il me les devoit cependant du 5 octobre 1765.
Mort de Mr Champion
233Le 31 octobre 1773 Mr Champion, médecin, est mort âgé de 72 ou 75 ans ; il étoit Doyen des Médecins du Mans, et bon Médecin, surtout pour la connoissance du poux. Il a un frère, prestre, qui est Conseiller au Présidial du Mans et chanoine de St Pierre. Il laisse plusieurs enfans dont une demoiselle a épousé Mr le chevallier de Tilly qui est garde du Roy. Il a un fils qui est médecin et un autre maistre de forges ; il étoit grand Janséniste. Il a été enterré le jour de la Toussaint, à cinq heures du soir, dans l’Eglise du petit St Pierre, sa paroisse173.
Mort de Mr Poilpré
234Le 2 novembre 1773 Mr Poilpré, prestre du bas cœur de St Julien, est mort âgé d’environ… ans ; il avoit une Chapelle qui étoit à la nomination du Chapitre ; elle est tombée dans la semaine de Mr l’abbé de Cabrières. C’étoit un fameux Janséniste ; il a été enterré dans le Cimetière de St Michel174.
Chapelle donnée à Mr Pasquer
235Le 5 novembre 1773 Mr l’abbé de Cabrières a présenté la chapelle de Mr Poilpré à Mr Pasquer, prestre de St Benoist.
Départ de Mr l’Evesque pour Paris, pour affaire contre Mr Leclerc et Mr de la Rozelle
236Le 8 novembre 1773 Mr l’Evesque est party pour Paris pour une affaire qu’il a avec la ville, dont voicy l’histoire. Le Père Roy, professeur de philosophie, avoit fait soutenir une thèse de moralle où il y avoit une proposition Janséniste. Mr Paillé, chantre de la Cathédralle, Grand Vicaire et chargé de veiller sur les études des jeunes gens, ayant remarqué cette proposition, fust la communiquer à Mr l’Evesque qui, ce jour-là, dinoit chés Mr du Vauguion avec Mr de Lambon inspecteur de la Mareschaussée. (Il est mort à Angers, dans la tournée) C’étoit le 24 juillet dernier ; Mr l’Evesque, qui désire avoir la paix dans son Diocèse, dit qu’il faloit demander au Général que le Professeur fut renvoyé et ne revint pas l’année suivante. Le Père Roy, ayant su cela, fut voir Mr l’abbé Vildon, pour demander à sexpliquer, et luy dit qu’il avoit pris toute sa philosophie en tel auteur qui étoit approuvé et dit plus : qu’il n’avoit jamais eu l’intention de rien mettre contre la religion, et qu’il étoit prest à se retracter, et qu’il promettoit de ne pas mettre à l’avenir aucune chose qui put déplaire à Mr l’Evesque. On croyoit cette affaire arrangée ; cependant on avoit demandé au Général, qu’il ne revint pas l’année suivante. Ledit professeur a envoyé sa thèse au Général pour la faire examiner par son Conseil, et plus on l’a fait voir par des Censeurs de la Sorbonne qui tous n’ont rien, dit-on, trouvé que de très orthodoxe. Mrs les Pères de St Simon qui étoit venu au Mans avec Mme de Laval Abbesse de Montmartre et pour lequel on avoit eu des voix pour le nommer Général, et le Père de Bercé aussi Oratorien, avoient dit à Mr l’Evesque que s’il demandoit le renvoy du Père Roy professeur il ne reviendroit pas. Mr l’Evesque l’a fait et a été très surpris de recevoir pour réponse que si le professeur étoit coupable, il luy fit faire son procès par son official. Cela a piqué Mr l’Evesque qui, sur le champ leur a ôté la philosophie et la Théologie ; sur la dernière qu’il a mise et établie à son Séminaire de Coëffort ; la philosophie peut toujours être continuée par l’Oratoire, et Mr l’Evesque a mis des répétiteurs pour la logique et la phisique dans la chapelle de St Charles. On avoit partagé et fermé le cœur des anciennes Religieuses pour en faire une classe, et Mr l’Evesque avoit voulu faire une séparation dans la nef de la ditte chapelle. Mais cet ouvrage a été interrompu et arresté par Mr Leclerc, Procureur du Roy, et Mr de la Rozelle, Lieutenant particulier de la Sénéchaussée, et cela au nom et faisant pour Mr le Comte de Provence. Ils ont fait signifier l’opposition ou arrest à Mr Rolland Greffier du Bureau ou de la chambre Ecclésiastique ; ils se sont contentés de faire une petite politesse à Mr l’abbé Leconte chanoine et Député à la Chambre, lequel est mal avec Mr l’Evesque. Mr l’Evesque ayant su cette demarche a été furieux, et a dit qu’il ne tonsureroit aucun des jeunes gens qui étudiroient à l’Oratoire, même dans les humanités. La phylosophie va commencer le lendemain de la St Martin, dans la salle du Sinode, et Mr l’Evesque est party pour Paris pour prévenir le Ministre de la démarche de ces Mrs et en avoir raison ; on ne sait pas encore ce que deviendra cette affaire. J’oubliois que Mr de la Rozelle et Mr Leclerc ont fait assembler Mrs du Présidial pour leur communiquer cette affaire ; on a dit qu’ils avoient blâmé la démarche de ces deux Mrs et qu’on avoit dû envoyer des députés à Mr l’Evesque pour tascher d’arranger l’affaire. Il est probable que le Collège de l’Oratoire va tomber, et que les Oratoriens, qui sont déjà mal à l’aise, vont abbandonner ledit Collège. On dit que la maison ne jouist que de quatre mille livres de rente, et que la manse de la Congrégation est obligée de donner au moins 2 000 # pour leur aider. Mais aussi la ville craint que ce collège, qui est nécessaire à la ville, ne tombe à leur charge en payant des régents.
Canonicat de St Pierre
237Le fils de Mr Vétillard, Médecin de cette ville et [possédant] le titre de Médecin de Mr le Comte de Provence vient d’obtenir le Canonicat de St Pierre175. Il n’a que dix ans et il étudie à Paris dans un Collège où Mr l’Evesque du Mans luy a donné une Bourse, le 8 novembre 1773.
Nouveau Musicien
238Le 8 novembre 1773, on a reçu à St Julien un nouveau Musicien appelé Marbonne, âgé d’environ 19 ou 20 ans176.
Assemblée de la ville
239Le 13 novembre 1773, Mr Posset, maire de la Ville, a fait assembler la ville où il a convoqué tous les anciens Echevins au nombre de plus de vingt, pour plusieurs points, et surtout pour celuy qui regarde le Collège avec Mr l’Evesque. Il fut décidé qu’on écriroit à Mr l’Evesque pour l’engager à remettre les choses comme elles étoient cy devant. Le Père Roy est party pour Paris dans ces entrefaites. Mr l’Evesque a répondu à Mr Posset, une lettre dont le Bureau n’a pas été content. Ils ont envoyé un mémoire à Mr de la Roche Aimon, à Mr de St Florentin et à Mr le Comte de Provence.
Mariage de Mlle La Moustiere appellée Mlle Deslandes
240Le 16 novembre 1773 Mlle de la Moustière a épousé Mr de la Bobannière, autrement Mr de la Borde, Maistre particulier des Eaux et forests de la ville du Château du Loir ; il est riche et on en dit tous les biens possibles, il est âgé d’environ… ans177. La demoiselle qui est la troisième des Demoiselles La Moustière est grande, bien faite et jolie, âgée de dix neuf ans. Comme Mr de la Borde étoit plus riche, il a fait la loix et a choisy cette Demoiselle de préférence à la cadette qui auroit dû estre mariée avant elle. Sa sœur ainée est mariée il y a quatre ans à Mr Biseul qui demeure à la forge d’Antogny, elle est preste d’accoucher du troisième enfan. Ils ont eu chacun quarante mille livres en mariage178 ; il reste encore deux demoiselles et deux garçons ; l’ainé travaille dans le Cabinet pour le commerce, et le cadet est au Collège à Vandosme.
Mariage de Mr le Comte d’Artois
241Mr le Comte d’Artois a épousé Mlle de Savoie, le 16 novembre 1773.
Couche de Mme de la Boussinière
242Le 17 novembre Mme la Présidente de La Boussinière est accouchée d’un garçon.
Mort de Mr Divry
243Le 19 novembre on a appris au Mans la mort de Mr Divry, Seigneur de la paroisse de Sillé le Bruslé proche Savigné179 ; il étoit malade depuis longtemps ; il est mort cependant comme subitement. Il laisse quatre enfans dont deux demoiselles mariées et qui sont très délicates et attaquées de la poitrine, Mr Divry est mort à Paris âgé d’environ 55 ans.
Prédicateur de l’avent
244C’est un Cordelier appellé le frère Lejour, de Chartres, qui presche l’Avent ; il est bon. Il a les yeux de travers et porte perruque.
Mort de Mr le Curé de St Gilles
245Le 7 décembre 1773 Mr Mandroux, Curé de St Gilles, est mort, âgé d’environ 50 ans, d’une hidropisie ; il avoit une chapelle qui portoit frairie, le jour de la Vierge après les Vespres de la Cathédralle, Mrs du bas cœur sont allés à St Gilles pour chercher le corps et pour l’emmener faire l’Ultimatum Vale à l’autel de St Pierre où il se fait ordinairement. Ils ont reconduit le corps à St Gilles où Mrs les Curés étoient et ce sont eux qui ont fait la cérémonie, avec des flambeaux.
Femme de chambre
246Le 17 décembre 1773 Louise Bodereau, niepce de Fanchon cuisiniere à la maison depuis le jour de St André 1747, est sortie de la maison ; elle étoit femme de chambre. Le lendemain, Louise Vierge, fille d’un fermier de Courceboeufs, âgée de 17 ou 18 ans, est entrée à la maison pour remplacer l’autre. Elle gangne 36 # la première année, si ma mère en est contente, elle l’augmentera.
Mort de Mr Besnard
247Le 26 décembre, Mr Benard, ancien officier d’infanterie, est mort âgé de 91 ans, il demeuroit proche le puits de quatre roues. Il avoit épousé une demoiselle de Maréchal, sœur du Curé de Lombron, dont il n’a pas eu d’enfant ; ses parents sont très éloignés ; Mrs Maulny en sont. Il n’a pas beaucoup de bien, d’autant plus qu’il donne à sa femme tout ce que la coutume luy permettoit, joint à cela il avoit donné une partie de son bien à viage, surtout une ferme au père de Mr de Cailleau, dont il a fait la rente au moins quarante ans. Il a été enterré au Grand Cimetière.
Mort de Mr des Berries
248Le 27 décembre 1773 Mr des Berries, élu, est mort âgé d’environ 60 ans ; il avoit été teinturier pendant longtemps. Il avoit fait bâtir une très belle maison dans la rue de St Vincent et sur la belle vue180. Dun premier mariage il avoit eu une demoiselle et deux garçons dont un est tonsuré et demeure à St Vincent proche l’Oratoire. Le cadet avoit servi dans les gens d’armes ; il a été obligé de se retirer et il a vendu le bien qu’il avoit eu de sa mère, à fonds perdu qu’il a presque tout mangé. En secondes nopces, il avoit épousé une Demoiselle Boulet, assés jolie, dont il a eu un enfans. Il a été enterré à St Vincent dans l’Eglise.
Couche de Mme de Biseul
249Le 27 décembre 1773 Mme de Biseuil, demeurant à la forge d’Antoigny est accouchée d’une fille bien heureusement181. C’est pour la troisième fille dont elle accouche ; elle n’a point eu de garçons.
Mlle de Richemont
250A la fin de décembre 1773 Mlle de Richemont la cadette, a eu la petitte vérole ; Mlle de Richemont, peu de temps après l’a eu aussi, mais peu ; elles ne seront pas marquées toutes les deux. A la fin de Décembre de la même année, le fils de Mr de Guibert a eu la petitte vérolle.
L’année 1774
Mort de Mr de Mainneville
251Le 13 janvier 1774 Mr Blondel de Mainneville est mort âgé d’environ 65 ans ; il y avoit très longtemps qu’il étoit malade. Il étoit Directeur de la poste et il y avoit fait démission, il y a un an en faveur de Mr son fils unique lequel a épousé, le mois de septembre dernier, Mlle Bertons. Il a été enterré dans l’Eglise des Minimes au bas de l’Eglise, à costé de son épouse morte depuis cinq ou six ans.
Les balets182 et enseignes
252Dans le mois de Décembre et Janvier, on a abbatu par ordre de Mrs du Bureau des Thrésoriers de Tours tous les balets et toutes les enseignes et on doit aussi à l’avenir abbattre toutes les gouttières. Il y en a déjà beaucoup qui se mettent suivant l’ordonnance, surtout pour les balets, ils sont tous enlevés.
Mort de Mlle de St Cosme
253Le 30 janvier 1774 Mademoiselle de St Cosme est morte à St Cosme183 de la petite vérolle ou plutost d’un abcès dans la teste. Elle étoit âgée de 23 ans, assés jolie, mais fort douce et aimable.
Milice
254Dans le mois de Décembre dernier il a paru une ordonnance pour la Milice, telle qu’on ne l’avoit jamais vu, même en temps de guerre ; tous les domestiques tiroient184 ; des exempts et non exempts ; il n’y avoit que la livrée des princes qui en fussent exempts. Tous les escoliers et les tonsurés qui n’étoient pas tonsurés trois mois avant la publication de l’ordonnance étoient sujets ; les écoliers des Universités en Droit et Théologie tiroient aussi ; tous les privilégiés pouvoient exempter leur domestique de tirer en payant 5 # par chaques domestiques.
255On a commencé à tirer au Mans, le 1er février et le 4 du même mois Mr de la Boussinière subdélégué a reçu une lettre de Mr l’Intendant qui luy marque que le Roy a surcy le tirage jusqu’à nouvel ordre ; aussi Mr de Montenard ministre de la guerre qui avoit succedé à Mr de Choiseul est disgracié.
Ministre de la Guerre
256Mr le Duc d’Eguillon, Ministre des affaires étrangères, vient de succéder à Mr de Montenard ; le Roy luy a donné le portefeuille de Mr de Montenard185. C’est un homme de beaucoup d’esprit, et qui a eu ce procès contre le Parlement de Rennes, surtout contre Mr de la Chalotais, qui est exilé186.
Béatification de Mme Angelle des Ursulles
257Le mercredy 8 février 1774, Mmes les Religieuses de la Communauté des Ursule font la cérémonie de la Beatification de Mme Angelle, première supérieure et fondatrice de la Maison187. C’est Mr Follope chanoine et Grand Vicaire Supérieur de la Maison, qui fait la cérémonie ; c’est Mr Courte, curé de St Jean qui presche. Le chapitre ne fait point cette cérémonie, ce n’est que pour la canonisation188.
Mort de Mme Dagues
258Le 8 février 1774 Mme Dagues, dont le mary est à l’Hotel de Ville et Administrateur de l’Hopital, vient de mourir d’une fièvre maligne. L’Hotel de Ville n’a point assisté au convoy en corps ; ce n’est pas l’usage. Elle a été enterrée dans l’Eglise des Jacobins.
Rétractation du Père Roy, de l’Oratoire
259Au commencement de février, il a paru une retractation du Père Roy, Professeur du Collège du Mans reconnue et présentée par le Général de la Congrégation et une lettre dudit Général où il fait excuse à Mr l’Evesque de la lettre qu’il luy avoit écrite il y a six mois. L’article des cayers du Père Roy a été condanné et censuré par la Sorbonne, mais Mr l’Evesque veut encor que la Philosophie d’Auxerre où il a puisé sa proposition : il n’y a point de vraie vertu sans la charité, soit censurée par la Sorbonne189. Les choses en sont là. On dit que Mr l’Evesque a obtenu un arrest du Conseil qui enjoint à tous les Intendans de chaque Province de faire retirer les impressions de la philosophie d’Auxerre pour qu’on ne puisse pas l’enseigner190. Voir dans le Volume des Affiches du Mans ; on y trouvera les retractations du Père Roy et du Général ; c’est sur le livre des Nouvelles.
Mort de Mr Beaudron
260Le 11 février 1774, Mr Denis Beaudron, âgé de 83 ans, a été enterré dans le caveau ordinaire des chanoines ; il étoit chanoine et scolastique du chapitre du Mans, en outre il étoit sindic et Député du Clergé du Diocèse. Il étoit Grand Vicaire de Mr l’Evesque ; il avoit été Grand Vicaire longtemps pendant l’Episcopat de Mr de Froulay, le dernier Evesque. On peut dire à sa louange, qu’avec le caractère de Mr de Froulay, il avoit trouvé le moyen de s’en faire aimer, du chapitre, du clergé, et généralement de tout le monde, ne cherchant qu’à obliger. Il avoit eu l’Abbaye de Chalivois191 du temps de Mr de Mirepoix ; dont il s’étoit demis entre les mains de Mr de Jarente, Evesque d’Orléans alors ministre de la feuille ; il avoit une pension de 2 400 # sur l’abbaye de la Coulture. Quand Mr de Froulay a fait bâtir le nouvel Hotel-Dieu, on peut dire qu’il y a bien contribué en parlant à Mr l’Evesque de ce temps et depuis en donnant beaucoup et de grosses sommes. On peut dire en un mot, que c’étoit un homme bien respectable par sa piété et par ses mœurs. Il étoit originaire de l’Anjou où il a une jolie terre ; il n’a pas fait de testament192.
Caresme
261C’est un Augustin qui presche le Caresme.
262[note] Bien médiocre.
Prise de possession du Canonicat de Mr d’Herpaillé du Chesneau
263Le 18 février 1774 Mr François Léon d’Herpaillé du Chesneau a pris possession du Canonicat vacant par la mort de Mr Beaudron ; il est né le 25 octobre 1746 dans la paroisse de St Jamme à Montauban. Il a eu ce canonicat par un indult que luy a donné Mr de Lescalopier qui avoit été Intendant à Tours et auparavant étoit à Montauban et actuellement Conseiller d’Etat sans bureau ; c’est en vertu du Conseiller d’Etat qu’il a un indult. Il a une jambe plus courte de beaucoup que l’autre ; c’est par accident, étant au Séminaire d’Angers où il étoit pour faire sa licence. Il est sous-diacre de Noel dernier ; il a vingt et huit ans. Il a retourné à Angers pour prendre ses arrangements ; il en doit revenir à la demiecaresme ; il n’a plus que deux thèses à soutenir pour estre Docteur193.
Gain du procès de Mr l’Evesque contre Mrs du Présidial
264Le sammedy 19 février 1774 Mr l’Evesque a gangné son procès contre Mr Leclerc, Procureur du Roy et Mr de la Rozelle, Lieutenant particulier, qui dans leur privé nom avoient fait assigner Mr l’Evesque et Mrs les administrateurs des biens de St Charles, il est dit dans l’arrest que c’est induement qu’ils ont entrepris le procès et deffense à eux de se mêler de ce qui regarde l’administration des biens de l’Hopital St Charles194.
Mort de Mme de la Marteliere
265Le 22 février 1774 Mme de la Martellière, demeurant dans la maison que mon frère a achetée de Mr de Rouillon195, est morte après avoir langui longtemps ; elle étoit hidropique196 et avoit des obstructions au foix. Elle étoit âgée d’environ 65 ans ; elle étoit Demoiselle de Toulon et elle avoit beaucoup de bien du costé de Mayet. Elle a un fils chevalier de St Louis qui est retiré du service, et qui fait sa demeure dans une jolie terre en Brie, proche Paris. Elle a été enterrée dans l’Eglise du petit St Pierre, c’étoit une Dame bien respectable.
Prise de possession de la scolastique par Mr de Vildon
266Le 3 mars 1774 Mr l’abbé Vildon chanoine et Archidiacre du Château du Loir a été reçu Scolastique en la place de Mr Beaudron dernier titulaire. On peut voir son âge à l’article de son Canonicat. Il a été reçu chanoine, le 17 mars 1770.
267[note] Il est né le 1er janvier 1735.
Service de l’hopital pour Mr Beaudron
268Le 4 mars 1774 Mrs les Administrateurs de l’Hopital Général ont fait faire un service solennel pour feu Mr Beaudron. Ils ont député Mrs l’abbé Lepeletier chanoine et Grand Archidiacre pour faire le service de l’autel il dit deux mots à la louange du deffunt sur sa piété et sa charité.
Assemblée de la Ville
269Le 7 mars, Mr Posset Maire de Ville, a fait convoquer une assemblée généralle de la ville pour savoir si lon enverroit au Roy un placet pour qu’il eust à ordonner que le Collège du Mans seroit rétably comme il étoit cy-devant. Le plus grand nombre contre le bon sens fut pour envoyer le placet au Roy, lequel n’a eu aucun effet. Il y eut un grand nombre pour attendre le retour de Mr l’Evesque et luy envoyer des Députés. La plus grande partie étoit pour envoyer le placet au Roy, lequel n’a produit aucun effet que d’aigrir davantage Mr l’Evesque contre la ville et les Oratoriens.
Prise de possession de l’Archidiaconé du Château du Loir par Mr l’abbé du Cluzel
270Le 14 mars 1774 Mr l’abbé du Cluzel Chanoine encor en rigoureuse a pris possession de l’archidiaconé du Chateau du Loir. Il avoit été reçu chanoine, le 12 juillet 1773 ; il est né le 12 avril 1747.
Arrivée de Mr l’Evesque
271Le 15 mars 1774 Mr l’Evesque du Mans est arrivé de Paris à Ivré197 où il fait sa résidence ; il est venu au Mans le 19, pour faire l’ordination.
Assemblée de parents pour Mme de Foucault
272Le 21 mars Mr le comte de Foucault et Mrs Legras sont venus me prier de me trouver à une assemblée de parents qui est faite chés Mr de la Rozelle, Lieutenant particulier, afin d’autoriser sa femme encor mineure, à vendre sa terre de Chefraison198 pour en placer les deniers sur la terre de Bouloire dont ils vont faire l’acquisition. Il y avoit Mr de Tahureau et Mr de la Chaume, parent de la ditte Dame du costé du père de la ditte Dame qui s’appeloit Mr de Montdagron ; du costé de la mère étoient Mrs Nepveu, Mr du Vauguion et moy ; la mère s’appelle Portail. Mrs Le Gras sont oncles de la ditte Dame du costé des Portails, aussi. Tout le monde a consenty à la vendition desdits biens aux conditions que les deniers en seroient placés sur la terre de Bouloire sans pouvoir changer de nature. La terre des Chefraison est du costé des Portails ; c’est Mr Orry, négotiant cirier, qui doit l’achetter soixante six mille livres aux conditions cy dessus199.
Stes huilles
273Mr l’Evesque du Mans a fait les Saintes Huilles. C’étoit Mr de Cabrières qui faisoit Diacre et Mr Folloppe sous diacre.
Ordination
274Mr l’Evesque a fait l’ordination des diacres et Mr d’Herpaillé du Chesneau a reçu le Diaconat. Le chapitre avoit chargé les Députés du chapitre de présenter à Mr l’Evesque quand il arriva de Paris Mr d’Herpaillé et de le prier de vouloir bien luy donner le Diaconat. Il y consentit volontiers, et luy dit qu’il feroit sa retraite au cœur.
Jour de pasques
275Mr l’Evesque a officié le jour de Pasques ; il a assisté au sermon. J’avois été nommé par le chapitre pour estre le suppléant ; outre cela Mr l’Evesque m’avoit prié de faire Diacre avec Mr Dugast, sous Diacre.
Changement des Prisonniers
276Le 15 avril 1774 on a transporté les prisonniers de la prison ordinaire200 dans le bas de la Tour Vineuse dont les murs ont onze pieds d’épaisseur201. On a mis double hersse dans l’épaisseur des murs et 6 hommes qui les gardent proche la première porte. Comme les murs de l’ancienne prison ne valent rien depuis quelque temps toutes les nuits ils faisoient des trous et étoient prests à sortir. On doit les reparer au plus tôt, car ils sont bien mal où ils sont.
Mariage de Mr Jannard
277Dans le courant du mois d’avril 1774, Mr Jannard fils ainé a épousé Mlle de St Chereau, de Malicorne. Il étoit Lieutenant dans le Régiment Royal Comtois, il avoit quitté le service parce qu’il étoit amoureux de cette demoiselle depuis longtemps. Comme Mr et Mme Jannard, ses père et mère, n’avoient point voulu consentir à ce mariage, il a fait des sommations respectueuses202 ; ils n’avoient pour raison à déduire que parce qu’elle n’est pas riche. Au reste, elle est de bonne famille, jeune et jolie ; elle est venue demeurer au Mans dans un appartement garni, chés la veuve Moulay menuisier dans les basses rues.
278[note] Ils sont remis avec le père et la mère ; cela n’a pas duré longtemps.
Sortie des prisonniers
279Le 25 avril au soir, les prisonniers qui étoient dans la Tour Vineuse sont sorty de la dite prison au nombre de trente trois ; on en a déjà repris cinq ou six.
Mr Bordier, semi prébendé, reception
280Mr Bordier, curé de Champaigné, a permutté sa cure avec Mr Baglin, chanoine semi-prébendé ; c’étoit Mr Pantou qui avoit résigné sa semi-prébende avec Mr Baglin, à raison de 300 # de pension. Le chapitre l’avoit nommé secretaire avant qu’il fut semi-prébendé ; il a donc permutté avec Mr Bordier ; il luy fait 500 # de pension et après la mort de Mr de Pantou, qui est paralitique depuis longtemps, il ne luy fera plus que 200 # de pension. Mr Bordier étoit Oratorien, quand il a eu la Cure de Champaigné par résignation ; il s’appelle… il est né le… et a pris possession de sa semi-prébende le…203.
Prières pour la maladie du Roy
281Le 9 may 1774 Mr l’Evesque ayant appris la maladie du Roy204 a ordonné les quarante heures. Le lundy au soir on a sonné toutes les cloches de la ville de puis cinq heures du soir jusqu’à six heures que Mr l’Evesque est entré au cœur pour commencer le salut. On a chanté l’antienne du St Sacrement qui commence par ces mots : Ave verum, Mr le chantre, à genoux, a entonné la dite entienne que l’on a chantée à genoux ; le psaume Miserere que l’on a chanté très gravement, pendant le psaume on étoit dans la stalle. Après le psaume, deux enfans de cœur on chanté le trait Domine non secundum, ensuite Mr le sous chantre a entonné l’antienne à la Vierge Sub tuum praesidium, ensuite le psaume Exaudiat qui a été chanté en faux bourdon. Après cela, Mr l’Evesque a chanté les oraisons et a donné la bénédiction.
282Le mardy, Mr l’Evesque a dit la grande Messe à 8 heures à cause de la procession des Rogations ; le mardy, les quarante heures ont commencé. Mrs les chanoines ont gardé le St Sacrement à tour de rolle, comme pendant l’octave.
Jour de l’Ascension
283Le jour de l’ascension Mr l’Evesque a assisté à la procession des bouquets205 et à la grande Messe, à Vespres et à six heures et demie206. Mr l’Evesque a assisté au salut et a donné la bénédiction suivant l’usage de l’Eglise et ainsi ont finy les quarante heures.
Couche de Mme la Barre
284Le 10 may 1774 Mme La Barre est accouchée d’une fille ; c’est Mr Lambert son père qui a été parrain. Elle fait sa demeure à sa terre de La Barre proche Brulon ; elle avoit eu une fille le 25 février 1773 ; elle est morte peu de temps après.
Mort du Roy Louis quinze
285Le 10 may 1774 Le Roy Louis quinze est mort de la petitte vérolle ; il n’a été malade que quinze jours ; une heure après sa mort il sentoit si mauvais qu’on la mis sur le champ dans un cerqueuil de plomb. On a voulu ôter son cœur qui étoit déjà corrompu ; on a porté son corps sur le champ à St Denis sans un grand convoy et en arrivant on l’a enterré. Cependant on a fait et on fera pendant quarante jours le même cérémonial à St Denis. Les papiers publics sont remplis de ce qui s’est passé à cette occasion. Le feu Roy a régné pendant 59 ans ; il est arrivé aussi de grands évènements pendant son règne. Mr le Dauphin, âgé de 20 ans, a été reconnu Roy sur le champ et a quitté Versailles. Au reste, l’histoire et les papiers publics nous apprendront le reste207.
Députations données à Mr de Cabrières, Mr Fay et Mr Maulny, curé de la Coulture
286Le 18 may 1774 Mr l’Evesque a fait faire une assemblée du clergé pour nommer aux places vacantes, savoir celle de Mr l’abbé Godefroy, chanoine de St Pierre, mort le 13 octobre dernier et celle de Mr l’abbé Beaudron, chanoine et scolastique de la Cathédralle. Toutes les voix se sont réunies pour nommer Mr Maulny, Curé de la Coulture, et vice gérant de l’Officialité pour sindic du clergé ; autrefois cette place étoit ordinairement donnée à un des Mrs qui avoit une place de Député parce que le sindicat ne valoit que 300 #. Mr l’Evesque les a toutes mises également ; ces places valent au moins 800 # ; personne ne le sait. Mr l’abbé de Cabrières a été nommé à une place de Député ainsi que Mr Fay, chanoine, frère de Mr Fay receveur des Décimes, qui rend beaucoup de services à Mr l’Evesque et dont il est très aimé208.
Pentecoste
287Le jour de la Pentecoste, 22 May 1774, Mr l’Evesque a assisté à l’office et c’est Mr Bazoge qui a dit la grande Messe.
Mr de Posset, Maire de Ville
288Mr Négrier de Posset, Maire de la Ville du Mans, s’étant mal comporté dans cette place, tant pour la ville que pour les contestations que la ville avoit eu avec Mr l’Evesque au sujet du Collège a eu ordre de ne plus paroistre au Bureau de l’hotel de Ville, et Mr Martigné, notaire, premier Echevin, a eu ordre du Ministre de présider au dit bureau jusqu’à nouvel ordre.
Service de St Pierre
289Le 18 May 1774, Mrs les chanoines de la Collégialle de St Pierre, prétendant n’estre point soumis aux ordres de Mr l’Evesque, ont fait un service solennel pour le feü Roy. Ils ont fait un Catafalque dans leur cœur et ont fait prier par toute la ville par billet209. Mr l’Evesque, ayant appris qu’ils faisoient le service, leur a fait signifier par un huissier de ne pas le faire. L’Huissier n’est allé trouver le procureur du chapitre que pendant qu’ils chantoient les Vigilles. Comme ils avoient commencé l’office, ils n’ont pas voulu en avoir le dessous ; ils ont continué. Après le service, Mr Dubois, chanoine et Mr Darcy, aussi chanoine, ont été par députations voir Mr l’Evesque qui les a mal reçus et leur a dit que tout ce qui regardoit prière publique c’étoit à la Cathédralle à commencer, qu’il alloit se joindre à la Cathédralle pour tous les points du procès qu’ils avoient eu avec le Chapitre de St Julien, et qu’en attendant, il alloit envoyer un mémoire à Mr de Coëtlosquet ou même à Mr le Comte de Provence210 ; ce qu’il a fait le jour même, et a fait dire au chapitre de faire aussi un mémoire des prétentions de Mrs de St Pierre pour les faire consulter, et poursuivre le dit procès. Tout en est là jusqu’à présent, et ils sont embarrassés. Mr de la Drourie, leur Doyen, leur avoit conseillé de ne pas faire le service avant la Cathédralle ; aussi il ne s’y est pas trouvé. Ils dirent pour raison à Mr l’Evesque que, du temps de Mr de Froulay, ils avoient fait des prières pour le Roy ou pour la famille royalle et qu’il n’avoit rien dit. Il leur répondit que pendant qu’il seroit Evesque du Mans il ne le souffriroit pas et il y est bien déterminé.
Service pour la mort du Roy Louis 15
290Le 26 may 1774, après avoir reçu la lettre du Roy sur la mort de Louis quinze son grand-père laquelle nous a été communiquée par Mr l’Evesque qui a décidé que le 26 du présent mois de may on feroit un service solennel où il diroit la grande Messe, Mr le Théologal a été chargé par le chapitre de faire un catafalque, il l’a fait faire et a été trouvé très bien. Il y avoit un cordon de tenture autour du cœur et le pilier du sanctuaire ; il y avoit force armoiries de France. Comme le Roy est Chanoine, il y avoit une aumusse sur un prie-Dieu couvert en noir. Le mercredy on a chanté les premières vespres et matines à neuf leçons, chantées gravement ; à six heures du soir, on a sonné toutes les cloches de la ville jusqu’à sept. Mr le Théologal avoit eu soin de faire mettre beaucoup de chaises dans le cœur et dans le sanctuaire ; outre cela, il y avoit encor beaucoup de chaises vis à vis la grande porte et celle du costé de l’Evesché, lesquelles étoient enfermées par une enceinte et gardées par des cavaliers de maréchaussée. Toutes les Compaignies y étoient ; Mrs du Présidial étoient en robbe rouge ; nous n’avons point pris la soutane violette ; Mrs les Dignités ont seulement pris leur place de dignité. Mrs de l’Hotel de Ville y étoient ; Mrs des Eaux et Forests, de l’Election, du Grenier à Sel. Il y avoit beaucoup de monde ; le chapitre avoit donné ordre à la loueuse de chaises de ne point prendre d’argent, et pour dédomagement, le chapitre luy avoit donné 30 # ; on estimoit qu’il pouvoit y avoir 200 chaises d’occupées à raison de 3 Sols par chaise. On a commencé à sonner les coups de regrets ou glas depuis neuf heures jusqu’à la demie et à la demie, on a sonné toutes les cloches jusqu’à dix heures. Mr l’Evesque a pris ses ornements violets, j’ay fait Diacre et Mr du Mourrier sous diacre ; il y avoit quatre indults, comme aux jours de grande feste, ce qui n’arrive pas aux offices des morts ; il n’y a point de chantre avec bâton aux messes des morts. Mr Lemercier, Maistre de Musique, a donné une Messe en Musique avec simphonie ; il y avoit plusieurs Messieurs de la ville qui ont joué des instruments211. A la fin de la Messe qui a duré environ deux heures on a chanté un De Profundis en Musique avec la simphonie ; et ainsi a fini la cérémonie. Le catafalque avec les suittes, savoir la cire à payer et les journées et ouvriers qui y ont travaillé pourra couster au chapitre environ 1 200 #. Il y a eu une contestation entre Mrs de l’Hotel de Ville, Mrs des Eaux et les autres Compaignies pour les places ; ils ont verbalisé pour le nombre et c’est là le sujet de la contestation. Cette dispute ne regarde point le chapitre. Toutes les Compaignies soit du Présidial qui ont la droite, et les autres qui ont la gauche, ne doivent pas passer l’embrasure des stalles ; quand ils sont en plus grand nombre ils doivent doubler et s’asseoir sur le bord des stalles d’en bas.
Ordination
291Le 28 may 1774 Mr l’Evesque a fait une ordination et Mr d’Harpaillé du Chesneau chanoine a été ordonné prestre. On avoit député, vers Mr l’Evesque, Mr l’abbé du Cluzel, chanoine et Archidiacre du Château du Loir, et Mr l’abbé Dugast, aussi chanoine pour présenter Mr d’Harpaillé du Chesneau et pour prier Mr l’Evesque de luy donner l’ordination. Il a reçu ces Messieurs comme à l’ordinaire, très poliment, et avec bonté, et a exempté Mr Du Chesneau de séminaire et de retraitte.
Jour de la Trinité
292Le 29 May 1774 Mr du Chesneau a dit la grande Messe du cœur, le jour de la Trinité. C’étoit Mr l’abbé Leconte qui l’assistoit ; avant de commencer la Messe il a entonné le Veni Creator et la musique a continué et l’orgue au verset alternativement chaque verset212.
Couche de Mme des Hormeaux
293Le 27 may 1774 Mme des Hormeaux est accouchée d’un garçon ; c’est Mr l’abbé Minier son oncle qui avoit la procuration de Mr Minier son père, qui a été parrain avec Mme de Launay, femme de l’avocat.
Service de Mrs du Concert, pour le Roy
294Le 31 may 1774 Messieurs les abonnés du Concert, établi cette année, ont fait faire un service solennel pour le feu Roy Louis quinze dans l’Eglise des Dames Religieuses de la Visitation. Il y a eu un Catafalque ou plutost une espèce de tombeau sous un dais ; le tout très bien arrangé avec quatre figures aux quatre coins du tombeau. Ces Mrs avoient fait imprimer des billets et on n’entroit qu’avec des billets à la main ; il y avoit beaucoup de monde. Les dames étoient des deux costés de l’Eglise, dans l’emplacement des autels ; les hommes autour du catafalque et encore beaucoup de monde dans le bas de la nef, il y avoit des cavaliers de maréchaussée qui gardoient la porte. Ces Mrs avoient prié Mr l’abbé de Cabrières de dire la grande Messe ; comme abonné je fus prié de faire Diacre ; Mr Riballier chanoine, sous-Diacre ; il est aussi abonné213. La Messe fut chantée en grande Musique qui étoit au dessus de la grande porte. On chanta la Messe de Requiem de Gilles, le De Profundis du sieur Le Mercier, Maistre de Musique qui présidoit et battoit de la mesure ; le tout fut très bien exécuté214.
295On a fait beaucoup de service dans les paroisses de la ville, où il y a eu de petits catafalques.
Diner à Mr de Valentinois215
296Le même jour, je donnay un diner à Mr le comte de Valentinois et à plusieurs de Messieurs les Grands Vicaires et à plusieurs autres.
Service de l’Oratoire
297Le même jour que dessus 31 may, Mrs de l’Oratoire ont fait un service pour le Roy, après lequel le Professeur de Rhétorique a prononcé en latin une oraison funèbre.
Mort de Mr l’abbé Goussault
298Le 13 juin 1774 Mr l’abbé Goussault est mort subitement âgé d’environ 85 ans ; il a été enterré dans l’Eglise des Jacobins. Il avoit vendu sa maison à vie à Mr Maréchal, curé de Lombron ; elle est jolie, elle est située proche le puits de quatre roues216. Le jardin fait le coin des deux rues.
Jonquille roué
299Le 23 juin 1774 le nommé Jonquille de la paroisse de Chemiré le Gaudin a été roué pour avoir tué Dehais, de la paroisse d’Athenay ou de Flacé ; il étoit d’un certain âge et riche. Il étoit convenu avec la femme qui est très jolie, de l’épouser et la mère de la femme avoit engagé ledit Jonquille à commettre le crime ; c’est ce qu’il a déposé en luy donnant la question217. Il a persisté dans son dire après la question et en présence des femmes, qui doivent retourner à Blois. Comme il n’y avoit point de preuves contre les femmes, ledit Jonquille n’ayant rien voulu dire qu’à la dernière extrémité, elles avoient été renvoyées à un plus ample informé. Par cette déposition, elles seront probablement condamnées à être pendues. C’étoit Mr Tauvray, curé de St Vincent, qui étoit le Confesseur.
Mort du sieur Brard, clerc tonsuré
300Le 25 juin 1774 le nommé Brard, âgé d’environ 21 ans vient de mourir chés Mr l’abbé Du Mourrier, chanoine ; c’étoit le dernier enfant de cœur qui venoit de sortir depuis 18 mois218. Comme il avoit envie de continuer ses études, Mr du Mourrier et plusieurs chanoines luy faisoient chacun une petite somme pour luy payer une pension. Il est mort d’un abcès dans la poitrine, et il a été enterré dans le grand cimetière. Comme clerc tonsuré, on les enterre ordinairement dans le cimetière de St Michel, mais comme il étoit tout gangraigné, on l’a porté au grand Cimetière.
Mr des Roches Conseiller
301Le 25 juin 1774 Mr Blin Béru, autrement appelé Mr des Roches, a été installé et reçu Conseiller au Présidial du Mans219. C’est la charge de Mr son père quil a relevé aux parties casuelles220 ; il est âgé de 25 ans.
Mariage de Mlle Cureau
302Le 26 juin 1774, Mlle Cureau, fille de Mr Cureau Secretaire du Roy et Négotiant en étamines, âgée de 22 ans, jolie et ayant d’excellentes qualités du cœur et de l’esprit a épousé Mr de Montesson âgé de 26 ans, lieutenant dans le Régiment du Roy221. Il est de bonne famille et des plus anciennes noblesses de la Province ; il est cadet, mais Mr son frère ainé est infirme et contrefait. Il a espérance de devenir l’ainé et alors il pourroit avoir de ses père et mère peut-estre vingt cinq mille livres de rente. On donne à la demoiselle quatre vingt mille livres en mariage ; ils demeureront au Mans. C’est Mr le Curé de la Coulture, parent de la Demoiselle, qui les a épousés la nuit dans l’Eglise de la Coulture, leur paroisse.
Mort de Mr de Feumusson
303Le 29 juin Mr Le Peletier de Femusson est mort subitement âgé de 77 ans de la St Jean dernière. Le matin, à huit heures, il étoit à causer avec Mr son fils ainé, se portant bien ; il le quitta pour aller se faire la barbe. Comme il étoit prest de commencer, il a tombé le front sur une chaise et il s’est blessé le front ; on luy a fait tout ce qu’on pouvoit faire en pareil cas, on ne luy a jamais vu signe de vie. Il laisse cinq enfans garçons, l’ainé a été à Cadix en Espagne où il a commercé longtemps et il l’entretient encor ; le second est marié à une demoiselle des Roches, il est élu. Il y en a un Oratorien et deux chanoines Réguliers dont un a le Prieuré-Cure de Domfront. Mme de Femusson, qui est paralitique, vit encore ; il a été enterré aux Minimes.
Assemblée de l’hotel de ville pour Mr Négrier de Posset, Maire de la Ville du Mans
304Le Jeudy 7 juillet, Mrs de l’hotel-de-ville ont fait faire une assemblée de plusieurs particuliers de différents états ; voicy le sujet. Malgré les plaintes que l’Hotel de ville avoit fait au Ministre contre Mr Négrier de Posset, de tout ce qu’il a fait pendant qu’il a esté Maire de Ville, la dernière affaire du Collège luy a encor attiré222 de plusieurs particuliers et surtout Mr l’Evesque qui depuis ce temps, ont cherché les occasions de le faire supprimer de sa charge. Il a toujours trouvé des moyens de rester ; cependant il y a trois mois il avoit reçu une lettre de Mr le duc de la Vrillière, Ministre, qui luy deffendoit de venir au bureau de l’Hotel de Ville. Il a répondu à cette lettre avec soumission, est allé à Paris, où il a trouvé des protections auprès de Mr le Chancelier et de Mr le Prince Comte d’Artois qui a dit à Mr de la Vrillière que Mr de Posset, Maire de la ville du Mans n’étoit point coupable de ce dont on l’accusoit, qu’il falloit une information. En conséquence, Mr le duc de la Vrillière a écrit à Mr l’Intendant qu’il eust à faire faire une information des plaintes contre le sieur Négrier de Posset ; que pour cela il falloit assembler les gens les plus notables de la ville et de tous les états qui diroient avec liberté ce qu’ils pensoient du caractère, de la conduitte et de l’administration ou gestion dans le bureau de l’hotel de Ville et s’ils désiroient qu’il fut rétabli dans les fonctions de sa charge ou si la deffense subsisteroit. En conséquence des ordres du Ministre et d’une lettre de Mr l’Intendant de Tours, dont Mr de la Boussinière, subdélégué, a donné lecture, on a envoyé des lettres circulaires à Mr l’Evesque qui a envoyé Mr l’abbé de Vildon, pour le représenter, et porteur d’un mémoire où il y avoit au moins 23 articles contre le sieur de Posset ; à Mr de la Briffe, Doyen de la Cathédralle, Mr l’abbé Blin, archidiacre de Montfort, Mr de la Bouchardière, Mr l’abbé Leconte, procureur du chapitre et moy, tous chanoines, Mr le Doyen de St Pierre et Mr Savare, Procureur dudit chapitre ; Mrs les Prieurs de St Vincent et de la Coulture ; Mr Turpin du Cormier, curé du Grand St Pierre ; Mr Hemery, curé de St Nicolas et Mr Boyère, pour St Michel. Pour la Noblesse : Mrs de la Goupillière, Mr de Tahureau, Mr Nepveu et mon frère ; le premier étoit absent. Pour le Présidial, Mr de la Rozelle, Mr Darcy et Mr Le Clerc, Procureur du Roy ; Mr le Président du Grenier à sel. Pour l’hôpital, Mr Maulny, Conseiller et Mr du Bourg. Pour les Notaires Mr Cabaret ; pour les avocats, Mr Doisseau sindic et Mr Lambert ; pour les Consuls, Mr Dupuy et Mr Livré. Il y avoit encor plusieurs personnes que je ne connois pas ; il y avoit en tout au moins 45 personnes. Mrs les Echevins et Conseillers de l’Hotel de Ville y étoient et c’étoit Mr Martigné, Notaire, comme premier Echevin, qui présidoit, qui tous, d’un commun advis, ont dit que Mr Posset n’étoit point propre à estre Maire de Ville et que l’on prioit Mr le Comte de Provence de faire continuer les défenses qui luy avoit été faites par le feu Roy. Il y a eu des mémoires donnés contre luy sur l’administration de l’Hotel de Ville qui sont capables de le perdre à jamais. Le lendemain de cette Assemblée de l’Hotel de Ville, Mr de Négrier son frère, est arrivé au Mans et il a crié et jetté feu et flammes contre la ville. Mr de Posset a présenté et envoyé un mémoire imprimé contre Mr l’Evesque du Mans pour la justification d’un mémoire anonime qui a été présenté au Ministre et à Mr le Comte de Provence contre luy et il en accuse Mr l’Evesque du Mans. Je ne say encore ce qu’il deviendra.
Mort de Mr de la Crochardière
305Mr de la Crochardière est mort âgé d’environ 55 ans ; il laisse un enfans unique qui doit estre Conseiller au Mans, en peu223. Il a été enterré dans l’Eglise des Minimes, le Jeudy 14 juillet 1774.
Mort de Mme Maulny
306Mme Maulny, femme de Mr Maulny appellé Perrot Maulny est morte âgée d’environ 77 ans. Elle laisse quatre enfans dont lainé est dans la finance et est marié ; le cadet Garde du Roy et a épousé Mme veuve Cailleau. Il y a aussi un fils clerc tonsuré qui est presque imbécille et une demoiselle qui n’est point mariée, qui reste avec Mr son père lequel vit au Mans comme un bourgeois de ses rentes. Elle a été enterrée dans l’Eglise de Saint Hilaire, le dimanche 17 juillet 1774.
La Cure de St Georges le Gaultier et celle de Banne
307Le 20 juillet 1774 Mr Basoge, archidiacre, a donné la Cure de St Georges le Gaultier à Mr de Marson qui a un frère Curé à Ernée ; ils sont d’une bonne famille et beaucoup d’enfans. Il y a eu beaucoup de bruit au chapitre pour cette cure. Mr Basoge en avoit fait d’abord la politesse à Mr l’Evesque qui l’en avoit remercié et luy avoit dit qu’il trouvoit bien qu’il la donnast à Mr Couttelle224 fils du Notaire, qui étoit cy devant Greffier et Notaire du chapitre. Mr l’abbé de Montgrenier a sollicité Mr l’Evesque de la demander pour Mr de Marson ; Mme de Fondville a écrit aussi pour luy. Mr Basoge qui avoit déjà prévenu Mr Couttelle a cru ne pouvoir refuser Mr l’Evesque : il s’est trouvé très embarrassé. D’un autre costé, le chapitre a murmuré contre Mr Basoge et Mr l’Evesque de ce quon ne la donnoit pas à Mr Couttelle ; après bien des propos, c’est Mr de Maison qui l’a emporté et on a donné celle de Banne proche le Château du Loir à Mr Couttelle. Il a remercié parce qu’elle est trop modique225.
Couche de Mme de Mainneville
308Le 20 juillet 1774 Mme de Mainneville est accouchée d’une fille et a été baptisée au petit St Pierre.
Deux femmes pendues
309Le 5 aoust 1774 il a été pendu deux femmes dont une jeune âgée de 21 ans, et très jolie ; toutes deux, complices avec Michel Ragueneau, dit Jonquille, de l’assassinat de Dehais, paroisse d’Athenay lequel avoit été roué le 25 juin dernier. Elles ont été exposées aux fourches patibulaires trois ou quatre jours ; on a commis des indécences avec la jeune qui a été déshabillée toute nue, et la vieille aussi.
Le gué des pierres
310Le 7 aoust 1774 Mr Chaubry, ingenieur des Ponts et Chaussées, a envoyé des ouvriers pour faire une levée et une arche au gué des pierres proche l’avenue de la Manouillère226. Après plusieurs requestes présentées à Mr l’Intendant, il a enfin accordé une somme de 400 # pour faire une arche ou aqueduc couvert seulement et non en arche. Le 8 Aoust Mr Renou, chargé de veiller à cet ouvrage et à conduire les ouvriers, a marchandé l’arche à trois massons pour la somme de 50 # pour leur temps227. C’est moy qui ai fourny de pierres que jay fait bêcher à la Saullerie, bordage appartenant à l’Hopital. Les fermiers du grand St Georges se sont obligés à voiturer la pierre ; Hénaut marchand de fer et qui a un fourneau à chaux et le nommé Timon chaussumier ont fourny de chaux. Les massons ont voulu que j’aye posé la premièrre pierre ; je leur ay donné 3 # et du vin le 8 Aoust 1774. Pendant tout le temps que l’on a travaillé au Gué des Pierres, j’ay noury le sieur Renou, conducteur de l’ouvrage. Il donnoit aux ouvriers pour la levée 35 sols par toise carée. J’espère que les fermiers d’Etival, de Pruillé et de Souligné, qui passent par là, voitureront de la grave228 pour mettre sur la terre ; dans le même temps on a fait les bians229 dudit ruisseau.
La femme Bouttevin
311La femme de Bouttevin, pour la seconde [fois], est accouchée d’une fille le 7 Aoust 1774 ; elle a bien souffert, parce qu’elle a plus de 40 ans. Il a voulu que je la baptise en présence de Mr le Curé qui y a consenty ; j’ay fait la cérémonie le 8 Aoust au matin230. C’est le frère de la femme qui est parain et la niepce de luy qui est maraine. L’enfant a été nommée Louise-Marie.
Mort du Gardien des Cordelliers231
312Le 11 aoust 1774, le Gardien des Cordeliers est mort subittement ; il a été ouvert parce qu’il avoit été baptu par ces confrères, il y a longtemps ; ce n’étoit point cela. On luy a trouvé beaucoup d’eau dans le cerveau ; il a été enterré aux Cordeliers, 8 heures après son décès.
Mariage de Mlle Rey
313Le 9 aoust 1774 Mlle Rey a épousé un Avocat de La Ferté Macé dont le père est, dit-on, riche, et on le dit aussi huissier exploitant encor tous les jours. On donne en mariage à Mlle Rey, l’hotel ou auberge de St Louis, places des Halles, au Mans, et les diamants de Mme Rey qui sont portés dans le contrat de mariage pour la somme de dix mille livres. Tout le monde trouve ce mariage-là, singulier car Mr Rey est riche.
Orage et gresle affreuse dans la paroisse de St Pierre la Cour, Etc.
314Le Jeudy 4 aoust 1774 il a fait un horage affreux à St Pierre la Cour, dans la paroisse de Connée232, et autres paroisses voisines. De vie d’homme, ou plutost on n’a jamais vu ny entendu parler qu’il ait tombé de la gresle aussi grosse, aussi toute la récolte a été perdue sans ressource. Les bâtiments, dans ce canton-là sont couverts d’ardoise, elle est générallement toute cassée ; Mr Desbois, qui demeure dans la paroisse de St Pierre la Cour, a pour plus de cinq mille livres de réparations233.
Présent de Mme de Bellefille
315Le 19 aoust 1774 Mme de Bellefille, ma belle-sœur, m’a fait présent d’une très belle canne en beau jonc et long de trois pieds et… pouces, avec une pomme d’or234. Elle doit couster au moins huit louis.
Couche de Mme de la Girouardière
316Le 18 aoust 1774 Mme de la Girouardière est accouchée d’un garçon ; elle fait sa demeure ordinaire à sa terre de la Freslonnière proche Ballon235. C’est le second enfans et garçon.
Mort de Mme de Monaco, Religieuse
317Le 7 septembre 1774 Mme de Monaco, Religieuse de la Visitation, est morte d’une fièvre maligne, âgée d’environ 50 ans. Quand Mr l’Evesque de Grimaldy est venu occuper le siège du Mans, Mr le Prince de Monaco luy a demandé la permission de venir à la Visitation du Mans ; où elle étoit aimée et respectée236. Mr son frère luy faisoit une pension de 4 000 # ; Mr le Comte de Valentinois luy faisoit aussi des présents.
Couche de Mme de la Baubannière ou de la Borde
318Le 7 septembre 1774, Mme de la Bobannière ou de la Borde, femme du Conseiller, Maistre particulier des Eaux et Forests du Château du Loir, y demeurant, est accouchée d’une fille. C’est Mr de la Moustière, père de l’accouchée, qui a été parain et Mme de la Baubannière, mère du père, qui étoit marainne. Mr Mauboussin, curé de Savigné comme amy du père qui a fait la cérémonie du baptesme.
319[note] L’enfant est mort dans le mois de février 1775.
Couche de Mme de Villiers
320Le 7 octobre 1774 Mme de Villiers, femme du Conseiller, est accouchée très heureusement d’une fille ; c’est Mr d’Auvours qui a été parain et Mme Vallienne qui a été marraine237. Elle demeure dans la paroisse de la Coulture ; c’est le second enfans.
Mr le chevallier de Rouillon
321Mr le chevallier de Rouillon a eu dans le courant d’Octobre, une Compaignie de cavallerie dans le Régiment de Penthièvre ; elle luy couste vingt deux mille livres238.
Mariage de Mlle de Rouillon avec Mr Amiot du Vivier
322Le 18 octobre 1774 demoiselle Catherine Susanne Marie Nepveu de Rouillon, fille de Mr de Rouillon, mort le 11 avril 1768239. Il avoit été Lieutenant Criminel au Mans et avoit vendu sa charge deux ans avant sa mort à Mr Rottier de Madrelle fils, qui la possède aujourd’huy ; Mme de Rouillon est morte le 20 mars 1761. Elle a épousé Mr Armand Charles-François Amiot du Vivier le fils, Lieutenant dans le Régiment de Bourbon, âgé de 26 ans ; la ditte Demoiselle de Rouillon est âgée de 30 ans. La cérémonie s’est faite au château de Bellefille, chés mon frère, dans la chapelle dudit château dépendant de la paroisse d’Athenay. C’est moy qui ai fait la cérémonie en soutane violette en présence de Mr le chevallier de Rouillon, Capitaine de Cavallerie dans le Régiment Penthièvre ; de ma mère ; de Mr et Mme Nepveu ; Mr et Mme du Vauguion ; Mlle de Courcelles ; Mr et Mme de Bellefille avec Mrs ses quatre enfans dont lainée à 7 ans ; voilà les parens du costé de la demoiselle. En présence de Mr et Mme Amiot du Vivier, seigneur de la paroisse de Flacé et propriétaire de la terre du bois de Maquilly, ses père et mère ; de Mlle de Montargon, sœur de Mme du Vivier ; voilà les parens du costé du maryé. Mr et Mme de Vaulogé, voisins de Bellefille, étoient présents et Mr Du Chesnay, capitaine au Régiment de Piémont, cousin de Mr Du Vauguion étoit aussi présents.
323On a resté à Bellefille depuis le mardy jusqu’au sammedy matin, que tout le monde est allé diner au bois de Maquilly pour conduire la jeune Dame à son nouveau ménage240. Au bout des prés de Bellefille, elle a trouvé tous les fermiers de la terre du bois de Maquilly qui sont venus au devant d’elle241. Le Dimanche les habitans de la paroisse de Flacé sont venus avec des Drapeaux et tambours chercher les nouveaux mariés, pour les conduire à l’Eglise et après la Messe les ont ramenés dans le même ordre. Le soir, il y a eu un feu d’artifice et un feu de joie donné par les fermiers dudit Bois de Maquilly ; il y a eu grand soupper pour tous les gens qui étoient armés ; et ils ont dansé une partie de la nuit. Le jour de la Toussaint, ils entrent en jouissance de la terre du Bois de Maquilly en faisant une somme de 3 000 # à leurs père et mère ; s’ils restent avec eux il payeront pension sinon ils donneront la somme convenue. Mlle de Rouillon s’est mariée séparée de biens ; elle jouist de deux mille sept cens livres de rente ; elle a fait de très beaux présents aux enfants de Mme de Bellefille, un lustre pour Mr et Mme de Bellefille ; comme il étoit trop grand pour la salle, il a été échangé pour une belle lanterne. Mlle Courcelle, la bonne amie de Mme Amiot, a eu en présent une belle coiffure de dentelle ; et moy elle m’a donné une garniture de figure pour mettre sur mon surtout242 ; c’est de la terre de Lorraine très belle ; il y en a pour cinq ou six louis.
Vandanges
324Les Vandanges ont été faites, le 24 octobre, le petit clos, et le 26 octobre les grands clos. Il n’y a pas eu quart au quartier générallement ; le vin ne doit pas être de mauvaise qualité.
Mort de Mr Denis, curé de St Gilles
325Le 30 octobre 1774, Mr Denis qui étoit nommé à la Cure de St Gilles vient de mourir d’une fièvre maligne ; il avoit une chapelle qui donne droit de frairie à St Michel. Il a été enterré par Mrs de St Michel dans le cimetière dudit St Michel ; il étoit âgé d’environ 35 ans.
Présentation de la chapelle de St Laurent à Mr Crosnier sécretaire du chapitre
326Le 31 octobre 1774 Mrs du chapitre extraordinairement assemblés après les premières Vespres de la Toussaint ont présenté en corps la chapelle de St Laurent vacante par la mort de Mr Denis à Mr Crosnier, secrétaire du chapitre. Il est gradué et le seul des officiers qui soit gradué ; aussi l’a-t-il eue d’une seule voix, et il le mérite.
Affaire de Mr de Posset
327Le 31 octobre 1774 Mrs de l’Hotel de Ville ont reçu une lettre de Mr le Duc de la Vrillière ou Mr de St Florentin243, Ministre, qui leur marque que Mr le comte de Provence ou Monsieur, a fait remettre la démission du sieur Négrier de Posset pour la place de Maire de Ville et que les lettres de Maire honoraire sont regardées comme nulles, et deffense au Bureau de l’Hotel de Ville de les enregistrer et aussi que la deffense à luy faite par le Roy de se trouver aux assemblées subsiste. Mr Posset est comme il étoit auparavant ; il est à craindre pour luy que le résultat de l’assemblée de l’Hotel de Ville du 7 juillet ne puisse luy faire grand tort, pour avoir ses lettres honoraires, il avoit employé le crédit de Mr le prince Louis ou Mr de Rohan, archevesque de Strasbourg, Mr le Prince de Monaco et Mr de Sourches, grand-prévost de l’Hotel244, tous brouillés avec Mr l’Evesque du Mans. Ces Mrs l’avoient présenté à Monsieur et luy avoient exposé sa misère et le tort que cela feroit à sa famille et luy avoient trouvé accès auprès de Mr Crosmat, sur intendant des finances de Monsieur. Il est probable que Mr de la Vrillière qui a eu connoissance de tout ce qui s’est passé, et des plaintes contre Mr Posset, aura [tout] remis devant les yeux de Monsieur qui aura retiré ses lettres d’Honneur et l’aura forcé à reprendre sa démission. Voilà aujourd’huy doù en sont les choses à ce sujet.
Couche de Mme Petitjean
328Le 9 novembre 1774 Mme Petit-Jean est accouchée d’un garçon qui a été nommé par Mr Dehais soit disant Marquis, Cousin de Mme Petitjean et par Mme Lumbourg la sœur de Mme Petitjean ; elle est de la paroisse de la Coulture.
329[note] Comme Mr Dehais étoit malade, ce sont des domestiques qui ont nommé par procuration. L’enfans est mort dans le mois de juin 1776.
Rentrée de l’ancien Parlement
330Le 9 novembre 1774 Mrs les anciens Conseillers du Parlement ont eu ordre de se rendre à Paris pour y recevoir dans leur maison, les ordres du Roy245.
Lit de Justice
331Le Sammedy 12 novembre 1774, le Roy Louis seise a tenu un lit de Justice pour rétablir l’ancien Parlement, comme il étoit quand le Roy, son ayeul, l’avoit cassé, avec les mêmes droits et prérogatives. Ce même jour il a fait enregistrer dix édits qui regardent l’affaire et le sujet du lit de justice. Comme ce seroit trop long à écrire, tout ce qui regarde les édits est rapporté dans la Gasette dudit jour.
L’avent
332C’est un Capucin qui a presché l’avent.
333[note] Il étoit bien passable.
Mort de Mme Ameslon
334Mme Ameslon est morte âgée de plus de 70 ans ; elle est tombée paralitique, et, dans deux jours elle est morte ; elle étoit très maigre. Elle a un fils unique qui avoit épousé Mademoiselle la Borde ; il est séparé d’avec elle, il en a deux ou trois enfans ; sa femme se retire chés Mme la Borde sa mère. Elle a été enterrée aux Cordeliers le 15 décembre 1774.
Mort de Mme Champion
335Mme Champion, veuve du médecin mort le 31 octobre 1773, est morte âgée d’environ 60 ans, vient de mourir. Elle laisse un fils qui est médecin ; elle a encor un autre fils qui a une forge246 ; il y a une demoiselle qui a épousé Mr de Tilly cadet, gentilhomme. Ils demeurent ordinairement à Neuville Lalais247.
Ordination
336Le 17 décembre 1774 Mr l’Evesque du Mans a donné l’ordination pour le Diocèse de Tours, pour les prestres seulement ; il y en avoit huit du Diocèse du Mans. Il a fait l’ordination dans l’Eglise de la paroisse d’Ivré. Il a donné à diner à tous les ordinans et les a servy luy mesme. On ne se ressouvient pas d’avoir vu faire l’ordination à Ivré248.
Couche de Mme Lefebvre
337Le 23 décembre 1774, Mme Lefebvre, femme du Conseiller, est accouchée d’un garçon. C’est Mme La Barre tante de Mme Lefebvre, et cela par son mary qui est maraine. Mr d’Assé est parain, père de l’accouchée. Ils avoient dejà eu un garçon qui est mort ; ils sont de la paroisse du petit St Pierre249.
Mariage de Mlle Le Vayer
338Mr et Mme Le Vayer sont de retour de leur terre de Favrolle proche Montrichard en Touraine. Ils ont marié depuis dix huit mois deux demoiselles, savoir Mlle de Favrolle qui est la cadette, l’ainée est incommodée d’un bras, elle a renoncé au mariage. Mlle de Favrolle a épousé Mr de Préau âgé d’environ 55 ans, qui a une terre à quatre lieues de Favrolle ; il jouist d’environ cinq ou six mille livres de rente, ce qui est riche pour ces cantons-là, car la Noblesse y est bonne, mais peu riche250. Il prend la qualité de Marquis ; elle a accouché au mois d’octobre d’un garçon. La troisième, appellée Mlle Radegonde, très jolie, âgée de 19 ans, vient d’épouser Mr de Chamflé, gentilhomme de ces cantons, Lieutenant de Vaisseau, âgé d’environ 36 ou 38 ans. Il est très bien et sera riche ; il a encore père et mère, il est de la petite ville de Loches, Diocèse de Tours.
Exil de Mr de Posset
339Mr de Posset, Maire de Ville, qui a tant fait de bruit pendant six mois, vient d’estre exilé à vingt lieues du Mans et autant de Paris. Il a choisi la ville de Chartres pour le lieu de son exil ; il est party pour Chartres le 9 décembre.
Couche de Mme de Fontenay
340Mme de Fontenay est accouchée d’une fille le 23 décembre. C’est Mme de la Roussière, munie d’une procuration d’une tante de Mme de Fontenay, qui est maraine ; c’est Mr le chevallier de Fontenay, Capitaine de Vaisseau, qui est parrain ; la cérémonie s’est faite à la Coulture.
Jour de Noel
341Mr l’Evesque a assisté à l’Office le jour de Noel.
Prise de possession du Canonicat et de l’Archidiaconné du Château du Loir par Mr l’abbé de Commendaire de Tarodeau
342Le 27 décembre 1774, Mr l’abbé de Tarodeau a pris possession du canonicat et de l’archidiaconné de Mr l’abbé du Cluzel qui vient d’estre nommé depuis six mois Doyen de la Cathédralle de Tours. Il n’a pas eu longtemps le canonicat du Mans, car il avoit pris possession du canonicat, le 12 juillet 1773, et de l’Archidiaconné le 14 mars 1774 ; nous y perdons un aimable confrère. Mr Tarodeau est né le 30 Aoust 1741, et a été baptisé à Sorgues, Diocèse de Fréjus, le 2 septembre suivant. Il s’appelle noble Honoré-François de Commendaire de Tarodeau, fils de Noble Louis André et de Damoiselle Rosalie-Elizabeth de Grimaldy de Cagnès251. Le parain est Mr de Commendaire, seigneur de Tarodeau et du Cavet ; maraine Anne Nicolle de Maunié de Sarles. Son canonicat est du costé droit.
Retrait de Letertre, enfant de cœur
343Le 27 décembre 1774, le grand enfant de cœur, ayant finy son temps à la psalette252, a remercié le chapitre ; il joue très bien du basson et du serpent. Il avoit demandé à rester comme musicien, mais le nombre est malheureusement remply ; c’est un très bon sujet. Ordinairement on ne leur donne en sortant que 80 # ; comme on est très content de luy, on luy donne 200 # et le serpent qu’il avoit. Il s’appelle Letertre ; il est de St Vincent. Il est tonsuré et a de droit une nomination à St Michel253.
Arrest du Conseil contre Mr de Posset
344Le 29 décembre 1774, il a été enregistré à l’Hotel de Ville, un arrest du Conseil contre Mr Negrier de Posset, envoyé par Mr le duc de la Vrillière, autrement Mr de St Florentin, Ministre, par lequel il luy est ordonné de rendre les lettres d’Honneur de Maire de Ville qu’il avoit obtenues de Monsieur, luy deffend de prendre la qualité de Maire honoraire, le regarde incapable de posséder aucunes charges, comme par un arrest en 1755, il y avoit dejà eu un pareil arrest contre luy dans l’affaire de Mr Lorchère, casse supprime le Mémoire imprimé qu’il avoit fait contre Mr l’Evesque et dans lequel Mr l’Intendant et Mr de St Florentin étoient compromis, il est supprimé avec deffense à luy d’en donner aucun à l’avenir. Par le même arrest, il l’exille à 20 lieues de la ville du Mans et de la Cour, ce qui est déshonorant et regardé comme un bannissement.
345[note] Le lieu de l’exil a été changé ; il est dans une petite ville à cinq lieues de Chartres.
L’année 1775
Départ de Mr l’Evesque
346Le 2 janvier 1775, Mr l’Evesque du Mans est party pour Paris. Il a pris un certificat de Mr Vétillard Médecin, comme il avoit besoin d’aller à Paris pour ses yeux lequel certificat a été légalisé de Mr de la Rozelle, Lieutenant particulier254.
Mort de Mme Rameau
347Le 18 janvier 1775, Mme Rameau, mère de Mme de Nouans, demeurante à Ste Barbe, paroisse de St Vincent, est morte âgée de 80 ans. Elle a été enterrée dans l’Eglise des Cordeliers à costé de son mary qui étoit mort, âgé de 82 ans, au commencement de l’année 1769 ; et Mr de Nouans, le gendre de Mr et Mme Rameau est mort aussi d’un coup de sang ou d’une indigestion, âgé d’environ 50 ans ; il avoit été enterré dans le mois d’avril 17…255.
Mort de Mme Cureau
348Le 18 janvier 1775, Mme Marie Bodier, épouse de Mr Cureau, ancien Echevin en titre de l’Hotel de Ville, âgée de 78 ans. Son mary, qui ne pouvoit vivre avec sa femme, demeure à Lion, où sa femme luy faisoit douse mille livres de rente. Elle laisse quatre enfans, savoir : Mr Cureau, négotiant au Mans et secretaire du Roy, qui est riche et n’a que trois enfans ; encor un autre fils qui n’est point marié et fait du commerce à Cadix où il demeure ; deux filles dont une a épousé Mr Pinceloup de la Moustière ; qui ont six enfans, deux demoiselles sont mariées, il reste 2 garçons et deux demoiselles ; ils sont aussi négotiants et ont achetté une charge de secretaire. Elle avoit encor une Demoiselle qui an secondes nopces, a épousé Mr le baron de Goulet Maréchal de camps, qui a plusieurs pensions pour ses services ; ils ont un garçon qui est dejà bien avancé. Tous les enfans de Mme Cureau sont tous riches et c’est cette Dame qui a fait travailler beaucoup pendant sa vie et a gangné beaucoup au commerce d’étamines256. La belle maison qui est proche de la ruelle des Falottiers est à elle257.
Mariage de Mlle Livré avec Mr Courteille
349Le 23 janvier 1775 Mr Courteille, propriétaire de la terre des Etrichés, et veuf depuis dix huit mois, âgé d’environ 65 ans, vient d’épouser Mlle Livré dont le père vit bourgeoisement. Elle est jeune et jolie, elle a encor une sœur qui ne l’est pas moins ; elle a aussi un frère qui est tonsuré. Elle fait un bon mariage, car Mr Courteille jouist de plus de cinq mille livres de rentes258.
Mr de Beru, procureur du Roy
350Le 3 février 1775, Mr Blin de Béru a été reçu dans la charge de Procureur du Roy au Présidial du Mans et Procureur du Roy de Police, toutes deux réunies ; il est âgé de 27 ans. Il a acheté cette charge de Mr Leclerc qui la luy a vendue soixante mille livres ; il l’avoit exercée 35 ans.
Mr de la Crochardière, Conseiller
351Le même jour trois février, Mr de la Crochardière a été reçu Conseiller au Présidial du Mans ; il est âgé de 25 ans. C’est Mr Rivault qui la luy a vendue pour le prix et somme de…
Mort de Mr de Tahureau
352Mr le chevallier de Tahureau, qui avoit été Oratorien, vient de mourir à sa maison proche l’Eglise de St Pavin des Champs, âgé d’environ 72 ou 75 ans, il a laissé trois enfans, tous jeunes, dont un est chés Mr son frère, Lieutenant Colonel d’Artillerie. Il a été enterré dans l’Eglise des Jacobins, le 4 février 1775259.
Mr de Valogny, malade
353Le 5 février 1775, on a fait une opération à Mr de Valogny, Maréchal de camps, Chevallier de St Louis, il demeure chés Mme de Fondville ; il est malade depuis le commencement de Novembre, avec la fièvre continuelle. On croit que la fièvre avoit occasionné un dépost au haut de la cuisse ; on dit que ce sont deux ou trois seignés qui y ont fixé l’humeur. On dit aussi que Mr de Valogny avoit fait une chutte de cheval, qui a occasionné un abcès. C’est Mr Laroche, Chirurgien de l’Hotel-Dieu, qui a fait l’oppération en présence des Médecins du Mans et de Mr Farcy fameux Médecin qui demeure à la Flèche. On a trouvé l’os de la cuisse carié, ce qui fait craindre pour la vie de Mr de Valogny260.
Milice
354Le 7 février 1775, on a commencé à tirer à la Milice au sort ; il étoit cependant permis aux paroisses d’en acheter comme autrefois. L’ordonnance est à peu près la même que celle de dix ou douse ans. Le régiment du Mans est actuellement de trois bataillons.
La chapelle du Tronchet
355Le 9 février 1775, je suis allé au Tertre avec Mr le Curé de la Coulture pour la translation de la fondation de la chapelle du Tronchet à l’Hopital du Mans261. Quand Mr Levayé a vendu à Mr Barbet du Bourg, marchand apotiquaire et épicié en gros, la terre du Tronchet, il n’avoit point mis dans son contrat de vendition que le bordage de la Vacherie étoit chargé d’une rente de 50 # pour faire acquitter dans la chapelle du Tronchet, 2 Messes par semaine. Mr Levayé consent à donner 1 300 # livres à l’Hopital du Mans pour le décharger de la fondation ; c’est pourquoy j’ay eté commis par Mr l’Evesque du Mans, ou par Mr l’abbé de Vildon son grand Vicaire, pour aller sur les lieux faire faire un procès verbal de l’état de la chapelle et des témoins pour ce entendu et de l’opposition de Mr Guiex, curé de Pruillé. Malgré luy la fondation sera réunie par l’autorité de Mr l’Evesque du Mans, qui reduira les deux Messes par semaine à une.
Mariage de Mr de la Crochardière avec Mlle Pillon
356Le 5 février 1775 Mr de la Crochardière, qui a été reçu Conseiller au Présidial du Mans, le 3 du Courant, vient d’épouser Mlle Pillon dont le père est Conseiller Honoraire ; Mme sa mère est morte en couches d’elle ; elle est âgée d’environ 21 ans, elle aura bien quatre vingt mille livres, elle est fille unique. Mr de la Crochardière n’[a] aussi ny frère ny sœurs et sera riche. Son père est mort le 14 du mois de Juillet dernier.
Couche de Mme de Biseul
357Mme de Biseul, qui demeure à la forge d’Antoygny262 est accouchée d’une fille, le 2 mars 1775.
Caresme
358C’est un Capucin, appellé le Père Donat qui depuis longtemps demeure à Angers où il est considéré ; il est bon prédicateur.
Mort du sieur Bonnouvrier
359Le 11 mars 1775 le sieur Bonnouvrier, traitteur et tenant l’auberge du Dauphin263 est mort âgé d’environ 45 ans d’une humeur qu’il avoit aux jambes, laquelle a remonté dans la poitrine et l’a étouffé. Il laisse une femme de mérite et respectable dans son état avec six enfans dont lainé n’a que 18 ans tous les autres sont à la maison ; il y en a cependant un qui est cuisinier servant à Vendosme ; il a aussi un fils qui est tonsuré. Il est venu s’établir au Mans en sortant de chés Mr de la Galissonnière où il étoit cuisinier et sa femme pour l’office264. C’est luy qui le premier a commencé à donner à table d’hoste et à servir dans les maisons à tant par an. Il luy est bien dû au Mans, mais aussi il devoit beaucoup ; sa femme et le fils ainé qui est venu avec sa mère vont continuer comme par le passé.
Sentence de l’Officialité pour Mr de Flers
360Le Mardy 14 mars 1775 l’Officialité a prononcé la sentence en faveur de Mr de Flers, pour le relever de ses vœux. Il y avoit eu des playdoyers pour Mr de Flers et c’étoit Mr de Touchemoreau qui a donné un mémoire imprimé ; il a paru dans l’année 1770 et c’étoit Mr de Launay avocat qui parloit pour Mr de Flers le père265. Comme la cause n’étoit point bonne (on peut voir la notte du 8 may 1770) il a laissé l’affaire et a reconnu son tort. Ainsi il est permy à Mr de Flers de prendre l’habit de séculier et ses vœux sont regardés comme nuls. Il est lainé de sa famille et aura au moins quarante mille livres de rente ; il est vray qu’il est bien borné266.
Mariage de Mlle de Boiscléreau
361Le Mardy 14 mars 1775 Mademoiselle de Guéroust de Boiscléreau, âgée de 18 ans, a épousé, dans l’Eglise de la paroisse de St Vincent, Mr Lefebvre des Arceaux, Lieutenant dans les Carabiniers, âgé de 36 ans, grand et bien fait267. Mr son père demeure proche Argentan ; on dit qu’il jouist de 12 ou 15 mille livres de rente. Mr de Boisclereau, qui est du Mans, est Maréchal de Camp et Gouverneur de l’Isle d’Oléron. On peut voir les qualités du mariage dans la Gasette du Mans, feuille numéro 12 de l’année 1775268.
Mort de Mr Guichard prestre de St Michel
362Le 26 mars 1775, Mr Guichard, prestre du bas cœur de St Michel, est mort âgé d’environ 50 ans269. Comme c’étoit un homme qui avoit toujours bu, il n’avoit jamais été placé. Il avoit une nomination attachée au Canonicat de Mr le souschantre ; Mr l’abbé de Brébeuf l’a donnée à…
Mort de Mr le marquis de Broc
363Le 3 avril 1775, Mr le marquis de Broc, propriétaire et seigneur de la terre des Perray270, est mort âgé d’environ 66 ans. Il avoit été Colonel du Régiment de Bourbon ; il étoit Maréchal de camp et avoit eu un gouvernement en Allemagne, doù est Mme son épouse. Il n’avoit point d’enfans ; Mr le comte du Broc, du Mans, est son frère. Il avoit beaucoup de pensions et bienfaits du Roy271. Il a été très longtemps malade et a souffert des douleurs incroyables, qu’il souffroit avec une patience admirable. Il a été enterré dans l’Eglise de Parigné le Polin, la paroisse où est son château. Son corps a été ouvert ; on a trouvé tous les intestins gangraignés ; c’étoit occasionné par une humeur de dartre qui étoit rentrée. On a ôté son cœur pour le mettre dans une petite boëte d’argent, lequel sera déposé dans la chapelle de Milon, appartenante à Mr de Broc272.
Couche de Mme d’Aubigné du Château du Loir
364Mme d’Aubigné, femme du Procureur du Roy du Château du Loir est accouchée d’un garçon au commencement d’avril 1775 ; elle étoit mariée au Mans, dans la paroisse de la Coulture, il y a environ un an. Elle s’appelle Mlle Leroy, jolie et âgée d’environ 16 ans ; son père est avocat au Mans et Procureur fiscal de Mrs de la Coulture. Elle sera riche et auroit pu faire un meilleur mariage, car Mr d’Aubigné est une teste qui a deja eu bien des affaires et a mangé une partie de son bien.
Retour de Mr l’Evesque du Mans ; les Stes huilles, l’ordination et le jour de Pasques
365Mr l’Evesque du Mans est arrivé de Paris le 10 avril 1775 ; le Jeudy Saint il a fait les saintes Huilles ; j’étois Diacre et Mr du Mourier sous-Diacre. Le sammedy il a fait l’ordination et le jour de Pasques, il a dit la grande Messe.
Diette des Bénédictins
366La Diette ou Assemblée des Bénédictins a commencé à St Vincent, le 4 may 1775. Voir la Gasette du Mans, qui nomme ceux qui ont été deputés à Tours. Le Père Lebel est nommé Prieur de la Coulture, et Dom… cy devant Visiteur nommé Prieur de St Vincent.
Assemblée du Régiment du Mans ou de la Milice
367Le Régiment du Mans, autrefois appellé la Milice, s’est assemblé le 5 may 1775. Il est composé de cette année de trois bataillons ; cependant il n’y a au plus que 18 hommes par compaignie. C’est Mr le Marquis Denos du bas-Maine, qui est le Colonel et Mr de Simiane de la Ferté Bernard, le Lieutenant Colonel. Ils ont été assemblés pendant 11 jours.
Mr le Comte de Valentinois et arrivée de Mme de Monaco
368Mr le Comte de Valentinois, grand d’Espagne, frère du Prince de Monaco et parent de Mr l’Evesque du Mans, est venu diner à la Manouillère, le 30 may 1775. C’est un aimable seigneur. Il est party du Mans, le 2 juin, avec Mme la princesse de Monaco, sa belle sœur, qui étoit venue passer le mois de may chez Monsieur l’Evesque, à Ivré.
La Pentecoste
369Mr l’Evesque a assisté à l’office le jour de la Pentecoste.
Mr l’abbé Vildon, nommé Député pour aller à Tours avec Mr l’Evesque
370Le 7 juin 1775 il y a eu une Assemblée généralle du Clergé au Mans, pour nommer un député à Tours. C’est Mr l’abbé Vildon qui est nommé pour accompaigner Mr l’Evesque, et à Tours on doit nommer deux evesques, savoir Mr l’Evesque d’Angers et celuy de Rennes, et deux prestres de second ordre, et c’est Mr l’abbé de Vildon, grand Vicaire du Mans, il y a encore un autre abbé nommé aussi pour le second ordre. Ils doivent être rendus à Paris, le 4 juillet, pour l’Assemblée généralle du clergé qui ouvre le 4 juillet.
Sacre du Roy
371Le Roy est party de Paris le 8 juin pour aller se faire sacrer à Reims ; on poura voir cette relation dans les papiers publics. Le jour du sacre étoit le 10 juin, jour de la Trinité.
La chasse de Ste Scolastique
372Le… Juin 1775, Mrs de l’Hotel de Ville ont député vers Mrs de St Pierre, comme c’est l’usage, pour leur demander que la chasse de Ste Scolastique soit dessendue pour la vénération du public et pour la pluye ; il faisoit une sécheresse affreuse ; il est tombé de l’eau deux jours après qu’elle a été dessendue. Voici ce qui s’observe quand on la demande. Les gens de la compaignie de la Ville et autres vont chés Mr le Président de la ville pour le prier de demander à Mrs du chapitre de St Pierre273. On assemble un bureau et on nomme deux députés de la ville qui demande que le chapitre de St Pierre s’assemble. Ils dessendent en chapitre et là, ils exposent que vu le besoin que l’on a d’eau ou de beau temps, ils prient Mrs de dessendre la chasse de Ste Scolastique pour l’exposer à la vénération du public. Le chapitre répond qu’au premier office, on va la dessendre, et alors ces mêmes députés se trouvent quand on la dessend ; on chante un répond et pendant ce temps-là, on sonne toutes les cloches de St Pierre. C’est l’hôtel de ville qui fournit de luminaire pendant tout le temps que la relique est exposée ; c’est ordinairement huit jours. Le luminaire est ordinairement de deux livres de cire par jour. Voilà à peu près ce qui s’observe pour cela, Mrs du chapitre de St Pierre ne prétendent point avoir besoin de la permission de Mr l’Evesque du Mans274.
Permis à Mr de Posset, de revenir dans ses terres avec deffense de paraistre au Mans
373Il y a eu un nouvel arrest contre Mr de Posset, Maire de ville, qui confirme le dernier en datte du… Le dernier luy deffendoit de parler et de rien dire d’injurieux sous les peines les plus sévères. Le Roy veut bien luy permettre de se retirer dans ses biens qui perdroient de leur valeur faute de présence, mais avec deffense d’approcher de la ville du Mans de quatre lieues de distance.
La Cure de la Dorée
374Mr l’abbé Le Cointre a donné la cure de la Dorée, qui vaut environ cent louis, à Mr…, homme de condition. Cette cure est éloignée du Mans de plus de 20 lieues, proche Landivy, dans le mois de May 1775.
Sacre du Roy
375Le Roy a été sacré à Reims par Mr l’archevesque, le Cardinal de la Roche-Emont très vieux et Ministre de la feuille des Bénéfices, le jour de la Trinité, qui étoit le 11 juin 1775. Il y a une relation de cette cérémonie.
Feste-Dieu
376Le jour de la feste Dieu on a fait la procession comme à l’ordinaire ; j’ay porté le St Sacrement avec Mr de la Bouchardière, Chanoine.
Prédicateur de l’Octave
377C’est un Chanoine d’une Collégialle d’Orléans qui a presché l’octave du St Sacrement ; il avoit presché l’année dernière. Il est bon.
Assemblée du clergé à Tours
378Le dimanche 18 juin 1775 Mr l’Evesque du Mans est party pour Tours avec Mr l’abbé de Vildon, pour se trouver à l’Assemblée provincialle de Tours laquelle s’est tenue le Mardy 20 juin. On y a nommé Mr l’Evesque d’Angers et Mr l’abbé de Vildon ; plus Mr l’Evesque de Rennes et un grand-Vicaire.
Nomination donnée à Mr Chevallier
379Le 23 juin 1775, le chapitre a donné une nomination attachée au Canonicat de Mr l’abbé Haudebourg, chanoine clerc infirme et très encien à Mr Chevallier, prestre, Docteur d’Angers et par la démission de Mr Bodreau prestre, qui vient d’être nommé à la Cure de Cossé en Champaigne.
Te Deum pour le sacre du Roy Louis 16
380Le 29 juin 1775, jour de St Pierre, on a chanté un Te Deum pour le sacre du Roy et cela sur les ordres ou une lettre du Ministre écrite à Mrs les Evesques ; cette lettre est bien écritte. On a avancé Vespres d’une demie-heure ; après les Vespres les Complies auxquels toutes les Compaignies ont assisté. On a chanté le Te Deum en Musique qui a été entonné par Mr l’Evesque, en habits pontificaux, pendant lequel on a fait plusieurs décharges des boetes275. Toutes les cloches de la ville ont sonné depuis trois heures jusqu’à quatre ; l’on a ordonné une illumination par toutte la ville depuis 9 heures du soir jusqu’à 11 heures, et par l’ordonnance il étoit porté qu’il y auroit au moins une lumière à chaque croisée donnant sur la rue sous peine de dix livres d’amende. A neuf heures du soir, Mrs de l’hotel de Ville, Mr Martigné à la teste, comme premier Echevin, et pour Mr de Posset276, exilé, sont party de l’Hotel de Ville au son des trompettes et tambourgs277, pour venir allumer le feu de joye composé d’environ 20 ou 25 fagots ; après lequel on a tiré un petit feu d’artifice qui a cousté à la ville, dit-on, 100 #. Le tout a finy à dix heures et demie, et chacun s’est retiré.
Mort de Mr Verdier, Curé de St Germain
381Le 11 juillet, Mr Verdier, Curé de St Germain278, est mort d’une fièvre nerveuse ou maligne ; il a été très peu de temps malade. A en croire le public, il est mort d’un transport pour une dispute que luy, Mr le Curé de St Pierre et le Curé de St Jean, eurent avec Mr Touvray, Curé de St Vincent, qui étoit autrefois Oratorien et en a conservé l’esprit de corps ; la dispute fut vive. Il avoit 48 ans au plus. C’est luy qui avoit fait bâtir son presbitaire par le pied279 ; il étoit riche et jouissoit au moins de 1 500 # de rente. Il étoit homme d’esprit, aimé et générallement estimé et beaucoup regretté ; il n’y avoit que 13 ans qu’il étoit Curé ; il étoit cousin de tous Mrs Fay. Il étoit le seul, dans la ville, qui eust connoissance pour la guérison des yeux ; il faisoit beaucoup de bien dans sa paroisse et aux pauvres qui avoient besoin de ses connoissances. On a trouvé un testament par lequel il donne à ses successeurs 500 # de rente pendant 29 ans et 100 # de rente aux pauvres de sa paroisse pendant 29 ans. Son intention étoit de bâtir son Eglise et voilà le sujet de son don.
Couche de Mme Léon
382Le 14 juillet 1775 Mme Léon femme de Mr Léon, avocat du Roy, est accouchée d’un garçon très heureusement ; elle demeure dans la paroisse de St Nicolas. Ils étoient mariés le 17 novembre 1772 et n’avoient point d’enfans ; elle est très délicatte. Dans son nom de fille elle s’appelle Mlle des Granges dont le père est négotiant au Mans280.
Couche de Mme la Barre
383Le 6 juillet 1775, Mme la Barre est accouchée d’une fille ; elle a été nommée par Mlle Latouche Lambert, sœur de la ditte Dame la Barre et Mr… Elle étoit déjà accouchée d’une fille, le 10 may 1774, à sa terre proche Brulon.
Mort de Mme Dutertre de la rue de quatre roues281
384Mme Dutertre est morte le 20 juillet 1775 et a été enterrée dans l’Eglise du Petit St Pierre282 ; elle n’étoit point âgée, et avoit environ 48 ans. Elle étoit séparée d’avec son mary qui est presque fou ; elle est morte sans enfans. Sa succession va à une sœur qui demeure à la Flèche, laquelle est très riche.
Bénédiction de la chapelle de Port Beleau283
385Le 26 juillet, la chapelle du Port Beleau, appartenante à Mr Maulny, Conseiller du Présidial, a esté bénitte par Mr Dugast, chanoine de la cathédrale et Promoteur de l’officialité et cela en l’absence de Mr Paillé, chantre de la ditte Eglise, qui étoit malade284. En présence de Mrs Maulny père et fils, Mr Maulny-Mortrais et Mr Maulny, Curé de la Coulture ; Mr Trouillard, dans les cheveaux légers et chevallier de St Louis ; Mrs les Curés d’Allonnes, dans la paroisse duquel est la ditte Chapelle ; Mr le Curé de Pruillé ; Mr le Curé de Gourdaine ; Mr de Villiers, gendre de Mr Maulny ; Mr Riballier, chanoine ; Mr de la Moustière, gros négotiant au Mans et Secretaire du Roy et plusieurs autres qui ont signé sur l’acte.
Manière de bénir une chapelle
386Le commissaire de Mr l’Evesque, en habit d’Eglise, la croix levée, va autour de la chapelle en dehors, dit l’asperges me et le Miserere et à chaque Verset du psaume miserere repette Asperges me, Domine, etc, et cela tout autour de la ditte chapelle. Pendant ce temps là il n’y a personne dans la chapelle ; le célébrant entre dans la chapelle, chante, on dit à voix basse les Litanies des Sts à genoux, bénit les murs de la Chapelle en dedans, après cela bénit la croix, les ornements, le linge de l’autel s’il ne l’est pas, et tous les effets qui sont dans la chapelle, comme aussi les tableaux representant les Saints. Il dit la Messe et tout est finy. Après la bénédiction, il y eust un grand diner, gras et maigre.
Couche de Mme la Comtesse d’Artois
387Le 6 aoust 1775 Mme la Comtesse d’Artois vient d’accoucher d’un garçon ; c’est la seule des Enfans de France qui ayent des enfans. Le Roy l’a nommé le Duc d’Angoulesme285.
Mort de Mr de Valogny
388Le 21 septembre 1775 Mr Vasselot de Valogny, Maréchal de Camp, Lieutenant du Roy employé pour la ville et Conservateur des Chasses de l’appanage de Monsieur, frère du Roy, est mort âgé de 54 ans, après avoir souffert pendant dix mois286. On luy a fait plusieurs opérations ; il est enfin mort chés Mme de Fondville chés qui il demeuroit en qualité d’amy et d’ancien amy de Mr et de Madame. Ils avoient achetté Funé287 ensuitte y avoient joint une ou deux fermes des Bénédictins de la Coulture. Ils ont commencé un bâtiment, c’est à dire deux pavillons ; le corps de bâtiment n’est pas fait et comme il doit couter beaucoup, je ne say s’il se fera jamais Il y a de très belles plantations en bois et en peupliers qui sont très bien288. Mr de Valogny avoit un endroit que l’on nomme Coudois qu’il tenoit à vie de Mme du Clos Le Romain dont la fille a épousé Mr de Richebourg ; et cet endroit, où Mr de Valogny a fait beaucoup de dépens luy revient289. C’étoit dans cet endroit que Mr de Valogny avoit ces chevaux de carosses et de chasses, ces chiens, ces faisans, et autres animaux pour son plaisir. Il y avoit encor un jardin où il y faisoit venir touttes sortes de légumes, des meilleures et printannières. Il y avoit là un gros ménage et c’étoit là sa plus grosse dépense290 ; il jouissoit d’au moins 20 mille livres de rente. Il est mort regretté de tous ceux qui le connoissoient, faisant, pendant sa vie, des charités immenses. Il a été enterré dans l’Eglise et le cœur de St Benoist à costé de Mlle de Chamborand, morte le 15 septembre 1771. Il y avoit un Clergé très nombreux qui avoient chacun un cierge d’un cartron291 ; il y avoit un luminaire très considérable.
Ordination
389Le 23, Mr l’Evesque a fait l’ordination dans l’Eglise du St Séminaire ; elle étoit très nombreuse ; il y avoit au moins 150 ordinans. Ceux du Diocèse d’Angers y étoient ; Mr leur Evesque est à Paris à l’Assemblée généralle du Clergé ; ceux de la Rochelle y étoient. Parmy ces ordinans, il y avoit deux prestres chanoines de la Collégialle de St Pierre, savoir, Mr Joubard et Mr de Linière.
Bénédiction de la chapelle de la Manouillère
390Le 26 septembre 1775, Mr Geofroy Maulny, Curé de la Coulture et Vicegérant de l’Officialité, a bény la Chapelle de la Manouillère par commission de Mr l’Evesque du Mans292. Il a été chanté une grande Messe à Diacre et sousDiacre ; témoins : Mr Guest, Curé de la paroisse de Pruillé, dans laquelle est la Manouillère ; Mr Moreau, Curé de Fay, et Mr Le Balleur, son Vicaire ; Mr Rousset, Curé du grand St Georges ; Mr Bellanger, Curé du petit St Georges ; Mr Pérou, Curé d’Etival lés Le Mans ; Mr Gauquelin, Curé d’Allonnes ; Mr Andriot, Prieur de Rouillon, chanoine Régulier ; Mr Turpin, Curé du grand St Pierre ; Mr et Mme Nepveu et le petit de Bellefille, âgé de 8 ans ; Mme Amyot ; Mr de Moire ; Mr Maulny, Conseiller au Présidial ; Mr et Mme de Bellefille ; Mrs et Mmes Moinerie, 4 ; Mrs Trotté, père et fils, et Mme ; Mr et Mme Leroy. Voilà tous ceux qui étoient présents. Après la cérémonie, il y eust un grand diner ; il y a un extrait du procèsverbal sur les registres de la paroisse. On a fait la même cérémonie qu’à la chapelle du Port Beleau, et même plus, car le tout fut chanté293.
Mort de Mr Lerouge
391Mr Le Rouge, frère de Mme de Lorchère est mort, âgé d’environ 66 ans. Il avoit été très longtemps dans les Isles où il avoit amassé du bien ; il étoit revenu au Mans jouir de sa fortune. Il n’avoit perdu Mme Lerouge que depuis quatre ans. Il a été enterré, dans l’Eglise des Cordeliers, dans la chapelle où est notre Cave, le 4 octobre 1775.
Couche de Mme de Champlé
392Mme de Champlé ou Chamflé est accouchée d’une fille qui a été nommée Radegonde-Magdelaine. C’étoit Mr Le Vayer, père de la mère qui étoit parain et c’étoit Mme de Chamflé, mère du père, qui étoit Maraine, le tout par procureur. Le père, qui vient d’avoir la Croix de St Louis, étoit venu de Brest ou de Rochefort où il est en qualité de Lieutenant de Vaisseau, étoit venu pour recevoir l’enfant. Elle est accouchée le 3 octobre et a été baptisée dans l’Eglise du grand St Pierre.
Départ de Mr l’Evesque du Mans
393Mr l’Evesque du Mans est party pour aller faire plusieurs voyages ; il doit aller à Meung294 chés Mr l’Evesque d’Orléans et en Provence pour y voir Mme sa mère qu’il n’a pas vue depuis l’âge de quatre ans ; il reviendra passer l’hiver à Paris, Il est party le Mardy 3 octobre 1775.
Vendanges
394On a vendangé les petits clos des environs de la ville, le 9 octobre, et les grands clos le 11 octobre 1775. Il y aura peu de vin et encor on doute de la bonté295 ; mais il y a beaucoup de pommes cette année.
Mort de Mlle LeVayer
395Le 14 octobre 1775, Mlle Le Vayer lainée appellée Mignonne est morte dans les rues basses, âgée de 72 ans, et a été enterrée dans la chapelle du grand Cimetière où est leur enfeu296, le 16 du même mois. Elle avoit eu la fureur de se mettre du blanc et du rouge et cela depuis l’âge de 20 ans ; quoiqu’âgée, elle avoit conservé cette fureur297.
Couche de Mme de Préaux
396Mme de Préau est accouchée d’une fille à sa terre proche Montrichard ; Mr Levayer y est allé pour en nommer l’enfant. Je ne say pas le jour ; c’est environ 5 jours au plus après Mme de Champlé.
Mort de Mr du Port
397Mr Boulard du Port, Doyen des Conseillers du Présidial est mort âgé d’environ 80 ans, et a été enterré au grand Cimetière le 20 octobre 1775 ; il n’a point d’enfans ; c’est Mr Deslandes qui en héritte.
Couche de Mme de Montesson
398Le 18 ou le 20 octobre, Mme de Montesson est accouchée d’un garçon. Comme Mr Cureau est Echevin, lequel est père de l’accouchée, on a tiré les boëtes de la Ville298. L’enfant n’a vescu que 15 jours ; il est mort du mal de lan299.
Mr Hervé, diacre d’office
399Le 3 novembre 1775, le chapitre a nommé Mr Hervé, prestre Vicaire de la paroisse de Gourdaine300, diacre d’Office au lieu et place de Mr Le Blais qui est mort, dans le Courant du mois d’Octobre, de la poitrine ; il étoit tout jeune.
400[note] Il étoit déjà diacre suppléant.
Mort de Mr de Baigneux
401Mr de Beigneux de Courcival est mort à sa terre de Beigneux où il a été enterré dans l’Eglise de la paroisse, proche Ballon, âgé de 84 ans, le 19 novembre 1775. Il avoit deux enfans dont l’un a épousé Mlle de Maridort et la demoiselle, qui est morte en couches, avoit épousé Mr de Lhermitte gentilhomme à Mortagne ; il y a un petit enfans de ce mariage.
Couche de Mme de Savonnière
402Mme de Savonnière est accouchée d’une fille qui a été baptisée à la paroisse de St Nicolas d’où elle est. Mr et Mme de Savonnière, parents de Mr de Broc, sont venus demeurer au Mans dans la maison où demeuroit autrefois Mr Thevenin, laquelle appartient à Mr Cailleau le fils, dont la mère a épousé en secondes noces Mr Maulny, garde du Roy. Mr de Savonnière est Officier dans le régiment de Normandie, comme Aide-Major.
Rentrée du Présidial
403Le Présidial du Mans est rentré le 21 9bre 1775. C’est Mr Léon, avocat du Roy, qui a prononcé la harangue, et Mr de Linières, chanoine de St Pierre, qui a dit la Messe de la rentrée301.
Mariage de Mlle Garnier avec Mr Nouet
404Le 20 novembre 1775 Mlle Garnier, dont le père est Négotiant au Mans, a épousé Mr Nouet dont le père étoit autrefois Négociant d’étamine ; ils sont tous deux très jeunes302. Ils sont de la paroisse de St Nicolas du Mans.
Mariage de Mlles Duhail avec Mrs de Corlevé
405Le 28 novembre 1775 Mesdemoiselles Duhail, dont le père est négotiant au Mans, demeurant sur la place des Halles, paroisse de la Coulture, ont épousé Mrs de Corlevé les deux frères qui demeurent dans la forge de Vibrais303. L’ainé a épousé Mlle Duhail la cadette, qui est la plus jolie, et le cadet, la seconde demoiselle, car l’ainée n’est point mariée et on dit qu’elle y a renoncé. On dit que Mr Duhail donne à chacune de ses filles 10 000 #. Les mariés peuvent avoir environ 25 ans au plus et les demoiselles dix huit à vingt ans au plus. Elles ont épousé le même jour dans l’Eglise des Minimes, de bon matin, l’une par Mr l’abbé de Linière, chanoine de St Pierre, et l’autre par Mr Touzard prestre aussi parent304.
Prédicateur de l’Avent
406C’est Mr Pasquier, aumonier de Mme l’Abbesse du Pré dont le frère est au Mans, curé à St Hilaire ; ils [sont] du Mans, fils du Boucher. Il est assés bon Prédicateur et il a beaucoup d’onction. Il n’est âgé que d’environ 30 ans.
Pupitre de St Julien
407Le nouveau pupitre de cuivre, en forme de piramide, très beau et très propre a été posé le 16 décembre 1775 ; c’est Mr l’Evesque qui l’a donné. C’est toujours une suitte de la décoration de l’Eglise.
Le Général des Jacobins nommé Cardinal
408Le 24 décembre 1775 Mrs les Révérends Pères Jacobins ont chanté dans leur Eglise un Te Deum ; le Général des Jacobins a été nommé et fait Cardinal. Ils en ont eu la nouvelle le 22 du Courant ; le Général demeure à Rome.
Résignation du Canonicat de Mr Hodebourg
409Le 20 décembre 1775 Mr Hodebourg, chanoine Clerc, âgé de plus de 82 ans, a résigné son Canonicat à Mr Maulny, Curé de la Coulture, à 500 # de pension. Comme Mr Maulny a une année pour se décider, il gardera l’un et l’autre au moins l’année ; s’il se décide à prendre le canonicat, il sera regretté de toutte sa paroisse où il est aimé, ainsi que partout305. Il a fait accomoder son presbytaire très bien et il y est on ne peut pas mieux logé et meublé. Il est encore syndic du clergé et Vice-Gérant de l’Officiallité.
Les sammedy gras, nouveau Rituel
410Le 30 décembre 1775, on a commencé à faire gras dans le Diocèse du Mans, les Sammedy, depuis Noel jusqu’à la Purification306. Cela a été étably dans le nouveau Rituel qui doit estre en usage dans le Diocèse au plus tard, au premier Avril prochain. L’autre ou ancien est interdit audit temps.
Tremblement de terre
411Le 30 décembre 1775 sur les dix heures et demie du matin, on a senty au Mans et aux environs un tremblement de terre. Il est sûr qu’étant dans la chambre de mon frère qui est sous son Belle védaire, nous avons senty un mouvement très sensible, et cela par deux fois à peu de distance. Il faisoit un temps calme et un grand brouillard.
412 Fin de l’année 1775
L’année 1776
Mariage de Mlle de Vançay, avec Mr de la Chenardière
413Le Mardy 9 janvier 1776, Mlle de Vanssay l’ainée, de Chesne-de-Cœur, âgée d’environ…307, a épousé Mr de la Chenardière l’ainé, âgé de 29 ans, qui a quitté le service. Il a une jolie terre appelée Courvarain et est seigneur de la paroisse de la Chapelle, proche Lombron308. Ils ont épousé dans la chapelle de Chesne de Cœur309 ; Mr l’abbé de Cabrières leur a donné toutes les permissions et même de parenté.
Royer, reçu chanoine honoraire
414Le 9 janvier 1776, Mr l’abbé Royer a été reçu chanoine Honoraire ; il a été pendant 35 ans chanoine. Comme honoraire, il conserve ses prises310, qui est sa maison.
Prise de possession du Canonicat de Mr Savare
415Le 9 janvier 1776, Mr Savare, cy devant Aumonier de Mr l’Evesque du Mans, a pris possession du Canonicat que luy a résigné Mr Royer, à 500 # de pension. Il s’appelle Joseph, il est né dans la paroisse de la Coulture311. Son père étoit tanneur, lequel avoit mal fait ses affaires à Connerré où il demeuroit ; il est venu se réfugier dans la paroisse de la Coulture, où par le canal de sa sœur, qui a de l’esprit, sœur de l’hopital, il avoit obtenu un regrat312, et il vendoit des sabots, de la chandelle, etc ; il a fait étudier ses enfans. Lainé, quand il a été tonsuré, a été précepteur des enfans de Mr de Beauvais où il a toujours demeuré depuis ce temps-là313. Mr et Mme de Beauvais luy ayant fait avoir un Canonicat de St Pierre, cela l’a rendu fier et insolent. Le second, après avoir été prestre a été Vicaire de St Vincent ; pendant la vie de Mr de Nouans, il alloit chés luy comme Vicaire ; après sa mort, il s’est emparé de l’esprit de la veuve, au point qu’elle luy a fait des présents au dessus de ce qu’il devoit espérer, comme la montre de son mary, etc. Mr l’abbé Royer, délicat, ayant envie de se défaire de son Canonicat sans cependant y perdre de son revenu, n’étant pas riche, a trouvé Mme de Nouans, qui l’a même prié de donner son Canonicat audit Savarre pour 500 # de pension et la ditte Dame donne et assure à Mr Le Royer, 800 # de rente viagère ; on dit même qu’elle a donné mille écus. Je veux bien en douter, cependant je serois tenté de le croire, parce que Mr l’abbé Royer avoit toujours paru attaché au chapitre par une bonne fâçon de penser, et lorsqu’il a été question d’avoir des chanoines dont la famille étoit de peu de choses, il avoit murmuré, surtout quand il fut question d’un Mr Riballier, chanoine Serve314 et aussi pour Mr Desille que l’on croyoit avoir la sous-chantrerie ; ce fut pour ce dernier qu’il se brouilla avec Mr l’Evesque315. La conduitte qu’il tient aujourd’hui annonce un bon arrangement fait entre eux. Mme de Nouans, qui jouist de vingt cinq mille livres de rente, est bien en état de faire la fortune du Sieur Savare à qui elle assure 1 500 # de rente316 ; comme elle est horriblement laide, elle doit payer bien cher pour s’attacher quelqu’un. Le troisième Savare a obtenu par le canal de son frère, chanoine de St Pierre, la Cure de Voivres, à la nomination dudit chapitre ; quoiqu’il ne fut pas le plus ancien officier dans ce chapitre, il obtint cependant par caballe, la ditte cure de Voivres ; il n’est pas moins fier et impertinent que les autres317. Il y en a un au Séminaire d’Angers, soutenu par ses frères, qui ne leur cède en rien. En voilà bien assés pour ce nom-là.
Mort de Mr Dogny, âgé de 88 ans
416Le 13 janvier 1776, Mr Dogny, âgé de 88 ans passés, est mort d’une révolution de goutte ; il laisse un petit fils avec au moins 18 000 # de rente. Mr son petit-fils est âgé de 26 ans, et a beaucoup de goust pour la poésie318. Mr son grand-père qui avoit gangné une partie de son bien à estre Maistre de forge, avoit achetté une charge de Secretaire qui annoblit Mr Dogny son petit-fils319. Le père du jeune homme est mort, il y a environ 20 ans, lequel avoit épousé Mlle Gueneau morte le 13 septembre 1770 dont ils ont eu ce Mr Dogny. Il n’a aucune charge jusqu’à présent.
Couche de Mme Lefebvre
417Mme Lefebvre est accouchée, le 11 janvier 1776, d’un garçon ; elle n’en a point d’autres de vivant.
Couche de Mme de la Crochardière
418Le 25, Mme la Crochardière, dont le mary est Conseiller au Présidial, est accouchée d’un garçon ; elle demeure dans la paroisse de St Nicolas. Comme le père est brouillé avec sa mère, celle ci n’a pas voulu le nommer, ce sont les domestiques320.
Grand hiver
419Le froid et grand froid, a commencé le… Janvier et a continué pendant 18 jours ; on assure qu’il a été aussi fort que dans l’année 1709. Il est sûr que la rivière a porté pendant plusieurs jours, que les arbres ont fendu par le froid, que le cidre a gelé dans les caves et que jamais je n’avois senty un pareil froid. On peut voir la Gazette du Mans, de ce temps. Au dégel, il est survenu une grande crue d’eau qui a emporté le pont de bois et autres.
Mort de Mme de Courcival
420Le 11 février 1776 Mme de Courcival, âgée de 77 ans, veuve sans enfant, a été enterrée au grand Cimetière de la Coulture. Il y avoit six ans qu’elle étoit en enfance321 et étoit à la garde de très bons domestiques, à qui elle a donné par son testament. C’est Mr le Marquis d’Auteville, qui demeure à Angers, qui héritte, et Mme de Grandchamps qui demeure à sa terre proche Allençon comme ainée et Mr l’abbé d’Autteville, Abbé de l’Epau, son frère, comme cadet. Elle avoit fait ses arrangements avec sa famille il y a longtemps ; Mr de Beigneux Courcival en héritte d’un doëre322 de 2 400 #, Mr et Mme de St Cosme vont rentrer dans leur maison qu’elle tenoit à vie et qu’elle avoit fait accommoder. Laditte maison est sur la place de l’Eperon, a costé de celle de Mr de Valentinois. C’étoit une dame très respectable et bien charitable.
Présentation d’une chapelle à Mr Herpin, chappier à St Julien
421Le 12 février 1776, le chapitre du Mans a donné à Mr Herpin, prestre chappier à St Julien une chapelle appellée la chapelle… qui est tombée vacante par la mort de Mr Blin, ancien curé de Beaumont le Vicomte. Elle peut valoir environ 200 # ; il y a un bordage proche le bois de Trassant paroisse de Rouillon. Il y a longtemps que Mr Herpin est officier de St Julien ; c’est une espèce d’usage de la donner au plus ancien ; on a dérogé en faveur de luy, car c’étoit Mr Souty, Receveur de la forge, qui l’étoit.
Mort de Mr Haudebourg, chanoine
422Le 15 février 1776, Mr Haudebourg, âgé de 83 ans, est mort, après avoir résigné son Canonicat à Mr Maulny, Curé de la Coulture, le 20 décembre dernier323. Il étoit clerc et avoit eu son canonicat par ancienneté de grade, il y a environ 23 ans. Pour cela, il avoit eu un procès avec Mr Maulny qui est mort grandpénitencier à St Julien ; Mr de Froulay, pour favoriser Mr Maulny, attacha au Canonicat la grande pénitencerie et Mr Haudebourg perdit son procès ; mais il en eust un autre toujours par ancienneté de ses grades.
Bail de nuit
423Le 13 février 1776, Mr et Mme de Bellefille ont donné une danse de nuit à environ 20 femmes et autant d’hommes. Le Dimanche gras, qui étoit le 18 février, Mr et Mme de Verneuil ont donné un grand bail324.
Caresme
424C’est un Capucin qui a presché le Caresme ; il a de l’esprit. Il arrive de Rome où il étoit allé pour la nomination de leur Général ; il a un œil de moins.
Couche de Mme de la Baubannière de la Borde
425Le 22 février 1776 Mme de la Borde, autrement Mme de la Baubannière, femme du Maistre particulier des Eaux et forests du Château du Loir, y demeurant, est accouchée d’une fille. C’est Mme de Moustière, sa mère, qui a été maraine avec Mr de la Borde, oncle du père. Son premier enfant est mort, il y a un an dans ce mois-cy ; elle a 22 ans, dans le Courant de ce mois.
Mort de Mr Guet, père du Curé de Pruillé
426Le 1er mars 1776, Mr Guiet, Marchand épicier, est mort âgé de 70 ans ; il laisse trois enfans dont un fils Curé de Pruillé, sa fille tenoit la boutique d’épicier et une autre fille qui est folle ou imbécille. Il laisse à sa mort environ deux mille livres de rente ; il étoit raporteur et mauvais raporteur dans la fameuse juridiction de Gourdaine325.
Procès de Mlle Sévin gangné
427Le 12 mars 1776, le procès de Mlle Sévin, de Mme l’abbesse de la Perrigne et de Mme Gouevrot, Religieuse à la ditte Abbaye, a été jugé par l’officialité du Mans. Mme l’Abbesse a été condamnée à estre plus circonspecte à l’avenir et à des frais. Mme Gouevrot a été condamnée à des frais plus considérables, à estre privée de voix au chapitre pendant un an et à faire réparation à Mlle Sévin. Il seroit trop long de faire l’extrait de ce procès ; il y a des Mémoires et c’est un procès et histoire qui ne s’oubliera jamais326.
Mme de Sourches a perdu son procès
428Le vendredy 15 mars 1776 on a appris de Paris que Mme la Comtesse de Sourches avoit perdu son procès avec dépends, pour la demande qu’elle faisoit en séparation avec son mary. Il y a eu des Mémoires qui ont couru la ville327.
Commencement du Jubilé
429Le sammedy 16 mars 1776 Mr Paillé, grand-Vicaire de Mr l’Evesque, a fait assembler le chapitre pour luy donner communication de la bulle du Pape, pour un Jubilé de l’année sainte et aussi pour son exaltation. Il durera six mois, à commencer du Jeudy 28 mars jusqu’au 27 septembre qu’il finira, par un salut à 5 heures du soir et exposition du St Sacrement, et le Te Deum.
Vendition du bordage Beauvais à Louis Goulet
430Le 21 mars 1776, je suis allé à Bonnétable pour passer l’acte de vendition du bordage Beauvais à Louis Goulet, marchand et fermier des dixmes de Nogent le Bernard comme fondé de procuration de ma mère, laquelle a été ratifiée et approuvée sur la copie du contrat dont le sieur Goulet est porteur. Il a été vendu la somme de 8 022 # ; le bordage étoit affermé 200 # par un nouveau bail qui étoit commencé que de Pasques dernier328.
Edit des Corvées
431L’Edit des corvées329 et [celui] de la suppression de Maitrises330 ont été enregistrés au Mans, le Vendredy 22 mars, ainsi que plusieurs autres qui regardent Paris.
Arrivée de Mr l’Evesque
432Mr l’Evesque du Mans est arrivé à son Château d’Ivré le sammedy 23 mars 1776 ; il étoit party du Mans, le 3 octobre dernier331.
Prise de possession du Canonicat de Mr Maulny
433Le 23 mars 1776 Mr Maulny, curé de la Coulture, a pris possession du Canonicat que luy avoit résigné Mr Haudebourg, le 20 décembre dernier. Il est né dans le mois de juin 1728, et s’appelle Geoffroy Michel Maulny, vice gérant de l’officialité et sindic du Clergé. Il avoit été Curé au mois de septembre 1756.
Prise de possession du Canonicat de Mr de Linières
434Le 25 mars 1776 Mr de Linières, chanoine de St Pierre, a pris possession du Canonicat dont Mr l’abbé Lepeltier, grand Archidiacre, s’est démis en faveur de Mr de Linières ; sa démission s’est faite le dimanche matin. Mr l’Evesque, qui l’a acceptée, l’a donné suivant l’intention de Mr Le Peletier à Mr de Linières ; il est né dans le mois de… 1752. Mr de Linières, ou Desportes, ayant fait sa démission de son Canonicat332, Mr l’Evesque l’a demandé pour le fils de Mr Langotière âgé d’environ 20 ans, clerc tonsuré.
Deux enfans de cœur reçus
435Le 22 mars 1776 Nous avons reçu au Chapitre deux enfans de cœur dont le premier s’appelle Lemercier, neveu ou Cousin du Maistre de Musique333 ; le second s’appelle Chaumier, de la ville du Mans334. Ils ont chacun sept ans, peu passés.
Jour de l’ouverture du Jubilé
436Le jeudy 28 mars 1776 Mr l’Evesque a fait l’ouverture du Jubilé de l’année sainte ; il a assisté au sermon prononcé par le Prédicateur du Caresme, qui est un Capucin. Après le sermon, qui a commencé à 9 heures du matin, Mr l’Evesque est entré au Cœur pour s’habiller. On a chanté le Veni Creator en Musique, ensuitte la Messe solennelle. On avoit chanté Matines la veille après Complies qui avoient commencé à trois heures, ensuitte Matines. Le lendemain, on a commencé prime à sept heures ; touttes les petites heures, la Messe du Cœur et Vespres tout de suitte.
Premier enfans de cœur a finy son temps et reste à St Julien
437Le 29 mars 1776 Letertre, grand enfans de cœur est dessendu au chapitre pour remercier le chapitre et demander une attestation ; c’est le Maistre de Musique qui vient le présenter et parler pour luy. On leur donne 120 # pour s’habiller ; Letertre reste au chapitre en qualité de Serpent, à raison de 25 sols par jour335.
Procession du Jubilé
438Le 30 mars 1776, on a fait la procession généralle, où étoient touttes les Communautés et les Compaignies qui ont coutume de s’y trouver. On est party à neuf heures pour aller à l’abbaye de la Coulture, par la place du château, ensuitte la place des Jacobins, la rue St Dominique, la rue des Ursulles, la rue de la Paille, de la Batterie, et delà à la Coulture ; en allant on a chanté des répons. En arrivant à la Coulture Mr le Doyen a dit la grande Messe pro remissione peccatorum ; Mr Trotté, chanoine, faisoit Diacre, et moy sous Diacre. Mr l’Evesque étoit à la procession et a commencé la Messe ; il étoit dans un trosne préparé, qui est le trosne de l’Abbé. Mrs les Chanoines de St Julien occupoient la droitte et Mrs de St Pierre la gauche, Mr leur Doyen en occupoit la première stalle du costé gauche. Il n’y avoit point de bâton de chantre ; Mr le sous-chantre portoit chappe avec Mr de Linière, chanoine, comme étant dernier. On avoit placé fauteuils et chaises pour Mrs du Présidial et Mrs de l’Hotel de Ville au bas des marches du cœur. Après la Messe, les Communautés ont défilé, on a chanté les Litanies des Saints pendant tout le retour. On s’en est retourné par la rue de St Julien le Pauvre, la rue des quatre roues, par la Visitation, la Vieille-Porte et monté la Cigogne et la grande Rue. Toutes les Communautés et Mrs de St Pierre sont venus reconduire la procession jusque dans l’Eglise, exceptés Mrs les Chanoines de St Pierre qui n’y entrent point336.
Premier jour de station du Jubilé
439Le 1er avril 1776, nous avons commencé la première station à dix heures du matin après tout l’office chanté, excepté vespres que l’on a dit au retour de la Station, dans le cœur de St Julien, et on a dit d’abord Exaudiat pour l’eau bénite, l’oraison, après cela une antienne de St Julien et l’oraison du St. Mr Du Mourier, chanoine, s’est mis au milieu du cœur sur un prie-Dieu préparé et a dit à très haute voix et lentement 5 fois le pater et Ave, lesquels étant finy, Mr le sous-chantre a commencé le premier psaume des sept psaumes de la Pénitence que l’on chantoit gravement. En sortant de St Julien, nous sommes allés à l’Eglise de l’Abbaye de St Vincent afin de donner le temps au peuple qui nous suivoit, on chantoit les psaumes de la Pénitence jusqu’à ce qu’il fut finy sans cependant dire le Gloria à la fin des psaumes. Mr le sous Chantre a entonné une antienne d’un martyr avec l’oraison de St Vincent. Mr du Mourier est allé se placer au milieu du cœur comme à St Julien et a dit à haute voix les 5 pater et Ave ; Mr l’Evesque qui étoit à la procession s’est placé dans un trosne préparé. On est allé à l’Eglise de la paroisse de St Vincent où on a fait la même chose et à l’Oratoire de même. Avant de sortir de l’Oratoire on a commencé les Litennies des Saints qui ont été continuées jusqu’à ce que nous soyons rentrés à l’Eglise. On les chante en faux bourdon.
Seconde station du Jubilé
440Le Mardy 2 avril on a continué les stations ; la première, toujours dans le cœur et on a dit la même chose que hier. La seconde, dans l’Eglise de Gourdaine ; outre l’entienne, en entrant dans chaque Eglise, on dit la même chose qu’hier, c’est-àdire on chante, en allant, les sept psaumes. De Gourdaine on est allé à St Benoist où l’on a fait comme à Gourdaine ; de St Benoist à l’Hopital général. Mr l’Evesque y estoit à la station ou procession ; il y avoit des trosnes tendus337 dans touttes les Eglises où nous sommes allés.
Troisième et dernier jour de la station du Jubilé
441Le mercredy Saint, 3 avril, on a continué les stations comme le jour précédent, savoir à St Nicolas, aux Jacobins et aux Cordeliers. Pour ne pas passer par les Pontsneufs qui sont étroits, on est allé par la grande Rue, la Cigoigne, la Vieille Porte et par la rue de la Barillerie ; On a coupé au milieu pour monter la rue Judda338. On est allé après par la rue Marchande, des Cordeliers on a monté l’Oratoire et le Château. Tout est finy pour le Chapitre.
Stes huilles
442Le Jeudy saint 4 avril 1776, Mr l’Evesque a fait les Stes huilles à St Julien.
Perte du procès de Mr Courcelles
443Le 5 avril 1776 ; Mlle Courcelles qui est à Paris depuis le 23 mars 1775, à la suitte d’un procès que Mr son frère a avec Mr de Vilmorien, fermier général des postes, pour la forge de Valancé où il a été pendant cinq ans et qu’il avoit fait bastir. Il a eu un procès qui a été mis en arbitrage devant trois fameux avocats de Paris ; ils ont condamné Mr Courcelles, qui aujourd’hui se trouve sans état et presque sans bien.
Ordination
444Le sammedy Saint, Mr l’Evesque a fait une ordination pour les sous-diacres seulement.
Jour de Pasques
445Mr l’Evesque a officié le jour de Pasques, 7 avril 1776 ; j’étois Diacre, et Mr l’abbé de Cabrières faisoit sous-Diacre.
Pain bénit donné par Mr le Comte de Valentinois
446Le 7 avril 1776 Mr le Comte de Valentinois a donné le pain bénit à la paroisse de la Coulture doù est la maison qu’il a fait bastir et qu’il occupe quand il vient au Mans. Il y avoit beaucoup de brioches et un grand pain bénit et plusieurs cierges auxquels il y avoit beaucoup de pièces de vingt et quatre sols339.
Ordre des stations du Jubilé
447Le Mardy 16 avril 1776 lendemain de la Dédicasse de Nostre Egllise, on a commencé les stations à la Cathédralle, savoir une à neuf heures, une autre à 10 heures, une à deux heures après midy et une autre à six heures après midy. St Pierre a commencé ; les deux Communautés de Bénédictins, les autres Communautés. Ensuitte viendront les paroisses suivant un ordre de Mr l’Evesque qui a été imprimé et affiché aux portes des Eglises.
Mariage de Noel Lerouge domestique de ma mère
448Le 16 avril 1776 jay fait le mariage de Noel Lerouge domestique de ma mère, qui demeure à la maison depuis douze ans, âgé de 28 ans, avec Marthe Pancher, fille majeure de… ans, qui étoit Domestique de Mlle de Perrière, qui, par testament luy a fait un beau et bon don, surtout une rente de 100 #, pour elle et ses enfans, plus une grande partie de son mobilier lequel pouroit bien valoir environ 2 000 #340.
Couche de Mme Daubigné
449Le 17 avril 1776, Mme d’Aubigné, fille de Mr Le Roy, avocat au Mans, est accouchée au Château-du-Loir où elle demeure, d’un garçon, pour le second enfans.
Mort de Mr l’abbé Le Peletier, grand Archidiacre
450Le 17 avril 1776 Mr Joseph Le Peletier, grand Archidiacre, est mort âgé de 67 ans, d’une maladie de langueur341. Il avoit résigné son Canonicat à Mr Desportes de Linières, qui en avoit pris possession le 25 mars dernier ; ou plutost, comme Mr Le Peletier étoit bien malade, il fit la démission de son Canonicat en faveur de Mr Desportes, et Mr l’Evesque accepta la démission. Il est mort regretté de tout le monde, et surtout du chapitre à qui il avoit rendu service. Il donnoit beaucoup aux pauvres ; il a donné au chapitre par testament tout ce qui pouvoit luy estre dû jusqu’à sa mort, mais à condition que ses parents seroient indemnes342 de tout ce qu’il pouvoit redevoir au Chapitre pour les prises343, savoir pour la maison dont il payait… et pour son jardin dont il payoit… et plus pour les réparations qu’il pouvoit redevoir à raison de son Canonicat. Comme il ne doit pas y avoir un grand profit, on doit examiner ce qu’il pouroit redevoir. Il a été enterré le mercredy à sept heures du soir ; on commença Vigiles à neuf leçons à 5 heures du soir344.
Mr l’abbé de Montgrenier, grand-Archidiacre
451Le 19 avril 1776, Mr l’abbé de Montgrenier chanoine le 22 mars 1768, a pris possession du Grand Archidiaconné vacant par la mort de Mr l’abbé Le Peletier. Il est Grand Vicaire dans ce département345.
Mort de Mme de Courceliers
452Le 30 avril 1776 Mme de Courceliers est morte à son Château des Bordeaux, agée de 43 ans346. Elle n’avoit point d’enfans. La Gazette du Mans en fait l’éloge.
Blessure d’un coup de fusil
453Le 24 may 1776, je me suis blessé la main, autrement le pouce avec un fusil qui m’a crevé dans la main. Je vis le moment où l’on seroit obligé de me couper le pouce qui ne tenoit que par quelques nerfs ; mais les bons soins de Mr La Roche, chirurgien de l’Hotel-Dieu et sans contredit le plus habille pour ces opérations, m’a bien promptement rétabli347.
Mort de Mr Trotté, Avocat
454Mr Trotté, avocat, est mort âgé d’environ 84 ans. Il laisse trois enfans dont un avocat au Mans, marié et a des enfans ; le second est chanoine et le troisième étoit Capitaine dans le Régiment du Mans provincial mais réformé ; il est marié et demeure proche Sablé. Mr Trotté a été enterré aux Cordeliers, le 28 May 1776.
Mort de Mr le Marquis de Vilenne
455Le 28 may 1776 Mr le Marquis de Vilenne est mort à Paris, âgé d’environ 49 ans, de la poitrine et du poumon. Il étoit allé à Paris pour terminer un procès avec Mr le Marquis de Lort, son beau-frère, pour un don et testament de feue Mme la Marquise de Vilenne sa mère. Mr de Vilenne avoit épousé Mlle de Lumois dont il a une fille qui aura neuf ans, le jour de St Pierre prochain. Mr de Vilenne ayant beaucoup de dettes, savoir deux cent quatre vingt mille livres à Mr et Mme de Lort pour son partage et tiers sur la terre de Vilenne, il devoit encor beaucoup ; on dit en tout que les dettes pouroient bien aller à quatre cent mille livres. Il a vendu la terre de Vilenne plus de huit cent mille livres dont la moitié ne pourra estre remboursée qu’au mariage de Mlle sa fille. C’est Mr d’Aux, de Nantes, homme très riche qui a achetté ledit Vilenne à propos, car le marché s’est conclu le sammedy 1er juin et il est mort le 4 suivant, après avoir écrit et donné des avis à Mme de Vilennes. Il nomme Mr Paquier son exécuteur testamentaire et Mr son fils pour tuteur de Mlle sa fille ; et prie Mr de la Boussinière de donner ses avis et conseils à Mme de Vilennes sa femme, à qui il marque qu’il luy envoie son cœur pour le déposer à Louplande, paroisse du château de Vilenne.
Mort de Mme Provost
456Le 4 juin 1776, Mme Provost, âgée de 86 ans, est morte à Paris. C’est la mère de Mme Le Bon et de Mme des Roches, grande mère de Mme de Belle fille. Cette dame Provost laisse beaucoup de bien.
Arrest qui défend les sépultures dans les Eglises
457Le 10 juin 1776 il a été enregistré un Edit ou déclaration du Roy qui défend d’enterrer dans les Eglises, si ce n’est Mrs les Evesques ou Mrs les Curés et encore à condition qu’ils feront faire des caves de 12 pieds carés dans leurs Eglises348.
Couche de Mme de Bellefille
458Le 11 juin 1776 Mme de Bellefille est accouchée d’un garçon qui a été nommé par les domestiques et baptisé dans la paroisse d’Athenay. Il a été nommé Henry-Daniel Nepveu ; elle a beaucoup souffert de cette couche, l’enfan étoit très gros349.
Mort de Mme de la Bossonnière
459Le 11 juin 1776 Mme de la Bossonnière est morte au Mans, âgée d’environ 30 ans, d’une suitte de fausse couche ; elle demeuroit ordinairement à sa terre proche Pontvalain. En son nom de fille elle s’appelloit Mlle des Arcis dont le père étoit Directeur des Gabelles au Mans. Elle laisse trois enfans et a été enterrée au Grand Cimetière de la Coulture.
Couche de Mme de Villiers
460Le 15 juin 1776, Mme de Villiers est accouchée d’une fille. C’est Mr Maulny, Conseiller, son père, qui a été parain, et Mme de la Picannière, tante de Mr de Villiers qui a été Maraine. L’enfant a été baptisé à la Coulture où ils demeurent. Suivant le changement de la Lune, le premier enfant qu’elle aura doit estre un garçon, parce que cela change de sexe. C’est une remarque que l’on fait depuis longtemps350.
Assemblée de l’hotel de Ville pour Mrs les Avocats du Mans
461Le 18 juin 1776 il y a eu au Bureau de l’Hotel de Ville une Assemblée Généralle et extraordinaire convoquée par ordre de Mr le Comte de Provence, comme prince appanagiste, pour savoir s’il étoit plus expédient que les charges de Procureurs restent réunies à Mrs les Avocats de cette ville ou bien s’il est plus avantageux pour le public qu’elles soient séparées et vendues à des Procureurs, cela suivant l’intention de Mr le Comte de Provence. Le Présidial du Mans est le seul où cela soit ainsi ; ils avoient fait des plaintes de ce que les affaires n’étoient point portées à l’audience. Mrs les Avocats ont député à Paris, Mr de Launay, un des meilleurs avocats et Mr de Lisle ; Mrs du Présidial ont député pour leur compaignie Mr Blin de Béru, Procureur du Roy et Mr Ménard de la Groye, Conseiller, homme d’esprit. L’assemblée de la ville, qui étoit très nombreuse, à deux ou trois voix près sur environ 50 personnes, a été d’avis de demander la désunion. C’étoit Mr l’abbé de Puch, Grand Vicaire, qui y a été pour Mr l’Evesque.
Procès de Mme de la Chaume
462Le 20 juin 1776 Mme de la Chaume, Abbesse de la Perrigne, est venue au Mans, comparoistre devant Mrs les Juges pour le procès criminel entre elle, Mme Gouevrot, Religieuse de la ditte Abbaye, Mr de la Chaume, frère de la ditte Abbesse et Mlle Sévin qui est accusée d’avoir commis un crime avec Mr l’abbé Bance, Vicaire de St Corneille. Il y a là-dessus beaucoup de Mémoires imprimés qui ne justifient point la ditte demoiselle Sévin qui a donné beaucoup de sujet de scandale. Ce seroit trop long à dire et à écrire ; on peut voir les mémoires imprimés351.
Jugement rendu au Mans pour le procès de Mlle Sévin
463Le 22 juin 1776 le procès criminel contre Mme de la Chaume, Abbesse de la Perrigne, Mme de Gouevrot, Religieuse dans la ditte Abbaye, le nommé Pasquet, garde de la ditte Abbaye, Mr de la Chaume, frère de Mme l’Abbesse, et Mlle Sévin, demoiselle donnée352 comme organiste pour la ditte Abbaye a été jugé. Le garde renvoyé hors de cour ; Mme l’Abbesse renvoyée hors de cour ; Mme Gouevrot condamnée au tiers des frais (mais où les prendre ?) et Mr de la Chaume condamné à l’autre tiers des frais. Par ce jugement, Mlle Sévin n’est point blanchie et en rappelle au Parlement de Paris. C’est un procès qui probablement ne sera pas jugé de longtemps ; il y a déjà beaucoup d’argent. Il en couste dejà au moins quinze mille livres et cela triplera à Paris.
Te Deum du Présidial du Mans
464Le 30 juin 1776 sur une lettre de Mr Blin de Béru, procureur du Roy et Député de la Compaignie du Présidial avec Mr Ménard de la Groix contre Mrs les Avocats, Mr le Comte de Provence, prince appanagiste du Maine, l’Anjou et le Perche, etc., ayant eu une légère indisposition, qui n’a pas même été mise dans les papiers publics, autre que dans une seule gazette il a été dit que Mr étoit un peu mieux. Mrs les Députés du Présidial ont mandé à leurs confrères que dans l’appanage d’Artois, on avoit chanté un Te Deum pour le Prince d’Artois qui a eu la rougeole et que Mr le Comte de Provence l’avoit eue aussi. Mrs du Présidial, animés d’un grand zelle, ont voulu faire chanter un Te Deum dans l’Eglise des Jacobins et ont député vers Mr l’Evesque, qui étoit à Yvré Mr Darcy, Lieutenant Général de Police et Président de la Compaignie avec Mr Chesneau, Conseiller, pour prier Mr l’Evesque d’officier audit Te Deum. Mr l’Evesque les a très bien reçus, comme c’est son ordinaire, leur a dit qu’il approuvoit leur zelle, mais qu’il n’avoit pas cru la maladie de Mr le Comte de Provence, (dont il n’avoit pas même été parlé dans les nouvelles), assés considérable pour faire chanter un Te Deum ; qu’au surplus, il ne vouloit point en chanter ailleurs que dans la Cathédralle son Eglise. Malgré cela, ces Mrs ont envoyé des billets d’invitation par toute la ville et ont envoyé des Députés chés les Présidents des compaignies pour les engager d’y assister par députés, si la compaignie étoit trop nombreuse. Mr Maulny et un autre Conseiller sont allés chés Mr Paillé, Grand Chantre, comme Président, et l’ont prié d’Assembler le chapitre pour les prier d’envoyer des Députés au nombre de 5 ou de six, comme ils voudroient. Le Dimanche, après la grande Messe, Mr Paillé a fait assembler le chapitre sur la demande de Mrs les Députés du Présidial, et a donné lecture d’une lettre en réponse d’une qu’il luy avoit écrite, dans laquelle il luy marque que Mrs du Présidial sont bien empressés à chanter un Te Deum, pour une légère indisposition, que pour luy n’ayant point reçu d’ordre il ne pouvoit chanter un Te Deum ailleurs que dans son Eglise, que la cause de Mrs du chapitre étoit la même et qu’ils ne devoient point s’y trouver. Sur cela, le chapitre a commis Mr l’abbé de Montgrenier, Grand Vicaire et Grand Archidiacre et moy pour aller chés Mr Darcy comme Président de la Compaignie pour luy dire que Mr l’Evesque ne se trouvant point au Te Deum qu’ils faisoient chanter, le Chapitre avoit la même raison. Le Te Deum a commencé à 4 heures aux Jacobins, sans musique353, avec l’orgue seulement354 ; pendant lequel temps on a tiré plusieurs fois les boëtes de la ville355. L’Hotel de Ville y étoit ainsi que les Députés des autres Compaignies. On dit que Mrs du Présidial ont fait distribuer du pain aux pauvres de la ville.
Te Deum de St Pierre
465Le même jour, Mrs les chanoines de St Pierre ayant su que Mrs du Présidial vouloient faire chanter un Te Deum, après leurs Vespres ont fait sonner très longtemps et tout de suitte ont chanté leur Te Deum afin d’estre les premiers, se prétendant exempts de la juridiction de Mr l’Evesque.
Mort de Mme de Blanchardon de Loué
466Le 30 juin 1776, Madame de Blanchardon de Mozais demeurant à Loué avec son mary qui y étoit Receveur du Grenier à sel est morte d’une maladie de langeur, âgée d’environ 36 ans. Elle ne laisse point d’enfans.
Mort de Mr Langlois de St Pierre
467Le 5 juillet 1776 Mr l’abbé Langlois, chanoine de St Pierre, est mort âgé de 77 ans. Il avoit une chappelle de St Julien qui est tombée en mois gradué de rigueur. C’est Mr l’abbé de Tiraudeau qui l’a présentée.
Mort de Mr Huro chanoine de St Pierre
468Le 20 juillet 1776, Mr l’abbé Huro Chanoine de St Pierre, est mort âgé de 52 ans, d’une indigestion qui a occasionné une goute remontée356 et d’apoplexie. Le vendredy au soir, à 8 heures, il se trouva mal et le sammedy, à deux heures du matin, il passa ; il n’a point eu de connoissance. C’est une perte pour le chapitre de St Pierre ; il entendoit parfaitement la partie des fiefs. Il avoit une famille à qui il faisoit du bien ; il avoit été longtemps Vicaire à Marolle, il n’étoit chanoine que depuis environ 8 ans357. Il a été enterré au Grand Cimetière, parce qu’il avoit marqué sa place devant plusieurs de ses confrères, le chapitre fut au grand Cimetière. C’est ce que l’on ne fait pas à St Julien, ne sortant jamais du cloistre ou des murs de ville.
La Foresterie donnée à Mr et Mme du Vauguion
469Mrs les chanoines de St Pierre ont donné à vie358 de Mr et de Mme de Vauguion, le lieu et bordage et la maison de maistre de la Forestrie, paroisse d’Allonnes359, pour le prix de 400 # par an ; il y a un pré qui en est, où l’on peut cueillir environ quatre chartées de foin. Mr du Vauguion s’est obligé de refaire les réparations de la maison de maistre, et il y en a beaucoup ; en outre, de faire une écurie et remise. Il doit faire en réparations, réfections et augmentations, pour 4 000 # ; il a aussi permission de faire deux allées qui est proche la maison, dont il aura le bois pour se dédommager360. Cela s’est fait en chapitre, le 12 juillet 1776.
Couche de Mme la Barre
470Le 14 juillet 1776 Mme la Barre est accouchée d’une fille à sa terre de la Barre ; suivant la lune, elle doit avoir un garçon le premier enfant qu’elle aura, car la lune a changé le lendemain de sa couche361.
Resignation de la prestimonie de Bethon
471Le 20 juillet 1776, jay résigné ma chapelle ou prestimonie de Bethon362 à Mr Cattois, prestre Vicaire de Juillé, proche Beaumont. C’est un garçon d’un certain âge qui veut se retirer ; il jouist à présent d’environ 300 # ; après la mort de son père, qui est très âgé, il en aura encor autant. Il demeurera dans la prestimonie et en acquittera les fondations.
Mariage de Mlle de Linières, dans l’Eglise de St Benoist
472Le 23 juillet 1776 Mlle de Linières, la dernière des demoiselles, a épousé Mr… d’Angers363, qui sera fort riche. Mr de Linières, qui est Maistre de forges de Montfort, avoit plusieurs enfans qu’il a tous bien établys. L’ainé des garçons ne l’est point encore ; il a pris à ferme généralle tous les biens de la terre et… de Bonnétable, sur lequel il gangne beaucoup ; il a encore pris une autre terre considérable en société. Il a marié un de ses fils à une demoiselle Allard dont le père est Maire de Ville à Angers où il demeure ; a un fils chanoine à Angers. L’ainée des demoiselles a épousé Mr Hervé ou Durozay, qui étoit autrefois marchand ; il est riche ; c’est cependant la plus mal mariée. La seconde a épousé Mr du Genetay, de Brûlon, qui est Elu au Mans ; il sera encor très riche. La dernière a épousé un homme qui luy donnera, dit-on, cent mille écus de bien. La sœur de Mr … a épousé Mr Le Prince de Clercigny, qui est actuellement dans le commerce de la cire avec Mr son père364.
Mariage de Mr de Châteaufort avec Mlle Guilly
473Le 30 juillet 1776, Mr de Châteaufort, âgé de… ans, a épousé Mlle Guilly de Nogent-le-Rotrou, dont le père est fort riche365 ; il donne en mariage soixante mille livres. Mr de Châteaufort a père et mère ; sa mère est une demoiselle d’Audeville ; Mr son père est presque imbécille, mais il est riche et a encore augmenté sa fortune. Ils ont achetté la charge de Secretaire, de Mr de Beauvais, ce qui donne un état aux deux enfans dont l’ainé épouse aujourd’huy Mlle Guilly dont le père étoit dans le commerce d’étamines où il a amassé beaucoup de bien ; ils ont donné des charges considérables à plusieurs de leurs enfants. La ditte demoiselle n’est pas jolie et louche un peu ; le marié est bien de figure, mais un peu petit. Ils doivent venir demeurer au Mans chés Mr et Mme Chesneau, Médecin, oncle du marié, et cela pendant deux ans, après lesquels ils demeureront dans la maison proche l’Hopital, où demeure actuellement Mr l’abbé de Vildon.
Le Prieuré de Sephoix
474Le 4 aoust 1776, Mr l’abbé d’Audeville, Abbé de l’Epau proche [Le] Mans vient de me résigner le Prieuré de Séphoix proche Lusson, à 800 # de pension. Jusqu’à présent, je n’ay aucune connoissance dudit Prieuré366.
Lettre de cachet pour Mr l’abbé d’Agoust
475Le 12 aoust 1776, on a appris que Mr l’abbé d’Agoust, chanoine et qui étoit Grand Vicaire du Mans, avoit eu une lettre de cachet367 pour se rendre chés les Capucins de la ville d’Autun. C’étoit un homme qui avoit quitté Le Mans pour aller demeurer dans la maison d’un Prieuré qu’il avoit proche Paris. Il avoit laissé au Mans beaucoup de dettes et ne menoit pas une vie que doit mener un Ecclésiastique et encore plus un grand Vicaire. Quand il quitta Le Mans, Mr l’Evesque luy avoit demandé ses lettres de Grand Vicaire ; il a continué à son Prieuré d’y faire beaucoup de dettes et de voir mauvaise compaignie. C’est ce qui a obligé sa famille d’obtenir une lettre de cachet ; il est d’une grande famille de Provence.
Exécution
476Le 23 aoust 1776, il a été pendu au Mans deux hommes.
Mariage de Mlle de Flines avec Mr de St Mars
477Le 27 aoust 1776, Mr de St Mars fils, Capitaine dans le Régiment de Bourbon, âgée de 36 ans, a épousé Mlle de Flines, âgée de 22 ans, demoiselle sans fortune, mais tout à fait aimable en tout point. C’est Mme de Fondville, sa parente, qui l’a élevée avec elle ; la ditte Dame n’a point d’enfans, aussi elle luy assure après elle…, et nourit les mariés, avec laquais, femme de chambre et les enfans qui en viendront. Mr de St Mars sert dans le Régiment de Bourbon depuis 23 ans ; il est neveu de Mme de Fondville, Mr son père demeure à son château de St Mars à trois lieues du Mans ; il n’étoit point au mariage parcequ’il est brouillé avec Mme de Fondville sa sœur. La cérémonie s’est faite dans l’Eglise du Séminaire St Charles, à trois heures du matin368.
Mort du Curé de Gourdaine
478Le 30 aoust 1776, Mr Drouet du Valoutin, curé de Gourdaine, est mort âgé d’environ 48 ou 49 ans, il étoit si puissant369 qu’à peine pouvoit-il marcher ; il est mort d’un coup de sang. Sa cure est tombée dans la semaine de Mr l’abbé Le Cointre ; qui l’a remise à Mr l’Evesque qui y a nommé Mr Turpin du Cormier, Curé du Grand St Pierre.
Couche de Mme de Clercigny
479Mme Le Prince de Clercigny est accouchée d’un garçon, le 8 septembre, il a été baptisé à la paroisse de la Coulture.
Mariage de Mr le chevallier de Fontenay
480Le 17 septembre 1776, Mr le Chevallier de Fontenay Capitaine de Vaisseau, retiré depuis plus de dix ou douse ans, avec une pension de deux mille livres sur le corps de la Marine, et âgé d’environ 60 ans, a épousé Mlle de la Galissonnière l’ainée âgée de 46 ans. Mr de Fontenay avoit une sœur qui s’est mariée avec Mr le Marquis de Turin ; Mr de Fontenay, s’ennuyant de vivre seul, s’est marié. Il demeure à sa terre de Daubert, paroisse d’Asnières370.
Mort de Mr de la Chaume
481Le 26 septembre 1776 Mr de la Chaume de Hires est mort au Mans d’une fièvre maligne âgé d’environ 67 ans. Il étoit venu au Mans pour ses affaires, la fièvre l’a pris chés Mme de Montdagron sa cousine germaine, chés qui il est mort le dousième jour ; sa mort met sans doutte fin au procès qu’il avoit avec Mlle Sévin371. Il n’a point d’enfans ; c’est Mme sa sœur, qui est pensionnaire à l’abbaye de la Perrigne et dont la sœur est aussi Abbesse. Il a été enterré au grand Cimetière de la Coulture, proche la chapelle.
La cloture du Jubilé
482Le 27 septembre 1776 Mr l’Evesque du Mans a fait la clôture du Jubilé ; au coup de cinq heures Mr l’Evesque est entré au cœur de la Cathédrale et a exposé le St Sacrement, Mr le Chantre, en chappe, avec Mr le sous chantre et un chanoine derrière le pont à genoux, ont entonné Ave verum corpus alternativement avec l’orgue et le cœur ; après lequel on s’est levé. Mr le chantre a entonné le premier répond de l’office du St Sacrement, l’orgue a continué, et le cœur ; après le répond, on a chanté Ecce panis angelorum. A la fin, Mr le Diacre ordinaire, qui étoit placé dans la dernière stalle du bas cœur, proche le trosne tendu en rouge, est allé faire une inclination à Mr l’Evesque. Ils sont allés au bas de l’autel où il a dit les versets et oraisons marqués ; il a donné la bénédiction suivant l’usage de l’Eglise, c’està-dire trois, Mr l’Evesque a genoux, et levé trois fois la Ste Hostie ; Mr le chantre a entonné à chaque fois O Salutaris hostia. Quand le St Sacrement fut ramassé, Mr l’Evesque a entonné le Te Deum qui a été chanté et continué en musique372 et voilà la fin du Jubilé.
Mort de Mme de Guillemeaux
483Le 2 octobre 1776, Mme de Guillemeaux, âgée de 74 ans, du 17 du mois dernier, est morte, d’une suitte de paralisie ; elle a été enterrée au grand Cimetière de la paroisse de la Coulture où elle demeuroit proche la Visitation. Elle laisse une demoiselle infirme qui ne peut ny marcher ny se servir de ses bras et qui a aujourd’huy 37 ans. Mr de Montbrais, son fils, est capitaine de Grenadiers dans le Régiment de la Reine Infanterie et qui aura, à la St Martin prochaine, 50 ans. On a fait la même cérémonie pour Mme de Guillemeaux que pour Mr son mary qui avoit été Procureur du Roy, mort le 7 juin 1770. Mrs du Présidial y étoient en corps et conduisoient le deuil, savoir, Mme Brunot, comme niepce de Mr de Guillemeaux, et Mme Guioneau, pareillement niepce. Pour les hommes, c’étoient Mr Guionneau et Mr l’abbé Blin, chanoine de St Julien, parent de Mme de Guillemeaux. Mr de Montbrais avoit laissé une procuration à Mr le Curé de la Coulture ; ainsi il n’y a point eu de scellé.
Mariage de Mlle de la Chastre avec Mr de la Martelière
484Le dimanche 13 octobre 1776, Mr l’Evesque a fait le mariage de Mlle de la Chastre avec Mr de la Martelière ; il y avoit beaucoup de monde. C’est Mr l’Evesque du Mans qui a fait la cérémonie dans l’Eglise de Malicorne. On dit que Mr de la Martelière a donné des diamants et dautres bijoux savoir une belle montre, une boete d’or, etc, pour 25 mille livres. Il a une terre dans la province, que l’on appelle Fay, où ils viendront passer tous les ans quelque temps ; le reste du temps, ils le passeront proche Paris dans une belle terre.
Mort de Mr de la Bouchardière, chanoine
485Le 29 octobre 1776, Mr Cabaret de la Bouchardière est mort à sa campaigne373, presque subitement ; il avoit une dartre vive sur le visage et sur tout le corps l’humeur a rentré et l’a étouffé. Il avoit 63 ans et il étoit chanoine depuis 1740 ; c’étoit le second plus ancien. Il étoit Docteur de Sorbonne, avoit de l’esprit, mais un caractère dur et difficille. Il avoit une affection pour le chapitre à tout sacrifier pour cela ; il opinoit374 au chapitre supérieurement et c’est une vraye perte pour les interests du chapitre375. Comme il est mort à sa campaigne, voilà ce qui se pratique en pareil cas. Il est mort le mardy au soir, on a sonné son trépassement une heure le mercredy matin, on a fait la recommandation de l’âme à l’ordinaire, il a été ordonné au chapitre qu’on diroit, Vigiles le soir à 3 leçons seulement376, et le lendemain matin, un service tout simple ou autrement un service donné. Il a été enterré à la paroisse de la Quinte où étoit sa terre de la Bouchardière.
Mort de Mr Panard, prestre du bas cœur
486Le 3 novembre 1776 Mr Panard, prestre du bas cœur de St Julien, est mort âgé d’environ 70 ans. C’étoit un ancien et bon Receveur de la Pannetterie, à qui par récompense, on donnoit le pain de Chapitre. Il avoit un bénéfice ou plutost un revenu qui donnoit la frairie à St Michel ; on a donné ce bénéfice, à la nomination du chapitre, au grand enfant de cœur qui, ayant été pris à la psalette de St Pierre, n’avoit pas le temps requis pour avoir droit à St Michel377.
Départ pour aller à Cheffois prendre possession du Prieuré
487Le 11 novembre 1776 je suis party du Mans pour aller prendre possession du Prieuré de St Pierre de Chefois que m’avoit résigné Mr l’abbé d’Hautdeville378. Je suis party avec Mr l’abbé Gilouppe, prestre Diacre d’office à St Julien, tous deux à cheval, et mon domestique379. Nous sommes allés par Angers où nous avons séjourné et où s’est trouvé Mr Trideau fermier du Prieuré ; d’Angers nous avons été par des chemins de traverse à Chefois. Il y a du Mans à Chefois 40 lieues par chemin de traverse, de Chefois nous sommes allé à Luçon pour avoir un Visa380. J’ay pris possession le Jeudy 21 novembre 1776 ; j’étois logé et dessendu chés Mr Todeau, fermier du dit Prieuré381 ; il n’y a point de logement pour le Prieur. Le bénéfice consiste dans trois fermes, dans un trait de dixmes ou presque dans la moitié de la paroisse, dans une autre dixme dans la paroisse d’Aulme et dans les dixmes de la moitié de la paroisse de Cheffois et des rentes dans différentes paroisses voisines. Il y a en tout 417 boesseaux de seigle, mesure pesant 48 ou 50 livres, plus il y a 38 boesseaux de froment ; plus 137 boesseaux d’avoine, plus 125 # en argent. On pourra voir cela plus clairement dans un livre que j’ay pour le Prieuré. Il y a aussi des charges, savoir ; 400 # en décimes ; plus Mr le Curé est à portion congrue ; par transaction on luy abandonne une ferme et en argent on luy donne 158 # ; plus… boesseaux de seigle, plus 200 # pour Mr le Vicaire. Il y a encore des autres rentes de bled et d’avoine que le Prieur reporte à d’autres seigneurs ou propriétaires. Après avoir visité les domaines du Prieuré, je suis party le Vendredy 22 novembre, pour m’en revenir. Etant près la Rochelle, j’y suis allé, et à Rochefort, qui est un port de mer, éloigné de la Rochelle de six lieues. De Rochefort je suis passé par la Rochelle et j’ay été à Nantes, éloigné de la Rochelle, de 30 lieues ; de Nantes à Angers, éloigné de 20 lieues ; d’Angers au Mans où je suis arrivé à bon port le mercredy 4 novembre382 1776383.
Mort de Mr Le Blais, présentation d’une chapelle à Mr Souty
488Mr Le Blais, autrefois petit sacriste, est mort384. Il avoit un petit bénéfice qui a été présenté à Mr Souty, qui demeure à la Forge385, comme le plus ancien officier de l’Eglise.
Prise de possession du canonicat de Mr Henry
489Le lundy 2 décembre 1776 Mr Henry, prestre Curé à Rouen, âgé de 52 ans, a pris possession du Canonicat vacant par la mort de Mr l’abbé de la Bouchardière. Il l’a eu du Roy à son joyeux avènement au throsne. C’est Mr Henry qui a la maison de Mr de la Bouchardière pour 365 #.
Arrangement fait avec Mr Cattois pour la prestimonie de Bethon
490Le 16 décembre 1776, j’ay fait un arrangement avec Mr Catois, prestre à qui j’avois résigné la prestimonie de Ste Barbe, en Bethon386. Comme j’avois reçu un remboursement d’un contrat de 400 # par Mr le comte de Maridort, que je n’avois pas replacé cet argent, plus aussi pour les réparations je luy ay donné un billet de 500 # avec l’abandon de ce qui pouvoit m’estre dû jusqu’au jour que Mr Catois a pris possession, je luy ay donné un billet de 900 # payable en deux ans et deux payements égaux et Mr Catois m’a donné un billet comme il reconnoit avoir reçu le montant et principal et remboursement du contrat de Mr de Maridort et aussi la somme de 500 # pour le montant des réparations dont il demeure chargé. Cet arrangement s’est fait dans un quart d’heure et sans aucune contestation ; je dois le dire à la louange de Mr Catois.
Assemblée généralle de la ville
491Le sammedy 28 décembre 1776 il y a eu une assemblée généralle à l’Hotel de Ville et cela pour une lettre que le Ministre avoit écrit à Mr l’Intendant par laquelle il marquoit qu’un particulier vouloit achetter une place à l’Hotel de Ville, et qu’auparavant de traitter avec luy, il vouloit savoir si la ville ne voudroit point lever les charges de la Ville afin de se choisir eux mêmes les sujets et personnes qui leur conviendroient. On a donc convoqué une assemblée généralle comme à l’ordinaire, c’est-à-dire un Député de chaque paroisse et de chaque corps qui tous ont été d’avis de ne point lever les dittes charges, faute d’argent. Il y avoit Mrs du Présidial qui étoient contraires à cet avis.
Mort de Mme de Négrier de Posset
492Mme de Négrier de Posset est morte à sa terre de la Vagotière, paroisse de Degré387, âgée de 51 ans ; c’étoit de la poitrine dont elle est morte. Ils demeuroient à Paris depuis 6 ans, parce que Son mary avoit achetté une charge de Conseiller à la Cour des Monnoies et il étoit obligé de demeurer à Paris. Elle laisse trois enfans savoir deux garçons, dont l’ainé est dans la Marine, garde encor, et une assés mauvaise teste ; le second garçon n’a que 14 ou 15 ans. Il y a une demoiselle âgée de 13 ans qui sortoit de la Visitation pour aller passer les Vacances avec Mme sa mère. Mme Négrier s’appelloit Mlle Saunière ; elle étoit très jolie étant jeune & elle étoit niepce de Mr Fillipot, ancien chantre388, qui luy avoit donné en mariage 600 # de rente ; elle n’avoit point de bien. Elle a eu bien de la peine avec son mary qui est vif, et plus389, il est frère de Mr de Posset, Maire de Ville.
L’année 1777
Bail390 de 4 Mrs
493Le 2 janvier 1777, Mr Du Chesnay, Capitaine dans le Régiment de Blésois, autrefois Piémont, Mr le chevallier de Rouillon, capitaine de Dragons réformé, Mr Rey, garde du Roy et Mr Poisson Conseiller au Présidial, ont donné un bail dans la salle de spectacle391, à toute la ville. Il y avoit déjà eu plusieurs Mrs de la ville qui en avoient donné et qui se sont arrangés pour faire danser les dames pendant tout le Carnaval.
Mort de Mr des Ardilly
494Le 14 janvier 1777 Mr Blondeau des Ardilly est mort âgé de 84 ans ; il avoit deux enfans, dont une fille qui a épousé Mr Nepveu mon cousin, le 19 mars 1770 ; elle a 37 ans. Il y a un garçon qui a servy dans les Mousquetaires qui est retiré depuis 6 ou 8 ans ; il a environ 34 ou 35 ans. Il a une jolie terre dans la paroisse de Fay appellée la Masserie392. Mr des Ardilly étoit de la paroisse de St Nicolas et a été enterré au grand Cimetière comme tout le monde depuis la déclaration de ne plus enterrer dans les Eglises393.
Bail des chevalliers de St Louis
495Le 23 janvier 1777 Mr le marquis de Vennevelle, Mr de Montaupin, Mr Richer, Mr Nepveu de Bellefille, Mr Du Chesnay et Mr de Champflé, tous chevaliers de St Louis, ont donné un bail dans la salle de spectacle à toute la ville, depuis 4 heures du soir jusqu’à 11 heures. C’est le bail que l’on appeloit le bail des chevaliers de St Louis394. On a, cette année, la fureur de la danse ; toutes les semaines il y a un bail jusqu’au Carnaval.
Mort de Mme la Marquise de Broc
496Mme la Marquise de Broc est morte dans sa famille et patrie en Allemagne395. Elle laisse une belle terre, appellée Milon proche Bernay396. Mr le comte de Broc herite du doëre397 qui étoit fixé à quatre mille livres en argent, tout diminué. Elle n’a vescu que 21 mois après son mary398.
Mariage de Mlle de Blanchardon avec Mr Leconte
497Le 4 février 1777 Mlle de Blanchardon a épousé Mr Leconte, garçon, âgé d’environ 41 ans. Mr son père étoit garde Marteau de la Maitrise des Eaux et forests du Mans ; il demeure au Mans, paroisse de St Nicolas ; il a une charge de fourier399 chés le Roy. Il demeure avec deux de ses sœurs ; il a un frère qui est Curé de Sillé le Philippe proche Savigné. Mlle de Blanchardon, qui n’est pas jolie, a 35 ans ; Mr son père, qui étoit Maistre particulier des Eau et forests du Mans, donne en mariage 1 000 livres de rente ; il a beaucoup d’enfans. L’ainé veuf et qui a la charge de Mr son père ; une demoiselle âgée de plus de 45 ans ; plus un autre fils, veuf aussi ; plus un oratorien et 2 Chanoines Réguliers. Il y a beaucoup de bien dans cette maison. Nous sommes parents par Mme de Blanchardon qui est une Roger.
Mariage de Mr le Boindre avec Mlle…
498Le 11 février, Mr le Boindre l’ainé, âgé de 50 ans, épouse une demoiselle…, qui demeure à Beaugé, dont le père étoit receveur des Tailles de la ditte petite ville. La demoiselle a… ans, elle n’est pas jolie ; elle aura en mariage…. C’est Mr Thevenin de Verneuil qui a fait ce mariage. C’est Mr le chevallier de Rouillon qui a eu la procuration de Mme Le Boindre la mère ; elle donne à Mr son fils 2 400 # de rente en mariage. Mr le Boindre a deux frères dont un demeure avec Mme sa mère ; le dernier, qui est veuf, demeure au Mans, paroisse de la Coulture : on le connoit sous le nom de Mr de Moire.
499[note] Le mariage a manqué pour cause d’intérest400.
Mariage de Mr Richer
500Le 11 février 1777, Mr Riché l’ainé, lieutenant dans le Régiment de…, épouse Mlle de Torsay de la ville de la Ferté-Bernard. Elle est jeune et jolie, mais peu de fortune ; Mr de Torsay, son père, est chevallier de St Louis, gentilhomme, avec plusieurs enfans. Mr Richer a une terre proche la Ferté-Bernard401.
Bail des Dames de la Ville du Mans
501Le Dimanche gras, 9 février 1777, les dames de la ville du Mans, au nombre de 27, ont donné une feste dans la salle de spectacle. On a commencé à danser à 6 heures du soir jusqu’au lendemain huit heures du matin. Noms des Dames, par ordre alphabétique, pour éviter la distinction des rangs : mesdames de Beauvais, de Bellefille, de la Boussinière, de Champflé, de Châteaufort, Chesneau, de Clairsigny, de Courbières (actuellement à Tours), de Cautelière, Cureau, Deslandes, du Vauguion, de Fontaine, de Fontenay, de Fondville, de Létang, de Lorchère, de Mainneville, de Montesson, de la Moustière, du Rancher, de St Remy, de Savonnières, de Soarès, de Souvré, de Verneuil, de Vilpaille402. Il y a eu un grand ambigu403 servy dans la même salle ; il y avoit au moins 200 personnes. Malgré la quantité de monde, il y a eu peu de confusion, ce qui est impossible pour tant de monde et un terrain aussi petit404. C’est Mme de Fondville qui étoit à la teste pour en faire les honneurs ; il y étoit venu plusieurs Dames des environs pour voir la feste405. Il en a cousté à chaque Dame….
Mort de Mme la marquise de Turin
502Le 9 février 1777, Mme la Marquise de Turin est morte âgée de 63 ans, d’un abcès dans la poitrine. Dans son nom de fille, elle s’appelloit Mlle de Fontenay, sœur de Mr de Fontenay, et du Capitaine de Vaisseau avec qui elle demeuroit à Daubert406. Elle avoit épousé Mr le marquis de Turin, le 15 décembre 1772407 ; il avoit dans ce temps-là au moins 77 ans ; il n’y a point eu d’enfans. Cette Dame a été bien regrettée ; elle avoit beaucoup d’esprit.
Prédicateur du Caresme
503C’est un Capucin qui presche le Caresme ; il sera bien suivi, car il est bon et très bon. Il a presché à Paris, à la Cathédrale.
Mort de Mr Hubert, semy-prébendé
504Le 20 février 1777, Mr Hubert, prestre, semy-prébendé à St Julien, est mort âgé de 61 ans408. Il est mort d’une colique néfrétique, jointe à une hernie. C’étoit un bon prestre très exact. Il avoit pris possession, le 16 may 1766, de la semyprébende que luy avoit résignée Mr Le Gendre, à 200 # de pension. Il a été enterré dans le caveau, comme les autres.
Prise de possession de la semy-prébende par Mr Hervé
505Le 26 février 1777, Mr Hervé qui avoit été reçu Diacre d’office, le 3 novembre 1775, a été reçu chanoine semy-prébendé au lieu et place de Mr Hubert, mort le 20 du courant. C’est un garçon très pieux et très exact à l’office ; le chapitre aura bien lieu d’estre content du choix qu’il aura fait de Mr Hervé. Il s’appelle Denis-René Hervé ; son père étoit boucher au Mans ; il a des frères qui sont dans le mesme mestier. Il est né à Gourdaine ou St Benoist, le 26 septembre 1729.
Chapelle du Pillier ou Montpertuis, donnée à Mr Gilouppe, diacre à St Julien
506Le 26 février 1777, le chapitre a donné à Mr Gilouppe, diacre d’office à St Julien, la chapelle du Pillier de Montpertuis, desservie dans l’Eglise, vacante par la mort de Mr Hubert, semy prébendé. Elle est bonne, elle consiste dans un bordage affermé 300 #, plus dans une ferme affermée 200 #. Il augmentera les deux objets ; il a mieux aimé la chapelle que la semy prébende.
Chapelle donnée à Mr Pilon de St Chereau
507Le 26 février 1777, le chapitre a donné les provisions d’une chapelle présentée par Mr de Chassilly à Mr Pillon de St Chereau, clerc tonsuré, de la paroisse de Malicorne, de ce Diocèse. Mr Jannard fils a épousé la sœur de Mr Pillon ; il étudie à La Flèche409.
Mort de Mr de Mainneville à Vendosme
508Le 26 février 1777, Mr de Mainville est mort à Vendosme, chés luy ; il demeuroit au Mans, dans la rue des Ursulles410. Il étoit très riche pour un garçon, il jouissoit de vingt mille livres de rente. Il avoit un très beau et bon mobilier. Il a fait Mme de Paris, sa parente, qui demeuroit à Vendosme, sa légataire universelle ; il n’avoit que des parents très éloignés qui demeurent en Hollande. Il avoit été protestant ; il avoit beaucoup d’esprit. Il est mort d’une hidropuysie411 de poitrine âgé de 63 ans.
Mr Tuffier, diacre d’office et Mr Le Maistre diacre suppléant
509Le 3 mars 1777, Mr Tuffier, diacre, étant encore au Séminaire, a été nommé diacre d’office au lieu et place de Mr Hervé qui est semy prébendé. Cette place a été donnée au Concours ; il ne s’est présenté que luy et Mr Le Maistre ; mais il chante beaucoup mieux ; joint à cela, il est un grand garçon, bien fait et grand. On les a fait chanter dans le chapitre, d’abord un Evangille, ensuitte un repond ; après cela, on a été au scrutin. Mr Tuffier a eu toutes les voix et le même jour, Mr Le Maistre a été nommé Diacre suppléans. Mr Tuffier est de la paroisse du Pré ; il va estre prestre à Pasques, et Mr Lemaistre est prestre, Vicaire à Ruaudin, depuis 3 ans412.
Demission du Canonicat de Mr Maulny, curé de la Coulture
510Le 23 mars 1777, Mr Maulny, Curé de la Coulture, qui avoit pris possession du canonicat que luy avoit résigné Mr Haudebourg, son parent, a fait sa démission entre les mains de Mr l’Evesque et au chapitre a fait ses remerciments au chapitre par un discours qui a été admiré par le chapitre413. Mr le Doyen luy a témoigné aussi, par un discours bien répondu, que c’étoit avec peine qu’on le voyoit rayé du rolle414 des Chanoines, mais qu’il ne le seroit jamais dans le cœur de la Compaignie.
Prise de possession du Canonicat de Mr de Vilballet
511Le 24 mars 1777, Mr de Vilballet a pris possession du Canonicat vacant par la démission que Mr Maulny, Curé de la Coulture, en avoit faite entre les mains de Mr l’Evesque. Il s’appelle Julien-François Guillary de Vilballet, né à Cancales, Diocèse de St-Malo, le 4 aoust 1743 ; il est Docteur en Sorbonne et en droit. Dans son extrait de baptême, il n’y a aucune qualité415 mais on assure que Mr son père étoit Capitaine de la Compaignie des Indes, ordinairement bien composée. Mr de Vilbalet a résigné à Mr Maulny, 2 petits bénéfices qui sont proches de Nantes, qui pourront bien valoir 500 #416.
Arrivée de Mr l’Evesque du Mans
512Mr l’Evesque du Mans est arrivé de Paris à Ivré, le dimanche 23 mars 1777.
Stes huilles
513Mr l’Evesque a fait les Saintes Huilles le jeudy Saint 27 mars 1777 ; J’ay fait diacre et Mr Fay sous-diacre.
Jour de Pasques
514Mr l’Evesque a officié le jour de Pasques, le 30 mars 1777, Mr l’abbé de Cabrières et Mr Follope diacre et sous-diacre.
Mariage de Mlle Garnier avec Mr Duplessis
515Le 2 avril 1777, Mlle Garnier a épousé Mr Duplessis, Maistre de forges ; cette demoiselle est du second lit de Mr Garnier qui demeure paroisse St Nicolas, rue de la Juiverie ; Mr Garnier est mort depuis un an. Elle est jeune et jolie et aura du bien ; le père et la mère faisoient le commerce d’étamines que la veuve continue. Mlle Garnier est âgée de 16 ans et Mr du Plessis en a 36 ; on donne 50 ou 60 mille livres à Mlle Garnier. Mr du Plessis a une forge nommée la Gaudinière, proche Allençon, bien meublée, où il doit gagner beaucoup pendant son bail417.
Procès de Mr l’Evesque du Mans avec Mr de Landemont
516Le 6 avril 1777, Mr l’Evesque du Mans est party pour Paris pour voir la décision du procès qu’il a avec Mr Pantin de Landemont, propriétaire de la terre de Veaux, paroisse d’Yvré et cela pour des fossés rabattus dans les bois de Montfort, appartenant à Mr l’Evesque qui les a fait entourer de fossés, et comme Mr l’Evesque a fait percer le bois de belles allées, il ne veut pas que l’on y passe avec charrettes et chevaux. Mr de Landemont prétend y avoir des droits de passage ; il y a eu beaucoup de mauvais propos tenus contre Mr l’Evesque, joint à cela des menaces contre son garde, et ses ouvriers. Il y a eu des plaintes criminelles de rendues au Mans, rappel à Blois, et enfin à Paris où le procès doit estre jugé à la Tournelle pour le criminel et non pour le fond de l’affaire. On saura la décision le mercredy ou Sammedy qu’il sera jugé à Paris.
Nouveau may donné à Mr Maulny Curé de la Coulture parce qu’il reste Curé de la ditte paroisse
517Le 7 avril 1777, les habitans de la paroisse de la Coulture ont planté un may418 à la porte de Mr le Curé en témoignage de reconnoissance de ce qu’il reste leur Curé. Il y avoit beaucoup d’habitans sous les armes ; ils avoient choisi Mr le Marquis de Flers419 demeurant dans la ditte paroisse pour estre à leur teste ; il a fait un compliment à Mr le Curé ainsi que Mr l’abbé Le Bleu, vicaire de la paroisse, à la teste du Clergé. Après avoir fait le tour de la paroisse ils ont rentré dans l’Eglise où ils ont chanté un Te Deum, et le soir, à 8 heures, ils ont tiré un feu d’artifice dans la cour de mondit sieur le Curé. Ils n’ont voulu prendre ny argent ny aucun rafraischissement.
Mariage de Mr Poisson avec Mlle Deslandes
518Le 9 avril 1777 Mr Poisson du Breil, Conseiller au Présidial, a épousé Mlle Deslandes l’ainée420.
Mort de Mr l’abbé Champion
519Le 16 avril 1777, Mr l’abbé Champion est mort, âgé d’environ 64 ans ; il étoit chanoine de St Pierre, autrement du Gué de Mauny, réuny à St Pierre421, et Conseiller au Présidial. Par son esprit de chicane, il avoit le talent de se faire haïr de son chapitre et du public. Il laisse une très bonne succession car on assure qu’il jouissoit d’environ douse mille livres de rente, parce qu’on l’avoit laissé jouir de la succession de Mr son frere qui avoit trois enfans, dont un Médecin au Mans, une demoiselle mariée à Mr de Tilly, garde du Roy et un qui est Maistre de forge.
Visite faite à Pruillé par Mr le Doyen de la Cathédralle
520Le 20 avril 1777, Mr l’abbé de la Briffe, Doyen de la Cathédralle, a fait la visite de l’Eglise de Pruillé, comme Archidiacre ; et c’est la première qu’il ait faite. Mr Guiet, curé de Pruillé, l’avoit demandé, parce que plusieurs propriétaires, par pique contre Mr le dit Curé, avoient présenté une requeste à Mr l’Intendant, et vouloit que l’on rende les comptes de fabrique et du vicariat, dont jouist…422.
Cérémonie du tableau de Monsieur, frère du Roy
521Le mercredy 14 may 1777, on a commencé la cérémonie de l’inauguration du tableau de Monsieur, frère du Roy423. Quand Mrs du Présidial ont envoyé des Députés à Paris pour la désunion des places de Procureurs et d’Avocats (Mrs les Députés étoient Mr Blin de Béru, procureur du Roy et Mr Menard de la Groye), ils ont demandé à Monsieur, frère du Roy, son tableau, ce qui leur a été accordé. Le tableau est arrivé à la fin d’Avril, et il a été déballé en présence de tout le Présidial en robbe. (Il leur en couste 27 # de port.) Le mercredy 14 May, tous Mrs du Présidial en robbe rouge, se sont rendus à la salle d’audience où étoit le tableau de Monsieur, sous un dais. Mr de Létang, Avocat du Roy, a prononcé un discours en l’honneur de Monsieur ; après la harangue, il y a eu une cause plaidée par Mr de Launay, avocat, et Mr Moinerie. Après les plaidoyers des deux Avocats, Mr de la Rozelle a aussi prononcé un discours. Après l’audience, tout le monde s’est retiré. Après diner, on a transporté le tableau de Monsieur, dans la salle du Conseil ; il étoit placé sur la cheminée avec un dais au-dessus. Tous Mrs les Conseillers en robbe rouge ont monté à la chambre du Conseil à 2 heures pour y recevoir les Députés de toutes les Compaignies qui ont harangué Monsieur, ou son tableau ; Mr de la Rozelle a répondu et remercié tous les Députés. Nota que Mrs du Présidial avoient écrit à Mr l’Evesque du Mans pour le prier de vouloir bien dire une grande Messe, mais comme il est à Paris pour un procès avec Mr de Landemont, il les a remerciés. Mais Mrs les chanoines de St Pierre, comme se disant Sainte Chapelle, ont fait demander au Conseil de Monsieur, que la cérémonie, savoir : grande Messe et Te Deum feu dite et feu chantée dans leur Eglise. Mrs du Présidial n’ont pas été les maistres de demander une autre Eglise. Le jeudy matin, à dix heures, on a commencé la grande Messe du St Esprit pour la conservation de Monsieur. C’est Mr le Doyen de St Pierre qui a dit la grande messe après laquelle on a chanté un Te Deum. Tous les Députés de toutes les Compaignies et corps y étoient, et après la messe, Mrs du Présidial ont donné un grand diner. On a fait fermer les boutiques jusqu’à Midy le jeudy matin, et le soir illumination par toutte la ville ; Mrs du Présidial se sont distingués par l’illumination et le reste chacun en particulier. Mrs du Présidial avoient écrit à Mrs du Chapitre pour les prier de s’assembler au chapitre ; Mrs de Foisy et Mr de la Crochardière ont dessendu au chapitre et ont prié de vouloir bien nommer deux Députés pour se trouver aux harangues et au diner que ces Mrs donnoient. On a nommé Mr l’abbé Blin, archidiacre de Montfort et Mr l’abbé Leconte, procureur du chapitre, pour se trouver comme Députés, non à St Pierre. Deux jours auparavant, le chapitre avoit résolu de se trouver à aucune des trois cérémonies, parce qu’ils disoient pour raison qu’ils ne devoient pas se trouver à aucune cérémonie ecclésiastique, à moins qu’ils ne président. Cependant Mrs du Présidial ont fait des démarches vis-à-vis le chapitre, qui ont fait que l’on n’a pas pu refuser, et il étoit convenu qu’on iroit aux harangues du mercredy matin et soir, et le jeudy diner ; mais il est arrivé un incident qui a dérangé le diner. Mrs du Présidial avoient promis que Mrs les Députés harangueroient les premiers le portrait de Monsieur ; malgré cela, aussitôt après l’audience, Mrs les chanoines de St Pierre se sont trouvés tous en corps en soutane violette et surplis, avec Mr le Doyen à leur teste, qui ont demander à entrer pour haranguer. Plusieurs ont fait des difficultés ; cependant ils ont entré et sorty triomphants d’avoir harangué les premiers. Mrs les Députés du Chapitre n’ont pas été contents ; ils ont cependant harangué à deux heures, comme il étoit convenu, mais le Jeudy matin, le chapitre s’est assemblé extraordinairement et ont deffendu à Mrs les Députés de se trouver au diner. Mr l’abbé Blin y est allé, non comme député, mais comme parent (oncle) de Mr le Procureur du Roy ; Mr Leconte a écrit à Mr de Foisy, pour luy témoigner les raisons du mécontentement du Chapitre. Le diner, de 56 couverts, s’est très bien passé.
Gain du procès de Mr l’Evesque avec Mr de Landemont
522Le 16 may 1777 Mr l’Evesque du Mans est revenu de Paris, après avoir gangné son procès avec Mr de Landemont, avec dépens, et injonction de respecter Mr l’Evesque comme Evesque et comme seigneur de la paroisse et de faire relever les fossés du bois qu’il avoit fait abattre.
Couche de Mme de la Girouardière
523Le 13 may 1777, Mme la Comtesse de la Girouardière est accouchée d’un garçon à sa terre de la Freslonnière, paroisse de Souligné424. C’est pour la cinquième couche, toujours des garçons, dont quatre vivent.
Nouvel ordre du Roy signifié à Mr Posset
524Le 24 may 1777 on a reçu la nouvelle au Mans que Mr Posset avoit eu ordre de se rendre au plutost à son lieu d’exil qui est à Brette à trois lieues du Mans, avec défense de ne présenter aucun Mémoire qui ait rapport à son affaire. Le même jour, Mrs de l’Hotel-de-Ville ont reçu aussi un ordre de ne point délivrer aucune délibaration faite sur les Registres de l’Hotel de Ville quand même il y auroit des Arrest du Parlement et cette deffense du Roy a été faite parce que Mr Posset, qui étoit Maire de Ville, avoit obtenu un Arrest du Parlement qui ordonnoit que l’on délivreroit à Mr Posset les délibarations et le résultat d’une Assemblée de la Ville tenu pour luy il y a environ un an au moins. Il vouloit avoir ces délibarations pour poursuivre Mr l’Evesque du Mans ; il s’étoit joint à Mr de Landemont comme il paroit dans les Mémoires de ce Monsieur.
Nouveaux Procureurs
525Dans le courant de juin 1777, Mrs les Procureurs ont été reçus au Présidial après la forme ordinaire qui est de les examiner en présence de tous les Conseillers qui ont droit de les examiner, chacun en particulier. Il doit y en avoir vingt ; ils ne sont pas encore tous rendus.
Départ de Mr l’Evesque pour Paris, pour le procès qu’il a avec Mr de Posset
526Mr l’Evesque du Mans est party du Mans pour Paris avec Mr Fay, Receveur des Décimes, le dimanche 29 juin 1777, pour l’affaire ou procès qu’il a avec Mr Négrier de Posset, lequel, par Arrest du Parlement, a fait saisir les papiers de Mr l’Evesque qui étoient au Greffe de la Tournelle, pour le procès de Mr de Landemont ; malgré Mr l’Evesque, le Sieur de Posset a eu la copie de la délibération de l’Hotel-de-Ville en datte du 7 juillet 1774, où il avoit si bien été habillé ; on ne sait pas encore où ira cette affaire. Mr de Posset est à sa terre, exilé, mais Mr Négrier son frère, les amis de Mr de Langdemont et une infinité de personnes qui sont contre Mr l’Evesque sollicitent pour Mr de Posset. Mr l’Evesque est revenu de Paris le lundy 21 juillet 1777, sans avoir rien finy, mais promesse des Ministres que cette affaire seroit évoquée au Conseil.
Mr Cureau, reçu Lieutenant de Ville
527Le Sammedy 5 juillet 1777. Mr Cureau, Négotiant au Mans, et Secretaire du Roy, a achetté la place de Lieutenant à l’Hôtel de Ville et y a été reçu le 5 juillet 1777. Mr Martigné, qui étoit Président, comme premier Echevin, n’a plus la première place toujours quand le Maire n’y est pas ; mais il est probable et même défendu à Mr de Posset de paroistre à l’Hôtel-de-Ville425. Mr Cureau a achetté cette place dix mille livres.
Mort de Mr de Blanchardon père
528Le 11 juillet 1777, Mr de Blanchardon père, âgé de 80 ans, est mort d’une paralisie, il avoit donné sa charge de Maistre particulier des Eaux et forests à Mr son fils ainé qui l’occupe aujourd’huy. Mme de Blanchardon, par laquelle nous sommes parents, s’appelle Rogé426. Il laisse cinq garçons, dont l’ainé a la charge cy-dessus ; le second est à Loué avec la recepte du Greniel à Sel. Le troisième est Oratorien, il n’a jamais voulu estre prestre. Il y en a un qui avoit épousé une américaine427 dont il a eu un garçon qui demeuroit au Mans ; et le père est retourné à son habitation428 ; il y en a un Génovéfin429. Il y a deux demoiselles dont l’ainée demeure avec Mr son frère ainé, veuf avec 4 filles ; la seconde a épousé, cet hiver dernier, Mr Lecomte, dont le père, qui étoit Garde Marteau, luy a achetté une charge chés le Roy.
Mariage de Mr de la Porte Thèbaudière
529Le 22 juillet 1777, Mr de la Porte appellé Thèbaudière, Procureur du Roy à l’Election, a épousé une Demoiselle Le Febvre, dont le père est bon et riche fermier qui demeure à Crannes. Elle est âgée d’environ 20 ans et est jolie ; elle est cousine Germaine de Mme de la Boussinière. Mr de la Porte peut avoir environ 37 ans.
Enfans de cœur
530Dans le courant de juillet 1777, Viloteau, grand enfans de cœur, est sorty de la psallette où il a été six ans environ430 ; on a reçu en sa place, le neveu de Mr Le Mercier, Maistre de Musique, qui en a déjà un depuis deux ans431. Le dit Viloteau avoit été enfans de cœur à St Pierre ; quand ces Mr réformèrent leur Musique, comme l’enfans avoit une belle voix, on l’a reçu enfans de cœur. Il va continuer d’apprendre le latin ; il est tonsuré432. Il a un frère qui est encor à la psallette pour troisième enfans de cœur ; il n’a point de voix433.
Nouveau serpent et basse-taille
531Dans le courant de May, on a reçu Letertre pour serpent ; c’est un bon sujet434. On a reçu aussi le nommé Tardeau, pour basse-taille.
Procession du jour de la Translation des reliques de St Julien
532Le 25 juillet 1777, Mrs du Présidial, ne voulant pas se trouver à la procession généralle, parce que Mr Cureau, qui a achetté la charge de Lieutenant de Maire de Ville, demande le défilé en sortant du cœur de la Cathédralle. Il ne s’est trouvé ce jour-là que Mr Négrier de la Crochardière qui ignoroit que ces Mrs du Présidial ne voulussent pas aller à la procession. Ce jour-là, ce sont Mrs de l’Hotel de Ville qui portent le dais.
Démission de mon Prieuré de Cheffois
533Le 26 juillet 1777, j’ay fait ma démission de mon Prieuré de St Pierre de Cheffois, ordre de St Augustin, à Cheffois, Diocèse de Luçon435. J’ay fait ma démission et donné ma procuration en blanc à Mr l’Evesque de Luçon qui désire le réunir à son Séminaire de Luçon. J’ay fait la démission aux conditions suivantes : 1° je me réserve 3 000 # de pension viagère, exempte de touttes impositions et rendue au Mans, franche de port ; et pendant que les baux subsistoient, je me réjouiroy que de la somme du bail qui est de 1 152 # et 10 sols, et le bail ne finira qu’en 1782 ; après cela, je jouiroy de 3 000 #. En cas de mort, le Séminaire fera à Mr l’abbé d’Hautteville, la pension de 800 #, qu’il s’est réservée par sa résignation du 4 Aoust 1776 ; que je seroy déchargé de touttes réparations moy et les miens sans même avoir aucun recours sur mes prédécesseurs. On peut voir, plus au long, la procuration en entier, qui est avec les lettres de l’année 1777436.
Mort de Mr l’abbé de Rezeux, Curé de Grazé
534A la fin du mois de juillet 1777, Mr l’abbé de Rezeux, âgé d’environ 50 ans, est mort d’une maladie longue de poitrine, dans sa cure de Grazé, dans le bas-Maine, d’où il étoit. C’étoit un homme respectable, de condition, aimé et adoré dans sa paroisse. C’est le Chapitre du Mans qui présente cette Cure et elle est tombée dans la semaine de Mr Marin Huet, chanoine et ancien Procureur du Chapitre qui l’a présentée à la réquisition de Mr l’Evesque du Mans à Mr Lambert qui a été après la destruction des Jésuites, professeur et autres places au Collège de la Flèche qui, dans ce temps-là, étoit gouverné par des prestres séculiers dont les places étoient données au Concours437. Mr Lambert en eust une dans ce temps-là ; il est du diocèse du Mans, à deux lieues de Grazé. Il a eu une pension de 800 # par récompense, en sortant de la Flèche.
Prières pour le beau temps
535Le 30 juillet 1777, le public et surtout les habitans de la campaigne ont demandé la descente et l’exposition de la châsse de Ste Scolastique. Mrs de l’Hotel-de-Ville, savoir : Mr Cureau, nommé Président, est allé chés Mr l’Evesque, le Mercredy 30, pour demander des prières pour le beau temps. Comme Mr l’Evesque vouloit, par la même ordonnance, mettre les prières et l’exposition de la châsse ; le chapitre de St Pierre prétendant estre les Maistres dexposer la chasse sans permission de l’ordinaire, comme Ste Chapelle, malgré cela, Mr l’Evesque a fait une Ordonnance conçue à peu près en ces termes : « Nous permettons que Mrs les chanoines de la Collégialle Royalle de St Pierre-la-Cour exposent à la vénération du public, la chasse de Ste Scolastique pendant 8 jours, et [que] pendant tout le mois d’Aoust prochain, tous les Dimanches et festes, tant en ville qu’en campaigne, on chante à l’issue des Vespres, le psaume Miserere, Domine, non secundum, les Versets et Oraisons pour le temps et qu’on donne aussi la bénédiction du St Sacrement avec la Custode, plus la collecte pour le beau temps, jusqu’à la fin dudit mois d’Aoust. » Mr Cureau et son associé ont été, après les Vespres de St Pierre, porter la ditte Ordonnance, et dès le même soir, ils ont dessendu la chasse. Il est sûr qu’il faisoit un temps détestable qui faisoit craindre pour la récolte des bleds et des foins. Dès ce même soir, il y eust un concours de monde ; et la pluye a cessé, et il a toujours fait beau pendant tout le temps. On a demandé que le temps de l’exposition de la châsse fut prolongé de huit jours, ce qui a été accordé.
Mariage de Mr de Feumusson
536Le 5 Aoust 1777, Mr Le Peletier de Feumusson lainé a épousé Mlle Lasnier de la Tour, âgée d’environ 24 ans, fille unique, Mr de Feumusson, âgé d’environ 40 ans, est thrésorier de France du bureau d’Allençon ; il est riche. Il a à luy la terre de Feumusson, à deux lieues du Mans, et la maison où demeure Mme sa mère, rue St Vincent. Il a deux frères dont un étoit Oratorien, qui vient d’achetter une charge de héraut d’armes qui luy donne droit de porter une croix comme celle de St Lazare, avec un ruban violet bordé en or. Le second est Elu au Mans, et a épousé une demoiselle des Roches, dont il a plusieurs enfans. Mrs de Feumusson sont neveux de Mme Nepveu, ma tante, dont ils sont héritiers après la mort de Mr Nepveu, mon cousin438. Aussi, est-il allé aux noces, à Beaugé439, d’où est la demoiselle. C’est Mr Le Peletier de Feumusson, son frère, prieur de Domfront, à quatre lieues du Mans, qui fera la cérémonie ; il y a encor un autre Génovéfin440, leur frère, qui est Prieur dans une petite Maison en Normandie. Ils étoient cinq garçons.
Nouveaux Curés du Pré
537Dans le courant de Juillet, Mr de Clojenson, curé du Pré, a été nommé curé de Montsort proche Allençon. Il a résigné sa cure à Mr Moins qui étoit Vicaire dans la même paroisse, et né au Pré ou à St Germain. Le 3 Aoust 1777, Mr Borée, aussi Curé du Pré, qui est paralitique, a aussi résigné sa Cure à Mr Bureau441, qui étoit son desservant, ne pouvant faire ses fonctions. Il luy a en outre résigné une chapelle d’environ 800 #, laquelle donne droit de porter l’aumusse à la Cathédrale d’Angers, où elle est desservie. Les Cures du Pré peuvent valoir 1 200 # ; ce sont deux jeunes de la paroisse ou de Saint Germain.
Visites de Mr le Doyen, dans la Ville
538Le 7 Aoust 1777, Mr le Doyen, ayant fait une partie de ses visites dans les quarante Cures442 et la Quinte443, a voulu commencer celles de Ville. Mrs les Curés, luy ayant refusé l’entrée de leur Eglise, prétendant qu’il y avoit prescription, car depuis plus de 40 ans, il n’y en a eu ; Mrs les Curés doivent consulter Mr Piasle à Paris, qui est le plus fameux consultant dans le Droit Canon. Mr le Doyen a fait la visite dans l’Eglise de St Gilles, dont il est seigneur ; et il n’y avoit pas si longtemps que Mrs les Doyens avoient visité l’Eglise de St Gilles. Mr le Curé de St Vincent a reçu Mr le Doyen, le 26 du Courant, avec les honneurs ordinaires et dus à Mr le Doyen, comme Archidiacre.
Contestation entre Mrs du Présidial et de l’hôtel de Ville
539Le 15 aoust 1777, Mrs du Présidial et Mrs de l’Hotel de Ville ont eu une contestation pour la procession et cela pour le défilé. Mr Cureau, comme Lieutenant de Maire de Ville a voulu passer après Mr Darcy, Lieutenant Général de Police qui conduisoit la Compaignie ; Mr de Belin, Lieutenant Criminel, qui tenoit Mr Darcy par le bras, n’a pas voulu que Mr Cureau passe. Mr Cureau l’a dit-on, poussé vivement ; il a cependant passé après luy. On a dressé procès-verbal, et Mrs du Présidial ont écrit à Mr le Chancelier pour décider le pas444 et la question. Mr l’Evesque, ce jour-là, a assisté à la Messe, Vespres et la procession.
Couche de Mme Le Febvre
540Le 17 aoust 1777, Mme le Febvre, femme de Mr Le Febvre, Conseiller au Présidial, est accouchée d’une fille dont elle est bien aise, n’en ayant point.
Mariage de Mr le Boindre
541Le 26 aoust 1777, Mr Le Boindre l’ainé, a épousé Mlle Launay, fille d’un riche Négotiant de Laval, qui fait encore le commerce à Laval. Il y a dans la maison, quatre ou cinq demoiselles et un garçon ; leur fortune est toute nouvelle, et on dit que, pour la famille, elle est peu de choses. Mr Le Boindre a le titre d’officier dans un Régiment où il a été Cornette445 ; il a été réformé. Il avoit obtenu, par le canal de Mr Le Royer ou toute autre protection, une pension de 300 #. Il a 50 ans, un excellent caractère et rendra une femme très heureuse ; il a en mariage 2 500 # de rente et de sa femme, il a eu 2 000 #, plus dix mille livres à conte, dont pendant dix ans, il ne payera point d’intérest, plus, 4 000 # pour le trousseau. Mr Le Boindre a deux frères dont un s’appelle Mr de Marrilly, âgé d’environ 46 ans ; et le dernier, qui avoit [nom] Mr de Moire, qui avoit épousé, malgré ses parents, une demoiselle d’Auvours, morte, en laissant deux filles ; il est âgé de 37 ans au plus.
Mariage de Mr de la Goupillière
542Le Jeudy 28 aoust 1777, Mr de Dollon, qui actuellement prendra le nom de la Goupillière, qui est le nom de famille, a épousé Mlle Mannetot, de Falaise, âgée d’environ 22 ou 24 ans ; elle sera très riche. Le père de la demoiselle vit, Mr de la Goupillière a une terre à Dollon où il fait sa demeure446 ; il est très riche. Il a servy dans le Régiment du Roy dont il est retiré ; il a environ 37 ou 38 ans.
Perte du procès de Mlle Sévin
543Le 22 aoust 1777, on a appris au Mans que Mlle Sévin qui avoit un procès avec Mme l’abbesse de la Perrigne, qui a tant fait de bruit pendant quatre ou cinq ans447, avoit été jugé, et qu’elle avoit perdu avec dépens, amende et condamnée à 1 500 # de dommages et interests envers le garde de la Perrigne. Par la perte de son procès, c’est une personne déshonorée et qui ne doit jamais reparoistre au Mans ; il y a plusieurs personnes qui luy ont presté de l’argent pour poursuivre ce procès et qui perdront leur argent, cette Demoiselle n’ayant aucune fortune. Il y a plusieurs Mémoires qui ont été faits par les deux parties, qui sont curieux à lire448. Mlle Sévin est niepce de Mme Darcy qui l’a engagée à suivre ce procès qui avoit déjà été jugé au Mans, où elle auroit dû s’en tenir-là449.
Arrest du Conseil contre Mr de Posset
544Le 4 septembre 1777, Mr Fay, Receveur des Décimes, qui étoit resté à Paris à la suitte du procès de Mr l’Evesque du Mans avec Mr Négrier de Posset, Maire de la Ville du Mans, et exilé à sa terre, paroisse de Brette, distance de 3 lieues du Mans, est revenu avec un Arrest du Conseil qui déffend à Mr de Posset, de récidiver, sous peine de désobéissance, et déffend au Châtelet de Paris rendre pareil arrest et d’entendre pareille plainte à peine de nullité et de cassation. Il luy est deffendu de rendre aucune plainte sur le procès au Châtelet et tout autre ; ainsi le voilà hors d’état de pouvoir se justifier, ce qui pourroit servir à le condamner450.
Retour de Mlle Courcelles au Mans
545Le 9 septembre 1777, Mlle Courcelles est arrivée de Paris, après deux ans et plus de cinq mois d’absence451.
Mariage de Mr le marquis de Flers avec Mlle de Richemont
546Le 16 septembre 1777, Mlle Le Gouet de Richemont qui, le 10 décembre prochain, aura 36 ans, a épousé Mr Ango de Flers, qui avoit été Moine à la Communauté de St Ursin dans le bas-Maine. Mr l’Evesque du Mans, quand il est venu au Mans, les premières années, a fait annuler ses vœux comme y ayant été forcé et rendu par Mr son père452. Une fois sécularisé, il est devenu amoureux fou de Mlle de Richemont qui, par son esprit, a su se l’attacher ; il luy a promis de l’épouser quand il auroit son âge453 ; il a été amoureux pendant quatre ou cinq ans. Pendant ce temps, Mme sa mère est morte à Paris ; dont il doit avoir cinq mille livres de rente. Quand son âge a été expiré, (ce qui étoit les premiers jours de Septembre), après les lettres de politesse, ils ont envoyé un Notaire pour faire les sommations au père qui a bien voulu donner son consentement dans des termes qui ne sont pas honnestes pour la demoiselle. Cependant, dans le même consentement, qui a été contrôlé au Mans, il finit par dire que, pour éviter à son fils, la honte de luy faire des sommations454, il veut bien consentir à son mariage, il assure qu’il n’a jamais eu l’intention de luy faire tort dans sa succession et en remettant le billet au Notaire, il luy dit : « Dites à mon fils qu’il garde bien ce billet qui luy vaudra, après moy, soixante mille livres de rentes. » Il est sûr que Mr le Marquis ou Comte de Flers a une terre magnifique dans la Normandie, qui porte son nom ; elle est érigée en Marquisat et vaut au moins cent mille livres de revenu. Celuy qui vient de se marier est lainé ; il a un frère et une ou deux sœurs qui ont approuvé ce mariage. Comme il n’a point d’esprit, (car il n’est pas possible d’estre plus borné que luy), il a été bien heureux de trouver une Demoiselle qui voulut bien l’épouser, et ce n’est que pour sa fortune, car Mlle de Richemont est demoiselle, mais peu riche. Mr son père vient d’obtenir depuis trois ans, des lettres de noblesse, il est gentilhomme servant chés la Reine.
Couche de Mme La Barre
547Le 23 septembre 1777, Mme la Bare est accouchée à sa terre de la Barre, paroisse de Chevillé, d’un garçon. C’est pour le troisième enfans qui vit. Il s’appelle Jean-François Le Febvre de la Barre.
Mort de Mme Poulard
548Le 23 septembre 1777, Mme Poulard, demeurante entre l’abbaye et la paroisse de la Coulture, est morte âgée d’environ 60 ans ; elle étoit malade depuis longtemps. Elle n’a point d’enfans ; Mr Poulard vit, elle a été enterrée au Grand Cimetière.
Mort de Mr Fréart
549Le 28 septembre, Mr Fréard est mort, agé d’environ 80 ans ; il étoit très gouteux, sans pouvoir marcher ; il avoit été négotiant. Il a un ou deux enfans dont l’ainé, qui étoit Marchand d’étamine avoit mal fait ses affaires et avoit fait une grosse banqueroutte ; Mr Fréard a substitué son bien à ses petits enfans455.
Mort de Mr du Rozay
550Le 6 octobre, Mr Hervé du Rozay est mort âgé d’environ 60 ans, de la poitrine ; il avoit épousé Mlle de Linière l’ainée dont il n’a point d’enfans. Il n’a rien voulu faire pour sa femme456 qui, par ce moyen, n’aura pas beaucoup. Le doère ne sera pas considérable ; il a une sœur qui s’y est toujours opposée.
Mort de Mme Gourdin
551Le 7 octobre 1777, Mme Gourdin est morte, âgée d’environ 36 ans, de la poitrine ; elle laisse un mary et deux enfans. Mr Gourdin est Greffier de la Police de la subdélégation ; il étoit autrefois Receveur de l’Hotel de Ville. En son nom de fille, elle étoit Dubois, marchand dans le Pont-neuf457 ; elle a un frère, Chanoine de St Pierre.
Prise de possession du Canonicat de Mr Leleu
552Le 13 octobre 1777, Mr René-Constant Leleu de Maupertuis, né le 6 May 1725, baptisé en la paroisse de Notre-Dame de Durtail, Diocèse d’Angers, fils de Mr Leleu, Capitaine des Chasses de Mr de la Rochefoucault et de Demoiselle Marie Le Brique, son épouse, a pris possession du Canonicat que luy avoit résigné Mr Leleu, son oncle, qui avoit pris possession de son Canonicat, le 5 Aoust 1762458. Le même jour, on luy a accordé les mêmes privilèges qu’aux Chanoines Honoraires quoiqu’il n’y eust pas assés de temps qu’il fut chanoine.
Mort de Mme Du Verger
553Le 24 octobre 1777, Mme Duverger est morte, agée d’environ 70 ans459 ; Mr Duverger, âgé de 80 ans, vit encor sans faire aucun commerce460. Il a trois enfans d’un dernier lit, dont un garçon qui est actuellement à la Cayenne461 ; une demoiselle qui est à la maison, âgée d’environ 38 ans, elle étoit autrefois très jolie. L’ainée est mariée à Mr de la Touche qui est Ingénieur en chef.
Vendanges
554Le 27 et le 29 octobre, on a vendangé. L’année a été très mauvaise partout et le vin est très cher.
Démission de Mr l’Evesque du Mans
555Le 26 octobre 1777, Mr l’Evesque du Mans, autrement Mr de Grimaldy, s’est démis de son Evesché pour passer à celuy de Noyon qui luy donne la qualité de Comte et Pair de France. C’est à peu près le même revenu, mais il n’est éloigné que de 20 lieues de Paris et a une belle maison ou château de campaigne sur la grande route462. La ville de Noyon est très petite ; les Canonicats vallent 3 000 #. Tous ceux qui connoissent Mr l’Evesque, le regrettent beaucoup ; Mr l’Evesque avoit pris possession le 13 juillet 1767. On ne sait pas encor celuy qui le remplacera au Mans.
Lettres de Grand-Vicaire données à Mr le Doyen
556Le 10 novembre 1777, Mr l’Evesque a donné des lettres de Grand Vicaire à Mr l’abbé de la Briffe, Doyen de la Cathédralle, avec une lettre des plus honnestes.
Couche de Mme des Hormeaux
557Le 5 novembre 1777, Mme des Hormeaux est accouchée d’un garçon.
Couche de Mme de la Crochardière
558Le 10 novembre 1777, Mme de la Crochardière est accouchée.
Départ de Mlle Courcelle avec Mr le Curé de la Coulture
559Mlle Courcelle et Mr le curé de la Coulture sont party pour Paris, le Vendredy 14 novembre 1777 ; Mlle Courcelle est allée pour tascher de voir finir le procès de Mr son frère avec Mr de Vilmorion, qui dure depuis plus de trois ans. Mr le Curé de la Coulture est party pour voir un oculiste ; il a les yeux malades sans que cela paroisse au dehors.
La rentrée du Palais463
560Le 18 novembre 1777, Mrs les officiers du Présidial sont rentrés ; c’est Mr l’abbé Leconte, qui a dit la Messe rouge. C’est Mr Léon, Avocat du Roy, qui a fait la harangue ; il y a eu un grand diner, où étoit Mr le baron de Coulans, Conseiller au Parlement de Paris, fils de Mr Pasquier, Conseiller et Doyen de la Grande chambre.
La souppe aux prisonniers
561Ma mère a donné la souppe aux prisonniers le Jeudy 5 novembre ; il y avoit cinquante personnes. On a eu 30 livres de bonne viande à St Georges et quatre pains de douse livres464.
Mr Lebleu, curé de Montbiseau
562Le 25 novembre 1777, Mr Le Bleu, premier Vicaire à la Coulture, a pris possession de la Cure de Montbiseau, éloignée de trois lieues du Mans, proche la forge d’Antogny465 ; elle vaut environ quatre mille livres. Cette Cure est à la nomination de Mrs du Séminaire qui la présentent comme seigneurs de fief.
Prédicateur de l’Avent
563C’est un Capucin qui presche l’Avent ; il avoit deja presché un Caresme au Mans. Il est assés bon ; il a un oeuil de moins. Il s’appelle le Père Tirebure466.
Prise de possession de l’archidiaconné de Sablé
564Le 2 décembre 1777, Mr l’abbé Folloppe, chanoine et Grand Vicaire, a pris possession de l’archidiaconné de Sablé par la démission de Mr l’abbé de Glandèves467. Il avoit pris possession de son Canonicat, le 30 May 1769, et Mr l’abbé de Glandèves avoit eu son Archidiaconné le 6 novembre 1771.
565[note] Mr l’abbé Folloppe craignant d’estre de velote468 a demandé un brévet, comme en régalle et a pris une nouvelle prise de possession le 16 May suivant.
Nomination du Roy à l’Evesché du Mans
566Le 7 décembre 1777, Mr François-Gaspard de Jouffroy de Gonssans, né le 15 Aoust 1723, a été nommé par le Roy à l’Evesché du Mans vacant par la démission de Mr de Grimaldy. Aussitost après sa nomination, il a écrit au chapitre pour luy prévenir et luy demander son amitié : voilà les propres termes. On en dit beaucoup de bien. Il étoit Evesque de Gap, suffragant469 d’Aix en Dauphiné470 ; cet Evesché ne vaut presque rien et situé dans un très mauvais pays. C’est Mr l’abbé de Mailly-Latour-Landerie qui est nommé à l’Evesché de Gap. Il a été Grand-Vicaire au Mans et après à Dol, où il est encor. C’est une des bonnes Maisons de notre Province.
Couche de Mme de Bellefille
567Le 10 décembre 1777, Mme de Bellefille est accouchée d’un garçon qui a été nommé par ma tante Nepveu et Mr Nepveu son fils, sans avoir été prévenu ; on l’a nommé Alexandre-Henry. Voilà le troisième qui vit471 ; l’ainé est actuellement au Collège de Ponlevoy, proche Tours472.
Départ de Mlle de Broc pour Paris, pour estre Dame d’Honneur
568Le 24 décembre 1777, Mlle de Broc est partie pour estre Dame d’honneur chés Mme la Princesse de Lamballe, fille ou petite-fille de Mr de Penthièvre473. Cette Dame est Intendante de la Maison de la Reine et très bien avec elle. Mlle de Broc, que l’on appellera à présent Mme la Comtesse de Broc, est très aimable ; elle a 26 ans et a 3 000 # d’appointement. Comme cette somme n’est pas suffisante pour se soutenir474 dans une pareille place, Mr le Comte de Broc, son père, qui est riche, y supplée par une pension. Mme la Marquise de St Aignan, sa sœur ainée, est Dame d’Honneur chés Mme la Princesse de Conty, femme dévotte qui ne va point à la Cour ; elle a les même appointements. Mme la Comtesse de Broc a été présentée le premier janvier 1778475.
Mr l’Evesque a officié le jour de Noel pour la dernière fois
569Mr de Grimaldy, encor Evesque du Mans, a officié le jour de Noel, pour la dernière fois ; je faisois diacre et Mr Dugast sous Diacre ; il a diné chés Mr l’abbé Paillé, chantre de la Cathédralle. Le chapitre avoit ordonné la grande députation ; c’étoit Mr l’abbé Dugast qui luy fit la harangue qui étoit très bien au point d’attendrir celuy qui prononçoit le discours en peu de lignes et Mr l’Evesque luy-même en fut attendry. Il est sûr qu’on ne peut estre trop reconnoissant des marques de bontés et d’amitiés qu’il donne à son chapitre en le quittant.
Mort de Mme Gousseau
570Le 30 décembre 1777, Mme Gousseau, mère de Mrs Gousseau, dont l’ainé a épousé Mlle Richebourg, le cadet, une demoiselle Mary la cadette, celuy-là est Elu ; et le troisième a épousé Mlle Laronse l’ainée ; il est Garde du Roy et il a eu la Croix de St Louis, cette année. Cette Dame Gousseau est morte, âgée de 84 ans ; elle étoit de la paroisse du Grand St Pierre.
Notes de bas de page
1 Dès la séance du Bureau d’Agriculture du 9 janvier 1770, son secrétaire perpétuel, Véron du Verger, a fait venir des échantillons de ces pains depuis le Bas-Maine. De pur gland ou mélangés avec de l’orge ou de l’avoine, ils provoquent l’indignation des membres : « l’humanité ne peut se refuser destre très touchée de l’examen de ces mauvaises nourritures qui ne peuvent manquer de causer un autre fléau à la province par des maladies contagieuses »… Nepveu tient sans doute le morceau de pain et ces informations de deux chanoines, les abbés Le Peletier et Belin, membres du Bureau d’Agriculture. Le riz dont parle le diariste avait été réclamé et obtenu par l’Intendant du Cluzel auprès du Conseil du roi à la suite de mémoires envoyés auparavant par Véron du Verger et relayés à Paris « par une personne très attachée à la province » probablement son fils, l’économiste Véron de Forbonnais, ou l’évêque en personne (Arch. Sciences et Arts : reg. 3, séance 299, 9 janvier 1770, p. 286-288).
2 Sur proposition de Véron au Bureau d’Agriculture, on chercha à sous-traiter ce marché au moins disant, un négociant de Nantes, le sieur Le Roux. Puis celui-ci déclara ne pouvoir amener les blés que jusqu’à Angers. Alors chargé de régler le problème, René Prudhomme de La Boussinière acheta à Nantes une provision de seigle, en fit charger quatre grandes gabares et utilisa une hausse extraordinaire de la rivière Sarthe pour amener sa cargaison jusqu’à Bouches-d’Huisne alors que la navigation ne dépassait jamais Malicorne (Arch. Sciences et Arts : reg. 3, séance 301, 16 janvier 1770, p. 298).
3 Saint-Hilaire : paroisse mancelle située sur la rive gauche de la Sarthe, entre rempart et rivière (voir au 12 mai 1765).
4 L’idée d’un Bureau de Charité venait d’être expérimentée à Saint-Denis-sur-Sarthon, petit village à la limite du Maine et de la Normandie, au sein duquel le curé Colombet était très actif et entretenait une correspondance soutenue avec le Bureau d’Agriculture du Mans, bien qu’il dépende officiellement du Bureau d’Alençon (Nicolas Rago, « La Société Royale d’Agriculture d’Alençon » [1762-1790], Élites et progrès agricoles XVIe-XIXe siècle, N. Vivier [dir.], PUR, 2009, 346 pages, p. 163-186).
5 Les sempiternelles querelles entre les corps constitués de la ville ont donc fait échouer un important projet. Il faudra attendre 1785 pour voir un établissement de charité véritablement s’organiser au Mans. Seul le Bureau d’Agriculture tente de donner une réponse altruiste et sur le long terme à la question de la misère. Il n’est pas étonnant que cette année 1770 voit apparaître un nouveau sujet d’étude dans les registres de cette société d’hommes éclairés : la pomme de terre. Le 20 février 1770, deux membres apportent un curieux pain à la séance du mardi après-midi « un 2d essay de pomme de terre et de farine de bled en égale quantité » (Arch. Sciences et Arts, reg. 3, séance 305, 20 février 1770, p. 320). La grande aventure de « cette cendrillon devenue fée » (M. Morineau) commence dans le Maine (Marc de Ferrière Le Vayer et Jean-Pierre Williot [dir.], La pomme de terre de la Renaissance au XXIe siècle, PUR, 2011, 418 pages).
6 Voir au 13 mars 1769 : le diariste avait déjà noté ces informations, presque dans les mêmes termes.
7 Le marié, Henry-Daniel Nepveu du Buisson, est un cousin germain de René-Pierre Nepveu. Tous deux sont petits-fils de Daniel Nepveu (1646-1712), et de Marie-Renée de Courcelles (voir arbre généalogique n° 1 et au 8 juin 1780).
8 Rhodés : Rodez.
9 Prier par billets : la formule trahit le caractère mondain de la cérémonie. On l’emploie ordinairement pour d’autres types d’invitation (« bal prié », « bal par billet »… voir par exemple à ce sujet Naïk Raviart, « Le bal français, du début du règne de Louis XIV à l’aube de la Révolution », Histoires de bal, vivre, représenter, recréer le bal, Paris, Cité de la Musique, 1998, 246 pages, p. 21).
10 Ténèbres : voir glossaire.
11 Comprendre : le décès du curé Pecquet est survenu durant la semaine où le chanoine Sellier officiait (voir au 29 avril 1760).
12 Coulans[-sur-Gée] est un bourg situé à 16 km à l’ouest du Mans. Sa cure était l’une des 40 cures du diocèse à la présentation du chapitre de la cathédrale. Le chanoine Nepveu semble la surestimer, puisque son confrère Le Paige l’évalue à 1 600 #.
13 Pain michard : gros pain de seconde qualité, pesant de 3 à 6 kilos.
14 La mention de l’âge au mariage de la défunte semble troubler le diariste ; il connaissait probablement bien cette femme originaire de Chemiré, près du château de Bellefille, résidence de son frère.
15 Le souvenir de M. Houdebine persiste aussi dans la mémoire de F.-Y. Besnard quelque soixante-dix ans après leur rencontre, alors qu’il était jeune séminariste (Souvenirs d’un nonagénaire, op. cit., p. 103).
16 Le prieuré de Saint-Ursin, près de Lignières-la-Doucelle, est situé tout près de la ligne séparant le diocèse du Mans de celui de Sées. Lignières-la-Doucelle a fusionné avec Orgères pour former la commune de Lignières-Orgères, située dans l’actuel département de la Mayenne.
17 Comprendre : ce point-là est avéré.
18 Le Comte de Flér (Flers) est Ange-Hyacinthe de La Motte-Ango. Son fils Pierre-François, moine, est le seul survivant de ses enfants en 1747. Sur cette famille, voir Étienne Lambert, « Ange-Hyacinthe de La Motte-Ango, 1719-1788, Comte de Flers 1738-1788 », Le Pays bas-normand, Flers, 1995.
19 Ce texte très bien écrit est conservé à la Médiathèque du Mans : « Mémoire pour A.-H. de La Motte-Ango, Comte de Flers, contre frère P.-F. de La Motte-Ango, chanoine », 1770, Le Mans, Monnoyer, in 4o, (Maine 360).
20 Les festivités du mariage avaient duré jusqu’au 30 mai, date du tragique feu d’artifice de la place Louis XV, évoqué par le diariste. Le service d’ordre débordé, la bousculade provoqua piétinements et étouffements. On compta morts et blessés par centaines.
21 La Fête-Dieu est alors la plus importante procession de l’année. Sur le passage du cortège, les habitants avaient l’obligation de tendre des tapisseries ou des draps sur leurs maisons. Le canon tonnait, les cloches sonnaient ; boutiques et cabarets étaient fermés. Le cortège quittait la cathédrale à 7 heures. La musique ouvrait la marche, les confréries suivaient avec leur clergé en chape et 200 bourgeois de la ville, en habit noir, manteau jeté sur l’épaule, portant à la main une torche de cire blanche. Puis venaient des porteurs des torches fournies par chaque chanoine. Les communautés religieuses suivaient, puis le clergé de la cathédrale en chape. Le Saint-Sacrement était entouré de 30 prêtres en aube, suivis de l’évêque avec tout le chapitre. La marche était fermée par les magistrats du présidial en robes rouges, les officiers de police, la maréchaussée, le maire et les échevins, les officiers de la prévôté, etc. Au total 400 ecclésiastiques et plus de 250 laïcs défilaient durant au moins cinq heures, de la place du château au bas de la rue Basse. Depuis la fin du XVIIe siècle, la procession gagnait l’église de Coëffort, à la Mission, où les fidèles écoutaient un sermon pendant que les chanoines se restauraient (André Bouton, La Vie pittoresque du Mans au temps des Carrosses et des Chandelles, J. Martin et Cie, Le Mans, 1963, 104 pages, p. 43-45).
22 Où nous sommes : comprendre où se font actuellement les offices du chapitre, en raison des travaux en cours dans la cathédrale.
23 Intéressante notation où l’on assiste sur le vif à la consultation des registres capitulaires comme élément de preuve irréfutable d’un usage antérieurement établi. Consultation vaine, ici.
24 Les troupes étaient logées dans des maisons vides ou, pour l’essentiel, réquisitionnées. Nobles et ecclésiastiques étaient exemptés du logement des gens de guerre. Une ordonnance royale de 1750 élargit ce privilège aux maires et échevins, aux officiers pensionnés, aux fonctionnaires royaux, changeurs, maîtres de postes, etc. En cette seconde moitié du XVIIIe siècle, l’arrivée des troupes est toujours redoutée par la population bien qu’elle s’accompagne parfois de festivités et réjouissances (André Corvisier, Armées et Sociétés en Europe de 1494 à 1789, PUF, 1976, 222 pages, p. 90-95).
25 Nepveu évoque ici ce qui constitue aujourd’hui un document majeur pour connaître la population du Mans à cette période, l’« État des maisons de cette ville et faux bourgs rangées par suite de Numéros dans le meilleur ordre possible, en commençant par un bout des dits ville et faux bourgs et finissant par l’autre … » (AD Sarthe : C add. 107). L’ordonnance royale citée par le diariste datait du 1er mars 1768. Elle était destinée à faciliter le logement effectif des troupes dans toutes les villes du royaume. Le numérotage manceau, dont la réalisation a duré plusieurs semaines, est daté de juillet 1770, ce qui corrobore parfaitement les dires du chanoine. En l’absence de recensement de population, ce numérotage des maisons du Mans « sans aucune omission ni interruption » est précieux car il mentionne une partie de leurs occupants ainsi que, parfois, le statut professionnel de ceux-ci.
26 Voir la même remarque déjà au 5 mai 1770.
27 Un arrêt de 1686 signifiait qu’avant toute promulgation, les livres liturgiques révisés par l’évêque devraient être communiqués au chapitre et non imposés sans discussion. En 1749, Mgr de Froulay était passé outre les prérogatives du chapitre pour la révision du missel et du bréviaire. Il semble que Mgr de Grimaldi aborde cette question avec le désir de ne pas heurter la susceptibilité des chanoines.
28 Les dispendieux travaux entrepris dans la cathédrale sont à l’origine d’une tentative des chanoines de Saint-Julien de réunir plusieurs chapelles et les revenus de la confrérie Saint-Michel à la mense capitulaire. Ils voyaient là aussi un moyen d’augmenter leurs prébendes, pourtant déjà confortables. Malgré l’autorisation donnée par le roi, le maire et les échevins, soutenus par la population, firent reculer Mgr de Grimaldi (P. Piolin, Histoire de l’Église…, op. cit., p. 545).
29 Il s’agit du chanoine Le Paige.
30 Beaufay : village situé à 22 km au nord-est du Mans. Pambourg est un domaine rural situé à 2 km du bourg.
31 Ce « fils unique » évoqué par le diariste, c’est René Chauvin du Ponceau d’Oigny, alors âgé de 21 ans. Il est fils de François Chauvin du Ponceau d’Oigny, premier avocat du roi, et d’Anne-Thérèse de Guyonneau, dont le chanoine a quelque peu déformé le patronyme. Une brillante carrière de poète et d’auteur dramatique commençait pour le jeune homme (voir au 13 janvier 1776, où le diariste s’en fait l’écho).
32 Le gardien : le supérieur (voir glossaire).
33 Leur maison sera détruite : l’évêque Grimaldi s’inscrit dans un mouvement offensif de l’Église contre les Réguliers. Sous prétexte de réforme, l’objectif était bien de détruire certains monastères et de récupérer leurs revenus. Le Prélat tenta, en vain, de s’attaquer à la Collégiale Saint-Pierre, qui possédait de puissants soutiens. On l’accusa aussi de vouloir détruire le couvent des Cordeliers, dans l’espoir de réunir l’enclos aux jardins de son palais (P. Piolin, Histoire de l’Église…, op. cit., p. 544).
34 L’abbé Boyère avait été précepteur du mémorialiste Leprince d’Ardenay. Il avait su gagner l’amitié de l’enfant qui le qualifie de « sage, d’excellentes mœurs, gay, doux, honeste et complaisant » et ayant « fait de bonnes études ». Il habita l’hôtel Leprince (aujourd’hui 14 rue de la reine Bérengère) jusqu’à son ordination (Mémoires, p. 32).
35 Cette entrée permet de dater le souci précoce du prélat manceau de doter sa cathédrale d’un employé emblématique et bien visible, le Suisse. La charge des vieux soldats démobilisés était une question récurrente, que des ordonnances royales instituant une pension de retraite pour les invalides remettront en lumière au cours de l’année suivante. Disperser les vétérans suisses dans les églises du royaume en les chargeant d’y assurer des services de surveillance et d’entretien était une bonne façon de faire financer leur « retraite » par d’autres bourses que le trésor royal. Disciplinés et calmes, ces vieux soldats ont été bien accueillis par les populations. Sur ce sujet, voir aux 23 février et 5 mars 1771 puis au 9 février 1772.
36 Pontlieue, paroisse située immédiatement au sud du Mans, de l’autre côté de l’Huisne. Cette rivière était enjambée par un pont de pierre, aujourd’hui en ruine, baptisé Pont des Vendéens après la Révolution.
37 M. Richard de Fondville avait installé ses bureaux de la Taille rue Dorée sur l’emplacement de deux boutiques achetées en 1763 [aujourd’hui n° 17 et 17 bis de la dite rue] (Charles Girault, L’ancien Hôtel de Fondville, Premier Evêché concordataire du Mans, Joridon, Le Mans, 1943, 41 pages, p. 18).
38 Mme de Ponthosme se remarie après presque deux années de veuvage (voir au 19 décembre 1768).
39 Le séminaire Saint-Charles est situé au pied de l’ancien Palais comtal [à l’emplacement de l’actuel musée d’Archéologie et d’Histoire]. C’est un lieu prisé par les élites mancelles des Lumières pour leurs cérémonies nuptiales (voir des exemples aux 7 janvier 1771 et 27 août 1776).
40 Née le 2 janvier 1748, Julie-Catherine Godard d’Assé, appelée Mlle des Haies, va avoir 23 ans quand elle épouse Pierre-François Lefebvre du Breuil.
41 Leprince d’Ardenay, beau-frère de la mariée, dresse un portrait de M. Lefebvre : « ny beau ny joly a beaucoup près, mais il avoit toutes les qualités essentielles, un cœur excellent, un bon esprit, gai et aimable en société et très appliqué a son état, il a toujours exactement rempli ses devoirs de chrétien, de magistrat, de mary, de père, de fils, de parent et d’ami en homme vraiment penetré de ses obligations envers la Relligion, sa femme, ses enfans, ses parens et tous ceux avec lesquels il avoit quelques liaisons d’affaire ou d’amitié » (Mémoires, p. 93-94).
42 Pouillé : registre administratif des biens et bénéfices ecclésiastiques d’un diocèse (voir glossaire). Le principal artisan en avait été Michel Fay, receveur des décimes. Reconnaissant, l’évêque récompensa la confection de ce pouillé par une augmentation substantielle de son traitement qui passa alors de 4 000 livres à 6 000 livres par an (voir au 18 mai 1774).
43 L’abbé Montsallier, ami du jeune couple Leprince [d’Ardenay], l’avait accompagné dans son voyage pour Paris en mai 1764 (Mémoires, p. 76-78).
44 Informé quatre jours après les faits, le chanoine Nepveu n’est pas au courant des détails de l’affaire. Depuis plusieurs semaines, Choiseul menait avec la cour d’Espagne des négociations occultes pour entraîner la France aux côtés de celle-ci dans une guerre contre l’Angleterre. Ayant appris que la flotte avait été mise en état d’alerte, le roi opposé à la guerre refusa de s’engager aux côtés de l’Espagne. Par un billet très sec, il invita Choiseul à donner sa démission et à se retirer à Chanteloup (24 décembre 1770).
45 Lettre de jussion : dans la législation de l’Ancien Régime en France, lettre patente du roi qui enjoint à un parlement d’enregistrer une ordonnance ou un édit royal.
46 Il s’agit de Denis Pasquier de Coulans[-sur-Gée], devenu célèbre en instruisant le procès de Damiens, qui avait attenté à la vie de Louis XV en 1757 (François Dornic, « Les Pasquier de Coulans », La Vie mancelle, n° 216, 1982, p. 16-18).
47 Distrait, le chanoine Nepveu commet un lapsus calami et se trompe de mois au moment de noter ce décès, qui survient le 3 janvier 1771 (BMS, Le Mans, Saint-Pavin-de-la-Cité).
48 Voir au 5 mai 1770.
49 Le registre paroissial confirme que ce mariage a eu lieu le 7 janvier 1771. Si le chanoine l’a noté juste avant une naissance du 4, c’est que la nouvelle de celle-ci lui est parvenue avec quelques jours de décalage.
50 Le registre paroissial de Saint-Pierre-la-Cour précise « gendarme de la garde du Roi ».
51 Les Ormeaux : maison de maître située sur la route du Mans à La Chapelle Saint-Aubin, proche de ce village, mais relevant de La Madeleine, paroisse mancelle située à la périphérie de la ville, au nord-ouest.
52 Dans la nuit du 19 au 20 janvier 1771, l’affaire de la réforme du chancelier Maupeou prend un tour dramatique. Au domicile des magistrats parisiens qui s’étaient mis en grève le 15 du même mois, se présentent des mousquetaires porteurs de lettres de cachet leur enjoignant de dire par oui ou par non s’ils acceptent de cesser leur grève de la justice. Cinquante d’entre eux acquiescent, 132 refusent, 35 refusent de répondre. Les récalcitrants reçoivent l’ordre de quitter Paris sur-le-champ, leurs charges sont confisquées et déclarées vacantes. Par solidarité, ceux qui avaient accepté reviennent sur leur accord et rejoignent les exilés. Les plus paisibles sont dirigés sur leurs maisons de campagne et les plus ardents sont expédiés en Auvergne, en Champagne ou dans le Maine, comme le rapporte le chanoine Nepveu. Les Parlements de province calquent leur attitude sur celui de Paris. Partout on crie au despotisme (Julian Swann, « Un monarque qui veut “régner par les lois” : le Parlement de Paris et le roi dans la France de Louis XV », Parlement[s], Revue d’histoire politique, n° 15, 2011/1, p. 44-58).
53 Septuagésime : dans le calendrier ecclésiastique, c’est le 70e jour avant Pâques (voir glossaire).
54 Le grand cimetière : voir au 28 février 1762.
55 Pas encore cinquantenaire lors de son renvoi (il est né le 7 avril 1722), Jean-Baptiste Bourgoin était pourtant maître de la psallette cathédrale en effet « depuis très longtemps » : il l’était devenu fin 1747, après avoir exercé la même fonction durant six ans et demi à la collégiale Saint-Pierre (AD Sarthe : G 505 et 506). De quelle nature étaient donc ses fautes de conduite ? La moitié des 2 000 livres de dettes évoquées par le diariste sont dues à deux maîtres bouchers « pour prix de viande par eux livrée audit sieur Bourgoin dans le temps qu’il nourissoit les enfants de la psallette de l’Église dudit Mans » (AD Sarthe : 4E 25/249, Étude Chevallier, 1er avril 1772). Quatre ans et demi après son renvoi, Bourgoin entre à l’Hôtel-Dieu du Mans (AD Sarthe : HG 448, 19 juillet 1775), où il mourra le 20 janvier 1782.
56 Avoir l’eau à la maison : être ondoyé, voir glossaire.
57 Cette entrée est révélatrice des liens du chanoine manceau avec la terre de la Manouillère (voir aussi au 7 août 1774). Le registre paroissial précise l’identité et confirme l’âge de la défunte : « le corps de Marthe [en marge : Marie] Liger décédée dhier, âgée d’environ quarante deux ans, épouse de Louis Boudevin laboureur »… (BMS, Pruillé-le-Chétif, 30 janvier 1771).
58 La naissance du premier organe de presse en terre mancelle, à l’initiative de l’imprimeur Charles Monnoyer, est un événement jugé digne d’être noté par le chanoine, qui en fut un lecteur régulier, et sans doute un abonné. Remarquons que dès le numéro 3, Jean-Baptiste Bourgoin, le maître qui vient d’être renvoyé, y propose « aux amateurs » des leçons de musique (Affiches du Mans, 18 février 1771).
59 Dans ce temps : environ, approximativement.
60 La formulation du diariste laisse poindre son ironie.
61 Le chanoine a déjà évoqué ce projet en octobre 1770.
62 Cette entrée contredit celle du 23 février 1771 sur le nombre de bedeaux recrutés, Le niveau de rémunération du suisse, malgré le « aussi » du chanoine, est nettement supérieur à celui des bedeaux (voir aussi au 9 février 1772).
63 Commissaires de la Psallette : les deux chanoines « commis à la psallette » sont chargés d’en suivre plus particulièrement les dossiers.
64 Quoiqu’il eut encore trois ans signifie que le jeune Valée aurait encore trois ans à passer à la psallette avant de parvenir au terme normal de sa formation maîtrisienne. Pour Nepveu, la durée habituelle de cette formation est de douze ans, son Journal l’exprime clairement à plusieurs reprises. Cela indique qu’il s’agit bien du Valée reçu enfant de chœur à la mi-août 1762.
65 Les Rameaux donnent lieu au Mans à une grande fête religieuse et populaire. Le vendredi, l’évêque conduit à l’abbaye Saint-Vincent le crucifix, porté par douze bourgeois (appelés les mézaigers). Le dimanche des Rameaux, à partir de 9 heures, se déroule la procession : successivement les enfants de chœur, le clergé et les chapitres, les joueurs de flûtes, de hautbois et de violons, le crucifix couronné de fleurs porté par les douze mézaigers, les curés du Crucifix, de Gourdaine et de Saint-Ouen, le prévôt, les francs-bouchers et les sergents. Après l’office célébré à la cathédrale, les douze francs-bouchers se rendent au palais du comte du Maine, puis aux Halles, avec douze sergents fieffés et le prévôt. Là, les francs-bouchers montés sur des chevaux entiers tentent de briser leurs lances contre le poteau du Comte. Cette tradition mancelle est perpétuée par « la fête des lances » qui se déroule chaque année le dimanche des Rameaux à Champagné, à 12 km à l’est du Mans (Robert Triger, La procession des Rameaux au Mans, Recherches sur la corporation des mézaigers et les francs-bouchers du Mans, Fleury et Dangin, Le Mans, 1884, 135 pages et Négrier de La Crochardière, Observations…, ms cit., t. I, p. 139-177).
66 Jarente de La Bruyère (1706-1788) est un prélat mondain, aux mœurs légères, fréquentant les salons. D’abord Évêque de Digne en 1747, il fut nommé à Orléans en 1758. Ministre de la feuille : voir glossaire.
67 Les réformes de la justice du chancelier Maupeou en 1771 suscitent une fronde des parlementaires, rejoints par les princes de sang. Jarente se range du côté du parti parlementaire et tente de rallier Madame Victoire en lui remettant en mains propres un mémoire sans concession. Le 20 mars, le Roi l’exile au Mans. La feuille des bénéfices lui est retirée et confiée au Cardinal de Reims.
68 On a chanté la messe du Saint Esprit : le chanoine parle ici du propre de la messe votive du Saint-Esprit (introït, graduel, alleluia, offertoire, communion, pour les parties chantées, lectures et prières particulières lues ou chantées par le célébrant), propre qui a dû être chanté dans la version du nouveau graduel du Mans (analyse que nous devons à Xavier Bisaro). Ce graduel avait été publié vingt ans plus tôt, en 1751 (Graduale cenomanense, Paris, Coignard et Guérin). Un exemplaire en est conservé à la Médiathèque du Mans.
69 Et le reste la Messe Dumont : l’ordinaire de la messe (Kyrie, Gloria, Sanctus, Agnus Dei, Credo peut-être) a été puisé dans la messe du 1er ton de Dumont. Bien qu’Henri Du Mont (1610-1684) ait publié en 1669 cinq messes en plain-chant (baptisées Messes royales à partir de l’édition Ballard de 1701) c’est sa messe du 1er ton qui très vite devient LA messe de Dumont. Dix ans après la notation du chanoine, « la messe de Dumont du 1er ton » est d’ailleurs mise en vente au Mans par « un particulier » resté anonyme mais manifestement versé dans la musique puisqu’il vend de nombreuses partitions ainsi que du papier à musique (Affiches du Mans, 13 mars 1780). Maintes fois rééditée, cette messe de Dumont a été chantée jusqu’au XXe siècle. On peut se demander qui dirige le chœur de musique de la cathédrale lors de ces célébrations du jubilé puisque, si l’on en croit Nepveu, le précédent maître a été renvoyé le 31 janvier précédent et le prochain ne sera recruté qu’en août suivant. Un musicien aguerri du chœur a sans doute assuré ces six mois d’intérim.
70 Ce rappel à l’usage doit être intervenu après que ledit usage ait été transgressé. La transmission orale semble ici n’avoir reposé que sur la mémoire peut-être vacillante du « plus ancien chanoine », d’où l’appel souhaité à un support écrit, les registres capitulaires.
71 Ou plutôt d’Yvré : l’ironie du chanoine suggère que l’utilité première de cette infrastructure routière sera de faciliter les allées et venues de l’évêque entre son palais épiscopal manceau et son château d’Yvré, distants l’un de l’autre de 5 500 mètres (Fany Viros, Yvré l’Évêque : Indices d’urbanité dans un village près du Mans, Master 1, sous la dir. de L. Bourquin, U. du Maine, 2006, 129 pages, p. 29).
72 Sur ce petit-fils d’Oigny, voir au 13 septembre 1770.
73 Orfroi : bordure brodée, galon, parement de chappe ou de chasuble, dans lequel l’or tient une place prépondérante.
74 Le mariage du Comte de Provence avec Marie-Joséphine-Louise de Savoie (1753-1810) scellait l’alliance entre la France et le Piémont. Austère, réservée, la princesse était peu à l’aise dans l’univers de la Cour. Elle était jugée laide car trop brune pour les canons de beauté en vigueur. En 1993, Ch. Dupêchez a été jusqu’à titrer le livre qu’il lui consacrait La Reine velue (Grasset). Par ailleurs, le contexte politique lié à la réforme Maupeou a pesé sur l’atmosphère des noces, comme le diariste manceau l’a sans doute ouï-dire.
75 Saint-Mars-de-Locquenay : village situé à l’est du Mans, à mi-chemin entre Le Mans et Saint-Calais.
76 Les grandes cérémonies, et notamment la Fête-Dieu, parce qu’elles affichent les hiérarchies internes de la société urbaine, donnaient lieu fréquemment à des conflits, voire à des procès.
77 Les deux fils Chicoineau ont donc des postes proches du cœur décisionnaire du Royaume, à Paris ou à Versailles. L’expression « bureaux de la guerre » désigne le ministère de la Guerre, et Madame Victoire est évidemment la quatrième fille de Louis XV, née en 1733.
78 Monsieur du Mans, c’est-à-dire l’évêque du Mans, après avoir célébré la messe du matin, s’est fait remplacer lors des vêpres par un prêtre curieusement non nommé ici, dont le chanoine paraît critiquer l’attitude trop effacée.
79 Encore une approximation décelable sous la plume du diariste : François Couet a été baptisé à Meaux le 19 avril 1751, il a donc seulement vingt ans.
80 Le jugement sans appel du chapitre manceau a été quelque peu expéditif. En effet, loin d’être « un mauvais maître », François Couet poursuit ensuite une très honorable carrière professionnelle. Après un passage par Paris, il est dès juillet 1772 reçu maître à la cathédrale Saint-Étienne de Dijon (AD Côte d’Or : G 723). Et c’est encore là qu’il exercera au moment de la Révolution. La cathédrale du Mans mettra donc plus de temps à trouver un successeur à Couet que Couet à trouver un nouveau poste (voir au 27 novembre 1772).
81 Le dernier enfant de chœur : le dernier reçu. Après un temps d’observation, le chapitre a donc renvoyé cet enfant dont ni la voix ni l’allure ne lui convenaient… Jean-Baptiste-Pierre Poilpré, le nouveau recruté, a été baptisé le 7 mars 1765 paroisse Saint-Nicolas, son père étant désigné comme « employé dans les fermes du Roy », ce qui corrobore assez bien l’assertion du chanoine.
82 Département de la taille : la répartition de la charge de l’impôt sur les taillables.
83 Rue de Quatre-Roues : rue reliant la place des Halles à la Couture (voir introduction). L’Oratorien s’est donc installé au cœur de la ville active.
84 René-Pierre Montsailler avait intégré le chapitre le 20 décembre 1751, en remplacement de Jean Chevrie, son oncle, qui lui avait résilié son canonicat. Le chanoine Nepveu assiste à sa sépulture et signe le registre.
85 Intéressante notation qui va à l’encontre de ce qu’on sait généralement sur les enfants des villes mis en nourrice à la campagne : ici le mouvement va dans le sens contraire. Françoise-Gabrielle Nepveu de Bellefille vivra jusqu’à l’âge de 50 ans : elle décède le 14 mars 1822, rue du Bourg d’Anguy, au Mans.
86 Même s’il en fut « content » et s’il réévalua ses gages, le chapitre du Mans ne sut pas garder cette « très bonne basse-contre » : le 2 août 1775, Émery Lefebvre est reçu « musicien basse récitante » à la cathédrale de Tours pour 800 livres par an. Il y chante toujours en 1790 (AN : DXIX/090/756/12).
87 Originaire du diocèse de Sisteron, l’abbé d’Agoult est l’un des hommes du sud amenés au Mans par l’évêque Grimaldi. Neveu de l’ancien doyen du diocèse de Paris, chanoine par nomination royale, prieur commendataire de Sainte-Radegonde, il jouissait d’une pension de mille écus due à la générosité du roi. Tous ces revenus ne suffisaient pas à honorer ses énormes dettes de jeu qui firent scandale dans la ville du Mans. Sa famille le fit mettre en prison pour préserver l’honneur familial. Sous la pression des autres Grands Vicaires, sa liberté lui fut rendue, sans cependant qu’il puisse revenir dans la ville du Mans, ni dans la province du Maine. Il se retira dans son prieuré avec son frère, le baron d’Agoult, réputé pour ses débauches. Après de nouvelles récidives, le roi le fit enfermer chez les capucins d’Autun (P. Piolin, Histoire de l’Église…, op. cit., t. VI, p. 523-524).
88 Cette tournure en fin de paragraphe est destinée par le chanoine à noter le prénom de la personne dont il traite (voir par exemple au 9 décembre 1771).
89 D’une phrase, le diariste pointe l’étendue du pouvoir du ministre, qui peut aller jusqu’à contrevenir aux usages en place.
90 Martigny : Guy-Jean-René Martigné, notaire important du centre-ville, qui compte dans sa clientèle la plupart des notables manceaux. Aujourd’hui, cet acte Barbeu-Dubourg/Nepveu de La Manouillère du 12 novembre 1771 ne se trouve plus dans la liasse correspondante du minutier Martigné (AD Sarthe : 4E 37/771).
91 Sur cette « maison proche les Cordeliers », voir au 17 août 1764.
92 La charge de Maître particulier des Eaux et Forêts du Maine était dans la famille Blanchardon depuis 1682. Installés rue Saint-Vincent dès 1689, les Blanchardon acquièrent un important immeuble doté d’un grand portail en pierres de taille, surmonté d’un fronton brisé dont les rampants portent deux lions couchés, dans un style du début du XVIIe siècle. Ce bâtiment est situé au n° 34 de l’actuelle rue Lionel-Royer (R. Triger, Études Historiques …, op. cit., p. 79-83).
93 Voir au 23 mars 1771.
94 Selon La Manouillère, le prélat exilé n’aurait donc en réalité pas du tout vécu à l’abbaye Saint-Vincent, lieu théorique de son assignation à résidence.
95 Meung[sur-Loire] où les évêques d’Orléans avaient une résidence (voir en octobre 1775). Mgr de Jarente avait fait aménager ce château somptueusement.
96 Voir au 23 février et 5 mars 1771 : la décision de doter la cathédrale d’un suisse avait été prise près d’un an auparavant, mais son recrutement et son équipement (uniforme…) ont demandé du temps. En effet, si le diariste ne dit rien de la manière dont il a été choisi, les archives révèlent que la cathédrale du Mans a engagé un Suisse authentique, Antoine Petangue, qui le 7 juin 1774 ose d’ailleurs défier le lieutenant de police en son hôtel pour défendre le droit au libre travail d’un compatriote vitrier (AD Sarthe : B 1486). Lors de son interrogatoire, il déclare alors avoir 26 ans, ce qui laisse supposer qu’il en avait moins de 24 lors de son recrutement par la cathédrale : ce n’était donc pas un vieux soldat invalide mis à la retraite…
97 Le costume du suisse est un élément important de sa visibilité. La collégiale Saint-Pierre, très en retard sur ce point dans la course au prestige qu’elle mène avec la cathédrale, n’engagera un suisse, Pierre-Louis Sautard, qu’en 1778. Elle le dote alors d’un costume rutilant de galons et de boutons dorés, coûtant plus de 500 livres, et d’une épée à poignée d’argent valant 60 livres (AD Sarthe : G 511, 20 mars 1778, et G 512, 24 avril 1778).
98 Le Grand Saint-Pierre : voir au 17 juin 1763.
99 Les Montesson habitaient plus précisément leur château de Douillet-le-Joly, à 7 km à l’ouest de Fresnay (Robert Triger, Étude Historique sur Douillet-le-Joly, Fleury et Dangin, Mamers, 1884, 418 pages).
100 Le Gué-de-Maulny était un ancien petit chapitre, en déclin depuis longtemps et dont la mense avait été absorbée par Saint-Pierre-la-Cour en 1741. On assiste ici à la disparition de l’un de ses derniers membres. Vivant très à l’aise, l’abbé Ozan était bercé dans la culture des apparences, attaché à l’élégance et au confort, comme en témoignent sa canne en argent ou sa robe de chambre en indienne. Il était en même temps versé dans la lecture : sa bibliothèque compte 163 volumes, teintés de tentations jansénistes (catéchisme de Montpellier, Bible de Sacy…). Sa fortune lui permit de recevoir des obsèques de première classe ; les frais funéraires se montaient à 112 livres dont 95 pour le cirier (AD Sarthe : 4E 37/773, Étude Martigné, inventaire 31 mars, vente 6 avril 1772).
101 Preuve que l’engouement signalé par le chanoine était partagé, Négrier de La Crochardière signale aussi cet Eudiste dans ses Observations sur la ville du Mans (Méd. Le Mans : ms 21A, t. III, p. 85-104).
102 L’abbé Thesray : Terray, contrôleur général des finances de 1769 à 1774. Il formait avec Maupeou et d’Aiguillon un triumvirat qui se rendit impopulaire par ses mesures fiscales.
103 Les assemblées générales, organes temporaires de l’administration ecclésiastique, sont chargées d’organiser la perception du don gratuit, contribution financière du clergé à l’impôt (voir glossaire). Nepveu évoque l’assemblée extraordinaire provoquée par Louis XV qui demande un secours de 8 millions de livres.
104 Voir remarques du même ordre aux 15 juin et 14 juillet 1776.
105 Sommations respectueuses : voir glossaire.
106 L’évêque séjournait alors au château des Perrays, à Parigné-le-Polin, résidence des champs de la famille de Broc (voir au 3 avril 1775).
107 Pain michard : voir au 5 mai 1770.
108 La Freslonnière : château et domaine situés à Souligné-sous-Ballon, à une quinzaine de km au nord du Mans. Le château avait été rebâti de 1700 à 1707 par Marie-Suzanne Guyhoux, veuve de Paul Poisson, écuyer, sieur de Bourvalais, secrétaire du roi au conseil des finances. Elle fit aussi redessiner les avenues, les jardins et les pièces d’eau. Chargé d’histoire, ce lieu aurait vu naître, vers 1555, Françoise de Maridor, la dame de Montsoreau du roman d’Alexandre Dumas. Le château du XVIIIe siècle existe toujours. Depuis la fin du XIXe siècle il est flanqué d’un imposant bâtiment utilitaire qui a longtemps servi de haras avant d’être reconverti dans une fonction de réception (www.chateau-lafreslonniere.com).
109 Vimaire : venu du latin vis major, force majeure, devenu vimarium en latin médiéval, le mot désigne dans l’Ouest et le Sud-Ouest d’oïl un préjudice dû à la grêle ou à la guerre, et plus généralement les dégâts causés par des intempéries, ouragans, etc., ce qu’on appellerait aujourd’hui une « catastrophe naturelle ».
110 Le Broussin : lieu-dit de Rouillon, situé le long de la route du Mans à Pruillé, souvent empruntée par le chanoine, qui devait donc bien connaître les lieux ici évoqués. Le cadastre de 1808 montre que ce coteau, orienté au sud, était alors très largement couvert de vignes.
111 Fulminer : publier un acte avec certaines formalités canoniques. C’est un terme de droit canon, utilisé essentiellement pour les bulles, comme le fait ici à très juste titre le diariste.
112 On remarque que face à cette cérémonie qui n’a pas eu lieu depuis trente ans le chanoine retrouve le réflexe de confectionner une sorte de cérémonial à son usage. Il en est de même très peu de temps après, le 17 novembre 1772.
113 La rentrée du Palais : il s’agit ici de la reprise des activités du Présidial après la suspension estivale et automnale. À la fin du XVIIIe siècle, l’année judiciaire débute habituellement le premier jour ouvrable après la Saint-Martin, à la mi-novembre, et elle cesse peu avant la mi-août.
114 Écotative[ment] : terme venant du mot écot, la quote-part que doit chaque convive pour un repas commun. Les mots cotativi, ou cotatibi étaient jadis employés dans le Maine avec le même sens (Serge Bertin, Dominique Beucher, Jean-Pierre Leprince, Trésor du parler cénoman, Le Mans, Cénomane, 2004, 384 pages).
115 La surveille : l’avant-veille, ou avant-hier, ou deux jours plus tôt.
116 Louise-Françoise Nepveu de Villée sera l’ultime représentante de la famille Nepveu. Décédée rue des Chanoines au Mans le 12 mars 1860, elle légua, entre autres, aux musées du Mans, le buste de Mme de Fondville par Jean-Baptiste Defernex (1759), dont elle avait elle-même hérité.
117 Jean-Charles Bizanne (ou Bisanne) est l’un de ces jeunes musiciens issus des maîtrises d’enfants de chœur qui commencent leur carrière en occupant brièvement plusieurs postes successifs dont chacun représente en principe une progression par rapport au précédent, sur le plan du salaire, des effectifs à diriger, ou du prestige de l’établissement.
118 Phrase ambiguë. Le verbe « sortir » pourrait indiquer que Jean-Charles Bizanne avait été formé à la maîtrise d’Avranches avant d’y devenir maître.
119 Le maître de grammaire assure l’éducation non musicale des enfants de chœur : lecture, écriture, latin.
120 La place des Ardents : il faut comprendre les revenus de la chapelle des Ardents. Cette chapelle, la plus ancienne de la ville, dépendait de l’hospice ou hôpital des Ardents, aujourd’hui détruit. Il était situé (avec la chapelle) sur l’emplacement du n° 9 actuel de la place Saint-Michel, tout près de la cathédrale (Pesche, Dictionnaire, t. III, p. 265 et 357 ; et base de données « Malraux » de la DRAC Pays-de-la-Loire, en ligne).
121 Dobert, situé approximativement à mi-chemin entre les villages d’Avoise et d’Asnières, est alors le château de plaisance de la famille Bastard de Fontenay, illustre famille aristocratique du Haut-Maine. Le château a aujourd’hui une fonction de chambres d’hôtes. Chènevière, situé à quelque 6 km, sur la paroisse de Fontenay-sur-Vègre, est un ancien manoir dont les Bastard étaient aussi seigneurs (Vallée-Latouche, p. 231, Pesche, t. II, p. 452). C’est aujourd’hui le siège d’une exploitation agricole.
122 Une explication à cette surprise peut être devinée dans le Journal de Nepveu au 9 février 1777.
123 Dehault : village situé à 40 km au nord-est du Mans, non loin de La Ferté-Bernard. Le chanoine Nepveu fréquentait lui aussi Mme Guerrier, dame de Dehault : on la croisera à nouveau dans son Journal au 20 février 1780.
124 Sur ce personnage, lire l’étude très documentée de Joseph Guilleux, « Alexandre Pierre Leriche de Vandy, 1736 ?-1796, Directeur général des Fermes du Roi, Fondateur du nouveau quartier du Greffier dans la ville du Mans », SASAS, 2001, p. 39-83.
125 Sous-chantre de la cathédrale : il ne s’agit pas ici d’un musicien, mais d’une fonction conférée à un chanoine qui vient en appui du grand-chantre, deuxième dignitaire du chapitre du Mans (voir glossaire).
126 Trois mois plus tard, la famille du sous-chantre fait dresser son inventaire. Sans atteindre un actif très élevé (moins de 2 000 livres), il révèle cependant un art de vivre confortable. La maison de René Bobet, rue du Doyenné, comporte une salle et un sallon, décorés de tableaux, tapisseries et miroirs, où l’on joue au quadrille sur une table de jeu couverte d’un tapis brodé, et où l’on dispose d’une bibliothèque diversifiée. À côté de la chambre du défunt, elle aussi garnie de tableaux, un cabinet sert de salle de bain : y trône une baignoire de cuivre valant 60 livres (AD Sarthe : 4E 25/250, Étude Chevallier, 6 mai 1773).
127 Joseph Tréton restera à la psallette jusqu’en mai 1783 (voir le Journal de Nepveu à cette date).
128 Le Grand Saint-Georges : par opposition au Petit Saint-Georges, qui est Saint-Georgesdu-Plain, à la sortie du Mans en direction de la Manouillère, le Grand Saint-Georges est Saint-Georges du Bois, village situé à 10 km au sud-ouest du Mans et à 2 km de la Manouillère. On peut penser que c’est à ce voisinage que le chanoine Nepveu doit d’être invité à célébrer les messes des fêtes patronales.
129 Jeanne-Françoise Frémiot, baronne de Chantal (Dijon, 1572-Moulins, 1641) : veuve et chargée d’enfants, elle se plaça sous la direction de François de Sales et co-fonda avec lui en 1610 la Visitation d’Annecy qui essaima ensuite en France, devenant le nouvel ordre de la Visitation. Bien que soupçonnée de sympathies jansénistes et de quiétisme, elle fut béatifiée en 1751 et canonisée en 1767. Dans les années suivantes, chaque monastère célébra cette canonisation par des cérémonies brillantes, voire somptueuses (en 1772 à Paris, en 1773 à La Flèche et au Mans). La préparation en était longue et coûteuse (grands travaux, broderies, peintures…). L’enjeu de ce véritable festival spirituel était de mettre le couvent en lumière pendant quelque temps et d’attirer peut-être des candidates vers le cloître (Renée Bons, Les communautés religieuses de femmes, au temps de la Réforme catholique et des Lumières sur une terre de l’Ouest : le Haut-Maine et l’Anjou fléchois, thèse sous la dir. de J.-M. Constant, U. du Maine, 1996, 2 vol., 897 pages).
130 Le chapitre part de la cathédrale après les vêpres pour se rendre en procession à la Visitation, où se déroulent la cérémonie ainsi que la messe et le repas du lendemain. Située au bord de la place des Halles (voir dans l’introduction la figure n° 6.1), l’église des Visitandines est encore récente au moment où le chanoine écrit, puisqu’elle a été consacrée en 1737, reconstruite après un tremblement de terre par les entrepreneurs Riballier, à partir des plans d’une religieuse mancelle, Anne-Victoire Pillon (1663-1751), qui avait déjà conçu le nouveau couvent. C’est un bel édifice de style Régence, rare dans l’ouest de la France, dont l’extérieur a été entièrement restauré au début des années 2000.
131 Cette tribune existe toujours.
132 La neume aux antiennes : vocalises mélodiques ponctuant les syllabes de fin de mots. Introduites par des versets, cette mélodie psalmodique se pratique à la fin des antiennes. La neume, terme de plain-chant, est une notation musicale sans portée, utilisée en chant grégorien, constituée de points, d’accents, de traits.
133 Une grande musique et symphonie : le mot symphonie peut désigner « la seule musique des instruments » (Furetière). La formule indique que, en complément des voix, la musique instrumentale a tenu une large place dans la cérémonie ainsi que durant la messe du lendemain. Elle laisse supposer que les Visitandines avaient recruté des musiciens pour l’occasion, notamment des joueurs d’instruments à cordes (violes, violons, violoncelles…).
134 Le diariste souligne sciemment une certaine ouverture du repas qui suit la cérémonie : des semi-prébendés se mêlent aux chanoines, peut-être de manière imprévue, dans la salle préparée pour ces derniers.
135 Ambigu : collation composite, où l’on sert en même temps plats divers et desserts.
136 Pendant que le gros des forces de la cathédrale se trouve à la Visitation pour des vêpres brillantes en musique et symphonie, un « service minimum » a tout de même lieu à Saint-Julien, sans doute pour la population du quartier.
137 Panégyrique : discours d’éloge, voir glossaire.
138 Grosse : enceinte. Le décès ultérieur de l’enfant et la nouvelle grossesse de la mère sont deux informations ajoutées a posteriori par le diariste, preuve supplémentaire de ce que son Journal était constamment vivifié de relectures et d’allers-retours entre son présent et le passé proche.
139 Valet de la garde-robe : l’un des officiers de la chambre du roi, en dessous du Grand-Maître de la Garde-Robe, des deux maîtres et des quatre Premiers Valets. Comme ces derniers, les valets de la Garde-Robe servaient par quartier, c’est-à-dire un trimestre par an.
140 La Terre de Befeu : aujourd’hui Beaufeu, lieu-dit à Pruillé-le-Chétif, à environ 3 km de La Manouillère, de l’autre côté du village, en direction de Fay.
141 La défunte, née Madeleine Leprince, était la fille du cirier Jean-François Leprince. Elle avait épousé Mathieu-Guy Chesneau des Portes, conseiller au Présidial, en 1734.
142 Le fils de la défunte, Mathieu-Guy-Jean-René Chesneau des Portes et son cousin le mémorialiste Leprince d’Ardenay avaient été élevés ensemble par leur tante commune, dite « tante Mignonne », à cause de son « extrême bonté », Geneviève-Madeleine Leprince, 1676-1754 (Mémoires, p. 32-34 et 42).
143 Empyème : terme médical désignant un amas de pus accumulé dans une cavité du corps, notamment la plèvre. Cela correspond à ce que le chanoine appelle hydropisie (voir au 9 juin 1761). Jusqu’à la Première guerre mondiale, on tentait d’y remédier par une opération chirurgicale dangereuse consistant à pratiquer une ouverture pour évacuer le dépôt. Mme de La Rozelle avait peu de chances d’en réchapper.
144 Le sang s’est tourné en caillé : s’est coagulé.
145 Belle-sœur du mémorialiste Leprince d’Ardenay, Mme Thébaudin de La Rozelle entretenait avec lui des liens privilégiés d’affection. Le négociant manceau relate la mort pleine de courage de la jeune femme (Mémoires, p. 123-125).
146 Sur Julien Gilouppe, voir au 9 juin 1767.
147 Au vu du contexte, le chanoine n’évoque pas ici une fonction militaire, mais plutôt une charge au service de la cathédrale : un sergent d’église est une sorte de bedeau, chargé de l’entretien matériel et surtout de la surveillance du bâtiment.
148 Voir au 27 novembre 1772. Le chanoine s’appuie-t-il sur une information solide pour affirmer que Jean-Charles Bizanne est alors reparti à Avranches ? Car le poste suivant qu’on lui connaît est tout autre : en 1775, et peut-être plus tôt, il est maître de psallette et semiprébendé à la collégiale royale Saint-Laurian de Vatan en Berry (AD Indre : G 285, Liève ou Grande Recette 1775, p. 170, dépouillement François Caillou). Bizanne restera à la collégiale de Vatan jusqu’à la Révolution.
149 Il faut faire appel aux comptes du chapitre pour savoir qui était ce maître éphémère dont le diariste n’a pas eu le temps de retenir le nom ! Au chapitre « dépenses de la psallette », à la date du 12 juillet 1773, figure en effet une quittance pour 700 livres payées « au sieur Douglas successeur du sieur Bizanne » (AD Sarthe : G 30). Il s’agit probablement du jeune Douglas antérieurement formé à la maîtrise de la cathédrale de Chartres entre 1756 et 1767, fils du maître d’écriture de cette maîtrise.
150 Né à Segrie, village situé à 30 km au nord du Mans, le 25 octobre 1745, René Lemercier a été enfant de chœur à Saint-Julien entre 1751 et 1761 environ. Il a donc été entièrement formé par Jean-Baptiste Bourgoin, le maître dont le renvoi a déclenché cette valse des maîtres de musique à laquelle le diariste nous fait assister (voir au 31 janvier 1771). Après trois déceptions successives, le chapitre manceau renonce (provisoirement) à faire appel à l’extérieur et choisit la promotion interne d’un musicien local.
151 Voir au 27 mai 1767.
152 Intéressant aperçu pris sur le vif que ce déjeuner de curés auquel participent aussi trois laïcs, un notaire, un horloger et un organiste. Ce dernier, Nicolas Boutelou, est organiste de l’abbaye mauriste Saint-Vincent du Mans. Il n’est pas à proprement parler le « gendre » de l’horloger Tréfoux, mais le fils de son épouse, né d’un premier mariage de celle-ci, rapidement suivi d’un veuvage (Sylvie Granger, « Le dernier organiste du dernier orgue de l’abbaye : Nicolas Boutelou [1739-1803] », Vincentiana, Le Bulletin des Amis de l’Abbaye Saint-Vincent [du Mans], n° 3, 2007, p. 23-27).
153 Évangéliste : Conseiller d’un tribunal chargé de tenir « l’inventaire d’un procès pendant que le rapporteur lit les pièces » (Dictionnaire de l’Académie, 1776). Le frère du chanoine Savare était Conseiller à l’Officialité du Mans.
154 Au Moyen Âge, les comtes du Maine, à l’imitation des rois de France, avaient fait de Saint-Pierre-la-Cour leur « sainte-chapelle ». Cette dénomination, proclamant que le chapitre « royal et collégial » ne dépend que du roi, renforce l’indépendance du chapitre vis-à-vis de l’autorité épiscopale.
155 Sur la famille Savare, voir au 9 janvier 1776. Le diariste fluctue sur la profession paternelle, mais reste attaché à sa certitude : les Savare ne sont pas « de condition ».
156 Certains établissements religieux devaient au chapitre de Saint-Julien des bouquets à certaines dates pour fleurir la cathédrale. Les Capucins par exemple devaient 5 bouquets le jour de la Translation de Saint Julien, 25 juillet ; pour l’hôpital, cette obligation se situait le jour de l’octave du Saint-Sacrement, etc. (Le Paige, Dictionnaire, t. II, p. 196 et 205).
157 Voir au 13 juillet 1767.
158 La nouvelle décoration : allusion aux travaux effectués à l’intérieur de la cathédrale depuis plusieurs années sous l’impulsion de l’évêque désireux de la mettre au goût du jour (voir aussi au 12 avril 1768).
159 La rue de la Barillerie est une des plus anciennes des faubourgs de la ville. Elle relie la place de l’Éperon au carrefour de la Sirène.
160 Louis-Pascal Follope avait pris possession de son canonicat le 30 mai 1769 (voir à cette date).
161 Il s’agit de Poncé-sur-Loir. Pierre-François-Tobie Gravier y exercera son ministère jusqu’en 1781. Son troisième prénom confirme ses liens avec Mme de Nouans (voir au 18 janvier 1775, en note).
162 Cette église toute neuve n’aura pas une utilisation durable : au début de la Révolution, c’est l’église abbatiale, plus vaste, qui est choisie pour servir dorénavant au culte paroissial. Devenue inutile, la ci-devant église paroissiale de la Couture, vendue à titre de bien national, sera démolie et remplacée par des maisons et des boutiques qui existeront jusqu’aux années 1980.
163 Saint-Jean-sur-Erve, actuellement en Mayenne, à une cinquantaine de km à l’est du Mans. Les Chartres ici évoqués sont les Chartreux du Parc-en-Charnie, près de Saint-Denis d’Orques.
164 Le chanoine Le Paige donne le chiffre de 700 livres dans son Dictionnaire (t. I, p. 427-428).
165 Concussionnaire : coupable de concussion, de malversation.
166 Le chanoine Le Paige estime la cure de Coigners à 500 livres (Dictionnaire, t. I, p. 221).
167 Mention ajoutée presque 15 ans après.
168 La maison Lorchère : homme de goût, homme du monde et fin lettré, M. Samson de Lorchère était Lieutenant-général de la sénéchaussée et siège Présidial du Mans. Il résidait en son château de la Groirie à Trangé, à moins de 7 km de la Manouillère.
169 Cette maison, située 114 Grande-Rue, a été achetée en deux étapes (1976 et 1985) par les Compagnons du Devoir, et restaurée par leurs soins. Elle avait été construite pour Pierre-Jacques-René Nepveu de Rouillon, à une date qui reste difficile à préciser. Une certitude : fin 1761, la maison est dite « depuis peu réédifiée » (AD Sarthe : E 137, 24 décembre 1761). Le frère du diariste, Jacques-Nicolas Nepveu de Bellefille, achète donc la maison à ses arrièrescousins (voir arbre généalogique n° 2).
170 L’acte notarié qui officialise cet arrangement familial enregistre des valeurs nettement inférieures : « Cette échange ainsy faitte pour et moyennant la somme de 8 000 livres présentement et à veüe de nous notaires payée, comptée, nombrée et réellement délivrée par mondit Sieur de Bellefille […], mesdits sieurs cy-dessus établys ont évalué lad. maison sur le pied de 16 000 livres, et laditte métairie sur le pied de 8 000 livres » (AD Sarthe : 4E 14/142, Étude Faribault, 18 septembre 1773).
171 Le notaire de 1773 écrit La Coëfferie, le cadastre de 1808 écrit La Coëferie, et celui de 1844 La Couëferie. Le lieu, aujourd’hui orthographié Coifferie, est toujours le siège d’une importante exploitation agricole. Sa situation au bas d’une allée venant du château de Rouillon correspond exactement à ce que le chanoine décrit. Nepveu de Bellefille en avait hérité de son père.
172 La notation initiale du diariste s’arrêtait là. La suite a été ajoutée ultérieurement, lorsque les résultats du règlement de la succession ont été connus.
173 Pierre-René Champion, installé au n° 461 de la Grande-Rue, était un ami intime de la famille Leprince : « M. Champion médecin notre bon et ancien amy qui etoit habituellement de nos promenades dans les environs de la ville faisoit aussi quelquefois avec nous le voyage d’Ardenay ou venoit nous y rejoindre lorsque dans l’automne nous y faisions un plus long sejour » (Mémoires, p. 119-121 et 123).
174 L’inventaire après décès de ce « fameux janséniste » ne permet pas d’éclairer beaucoup sa mentalité. En effet, la bibliothèque trouvée dans son cabinet de travail à l’étage de sa maison proche de Saint-Benoît n’est pas détaillée : « 350 volumes de différents livres, la plus grande partie dépareillés, couverts partie de veau, partie de parchemin. » Elle est estimée 200 livres. La chambre du défunt comportait une table à jouer couverte de son tapis (AD Sarthe : 4E 37/776, Étude Martigné, 16 décembre 1773).
175 Le père de ce jeune chanoine, Noël Vétillard du Ribert, était né au Mans en 1728. Selon l’historien Renouard, il montra « le zèle le plus ardent pour le soulagement de l’humanité souffrante, et cette noble abnégation de soi-même, qui lui fit plus d’une fois exposer sa vie, pour conserver celles des habitants de notre province » (Pierre Renouard, Essais Historiques et Littéraires sur la ci-devant Province du Maine, divisés par époques, Le Mans, Fleuriot, 1811, t. II, 375 pages, p. 204-205).
176 Les comptes du chapitre incitent à une autre lecture du patronyme de ce musicien : Narbonne. Il est attesté à la cathédrale du Mans jusqu’en septembre 1774 (AD Sarthe : G 30).
177 Ce mariage est emblématique des unions conclues entre familles anoblies par le commerce. Les Pinceloup de La Moustière, négociants en étamines originaires de Nogentle-Rotrou, ont acquis une charge de secrétaire du roi. Ils s’allient à cette occasion aux Rottier, marchands à Mayet au début du XVIIIe siècle, dont la branche la plus célèbre donna Rottier de Madrelle, Comte de Belin et son frère Rottier de Moncé, chanoine du chapitre collégial.
178 Le diariste revient ici aux mariés du jour, et on le prend en flagrant délit d’approximation. Le marié apporte en réalité 50 000 livres tandis que la demoiselle est dotée de 10 000 livres en argent, la métairie de la Morinnière à Saint-Cyr au Perche affermée 1 200 livres (évaluée 24 000 livres) et 300 livres de rentes (AD Sarthe : 4E 37/776, Étude Martigné, 19 novembre 1773).
179 Sillé-le-Brûlé : aujourd’hui Sillé-le-Philippe, village situé à environ 15 km au nord-est du Mans.
180 Cette très belle maison, construite en 1747, existe toujours : au fond d’une allée privée à côté du n° 36 de la rue Henry-Delagénière, on peut entrevoir sa façade principale effectivement orientée « sur la belle vue », dominant la vallée de la Sarthe. Initialement, ses jardins s’étendaient sur la pente jusqu’à la rivière. L’hôtel Jousset des Berries est l’un des plus jolis édifices manceaux du Siècle des Lumières.
181 Il s’agit de l’épouse du très riche maître de forge anobli Jean-François-Gabriel de Biseuil, à la forge d’Antoigné située paroisse de Sainte-Jamme-sur-Sarthe (Jean-François Belhoste et Évelyne Robineau [dir.], La métallurgie du Maine, De l’âge du fer au milieu du XXe siècle, Monum-Éditions du Patrimoine, 2003, 408 pages, p. 110-111, 142, 155, 227, 230).
182 Balet : Auvent, portique au dessus d’une boutique, ou d’un porche d’église.
183 Aujourd’hui Saint-Cosme-en-Vairais, à près de 40 km au nord du Mans, non loin de Mamers.
184 Tirer : dans ce contexte désigne la procédure de tirage au sort utilisée pour désigner les jeunes hommes qui seront enrôlés dans la milice royale. Ceux qui tirent le billet noir doivent un service de six ans. L’impopularité du système était renforcée par le système d’exemptions qui créait de grandes disparités au sein du groupe des jeunes gens. Les domestiques en étaient traditionnellement exemptés.
185 Afin d’être prêt à toute éventualité en cas de guerre franco-anglaise, alors que la révolte de Boston annonce déjà la guerre de l’Indépendance américaine, d’Aiguillon veut veiller lui-même sur l’armée.
186 Sur ce sujet : Jean Meyer, La Chalotais, Affaires de femmes et affaires d’État sous l’Régime, Perrin, 1995, 245 pages (en particulier p. 21 à 31).
187 Madame Angèle : Angèle Merici (1474-1540), fondatrice de ce qui deviendra l’ordre des Ursulines. Le couvent du Mans, quant à lui, a été fondé en 1621.
188 Cette précision de Nepveu éclaire utilement le contraste entre cette entrée et celle qui, un an plus tôt, avait longuement détaillé l’engagement du chapitre dans les cérémonies organisées par les Visitandines en l’honneur de la canonisation de leur fondatrice (voir au 14 février 1773).
189 Allusion au jansénisme dont le Collège de l’Oratoire au Mans est réputé avoir été un foyer (voir le long exposé de Nepveu au 8 novembre 1773).
190 Philosophie d’Auxerre : « Il s’agit des Institutiones philosophicae du P. Le Ridant, parues en 1761, et qui finirent par être supprimées par le Conseil d’État en 1774 ; ce qui ne les empêcha pas d’être rééditées en 1778 » (Daniel Mornet, Les Origines intellectuelles de la Révolution française, 1715-1787, Armand-Colin, 1933, 552 pages, qui cite d’ailleurs Nepveu de La Manouillère à ce sujet, p. 385). La référence à Auxerre vient de l’intransigeance de Charles de Caylus (1669-1754), qui fit de son évêché d’Auxerre un bastion du jansénisme. Il fut le dernier des évêques à être en opposition avec les décrets de l’Église.
191 Chalivoy : abbaye cistercienne fondée en 1133, située sur la paroisse d’Herry (diocèse de Bourges).
192 Denis Baudron, prêtre du diocèse d’Angers, était docteur en théologie (voir note suivante). Ce qui lui avait permis d’obtenir la dignité de Scolastique du chapitre du Mans, après le décès du précédent Scolastique, René-Cyprien de Laval-Montmorency en septembre 1742 (AD Sarthe : G 938). Le chanoine Nepveu assiste à sa sépulture et signe le registre.
193 Docteur : pour obtenir le titre de docteur, les exigences sont élevées et le recrutement sélectif. La première condition, c’est d’accomplir un quinquenium (deux années de philosophie et trois en théologie). S’il réussit l’épreuve nommée la tentative, le candidat obtient le grade de bachelier. Il est alors autorisé à se présenter à la licence, qui se prépare en 2 ans et se déroule en trois épreuves. Trois thèses doivent être soutenues : la mineure la majeure, la jovine. Le doctorat est l’étape suivante (Jacques Maillard, « Devenir docteur en théologie… », art. cité, p. 53-58 ; Martine Taroni, Souvenirs d’un nonagénaire, un curé aux prises avec la Révolution, thèse sous la dir. de J.-M. Constant, U. du Maine, 2010, 2 vol., 247 et 394 pages, p. 101-109).
194 L’hôpital Saint-Charles : il s’agit du « séminaire-hôpital » Saint-Charles (voir au 9 juin 1761). C’est là aussi que furent donnés des cours destinés aux clercs de l’Oratoire, comme l’a évoqué le diariste le 8 novembre 1773 (AD Sarthe : 111 AC 699, 893).
195 Voir au 18 septembre 1773.
196 Hydropique : souffrant d’hydropisie. Voir au 9 juin 1761.
197 Yvré-l’Évêque : lieu de résidence de l’évêque du Mans lorsqu’il quitte sa maison urbaine (voir au 14 avril 1771).
198 Chefraison : domaine et maison situés à Changé, à 10 km au sud-est du Mans.
199 Les Orry étaient, avec les Leprince et les Le Romain, l’une des trois grandes familles de ciriers qui faisaient la réputation du Mans dans le royaume, en Europe, et jusqu’en Amérique. Les Orry investissent les fruits de leur industrie dans la rente foncière. Ils acquièrent de nombreuses propriétés sur la paroisse de Changé (Benoît Hubert, « Le Mans, capitale de la cire aux XVIIe et XVIIIe siècles », Conférence U. du Maine, 3 mars 2010, http://www.histoiregeo-hubert.com).
200 La prison ordinaire se trouvait à proximité immédiate de l’Hôtel de Ville, sur la place du Gué de Maulny (actuelle place de Hallay).
201 La Tour Vineuse : cette grosse tour médiévale correspondait au noyau interne d’une tour romaine de l’enceinte du Bas-Empire. Elle a été détruite en 1832 (Joseph Guilleux, L’Enceinte romaine du Mans, Bordessoules, Saint-Jean-d’Angely, 2000, 268 pages, p. 100).
202 Sommations respectueuses : voir glossaire. Le 24 février 1774, Étienne-Claude-François Jannart de Médemanche avait en effet chargé un praticien du Mans d’effectuer cette démarche auprès de ses père et mère, afin d’obtenir leur consentement à son mariage avec Marie-Madeleine-Françoise Pillon de Saint-Chéreau. Le procureur et les deux notaires s’étaient donc présentés les 25, 26 et 28 février 1774 au domicile des parents Jannart, rue Saint-Flaceau. Les hommes de loi furent reçus, à chaque fois, par un domestique qui leur indiqua que ses maîtres étaient sortis… (AD Sarthe : 4E 21/332, Étude Morin de La Masserie). Il est probable que les détails de cette histoire ont été rapportés au chanoine Nepveu par son confrère du chapitre Pillon de Saint-Chéreau.
203 Sur Joseph Bordier, voir au 9 septembre 1788.
204 Louis XV est atteint par la variole noire contre laquelle il n’a pas été vacciné. Pris de tremblements au Petit Trianon le 27 avril, le Roi éloigne la Comtesse du Barry le 4 mai et rend son dernier soupir le 10 mai. La notation du chanoine permet de dater précisément l’arrivée au Mans de la nouvelle : Le Mans est encore loin de Paris, et la liaison passe par le Perche et Dreux. La route royale 23, qui n’est pas encore ouverte, réduira le voyage à trois jours. Sur la circulation des hommes et des choses à partir du Mans, voir les voyages du jeune Leprince en 1755 et 1761 (Mémoires…, p. 45-46 et 56-59).
205 Lors des 3 jours qui précédaient l’Ascension (Rogations), on faisait des bouquets pour décorer les croix, notamment des bouquets d’aubépines ou de roses blanches, symboles de la Vierge Marie à laquelle le mois de mai est dédié. Bénits par le curé, ces bouquets sont vus comme promesse de fertilité par les paysans espérant de bonnes récoltes.
206 C’est-à-dire au salut de six heures et demie, dont le diariste parle à nouveau à la phrase suivante.
207 Les Affiches du Mans, fidèles à leur vocation essentiellement utilitaires (petites annonces, hypothèques, informations légales…), donnent assez peu d’informations sur la mort du roi et la gestion de sa succession : quelques pièces de vers, la péroraison du discours du docteur Livré à la Société d’Agriculture, les tenues vestimentaires prescrites durant le deuil, puis l’évocation des services célébrés dans diverses églises de la ville… (16, 23, 30 mai, 6, 13, 27 juin).
208 Michel Fay, receveur des décimes, avait accompli des prodiges pour financer les grands travaux entrepris dans la cathédrale par Mgr de Grimaldi. Les deux hommes se rapprochèrent encore lorsque Fay seconda son évêque dans sa croisade contre le maire Négrier de Posset à propos du collège. Devenu un important notable, il fut élu pour faire partie du corps municipal. Il entreprit aussi la construction d’un hôtel particulier à l’angle des rues de Paris et du Paon. Son frère Jérôme-Germain était déjà secrétaire de l’évêque Froulay quand il obtint un canonicat à Saint-Julien (voir au 17 juin 1763). Mgr de Grimaldi le nomma commissaire du chapitre, membre de la chambre ecclésiastique et Grand-Vicaire.
209 Prier par billet : les chanoines de la collégiale Saint-Pierre ont fait distribuer des cartons (billets) d’invitation à leur service en l’honneur du roi défunt (voir au 24 mars 1770, en note).
210 Le Comte de Provence : le frère cadet de Louis XVI est prince apanagiste du Maine, c’est pour cette raison que l’évêque souhaite son arbitrage.
211 René Lemercier (Segrie, 1745-Le Mans, 1806) est maître de musique de la cathédrale du Mans d’août 1773 à l’arrivée de Lesueur en mai 1782. Il est aussi compositeur (voir au 31 mai 1774). Une messe en musique avec symphonie est une grande messe chantée et accompagnée aux instruments, notamment à cordes (violes, violons, violoncelles…), la musique habituelle du chœur étant renforcée par des invités extérieurs.
212 Les chantres placés dans le chœur alternent avec l’organiste à chaque verset. C’est une pratique courante. Toutefois, si le chanoine, fin liturgiste, la mentionne ici, c’est sans doute qu’elle n’est pas usuelle au Mans le jour de la Trinité.
213 Une société de concerts s’était montée au Mans au printemps 1774. Elle périclita dès 1776-1777 (S. Granger, Musiciens dans la Ville, op. cit., p. 19-21). Le diariste nous apprend ici que certains chanoines de la cathédrale s’y étaient abonnés.
214 La description du diariste recoupe étroitement celle que publient Les Affiches le 6 juin 1774.
215 M. de Valentinois est un neveu de l’évêque Grimaldi. C’est alors un jeune homme de 16 ans (né en 1758). Il deviendra Prince souverain de Monaco de 1814 à 1819, après la période d’occupation française.
216 Le puits de quatre roues : puits situé au carrefour de l’ancienne rue de la Couture (disparue) avec la rue Basse (actuelle rue Nationale) et avec la rue de Quatre-roues (rue du Docteur-Leroy). Ce puits a été détruit lors de l’ouverture de la rue des Minimes à partir de l’an IV (Joseph Guilleux et Alain Lorgeoux, Le Mans : Révolution dans la ville, Bordessoules, Saint-Jean-d’Angely, 1991, 171 pages, p. 105).
217 Donner la question : soumettre à la question, c’est-à-dire à la torture, pour obtenir des aveux.
218 L’emploi du verbe sortir sans aucun complément signifie « sortir de la psallette », au sein de laquelle André Brard avait été reçu le 20 mai 1761 (voir le Journal de Nepveu à cette date). S’il en était bien sorti à Noël 1772 comme l’indique ici le chanoine, il y avait donc passé 11 ans et demi.
219 L’histoire des Belin de Béru est celle de l’ascension d’une famille bourgeoise d’hommes de loi au cours du XVIIIe siècle : achat en 1699 du domaine du « petit Béru » à Vallon-sur-Gée, charges aux Présidiaux du Mans et de La Flèche et au Parlement de Paris, puis anoblissement en 1768 et alliance avec une famille d’ancienne noblesse, les Montesson (Caroline Gillet, Jacques Belin de Béru [1692-1745], contribution à l’histoire d’un bourgeois du Maine au XVIIIe siècle, Maîtrise sous la dir. de J.-M. Constant et A. Fillon, U. du Maine, 1989, 130 pages). René Belin des Roches, dont il est ici question, né en 1750, vient de terminer ses études de droit et d’être admis comme avocat au Parlement de Paris.
220 Relever aux parties casuelles : racheter une charge vacante. On appelle « parties casuelles » le bureau qui perçoit les droits sur la succession des offices : une charge « tombe aux parties casuelles » lorsque son titulaire meurt sans héritier capable de la reprendre. Jacques-Ambroise Belin de Béru, seigneur des Roches, étant mort en 1769, sa charge au présidial du Mans a donc dû rester vacante durant cinq ans.
221 Les Montesson d’ancienne noblesse s’allient ainsi aux seigneurs de l’étamine, les Cureau du Mans (père de la mariée) et les Pinceloup de La Moustière, de Nogent-le-Rotrou (famille de la mère de la mariée). L’expression « redorer son blason » prend tout son sens ici.
222 Mot omis : les foudres ?
223 Ce jeune homme qui « en peu » sera conseiller au présidial est René-Anselme Négrier de La Crochardière, future figure locale de la révolte parlementaire de 1788 (voir au 26 mai 1788, et pages suivantes).
224 Jean-Marie-Joseph Coutelle (Le Mans, 1748-Paris, 1835). Après ses études au collège de l’Oratoire du Mans, il mit en pratique l’invention toute récente de Franklin et établit sur la maison de son père un paratonnerre, le premier à être installé au Mans. Premier officier d’aéronautique sous la Révolution, il contribua à la victoire de Fleurus, puis participa ensuite à la campagne d’Égypte menée par Bonaparte. Nommé Chevalier de l’Empire en 1809, il termine sa carrière militaire en 1816 avec le grade de colonel (Robert Solé, Les savants de Bonaparte, Paris, Seuil, 1998, 251 pages, p. 130-131).
225 Cette trop modique cure correspondait à une si petite paroisse que la commune issue de celle-ci a disparu très vite : dès 1807, Bannes et ses 388 habitants ont été intégrés à la commune de Dissay-sous-Courcillon (Sarthe). Le lieu est situé sur la rive gauche du Loir, à un peu plus de 3 km au sud-est de Château-du-Loir.
226 Le Gué, ou le Gué des pierres : zone humide située à Pruillé-le-Chétif en bordure de la route de Sablé et du carrefour de l’allée de la Manouillère.
227 L’épisode ici raconté rappelle un jugement négatif porté par François-Yves Besnard, alors Président de l’administration du département de la Sarthe, sur le même ingénieur Chaubry, qu’il accuse de gaspiller les deniers publics en surévaluant les travaux (Souvenirs d’un nonagénaire…, op. cit., p. 257-258).
228 Grave : pierre extraite des champs, destinée au rempierrage, notamment des chemins.
229 Bian : lit d’un ruisseau, y compris ses berges. D’où le verbe bianer : curer un cours d’eau et élaguer les arbres du bord en même temps.
230 En cet été 1774, le chanoine réside manifestement à la Manouillère, comme l’entrée précédente le suggérait déjà. Sur ses liens avec la famille Bouttevin, voir au 29 janvier 1771.
231 Gardien des Cordeliers : le père supérieur (voir glossaire).
232 Connée : aujourd’hui Saint-Martin-de-Connée (Mayenne), à 40 km au nord-ouest du Mans.
233 Cet orage survenu le 4 août dans le Bas-Maine a été noté plusieurs jours après, lorsque la nouvelle en a été communiquée au diariste, sans doute par la visite de M. Guitton des Bois. Celui-ci réside à 38 km de La Manouillère, dans une localité dont le nom est devenu en 1863 Saint-Pierre-sur-Orthe.
234 Où l’on devine le goût du chanoine pour la « culture des apparences »… Cet accessoire à la mode pouvait être chez les ecclésiastiques signe d’élégance comme d’autorité. Vers la même époque, l’abbé de Villedon, Grand-Vicaire, accompagna Mgr de Grimaldi à Châteaudu-Loir pour donner la confirmation. En habit court et canne à la main, il assignait les places aux arrivants. Des paysans qui reçurent un peu trop de coups de canne finirent par le menacer de leurs bâtons… (P. Piolin, Histoire de l’Église…, op. cit. t. VI, p. 520).
235 La Freslonnière : voir au 29 juillet 1772.
236 La phrase du chanoine n’est pas très claire : c’est pour Thérèse-Nathalie de Grimaldi, visitandine à Paris, qu’avait été demandée la permission de venir au couvent du Mans.
237 Le registre paroissial précise que le parrain était René-François Hérisson d’Auvours, « ancien directeur dans les fermes du Roy », grand-oncle de l’enfant du côté paternel, et que la marraine était la grand-mère maternelle de la baptisée, Catherine-Marie-Henriette Vallienne, épouse de Louis-Geoffroy-Julien Maulny, Conseiller du roi à la sénéchaussée du Maine, comme le père.
238 Le chevalier de Rouillon est Jacques-François Nepveu, arrière-cousin du diariste (voir arbre généalogique n° 2). Né le 20 mai 1747, il devient donc capitaine de cavalerie à l’âge de 27 ans et demi.
239 Catherine-Susanne-Marie Nepveu, sœur du précédent, était née le 15 septembre 1744.
240 Le nouveau ménage de Catherine Nepveu de Rouillon est le château du Bois de Maquilly. Il existe toujours, entouré de champs et de vastes étendues de bois quadrillées d’allées géométriquement tracées. Aujourd’hui rebaptisé Maquillé, le domaine a ajouté à sa traditionnelle vocation agricole une activité d’accueil (chambres d’hôtes, séminaires) et (centre équestre) (http://domaine-de-maquille.blogspot.com).
241 À vol d’oiseau, le château de Bellefille est à quelque 3 km de celui de Maquillé.
242 Surtout : grande pièce de vaisselle, de cuivre doré ou d’argent, qu’on place au milieu de grandes tables pour y disposer soit ce qui sera utile au cours du repas (salières, poivrières, etc.) soit des éléments de décoration (figures, vases de fleurs…).
243 M. de Saint-Florentin : Louis Phélypeaux (1705-1777), comte de Saint-Florentin puis duc de La Vrillière, avait succédé à son père comme ministre en 1725, puis en 1761 était devenu ministre d’État. Secrétaire de la maison du roi et ministre de l’Intérieur, il fit fonction de premier ministre de Louis XV, et occupa finalement durant 50 ans une fonction ministérielle.
244 Le marquis de Sourches, comte de Montsoreau, Grand Prévôt de France, prévôt de l’hôtel du Roi, possède le château de Sourches à Saint-Symphorien, près de la forêt de la petite Charnie. Quoique absent du Maine (il réside à Versailles et dans son château d’Abondant près de Dreux) il fait reconstruire à Sourches un château de style néoclassique entre 1761 et 1786 à l’emplacement de sa vieille forteresse médiévale.
245 Dès la fin d’octobre, à Paris comme en province, le retour des parlementaires a été fêté. À Rennes, par exemple, le procureur général avait fait son entrée escorté de deux cents gentilshommes à cheval.
246 À cette époque, ce fils cadet, Jean-Baptiste-René Champion de Quincé dirige non pas une forge mais bien trois, celles de La Gaudinière, de La Bataille et d’Orthe, avec ses cousins Riffault (J.-F. Belhoste et É. Robineau (dir.), La métallurgie du Maine…, op. cit., p. 152).
247 Neuvillalais, localité située à 25 km au nord-ouest du Mans.
248 Discrète critique du diariste envers cette délocalisation de la cérémonie, de la cathédrale vers une église de village, trahison des usages établis.
249 Leur mariage avait été signalé par le diariste (voir au 17 décembre 1770). Voici le second des sept enfants du couple. Leprince d’Ardenay rapporte : « M. et Mme d’Assé qui n’ont point eu d’enfans de leurs deux filles ainées ont été bien dedommagés par la derniere. Mme Le Febvre pendant 12 ans de ménage a eu 7 enfans et deux fausses couches et elle a élevé trois garçons et une fille… » (Mémoires…, p. 94).
250 La noblesse y est bonne, mais peu riche : la noblesse y est ancienne et pauvre (S. Granger, « Le chanoine et l’argent… », art. cité, p. 151-170).
251 Ce nouveau chanoine est donc un proche parent de l’évêque de Grimaldi qui, selon l’habitude, place ses parents et amis dès que la possibilité s’en présente. La précision des indications données par Nepveu laisse penser qu’il a eu en mains la copie de l’acte de baptême de l’arrivant.
252 Ayant fini son temps à la psallette : le jeune homme a terminé sa formation maîtrisienne, dont la durée normale sous la plume du chanoine Nepveu est toujours fixée à douze années. Il s’agit donc de l’enfant entré à l’Assomption 1762 et que le diariste avait alors nommé Dutertre (voir au 14 août 1762).
253 Une fois tonsurés, les enfants de chœur sont admis dans la confrérie de Saint-Michel, qui regroupe les chapelains, prêtres habitués et musiciens clercs formant le bas chœur de la cathédrale (voir glossaire).
254 On croit deviner un certain scepticisme du chanoine – et peut-être du chapitre – face à ce certificat médical censé justifier l’absence de l’évêque…
255 La fille de la défunte, Rosalie-Elisabeth Rameau, avait été surnommée, comme toutes les propriétaires du château, « dame de Nouans ». Veuve de Jean-Jacques-Tobie Brière, et riche de 25 000 livres de rente, elle défrayera la chronique mancelle en faisant du chanoine Savare son légataire, ce qui entraînera un procès (voir au 9 janvier 1776 et au 22 décembre 1784, entrée placée au tout début de l’année 1785).
256 La formidable réussite des Cureau illustre bien le succès de l’étamine, « cette étoffe de laine très légère, non croisée, composée d’une chaîne et d’une trame, qui se fabrique avec la navette sur un métier à deux marches, ainsi que les camelots et la toile » (Dictionnaire portatif de commerce, 1770, t. II, p. 543). Inventée par le Manceau Jean Véron (1627-1689) et perfectionnée par son fils Guillaume (1656-1723), l’étamine du Maine fut appelée « vérone ». Pendant la Régence, une douzaine de familles de négociants avaient pris en main le grand commerce de l’étamine, vers l’Italie, la péninsule ibérique et de là les Amériques. S’inscrivant dans une crise plus large de la draperie française, le déclin de l’étamine s’amorce à partir de 1740. La concurrence de l’Angleterre ferme peu à peu les débouchés de Naples, Cadix et Lisbonne. Le succès croissant des cotonnades (toiles imprimées) accélère ce déclin. De 1740 à 1784, le nombre de métiers passe au Mans de 800 à 270 et celui des fabricants de 259 à 50. Quand le chanoine écrit ces lignes, la production d’étamines s’est déjà largement effondrée. Au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, les profits industriels avaient, la plupart du temps, été reconvertis dans la rente foncière, fortement attractive et surtout moins risquée (François Dornic, L’industrie textile dans le Maine et ses débouchés internationaux [1650-1815], Le Mans, Belon, 1955, 318 pages ; Philippe Laborie, Négociants et marchands d’étoffe du Mans au XVIIIe siècle : L’apport des archives communautaires et fiscales, DEA sous la dir. de J.-M. Constant et A. Fillon, U. du Maine, 1991, 160 pages).
257 Cette belle maison est aujourd’hui connue abusivement sous le nom d’hôtel Coindon, du nom de Victorine Coindon, devenue sa propriétaire, qui à sa mort en 1899 l’a léguée à la Ville du Mans (laquelle l’a revendue en 2004). Sa distribution et son décor intérieurs ont été classés en 1994 (Damien Castel, « L’Hôtel Cureau [1745] rue de la Barillerie au Mans », Province du Maine, 1994, p. 263 à 274).
258 Le contrat de mariage entre Louis Geslin de Courteilles et Marie-Marguerite-Françoise Livré est signé le 21 janvier 1775. Le futur apporte tous ses droits, évalués à 9 000 livres, et la future le lieu de La Pilière à Mareil-en-Champagne, affermé 220 livres (AD72 : 4E 37/780, étude Martigné). Louis Geslin de Courteille et Jacques-Julien Livré, père de la mariée, siégeaient tous deux au Bureau d’Agriculture du Mans. Cela a-t-il créé des liens ? En tous cas une sociabilité certaine et même une communauté de pensée.
259 « Le cinq février 1775 par nous Curé et autres sousignés a été faite la levée du Corps de feu Messire Claude Charles Laurent Tahureau pour faire l’ultimum vale dans cette église, décédé hier sur les deux heures après midi, âgé de soixante quatre ans ou environ, pour ensuite en faire le transport dans l’église des Révérends père jacobins où il a droit de sépulture… » (BMS, Le Mans, Saint-Pavin des Champs). Le chanoine vieillit donc le défunt de 8 à 11 ans, par rapport à ce qu’en dit le curé de sa paroisse, qui le connaît mieux. Le chevalier de Tahureau était sans doute perçu par la société mancelle comme un vieillard, et le diariste relaye cette représentation. Né le 3 octobre 1709, il avait en réalité 65 ans et 4 mois.
260 Voir au 21 septembre 1775.
261 Le Tertre et le Tronchet sont deux terres situées, comme la Manouillère, à Pruillé-le-Chétif, de même que le bordage de la Vacherie. On peut penser que c’est en tant que voisin et bon connaisseur des lieux que le chanoine a été désigné – ou s’est porté volontaire – pour cette opération de médiation entre l’ancien et le nouveau propriétaire, et le curé de la paroisse. La vente du Tronchet par Louis Cajetan Levayer à Antoine-Vincent Barbeu-Dubourg avait eu lieu trois ans plus tôt, le 23 janvier 1772.
262 Antoigné, à Sainte-Jamme-sur-Sarthe. Voir au 27 décembre 1773 (en note).
263 L’auberge du Dauphin est située place des Halles, c’est-à-dire au cœur le plus actif de la ville, au débouché de la rue de Courthardy. C’est un emplacement de choix pour une auberge (Robert Triger, « L’hôtellerie du Dauphin au Mans », RHAM, 1921, p. 261-273 ; Geneviève Plante, Les Auberges au Mans dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, Maîtrise sous la dir. d’A. Fillon et J.-M. Constant, U. du Maine, 1991, 108 pages).
264 Le nom de La Galissonnière s’était illustré avec Roland-Michel, commandant la flotte française en Méditerranée, qui avait écrasé la flotte anglaise au large de Minorque aux Baléares (20 mai 1756). Son frère, Charles-Vincent Barrin de La Galissonnière, était seigneur de Pescheseul, paroisse d’Avoise (à 37 km au sud-ouest du Mans), où il résidait et où il mourra trois ans après cette notation du chanoine. La domesticité de M. de La Galissonnière est importante (une vingtaine de personnes). Toutefois ses exigences culinaires ne semblent pas très élevées : en 1768, il demande à son procureur fiscal de lui « chercher une cuisinière qui scache seulement faire cuire la viande, faire de bon bouillon, embrocher et faire civet et fricassée et à moindre gage que vous pourres, la Flesche vous en fournira de cette espèce »… Les gages d’une cuisinière dans cette maison se montent à 106 livres par an (AD Sarthe : E 334, et Benoît Hubert, Correspondance de Monsieur de La Galissonnière, Seigneur de Pescheseul, 1758-1776, Maîtrise sous la dir. de J.-M. Constant et A. Fillon, U. du Maine, 1988, 114 pages).
265 On sent que le chanoine au moment de rédiger la présente entrée, est retourné en arrière lire ce qu’il avait écrit antérieurement de cette affaire. Il en donne lui-même la référence à la ligne suivante.
266 Le jugement porté par le diariste sur le jeune marquis de Flers est récurrent : « borné » ici, « point d’esprit » le 16 septembre 1777. L’organiste Michel Boyer a bien connu le marquis de Flers, puisque ce dernier était un passionné d’orgue. Il donne un autre éclairage de sa personnalité, d’ailleurs compatible avec ce qu’écrit le chanoine : le marquis était « d’une obligeance extrême et d’une tête tout à fait extraordinaire par son génie musical, qui dégénérait même en une espèce de folie » (Michel Boyer, « Notice biographique, musicale et littéraire sur François Marc, Maître de chapelle de la cathédrale du Mans », notes ajoutées au tiré à part de cette notice, d’abord publiée dans SASAS, Le Mans, Monnoyer, 1850-1851).
267 Cet acte de mariage occupe trois pages pleines du registre paroissial de Saint-Vincent du Mans. Le marié est domicilié à Sarceaux, diocèse de Sées, province de Normandie. Le mariage a été célébré par Bouttier de Gemarcé, chanoine de la cathédrale du Mans.
268 Ce que le chanoine nomme « la Gasette du Mans » est l’hebdomadaire qui porte pour titre « Annonces, Affiches et Avis divers pour la ville du Mans et pour la Province ». Le numéro du 20 mars 1775 consacre en effet 8 lignes à ce mariage.
269 Le registre des sépultures de la confrérie Saint-Michel enregistre le lendemain, 27 mars 1775, l’inhumation de François Le Bons, confrère de Saint-Michel, mais ne mentionne pas Guichard. Ce dernier ne figure pas non plus dans le registre des décès du chapitre Saint-Julien.
270 Les Perrays : terre située à Parigné-le-Polin, à une vingtaine de km au sud du Mans, à l’est de la route du Mans à Angers, la Royale 23 devenue Nationale 23, puis Départementale 323.
271 Le chanoine dit vrai. Michel-Armand de Broc (1707-1775) s’était illustré pendant la guerre de Sept Ans en organisant la défense de la Bretagne (septembre 1758 : débarquement anglais repoussé à Saint-Cast). En 1765, le roi lui avait confié la mission d’arrêter La Chalotais, emblématique meneur de la révolte du Parlement de Rennes. Appointements et pensions pour plus de 10 000 livres récompensèrent ce grand serviteur de la monarchie. Cette richesse lui permit d’agrandir et d’embellir son château des Perrays (Ambroise Ledru, Histoire de la maison de Broc, Fleury et Dangin, Mamers, 1898, 755 pages, p. 276-282).
272 Le château de Milon, situé à Amné, à environ 20 km à l’ouest du Mans, appartenait en réalité à Jeanne-Jacqueline de Duminique, marquise de Broc, qui le tenait de sa tante Jeanne-Jacqueline de Gollen, veuve et donataire de Louis-François de Samson, seigneur de Millon (voir aussi fin janvier 1777).
273 La « compaignie de la Ville », comme d’ailleurs « Mrs de l’Hôtel de Ville », désigne le corps des échevins du Mans. Il s’agit bien ici d’une démarche urbaine : la ville est inquiète de l’impact de la sécheresse sur sa campagne nourricière (voir introduction).
274 Placée au chevet de la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour, la châsse de sainte Scholastique fut longtemps l’objet d’une grande vénération de la part des Manceaux qui célébraient chaque année le 11 juillet la Translation légendaire des restes de la sainte du Mont Cassin, lieu de son décès, jusqu’au Mans. Dès que les conditions climatiques ne sont pas au gré de la population, les échevins de la ville prient le chapitre collégial de sortir « Madame Sainte Scolasse » ; eux-mêmes l’accompagnent avec des torches de cire blanche au milieu d’une énorme affluence. On sortait aussi la châsse pour conjurer les incendies. La statue de la sainte placée dans une niche extérieure de la chapelle de La Visitation commémore des incendies qui auraient été arrêtés en 1714 et 1870 (Dom Heurtebize et Robert Triger, Sainte Scholastique, patronne de la ville du Mans, Solesmes, 1897, 355 pages ; et Recherches sur les Pèlerinages…, op. cit., p. 46-49) (voir planche XXVI, fig. nos 39 et 40).
275 Décharger les boîtes : voir au 1er août 1763, en note.
276 Pour M. de Posset, exilé : à la place de Négrier de Posset, maire du Mans, exilé à Chartres (voir au 9 décembre 1774), puis sur ses terres (voir en mai-juin 1775).
277 Entre quatre et six tambours et trompettes composaient la musique de la Ville du Mans. L’activité de ce corps de musique étant irrégulière, chacun de ces hommes exerce en parallèle un métier artisanal, ce qui complique leur identification dans les sources. Pourtant la charge de « Trompette de Ville » se transmet familialement comme un privilège précieux. Par exemple de Julien Chaumier l’aîné (1705-1784), à son neveu Julien Chaumier le jeune (1747-1813), tous deux cordonniers ; puis de Julien Chaumier le jeune à son gendre Florent Lanzeray (1781-1855), par ailleurs tisserand.
278 Saint-Germain est une paroisse du Mans, mais qui, située rive droite, en périphérie de la zone urbanisée, conserve des caractères essentiellement ruraux. Sa population est estimée à 646 personnes en 1764 et 779 en 1790 (AD Sarthe : 111 AC 1550).
279 Bâtir par le pied : reprendre l’ouvrage à partir des fondations, rebâtir à neuf.
280 Originaires de Touraine et installés dans le Maine au début du XVIIe siècle, les Barbet des Granges étaient de riches négociants en étamines. Ils cherchèrent à quitter le commerce en s’alliant à des juristes et des hommes d’argent. Le beau-père de la jeune accouchée était changeur du Roi ; son beau-frère était Conseiller, contrôleur général alternatif des finances, domaines et bois de la Généralité de Tours.
281 La rue de Quatre Roues : voir introduction.
282 Le Petit Saint-Pierre : voir au 16 janvier 1761.
283 Port Beleau, ou Port Belle-eau : lieu-dit situé au bord de la Sarthe à Allonnes.
284 « Le 26 juillet 1775 par nous Chanoine de l’Église du Mans, promoteur de l’officialité de ce diocèse et commissaire en cette partie de Monseigneur l’illustrissime et révérendissime Évêque du Mans a été bénite avec les solennités en tel cas requises la chapelle du lieu du Port Belot situé en cette paroisse [d’Allonnes], appartenante à Monsieur Maître Louis Geoffroy Julien Maulny Conseiller du roy au siège présidial du Mans et sénéchaussée du Maine, sous doyen des Conseillers… » Le registre paroissial d’Allonnes ne mentionne pas explicitement la présence du diariste, mais sa signature « Nepveu » est clairement visible en sixième position parmi les seize signatures apposées en bas de l’acte.
285 Le nouveau-né ici mentionné rendra plus tard visite aux Manceaux le 10 août 1814, à l’âge de 39 ans. Au moment du retour des Bourbons sur le trône (entrée de Louis XVIII à Paris le 4 mai 1814), le neveu du nouveau roi visite la France pour asseoir le nouveau régime (R.-A. Négrier de La Crochardière, Observations sur la ville du Mans, ms. cité).
286 Voir au 5 février 1775.
287 Funé : Funay, ancien lieu-dit de la paroisse de Pontlieue, situé dans une zone sablonneuse à environ 5 km au sud de la cathédrale du Mans, sur la rive gauche de l’Huisne.
288 Les Fondville s’étaient en effet associés avec M. de Valogny pour acquérir la belle terre de Funay en 1762, ultérieurement agrandie de plusieurs fermes de la Couture et de 41 arpents de landes de l’Épau (AD Sarthe : H 886). Sur cette terre de Funay, Fondville et Valogny avaient reçu l’agronome M. des Pommiers envoyé par le ministre Bertin, qui leur avait présenté une nouvelle charrue dont l’essai fut convaincant (Arch. Sciences et Arts, reg. 2, séance 183, 1er juillet 1766, p. 292-298). Les deux hommes incarnent le vent agronomique qui souffle sur le Maine des Lumières. Véron du Verger orchestre les expériences et utilise ses réseaux en faveur du progrès agricole.
289 Coudoye : lieu et maison de maître portant le nom de Coudoie ou Cou-d’Oie, situés à Sainte-Croix, au nord-est du Mans, paroisse alors largement viticole. Devenue commune de Sainte-Croix, elle sera rattachée au Mans en 1855. Le domaine de Coudoie s’étendait entre l’actuelle avenue Léon-Bollée et la rue de la Mariette (Victor Boitard, Les Rues du Mans et leur origine, Le Mans, Morin, 1935, t. I, 308 pages, p. 189-190). En 1775, il appartenait aux Le Romain, grande famille de ciriers du Mans, qui le louaient à Jean Watelet de Valogny, maréchal des camps et armées du roi. À la mort du locataire, les scellés sont mis sur ses biens et un inventaire est réalisé (AD Sarthe : B 942). Une vente aura lieu l’année suivante (AD Sarthe : 4E 37/782, Étude Martigné, 22 février 1776).
290 M. de Valogny était un homme de goût sensible aux modes de son temps (baignoire de cuivre rouge pour l’hygiène corporelle, fauteuils cabriolets couverts de moire pour recevoir, deux serres par amour de la botanique). Il avait un train de vie digne de ses amis les Fondville (grands services en faïence de Marseille, verres en cristal de Bohême…). Les enchérisseurs de ces pièces exceptionnelles sont d’ailleurs les riches et raffinés Messieurs de La Crochardière, Cureau et du Vaugouin (beau-frère du diariste). La cave est composée de 1 231 bouteilles de vins tant blancs (Champagne, Bordeaux) que rouges (Bordeaux, Malaga, Lunel…), de la bière blanche de Hollande et de grandes quantités d’eau-de-vie et de ratafia. Le monde de la fête et des réceptions mancelles, orchestré par les Fondville, se trouve ainsi endeuillé d’un de ses membres les plus marquants.
291 Cartron, pour quarteron : un quart de livre, soit 125 grammes. C’est la multiplication de ce petit cierge qui fait qu’au total le luminaire est jugé considérable par le chanoine.
292 Le registre paroissial de Pruillé précise que cette chapelle est alors « nouvellement construite ».
293 On aimerait savoir par quelles voix le tout fut chanté : par les membres du clergé présents ? Par les chantres de la paroisse de Pruillé ? Ou bien par des musiciens professionnels du corps de musique cathédral que le chanoine Nepveu aurait emmenés avec lui à la Manouillère ? Le procès-verbal du registre paroissial ne permet pas de répondre à cette question.
294 Meung[sur-Loire] où l’évêque d’Orléans avait une résidence (voir la première entrée de 1772).
295 Sur la production de vin dans le pays manceau, on lira avec profit : Joseph Guilleux, « L’implantation du vignoble sur le territoire de l’actuelle ville du Mans, d’après les premiers cadastres napoléoniens », 1761-2011, Les 250 ans de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, colloque 14 mai 2011, SASAS, 2013, p. 91 à 126.
296 Enfeu : voir glossaire.
297 Se mettre du blanc et du rouge : cela indique vraisemblablement que la défunte aimait à se farder de blanc et de rouge, les deux couleurs essentielles des fards alors en usage, la seconde étant destinée à souligner la blancheur du teint. C. Lanoë relève que « la brutalité du contraste favorise et justifie la critique » et que l’usage du rouge, comme celui du blanc, demeure « pour des raisons morales identiques, l’objet d’une condamnation en tant que tel » (Catherine Lanoë, La Poudre et le fard, Une histoire des cosmétiques de la Renaissance aux Lumières, Champ Vallon, 2008, 384 pages, p. 49). Cette réprobation croissait avec l’âge de la femme concernée. Le ton à peine contenu du chanoine montre assez l’incongruité du comportement de Mlle Levayer aux yeux de ses contemporains.
298 Tirer les boîtes de la Ville : voir au 1er août 1763, en note.
299 Mal de l’an : coliques et convulsions chez les petits enfants.
300 Gourdaine : paroisse mancelle située rive gauche, entre la muraille et la rivière, où s’entasse dans des conditions misérables une population travaillant le cuir et le textile. Elle comptait 1 045 habitants en 1764 et 1 360 en 1790 (AD Sarthe : 111 AC 1550).
301 Il s’agit de la messe rouge, célébrée pour la rentrée du Palais (voir glossaire).
302 Que signifie être « très jeune » aux yeux du diariste ? Charlotte-Françoise Garnier, née le 21 décembre 1759, n’a pas encore 16 ans lors de son mariage, et Pierre Nouet de La Boissière en a dix de plus (Philippe Laborie, Approche de deux familles de grands négociants du Mans sous l’Ancien régime, les Fréart et les Garnier, Maîtrise sous la dir. de J.-M. Constant et A. Fillon, U. du Maine, 1990, 217 pages, p. 191).
303 Ces mariages doubles sont relativement fréquents dans les milieux du négoce et de l’industrie : la pratique de l’homogamie permet de renforcer et de développer les positions acquises. Nous voyons ici l’alliance d’un riche négociant en étamine, François-René Duhail, juge-consul au Mans, avec une famille puissante de maîtres de forges, les Desportes. Voir aussi au 17 octobre 1785.
304 Henri-Pierre II Desportes de Corlevé (1750-1785) et Jean-Baptiste-François Desportes du Tertre (1754-1790) avaient perdu leurs parents très jeunes ; les deux frères n’avaient que 18 et 14 ans quand ils prirent la direction des forges de Cormorin, qu’ils tinrent ensemble de 1768 à 1777. Il semble que le cadet, qui épousa Anne-Françoise Duhail, dirigeait au moment de son mariage la forge de Champsecret (Basse-Normandie) et qu’il laissa son aîné avec son épouse Euphrosine-Louise poursuivre l’exploitation de Cormorin. Le chanoine se trompe ici en situant les deux jeunes Desportes à Vibraye ; c’est leur père qui, négociant nantais, était venu dans le Maine pour diriger ces forges à partir de 1753 (J.-F. Belhoste et É. Robineau [dir.], La métallurgie du Maine …, op. cit., p. 107-147-155-156-195).
305 Voir la fin de ce dilemme aux 23 mars et 7 avril 1777.
306 La Purification : fête chrétienne en l’honneur de Marie, retournée au temple quarante jours après la naissance de son enfant pour accomplir les rites de purification qui suivent les couches. Le calendrier catholique a fixé cette commémoration au 2 février.
307 Le prêtre de l’Oratoire « cousin des deux parties » qui célèbre le mariage précise seulement que Marie-Renée-Françoise de Vanssay est « mineure de vingt-cinq ans » (BMS, Saint-Pavace, 9 janvier 1776).
308 Courvarain : il s’agit de la terre et du château de Courvalain (www.perche-gouet.net). La Chapelle proche Lombron : La Chapelle-Saint-Rémy, village situé à 25 km au nord-est du Mans.
309 Situé à Saint-Pavace, à environ 5 km au nord du centre du Mans, le château de Chênede-Cœur avait été édifié au début du XVIIIe siècle par Nicolas Boucher, écuyer, conseiller du roi et receveur des tailles au Mans. Son fils avait achevé les travaux et procédé à un somptueux aménagement intérieur. Sa veuve a vendu Chêne-de-Cœur aux Vanssay en 1758.
310 Prise : terme de chasse, de marine ou de guerre que le diariste applique à la partie en nature de la prébende du chanoine qu’est la jouissance de l’une des maisons canoniales.
311 Joseph-Jean Savare est né en réalité à Connerré, le 2 septembre 1740. Son acte de baptême dit son père maître tanneur.
312 Regrat : vente au détail et de seconde main de certains produits, particulièrement du sel. Le regrattier s’approvisionne au grenier à sel et revend par petites quantités. Le mot regrat peut désigner le bénéfice tiré de cette vente par le regrattier, ainsi que le lieu où l’on vend le sel à petite mesure.
313 Sur la famille Daniel de Beauvais, voir aux 21 novembre et 27 décembre 1780 (en note).
314 Voir au 15 mai 1765.
315 Voir au 30 mars 1773.
316 Pour gérer ce legs, Joseph Savare fait appel à F.-Y. Besnard, curé de Nouans, qui devient son homme d’affaires. Le même Savare, devenu curé réfractaire, sera l’un des premiers à fermer sa porte à Besnard, curé constitutionnel (Souvenirs d’un nonagénaire, op. cit., p. 207).
317 Au sujet de cette nomination, voir le Journal de Nepveu début mai 1773.
318 Ce petit-fils qui a beaucoup de goût pour la poésie est René Chauvin du Ponceau d’Oigny (voir au 13 septembre 1770). Le chanoine n’aura pas l’occasion de revenir sur cette gloire littéraire mancelle aujourd’hui oubliée, dont les œuvres complètes seront publiées en 1826 en 4 tomes à Paris. Ponceau d’Oigny s’éteindra vingt ans après le diariste, en 1831 (André Fertré, « René Chauvin du Ponceau d’Oigny [1749-1831] et la poésie révolutionnaire du Maine », SASAS, n° 56, 1938, p. 162-203).
319 Charge de secrétaire du roi : surnommée « savonnette à vilain » par ironie envers cette élévation sociale par l’argent. Son titulaire devait exercer pendant vingt ans, ou mourir en charge, pour que ses descendants soient anoblis (Laurent Bourquin, La noblesse dans la France moderne, XVIe-XVIIIe siècles, Belin, 2002, 267 pages, p. 82-94). Pour les maîtres de forges comme M. d’Oigny, accéder au second ordre couronnait leur ascension sociale, commencée plus ou moins tôt selon les cas. Les Treton, par exemple, dont les biens étaient déjà importants au XVIIe siècle, furent secrétaires du roi dès 1701. À la même époque, Robert-Urbain Cassin n’était encore que marchand de fer. Son petit-fils vota avec la noblesse à Tours en 1789 (J.-F. Belhoste et É. Robineau [dir.], La métallurgie du Maine…, op. cit., p. 135-171).
320 Le chanoine se trompe d’un jour sur la date, mais est bien renseigné quant aux parrain et marraine : « René Louis né d’aujourd’huy du légitime mariage de Mr René Ancelme Negrié de la Crochardière conseiller du Roy au Siège présidial et Sénéchaussée de cette ville, et de dame Marie Madeleine Louise Pilon son epouze, duquel a été parain Henry Maupoint, maraine Marie-Anne Trudelle, tous deux domestiques chez Mr Négrié de la Crochardière, lesquels ne signent, le père présent a signé avec nous » (BMS, Le Mans, Saint-Nicolas, 24 janvier 1776).
321 Qu’elle étoit en enfance : elle avait perdu ses facultés et était devenue sénile.
322 Doëre : douaire, clause du droit matrimonial qui garantit à la veuve l’usufruit d’une partie des biens propres de son mari défunt. À la mort de Mme de Courcival, les héritiers de feu son mari voient donc revenir une somme qui avait été immobilisée dans son douaire.
323 Nepveu assiste à la sépulture et signe le registre.
324 Bail : bal. La saison des bals se déroule entre l’Épiphanie et l’ouverture du carême, elle bat son plein la semaine du Mardi gras (Sylvie Granger, « Le Bal dans les villes de province, seconde moitié du XVIIIe siècle », Analyse Musicale, n° 69, 2012, p. 73 à 79, p. 76).
325 Jean Guiet a été à plusieurs reprises scrutateur à la juridiction consulaire. À l’instar de plusieurs autres épiciers, il a également exercé la charge de commissaire de police (David Audibert, Épiciers de l’Ouest – Le Mans, Angers, Nantes – au XVIIIe siècle : étude comparative, thèse sous la dir. d’A. Fillon, U. du Mans, 2003, 3 vol., 1 282 pages, vol. II, p. 598, 625 et 630 (Méd. Le Mans : Maine 4* 15004).
326 Plusieurs mémoires imprimés relatifs à cette affaire sont en effet conservés à la médiathèque du Mans (Maine 4° 818 et H-4° 5072). Anne-Catherine Sevin des Aprêts était depuis 1763 « affiliée » à l’abbaye de la Perrigne à proximité du village de Saint-Corneille (15 km au nord-est du Mans) pour y jouer de l’orgue, y chanter et y enseigner la musique. Elle est accusée de fréquenter de trop près un vicaire du village voisin.
327 La médiathèque du Mans conserve l’un au moins de ces mémoires qui ont couru la ville : Plaidoyer pour le comte de Sourches, contre la comtesse de Sourches demandant une séparation de corps, 1776, 58 pages (Maine 819/3).
328 Cet acte de vente ne se trouve plus aujourd’hui dans aucune des quatre liasses des notaires de Bonnétable conservées pour l’année 1776 aux archives départementales de la Sarthe.
329 L’édit des corvées : devenu contrôleur général, Turgot promulgue en février 1776 un édit remplaçant la corvée par une contribution additionnelle aux Vingtièmes (impôt assis sur les revenus de la propriété) et donc payable par tous les propriétaires fonciers assujettis aux Vingtièmes. C’est une réforme hardie, qui va déclencher l’opposition des privilégiés. On remarque pour l’heure la prudence du chanoine Nepveu sur le sujet : il se contente de noter l’enregistrement de l’édit, sans le commenter.
330 Édit de la suppression des Maîtrises : autre réforme tentée par Turgot pour instaurer la liberté des métiers en supprimant l’organisation corporative en communautés de métiers. Le renvoi de Turgot, le 12 mai 1776, sera suivi de leur reconstitution partielle.
331 Le chanoine avait soigneusement enregistré ce départ de l’évêque au 3 octobre 1775. On peut penser qu’il s’y est référé lors de la rédaction de cette entrée du 23 mars 1776.
332 Desportes de Linières abandonne son canonicat de la collégiale pour devenir chanoine de la cathédrale.
333 René Lemercier (1745-1806) est maître de musique à la cathédrale du Mans depuis août 1773 (voir en avril 1773 et au 26 mai 1774). Le nouvel enfant de chœur ici reçu est son neveu, Julien Lemercier, fils aîné du sacriste de La Chapelle Saint-Fray, paroisse située à environ 15 km au nord du Mans, où il est né le 1er janvier 1768. Il a alors 8 ans et presque trois mois. Pour son âge comme pour son lien de parenté avec le maître de musique, l’information donnée par Nepveu est donc approximative.
334 Julien Chaumier a quant à lui 7 ans et demi puisqu’il est né le 25 août 1768 paroisse Saint-Ouen du Mans. Il est fils de Julien Chaumier le Jeune, maître cordonnier qui est aussi Trompette de la Ville (voir au 29 juin 1775, en note).
335 Contrairement à l’autre enfant de chœur du même nom qui était sorti de la psallette à Noël 1774, à un moment où le groupe de musiciens était complet, ce second Letertre a la chance d’arriver en fin de formation à un moment où le chapitre a besoin d’un joueur de serpent. Il peut donc être engagé aussitôt à la cathédrale du Mans, tandis que son homonyme a dû partir chercher fortune ailleurs. Sur sa réception et ses origines familiales : voir au 27 mai 1764, en note.
336 L’Église : ici la cathédrale, dont les chanoines de la collégiale Saint-Pierre ne franchissent pas le porche.
337 Trône tendu : on appelle trône ou trône épiscopal le siège où l’évêque s’installe lorsqu’il officie pontificalement dans une église ; le verbe tendre dans ce contexte signifie habiller, recouvrir, tapisser de tissu, velours, damas, etc.
338 Rue Judas : aujourd’hui de la Juiverie.
339 Pièces de vingt-quatre sols : il s’agit de pièces de cire de taille importante dont la valeur s’élève à 24 sols.
340 Ce mariage n’a pas eu lieu à La Manouillère.
341 Le Peletier meurt en réalité le 16 avril. Le lendemain, Nepveu assiste à la sépulture et signe le registre.
342 Indemner : indemniser.
343 Prises : voir au 9 janvier 1776.
344 Vigiles à neuf leçons : les neuf leçons sont les célèbres Leçons de Ténèbres, textes tirés du prophète Jérémie chantés aux Matines des trois jours avant Pâques. Le cycle complet se divise en neuf leçons, trois pour chaque jour. Pour permettre à plus de fidèles d’y assister, on prend peu à peu l’habitude de les chanter l’après-midi précédent, plus confortable que Matines, d’où le raccourci du chanoine (vigile = la veille).
345 Le mot département désigne ici la circonscription ecclésiastique dont il vient d’être question, le grand archi-diaconné.
346 Courceliers : lire Courceriers. Le château des Bordeaux (milieu XVIIIe siècle) est situé à Amné, à 22 km à l’ouest du Mans. Après le décès de Marie-Augustine-Charlotte de Thibergeau, marquise de Courceriers, l’inventaire du château révèle un intérieur luxueux et à la mode, abondamment garni d’indiennes, et nanti d’un matériel dédié aux loisirs et à la culture : tables à jouer, optiques, longues-vues, mappemonde… (AD Sarthe : B 953, 18 mai 1776 et jours suivants).
347 Cette phrase montre une nouvelle fois que le chanoine n’écrit pas toujours sur le vif : il y a forcément un décalage de quelques jours au moins, sans doute de quelques semaines, entre l’accident en lui-même et la constatation de son bon rétablissement, donc entre les faits rapportés et le moment de l’écriture.
348 Le chanoine note l’information sans laisser percevoir ce qu’il en pense. Le souci hygiéniste qui préside à cet édit parcourt les Lumières depuis la fin des années 1730, et les publications d’articles et mémoires se sont intensifiées depuis 1770 (Olivier Zeller, « La pollution par les cimetières urbains, Pratiques funéraires et discours médical à Lyon en 1777 », Histoire urbaine, n° 5, 2002, p. 67-83). Au Mans, la question avait été débattue au sein de la société d’Agriculture en 1774, rapportée par le bibliothécaire de l’abbaye Saint-Vincent Dom de Gennes. Il évoquait la récente loi suédoise sur l’interdiction d’ensevelir dans les églises « afin de pourvoir à la salubrité de l’air des villes et des campagnes » (Arch. Sciences et Arts : reg. 5, séance 436, 1er mars 1774, p. 40-41).
349 Cet enfant est un neveu du diariste, qui ne semble pas présent au baptême (BMS, Athenay, 11 juin 1776). Voir au 11 novembre 1785.
350 Voir au 14 juillet 1776.
351 Voir au 12 mars 1776. Le crime dont il est question semble être une fréquentation trop assidue entre l’organiste et le vicaire.
352 Demoiselle donnée, ou parfois fille donnée : expression désignant des femmes entrées dans une communauté religieuse sans avoir le projet d’y prononcer des vœux et sans avoir versé de dot à leur arrivée, mais pour y exercer un emploi, rémunéré par une faible somme d’argent et surtout par le vivre et le couvert. C’est au cours du XVIIIe siècle le cas de nombreuses organistes, comme ici Catherine Sevin.
353 L’expression « sans musique », signifie qu’aucun chantre ni instrumentiste n’est venu des deux églises majeures de la ville (la cathédrale et la collégiale) qui, seules, entretiennent un corps de musiciens.
354 Les Jacobins ont un organiste qui est alors Nicolas Boutelou, également organiste de l’abbaye Saint-Vincent depuis les années 1760 (S. Granger, « Le dernier organiste… », art. cit., p. 23 à 27).
355 Tirer les boîtes : voir au 1er août 1763 (en note). De telles décharges d’artifice sont une composante classique des fêtes publiques, de même que la distribution de pain aux pauvres.
356 Goutte remontée : lorsque la maladie de la goutte (excès d’acide urique) gagne les petites articulations et se porte sur un organe important.
357 Louis Hureau était un chanoine confortablement établi. Il augmentait sa prébende par les revenus de deux chapelles rurales. Sa cuisine bien garnie en ustensiles variés peut expliquer la crise de goutte à laquelle nous le voyons succomber. Son intérieur cossu comprenait trumeaux, tableaux, armoires, lit à l’ange… et on peut deviner une forte activité de réception à travers six cabriolets (petits fauteuils) couverts d’étamine rayée, sept chaises et deux bergères revêtues de flanelle à fleurs rouges, des tables à écrire et à jouer, etc. (AD Sarthe : B 954, scellés et inventaire de Louis Hureau, 20 juillet 1776).
358 Donner à vie : louer un bien sur une très longue durée, jusqu’au décès des locataires.
359 Mme Lecointre du Vaugouin est la sœur cadette de René-Pierre Nepveu. Elle s’installe ici à Allonnes, paroisse voisine de la Manouillère. Ni les Vaugouin, ni le bavard diariste n’avaient sans doute conscience que ce lieu de la Foresterie est aussi l’endroit où s’était dressé aux premiers siècles de notre ère un grand temple dédié à Mars Mullo (Katherine Gruel et Véronique Brouquier-Reddé, Le Sanctuaire de Mars Mullo, Allonnes [Sarthe], Le Mans, La Reinette, 2003, 190 pages). Les auteures mentionnent « la récupération de matériaux dès l’abandon du sanctuaire jusqu’au XVIIIe siècle » (p. 58). En restait-il des traces encore visibles au temps du chanoine Nepveu ?
360 La Foresterie est une zone boisée, à travers laquelle le preneur pourra défricher, ouvrir, faire des allées…
361 Le chanoine avait déjà fait une remarque du même ordre le 15 juin 1776. La proximité de ces deux notations laisse supposer que les liens entre lune et sexe des enfants à naître devaient être un sujet de supputations dans la société mancelle à ce moment là.
362 Bethon : localité située à 40 km environ au nord du Mans.
363 Saisi d’un trou de mémoire, le chanoine a laissé par deux fois dans cette entrée le nom du marié en blanc. Il s’agit d’Étienne Le Gris de La Pommeraye, fils du premier président du contre mesurage des sels à Angers.
364 Nicole Legris de La Pommeraye, sœur du marié dont le chanoine parle ici, avait épousé le cirier Le Prince de Claircigny un an auparavant, plusieurs années après que les deux jeunes gens se soient rencontrés et plu (Leprince d’Ardenay, Mémoires…, p. 91-92 et 279-280).
365 Le registre de la paroisse Notre-Dame de Nogent-le-Rotrou indique que le marié, « messire Alexandre-Charles-François Boutelier [sic] de Château fort, écuyer », est majeur. Et que la mariée, fille mineure d’un contrôleur ordinaire des guerres, écuyer et seigneur de diverses terres, se nomme en réalité Élisabeth Alexandrine Henriette Guillier. L’acte occupe cinq pleines pages.
366 Le chanoine n’a tellement « aucune connoissance » de ce prieuré qu’il écrit Séphoix pour Cheffois, lieu situé à environ 45 km de Luçon (voir au 11 novembre 1776).
367 Lettre de cachet : lettre close, fermée par un cachet de cire, elle sert à transmettre un ordre royal. De ce fait, les lettres de cachet sont devenues un symbole de l’arbitraire monarchique. Elles étaient souvent délivrées à la demande des familles désireuses d’obtenir rapidement et sans bruit l’internement l’un des leurs dont la conduite posait problème, comme c’est le cas ici. Les ennuis commençaient pour ce sulfureux chanoine et les procès s’annonçaient (AD Sarthe : B 292, Madeleine-Françoise Le Maignan, veuve Lebreton de Vannoise, contre le Sieur abbé d’Agout, chanoine prébendé de l’église du Mans, 1778).
368 L’heure a son importance : ce n’est pas le premier mariage nocturne signalé par le chanoine en peu de mois, tous dans la bonne société mancelle. On peut y lire un signe de distinction. De même que le lieu de la cérémonie, hors église paroissiale, dans une chapelle située à proximité immédiate de la salle de spectacle toute nouvellement construite alors (voir aussi au 7 janvier 1771). C’est un chanoine de la collégiale Saint-Pierre toute proche qui célèbre le mariage. À cette heure nocturne, l’assemblée est restreinte et choisie : dix signatures en bas de l’acte seulement.
369 Puissant : « robuste, & de taille grande, grosse, avantageuse » dit aimablement le Dictionnaire de l’Académie Françoise, qui précise cependant que cela peut se dire de quelqu’un devenu « trop gras ». On dirait actuellement gros, voire obèse.
370 Cette union, atypique par l’âge avancé des mariés, est en revanche conforme aux habitudes en matière de critères de choix du conjoint. Les deux époux sont voisins à la fois socialement et géographiquement, les châteaux de Dobert (à Avoise, et non Asnières comme l’écrit le chanoine) et de Pescheseul (demeure de la famille La Galissonnière) n’étant séparés que d’environ 8 km. Et le chanoine ne signale pas l’essentiel : il s’agit d’un véritable mariage d’amour. L’âge avancé des mariés n’enlève rien à la sincérité de Mlle de La Galissonnière qui, éprise comme une jeune fille, se confie au procureur fiscal de son père : « Faites des mariages aussi heureux et vous seres beni, mon chevalier m’aime tous les jours un peu plus quil ne croît et que je n’en fais mine. À Dobert mardi 22 décembre 1776 » (AD Sarthe : E 336). Le portrait de cette amoureuse est encore visible dans la salle à manger du château de Dobert (B. Hubert, Correspondance…, op. cit.). Sur La Galissonnière, voir aussi au 11 mars 1775.
371 Mlle Sévin : l’ancienne organiste de l’abbaye de la Périgne dont le procès a déjà été évoqué par le chanoine les 12 mars, 20 et 22 juin 1776.
372 Chanté et continué en musique : alliance des voix et des instruments, ou a minima des voix et de l’orgue.
373 Sa campagne : sa maison des champs, La Bouchardière, située à 12 km à l’ouest du Mans. Pesche indique La Bouchardière parmi les lieux remarquables de La Quinte (t. IV, p. 595), Vallée-Latouche l’indique comme un château et une ferme (p. 114). C’est toujours aujourd’hui une jolie maison de maître avec communs, plus proche du bourg de Degré que de celui de La Quinte.
374 Opiner : exposer son avis, son opinion, dans une assemblée, sur un sujet mis en délibération.
375 Le chanoine Cabaret de La Bouchardière avait été l’un des 14 notables nommés en 1771 pour constituer le corps de ville (Pesche, Dictionnaire…, t. III, p. 512).
376 Vigiles à trois leçons : le Dictionnaire de l’Académie explique « on appelle vigile des morts les matines et les laudes de l’office que l’on dit ordinairement la veille d’un service pour un mort ». On y chantera un tiers des Leçons de Ténèbres, trois leçons sur neuf (voir au 17 avril 1776).
377 Ce grand enfant de chœur ayant commencé sa formation à la psallette de Saint-Pierre avant d’intégrer celle de la cathédrale à Pâques 1773 se nomme Guillaume-André Villoteau. On ne pouvait devenir membre de la confrérie Saint-Michel qu’au bout de plusieurs années au chapitre, durée que le jeune Villoteau n’atteignait pas (Sylvie Granger, « Un musicien manceau en Égypte avec Bonaparte, Guillaume-André Villoteau [1759-1839] », Maine-Découvertes, n° 40, 2004, p. 32-36).
378 Voir au 4 août 1776. Cheffois est situé près de La Chataigneraie (actuel département de Vendée).
379 Voir introduction. Ce voyage de novembre 1776 est peut-être l’événement qui fonde l’amitié entre René-Pierre Nepveu et Julien Gilouppe, auquel le diariste fera plusieurs fois allusion par la suite. Ils se connaissaient alors depuis près de dix années déjà (voir au 9 juin 1767).
380 Visa : dans le contexte bénéficial, le mot désigne l’acte par lequel l’évêque – ici de Luçon – confère un bénéfice à celui qui a été présenté par le patron du bénéfice, ou à qui le bénéfice a été résigné – ici le chanoine manceau.
381 Ce dévoué fermier venu chercher son nouveau maître à plus de mi-chemin est appelé dans le manuscrit une fois Trideau, une fois Todeau.
382 Sic. Il faut lire décembre. Nepveu et Gilouppe ont dont été absents du Mans trois semaines et deux jours.
383 Le chanoine et son compagnon de voyage ont effectué un périple qu’on peut estimer à plus de 600 km aller-retour, compte tenu de l’excursion à Rochefort/La Rochelle, puis Nantes, mais qui a peut-être été sensiblement raccourci par les chemins de traverse que leur a fait prendre le fermier du prieuré.
384 Petit sacriste : c’est l’un des petits offices de la cathédrale, qui consiste à assister le sacriste, c’est-à-dire le sacristain. Dans d’autres églises on trouve l’appellation « sous-sacriste ». Pierre Le Blais était titulaire à Saint-Julien de la chapelle dite de la Cave-Fraiche (voir au 20 décembre 1775), et de celle de la Besnardière dans l’église paroissiale de Saint-Vincent. Il vivait modestement dans un appartement contigu à la boulangerie de son frère. Le seul élément décoratif de l’intérieur de ce très humble ecclésiastique était, sur la cheminée, « une croix de bois peinte en brun sur laquelle est la figure de notre seigneur en cire blanche » ; les célèbres ciriers manceaux fabriquaient en effet de petits sujets comme des enfants Jésus en cire pour les crèches ou des christs à fixer sur des croix (AD Sarthe : B 954, 25 novembre 1776).
385 La Forge : maison appartenant au chapitre de la cathédrale et située en haut de la rue Saint-Vincent (R. Triger, Études historiques…, op. cit., art. V, « Le collège de l’Oratoire et les vieilles maisons entre l’Oratoire et l’Abbaye de Saint-Vincent », p. 96).
386 Voir l’entrée du 20 juillet 1776.
387 Quoique relevant de la paroisse de Degré, à 10 km à l’ouest du centre du Mans, le domaine de la Vagotière, situé dans une zone boisée, est proche du village de Chaufour et à moins de 8 km au nord de la Manouillère. En 1829, J.-R. Pesche signale à la Vagotière « une jolie maison moderne, accompagnée d’un bois bien percé » (J.-R. Pesche, Dictionnaire, t. II, p. 195). Aujourd’hui, y existe toujours une jolie maison de maître datant du XVIIIe siècle (avec ajouts du début du XXe siècle). C’est là que meurt Mme Négrier.
388 Le mot chantre désigne ici la deuxième des dignités canoniales. Nepveu avait enregistré le décès de Jean-Michel Philippot, Grand Chantre de la cathédrale, au 25 septembre 1769.
389 Vif et plus : probablement violent.
390 Bail : bal. Voir au 13 février 1776.
391 La salle de spectacle : aussi appelée au XVIIIe siècle la Comédie, construite par une société de 107 actionnaires au pied de l’Hôtel de Ville, sur un terrain occupant l’emplacement des anciens fossés de ville, propriété royale dont la Ville avait la jouissance, et qu’elle mit à la disposition de l’entreprise. Cette salle a été inaugurée le lundi 27 mai 1776, événement mondain et culturel important, sur lequel le chanoine a gardé un silence total. Rebaptisée salle des Concerts dans la seconde moitié du XIXe siècle, elle a été démolie durant l’été 1986.
392 La Masserie : château des XVe et XVIe siècles situé à Fay (12 km à l’ouest du Mans). Il existait une chapelle castrale fondée en 1533 et dédiée à Saint-Claude. L’ensemble de la propriété, jardin et étang compris, fut détruit entre 1860 et 1867. Fay étant une paroisse voisine de Pruillé, Blondeau des Ardilliers était donc un voisin du chanoine Nepveu.
393 Voir au 10 juin 1776.
394 Chevalier de Saint-Louis : l’ordre de Saint-Louis est alors le plus récent des ordres de chevalerie, puisqu’il a été institué par Louis XIV en 1696. Théoriquement ouvert à tous sur le seul critère de la vaillance au combat – si elle est assortie d’une durée de service de dix ans – il est en fait réservé aux officiers. À partir de 1750, il peut même conférer la noblesse à un roturier dont deux ascendants directs en auraient déjà été décorés. On peut penser que le patronage de ces six chevaliers de Saint-Louis donnait à ce bal un prestige particulier. Du moins le chanoine de La Manouillère y est-il manifestement sensible…
395 Jeanne-Jacqueline de Duminique mourut au château de Keinshein en Alsace, le 11 janvier 1777 (La Gazette de France, 27 janvier 1777).
396 Milon : à Amné (voir au 3 avril 1775, en note).
397 Doëre : douaire. Voir au 11 février 1776.
398 Voir le décès du Marquis de Broc au 3 avril 1775.
399 Fourrier : officier dont la fonction était de prévoir et organiser le logement de ceux qui suivaient la cour.
400 Ayant appris que le mariage n’avait finalement pas été célébré, le chanoine a biffé cette entrée.
401 Par cette dernière phrase, le diariste suggère une explication à ce mariage : la proximité géographique, autour de La Ferté-Bernard.
402 Sur ces 27 dames, 14 au moins sont actionnaires elles-mêmes ou épouses d’actionnaires de la société tontinière créée en 1775 pour financer la construction de la Comédie (voir introduction et J. Dupré, Les actionnaires de la Comédie…, op. cit.).
403 Ambigu : voir au 14 février 1773.
404 Les Affiches du Mans, le 20 mai 1776, donnent les dimensions extérieures du bâtiment tout neuf : 80 pieds sur 40, soit environ 26 mètres sur 13. La salle en elle-même est évidemment plus petite puisqu’il faut déduire le « palier large & commode » de l’entrée, les escaliers d’accès et les corridors des loges, les coulisses… Toutefois, en configuration bal, la scène est peut-être intégrée à l’espace utile puisque le plancher de la salle était, dit-on, équipé de vérins qui permettaient en une demi-heure de l’élever au niveau de la scène, selon Léon Hublin (Notice sur le Théâtre et sur les anciennes salles de spectacle du Mans, Le Mans, Pellechat, 1885, 64 pages, p. 15), recopié ensuite par tous les auteurs traitant du sujet. Mais cet équipement était-il en place dès les premières années de la salle ? Les Affiches de 1776 ne le signalent pas.
405 Et le chanoine Nepveu, est-il allé lui aussi à la Salle pour « voir la fête » ? Ou la racontet-il par ouï dire ?
406 Le château de Dobert à Avoise (voir au 15 décembre 1772, en note).
407 Et Nepveu l’avait dûment noté dans son Journal, en commentant allusivement « tout le monde a été surpris de ce mariage ».
408 Le chanoine Nepveu assiste à la sépulture et signe le registre.
409 Étudier à La Flèche : l’ancien collège jésuite, après avoir été durant douze ans école préparatoire à l’École militaire de Paris, a été confié aux Pères de la Doctrine chrétienne en juillet 1776. « Commence alors, comme lors du temps des Jésuites, une nouvelle période de grand rayonnement pour le collège de La Flèche » écrit Didier Boisson (introduction au Journal de Stanislas Dupont de La Motte…, op. cit., p. 21).
410 Rue des Ursules : rue sur laquelle était situé le monastère des Ursulines (voir glossaire).
411 Hydropisie. Voir au 19 mars 1773, 22 février 1774… et très nombreuses autres occurrences. À lire le Journal du chanoine, c’est une cause fréquente de décès.
412 Exemple intéressant qui montre l’importance du critère vocal dans le choix des ecclésiastiques, mais aussi celui de la prestance physique, deux atouts qui permettent à un jeune homme encore au Séminaire de l’emporter haut la main sur un concurrent pourtant déjà prêtre depuis plusieurs années.
413 Voir au 20 décembre 1775 l’exposé des termes du choix imposé au curé Maulny.
414 Rôle : liste.
415 Aucune qualité : aucun titre ni précision professionnelle. L’acte de baptême est effectivement peu informatif : « Jullien François Jacques Guillory fils [de] Julien et de Janne Potier son épouse né d’aujourd’huy a été baptisé dans cette église par moy ssgné recteur ; a été parain Jacque Delot et marainne Françoise Rigault et ce en présence des soussignants le 4e aoust 1743 » (AD Ille-et-Vilaine : BMS, Cancale). En plus du recteur Sauvage, il y a cinq signatures, dont celle du père qui signe Julien Guilory.
416 Où l’on comprend que le curé Maulny, outre le plaisir de rester dans sa paroisse où il est aimé et dans son presbytère très bien accommodé (voir au 20 décembre 1775) n’a pas renoncé à son canonicat tout à fait pour rien.
417 Tout en voyant bien que la forge est source d’enrichissement, le diariste se montre ici très approximatif. Augustin Riffault du Plessis, Seigneur des Loutinières, venait précisément d’abandonner la direction des grosses forges de La Gaudinière à Sougé-le-Ganelon, où il avait fabriqué plus de 10 000 livres de fer par an pendant son bail de 1767 à 1776 (J.-F. Belhoste et É. Robineau, La métallurgie du Maine …, op. cit., p. 152 et 159-160). La dot de Perrine-Françoise Garnier n’est pas aussi considérable que Nepveu l’indique. Elle amenait toutefois une somme de 20 000 livres, constituée à 60 % d’indivis de succession, à 25 % de mobilier et à 15 % de trousseau (AD Sarthe : 4E 37/784, Étude Martigné, contrat de mariage, 27 mars 1777 ; Ph. Laborie, Approche de deux familles …, op. cit., p. 56).
418 Planter un mai : planter un jeune arbre devant la porte d’une personne que l’on veut honorer. Cette plantation se fait traditionnellement le 1er mai, ce qui n’est pas le cas ici dans le récit du chanoine.
419 Sur le marquis de Flers : voir aux 8 mai 1770 et 14 mars 1775.
420 Les deux jeunes gens appartiennent à des familles anoblies tardivement au cours du XVIIIe siècle et qui continuent à pratiquer l’endogamie au sein du même groupe social.
421 Voir au 1er mars 1772.
422 Phrase laissée inachevée. C’est en tant que propriétaire de la Manouillère, située sur la paroisse de Pruillé, que le chanoine s’intéresse aux affaires pruilléennes.
423 Le mot tableau est ici à comprendre dans le sens de portrait. Dans notre civilisation de l’image, où des milliers de représentations de chaque responsable politique sont accessibles d’un clic, il est assez difficile d’imaginer l’engouement que ce portrait suscita, et le déchaînement d’hommages auquel il donna lieu. En attestent deux brochures conservées dans le fonds ancien de la Médiathèque du Mans, toutes deux imprimées alors chez Monnoyer : Prologue en forme de compliment pour l’inauguration du portrait de Monsieur, 23 pages (Maine 8* 1694) et Relation de la cérémonie pour l’inauguration du portrait de Monsieur, faite au palais royal de la ville du Mans, au mois de mai 1777, 8 pages (Maine 1977). Le Prologue en forme de compliment, vendu 12 sols, avait été « donné sur notre théâtre » le 16 mai par les comédiens de madame Duvernoy présents au Mans (Les Affiches du Mans, 30 juin 1777).
424 La Freslonnière : voir au 29 juillet 1772 (en note).
425 Par l’achat de ce titre, Cureau passe devant le premier adjoint qui, auparavant occupait le sommet de la hiérarchie municipale en l’absence du maire, exilé hors du Mans.
426 Remarque similaire à celle du 4 février 1777. En effet, Louis-Simon de Blanchardon avait épousé en 1727 Françoise Roger des Fougerais.
427 Américaine : habitante des colonies d’Amérique. Paul-Simon-Prosper de Blanchardon, négociant au Cap (Saint-Domingue) avait épousé Marie-Angélique de Brienne, de la famille du Gouverneur général de l’île, Hubert de Brienne, Comte de Conflans, nommé en 1747 (Linière, Armorial, t. I, p. 66-68).
428 Habitation : dans ce contexte, domaine qu’un colon fait valoir dans les Îles, notamment aux Antilles.
429 Génovéfain : Chanoine régulier de Saint-Augustin de la congrégation de Sainte-Geneviève, fondée en 1634 et dissoute en 1790, dont le siège était à l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris.
430 Six ans environ : en fait, Guillaume-André Villoteau est resté à la psallette cathédrale de Pâques 1773 à juillet 1777, soit quatre ans et quelques mois seulement. On devine là que le chanoine diariste ne suivait pas les affaires de la musique de son église avec autant de précision que les mariages et les naissances au sein des élites du Maine…
431 En fait depuis seize mois seulement (voir au 22 mars 1776). Le nouveau reçu est Jacques Lemercier, né le 1er septembre 1769, à La Chapelle-Saint-Fray comme son frère aîné.
432 Voir au 3 novembre 1776. L’allusion de Nepveu à la réforme de la musique de Saint-Pierre-la-Cour est confirmée par les registres capitulaires de la collégiale. Les 11 et 15 mars 1773, le chapitre collégial prend diverses décisions visant à réduire les dépenses liées à la musique (suppression de l’internat pour les enfants de chœur, licenciement de deux musiciens). Et, le 16 avril 1773 : « permettons à Guillaume André Villoteau notre grand enfant de chœur de quitter notre église pour prendre la place d’enfant de chœur à la Cathédrale qui luy a été accordée » (AD Sarthe : G 510).
433 Il s’agit de Jean-Baptiste Michel Villoteau, né à Bellême le 25 mars 1763 et qui après ses années de psallette entrera au séminaire en 1783 (AD Sarthe : 2Mi 100). Au début de la Révolution, cependant, il est encore clerc tonsuré et prétend poursuivre des études à Paris (AD Sarthe : L 530, n° 535, p. 427).
434 Voir au 29 mars 1776. Letertre, ancien enfant de chœur, joue du serpent au chœur de la cathédrale depuis plus d’un an. Sans doute s’agit-il ici de sa réception en tant que musicien titulaire, rémunéré comme tel.
435 Voir aux 4 août et 11 novembre 1776.
436 Cette phrase indique que le diariste archivait également sa correspondance, classée par année.
437 Le chanoine fait ici allusion à la période où, de 1764 à 1776, le Collège de La Flèche était école préparatoire à l’École royale militaire de Paris. L’abbé Guillaume Lambert est très souvent cité dans le Journal de l’inspecteur Dupont de La Motte. Celui-ci relate notamment la réaction enthousiaste des élèves lorsqu’ils apprennent que Lambert a été nommé principal par le roi en septembre 1775 : ils ont « crié Vivat, jeté leurs chapeaux »… (Journal, p. 316-317).
438 Comprendre : dont ils seront héritiers en cas de décès du fils de leur tante. Ce dernier se rend à la noce.
439 Baugé : petite ville située à 60 km au sud du Mans, et 18 de La Flèche, aujourd’hui dans le Maine-et-Loire. Née autour d’un donjon féodal, elle a célébré ses « mille ans » tout au long de l’année 2011.
440 Génovéfain : voir au 11 juillet 1777.
441 Le curé Bureau participait aux parties de campagne de Leprince d’Ardenay, où l’on joue au Parnasse : « le cheval de M. Bureau curé du Pré étoit notre Pegase ; Mme de Beaufond, Mme de Clairsigny et ma femme, les trois graces et le p. Dauribeau Apollon » (Mémoires…, p. 152).
442 Les quarante cures : quarante cures dont la nomination des curés dépendait du chapitre cathédral.
443 La Quinte : voir glossaire.
444 Décider le pas : résoudre ce conflit de bienséance.
445 Cornette : officier qui porte l’étendard dans une compagnie de cavalerie.
446 Le château « historique » de la famille de La Goupillière était situé à Saint-Hilairele-Lierru (30 km environ au nord-est du Mans). Elle l’abandonna à partir de 1722 pour s’installer à Dollon (12 km au sud de Saint-Hilaire) village dont elle détenait la seigneurie de paroisse et dont elle avait ajouté le nom à son patronyme dès 1699. La demeure dont parle le diariste fut détruite vers 1804 pour laisser place à un château plus moderne (J.-R. Pesche, Dictionnaire…, t. II, p. 217-218).
447 Nepveu a été indubitablement passionné par l’histoire de l’organiste de la Perrigne en procès avec son abbesse : voir aux 12 mars, 20 et 22 juin, 26 septembre 1776.
448 Méd. Le Mans : Maine 4° 818 et H-4° 5072.
449 Madame Darcy : Louise-Victoire Favry d’Oigny, épouse, depuis 1740, de Nicolas-Guillaume Rouxelin d’Arcy Lieutenant-général de police au Présidial du Mans de 1741 à 1779. L’organiste Catherine Sévin est sa nièce. On peut supposer que c’est au sein du réseau des d’Arcy, voire auprès d’eux directement, qu’elle a trouvé des prêteurs pour financer la poursuite de son procès.
450 Cet arrêt du Conseil, daté du 30 août, « rejette les plaintes du Sieur de Posset, casse et annule un arrêt du parlement par lui obtenu, pour avoir copie du procès-verbal de l’assemblée du 7 juillet 1774 » (AD Sarthe : 111 AC 238, Délibérations de l’Hôtel de Ville). On constate la célérité du receveur des décimes à le rapporter au Mans et la gourmandise avec laquelle le diariste, et sans doute son milieu relationnel, s’en empare.
451 Voir au 5 avril 1776.
452 Sur cette affaire, voir aux 8 mai 1770 et 14 mars 1775.
453 Quand il aurait son âge : quand il aurait l’âge requis pour pouvoir se marier avec ou sans le consentement de son père, c’est-à-dire 30 ans révolus pour les garçons, et 25 pour les filles.
454 Sommations [respectueuses] : voir glossaire.
455 La faillite de Jean-François Fréart en 1770 est l’une des plus importantes de la province au XVIIIe siècle (René Plessix, « Les bilans de faillite déposés à la juridiction consulaire du Mans 1753-1789 », ABPO, 1988, n° 95, p. 247-275). Son actif se montait alors à 216 000 livres et ses dettes à plus de 420 000 livres. Le négociant manceau avait déjà perdu beaucoup lors du tremblement de terre de Lisbonne en 1755. La guerre de Sept Ans réduisit les exportations, alourdit le prix des assurances maritimes et le coût des transports terrestres. En 1758, les Anglais saisirent ses marchandises sur le vaisseau le Saint-Jean-Baptiste. Enfin, dans les années 1765-1769, Fréart subit de fortes pertes sur les exportations d’étamine (Ph. Laborie, Approche de deux familles…, op. cit., p. 172-173).
456 Il n’a rien voulu faire pour sa femme : avant son décès, il n’a pas voulu faire de testament, ou d’arrangement quelconque, en faveur de son épouse.
457 Le Pont-Neuf : au Mans, ruelle en forte pente aujourd’hui devenue escalier, reliant la cité fortifiée à la ville nouvelle qui se développe sur son flanc Est, après avoir traversé la muraille par une poterne. Jusque dans les années 1930, le Pont-Neuf était bordé de maisons hautes et étroites avec boutiques en rez-de-chaussée.
458 La précision de la date laisse penser que le chanoine a consulté ses notes prises alors.
459 La défunte est Marie-Renée Godard de La Grassinière, seconde épouse de Véron du Verger.
460 François-Louis Véron du Verger (ou Duverger), 1695-1780, petit-fils de Jean Véron l’inventeur des fameuses étamines du Mans (voir au 18 janvier 1775, en note). Il est aussi le père de Véron de Forbonnais, l’économiste. Retiré des affaires, Véron du Verger vivait au Mans dans son hôtel place de la Sirène, construit en 1725-1728. Voir aussi au 16 octobre 1780 (en note).
461 Nepveu nous livre ici une information approximative. François-Charles Véron s’était en fait établi à l’Île-de-France (île Maurice) et non en Guyane (Gabriel Fleury, François Véron de Forbonnais, sa famille, sa vie, ses actes, ses œuvres, 1772-1800, Mamers, Fleury, 1915, 586 pages).
462 On retrouve là le souci de disposer d’une infrastructure favorisant les allers-retours rapides entre le palais épiscopal urbain et la résidence de loisir à la campagne, souci déjà évoqué par le diariste le 14 avril 1771.
463 Voir au 17 novembre 1772.
464 Donner la soupe : la vieille dame a-t-elle procédé elle-même à la distribution d’un repas ou l’a-t-elle seulement financé ? Si Françoise Le Maçon accomplit cet acte de charité et d’humilité, elle fit preuve d’un véritable courage. Les prisons étaient en effet régulièrement ravagées par les épidémies. Une femme, la veuve Marié, était alors bien connue pour recueillir des aumônes destinées à soulager les prisonniers, qu’elle soignait elle-même. Son zèle était secondé par Turpin du Cormier, ancien camarade de collège et de séminaire du diariste (voir introduction). Lorsqu’il était curé de Saint-Pierre-la-Cour, paroisse où étaient situées les prisons de la ville, Turpin contracta la maladie des prisonniers mais guérit. Son vicaire, M. Renou, ne put, lui, en réchapper (P. Piolin, Histoire de l’Église…, op. cit., p. 533-534).
465 Montbizot, village situé à une quinzaine de km au nord du Mans, et que le chanoine localise par rapport à la forge d’Antoigné, pourtant située sur une autre paroisse, Sainte-Jamme, de l’autre côté de la rivière Sarthe. C’est sans doute un écho de sa sociabilité ordinaire : il mentionne à plusieurs reprises les maîtres de forge d’Antoigné, qui étaient alors les Biseuil (voir aux 27 décembre 1773, 2 mars 1775, fin janvier 1778, etc.).
466 L’emploi de sobriquets était répandu dans la société ancienne, y compris pour désigner des ecclésiastiques. Nepveu mentionne ici le père Tirebure, comme le négociant Leprince fait allusion dans ses mémoires au Père aux biques (Mémoires, p. 120). Voir aussi en novembre 1778, à propos d’un prédicateur de l’Avent.
467 Sur l’abbé Foloppe, voir au 30 mai 1769. Grand-Vicaire très dur vis-à-vis des communautés de filles dont il avait la responsabilité, il se montra impitoyable avec les Ursulines du Mans dont certaines avaient embrassé le parti janséniste. Il menaça d’aller jusqu’à la destruction de ce monastère. Les autorités civiles s’y opposèrent résolument car les Ursulines rendaient de grands services dans la ville en instruisant les enfants pauvres (P. Piolin, Histoire de l’Eglise…, op. cit., p. 522-523).
468 Être de velote : être inquiété, d’après l’édition Esnault de 1877.
469 Suffragant : un évêché suffragant est un évêché subordonné, dépendant d’une église métropolitaine (voir glossaire).
470 Si Gap est effectivement en Dauphiné, en revanche Aix est en Provence.
471 Alexandre-Henri est effectivement le 3e fils, mais le 7e enfant des Bellefille. Il mourra célibataire le 28 mai 1858 au Mans, 9 rue de Flore.
472 À 50 km à l’est de Tours, Pontlevoy est une ancienne abbaye bénédictine devenue collège au milieu du XVIIe siècle, et qui venait d’être transformée en école militaire l’année précédente (1776).
473 Selon l’abbé Ledru, les deux femmes nouèrent un sincère sentiment d’estime réciproque. Lorsqu’elles durent être séparées, la princesse de Lamballe envoya à la comtesse de Broc une lettre pleine d’amitié et son portrait (A. Ledru, Histoire de la maison de Broc, op. cit., p. 293).
474 Se soutenir : se tenir debout, ou au sens figuré se maintenir, subsister, durer. Vu le contexte : tenir son rang.
475 Présentée : à la Cour.
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