Annales briochines
p. 205-355
Texte intégral
Description générale du Diocèse
Le Diocèse de S. Brieuc, situé au nord de la Bretagne, est borné au levant par l’Evêché de Saint Malo, au midi par celui de Vannes, au couchant par ceux de Tréguier & de Quimper & au nord par l’océan. Il a environ 18 lieues du nord au sud, & 15 de l’est à l’ouest. Ses principales Villes sont Saint Brieuc, Lamballe, Quintin & Moncontour1. On donne encore ce nom à plusieurs gros Bourgs, tels que Matignon, Jugon, Paimpol, Uzel, &c2. Le Diocèse de Saint Brieuc contient 115 Paroisses & 13 Tréves ou Subcursales, non comprises onze Paroisses & une Tréve de l’Evêché de Dol, enclavées dans celui de Saint Brieuc3. On y compte 4 Abbayes, 8 Prieurés, 3 590 Feux4. Il renferme plusieurs belles Terres, des Duchés, des Comtés, des Baronies, &c. Sa situation entre les 48 & 49 dégrés de latitude septentrionale, fait qu’on y jouit d’un air assez doux & temperé, quoiqu’un peu humide à cause du voisinage de la mer. Le terroir y est bon & fertile dans les endroits cultivés ; mais il ne l’est pas également par tout ; & le grand nombre de Landes qu’on y voit encore aujourd’hui, ne vérifie que trop ce qu’a dit un de nos plus célébres Cultivateurs, (M. Du//hamel de Monceau) « qu’en Bretagne, malgré les efforts des Etats, la culture n’est point portée au point de perfection qu’on pourroit désirer. Il y a néanmoins, ajoute cet Auteur, aux environs de Saint Brieuc un petit canton où la culture des terres est depuis long-tems portée à son plus haut point de perfection » & cependant l’exemple de ces fameux Cultivateurs influe peu sur leurs voisins. Traité de la culture des terres, Tome VI5.
On trouve dans le Diocèse de S. Brieuc plusieurs sources d’eaux minérales ; ces eaux sont ferrugineuses & contiennent une portion de mars très-divisée, qui au bout de quelques jours se dépose dans les vases, sous la forme d’un Ochre jeaune. Les plus célébres sont celles de Paimpol, de Saint Brieuc, de Lamballe, du Feil près Quintin6 ; mais il y en a plusieurs autres ; & il n’y a presque pas de Paroisse où il ne s’en présente aux yeux de l’Observateur le moins attentif. Ces sources indiquent des mines de fer ; aussi s’en trouve-t’il un assez grand nombre dans le Diocèse, sur-tout dans les parties orientales & méridionales7. Quelques recherches qu’on ait fait, on n’a pu encore y découvrir de pierres calcaires ; celles qui paroissent en approcher le plus, telles que celles de Plourivau, de Pledran, &c8. sont de vrais cailloux, qui résistent à l’action du feu : mais on trouve aux environs de Lanvollon & dans la Paroisse de Plounez une espece de tuffau, qui s’endurcit à l’air. Cette pierre se travaille facilement, & est très-propre à faire des tombeaux, des bas reliefs, des écussons, &c9.
Le Diocèse de S. Brieuc renferme plusieurs // ports, commodes pour la navigation, & utiles au commerce, de grandes forêts, plusieurs rivieres dont quelques-unes pourroient devenir navigables par le moyen des écluses, suivant le projet de M. de Quersauson10. Après la description du pays, il est nécessaire de faire connoître les habitans. Pour peindre mes concitoyens, j’emprunterai ici le pinceau d’un Auteur célébre, qui s’étoit fort appliqué à connoître la province. Cet Auteur, (c’est le Pere Toussaint de S. Luc) dans la description qu’il a donnée du Diocèse de S. Brieuc dans ses recherches sur la Bretagne Gauloise, dit que les Briochins sont de leur naturel bons & civils, qu’ils s’adonnent beaucoup à la piété & à l’étude, & que l’expérience fait voir qu’ils réussissent dans tous les Etats où ils sont appellés11. C’est en peu de mots faire l’éloge le plus parfait des Briochins. Parlons présentement de leur commerce. Le commerce de Saint Brieuc est de deux sortes, l’un d’importation, l’autre d’exportation ; l’un & l’autre peut se rapporter à trois ou quatre branches principales.
1°. Les Toiles. Ces Toiles appellées Bretagnes, se fabriquent à Quintin, Uzel, Loudéac, Moncontour & Paroisses circonvoisines12. Elles sont de deux especes ; les unes appellées trois-quarts, les autres petites laizes ou étroites. Les trois quarts ont de laize 35 pouces & les petites laizes 25. L’aune est de 50 pouces ou quatre pieds deux pouces mesure de Roi. Lorsque ces Toiles sont pliées en coupons, on les met en balles, en distinguant le gros d’avec le commun, le fin d’avec le superfin, les trois quarts d’avec les petites-laizes. Les balles des trois quarts contien//nent ordinairement 60 piéces ou coupons de 5 aunes chacune, ce qui fait 300 aunes. On en fait aussi de 50 piéces de 6 aunes : on les appelle balles réduites à 5 & 6 aunes. Les balles de petites laizes contiennent ordinairement 100 piéces de 5 aunes, faisant 500 aunes. Ces Toiles en balles ne sont point de débit dans le Royaume : les Négocians les vendent à S. Malo, Morlaix & Nantes, pour être portées à l’étranger : ou bien ils les envoient eux-mêmes pour leur compte. On a supputé que des 3 ports de S. Malo, Morlaix & Nantes il sortoit chaque année environ 7 000 balles de toiles13. Le prix varie suivant les circonstances. Nous remarquerons ici pour le bien de ce commerce, que les frais de transport, à quelqu’uns des ports, dont nous venons de parler, sont très-grands. Ces frais pourroient être beaucoup diminués, si le privilége d’exporter les toiles étoit accordé au port de S. Brieuc. Ce port devient plus commode de jours en jours par les libéralités des Etats ; quoique d’échouage & de marée, il est très-sûr, facile d’entrée, sur-tout par les vents de nord & nord-est ; & malgré l’incommodité de la rade, qui en est un peu éloignée, il est fort fréquenté des étrangers. Il le deviendra beaucoup davantage, si les Briochins obtiennent le privilége, qu’ils sollicitent depuis long-tems (1). Nous // n’avons rien dit des Toiles en deux tiers de laize, qui se fabriquent en petite quantité à Uzel & Loudéac. Ces toiles sont vendues en piéces longues, sans aucune forme ni apprêt que le blanc14.
2°. Les bleds, les cires, le miel, les bestiaux, le fer, le plomb, l’argent même15 ; car on peut attribuer au Diocèse de S. Brieuc une partie des produits de la mine de plomb de Châtelaudren, dont les rameaux s’étendent dans l’Evêché de Tréguier & celui de Saint Brieuc. Cette mine est riche, & on en retire jusqu’à douze onces d’argent par quintal de plomb16.
3°. La pêche de la morue. C’est encore une des branches de commerce que les Briochins cultivent avec succès. Les ports de S. Brieuc, Binic, Daouet, Le Portrieuc envoient dans les tems de paix chaque année à cette pêche le nombre d’environ douze ou quinze Vaisseaux depuis 100 jusqu’à 300 tonneaux17. Ces Vaisseaux vont vendre leur morue dans les ports de Marseille, Nantes, le Havre, &c18. Les retours sont en huiles, savons, fruits secs & autres denrées. La navigation de terre neuve est fort avantageuse à la Province qu’elle enrichit, & au Royaume en général, par le grand nombre d’excellents Navigateurs qu’elle produit : espéce d’hommes infiniment précieuse à l’Etat, & dont nos pertes n’ont que trop fait sentir l’importance & la nécessité19.
4°. Le Cabotage. C’est le commerce que font nos barques dans les ports de S. Malo, le Croisic, Bourdeaux, Bayonne, Rouen, &c20. Ce commerce est fort avantageux à la Province, où il verse les sels, les résines, // les graines de lin, les charbons de terre, &c21.
(1) Le privilége d’exporter fut d’abord accordé aux ports de Nantes, S. Malo, Landerneau & Morlaix. On l’a étendu depuis à ceux de Brest, Lorient, Vannes, & Quimper. Ne devroit-il pas être général pour tous les ports de Bretagne ?22
Tems qui ont précédé la venue de Jesus-Christ
Pour se former une idée juste de l’Histoire du Diocèse de Saint Brieuc, il est nécessaire de remonter à celles des peuples qui l’ont habité d’abord. Nous trouvons que dans les premiers tems ce Diocèse fut partagé entre les Venetes, les Curiosolites & les Ossismiens23, peuples célébres alors24, & dont la domination s’étendoit au loin dans la Bretagne Armoricaine25. L’histoire de ces anciens peuples est donc aussi celle des Briochins. Ce sont les Briochins qui, sous le nom de Venetes, Curiosolites, Ossismiens, font des conquêtes en Italie & en Allemagne, y établissent des Colonies26, entretiennent un commerce florissant avec les habitans de la Bretagne insulaire27, combattent contre César, sont des derniers à subir le joug de la domination romaine28, &c. Quoique le Diocèse de Saint Brieuc fût alors habité, comme nous l’avons dit, par les Venetes, Ossismiens & Curiosolites, il seroit difficile d’assigner aujourd’hui la portion précise que chacun d’eux y occupoit. On sait seulement en général que la partie du sud étoit habitée par les Venetes, celles de l’est par les Ossismiens & celle de l’ouest par les Curiosolites29. La Bretagne étoit alors partagée en un certain nombre de Cités ou especes de Républiques, qui se réunissoient pour l’intérêt commun30, mais qui formoient chacune un peuple à part, qui avoit ses Loix, ses Magistrats, sa Ville capitale, un territoire d’une certaine étendue. Chacune de ces pe-//tites Républiques avoit son Sénat, qui résidoit dans la capitale, & dont la juridiction s’étendoit sur tous les cantons ou pagi qui composoient le territoire de la Cité. Le terrein où s’est formé depuis la ville de Saint Brieuc, étoit, suivant la carte donné31 par Dom Morice32, du domaine des Curiosolites [1], dont la capitale étoit Corseul, en latin Corsilium33, Ville célébre, dont on remarque encore aujourd’hui les ruines entre Dinan & Saint Brieuc, & qui a subsisté jusqu’à la ruine de l’Empire Romain dans les Gaules34 ; comme il paroît par les médailles du plus bas empire, mêlées avec celles des Gots, qu’on y a trouvées. Les bornes de ce petit ouvrage ne nous permettent pas de parler ici du Camp Romain, dont on remarque encore des vestiges dans la Paroisse de Pordic proche S. Brieuc, de l’annalogie du port d’Ic ou de Binic avec le Portus Ixius de César, de la célébrité de celui d’Erqui, connu des Romains sous le nom de Reginea, du Temple de Lanlef & de plusieurs autres restes d’antiquité, que présente encore aujourd’hui le Diocèse de S. Brieuc. Ces objets, intéressants pour des Pariotes [Patriotes], pourront trouver leur place dans l’histoire Briochine. [Nous en dirons cependant quelque chose, mais d’une maniere fort succinte, dans les Notes qui suivront cet Abrégé Chronologique35.]
[1. M. Danville croit que le Domaine des Curiosolites étoit borné de ce côté là par le pays d’Yffiniac, dont le nom, suivant lui, signifie ici la même chose que ce terme latin, ad fines, employé si souvent par les anciens Géographes pour marquer des bornes & des limites36.]
IVe & Ve Siecles depuis Jesus-Christ
Passage & établissement des Bretons insulaires dans l’Armorique. Ce passage apporte de grands changemens dans le gouvernement civil & ecclésiastique de cette Province. Les anciens noms des Curiosolites, Venetes, Ossismiens, &c. disparoissent alors de notre histoire37. L’établissement de ces nouvelles colonies & des nouveaux Evêchés qui se // formerent alors fit oublier les anciennes division géographique [divisions géographiques] du pays, & en introduisit de nouvelles. Le sort de l’Evêché de S. Brieuc, ou plutôt le terrein destiné à le former un jour, fut encore d’être partagé entre ces nouveaux habitans, & de servir à la composition de différens Diocèses38. Fracan ou Fragan fut du nombre des Seigneurs Bretons qui passerent alors dans l’Armorique39. Il étoit parent de Conan Mériadec, premier Roi de Bretagne40, qui lui donna un établissement sur le bord de la riviere de Gouet. C’est le lieu qu’on appelle encore aujourd’hui Ploufragan, du nom de son premier Seigneur41. Fracan fut pere de S. Guignolé & de S. Jacut42, qui fonderent chacun un Monastere43, & firent fleurir l’Ordre monastique en Bretagne. Vers la fin du même siécle mourut Audren, Roi de Bretagne. On lui attribue la fondation de Châtelaudren, petite ville sur les confins des Evêchés de Saint Brieuc & de Tréguier & le Principal siége du Comté de Goëlo44. On peut rapporter à la même époque, c’est-à-dire, vers la fin du cinquiéme siécle, l’origine de la ville de S. Brieuc. On forme deux principaux sistêmes sur l’origine de cette ville ; les uns la font fort ancienne ; ils disent qu’elle existoit long-tems avant S. Brieuc ; & que c’est d’elle dont il est parlé dans Ptolomée sous le nom de Bidue ou Biduce45. Les autres disent, & c’est le sentiment le plus probable, que cette ville n’existoit point encore lorsque S. Brieuc passa dans l’Armorique avec ses disciples, & qu’ils en jetterent les premiers fondemens46. Ce Saint étoit originaire d’Angleterre, où il gouverna long-tems un célébre Monastere qu’il y avoit fon-//dé47. Appellé de Dieu à être le pere d’un grand peuple, il quitta sa patrie vers la fin du cinquiéme siécle, (1) & vint aborder à la côte septentrionale de Bretagne. Un Seigneur du païs, nommé Rigual ou Rivalon48, lui donna un lieu appellé la vallée double, pour lors fort ombragé de bois49. S. Brieuc y bâtit un monastere, où il s’appliqua avec ses disciples à instruire les peuples voisins, à détruire les restes d’idolatrie, qui subsistoient encore parmi eux, & à déraciner les vices que l’ignorance & la superstition y avoient introduit. La célébrité de ces pieux solitaires & zelés apôtres attira une foule de peuple ; on s’empressa de former des habitations autour de leur demeure, pour être plus à même de profiter de leurs instructions & de leurs exemples. Ces habitations se multiplierent peu à peu. Les miracles, qui éclaterent au tombeau de Saint Brieuc après sa mort, en augmenterent encore le nombre. Telle fut l’origine de la Ville de S. Brieuc ; origine infiniment plus noble & plus illustre, que celle de tant de villes célébres : qui se vantent d’avoir eu pour fondateurs ou des Héros fabuleux ou d’illustres Brigants. Quoique Saint Brieuc ait été Evêque, & qu’il en ait souvent fait les fonctions dans sa ville naissante & aux environs, il ne paroît cependant pas qu’il ait jamais eu de Siége épiscopal ni de//Diocèse50. On peut croire qu’il ne fût qu’Evêque regionaire51, c’est-à-dire, du nombre de ceux qui avoient été ordonnés sans titre, ou qui après l’avoir quitté se retiroient dans des monasteres, d’où avec la permission & pour le soulagement des Evêques diocésains, ils rendoient aux peuples voisins les services de pasteurs & de coopérateurs zélés du ministere de Jesus-Christ. Ce ne fut qu’au milieu du neuviéme siécle que le Monastere de S. Brieuc fut érigé en Siége épiscopal par Nominoé, Roi de Bretagne52. Les Disciples de S. Brieuc furent d’abord des Moines, comme nous l’avons dit, la régle, que S. Brieuc leur donna, fut probablement celle qu’il avoit pratiquée lui-même en Angleterre, & qu’il avoit peut-être apprise de son Maître S. Germain53. Elle consistoit plus en traditions qu’en écritures. L’abstinence, le travail des mains, la simplicité des vêtemens, l’éloignement du monde & le chant des Pseaumes en faisoient les principaux articles. Les Disciples de S. Brieuc pratiquerent long-tems cette régle54. Celle de S. Benoît étant devenue vers les huitiéme & neuviéme siécles la régle commune des Moines d’Occident, il est probable que nos Moines Briochins s’y conformerent55. Ils s’ennuierent enfin de la vie commune, & voulurent être Chanoines56. On ne sait pas précisément quand arriva ce changement. L’établissement d’un Siége épiscopal à Saint Brieuc57 sert peu à fixer cette époque, puisqu’il est probable que l’Eglise de Saint Brieuc, fondée par des Moines venus d’Angleterre, suivit, même après cette érection, l’usage établi dans cette isle, où les Cathédrales étoient déser-//vies par des Moines58. Quoiqu’il en soit, il est certain que la vie commune avoit cessé, & que le partage des biens étoit établi dans l’Eglise de S. Brieuc, lorsque Juhel, Archevêque de Tours y vint faire sa visite en 123359. Il y avoit alors une grande inégalité entre les Prébendes. Juhel ordonna qu’après le décès des Chanoines dont les Prébendes étoient plus considérables, on réuniroit ces Prébendes au Chapître, & qu’on rendroit tous les Canonicats égaux. il augmenta de deux le nombre des Chanoines, qui n’étoient encore que douze. Saint Guillaume, qui étoit alors Evêque de Saint Brieuc60, donna pour cela au Chapitre l’Eglise de Plédran, ecclesiam de Ploidran61. Juhel fixa le revenu de chaque Chanoines à 20 liv. de rente annuelle. Il régla les distributions manuelles à 4 deniers pour matines, 3 den. pour la grand’messe & deux pour vêpres62.
La Ville de S. Brieuc est agréablement située dans le voisinage de la mer au cinquiéme dégré 3’ de longitude (2) occidentale & 48 dégrés 31’21’’de latit. septentrionale. Ses campagnes sont bien cultivées & fertiles en bleds, fruits, choux, dont il se fait un grand commerce, & autres denrées. Son Port appellé le Legué, n’en est qu’à un demi quart de lieue, il est sûr & bon, & on y pourroit faire un commerce plus considérable. C’est pour favoriser ce commerce que les // Etats y ont fait depuis peu construire un très-beau Quai63.
(1) Il y a des Auteurs qui avancent ou qui reculent de plusieurs années cette époque ; ce point de critique & plusieurs autres, qui ne peuvent trouver ici leur place, seront discutés dans l’Histoire Briochine64.
(2) On suit ici la méthode de plusieurs Géographes françois, qui placent le premier méridien à l’Observatoire de Paris, plus oriental de 20 dégrés que l’isle de Fer65.
IX. siécle
Etablissement d’un Siége épiscopal à Saint Brieuc par Nominoé, Roi de Bretagne. Ce Prince, voulant augmenter le nombre des Evêques de son domaine, érigea en Evêché les Monasteres de S. Brieuc & de S. Tugdual. Ces nouveaux Evêchés furent formés aux dépens des Evêques circonvoisins66. Il paroît que la plus grande partie du territoire dont ils furent formés étoit auparavant gouvernée par l’Evêque de Dol, qui y possédoit plusieurs Eglise, d’où il lui étoit aisé de veiller sur le païs circonvoisin. Nominoé restreignit l’Evêque de Dol au seul territoire de Dol ; mais il lui laissa le gouvernement des Eglises dont il avoit déja la propriété, ne voulant pas que l’Eglise de Dol fût soumise aux Evêques ses suffragans. C’est l’origine des enclaves de Dol ; c’est du moins, parmi les différents sentimens, qui partagent les Savans sur cette matiere, celui qui nous paroît le plus probable67.
Salomon Roi de Bretagne meurt en 87468. Les Comtes de Goëlo, se prétendant issus des anciens souverains de Bretagne, prennent les armes pour soutenir leurs prétentions. Les détails de cette guerre ne sont pas parvenus jusqu’à nous ; mais il paroît que l’évenement ne leur en fut pas favorable. Les Comtes de Vannes, qui avoient les mêmes prétentions, furent plus heureux, & obtinrent la souverainneté69. Les Comtes de Goëlo depuis ce tems-là disparoissent de notre Histoire, & leur Comté se trouve réuni à celui de Rennes. Les Comtes de // Rennes, devenus souverains à leur tour, donnerent en partage à leurs cadets Goëlo & Penthiévre70. Depuis ce tems-là Goëlo suivit les révolutions de Penthiévre, & son histoire se trouve confondue avec celle de ce Comté jusqu’en 1480, que le Duc François II. donna Goëlo à François légitimé de Bretagne, Comte de Vertus. La postérité masculine de François ayant fini en la personne de Henri-François, Comte de Vertus, mort à Paris en 1746. Le Prince de Soubise a été son principal héritier aux propres paternels, comme descendant au quatriéme dégré de Marie de Bretagne Avaugour, seconde femme de Hercule de Rohan, Duc de Monbazon71. Les anciens Comtes de Goëlo étoient très-puissants & forts considérés en Bretagne. La grande étendue de leurs terres formoit une espéce de petit Etat, où environnés de leurs vassaux ils regnoient presque en Souverains. L’Usement de Goëlo, qui s’observe encore aujourd’hui, est une preuve de l’indépendance dans laquelle ils vivoient, & de l’autorité qu’ils exerçoient sur leurs vassaux nobles & roturiers72.
937
Alain Barbetorte remporte une victoire complette sur les Normans, proche Saint Brieuc, après quoi il est reconnu par les Bretons pour Souverain de la Province73. [C’est dans le même siecle que l’on doit placer la Fondation du Prieuré de Jugon par Olivier, Seigneur de Dinan, en faveur des Moines de Marmoutier74. Ce Prieuré est à la nomination du Roi, depuis que la Manse Abbatiale de Marmoutier a été réunie à l’Archévêché de Tours, c’est-à-dire, depuis 1737.]
1079
Mort d’Eudon Comte de Penthiévre, il fut enterré dans la Cathédrale de Saint Brieuc. Cette Eglise ayant été rebâtie depuis, on ignore aujourd’hui où étoit son tombeau75. Cet Eudon est le chef de la premiere maison de Penthiévre, frere d’Alain III, Duc de // Bretagne, il fit long tems la guerre contre son frere, contre son neveu, Duc de Bretagne après son frere & contre les Normands76. Il s’étoit rendu si redoutable à ces derniers, que les Moines du Mont S. Michel firent fondre une grosse cloche, qu’ils sonnoient, pour avertir les habitans de se tenir sur leurs gardes, lorsque les Bretons se mettoient en campagne. Le Pere Toussaint de S. Luc dit (1) que c’est cet Eudon qui a donné aux Evêques de S. Brieuc la Seigneurie temporelle de la ville de S. Brieuc & de plusieurs Paroisses voisines. Ce don pourroit être également attribué ou au Comte Rigual77, ou à Nominoé, Roi de Bretagne78. Quoiqu’il en soit, il est certain que ce Fief de l’Evêque, appellé Réguaire, est fort ancien. Dès le tems de nos Ducs les Réguaires tenoient un rang distingué parmi les principaux Fiefs de la Province. Les Evêques, comme Pairs ecclésiastiques du Duché, y jouissoient de la plupart des droits attribués aux [hauts] Barons, & on sait combien ces droits des anciens Barons étoient considérables. Nous en avons dit quelque chose aux articles de Penthiévre & de Goëlo qu’on peut consulter79.
(1) Recherches générales de la Bretagne Gauloise, pag. 2680.
1116
Jean Evêque de Saint Brieuc assista au Concile de Latran en 111681, & à celui de Reims en 113182. Ce Prélat donna au monastere de Marmoutier les Eglises de Ferriere, de Lantignac83, de la Roche Tanguy84 & de Notre-Dame de Jugon, dont il consacra le // Cimetiere & défendit d’enterrer désormais les corps aux pieds des croix placées sur les grands chemins85. Il ratifia toutes les donations faites dans son Diocèse à l’Abbaye de S. Florent-lez-Saumur86. Non moins libéral envers les Moines de S. Melaine, il leur donna l’Eglise de Planguenoual87 & celle de Brehant88. Cette derniere appartenoit à des personnes laïques, qui en jouissoient depuis long-tems à titre d’héritage, & qui touchées de Dieu s’en démirent entre les mains de l’Evêque de S. Brieuc. C’étoit l’effet d’un abus fort commun dans les dixéme & onziéme siécles, où les biens ecclésiastiques avoient été usurpés par des laïcs. L’abus étoit tel que ces biens étoient devenus héréditaires dans les familles. Ils se vendoient & se partageoient comme les autres biens. Ils entroient dans les conventions matrimoniales, & on les assignoit pour douaires. On voit dans les cartulaires des ventes d’églises, d’autels, de cloches, de calices, &c. Les Papes & les Evêques eurent beaucoup de peine à déraciner cet abus. Il ne faut pas omettre de parler ici d’un Concile tenu à S. Brieuc sous l’Episcopat de l’Evêque Jean, auquel présida Géoffroi le Roux, Archevêque de Dol, & où assista l’Evêque de Tréguier. Les canons de ce Concile ne sont point parvenus jusqu’à nous. On sait seulement que le différend survenu entre les Moines de Saint Melaine & quelques particuliers au sujet de l’Eglise de Brehant, y fut terminé89.
1137
Fondation de l’Abbaye de Boquen, près Jugon par Ollivier Seigneur de Dinan. Elle est fille de Begars90. //
La même année fut aussi fondée l’Abbaye de Saint Aubin des Bois91. Les noms de ses premiers fondateurs & bienfaiteurs ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Mais on ne peut douter que les Comtes de Lamballe, Seigneurs du territoire, n’y aient eu beaucoup de part92. Cette maison fut détruite par un incendie en 1240, & rétablie depuis par les libéralités de Denise, Dame de Matignon. La réforme de Citeaux y fut introduite sous le gouvernement de Jean Pepin, qui en étoit Abbé en 1614.
1144
Rolland Evêque de Saint Brieuc93 donne à l’Abbaye de Marmoutier l’Eglise de Saint Aaron. Mais il se réserve les droits de repas ou procuration & de redevance synodale. Salvo pontificali jure tam in prandio quam in reddenda sinodo. L’Eglise de S. Aaron étoit possédée par un propriétaire laïc, qu’on appelloit l’Abbé de S. Aaron. Il renonça à ce titre & se fit Moine dans la même Abbaye94.
1148
Eon de l’Etoile, issu d’une famille noble du païs de Loudéac, est condamné au Concile de Reims. Cet homme sans lettres, ayant entendu prononcer ces paroles des exorcismes de l’Eglise, per eum qui venturus est, alla s’imaginer qu’il étoit celui, dont il étoit parlé en cet endroit, & sur l’allusion grossiere de son nom avec le mot eum, il commença à prêcher, qu’il étoit le fils de Dieu, & le Juge des vivans & des morts. On auroit peine à croire qu’une pareille extravagance eût pu trouver des partisans. Cependant il forma une secte. Dénoncé au Concile de Reims il fut condamné à être // renfermé comme extravagant. C’étoit la peine qu’il méritoit95.
1150, ou environ
Fondation de l’Abbaye de Lantenac, ordre de S. Benoît près la Chèze, par Eudon II. du nom, Comte de Porhoet & Duc de Bretagne au titre de Berthe son épouse96. Cette Maison embrassa la réforme de S. Maur en 164697. Devenue trop peu nombreuse pour y entretenir la conventualité, il a été ordonné par Arrêt du Conseil de 1767, que les Religieux en seroient transferés & réunis à d’autres maisons du même Ordre98.
1161
Horrible famine en Bretagne qui oblige les hommes à manger jusqu’à la terre. La cherté des vivres étoit telle que le septier d’avoine se vendoit 50 sols, somme prodigieuse pour un tems où le Marc d’argent ne valoit que 13 sols quatre deniers99.
1170
S. Maurice, originaire de Loudéac, bâtit un Monastere dans la forêt de Carnoet, avec la permission du Duc Conan IV. qui dota cette Maison. Il y établit des Réligieux de Langonet, avec lesquels il vécut dans une grande austérité. Il y mourut plein de jours & de mérites en 1191. Cette Abbaye porte aujourd’hui le nom de S. Maurice100.
1179
Géoffroy Evêque de S. Brieuc, assiste au troisiéme Concile de Latran. C’est le dixiéme Concile général101.
1199
Sentence du Pape Innocent III, qui juge définitivement le fameux procès qui duroit depuis plus de 300 ans [plus de 600 ans] entre les Eglises de // Dol & de Tours au sujet de la Métropole. Il fut ordonné par cette Sentence que l’Eglise de Dol seroit toujours soumise à celle de Tours, également que tous les autres Evechés de Bretagne102.
1202
Dotation de l’Abbaye de Beauport par Allain d’Avaugour, Comte de Penthiévre & de Goëlo103. On ne sait pas en quelle année cette Abbaye avoit été fondée ; mais elle existoit en 1198, sous le nom de S. Riom ; & elle étoit possédée alors par des Moines de S. Victor. On ne sait point si ces Religieux céderent leur établissement aux Prémontrés, ou s’ils embrasserent eux-mêmes le même institut ; ce qu’il y a de certain, c’est que ce fut en faveur de ces derniers que le Comte Allain augmenta & ratifia cette fondation en 1202104. Il leur donna toutes les Eglises dont le patronage lui appartenoit, soit en Bretagne, soit en Angleterre105.
1210
Pierre106, Evêque de Saint Brieuc, obtient des Moines de Saint Serges d’Angers une partie des Reliques de S. Brieuc, c’est-à-dire, un bras, deux côtes & un peu de la tête ou du cou parumper de cervice. Ces Reliques avoient été transportées à Angers du tems d’Erispoé, Roi de Bretagne, pour les mettre à couvert des ravages des Normands. Cette translation par l’Evêque Pierre se fit avec la plus grande solemnité & un concours extraordinaire de peuple107. Inter cæteros adfuit, dit la Chronique de Bretagne, nobilissimus Comes Alanus, qui tunc temporis istam terram (S. Brieuc) regebat108. Ces dernieres paroles pourroient faire naître ici // une question. La ville de S. Brieuc a-t-elle jamais fait partie du domaine de Penthiévre ? Le Pere Toussaint de S. Luc, qui l’a prétendu, n’en donne point de preuve ; & on pourroit lui opposer, que le Duc Allain s’étant réservé la propriété des grandes Villes, qui étoient dans le partage de son frere Eudon Comte de Penthiévre109, la Ville de S. Brieuc, qui étoit deslors épiscopale, a du être du nombre des villes exceptées [eût été du nombre des Villes reservées au Duc, si elle n’avoit pas dèslors appartenu aux Evêques de Saint Brieuc. Voyez la note XXII110], mais en voilà trop pour un abrégé.
1212
Mort de l’Evêque Pierre : vir vitæ venerabilis & amabilis valdè dit la Chronique de Nantes111.
1220
Guillaume Pinchon, d’une famille noble du Diocèse de Saint Brieuc112, fut d’abord Chanoine de Saint Gratien de Tours113. Elevé sur le Siége épiscopal de S. Brieuc, il défendit avec zele les droits de l’épiscopat contre les prétentions de Pierre Mauclerc. Obligé de se retirer à Poitiers, pour éviter la persécution, il y fit pendant quelque tems les fonctions de Coadjuteur de l’Evêque diocésain, qui étoit infirme114. De retour dans son Diocèse, il entreprit de rebâtir son Eglise Cathédrale, qui tomboit en ruine115. Il n’eut pas la consolation de voir la fin de son entreprise. Dieu content de sa bonne volonté le retira de ce monde au mois de Juillet 1234. Le grand nombre de miracles qui éclaterent à son tombeau, engagerent le Pape Innocent III. [Innocent IV.] à le canoniser 13 ans après sa mort116. Les offrandes des fidéles fournirent abondamment de quoi achever l’Eglise qu’il avoit commencée, & ainsi fut vérifiée cette parole qu’il avoit dite plein de confiance en la di//vine providence, que mort ou vif, il bâtiroit son Eglise117.
1233
Visite de Juhel, Archevêque de Tours, à S. Brieuc. On peut fixer à cette époque l’origine de la Paroisse de cette Ville. Ce n’est pas qu’il y en eût point auparavant ; la Paroisse est aussi ancienne que la Ville même ; mais c’est qu’elle commença alors à être détachée du corps de la Cathédrale. Juhel, pour donner plus de tems aux Chanoines pour les fonctions du Chœur, les déchargea du soin de la Paroisse, leur permit de nommer un Vicaire, qui seroit approuvé de l’Evêque, & qui auroit sous lui deux Chapelains, qui seroient chargés avec lui du soin de la Paroisse. C’est aussi dans les réglemens faits alors par l’Archevêque Juhel qu’on trouve l’origine des Prêtres, Diacres & Soudiacres du bas Chœur de la Cathédrale118.
1235
Enquête faite sur les droits de Henri d’Avaugour Comte de Goëlo119. Il est dit dans cette enquête qu’Alain Comte de Penthiévre a tenu la Régale de S. Brieuc120, & que l’Evêque Sylvestre fut présenté à Henri son fils121. Ceux qui croient que la Ville de S. Brieuc a autrefois fait partie du domaine de Penthiévre, ne manquent pas de saisir cette preuve122.
1259
Raoul Evêque de S. Brieuc123 est envoyé en Angleterre pour négocier le mariage de Jean de Bretagne, fils aîné du Duc Jean le Roux, avec Béatrix, fille de Henri III. Roi d’Angleterre124.
1297
Guillaume Gueguen, natif de la Paroisse de Hillion, est élu Evêque de S. Brieuc, & fait beaucoup de bien à son Eglise125. //
1329
Jean d’Avaugour, Evêque de S. Brieuc, est transferé à Dol126. Il étoit fils de Henri d’Avaugour troisiéme du nom, Comte de Goëlo, & de Marie de Brienne127.
1337
Fondation des Augustins de Lamballe par Olivier de Tournemine, Seigneur de la Hunaudaye & Isabelle de Machecou son épouse128.
1342
La Ville & le Château de Jugon pris par Charles de Blois en 1342, repris par le Comte de Montfort en 1364, par le Connétable du Guesclin en 1373129. Jugon passoit alors pour une place si importante, qu’on disoit en proverbe, qui a Bretagne sans Jugon, a chape sans chaperon130.
1365
Traité de Guerrande où l’Evêque de Saint Brieuc obtient la restitution des Châtelets, qui avoient été pris pendant les guerres. Cet Evêque étoit Hugues de Montrelais131 célébre dans l’histoire de Bretagne, par le zele qu’il témoigna pour la défense des Droits de la Province132. Il en donna sur-tout des preuves lors de l’hommage rendu par le Duc Jean IV. dit le Conquerant, à Charles V. Roi de France. L’Evêque de S. Brieuc, qui étoit aussi Chancelier de Bretagne, soutint & prouva si bien que cet hommage ne devoit point être lige, que le Roi, par l’avis de son Conseil, se détermina à le recevoir tel qu’on le vouloit rendre133. Hugues de Montrelais s’étant retiré à Avignon, fut fait Cardinal & nommé à l’Evêché de Sabine par le Pape Gregoire XI. Il prit le titre de Cardinal de Bretagne134.
1370 [1379]
Mort de Sylvestre Budes, parent et con-//temporain du fameux Bertrand du Guesclin135. Il fut lui-même un moult vaillant & hardi Chevalier, dit Froissart. Il se signala dans les guerres d’Espagne & d’Italie136, & mérita le titre glorieux de défenseur de l’Eglise137.
La Terre du Plessix Budes, possédée dès le XIV. siècle par la Maison de Budes, passa par alliance dans celle de Couvran, ensuite dans celle de Romillé. Revenue à la Maison de Budes par le mariage de Béatrix de Romillé avec Jacques de Budes, elle en sortit de nouveau, & fut portée dans celle de Rosmadec par le mariage de Renée de Budes avec Sebastien de Rosmadec, Marquis de Molac. Après la mort du Marquis de Molac, leur fils, cette Terre fut vendue à M. le Lay de la Villemaré, dont le petit-fils la posséde aujourd’hui138.
1375
Laurent de la Faye élu Evêque de Saint Brieuc139. L’année suivante Charles V. Roi de France, lui accorda les fruits de la Régale140. Ce qui marque que le Roi commandoit alors dans l’Evêché de S. Brieuc. C’étoit le temps des Brouilleries du Duc Jean IV. avec la Cour de France141.
1389
Le Château de Plancoet est pris & rasé par le Duc de Bretagne142.
1394
Siége de la Ville de S. Brieuc143 par le Connétable de Clisson144. Les Briochins se refugient dans la Cathédrale ; & ne peuvent être forcés qu’après un siége de 15 jours, & après que les machines de Clisson eurent fait plusieurs bréches considérables. Muros & garitas Eccles. cum pluribus machinat. disrupit, dit le Chronicon Briocense. Le Duc très-sensible à cette perte tâche de la reparer. Il mar//che vers S. Brieuc avec une armée plus nombreuse que celle de Clisson, & lui envoie offrir le combat. Clisson, qu’il étoit difficile de forcer dans ses retranchemens, ne juge pas à propos d’en sortir. Le Duc l’attendit inutilement pendant cinq ou six jours sur les Greves de Hillion145. La Cour de France ayant offert sa médiation pour appaiser ce différend, Clisson & les François qui étoient avec lui dans Saint Brieuc, eurent permission d’en sortir, & le Duc congédia ses troupes146. Ce Duc, quoique grand Capitaine, n’étoit pas heureux dans ses entreprises sur S. Brieuc. Il en avoit déjà levé le Siége une autrefois en 1375, ce qui prouve que cette Ville ou plutôt la Cathédrale étoit une place assez forte dans ces tems là147. Il paroît que la Tour de Cesson n’existoit point encore alors, puisqu’il n’en est fait aucune mention dans toutes ces guerres Briochines148.
1404
Guillaume Anger, Evêque de S. Brieuc, assiste à l’hommage que rend à Charles VI. Jean V. Duc de Bretagne. Après de vives contestations sur la nature de cet hommage, on a recours à l’expédient de le recevoir tel qu’il devoit être selon le droit & l’ancien usage149 (1).
(1) Ceux qui prétendent que cet hommage étoit lige, nous donnent une fausse idée de l’hommage lige. Cet hommage n’étoit dû que pour un fief détaché originairement de la Couronne, & par conséquent ne pouvoit convenir à la Bretagne, qui n’en est point un démembrement.
1405
Fondation de la Collégiale de Quintin par // Géofroy V. du nom, Comte de Quintin & Béatrix de Thouars son épouse150. Cette fondation ne fut d’abord que de cinq Prébendes151 & deux enfans de Chœur. Elle fut augmentée d’une Prébende en 1431, par Francois de la Rue, Doyen de ladite Collégiale152 ; de trois autres en 1438, par Jean du Pairier, Comte de Quintin. Tristan du Pairier y en ajouta deux nouvelles en 1482, de sorte que ce Chapitre est aujourd’hui composé d’onze Canonicats, tous à la présentaton153 des Ducs de Lorges, Seigneurs de Quintin154.
1409
Jean de Maletroit Evêque de S. Brieuc155, & Chancelier de Bretagne, assiste par procureur au Concile de Pise156. Il donna à son Chapitre la Terre de Brie au Diocèse de Rennes.
Les Anglois ravagent l’Isle de Brehat, qui appartenoit au Comte de Penthiévre. Le Château est pris, pillé & rasé, toutes les maisons brulées, & les habitans sont contraints de se retirer dans le continent157.
1419
Alain de la Rue, Evêque de Léon, est transferé à l’Evêché de S. Brieuc158. Il avoit assisté au Concile de Constance en 1415159.
1420
Attentat des Penthiévres contre la personne du Duc, qu’ils font prisonnier par la plus noire perfidie. Les Bretons volent à son secours. Ils s’emparent de plusieurs places du Comté de Penthiévre. Lamballe, Jugon, la Roche Suart sont de ce nombre. Le Château de Lamballe fut démoli160.
1431
Guillaume Eder161, Evêque de S. Brieuc, assiste au Concile provincial de Nantes162, où // préside Philippe de Cœtquis, Archévêque de Tours. Parmi plusieurs Réglemens faits à ce Concile, on remarque celui qui défend la fête des Fous : on appelloit ainsi une réjouissance prophane, à laquelle on se livroit depuis Noël jusqu’au 28 décembre. On y commettoit plusieurs excès, & les Evêques ont eu bien de la peine à faire cesser ce désordre, que l’on conjecture avoir succédé aux mascarades & aux superstitions prophanes du premier jour de l’an parmi les payens163.
1435
Fondation de la Collégiale de Lamballe par Jean V. Duc de Bretagne. Cette Fondation fut ratifié164 le 23 décembre de la même année par François de Bretagne, Comte de Monfort165. Il est ordonné par l’Acte de fondation que les Chapelains assisteront au Chœur en surplis & avec aumusses166 en hiver & des chapeaux de cuir [des chapeaux de cuer, c’est-à-dire, de chœur] en été. Il paroît que ces chapeaux étoient des espéces de bonnets carrés. Les bénéfices au nombre de six sont à la nomination des Ducs de Penthiévre167.
1442
Jean Lespervier168, Evêque de Saint Brieuc, assiste à Rennes au couronnement du Duc François I. Ce Prélat fut chargé par le Pape Nicolas V. de l’exécution de la Bulle par laquelle il érigeoit l’Abbaye de Rhedon en Evêché. Cette érection n’eut point lieu, parce que les Evêques voisins s’y opposerent169.
1451 & 1455
Etats de Vannes où Jean Prégent, Evêque de S. Brieuc, dispute la préséance à celui de Vannes170. Ce n’étoit pas encore la coutume que l’Evêque Diocèsain présidât de droit aux Etats assemblés dans son Doicèse171. On voit // même que du tems des Ducs l’Evêque de Dol étoit presque en possession de précéder tous les Evêques de la Province172. Le Député de la Ville de S. Brieuc aux Etats de 1451, étoit Guillaume Guynyeou173, à ceux de 1455, Pierre Plufragan174.
1480
Avaugour érigé en Baronie par le Duc François II. Pour se former une idée juste de l’Histoire de cette Terre, il faut l’envisager sous différentes époques. 1°. Sous les anciens Comtes de Goëlo. 2°. Sous les Penthiévres. 3°. Sous les Comtes de Vertus. C’est en faveur de ces derniers que François II. Duc de Bretagne, fit revivre l’ancien titre de la Baronie d’Avaugour175. Cette Terre tire son nom d’un Château que les Seigneurs de Penthiévre avoient fait bâtir aux extrémités des Paroisses de Plœsidy & de Bourgbriac176, pour prendre le divertissement de la chasse dans les forêts voisines. Avaugour & Penthiévre ont été & sont encore regardées par quelques Savants comme les premieres Baronies du Duché. [Ce fut en 1481 que François Chrétien, fils du Vicomte de Treveneuc, fut fait Chancelier de Bretagne. Il eut pour successeur dans cette place importante Jacques de la Villéon, Sénéchal de Rennes177.]
1484
Transaction entre l’Evêque178 & le Chapitre de Saint Brieuc, par laquelle le Chapitre est maintenu dans le droit de lods & ventes, hommages & aveux sur ses vassaux, & le droit de juridiction sur lesdits vassaux conservé à l’Evêque179.
[1487]180
Le Château de La Chéze, dont on ne voit plus que les ruines, est assiégé par le Prince d’Orange. La saison trop avancée & la désertion de ses troupes l’obligent à lever siége181.
1487
Prise du Château & de la Ville de Quintin // par les sieurs de Rocerf & le Long. Le Comte de Quintin (Pierre de Rohan) favorisé par ses vassaux y rentre peu de jours après : n’ayant pas eu le tems de réparer les brêches faites au Château, il ne peut le défendre contre le Capitaine Gouiguet. Ainsi la Ville & le Château sont pris & repris trois fois, & pillés deux fois dans la même année. Ce qui doit s’entendre de l’ancien Château ; celui qu’on y voit aujourd’hui, & qui n’est pas achevé, n’a été commencé à bâtir que du temps de Denis de la Barde182 par Dame Hanriette de la Tour d’Auvergne, Marquise de la Moussaie & Comtesse de Quintin183.
Le comte de Quintin étoit un des principaux Seigneurs ligués alors contre le Duc de Bretagne. Il avoit assiégé & pris Moncontour, que le Duc tâcha inutilement de reprendre184.
Erection des Terres de La Hunaudaie & de Coetmen en Baronies par le Duc François II. Cette érection, qui est rapportée par Lobinau & Dom Maurice185, est aujourd’hui contestée par les Etats.
La Terre de la Hunaudaie a été long-tems possédée par les Tournemine, Maison très-ancienne, dont l’origine se perd dans l’obscurité des tems les plus reculés, & fort illustre en Bretagne186, où les Seigneurs de ce nom tenoient un rang distingué a la Cour de nos Ducs187. Les branches aînées de cette illustre Maison s’étant éteintes, Jeanne Hélene de la Motte Vauclerc, héritiere de la Hunaudaie du chef de Catherine de Tournemine sa mere, porta cette Terre dans la maison de Rosmadec. Sa fille Catherine la portée188 dans celle de Rieux qui la posséde aujourd’hui189. //
La Terre de Coetmen, après avoir été long-tems possédée par la Maison de Coetmen, passa par alliance dans celle de Cossé190. Marguerite de Cossé la porta en 1678 dans celle de Villeroi191. Cette Terre fut démembrée en 1737. Le Sieur de Carnoet, qui l’avoit acquise de l’Abbé de Villeroi192, la revendit à différents particuliers. Ce qui dépendoit de cette terre dans les Paroisses de Lannebert & de Goudelin, fut vendu à la Dame de Retz ; ce qui dépendoit de Lanloup [ce qui en dépendoit dans la Paroisse de Lanloup] au Sieur de Lanloup, & au Sieur de Coetmen193 la partie située dans la Paroisse de Trémeven194. Cette partie est passée aujourd’hui dans la Maison de Rougé par le mariage de N. de Coetmen, fille du Marquis de Coetmen avec Pierre-François Marquis de Rougé, Maréchal de Camp195.
1499
Christophe de Pennemarc’h196, Evêque de S. Brieuc, assiste au Contrat de mariage de la Duchesse Anne avec Charles VIII, Roi de France197. C’est lui qui a fondé la Chapellenie de S. Gilles198.
1503
Etablissement des Cordeliers à S. Brieuc. Ces Religieux, appellés à S. Brieuc dès 1451, par le Duc Pierre II, logerent d’abord dans un petit Hôpital ruineux, dit l’Hôpital de S. Antoine, qu’on croit avoir été situé près le Legué. Ils avoient commencé à y bâtir, lorsque Christophe de Pennemarc’h, Evêque de S. Brieuc199, ayant acquis en 1503 de Thibaud de Keimerch & de Jeanne de Couvran, son épouse, la maison de la Haute-Garde, à condition qu’ils seroient reconnus & leurs Descendants pour Fondateurs, y fit bâtir le Monastere que ces Réligieux occupent aujourd’hui200. L’Eglise ne fut achevée que sous // Olivier du Châtel, qui en fit la Dédicace le 26 juillet 1515201. La Maison de Couvran est aujourd’hui fondue dans celle de Budes. Elle tiroit son origine, suivant le Laboureur des anciens Seigneurs de Caouvren dans l’ancien Comté de Hasbain202.
1525
Mort d’Olivier du Châtel, Evêque de S. Brieuc, de l’ancienne & illustre Maison du Châtel en Léon203. Prélat zelé pour le maintien de la discipline ecclésiastique. Il renouvella les Statuts Synodaux de ses Prédécesseurs, & y en ajouta de nouvaux. De son tems fut bâtie ou du moins rétablie la Chapelle de Sainte Anne dans l’Eglise Collegiale de S. Guillaume204. Cette Eglise est fort ancienne & on n’en connoît point l’origine. Lobineau se trompe, lorsqu’il dit qu’elle n’a été bâtie que depuis la mort de S. Guillaume. Elle existoit long-tems auparavant, comme il se voit par des Livres de comptes de cette Eglise fort antérieurs à cette époque205. Elle étoit connue alors sous le nom de N. D. de la Porte206. Après la mort & la canonisation de S. Guillaume207, les Chanoines de cette Eglise demanderent & obtinrent qu’il leur fut permis de choisir ce S. Evêque pour leur second Patron. Cette Collégiale est Royale, ses bénéfices, comme ceux des Cathédrales, tombent en Régale208, & hors le tems de la Régale sont sujets à l’alternative des Papes & des Evêques, excepté deux, qui sont en patronage laïque209.
La Chapelle de S. André dans la même Eglise a été fondée par des Moro, Seigneurs de la Villebougault, sous l’Episcopat d’André le Porc de la Porte210, qui en fit la Dédi-//cace le 24 août 1625. La Confrerie de la Croix, qui s’assemble dans cette Chapelle, a commencé en 1707, & est par conséquent plus ancienne que celle de S. Pierre, qui n’a commencé qu’en 1710. Cette derniere tint ses premieres assemblées dans la Chapelle de Notre Dame de la Fontaine. Ce ne fut qu’en 1716 que les Confreres de cette Société obtinrent de Madame de Plélo la permission de s’assembler dans la Chapelle de S. Pierre, qu’ils ont rebatie depuis beaucoup plus belle qu’elle n’étoit au paravant211. [La Collégiale de S. Guillaume releve immédiatement du Roi en fief amorti aux devoirs de Prieres & Oraisons. Reformation de 1682.]
1539
Etablissement du Papegault212 dans la Ville de Saint Brieuc par le Roi François I213. Les droits de l’Abbateur du Papegault sont d’une somme de 350 liv. lui payables par le Miseur de la Communauté sur le produit des deniers d’Octrois en trois termes. Le premier de 150 liv. le jour de l’abbat ; le second de 100 liv. le jour du Sacre, & le troisiéme aussi de 100 l. le jour qu’il fera planter le nouveau joyau ; jouira en outre de l’affranchissement des droits, d’Impôts & Billots de vingt tonneaux de vin en la maniere prescrite par l’Arrêt du Conseil du 21 juillet 1671, & autres réglemens rendus en conséquence214.
1544
Jean de Rieux215 se démet de l’Evêché de S. Brieuc. Il y avoit été nommé en 1525, n’ayant encore que 18 ans, & étant déjà Abbé Commendataire de Prieres. Le peu de gout qu’il avoit pour l’Etat Ecclésiastique l’empêcha de s’y engager, de sorte qu’il administra pendant près de 20 ans l’Evêché de S. Brieuc, sans être Evêque. Il eut pour suffragant Géofroi Evêque de Tiberiade. On // appelloit Evêque suffragans, ou Coadjuteurs ceux qui faisoient les fonctions épiscopales pour ceux qui les emploioient. On les appelloit aussi Evêques portatifs. Ils ne succedoient point de droit aux Evêques dont ils étoient Coadjuteurs216.
1559
Mort de François Douaren, célébre Jurisconsulte du seiziéme siécle, originaire de Moncontour217. Il fut un des premiers qui introduisit la purté du langage dans la Jurisprudence, & qui la purgea de la barbarie des Glossateurs218.
1564
Jean du Tillet, Evêque de Saint Brieuc, est transferé à Meaux. Il fut un des plus savans hommes de son siécle, & a laissé plusieurs Ouvrages estimés219. Nicolas Langelier, son successeur sur le siége de S. Brieuc, fut aussi un des grands Prélats de l’Eglise de France. Digne de l’Episcopat par ses talents & par ses vertus, il en remplit toutes les obligations avec un zele infatigable. Député de la Province aux Etats de Blois en 1588, & souvent en Cour pour des négociations importantes220, il répondit á l’idée qu’on avoit de sa sagesse & de sa prudence. On remarque qu’il prêcha 14 Avents & autant de Carêmes en différentes Eglises221. Il assista en 1583 au Concile de la Province de Tours, dont il rédigea les Actes222, il mourut en 1595223.
1565
Edit portant union de la Juridiction Royale de Goëlo à la Seigneurie de Cesson, & translation de Lanvollon en la Ville de S. Brieuc224.
1569
Erection de Penthiévre en Duché Pairie // en faveur de Sebastien de Luxembourg, Vicomte de Martigues. Ce Duché est composé de quatre membres principaux : Guingamp dans l’Evêché de Tréguier, Lamballe, Moncontour & la Roche Suart dans celui de Saint Brieuc. Quoique cela forme encore une des plus belle terre225 du Royaume, ce n’est cependant que l’ombre de cequ’étoit Penthiévre, avant les différens démembremens qui en ont été faits. Penthiévre, dans son origine, comprenoit prés d’un tiers de la Province : c’étoit au nord de la Bretagne comme une petite Province à part, qui avoit ses Loix, ses Coutumes, ses Princes paticuliers226, & ces Princes étoient fort puissants, & fort absolus dans leurs Etats. Ils faisoient la paix ou la guerre suivant leurs intérêts ou leurs caprices, ils levoient des Tailles & des Aydes sur leurs vassaux, & jouissoient de plusieurs autres droits Régaliens. Singes de la Souverainneté, ils affectoient de tenir chez eux une Cour brillante ; ils donnoient à leurs principaux vassaux le titre de Barons [1], et reconnoissoient peu l’autorité des Ducs de Bretagne. La Maison de Penthiévre a éprouvé plusieurs révolutions & fourniroit seule matiere à une Histoire curieuse & intéressante. Nous en donnons la notice abrégée sous l’année mil six cens quatre-vingt-seize227. Ce Duché appartient aujourd’hui à M. le Duc de Penthiévre228, qui posséde encore en Bretagne à titre d’engagement plusieurs Domaines. 1°. Ceux de Jugon & Lannion aliénés en 1698. 2°. Ceux d’Auray, Carhaix, Dinan, Hennebond, Lesneven, Quimper, Vannes, aliénés en 1716. 3°. Ceux d’Antrain, Bazouches, Fougeres & Quimperlé, aliénés//pour commencer à jouir le premier Janvier 1757, ce qui rend le Duc de Penthiévre l’un des plus grands Terriers sans contredit de toute la Province229.
[1. Le titre de Baron étoit si respecté, qu’on le donnoit aux habitants du Ciel, on disoit le Baron S. Jacques, comme on dit encore aujourd’hui à la campagne, le bon Monsieur S. Pierre, la bonne Madame Sainte Anne.]
1579
Jacques Goyon, Sire de Matignon, reçoit le bâton de Maréchal de France. Il en étoit digne par ses belles actions, & par les effort230 qu’il fit pour étouffer la ligue dans son berceau. Les coups qu’il porta à ce monstre naissant, le rendirent moins difficile à terrasser sous le regne suivant231.
1590
Siége de Moncontour par le Prince de Dombes. Cette place soutient un premier assaut ; mais n’osant en attendre un second, elle se rend à des conditions honorables. Le Duc de Mercœur232 tente inutilement de la reprendre. La Tremblaye233, qui en étoit Gouverneur, & Quergomar234 tombent si à propos sur ses troupes, qu’ils les mettent en déroute & font plusieurs prisonniers235. Il ne fut pas plus heureux en 1593, & fut contraint d’en lever le siége une seconde fois236. La Ville de Moncontour passoit pour forte en ce tems là. Elle étoit entourée de murs & défendue par un Château, flanqué de quatre tours dont on voit encore les ruines237.
Le Guémadeuc238 assiégé par le Marquis de Chaussin239, à la tête des Ligueurs, soutient un siége de quelques heures contre une armée de 600 hommes & deux piéces de canon. Les Ligueurs marcherent ensuite contre Bienassis240 qu’ils pillerent & ravagerent. Cette Terre étoit possédée dès lors par la Maison de Visdeloup, où elle étoit entrée par le Mariage de Françoise du Quelenec, Dame de Bien-//assis avec Gilles de Visdeloup, Seigneur de la Goubelaye241. Elle passa dans celle de la Marck242 par le mariage de Marie-Anne-Hyacinthe de Visdeloup, héritiere de Bienassis, avec le Comte de la Marck : Louise-Marguérite, leur fille unique, l’a porté [l’a portée] au Prince d’Aremberg243, son mari, qui l’a vendue en 1765 à M. de la Villethéart Visdeloup244, qui la posséde aujourd’hui.
Le Prince de Dombes245 s’empare de la Ville de Lamballe. Il voulut aussi se rendre maître du Château ; mais le Duc de Mercœur par une diversion faite à propos, l’engage à lever le siége246. Le Château de Lamballe & celui de Moncontour ont été démolis sous le regne de Louis XIII247, à l’occasion des troubles excités dans le Royaume par César de Vendôme Duc de Penthiévre248.
1591
Siége de la Tour de Cesson249, proche Saint Brieuc, par Avaugour S. Laurent, Lieutenant du Duc de Mercœur250. C’étoit le tems de la Ligue en Bretagne, tems d’horreur & de confusion251. Le Château de Cesson tenoit pour le Roi252, & Saint Laurent étoit zelé Ligueur. Rieux de Sourdéac253, Commandant pour le Roi en basse Bretagne, accourt au secours de cette Place, S. Laurent, averti de sa marche vient au-devant de lui. Le combat est vif de part & d’autre. La victoire, long tems disputée, se déclare enfin pour les Royalistes254. S. Laurent est fait prisonnier & renfermé dans cette même Tour, où il avoit compté entrer d’une autre manière [1]. Le Duc de Mercœur ne tarda pas à venger l’honneur de son Lieutenant. Il vint lui-même mettre le siége devant cette Place, & la prit par capitula-//tion après qu’elle eut souffert 400 volées de canon255. Il paroît qu’elle demeura au pouvoir des Ligueurs jusqu’en 1598 qu’elle fut reprise par le Maréchal de Brissac256. On ne sçait pas au juste quand cette Tour avoit été bâtie257. Il paroît que ce fut sur la fin du quatorziéme siécle, sous le Duc Jean IV, dit le Conquérant, pendant son mariage avec Jeanne de Navare, sa troisiéme femme258, comme il se vérifie encore aujourd’hui par les Armes de Navare qu’on voit en alliance avec celles de Bretagne sur une des pierres de cette Tour. Après les longues & funestes guerres, qui avoient désolé la Bretagne sous les regnes de Henri III. & de Henri IV., la paix ayant enfin été rendue à cette Province259, Henri IV, pour prévenir les maux infinis que les Garnisons de plusieurs Places fortes avoient causés à la Bretagne, en ordonna la démolition. De ce nombre fut la Tour de Cesson. Les Sieurs de Précréhant260 & Ruffelet, Sénéchal Royal de S. Brieuc261, furent chargés en 1598 de l’exécution des ordres du Roi & cette Tour fut démolie la même année262. Ce qui en reste aujourd’hui fait voir combien elle étoit solidement bâtie263.
Combat de Loudéac, où S. Laurent est battu par le Marquis de Cœtquen264. S. Laurent assiégeoit la Citadelle de Moncontour, & avoit quitté le siége pour venir se faire battre. La Place fut délivrée par la265. [Ce siege de Moncontour doit être placé avant celui de la Tour de Cesson266.] C’est en faveur du Marquis de Cœtquen que Henri III érigea les Terres d’Uzel & de Rougé en Vicomté267. La Terre d’Uzel, possédée dès le treiziéme siécle par la Maison de Budes, passa par alliance dans celle de la Chataigneraie, dont une fille la porta dans celle de Maletroit. // De cette derniere Maison elle passa dans celle de Cœtquen, & par alliance dans celle de Duras268. Elle a été vendue depuis peu d’années au Sieur Boschat269.
[2 400 Anglais envoyés par la Reine Elizabeth au secours de Henry IV. viennent aborder à Paimpol, ville du Comté de Goëlo270, qui étoit alors fortifiée, & où le Sr de la Tremblaye commandoit une forte Garnison271. Après s’être un peu reposés ils se rembarquent sous la conduite de la Tremblaye et de Kgomart, et viennent attaquer l’Isle de Brehat. Le Duc de Mercœur y avoit fait bâtir un Fort & y avoit mis garnison. Le Fort fut investi, la garnison se défendit avec courage, mais les vivres & les munitions ayant manqué, elle fut obligée de se rendre à discrétion. Elle fut traitée avec beaucoup de rigueur par les Anglais, qui firent pendre 15 Soldats à des ailes de moulins à vent272.]
Siége de Lamballe, célebres [célebre] par la mort du fameux de la Nouë, surnommé bras de fer, l’un des plus grands Capitaines de son siécle, estimé des catholiques, quoique huguenot, & fort regretté de Henri IV273. Ce Prince en fit un éloge bien flateur, lorsqu’apprenant sa mort, il dit qu’il avoit perdu à l’attaque d’une petite place un Capitaine qui valoit seul toute une Province. On l’avoit surnommé bras de fer, parce qu’ayant eu un bras emporté au siége de Fontenay274, il s’en étoit fait faire un de fer, qui ne l’empêchoit pas d’agir & de combattre comme auparavant. Consterné par la mort de la Noue, le Prince de Dombes, qui commandoit le siége, ne songea plus qu’à se retirer275. La Maison de la Noue, l’une des plus anciennes & des plus distinguées de la Province, est originaire du païs de Retz au Comté Nantois, où elle possédoit autrefois la Terre de la Noue Niort276. Elle a formé deux principales branches ; celle de la Nouë bras de fer éteinte en 1612, & celle de la Noue de Vair, qui subsiste aujourd’hui277.
[1. Parmi ceux qui se distinguerent à cette action, on fait principalement mention des Sieurs de Sourdéac, Kgomart, Kmovan, son frere278, Précréan279, Liscouet280, François Budes281, ce dernier y fut blessé d’un coup de pique dans la gorge. Il n’étoit pas encore guéri de sa blessure lorsqu’il vint assiéger Quilhet282, Château autrefois fortifié, & qui appartient aujourd’hui à M. le Comte de Beaucours283. Il l’emporta d’assaut, mais cette conquête lui fut funeste ; il y reçut un coup de lance au travers du corps dont il mourut 2 heures après.]
1592
La Ville de Quintin prise par le Duc de Mercœur284. Ilne285 conserve pas longtems cette conquête. Les habitans attachés au Comte de Laval leur Seigneur286, y introduisent la Giffadiere287, brave Officier, qui tombe à l’improviste sur la garnison, la chasse de tous ses postes, & remet la Ville sous l’obéissance du Roi.
La Ville de S. Brieuc est pillée par l’Ar-//mée des Espagnols, Lorains, Lansquenets & autres gens de guerre288.
1601
Peste à S. Brieuc, qui emporte une grande quantité d’hommes289.
1602
Melchior de Marconay290, Evêque de Saint Brieuc, préside aux Etats assemblés cette année dans sa Ville Episcopale. Il fit imprimer 1606 [en 1606] des Statuts pour son Diocèse, dont les exemplaires sont devenus rares291. L’année précédente il avoit aussi fait imprimer un Rituel292, où il parle des Lépreux, & emploie un Chapitre entier à marquer la maniere dont ils devoient être séparés du reste des Fidéles. Modus Separandi Leprosos à consortio sanorum. Ce qui marque qu’il y avoit encore alors des Lépreux en Bretagne293. La lépre a été une maladie autrefois fort commune en France. Elle y avoit été apportée par les Croisés, & y avoit fait de si grands ravages, qu’il n’y avoit presque point de Ville ou de Bourgade un peu considérable, qui n’eût sa léproserie ou ladrerie ; car c’est le nom qu’on donnoit aux Hôpitaux destinés pour les lépreux, qui étoient consacrés sous l’invocation de S. Lazare, que le peuple appelloit par corruption S. Ladre.
1605
Lettres patentes du Roi, enrégistrées au Parlement de Bretagne, qui permettent à Christophe Gautron, Vicomte de Plaintel, Seigneur de la Villemaingui, de prendre le nom de Robien, dont son pere avoit épousé l’héritiere294. La Maison de Gautron est connue parmi les Nobles de Bretagne dès les XII & XIII siécle ; mais la filiation n’en est as-//surée que depuis Jean Gautron, tué à la bataille de Poitiers en 1356. Elle a l’avantage d’avoir produit un Littérateur illustre dans la personne de Christophe-Paul de Robien, Président à mortier au Parlement de Bretagne, pere du Président de Robien d’aujourd’hui295. Ce Savant, qui étoit associé de l’Académie de Berlin, avoit fait une étude particuliere de l’histoire naturelle de sa patrie, & avoit composé sur cet objet un ouvrage considérable, que la mort l’a empêché de donner au public296. Perte irréparable pour la République des Lettres & pour la Province de Bretagne en particulier. La Terre de Plaintel, à laquelle plusieurs anciens actes donnent le titre de Vicomté, appartenoit en 1290 à N. Dollo, Seigneur de la Villemaingui, issu des anciens Comtes de Dol. La postérité masculine des Dollo s’étant éteinte vers le milieu du XVe siécle, Jeanne Dollo, fille unique de Guillaume, porta les Seigneuries de Plaintel & de la Villemaingui dans la Maison de Gautron par son mariage avec Rolland Gautron297.
1609
Délib. pronale en l’Eglise de S. Michel de S. Brieuc298, où l’on nomme des Egailleurs & Collecteurs pour cause des Aides dûs au Roi sur la Ville de Saint Brieuc. Cette Ville est exempte de Fouages moyennant une somme de 420 l. par an, qui en 1609, 1615 & 1620, s’égailloit encore sur le général des habitans. Cette somme, qui se paie aujourd’hui sous le nom d’Aides, a passé en nature de charge ordinaire de la Communauté de la Ville, suivant les Arrêts du Conseil de 1670 & 1681 portant Réglement pour cette Communauté299.
Bertrand Havard300 & Jean Chapelain301, dé-//putés de la Communauté de S. Brieuc, assistent aux Etats de Nantes. Il paroît par plusieurs Lettres de Henri IV, écrites à la Communauté de cette Ville, qu’elle a eu autrefois le droit de députer deux Notables Bourgeois aux Etats de cette Province. Cet usage subsistoit encore lors de l’Arrêt de Réglement pour cette Communauté du 18 août 1670302.
1615
Fondation du Couvent des Capucins de S. Brieuc par MM. de Brehand. La Communauté de la Ville favorise aussi cet établissement pour lequel elle donne une somme de 3 600 l. & lors de la construction du nouveau bâtiment en 1733, elle en a accordé une autre de 2 000 liv.303.
La Moussaye erigée en Marquisat en faveur d’Amauri Goyon II. du nom304. Cette Terre avec celles de Pontual, de Touraude & de Quergouet étoit entrée dans la Maison de Goyon par le mariage de Gillette de la Moussaye avec Gui Goyon, Sire de Launai Goyon mort en 1528. La posterité masculine d’Amauri second s’étant éteinte, le Marquisat de la Moussaye échut à René-Amauri de Montboucher, Marquis de Bordage du chef de sa mere Elizabeth Goyon. Le marquis de Bordage mort sans alliance en 1744, eut pour héritiere sa sœur Henriette, qui a porté cette Terre dans la Maison de Cogni par son mariage avec François Duc de Cogni, Maréchal de France305.
1618
André le Porc de la Porte306, est nommé à l’Evêché de S. Brieuc. Il introduisit dans son Diocèse l’usage du Bréviaire romain307. L’ancien Bréviaire, à l’usage de S. Brieuc, est // devenu depuis ce tems-là extrêmement rare308, ne seroit-il pas à désirer qu’on en donnât une nouvelle édition ? Plusieurs Eglises de France nous offrent là dessus un exemple & des modeles à suivre309. On est redevable à l’Evêque André le Porc de plusieurs Statuts Synodaux fort sages, imprimés à Saint Brieuc en 1624310. Il y parle des Conférences ecclésiastiques comme d’un établissement qui n’étoit pas nouveau dans son Diocèse. Etablissement utile que les talents de ceux qui ont été choisis pour y présider ont tant de fois rendu célébre, aujourd’hui dans tout son lustre311.
1620 ou environ
Fondation du Couvent des Carmes de Quintin. L’Evêque André le Porc312 fait la cérémonie de benir la premiere Pierre de leur Eglise, qui fut dédiée sous l’invocation de Notre-Dame de bonne nouvelle313.
Etablissement d’une Imprimerie à Saint Brieuc sous la direction de Guillaume Doublet314. Pour favoriser un établissement si utile, si nécessaire au progrès des Sciences & des Arts, l’Evêque de Saint Brieuc, (André le Porc de la Porte) le Chapitre de la Cathédrale & la Communauté de la Ville payent chacun une somme de 200 liv. Elle est [Cette Imprimerie est] depuis 1752 sous la direction de M. Mahé315.
1622
Lettres du Roi en faveur de René Marquis de Coetlogon portant réunion des Terres de Coetlogon, de Pleugriffet, de la Lande, du Châtel, de Beaufond, de la Motte au Vicomte & du Gouray, & érection du tout en Marquisat, sous le nom de Coetlogon, relevant du Duché de Bretagne. La Maison de // Coetlogon316, connue en Bretagne dès le XII. siécle & l’une des plus illustres de la Province, a produit plusieurs grands Hommes. Des Evêques, des Chevaliers des Ordres du Roi, des Ambassadeurs, un Maréchal de France, &c317. Cesar Marquis de Coetlogon, étant mort sans enfans mâles en 1742, Perine-Catherine-Marie de Coetlogon, sa fille aînée & principale héritiere, à porté le Marquisat de Coetlogon dans la Maison de Carné, par son mariage avec le Comte de Carné, Cesar Marquis de Coetlogon avoit été Procureur-Syndic des Etats318, & dans des tems difficiles il avoit défendu avec zele les intérêts de la patrie319. Il étoit fils de Philippe-Gui de Coetlogon, aussi Procureur-Syndic des Etats320 ; c’est de ce dernier dont on a dit qu’il avoit été l’homme du monde le plus aimable, & ce qui n’en est pas toujours une suite, l’homme du monde le plus aimé.
1624
La Révérende Mere Fortin, dite des Anges, Supérieure des Ursulines de Dinan, est envoyée à Saint Brieuc, à la priere de l’Evêque André le Porc321, pour y fonder une Maison de son Ordre. On lui avoit donné pour Compagnes trois Meres de Chœurs & deux Sœurs Converses. L’Evêque de Saint Brieuc leur fit bâtir un trèsbeau Monastere, dont l’Eglise est dédiée sous l’invocation de Saint Charles322.
Les Bénédictines de la Congrégation du Calvaire, reçues la même année à Saint Brieuc, logerent d’abord dans une Hospice, près le Collège, & ne prirent possession de la maison qu’elles occupent aujourd’hui qu’en 1626323. //
1628
On commence à bâtir les murailles de la Ville de S. Brieuc324. Sous la premiere pierre fut mise une plaque de cuivre où sont gravées les armes d’André le Porc de la Porte, pour lors Evêque de S. Brieuc325, de Nicolas le Clerc, Sénéchal Royal326 & du Syndic de la Communauté327.
1632
La Terre de Buhen érigée en Châtélenie en faveur du Sieur de Rosmadec328, Vicomte de Meneuf possédée aujourd’hui par le Président de Cucé329.
1643
Denis de la Barde, Evêque de S. Brieuc, prononce en présence des Etats assemblés à Vannes l’Oraison funébre du Cardinal de Richelieu, Gouverneur de la province330.
Le Maréchal de Guébriand, blessé d’un coup de Fauconneau au siége de Roteuil, meurt peu de jours après de cette blessure331. Il avoit été fait Maréchal de France l’année d’auparavant. Son Epouse Renée Dubec Crepin, non moins illustre que son mari, fut honnorée du titre d’Ambassadrice & envoyée en Pologne par la Cour de France en cette qualité332. C’est la premiere Dame qu’on trouve honnorée de ce titre. Elle mourut en 1659, & fut inhumée dans l’Eglise de Notre-Dame de Paris, dans le même tombeau que son époux. Le titre de Maréchale de France, dit le Laboureur, lui appartenoit autant qu’à son mari333. La Terre du Plessis Budes, rendue célébre par la naissance du Maréchal de Guébriand, est aujourd’hui possédée par M. Picot, qui l’a acquise de M. le Lay de la Villemaré. Voyez 1370. //
1658
Jean Le Rigoleuc, célébre Missionnaire Jésuite, natif de Quintin, meure à Vannes en odeur de sainteté. On a de lui quelques Traités de spiritualité334.
1664
Fondation du Séminaire de Saint Brieuc par Denis de la Barde335, qui acquit pour cela la maison, dite de la grande Grenouilliere, où il bâtit à neuf le grand corps de logis qu’on y voit aujourd’hui, ensuite l’Eglise, qui ne fut achevée que quelques tems avant sa mort336. Il mit cette Maison sous la direction des Prêtres de la Congrégation de la Mission, dite de Saint Lazare337.
1667
Lettres Patentes du Roi portant provision du Gouvernement338 de la Ville de S. Brieuc & Tour de Cesson en faveur d’Yves-Olivier de la Riviere339, Chevalier, Baron du Plessix, & la survivance pour Charles-Yves de la Riviere340, son fils aîné : ledit Gouvernement vacant par la démission de Messire Claude d’Assigné341, Chevalier Seigneur de Carnavalet. Le premier Gouverneur de S. Brieuc, dont on ait connoissance, est un certain Elie du Rouvre, Seigneur du Boisboixel, qui vivoit en 1381342 ; mais il ne faut pas s’imaginer que nos Gouvernemens de Villes ou de Châteaux fussent sous nos Ducs ce qu’ils sont aujourd’hui. Ce n’étoient ordinairement que des commissions données pour un certain tems ; en tems de guerre, par exemple, ou d’absence des Ducs, & qui n’avoient point d’autre durée que celle du besoin qui les occasionnoit. Le Gouvernement de S. Brieuc, qui depuis 1667 est dans la // Maison de la Riviere, vient d’y être perpétué par la survivance que le Comte de la Riviere, Gouverneur actuel, vient d’en obtenir (en 1766.) pour son neveu le Vicomte de la Riviere343.
1669
Arrêt du Parlement de Bretagne rendu entre le Seigneur Evêque344, le Chapître345 & le Seigneur du Boisboixel346, la Communauté de la Ville intervenant, par lequel les Habitans de S. Brieuc sont confirnés [confirmés] dans le droit de choisir, parmi les moulins de ces trois Seigneurs, celui qu’ils voudront347.
1672
Jean-Baptiste Nouleau, né à S. Brieuc en 1604348, entra dans la Congrégation de l’Oratoire349 à l’âge de 20 ans. Il fut pourvu de la Théologale de S. Brieuc en 1640350. Il se livra à la prédication351 & à la composition de plusieurs Ouvrages de spiritualité352, mais l’indiscrétion de son zele & quelqu’uns de ses Livres lui attirerent des disgraces353. Il mourut vers 1672354.
1677
Etats de S. Brieuc où préside, dans l’Ordre de l’Eglise, Hardouin Fortin de la Hoguette, Evêque de S. Brieuc355.
1684
Louis-Marcel de Coetlogon est nommé à l’Evêché de S. Brieuc356. Il étoit fils de René Marquis de Coetlogon, Maison illustre dans ce Diocèse : ce qui fit dire à Louis XIV. qu-il l’avoit fait Prophête dans son pays357. Il reçut Jacques II. Roi d’Angleterre, lors de son passage à S. Brieuc, & le bon accueil qu’il lui fit fut tel que Louis XIV. daigna lui en témoigner sa reconnoissance358. Prelat humain, charitable, compatissant, son caractere fut la douceur & la bienfaisance. Son zele // pour la conversion des Hérétiques éclata sur-tout lors de la revocation de l’Edit de Nantes en 1685. Il parcourut son Diocèse avec une troupe de Missionnaires, & réussit à en faire rentrer un très grand nombre dans le sein de l’Eglise, sans avoir voulu y employer d’autres armes que celles de la douceur & de la persuasion359. Il fut transféré à Tournay, ne tint ce dernier Siége que 2 ans & mourut en 1707.
1687
Etats de S. Brieuc célébres par le Réglement que ces Etats s’y font à eux-mêmes, sous le bon plaisir de S. M. & qui sert encore aujourd’hui de baze à leur administration publique & particuliere360.
1688
Ordonnance de Louis XIV. pour l’établissement des Milices361. Celles du Diocèse de S. Brieuc ont servi avec distinction sous M. le Maréchal de Saxe & dans les dernieres guerres362. Cette Milice a quelque rapport avec l’ancienne Milice Bourgeoise des Romains, & avec celle des Communes, qui a subsisté en France jusqu’au Regne de Charles VII363.
1691
Quintin érigé en Duché en faveur de Gui de Durefort364, Comte de Lorges, Maréchal de France. Ce Duché est composé de la Baronie de Quintin, & des Terres de Pommerit le Vicomte, Avaugour, l’Hermitage. Le nom de Quintin a été changé en celui de Lorges par Lettres du Mois de Decembre 1706365. Quintin est une Juveignerie (1) d’Avau-//gour. Geofroi I. frere puiné de Henri II. Comte de Goëlo & Seigneur d’Avaugour, eut en Partage la Seigneurie de Quintin & la transmit à sa Postérité. Geofroi V. Sire de Quintin, étant mort sans enfant, Plezou de Quintin, son héritiere, porta cette Terre dans la Maison du Perrier par son mariage avec Géofroi du Perrier. La Seigneurie de Quintin fut érigée en Baronie par le Duc Pierre II. en 1451. en faveur de Tristan du Perrier, Sire de Quintin. Cette Baronie, après avoir successivement passé dans les Maisons de Rohan, Laval, la Trimouille, la Moussaye, entra par acquet dans celle de Durfort Lorges en 1681366. La Maison de Durfort, originaire des Provinces de Guyenne & de Foix, est célébre dans nos Histoires depuis plusieurs siécles, & a produit plusieurs grands Hommes367.
Etablissement de la Jurisdiction des Traides368 & du Siége Royal de l’Amirauté de Saint Brieuc.
(1) Le terme de Juveignerie369 en Bretagne signifie la même chose que celui de Parage en d’autres Provinces.
1692
Edit de création des Maires & autres Officiers municipaux. Ces Charges furent supprimées en 1717 ; rétablies en 1722, supprimées de rechef en 1724 ; enfin rétablies sur le pied où elles sont à présent en 1733370. Avant l’établissement des Maires, la Communauté de S. Brieuc étoit gouvernée par des Syndics, dont l’origine, également que celle de la Communauté, se perd dans la nuit des tems. On peut cependant conjecturer que ce fut vers le XII. siècle que les Communautés de Bretagne commencerent à se former à l’imitation de celles de France, qui prirent aussi naissance dans le même siécle. Louis le Gros, Roi de France, qui // vivoit alors, pour mettre les Habitans des Villes en état de se défendre contre la tyrannie des Seigneurs, (c’étoit alors le regne de la force & de la violence) leur accordat le droit d’avoir un Sénat371 qui veillât aux intérêts communs, levât les deniers publics, rendît ou fit rendre la justice à ses compatriotes, & tint sur pied une Milice réglée, prête à marcher aux ordres du Souverain (1). C’étoit rendre aux Villes, qui du temps des Romains & des premiers Rois François avoient été Capitales de Cité, leur ancien droit d’avoir un Sénat & des Curies ; c’étoit l’octroyer à celles d’un ordre inférieur, qui ne l’avoient pas eu auparavant. Les grands Seigneurs, singes de la Royauté, & les Ducs de Bretagne en particulier, ne manquerent pas d’imiter cet exemple & d’établir aussi des Communes dans les Villes qui leur étoient soumises372. Telle est l’origine ou plutôt le retablissement du Droit de Commune en France & en Bretagne.
(1) Chaque Paroisse marchoit alors sous la Banniere du Saint de son Eglise, & alloit à la guerre avec son Curé, qui suivoit l’armée pour exercer parmi ses Ouailles les fonctions de son ministere. Cette Milice des Communes peut être regardée comme l’origine de nos Milices bourgeoises373.
1693
Pierre de Perrien, Marquis de Crenan, est fait Lieutenant Général des Armées du Roi, Gouverneur de Condé en 1697, meurt quelques années après des blessures reçues à Cremone374. C’est à la vigilance & au courage de ce brave Officier qu’on dut principale-//ment la conservation de cette Place. La Terre de Crénan, anciennement possedée par les Nepvou, entra dans la maison de Perrien par le mariage d’Anne Urvoy, niéce d’Anne le Nepvou, avec Maurice de Perrien. Après avoir passé dans les maisons de L’annion & de la Haye, elle est entré [entrée] par alliance dans celle de Bellingant qui la posséde aujourd’hui375.
1696
Plœuc, ancienne Banniere376, érigée en Comté par Lettres Patentes du 14 Avril 1696, & autres de suranation du 22 Juin 1699377, en faveur d’Yves-Ollivier de la Riviere, Marquis du Plessis & de la Riviere, Gouverneur de Saint Brieuc378. La maison de la Riviere, l’une des plus illustres de la Province par son ancienneté, ses services & ses alliances (1), est une branche de celle des Comtes de Mur, Sires de Corlai, puinés des Comtes de Cornouailles. Christophe de Mur, fils puiné de Garcis de Mur & de Béatrix de Rostrenen, qui vivoient en 1357, épousa Louise de la Riviere, fille de Thibaud. Son fils Géofroi prit le nom de la Riviere, que ses descendants ont toujours porté depuis suivant les conditions du contract de mariage de son pere. La maison de la Riviere est aujourd’hui divisée en trois branches ; celle du Marquis de la Riviere, qui est l’aînée ; celle du Comte de la Riviere Gouverneur de Saint Brieuc379 & celle des Rivieres Beauchêne. //
Edit du mois d’Août qui créé des Gouverneurs héréditaires dans les Villes closes du Royaume, à l’exception de celles où il y avoit des Gouverneurs pourvus par le Roi, & emploiés sur ses états pour leurs gages & appointements ; & telle étoit alors la Ville de Saint Brieuc, voyez l’année 1667380. Ces Gouvernements de 1696. furent supprimés en 1700, puis rétablis par l’Edit du mois de Décembre 1708, qui créa en même tems des Lieutenants de Roi, pour suppléer les Gouverneurs en cas d’absence. Ces Gouverneurs & Lieutenants furent encore supprimés en 1724, & le besoin d’argent les fit rétablir en 1733.
Acquisition du Duché de Penthiévre par le Comte de Toulouze381. L’Histoire de ce Duché est trop intéressante, trop intimément liée avec l’Histoire Briochine, pour qu’on puisse se dispenser d’en donner ici une courte Analyse, & d’esquisser le tableau de ses principales Revolutions382.
(1) Ses alliances sont avec les Maisons de Rohan, Rostrenen, Dinan, Kgorlai, Goyon, Beaumanoir, Tournemine, &c.
Notice abrégée de l’Histoire de Penthiévre
I. EPOQUE
La Maison de Penthiévre tire son origine de celle de Bretagne383. Eudon, premier auteur de cette maison, étoit frere puiné d’Alain III. Duc de Bretagne. Ces deux Princes partagerent ensemble le Comté de Rennes, qui étoit le premier patrimoine de leur maison avant qu’elle fut Ducale. Eudon eut pour sa part les Evêchés de Treguier & de Saint Brieuc, avec une partie de ceux d’Aleth, aujourd’hui S. Malo, & de Dol, mais le Duc se reserva la propriété des grandes Vil-//les, qui étoient dans le partage de son frere & la Souveraineté sur le tout, comme Duc de Bretagne384. Eudon fut un Prince belliqueux, qui eut presque toujours les armes à la mains385 ou contre son frere, Duc de Bretagne, ou contre son neveu, ou contre les Normands. Il mourut en 1079 & fut enterré dans la Cathedrale de S. Brieuc où on lui fit de manifiques funérailles386. Allain le noir, Comte de Richemont, petit-fils d’Eudon, épousa Berthe, fille aînée & principale héritiere de Conan III. Duc de Bretagne, par cette alliance la Souveraineté de Bretagne entra & se fixa pour quelque tems dans la maison de Penthiévre. Alain étoit frere puiné de Géofroi Botrel, Comte de Penthiévre & de Lamballe387, dont la postérité s’éteignit en la personne de Géofroi II. Comte de Penthiévre388. Ce dernier disposa de Penthiévre, Lamballe, Quintin & Moncontour en faveur d’Alain, Comte de Goëlo son neveu, qui par la mort de Géofroi devint chef de nom & d’armes de la maison de Penthiévre389. C’est cet Alain qui a fondé Beauport, & qui assista à la translation des Reliques de S. Brieuc en 1210390. Voyez cette année. Il ne laissa que 2 fils, sçavoir ; Henri qui lui succéda dans le Comté de Goëlo, & Géofroi, qui fit la branche des Seigneurs de Quintin391.
II. EPOQUE
Henri, fils d’Alain, Comte de Goëlo, ne put conserver longtems la riche succession que Géofroi Botrel, son oncle [son grand oncle]392, lui avoit laissé393. Alix, Duchesse de Bretagne, y avoit des prétentions bien fondées, comme représentant Alain le noir, Comte de Richemont, // frere puiné de Géofroy Boterel394. Pierre Mauclerc, devenu Duc de Bretagne par son mariage avec Alix, sçut faire valoir les Droits de son épouse. Il fit long-tems la guerre au Comte Henri, & finit par s’emparer des Terres de Treguier, Guingamp, S. Brieuc, Lamballe, &c395. Henri dépouillé par Mauclerc, prit le surnom d’Avaugour & le transmit à sa postérité : ce nom est devenu célébre en Bretagne396. Pierre Mauclerc donna Penthiévre en 1236 à sa fille Yoland de Bretagne, en la mariant avec Hugues le Brun, Sire de Lezignem, fils aîné du Comte de la Marche, mais il se reserva Jugon397. Le Comté de Penthiévre revint à la Maison de Bretagne après la mort d’Yoland ; & le Duc Jean III. le donna en apanage á Gui de Bretagne son frere ; mais il se reserva le chàteau de Jugon, le droit de bris, les émolumens de l’Amirauté & la garde des Eglises. par cette reserve les Eglises Cathédrales & les Abbaïes qui étoient dans l’apanage de Gui de Bretagne, furent soustraites à sa jurisdiction ; & sont encore aujourd’hui exemptes de la jurisdiction des Ducs de Penthiévre.
Gui de Bretagne épousa Jeanne d’Avaugour, fille aînée & principale héritiere de Henri d’Avaugour quatriéme du nom398, en qui s’éteignit la branche aînée de l’illustre Maison de Penthiévre (1). Les branches cadetes ont subsisté long-tems, sous les noms de Quintin, de S. Laurent, de Kgrois, Du-//parc, de la Rochemabille & de Courte-alain.
(1) La Branche d’Avaugour, autrefois cadete, étoit devenue l’aînée de la Maison de Penthiévre la mort sans enfans de Géofroi second, Comte de Pentiévre399.
III. EPOQUE
Gui de Bretagne, Comte de Penthiévre, ne laissa qu’une fille400 mariée en 1337 á Charles, Comte de Blois, dit le Saint401, à qui elle porta le Comté de Penthièvre & ses prétentions sur le Duché de Bretagne : prétentions qu’elle soutint avec autant de courage & plus de fermeté que son mari. Femme véritablement au dessus de son sexe, qui à la tête des conseils & des armées montra toute la bravoure & toute la capacité d’un grand Général, & mérite de tenir place parmi les Héroïnes que célébre l’histoire. Le sort des armes favorisa la Maison de Monfort. Celle de Penthiévre ne put conserver que Penthièvre, Limoges & quelqu’autres Terres, foibles dédomagemens d’une Couronne, qu’elle croioit avoir droit de porter & qu’on n’eut pu disputer à Gui de Bretagne, frere du Duc Jean III. s’il lui avoit survecu402. Jean de Blois, fils aîné du Comte de Penthiévre, épousa Margueritte de Clisson, fille du Connetable, dont il eut plusieurs enfans. Cette femme ambitieuse, ne pouvant oublier que ses enfans auroient pu être Souverains de Bretagne, engagea Olivier, l’aîné de ses fils, à conspirer contre la personne du Duc Jean IV [Jean V.]. Cette conspiration n’eut point le succès qu’elle s’en étoit promis. Les Bretons volent au secours de leur Souverain, l’arrachent des mains des Penthiévres, s’emparent de leurs Places & les confisquent au profit du Duc, en punition d’un si noir attentat403. Olivier dépoüillé de tous les biens qu’il possédoit en // Bretagne, se refugia dans le Henault où il mourut en 1433 victime de son ambition & chargé de l’exécration publique. C’est Marguerite de Clisson, sa mere, qui a fondé & fait bâtir la Chapelle de N. D. de la Fontaine dans un des Faux-bourgs de la Ville de Saint Brieuc. Le goût gothique, qui regne dans la construction de cette Chapelle, décele le siécle où elle a été bâtie. Après la mort d’Olivier de Penthiévre le Connétable de Richemont ménagea un acommodement404 entre Jean de Bretagne, frere d’Olivier, & François I. Duc de Bretagne. Le Duc à la priere du Connétable promit de rendre le Comté de Penthiévre à Jean de Bretagne. Le Duc Pierre II. exécuta cette promesse, & Jean de Bretagne fut mis en possession de Penthiévre en 1450405. Jean étant mort sans enfans, sa succession passa à Nicole de Bretagne, sa niece, fille de Charles Seigneur d’Avaugour406.
IV. EPOQUE
Nicole de Bretagne porta le Comté de Penthiévre à son mari Jean de Brosse, Vicomte de Boussac & Maréchal de France407. Ce Seigneur obligé de se décider dans la guerre du bien public entre le Roi de France & François II. Duc de Bretagne408, préféra le service du Roi409. Le Duc piqué fit saisir le Comté de Penthiévre. La guerre finit & la paix se fit, mais Penthiévre ne fut point rendu410. Le Duc voulant même par la suite faire revivre l’ancien Titre de Baron d’Avaugour en faveur de François légitimé de Bretagne, détacha de Penthiévre les châtélenies de Châtelaudren, Lanvollon, Paimpol, qu’il éri-//gea en titre de Baronie, sous le nom d’Avaugour, & auxquelles il ajoûta depuis les châtélenies de la Roche-derien, de Châteaulin sur Trieu & de Clisson411. La Duchesse Anne, fille de François II.412 donna la jouissance des autres Terres du Comté de Penthiévre à Jean de Chalons, prince d’Orange413, qui en jouit pendant dix ans. Après sa mort la Reine Louise, Regente du Royaume414, les donna à Louis de Lorraine, Comte de Vaudemont415, pour en jouir pendant sa vie. François I. Roi de France416, devenu paisible possesseur de la Bretagne par l’union faite de ce Duché à la Couronne en 1532417, passa un Traité en 1535 avec Jean de Brosse IV. du nom, Duc d’Estempes, par lequel il lui rendit toutes les Terres, qu’il tenoit en sa main du Comté de Penthiévre, & ce Seigneur céda au Roi tous les droits qu’il pouvoit avoir sur le Duché de Bretagne par représentation de Nicole de Bretagne, sa Bisayeule418.
V. EPOQUE
Jean de Brosse étant mort sans enfans en 1566, sa succession passa à son neveu Sebastien de Luxambourg, fils de François Vicomte de Martigues & de Charlotte de Brosse. Sebastien fut un des plus grands Généraux de son siécle419 ; & c’est en sa faveur que le Comté de Penthiévre fut érigé en Duché Pairie en 1569. Voyez cette année420.
VI. EPOQUE
Marie de Luxambourg, fille unique de Sebastien421, porta le Duché de Penthiévre dans la Maison de Loraine par son mariage avec Philippe Emanuel de Loraine, Duc de // Mercœur, celui que la Ligue de Bretagne a rendu si célébre422.
VII. EPOQUE
Françoise de Loraine, fille & unique héritiere du Duc de Mercœur, épousa Cesar, Monsieur, Duc de Vendome, fils légitimé de Henri IV423. Le Roi, qui desiroit ce mariage, combla de biens les nouveaux Epoux, & c’est la source des grandes richesses de la Maison de Vendome. Louis-Joseph Duc de Vendome, se montra digne petit-fils de Henri IV. & fut un de ces Héros qui ont tant illustré le Regne de Louis XIV424. Se voyant sans enfans, il vendit Penthiévre425 à Marie Anne de Bourbon426, veuve du Prince de Conti.
VIII. EPOQUE
La Princesse de Conti ne posséda pas long-tems cette Terre, elle la revendit en 1696 à Louis-Alexandre de Bourbon, Comte de Toulouze427. Celui-ci obtint de Louis XIV. de nouvelles Lettres d’érection du Comté de Penthiévre en Duché Pairie428, sans que cette érection puisse priver les propriétaires de cette Terre du droit d’assister aux Etats de la Province, comme les Comtes de Penthiévre ont coutume d’y assister, ni de jouir des autres droits & prérogatives dont les Comtes & Barons de Bretagne ont coutume de jouir dans lesdites Assemblées. On peut remarquer ici que Cesar, Duc de Vendome, de Mercœur & de Penthiévre, présida aux Etats de Plœrmel en 1624. Il présida aussi à ceux de Guérande en 1625. Il voulut encore présider à ceux de Nantes en 1651, mais les Barons de Léon & de Vitré s’y étant oppo-//sés, cette dispute fut évoquée au Conseil, où elle est encore indécise.
Le Duché de Penthiévre, malgré tous les demembremens qu’il a souffert en différens tems, forme encore aujourd’hui une Terre d’une très vaste étendue & doit passer pour une des plus belles Seigneuries du Royaume. Il s’étend, suivant le Pere Toussaint de S. Luc429, (1) depuis les portes de S. Malo jusqu’à celles de Morlaix, & contient environ trois journées de chemin de longueur & une de largeur : dont il faut cependant excepter quelques enclaves, telles que le Duché de Lorges, les Réguaires de S. Brieuc, &c. Ce Duché, suivant le même Auteur, a pour limites du côté du levant l’Evêché de S. Malo, au midi le Duché de Rohan, au couchant le Comté de Goëlo & la Baronie d’Avaugour, qui sont des Juveigneries de Penthiévre, & au nord la mer Britanique430. Il ajoute que plus de deux mille Gentilshommes relevent de ce Duché431. Des mains du comte de Toulouse cette Terre est passée dans celles du Duc de Penthiévre, son fils432, dont la fille & l’unique héritiere vient d’épouser le Duc de Chartres, fils du Duc d’Orléan, premier Prince du Sang433 ; Epoque brillante par laquelle nous finirons cette Analyse.
(1) Recherches générales de la Bretagne Gauloise.
1697
Mort d’Ange le Proust434 de l’Ordres [de l’Ordre] des Hermites de S. Augustin435, célébre par sa charité & par son zele pour le soulagement des pauvres. Il étoit Prieur des Augustins de Lamballe436, lorsque touché de compassion de // voir les pauvres sans secours par la ruine de plusieurs Hôpitaux, qui étoient négligés ou abandonnés, son zele le porta a instituer une Société de pieuses filles pour le service & le rétablissement de ces Hôpitaux. Il mit cette Société naissante sous la protection de S. Thomas de Villeneuve, qui venoit d’être canonisé437, & dont elle a retenu le nom. La maison de Lamballe est comme le chef d’ordre, d’où cette charitable Société s’est étendue à S. Brieuc, Moncontour, Rennes, Paris, &c438.
1698
Déclaration du Roi en faveur du Marquis de Guémadeuc, Gouverneur de Saint Malo & Lieutenant pour le Roi dans les Evêchés de Rennes, Vannes, Dol, & Saint-Malo439. Par cette Déclaration la Lieutenance de ces quatre Evêchés est rendue héréditaire à ses enfans & autres héritiers. Le Marquis de Guémadeuc ne laissa que deux filles ; l’une mariée au Marquis de Volvire440, l’autre au Comte de Marbeuf441, Chambellan de Stanislas, Roi de Pologne442, & Lieutenant de Roi de la haute Bretagne, à cause de sa femme. La Terre du Guémadeuc, après avoir été long-tems possédée par les Seigneurs de ce nom, passa dans la maison de Vignerot, dite depuis de Richelieu, par le mariage de Marie-Françoise du Guémadeuc avec François de Vignerot, Marquis de Pontcourlay443. Elle fût vendue par le Duc de Richelieu au Sieur de Berthelot. Vendue une seconde fois en 1719. Elle fut acquise par Agnès Rioult de Douilli, qui avoit épousé Etienne de Berthelot, & elle est aujourd’hui possédée par son petit-fils, M. Baudouin, Maître des Requêtes444.//
1699
20. Juillet. Louis-Marcel de Coetlogon445, Evêque de S. Brieuc, assiste à l’Assemblée extraordinaire de la Province de Tours, convoquée par l’Ordre du Roi, où il souscrit à la condamnation du Livre des Maximes des Saints sur la vie intérieure. Innocent XII. avoit déja prononcé sur ce Livre par sa Constitution en forme de Bref du 12 Mars de la même année446.
1700
Le sieur Coulon de la Portalain, Trésorier de l’Eglise Paroissiale de S. Michel de Saint Brieuc, fait abâtre l’éguille du clocher de cette Eglise447. L’Eglise de S. Michel étoit dans son origine une Chapelle dédiée sous l’Invocation de cet Archange448. On ne scait point précisément quand cette Chapelle est devenue Paroisse ; mais il paroît que ce fut vers la fin du XV. siécle. La Paroisse de Saint Brieuc, non moins ancienne que la Ville même, puisqu’elle a la même origine, n’a pas toujours été régie de la même manière. D’abord elle fut deservie par des Moines, & dépendit du Monastére, que Saint Brieuc avoit bâti. Ces Moines, devenus Chanoines, ne perdirent pas pour cela leur qualité de Pasteurs, & l’Eglise du Monastere devenue Cathédrale, continua d’être comme auparavant le Siége des fonctions curiales449. Juhel, Archévêque de Tours, faisant sa visite à S. Brieuc en 1233450, trouva que le nombre des Chanoines, (ils n’étoient encore que douze) suffisant à peine pour les fonctions du cœur, il étoit nécessaire de les décharger des fonctions curiales : c’est pourquoi après en avoir conféré avec S. Guillaume, pour lors Evêque de S. Brieuc, il établit un Vi-//caire avec deux Chapelains, qui furent chargés du soin de la Paroisse ; mais l’exercice des fonctions curiales continua de se faire dans la Cathédrale comme auparavant ; le Vicaire & ses Chapelains étoient même obligés d’y assister aux Heures Canoniales, lorsque leurs fonctions le leur permettoient, & dans l’Acte de Juhel il n’est fait aucune mention de l’Eglise de S. Michel (1). La Cure s’appelloit alors Vicariatus Briocensis. Ce ne fut que vers la fin du XV. siécle, que le nombre des Habitans s’étant beaucoup multiplié, & les fonctions curiales troublant l’Office public, on commença à permettre au Vicaire & à ses Chapelains d’exercer une partie de leurs fonctions dans la Chapelle de S. Michel : & c’est ainsi que peu à peu cette Chapelle est devenue Paroisse451. Ce fut aussi sur la fin du même siécle, c’est-à-dire environ 1490, que fut bâtie la Tour de S. Michel. Il est probable que l’Eglise fut rebâtie, ou du moins beaucoup accrue dans le même tems452. La Chapelle du Boisboixel453, qu’on y voit aujourd’hui, est un ouvrage du dernier siécle, & a été bâtie par Jehan de Brehand mort en 1640 ; mais elle a succédé à une autre beaucoup plus ancienne, & on voit que dès 1496 les Seigneurs du Boisboixel présentoient à une Chapelle fondée en S. Michel.//
(1) Comme cet Acte n’est pas commun & répand une grande lumiere sur nos antiquités Briochines, nous avons cru en devoir donner ici l’extrait454.
Juhellus, Dei gratiâ Turonensium Archiepiscopus, &c. Cùm in Briocensi // Diœcesi visitationis officio fungeremur, &c. Statuimus si quidem quod Septem Canonici, qui in Villâ Briocensi præbendas suas percipiunt, ad Parochiam Briocensis Ecclesiæ Vicarium unum eligent, quem Episcopo præsentabunt, & qui ab eo curam animarum habebit. Vicarius verò prædictus duos Capellanos secum habebit, quos Episcopo præsentabit : ita quod ipse Vicarius & duo Capellani prædicti Parochiæ servire tenebuntur, & etiam majori altari Ecclesiæ Briocensis, & horis in eadem Ecclesia interesse. Vicarius verò omnes redditus Parochiæ prædictæ percipiet, exceptis peregrinorum oblationibus, & bladi decimis, quæ dictis septem Canonicis remanebunt, & etiam Vicarius persolvet eisdem quatuor libras annuæ pensionis, &c. Alii autem quinque Canonici per se, si voluerint, deservient in Ecclesia memorata. Quod si non fecerint Cantor & Archidiaconus Guillelmus Vicarios Sacerdotes in ipsa tenebunt ; ita quod uterque eorum centum solidos de redditibus præbendæ suæ Vicario suo annuatim concedet. Guillelmus verò Canonicus & Diaconus Vicarium Diaconum in ipsa tenebit, qui de redditibus præbendæ suæ sexaginta solidos percipiet annuatim, Magistri verò Willelmus de Altavilla & Petrus de Monconcontor Vicarios, Subdiaconos tenebunt ibidem quorum uterque de redditibus eorum ipsorum quinquaginta solidos annuatim habebit. Statuimus præterea quod, de redditibus servitio Ecclesiæ deputatis, Canonicis qui horis entererunt [intererunt] per aliquem vel per aliquos ad hoc à Capitulo deputandos, fiat quotidie distributio : tali modo : ad Matutinas scilicet quatuor denarii, ad magnam Missam tres denarii, ad Vesperas duo denarii deputen-//tur, &c. Considerantes etiam quod in dicta Ecclesia sint quædam pingues, quædam verò tenues Præbendæ ; cum dignum sit quod qui in vinea Domini Sabaoth par pondus sustinent & laborem, pari recompensentur mercede, statuimus quod post obitum quinque Canonicorum, qui pinguiores habent præbendas, quod quilibet Canonicus pro grossa præbenda 20 libras percipiet ratione cujus residentiam sex mensium vel in ipsa Ecclesia facere teneatur, vel in Schola ubi sit studiu˜ generale, &c. Episcopus verò prædictus, &c. ut in dicta Ecclesia Canonicorum numerus augeatur ad preces nostras, concessit Capitulo Briocensi Ecclesiam de Ploidran ab ipso post obitum personæ, quæ in præsentiarùm tenet eandem in perpetuum possidendam, &c. De residuo verò fient in Ecclesia Briocensi duæ præbendæ Sacerdotales aliis præbendis aequales, &c. Capitulum verò memoratum gratiam sibi factam ab Episcopo tenens memoriter, & volens se ei reddere non immeritò gratiosum, Ecclesias de Pléné & de Hénanbian ad usus Episcopalis mensæ antea deputatas concessit eidem liber aliter & benignè ab ipso & suis Successoribus in perpetuum possidendas.
Archives de la Cathéd. de S. Brieuc.
On pourroit faire plusieurs remarques sur cet Acte de Juhel. Nous nous bornerons à une seule au sujet de la résidence des Chanoines. Celle de six mois, prescrite par Juhel, n’a pas toujours été réligieusement observée. Il y a d’anciens Statuts du Chapitre de la Cathédrale qui n’éxigent que trois mois. Ces statuts, qui sentoient le relâchement, // furent abolis, & on en revint à la résidence de six mois. M. V ivet de Montclus455 l’a étendue jusqu’à neuf, & c’est ce qui fait la Régle aujourd’hui456. C’est de ce dernier Réglement & de quelqu’autres faits par le même Prélat, dont un de nos Poëtes Briochins a dit :
Sic Clero insigni, vivet, pietatis amator
Aurea connexit vincula, vincla tamen457.
M. le Mée, Chan. de S. Guillaume458, dans son Poëme sur la translation de M. De Montclus à l’Evêché d’Alais.
1705
Louis Fretat de Boissieux est nommé à l’Evêché de S. Brieuc. Il étoit d’une bonne maison d’Auvergne, parent des Cardinaux de Noailles & de Polignac459. Il avoit d’abord servi dans la Marine, où il s’étoit distingué. Il étoit Capitaine de Vaisseau, l’orsqu’au retour de la Campagne, qui lui avoit mérité cet honneur, il voulu faire une retraite pour se disposer à faire ses Pâques. Le fruit de cette retraite fut de lui inspirer un grand dégoût du monde, qui le porta à renoncer aux espérances flatteuses qu’il lui offroit, pour se consacrer entiérement à Dieu dans l’état ecclésiastique. Après avoir édifié long-tems dans le Séminaire des Bons Enfans460, où il s’étoit retiré, il fut choisi pour remplacer M. de Coëtlogon461 sur le Siége de S. Brieuc. Prélat digne des premiers siécles de l’Eglise, il ne fut occupé pendant son Episcopat que des besoins de son Troupeau, dont il fut toujours le pere & le modèle462. Il entreprit de rebâtir la grande voute de son Eglise463, qui ménaçoit ruine, & quoique plusieurs eussent assez mauvaise opinion des facultés d’un ca-//det d’Auvergne, il en vint à bout avec les secours que lui procura le Comte de Toulouse, Gouverneur de la Province, & que lui fournissoit sa maniere de vivre simple & frugale464. C’est sous son Episcopat (en 1706) que les Filles de la Croix ont été établies à Saint Brieuc465. On lui est aussi redevable de quelques Statuts Synodeaux fort sages, ajoutés à ceux de ses Prédécesseurs & imprimés en 1713466.
1706
Premier établissement des Filles du Saint Esprit dans la Paroisse de Plérin. Cet établissement est du à la charité d’une pauvre veuve, nommée Marie Balavoine, qui sous la direction de M. Leuduger, Chanoine & Scholastique de la Cathédrale de S. Brieuc467, s’étoit entiérement consacrée au service des pauvres malades. Elle inspira le même dessein à une pieuse Fille, appellée Renée Burel, ensuite à quelques autres, & devint ainsi, sans y penser, Fondatrice d’une nouvelle Société Religieuse, fort utile & déja fort repandue. M. Allenou, Recteur de Plérin, dressa des Reglemens pour cette Société naissante, qui furent approuvés par M. de Montclus, Evêque de S. Brieuc468. Le principal but de cet institut est le soulagement des pauvres malades & l’instruction des petites Filles de la Campagne469. Il s’est déja étendu dans les Evêchés de Nantes, Rennes, Saint Paul de Léon, Quimper, S. Malo, Treguier & Dol. Il a des établissemens dans trois ou quatre Paroisses de l’Evêché de S. Brieuc470. Il seroit à desirer qu’il en eut dans toutes. C’est la seconde Société Religieuse qui prend naissance dans le Diocèse de S. Brieuc : celle des Filles de S. Thomas à Lamballe environ // 1659471, & celle des Filles du S. Esprit dans la Paroisse de Plérin en 1706.
Le Marquis de Coëtlogon achete pour la somme de cinquante mille écus une des charges de Procureur-général-syndic des Etats, que la Province, pour éviter la ressource & la continuation d’une nouveauté plus odieuse, avoit été obligée de vendre472. Cette aliénation ne dura pas ; ces charges furent remboursées en 1718, mais les Etats s’étoient trop bien trouvés de l’administration du Marquis de Coëtlogon, pour ne lui en pas continuer l’exercice. Pourvu en 1720 d’un Brevet de Mestre-de-Camp, il se demit de sa charge de Syndic, qui fut donnée à son cousin le Comte de Coëtlogon : c’est le quatrieme Procureur-Syndic de ce nom473.
1707
Etablissement des Dames Ursulines dans la Ville de Quintin474. Elles sont également que celles de Lamballe une colonie de celles de Saint Brieuc. Celles de Lamballe avoient été établies en 1637475.
1708
Charles-Auguste Goyon de Matignon, Comte de Gacé, est chargé d’accompagner Jacques III dans la tentative qu’il vouloit faire sur l’Ecosse476. Le Comte de Forbin commandoit l’armement, & les troupes de débarquement étoient aux ordres du Comte de Gacé, qui fut déclaré Maréchal de France en pleine mer. L’entreprise ne reussit point. La maison de Goyon, l’une des plus illustres de la Province par son antiquité, ses alliances & les grands Hommes qu’elle a produit, descend d’Etienne Goyon, Seigneur du Château de Goyon, appellé aujourd’hui le châ-//teau de la Latte, qui en 1210 épousa Lucie de Matignon, fille de Dénis Sire de Matignon & sœur de Denise Dame de Matignon, morte sans enfans de Robert Vicomte de Merdrignac477. Le Duché de Valentinois & la Principauté de Monaco sont entrés dans la Maison de Matignon par le mariage de Jacques-François-Léonor Goyon de Matignon avec l’héritiere de la maison de Grimaldi en 1715478.
1709
Etats de S. Brieuc479 où préside dans l’Ordre de l’Eglise M. de Boissieux480, & dans celui de la Noblesse M. le Duc de Rohan481.
Le froid excessif de cette anné [année], l’a fait appeller l’Année du grand hiver. Eussions-nous cru, si les expériences du Thermométre ne nous l’avoient appris, qu’il y a des pays habités par des hommes où, en certaines années, le froid est deux fois aussi grand & même d’avantage, qu’il ne le fut en France en 1709, & qu’au contraire nous éprouvons quelquefois dans nos climats tempérés une chaleur aussi grande que celle qu’on éprouve dans les pays les plus chauds même sous l’équateur482.
1711
Les Sœurs de la Charité sont appellées à Saint Brieuc par le Sieur Labbat, Chanoine de la Cathédrale. Etablissement précieux à l’humanité & à la religion, qu’on ne scauroit trop favoriser & multiplier483.
1714
Ordonnance Synodale de M. de Boissieux484, Evêque de Saint Brieuc, pour l’acceptation pure & simple de la Bulle Unigenitus, & la comdamnation du Livre des Refléxions morales du Pere Quesnel485.//
1715
Etats de S. Brieuc, où préside M. de Boissieux, Evêque de S. Brieuc486.
1720
M. de Boissieux assiste aux Etats d’Ancenis, où il se montre zelé défenseur des Droits de la Province487. Il meurt quelques jours après la clôture des Etats, emportant avec lui les regrets de tous les bons Patriotes488.
La Ville de S. Brieuc489 fait une pension de 300 liv. à Me Jacques Conery, Docteur en Médecine. Cette pension augmentée de 100 liv. fut continuée à son fils, aussi Docteur Médecin490 ; & après sa mort elle est passée à M. Cartel491. [Il paroît que cette Délibération de 1720 n’eut point d’effet, & que ce ne fut qu’en 1754 que la pension de 400 liv. fut véritablement accordée à M. de Conery, fils492.]
1722
Mort de M. Leuduger, célébre Missionnaire, Chanoine & Scholastique de l’Eglise Cathédrale de S. Brieuc493 & Auteur d’un Livre de piété intitulé : Bouquet de la Mission494.
1723
Statuts du Diocèse de S. Brieuc, imprimés par ordre de M. de la Vieuxville, Evêque de S. Brieuc. Il y avoit près d’un siécle que ces Statuts n’avoient été imprimés495. Ils avoient été adoptés par d’illustres Prélats de l’Eglise de France.
1724
M. de la Vieuxville496, Evêque de S. Brieuc, préside aux Etats assemblés en cette Ville en 1724 & 1726497.
1726
Mort de l’Abbé Gallet, célébre critique, natif de Lamballe498 ; c’est lui qui a donné ces sçavans Mémoires (1) qui établissent si solide-//ment les fondements de notre Histoire, & mettent en évidence les erreurs de Vertot & de ses partisans499.
(1) Imprimés dans Dom Morice, à la fin de son premier vol. d’histoire500.
1727
Louis-François Vivet de Montclus est nommé à l’Evêché de Saint Brieuc. Il étoit fils de Jacques Vivet, Président en la Chambre des Comptes & Cour des Aides de Montpellier, & de Gabrielle de Frémolet. Il fut transféré à Alais en 1744. Il est mort en 1755501.
1729
Réglement de Monseigneur le Comte de Toulouse, Gouverneur de cette Province, portant que les Députés des Communautés n’iront jamais plus d’une lieue hors la Ville au-devant des Grands. Le carosse s’étant arrêté, l’un des Députés fera le compliment, après quoi toute la Députation se retirera, pour retourner à la Ville par le plus court chemin, sans escorter le carosse, ni se mêler en aucune sorte avec la Maréchaussée502.
1730
Le Marquis de Coëtlogon reçoit au lit de la mort le bâton de Maréchal de France. Il s’étoit trouvé à onze batailles navales, & s’étoit acquis la réputation d’un des plus grands Hommes de mer que la France ait produit503. Il étoit fils de Louis de Coëtlogon qui, Commissaire extraordinaire du Conseil aux Etats de 1647, prit le titre d’Intendant de police, justice & finance ; Titre contre lequel les Etats protesterent, & qui n’a été véritablement reconnu en Bretagne qu’en 1689504.
Etats de S. Brieuc où préside dans l’Ordre de l’Eglise M. de Montclus505, & M. le Duc de // la Trimouille dans l’Ordre de la Noblesse506.
Construction des Ponts du Legué & de S. Barthelemi507. L’ancien pont de Gouédic avoit été construit sous l’Episcopat de Denis de la Barde508, environ 1613 ; le nouveau l’a été en 1744509.
1734
Louis-Robert-Hippolyte de Bréhant, Comte de Plélo, est tué devant Dantzic à l’attaque des retranchemens de l’armée Russienne, qui assiégeoit cette Ville510. Il étoit Ambassadeur en Danemark depuis 1729, & avoit épousé en 1723, Louise Phelyppeaux de la Wrilliere, sœur du Comte de Saint Florentin, aujourd’hui Ministre & Secrétaire d’Etat511. Louise-Félicité de Bréhant son unique héritiere, a épousé en 1740 Emmanuel-Armand Duplessis Richelieu, Duc d’Aiguillon, à qui elle a porté les terres de Plélo, Pordic, S. Bihy, &c512. La maison de Bréhant tire son nom de la Terre de Bréhant-Loudéac, possédée aujourd’hui par la maison de Rohan. Un ancien cartulaire de l’Abbaye de Marmoutier fait mention d’un Bréhant-le-vieux qui en 1080 fit une donation au Prieuré de S. Martin513.
Le Sieur Vittu de Quersain est installé Maire ancien, mytriennal, en titre de la Ville de Saint Brieuc, & ses provisions sont enrégistrées514.
1738
Commencement du nouveau bâtiment du Collège de S. Brieuc, pour lequel la Communauté de cette Ville accorde une somme de 3 000 liv. Ce Collége est ancien & existoit avant 1620515. Il n’eut point d’abord de Professeur de Théologie. Cet établissement est dû à M. de la Vieuxville, Evêque de S. Brieuc, & ce-//lui d’un second Regent de Philosophie à M. de Montclus son successeur516. Les émolumens attachés à la place de Principal, sont 1°. le revenu d’une Prébende de la Cathédrale, conformément aux articles IX. de l’Ordonnance d’Orléans & XXXII. [XXXIII.] de celle de Blois [1] 2°. La somme de 600 livres payable par la Communauté de S. Brieuc, tant pour les gages du Principal, que pour l’entrétien du Collége, suivant les Arrêts du Conseil de 1668, 1670, 1681 & 1691. Le ton des bonnes études, le mérite & les talens de ceux qui y président, rendent ce Collége l’un des plus célébres de la Province517.
[1. Ces articles portent qu’outre la Prébende Théologale, une autre Prébende, ou le revenu d’icelle, demeurera destinée pour l’entretien d’un Précepteur, lequel Précepteur sera élu par l’Archévêque ou Evêque du lieu, appellés les Chanoines de leur Eglise, & le Maire, Echevins, Conseillers ou Capitouls de la Ville, & sera destituable par ledit Archévêque ou Evêque par l’avis des susdits518.]
1740
Bulle du Pape Benoît XIV, qui ordonne que le concours, qui auparavant se faisoit à Rome pour les Cures de Bretagne vacantes dans les mois affectés au Pape, se fera désormais dans cette Province par devant les Evêques des lieux, où ces Cures seroient situées. L’Evêque de Saint Brieuc donne un Mandement pour l’exécution de cette Bulle en 1742519.
1742
Arrêt de la Cour rendu sur les conclusions de M. le Procureur-Général du Roi, qui ordonne que le Général de la Paroisse de S. Michel de S. Brieuc demeurera détaché de la Communauté de la Ville520.
1743
Le Sieur Vittu de Querault est installé Avocat du Roi de la Communauté de Saint Brieuc. La Finance est de 1 230 livres & les gages 36 liv521.
1745
Lettres patentes du Roi enrégistrées au // Parlement de Bretagne, qui confirme [confirment] le Chapitre de la Cathédrale de Saint Brieuc dans le droit qu’il a de jouir des Dixmes de l’Evêché pendant la vacance du Siége, parce qu’il demeurera chargé lui seul des réparations & ornemens de l’Eglise Cathédrale522.
Louis de Durfort523 Comte de Lorges est nommé Menin524 de Monseigneur le Dauphin. Le Comte, aujourd’hui Duc de Lorges, Lieutenant Général des Armées du Roi, est frere puiné du Duc de Randan525, tous deux fils de Gui de Durfort526, Duc de Lorges, & petit-fils de Gui-Aldonce de Durfort527, Maréchal de France, neveu par sa mere du Vicomte de Turenne.
1746
Reception & installation du Sieur Beugni en la charge de Lieutenant de Roi de Saint Brieuc528. La Finance étoit de 6 918 liv. 15 s.
Arrêt du Conseil par lequel il est ordonné que le Miseur529 de S. Brieuc aura rang, séance & voix délibérative immédiatement après le Maire dans les assemblées de la Communauté ; & prendra place immédiatement après lui dans les assemblées publiques. [Cet arrêt avoit été obtenu par le Sr Souvestre de la Villemain530, qui avoit acheté la Charge de Miseur de la Communauté de S. Brieuc en 1740. Anciennement les Communautés nommoient elles-mêmes leurs Receveurs. L’Arrêt du Conseil de 1681, donné pour la Communauté de S. Brieuc, avoit ordonné que le Sindic de cette Communauté en seroit en même tems le Receveur ou Miseur. Les besoins de l’Etat, & peut-être la mauvaise administration de quelques Communautés, firent créer des charges de Miseur en titre. Les Edits de 1764 & 1765, en supprimant les autres Charges Municipales, ont aussi supprimé celles de Miseur ; mais ces Edits n’ont point encore été enrégistrés au Parlement de Bretagne531.]
Arrêt de la Cour portant Réglement pour la Paroisse de Saint Michel de S. Brieuc532.
Le Duc de Penthiévre, qui sur la nouvelle de la descente des Anglais à l’Orient, étoit accouru au secours de la Province, fait sa premiere entrée dans la Ville de S. Brieuc533, & est reçu avec grande solemnité en qualité de Chanoine honoraire dans l’Eglise Cathédrale534. Plusieurs Seigneurs de France jouissent du même titre dans différentes Eglises du Royaume. Nos Rois sont Cha-//noines nés d’Angers, d’Auxerre, de Tours, d’Aix, de Lion, &c. C’étoit autrefois une dévotion à la mode, & plusieurs Seigneurs se faisoient un honneur d’assister en cette qualité & revêtus d’habits ecclésiastiques aux Offices Divins. Le pieux & sçavant Roi Robert, fils de Hugues Capet, ne manquoit jamais aux jours de grandes Fêtes, d’assister à l’Office revêtu d’une Chappe précieuse, & d’y chanter avec les Chantres, la couronne sur la tête & le sceptre à la main. Ces Canonicats ou Prébendes dont les Laïcs jouissent en différentes Eglises, ne sont point de vrais Bénéfices ; ce sont des espéces de prestimonies, que ces Eglises accordent à des Seigneurs en reconnoissance des biens ou de la protection qu’elles en ont reçu ; ou bien ce sont des droits que ces mêmes Seigneurs se sont reservés en les fondant.
Henri-François de Bretagne, Comte de Vertu, Baron d’Avaugour &c. meurt à Paris le 27 Septembre. En lui s’est éteinte la postérité masculine de François légitimé de Bretagne, Comte de Vertu, que le Duc François second avoit créé premier Baron de Bretagne, en faisant revivre en sa faveur l’ancienne Baronie d’Avaugour535, & à qui il avoit donné plusieurs autres belles terres. Le Prince de Soubise Duc de Rohan-Rohan, fils de l’arriere petit-fils de Marie de Bretagne Avaugour, seconde femme de Hercule de Rohan Duc de Montbazon, a été le principal héritier des Propres paternels du Comte de Vertu. La Maison de Soubise est une branche de celle de Rohan, & celle de Rohan une branche de la maison souveraine de Bretagne. Alain III. Fils // d’Eudon I. Comte de Porhoet, a fait la branche des Vicomtes de Rohan ; les Comtes de Porhoet venoient de Juthael fils puiné de Conan le Tort Comte de Rennes ; les Comtes de Rennes étoient issus de Judicael Roi de Bretagne ; Judicael, suivant Ingomar536, descendoit de Conan Mériadec premier Roi de cette Province, donc la maison de Rohan descend des premiers souverains de Bretagne. Cette origine est connue & n’a pas besoin de plus longues preuves537.
1748
Charles-Yves le Vicomte, Comte du Rumain, Marquis de Coetanfao est fait Maréchal des Camps & Armées du Roi. Il avoit été fait Mestre de Camp d’un Régiment de Cavalerie de son nom en 1740, Brigadier en 1745538. Le nom de le Vicomte est distingué en Bretagne depuis plus de 400 ans. Eon le Vicomte, qui vivoit en 1420, étoit fils de Guillaume le Vicomte, Chevalier de l’Ordre du Roi & grand Panétier de France sous Philippe de Valois.
Le Comte de Coëtlogon & le Marquis de Carcado (dont le nom est le Sénéchal) sont faits Lieutenans-Généraux539. Nous avons parlé ailleurs de la Maison de Coëtlogon, l’une des premieres de la Province540. Celle de le Sénéchal, non moins illustre, tire son nom de la charge de Sénéchal Féodé de la Vicomté de Rohan. Cette charge, héréditaire dans cette Maison, étoit autrefois fort considérable & réunissoit dans son origine les deux premiers grades de la Milice & de la Judicature. La Terre du Gué de l’Isle possédée aujourd’hui par cette même Maison, a donné autrefois son nom à une branche de // la Maison de Rohan, où elle étoit entrée vers la fin du XII. siécle par le mariage d’Alliette, Dame du Gué de l’Isle avec Eon de Rohan, sixiéme fils d’Alain VI. Vicomte de Rohan. Cyprienne de Rohan la porta dans celle de la Feillée, d’où elle passa dans celle de Rieux par le mariage de Renée de la Feillée avec François de Rieux, Sieur d’Assérac, second fils de Jean de Rieux, Maréchal de Bretagne & Tuteur de la Duchesse Anne. Cette Terre est depuis quelque tems sortie par vente de la Maison de Rieux & entrée par rettait [par retrait] dans celle de le Sénéchal Carcado.
Arrêt du Parlement de Bretagne portant Réglement sur le droit de Minage (1) en la Ville de S. Brieuc. Ce droit est de deux onces par boisseau de bled exposé en vente au marché public541. Procès verbal de Messieurs les Juges de S. Brieuc, qui donne pour appuré que le Boisseau public de cette Ville contient seize pots, mesure de Chapitre, qui se trouverent lors peser 40 liv. 4 onces ; & le même pot rempli d’eau en contenoit 3 liv. 6 onces & un 16e d’once.
Arrêt du Conseil qui réunit aux Communautés des Villes les Offices Municipaux non aliénés542. les Offices réunis à la Communauté de S. Brieuc, sont 1°. Une des Charges de Maire, 2°. Celle de Procureur du Roi Syndic, 3°. Celles de deux Lieutenants de Maire, de quatre Echévins, de quatre Assesseurs, de deux Sécretaires-Greffiers & deux Contrôleurs du Greffe. Les Offices aliénés sont, // 1°. Une des Charges de Maire, 2°. Celle d’Avocat du Roi, 3°. Celles de deux Contrôleurs & de deux Receveurs des Octrois. La Communauté de Saint Brieuc est aujourd’hui composée de quatre Ordres de Délibérans, 1°. des Officiers Municipaux ci-dessus en exercice ; 2° des anciens Officiers Municipaux, 3°. des premiers Capitaines des sept Compagnies de milice Bourgeoise ; 4°. de 4 Habitans notables élus par la Communauté, conformément aux Ordres de S.A.S. Mgr le Duc de Penthiévre enrégîtrés au Greffe de cette Ville les 23 avril & 24 mai 1756. Les Offices non aliénés sont à la nomination de la Communauté, reste précieux de l’ancienne liberté des Elections.
(1) Mina, mesure de grains ; Minagium, droit de mesure.
1750
Lettres Patentes du Roi confirmatives de l’établissement de l’Hôpital de cette Ville sous le Titre d’Hôtel-Dieu Royal543, pour jouir des Priviléges attachés à ce Titre. Lesdites Lettres enrégîtrées au Parlement le 6 mars 1751. Le soin de cet Hôpital fut confié aux Filles de S. Thomas de Villeneuve en 1666, mais il existoit auparavant, & dès 1620 la Communauté de S. Brieuc étoit en possession d’en nommer l’Administrateur, comme il paroît par une Sentence de la Jurisdiction Royale de S. Brieuc de la même année, qui déboute le Sr du Tertre Clavier544 de son excuse d’accepter la charge d’Administrateur de l’Hôpital de la Magdeleine, à laquelle il avoit été nommé pour un an par la Communauté de cette Ville. Cet Hôpital a peut-être succédé à un autre plus ancien, qui tomboit en ruine, appellé l’Hôpital de S. Antoine545, & que le Duc Pierre II. donna en 1453 aux PP. // Cordeliers, pour y bâtir un Couvent ; donation qui fut confirmée par le Duc Artur en 1457. La Tradition nous apprend qu’il y avoit encore un autre petit Hôpital ou Hospice proche S. Brieuc. Cet Hôpital joignoit la Chapelle de Goedic à l’entrée de la Ville546. La Chapelle de Goédic ou Goadic avoit été fondée en 1337, & elle fut réunie à la Paroisse de Cesson par une Bulle de Jules II. en 1509547.
Autres Lettres Patentes qui permettent à la Communauté de S. Brieuc de lever pendant 20 ans les Octrois548 tant anciens & nouveaux, que par augmentation, consistant en 2 s. par pot de vin, 9 d. par pot de cidre, 8 d. par pot de bierre & 3 d. par pot d’eau-de-vie, qui se vendent en détail en la Ville, Fauxbourgs & Quart-delieue aux environs de S. Brieuc. Ces Octrois ont successivement augmenté sous Henry IV. en 1603 ; ils n’étoient encore que d’un sol par pot de vin & 3 deniers par pot de cidre ou de bierre549. Le Bail de 1750 [1756] est de 15 600 liv550.
1751
Mandement de M. du Breignou, Evêque de S. Brieuc, portant condamnation d’un Livre intitulé Lettres. Ne repugnate. comme contenant plusieurs propositions respectivement captieuses, téméraires, impies, contraires à l’Ecriture Sainte & renouvellant des erreurs déja condamnées par l’Eglise, &c. Cet ouvrage pour le fond & les principes est le même que celui qui avoit paru cent ans auparavant sous ce Titre, Remontrances de François Paumier au Roi, &c & qui dès lors avoit été condamné551.
Réédification de la façade de l’Hôtel de Ville de Saint-Brieuc. Cet Hôtel consiste en // plusieurs corps de logis, qui ont été achétés à différentes reprises. La premiere partie vers le four Pohel, consistant en deux corps de logis, l’un au devant sur la place du Pilory, l’autre au deriere avec un jardin a été acheté en 1609 pour la somme de 7 800 liv. Le reste l’a été en 1687. La partie du milieu pour la somme de 4 000 liv. & celle qui regarde l’Hôtel prébendale du S. Esprit pour celle de 5 500 liv. La Communauté de la Ville s’assembloit aux années 1608 & 1609 dans la Chapelle de S. Gilles552. En parlant des acquisitions faites par la Ville de S. Brieuc, il ne faut pas oublier de parler de ses Canons ; la maniere dont les Briochins les ont acquis leur est trop honorable, pour qu’il n’en soit pas fait mention dans les Annales Briochines, en voici l’Histoire en deux mots.
La France étoit en guerre avec l’Allemagne & la Hollande (en 1675) une Frégate Ostendoise poursuivant un Vaisseau marchand de l’Evêché de Vannes, vint échouer sur la grêve de Plérin553. Les Milices de Plérin commandées par les Sieurs Gendrot & Ruffelet, & celles de S. Brieuc aux ordres du Sr de Kfichart, se mettent aussitôt en marche, & viennent l’attaquer. Les Ostendoit font la plus vigoureuse resistance. Les Milices montent à l’abordage, malgré le feu des ennemis, & les obligent enfin de se rendre. Telle est l’histoire de la conquête de nos Canons, dont le Roi voulut bien faire présent à la Ville de S. Brieuc ; recompense militaire bien honorable aux Briochins. Il faut cependant remarquer que la Ville de S. Brieuc avoit déja deux Canons. Aujourd’hui elle en a huit, // dont deux sont hors de service554.
1754
Installation du Sieur Souvestre de la Villemain en la Charge de Conseiller du Roi555, Maire ancien, en titre & mitriénal556 de la Ville de S. Brieuc. Par Edit de 1733 confirmatif de celui de 1706, il avoit été créé dans toutes les Communautés de Bretagne deux Charges de Maire ; l’un ancien, l’autre alternatif557. La Charge de Maire ancien a été levée par Monsieur de la Villemain. Celle de Maire alternatif est demeurée réunie au Corps de la Communauté, qui a droit d’y élire558.
1756
Le Sieur Duparc le Guichet est reçu en l’Office de Conseiller Avocat du Roi de la Ville & Communauté de S. Brieuc559. Il a succédé au Sieur Vittu de Querault560, qui a le premier possédé cette charge.
[1746]
Ecoles Chrétiennes561, fondées dans la Ville de S. Brieuc par M. Duplessix de Quersaliou Chanoine & Doyen de l’Eglise Cathédrale562, pour enseigner gratuitement aux Pauvres de la Ville, Fauxbourgs & dépendance d’icelle, à lire, écrire, l’Arithmétique & le Cathéchisme.
1757
Les Evêques de Bretagne, assemblés aux Etats de Rennes, instituent la Fête des Anges Gardiens du Roi & du Royaume, en action de graces de la conservation du Roi Louis le Bien-Aimé, dont les jours avoient été ménacés par l’horrible attentat d’un fanatique insensé, nommé Robert-François Damiens563.
C’est à ces mêmes Etats que fut établie la société d’agriculture de commerce & des arts de la Province de Bretagne, confir-//mée par Lettres Patentes du Roi du Mois de Janvier 1762. Cette société est composée de six personnes par Evêché, & d’un Bureau de correspondance à Rennes564. Les associés de l’Evêché de S. Brieuc sont MM. Rabec, Chanoine, de Tramain, Digautrai Deslandes, Boitidoux, Armez du Poulpry, de la Salle le Mée565. Presque tous les arts d’utilité ou d’agrément ont leurs Academies en France. On n’avoit point pensé à en établir pour l’agriculture, qui est de nécessité premiere. Il étoit reservé à la Bretagne d’en donner l’exemple aux autres Provinces du Royaume. Il ne faut pas omettre ici que les Etats, assemblés en l’année 1769 à S. Brieuc, ont nommés566 trois nouveaux associés MM. le Dosseur, Régisseur du Guémadeuc, Mignot, Recteur de Plétant & Robert Grandville567. Le premier se propose d’établir un568 Ecole propre à former des Eleves d’économie rurale ; le second s’est fait connoître par des défrichemens utiles à la Patrie, & M. Robert Grandville vient de faire construire un molin [moulin] économique, dont la construction l’emporte de beaucoup sur celle des moulins ordinaires. Les principaux avantages de cette nouvelle construction sont, 1°. de produire de plus belle farine ; 2°. de fournir plus de farine avec la même quantité de bled ; 3°. de retirer des farines une plus grande quantité de pain.
Le Comte de la Riviere, Gouverneur de S. Brieuc, est reçu par le Roi Capitaine-Lieutenant des Mousquetaires Noirs à la place du Marquis de Montboissier, qui obtient la permission de se retirer569.
Le Comte de Guébriant est fait Chef // d’Escadre570.
Le Roi donne le Commandement de la Guienne au Comte de Langeron, Lieutenant Général, qui par ses soins, sa vigilance & la bonne distribution des Troupes, qui étoient à ses ordres, avoit beaucoup contribué à la conservation de cette Province, lors de la descente des Anglais à l’Isle d’Aix571. Le Comte de Langeron est fils de Joseph Andrault, Comte de Langeron & de Jeanne-Magdeleine du Gouray, du chef de laquelle il posséde la Terre de la Côte dans l’Evêché de S. Brieuc572. Cette Terre étoit entrée dans la Maison du Gouray par le mariage d’Olive Dollo, Dame de la Côte, avec Louis du Gouray, Seigneur de Lonnay-Gouray, fils de Jacques, que le Duc François I. affectionnoit beaucoup pour ses services & qui fut Gouverneur de Moncontour.
1758
Combat de S. Cast, dans l’Evêché de S. Brieuc, où le Duc d’Aiguillon bat les Anglais l’onze Septembre & les force à se rembarquer précipitamment573. Ils perdirent beaucoup de monde dans cet574 action575. [Les Etats firent frapper une Médaille pour conserver la memoire de cet évenement. Cette Médaille présente d’un côté l’effigie du Roi, de l’autre on voit la Bretagne sous l’emblême d’une femme avec une épée, & les Troupes qui avoient combattu pour sa défense, sous celui d’un Guerrier la foudre à la main. Chacune de ces figures éleve & paroît vouloir attacher un bouclier à un palmier. On lit sur l’un présentée par la femme : Virtus Ducis & Militum ; & sur l’autre soutenu par le soldat : Virtus Nobilitatis & Populi Armorici576.]
Etats de S. Brieuc où préside le Duc d’Aiguillon. Ces Etats sont célébres par l’acquisition qu’y fit la Province des Domaines, Contrôles, Francfiefs, Impôts, Billots & autres Droits pour la somme de quarante millions577.
L’Evêque de Saint Brieuc & le Duc d’Aiguillon mettent la premiere pierre au Quay du Legué578. Sous laquelle fut mise cette Inscription.
Regnante Ludovico XV.
Auspicibus //
Armando Richelio ab Aiguillonio Duce
Anglici exercitûs in castrensi ripa Victore,
Illustrissimo Præsule & Domino
H. N. Thepault du Breignou :
Adnitente
General. Provinciæ Comitiorum munificentiâ
Extructa moles
Maritimi Commercii Præsidium,
Briocensis Portûs tutamen & ornamentum :
Ad publicæ salutis monumentum
Posuêre
Armandus Richelius ab Aiguillonio Dux,
Britanniæ Vindex,
Hervœus-Nicolaus Thepault du Breignou,
Præsul, Urbis Dominus & Pater.
M. DCC. LVIII579.
1760
Le Vicomte du Boisgelin est nommé Gentilhomme de la Manche des Enfans de France580. La Maison de Boisgelin, fort ancienne en Bretagne, tire son nom du Château du Boisgelin dans la Paroisse de Pléhedel. Connue dès la fin du XII. siécle, elle étoit dès lors comptée parmi les Familles de Chevalerie, pour lesquelles l’Assise du Comte Géofroy fut faite581. Depuis 500 ans ou environ, on trouve des Seigneurs de cette Maison employés avec distinction dans les Croisades, à la Cour de nos Ducs, dans les Services Militaires de terre & de mer, &c582. La Terre de Pléhédel, possédée aujourd’hui par la Maison de Boisgelin, l’a été anciennement par celles de Coetmen, la Feillée, Rieux d’Asserac, Huchet de la Bedoyere, &c. entrée dans celle de Beringhen, il y a environ un siécle583, elle en est sortie de nos jours par la vente que Mademoiselle de Berin-//ghen, Vicomtesse de Pléhédel, en a faite au Comte de Boisgelin, Colonel d’un Regiment de son nom584. La Terre du Boisgelin a été annéxée à celle de Pléhédel.
1762
Découverte d’une Mine de Plomp près Châtelaudren585 par M. Valmont de Bomare, sçavant Naturaliste586. Madame Danycan a obtenu du Conseil la concession du Terrein où est située cette Mine, qui s’exploite actuellement587 & dédommage amplement des penses588 faites pour la mettre en valeur.
Arrêt du Parlement de Bretagne qui ordonne que les Sieurs Dubois & Douchin ne seront tenus qu’aux réparations usufruitières & locatives de la Maison Prébendale, qu’occupoit le feu Abbé Dubois589, leur oncle, & le Chapitre de S. Brieuc aux grosses réparations absolument nécessaires. Ledit Arrêt confirmé par Arrêt du Conseil d’Etat privé du Roi, du 25 avril 1768. Par un accommodement postérieur, fait entre le Chapitre & l’Evêque de Saint Brieuc, toutes les Maisons Prébendales ont été réunies au Chapitre, excepté celle qui joint le Palais Episcopal, qui y a été annéxée ; & il a été créé sur ces Maisons un certain nombre de pensions, qui ne pourront être données qu’à des Chanoines, mais dont la présentation est reservée à l’Evêque pour le dédommager de celle des Maisons, qu’il avoit auparavant. Ledit acommodement pour avoir lieu à la mort des Chanoines qui possédent aujourd’hui ces Maisons590.
1765
Mort du Marquis de Bréhand, Maréchal de Camp & Inspecteur Général d’Infanterie591. // Il n’a laissé qu’une fille mariée au Comte de Maillé592, d’une des plus illustres & des plus anciennes Maisons du Royaume. Celle de Bréhand, aussi fort distinguée dans la Province, étoit en possession de la Terre de l’Isle dans la Paroisse de Plœuc dès 1426. Jean de Bréhand, qui vivoit dans le seiziéme siécle, ayant épousé Jacquemine du Rouvre, fille de Bertrand Seigneur du Rouvre, Jean de Bréhand, son fils593, hérita collatéralement & par réprésentation de ladite Jacquemine, sa mere, de la Terre du Boisboixel. On n’a pu decouvrir comment cette Terre étoit passée dans la Maison du Rouvre ; mais il paroît qu’elle y étoit depuis long tems, puisqu’on trouve qu’en 1381 un certain Helie du Rouvre, Seigneur du Boisboixel594, ratifia en cette qualité & comme Capitaine, c’est à-dire, Gouverneur de Saint Brieuc, le Traité de Guerrande conclu l’année d’auparavant595. L’ancienne Maison du Boisboixel596 a produit plusieurs Capitaines & Chevaliers fort renommés dans nos histoires, particuliérement au XII. & XIII. siécle. Il y en a qui ont prétendu que le Boisboixel étoit l’ancienne demeure du Comte Rigoual ou Rivalon, qui vivoit du tems de S. Brieuc597 ; mais comme ils n’en donnent point de preuves, il est permis d’en douter. C’est à cause de cette Terre que les Seigneurs de Bréhand ont prétendu être les Vidames de l’Evêché de S. Brieuc (1). Les Evêques leur contestent // cette Qualité598 & ne leur accordent que celle d’Ecuyer ou de Sergent féodé. (2) La charge de Sergent féodé étoit autrefois fort considérable en Bretagne & ne pouvoit être possédée que par des Nobles. Pour se former une idée de celle d’Ecuyer, par raport aux Evêques de S. Brieuc, il est nécessaire de se rappeller quelqu’unes des Cérémonies qui se pratiquoient anciennement à leur entrée solemnelle dans leur Ville Episcopale ; cérémonies baroques, il est vrai, & qui ne s’observent plus depuis longtems, mais qui ont été long tems à la mode & qui fondent encore aujourd’hui quelques prétentions. Le jour marqué pour l’entrée de l’Evêque le, Seigneur du Boisboixel alloit à la porte de la Ville, & il présentoit au Prélat une Haquenée richement caparaçonée [le Seigneur du Boisboixel l’alloit recevoir à la porte de la Ville, là on présentoit au Prélat une hacquenée richement caparaçonée]. Le Seigneur du Boisboixel, en qualité d’Ecuyer féodé, tenoit l’étrier tandis que l’Evêque montoit sur cette Haquenée, il la conduisoit ensuite par la bride jusqu’au Palais Episcopal, & lorsque le Prélat étoit descendu, il prétendoit que la Haquenée devoit lui appartenir599. Dans le fes-//tin de cérémonie, qui suivoit cette entrée, le Gentilhomme, qui avoit le titre de Maître-d’Hôtel féodé de l’Evêque, lui donnoit à laver avant qu’il se mît à table, il lui versoit à boire pendant le repas, & il prétendoit avoir aussi pour cela l’éguerre, la serviette, la coupe d’or ou d’argent, dans laquelle le Prélat avoit bu, & ce qui restoit de viande dans le grand plat pour en manger ce qu’il voudroit. Le reste il devoit le donner au Maréchal ferrant, celui-ci après en avoir aussi mangé autant qu’il vouloit, alloit aux prisons de l’Evêque inviter les prisonniers à faire bonne chere de ce qui restoit. Le Maréchal ferrant étoit obligé de ferrer la Haquenée & les Prisonniers de l’Evêque, & avoit droit de demander pour payement un parisis. Le Maître d’Hôtel étoit aussi obligé, & cette obligation subsiste encore aujourd’hui, de donner les hautsbois, muzettes & violons avec un jambon le jour du mardi gras de chaque année sur la Place du Martray à S. Brieuc, & tous les Cabaretiers de cette Ville sont obligés d’apporter à la table du jambon un pot de vin ou de telle autre boisson qu’ils débitent600. Ce droit ou cette servitude est attaché à la terre de l’Epineguen, & celle du Maréchal ferrant à une Maison & Jardin situés rue Clainquaine de cette Ville appartenants aujourd’hui à M. Allenou.
L’Evêque de S. Brieuc n’étoit pas le seul Evêque de Bretagne à l’entrée duquel on observa des cérémonies pareilles601. Celles qui se pratiquoient pour l’Evêque de Quimper étoient encore plus singuliere. Ce Prélat étoit porté dans une chaise par quatre de ses principeaux vassaux602. La même chose se pra-//tiquoit pour l’Evêque de Rennes603 ; mais il n’y en avoit pas qui eussent de plus illustres porteurs que celui de Nantes, puisqu’il étoit porté par les Barons de Raiz, de Pont-château, de Châteaubriant & d’Ancenis604. Il étoit juste que de tels porteurs fussent bien payés ; aussi éxigoient-ils différents droits, qui coutoient beaucoup aux Evêques. Aujourd’hui, dit Hevin605, on se prive volontiers de l’honneur d’être servi par des Officiers de cette qualité, pour ne pas payer si cher un office inutile606.
Mort de M. Sevoi607, Prêtre de la Congrégation des Eudistes, & Auteur d’un ouvrage en 4 Vol. intitulé Devoirs Ecclésiastiques. Ce pieux & savant Ecclésiastique étoit natif de Jugon, petite Ville de ce Diocèse. Il fit ses premieres études chez les Jésuites de Rennes, où il se fit remarquer avantageusement par l’innocence de ses mœurs & par son application à l’étude. Etant entré dans la Congrégation des Eudistes, il y édifia par sa piété, son zele & sa charité. Chargé par ses Supérieurs d’enseigner la Rhétorique, la Philosophie, ensuite la Théologie, il s’en acquitta avec autant de zéle que de succès. L’étude ne fut point pour lui, ce qu’elle n’est que trop ordinairement, un sujet de dissipation, qui desséche le cœur & fait perdre l’esprit de recueillement : sa piété, sa régularité furent pour ses Disciples une leçon vivante, dont ils ne retirerent pas moins d’avantages, que de ses savantes instructions. Après avoir été pendant quelque temps Supérieur du Séminaire de Blois, il fut choisi pour être l’un des Directeurs du Grand Séminaire de // Rennes. Zelé pour l’instruction & la perfection du jeune Clergé, qu’il regardoit avec raison comme la portion la plus cherie du Troupeau de Jesus Christ, & l’espérance la plus flatteuse de l’Eglise, il entreprit de donner un ouvrage, où les jeunes Clercs trouveroient détaillées les dispositions nécessaires pour bien recevoir les saints Ordres ; & les Prêtres un tableau fidele de leurs devoirs & de leurs obligations. Le I vol. de cet ouvrage parut en 1760. Le 2 & le 3 en 1762. C’est en finissant le 4 que s’est endormi dans le Seigneur ce pieux & savant Ecclésiastique, âgé d’environ 58 ans.
Le défaut de mémoire [mémoires] nous empêche de parler ici d’un autre Litterateur illustre, né aussi dans le Diocèse de S. Brieuc & mort depuis peu d’années. C’est le fameux Pere Plesse, fort distingué chez les Jesuites, dont il avoit embrassé l’Institut608. C’est faire suffisamment son éloge que de dire qu’il étoit associé depuis long-tems au sçavant P. Bertier dans la composition du Journal de Trévoux609.
Nous devons avertir, en finissant, que les Notices, que nous avons données jusqu’ici de nos Littérateurs Briochins, auroient été plus nombreuses, si nous ne nous étions pas fait une loi, de ne point parler des personnes vivantes ; persuadés que la justice, qu’on rend à des Contemporains, n’est pas toujours vue du même œil, que celle qu’on rend à leurs Prédécesseurs.
(1) Le Vidame, Vice-dominus, étoit celui qui étoit chargé de défendre l’Eglise contre ses ennemis & de conduire à l’armée les Milices dont les Evêques étoient autrefois tenus envers l’Etat.//
(2) Il y avoit de ces Sergenteries en Bretagne qui étoient des Terres considérables : la Terre de Molac étoit une Sergenterie féodée de la Vicomté de Rohan. Aux Etats de 1462, sous le Duc François II. les Seigneurs de Quintin, de Matignon, de la Hunaudaye, de Plœuc, &c. furent cités pour comparoître en qualité de Sergents féodés. Il y avoit cependant cette différence que ces Seigneurs étoient Sergents féodés du Duché, & que ceux de Molac ne l’étoient que d’un Seigneur particulier610.
1766
Déclaration du Roi du 4. Mai par laquelle S. M. ordonne qu’il ne sera à l’avenir pourvu qu’à vie aux Offices de Gouverneurs & de Lietenants611 de Roi, créés par l’Edit de//1733612, & que l’emploi des gages ou appointements, qui leur seroient par Elle réglés, suivant leurs finances, seroient faits dans les Etats de l’Ordinaire des Guerres613. Cette Déclaration a donné des Gouverneurs à bien des Villes dans le Royaume, qui peut-être n’en avoient jamais eu. Il ne faut pas mettre de ce nombre les Villes de Lamballe & de Quintin : on sait que ces deux Villes, également que Moncontour, dès le tems de nos Ducs & même depuis, ont eu des Gouverneurs, & des Gouverneurs souvent fort célébres ; mais on avoit négligé de leur donner des successeurs614. Le Gouvernement de Lamballe vient d’être rétabli en faveur de M. le Denays du Quemadeuc615 ; celui de Quintin en faveur de M. de Visdeloup du Liscoet616. On ne sait point encore pour qui est destiné celui de Moncontour617.
Mort de M. du Brignou618 après vingt-une année619 d’Episcopat. Prélat zélé, charitable, Pere tendre & bienfaisant de tous ses Diocésains ; les larmes des Pauvres, les regrets de tous les bons Citoyens ont fait plus parfaitement son éloge, que je ne le pourrois faire ici. Il a été inhumé dans sa Cathédrale sous un Tombeau de marbre, sur lequel on a gravé cette Epitaphe.
D.O.M.
Hîc jacet RR. in Xo P. DD. H. N. Thepault du Breignou, Ep. & D. Sanbriocensis,
Religionis, quam semper coluit & fovit,
amantissimus,
In Pauperes profusus,
In omnes beneficus,
Obiit die 26 Jan. 1766.
REQUIESCAT IN PACE620. //
M. de Girac621, nommé à l’Evêché de Saint Brieuc, est sacré le 31 août. C’est en cette qualité, & pour le bien-être de la Patrie, que cet illustre Prélat a déja présidé 2 fois aux Etats de la Province assemblés dans sa Ville Episcopale en 1768. Transféré en 1769 au Siége de Rennes, il a eu pour Successeur sur celui de S. Brieuc M. de la Feronnays622, Prélat également distingué par ses lumieres, par ses talents & par mille qualités aimables qui lui ont déja gagné tous les cœurs, & assurent le bonheur des Peuples confiés à ses soins.
1767
Arrêt du Conseil, qui ordonne que le Comte de la Riviere623, Gouverneur de Saint Brieuc, continuera de jouir des logemens qu’il occupe actuellement dans l’Hôtel commun de cette Ville en la même forme & maniere qu’il en a joui jusqu’à présent. Veut & ordonne en outre S. M. que ledit Comte de la Riviere continue à jouir de 600 livres en espéces payables par chacun an par la Communauté de S. Brieuc, suivant l’Arrêt du Conseil du 18 juillet 1681.
On voit par ce dernier Arrêt qu’en 1681, les charges ordinaires de la Communauté de S. Brieuc ne montoient qu’à 2 846 livres, non compris cependant le sol pour livre du prix des Baux des Octrois dû au Miseur. Ces charges ont augmenté depuis de plus de moitié. En voici une partie ; au Gouverneur624 600 liv. au Lieutenant de Roi625 202 liv. 10 s. au Maire626 202 liv. 10 s. au Greffier 70 liv. au Principal du Collége627 600 liv. au Medécin de la Ville628 400 liv. à l’abatteur du Papegault629 350 liv. au Prévôt dudit Papegault 50 liv. au Miseur630, tous les deux ans, 1 100 liv. de plus // les deux sols pour livre de sa recette effective (quelques articles exceptés) aux deux Hérauts 150 liv. pour droit d’Aides 420 liv. pour la députation aux Etats 200 liv. pour la réunion des Charges Municipales631 2 500 liv. pour Rentes constitutées & féodales plus de 300 liv., ajoûtez les gages du Tambour, du Canonnier, les réparations de l’Hôtel de Ville, &c.
1768
Le Duc de Randan est fait Maréchal de France, & prend le nom de Maréchal De Lorges632.
M. Ogier, Président honoraire au Parlement de Paris, est nommé par le Roi pour tenir les Etats extraordinairement convoqués cette année dans la Ville de S. Brieuc. Il en fait l’ouverture le 18 de Février633.
Le Duc de Duras est nommé Commandant dans la Province de Bretagne. Il succéde dans cette place au Duc d’Aiguillon, qui avoit lui-même remplacé le Duc de Chaulnes en 1753634.
Nouveaux Etats de Saint Brieuc tenus par M. de Duras. C’est la 14e fois que les Etats de la Province se tiennent dans cette Ville depuis 1567 (1) savoir en 1602, 1605, 1620, 1659, 1677, 1687, 1709, 1715, 1724, 1726, 1730, 1758, & deux fois en 1768635. Ces deux dernieres Tenues sont des plus célébres & fournissent des preuves éclatantes du zéle & de l’amour des Bretons pour le meilleur & le plus cheri des Rois636.//
(1) Cette Tenue de 1567 est la plus ancienne dont on ait les Procés verbaux. On ignore s’il y a eu des Assemblées d’Etats à S. Brieuc antérieures à cette époque.
Notes de bas de page
1 Saint-Brieuc, Lamballe, Moncontour et Quintin sont, au XVIIIe siècle, les seules villes députant aux états de Bretagne, raison pour laquelle Ruffelet les retient ici.
2 Paimpol et Jugon, encore représentées aux états de Bretagne au XVIe siècle, ont perdu ce privilège depuis. Sans doute est-ce la raison pour laquelle Ruffelet les classe parmi les simples « bourgs ». Quant à Matignon et Uzel, ce statut est dû pour l’essentiel à certaines des fonctions tertiaires qu’on y trouve : sièges de subdélégation pendant un temps, bureau de marque des toiles pour le second de ces bourgs, marché d’une certaine importance, etc. Le chanoine briochin aurait cependant pu y ajouter Loudéac ou Lanvollon.
3 Voir infra, Liste des paroisses.
4 Voir infra, Note XXIII.
5 Ruffelet fait ici référénce au 4e tome de Duhamel Du Monceau H.-L., Traité de la culture des terres, suivant les principes de M. Tull, Paris, H.-L. Guérin et L.-F. Delatour, 6 vol., 1750-1761. Né en 1700 et mort en 1782, Duhamel du Monceau est l’un des principaux – si ce n’est le principal – des agronomes français du Siècle des Lumières.
6 Les continuateurs d’Ogée ne disent rien des sources du Foeil et de leur potentielle utilisation, l’auteur du Dictionnaire historique et géographique de Bretagne ayant pour sa part omis la notice de cette paroisse dans l’édition originale de 1778. Celles de Paimpol et Lamballe ne sont pas mentionnées non plus, seule la source briochine étant évoquée dans la notice rédigée par… Ruffelet lui-même.
7 Les mines de fer du diocèse de Saint-Brieuc restent de faible importance, contrairement à ce que laisse entendre Ruffelet, dont l’analyse semble plus fine dans sa notice sur « Saint-Brieuc » dans le Dictionnaire historique et géographique de Bretagne d’Ogée. Y sont notamment évoquées les forges du Vaublanc, implantées à La Prénessaye, dans le sud du diocèse de Saint-Brieuc, sur lesquelles le chanoine est en revanche ici étonnamment silencieux : peut-être faut-il voir dans ces différences entre les deux textes l’intervention de Jean-Baptiste Ogée, fin connaisseur des réalités économiques de l’ensemble de la province. Sur les activités minières et métallurgiques dans le futur département des Côtes-du-Nord, voir Puzenat L., « La sidérurgie armoricaine », Mémoires de la Société géologique et minéralogique de Bretagne, t. IV, 1939, 399 p., Gaudu G., « Les forges du temps jadis ou la Bretagne industrielle au XVIIIe siècle », MSECDN, t. XCV, 1967, p. 76-82 et Andrieux J.-Y., Forges et hauts-fourneaux en Bretagne du XVIIe au XIXe siècle, Saint-Herblain, CID, 1987, 324 p.
8 La recherche du calcaire en Bretagne – région relativement pauvre en cette roche – pour la fabrication de la chaux et l’amendement des terres, a été l’objet d’une réelle attention tout particulièrement à partir du XVIIIe siècle – et plus encore au XIXe. Des récompenses avaient été promises aux découvreurs par le Conseil général (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 80 S2 88, lettre de Le Maout père). Dans la région de Paimpol, on connaît, associées aux « spilites » (laves sous-marines d’âge briovérien, – 670/-540 millions d’années) plusieurs lentilles de calcaire, en particulier à la pointe de Guilben. Mais ces lentilles sont toujours de trop faible extension pour pouvoir être exploitées économiquement. C’est sans doute l’une de ces occurrences que Ruffelet évoque en parlant de « Plourivau » (Plourivo), bien que la formation calcareuse soit située un peu plus au nord, vers Plounez. En fait, le seul gisement de calcaire important des Côtes-d’Armor est celui de Cartravers dans la commune de La Harmoye qui livrait un marbre appelé abusivement « le Cartrare » (en écho aux célèbres marbres de Carrare en Italie !). Le gisement est cité sur la carte de Cassini. Il était surtout exploité comme pierre à chaux et comme castine (fondant pour les hauts-fourneaux). Il est également évoqué par Habasque F., Notions historiques, géographiques, statistiques et agronomiques sur le littoral du département des Côtes-d’Armor, Saint-Brieuc, veuve Guyon, t. II, 1834, p. 218-220. Pour une vue d’ensemble sur le calcaire breton, on se reportera à Kerjorne F., « Sur les gisements calcaires du massif breton », Revue bretonne de botanique, 1908, p. 9-18. Plus largement, pour les calcaires, voir Chauris L., « Pour une géoarchéologie du patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne », RAO, n° 27, 2010, p. 171-207.
9 Cette roche est utilisée dans de nombreuses constructions, en particulier, très tôt, à l’abbaye de Beauport. En réalité, il ne s’agit absolument pas d’un tuffeau au sens strict (pierre calcaire tendre exploitée en particulier dans le Val de Loire), mais d’une « métahornblendite » reconnue pour la première fois en Bretagne dans Chauris L., « Une curieuse roche dans les édifices religieux anciens des actuelles Côtes-d’Armor : le tuffeau vert », MSECDA, t. CXXXV, 2006, p. 117-128.
10 La canalisation des rivières de Bretagne a fait l’objet de toute une série de projets – restés lettre-morte – au cours du XVIIIe siècle. Outre ceux dus à l’ingénieur Abeille dès 1730 ou au comte de Piré en 1783, le principal est celui proposé par François-Joseph de Kersauson dans son Mémoire présenté aux états de Bretagne, tenus à Rennes en 1746, pour la construction de trois canaux dans cette province, Rennes, Vatar, 1748, mentionné ici par Ruffelet, et son Mémoire présenté aux Etats de Bretagne séans à Nantes, Nantes, Brun, 1765 (Kersauson J. de, « Mémoire sur la canalisation de la province présenté aux états de Bretagne tenus à Rennes en 1746 », RBV, 1880, p. 161-174 et « Mémoire pour servir à l’histoire de la canalisation de la Bretagne », RHO, 1886, p. 95-119). Il prévoyait notamment, outre la jonction de la Loire à la Vilaine et celle de la Vilaine au Blavet, une liaison entre ce dernier cours d’eau et l’Oust entre Pontivy et Josselin, dont les conséquences auraient été sans doute limitées pour le diocèse de Saint-Brieuc, contrairement à ce que laisse entendre ici Ruffelet.
11 Ruffelet fait ici référence à Toussaint de Saint-luc, Mémoires sur l’état du clergé et de la noblesse de Bretagne, Paris, Vve Prigand et C. Prignard fils, 1691. L’on doit à ce carme, mort à Paris en 1694, une Histoire de Conan Mériadec qui fait le premier règne de l’histoire générale des souverains de la Bretagne gauloise, ditte Armorique, avec la première partie des Recherches générales de cette province, Paris, C. Calleville, 1664.
12 Les toiles bretagnes sont en effet produites dans une soixantaine de paroisses situées autour des quatre marchés que constituent Quintin, Moncontour, Loudéac et Uzel. Cette activité, apparue au XVe siècle, atteint son apogée au début de la seconde moitié du XVIIIe siècle, faisant de cet espace l’un des plus densément peuplés de Bretagne. Sur cette production, voir Martin J., Toiles de Bretagne. La manufacture de Quintin, Uzel et Loudéac (1670-1830), Rennes, PUR, 1998, 374 p.
13 Les exportations de toiles bretagnes dépendent très largement de la conjoncture internationale, pâtissant des conflits franco-espagnols et/ou franco-britanniques. Dans ces années de paix que constitue la décennie au cours de laquelle écrit Ruffelet, l’on estime que 5 à 6 000 balles de toiles sont exportées en moyenne chaque année entre 1748 et 1788, 7 à 9 000 ponctuellement les bonnes années, notamment au début des années 1760 ou au milieu des années 1770. Sur ce point, voir Martin J., Toiles de Bretagne…, op. cit., p. 154-155.
14 Ces toiles en « deux tiers de laize » sont mentionnées par l’intendant Béchameil de Nointel dès 1698. De moindre qualité, elles sont destinées au marché intérieur à l’instar des mi-fil. On en trouve la trace dans la confection de nappes d’autel pour des églises de Nantes au XVIe siècle par exemple ou pour la fabrication de collerettes de l’époque de Louis XIII. Sur ces aspects techniques, voir Martin J., Toiles de Bretagne…, op. cit., p. 73-90 et Martin J., « Mémoire concernant la fabrique et le commerce des toiles appelées bretagnes qui se fabriquent en Bretagne », MSECDA, t. CXXXII, 2003, p. 59-111.
15 La faible place accordée ici aux produits de l’agriculture, alors que cette activité occupe la plus grande partie de la population du diocèse de Saint-Brieuc, mérite d’être relevée.
16 La mine de plomb argentifère de Châtelaudren est en fait située dans le diocèse de Tréguier. Sa découverte est récente au moment de la publication des Annales briochines, puisqu’elle est le fait, en 1762, de Jean-Christophe Valmont de Bomare, naturaliste de premier plan. Il n’est cependant pas sûr qu’elle ait jamais rapporté les 12 onces par quintal qu’évoque ici Ruffelet. Sur cette mine, voir notamment Valmont de Bomare J.-C., Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle, Paris, Brunet, 1765, vol. 5, p. 138, ainsi que Pierrot R., Chauris L., Laforêt C., Inventaire minéralogique de la France. N° 5, Côtes-du-Nord, Orléans, BRGM, 1975, 218 p., en particulier p. 42-45. Par ailleurs, voir infra, année 1762 et note IX.
17 La pêche à la morue, de tradition ancienne dans la baie de Saint-Brieuc puisque remontant au début du XVIIe voire au XVIe siècle, se développe cependant très largement dans l’ombre du port de Saint-Malo qui arme 10 fois plus de navires pour Terre-Neuve. Les années au cours desquelles le chanoine Ruffelet rédige ses Annales voient cependant une profonde évolution : Binic tend en effet alors à céder sa place au Légué – 59 armements morutiers entre 1768 et 1776 contre 39 au port de l’embouchure de l’Ic – et à Paimpol – 38 armements –, en voie d’affirmation, loin devant Portrieux – 28 armements. En revanche, Dahouët ne joue aucun rôle dans cette activité halieutique, contrairement à ce qu’écrit Ruffelet : pas un navire n’y est armé de 1768 au milieu des années 1780. Le chanoine se trompe aussi sur le nombre moyen de morutiers envoyés chaque année : la moyenne est alors de plus de 18, les 10 ou 12 qu’il évoque renvoyant à des données du milieu des années 1760 sans doute, alors que seule une demi-douzaine de navires partait pour Terre-Neuve vers 1728. Sur ce point, Caspar D., L’armement des ports de l’Amirauté de Saint-Brieuc de 1768 à 1792, mémoire de maîtrise, Rennes 2, 1967, 127 p. et Lespagnol A., « Bassin d’emploi et mobilité des populations dans les sociétés littorales : l’espace morutier de la Manche aux XVIIe-XXe siècles », dans Chappe F., Le Bouëdec G. (dir.), Actes de la table ronde du 21 janvier 1995, Lorient, Centre de recherche sur les sociétés littorales du Ponant, 1996, p. 16-30.
18 Seule une petite partie de la cargaison de morue – sèche et non verte – de Terre-Neuve est en effet ramenée en Bretagne. L’essentiel est destiné aux ports de Bordeaux, du Havre mais aussi et surtout à ceux de Méditerranée occidentale, de Cadix à Barcelone et de Marseille à Toulon, les navires morutiers en profitant pour ramener du vin, du savon, des épices, de l’huile qu’ils acquièrent sur place. Le fait n’est pas propre aux pêcheurs de la baie de Saint-Brieuc : dès la fin du XVIIe siècle, la plupart des navires malouins font de même. Sur ces aspects, Caspar D., L’armement des ports de l’Amirauté de Saint-Brieuc…, op. cit. et Lespagnol A., Messieurs de Saint-Malo. Une élite négociante au temps de Louis XIV, Rennes, PUR, 1997, t. I, p. 270-293.
19 Rédigées au cours de la décennie qui suit la guerre de Sept Ans, une guerre marquée par la capture préventive de milliers de marins français – et notamment bretons – dès 1755 par les Britanniques puis par le maintien en détention de nombre de ces marins, les Annales briochines disent bien ici, implicitement, le caractère stratégique de ces ressources humaines dans les guerres « modernes », désormais maritimes et coloniales, voire mondiales. Les mentions régulières aux décès « dans les prisons d’Angleterre » faites dans les registres de sépultures ou les actes notariés des paroisses littorales laissent entendre que le poids des pertes évoquées par Ruffelet est d’ailleurs très largement ressenti par les populations bretonnes.
20 Le cabotage depuis la multitude de havres du littoral du diocèse de Saint-Brieuc est en fait plus important que ne le laisse entendre ici Ruffelet. Si Saint-Malo draine en effet une bonne partie des flux maritimes de proximité, les navires de la baie de Saint-Brieuc associent à ce « petit cabotage » un cabotage à plus large échelle, vers la Normandie ou la côte atlantique, de l’estuaire de la Loire à la frontière espagnole, voire au-delà.
21 Les « sels, les résines, les graines de lin, les charbons de terre », mentionnés par Ruffelet, ne sont ni les seuls produits importés, ni forcément les principaux : ainsi les graines de lins, essentielles à l’économie toilière du diocèse, sont très largement importées en Bretagne via Roscoff ou Lannion bien plus que par les ports de la baie de Saint-Brieuc, la culture du lin se concentrant d’ailleurs, pour une large part, dans le Trégor voisin (Pourchasse P., « De Libau à Roscoff : l’indispensable graine de lin de Courlande », HSR, n° 34, 2010, p. 53-78 et Jarnoux P., « Commerce, échanges et circulations dans le Trégor d’Ancien Régime », dans Martin J., Pellerin Y. [dir.], Du lin à la toile. La proto-industrie textile en Bretagne, Rennes, PUR, 2008, p. 53-63). Ruffelet omet de signaler l’importance du vin – ou du cidre, à l’échelle intra-provinciale cependant – dans ce cabotage, à commencer par les vins de la vallée de la Loire ou ceux de Bordeaux. Dans tous ces trafics, la suprématie briochine est nette, Le Légué concentrant 86 % des 576 armements de caboteurs pour les années 1768-1776, contre 9 % à peine à Paimpol, moins encore à Erquy, Dahouët, Binic, Portrieux ou Bréhat. Sur ce point, Caspar D., L’armement des ports de l’Amirauté de Saint-Brieuc…, op. cit. Par ailleurs, le transport par mer des pierres de construction a été important très tôt dans les actuelles Côtes-d’Armor. Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler que Tréguier faisait venir le granite de l’Ile Grande, via le Jaudy, pour son cloître. Plus récemment, les grés de Plourivo sur les bords du Trieux étaient acheminés par la ria de ce nom. Les beaux granites de Saint-Brieuc, exploités dans d’immenses carrières intra-urbaines, étaient aussi transportés par mer (Chauris L., « Images d’un passé pétrifié : le granite de Saint-Brieuc. Engouement et abandon », MSECDA, t. CXXVIII, 1999, p. 53-83).
22 Les édits royaux limitaient en effet les ports d’exportation à ceux dans lesquels l’on trouvait des bureaux de marque ou de contrôle des toiles, gage de leur qualité. Le port de Saint-Brieuc en était exclu : tout juste trouve-t-on mention de l’expédition de 110, 205 et 14 balles par Le Légué en 1777, 1778 et 1779, dans le contexte cependant très particulier des débuts de la guerre d’Indépendance américaine (Tanguy J. « La production et le commerce des toiles bretagnes du XVIe au XVIIIe siècle », Actes du 91e congres des sociétés savantes, Paris, CTHS, 1969, p. 138-139). La déréglementation consécutive aux décrets des débuts de la Révolution sur la liberté de commerce ne se traduit guère par de profonds changements en ce domaine : l’aménagement de quais au Légué au cours du XVIIIe siècle, suite à de nombreuses demandes de la municipalité de Saint-Brieuc, ne suffit pas à rompre avec les habitudes prises depuis près de deux siècles d’exporter les toiles par l’intermédiaire de Saint-Malo, d’autant que la route de Lamballe à Dinard a bénéficié d’importants travaux liés à son caractère stratégique.
23 On écrit aujourd’hui les Vénètes, les Coriosolites et les Osismes. D’une façon générale, pour toutes les sources les concernant, voir dans la Real Encyclopädie, aux noms des peuples. Il n’y eut presque jamais d’hésitation sur les formes du nom du premier de ces peuples : voir Merlat P., Les Vénètes d’Armorique, Brest, Archéologie en Bretagne, 1982, 3e supplément. Il n’en est pas de même pour les autres. Les Coriosolites sont mentionnés par César sous le nom de Coriosolitas avec variante selon les manuscrits Curiosolitas. L’épigraphie a permis à la fin du XIXe s. de retenir la leçon Cor-, avec la découverte, à Bordeaux en 1868, d’une épitaphe qui mentionne un Coriosolite, Reginianus, qui se dit civis Coriosolis, installé là-bas (CIL, XIII, 3147) et quelques années après, en 1887 ou 1889, dans le portail de l’église Saint-Genest entre Laval et Vitré (CIL, XIII, 8995), en remploi, de deux morceaux d’une borne milliaire portant à la fin, abrégée comme cela se faisait, la mention de la cité précédant l’indication de la distance en lieues : C COR pour c (ivitate ou -ivitas) Cor (iosolitum). Cette indication apparaît aussi sur une borne milliaire découverte à Saint-Méloir-des-Bois, à huit kilomètres de Corseul (CIL, XIII, 9012). Voir Longnon A., « Les cités gallo-romaines de la Bretagne », MSECDN, t. II, 1874, p. 391-450 et Loth J., « La civitas Coriosolitum d’après les nouvelles découvertes épigraphiques », AB, 8, 4, 1893, p. 728-730). Enfin, en ce qui concerne le dernier peuple, César, Bellum Gallicum (traduction L.-A. Constans), Paris, Les Belles Lettres CUF, 1950 (BG), parle des Osismi ; Strabon, qui écrit en grec un demi siècle après lui, des Osismioi (Géographie, IV, 4, 1) ; Pomponius Mela, écrivain latin du Ier s. apr. J.-C., des Ossismos, Osismios, Oxismos (De situ orbis, III, 2, 23) et des Ossimicis ou des Ossismicis (III, 6, 48) ; Pline l’Ancien des Ossismos, des Ossimos et des Osismios ; Ptolémée, géographe grec, au IIe s. apr. J.-C., des Osismioi et des Osisimious (Géographie, respectivement II, 8, 5 et 6). La Table de Peutinger (voir infra, Note II) mentionne Osismi comme César. Depuis le milieu du XXe s. et la thèse de Pape L., La civitas des Osismes à l’époque gallo-romaine, Paris, Klincksieck, 1978, 296 p., c’est la forme la plus courte qui est en usage.
24 Réminiscence des lectures des auteurs anciens : clarus, que nous traduisons par célèbre, est un adjectif très usité, notamment par Pline l’Ancien, pour mentionner quelque chose – cours d’eau, peuples, par exemple –, de connu et courant. Sans le savoir, ceux qui ponctuent, aujourd’hui, leurs affirmations de la formule « c’est clair » font un retour au latin.
25 Cette appellation mérite d’être retenue car elle est fondée et judicieuse pour éviter toute confusion non seulement à l’époque moderne mais jusques et y compris au XXIe siècle. La Bretagne française n’a pas de sens pour l’Antiquité. Britannia dans l’Antiquité correspond à l’essentiel de l’île de Grande-Bretagne, Écosse exclue puisque située au-delà du limes romain construit une première fois à l’époque d’Hadrien. Notre Bretagne – sensément Petite Bretagne – doit son nom aux Bretons insulaires venus plus massivement à partir du Ve s. apr. J.-C. : voir Giot P.-R., Guigon P., Merdrignac B., Les premiers Bretons d’Armorique, Rennes, PUR, collection Archéologie et culture, 2003, 246 p. (voir infra, IVe et Ve siècles depuis Jésus-Christ). L’Armorique antique dont il est question chez Ruffelet comme chez la plupart des érudits de son époque est celle de César qui l’appelle d’ailleurs Aremorica et qui est plus grande et surtout variable que ce que nous comprenons communément sous ce terme dont nous retenons essentiellement le sens géologique et géographique. Aremorica apparaît chez César, BG, V, 53 (« cités armoricaines »), VII, 75 (« peuples qui bordent l’Océan et qui se nomment armoricains : Coriosolites, Redons, Ambibarii, Calètes, Osismes, Lémovices, Unelles ») et VIII, 31 (« cités touchant à l’océan et qu’on appelle armoricaines ») ainsi que chez Pline l’Ancien, Historia naturalis, en IV, 31 (« Toute la Gaule désignée sous le nom général de Chevelue [ comata] est divisée entre trois peuples séparés surtout par des fleuves : la Belgique, de l’Escaut à la Seine ; de la Seine à la Garonne, la Celtique ou Lyonnaise ; de la Garonne à la chaîne des Pyrénées, l’Aquitaine auparavant appelée Arémorique [Aremorica]. ») Le massif Armoricain déborde la Petite Bretagne historique au sud sur la rive gauche de la basse Loire et au nord jusqu’au Cotentin et à une partie du Perche et correspond ainsi aux contrées occidentales péninsulaires. L’expression de « Bretagne armoricaine » a le mérite de combiner clairement des informations géographiques et historiques en distinguant ce territoire de la grande île mais aussi de la Normandie dont les liens avec le royaume de France n’ont pas été les mêmes.
26 C’est un lieu commun de l’historiographie de ce milieu du XVIIIe s. qui puise pour partie ses informations chez Tite Live, Histoire romaine, V, 34, avec les figures de Segovèse et Bellovèse, neveux légendaires du roi des Bituriges Ambigatos, qui auraient dirigé une expédition partie de la Gaule, conquis les peuples du nord de l’Italie, éliminé les peuples autochtones et fondé des villes, à commencer par Mediolanum, c’est-à-dire Milan. Ce courant historique développe un mythe gaulois propre à réinterpréter l’histoire en effaçant l’humiliation de la défaite face à Rome en Gaule. Voir Grell C., L’histoire entre érudition et philosophie. Étude sur la connaissance historique à l’âge des Lumières, Paris, PUF, 1993, p. 257-270 et supra, chapitre 5.
27 C’est notamment le cas des Vénètes à l’époque de la conquête romaine si l’on en croit César : « Ce peuple [les Vénètes] est de beaucoup le plus puissant de toute cette côte maritime : c’est lui qui possède le plus grand nombre de navires, flotte qui fait le trafic avec la Bretagne ; il est supérieur aux autres par sa science et son expérience de la navigation ; enfin, comme la mer est violente et bat une côte où il n’y a que quelques ports, dont ils sont les maîtres, presque tous ceux qui naviguent habituellement dans ces eaux sont leurs tributaires » (BG, III, 8). Sur ces relations transmanche, voir Cunliffe B., Les Celtes, Paris, Errance, 2001, 336 p. (traduction de The Ancient Celts, Oxford, 1997) et La Gaule et ses voisins – Le grand commerce dans l’Antiquité, Paris, Picard, 1993, 253 p.
28 À la suite d’une bataille navale perdue par les Vénètes à l’automne 57 ou durant l’hiver 57-56 av. J.-C. (César, BG, III, 15-16).
29 Ruffelet a manifestement commis une erreur d’orientation qui est une faute d’inattention en inversant est et ouest. Il pouvait d’autant moins ignorer la localisation orientale des Coriosolites dans la péninsule que c’est celle du territoire de Saint-Brieuc dont il écrit les annales et qu’il connaissait la carte de Dom Morice qu’il cite et critique quelques lignes plus loin.
30 Sans exclure naturellement le souvenir de ses lectures des auteurs antiques (César, pour la période antérieure à la conquête. Mais connaissait-il les textes de Suétone ou Dion Cassius ?), il faut voir ici en premier le résultat de ses lectures de l’historiographie dont témoigne la riche bibliothèque qui était la sienne (voir supra, chapitre 5).
31 Deux fautes non corrigées par l’auteur.
32 Page 1 du premier tome de Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris, 1750, avec pour titre : « Armoricae veteris descriptio juxta Samsonum tabulas et quorandam auditorium observationes. Description de l’ancienne Armorique Suivant les Tables de messieurs Samson et les observations de quelques sçavans ».
33 Ce nom est une fabrication moderne, en partant du nom latin du peuple antique certes. On ignore toujours le nom antique de Corseul. Voir Henry P., Mathieu N., « Corseul : lever de rideau sur une capitale ? », ABPO, t. 110, 2003, p. 7-32, notamment p. 9-11. La Borderie A. de, Histoire de Bretagne, Rennes, Plihon et Hommay, 1905 (réédition 1998) indique p. 116 : « l’abbé Ruffelet consacre deux pages à Corseul (qu’il a tort d’appeler Corsilium nom imaginaire) ». Ce nom figure sur la carte insérée en page 1 du premier tome de l’Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne de dom Morice, que Ruffelet connaissait puisqu’il la critique dans sa note X (voir infra, Note X). Sont attestés Corseut, au vers 2820 dans le Roman d’Aquin qui date de la fin du XIIe s., ainsi que le nom Corsout en 1288 (Dauzat A., Rostaing C., Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Paris, Guénégaud, 1981, 600 p.).
34 Saint-Brieuc est situé dans le territoire des Coriosolites en limite septentrionale et occidentale à la frontière avec la cité Osismes qui devait passer à l’ouest et non à l’est du côté d’Yffiniac comme le pensait M. Danville. Le Gouët, qui se jette dans la baie de Saint-Brieuc, devait être la frontière. Au sud-ouest de Saint-Brieuc, sur la ligne de séparation des eaux entre le Gouët et l’Oust, la localité de Lanfains pourrait bien avoir conservé la trace de cette idée de frontière sous une forme mixte bretonne lann et latine fines. Voir Pape L., La civitas des Osismes…, op. cit., p. 41-42 et A-229.
35 Voir infra, Notes I, II, III, VII, VIII, X, XI, XIV.
36 Il semblerait que le nom Yffiniac dérive d’un composé d’un nom d’origine celtique *iuos, l’if, devenu en breton ivin, et du suffixe d’origine celtique -acos latinisé en -acum. Sur cette étymologie, question compliquée à l’historiographie très abondante, voir Gendron S., L’origine des noms de lieux en France, Paris, Errance, 2003, p. 106-108 et Delamarre X., Dictionnaire de la langue gauloise, Paris, Errance, 2e édition, 2003, p. 193. La remarque de Ruffelet qui se fonde sur le latin n’est pas absurde. Nombre de toponymes ont effectivement pour origine les fines antiques et c’est en partant des toponymes fossilisés dans les cartulaires médiévaux et des limites des anciens évêchés que toutes les thèses d’histoire et d’archéologie sur les cités antiques sont fondées. Une station mentionnée par l’Itinéraire d’Antonin sur la voie de Condate (Rennes) à Cosedia (Coutances) porte le nom d’Ad Fines. Elle est identifiée comme la ville d’Evran, nom attesté en 1156 sous la forme Ivran et que l’on a coutume de considérer comme dérivé d’une « variante du gaulois Ebur-one ou Eburo-dunum, d’ebur, nom de l’if » d’après Langoüet L., Souillet G., « Reginca et la baie de Saint-Malo dans l’Antiquité », AB, tome 81, 1974, p. 656. Une autre étymologie possible serait le gaulois equoranda, « toponyme énigmatique » distribué un peu partout en France et en Belgique qui a donné, entre autres, nombre d’Ingrandes et dont le sens « bien assuré de “limite, frontière” (glosé “Fines”) […] a dû désigner des localités ou des rivières situées en limite territoriale d’un pagus » selon Delamarre X., Dictionnaire…, op. cit., p. 164. Evran est situé à la confluence du Linon et de la Rance. Sur la frontière entre Coriosolites, à l’ouest, et Riédons, à l’est, dans le secteur briochin, voir Leroux G., La civitas gallo-romaine des Riedones. Le milieu rural, Rennes, Institut culturel de Bretagne, Alet, Centre régional d’archéologie d’Alet, 1989, p. 4-6. Sur la frontière entre Coriosolites et Osismes, à l’ouest, voir Pape L., La civitas des Osismes…, op. cit., p. 41-42 et A-229 (voir aussi infra, Note XII). Quelle que soit l’étymologie, il apparaît clairement que Ruffelet a comme M. Danville une bonne intuition. Même si la frontière occidentale des Coriosolites passe un peu plus à l’ouest, les toponymes Yffiniac et Evran correspondent tous les deux à des limites en bordure de cours d’eau.
37 Voir supra, Tems qui ont précédé la venue de Jésus-Christ.
38 En Gaule, les limites diocésaines de l’Antiquité chrétienne se sont calquées – schématiquement – sur celles des ciuitates gallo-romaines. Le fait se vérifie pour les Namnètes, Venètes et Riedones ; par contre, il n’en va pas de même à l’ouest de la péninsule, chez les Osismes et les Coriosolites.
39 La Vita major de saint Guénolé (entre 860 et 884) par l’abbé de Landévennec Wrdisten fait débarquer Fracanus et son épouse Alba trimamma venus d’outre-Manche « in portum qui Brahecus dicitur » [I, 2] : le village de Rusé Bréha (« le ruisseau Bréha ») en Langueux, démembrement de la paroisse primitive de Ploufragan (22) – Smedt Ch. de (éd.), « Vita S. Winwaloei primi abbatis Landevenecensis, auctore Wurdestino, nunc primum integre edita », Annalecta Bollandiana, 7, 1888. Voir Tanguy B., Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses des Côtes-d’Armor, Douarnenez, Ar Men – Chasse-Marée, 1992, p. 112-113.
40 Albert Le Grand dans sa « Vie de saint Guénollé » présente Fragan « jeune seigneur de Grande attente » comme le neveu « du valeureux et magnanime prince Conan Meriadec ». La Vita de saint Guénolé composée au IXe à Landévennec (Smedt Ch. de [éd.], « Vita S. Winwaloei primi abbatis Landevenecensis… », op. cit., p. 167-264), ne se réfère pas explicitement à cette légende et fait de Fracan le cousin du roi breton (« regis Britannici ») Catouius (I, 2). Toutefois la Vita s’ouvre par une réminiscence de l’Enéide (stirpis origo – XII, 166) pour présenter l’île de Bretagne d’où est issu « selon la tradition populaire » (ut uulgo refertur) l’« ancêtre de notre race » (stirpis nostrae origo). Il se trouve qu’Alba Trimmama (Gwen Teirbron), la femme de Fracan et la mère de Guénolé selon l’hagiographe, apparaît dans les généalogies galloises comme l’épouse d’Eneas ledewic o Lydaw (« Enée le Breton Armoricain »). On peut dès lors se demander si l’auteur de la Vita n’entendait pas ici faire discrètement allusion à des traditions relatives à l’« ancêtre des Bretons » et à leurs origines troyennes qu’il ne tenait pas pour autant à reprendre à son compte. Dans cette hypothèse Albert Le Grand n’aurait-il pas visé juste en évoquant Conan Mériadec ? Voir Merdrignac B., « L’Enéide et les traditions anciennes des Bretons », Études Celtiques, 20/1, 1983, p. 199-205 et Rio J., Mythes fondateurs de la Bretagne, Rennes, éd. Ouest-France, 2000, p. 39-40.
41 Cette donation de Conan Mériadec n’intervient pas dans la Vita du IXe s. de saint Guénolé. Par contre, ce texte (I, 2) mentionne effectivement la découverte par les immigrants d’un fundus « de la dimension d’une ploue » (non paruum, sed quasi unius plebis modulum) « appelé maintenant du nom de son inventeur, qu’arrosaient les eaux d’une rivière appelée littéralement “Sang” [Gouet ; en breton, gwad = « sang »] » (modo iam ab inuentore nuncupatum, inundatione cuiusdam fluuii qui proprie Sanguis dicitur) – La Vita de saint Brieuc mentionne aussi pour sa part (c. 44) « la rivière qui est appelée “Sang” [= gwad ; Gouet] par les habitants du territoire » (flumen qui ab incolis terrae uocatur Sanguis) – Plaine F., « Une vie inédite de saint Brieuc. Texte latin avec prolégomènes en français », Analecta Bollandiana, t. 2, 1883, et Doble G.-H., Saint Brieuc, sa vie son culte, traduit de l’anglais par L. Kerbiriou, Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1930, 63 p.
42 Selon la Vita de saint Guénolé (I, 2) les jumeaux Weithnocus (Guézenec) et Jacobus (= Jacut) ont émigré avec leurs parents ; Winualoeus (= Guénolé) est né après le débarquement de ceux-ci en Bretagne (I, 3). Voir par ailleurs infra, Note XVII.
43 Il s’agit respectivement des abbayes de Landévennec (29) et de Saint-Jacut-de-l’Isle (22).
44 Châtelaudren, chef-lieu du comté de Goëlo et de la baronnie d’Avaugour. Selon Morice P.-H., Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris, Osmont, 1750-1756, p. 12 : « On attribue au Roi Audren la fondation de Châteaulaudren, petite ville du diocèse de S. Brieu et le principal siége du Comté de Goello. » Ces légendes sans fondement historique ont la vie dure. Salmon-legagneur E., « Aux origines du mythe arthurien », BAB, t. CXVII, 2008, p. 338-339 se réfère toujours à dom Morice pour faire du fondateur de Chatelaudren, le fils de Grallon et le cousin du roi Arthur à qui ce roi Audren aurait en 451 envoyé son frère Constantin avec un contingent de 2 000 hommes en renfort contre les Saxons d’Hengist. En fait, plus prosaïquement, Châtelaudren n’est pas antérieur au XIe s. et doit son nom à un obscur seigneur du nom d’Audren (alt : « élevé » + roen : « royal »). Le toponyme (Castellum Audroeni) est attesté pour la première fois en 1148. La motte castrale demeure la seule trace visible de ce château rasé par le duc Jean V vers 1420 (voir Tanguy B., Dictionnaire des noms de communes …, op. cit., p. 47). Sur Châtelaudren, voir infra, Note IX.
45 Brieuc est qualifié de « Premier Evesque de Biduce ou Saint-Brieuc » par Albert Le Grand, qui se réfère à Bertrand d’Argentré (I, 10). Les réserves de C.-M. Ruffelet sur la localisation de « Bidue ou Biduce » à Saint-Brieuc étaient déjà exprimées au siècle précédent par Dubuisson-Aubenay qui remarquait que « le territoire est aussy compris entre deux rivières Trieu et Arguenon que Ptolemae appelle Titium et Argennem au pays des Biducessii » en notant « Mais l’Argenis de Ptolémae est Biduesium qui sont les Bessins de Normandie. Voyez comme Bayeux en du Chesne et Massonius [= aux environs de Bayeux, alors Augustodurum ] », Croix A. (coord.), La Bretagne d’après l’Itinéraire de monsieur Dubuisson-Aubenay, Rennes, PUR/SHAB, 2006, p. 258. Contemporaine des Annales briochines de C.-M. Ruffelet, l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert consacre une entrée aux « Biducasses ou Biducesii : on trouve ces noms dans Ptolémée. Mais il paroit que c’est le mot Viducasses altéré ». Au même moment, le géographe Jean-Baptiste Bourguignon d’Anville dans sa Notice de l’ancienne Gaule, Paris, 1760, p. 702 tranchait la question : « Il est mention des Viducasses dans Pline, & leur nom y est suivi immédiatement de celui des Bodiocasses, qu’il y a tout lieu de prendre pour les Bajocasses, limitrophes des Viducasses. Les Biducesii dont Ptolémée fait mention en décrivant le pays maritime de la Lionoise, paroissent être les Viducasses, par une grande affinité dans la dénomination ; nonobstant l’erreur de Ptolémée de les séparer des Lexovii par les Unelli, puisque le déplacement de beaucoup d’autres positions dans Ptolémée donne souvent matière à la critique. » Les recherches récentes des historiens permettent de remonter à la source de cette confusion. Fleuriot L., Les Origines de la Bretagne, Paris, Payot, 1980, p. 150-151 a relevé que le nom de la cité de Lexovium dont Tudual devient évêque selon ses Vitae (que l’on situe généralement au Coz Yaudet en Ploulec’h [22]) correspondait à celui de Lisieux, chef-lieu des Lexouii de l’Antiquité. Il consacrait par ailleurs un paragraphe (p. 156-158) au Hiémois (Exmes [61]), le pagus Uxominsis (Oximensis) dont le nom correspond à celui de la cité des Osismes. Hubert Guillotel a rouvert « Le dossier hagiographique de l’érection du siège de Tréguier » (dans Le Menn G., Le Moing J.-Y., Bretagne et pays celtiques. Langues, histoire, civilisation. Mélanges offerts à la mémoire de Léon Fleuriot, Rennes, PUR, 1992, p. 213-226). Il a ainsi démontré que l’évêque de Tréguier Martin (apr. 1056-av. 1086), soucieux, dans le contexte de la réforme grégorienne, d’affirmer l’ancienneté (contestable) de son diocèse après avoir tenté de s’intituler episcopus Auximorum (déjà accaparé par le diocèse de Léon qui se revendiquait des Osismes), avait dû se rabattre sur le Lieuvin (pagus Lexoinus : pays de Lisieux) voisin du Hiémois pour forger la légende de Lexovie. À ce jeu de chaises musicales, il ne restait plus logiquement qu’à assimiler l’évêché voisin de Saint-Brieuc au pays de Vieux [14], chef-lieu Biducasses. Le fait que les évêchés bretons aient relevé de la IIIe Lyonnaise, alors que leurs homonymes normands dépendaient de la IIe Lyonnaise, n’était pas une objection majeure à l’opération : à preuve, aujourd’hui encore, ce « système » fantaisiste est parfois repris à leur compte par quelques érudits dilettantes. Sur les origines de Saint-Brieuc et saint Brieuc, voir infra, Note XIV.
46 La Vita de saint Brieuc (Plaine F., « Une vie inédite de saint Brieuc… », art. cité) a été rédigée à Saint-Serge d’Angers (où étaient vénérées les reliques du saint) probablement sur commande de l’abbé Vulgrin (1036-1056) par un moine bien informé de la topographie briochine, sans doute pour être originaire de la région. Ce texte (qui prétend se fonder sur une source antérieure) rapporte (c. 44-47) que Brieuc et ses compagnons débarqués sur les rives du Gouët parviennent à une « vallée double ». Son cousin le comte qui résidait au « Camp du Rouvre d’Hillion » lui fait don de sa résidence pour y établir un monastère et se retire à Licellion (anciennement la « Vieille Etable »). Le saint choisit d’implanter son établissement dans une vallée boisée irriguée par une fontaine. Voir Doble G.-H., « St Brioc, Patron of St Breock », The saints of Cornwall. Part four. Saints of the Newquay, Padstow and Bodmin District, reprint Felinfach, Llanerch Pub., 1998, p. 84-85 et Couffon R., « Essai critique sur la Vita sancti Briocii », MSHAB, t. 48, 1968, p. 11.
47 Selon la Vita de saint Brieuc (c. 29), celui-ci édifia dans son pays natal « à grands frais et avec énormément d’efforts » (magnis licet expensis mira tamen industria) « un “loc” qui s’appelle Landa Magna » (locum quemdam qui Landa Magna uocatur). Doble G.-H., « St Brioc, Patron of… », op. cit., p. 90, proposait d’identifier Landa Magna à Llan Fawr (« grand monastère ») dans la paroisse d’Eglwyswrw (Pembrokeshire – Wales), à une dizaine de km au sud de Cardigan. Il ajoutait toutefois que ce toponyme est aussi courant outre-Manche que son équivalent Lanmeur en Bretagne. Orme N., The Saints of Cornwall, Oxford, Oxford University Press, 2000, p. 76, localise ce « grand monastère » à Llandyfriog (Cardiganshire – Wales) dont Brieuc est l’éponyme.
48 C.-M. Ruffelet fait ici l’impasse sur la précision fournie par la Vita de saint Brieuc (c. 46), et pourtant reprise par Albert Le Grand selon laquelle le comte Rigual accueille Brieuc comme « son cousin » (consobrinus meus). Sur ce personnage omniprésent dans l’hagiographie bretonne, voir Giot P.-R., Guigon P., Merdrignac B., Les premiers Bretons d’Armorique …, op. cit., p. 98. La Vita de saint Lunaire (IXe s. ?) le désigne comme le « premier qui vient habiter dans notre province de ce côté-ci de la mer et qui fut le chef des Bretons des deux côtés de la mer » (c. 28), ce qui soulève la question des « royaumes doubles » (Fleuriot L., Les origines de la Bretagne …, op. cit., p. 189-190). Les Vitae de saint Tudgual le présentent comme l’oncle de ce saint qui aurait débarqué en Bretagne à la génération suivante, du temps du comte Deroch. La Vita de saint Guénolé qualifie Rivalus de « duc du pays de Domnonée » (Domnonicae partis ducem) tandis que la seconde Vita de saint Guénael fait de lui sous la forme Rigimalus (Ragmialus) un roi de Cornouaille. Riwal aurait donc été revendiqué comme ancêtre fondateur à la fois par les lignages domnonéens et cornouaillais. C’est du moins ce qui ressort des écrits des historiens de la fin du Moyen Âge dont C.-M. Ruffelet paraît dépendre ici. Le Chronicon Briocense assimile Riwal et le Rivelen mor Marthou des généalogies cornouaillaises. Il mentionne en effet « l’arrivée de Rivallon ou Rival Meurmarzou qui fut par la suite roi des Bretons » (c. 104). De même, la Généalogie des Roys, duc et princes de Bretagne (1496) par Pierre Le Baud expose le « lignaige royal » de Rinvallons Murmazou, en reprenant, aux formes des noms près, la généalogie de Riwal (sans doute en provenance de l’abbaye de Saint-Méen de Gael) telle qu’elle est insérée en tête de la Vita de saint Winnoc. Doble G.-H., « St Brioc, Patron of… », op. cit., p. 93 n. 34, fait précisément référence aux Annales briochines de C.-M. Ruffelet pour relever qu’au Moyen Âge, il y avait une famille du Rouvre à Saint-Brieuc qui détenait la terre de Boisboixel considérée « comme l’ancienne résidence du comte Rigoual ou Rivalon ». Lors d’une intronisation épiscopale, le seigneur de Boisboissel accueillait l’évêque à la porte de la ville avec une « jument richement caparaçonnée ». Il lui tenait l’étrier pour monter celle-ci et le conduisait jusqu’au palais. Au banquet qui suivait, il lui revenait de servir le prélat (voir infra, année 1765).
49 La Vita de saint Brieuc (c. 44) décrit ainsi ce site « adapté à la construction d’un oratoire » (aptus construendum oratorium […] locus) : « parcourant attentivement une grande rouvraie et fouillant dans tous les sens de vieux taillis, ils parvinrent dans une vallée double arrosée par une fontaine abondante » (Itaque lustrantibus illis roboreta maxima curiosius, annosaque fruteta circumquaque perscrutantibus, in uallem binam deueniunt exuberanti fonte irriguam). La « vallée double » est le plus souvent identifiée aux vallées du Gouët et du Gouédic. Cependant Tanguy B., Dictionnaire des noms de communes…, op. cit., p. 270, estime que la description de l’hagiographe correspond plutôt au site de la Fontaine de Saint-Brieuc puisque celle-ci se trouve « à la confluence de vallons conduisant d’un côté à la cathédrale, de l’autre à la chapelle Notre-Dame-de-la-Fontaine, bâtie près de l’oratoire du saint » ; c’est d’ailleurs ainsi qu’Albert Le Grand interprète ses sources : « laquelle a esté depuis nommée la fontaine de S. Brieuc ».
50 Le Grand A., Les Vies, gestes, mort et miracles des Saints de la Bretagne Armorique, Nantes, Droniou, 1636, qui suit ici L.-G. de La Devison, chanoine de Saint-Brieuc, « en son Liv. des SS. Brieuc et Guillaume, imprimé audit S. Brieuc, l’an 1626 », fait montre sur ce point de la même pexplexité que C.-M. Ruffelet : « Il [= Brieuc] fut donc, d’un commun consentement de tout le pays, éleu Evesque du Brioçois & sacré, & son Monastere converty en Cathedrale. De sçavoir en quelle année precisément, sous quel Souverain Pontife il fut élû & les autres particularitez qui avinrent à l’érection de ce nouvel Evesché, je n’ay pû, jusques à present, rien trouver de certain ; ceux mesme qui, ces années derniéres, ont extrait sa Vie des Archives de sa Cathedrale n’en disent rien ; bien pouvons nous asseurer qu’il fut le premier Evesque de S. Brieuc & qu’il exerça dignement cette charge quelques années. » De même, l’Itinéraire de Dubuisson-Aubenay précise qu’« Argentré poursuit Saint-Brieuc se trouve néanmoins avoir esté qualifié évesque ». En note, Croix A. (coord.), La Bretagne d’après l’Itinéraire …, op. cit., p. 260, n. 104, commente cette référence à Bertrand d’Argentré, en ajoutant « ce que ne fait pas la Vita ». Cette précision est inexacte. L’hagiographe explique bien en effet que le texte antérieur rédigé en un « idiome étranger » (en latin incorrect, plutôt qu’en vieux breton) sur lequel il prétend s’appuyer ne fait pas mention (c. 58) de l’épiscopat de saint Brieuc : « les Gestes de celui-ci parvenues à notre connaissance ne disent rien à ce sujet » : gestis ipsius quae ad nostram pervenere notitiam omnino reticentibus. Par contre, il affirme que « Brieuc fut certainement évêque » sur la foi d’« une inscription qui se trouve gravée en vieux caractères dans le marbre qui a longtemps été placé sur le corps du saint » (c. 58 : tituli cuiusdam inscriptio quae in marmore quod super sacratissimum corpus eius antiquitus positum fuerat litteris exarata veteribus). Mais, ajoute-t-il, cette source épigraphique de l’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d’Angers où se trouvaient les reliques du saint au XIe s. ne précisait pas : « ce que fut son épiscopat, quelle cité particulière il gouverna » (Qualiter tamen in episcopatu uixerit uel cui specialiter praefuerit ciuitati, titulus isdem nominatim non exprimit).
51 Cette solution commode se retrouve (presque textuellement) d’un ouvrage à l’autre chez les érudits des XVIIIe-XIXe s. Elle présente surtout l’avantage d’éluder la difficulté sans la résoudre pour autant. Voici, par exemple, la définition donnée par l’abbé Manet : « Evêques régionaires : on appelait alors ainsi ceux qui, ayant été ordonnés évêques sans titre ou l’ayant quitté, se retiraient en quelques monastères d’où, avec la permission et pour le soulagement des prélats titulaires et diocésains, ils rendaient aux peuples de leur voisinage le service des pasteurs. On les qualifiait aussi parfois d’évêques apostoliques et d’évêques des nations – Ils furent surtout très communs dans l’île, à une époque où la fréquence des guerres obligeait les pontifes et leurs troupeaux à des déplacements presque continuels. » (Manet F.-G.-P., Histoire de la Petite Bretagne ou Bretagne-Armorique, t. II : L’Armorique sous les Grands Bretons et sous les Français, Saint-Malo, chez l’auteur, 1834, p. 100, n. 63.)
52 La constitution en diocèse territorial de l’évêché de Saint-Brieuc n’est pas antérieure aux dernières décennies du Xe s. (voir par ailleurs infra, Annales IXe siècle et Note XIX). Le premier évêque dont l’existence soit assurée est Adam (voir infra, Catalogue des évêques, notice 2) qui figure dans l’acte de fondation de l’abbaye Saint-Georges de Rennes (entre 1024 et 1034). C’est sur la Chronique de Nantes que se fonde l’attribution de la création de ce diocèse à Nominoé. Or la portée historique de ce texte du XIe s. (qui rapporte aussi le sacre de Nominoé dans la cathédrale de Dol) est sujette à caution. En fait, ce chef breton, sans doute originaire du Poher (qui se confond probablement alors avec la Cornouaille), est placé en 831 à la tête du comté de Vannes par l’empereur Louis le Pieux (814-840) qui en fait son « chargé de mission » (missus) pour l’ensemble de la péninsule. Les maladresses de Charles le Chauve (840-877), le fils de Louis le Pieux à qui le partage de Verdun (843) a attribué la Francie occidentale, provoquent la révolte de Nominoé qui entend transmettre son missaticus à sa descendance (comme tous les aristocrates contemporains, soucieux de l’hérédité des charges comtales). Il inflige au carolingien une cuisante défaite dans les marais de Ballon, près de Redon (845). En 849, le synode de Coitlouh (dont la localisation reste disputée) dépose, pour simonie, quatre évêques fidèles de Charles le Chauve. Les documents pontificaux et synodaux contemporains de l’événement ne font allusion ni à la création de nouveaux évêchés, ni à l’érection d’une métropole bretonne. Contrairement à la légende dont C.-M. Ruffelet se fait ici l’écho, jamais Nominoé ne s’est prétendu roi : un an avant sa mort au cours d’une expédition en Vendômois (851), il s’intitule toujours « comte dans toute la Bretagne ». Voir par ailleurs infra, Note XIX.
53 C.-M. Ruffelet évite de préciser s’il s’agit, selon lui, de Germain de Paris († 576) ou de Germain d’Auxerre († 448). Il l’aborde en Note XV. Au siècle précédent, Dubuisson Aubenay dans son Itinéraire semble avoir « subodoré » l’incohérence dans la chronologie : videant hoc historici (« à voir par les historiens »), note-t-il en rapportant que saint Brieuc, né « viron l’an 434, fut marié [?] en Gaule, instruit par saint Germain, evesque d’Auxerre en son monastère à présent appellé Saint-Germain-des-Prais » (Croix A. [coord.], La Bretagne d’après l’Itinéraire …, op. cit., p. 258-259). La Vita de saint Brieuc (c. 8) met en scène l’évêque saint Germain de Paris auprès de qui Brieuc aurait été envoyé par ses parents pour étudier (illum Parisius ad beatum Germanum iam debere transmitti). Le jeune saint aurait eu pour condisciples Patrice et Iltud (c. 9). En fait, Germain de Paris ne peut être contemporain ni de Patrice († 492, plutôt que 461) ni d’Iltud, donné par la Vita de saint Samson († apr. 562) comme le maître de celuici. Ce dernier texte fait d’Iltud le disciple de Germain d’Auxerre dont les contacts avec la Grande-Bretagne sont attestés historiquement. Il est donc possible que l’hagiographe angevin (qui a eu accès à la Vita de saint Samson) ait confondu, délibérément ou non, les deux saints Germain (Doble G.-H., « St Brioc, Patron of… », op. cit., p. 88-89).
54 La remarque pertinente de C.-M. Ruffelet sur l’importance des « traditions » monastiques vaut d’être soulignée. Avant d’être un texte, la règle est d’abord un mode de vie défini par l’abbé. À côté de la règle, les coutumes se transmettent oralement avant d’être fixées dans des Coutumiers (Cluny a ainsi attendu près de deux siècles avant que le sien ne soit consigné par écrit). Toutefois, la pratique de l’opus Dei par Brieuc et ses compagnons telle qu’elle est décrite dans la Vita médiévale lors de l’implantation du saint et de ses compagnons au Champ du Rouvre (c. 48-49) se conforme anachroniquement au chapitre 48 de la Règle bénédictine : « Ils ne toléraient pas que le moindre instant se passe dans l’oisiveté. » (Merdrignac B., « Le travail dans les Vitae des saints bretons », MSHAB, t. 65, 1988, p. 17-18.) Sur la règle en question, voir infra, Note XIII.
55 En fait, au cours du VIIIe siècle prévaut la « règle mixte » (associant souvent les règles de Colomban et de Benoît) ; c’est-à-dire que chaque établissement monastique puise dans les diverses règles en circulation ce qui paraît le mieux convenir à sa situation – Dès le concile d’Autun (663-680) se manifeste une aspiration à restaurer la vie monastique conformément à « la loi canonique et la règle de saint Benoît ». À l’instigation de Benoît d’Aniane († 821), conseiller ecclésiastique de l’empereur Louis le Pieux (814-840), le concile d’Aix-Inden adopte en 817 le Capitulaire monastique qui prône l’adoption de la règle bénédictine dans l’Empire. Les effets s’en font sentir précocement en Bretagne. Dès 818, Louis le Pieux, à l’occasion de sa rencontre à Priziac [56] avec Matmonoc abbé de Landévennec [29] émet un diplôme prescrivant l’adoption de la « Règle du saint et illustre père Benoît » dans ce monastère ainsi que « dans ceux qui [leur] sont soumis et dans tous les autres ».
56 La « règle des chanoines » élaborée vers 750 par Chrodegang († 766), évêque de Metz, qui tend à imposer une vie communautaire sur le modèle bénédictin au clergé de sa cathédrale a connu un succès mitigé. Elle a ultérieurement inspiré l’Institutio canonicorum (816), l’un de textes fondateurs de la réforme de la vie religieuse initiée au concile d’Aix-Inden par Benoît d’Aniane († 821), à la demande de l’empereur Louis le Pieux (814-840). Son chapitre 115 a souvent été invoqué pour illustrer le laxisme la vie canoniale. Il rappelle, en effet, qu’à la différence des moines, les chanoines peuvent porter du lin, consommer de la viande et posséder des biens en propre (Quamquam enim canonicis, qui in sacris canonibus illis prohibitum non legitur liceat linum induere, carnibu uesci dare, et accipere proprias res et ecclesiae cum humilitate et iusticia habere quod monachis qui secundum regularem institutionem artiorem ducunt uitam, paenitus inhibitum est…).
57 Voir supra, note 52.
58 Cet usage n’a rien de « celtique ». Augustin († 604), ancien prieur du monastère Saint-André du Mont-Coelius à Rome, envoyé en mission en Angleterre par le pape Grégoire le Grand (590-604) édifia à Cantorbéry sa cathédrale dédiée au Sauveur (ultérieurement Christ Church) puis un monastère à l’est de la cité. On attribue à l’influence de Dunstan, promu archevêque de Cantorbéry (959-988) après être passé sur plusieurs sièges épiscopaux, la diffusion de la réforme bénédictine en Angleterre et l’introduction des moines dans les principaux chapitres cathédraux. Lorsqu’à la suite de la conquête normande Lanfranc du Bec fut promu à l’archevêché de Cantorbéry (1070-1089), il obtint de la papauté confirmation du statut monastique de Christ Church qui serait devenu, en une dizaine d’années, le plus important monastère du pays (150 moines). Ces monastères cathédraux constituent une caractéristique de l’Église Anglaise jusqu’à la réforme anglicane du XVIe siècle.
59 Juhel de Mathefelon, archevêque de Tours de 1229 à 1245, date de son transfert sur le siège métropolitain de Reims (Peltzer J., Canon Law, Careers and Conquest. Episcopal Elections in Normandy and Greater Anjou, c. 1140-c. 1230, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, p. 185-186). Voir également infra, Note XIII.
60 Guillaume Pinchon, évêque de Saint-Brieuc de 1220 à 1234 (voir infra, Catalogue des évêques, notice 16). Ses démêlés avec Pierre Mauclerc (baillistre du duché de Bretagne de 1213 à 1237) lui ont valu d’être canonisé dès 1247 par le pape Innocent IV.
61 Voir Tanguy B., Dictionnaire des noms de communes …, op. cit., p. 175.
62 « Statuimus praeterea quod de redditibus seruitio ecclesiae deputati canonicus qui horis intererunt, per aliquem uel per aliquos ad hoc a capitulo deputandos, fiat quotidie distributio tali modo : ad matitunas scilicet quatuor denarii, ad magnam missam tres denarii, ad uesperas duo denarii deputentur […] Considerantes etiam quod in dicta ecclesia sint quaedam pingues, quaedam uero tenues praebendae, cum dignus sit, quod in uinea Domin Sabaot par pondus sustinent et laborem, pari recompensentur mercede, Statuimus quod post obitum quinque canonicorum qui pinguiores habent praebendas, omnes in dicta ecclesia adequentur praebendae, sic scilicet quod quilibet canonicus, pro grossa praebenda, XX libras percipiat ratione cuius residentiam sex mensium […] Duodecim uero praebendis sic in ipsa ecclesia adaequatis, residuum su quod fuerit seruitio ecclesiae deputetur, decedentibus vero canonicis, si praebendam uacare contigerit, quae ualorem uiginti librarum excedat de illa uiginti librae instituendo canonico assignentur et residuum communitati canonicorum applicetur […] Episcopus uero praedictus ecclesiae suae honorem et exaltationem desiderans, ut in dicta ecclesia canonicorum numerus augeatur, ad preces nostras, concessit capitulo Briocensi ecclesiam de Ploidran ab ipso, post obitum personae quae in presentarium tenet eamdem, in perpetuum possidendam […] » – Cet acte a été publié par le mauriste L. d’Achery, dans son Spicilegium, sive Collectio veterum aliquot scriptorum qui in Galliae bibliothecis, maxime Benedictinorum, latuerunt (Paris, 1655-1677), t. II, p. 606 – Il est reproduit dans Guimart C., « Histoire des évêques de Saint-Brieuc », MSHACDN, t. 1, 1852, annexe n° XXIII, p. 176-179. Voir également infra, Annales 1700 et Annexe 7.
63 Voir supra, Description générale du diocèse.
64 Duine F., Memento des sources hagiographiques de l’histoire de Bretagne, Rennes, Bahon-Rault, 1918, par. 62, conclut que la Vita de saint Brieuc « n’inspire aucune confiance au point de vue historique. Les synchronismes sont formés de noms brillants et ne concordent pas, comme dans les pièces tardives ». Sur ces incohérences chronologiques, voir Doble G.-H., « St Brioc, Patron of… », op. cit, p. 87-97 et Couffon R., « Essai critique… », art. cité, p. 5-14.
65 Si, depuis 1634, la France se réfère au méridien passant par l’Ile de Fer, la plus orientale de l’archipel des Canaries, nombre de géographes utilisent par commodité celui de Paris. En 1792, ce dernier s’impose, avant d’être supplanté comme méridien origine par celui de Greenwich à la fin du XIXe siècle.
66 Ancien missus de Louis le Pieux, Nominoé, qui ne fut jamais roi, décida de s’affranchir de la tutelle franque et créa en Bretagne une principauté propre. Pour affermir son indépendance politique, il chercha à obtenir une certaine indépendance religieuse. Outre la déposition de plusieurs prélats pour les remplacer par ses créatures, beaucoup attribuent à Nominoé l’organisation en sièges territoriaux des diocèses de Saint-Pol-de-Léon, Tréguier, Saint-Brieuc et Dol (Henry C., Les actes des évêques bretons [début du XIe siècle-milieu du XIIe siècle]. Étude diplomatique et édition critique, thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe [dactylographiée], 2010, 3 vol., t. I, p. 70-71). C’est ici le cas de C.-M. Ruffelet. En réalité, Nominoé n’est probablement responsable d’aucune de ces réformes. En ce qui concerne les diocèses de Tréguier et de Saint-Brieuc visés par notre chanoine, leur création s’est faite par démembrement des diocèses d’Alet et de Saint-Pol-de-Léon, entre 866 et 990, plus probablement selon Hubert Guillotel dans le courant du Xe (Guillotel H., « Le premier siècle du pouvoir ducal breton [936-1040] », Actes du 103e Congrès national des sociétés savantes, Nancy-Metz, 1978, p. 63-84). Il est possible que ce soit l’archevêque de Dol Wicohen qui ait poussé à la création de ces sièges afin de renforcer son pouvoir métropolitain mais les circonstances exactes de ces créations nous échappent encore (Henry C., Les actes des évêques bretons…, op. cit.).
67 Un monastère fut fondé à Dol dès le VIe siècle par saint Samson qui semble avoir obtenu le titre épiscopal à titre personnel. Dol avait alors le statut d’abbaye-évêché, c’est-à-dire que son abbé avait le titre épiscopal et exerçait des fonctions épiscopales sur les dépendances de son monastère, qu’il encadrait matériellement et spirituellement. Plus tard, les Carolingiens auraient réformé Dol en diocèse territorial. L’origine monastique de ce dernier expliquerait les nombreuses enclaves doloises dans six diocèses différents : le diocèse carolingien aurait simplement conservé les paroisses dont l’abbaye originelle avait la charge (Henry C., Les actes des évêques bretons…, op. cit. ; Guillotel H., « Les origines du ressort de l’évêché de Dol », MSHAB, t. LIV, 1977, p. 31-68).
68 Salomon succéda à son cousin Erispoé, fils de Nominoé et premier roi de Bretagne, après l’avoir assassiné en novembre 857 (sur les causes et circonstances de cet assassinat, voir Chédeville A., Guillotel H., La Bretagne des saints et des rois [Ve-Xe], Rennes, Éditions Ouest-France, 1984, p. 292-294). Salomon fut lui-même assassiné le 28 juin 874 par une conspiration unissant certains de ses parents et alliés (son gendre Pascweten, son neveu Guigon) et des Francs. Son règne avait duré presque dix-sept années accomplies, quasiment le triple de son prédécesseur Erispoé (Chédeville A., Guillotel H., La Bretagne des saints …, op. cit., p. 320-321).
69 Le chanoine Ruffelet s’appuie probablement ici sur un extrait des Chronicques annaux dont il est bien difficile de reconstituer la physionomie primitive, inséré fautivement par Dom Lobineau dans son édition de la Chronique de Nantes (La Chronique de Nantes, 570 environ-1049, publiée avec une introduction et des notes par R. Merlet, Paris, Picard et Fils, Coll. de textes pour servir à l’étude et à l’enseignement de l’histoire, 1896, p. XLII note n° 2, p. XLIII note n° 1. Sur l’utilisation de la Chronique de Nantes pour le haut Moyen Âge, voir Chédeville A., Guillotel H., La Bretagne des saints …, op. cit., p. 369). Cet extrait évoque la lutte pour la conquête définitive du pouvoir à laquelle se livrèrent les principaux conjurés bretons dans l’assassinat de Salomon. Pascweten et Gurwant, ayant probablement éliminé Guigon dès 874, entrèrent en effet en lutte pour se partager la Bretagne. Si Pascweten contrôlait le comté de Vannes, on ne peut localiser avec certitude l’assise du pouvoir de Gurwant, mais il est vraisemblable que ce fut effectivement en Bretagne nord (Chédeville A., Guillotel H., La Bretagne des saints …, op. cit., p. 357). L’appellation de « comte de Goëlo » n’en paraît pas moins largement anachronique au IXe siècle. Quant à l’appartenance de Gurwant à la noblesse bretonne, elle ne reposait apparemment sur aucun lien de parenté proche avec Salomon. Pascweten et Gurwant disparurent tous deux dans les premiers mois de l’année 876 (Chédeville A., Guillotel H., La Bretagne des saints …, op. cit., p. 357) et ce fut finalement Alain le Grand, frère et successeur de Pascweten en Vannetais, qui s’imposa comme dernier roi de Bretagne.
70 Cette branche cadette de la dynastie ducale de Rennes n’est autre que le lignage des Comtes de Bretagne, issu du comte Eudes (voir infra, Annales 1079 et 1696 Notice abrégée de l’histoire de Penthièvre, I époque), frère cadet du comte de Rennes et duc de Bretagne Alain III († 1040). Sur l’histoire générale de cette famille, son influence politique en Bretagne et au-delà, voir Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre. Le pouvoir des Comtes de Bretagne du XIe au XIIIe siècle, Rennes, PUR/SECA, 2010, 406 p.
71 Voir infra, Annales 1696 Notice abrégée de l’Histoire de Penthièvre.
72 Comme nombre d’auteurs de la fin du Moyen Âge et de la période moderne, le chanoine croyait à la permanence des cadres institutionnels et géographiques depuis le haut Moyen Âge. Il appliquait ainsi à la société du IXe et Xe siècles les usages de son temps.
73 Alain Barbetorte était le fils du comte de Cornouaille Mathuédoï et d’une fille d’Alain le Grand, dernier roi de Bretagne. Entre 913 et 931, un embryon de principauté normande se forma en Cornouaille, contraignant Mathuédoï et Alain à s’exiler outre-Manche à la cour du roi Athelstan. Comme l’a montré Hubert Guillotel en s’appuyant sur le témoignage de Dudon de Saint-Quentin, Athelstan convainquit le fils de Rollon, Guillaume Longue-Epée, de rappeler en Francia le Carolingien Louis IV, mais également Alain. Tous deux regagnèrent au même moment leurs royaumes respectifs ; Guillaume rendant à Alain tout ce qu’il avait tenu en Bretagne. Cependant, cette réalité diplomatique mit du temps à s’imposer sur le terrain car les Scandinaves ne se résignèrent pas tous au retour des Bretons : des poches de résistance subsistèrent en Bretagne avant d’être progressivement résorbées. Pour preuve, les combats que durent mener les anciens exilés en 937, puis en 939 à Trans (Guillotel H., « Le premier siècle du pouvoir ducal breton … », art. cité, p. 63-84 ; Quaghebeur J., « Alain Barbe-Torte ou le retour improbable d’un prince en sa terre », BAB, t. CXII, 2003, p. 143-168). Le chanoine Ruffelet s’est quant à lui appuyé sur la Chronique de Nantes selon laquelle Alain Barbetorte, après avoir réuni en Angleterre une petite flotte avec les Bretons qui y étaient restés, aurait, du consentement du roi, rejoint la Bretagne ; il aurait d’abord abordé au monastère de Dol où il aurait taillé en pièces une foule de Normands qui célébraient des noces. Puis, apprenant qu’il s’en trouvait d’autres à Saint-Brieuc, il s’y serait rendu et les aurait tous tués par le fer. Cette nouvelle connue de tous les Normands qui étaient dispersés de par la Bretagne, ceux-ci auraient abandonné la terre, au contraire les Bretons, venus de toute part auprès d’Alain, l’auraient érigé duc (La Chronique de Nantes [570 environ-1049]…, op. cit., p. 88-91). Selon Hubert Guillotel, ce récit de la Chronique de Nantes n’est qu’« un arrangement de basse époque, utilisant des données anciennes qu’il est en général très difficile de contrôler ou de situer chronologiquement » (Guillotel H., « Le premier siècle du pouvoir ducal breton… », art. cité).
74 La pancarte de Jugon (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne. Histoire et monuments, Paris/Saint-Brieuc, Herold/Guyon, 1864, vol. IV, chap. VI, n° I) n’est pas datée mais l’identification des intervenants principaux ne pose guère de difficultés : la mention notamment de l’abbé de Marmoutier Guillaume place l’acte de fondation en 1104 au plus tôt (Guillotel H., « Combour : proto-histoire d’une seigneurie et mise en œuvre de la réforme grégorienne », dans Keats-Rohan K. S. B. [ed.], Family Trees and the Roots of Politics. The Prosopography of Britain and France from the Tenth to the Twelfth Century, The Boydell Press, Woodbridge, 1997, p. 269-298, p. 274). Le fondateur est le fils aîné de Geoffroy de Dinan, Olivier tenant alors Jugon par droit héréditaire et don de son père qui assiste à la donation avec plusieurs membres du lignage. Il n’existe aucune trace d’un Dinan à l’époque d’Alain Barbetorte. Le premier connu est le propre père de Geoffroy, Josselin qui apparaît dans les actes du comte de Rennes et duc de Bretagne Alain III mort en 1040 (Guillotel H., Les actes des ducs de Bretagne [944-1148], thèse pour le doctorat en droit [dactylographiée], Paris II, 1973, n° 38). Fils d’Hamon Ier vicomte d’Alet, Josselin avait pour frères le vicomte Hamon II, l’archevêque de Dol Junguenée et Rivallon Ier de Dol-Combour (Guillotel H., « Des vicomtes d’Alet aux vicomtes de Poudouvre », Annales de la Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Saint-Malo, 1988, p. 201-215). Sur la généalogie controversée des Dinan, voir récemment Amiot C., « Lignages et châteaux de la baillie de Rennes avant la guerre de Succession (XIe-XIVe) », dans Quaghebeur J., Soleil S. (dir.), Le pouvoir et la foi au Moyen Âge en Bretagne et dans l’Europe de l’Ouest – (VIIIe-XIIIe siècles). Mélanges en mémoire du professeur Hubert Guillotel, Rennes, PUR, 2010, p. 695-734.
75 Une tradition remontant à Pierre Le Baud (Le Baud P., Chronicques et Ystoires des Bretons, La Lande de Calan éd., Rennes, Société des bibliophiles bretons, 1922, 4 vol., t. IV, Livre III, chap. XCII, p. 28) voudrait que le comte Eudes de Bretagne soit mort en 1079 et ait été enterré à Saint-Étienne de Saint-Brieuc. Cette affirmation de Le Baud non seulement n’est pas suffisamment étayée mais elle est au moins en partie fautive car le chroniqueur du XVe mentionne la présence aux funérailles comtales de l’évêque de Saint-Brieuc Adam (voir infra, Catalogue des évêques, notice 2), mort depuis 1077 au plus tard et remplacé par Hamon (voir infra, Catalogue des évêques, notice 3). Dès lors, soit ces deux évêques n’en sont en fait qu’un seul, soit l’une des informations de Le Baud, le nom ou la date de l’évêque, est fausse (Henry C., Les actes des évêques bretons …, op. cit., t. III, n° SB5*, p. 1086-1087). La dernière apparition du comte Eudes dans les actes date approximativement de quelque temps après la conquête de l’Angleterre par Guillaume de Normandie (1066) mais ce n’est qu’en 1077 au plus tard que son fils Geoffroy Boterel Ier semble lui avoir succédé (Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre …, op. cit., p. 99, 106). Le silence des sources ne nous permet pas de savoir si Eudes était déjà mort à cette date ou seulement trop âgé pour gouverner. Dans ce dernier cas, il pourrait être effectivement mort en 1079. Du Paz va pour sa part jusqu’à préciser qu’Eudes serait mort un 7 janvier : peut-être l’historien disposait-il au XVIIe de sources disparues depuis (Du Paz A., Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, Paris, Buon, 1620, p. 5) ? L’archéologie pourrait remédier à ces lacunes documentaires : sous le chœur de Saint-Étienne se cachent en effet trois tombes non identifiées que Monsieur André Le Méhauté, meilleur connaisseur local de la cathédrale et qui a vu ces tombes lors d’une campagne de restauration de l’édifice, attribue hypothétiquement à Eudes et à deux de ses fils, Geoffroy Boterel Ier et Étienne. Selon une source anglaise, ce dernier reposerait à Bégard, mais faute d’élément supplémentaire, nous nous garderons bien de trancher et appelons de nos vœux les fouilles prochaines de ces trois mystérieuses sépultures.
76 Ruffelet reprend ici la « légende noire » du comte Eudes, née d’une réécriture de l’histoire au profit de la dynastie ducale dont les Eudonides furent les dangereux rivaux du XIe au début du XIIIe siècle. Les recherches récentes semblent montrer qu’Eudes fut en fait associé étroitement au gouvernement de son frère Alain III, tant en Bretagne qu’en Normandie lors de la minorité de Guillaume le Conquérant. En revanche, Eudes fut effectivement en conflit avec son neveu Conan II pendant une dizaine d’années durant lesquelles il dirigea la Bretagne en éclipsant presque totalement son rival. Par un étonnant retournement de situation, celui-ci le captura en 1057 et s’empara à nouveau du titre ducal. Finalement libéré, Eudes semble s’être retiré sur ses terres du nord de la Bretagne, laissant ses fils défendre les droits de la famille sur le duché (Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre …, op. cit., p. 51-106).
77 Le régaire des évêques de Saint-Brieuc recouvrait essentiellement les paroisses de Ploufragan, Trégueux, Langueux, Cesson et Saint-Brieuc. Son origine demeure inconnue mais il n’est en effet pas du tout impossible qu’Eudes et sa famille aient joué un rôle dans sa constitution. En effet, contrairement aux autres évêchés de Bretagne, Tréguier et Saint-Brieuc furent créés « tardivement », vers le milieu du Xe siècle, une époque où la Bretagne septentrionale devait être sous le contrôle des comtes de Rennes, soit les ancêtres d’Eudes. La région sortant de plusieurs décennies d’occupation scandinave, le domaine épiscopal put être constitué de donations comtales à partir de biens familiaux, fiscaux ou simplement abandonnés par leurs propriétaires laïques ou ecclésiastiques. Voir par ailleurs infra, Note XX.
78 Voir infra, Note XVI.
79 Voir supra, Annales IXe siècle et 1696 Notice abrégée de l’Histoire de Penthièvre.
80 Ouvrage cité plusieurs fois par Ruffelet de manière tronquée (voir supra, Description générale du diocèse, 1210 par exemple…) derrière lequel il faut voir l’Histoire de Conan Mériadec, qui fait le premier regne de l’Histoire générale des souverains de la Bretagne gauloise, dite Armorique, avec la premiere partie des Recherches générales de cette province, Paris, Calleville, 1664, 283 p. Les Recherches générales de la Bretagne gauloise commencent p. 131.
81 Sur cet évêque, voir infra, Catalogue des évêques, notice 6. Il souscrit effectivement une bulle de Pascal II prise dans ce cadre et adressée au clergé et au peuple de Besançon (voir Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, t. 21, col. 149-150) ; il accompagnait vraisemblablement son archevêque Baudri, qui souscrit également cette bulle.
82 Le chanoine Ruffelet déduit cette information d’un témoignage en faveur de l’église de Dol dans le conflit qui opposait cette église à celle de Tours (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de la Bretagne, Paris, Osmont, t. I, 1742, col. 741) ; Guillaume de Dinan, chanoine, indique en effet qu’il a accompagné au concile de Reims l’archevêque de Dol Geoffroy (1130-1147) qui s’y était rendu avec ses deux suffragants, à savoir donc les évêques de Tréguier et de Saint-Brieuc, ce dernier ne pouvant être, compte tenu des dates, que Jean. Notons que la Bretagne était bien représentée à ce concile puisque s’y étaient également déplacés l’évêque d’Alet Donoald et l’évêque de Rennes Hamelin.
83 Il s’agit des églises de La Ferrière (Côtes-d’Armor, cant. de La Chèze) et de Lanthénac (com. de La Ferrière), données par Jean à Marmoutier en 1129 ; l’acte de donation est conservé aux archives départementales du Morbihan (Arch. dép. du Morbihan – 27 H 1) et est publié dans Rosenzweig L., Cartulaire général du Morbihan, Vannes, Lafolye, 1895, p. 168-169, n° 210, ainsi que dans Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit, t. IV, p. 338.
84 Le 25 février 1132 (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. I, col. 569).
85 Voir l’acte publié dans Rosenzweig L., Cartulaire général …, op. cit., p. 168-169, n° 210, et dans Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit, t. IV, p. 338.
86 Cette confirmation fut faite le 25 avril 1109 lors du retour de son voyage à Rome où Jean accompagnait son archevêque métropolitain Baudri ; acte copié dans le livre blanc de Saint-Florent de Saumur (Arch. dép. du Maine-et-Loire – H 3713, fol. 83vo -84, édition dans Le Huërou A., « L’archiepiscopus Dolensis au début du XIIe siècle. Esquisse d’un catalogue des actes de l’archevêque Baudri [1107-1130] », dans Quaghebeur J., Soleil S. (dir.), Le pouvoir et la foi au Moyen Âge …, op. cit., p. 268-271).
87 Planguenoual, Côtes-d’Armor, cant. de Pléneuf-Val-André ; don dans un acte daté du 4 novembre 1138 copié dans le cartulaire de Saint-Melaine (Bibl. mun. de Rennes, ms. 271, fol. 83-84, édité dans Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit, t. III, p. 333, n° 2).
88 Bréhand, Côtes-d’Armor, cant. de Moncontour ; don contenu dans une notice de plaid de 1120/1126 transcrite dans le cartulaire de Saint-Melaine (Bibl. mun. de Rennes, ms. 271, fol. 92 ro -vo).
89 En fait de « concile », il s’agit plus simplement d’une assemblée de justice assez commune, rassemblée ad hoc et dont la relation est donnée par l’acte cité dans la note précédente.
90 Faute d’une charte de fondation et des premiers actes relatifs à l’histoire de cette fille de Bégard (sur Bégard, voir Evans C., L’abbaye cistercienne de Bégard des origines à 1476 : histoires et chartes, Turnhout, Brepols, 2012, 476 p.) le chanoine Ruffelet s’appuie sur le Chronicon britannicum (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. I, col. 5) et la tradition cistercienne selon laquelle Boquen aurait été fondée par Olivier II de Dinan (Dufief A., Les cisterciens en Bretagne, XIIe-XIIIe siècles, Rennes, PUR, 1997, p. 72-73).
91 Saint-Aubin-des-Bois n’a pas plus de charte de fondation que les abbayes du Relecq, de Boquen ou encore de Lanvaux (Dufief A., Les cisterciens en Bretagne …, op. cit.). Son privilège le plus ancien remonte à 1159. Son cartulaire ne date que du XIVe siècle. On ne sait donc rien des premiers temps de cette abbaye (Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre …, op. cit., p. 25, 27).
92 Supposée fille de Bégard, Saint-Aubin-des-Bois aurait été fondée par le comte de Lamballe Geoffroy Boterel II (mort en 1148), frère rival d’Alain de Richmond dit « le Noir » (mort en 1146). Cette affirmation s’appuie sur un acte de 1177 où le comte Geoffroy Boterel III confirmait les donations faites à l’abbaye par son grand-père Geoffroy Boterel II, son père Rivallon et son oncle Étienne le Lépreux. Rien n’indique explicitement que le premier des trois ait été le fondateur de Saint-Aubin. Si tel fut éventuellement le cas, cette implantation cistercienne en Penthièvre marqua peut-être un rapprochement entre Geoffroy Boterel II et Alain de Richmond, sans doute après la captivité de ce dernier (1141). Sur le contexte politique en Bretagne septentrionale dans le deuxième quart du XIIe s., voir notamment Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre …, op. cit., p. 127 sqq. Certains indices révéleraient toutefois une origine plus ancienne de cette abbaye. Saint-Aubin pourrait avoir été seulement intégrée à l’ordre cistercien, peut-être à l’époque de Geoffroy Boterel II. En effet, contrairement à l’usage suivi par les moines blancs, cette abbaye n’était pas placée sous l’invocation de Notre-Dame. Celle de Saint-Aubin rappelle étrangement Saint-Aubin d’Angers, dans les actes de laquelle le comte Eudes et ses fils, ancêtres et prédécesseurs de Geoffroy Boterel II, interviennent au milieu du XIe siècle. Saint-Aubin n’aurait-elle pas été fondée ou refondée au XIe par des moines angevins envoyés par le comte d’Anjou Geoffroy Martel à la demande de son allié breton ? Établie en Plédéliac, Saint-Aubin fut bientôt attirée dans la mouvance des Dinan qui progressait à l’ouest de l’Arguenon au cours du XIIe siècle. Parmi les fidèles des Dinan, les Coron semblent avoir exercé une influence majeure sur l’abbaye. Ceci n’avait rien d’étonnant compte tenu de l’enracinement des Coron dans la noblesse locale et des liens qui avaient uni Geoffroy de Coron à Alain « le Noir », grand bienfaiteur des cisterciens en Bretagne (Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre …, op. cit., p. 259-260, 309-310).
93 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 7.
94 Le chanoine Ruffelet s’appuie ici sur un acte de l’évêque Rolland édité partiellement par Dom Morice (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. I, col. 591 ; pour la version intégrale, voir Henry C., Les actes des évêques bretons…, op. cit., t. III, n° SB7, p. 1073-1074). Le « propriétaire » en question se nommait Trehan dit l’Abbé car il tenait héréditairement l’église de Saint-Aaron. Sa famille possédait également des terres dans les environs de Jugon puisque, un demi-siècle plus tard, ses fils, Eudes et Robert, cédaient à Saint-Aubin-des-Bois la dîme de la Villa-Renfredi, devant le sénéchal de Jugon, à la cour du comte Alain de Bretagne (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. III, chap. I, XXVII, p. 48). Le stock onomastique qui se dégage de ces sources lacunaires rappelle celui d’un lignage établi sur la côte ouest de la baie de Saint-Brieuc. En effet, en 1148, le comte Henri de Bretagne, père du comte Alain susvisé, confirmait les donations faites jadis à St-Magloire de Léhon par Eudes dit Pontius et son fils Trehan, dont l’église de Lanleff ainsi que des aumônes en Plouagat, Châtelaudren et Bréhat (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. IV, chap. VII, II, p. 358-359) ; or, on retrouve le même binôme Eudes – Tréhan (ou Tréhan – Eudes) chez l’abbé de Saint-Aaron dont un des fils se nommait justement Eudes. Comme l’a très bien perçu A.-Y. Bourgès, ceci pourrait indiquer un lien de parenté (encore à définir) entre les donateurs de Saint-Magloire et ceux de Marmoutier (Bourgès A.-Y., « Aux origines de Châtelaudren », Trégor mémoire vivante, n° 4, 1993, p. 73-77). Certains éléments troublants sembleraient désigner Pontius comme le descendant d’Audren, fondateur éponyme de Châtelaudren et fidèle voire parent du comte Eudes de Bretagne (Bourgès A.-Y., « Aux origines de Châtelaudren »…, art. cité). Cette hypothèse séduisante mais déjà ancienne doit être aujourd’hui remise en perspective avec les progrès de la recherche médiévale en Côtesd’Armor depuis les quinze dernières années (Rencontres autour de l’histoire du Moyen Âge en Côtes-d’Armor, colloque organisé par le Conseil général des Côtes-d’Armor, Guingamp-Dinan, 28-29 mai 2010, actes à paraître).
95 L’exposé du chanoine Ruffelet sur Eon de l’Etoile est conforme aux sources dont nous disposons sur cet hérésiarque (sur ces sources, voir notamment Dufief A., Les cistersiens en Bretagne …, op. cit., p. 56 note 98). Gentilhomme breton, Eon se serait effectivement proclamé le Fils de Dieu venant juger les vivants et les morts par détournement de l’annonce du second avènement du Christ fréquemment rappelé dans la liturgie. Suite à une prononciation approximative du latin ou peut-être à un simple calembour, notre illuminé avait ainsi compris non pas per eum mais per Eom [Eon] qui venturus est judicare vivos et mortuos. Prêchant avec véhémence contre la continence des clercs et l’autorité de l’Église, il s’adjoignit de nombreux disciples à qui il attribua des rangs (Anges, Apôtres), les baptisant l’un Sagesse, l’autre Jugement ou encore Domination. Vers 1144-1145, Eon et ses partisans se réfugièrent en centre Bretagne d’où ils dévastaient les ermitages, églises et monastères des environs avant de festoyer avec le produit de leurs larcins. Quittant bientôt la Bretagne pour l’est de France, cette horde fut dispersée en 1148 par les hommes de l’archevêque de Reims qui s’emparèrent par surprise d’Eon et de ses principaux disciples. Traduit devant le pape Eugène III et sommé d’exposer sa doctrine, Eon fut considéré comme fou et condamné à la détention perpétuelle : il mourut peu après. Ses disciples qui refusèrent de renier la divinité d’Eon furent en revanche livrés aux flammes. Sur l’effervescence des mouvements hérétiques parallèlement à l’affermissement de la réforme grégorienne, voir notamment Armogathe J.-R. (dir.), Histoire générale du Christianisme, t. I : Des origines au XVe siècle, Paris, PUF, 2010, p. 1059 sqq.
96 C.-M. Ruffelet évoque ici le rare titre de l’abbaye ayant survécu aux guerres de religion (sur les dommages qu’eut à subir Lanténac au XVIe et au début XVIIe, voir notamment Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. IV, chap. III, p. 232-237). Il s’agit d’une copie de l’acte de fondation que notre chanoine a pu trouver dans Dom Lobineau (Lobineau G.-A., Histoire de Bretagne, Paris, Muguet, t. II, 1707, col. 156-157) ou Dom Morice (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves…, op. cit., t. I, col. 604-605) dont il suit la datation. Sur ce dernier point, Cyprien Henry situe l’acte en 1163 (Henry C., Les actes des évêques bretons …, op. cit., t. III, n° A36*, p. 997-998). Descendant des anciens vicomtes de Rennes (Guillotel H., « De la vicomté de Rennes à la vicomté de Porhoët [fin du Xe -milieu du XIIe siècle] », MSHAB, t. LXXII, 1995, p. 5-23), Eudes II de Porhoët s’était vu reconnaître le rang comtal à titre honoraire suite à son mariage avec Berthe, fille du duc de Bretagne Conan III (mort en 1148) et veuve d’Alain de Richmond (mort en 1146) issu du puissant lignage des Eudonides (Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre … op. cit., p. 138). Durant la minorité de Conan IV, fils de Berthe et d’Alain, Eudes II de Porhoët avait été le gardien du duché de Bretagne sans que son gouvernement ne soulevât d’opposition de la noblesse locale. Finalement en 1156, poussé par son seigneur le roi Henri II Plantegenêt, Conan IV débarqua d’Angleterre pour reprendre le pouvoir à son beau-père. L’éviction de ce dernier fut bien acceptée, à l’exception de Jean II de Dol-Combour qui tenta de résister (Brand’Honneur M., « Seigneurs et réseaux de chevaliers du nord-est du Rennais sous Henri II Plantagenêt », dans Aurell M. [dir.], Noblesse de l’espace Plantagenêt [1154-1224], Poitiers, CESCM, 2001, p. 165-184, p. 166).
97 Saint-Maur fit régner une nouvelle activité à Lanténac dont on lança la reconstruction. De même, les moines s’associèrent aux travaux scientifiques de leur congrégation, dont l’œuvre de Dom Morice (voir Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. IV, chap. III, p. 238).
98 Un prieur aurait cependant été laissé à Lanténac afin de percevoir les redevances et de faire la part des pauvres mais il aurait plus tard rompu avec sa congrégation, s’appropriant les revenus pour vivre dans le luxe jusqu’à ce que la Révolution s’empare de l’abbaye (voir Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. IV, chap. III, p. 239).
99 Cette famine est notamment évoquée dans la Chronique de Saint-Brieuc éditée par extraits dans Dom Morice (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves…, op. cit., t. I, col. 37) : « Anno Domini 1161. Fames valida per universum orbem regnavit : unde tertiam partem humani generis estimatum est interiisse. »
100 Outre la vita de saint Maurice, le chanoine Ruffelet fait probablement référence ici aux deux actes qui nous renseignent sur les débuts de l’abbaye cistercienne Notre-Dame de Carnoët, fille de Notre-Dame de Langonnet, actes tous deux édités notamment par Dom Morice (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. I, col. 664-665, 710). On voit effectivement dans le premier le duc Conan IV donnant aux moines de Notre-Dame de Langonnet une terre qu’il possédait près de la foresta de Carnoët et dans le second la confirmation de cet abandon de biens par la fille de Conan IV, la duchesse Constance. La date exacte de la fondation ne nous est pas connue mais l’acte de donation susvisé fut dressé aux années 1167-1171. Signalons cependant que les annales de Quimperlé donnent cette fondation en 1177 et la vita de Maurice de Langonnet en 1176. Le biographe du saint, comme les annales de Quimperlé, place sa mort en 1191. Conséquence probable de la piété populaire, le corps de saint Maurice fut transféré, dès 1193, de la salle capitulaire à l’église abbatiale. À la fin du XIIe siècle, l’abbé entreprit des démarches pour faire reconnaître la sainteté du fondateur mais les deux enquêtes furent cassées pour vice de forme car les témoins étaient si nombreux qu’on les avait interrogés en groupe et non individuellement. Cette recherche de reconnaissance des saintes vertus du premier abbé s’accompagna dans l’usage populaire de l’habitude de dénommer le monastère « Saint-Maurice de Carnoët », les deux appellations étant conjointement usitées (Quaghebeur J., La Cornouaille du IXe au XIIe siècle, Mémoire, pouvoirs, noblesse, Quimper, Société archéologique du Finistère, 2001, p. 335 sqq.).
101 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 11.
102 L’érection de Dol en métropole de Bretagne ne semble pas avoir été une volonté de Nominoé mais plutôt du roi Salomon († 874), cousin d’Erispoé premier roi de Bretagne. Le pape ne prit pas position dans cette affaire, mais le rang de métropole conféré à Dol fut tout de suite attaqué par Tours, métropole historique. Il s’ensuivit plusieurs siècles de disputes et de procédures, les papes ayant voulu ménager les deux parties. Tours devint beaucoup plus offensive dans la deuxième moitié du XIe siècle et finit par obtenir la fin des prétentions doloises. Les archevêques résistèrent mais après 1150 environ, ils n’avaient plus de suffragant, tous les évêques ayant reconnu l’autorité de l’archevêque de Tours. La sentence définitive ne fut cependant prononcée qu’en 1199 par le pape Innocent III (Henry C., Les actes des évêques bretons …, op. cit., t. I, p. 6, 71).
103 Le chanoine Ruffelet s’appuie ici sur l’acte de fondation de Beauport daté effectivement de 1202. Cependant, Alain, le fondateur, se dit plus simplement seigneur de Goëlo, fils du comte Henri (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. IV, chap. II, n° I, p. 45). Ce n’est qu’après la mort sans descendance de son cousin le comte Geoffroy Boterel III de Lamballe (vers 1205) qu’Alain de Goëlo, avec l’accord probable de Philippe Auguste, arbora la dignité comtale qu’avait également portée son père, le comte Henri de Guingamp. Bien que réunissant dès lors dans sa main les deux comtés bretons des Eudonides (Guingamp, Lamballe), Alain ne s’intitula jamais comte de Penthièvre et/ou de Goëlo. Il se contentait du simple titre comtal, conformément au vieil usage des Eudonides. Le nom d’Avaugour ne fut pris que par le fils d’Alain, Henri, à partir de 1217, après qu’il ait été spolié de ses comtés héréditaires par le duc Pierre de Dreux dit Mauclerc (voir Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre …, op. cit., p. 154-161, 179-181 ; Morvan F., « La maison de Penthièvre [1212-1334], rivale des ducs de Bretagne », MSHAB, t. LXXXI, 2003, p. 19-54 et La chevalerie bretonne et la formation de l’armée ducale [1260-1341], Rennes, PUR, 2009, 294 p.).
104 Notre auteur se fait le témoin de la tradition selon laquelle l’abbaye de Beauport aurait été d’abord fondée sur l’île Saint-Rion, en face de son emplacement actuel situé sur la terre ferme. Les sources semblent en fait accréditer l’existence de deux abbayes dont l’une disparut au profit de l’autre. L’acte le plus ancien concernant l’abbaye de Saint-Rion n’est pas daté mais tout semble indiquer qu’il suit de peu la mort du comte Henri de Guingamp au début des années 1180, car Alain de Goëlo y déclare édifier une abbaye en l’honneur de saint Rion, pour notamment le salut de son père (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. IV, chap. I, n° I, p. 8-9). Une précédente communauté vouée à saint Rion pourrait avoir bénéficié sur l’île des largesses des Eudonides mais Alain semble avoir été le premier de ce lignage à y bâtir une abbaye. Une bulle confirmative d’Innocent III révèle que Saint-Rion avait acquis en 1198 une certaine importance (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. IV, chap. I, n° III, p. 9-12). Toutefois, l’abbaye semble avoir ensuite cessé rapidement toute activité : puisque dès 1202, Alain de Goëlo attribuait les biens de Saint-Rion à l’abbaye de Beauport qu’il avait édifiée, remplaçant ainsi les chanoines de Saint-Victor par ceux de Prémontré.
105 Sur les possessions anglaises de Beauport, voir Nabucet A., « Ouverture Outre-Manche. Les possessions britanniques de deux abbayes montantes », MSECDA, t. CXXXVIII, 2010, p. 29-49. Pour une présentation générale de l’abbaye de Beauport, se reporter à Abbaye de Beauport, huit siècles d’histoire en Goëlo, Association des Amis de Beauport – Dominique Éditions, 2002, 286 p.
106 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 14.
107 Sur le retour des reliques de saint Brieuc en 1210, voir infra, Note XVI.
108 Cet extrait de chronique semble ne rendre compte que de la situation politique à partir de 1206-1208 où le comte Alain († 1212) dominait sur les territoires des diocèses de Tréguier et de Saint-Brieuc à la suite d’une concession au moins partielle du roi Philippe Auguste (voir Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre …, op. cit., p. 192-194).
109 Ce partage supposé entre le duc Alain III et son frère cadet, quelles qu’en soient les modalités qui varient selon les auteurs, n’est confirmé par aucune source. En fait, le comte Eudes paraît avoir exercé le pouvoir avec son frère de façon quasi-indivise. La naissance du fils d’Alain III (vers 1033) semble avoir conduit à un aménagement de ce mode de gouvernement et probablement à une distinction plus précise des droits et biens de chacun, Eudes se voyant alors peut-être attribuer certains domaines en Bretagne septentrionale, prémices de la future principauté eudonide (voir Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre …, op. cit., p. 44-54). L’argumentation du chanoine Ruffelet reposant sur la certitude de ce partage et de l’exclusion de Saint-Brieuc de la part supposée d’Eudes n’est ainsi guère convaincante. L’évêque peut avoir ainsi exercé un réel pouvoir sur Saint-Brieuc sans cependant échapper à la tutelle des Eudonides. En l’occurrence, si l’évêque briochin semble avoir conservé une certaine indépendance à l’égard de ces derniers au XIe siècle (Henry C., Les actes des évêques bretons …, op. cit., t. I, p. 406), ce n’était plus le cas dès le début du XIIe siècle puisque l’évêque Jean était lui-même un Eudonide et que ses successeurs furent choisis parmi ses anciens collaborateurs.
110 Ruffelet fait certainement erreur et entend vraisemblablement renvoyer à sa note consacrée aux régaires, voir infra, Note XX.
111 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 14.
112 Guillaume Pinchon est né en 1184 à Saint-Alban dans le diocèse de Saint-Brieuc. Par ailleurs, voir infra, Catalogue des évêques, notice 16 ainsi que supra, Annales IVe et Ve s. depuis J.-C. et infra, 1525, 1700, Note XIII.
113 Et de Saint-Brieuc dès 1208 (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A., Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. I, p. 373-374).
114 Si Guillaume Pinchon s’est bien opposé à Pierre Mauclerc et à la noblesse, qui contestaient certains pouvoirs des officialités et refusaient la restitution des dîmes, rien ne semble attester cet exil pourtant évoqué par tous les auteurs à l’exception de Bertrand d’Argentré (Glaz M., Les évêques de Saint-Brieuc de 1220 à 1525. Étude prosopographique, mémoire de master 1 [Y. Coativy, dir.], université Bretagne occidentale, 2008, p. 113).
115 Sur ce point, voir infra, Catalogue des évêques, notice 17.
116 Le 15 avril 1247. Son successeur, Philippe (voir infra, Catalogue des évêques, notice 17), enregistra l’ensemble des miracles évoqués (Le Grand A., Les Vies, gestes, mort et miracles des Saints …, op. cit., p. 345) et défendit l’ouverture de l’enquête préalable à la canonisation, de concert avec son chapitre et certainement les autres évêques bretons ainsi que l’archevêque de Tours Juhel, que Pinchon, ancien chanoine de la métropole, connaissait (voir supra, Annales IVe et Ve siècles depuis Jésus-Christ et infra, Note XIII). Sur cette question, Glaz M., Les évêques de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 79-85.
117 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 17.
118 Sur Juhel et son action, voir supra, Annales IVe et Ve siècles depuis Jésus-Christ et infra, Note XIII.
119 Héritier des Eudonides, il est issu d’un important lignage qui a détenu tout l’apanage de Penthièvre avant que Pierre Mauclerc, premier duc « capétien », ne s’empare de l’essentiel de ses seigneuries en 1214, se réservant désormais l’usage exclusif du titre comtal et ne laissant aux Penthièvre (appelés désormais d’Avaugour, un château dont Henri avait pris le nom en 1217) que le comté de Goëlo (soit un sixième de leurs possessions précédentes). Pour ce faire, le duc Pierre a profité entre autres de la minorité d’Henri d’Avaugour (Leguay J.-P., Martin H., Fastes et malheurs de la Bretagne ducale, Rennes, Ouest-France, 1982, p. 17-18 et Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre…, op. cit., p. 154-161). Ce dernier ne renonce pas sans réagir à son héritage. Pierre Mauclerc, alors affaibli par une offensive royale d’envergure qui l’a contraint à se soumettre à saint Louis et à Blanche de Castille, ainsi qu’un soulèvement de nombre de ses vassaux bretons, accepte de revoir ses prétentions face aux « réclamations générales des Bretons ». Il accepte entre autres une enquête au sujet des revendications du clan d’Avaugour concernant le Penthièvre à la suite de laquelle il doit en rabattre de ses prétentions (Menant F., Martin H., Merdrignac B., Chauvin M., Les Capétiens, histoire et dictionnaire 987-1328, Paris, Robert Laffont, 1999, p. 1038).
120 Parmi les tensions qui opposent les ducs capétiens et la papauté, il y a la question de la régale, autrement dit de la perception des revenus du temporel de l’évêque pendant les vacances épiscopales. Le fruit de celle-ci constituait un appoint non négligeable des revenus seigneuriaux, ce qui explique l’opiniâtreté des ducs, Pierre Mauclerc entre autres, à étendre leur contrôle sur les évêchés bretons. Selon l’enquête de 1235, Alain de Goëlo et son fils Henri d’Avaugour disposaient légitimement et héréditairement de la régale de Saint-Brieuc mais également de celle de Tréguier (La Borderie A. de, « Recueil d’actes inédits des ducs et princes de Bretagne [XIe, XIIe, XIIIe siècles], Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1888, t. XVIII, p. 19, 23). En 1257 encore, la Curie romaine rappelle ce droit en enjoignant au comte de Penthièvre de la remettre à l’évêque nommé par le pape (Pocquet du Haut-jussé B.-A., « Les ducs de Bretagne et le Saint-Siège », AB, t. 38,1928, p. 675-741, 691).
121 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 15. Les témoins de l’enquête affirment en effet que l’évêque de Saint-Brieuc en place et ses deux prédécesseurs, une fois élus, avaient été présentés au comte Alain ou à Henri pour recevoir les regalia, les biens temporels attachés à leur diocèse (La Borderie A. de, « Recueil d’actes inédits… », art. cité, p. 30).
122 Sur l’appartenance de Saint-Brieuc au domaine des Eudonides, voir infra, Note XX.
123 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 19.
124 Différentes notices (voir infra, Annales 1297, 1365, 1375, 1404 notamment et le Catalogue des évêques) illustrent de manière récurrente le lien existant entre les évêques en général – ceux de Saint-Brieuc en particulier – et le pouvoir politique, à l’échelle du duché breton comme à celle du royaume de France. Concernant cette dernière, l’habitude remonte au XIIIe siècle, pendant lequel, s’appuyant sur leurs bonnes relations avec des ducs bretons fortement inféodés, les rois capétiens imposaient bien souvent leurs candidats, voire leurs créatures, comme titulaires des évêchés, dans une négociation directement menée entre le roi de France et le pape : les chapitres des évêchés étaient systématiquement désavoués dans leurs choix électifs par les papes et les rois. Les ducs étaient simplement informés par la Couronne du choix de cette dernière, choix qui s’étendait aussi à de nombreuses nominations de chanoines, à tel point qu’Hervé Martin n’hésite pas à parler d’une « véritable colonisation de l’Église bretonne par le clergé français » (Leguay J.-P., Martin H., Fastes et malheurs …, op. cit., p. 144). Cependant, les évêques ainsi nommés à l’instigation du roi coopèrent souvent étroitement, une fois entrés en fonction, avec le duc breton qui leur confie, entre autres, les missions diplomatiques délicates auxquelles les prépare naturellement leur formation intellectuelle, plus particulièrement dans sa dimension juridique. L’évêque Raoul est par exemple chargé en 1259 de négocier le mariage du futur Jean II, fils et héritier du duc Jean Ier Le Roux, avec Béatrix d’Angleterre, fille du roi Henri III. Cette mission est difficile car le roi Plantagenêt fait des difficultés pour rendre au duc, à l’occasion de ce mariage, le comté de Richemont (ou plutôt Richmond). La question de ce fief anglais est un véritable « serpent de mer » qui réapparaît régulièrement dans les relations anglo-bretonnes, perpétuel outil de pression diplomatique, pour ne pas dire de chantage, exercé sur les ducs de Bretagne, et ce jusqu’au XVe siècle. Cet épisode s’inscrit d’ailleurs dans le cadre plus large des négociations franco-anglaises, qui voient saint Louis et Henri III d’Angleterre conclure une paix générale au traité de Paris en 1260, clôturant ainsi une première « guerre de Cent Ans ». L’événement puisé dans l’Histoire de Bretagne de Dom Lobineau (Lobineau G.-A., Histoire de Bretagne …, op. cit., t. 1, p. 234) et relaté brièvement par Ruffelet témoigne donc de la double inféodation au roi de France du duc de Bretagne, pièce importante sur l’échiquier diplomatique de saint Louis, ainsi que de l’évêque de Saint-Brieuc, chargé d’une partie secondaire de ces négociations pour leur volet matrimonial breton.
125 Sur ce « faux évêque », voir infra, Catalogue des évêques, notice 22.
126 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 25. Après ses démêlés avec le duc Pierre Mauclerc (voir supra, Annales 1235), la famille d’Avaugour conserve en tout cas une influence certaine dans le diocèse de Saint-Brieuc dont la mitre échoit à Jean d’Avaugour un siècle plus tard, avant son transfert à Dol, siège épiscopal qu’il détient jusqu’en 1339 (Potier de Courcy P., Armorial de Bretagne, Nantes, Forest et Grimaud, 1862, rééd., Mayenne, Floch, 1986, t. I, p. 28).
127 Ruffelet évoque sans doute cette union d’un Avaugour avec Marie de Brienne pour étoffer le prestige dynastique de cet évêque briochin. La puissante famille Champenoise de Brienne se trouve dans l’entourage immédiat des rois de France et compta de hauts officiers de la Couronne : Jean, bouteiller de Philippe Le Bel ou plus tard Gautier, connétable de Jean Le Bon, sans oublier les titres déjà lointains mais encore éblouissants de roi de Jérusalem et d’empereur latin d’Orient… Cette nomination d’un Avaugour devait être agréable au roi.
128 Ruffelet reprend ici les affirmations du père Augustin du Paz (du Paz A., Histoire généalogique …, op. cit., p. 150). En fait, Olivier de Tournemine, seigneur de La Hunaudaye (mort en 1344) et Isabelle de Machecoul ne sont que des bienfaiteurs du couvent dont la fondation se situe entre 1302 et 1317 (Martin H., Les ordres mendiants en Bretagne [vers 1230-vers 1530], Paris, Klincksieck, 1975, p. 34). C’est en effet en 1317 que l’initiative du duc de Bretagne Jean III est confirmée par une bulle du pape Jean XXII (Dutemple C., Histoire de Lamballe, vol. 1 : La vie féodale et la vie religieuse, 1918, réédition, Amiens, Res Universis, 1990, p. 199-200). La date de 1337 correspond en réalité au don d’une somme de 50 livres, d’un tonneau de froment et d’une rente annuelle de 120 livres que fait au couvent le seigneur de La Hunaudaye (Leguay J.-P., « Une ville dynamique au Moyen Âge : l’histoire de Lamballe des origines au XVIe siècle », MSHAB, t. LXXXI, 2003, p. 98 ; Pimor J.-P., « L’origine des Tournemine et leur implantation à la Hunaudaye », Les Amis de Lamballe et du Penthièvre. La Hunaudaye, n° 34, 2007, p. 139). D’où provient l’erreur du père du Paz ? Il semble qu’il soit victime, comme beaucoup d’autres, des efforts précoces des Tournemine pour se faire passer pour les fondateurs du couvent où furent d’ailleurs inhumés Olivier et son épouse (Dutemple C., Histoire de Lamballe…, op. cit., p. 199). Cela dit, rapidement, la noblesse locale prend l’habitude de doter le monastère et de s’y faire inhumer (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. V, 1879, p. 272). Pour une histoire du couvent des origines à sa disparition en 1790 et le devenir de ses bâtiments, voir Sallier Dupin G. de, « Le couvent des Augustins de Lamballe », Les Amis de Lamballe et du Penthièvre, n° 37, 2010, p. 175-209.
129 La guerre de Succession sévit effectivement plusieurs fois à Jugon : le château est (peutêtre) assiégé et pris par le comte de Montfort en juillet 1341, repris par Charles de Blois en 1342 comme l’indique Ruffelet qui cite Dom Lobineau (Lobineau G.-A., Histoire de Bretagne …, op. cit., p. 328), lequel s’appuie à son tour sur le long récit circonstancié qu’en donne Jean Froissart (Froissart J., Chroniques, éd. de P. F. Ainsworth et G. T. Diller, Paris, Le Livre de Poche, 2001, p. 420-422). Le plus célèbre des chroniqueurs du XIVe siècle confirme la puissance de la place : « en le ville de Jugon qui est moult fortement fremée (fermée, fortifiée) et sciet (située) très noblement. Ossi fait li chastiaus qui est biau et fors… » (Froissart J., Chroniques …, op. cit., p. 420). Le récit de Froissart et de ses suiveurs montre que les hommes de Charles de Blois ne parviennent à s’emparer de l’enceinte que grâce à la trahison d’un bourgeois du bourg, qui finit d’ailleurs pendu comme il se doit. La reddition du château proprement dit s’effectue par composition, la garnison se sachant menacée par le manque de vivres, manque aggravé par le grand nombre de réfugiés qui s’y étaient abrités suite à la prise de la petite ville. Charles de Blois séjourne à nouveau à Jugon en 1350, puis, après la mort du duc à la bataille d’Auray en 1364, ses partisans y soutiennent un siège de trois jours avant de rendre le château au parti vainqueur. Ruffelet fait allusion à ce siège, ainsi qu’au suivant, celui mené par Du Guesclin qui s’en saisit pour le compte de Charles V en 1373, lors de la confiscation du duché et de l’exil anglais de Jean IV.
130 Le connétable Du Guesclin serait l’auteur du proverbe cité ci-dessus, qu’il aurait prononcé pour valoriser la prise aux yeux du roi. Plus tard, pendant le conflit entre Olivier de Clisson et Jean IV, Jugon fut pris et repris par les deux partis, en 1387 et 1388 avant de retourner dans le domaine ducal. Moins souvent assailli au XVe siècle (repris aux Penthièvre par l’armée ducale de Jean V en 1420), le château disparaît suite à l’ordre de destruction pris par le parlement en 1616 (Saint-jouan R. de, Dictionnaire des communes du département des Côtes-d’Armor. Éléments d’histoire et d’archéologie, Saint-Brieuc, Conseil général des Côtes-d’Armor, 1990, p. 250-251). Jugon n’était donc certes pas la clé de la Bretagne, mais appartenait au réseau de forteresses qu’il fallait tenir pour bien contrôler le duché. Ruffelet souligne l’intérêt militaire de cette petite ville de l’intérieur du diocèse de Saint-Brieuc en évoquant trois des sièges et prises subies par cette place durant la guerre de Succession et ses soubresauts tardifs dans les années 1370, et en citant un proverbe ancien : « qui a Bretagne sans Jugon, a chape sans chaperon », propos flatteur pour cette forteresse dont aujourd’hui il ne reste rien. Ogée évoque la forte position dominante du château disparu, situation renforcée encore par l’étang seigneurial qui en défendait les approches (Ogée J.-B., Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, nouv. éd. revue et augmentée par MM. A. Marteville et P. Varin, Rennes, Molliex, 2 t., rééd. Mayenne, Floch, 1979, t. 1, p. 392-393). Si l’archéologie rend l’appréciation de cette importance stratégique difficile à imaginer, des indices historiques nombreux viennent cependant confirmer le proverbe et l’enthousiasme de Ruffelet. Lors de l’enquête effectuée par le vicomte d’Avranches, chargé par le roi Philippe Le Bel de mettre la Bretagne à l’abri des insultes anglaises en 1296, le parcours effectué le long du littoral nord et en retrait dans les terres par le vicomte passa par Jugon, ce qui montre que le représentant de la Couronne n’en ignorait pas l’importance, comme celle de Dinan, Lamballe ou Saint-Brieuc dans le même diocèse (Russon M., Les côtes guerrière. Mer, guerre et pouvoirs au Moyen Âge, Rennes, PUR, 2004, carte p. 45).
131 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 29. L’évêque Hugues, originaire de la paroisse homonyme dans le pays nantais et sur les marches angevines du duché, appartient à une famille seigneuriale favorable au parti de Blois et du roi de France. C’est à cet engagement qu’il doit son élévation à l’épiscopat à Nantes en 1352. Le pape français Innocent VI le transfère ensuite à Tréguier puis enfin à Saint-Brieuc en 1358 (Ogée J.-B., Dictionnaire historique et géographique …, op. cit., t. 2, p. 55).
132 La guerre de Succession a encore accru la tendance à l’ingérence des rois de France, même au-delà de la victoire du parti de Montfort. Ainsi Geoffroy Le Marhec, partisan et conseiller de Charles de Blois, est nommé évêque de Quimper en 1357 et s’oppose encore à l’entrée du duc Jean IV dans la cité après la victoire de ce dernier à Auray et la mort de son compétiteur en 1364 (Leguay J.-P., Martin H., Fastes et malheurs …, op. cit., p. 145). Les choses ne changent que partiellement et momentanément sous Jean IV, avec des retours en arrière, au gré des relations de ce dernier avec la Couronne. Ruffelet aborde cette ambigüité politique avec précaution. L’action d’Hugues de Montrelais en témoigne.
133 Jean de Montfort, récent vainqueur de son rival Charles de Blois (voir infra, Annales 1696 Notice abrégée de l’histoire de Penthièvre, IIIe époque), n’a guère le choix parmi un épiscopat breton qui demeure sous l’influence étroite du camp adverse et du roi Charles V. Il s’appuie donc sur Hugues de Montrelais, qu’il nomme son chancelier. Le prélat s’impose par ses qualités de juriste et d’orateur, pour mener les négociations et préserver les intérêts bretons dans la cérémonie de l’hommage qu’il doit encore rendre au Valois pour valider son accession à la dignité ducale. Charles V s’est en effet résolu à entériner la victoire montfortiste : le traité de Guérande en 1365 sanctionne cette réalité nouvelle. L’année suivante, après un délai de quelques mois obtenu auprès de la Couronne, Jean IV vient prêter l’hommage à Paris. À l’occasion de la cérémonie se déroule un rituel habituel sur la nature de l’hommage breton, simple ou lige, rituel qui permet de ne pas trancher clairement la question et de préserver par là les intérêts des deux contractants. Hugues de Montrelais sert bien le duc au cours de ce rituel dont Ruffelet témoigne, résumant comme souvent le texte de Dom Lobineau. L’évêque se montre bon patriote breton et défenseur pointilleux des droits de son nouveau maître. Convaincant, non suspect aux yeux du roi au vu de ses antécédents blésistes, il permet à chacun de garder la face lorsque Charles V consent « à recevoir l’hommage tel qu’on le vouloit rendre », c’est-àdire en laissant un certain flou brouiller cette épineuse question ; le roi a ce qu’il veut comme le dit le chancelier de Bretagne à son homologue de France Jean de Dormans, à savoir le rappel du principe de souveraineté dans un contexte très difficile, même si Jean IV n’a rendu cet hommage que du bout des lèvres (Autrand F., Charles V, Paris, Fayard, 1994, p. 529).
134 Hugues de Montrelais, lassé des contorsions qu’imposent les fonctions politiques, finit par quitter la chancellerie et même la Bretagne et rejoint Rome où il obtient du pape la pourpre cardinalice avant de décéder en 1390. La famille de Montrelais donna d’ailleurs un autre prélat à la Bretagne du XIVe siècle : Jean, évêque de Vannes puis de Nantes, mort en 1391 (Potier de Courcy P., Armorial de Bretagne …, op. cit., t. 2, p. 298).
135 Sylvestre Budes est un éminent représentant de la catégorie des « routiers » du XIVe siècle. Issu d’une famille de moyenne noblesse du Penthièvre, il était cousin du connétable Bertrand Du Guesclin et se trouva lui aussi pris dans le réseau de fidélité féodale, familiale et géographique qui devait l’amener à s’engager dans le parti de Charles de Blois pendant la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364). Sa rudesse et son charisme au combat l’amenèrent à monter en grade et devenir un chef de guerre important, à la tête d’une « route », c’est-à-dire d’une compagnie de soudards essentiellement bretons, soldats endurcis par ce conflit sans fin, devenus par la suite mercenaires dans toutes les guerres du temps, réputés pour leur efficacité militaire et surtout craints pour leur sauvagerie, à tel point que le terme « breton » désignait parfois de manière générique le pillard le plus violent, quelle que fut son origine, notamment pendant les guerres de Flandre, au début du règne de Charles VI, suite à la violence et à la rapacité du connétable Olivier de Clisson (voir en particulier Henneman J.-B., Olivier de Clisson and political society in France under Charles V and Charles VI, Philadelphia, University of Pensylvania Press, 1996, 341 p.). Sylvestre Budes fut présent pour le meilleur et pour le pire dans la plupart des campagnes et des combats livrés aux côtés de Du Guesclin dont il partage les engagements, les maîtres et les ennemis : il est à Cocherel pour Charles V et à Auray pour Charles de Blois en 1364, en Espagne pour Henri de Trastamarre et en Languedoc pour Louis D’Anjou ou Jacques Majorque de 1365 à 1369, à la reconquête du Poitou et de l’Aunis en 1371-1372 pour Charles V encore, au siège de Bécherel en 1372 (Minois G., Du Guesclin, Paris, Fayard, 1993, p. 92, 159, 205, 268). Sylvestre n’est pas le seul membre de son clan dans cette rude vie de routier. Lors de la campagne en Poitou et en Aunis par exemple, Geoffroy et Bertrand Budes sont aussi présents ; cela souligne les puissantes solidarités familiales qui donnent leur particulière cohésion au combat à ces compagnies d’aventures (Minois G., Du Guesclin …, op. cit., p. 268, 383, 386).
136 Il mène ensuite une carrière plus personnelle en Italie, au service du pape Grégoire XI, qui a décidé le retour de l’institution pontificale à Rome, après un demi-siècle de présence à Avignon et qui a fort à faire pour rétablir son autorité sur le patrimoine de saint Pierre. La célébrité de Sylvestre Budes s’accroît alors, comme en atteste Jean Froissart, principal chroniqueur et véritable « reporter » du temps, spécialiste en relations internationales, guerres et exploits chevaleresques, dans ses fameuses Chroniques, en le qualifiant effectivement de moult vaillant chevalier de Bretagne (Froissart J., Chroniques …, op. cit., t. 1, p. 739, 743, 748-749 ; Mirot L., « Sylvestre Budes [13??-1380] et les Bretons en Italie », Bibliothèque de l’École des Chartes, vol. 58, 1897, p. 579-614 et vol. 59, 1899, p. 262-303).
137 Ruffelet en rajoute en gratifiant du coup Sylvestre de défenseur de l’Église sans autre commentaire, dressant un portrait court mais glorieux et positif du chevalier breton. Il passe ainsi sous silence une fin de carrière pour le moins contestable, de 1376 à 1380. Pendant ces années italiennes, les troupes de Budes et de ses confrères font à la ligue menée par Florence contre le pape la guerre telle qu’ils savent la faire, avec coups de main et harcèlement incessant, en se déchaînant contre la population des territoires ennemis ou rebelles au pape, particulièrement dans les campagnes sans défense de l’Emilie, de la Romagne, de l’Ombrie et du nord du Latium. Massacres, pillages et rançons se succèdent dans une longue et sinistre litanie. Les combats réels ne tournent d’ailleurs pas si souvent à l’avantage des routiers bretons, souvent battus, parfois sauvés par un fameux mercenaire/condotierre anglais : John Hawkwood, un temps lui aussi au service de Grégoire XI en Italie. Parmi les exploits à mettre au compte de Sylvestre et de ses féroces guerriers, on peut évoquer le blocus de Bologne et les ravages consécutifs de son contado, poussant la ville à se soumettre en 1376. Il faut signaler aussi la prise et le sac de la ville de Cesena en Romagne la même année, où périrent dit-on 4 000 personnes et dont l’évocation suffisait à inspirer la terreur en Italie comme à cristalliser la détestation encourue par les Bretons. D’ailleurs, quand ceux-ci tombaient entre les mains de leurs adversaires, ils n’avaient aucun quartier à espérer. Une attaque surprise leur permit aussi d’entrer dans le Château Saint-Ange et de faire grand carnage dans le quartier Saint-Pierre. Finalement battus et décimés par John Hawkwood qui a changé de camp entre-temps, Sylvestre Budes et les survivants repassent les Alpes où, suite à une sombre histoire de butin, ils furent réputés traîtres au pape Grégoire. Lâché par ce dernier ainsi que par le roi de France Charles V qui n’était peut-être pas fâché d’être débarrassé d’un tel sujet, Sylvestre Budes fut finalement arrêté à Macon et décapité comme criminel noble (les manants étaient pendus), connaissant ainsi une fin ignominieuse qui ternit fortement le portrait flatteur dressé par Ruffelet.
138 En réalité, la pointe de complaisance de l’auteur vis-à-vis du chef routier, comme le paragraphe assez long qu’il consacre curieusement à ce qui advint de la seigneurie du Plessis-Budes en Plédran (ou plus exactement à Saint-Carreuc, trève de Plédran, qui n’avait pas encore été démembrée au XIVe siècle pour donner naissance à une nouvelle paroisse ; c’était par contre chose faite au XVIIIe siècle lorsqu’écrivait Ruffelet. Voir Ogée J.-B., Dictionnaire historique et géographique …, op. cit., t. 2, p. 279, Plédran, p. 325, Ploufragan, p. 732, Saint-Carreuc) dans une chronique souvent lapidaire, tient peut-être à des raisons personnelles et plus ou moins lignagères. À quelques kilomètres de Plédran, existait sur le territoire de la paroisse de Ploufragan un château du Tertre-Jouan qui a longtemps appartenu aussi à une branche de la famille de Budes. Or, ce château avait été fondé vers 1200 par une famille Rufflay, Rufflet ou encore Ruffelet, qui en fut maîtresse par intermittence avec les Budes aux XIVe et XVe siècles. Notre chroniqueur se sentait probablement proche des Budes, géographiquement, historiquement et familialement parlant. Aussi la gloire du plus fameux membre de ce clan, Sylvestre, lui importait d’autant plus qu’elle rejaillissait sur lui. C’est pourquoi la mort de ce dernier est l’occasion de souligner les aspects glorieux de sa carrière en taisant soigneusement le reste, en insérant l’événement dans sa chronique, mis sur le même plan que le traité de Guérande ou le siège de Saint-Brieuc en 1394.
139 Le contrôle royal sur les nominations d’évêques bretons se poursuit selon le contexte diplomatique franco-breton. Les évêques bretons ont d’ailleurs dans un premier temps refusé le serment de fidélité à Jean IV (Pocquet du Haut-jussé B., « Les ducs de Bretagne et le Saint-Siège »…, art. cité, p. 675-741, p. 706). L’avenir de la dynastie semble encore bien incertain au milieu des années 1370. Le duc est en exil auprès d’Édouard III en Angleterre depuis 1373 ; il ne rentre en Bretagne qu’en 1379. Pendant cette nouvelle éclipse, l’influence royale et française redevient prépondérante ; c’est la raison pour laquelle le pape nomme en 1375 Laurent de La Faye évêque de Saint-Brieuc (dont il est réellement évêque seulement de 1376 à 1379). Noble breton, le prélat est un juriste : il est maître des requêtes de l’hôtel de Charles V (Leguay J.-P., Martin H., Fastes et malheurs …, op. cit., p. 145). Il s’agit donc d’un agent du roi qui envisage désormais un rattachement pur et simple de la Bretagne à la Couronne, suite à la trahison avérée de Jean IV, trahison dont il surévalue l’impact sur les Bretons. Les évêques doivent aux yeux du roi jouer un rôle de premier ordre dans le contrôle du pays et son adhésion au projet royal. C’est donc la mission difficile de Laurent de La Faye. S’agissant de cet évêque, voir infra, Catalogue des évêques, notice 31.
140 Ruffelet souligne la faveur du nouveau titulaire comme le pouvoir de Charles V dans le duché en évoquant la cession en sa faveur de la régale, c’est-à-dire les revenus de l’évêché durant sa vacance précédente. Ce droit était perçu par le duc en « temps normal » ; il est alors et pour quelques années entre les mains du roi.
141 Cette phrase semble indiquer une volonté de l’auteur de réduire à peu de choses – une simple « Brouillerie » – le grave conflit qui replongea la Bretagne dans la guerre pendant plusieurs années. Sans doute manie-t-il l’euphémisme afin de ménager la chèvre et le chou en raison de sa double obédience au passé ducal et au présent royal. Pour ce faire, il importe de ne pas discréditer le duc en n’insistant pas sur sa trahison et de ne pas discréditer le roi en n’insistant pas sur sa tentative finalement avortée d’annexer le duché. En tout cas, après le retour définitif de Jean IV, le pape Clément VII laisse encore passer un délai d’observation, continuant de nommer des évêques favorables au roi, jusqu’à la mission d’observation confiée à Thomas d’Amanati en 1383. Ce dernier, à son retour à Rome, informe le pape sur la solidité de la restauration du duc. Clément VII invite alors les évêques bretons à se soumettre à leur prince et prend désormais garde de nommer des évêques qui conviennent à ce dernier (Pocquet du Haut-Jussé B.-A., « Les ducs de Bretagne et le Saint-Siège »…, art. cité, p. 710).
142 L’événement cité laconiquement par Ruffelet se rattache à la longue notice consacrée au siège de Saint-Brieuc en 1394 (voir infra, Annales 1394). Il s’agit d’un autre épisode du long conflit seigneurial et personnel qu’entretinrent le duc Jean IV et son vassal Olivier de Clisson, par ailleurs connétable de France, dans sa période de paroxysme, entre 1387 et 1395. Forteresse jusque-là aux mains de Clisson, le château est pris par Jean IV, qui cherche à affaiblir son adversaire en le privant d’un solide point d’appui. Raser le château, c’est aussi exécuter une sanction féodale contre un vassal considéré comme félon, Clisson, en tant que connétable de France, étant incontestablement l’homme du roi contre le duc. Si les observations et les recherches peinent encore à déterminer l’emplacement exact et l’importance du château de Plancoët, son existence ancienne a été attestée par la découverte de moellons de remblai et d’ardoises provenant de l’édifice lors de travaux d’assainissement effectués en 1955 dans la commune (Saint-Jouan R. de, Dictionnaire des communes …, op. cit., p. 420). De son côté, Ogée affirme que les vestiges d’une tour carrée existaient encore, trente-six ans avant la rédaction de son Dictionnaire en précisant qu’il n’en reste alors plus rien de visible (Ogée J.-B., Dictionnaire historique et géographique …, op. cit., t. 2, p. 274-275).
143 Saint-Brieuc s’est trouvée au cœur des rudes affrontements du XIVe siècle, consécutifs à la guerre de Succession de Bretagne. Tout autour de la petite ville épiscopale (qui compte peut-être 3 000 habitants en ces temps troublés) s’étendaient les terres du lignage des Penthièvre, parents et descendants de la comtesse Jeanne, veuve de Charles de Blois, le duc vaincu et tué à la décisive bataille d’Auray en 1364. Le vainqueur, Jean IV de Montfort, eut une trajectoire mouvementée entre Angleterre et Bretagne. Les retournements de fortune lui furent nombreux et finalement favorables, régnant avec maints soubresauts jusqu’en 1399. Ruffelet en fait état dans cette notice où il résume les faits, plus longuement relatés par Dom Lobineau, sa source de prédilection, relatifs au siège de la cathédrale (Lobineau G.-A., Histoire de Bretagne …, op. cit., t. 1, p. 488-489).
144 Le connétable Olivier de Clisson présente lui aussi un profil et un parcours peu banal. Héritier d’un ensemble considérable de seigneuries bretonnes qui le font maître de châteaux imposants, d’ailleurs bâtis ou rebâtis par ses soins, tels Clisson, Blain ou l’énorme Josselin, Olivier mena une carrière en deux temps : d’abord attaché au clan des Montfort, son père ayant été injustement exécuté sur la volonté du roi Philippe VI de Valois, il aurait d’abord combattu aux côtés de sa mère, la veuve Jeanne de Belleville (Cependant l’épisode n’est pas fondé sur des sources précises et relève peut-être de la légende), avant, une fois devenu adulte, d’avoir été de tous les combats, y compris celui d’Auray dont il sortit du côté du vainqueur, vivant, mais éborgné. Par la suite, Clisson, déçu par le nouveau duc Jean IV, change progressivement de camp, ralliant celui des Penthièvre et du roi de France Charles V par l’entremise de Bertrand Du Guesclin. Il s’est lié à ce dernier par une alliance personnelle, consécutive à l’amitié née entre les deux hommes malgré leur appartenance initiale à des camps adverses. Âpre au gain, Olivier gagne alors, avec les soudoyers bretons et français qui ne le quittent jamais, une solide réputation de pillard et de féroce tueur d’Anglais, à tel point qu’il fut parfois surnommé Le Boucher (un ouvrage essentiel analyse le personnage et le monde politique, militaire et aristocratique du temps : Henneman J. B., Olivier de Clisson and political society …, op. cit.). Le différend personnel qu’entretient Clisson avec le duc Jean IV est accru par son hostilité croissante aux Anglais et par sa nomination à la connétablie de France après la mort de Du Guesclin en 1380. La querelle se dégrade continuellement jusqu’à tourner en guerre ouverte entre le duc et son turbulent vassal, enhardi par ses fonctions officielles auprès du roi Charles VI. Clisson fut d’ailleurs pris assez traîtreusement par Jean IV à l’issue d’un banquet « de réconciliation » au château de Vannes le 26 juin 1387, et soumis à une lourde rançon (100 000 francs) assortie de la cession forcée de ses places fortes. Après sa libération, Clisson obtint l’intervention royale qui contraignit le duc à rendre les sommes extorquées. Le conflit rebondit en 1392 avec la tentative (manquée) d’assassinat sur Clisson, perpétrée par Pierre de Craon « qu’il avoit voulu occir et murdrir de nuit en rallant de Saint Pol à son hostel », à l’instigation plus que probable de Jean IV (Froissart J., Chroniques …, op. cit., p. 523). Il s’ensuivit une nouvelle guerre. L’intervention de Charles VI tournant court après la fameuse crise de folie dans la forêt de Mans, première d’une longue série, c’est une suite d’opérations confuses qui a lieu dans les zones de conflit, aux confins du Penthièvre notamment.
145 En 1394, le connétable, quoique l’homme de guerre le plus expérimenté de son temps, suivi d’une troupe équipée de machines de siège, rencontre lui aussi des difficultés à s’emparer de la cathédrale où se sont retranchés les partisans de Jean IV : il n’a pas besoin de moins de quinze jours pour s’en emparer grâce aux dégâts réalisés par son artillerie. Depuis l’attentat de 1392, la guerre a en effet repris en Bretagne : Pierre de Craon, l’auteur de l’attentat contre Clisson, après quelques tribulations en Aragon, est revenu en Bretagne où Jean IV l’a chargé d’assiéger Josselin, la principale forteresse du connétable. La prise de Saint-Brieuc conduit le duc à réagir vigoureusement, mais sans succès à nouveau, la cathédrale trop bien défendue par Clisson et ses partisans s’avérant inexpugnable. Jean IV dispose d’une confortable supériorité numérique : 2 500 hommes d’armes, 3 500 arbalétriers, archers et valets, contre environ 2 000 hommes pour le connétable, à en croire Dom Lobineau qui gonfle sans doute les effectifs réels (Lobineau G.-A., Histoire de Bretagne …, op. cit., t. 1, p. 488-489). Il a bien tenté de déloger Clisson en lui proposant la bataille sur les grèves d’Hillion (à quelques kilomètres à l’est de Saint-Brieuc) où il va l’attendre plusieurs jours durant. Clisson, en vieux briscard à qui on ne la fait pas, se garde bien de tomber dans le piège grossier qui lui est tendu et demeure avec sa troupe retranché dans la cathédrale-forteresse, bien à l’abri. Clisson avait été converti longtemps auparavant par la stratégie de Du Guesclin, qui consistait entre autres, à refuser systématiquement la bataille rangée dans les situations incertaines ou défavorables et à préférer la prise et la conservation systématique des forteresses. Cette stratégie avait permis de faire échec aux Anglais. La cour de France, sous le contrôle des princes de sang lorsque Charles VI subit ses longues crises de démence, se propose pour négocier une médiation entre les deux belligérants embarrassés dans une confrontation sans issue. Ladite médiation est acceptée par Jean IV, le gouvernement des princes, et notamment le duc de Bourgogne Jean sans Peur, lui étant beaucoup plus favorable que ne l’était Charles VI, déterminé lui à venger Clisson et à faire payer au duc son implication dans le guet-apens de 1392. Chacun s’en retourne donc : Clisson évacuant la cathédrale dévastée et Montfort levant ce siège sans gloire, prélude à la fin du conflit.
146 Finalement, la querelle prend fin en 1395. Jean IV veut se réconcilier avec Clisson, sans doute parce que, sentant l’approche de la mort, il sait que la puissance de son vassal et sa proximité avec les Penthièvre pourrait menacer la succession ducale. D’ailleurs, il lui envoie son fils, le futur Jean V alors âgé d’environ 7 ans en otage, comme garant de sa sûreté, afin de faire oublier le guet-apens de 1387 et de convaincre Olivier de se rendre auprès de lui, à Vannes. L’accord se fait entre les deux vieux lutteurs qui en respectent les termes jusqu’à leur mort (Froissart J., Chroniques …, op. cit., p. 514-523. Le récit de Froissart est exceptionnellement détaillé à cet égard, et mérite une lecture intégrale).
147 C’est dans ce cadre que s’inscrivent les deux sièges de Saint-Brieuc que relate Ruffelet pour l’année 1394. Ils illustrent bien la grande faiblesse de cette petite cité épiscopale face aux périls que font courir les gens de guerre : elle n’était pas fortifiée de manière satisfaisante, tout au plus munie d’ouvrages légers à ses accès mais privée d’une bonne enceinte, à l’instar d’ailleurs de Saint-Pol-de-Léon et Tréguier, fort mal défendues elles aussi, leurs évêques n’y ayant guère pourvu non plus. Saint-Brieuc ne dispose que de sa robuste cathédrale, fortifiée comme certains éléments l’attestent encore aujourd’hui : murs épais et percés de rares fenêtres, contreforts massifs. La façade est encadrée de deux tours fortement épaulées et munies d’archères ; celle de droite, présente encore les caractéristiques d’une tour maîtresse : elle commande tout l’édifice par son environnement et sa hauteur ; elle a conservé une galerie de défense sur mâchicoulis. La plupart des dispositifs défensifs, devenus à la longue inutiles, ont dû disparaître ensuite dans les remaniements successifs. On pourrait en déduire qu’un tel édifice ne pouvait constituer un obstacle sérieux face à une troupe sérieuse. Mais comme le rappelle Ruffelet dans sa notice, les assaillants qui s’y frottèrent, et déjà Jean IV en 1375 dans sa tentative échouée de reconquête du duché, avaient pu éprouver la robustesse de la cathédrale. Le duc avait qualifié la cathédrale de « mâlement forte » et avait dû lever le siège. Au vrai, il n’y a rien de surprenant : les cas de longue résistance de simples tours ou monastères équipés de retranchements provisoires et défendus par une poignée d’hommes déterminés face à de véritables armées abondent tout au long du XIVe siècle. L’artillerie à poudre, quoique largement utilisée déjà, n’avait pas encore révolutionné l’art de la guerre de siège. Dévastée par les malheurs de la guerre à plusieurs reprises : en 1346 et 1356 par des routiers anglais, et plusieurs fois à la fin du siècle au gré des guerres civiles bretonnes…, elle est à chaque fois réparée, voire reconstruite, afin que de forteresse elle redevienne église. La plus importante et longue de ces réfections dura jusqu’en 1460 ; elle fut consécutive aux deux sièges de 1394 (Leguay J.-P., Martin H., Fastes et malheurs …, op. cit., p. 156-157).
148 Ruffelet évoque ici la construction de la tour de Cesson, remarquant fort justement que la Chronique de Saint-Brieuc n’en fait nulle part état au sujet des événements guerriers relatés ci-dessus. La tour fut justement bâtie vers 1395 à l’initiative de Jean IV (Cesson est une ancienne commune indépendante rattachée à Saint-Brieuc). C’est donc à la suite des sièges de 1375 et 1394 que le duc se préoccupa de dominer et contrôler Saint-Brieuc pour que ces revers ne se renouvellent point. Son fils Jean V en ordonna l’achèvement en 1407 (Russon M., Les côtes guerrières …, op. cit., p. 172). Les termes du passage concernant les événements de 1375 à 1394 sont d’ailleurs rigoureusement les mêmes dans le dictionnaire de Bretagne d’Ogée que dans la notice de Ruffelet, reprise à peu près intégralement (Ogée J.-B., Dictionnaire historique et géographique …, op. cit., t. 2, p. 713-714. 400 coups de canon auraient été tirés contre la tour. Les ligueurs devaient en rester maîtres jusqu’en 1598). La tour a été bâtie sur un escarpement rocheux dominant le petit estuaire et le port du Légué, débouché de Saint-Brieuc sur la Manche. Il s’agit d’un solide édifice cylindrique à l’extérieur, hexagonal à l’intérieur, muni d’un pont-levis surélevé et dont les approches, rendues naturellement difficiles par les fortes pentes qui l’entourent, devaient être défendues par des ouvrages extérieurs aujourd’hui disparus. Sa toiture était renforcée avec du plomb. Elle permettait d’assurer un guet efficace à l’égard des dangers venus de la mer et de surveiller une cité dont la fidélité à la dynastie de Montfort était douteuse (nouvelle révolte en 1406 contre Jean V). Symboliquement et politiquement, sa visibilité et sa position élevée étaient de nature à rappeler aux Briochins turbulents le pouvoir ducal. Militairement parlant, elle commandait parfaitement l’accès du port par ses tirs plongeants. Il convenait en effet de mettre aussi Saint-Brieuc et les littoraux à l’abri des insultes des pirates et des descentes navales anglaises. Pas très loin, Bréhat était régulièrement razziée. Les parages d’Erquy et du Val-André le furent aussi. On peut risquer un parallèle entre la tour Solidor en Saint-Servan et celle de Cesson. Les deux présentent à la fois une affirmation de pouvoir et d’autorité s’adressant aux Bretons et un avertissement destiné aussi aux agresseurs venus par mer (Russon M., Les côtes guerrières …, op. cit., p. 89-94 et 170-173). Son efficacité est attestée par le siège qu’elle a soutenu en 1591 face aux ligueurs. Il a fallu l’intervention personnelle du duc de Mercœur et un bombardement intense pour faire céder la tour et capituler la petite garnison royaliste. Henri IV en a ordonné le démantèlement en 1598, lequel fut notamment mené à bien par un parent de notre auteur, un Ruffelet qui fut sénéchal royal de Saint-Brieuc (voir infra, Annales 1591). On peut enfin s’émouvoir de l’état actuel pitoyable des ruines de la tour. Le site, privé, est inaccessible et son entretien inexistant. Les tours de guet et de défense côtières sont pourtant rarissimes sur la façade océanique de la France et il s’agit donc d’un témoin historique et archéologique du plus haut intérêt. Il est grand temps de le comprendre et son sauvetage s’impose.
149 Ruffelet fait ailleurs état d’une scène similaire survenue lors de la prestation d’hommage de Jean IV au roi Charles V (voir supra, Annales 1365). La dynastie de Montfort est désormais bien implantée et l’évêque de Saint-Brieuc, Guillaume Anger, issu d’une noble et ancienne famille possessionnée autour de Lieuron et de Guipry, est un fidèle serviteur de la famille ducale. Sa présence à cette cérémonie atteste de sa forte position à la cour de Bretagne, même s’il est semble-t-il décédé la même année (à propos d’Anger, voir infra, Catalogue des évêques, notice 33). Dom Lobineau, source souvent exclusive de Ruffelet, donne dans ses « Preuves » le texte de la formule d’hommage ambiguë finalement retenue, comme de coutume : « Monseigneur de Bretagne vous faites homage au roy vostre souverain seigneur et le nostre ; qui y est, de toute la duché de Bretagne et de la pairie de France tel et en la forme et manière que vos prédécesseurs ducs de Bretagne le ont fait à ses prédécesseurs roys de France. » (Lobineau G.-A., Histoire de Bretagne …, op. cit., t. 2, col. 811.)
150 Une collégiale est une église desservie par des chanoines. La collégiale Notre-Dame est l’ancienne chapelle du château de Quintin. Il faut la distinguer de l’église paroissiale Saint-Thurian située en dehors des murs de la ville (Croix A. [coord.], La Bretagne d’après l’itinéraire …, op. cit., note 14 p. 264). Voir Arch. dép. des Côtes-d’Armor – G 139, fondation de la collégiale (1405).
151 La prébende est en réalité le revenu attaché au canonicat, le bénéfice ecclésiastique dont sont titulaires les chanoines. Les termes sont régulièrement employés l’un pour l’autre. À la fin de l’Ancien Régime, les prébendes de Quintin sont assez bien dotées par rapport à bien des collégiales bretonnes puisque les chanoines déclarent toucher « année commune » près de 610 livres (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 10 L 48, délibérations du Directoire et du Conseil général concernant le traitement des ecclésiastiques, 21 janvier 1991-1er frimaire an III).
152 Le doyen est le dignitaire du chapitre. Sa dignité lui confère prééminence au chœur et en chapitre sur ses confrères.
153 Erreur non corrigée par l’auteur.
154 S’agissant de la seigneurie et des seigneurs de Quintin, voir infra, Annales 1691 et 1745 ainsi que Note IV.
155 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 35.
156 Le concile œcuménique de Pise a pour but de mettre un terme au schisme qui règne dans l’Église depuis 1378. Les deux papes – Grégoire XII à Rome et Benoît XIII à Avignon – sont sommés de s’y présenter pour faire l’objet d’un procès. Condamnés, les deux pontifes sont privés de leur dignité et un conclave élit un nouveau pape en la personne d’Alexandre V le 26 juin 1409. À sa mort en mai 1410, un autre conclave désigne Jean XXIII. Mais comme Grégoire XII et Benoît XIII rejettent la légitimité du concile et conservent des partisans, la chrétienté se retrouve avec trois papes à sa tête. Au lieu de mettre fin à la crise vécue par l’Église, le concile de Pise a davantage compliqué la situation. Voir Vauchez A. (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, t. VI : Un temps d’épreuves (1274-1449), Paris, Desclées, 1990, p. 105-108.
157 Morice P.-H., Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, t. I, Paris, Delaguette, 1750, p. 445.
158 Il est nommé évêque de Saint-Brieuc le 18 septembre 1419. Voir Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, Paris, E. de Boccard, 1928, p. 470-471 et infra, Catalogue des évêques, notice 36.
159 Le Grand schisme prend fin par le concile œcuménique de Constance qui se déroule entre 1414 et 1418. Les trois papes existant depuis le concile de Pise (1409) sont déposés et l’on procède à l’élection d’un nouveau souverain pontife, accepté et reconnu de tous : Martin V. Voir Vauchez A. (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, t. VI…, op. cit., p. 108-113.
160 Il s’agit d’une réplique de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364), d’une réminiscence de l’affrontement entre les Montfort et les descendants de Charles de Blois (sur cette guerre, voir supra, Annales 1342 et 1365, ainsi que infra, Annales 1696 Notice abrégée de l’histoire de Penthièvre, IIIe époque). L’événement est à replacer dans le cadre d’un renversement d’alliances. En 1419, le duc Jean V envisage de s’éloigner du dauphin Charles pour se rapprocher des Anglais victorieux. Marguerite de Clisson – belle-fille de Charles de Blois et fille du connétable Olivier de Clisson, à la tête du clan Penthièvre – évoque alors avec le futur Charles VII la possibilité d’un changement de dynastie en Bretagne au profit de son fils Olivier. Le 13 février 1420, sous prétexte de se réconcilier avec lui, les Penthièvre attirent le duc sur leurs terres à Champtoceaux, l’emprisonnent et le somment d’abdiquer. La duchesse Jeanne de France mobilise ses fidèles et attaquent les bases du camp adverse le contraignant à libérer le prisonnier. Sa réaction est terrible : peines de mort et confiscations de biens s’enchaînent. Plusieurs châteaux et enceintes urbaines sont par la même occasion détruits. Champtoceaux, Guingamp, Lamballe (dont les murs et le château seront à nouveau détruits au XVIIe siècle, voir infra, Note V) sont du nombre. Le pouvoir ducal sort renforcé de cette épreuve. Pour replacer ces faits dans le contexte politique du temps et envisager leurs conséquences, se reporter à Leguay J.-P., Martin H., Fastes et malheurs …, op. cit., p. 173-174.
161 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 38.
162 Le concile se tient entre le 23 avril et le 3 mai 1431. Voir AVRIL J., Les conciles de la province de Tours (XIIIe-XVe siècles), Paris, CNRS, 1987, p. 420-436.
163 Sur ce sujet, voir infra, Catalogue des évêques, notice 38.
164 Erreur non corrigée par l’auteur.
165 Ruffelet simplifie ou prend parti dans un débat épineux. En fait, il semble bien que la naissance de la collégiale soit à replacer dans un affrontement qui avait débuté avec la guerre de succession de Bretagne. Quelques années avant son décès, le comte de Penthièvre Jean de Blois, fils de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre, dote Notre-Dame de quatre chapelains chargés d’honorer ses parents défunts. En 1435, quinze ans après l’attentat de Champtoceaux qui provoque la confiscation des biens de Penthièvre et la ruine de Lamballe (voir supra, Annales 1420 et infra, Annales 1696 Notice abrégée de l’histoire de Penthièvre, IIIe époque), le duc Jean V fonde une collégiale de six chanoines (l’acte de fondation est produit dans Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. II, 1744, p. 1285 ; une copie en est conservée en Bibl. mun. de Lamballe – GG 40, fondation de la collégiale Notre-Dame ; l’acte est analysé dans Dutemple C., Histoire de Lamballe …, op. cit., p. 278-283). Dévotion à Notre-Dame, action de grâce pour la paix d’Arras, volonté d’imprimer sa marque sur les terres des Penthièvre : les raisons d’un tel acte ne manquent pas (Lobineau G.-A., Histoire de Bretagne …, op. cit., t. I, p. 604 ; Morice P.-H., Histoire ecclésiastique et civile …, op. cit., t. I, p. 523 ; Le Moyne de La Borderie A., Histoire de Bretagne, Rennes, Plihon et Hommay, 1906, t. IV, p. 227). La difficulté surgit au milieu du siècle. En effet, très vite, on s’interroge sur le geste des Penthièvre lorsqu’ils retrouvent leurs biens en 1450 : pour les uns, ils ont reconduit la fondation Penthièvre ; pour les autres, ils ont maintenu la collégiale ducale. Si bien qu’à la fin du XVIIIe siècle, le statut de Notre-Dame est tout sauf clair et les débats sont vifs. Un ancien confrère de Ruffelet à la collégiale de Saint-Brieuc, Pierre-François Millet, lui demande ainsi, alors qu’il est depuis peu recteur de la paroisse Notre-Dame et Saint-Jean, de l’éclairer de ses lumières et de l’aider à démontrer l’existence d’une collégiale de plein exercice et de chanoines. Face à lui, le sénéchal de Penthièvre Le Dissez de Pénanrun ne reconnaît que la fondation (Du Bois de La Villerabel A., « Le chroniqueur Ruffelet », MSACDN, t. II, 1866, p. 262-270). Quoi qu’il en soit, pour plusieurs raisons, il semble difficile de considérer Notre-Dame de Lamballe comme une véritable collégiale aux XVIIe et XVIIIe siècles, le terme ne devant être employé que par commodité. Quant à celui de chanoine, mieux vaudrait lui préférer celui de chanoine-chapelain (Sur ces questions, voir Charles O., « Les chanoines-chapelains d’une petite collégiale bretonne. Notre-Dame de Lamballe au XVIIIe siècle », Les Amis de Lamballe et du Penthièvre, n° 32, 2005, p. 82-84).
166 Le surplis est une courte tunique blanche descendant jusqu’aux genoux, plissée et à larges manches portée sur la soutane. Attribut des chanoines, l’aumusse est à l’origine un capuchon qui couvre la tête et les épaules. Avec le temps, elle se transforme en bonnet de fourrure. Au XVIIIe siècle, elle n’est plus qu’une simple pièce d’habit de cérémonie, une sorte de cape, portée sur le bras gauche.
167 En réalité, l’histoire de cette compagnie est assez complexe. En 1437, l’un des chanoines est fait doyen. L’année suivante un éphémère chantre, puis en 1454 un éphémère huitième chanoine rejoignent Notre-Dame. Rapidement entrée en décadence, la collégiale est relevée en 1583 par la duchesse douairière de Penthièvre Mme de Martigues (Dutemple C., Histoire de Lamballe…, op. cit., p. 283-299). Cependant, il arrive fréquemment que toutes les places, qui, il est vrai, ne rapportent guère – 50 livres à la veille de la Révolution – ne soient pas pourvues, ainsi en 1699 ou encore en 1733 (Charles O., « Les chanoines-chapelains d’une petite collégiale bretonne… », op. cit., p. 84). À la veille de la Révolution, les chanoineschapelains ne sont que cinq (La Motte-Rouge D. de, Châtellenie de Lamballe. Vieilles demeures et vieilles gens, Châtelaudren, 1977, p. 583-584).
168 Il s’agit en fait de Jean Prégent, Jean Lespervier n’ayant jamais été évêque de Saint-Brieuc. Voir infra, Catalogue des évêques, notices 41 et 42.
169 Taillandier C., Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, t. II, Paris, Delaguette, 1756, p. lxxi. Sur le projet d’érection de Redon en tant que dixième diocèse breton, voir Pocquet du Haut-jussé B.-A., Les papes et les ducs…, op. cit., p. 616-618.
170 Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. II, 1744, c. 1567. Ce différend entre Jean Prégent et Yves de Pontsal s’inscrit dans le cadre des difficultés auxquelles doit faire face l’évêque de Saint-Brieuc au début du règne du duc Pierre II (voir infra, Catalogue des évêques, notice 42).
171 Erreur non corrigée par l’auteur.
172 Aux parlements de 1451 et 1455, l’évêque de Dol précède effectivement ses pairs. Il faut voir dans cet ordre de préséance le prestige accordé au siège de Dol, ancien archevêché.
173 Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves…, op. cit., c. 1569.
174 Ibid., c. 1671.
175 S’agissant des origines et de l’histoire d’Avaugour, voir infra, Annales 1696 Notice abrégée de l’Histoire de Penthièvre, Ire, IIe et IVe époque.
176 Plésidy et Bourbriac dans l’évêché de Tréguier.
177 Le chancelier dirige l’administration ducale. François Chrétien de Tréveneuc occupe ce poste du 1er juin 1484 au 20 octobre 1485. C’est le trésorier général (véritable ministre des finances) Pierre Landais qui le fait nommer à la place du chancelier Guillaume Chauvin, destitué, alors qu’il est procureur d’Auray. Landais et Chauvin incarnaient deux visions inconciliables de l’avenir du duché : l’indépendance pour le premier ; le dialogue avec la France pour le second. Quand Landais est à son tour destitué en juin 1485 pour malversations, Chrétien prend partie contre lui. La Villéon le remplace du 20 octobre 1485 au 23 septembre 1487. Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. III, p. 464, 546, 547… fournit plusieurs actes concernant ces personnages. Ils apparaissent également dans la notice consacrée à Landais dans Levot P., Biographie bretonne. Recueil de tous les Bretons qui se sont fait un nom, Vannes, Cauderan, t. II, p. 136-142. Il semble clair que c’est moins l’histoire politique de la province que les origines de François Chrétien qui intéressent ici Ruffelet : Trévereuc se trouve dans le Goëlo, à proximité de Saint-Quay.
178 Il s’agit de Christophe de Penmarch, évêque de Saint-Brieuc de 1476 à 1506. Voir infra, Catalogue des évêques, notice 44
179 Ce document du 4 avril 1484 met un terme à un conflit vieux de deux siècles en établissant les droits respectifs de l’évêque et du chapitre. Ce dernier était accusé de vouloir se soustraire à la justice épiscopale. Les chanoines rétorquaient que, leur fief ne relevant que du roi, ils pouvaient revendiquer l’installation d’un procureur fiscal auprès des régaires de l’évêque pour défendre leurs droits. L’accord conclut à l’indépendance du fief capitulaire mais à la prééminence de la justice épiscopale. Cela étant, au cours des siècles qui suivent, d’autres procès éclatent et il faudra établir une nouvelle transaction « qui aura toujours force de loi devant les tribunaux » en 1622 (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. I, p. 154-156).
180 Initialement daté de 1484 par Ruffelet.
181 Ce château construit au XIIe siècle par Eudon II de Porhoët est passé par héritage dans la famille de Rohan. En cette fin du XVe siècle, il appartient à leur ligne de fortifications – Blain, Josselin, La Chèze, Pontivy, Rohan – qui coupe la Bretagne en deux. Or, les Rohan s’opposent à la politique anti-française du duc François II et sont au nombre des barons entrés en dissidence. En août 1487, le duc ordonne la saisie des biens des révoltés. Jean de Châlon, prince d’Orange, neveu du duc et commandant de son armée dirige ce premier siège infructueux. Un second a lieu en mars 1488, l’armée ducale étant placée sous le commandement du maréchal de Rieux, qui, conscient d’avoir été berné par les Français, avait abandonné le camp des révoltés pour se soumettre à François II. À l’issue de ce siège le vicomte de Rohan remet la place au duc.
182 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 53.
183 Voir infra, Note IV.
184 Ruffelet évoque ici le début de la première des trois guerres opposant la Bretagne à la France entre 1487 et 1491. Le contexte est alors très défavorable au duc François II (1458-1488) qui a fait atteindre à l’État ducal son plus haut degré de développement. Tout d’abord, la monarchie française, forte de son succès dans la guerre de Cent Ans, ne considère plus son voisin comme un vassal incommode mais comme un sujet qu’il faut soumettre. Par ailleurs, à l’intérieur, la mise en défense du duché s’accompagne d’un alourdissement très impopulaire des impôts. L’absence d’héritier mâle hypothèque de surcroît la survie du duché, le plaçant en situation de faiblesse. Enfin, sa politique d’indépendance qui le conduit à accueillir des princes révoltés contre Charles VIII mécontente une partie de la noblesse bretonne possessionnée en France. Une soixantaine de barons organisent donc un soulèvement avec l’appui des troupes françaises. Les Français attaquent en mai 1487. C’est au cours de cette première guerre que Pierre de Rohan s’empare de Moncontour pour le compte du roi et que Jehan de Coëtmen, gouverneur de Guingamp au service du duc, pille le château de Quintin, propriété de Rohan. Ce premier épisode se termine par la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier le 28 juillet 1488 remportée par les Français. Une seconde campagne a lieu après le décès du duc et l’avènement de sa fille Anne âgée de douze ans (août 1488) de décembre 1488 à décembre 1489, puis une troisième de mars à novembre 1491. Elles entérinent la défaite bretonne et débouchent sur le mariage d’Anne avec Charles VIII en décembre 1491 (voir infra, Annales 1499). Sur ces événements qui trouveront leur épilogue avec le traité d’Union de 1532, voir Leguay J.-P., Martin H., Fastes et malheurs …, op. cit., p. 390-435 ; Chédeville A., Histoire de la Bretagne, Rennes, Éditions Ouest-France, 1997, p. 31 ; Le Page D., Nassiet M., L’union de la Bretagne à la France, Morlaix, Skol Vreizh, 2003, 202 p. ; Kerhervé J., « François (ducs) », Cassard J.-C., Croix A., Le Quéau J.-R., Veillard J.-Y. (dir.), Dictionnaire d’histoire de Bretagne…, op. cit., p. 312-313.
185 La première en faveur de François Tournemine (mort en 1500) en échange de sa participation à la lutte contre les armées royales, notamment à la prise de Moncontour (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. III, col. 553-555, acte du 6 septembre 1487) ; la seconde en faveur de Jean de Coëtmen, vicomte de Coëtmen et de Tonquédec, pour sa participation à la défense de Nantes (Lobineau G.-A., Histoire de Bretagne …, op. cit., t. II, col. 1473, acte du 5 septembre 1487). Sur les seigneurs de Coëtmen, voir Couffon R., « Quelques notes sur les seigneurs de Coëtmen », MSECN, t. LVIII, 1926, p. 41-125.
186 Le château, situé en Plédéliac, a été construit par Olivier Tournemine au début du XIIIe siècle. Mais, les Tournemine apparaissent en Bretagne au milieu du siècle précédent. C’est en effet vers 1155 que Guillaume II, vraisemblablement originaire de Thouars, vient se battre aux côtés de Conan IV alors en lutte pour s’imposer à la tête du duché avec le soutien d’Henri II Plantagenêt. En échange de ses services, il reçoit des terres dans le Trégor et le comté de Guingamp. Avec le temps, ces possessions s’étoffent : les Tournemine acquièrent en effet des biens considérables dans le Penthièvre entre le début du XIIIe et le début du XVIIe siècle. Pour de plus amples informations, voir Pimor J.-P., « L’origine des Tournemine et leur implantation à la Hunaudaye », Le Gall La Salle J.-P., Clément J.-H., « La puissance féodale de la Hunaudaye en Plédéliac sous Lamballe et Moncontour », Les Amis de Lamballe et du Penthièvre, n° 34, 2007, p. 103-158 et 169-217 et Bernard J., Le miroir des Tournemine. Fidélités, violences et représentations culturelles d’un lignage breton à la fin du Moyen Âge, mémoire de master 1 (Y. Coativy, dir.), université Bretagne occidentale, 2011, 2 vol., 295 p. et 110 p. de dictionnaire prosopographique.
187 Voir notamment supra ce que dit Ruffelet de François Tournemine et de l’érection des terres de la Hunaudaye en baronnie.
188 Erreur non corrigée par Ruffelet.
189 La branche aînée s’éteint avec Jean puis Madeleine d’Annebaud morts respectivement sans postérité en 1562 et 1572. La baronnie de La Hunaudaye échoit alors à une branche cadette, celle des Tournemine de La Guerche issue de René Ier un petit-cousin de leur mère Françoise Tournemine décédée en 1532. Lorsque sa branche aînée s’éteint à son tour en 1609, La Hunaudaye revient à Jeanne-Hélène de La Motte (morte en 1629), fille de Catherine et petite-fille de René Ier. Elle épouse en troisième noces Sébastien de Rosmadec en 1600. Leur fille Catherine (décédée en 1647) épouse Guy II de Rieux-Châteauneuf en 1631. Voir « Généalogie de Tournemine », Les Amis de Lamballe et du Penthièvre, n° 34, 2007, n. p. À l’époque où écrit Ruffelet, le baron de La Hunaudaye est depuis 1767 Louis-François des Rieux, qui mourra en 1787. C’est lui qui, « harcelé par ses créanciers, va décider de vendre ou plutôt de liquider la baronnie de la Hunaudaye à partir de 1779 » (Longuemar G. de, « Démembrement de la baronnie de la Hunaudaye », Les Amis de Lamballe et du Penthièvre, n° 34, 2007, p. 259).
190 Elle passe d’abord dans la famille d’Acigné par le mariage de Gislette de Coëtmen avec Jean IV d’Acigné en 1499. C’est à partir de 1583 qu’elle revient aux Cossé à la suite du mariage de Judith d’Acigné avec le maréchal Charles II de Cossé-Brissac (1579).
191 Après avoir épousé en 1662 François de Neufville de Villeroy, maréchal de France, né en 1644 et mort en 1730.
192 François-Paul de Neufville (1677-1731), abbé de Fécamp et archevêque de Lyon à partir de 1715, fils de Marie-Marguerite de Cossé-Brissac et François de Neufville de Villeroy.
193 Alexis-René de Coëtmen, brigadier du roi (1678-1750).
194 Lanloup se trouve dans l’évêché de Dol, Lannebert dans celui de Saint-Brieuc, Goudelin dans celui de Tréguier et Tréméven dans celui de Quimper.
195 Alexis-René de Coëtmen, le père de Marie-Claude-Julie de Coëtmen, fut le dernier seigneur de Coëtmen. Le marquis de Rougé est mort en 1761 (Levot P., Biographie bretonne…, op. cit., t. II, p. 783).
196 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 44.
197 Christophe de Penmarc’h ratifie le traité de mariage de Louis XII – et non Charles VIII, mort en avril 1498 – et d’Anne de Bretagne en janvier 1499 au château de Nantes. Voir Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves…, op. cit., t. III, 1746, c. 813-815.
198 Il n’a pas fondé de chapellenie mais un anniversaire en la chapelle Saint-Gilles, édifice situé à quelques mètres à l’est de la cathédrale, dans la rue Saint-Gilles. Cette chapelle était alors, selon René Couffon, la chapelle de l’évêché. Voir Couffon R., « Recherches sur le vénérable chapitre de Saint-Brieuc au XVe siècle et sa contribution à la restauration de la cathédrale », MSECDN, t. XC, 1962, p. 37.
199 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 44.
200 La fondation très tardive du couvent des Franciscains de Saint-Brieuc, décidée en 1451 par le chapitre général des Observants de Barcelone mais effective en 1503, s’explique par la tenace hostilité du chapitre cathédral, en dépit des appuis ducaux et épiscopaux (Martin H., Les ordres mendiants en Bretagne …, op. cit., p. 82-83). Quatre emplacements provisoires, tous en dehors de la ville, se succèdent avant la fixation définitive : de 1457 à 1460, l’hôpital Saint-Antoine, que les religieux durent quitter au bout de trois ans ; revenus en 1495 à l’appel de l’évêque Christophe de Penmarch, ils s’installent à l’hôpital de la Madeleine puis dans un troisième site près du Légué. Ce n’est qu’en 1503 que les Cordeliers s’implantent définitivement au manoir de la Haute-Garde, donné par Charles de Quimerch, son fils Thébaud et son épouse Jeanne de Couvran. L’acte de donation est édité par Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. I, 1855, p. 383-384.
201 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 45. Selon Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., p. 306, Ruffelet fait erreur quant à la dédicace de l’église : il ne s’agit que d’une bénédiction et elle eut lieu en 1505, non en 1515. Le couvent devint à la Révolution un établissement d’enseignement (école centrale, collège communal puis lycée en 1848). Il se situait à l’emplacement de l’actuel collège Anatole Le Braz.
202 Sur les origines de la famille de Couvran, Ruffelet se réfère aux Tableaux généalogiques de Jean Le Laboureur, édités par le P. Menestrier (Paris, 1683).
203 Evêque de 1506 à 1525. Voir infra, Catalogue des évêques, notice 45.
204 Cette chapelle a en fait été construite en 1505, « en dehors et contre la nef, du côté de l’Evangile » selon Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., p. 274.
205 Aujourd’hui disparus. Les archives de la collégiale sont d’ailleurs fort peu abondantes.
206 C’est selon toute vraisemblance au milieu du XIIIe siècle que l’église Notre-Dame de la Porte, vieille de plusieurs siècles, a été érigée en collégiale par l’évêque Philippe – voir infra, Catalogue des évêques, notice 17 – (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., p. 269-270). Elle est desservie par 19 chanoines dont deux sont dignitaires : un doyen et… un chantre que les sources n’évoquent jamais.
207 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 16.
208 La régale est le droit du roi de France de percevoir les revenus d’un diocèse vacant – régale temporelle – et de nommer aux bénéfices dont l’évêque défunt avait la collation – régale spirituelle – (Suire E., Vocabulaire historique du christianisme, Paris, Colin, 2004, p. 185).
209 Système de collation des bénéfices ecclésiastiques en vertu duquel l’évêque dispose des bénéfices vacants pendant les mois pairs et le pape pendant les mois impairs (Berthelot du Chesnay C., Les prêtres séculiers en Haute-Bretagne au XVIIIe siècle, Rennes, PUR, 1984, p. 220). Voir par ailleurs infra, Annales 1740 et Catalogue des évêques, notice 46.
210 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 51. En réalité, la chapelle est plus ancienne et date vraisemblablement de la seconde moitié du XVIe siècle selon Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., p. 276.
211 Cette confrérie de Saint-Pierre qui se réunit dans la chapelle Notre-Dame est la confrérie des marchands et artisans de Saint-Brieuc forte de 150 à 200 membres. Ruffelet s’appuie ici sur le journal de son oncle François-Michel Lymon de La Belleissue, Du Bois de La Villerabel A., « Journal historique et domestique d’un magistrat breton (1694-1765) », MSAHCDN, 1885, p. 187. Voir par ailleurs, Chevalier A., « La congrégation des marchands et artisans de la ville de Saint-Brieuc », MSECDN, t. CXVII, 1988, p. 3-35 et Herdier G., La congrégation des marchands et artisans de Saint-Brieuc au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise (G. Provost, dir.), université Rennes 2, 1999, 147 p. Notons par ailleurs que Lymon date l’établissement de la confrérie de la Croix et de l’Adoration perpétuelle en 1706. On sait qu’il existe par ailleurs en cette collégiale une confrérie des drapiers-sergiers, et une confrérie des agonisants (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., p. 276). Sur la confrérie des drapiers-sergiers ou de saint Sébastien et saint Blaise, voir Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 1 G 264, statuts et ordonnance (1615). Voir par ailleurs supra, chapitre 4.
212 Le jeu du papegault est un concours de tir à l’arc, à l’arbalète, à l’arquebuse ou au canon mettant aux prises chaque année les chevaliers du papegault membres des milices urbaines s’exerçant régulièrement au tir sur une cible en forme d’oiseau et, le cas échéant, pouvant participer à la défense de leur ville. Voir Dousset S., Un jeu urbain, le papegaut dans les villes bretonnes de la fin du XVe à la fin du XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise (D. Lepage, dir.), université de Nantes, 2003. Le terme papegault désigne communément un perroquet : « cest ung oisel » nous dit le Catholicon de Jehan Lagadec en 1499, ne mentionnant en aucune manière le jeu lui-même (Le Catholicon Armoricain présenté et transcrit par Jean Feutren, recteur de Roscoff, Mayenne, Floch, 1977, p. 152) ni une seconde acception qui existait déjà dans le Roman de la Rose, celle d’une girouette (Greimas A.-J., Dictionnaire de l’ancien français jusqu’au milieu du XIVe siècle, Paris, Larousse, 1969, p. 469). À Nantes, depuis le Moyen Âge, le concours avait lieu au mois de mai (Croix A. [coord.], La Bretagne d’après l’Itinéraire …, op. cit., p. 548, note 34). Ailleurs, en Bretagne, sous les derniers ducs, le jeu existait dans de nombreuses villes : Auray, Dinan, Guingamp, Hennebont, Quimper, Quimperlé, Vitré… (Kerhervé J. L’État breton au XIVe et XVe. Les ducs, l’argent et les hommes, Paris, Maloine, 1987, t. 2, p. 569), les arbalétriers de Vannes ayant même eu l’honneur de tirer le papegault devant le duc Pierre II (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. II, col. 1687, « Extrait du compte de Guillaume le Roux 1454-1455 »). Après le rattachement de la Bretagne à la France les souverains successifs prirent des mesures de confirmation ou d’établissement du jeu dans différentes cités : Hédé (Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – E, Dépôt des communes, Hédé, 101, délibérations de la communauté de Ville, 7 mai 1739), Lannion (La Haye P. de, Histoire de Lannion des origines au XIXe siècle, Lannion, éditions Impram, 1974, p. 42), Rennes (Arch. mun. de Rennes – CC 59, titres concernant le Papegault, ainsi que les droits et privilèges attribués, 1558), Tinténiac (Ogée J.-B., Dictionnaire historique et géographique …, op. cit., t. II, p. 908) entre autres…
213 À Saint-Brieuc, par lettres d’octobre 1539, François Ier autorise les habitants à s’assembler en la compagnie des chevaliers du papegault ou du joyau. « Sacre » étant le diminutif courant du Saint-Sacrement et l’édit d’institution portant que ceux-ci « marchant en bataille pour défendre le Saint-Sacrement, ils promettront et jureront de le conserver et deffendre au péril de leur vie », l’organisation calquait peut-être celle des confréries religieuses (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc, Saint-Brieuc, Guyon, 1884, p. 60) ; il était obligatoire pour les chevaliers d’assister à la messe de 8 heures, le matin du concours.
214 Jeu populaire pour lequel les collégiens de Saint-Brieuc reçoivent, en 1731, deux jours de congé destinés à libérer leurs maîtres (Galmiche E., « Les règlements du collège de Saint-Brieuc de 1731 à 1791 », MSECDN, t. 51, 1913, p. 74 : « seront donné en tout deux mardy extraordinaires pour Papegault sans que les écoliers puissent s’absenter de leur classe pour se trouver dans l’endroit où se tire le dit Papegault, afin d’éviter les désordres et accidents qui en peuvent arriver »), le concours local du papegault consiste pour les membres de la compagnie à tirer à tour de rôle sur une cible représentant un oiseau de la grosseur d’un pigeon, réalisée en bois garni d’une plaque de fer d’Espagne. Le vainqueur est celui qui en abat le dernier morceau ; il reçoit pour cet exploit le titre envié de roi du papegault qu’il conserve pendant un an, jusqu’au prochain concours. Le vainqueur, l’abatteur du papegault, selon les statuts de 1756 pour Saint-Brieuc (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – B 9. Ces « statuts du joyau ou du papegault qui se fera à Saint-Brieuc sur la place d’Armes, pour l’exercice des troupes, près la porte de Rennes, chacun an, au mois de mai » ont été publiés par Habasque F.-M., Notions historiques …, op. cit., t. II, 1834, p. 188-191), jouit de différents droits mais est aussi soumis à quelques devoirs. Au chapitre des récompenses, la somme de 350 livres prélevée sur les impôts indirects et délivrée en trois termes (voir infra, Annales 1767) ainsi que le nombre, en augmentation, de 30 tonneaux de vin que le roi du papegault peut vendre à son profit, libres de toute taxe. Au chapitre des dépenses, l’abatteur doit remplacer la cible détruite et faire poser ce nouveau joyau ; il doit aussi remettre au maire de Saint-Brieuc un nouveau fusil d’une valeur de 30 livres, rétribuer les tambours à hauteur de 12 livres et payer un repas à tous les membres de la compagnie, sans compter l’obligation de fournir à l’hôpital une barrique de vin de Bordeaux. À l’époque où Ruffelet écrit, le jeu du papegault vit ses dernières heures. Les états de Bretagne ayant prié le roi, dans leur délibération du 31 décembre 1768, de supprimer le concours et de transférer les droits des vainqueurs aux hôpitaux, un arrêt du 7 mai 1770 a fait droit à cette requête, au prétexte de la réorganisation du service militaire et de la création de corps de troupes régulières (Arch. mun. de Rennes – CC 60, Arrêt du Conseil d’État portant suppression des papegaults dans toutes les villes de Bretagne et qui réunit aux hôpitaux les droits attribués à l’abattoir du Papegault…, 1770). En Bretagne, seule Saint-Malo conserve alors sa compagnie.
215 Issu à nouveau d’une très grande famille de la noblesse provinciale, Jean de Rieux était fils de Jean iv, comte de Rieux, et d’Isabeau de Brosse. Pourvu très jeune de l’abbaye cistercienne de Prières, dans le diocèse de Vannes, il fut promu en 1525 à l’évêché de Saint-Brieuc mais il ne reçut jamais les ordres et n’en exerça donc que la gestion temporelle : il est donc, à Saint-Brieuc, le second évêque commendataire après Pierre de Laval. Devenu chef de nom et d’armes par la mort de ses aînés, il se maria après avoir résigné son bénéfice en 1544. Voir infra, Catalogue des évêques, notice 46.
216 La situation particulière de Jean de Rieux explique que lui fut adjoint un évêque coadjuteur (terme plus exact que « suffragant »), dit également « portatif » dans la mesure où l’absence de territoire et de peuple induisait une particulière mobilité. La première moitié du XVIe siècle vit se multiplier ces évêques, dans le cas de vastes diocèses ou d’évêques non résidents mais aussi parce que leur nomination offrait au pape un moyen d’affirmer son droit d’intervention dans le fonctionnement de l’Église de France (Lemaitre N., « Des auxiliaires épiscopaux méconnus. Les “évêques portatifs” français au XVIe siècle », dans Cocula A.-M., Pontet J. [dir.], Itinéraires spirituels, enjeux matériels en Europe, t. 1 : Sous le sceau de Réformes. Mélanges offerts à Philippe Loupès, Bordeaux, PUB, 2005, p. 23-36). Il s’agissait d’évêques in partibus infidelium, à l’exemple de Geoffroy, titulaire du siège fictif de Tibériade. Rien n’assure au demeurant que Geoffroy vint à Saint-Brieuc : au spirituel, le diocèse semble administré par un vicaire général, Alain de Penmarch.
217 Né en 1509, ce fils d’un officier de justice des Penthièvre étudie le droit à Paris et à Bourges où il devient professeur et où il décède. Représentant de l’humanisme juridique, il se fixe comme objectif, à l’image du juriste milanais André Alciat, d’étudier le droit romain à partir des textes primitifs épurés de la glose traditionnelle. Voir Jobbé-Duval E., « François Le Douaren (Duarenus). 1509-1559 », dans Mélanges P.-F. Girard. Études de droit romain dédiées à M. P.-F. Girard, professeur de droit romain à l’université de Paris à l’occasion du 60e anniversaire de sa naissance, Paris, A. Rousseau, 1912, t. I, p. 573-622 et Tucker M.-C., « Maîtres et étudiants écossais à la faculté de droit de l’université de Bourges aux XVIIe et XVIIIe siècles », dans Bideaux M., Fragonard M.-M. (dir.), Les échanges entre les universités européennes à la Renaissance, Genève, Droz, 2003, p. 303.
218 Selon le magistrat et historien Pierre-Auguste de Thou (1553-1617), « il était le plus savant jurisconsulte de son temps après Alciat, sous lequel il avait étudié à Bourges ; instruit par ce grand homme, il joignit à la connaissance du droit une littérature élégante et une connaissance exacte de l’antiquité […]. Les ouvrages de Douaren sont en grande considération parmi les savants ». On lui doit entre autres un travail sur la Pragmatique sanction, un abrégé de droit canonique, un traité des fiefs… Levot P., Biographie bretonne …, op. cit., t. I, p. 567.
219 Ruffelet omet ici quatre évêques (François de Mauni, le cardinal de Saint-Corneille, le cardinal Durand et le cardinal Jean du Bellay) dont les nominations rapprochées traduisent surtout la concurrence entre le roi et la cour de Rome : aucun d’entre eux ne vint à Saint-Brieuc. Il en va de même de Jean du Tillet que Ruffelet choisit pourtant de mentionner, sans doute en raison de la longueur de son épiscopat et de la notoriété intellectuelle qu’il partage avec son frère aîné et homonyme, greffier en chef au parlement de Paris. Sur son œuvre, voir infra, Catalogue des évêques, notice 48.
220 Il joue en effet un rôle actif aux assemblées du clergé de 1575 (dont il prononce le discours de clôture) et de 1579 (où il plaide pour la réception des décrets du concile de Trente). Le 19 novembre 1585, il signe une Remontrance du clergé au roi, imprimée à Lyon l’année suivante. Il est l’un des députés bretons aux États Généraux de Blois de 1588 (Le Goff H., La Ligue en Bretagne. Guerre civile et conflit international [1588-1598], Rennes, PUR, 2010, p. 115-116).
221 À la différence de ses prédécesseurs, et en dépit de son action au sommet, Nicolas Langelier peut être considéré comme un évêque résident, conformément aux exigences formulées par le concile de Trente. Une appréciation romaine de 1591, conservée aux Archives vaticanes et récemment traduite de l’italien, va nettement dans ce sens : « Parisien, homme docte et plein de zèle, qui réside dans son diocèse. Depuis quinze ans, il édifie le peuple en prêchant le carême entier dans sa cathédrale. Il est pleinement lié au parti de l’Union contre l’hérétique » (Bergin J., « Connaître les évêques au temps de la Ligue catholique. Sur un inédit de 1591 », RHEF, t. 96, juillet-décembre 2010, p. 349-372).
222 Nicolas Langelier est sans conteste une personnalité saillante parmi les six évêques bretons présents au concile provincial qui s’ouvre à Tours le 1er mai 1583 et dont l’objectif est d’élaborer des décrets réformateurs à l’échelle de la province ecclésiastique, à un moment où la réception du concile du Trente paraît peu envisageable dans un cadre national et où sa diffusion dans les diocèses demeure inégale. Voir Restif B., « Synodes diocésains, concile provincial et législation dans la province ecclésiastique de Tours, des lendemains du concile de Trente au milieu du 17e siècle » dans Aoun M., Tuffery-Andrieux J.-M. (dir.), Conciles provinciaux et synodes diocésains du concile de Trente à la Révolution française. Défis ecclésiaux et enjeux politiques ?, Strasbourg, PUS, 2010, p. 199-217.
223 Ruffelet omet ici l’engagement ligueur de Langelier mais il en fera une mention incidente dans infra, Catalogue des évêques, notice 49.
224 Deux cours royales exerçaient à cette date dans les environs de Saint-Brieuc. La première faisait suite à la cour ducale du comté de Goëlo, attestée à Guingamp dès 1407 et qui avait été établie à Lanvollon en 1482 (Darsel J., Notes historiques sur la paroisse de Lanvollon, Châtelaudren, Impr. de Châtelaudren, t. 1, 1960, p. 49). Il s’agissait vraisemblablement d’une lieutenantise rendue nécessaire par l’étendue d’un ressort qui, unissant les justices d’Avaugour et de Goëlo, s’étendait jusqu’à Paimpol (Geslin de Bourgogne J., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. II, 1856, p. 124-126). La seconde provenait de la seigneurie de Cesson dont un sénéchal est attesté en 1367. Elle était tombée en déchéance et n’avait plus un seul juge en 1563. Dans son souci de réduire le nombre de ces petites juridictions en Bretagne, le roi Charles IX décide par son Édit de Châteaubriant, en 1565, de rapprocher les barres de Goëlo et de Cesson : « A S. Brieu unissons et voulons la Juridiction de Guello estre transferée avec tous drois et prérogatives sur la baronnie Avaugour et la seigneurie de Cesson. Et quant à Guingamp sera remis en tel estat qu’il estoit auparavant l’union » (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. 3, col. 1346-1348, « Edit du roi Charles IX sur l’union de plusieurs jurisdictions royales de Bretagne »). Cet édit provoque immédiatement plusieurs réactions :
– celle des habitants de Lanvollon qui ne cessent de réclamer contre ce transfert et obtiennent satisfaction provisoire en 1576.
– celle du nouvel évêque Nicolas Langelier (voir infra, Catalogue des évêque, notice 49) qui craignant les intrusions des juges royaux dans sa juridiction des régaires en utilisant le droit d’appel des vassaux, appuie les précédentes revendications. L’évêque se heurte en outre aux agissements du prévôt des régaires, le seigneur de Boisboissel, propriétaire du tiers de la ville de Saint-Brieuc et d’une moyenne justice, qui tente de faire entrer la justice prévôtale dans son patrimoine.
– celle, au contraire, des habitants de Saint-Brieuc qui voient leur intérêt dans cette réunion et obtiennent du conseil privé du roi, par sentence du 11 septembre 1577, le retour de la juridiction royale à Saint-Brieuc. Pour influer sur la décision, les habitants de Saint-Brieuc font offre de fournir un auditoire (voir Arch. mun. de Saint-Brieuc – DD 41, mémoire de la communauté pour obtenir un droit d’octroi afin de bâtir un auditoire, 21 juillet 1608, qui rappelle les circonstances initiales de la décision).
La suite est un combat juridique où, tour à tour, chaque partie trouve satisfaction puis déconvenue avant l’arrangement final (Geslin de Bourgogne J., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne…, op. cit., t. 2, p. 124-126 et t. 3, p. 345-346 ; Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 61-63 ; Nières C. [dir.], Histoire de Saint-Brieuc et du pays briochin, Toulouse, Privat, 1991, p. 85-86) :
– un arrêt du parlement maintient, le 9 avril 1578, le retour de la cour de Goëlo à Lanvollon ;
– la cassation de cet arrêt par le conseil du Roi est ordonnée le 15 novembre 1579 ;
– une transaction à la demande des paroissiens de Saint-Michel de Saint-Brieuc est signée par Nicolas Langelier, le 2 juillet 1580. Le prélat consent à l’établissement de la justice royale dans la ville mais conserve son droit de haute justice et son droit de police.
La situation ainsi établie est consacrée par un édit royal du 23 septembre 1580 qui autorise définitivement la translation à Saint-Brieuc de la cour de Goëlo. Celle-ci prend le nom de cour royale de Saint-Brieuc, Cesson et Goëlo. Cinquante ans plus tard, les juges royaux renouvèlent leur prétention au droit de police qui avait été confirmé à l’évêque de Saint-Brieuc ; prétention déboutée par un arrêt, du 25 juin 1630, confirmée par un second arrêt, du 1er juillet 1633 (Ogée J.-B., Dictionnaire historique et géographique…, op. cit., t. 2, p. 714).
225 Erreur non corrigée par l’auteur.
226 Idem.
227 Sur tous ces aspects et, plus globalement, sur l’histoire du duché de Penthièvre, voir infra, Annales 1696 Notice abrégée de l’histoire de Penthièvre.
228 Voir infra, Annales 1746. Peu de temps après l’acquisition du duché, son père, le comte de Toulouse, relance la réformation des terres amorcée par la princesse de Conti. Des lettres patentes de 1698 l’y autorisent et, dès juillet 1699, Plancher, qui sera l’agent des Bourbon-Penthièvre en Bretagne pendant plusieurs décennies, se met au travail. En 1704, 252 sentences ont déjà été prononcées et plus de 500 procédures sont engagées « pour obtenir le rétablissement de tous les droits du duc » (Duma J., Les Bourbon-Penthièvre [1678-1793], Paris, Publications de la Sorbonne, 1995, p. 79). En fait, cette entreprise, véritablement engagée à la fin du XVIe siècle et plusieurs fois relancée – dont les dernières en 1777 puis en 1783 – n’ira jamais à son terme.
229 Ces terres constituent ce que Jean Duma a appelé « la dimension bretonne » de la nébuleuse des Bourbon-Penthièvre (Duma J., Les Bourbon-Penthièvre …, op. cit., p. 66). Pour replacer cette politique d’acquisition dans la province dans le cadre plus large de la stratégie de la famille, se reporter à Duma J., Les Bourbon-Penthièvre …, op. cit., p. 59-86, notamment le tableau des acquisitions p. 59-61, et la carte des domaines engagés en Bretagne p. 594.
230 Erreur non corrigée par l’auteur.
231 Jacques de Goyon (1525-1598), seigneur de Matignon et de La Roche-Goyon (= fort La Latte), appartient à une famille ancienne de la chevalerie bretonne, qui s’est établie en Normandie au XVe siècle (d’où son titre de comte de Torigni ou Thorigny). Lieutenantgénéral de Basse-Normandie en 1559, il fait preuve d’une grande fidélité à la couronne. Il en est récompensé en 1579 en devenant maréchal de France et chevalier de l’ordre du Saint-Esprit. Nommé gouverneur de Guyenne en 1584, il parvient lors de la crise ligueuse à maintenir Bordeaux dans la fidélité à Henri iii, puis à Henri iv. Voir Gébelin F., Le gouvernement du maréchal de Matignon en Guyenne, Bordeaux, Mounastre-Picamilh, 1912, X-192 p.
232 Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne depuis 1582. Au printemps 1589, il rompt avec Henri iii (qui a épousé sa demi-sœur, Louise de Vaudémont) et choisit le camp de la Ligue, celui de ses cousins Guise. Une large partie de la Bretagne est désormais ligueuse, même si cet engagement n’est pas seulement la conséquence de la décision de Mercœur. Voir Buron E., Méniel B. (dir.), Le duc de Mercoeur, Les armes et les lettres (1558-1602), Rennes, PUR, 2009, 360 p.
233 René de La Grézille, sieur de La Tremblaye. Gentilhomme poitevin, qui combat en Bretagne pendant la Ligue dans le parti royal. Il devient capitaine et gouverneur de Moncontour, en 1590. On le retrouve aux côtés du prince de Dombes lors des opérations de l’année 1591, pendant lesquelles, devenu gouverneur de Bréhat et Paimpol pour le roi, il est chargé d’accueillir les Anglais à Paimpol. Il est fait prisonnier au cours d’un assaut près de Jugon. En février 1593, il est toujours détenu lorsque les états supplient le roi de négocier sa libération par un échange de prisonniers. Il n’est libéré qu’en septembre 1594, et redevient gouverneur de Moncontour, puis de Paimpol. Il prend part à l’offensive du maréchal d’Aumont en Basse-Bretagne, et au siège du fort de Roscanvel. Il est tué au siège du château du Plessis-Bertrand, le 8 septembre 1597.
234 Claude de Kerguezay, sieur de Kergomar. Né en 1559, il est lieutenant du roi pour l’évêché de Tréguier en 1589. Par la suite, il devient gouverneur de Guingamp, après sa reprise par les royaux, en juin 1591. En 1590, il repousse, avec La Tremblaye, une tentative des ligueurs contre Moncontour et Lamballe. Il fait partie de l’armée royale qui saccage Carhaix en novembre 1590. On le retrouve de nouveau avec La Tremblaye lors du combat de l’île de Bréhat, pour en chasser les Malouins, au printemps 1591. Il devient gouverneur de Guingamp, après sa reprise par les royaux, en juin 1591. Il est présent à la bataille du March’allach, et à celle de Saint-Brieuc. Un temps prisonnier en 1594 et libéré sur rançon, il se distingue ensuite lors du siège et de la prise du fort de Crozon. Il vainc le comte de La Magnane à Quintin en 1596, avec un régiment de Suisses. Il participe ensuite, en mai 1597 avec l’armée de Sourdéac, au siège de l’Ile Tristan. Il meurt dans son manoir de Kermorvan (Guermorvan), en Louargat, le 11 avril 1623.
235 Mis en échec à plusieurs reprises par le duc de Mercœur à Hennebont et Vannes malgré un début de campagne prometteur, le prince de Dombes, lieutenant général pour le roi en Bretagne, dans la province en août 1589, jette son dévolu sur le duché de Penthièvre qui appartient aux Mercœur du chef de la duchesse Marie, femme de Philippe-Emmanuel. Dombes prend Moncontour en juin-juillet 1590, malgré une tentative de sauvetage du duc de Mercœur et y met en place une garnison sous les ordres de la Tremblaye. Il regagne ensuite rapidement Rennes (sur les opérations de 1591 à Moncontour, voir infra, note 265).
236 Il y a en fait plusieurs tentatives d’assauts ligueurs contre Moncontour en 1593. La première se déroule au début du mois d’avril : le duc de Mercœur échoue face à la résistance de la garnison et au harcèlement des troupes royales. Les fortifications de la ville et du château ont souffert lors de cet assaut. La population locale est donc réquisitionnée pour les restaurer, à l’instar des Plérinais requis par le capitaine Dufour, commandant de la place, en juillet 1593. En août suivant, Mercœur, épaulé par 2 700 Espagnols, assiège une nouvelle fois Moncontour, mais toujours en vain : Ambroise B., Saint-Brieuc pendant les guerres de la Ligue, mémoire de master 2 (Ph. Hamon, dir.), université Rennes 2 – Haute-Bretagne, 2010, p. 162 et 191.
237 Moncontour dispose d’un château à donjon, flanqué de quatre tours et d’une enceinte comprenant dix-sept tours et tourelles. Le donjon, disparu au XIXe siècle, occupait l’angle nord-ouest. La ville passe dans le domaine ducal en 1410 et revient en 1450 dans le patrimoine des Penthièvre, l’enceinte est remaniée dans la seconde moitié du XVe siècle : réédification de l’ensemble des fronts Sud et Est avec leurs trois grosses tours d’angle circulaires. En 1493 encore, le roi Charles viii ordonne à Jehan de Bréhan d’employer les deniers levés à Lamballe et à Moncontour à la mise en état du château.
238 Le château du Guémadeuc appartient à Thomas, baron du Guémadeuc (1556-1592), gentilhomme fidèle au parti royaliste, absent lors du siège. Situé sur la paroisse de Pléneuf-Val-André, il est défendu par Gilles Visdeloup (voir infra, note 241), est pris par les ligueurs le 23 avril 1590, et partiellement détruit.
239 François de Lorraine, marquis de Chaussin, né le 15 septembre 1567, est un frère cadet du duc de Mercœur, qui combat en Bretagne à ses côtés de 1589 à l’été 1594. Il quitte alors la province et se rend en Lorraine où il est arrêté à l’initiative de son cousin le duc de Lorraine. Il meurt vers août-septembre 1596, alors qu’il est en résidence surveillée depuis environ deux ans au château de Châtel-sur-Moselle.
240 Château de Bienassis, dans la paroisse d’Erquy : construit au XVe siècle et détruit par les ligueurs, il sera restauré et agrandi à partir de 1620 ; voir Girard R., « Le château de Bienassis », CAF, 1950, volume 107, Saint-Brieuc, p. 165-168.
241 Gilles Visdeloup (Erquy, 1564-Lamballe, 1626), seigneur de la Goublaye (en Saint-Alban), épouse Françoise du Quélennec, dame de Bienassis et de Saint-Quérec. Leur premier enfant connu naît le 24 juillet 1593. Fait prisonnier lors de la prise du Guémadeuc, il est mis à rançon. Vassal des Penthièvre, il reste cependant constamment fidèle au parti royal.
242 Louis-Engilbert, comte de La Marck (1701-1773), fils de Louis-Pierre-Engilbert (1674-1750) et de Marie de Rohan-Chabot, épouse en premières noces le 30 juin 1727 Hyacinthe-Marie-Anne de Visdeloup, fille de René-François, comte de Bienassis. Celle-ci meurt en 1731.
243 Louise-Marguerite de la Marck, fille des précédents, née en 1730, épouse en juin 1748 Charles-Léopold de Ligne, prince d’Aremberg, fils de Léopold, duc d’Aremberg et d’Arschot et de Mlle d’Egmont-Pignatelli.
244 François-Louis de Visdeloup de la Ville-Théart. La terre revient alors au descendant d’une branche de la famille qui la possédait au moment de la Ligue.
245 Henri de Bourbon-Montpensier, prince de Dombes (1573-1608), gouverneur en Dauphiné, puis lieutenant général pour le roi en ses armées et pays de Bretagne, nommé en juin 1589. Il entre à Rennes le 13 août 1589. La charge de gouverneur de Bretagne fut auparavant occupée par son grand-père, Louis, duc de Montpensier, de 1569 à sa mort en 1582. Devenu à son tour duc de Montpensier à la mort de son père François en 1592, Henri cède sa place en Bretagne au maréchal d’Aumont, pour continuer le combat en Normandie. Il y revient avec le roi et est reçu avec les honneurs à Rennes en avril 1598.
246 En juillet 1590, après la prise de Moncontour (voir supra, note 236), les royaux attaquent Lamballe. La ville tombe le 11 juillet, mais le château résiste. La place forte, capitale du Penthièvre, reste finalement aux mains des ligueurs jusqu’en 1598, malgré d’autres tentatives royales (sur ce siège, voir infra, note 275).
247 Sur ce dossier, Duval M., « La démilitarisation des forteresses au lendemain des guerres de la Ligue (1593-1628) », MSHAB, t. LXIX, 1992, p. 295 et 300-301.
248 César, duc de Vendôme (1594-1665), est le fils aîné d’Henri iv et de Gabrielle d’Estrées. À l’âge de 4 ans, il est fiancé à la fille du duc de Mercœur, dans le cadre du règlement des guerres de la Ligue en Bretagne. Cette union lui permet d’obtenir le poste de gouverneur de Bretagne et le titre de duc de Penthièvre. Quant au mariage, il est célébré en 1609. Après la mort d’Henri IV, Vendôme entre en rébellion contre Louis xiii à plusieurs reprises, spécialement en 1614-1616. En 1626, lors de la conspiration de Chalais, il est emprisonné. Il doit alors abandonner le gouvernement de la Bretagne, et quitter la France pour la Hollande. Lors de son retour en 1632, il est mêlé à de nouvelles intrigues visant Richelieu et doit s’exiler à nouveau, vers l’Angleterre. Il ne regagne le royaume qu’à la mort du cardinal.
249 La tour de Cesson est construite sur un promontoire situé sur le front de mer au nord de Saint-Brieuc. Elle repose sur une pointe longeant le Gouët à l’Est. Alors qu’une falaise escarpée la sépare de la mer au nord, le côté sud est en pente douce et s’étend jusqu’à la grève d’Hillion, paroisse localisée au sud-est de Saint-Brieuc. Cette position lui permet de contrôler convenablement la baie de Saint-Brieuc, tant sur le front de mer que du côté de la terre.
250 Jean d’Avaugour, sieur de Saint-Laurent (vers 1550-1617). Fils de Robert d’Avaugour, seigneur de Saint-Laurent, et de Bonaventure de Bellouan, dame du Bois de la Motte. Il épouse Françoise de Coetquen en 1580. Il rallie dès les premières heures des guerres de la Ligue le duc de Mercœur aussi le parlement de Rennes le décrète d’arrestation le 21 avril 1589, comme rebelle au roi. Nommé maréchal de camp du duc de Mercœur, il prend part à de nombreux affrontements, notamment à la victoire ligueuse de Craon (23 mai 1592), à la défaite de Loudéac (mars 1591) et à celle de Saint-Brieuc/Cesson (9 août 1592) où il est fait prisonnier (voir infra, note 254). Il reste fidèle à Mercœur jusqu’à sa soumission à Henri IV. Il est nommé par le roi dans la charge de gouverneur de Moncontour en 1605, une des places du duché de Penthièvre que les accords secrets de 1598 laissaient aux mains de son duc.
251 La Bretagne est relativement épargnée lors des sept premières guerres de religion (1562-1580). La première phase des guerres de la Ligue (1585-1588) n’affecte ensuite que sa frontière sud-est lorsque Mercœur affronte les huguenots à proximité de Nantes. Celui-ci finit par prendre ouvertement parti contre le roi (mars-avril 1589), et Henri III le déclare hors la loi le 18 avril 1589. La Bretagne, déchirée entre royaux et ligueurs, s’engage alors dans un conflit qui se terminera sur son sol en 1598 : voir Le Goff H., La Ligue en Bretagne …, op. cit., 573 p.
252 Au commencement des guerres de la Ligue, la tour de Cesson est sous l’autorité directe d’Henri III, puis de Henri IV qui lui succède en août 1589. Sa dernière utilisation à des fins militaires remontait aux guerres de succession de Bretagne (voir supra, Annales 1394). La tour est assiégée par les forces de Saint-Laurent le 31 juillet 1592 (et non en 1591).
253 René de Rieux, seigneur de Sourdéac et baron du Bourg-L’Evesque, né vers 1548. Il débute sa carrière militaire en 1572. Il est député pour la noblesse de Bretagne aux États généraux de Blois en 1588. Succédant à son frère Guy au poste de gouverneur de Brest, il tient la ville pour le roi lors des guerres de la Ligue, dans une région largement ralliée au duc de Mercœur. Il est nommé lieutenant général pour la Basse-Bretagne par Henri IV. C’est à ce titre qu’il entreprend en 1592 de renforcer les garnisons du duché de Penthièvre face à la menace d’une campagne ligueuse. Il prend part à la bataille de Saint-Brieuc le 8 août 1592. En 1595, Sourdéac devient propriétaire de l’île d’Ouessant qui est érigée en marquisat en sa faveur en 1597. Il meurt à Assé, dans le Maine, le 4 décembre 1628.
254 Tous ces événements se produisent en 1592 et non en 1591 comme l’écrit Ruffelet. La bataille du 9 août 1592, sur la plaine Saint-Michel, aux environs de Saint-Brieuc, est la résultante de plus d’un mois d’opérations. Alors que l’impact de la victoire ligueuse de Craon se fait encore sentir, Saint-Laurent enlève la ville de Malestroit le 17 juillet et s’avance dangereusement vers Saint-Brieuc dans le but de prendre la tour de Cesson. Face à cette menace, Sourdéac dispose ses troupes dans les différentes villes fortifiées du Penthièvre. Le 17 juillet, il s’achemine cependant vers le château de Coëtfrec en Trégor, pris par La Fontenelle pour la Ligue. La voie semble alors libre pour Saint-Laurent, qui s’élance vers Saint-Brieuc, occupée le 31 juillet. En l’espace d’une semaine, il met le siège devant la tour de Cesson, faisant appel à la population locale pour aménager les tranchées. Il installe son quartier général dans la maison de Jean Ruffelet, sieur de la Ville Ogier, située au nord de la ville. Ce dernier appartient à une grande famille briochine qui compte dans ses rangs Salomon Ruffelet, sénéchal royal et des régaires. Saint-Laurent établit son camp dans la plaine Saint-Michel, entre l’embouchure du Gouëdic et le Gouët. Informé, Sourdéac quitte Coëtfrec, regagne l’évêché de Saint-Brieuc et convoque les troupes royales à Quintin. Le 8 août, celles-ci sont en vue des ligueurs et aménagent leur campement aux environs du manoir de la Ville-Bougault, au sud-est de Saint-Brieuc. De là, des opérations de reconnaissance sont effectuées, en prélude à l’assaut ordonné le lendemain. La tour de Cesson est dégagée, et les ligueurs se retrouvent cernés sur la plaine Saint-Michel. Certains d’entre eux se retranchent alors dans la cathédrale fortifiée et dans quelques maisons de Saint-Brieuc. Le lendemain, le dimanche 10 août, un siège est mis en place autour de la cathédrale, alors que ses occupants ravagent et détruisent les archives du chapitre. Les royaux envisagent de saper l’édifice et les ligueurs se proposent de capituler. Les tractations s’interrompent cependant lorsque Sourdéac apprend que des troupes espagnoles alliées aux ligueurs s’avancent vers Quintin. Devant la menace, il lève le siège et répartit ses troupes dans les places fortes du Penthièvre. La tour de Cesson reste cependant aux mains des royaux, alors que Saint-Brieuc demeure sous le contrôle des ligueurs. Durant la bataille, Saint-Laurent (voir supra, note 250) a été fait prisonnier. Détenu à Guingamp, il s’en enfuit un mois plus tard. Sur cette bataille, voir Ambroise B., Saint-Brieuc pendant les guerres de la Ligue …, op. cit., p. 120-141 et Le Goff H., « La bataille de Cesson et de Saint-Brieuc (7/9 août 1592) », MSECDA, t. CXXXVII, 2009, p. 249-265.
255 À la fin de l’été 1592, les royaux prennent les villes de Rostrenen et Corlay. Le duc de Mercœur envisage de réagir en marchant sur l’évêché de Saint-Brieuc. Il ne gagne cependant Josselin qu’en octobre. Mercœur reprend rapidement les places perdues, et assiège Quintin, défendue par Yves du Liscouët (voir infra, note 280). De là, il s’avance vers la tour de Cesson afin d’en faire le siège (novembre 1592). Depuis son camp de Saint-Brieuc, Mercœur accorde une sauvegarde à la population de la ville le 12 novembre. En contrepartie les Briochins doivent prêter serment à la Sainte-Union. La tour se rend après avoir été bombardée depuis une position que François-Marie Habasque situe à la butte des Châtelets, au sud de Saint-Brieuc : Habasque F.-M., Notions historiques …, op. cit., t. 2, p. 19-20.
256 Charles II de Cossé, comte puis premier duc de Brissac (en 1611), seigneur d’Acigné, baron de Malestroit et de Châteaugiron (1562-1621). Il épouse Judith d’Acigné en 1579, puis Louise d’Ongnies en 1602. Il se rallie à la Ligue dès le commencement de la huitième guerre de religion. Il est fait maréchal par le duc de Mayenne et devient gouverneur de Paris, qu’il rend peu de temps après à Henri IV. Réconcilié avec le roi, et maintenu dans son rang militaire, il est fait chevalier des ordres du roi en 1595, puis lieutenant général pour le roi en Bretagne. Il dirige les opérations militaires au début de l’année 1598. Ses troupes partent de Rennes et obtiennent rapidement la capitulation de la ville et du château de Dinan, le 13 février. Il se dirige ensuite vers Saint-Brieuc et Cesson. Les Suisses du colonel Maignan entrent les premiers dans la ville, visiblement peu défendue (1er mars). Alors qu’ils se chargent de récolter l’argent dû par les habitants, le gros de l’armée du maréchal de Brissac assiège la tour de Cesson. Cette opération s’avère difficile, en pleine crise alimentaire et démographique. La population locale, tout comme en 1592, est mise à contribution. Des vivres sont aussi commandés à des marchands pour nourrir des soldats sur le point de déserter. Finalement, alors que la paix d’Angers est signée le 20 mars, la garnison ligueuse se rend le 31 mars. L’accord de paix est lu et publié à Saint-Brieuc le lendemain, 1er avril 1598.
257 Des fouilles archéologiques menées au XIXe siècle permettent de dater les fondements de la tour de Cesson du XIe siècle. Elle connaît des modifications architecturales dès le XIIe siècle, en adoptant à l’intérieur une forme polygonale. À la fin de son règne, le duc Jean IV, désireux de maintenir le Penthièvre et le nord de la Bretagne sous son contrôle, fait édifier des fortifications modernes à proximité de certaines villes. Ainsi, outre Cesson qui est réaménagée, est construite la tour Solidor à Saint-Servan, près de Saint-Malo. Cesson n’est par la suite guère utilisée avant la Ligue. La population locale demande ensuite sa démolition (voir supra, note 247 et infra, note 262).
258 Jean IV (1339-1399) est le fils de Jean de Montfort et de Jeanne de Flandre. Il s’oppose à Charles de Blois lors des guerres de succession de Bretagne, avant d’être reconnu seul duc de Bretagne lors du premier traité de Guérande le 12 avril 1365 (voir supra, Annales 1365). Il épouse dans un premier temps (1355), Marie d’Angleterre, fille d’Édouard III, puis Jeanne Holland en 1366, et enfin Jeanne de Navarre en 1386. Cette dernière est la fille de Jeanne de France et de Charles II de Navarre.
259 C’est à Angers, le 20 mars 1598, qu’est signé l’accord entre le duc de Mercœur et le roi de France, qui met fin aux guerres de la Ligue en Bretagne et plus largement dans le royaume. Henri iv entre à Nantes le 13 avril 1598, et y signe le 30 avril le célèbre édit de pacification, qui met un terme (temporaire) aux guerres de Religion.
260 François Conen, seigneur de Précréant (vers 1564-1623). Engagé dans le camp royal, il commande une compagnie d’arquebusiers à cheval à Guingamp entre 1591 et 1592 et participe à la bataille de Saint-Brieuc/Cesson. La campagne du maréchal de Brissac en février 1598 lui donne l’occasion de revenir dans la région briochine ; il est d’ailleurs guidon de la compagnie de gendarmes de Brissac. Après la prise de la tour de Cesson par les royaux, le 31 mars, « y entra pour commander pour le service du Roy le Sr du Precrehan » (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 6 E 229, registre de baptêmes de la paroisse Saint-Michel de Saint-Brieuc). Il est remplacé le 11 octobre 1598 par Salomon Ruffelet. Il sera fait chevalier de Saint-Michel en 1615.
261 Salomon Ruffelet, sieur de la Ville-Beau, a été pendant 30 ans sénéchal des régaires (seigneurie temporelle d’un évêque ou d’un chapitre) de Saint-Brieuc et de la cour royale siégeant à Saint-Brieuc. Il s’exile à Rennes en 1589, lors de l’arrivée des ligueurs dans la ville, et sert comme maître des requêtes successivement le prince de Dombes, le maréchal d’Aumont, François d’Espinay de Saint-Luc et le maréchal de Brissac. Il siège à la cour royale de Saint-Brieuc, transférée à Guingamp (actes signés de lui en septembre 1594). À son retour à Saint-Brieuc en 1598, il préside à la démolition de la tour de Cesson.
262 Brissac, depuis Morlaix, ordonne cette destruction le 17 avril 1598 au sieur de Précréant. La lenteur des travaux de démolition irrite les Briochins pressés de voir le symbole de la toute récente guerre abattu. Après plusieurs plaintes déposées auprès du parlement de Bretagne, Précréant est déchargé de son poste au profit de Salomon Ruffelet, qui entame la destruction effective de la tour. On place une mine à l’intérieur. Mais l’explosion ne démolit que partiellement l’édifice, et laisse debout sa moitié est, appelée à servir d’amer : Ambroise B., Saint-Brieuc pendant les guerres de la Ligue …, op. cit., p. 178-180.
263 Un plan cadastral de 1817 décrit par Habasque F.-M. Notions historiques …, op. cit., t. 2, p. 296 et par Trévedy J., « La tour de Cesson et le fort de Saint-Brieuc », MSECDN, t. 31, 1893, p. 49-125, fait état de la situation des ruines de la tour dont il ne reste déjà, comme aujourd’hui, que la moitié est. Les murs à la base ont près de 3,20 m de largeur. Les fortifications extérieures à la tour adoptent une forme de trapèze, dont le périmètre approche les 420 mètres. Des vestiges de bastions orientés vers le sud sont également visibles. Pour le reste, des fouilles effectuées au début du XIXe siècle ont permis de mettre à jour des vestiges de logements, d’écuries, de magasins à munitions et d’autres bâtiments typiques des citadelles de l’époque moderne. Voir également supra, Annales 1394.
264 Jean de Coëtquen, comte de Combourg, marquis de Coëtquen, baron du Vauruffier, vicomte d’Uzel et de Rougé. Né vers 1525-1530, il épouse Philippote d’Acigné en 1553. Chevalier de l’ordre du roi, il prend part à de nombreux combats lors des guerres de Religion. Lors des guerres de la Ligue, il se rallie au parti royal alors que son gendre, Saint-Laurent (voir supra, note 250) est un fidèle du duc de Mercœur. Coetquen en est vainqueur à Loudéac en mars 1591. Il prend part aux batailles du Marc’hallac’h (juin 1591) et de Craon (mai 1592). Il est nommé par le roi lieutenant général en Bretagne pour les évêchés de Saint-Malo, Dol, Vannes et Nantes en octobre 1592. Il participe à la campagne du maréchal d’Aumont en Basse-Bretagne en 1594, est fait chevalier du Saint-Esprit en 1595, puis nommé gouverneur de Saint-Malo en 1597. Il décède dans son château de Vauruffier le 29 juin 1604, et est inhumé dans l’église des Dominicains de Dinan.
265 En mars 1591, Saint-Laurent s’empare de la ville de Moncontour et met le siège devant le château, profitant de l’absence de La Tremblaye, parti en campagne dans les environs de Concarneau. Alerté, le marquis de Coëtquen mobilise des troupes contre celles de son gendre ligueur. Saint-Laurent préfère alors aller à sa rencontre et est vaincu dans l’engagement. Il n’avait laissé que de faibles effectifs devant le château et Tremblaye, de retour, n’a pas de mal à les défaire et à reprendre le contrôle de la ville.
266 En effet le siège du château de Moncontour a lieu en mars 1591, donc bien avant la bataille de Saint-Brieuc et le siège de la tour de Cesson, qui ont lieu en août 1592. Cependant, Christophe Ruffelet, tout comme les historiens qui lui sont contemporains, se fie aux mémoires de Montmartin pour dater le siège de la tour de Cesson par Saint-Laurent (« Mémoires de Jean du Mats, Seigneur de Terchant et de Montmartin, gouverneur de Vitré, ou relation des troubles arrivés en Bretagne depuis l’an 1589 jusqu’en 1598, dans Taillandier C., Supplément aux preuves de l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris, Delaguette, 1756, t. II, p. CCLXXVII-CCCXVI). Or, Montmartin commet une erreur chronologique difficile à repérer, au XVIIIe siècle, si l’on ne se rapporte pas à d’autres sources manuscrites. Pour lui, ces événements se produisent en août 1591, un an avant la date exacte.
267 Rougé est aujourd’hui une commune du nord-est de la Loire-Atlantique, près de Châteaubriant. Uzel est une commune du sud-est des Côtes-d’Armor, entre Quintin et Loudéac. Par des lettres de juin 1575, Henri III, voulant récompenser Jean, sire de Coëtquen, érige « en titre de baronnie sa terre et seigneurie du Vauruffier et celle de Combourg, qui souloit estre baronnie en comté ». En outre le roi « unit et incorpore à la seigneurie de Coëtquen lesdits baronnie du Vauruffier et comté de Combourg, ainsi que la vicomté de Rougé » et érige le tout en marquisat, sous le nom de Coëtquen. Ces lettres patentes, enregistrées au parlement de Bretagne le 12 octobre 1576, sont présentées par Jean de Coëtquen, le 15 juin 1580, à la Chambre des comptes de Bretagne, pour enregistrement. Uzel est à son tour érigée en vicomté en 1588 : Ogée J.-B., Dictionnaire historique…, op. cit., t. 2, p. 939.
268 Les Budes sont cités comme détenteurs d’Uzel en 1280 (quand Guillaume Budes épouse Jeanne du Guesclin). Margelie Budes, fille de Silvestre (lui-même petit-fils de Guillaume), est femme en premières noces de Bertrand du Marchaix. Leur fille Isabeau est dame d’Uzel. De son mariage avec Alain de Soray naît une fille qui épouse un Malestroit. Voir « Notices historiques sur Uzel et sur Saint-Thélo », MSHACDN, 2e série, t. 3, 1889, p. 367. Par contrat du 23 septembre 1517, Françoise de Malestroit, dame d’Uzel, épouse François de Coëtquen. La terre revient à leur fils Jean (voir supra, note 264) et reste aux Coëtquen jusqu’au XVIIIe siècle. En 1746, l’héritage d’Augustine de Coëtquen, morte sans enfant, revient à sa tante, Louise-Françoise de Coëtquen (1724-1802), duchesse de Duras depuis son mariage en 1739.
269 Uzel est vendu le 19 novembre 1759 par Emmanuel Félicité de Durfort, duc de Duras, à Mathurin Boschat, de la paroisse d’Allineuc, près d’Uzel, moyennant la somme de 334 400 livres. Boschat est un des plus importants négociants en toile de la région ; en relations commerciales avec Cadix, il séjourne habituellement à Saint-Malo depuis 1753. Il dote sa fille aînée de 50 000 lt en 1755, quand elle épouse un Visdeloup. Il est capitaine pour le roi du Fort La Latte en 1763, au mariage d’une autre de ses filles avec Guillaume Toussaint de la Noue. Il est anobli en 1768 et meurt en février 1778.
270 Le comté de Goëlo s’étend sur la partie nord-ouest de l’évêché de Saint-Brieuc, jusqu’au Trieux.
271 Face à la menace représentée par la coalition formée par les Espagnols et les ligueurs, les états royaux de Bretagne, réunis en décembre 1590, demandent à Henri iv de solliciter Elisabeth ire d’Angleterre pour obtenir de l’aide. Un contingent anglais débarque à Paimpol en mai 1591. Les motivations de la reine ne se limitent pas au simple fait d’aider le parti royal en Bretagne. Il s’agit aussi de contrecarrer les visées espagnoles sur la province. De son côté, Philippe ii d’Espagne espère en effet obtenir, grâce à son engagement, le contrôle d’un ou plusieurs ports qui lui seront très utiles comme bases sur la route maritime qui relie l’Espagne aux Pays-Bas ou pour une attaque vers l’Angleterre. Sur la dimension internationale des guerres de la Ligue en Bretagne, voir les analyses détaillées de Le Goff H. La Ligue en Bretagne …, op. cit.
272 Le contrôle de l’île de Bréhat, où des troupes peuvent, entre autres, perturber les entrées dans le port de Paimpol, est un objectif militaire important pour les deux camps. Une garnison ligueuse y est établie depuis l’automne 1589. Au printemps 1591, La Tremblaye est chargé de reprendre l’île. Malgré le soutien que les Malouins apportent à la garnison, La Tremblaye, aidé par les troupes et les navires anglais, obtient rapidement la reddition de la garnison. Il semble donc bien que les combats et les exactions évoqués ici n’aient pas de fondements, si l’on en croit les propos du prince de Dombes, adressés à Lord Burghley le 15 mai : l’arrivée des Anglais a semé la terreur et ceux « qui estoyent dans l’isle de Brehal, l’ayant recongneu de loing, l’ont quittée et remise en l’obeissance du Roy » (The National Archives, PRO, Londres, State papers, P 78/24 fo 42, cité avec orthographe modernisée par Le Goff H., La Ligue en Bretagne…, p. 166).
273 François de La Noue, né en 1531, issu de la noblesse du pays de Retz, est fils de François, gentilhomme de la chambre de François Ier et de Bonaventure Lespervier de Briord. Il prend part aux combats des dernières guerres d’Italie. Il se convertit au protestantisme vers 1558, et est un client des Châtillon, proche d’Andelot et de Coligny. Capitaine du parti huguenot pendant les Guerres de religion, il combat à Dreux, Saint-Denis, Moncontour. Il échappe à la Saint-Barthélemy grâce à une mission aux Pays-Bas. Après avoir joué un rôle délicat lors du siège de La Rochelle, il se rallie aux Malcontents, mais part ensuite combattre les Espagnols aux Pays-Bas. Capturé par eux en 1580, il passe cinq ans en captivité, période pendant laquelle il rédige ses Discours politiques et militaires. Libéré sous condition, il séjourne à Genève de 1586 à 1588, puis rentre en France et se met au service d’Henri IV. Le roi l’envoie en Bretagne aux côtés du prince de Dombes. Il est blessé le 18 juillet 1591 lors du siège de Lamballe et il meurt à Moncontour le 4 août. Voir Hauser H., François de la Noue (1531-1591), Paris, Hachette, 1892, 366 p.
274 En 1570, La Noue est grièvement blessé lors du siège de Fontenay-le-Comte et doit être amputé du bras gauche. Un artisan de La Rochelle lui fabrique alors la prothèse métallique qui lui vaut son surnom.
275 Dombes lève le siège de Lamballe devant la menace de l’approche de l’armée de Mercœur. Quand Mercœur se retire à Nantes, Dombes quitte la Bretagne centrale et vient mettre le siège devant Châtillon-en-Vendelais, qu’il prend en septembre 1591. Ensuite l’armée royale est durablement inactive. Sur le siège de Lamballe, voir supra, année 1590.
276 La Noue Niort : sans doute erreur de Ruffelet pour La Noue en Fresnaye-en-Retz et Briord (du chef de la mère de Bras-de-Fer) en Port-Saint-Père, les deux terres dans le pays de Retz, au sud-ouest de Nantes.
277 Ruffelet se trompe en pensant que la branche (aînée), celle de La Noue « Bras de fer » s’est éteinte dès 1612 (on trouve la même erreur dans une généalogie familiale du XVIIIe siècle). Odet, fils de François de La Noue, ne meurt que vers 1622 et il a lui-même un fils, Claude, maréchal de camp des armées du roi en 1648, qui s’éteint vers 1650. Avec sa fille, qui épouse Léonor Antoine de Saint-Simon, marquis de Courtomer, la branche aînée disparaît effectivement. La branche cadette des La Noue du Vair descend de Jean de La Noue, frère cadet de Maurice, lui-même arrière-arrière grand-père de La Noue « bras de fer ». Cette branche a pour dernier représentant Gabriel-François de La Noue-Vieuxpont, comte du Vair (1714-1779), qui est inspecteur commandant les milices garde-côtes en Bretagne en 1760 et meurt sans postérité. Deux branches cadettes des La Noue du Vair prolongent la famille : les La Noue Bogard (jusqu’en 1804) puis les seuls La Noue des Aubiers. Parmi eux, on note deux chanoines de Saint-Brieuc au XVIIIe siècle : Joseph-Marie et François-Jérôme. Un frère de François-Jérôme épouse une fille de Mathurin Boschat (voir supra, année 1591) : Poli O. de, Précis généalogique de la maison de la Noue, Paris, Conseil héraldique de France, 1886, 252 p.
278 Almaury de Kerguezay, sieur de Kermorvan, frère cadet de Claude de Kerguezay, sieur de Kergomar (voir supra, note 234). Il est capitaine d’une compagnie de chevau-légers pour le roi. Lors de la bataille de la plaine Saint-Michel du 8 août 1592, il charge les troupes ligueuses de Saint-Laurent avec une telle efficacité que la plupart de ses ennemis abandonnent le champ de bataille. Il meurt en 1620.
279 Précréant (voir supra, note 260), qui prend part au premier assaut contre les retranchements de l’armée de Saint-Laurent et aurait reçu treize coups d’épée pendant la bataille.
280 Yves du Liscouët, né en 1553, fils d’Alain du Liscoët et d’Anne de Roscerf. Il est fait chevalier de l’ordre du roi en 1590. Fidèle au roi, il reçoit du prince de Dombes le 19 juillet 1590 la charge de gouverneur de la ville et du château de Quintin. En octobre 1591, il décide d’occuper avec des troupes la tour de Cesson, alors qu’elle est déjà tenue par les royaux. Cette installation engendre de grandes tensions avec la population briochine et le capitaine Chasteau, commandant la garnison de Saint-Brieuc. Liscouët n’est remplacé que le 21 mars 1592 par le commandeur de Carentoir : Ambroise B., Saint-Brieuc pendant les guerres de la Ligue…, op. cit., p. 103-112. Liscouët prend part à la bataille de Saint-Brieuc le 8 août 1592. Fait maréchal de camp des armées du Roi en Bretagne le 19 novembre 1593, il meurt lors du siège de Crozon en novembre 1594.
281 François Budes, sieur du Plessis-Budes puis du Hirel. Il naît vers 1565, fils de Jacques Budes et de Béatrix de Romillé. Charles Budes, né vers 1570 est son frère cadet et suivant un document conservé dans les archives anglaises (The National Archives, PRO, Londres, State Papers 78/29, f° 424) celui-ci aussi se serait distingué lors des combats, où il commandait la cavalerie légère. Charles force en effet les ligueurs à abandonner le siège de la tour de Cesson et est ensuite grièvement « bleczé d’un coup de pistollet dans le col », blessure dont il se remettra (il meurt en 1619 et est le père du maréchal de Guébriant ; sur ce dernier voir infra, Annales 1643). François en revanche meurt sans alliance, à la prise de Quilhec.
282 Quilhet ou Quilhec : fief situé sur la paroisse de Quessoy (avec moyenne et basse justice).
283 Nicolas-Claude Loz, comte de Beaucours (1698-1784), marié à Louise Radegonde Berthelot de Saint-Illan.
284 Malgré la défense d’Yves du Liscouët, la ville et le château de Quintin, la première mal fortifiée et le second pas à même de résister à l’artillerie ligueuse, tombent aux mains de Mercœur en octobre-novembre 1592. C’est Liscouet qui avait pris la ville en 1590, après que Mercœur s’en était emparé une première fois en novembre 1589.
285 Erreur non corrigée par l’auteur.
286 Il s’agit du comte Guy XX de Laval (1585-1605), qui est également comte de Quintin. Il a succédé à l’âge de un an à son père, mort en 1586, et il ne joue évidemment pour l’heure aucun rôle dans la province. Sur les Laval, voir Walsby M., The Counts of Laval. Culture, Patronage and Religion in Fifteeenth and Sixteenth Century France, Ashgate, Aldershot, 2007, 203 p.
287 Gilles du Creux (ou du Crus), sieur de la Giffardière, capitaine de cinquante hommes d’armes, sert dans les rangs royaux. Il est sans doute originaire de Basse Normandie ; sa femme Claudine de Robien, qu’il a épousée en 1585, abjure le calvinisme à Avranches en 1587. Claudine de Robien (qui mourra en 1598) est possessionnée dans les environs de Quintin. L’épisode de la reprise de Quintin est aussi raconté par le chanoine Moreau : Mémoires du chanoine Jean Moreau sur les guerres de la Ligue en Bretagne, édités par Waquet H., Quimper, Archives Départementales du Finistère, 1960, p. 112. Il doit s’agir d’une erreur de Moreau (que Ruffelet reproduirait ?) car La Giffardière est mort à Rennes le 4 novembre 1591. Selon Waquet, l’éditeur de Moreau, il est possible que la reprise ait été assurée par le nouvel époux de Claudine de Robien, Alain de Coëtsal, sieur de Kerbellec.
288 Lors des combats d’août 1592 (voir supra, Annales 1591, note 254) des destructions ont lieu. Les sources évoquent surtout le préjudice subi par des édifices exceptionnels : la cathédrale, dont les archives sont pillées, l’hôtel Quicangrogne (propriété de la famille du Rouvre, seigneurs de Boisboissel) pillé et brûlé et le manoir de cette même famille aux environs de la ville, également victime des ravages des troupes : voir Ambroise B., Saint-Brieuc pendant les guerres de la Ligue …, op. cit., p. 141. Sur la maison d’Anne le Pape, détruite lors des combats urbains du 9 août, voir un dossier en Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – C 3738. Mais le pillage évoqué ici a pu se dérouler, comme le rapporte Ruffelet, après la prise de Quintin par Mercœur en octobre-novembre 1592. À l’arrivée du duc à Saint-Brieuc en novembre 1592, la présence de son armée a pu entraîner des déprédations. Cependant, dès le 12 novembre, depuis son « camp de St Brieu », Mercœur accorde une mainlevée générale sur les biens de nombreux Briochins, auparavant saisis parce qu’ils « avoient tenu le party contraire », et ce moyennant prestation d’un serment à la Sainte-Union. Cette clémence ducale fait-elle office de garantie, voire de sauvegarde pour les biens menacés par la soldatesque ? Sur ce dossier : Ambroise B., Saint-Brieuc pendant les guerres de la Ligues…, op. cit., p. 145.
289 Au sortir des guerres de la Ligue (voir supra, Annales 1579, 1590, 1591, 1592), après 15 ans de calamités, la Bretagne connaît deux crises : la première d’origine frumentaire culmine en juillet 1597 avec des prolongements jusqu’au printemps 1598 ; la seconde, épidémique, au second semestre de cette deuxième année, avec des séquelles importantes dans le diocèse de Saint-Brieuc, jusqu’en 1603 (Croix A., La Bretagne aux XVIe et XVIIe siècles. La vie, la mort, la foi, Paris, Maloine, 1981, t. 1, p. 282). L’épidémie de peste qui touche Saint-Brieuc en 1601 s’inscrit dans une série de contagions touchant la ville et sa région en 1598, 1601, 1607, 1622 et 1628-1632 sans compter l’attaque de la petite vérole en 1621 et une dysenterie qui sévit de 1636 à 1639 (Saint-Jouan R. de, Dictionnaire des communes …, op. cit., p. 634 ; Nières C. [dir.], Histoire de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 95). Le 10 juillet 1598, « à cause de la maladie qui commence », décision est prise, de fermer l’église, puis une semaine plus tard, une procession générale dans laquelle sont portés les chefs de saint Brieuc et de saint Guillaume est décidée de manière à attirer la bienveillance divine. Le sénéchal Salomon Ruffelet (voir infra, annexe 9, notice 60) s’efforce alors de combattre la maladie en limitant le prix du pot de vin « d’Anjou, Gascoigne, Poictou et Champaigne » à 12 sous et désigne quatre habitants pour distribuer des vivres chaque semaine aux pauvres. Fin septembre, il essaie de créer un cordon sanitaire en interdisant le commerce avec les localités voisines de Châtelaudren, Etable, Lanvollon, Pontrieux et Quintin qui sont infectées (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 84). En 1601, lorsque le fléau revient, on remarque des mesures identiques. En juillet, sous l’impulsion de Salomon Ruffelet, 120 écus par mois sont votés pour secourir les malades, les nourrir et rétribuer les chirurgiens et apothicaires ainsi que nettoyer les rues. Des baraquements de santé sont établis à côté du cimetière de l’église Saint-Michel, sous la responsabilité de deux prévôts : Jacques Poullain et Alain Ruellan. Ils accueillent jusqu’à 160 malades. Malgré ces efforts, l’épidémie atteint une telle violence qu’on ne trouve plus personne pour nettoyer les rues ni enterrer les morts. De nombreux habitants prennent la fuite et la cour royale transporte ses audiences au Légué jusqu’à ce que le parlement lui ordonne de revenir en ville, le 4 septembre (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne…, t. II, p. 111-114 ; Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 97-98). La contagion semble s’atténuer en fin d’année ; le nouvel évêque de Saint-Brieuc, Melchior de Marconnay (voir infra, Catalogue des évêques, notice 50), nommé en 1601, prend possession de son siège le 18 mars suivant.
290 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 50.
291 Statuts synodaux pour le diocèse de Saint-Brieuc, faicts de l’authorité de… Melchior de Marconnay, évêque dudit lieu l’an 1606, Saint-Malo, Pierre Marcigny, 1606. Il s’agit des premiers statuts synodaux briochins depuis 1507 (Artonne A., Guizard L., Pontal O., Répertoire des statuts synodaux des diocèses de l’ancienne France du XIIIe à la fin du XVIIIe siècle, Paris, CNRS, 1964, p. 391). Cette publication marque une étape importante dans l’application du concile de Trente dans le diocèse car Langelier (voir infra, Catalogue des évêques, notice 49), quoique évêque tridentin, n’avait pas eu d’œuvre législatrice. Sur les statuts synodaux du diocèse, voir infra, Annales 1723.
292 Sacerdotale, vulgo manuale, seu agenda, id est liber in quo plane continentur ea quae sacerdotes praestare oportet in administratione sacramentorum, rerum benedictionibus et alliis plerisque peragendis, quae ad paroeciale munus spectant, ad usum insignis Ecclesiae Briocensis, Reims, Simon de Foigny, 1605. Le lieu d’édition s’explique parce qu’il s’agit, en réalité, de la reprise briochine d’un rituel approuvé par le concile provincial de Reims en 1583 et édité sur place deux ans plus tard (Molin J.-B., Aussedat-Minvielle A., Répertoire des rituels et processionnaux imprimés conservés en France, Paris, CNRS, 1984, p. 257).
293 En réalité, il n’y a plus de lépreux en Bretagne à cette date, la maladie ayant disparu dans le courant du XVIe siècle, mais le problème subsiste de leurs descendants, appelés caquins/ cacous et du traitement particulier qui leur était fait : statut juridique spécial (dépendance de l’évêque, en particulier dans le diocèse de Saint-Brieuc : régaires au temporel, officialité au spirituel) et ostracisme quotidien (villages à part avec chapelle et cimetière, interdiction d’utiliser les fontaines communes et de toucher les aliments sinon avec une baguette, activités économiques propres à éviter les contacts avec autrui telles que la fabrication des cordes, d’où l’équivalence caquin = cordier). Les précautions valaient aussi pour le culte – assistance séparée aux offices, distribution à part de la communion ou du pain bénit – et sont rappelées ici par Melchior de Marconnay. Sur cette question, voir Croix A., « L’histoire d’un trait de mentalité : les caquins en Bretagne », ABPO, t. 86, 1979, p. 553-564 ; Chevalier M., « Caquins et caquineries dans l’ancien diocèse de Saint-Brieuc », MSECDA, t. 135, 2007, p. 67-85.
294 Jacques de Robien, originaire des environs de Quintin et par ailleurs capitaine du Croisic vers 1540, avait eu pour héritière une fille, Claudine, qui a épousé en 1566 Jacques Gautron, seigneur de la Villemainguy et de Plaintel ; de leur union est né Christophe, qui obtint de prendre le nom de sa mère, d’un rang plus élevé que son père.
295 Christophe-Paul de Robien (1698-1756), président à mortier au parlement de Bretagne, comme son fils aîné Paul-Christophe (1731-1799). On notera que la présentation de ce personnage reste silencieuse sur les importantes collections qu’il avait amassées dans son hôtel particulier rennais.
296 La Description de la Bretagne, quasiment achevée au moment de la mort de son auteur, n’a été éditée qu’en 1974, par les soins de Jean-Yves Veillard, (Robien, C.-P. [de]), Histoire ancienne et naturelle de la province de Bretagne : description historique, topographique et naturelle de l’ancienne Armorique, publiée par Veillard J.-Y., Mayenne, Floch, 1974, 386 p. Il est là aussi curieux de constater que Ruffelet ne retient du travail réalisé par Robien que la partie consacrée à l’histoire naturelle, dans la mesure où son ouvrage contient également une importante partie consacrée à l’archéologie et une autre à la présentation des principales villes de Bretagne. Sur ces considérations, consulter Aubert G., Le président de Robien. Gentilhomme et savant dans la Bretagne des Lumières, Rennes, PUR, 2001, 396 p.
297 Qui était sénéchal de Lamballe. Sur ces aspects généalogiques, Ruffelet semble suivre les résultats des travaux généalogiques menés par C.-P. de Robien, en partie publiés de son vivant.
298 La ville de Saint-Brieuc ne compte qu’une seule paroisse, celle de Saint-Michel (Ogée J.-B., Dictionnaire historique et géographique…, op. cit., t. 2 p. 709). Sur cette question, voir également, infra, Annales 1700. Le gouvernement temporel de celle-ci appartient jusqu’au XVIIe siècle à la généralité des paroissiens ou « général » des habitants réunis en assemblée. Un arrêt du parlement de Bretagne, du 21 janvier 1609, précise la manière de nommer les procureurs syndics et la tenue de la communauté de ville. Diverses assignations en février, mars, mai, juin et août cette même année à la requête du syndic et un arrêt de la cour notifié le 30 mai 1609, tentent de réunir 20 habitants tous les premiers lundis du mois en la chapelle Saint-Gilles pour y délibérer (Arch. mun. de Saint-Brieuc – BB 2, 3 et 4). Les délibérations prennent place au prône de la grand-messe, à la fin ou à l’issue de la cérémonie et parfois aux vêpres (Arch. mun. de Saint-Brieuc – BB 10 à 54, 1605-1790). L’objet principal de ces réunions est la bonne administration de l’église, des chapelles et des confréries ainsi que la nomination des personnels (Kermoal C., « Décider des affaires locales pendant la messe. La pratique politique des paroisses bretonnes à travers les actes prônaux [XVe-XVIIe siècles] », MSHAB, t. LXXXVI, 2008, p. 201-223). Le cadre paroissial étant celui du traitement de l’impôt, c’est tout naturellement le général de la paroisse qui décide de la nomination des personnes chargées de sa répartition et de sa collecte. Les collecteurs d’une année deviennent égailleurs l’année suivante (Kermoal C., Les notables du Trégor. Éveil à la culture politique et évolution dans les paroisses rurales [1770-1850], Rennes, PUR, 2002, p. 37-40).
299 L’évolution, notable tout au long du XVIIe siècle et encore largement inachevée au siècle suivant, va dans le sens d’une concentration, les assemblées ouvertes faisant de plus en plus place à des conseils restreints, Saint-Brieuc en étant pourvu dès au moins 1618 (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc…, op. cit., p. 101). Alors que les paroisses ne disposent d’aucun denier ni budget, les communautés au contraire ont à gérer leurs recettes et leurs dépenses. À la fin du siècle, ceci s’effectue sous le contrôle des agents du roi, les mesures de Colbert puis des premiers intendants ôtant à la communauté, à partir de 1670, toute autonomie financière (Queniart J., La Bretagne au XVIIIe siècle [1675-1789], Rennes, Ouest-France, 2004, p. 421-429). L’ordonnance royale du 18 juillet 1681, modifie la composition de la communauté de ville, crée une fonction de receveur municipal sous le nom de syndic-miseur et fixe les charges ordinaires de Saint-Brieuc à 2 896 livres annuelles (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc…, op. cit., p. 115).
300 Voir infra, Annexe 9, notice 23. Bertrand Havard sieur de La Couette forme procès, en 1608, contre François Desbois sieur de l’Abbaye, procureur-syndic (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves…, op. cit., t. II, col. 1127-1128). En 1627, il donne son testament « estant a presant au lict mallade… » (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 2 E 345, testament du 6 novembre 1627 : « Maistre Bertrand Havard sieur de La Couette bourgeois a saint brieuc estant a presant au lict mallade […] [époux de] feue damoiselle Anne Ruflet vivante dame dudit lieu de la couette sa compaigne, et que ses obseques funerailles et octave en lad eglise [de saint Michel de Saint-Brieuc] sera bien et honorablement faicte comme l’on a acoustumé de faire a aultre personnes de son rang comme procureur sindicque et fabricques aud sainct brieuc… »). Décédé avant 1632, sans enfant, son héritier est Nicolas Havart sieur de la Couette, son frère (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 1 G 261). Les sieurs de la Coëtte portent d’argent à deux hameçons de gueule en sautoir (Du Bois de La Villerabel A., À travers le Vieux Saint-Brieuc, Saint-Brieuc, Francisque Guyon, 1891, p. 23 et 178).
301 Jean Chapelain sieur de la Ville-Guérin en Plérin, député aux états de Nantes de 1609, est surtout connu par sa descendance : Nicolas Chapelain (1655-1702) lui aussi sieur de la Ville-Guérin, maire en 1693-1697 et à ce titre député aux états de Bretagne à Vannes, en 1695 (Voir infra, Annexe 9, notice 8) ; Yves Chapelain « noble bourgeois » sieur de la Ville-Guérin dont l’épouse a laissé un testament en date du 28 septembre 1732 (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 2 E 120). Les Chapelain de la Ville-Guérin portaient d’azur à la fasce d’or accompagné de trois trèfles d’argent (Bibliothèque de l’Arsenal, Armorial général de France, 1696).
302 La ville de Saint-Brieuc dispose du privilège de se compter au nombre des 38 à 42 villes qui suivant les époques députent aux états de Bretagne et y représentent seules l’ordre du Tiers (Dupuy A., Études sur l’administration municipale en Bretagne au XVIIIe siècle, Paris/Rennes, Picard, 1891, p. 2-3 ; Charpy J., Droguet A., Isbled B., Les Bretons délibèrent [1780-1800]. Répertoires des registres de délibérations paroissiales et municipales [1780-1800] et des cahiers de doléances [1789], Saint-Brieuc, Quimper, Rennes, Vannes, Archives départementales de Bretagne, 1990, p. 10). Les bourgeois de Saint-Brieuc députent aux états de Bretagne dès au moins 1423-1424. Une liste de trente-neuf députés briochins aux états, principalement pour les années 1567-1599, nous les montre parfois se déplaçant à plusieurs : à deux à Vannes (1582), à Rennes (1584, 1587), à Nantes (1585) ; à trois, en 1598, à Rennes. Ce qui n’est encore qu’épisodique au XVIe siècle, puisqu’à 27 reprises un seul nom est donné, devient une règle au XVIIe siècle : sur 63 députations seules 7 ne livrent alors qu’un seul nom (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 92-93 et 132-133).
303 Les Capucins, branche réformée de l’ordre franciscain née en Italie en 1525, s’introduisent en Bretagne grâce au duc de Mercœur qui les reçoit à Nantes en 1593. La paix revenue, ils s’implantent dans une vingtaine de villes et de ports bretons. La fondation briochine, un an après Guingamp, est redevable à M. de Bréhand, seigneur de Boisboissel. Le soutien de la Communauté de ville est classique à cette date : s’agissant d’un ordre mendiant, les municipalités offrent le terrain et contribuent à la construction des bâtiments. À la Révolution, le couvent devint l’Hospice général tenu par les religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve. À son emplacement, rue des Capucins, sont aujourd’hui un centre gériatrique et une maison de retraite.
304 L’importance donnée par Ruffelet à cette promotion de la baronnie de la Moussaye en marquisat s’explique par ses incidences religieuses car Amaury ii Gouyon était protestant : il établit donc une Église réformée à La Moussaye (en Sévignac) dont les registres commencent en 1618 ; son fils fera de même dans le comté de Quintin après en avoir fait l’acquisition en 1638. La riposte de l’évêque de Saint-Brieuc sera singulièrement compliquée par la position renforcée des Gouyon de la Moussaye, qu’accroîtra encore leur alliance avec les La Tour d’Auvergne.
305 À cette date, la famille est passée au catholicisme : le marquis du Bordage se convertit en 1686, au lendemain de la Révocation, de même que ses deux enfants, René-Amaury et Henriette (Tostivint R., « La famille Gouyon de la Moussaye et le protestantisme dans le comté de Quintin », BAB, t. 81, 1972, p. 51-74).
306 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 51.
307 L’adoption des ouvrages liturgiques romains (bréviaire, missel, rituel) par les diocèses bretons est un mouvement général dans les décennies qui suivent le concile de Trente.
308 Il s’agit soit du Bréviaire de Saint-Brieuc imprimé en 1532, soit de l’édition de 1548 (Breviarium de Trinitate, ad usum ecclesie Briocensis emendatum cum multis additionibus, Rennes, Guillaume Chevau, 1548).
309 Ici, Ruffelet plaide pour un retour à une liturgie particulière : il est vrai qu’une tendance nette s’est dessinée à partir des années 1730 en faveur de l’abandon du rite romain, au profit soit de liturgies diocésaines, soit de plus en plus du « rite parisien » sous la forme de livres liturgiques « néo-gallicans ». Saint-Brieuc se dotera d’un missel parisien en 1782, suivi d’un propre l’année suivante. Sur cette question, Bisaro X., Une nation de fidèles. L’Église et la liturgie parisienne au XVIIIe siècle, Turnhout, Brepols, 2006, 478 p.
310 Les statuts synodaux pour le diocèse de Saint-Brieuc, Saint-Brieuc, Guillaume Doublet, 1624. Au sujet des statuts synodaux du diocèse, voir supra, Annales1602 et infra, Annales 1723.
311 Les conférences ecclésiastiques consistaient en une « formation continue » du clergé paroissial, sous forme de réunions mensuelles consacrées à l’explication des Écritures ou au commentaire d’un point de doctrine. Elles furent inaugurées par les évêques réformateurs du XVIIe siècle et, à Saint-Brieuc, par Le Porc de La Porte qui avait ouvert, dans la chapelle de son manoir, une chaire de théologie et des conférences ouvertes aux jeunes gens (Pocquet du Haut-Jussé B., « Les évêques de Bretagne dans la renaissance religieuse du XVIIe siècle », AB, t. 47, 1954, p. 30-59). Si les conférences semblèrent moins nécessaires une fois que les séminaires eurent été créés, elles conservèrent une indéniable vitalité en certains diocèses, dont Saint-Brieuc (Berthelot du Chesnay C., Les prêtres séculiers …, op. cit., p. 428).
312 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 51.
313 Ce couvent mendiant est de fondation tridentine puisque c’est en 1618 que les habitants de Quintin en firent la demande aux Grands Carmes de l’observance (réformée) de Touraine. Le 26 avril 1620, « la croix pour désigner le lieu » était bénite par l’évêque de Saint-Brieuc le long du chemin menant de la place du Martray à Chatelaudren. La chapelle servit d’église paroissiale de 1764 à 1790 avant de disparaître au début du XIXe siècle. Du couvent, ravagé par un incendie en 1871, subsistent le bâtiment appelé aujourd’hui Roz Maria et le jardin, avec un ensemble de fontaines et de viviers (Hamon P. « Les Carmes de Quintin et leur couvent de 1619 à nos jours », MSECDA, t. 116, 1987, p. 131-156).
314 La Bretagne, où les ateliers d’imprimerie avaient pratiquement disparu entre 1585 et 1620, avait fréquemment recours aux imprimeurs bas-normands, ce qui explique que l’un d’entre eux, natif de Coutances, soit venu s’installer à Saint-Brieuc. Premier typographe de la ville, il imprime en 1621 l’office des saints Brieuc et Guillaume puis, en 1624 les nouveaux statuts synodaux. Il meurt en 1657 (Adam A., « Une dynastie d’imprimeurs-libraires : les Doublet-Prudhomme à Saint-Brieuc 1620-1984 », MSHAB, t. 62, 1985, p. 191-222).
315 À la mort sans postérité de Jean-Baptiste Doublet en 1751, l’imprimerie briochine est reprise par Jean-Louis Mahé, jusqu’à ce que ce dernier la cède à Louis-Jean Prudhomme, époux d’Yvonne Doublet, en 1777. Voir Leduc F., Louis-Jean Prudhomme, imprimeur du roi et de l’évêque à Saint-Brieuc, 1745-1832, mémoire de master 2 (G. Provost et J. Le Bihan, dir.), université Rennes 2 – Haute-Bretagne, 2008, 215 p.
316 Originaire de la paroisse de Plumieux dans le sud du diocèse de Saint-Brieuc.
317 Les évêques sont Louis-Marcel, évêque de Saint-Brieuc de 1684 à 1703 (voir infra, Catalogue des évêques, notice 55) puis de Tournay jusqu’à sa mort en 1707, et François, évêque de Quimper de 1668 à 1707. Plusieurs Coëtlogon sont par ailleurs chanoines des cathédrales de Quimper et de Vannes. Alain-Emmanuel (1646-1730) reçoit son bâton de maréchal quelques jours avant sa mort. Officier de marine, il a participé à toutes les guerres de Louis XIV, notamment sous les ordres de Tourville, et a été fait vice-amiral de la flotte du Levant, grand croix de l’ordre de Saint-Louis, a été reçu dans les ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel (voir infra, Annales 1730). Au XVIIIe siècle, Emmanuel-Louis meurt grand cordon de Saint-Louis après avoir été capitaine des dragons, lieutenant du roi à Rennes, colonel à l’armée du Rhin, brigadier des armées du roi, maréchal de camp lieutenant général. Au titre des ambassadeurs, Ruffelet fait certainement allusion à Olivier de Coëlogon, ambassadeur de Bretagne en France puis ambassadeur à Rome et en Angleterre au milieu du XVe siècle. Sur les Coëtlogon, voir Kerviler R., Répertoire général de biographie et de bio-bibliographie bretonne, Rennes, Plihon et Hervé, t. IX, 1897, p. 424-437 et Levot P., Biographie bretonne …, op. cit., t. I, p. 380-382.
318 De 1713 à 1720 (démission), après avoir mené une carrière militaire. Voir infra, Annales 1706.
319 Il participe en décembre 1717 aux états de Dinan au cours desquels la noblesse refuse de voter le don gratuit alors que la monarchie tente de faire face aux difficultés financières nées des guerres de la Ligue d’Augsbourg (1689-1697) et de Succession d’Espagne (1701-1713). Le commandant en chef dissout alors les états puis, pour calmer les esprits, les convoque de nouveau en juillet 1718. Soutenus par le parlement, une soixantaine de gentilshommes signent une déclaration s’opposant à la levée de toute taxe. Le pouvoir réagit en septembre, notamment en excluant les signataires de la protestation et en adressant des lettres de cachet à douze parlementaires – dont César de Coëtlogon – condamnés à résider sur leurs terres ou à s’exiler hors de la province. Voir Quéniart J., La Bretagne au XVIIIe siècle …, op. cit., p. 51-53 et Jarnoux P., « Pontcallec ou les métamorphoses de la mémoire », dans Le Page D. (dir.), 11 questions d’Histoire qui ont fait la Bretagne, Morlaix, Skol Vreizh, 2009, p. 183-206. Cette affaire trouvera sa suite dans l’affaire Pontcallec (1719-1720)… dont Ruffelet ne dit rien.
320 De 1695 à 1709, après avoir été mousquetaire et enseigne des gendarmes écossais.
321 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 51.
322 La Mère des Anges avait été préalablement à l’origine des couvents de Dinan et de Laval, relevant de la même congrégation des Ursulines de Bordeaux. Reçues par l’évêque, les cinq premières religieuses s’installèrent provisoirement dans une maison prébendale où elles ouvrirent les premières classes. L’année suivante, l’évêque donna le terrain au Pré-Tison, à l’emplacement de l’actuel Champ de Mars, et finança la construction de la chapelle dédiée à saint Charles Borromée : ce dernier, qui avait implanté les Ursulines à Milan, venait d’être canonisé quelques mois plus tôt et incarnait le modèle épiscopal par excellence. En tant que fondateur du couvent, l’évêque y fut inhumé en 1631.
323 La congrégation des Calvairiennes fut fondée à Poitiers en 1617 avec le soutien du P. Joseph, « éminence grise » de Richelieu. Forte de ces éminents appuis, elle s’implanta dans de nombreuses villes de l’Ouest de la France (Nantes 1623, Morlaix, 1625, Rennes, 1630…). Contemplatives, les religieuses tenaient également un pensionnat. Le couvent des Calvairiennes était situé dans la rue Saint-Benoît, qui lui doit son nom. À la Révolution, il fut converti en tribunal civil et manutention militaire, cependant que l’enclos était vendu en 1853 aux Dames du Sacré Cœur. Les arcades du cloître du XVIIe siècle ont subsisté jusqu’en 1964.
324 Dès 1618, il est question des réparations à apporter à la muraille de Saint-Brieuc (Habasque F.-M., Notions historiques …, op. cit., t. II, p. 94). En 1622, la communauté de Saint-Brieuc sollicite et obtient des états l’autorisation de fortifier la ville. Par lettres patentes du roi Louis xiii, de juin 1623, il lui est accordé de clore la ville de murailles, tours, fossés et ponts-levis nécessaires à assurer sa sécurité et celle du port du Légué. Les travaux doivent être financés par l’octroi d’un sol par pot de vin débité en ville, cet impôt prenant effet pour neuf années, à compter du 1er octobre 1624. Un premier plan levé par le sieur de Lésart pour César de Vendôme (Arch. dép. de Loire-Atlantique – B 219) gouverneur de Bretagne est jugé trop vaste par son successeur le maréchal de Thémines. Une querelle locale entre le sénéchal et le syndic retarde encore le projet. L’arbitrage de l’évêque aboutit à un plan moins ambitieux : une muraille à créneaux de 24 pieds de larges, de 7 pieds d’épaisseur à la base et de 5 pieds au sommet ; des fossés de 20 pieds de large sur 9 pieds de profondeur. La pose de la première pierre, le 29 juillet 1628, est suivie de travaux discontinus jusqu’en 1641 : devis de la porte de Saint-Guillaume et d’un pan de muraille « entrepris de bâtir par Jan Auffray de Robien » en septembre 1628, continuation des travaux à la porte de Saint-Guillaume et nouvelles conditions d’adjudication en 1637 par exemple (Arch. mun. de Saint-Brieuc – EE 25 et EE 26). La muraille ne mesure alors que quelques toises sur l’emplacement de ce qui deviendra plus tard les Grandes Promenades. Dubuisson-Aubenay qui la visite en 1636 décrit un début de murailles élevées jusqu’aux mâchicoulis et parapet et une porte vers Rennes et Dinan « fort avancée » (Croix A. [coord.], La Bretagne d’après l’itinéraire …, op. cit., p. 241). L’enceinte ne comprend qu’un pan de mur, en 1648, quand le projet est abandonné (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 104-105). En 1663, Jean-Baptiste Babin trésorier de France et général des finances constate à destination de Charles Colbert de Croissy commissaire général pour le roi aux états de Bretagne, à Nantes : « la ville de Saint-Brieuc […] n’est pas ceinte de murailles » (Croix A. [coord.], La Bretagne d’après l’itinéraire…, op. cit., p. 1024). L’information est confirmée par ce dernier, deux années plus tard : « lad. Ville est ouverte de toutes parts n’y ayant aucunes fortifications fossés ny murailles » (Kerhervé J, Roudaut F., Tanguy J., La Bretagne en 1665 d’après le rapport de Colbert de Croissy, Cahier de Bretagne occidentale n° 2, Brest, CRBC, 1978, p. 125). En 1686, Saint-Brieuc reçoit l’ordre de reprendre les travaux. Il ne semble pas qu’il y ait eu une suite. En 1782, un plan du restant des murs et des fossés de la ville est dressé par le sieur Perroud (Arch. mun. de Saint-Brieuc – EE 29). En dépit d’une ultime opposition, en 1785, à la destruction de la porte de la ville nommée porte de Saint-Guillaume ou de Rennes, en 1788, les restes des murs sont vendus 3 000 francs à M. Thierry, ancien adjoint au maire (Arch. mun. de Saint-Brieuc – EE 30 ; Habasque F.-M., Notions historiques …, op. cit., p. 94, note 1).
325 Voir infra, Catalogue des évêques notice 51.
326 Voir infra, Annexe 9, notice 35. En 1552, « Nicolas Le Clerc natiff originaire du pays de picquardye a present demeurant en la ville et sitte de sainct brieuc » achète d’écuyer François Rouxel et de Georgine le Voyer sieur et dame de l’Hôpital à Plérin les droits de collecte de la grande dîme de cette paroisse (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 2 E 439, acte du 24 janvier 1552). Il est possible que Nicolas Le Clerc soit parent de ce premier Nicolas. En 1628, installé à Saint-Brieuc où il a épousé Margueritte du Jardin, Nicolas Le Clerc est sieur de La Grange (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 1 G 94), conseiller du roi et sénéchal de Saint-Brieuc.
327 Il s’agit du sieur Lochet. Le nom de Lochet est attesté à Saint-Brieuc, en 1541, lorsque Henri dauphin de Viennois et duc de Bretagne accorde à Ollivier Lochet une commission de notaire (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 2 E 466, Copie sur parchemin du 29 avril 1560 d’un acte du 24 avril 1541). Au début du XVIIe siècle on connaît Yves Lochet sieur des Noës, procureur fiscal en 1603. Il s’agit sans doute de celui qui est opposé au chapitre de la cathédrale en 1608 (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 1 G 261). Ce dernier ou son fils est syndic de la communauté en 1628, député aux états de Vannes en 1629, procureur fiscal en 1632 ; c’est le personnage qui nous occupe. La famille compte encore un Denis Lochet sieur des Noës et procureur syndic de 1682 à 1684 (voir infra, Annexe 9, notice 44). Les Lochet sieurs des Noës et du Liscoët portent de sable à trois poissons d’argent en pal, 2 et 1 (Du Bois de La Villerabel A., À travers le vieux Saint-Brieuc…, op. cit., p. 50 et 179).
328 La mention de la date de 1632, qui sera reprise par Ogée, s’explique mal. En fait, c’est en 1607 qu’une lettre patente d’Henri iv supprime la seigneurie de Lantic, réunit les terres de Buhen et Lantic et érige la seigneurie de Buhen en châtellenie en faveur de Guillaume de Rosmadec pour services rendus « tant en assauts de certaines villes, conservation d’autres, rencontres, escarmouches que batailles, conduites des gens de guerre et autres expériences militaires pendant les troubles et guerres civiles, qui ont eu cours en ce royaume et continuent encore… » (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – E 1567, châtellenie de Buhen-Lantic, copie de la lettre patente d’Henri iv, 1607). Guillaume de Rosmadec (vers 1540-1608), seigneur de Buhen par héritage en 1568, de Lantic par achat en 1584, fut gouverneur de Vitré pendant la Ligue. La châtellenie s’étend dans les paroisses de Plourhan, Etable, Pordic, Trégomeur, Lanvollon, Plouha, Lantic, Tréguidel et Pléguien.
329 Il s’agit de Régnauld-Gabriel de Boisgélin, marquis de Cucé (1691-1774), président à mortier du parlement de Bretagne.
330 Le cardinal de Richelieu meurt le 4 décembre 1642. Devenu gouverneur de Bretagne en 1627, à la mort du marquis de Thémines, il y développa une clientèle nobiliaire nombreuse, essentielle pour asseoir le pouvoir du roi dans la province (Collins J., La Bretagne dans l’État royal. Classes sociales, états provinciaux et ordre public de l’Édit d’Union à la révolte des Bonnets rouges, Rennes, PUR, 2006, p. 209-221). Le fait que l’oraison funèbre du défunt gouverneur ait été prononcée par l’évêque de Saint-Brieuc et non celui de Vannes est dû à sa proximité avec le « clan » Richelieu, voir infra, Catalogue des évêques, notice 53.
331 Jean-Baptiste Budes de Guébriant, comte de Guébriant, meurt en effet le 24 novembre 1643, des suites de la blessure reçue 7 jours plus tôt lors du siège de Rottweil, sur les rives du Neckar : un coup de fauconneau – un petit canon léger – lui avait alors emporté le bras droit. Né à Saint-Carreuc, au château du Plessis-Budes, en 1602, ce cadet, après avoir étudié au collège jésuite de La Flèche, sert sur les principaux théâtres de la guerre de Trente Ans : il est d’abord soldat en Hollande avant de devoir fuir la France à la suite d’un duel, ne revenant qu’en 1630 pour devenir capitaine dans le régiment de Piémont puis aux Gardes françaises en 1631. Il combat en Picardie en 1636, dans l’Empire en 1637 puis à nouveau en 1638-1639, cette fois aux côtés de Bernard de Saxe-Weimar, avant de lui succéder à sa mort en juillet 1639. Il sert alors en Franche-Comté, possession espagnole, avant d’attaquer Ratisbonne avec les Suédois en 1640. Promu maréchal de France le 22 mars 1642 après ses victoires de Wolfenbüttel et Kempen en 1641 et 1642, gouverneur d’Auxonne à compter de 1641, il bénéficie d’obsèques solennelles à Notre-Dame de Paris. Sur le maréchal de Guébriant, voir notamment Kerviler R., Répertoire général …, op. cit., t. 4, p. 93-97.
332 Née à Périgueux en 1614, Renée du Bec Crépin, veuve de Jean-Baptiste Budes de Guébriant, fut chargée de conduire à Stanislas IV, roi de Pologne, la princesse Marie-Louise de Gonzague, épousée par procuration, et devient ambassadrice du roi de France dans ce pays, ambassade dont les péripéties sont contées par Le Laboureur J., Relation du voyage de la Royne de Pologne et du retour de Mme la mareschalle de Guébriant, ambassadrice extraordinaire, Paris, Camusat, 1647. Revenue en France, elle se fait remarquer par son rôle dans la prise de Brisach en 1652. Elle meurt le 2 septembre 1659 à Périgueux, pendant les négociations du traité des Pyrénées auxquelles elle avait souhaité assister en se faisant conférer le titre de première dame d’honneur de la jeune reine Marie-Thérèse d’Autriche. Sur ce personnage, voir Carré H., « La maréchale de Guébriant à l’armée d’Allemagne (1643) », Le Mercure de France, 1er octobre 1920, p. 82-112.
333 Ruffelet renvoie implicitement ici à deux ouvrages signés de Jean Le Laboureur : une Histoire du mareschal de Guébriant contenant le récit de ce qui s’est passé en Allemagne dans la guerre des couronnes de France et de Suède, Paris, R. Nain, 1656, et, chez le même éditeur, la même année, une Histoire généalogique de la maison des Budes… où sont traitées par occasion beaucoup de familles illustres.
334 Né à Quintin en 1595, Rigoleuc fit une carrière d’enseignant dans divers collèges jésuites mais il joua surtout un rôle important, mis en relief par Henri Brémond, en recueillant et en transmettant la doctrine spirituelle du P. Lallemant qui exerça une profonde influence sur les acteurs de la Réforme catholique bretonne, à commencer par Julien Maunoir et Vincent Huby qui furent ses élèves. Les « traités de spiritualité » dont parle Ruffelet sont issus de ses manuscrits, publiés après sa mort par son confrère Pierre Champion : La vie du P. Rigoleuc, de la Compagnie de Jésus. Avec ses traitez de dévotion et ses lettres spirituelles, Paris, Michallet, 1686, 509 p.
335 Voir infra, Catalogue des évêques notice 53.
336 Les lettres patentes autorisant son établissement sont datées d’août 1664. À cette date, le réseau des séminaires diocésains achève de se construire en Bretagne, après les fondations pionnières des évêques de Saint-Malo (à Saint-Méen, 1646), Tréguier et Nantes (1649), puis celle de Rennes (1662). Jusqu’alors, Mgr Denis de La Barde faisait obligation aux futurs prêtres de se rendre au Séminaire de Saint-Méen. En 1669, le Séminaire s’installe définitivement dans la maison de la Grenouillère, à l’emplacement de l’actuelle poste.
337 L’établissement était confié à l’une des sociétés de prêtres séculiers qui virent le jour en France au XVIIe siècle, en l’occurrence, les Pères de la Mission fondés par Vincent de Paul (dits « Lazaristes » car ils s’étaient fixés au prieuré Saint-Lazare à Paris). Déjà présents à Saint-Méen et Tréguier, ils prendront ultérieurement en charge Saint-Pol-de-Léon et Vannes.
338 Jusqu’au XVIe siècle, le gouverneur de la ville de Saint-Brieuc est un capitaine investi par l’autorité ducale dans une fonction sans doute séparée de celle de gouverneur du château de Cesson (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc…, op. cit., p. 43-44).
339 Voir infra, Annexe 9, notice 31.
340 Ibidem, notice 28.
341 Ibid., notice 1.
342 Ibid., notice 19. Contrairement à ce que nous dit Ruffelet, le plus ancien gouverneur connu de Saint-Brieuc est Henri de Plédran nommé, en 1353, « capitaine de la tour et du manoir de Saint-Brieuc » par l’évêque Guy de Monfort (voir infra, Catalogue des évêques, notice 28), Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 43-44. Le second est Elie du Rouvre (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. II, col. 277 : « Helye du Rouvré, sieur de Boisboëssel, Chevalier Capitaine de Saint Brieuc des Vaulx » ratifie le traité de Guérande, à Saint-Brieuc, le 29 avril 1381). Dans le premier tiers du XVIIe siècle, l’autorité royale nomme à Saint-Brieuc un gouverneur de la ville et de la tour de Cesson. Le premier titulaire de cette charge est le sieur du Boislouët (voir infra, Annexe 9, notice 57) dont parle, en 1636, Dubuisson-Aubenay (Croix A. [coord.], La Bretagne d’après l’itinéraire …, op. cit., p. 241, note a : « le sieur de Boislouët, demeurant à l’Espezet prez Hédé »).
343 Claude d’Acigné ayant démissionné en 1666 la charge échoit, par lettre patente du 25 avril 1667, à Yves-Olivier de La Rivière dont la famille par le jeu des survivances héréditaires (et paiement des droits de succession) va conserver le titre de gouverneur pendant un siècle (voir infra, annexe 9, notices 28, 29, 30, 31). En 1773, la fonction échoit jusqu’à la Révolution au comte Charles-Eugène de Boisgelin. Sur les La Rivière, voir Saint-Jouan R. (de), Dictionnaire des communes …, op. cit., p. 418 et 485, Saulnier F., Le Parlement de Bretagne (1554-1790). Répertoire alphabétique et biographique de tous les membres de la Cour, Rennes, Plihon, 1909, p. 755-756 et La Chesnaye-Desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la Noblesse, Paris, Schlesinger, 1872, col. 143, ainsi que Arch. mun. de Saint-Brieuc – AA 2, 17, 18 et 19.
344 Premier des trois seigneurs de Saint-Brieuc (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc…, op. cit., p. 120-123), l’évêque est seigneur de Saint-Michel de Saint-Brieuc, de Ploufragan, de Cesson, de Trégueux et de Langueux, territoires situés entre Urne et Gouët qui forment le Turnegouët ; il est encore seigneur des Régaires. Seigneur supérieur, il est toutefois faiblement possessionnés sur la ville elle-même et sa position lui est contestée par le chapitre et le seigneur de Boisboissel. À cette époque, Denis de La Barde est évêque de Saint-Brieuc (voir infra, Catalogue des évêques, notice 53)
345 Second seigneur, le chapitre de la cathédrale possède presque les deux tiers de la ville. Par un accord conclu avec l’évêque André Le Porc de La Porte (voir infra, Catalogue des évêques, notice 51) en 1622, les chanoines ont été reconnus indépendants quant au fief ; ils doivent toutefois se soumettre à la juridiction de l’évêque. Malgré cette clarification, et une délimitation précise du fief du chapitre dans la ville et les faubourgs de Saint-Brieuc, la volonté d’indépendance des chanoines occasionne de nombreux conflits. L’affaire est portée devant le conseil du roi (Kerhervé J, Roudaut F., Tanguy J., La Bretagne en 1665…, op. cit., p. 111 : « Ledit évesque est aussy seigneur de Langueux, Tregueux, Clouffangant (Ploufragant) et Cesson en partie, il prétend jurisdiction spirituelle sur son chapitre & est en procez pour raison de ce au Conseil du Roy… »).
346 Le troisième seigneur est Louis-Antoine de Bréhant, vicomte de l’Isle seigneur du Bois-Boissel (La famille de Bréhant détient la seigneurie de Bois-Boissel depuis 1554). La vicomté de l’Isle est une seigneurie située en Plœuc ; celle du Boisboissel est située en Trégomeur. À cause de cette dernière qui vaut à Louis-Antoine la possession du tiers de la ville de Saint-Brieuc, celui-ci doit rendre hommage à l’évêque. Mais prévôt de l’évêque et exerçant en son nom la haute justice, le seigneur de Boisboissel détient aussi et à ce second titre une moyenne justice, avec la tentation répétée de faire passer la justice prévôtale dans son propre fief. De plus, il revendique être le seigneur fondateur de l’église Saint-Michel unique paroisse de la ville. Cette double prétention est la source de conflits continus entre les évêques de Saint-Brieuc et les seigneurs de Boisboissel qui émaillent l’histoire de Saint-Brieuc. Sur les Boisboissel, voir par ailleurs infra, Annales 1765.
347 Au terme de la coutume, le seigneur supérieur et suzerain ne peut contraindre les sujets d’un seigneur à suivre son moulin que dans le cas où ce dernier n’en possède pas (Sée H., Les classes rurales en Bretagne du XVIe siècle à la Révolution, Paris, Giard et Brière, 1906, p. 131). L’évêque exige pourtant que « tous les hommes et vassaux tant nobles que rothurier […] doivent suivre avec pareille obéissance à la cour des régaires et à la suite des moulins » (Nières C. [dir.], Histoire de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 87). L’intérêt financier du droit de moute fixé au 1/16e du grain moulu motive cette convoitise, compliquée par la géographie respective des trois seigneuries dans la ville et envenimée par les différents conflits. Un procès verbal d’une assemblée tenue en la maison de ville le 13 mai 1665 pour traiter de la liberté des habitants de faire moudre leur blé « à tel moulin que bon leur semble » témoigne de l’intérêt de la communauté de ville pour la question (Arch. mun. de Saint-Brieuc – HH 5).
348 Il naît dans une famille de très bonne bourgeoisie présente de longue date dans le corps de ville. Ses études, débutées au collège de Saint-Brieuc, le conduisent à Rennes, à Nantes puis, enfin, à Paris, où il fréquente le collège de Navarre avant de rejoindre l’Oratoire le 5 janvier 1624. Il est ordonné prêtre en 1629. (Pommeret H., « Un oublié, Jean-Baptiste Noulleau », MSECDN, t. 61, 1929, p. 168).
349 L’Oratoire est une congrégation de prêtres fondée par Pierre de Bérulle en 1611 afin de diffuser, dans le sillage des préceptes tridentins, un nouveau modèle sacerdotal. Accordant une grande importance à l’enseignement, les Oratoriens prennent en charge de nombreux séminaires et collèges (Venard M. [dir.], Histoire du christianisme, t. 9 : L’âge de raison. 1620-1750, Paris, Desclée, 1997, p. 260-268).
350 Par Étienne de Villazel, évêque de Saint-Brieuc de 1632 à 1641 (voir infra, Catalogue des évêques, notice 52), dont il était l’ami et auquel il dédie en 1665 un ouvrage de 68 pages, Le modèle d’un grand évêque. C’est Villazel qui l’a fait venir à Saint-Brieuc comme archidiacre de Penthièvre en 1639. Auparavant, Noulleau était théologal de la cathédrale de Clermont. (Pommeret H., « Un oublié… », op. cit., p. 169).
351 La dignité de théologal lui permet en fait de répondre à l’une des exigences de l’Oratoire, pour lequel prédication et mission sont essentielles. Villazel l’emploie en effet « fréquemment dans les missions à la campagne, les prédications à la ville, la visite de son diocèse ». Ces activités l’entraînent parfois hors du diocèse. (Pommeret H., « Un oublié… », op. cit., p. 170).
352 Comme nombre d’Oratoriens, Noulleau est un intellectuel. Il serait fastidieux d’énumérer ses nombreux ouvrages dont la liste a été publiée par Batterel L., Mémoires domestiques pour servir à l’histoire de l’Oratoire, Paris, Ingold et Donnardet, t. III, 1904, p. 129-141. L’ensemble de l’œuvre est de surcroît finement analysé par Bremond H., Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. 7 : La métaphysique des saints, Paris, Colin, 1967, p. 197-265. Citons tout de même, parmi des ouvrages rapidement tombés dans l’oubli (Pommeret H., « Un oublié... », op. cit., p. 168), Le grand homme d’État, selon toutes les maximes de la politique chrétienne, Rennes, 1653, 37 p., les quatre volumes de L’esprit du christianisme, 1664 (plus de 4 000 pages !) ou Politique chrétienne et ecclésiastique pour chacun de tous les membres de l’Assemblée générale du clergé, Paris, 1666, 525 p.
353 Partisan d’une forme de presbytérianisme peut-être mâtiné de jansénisme – perceptible dans Le modèle d’un grand évêque –, il se heurte à l’évêque réformateur Denis de La Barde, incarnation de la Réforme catholique hiérarchique et aristocratique (Nières C. [dir.], Histoire de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 66 et infra, Catalogue des évêque, notice 53). La dégradation continue de leurs relations ainsi que son isolement croissant au sein du chapitre cathédral conduisent Noulleau à se retirer, seul, près d’une petite chapelle en Plérin, où il mourra (Pommeret H., « Un oublié… », op. cit., p. 188).
354 Précisément le 24 août 1672.
355 Le clergé était représenté aux états par les neuf évêques, les abbés des 40 abbayes d’hommes et les députés des chapitres des neuf cathédrales. L’évêque du lieu présidait les séances du premier ordre. Sur Fortin de La Hoguette, voir infra, Catalogue des évêques, notice 54.
356 Curieusement, Ruffelet n’a pas retenu les nominations de ses trois prédécesseurs, Étienne de Villazel (voir infra, Catalogue des évêques, notice 52), Denis de la Barde (ibidem, notice 53) et Hardouin Fortin de La Hoguette (ibid., notice 54). Sur Coëtlogon, voir infra, Catalogue des évêques, notice 55.
357 L’expression prêtée à Louis xiv n’est peut-être pas qu’une boutade : « prophètes en leur pays », les Coëtlogon étaient d’ancienne noblesse bretonne, présente au parlement et accumulant les charges prestigieuses au service du roi : le père de l’évêque est gouverneur de Rennes, un oncle est évêque de Quimper, d’autres sont militaires et l’un sera maréchal de France en 1730 (voir supra, Annales 1622). Au risque de faire figure d’agents de la monarchie et de susciter des résistances : le grand-père de l’évêque, Louis, l’avait éprouvé en 1645 lorsque, pourvu d’une commission d’intendant en Bretagne, il avait essuyé l’opposition des états de la province.
358 Jacques II Stuart passa trois jours à Saint-Brieuc en 1689, alors qu’il s’apprêtait à gagner l’Irlande pour reconquérir son trône avec l’appui de Louis XIV (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 114).
359 L’image court depuis l’oraison funèbre qui fut faite de Mgr de Coëtlogon par le P. Philippe dans l’église des Jésuites de Tournai le 21 juin 1709 (dont Ruffelet citera un extrait infra, Catalogue des évêques, notice 55). L’épisode se situe au lendemain de la Révocation de l’édit de Nantes, alors que les autorités civiles et religieuses entendent provoquer les conversions des derniers huguenots. Dans le diocèse de Saint-Brieuc, plus concerné que d’autres (une centaine de fidèles à La Moussaye à la veille de la Révocation, 80 à Quintin en 1662 selon Jean-Yves Carluer), Coëtlogon accompagnait le marquis de La Coste, lieutenant du gouverneur de la province pour les évêchés de Basse-Bretagne. Les notes de ce dernier suggèrent qu’il ne restait plus à convertir que les plus fragiles, femmes seules et âgées, étrangers, domestiques, tant à La Moussaye qu’à Quintin… ce qui peut expliquer que la parole ait ici primé sur la force (Carluer J.-Y., Les protestants bretons, thèse d’État, université Rennes 2, 1992, t. 1 p. 458-459, d’après Ropartz S., « Notes et correspondance du marquis de La Coste relativement à l’extinction du protestantisme dans les évêchés Saint-Brieuc, de Tréguier et de Quimper », MSACDN, t. 1, 1853, p. 309-333).
360 Le règlement des états de 1687 avait à l’origine pour but de mettre fin à des abus d’ordre financier. Il fut l’occasion de préciser la composition de l’assemblée, les procédures, etc. Voté par les états, ce règlement avait en fait été largement préparé par le gouvernement (Rébillon A., Les États de Bretagne de 1661 à 1789, leur organisation, l’évolution de leurs pouvoirs, leur administration financière, Paris, Picard, 1939, p. 51-52).
361 L’ordonnance portant création de la milice royale date du 29 novembre 1688. Elle prévoit que chaque paroisse fournisse, selon le nombre de ses habitants, au moins un milicien équipé à ses frais qui devra servir pendant deux ans dans la milice et, en cas de besoin, être versé dans l’armée royale. Originellement désigné par les communautés villageoises, les miliciens sont ensuite, à compter de 1691, tirés au sort. Une profonde réorganisation de ce système est mise en place par l’ordonnance du 25 février 1726. Sur la milice en Bretagne, voir Perréon S., L’Armée en Bretagne au XVIIIe siècle. Institution militaire et société civile au temps de l’intendance et des États, Rennes, PUR, 2005, p. 152-169.
362 Selon Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 148, Ruffelet ferait ici mention au régiment des Volontaires Bretons qui, effectivement, combattent aux Pays-Bas autrichiens sous les ordres de Maurice de Saxe pendant la guerre de Succession d’Autriche. Une telle erreur de la part du chanoine n’est guère crédible cependant, d’autant que l’on sait par ailleurs que, lors de ce conflit comme lors de la guerre de Sept Ans, le bataillon de milice de Saint-Brieuc – l’un des 7 que compte la Bretagne et l’un des 10 bataillons de campagne de la milice royale – combat à compter de 1745 aux Pays-Bas : il est par exemple en août de cette année-là au siège d’Ostende, puis à Ath avant de participer à l’investissement de Bruxelles en janvier 1746, au siège de Berg-op-Zoom et sans doute à la mise à sac de la ville en 1747. Ruffelet néglige de préciser cependant que le bataillon de Saint-Brieuc est supprimé en 1766, son ressort étant partagé entre ceux des 4 bataillons voisins, Carhaix, Vannes, Redon et Dinan ; Perréon S., L’Armée en Bretagne …, op. cit., p. 154 et Hennet L., Les milices et les troupes provinciales, Paris, Baudoin, 1884, p. 90-93.
363 En homme de son temps, Ruffelet aime à voir dans certaines institutions de la France du XVIIIe siècle un héritage de la Rome antique. En ce qui concerne la milice instituée en 1688, le lien est pour le moins ténu.
364 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – 1 Ba 26, greffe du parlement de Bretagne, enregistrement. Erection du comté baronnie de Quintin en duché, fo 118 vo. Sur Guy-Nicolas de Durfort, voir infra, Annales 1745.
365 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – 1 Ba 31, greffe du parlement de Bretagne, enregistrement. Lettres patentes pour changer le nom et seigneurie de Quintin en celui de Lorges, 15 décembre 1706, fo 9 ro.
366 Ce court développement sur les terres de Quintin montre que Ruffelet dispose d’informateurs et d’informations relativement fiables. S’agissant des origines, il reprend Lobineau et Du Paz. Sur les terres de Quintin, voir Croix A. (coord.), La Bretagne d’après l’Itinéraire …, op. cit., p. 264 et, pour une analyse fouillée et renouvelée des origines, Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre …, op. cit., p. 219-222. Voir par ailleurs, infra, note IV.
367 Dès le XIe siècle, cette famille possède « des établissements immenses depuis l’Agénois et le Quercy jusqu’à Narbonne », La Chesnaye-Desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la noblesse …, op. cit., t. 7, col. 109. Pour la présentation de quelques-uns de ses membres, voir infra, Annales 1745. Indiquons seulement ici que dans la parenté ou les alliances des Durfort on trouve Turenne, Nicolas Frémont, garde du trésor royal au XVIIe siècle, Michel Chamillart, contrôleur général des finances…
368 Erreur non corrigée par l’auteur.
369 Les juveigneurs sont les puînés des familles nobles, Marion M., Dictionnaire des institutions de la France. XVIIe-XVIIIe s., Paris, Picard, 1923, reprint 1993, p. 323.
370 En constante recherche de ressources nouvelles, la monarchie, à partir de 1689, transforme en offices les fonctions municipales électives. L’édit d’août 1692 change dans tout le royaume, sauf à Paris et Lyon, les fonctions de syndics en offices vénaux et héréditaires (Bordes M. L’administration provinciale et municipale en France au XVIIIe siècle, Paris, Sedes, 1972 ; Nières C., Les villes de Bretagne au XVIIIe siècle, Rennes, PUR, 2004, p. 426-427 ; Quéniart J., La Bretagne au XVIIIe siècle …, op. cit., p. 424-428), offrant ainsi une occasion supplémentaire à quelques familles puissantes d’accroître leur main mise sur le pouvoir local. Alternativement, 1717 marque le retour aux élections tandis que l’épisode 1722-1724 est celui de la reprise puis de la suppression de la procédure vénale. Alors que jusqu’à présent les maires de Saint-Brieuc assumaient cette fonction deux ou quatre années consécutives, un nouveau rétablissement en 1733 donne l’occasion au sieur Vittu de Kersaint (voir infra, Annexe 9, notice 66) d’exercer la charge de maire jusqu’en 1748, de manière semble-t-il assez autoritaire puisque s’attirant les protestations de l’assemblée qui s’abstient parfois de délibérer. Cette période est marquée par les affaires houleuses de la séparation de la communauté et du général (voir infra, Annales 1742) ainsi que par la création et l’installation d’une petite école pour l’instruction des enfants pauvres (voir infra, Annales 1756). Sur ces sujets, consulter Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 146-148. En 1748, un arrêt du conseil force les villes à acquérir les offices municipaux sans titulaires ainsi qu’à racheter les offices vendus. Saint-Brieuc fait partie de la large majorité de villes bretonnes qui ont désormais définitivement un maire à leur tête (voir infra, Annales 1748).
371 Le règne de Louis VI le gros (1108-1137) est marqué par une suite de conflits incessants contre une multitude de seigneurs locaux et surtout contre le roi d’Angleterre Henri Ier. Après la défaite de Brémule (20 août 1119), Louis vi enjoint à ses évêques de le rejoindre avec leurs milices diocésaines pour faire le siège de Breteuil tenu par les Anglais. Le chroniqueur Orderic Vital évoque à cette occasion une levée en masse réunissant des troupes d’Auvergne, du Beauvaisis, de Bourgogne, du Berry, du Laonnais, de l’Orléanais, du Parisis, du Sénonais, du Vermandois et aussi de plusieurs villes : Arras, Clermont, Gournay, Lille, Nesle, Noyon, Péronne et Tournai (Contamine P., La guerre au Moyen Âge, Paris, puf, 1980, p. 124-126). Ce droit de « faire commune » octroyé par Louis le Gros pour des raisons tant politiques (contrepoids à la puissance ecclésiastique et aux féodaux) que financières, s’exprime quelques années plus tard dans nombre de sceaux figurant un maire ou une organisation municipale, par exemple : Laon (XIIe siècle), Noyon (vers 1200), Nîmes (1226), Soisson (1228)…
372 En Bretagne, il ne semble pas y avoir eu de développement similaire des communautés de ville. Fermement contestée par Arthur de la Borderie, en dépit d’exemples de réunions publiques à Rennes ou Redon (La Borderie A. de, Histoire de Bretagne …, op. cit., t. III, 1899, p. 151-155), l’idée d’un embryon de vie municipale doit sans doute être repoussée au XIIIe siècle sous Pierre Mauclerc et Jean Ier lorsqu’apparaissent les premiers privilèges urbains. L’essor des conseils bourgeois est plus tardif, datant des Montfort, après l’exil de Jean iv en Angleterre (1373-1379) jusqu’à François II (1458-1488) (Leguay J.-P., Martin H., Fastes et malheurs …, op. cit., p. 52-53, 246-251, 327-339). À Saint-Brieuc, Jean Bagot, syndic, est connu en 1579 (Habasque F.-M., Notions historiques …, op. cit., t. II, p. 157 et infra, Annexe 9, notice 2) et une force armée bourgeoise est attestée en 1590. Ville épiscopale, Saint-Brieuc est concernée par l’édit de 1694 qui décide que dans « toutes les villes où il y avait un évêché…, il y aurait un colonel, un major, 8 capitaines et 9 lieutenants » (Nières C., Les villes de Bretagne …, op. cit., p. 461). En 1714, la milice bourgeoise de Saint-Brieuc recrute dans six quartiers urbains : le Martray, Fardel, La Grand’Rue, Saint-Guillaume, Saint-Gouéno et la rue du Gouët et, depuis 1707, dans le quartier rural des Villages. Sur la milice bourgeoise, voir supra, Annales 1688.
373 Sur ce sujet, voir supra, Annales 1688.
374 Fils de Pierre, grand échanson du roi mort en 1670, et de Magdelaine de Bueil, dame de Coucillon, il fut successivement capitaine dans le régiment du roi (1675), colonel du régiment d’infanterie de la reine (1676), brigadier d’infanterie (1683), maréchal de camp (1688), lieutenant général des armées du roi (1693) et gouverneur de Condé (Annales des Côtes-du-Nord, 1846, p. 61 et Saint-Maurice Cabany E. [dir.], Le nécrologe universel du XIXe siècle, Paris, t. VII, 1852, p. 365-368). La tentative de prise de la place de Crémone au cours de laquelle il est touché eut lieu en 1702. Elle est typique des opérations de « petite guerre » (Picaud-Monnerat S., La petite guerre au XVIIIe siècle, Paris, Economica, 2010, p. 242-243). Il meurt de ses blessures le 9 février 1702.
375 Sur cette famille possessionnée à Perrien, en Lanrodec, voir de manière plus générale Frotier de la Messelière H., Filiations bretonnes (1650-1912), Mayenne, J. Floch, 3e éd., 1976, t. IV, p. 318-321. Anne Urvoy et Maurice de Perrien sont les grands-parents du lieutenant général des armées du roi. La terre de Crénan est passée aux Bellingant lors du mariage d’Olivier de Bellingant, né le 7 septembre 1653, avec Anne de Perrien, fille de Charles de Perrien et d’Anne de Kergroadez ou Kergroazec (Viton de Saint-Allais N., Nobiliaire universel de France, Paris, t. X, 1817, p. 231) et petite nièce de Maurice de Perrien et Anne Urvoy (Saint-Maurice Cabany E. [dir.], Le nécrologe universel …, op. cit., p. 365-368). La famille Bellingant est originaire d’Angleterre et a été déclarée noble d’ancienne extraction en 1669 (Kerviler R., Répertoire de biographie …, op. cit., t. 2, 1887, p. 377).
376 Voir, infra Note XXIV.
377 Paroisse de 6 000 communiants à la fin du XVIIIe siècle, Plœuc se situe à une vingtaine de kilomètres au sud de Saint-Brieuc et appartient à la subdélégation de Moncontour. Les lettre patentes de 1696 précisent que « la dite bannière de Plœuc est érigée en comté, en considération de l’illustre maison et de l’ancienne noblesse des seigneurs de La Rivière, issus des comtes de Cornouailles, juveigneurs des sieurs de Rohan… et en considération des services qu’ils ont rendu, comme l’histoire le rapporte, notamment ceux de Thibaud de La Rivière, fameux capitaine » (Ogée J.-B., Dictionnaire historique et géographique …, op. cit., t. II, p. 312).
378 Voir infra, annexe 9, notice 31.
379 Ibidem, notice 30.
380 Voir supra, Annales, année 1667.
381 Voir infra, Annales 1696 Notice abrégée de l’histoire de Penthièvre, VIIIe époque.
382 Comprendre ici : « les principaux épisodes de son histoire ».
383 L’appellation traditionnelle de « Première Maison de Penthièvre » pour désigner la famille princière issue du comte Eudes qui domina le littoral nord de la Bretagne entre le milieu du XIe et le début du XIIIe siècle est anachronique, les Eudonides s’intitulant traditionnellement « Comtes de Bretagne », en référence à leurs origines ducales et à leur prétention au gouvernement du duché (voir Morin S., « Le principat d’Etienne, Comte de Bretagne [fin XIe -premier tiers du XIIe ], entre revendication dynastique et enracinement territorial en Bretagne septentrionale », Actes du colloque « Autour de l’histoire du Moyen Âge en Côtesd’Armor », Guingamp-Dinan, 28-29 mai 2010, Conseil général des Côtes-d’Armor/PUR, à paraître).
384 Voir supra, Annales 1210. Alain III et Eudes étaient les deux fils du comte de Rennes et duc de Bretagne Geoffroy Ier mort en 1008. Ils gouvernèrent le duché dans une sorte d’indivision, la primauté de l’aîné, Alain III, se distinguant toutefois de plus en plus nettement autour des années 1030, à la faveur notamment du mariage du duc et de la naissance de son fils Conan II (vers 1033). Eudes n’en resta pas moins toujours associé au gouvernement d’Alain III jusqu’à la mort de ce dernier (1040) et les sources ne contiennent aucune trace d’un quelconque partage territorial entre les deux frères. Il est probable que le mariage d’Alain III (vers 1029) puis celui d’Eudes (vers 1035) entraînèrent une réorganisation du patrimoine familial des comtes de Rennes, Eudes se voyant peut-être attribuer des terres en Bretagne nord mais selon des modalités qui demeurent jusqu’à présent du domaine des hypothèses (sur ce que l’on peut supposer des usages patrimoniaux des comtes de Rennes et des Eudonides, voir Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre …, op. cit., p. 167-181 ; sur les diverses géographies du « Penthièvre primitif » échafaudées par les érudits d’après des réalités féodales tardives, voir Morin S., « Lamballe et Penthièvre aux XIe-XIIe siècles, entre mythes et réalité », MSHAB, t. LXXI, 2003, p. 5-17).
385 Faute non corrigée par l’auteur.
386 Sur la « légende noire » du comte Eudes et son éventuel ensevelissement dans la cathédrale Saint-Étienne de Saint-Brieuc, voir supra, Annales 1079.
387 À la mort du comte Étienne en 1135/7, la principauté des Eudonides semble avoir été divisée entre les deux premiers fils de ce dernier, Geoffroy Boterel II recevant les terres bretonnes, et Alain, dit improprement « le Noir », le comté de Richmond au-delà de la Manche. Le benjamin, Henri, resta dans l’ombre de Geoffroy, se voyant accorder le comté de Guingamp, probablement à titre viager. L’aînesse de Geoffroy Boterel II le désignait également comme le prétendant des Eudonides au titre ducal détenu par les comtes de Cornouaille qui avaient succédé aux comtes de Rennes. Les comtes de Cornouaille d’alors, comme les Eudonides, étaient issus des comtes de Rennes, les 1ers par la branche aînée mais par les femmes (une fille d’Alain III), les 2nds par les hommes mais par la branche cadette (Eudes). Pour une vue générale de ce problème dynastique, voir Morin S., « Le principat d’Etienne… », art. cité. Or, Alain de Richmond épousa bientôt Berthe, fille du comte de Cornouaille et duc de Bretagne Conan III. Il apportait ainsi Richmond aux rivaux ancestraux de sa famille et pouvait espérer que le futur duc naîtrait de lui. Berthe mit effectivement au monde un fils vers 1142, Conan IV, mais Alain mourut peu après (1146), deux ans avant son beau-père (1148). Berthe fut remariée à Eudes II de Porhoët qui garda le duché durant la minorité de Conan IV. Celui-ci revendiqua finalement ses droits en 1156 avec le soutien intéressé du roi d’Angleterre Henri II Plantegenêt qui ne tarda pas à évincer son vassal au profit de son fils Geoffroy II Plantegenêt, fiancé à la fille de Conan IV, Constance.
388 Ruffelet désigne en fait ici le petit-fils de Geoffroy Boterel II, Geoffroy Boterel III, avec qui s’éteignit vers 1205 la descendance masculine du fils aîné d’Etienne. Le comte Henri, fils benjamin de ce dernier, avait quant à lui profité de la disparition de ses deux frères aînés, Geoffroy Boterel II et Alain de Richmond, pour se marier en 1151 et ériger Guingamp en un comté autonome de celui de Lamballe. Par la suite, le comté de Guingamp fut saisi par Conan IV († 1171) puis par le gendre de celui-ci, Geoffroy II Plantegenêt († 1186), Henri et ses descendants semblant alors se retirer en Goëlo (Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre…, op. cit., p. 138-155).
389 Dans sa succession, Geoffroy Boterel III appliqua la dévolution masculine en usage chez les Eudonides pour le titre comtal comme pour les principales châtellenies et transmit le comté de Lamballe au fils du comte Henri, son cousin Alain de Goëlo. Sa succession échappa ainsi à sa sœur Eline, mariée à un Tournemine, et surtout à la descendance de Constance, fille du duc Conan IV. Malgré Guy de Thouars, 3e mari de Constance († 1202), qui gardait le duché et convoitait ces comtés pour sa fille Alix, Alain de Goëlo se vit rapidement confirmer par Philippe Auguste le contrôle de Lamballe et de Guingamp. L’héritier de Geoffroy Boterel III succéda en même temps à celui-ci dans ses prétentions au titre ducal, comme chef de la nouvelle branche aînée des Eudonides.
390 Voir supra, Annales 1210.
391 Même si le fait est possible, les sources ne semblent pas suffisantes pour affirmer avec certitude que Geoffroy, fils d’Alain de Goëlo, fut effectivement le premier seigneur de Quintin (Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre …, op. cit., p. 218-222).
392 Geoffroy Boterel III était plutôt le cousin issu de germain d’Henri d’Avaugour, puisque que leurs grands-pères, Geoffroy Boterel II et Henri, étaient frères.
393 Faute non corrigée par l’auteur.
394 Alix était par sa mère, la duchesse Constance, l’arrière-petite-fille d’Alain de Richmond, frère cadet de Geoffroy Boterel II. Ses prétentions sur la succession de Geoffroy Boterel III étaient en fait très discutables. D’une part, l’attribution de Richmond à son arrière-grandpère Alain excluait probablement tout droit de celui-ci sur les terres continentales que Geoffroy Boterel II avait héritées de leur père, le comte Étienne. D’autre part, Alix ne pouvait revendiquer ces terres que si l’on admettait la dévolution féminine, ce qui était le cas dans la dynastie ducale mais pas chez les Eudonides où régnait la transmission exclusivement masculine des titres et des « terres majeures ». Quoi qu’il en soit, Alix n’aurait pas été la première à succéder à Geoffroy Boterel III car, d’une part, celui-ci avait une sœur. D’autre part, Alix n’était issue que du troisième mariage de Constance ; or, cette dernière avait eu une fille de son premier mari Geoffroy II Plantegenêt, Aliénor, toujours en vie à l’époque mais retenue en Angleterre par son oncle Jean sans Terre (Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre…, op. cit., p. 180-181).
395 Soucieux d’unifier la Bretagne contre Jean sans Terre, Philippe Auguste tenta de résoudre le problème dynastique qui divisait le duché depuis le XIe s. en fiançant Henri, fils aîné d’Alain de Goëlo, à Alix, fille de Constance et de Guy de Thouars (1209). L’entrée en agonie d’Alain de Goëlo en 1212 contraignit le roi à modifier ses plans. En effet, Henri, du haut de ses sept ans, était incapable de maintenir l’autorité capétienne en Bretagne. Quant à Guy de Thouars, sa fidélité ne valait pas celle du mourant : c’était un homme faible, sans réel ascendant en Bretagne, qui avait soutenu Jean sans Terre lors de sa dernière invasion et dont le frère Aimery VII de Thouars était, pour le moment du moins, un allié du roi d’Angleterre. Philippe Auguste se résigna donc à recourir à un de ses cousins, Pierre de Dreux, dit Mauclerc, réputé pour sa force et son énergie, à qui il promit Alix. Alain de Goëlo s’éteignit le 29 décembre 1212. Le 28 janvier 1213, Pierre Mauclerc prêtait hommage au roi pour la Bretagne et le jeune Henri fut confié peu après à la garde de son oncle paternel Conan de Léon. Le mariage d’Alix et du cousin de Philippe Auguste fut finalement célébré en févriermars 1214. La même année, le nouveau duc dépouilla les Eudonides de leurs possessions « leur arrachant avec ce qui lui était dû ce qui était le droit d’autrui. Il leur enleva tout et les réduisit à fuir dans les forêts, repaire des bêtes sauvages » (Guillaume Le Breton). Henri ne conserva que « Goëlo » et « Quintinais » et réclama en vain la restitution des comtés de Lamballe et de Guingamp (voir supra, Annales 1235). Juridiquement discutable, la spoliation des Eudonides par Pierre Mauclerc visait avant tout à abattre le dernier lignage de Bretagne dont la puissance et surtout le titre comtal, hérité de la dynastie ducale des comtes de Rennes, fragilisait la légitimité du nouveau duc capétien.
396 Voir supra, Annales 1235.
397 L’enquête ordonnée par le roi de France Louis IX en 1235 ne se conclut pas en faveur d’Henri d’Avaugour : non seulement il ne récupère pas ses biens, mais le Penthièvre lui échappe définitivement. En effet, partant en croisade, Pierre Mauclerc a obtenu en 1235 la protection spéciale du pape pour lui, ses enfants et les biens de ses enfants. Il donne alors le Penthièvre à sa fille Yolande (1218-1272) qui épouse Hugues de Lusignan. Voir Morvan F., « La maison de Penthièvre… », art. cité, p. 27.
398 Fiancés depuis 1316, ils se marient en 1318. Jeanne (morte en 1327) est la fille d’Henri III d’Avaugour, dit IV de Penthièvre (mort en 1334). Ce mariage permet de rassembler une grande partie du patrimoine hérité des Eudonides : les châtellenies de Lannion, Guingamp et Minibriac, La Roche-Derrien et Châteaulin sur Trieux, Châtelaudren, Lanvollon et Paimpol, Lamballe et Moncontour. Manquent : les châtellenies de Jugon et Cesson, incorporées au domaine ducal, les terres de Quintin, passées aux Boterel, puînés des Avaugour. Cela revient à reconstituer la puissance des Penthièvre-Avaugour dans le nord de la Bretagne (Morvan F., « La maison de Penthièvre… », art. cité, p. 43, 50-51).
399 Voir supra, Annales 1696 Notice abrégée de l’histoire de Penthièvre Ire époque.
400 Il s’agit de Jeanne de Penthièvre (1319-1384), nièce du duc Jean III, qui a perdu son père en 1331 à douze ans. Son grand-père, Henri III d’Avaugour (IV de Penthièvre), gouverne l’ensemble de ses biens jusqu’à son décès en 1334.
401 Neveu du roi Philippe VI de Valois, il trouve la mort lors de la bataille d’Auray en 1364. Dès lors, un culte fondé sur sa réputation de faiseur de miracles se manifeste sur sa tombe à Guingamp. Malgré les efforts de ses partisans, il n’est pas canonisé. En revanche, en 1904, il sera proclamé bienheureux. Voir Cassard J.-C., « Blois (Charles de, 1319-1364) », dans Cassard J.-C., Croix A., Le Quéau J.-R., Veillard J.-Y. (dir.), Dictionnaire d’histoire de Bretagne …, op. cit., p. 104 et infra, Note V.
402 Ruffelet évoque ici la désastreuse guerre de succession de Bretagne qui dure de 1341 à 1365 sur fond de lutte pour le maintien de l’influence française dans le duché. Après la mort sans héritier de Jean III, elle voit s’affronter pour la couronne ducale Jean de Montfort, son demi-frère, et Jeanne de Penthièvre, sa nièce. Le traité de Guérande du 12 avril 1365 met fin au conflit, règle la question de la succession, confirme la victoire du parti Montfort et permet à Jean IV d’afficher ses prétentions à l’autonomie. Ruffelet noircit un peu la situation des Penthièvre et oublie de préciser que Jeanne conserve son titre de duchesse, conserve ses seigneuries, se voit attribuer une rente de 100 000 livres, est dispensée d’hommage à vie à Jean IV et peut espérer voir un de ses descendants accéder à la couronne ducale en cas d’absence de mâles chez les Montfort. Sur le sujet, voir Cassard J.-C., La guerre de succession de Bretagne, dix-huit études, Spézet, Coop Breizh, 2006, 356 p.
403 Sur l’attentat de Champtoceaux et ses suites, voir supra, Année 1420.
404 Oncle du duc, il est à l’origine du traité de Nantes conclu le 27 juin 1448.
405 Dans un contexte de rapprochement entre le duché et la monarchie, Jean promet d’abandonner les droits des Penthièvre à la couronne ducale en échange de la restitution par le duc d’une partie de ses biens : la seigneurie de Lamballe, les ports et havres entre Couesnon et Arguenon, les sécheries de Cornouaille. C’est le duc Pierre II qui rendit le Penthièvre, son frère François étant mort sans descendance avant d’avoir pu honorer les termes du traité.
406 Olivier de Châtillon, Jean de Bretagne et Charles d’Avaugour sont trois des fils de Marguerite de Clisson et de Jean de Châtillon, fils de Charles de Blois.
407 Ruffelet semble confondre Jean II de Brosse (1423-1482) avec son père (1375-1433), effectivement maréchal de France.
408 Le duc François II (1458-1488), confronté à partir de 1461 à la volonté du roi de France Louis XI d’imposer son autorité et de soumettre les principautés « ne peut maintenir la politique d’équilibre de ses prédécesseurs » (Kerhervé J., « François, ducs », dans Cassard J.-C., Croix A., Le Quéau J.-R., Veillard J.-Y. [dir.], Dictionnaire d’histoire de Bretagne …, op. cit., p. 312), soucieux de préserver l’autonomie du duché en jouant leur propre partition entre Français et Anglais. En 1465, il est ainsi de la coalition des grands princes du royaume aux côtés – entre autres – des princes d’Alençon et de Bourbon, du frère du roi Charles de France (mécontent de son apanage de Berry et véritable centre de la révolte), du comte de Charolais (le futur Charles le Téméraire), connue sous le nom de guerre du Bien public. Ce nom est dû au fait que « les révoltés se veulent porteurs d’un programme de réformes (suppression de l’armée permanente, baisse de la fiscalité) » (Hamon P., Les Renaissances, 1453-1559, Paris, Belin, 2009, p. 16). Après un bref épisode militaire assez confus, le roi réussit à faire éclater la coalition au prix de larges concessions… sur lesquelles il reviendra rapidement.
409 Il est vrai qu’il possède également de nombreuses terres en France… susceptibles de confiscation.
410 Ruffelet parle ici de l’ensemble des possessions des Penthièvre, pas seulement du comté de Lamballe.
411 Cet acte du 24 septembre 1480 qui dote un fils bâtard du duc François II, déjà comte de Vertus et seigneur de Clisson, est publié dans Morice P.-H. Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. III, col. 368-370.
412 Voir supra, Annales 1499.
413 Bourguignon, Jean de Châlons (1443-1502) est un neveu du duc François II auprès duquel il joue un rôle important à partir de 1481. Il reçoit le Penthièvre en échange de sa fidélité. Après l’avènement à onze ans de la duchesse Anne, sa cousine, en 1488, il participe activement au conseil ducal.
414 Louise de Savoie (1476-1531) se voit confier la régence à deux reprises par son fils François Ier : en 1515 lors de l’expédition du Milanais et en 1523-1526 pendant sa captivité (Hamon P., « Louise de Savoie », dans Jouanna A., Hamon P., Biloghi D., Le Thiec G., La France de la Renaissance. Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, 2001, p. 923-926).
415 1500-1528. Destiné très jeune au service de l’Église, il y renonce et embrasse une carrière militaire qui le conduit en Italie aux côtés de François Ier. Il reçoit le Penthièvre en 1524. Voir Poull G., La maison ducale de Lorraine devenue la Maison impériale et royale d’Autriche, de Hongrie et de Bohème, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1991, 592 p.
416 De 1515 à 1547.
417 Ruffelet prend ici clairement position : pour lui, l’édit de 1532 n’entérine pas la réunion d’un fief à la couronne mais une union entre le duché et le royaume (voir supra, chapitre 2). Il a déjà développé cette idée dans un texte de 1767 adressé à Loz de Beaucours, conseiller au parlement de Bretagne et futur avocat général : « Réflexions sur un écrit intitulé Preuves de la souveraineté du roi sur la province de Bretagne » (Du Bois de La Villerabel A., « Le chroniqueur Ruffelet »…, art. cité, p. 385-422). Sur cette question en particulier, dont Ruffelet ne parle pas ailleurs, ainsi que sur l’arrière-plan politique de la période 1477 (naissance d’Anne)-1547 (réunion des couronnes de Bretagne et de France sur la tête d’Henri II), voir Le Page D., Nassiet M., L’union de la Bretagne à la France …, op. cit., 202 p.
418 Le traité de Crémieux du 23 mars 1535 est l’application d’un accord passé dès 1480 : en échange de la restitution de leurs terres une fois que la province sera annexée au royaume, les Penthièvre consentent à vendre au roi leurs prétentions à la couronne ducale. Cet accord n’avait jamais été appliqué, les ducs disposant du Penthièvre à leur guise comme le montre bien Ruffelet. Le 16 octobre 1536, Etampes entre solennellement à Lamballe et prend possession du comté de Penthièvre. Cela dit, le duc – nommé gouverneur de Bretagne en 1542 – devra attendre le traité de Fontainebleau conclu avec le roi Henri II en 1555 pour s’assurer la possession définitive du Penthièvre et récupérer les seigneuries de Moncontour, Guingamp et Minibriac qui n’étaient pas concernées par le texte de 1480. Soucieux de redonner à la ville de Lamballe son prestige perdu, il en fait reconstruire le château à partir de 1555. Il meurt en 1565. Sur ces questions, voir Dutemple C., Histoire de Lamballe …, op. cit., p. 91-127. Après la mort de François Ier en 1547, Henri II est de fait « le premier souverain à réunir les couronnes de France et de Bretagne » (Le Page D., « François Ier », dans Cassard J.-C., Croix A., Le Quéau J.-R., Veillard J.-Y. [dir.], Dictionnaire d’histoire de Bretagne …, op. cit., p. 313).
419 Gouverneur de Bretagne à la suite de son oncle, Sébastien de Luxembourg est un catholique zélé convaincu que « répandre le sang des hérétiques était rendre gloire à Dieu ». Il participe à de nombreuses batailles pendant les guerres de religions et est tué au siège de Saint-Jean-d’Angély le 20 octobre 1569. Voir Dutemple C., Histoire de Lamballe …, op. cit., p. 129 et 131.
420 Par lettres patentes du roi Charles IX en récompense des services qu’il lui a rendus au combat, ainsi qu’à Henri II et à François II. Ces lettres, qui ne manquent pas de préciser que Luxembourg est le cousin du roi, rappellent que « le comté de Penthièvre est la plus ancienne comté de notre duché de Bretagne, de telle marque, valeur et grandeur, qu’elle servait aux anciens ducs dudit pays pour bailler apanage à leurs fils puînés » et qu’il « est composé de belles et bonnes villes, qu’en iceluy y a plusieurs beaux et forts châteaux, et très grand nombre de vassaux, fiefs et arrière-fiefs, de bons bourgs, bourgades et villages, et que ledit comté est de grande étendue, consistant principalement ledit comté en quatre villes et terres principales, à savoir Lamballe, Moncontour, Guingamp, Minibriac et Bourbriac, duquel aussi dépend le comté de Plorhan, l’Isle de Bréhat, les terres et châtellenies de Belleisle et de Beaufort, Dahouët, le Pontneuf, les ports et hâvre d’entre Couaisnon et Arguenon, et les sécheries de Cornouaille, sous lesquelles châtellenies y a plusieurs baronnies et autres seigneuries et vicomtés de bon et grand revenu, suffisant et capable de recevoir et maintenir le nom, titre et dignité de Duché et Pairie » (Morice H., Mémoires pour servir de preuves … op. cit. t. III, col. 1361-1364). Voir par ailleurs supra, Annales 1569.
421 Et de Marie de Beaucaire, dame d’honneur de Marie Stuart. Née à Lamballe en 1562 et baptisée à Nantes, elle a pour parrain et marraine Antoine de Bourbon, roi de Navarre, et Marie Stuart (Dutemple C., Histoire de Lamballe …, op. cit., p. 131-132).
422 Le mariage est célébré en 1579 (Dutemple C., Histoire de Lamballe …, op. cit., p. 135). Sur Mercœur, gouverneur de Bretagne à partir de 1582, voir supra, Annales 1590, 1591 et 1592.
423 Les fiançailles ont lieu en 1598. À cette date, Françoise a 6 ans et César 4 ans (Dutemple C., Histoire de Lamballe …, op. cit., p. 155). César, fils d’Henri iv et de Gabrielle d’Estrée, vient d’être légitimé, créé duc de Vendôme et fait gouverneur de Bretagne par son père. En 1610 – au cours de l’année suivant son mariage – il reçoit la préséance sur les pairs de France, après les princes du sang. Se reporter à Boltz F., « Vendôme (Maison de Bourbon-) », dans Bluche F. (dir.), Dictionnaire du Grand Siècle, Paris, Fayard, 1990, p. 1574. Sur César, voir supra, Annales 1590.
424 Louis-Joseph (1654-1712) est le fils aîné de Louis de Vendôme (1612-1669) et de Laure Mancini, nièce de Mazarin. Militaire, il s’illustre dans les campagnes de Louis XIV en Flandres, Hollande, Franche-Comté, Alsace, Catalogne, Savoie, Italie, Espagne. Philippe v d’Espagne le fait grand d’Espagne, prince du sang de sa maison et inhumer à l’Escorial. Férocement brocardé par Saint-Simon à cause de sa vie dissolue, il jouit toujours de la confiance du roi. Boltz F., « Vendôme (Louis-Joseph de Bourbon, duc de, 1654-1712) »…, op. cit., p. 1574-1575.
425 Pour 1 400 000 livres en décembre 1687. Louis-Joseph avait failli ne jamais posséder le duché de Penthièvre. En effet, en 1655, César de Vendôme demande à son épouse « d’aliéner à vente perpétuelle le duché de Penthièvre et la baronnie d’Ancenis » afin d’éponger leurs dettes. Claude Boislève, collaborateur et homme de paille de Nicolas Fouquet, le surintendant des finances, achète le duché pour 2 400 000 livres en 1657. Après la chute de Fouquet en 1661, Louis XIV confisque le duché le 6 août 1664. Il le revend le 28 mai 1668 à Françoise de Lorraine, alors veuve de César de Vendôme décédé en 1665, qui doit pour cela souscrire un lourd emprunt de plus de 900 000 livres, pour près de 1 172 000 livres. Le Gal La Salle J.-P., « Une période incertaine de l’histoire du Penthièvre », Les Amis de Lamballe et du Penthièvre, t. XXX, 2003, p. 83-98.
426 1666-1739. Fille de Louis XIV et de Louise de La Vallière, épouse de Louis-Armand Ier de Conti (1661-1685), elle est aussi connue sous le nom de Mlle de Blois. Bluche F., « Conti (Maison de Bourbon-) », dans Bluche F. (dir.), Dictionnaire du Grand Siècle …, op. cit., p. 399.
427 1678-1737. Septième enfant de Louis XIV et de la marquise de Montespan, il est donc le demi-frère de la princesse de Conti. Légitimé sous le nom de comte de Toulouse en 1681, il devient gouverneur de Bretagne en 1695 et duc de Penthièvre en 1697. L’achat du duché, voulu par le roi, est conclu pour la somme de 1 500 000 livres. Cette acquisition entre dans la stratégie du monarque visant à asseoir la situation de ses bâtards. Outre son intégration croissante à la vie de cours, Toulouse est ainsi pourvu de diverses charges et progressivement doté d’un patrimoine foncier d’envergure. Le duché de Penthièvre contribue à ce que « l’on pourrait appeler la dimension bretonne » de l’enracinement foncier de cette famille neuve. Voir Duma J., Les Bourbon-Penthièvre …, op. cit., p. 24-36 et 66.
428 Ces lettres patentes datent d’avril 1697, sont enregistrées au parlement de Paris le 16 décembre 1698 et confirmées le 19 octobre 1715 (Duma J., Les Bourbon-Penthièvre …, op. cit., p. 81).
429 Ruffelet utilise un ouvrage de Toussaint de Saint-Luc qu’il cite plusieurs fois de manière tronquée (voir supra, Annales Description générale du diocèse, 1079, 1210) derrière lequel il faut voir l’Histoire de Conan Mériadec, qui fait le premier règne de l’Histoire générale des souverains de la Bretagne gauloise, dite Armorique, avec la première partie des Recherches générales de cette province, Paris, Calleville, 1664, 283 p. Les Recherches générales de la Bretagne gauloise commencent p. 131. Ruffelet emprunte ici un développement situé p. 166-167.
430 En 1657, lors de son achat par Claude Boislève, le duché comprend « les châtellenies de Lamballe, Moncontour, Guingamp, les terres et seigneuries de Minibriac, la Roche-Suhart (dite aussi le comté de Plourhan), l’île de Bréhat, les droits sur les ports entre Arguenon et Couesnon, dont ceux sur Saint-Malo et la Rance jusqu’à et y compris Dinan, les pêcheries et sécheries de Cornouailles », Le Gal La Salle J.-P., « Une période incertaine de l’histoire du Penthièvre »…, art. cité, p. 90.
431 Erreur non corrigée par Ruffelet. En réalité Toussaint de Saint-Luc écrit : « Il y a plus de deux cents gentilhommes qui relèvent de ce duché », Histoire de Conan Mériadec…, op. cit., p. 171.
432 Voir infra, Annales 1746.
433 Louise-Adélaïde de Bourbon, née en 1753, est le fruit du mariage de Penthièvre et de Marie-Thérése d’Este, princesse de Modène. Elle épouse en 1769 Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, duc de Chartres, qui n’est autre que le futur Philippe-Egalité. Elle sera la mère du futur roi Louis-Philippe. Duma J., Les Bourbon-Penthièvre …, op. cit., p. 38.
434 Fils d’un procureur au présidial, Ange Le Proust naît à Poitiers en 1624 et entre chez les augustins de la ville en 1641. Il enseigne la philosophie et la théologie pendant une dizaine d’années avant de devenir prédicateur en Poitou, en Berry, en Bretagne et à Paris. En 1659, il est élu prieur du couvent des petits augustins de Lamballe, charge qu’il occupe jusqu’à son élection au provincialat en 1671. Il en démissionne en 1679 et meurt à Paris dixhuit ans plus tard. (Dutemple C., Histoire de Lamballe …, op. cit., p. 203-204 ; Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. I, p. 360).
435 Religieux mendiants qui suivent la règle de saint Augustin et ne doivent pas être confondus avec les chanoines réguliers de Saint-Augustin comme les génovéfains ou les prémontrés.
436 Sur les augustins de Lamballe, voir supra, Annales 1337.
437 Thomas de Villeneuve naît près de Tolède en 1487. Professeur de théologie puis moine de l’ordre des ermites de Saint-Augustin à partir de 1526, il devient évêque de Valence en 1545 (après avoir refusé l’archevêché de Grenade en 1534). Il meurt en 1555 et est canonisé en 1658.
438 Sur la naissance de la congrégation, voir infra, Annales 1706.
439 Il s’agit d’Amador-Jean-Baptiste de Guémadeuc, qui possédait la charge par provisions du 25 juin 1694. En premières noces, il a épousé Marie de La Ville-Léon, morte en 1680 (La Chesnaye-Desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la noblesse, Paris, Boudet, t. VII, 1774, p. 505).
440 Marie-Anne-Josephe de Guémadeuc épouse Joseph de Volvire en 1711. Ce dernier, capitaine des gendarmes de la garde du roi, maréchal de camp des armées du roi, chevalier de Saint-Louis, lieutenant général du roi en Haute-Bretagne est fait maréchal de camp en 1719 et meurt en 1731.
441 Eléonore-Julie de Guémadeuc a vraisemblablement épousé en secondes noces en 1752 Louis-Charles-René de Marbeuf, issu d’une famille de parlementaires rennais, gouverneur de la Corse et lieutenant général des armées du roi.
442 Beau-père de Louis XV et roi déchu de Pologne en 1738, il garde son titre et reçoit les duchés de Bar et de Lorraine à titre viager.
443 François de Vignerot est le neveu du cardinal de Richelieu. Il épouse Françoise de Guémadeuc en 1626, devient général des galères de France en 1635 et meurt en 1646 à 37 ans. C’est leur fils Armand-Jean qui sera substitué aux noms et armes du Plessis et assurera la postérité des ducs de Richelieu.
444 Armand-Jean du Plessis, duc de Richelieu, vend le Guémadeuc, situé en Pléneuf dans le diocèse de Saint-Brieuc, à François Berthelot, écuyer, conseiller secrétaire du roi, le 30 décembre 1679 pour 100 000 livres (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – B 649, juridiction de Lamballe, registre d’insinuations, 1680, fo 91 vo). Son fils Étienne en hérite lors de son mariage en 1688. Directeur général de l’artillerie, il amasse une fortune considérable avant de faire banqueroute en 1615 puis de quitter la France où il ne reviendra qu’en 1619 (Kerviler R., Répertoire général …, op. cit., t. III, 1889, p. 73). Sur Armand-Henri Beaudouin de Guémadeuc (1734-1817) qui hérite du Guémadeuc en 1759, voir Nicolas S., Les derniers maîtres des requêtes de l’Ancien Régime (1771-1789) : dictionnaire prosopographique, Paris, Mémoires et documents de l’École des chartes, 1998, p. 95.
445 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 55.
446 Ruffelet fait ici référence à l’affaire du quiétisme, ouverte douze ans plus tôt par la condamnation romaine de Molinos (1687) et l’emprisonnement de Mme Guyon à Vincennes (1695), prolongée par la polémique entre Fénelon et Bossuet. Celle-ci se conclut le 12 mars 1699 par un bref du pape condamnant vingt-trois propositions extraites de l’Explication des maximes des saints sur la vie intérieure publiée par Fénelon en 1697. Louis XIV, qui avait craint une nouvelle hérésie qui aurait divisé la cour sinon le royaume, avait sollicité cette condamnation papale. Pour devancer les difficultés que pouvaient opposer les juristes gallicans, il ordonna aux archevêques de réunir leurs suffragants en une assemblée extraordinaire : ainsi à Tours le 20 juillet 1699.
447 Il semble qu’elle ait été abattue l’année suivante si l’on se fie au compte de ce trésorier pour les années 1700-1702 (Rauber J., « Une église à l’abandon ? Saint-Michel de Saint-Brieuc aux XVIIIe et début XIXe siècle [1711-1837], MSECDA, t. CXXXV, 2007, p. 89).
448 Cet édifice, sur lequel fut vraisemblablement construite l’Église Saint-Michel au XVe siècle, se situait au bas de la place au débouché de la rue Saint-Michel (Kerhervé J., Saint-Brieuc, Atlas historique des villes de France, Paris, CNRS, 1991). Entouré de champs et particulièrement exposé, l’édifice est très endommagé à l’époque où écrit Ruffelet. Un rapport d’ingénieur de 1764 révèle l’étendue des dégâts et conclut à la nécessité de reconstruire l’édifice. Mais un long conflit entre la fabrique de Saint-Michel et le chapitre cathédral ainsi qu’une conjoncture défavorable conduisent à l’abandon d’une telle perspective. De dégradations en réparations, l’édifice survit jusqu’à ce que le préfet décide de sa fermeture en 1835. L’édifice actuel est construit entre 1838 et 1841 (Rauber J., « Une église à l’abandon ?… », art. cité, p. 92-116).
449 Sur ces questions du monastère, des chanoines, de l’évêché, voir supra, IVe et Ve siècles depuis Jésus-Christ.
450 Ibidem.
451 Depuis 1233, le chapitre – curé primitif de Saint-Michel et, à ce titre, reconnu seul curé de la ville – choisit un vicaire perpétuel pour assurer la charge de recteur en son nom dans la cathédrale. Depuis le transfert de la paroisse en l’église Saint-Michel au XVe siècle, le vicaire tente de s’émanciper de la tutelle capitulaire et de multiples procès l’opposent aux chanoines jusqu’au début du XVIIIe siècle. À tel point que ces derniers amorcent en 1683 des démarches pour ramener la paroisse à la cathédrale… ce qui ne sera jamais fait (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évechés de Bretagne…, op. cit., p. 175-176).
452 Tout laisse à penser que la tour a été édifiée et l’église rebâtie en 1498, si l’on se fie à une inscription découverte lors de sa destruction (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne…, op. cit., t. I, p. 115).
453 La présence de cette chapelle s’explique simplement. En effet, les seigneurs de Boisboissel se présentent comme les fondateurs de l’église Saint-Michel construite sur un terrain relevant de leur fief. Yves de Boisboissel (1280-1348), évêque de Saint-Malo, y a fondé une chapellenie. Son neveu Pierre de Boisboissel (mort en 1364) a demandé à y être inhumé (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. I, p. 243).
454 Ruffelet fournit ici une transcription tronquée de l’Acte de Juhel. Pour consulter le texte intégral, voir les références fournies supra, Annales IVe et Ve siècles depuis Jésus-Christ. Le texte proposé par Ruffelet est traduit en annexe 7.
455 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 58.
456 Il semble pourtant, comme en témoignent les actes de prises de possession de canonicats consignés dans les registres d’insinuations ecclésiastiques, que l’usage des six mois de rigoureuse se soit maintenu jusqu’à la suppression du chapitre.
457 « Ainsi ce Clergé remarquable, Vivet, qui aimait la piété / L’a lié de chaînes, certes dorées mais chaînes pourtant. »
458 Denis Le Mée est professeur de théologie au collège de Saint-Brieuc et chanoine de la collégiale Saint-Guillaume de 1731 à 1750 (Charles O., « Chapitres et chanoines de Saint-Brieuc. La cathédrale Saint-Etienne et la collégiale Saint-Guillaume au XVIIIe siècle », MSECDA, t. CXXXV, 2006, p. 46, notice 75). Il n’a pas été possible de trouver d’information sur son poème.
459 La promotion de Mgr Frétat de Boissieux (voir infra, Catalogue des évêques, notice 56) est surtout liée à sa parenté avec le maréchal de Villars, dont la sœur Thérèse avait épousé Jean Frétat de Boissieux, propre frère de l’évêque. Une autre branche de la famille donna à la génération suivante un évêque de Tréguier puis de Nantes, Frétat de Sarra.
460 L’un des premiers séminaires accueillant des ordinands, selon le modèle « français » et non tridentin. Il fut ouvert à Paris en 1642 par les Lazaristes.
461 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 55.
462 Par exception, ce rappel de la biographie du prélat – un « converti » – et l’exaltation de ses vertus, conformes au modèle borroméen, trouvent leur place ici et non dans le Catalogue.
463 À partir des années 1690, les « travaux et embellissements » sont à l’ordre du jour dans nombre de cathédrales françaises. La nef de Saint-Brieuc, qui menaçait ruine, fut reconstruite entre 1712 et 1715 en vue de la rendre plus claire et plus conforme aux canons esthétiques du temps : arcades et fenêtres hautes en plein cintre, voûte d’arêtes (remplacée au XIXe siècle par l’actuelle voûte d’ogives). L’implication de l’évêque alla jusqu’au choix d’un maître d’œuvre auvergnat, comme lui, Jean Poullier dit La Jeunesse. Il modifia également, dans le même esprit et de façon précoce, le chœur (voir infra, Catalogue des évêques, notice 56).
464 L’ascétisme du prélat, qui vivait dans son séminaire par refus du faste et aurait fait détruire la salle synodale ornée des portraits de ses prédécesseurs, est souligné par tous les auteurs.
465 Société à vœux simples fondée à Roye, en Picardie, les Filles de la Croix s’établirent ensuite à Paris où certains évêques bretons leur firent appel pour tenir des maisons accueillant des pensionnaires mais surtout des retraites fermées pour femmes selon le modèle inauguré à Vannes : ainsi à Tréguier en 1667, Saint-Brieuc en 1707, Saint-Servan en 1726. Favorisées par les évêques successifs, les Filles de la Croix s’établirent dans deux maisons rue Derrière-Fardel puis s’accrurent du domaine du Clos-Gloria en 1737. Leur chapelle s’ornait du remarquable retable de l’Annonciation d’Yves Corlay, aujourd’hui à la cathédrale Saint-Étienne. En 1808, le couvent devint un Refuge tenu par les Dames de Montbareil du nom de l’établissement possédé par ces dernières à Guingamp avant la Révolution.
466 Aucun exemplaire n’a été conservé de ces statuts, et Ruffelet lui-même dit, au sujet des statuts de Saint-Brieuc imprimés en 1723 par Mgr de la Vieuville, qu’il « y avoit plus d’un siècle que ces Statuts n’avoient été imprimés » (sur les statuts, voir supra, Annales 1602 et infra, Annales 1723).
467 Voir infra, Annales 1722.
468 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 58.
469 Marie Balavoine, ou Balavenne (1666-1743) et Renée Burel (1682-1720) adoptent la vie en communauté dans une « Maison de charité » au Légué à la fin de 1706 alors que tant le pouvoir royal que l’autorité religieuse multiplient les prescriptions en faveur de la création de petites écoles. Cette nouvelle congrégation enseignante présente la particularité de s’implanter avant tout dans des paroisses rurales (Quéniart J., La Bretagne au XVIIIe siècle …, op. cit., p. 512). En 1724 – après la mort de Renée Burel et Jean Leuduger –, Jean Allenou de La Ville-Angevin, recteur de Plérin depuis 1714, longtemps collaborateur de Leuduger et directeur spirituel des sœurs, transfert la communauté à Plérin et régularise la création de l’École charitable en mars 1733. La règle des Fille du Saint-Esprit date de 1719. Aujourd’hui disparue, il semble que – sur la base de celle de Tadent de dix ans postérieure – elle porte la forte empreinte de Jean Leuduger et du règlement du séminaire du Saint-Esprit de Paris fréquenté par Allenou (Torlay M.-P., Jean Leuduger. Missionnaire apostolique en Haute-Bretagne. 1649-1722, Saint-Brieuc, Congrégation des Filles du Saint-Esprit, 1991, p. 149-171).
470 Lors de la parution des Annales briochines, il existe quatre établissements dans le diocèse de Saint-Brieuc (Plérin, Trévé, Etables, Andel), deux dans celui de Saint-Malo (Taden, La Chapelle), un dans ceux de Nantes (Saint-Herblon), Vannes (Marzan), Quimper (Quimper) et Saint-Pol-de-Léon (Saint-Pol), deux dans celui de Tréguier (Lanvellec, Plougonven). À ces maisons fondées entre 1706 et 1768 se joignent bientôt celles de Pléguien, Plœuc, Plaintel et Trégomeur (diocèse de Saint-Brieuc), Derval et Blain (Nantes), Plouaret (Tréguier) (Torlay M.-P., Jean Leuduger. Missionnaire apostolique …, op. cit., p. 172).
471 La congrégation des Dames hospitalières de saint Thomas de Villeneuve a été fondée par le prieur des Augustins de Lamballe Ange La Proust (voir supra, Annales 1697). Il s’appuie dans un premier temps sur quelques femmes de la bonne société locale réunies en 1659 dans une confrérie dite de la charité et chargées de visiter et secourir chez eux les pauvres et les malades. Peu à peu structurée, cette association qui, à l’origine, n’a pas de costume distinctif, n’est pas unie par des vœux et n’impose pas de vie en commun, se mue en véritable congrégation. Elle s’installe à l’Hôtel-Dieu de Lamballe en 1661, reçoit ses premiers statuts reconnus par lettres patentes en 1671 (Dutemple C., Histoire de Lamballe …, op. cit., p. 216-223), avant qu’Ange Le Proust lui-même ne rédige des statuts définitifs en 1682 (Cornillet F.-C., Essai historique sur Lamballe et Penthièvre, publié par D. de La Motte-Rouge, Plouagat, GP Impressions, 1993, p. 256). Cet ordre essaime rapidement dans le diocèse de Saint-Brieuc – Saint-Brieuc et Moncontour – mais aussi dans ceux, voisins, de Saint-Malo, Dol Quimper, Saint-Pol-de-Léon, et, même, jusqu’à Paris.
472 « Mandataires permanents de l’assemblée auprès du gouvernement, des cours de justice et des particuliers » (Rébillon A., Les États de Bretagne …, op. cit., p. 135), les procureurs généraux-syndics des états de Bretagne sont des personnages considérables, toujours choisis dans la meilleure noblesse bretonne (Rébillon A., Les États de Bretagne…, op. cit., p. 137). Jusqu’en 1706, il n’y en a qu’un. Cette année-là, à la recherche de subsides pour équilibrer leur budget, les états décident non seulement de transformer la charge en office vénal, mais aussi de la doubler (Rébillon A., Les États de Bretagne…, p. 130).
473 Guy de Coëtlogon de Méjusseaume, conseiller au parlement, est procureur-syndic des états de 1675 à 1706. Son fils, le marquis Philippe-Guy, lui aussi conseiller, lui succède de 1706 à 1709. Le fils de ce dernier, le marquis César, occupe la charge de 1713 à 1720 et la cède à l’un de ses cousins, le comte René, qui la possède jusqu’en 1734. Ruffelet confond ici Philippe-Guy et César : le premier achète la charge ; le second démissionne à l’invitation du gouvernement à cause de ses prises de position aux états de 1718 (Rébillon A., Les États de Bretagne …, op. cit., p. 140-141 ; Kerviler R., Répertoire général …, op. cit., t. V, p. 435). Sur les Coëtlogon, voir supra, Annales 1622.
474 Cette fondation tardive, à l’initiative des ducs de Lorges, est la dernière des Ursulines en Bretagne. Les premières religieuses, arrivées à Quintin le 20 mai 1707, construisent à partir de 1711 leur couvent près de la chapelle Saint-Yves. Revenues après la Révolution, les Ursulines demeurent à Quintin jusqu’aux lois anticongréganistes (1904). Le couvent est aujourd’hui le lycée professionnel Jean-Monnet, la chapelle (1736) étant devenue propriété privée.
475 Le sénéchal de Lamballe fit part dès 1632 de la demande d’un couvent aux Ursulines de Saint-Brieuc qui, menacées d’être doublées par les Bénédictines de Vitré, obtempérèrent en 1636. Les Ursulines restent présentes à Lamballe jusqu’en 1932 mais le couvent, confisqué dès 1904, est aujourd’hui le collège Gustave-Téry (Sallier-Dupin G. de, « Le monastère des Ursulines de Lamballe. Trois siècles d’histoire », MSECDA, t. CXXXI, 2002, p. 137-208).
476 Charles-Auguste de Goyon naît le 28 mai 1647. Cornette en 1667, il sert à Candie (1668-1669), ville de Crète assiégée pendant plus de vingt ans par les Ottomans, puis en Hollande en 1672, sous Condé. Devenu comte de Gacé à la mort de son frère en 1674, il obtient le régiment de Vermandois et fait ensuite campagne sous le commandement de Turenne, participant à la prise d’Ypres. Gouverneur général de l’Aunis et brigadier des armées du roi en 1688, maréchal de camp en 1689, il accompagne le roi d’Angleterre déchu, Jacques II, en Irlande en 1690. Il se bat ensuite à Fleurus, se signale au siège de Mons en 1691 et reçoit le commandement sur la Meuse, de Charleroi à Verdun. Il est présent l’année suivante au siège de Namur, en Wurtemberg en 1693, sur la Moselle en 1694, il enlève Huy en 1705. Maréchal de France en 1708, il ne peut cependant mener à bien cette année-là l’expédition en Ecosse visant au rétablissement des Stuart, Louis XIV renouant alors avec les projets de débarquement dans les Îles britanniques qui s’étaient multipliés lors de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, le conflit précédent. La flotte de 8 vaisseaux de ligne, 24 frégates et des dizaines de navires de transport aux ordres du chevalier de Forbin réunie à Dunkerque devait débarquer en Ecosse une douzaine de bataillons d’infanterie et des milliers d’armes afin de soutenir le Prétendant, potentiel Jacques III. Après avoir quitté le port de la mer du Nord le 16 mars, l’expédition atteint l’estuaire de la Forth dès le 25 mais elle est contrainte, à l’approche de la flotte britannique de Byng, de se replier sans avoir pu débarquer les troupes qu’elle transporte. Ne parvenant pas à entrer dans l’Inverness, Forbin et de Goyon regagnent finalement Dunkerque. Ce dernier retourne alors en Flandre et termine sa carrière à Oudenarde. Fait chevalier du Saint-Esprit en 1724, il décède à Paris le 16 décembre 1729 (Kerviler R., Répertoire général …, op. cit., t. 9, p. 44-46 et Gibson J. S., Playing the Scottish Card. The Franco-Jacobite Invasion of 1708, Edimbourg, Edinburgh University Press, 1988, 169 p.).
477 Si l’on se fie à Ogée J.-B., Dictionnaire historique…, op. cit., t. II, p. 15 et La Chesnaye-Desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la noblesse …, op. cit., t. VII, p. 358-359, Ruffelet se trompe. Denise serait la petite-fille d’Étienne, chambellan de Bretagne, et Luce (ou Luce ou Louise) mariés en 1180. Denis serait en fait son arrière grandpère maternel (La Chesnaye-Desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la noblesse …, op. cit., t. VII, p. 358). En revanche, elle épouse bien, en 1218, Robert de Merdrignac et meurt en 1284 (Ogée J.-B., Dictionnaire historique et géographique…, op. cit., t. II, p. 28).
478 Jacques-François-Leonor Goyon, sire de Matignon et de la Roche-Goyon, né à Thorigny en 1689, colonel d’infanterie en 1702, lieutenant-général en Basse-Normandie, gouverneur de Cherbourg, Granville, Saint-Lô et Chausey en 1712, épouse à Monaco, le 20 octobre 1715, Louise-Hippolyte Grimaldi, duchesse de Valentinois, princesse de Monaco, fille aînée d’Antoine Grimaldi, prince souverain de Monaco. Sur ce point, voir Frotier de La Messelière H., Filiations bretonnes …, op. cit., t. II, p. 576 sq.
479 La ville de Saint-Brieuc accueille les états de Bretagne à 13 reprises aux XVIIe et XVIIIe siècles : 1602, 1605, 1620, 1659, 1677, 1687, 1709, 1715, 1724, 1726, 1730, 1758 et 1768-1769 (Ruffelet évoque huit sessions : voir supra, Années 1602, 1677, 1687 et infra, 1715, 1724, 1730, 1758 et 1768). En 1709, la session ouverte le 16 novembre dure 66 jours et rassemble 300 membres de la noblesse (Rébillon A., Les États de Bretagne …, op. cit., p. 96). Le sujet de cette session est le vote d’un don gratuit de 4 900 000 livres pour lesquelles il est difficilement question pour la province épuisée d’emprunter 3 millions. Sur l’insistance du roi et de ses représentants la somme est votée le 10 janvier 1710 (Pocquet B., Histoire de Bretagne, t. V : La Bretagne Province [1515-1715], Rennes, Plihon et Hommay, 1913, p. 555-556). Mais la question qui a occupé les états est la famine de 1710 consécutive au grand hiver de 1709 qui semble avoir moins touché la Bretagne que le reste du royaume (Goubert P., Louis xiv et vingt millions de Français, Paris, Fayard, 1966, p. 304 ; Leprohon R., Vie et mort des Bretons sous Louis XIV, Brasparts, Les bibliophiles de Bretagne, 1984, p. 185-190).
480 La préséance et la présidence sont traditionnellement données à l’évêque du diocèse dans lequel se tient la session, en l’occurrence Louis Frétat de Boissieux, évêque de Saint-Brieuc. Voir infra, Catalogue des évêques, notice 56.
481 La présidence de l’ordre de la noblesse appartient alternativement au duc de Rohan et au duc de la Trémoille, deux des plus anciennes baronnies de la province. En 1709, il s’agit de Louis de Rohan-Chabot, fils aîné d’Henri de Chabot et de Marguerite de Rohan, duc et pair depuis 1689. Le député du Tiers pour la ville de Saint-Brieuc est son maire Jacques Le Mesle (voir infra, annexe 9, notice 40) assisté de plusieurs agrégés (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 174).
482 La mise au point du thermomètre à alcool par René-Antoine Ferchault de Réaumur date de 1730 (Ferchault de Réaumur R.-A., « Règles pour construire des thermomètres dont les degrés sont comparables et qui donnent une idée d’un chaud ou d’un froid qui puissent être rapportés à des mesures connues », Mémoire de l’Académie des Sciences de Paris, 1730). Au temps de Ruffelet, Jean-Louis Bagot, médecin à Saint-Brieuc utilise un tel instrument pour dresser une série d’observations climatiques réalisées selon les méthodes scientifiques de l’époque et qui montrent un refroidissement général entre 1778 et 1789 (Arch. dép. des Côtes-d’Armor, ms 2366 ; les moyennes mensuelles des relevés des températures ont été publiées par Meyer J., La noblesse bretonne au XVIIIe siècle, Paris, SEVPEN, 1966, t. II, p. 516).
483 Il s’agit ici de Filles de la Charité de saint Vincent de Paul, relativement rares en Bretagne car la province préféra souvent au XVIIe siècle d’autres congrégations hospitalières : Augustines de la Miséricorde et, particulièrement dans le diocèse de Saint-Brieuc qui vit leur naissance à Lamballe, Sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve (Bréjon de Lavergnée M., Histoire des Filles de la Charité. La rue pour cloître, Paris, Fayard, 2011, p. 398-399). À Saint-Brieuc, trois « sœurs grises » se dévouèrent aux malades de la paroisse Saint-Michel en vertu d’un contrat signé par l’évêque de Saint-Brieuc à Paris en 1711 et au moyen d’une rente fondée en 1708 par Yves Macé, maître ordinaire à la Chambre des comptes de Nantes. Le chanoine Labat apparaît ensuite, cédant une rente pour permettre aux sœurs d’acquérir un emplacement définitif : ce fut chose faite en 1731, rue Madeleine. Concernant Louis de Labat de Plaineville, consulter Charles O., Chanoines de Bretagne. Carrières et cultures d’une élite cléricale au siècle des Lumières, Rennes, PUR, 2004, p. 405, notice 406.
484 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 56.
485 Par cette ordonnance, l’évêque de Saint-Brieuc reçoit dans son diocèse la bulle Unigenitus Dei filius accordée le 8 septembre 1713 par le pape Clément XI à la sollicitation de Louis xiv dans l’espoir – vite déçu – d’en finir avec le jansénisme : la bulle condamnait 101 propositions extraites du Nouveau Testament en français, avec des Réflexions morales sur chaque verset de l’Oratorien Pasquier Quesnel. À la différence de Desmaretz à Saint-Malo, l’évêque de Saint-Brieuc fit donc partie de la majorité des évêques qui reçurent la bulle sans réserve. Il n’échappa pourtant pas au soupçon de jansénisme qui lui coûta, selon Guimart (« Histoire des évêques de Saint-Brieuc », MSACDN, t. I, 1853, p. 139), le siège archiépiscopal de Vienne. Peut-être l’ascétisme marqué du prélat joua-t-il un rôle dans cette réputation apparemment excessive ?
486 Premiers états après la mort de Louis XIV, leur tenue marque le début d’un réveil politique dont Ruffelet ne dit rien. Sur Frétat de Boissieux, voir infra, Catalogue des évêques, notice 56.
487 Les états d’Ancenis s’ouvrent le 17 septembre 1720 ; y assistent 20 ecclésiastiques dont Louis Frétat de Boissieux (voir infra, Catalogue des évêques, notice 56) qui est l’un des cinq évêques présents, 350 membres de la noblesse et 45 députés du Tiers dont le maire de Saint-Brieuc Jean-Pierre Bernard sieur du Haut-Cilly (voir infra, Annexe 9, notice 7). Le contexte est celui de la crise des débuts de la Régence : l’opposition des états et du parlement aux exigences politiques et fiscales du gouvernement, la conjuration de Pontcallec dont l’exécution, le 26 mars 1720, ne date que de quelques mois (Quéniart J., La Bretagne au XVIIIe siècle …, op. cit., p. 40-66). Le maréchal d’Estrées qui remplace Montesquiou comme gouverneur de la province vient d’être choisi pour « panser les plaies, ramener les esprits et rapprocher les cœurs » (Pocquet B., Histoire de Bretagne …, op. cit., t. VI, p. 159). Illustration de ces difficultés, la conclusion du discours de l’évêque de Saint-Brieuc qui préside la députation chargée de porter les compliments des états à la « Maréchale » d’Estrées dit la joie de la Bretagne de posséder une personne aussi illustre tout en ajoutant : « elle eut été encore plus grande si ses malheurs passés (de la province) et la triste situation où elle était réduite n’avaient pas porté dans tous les cœurs les plus vives atteintes ». Ce furent là, sans doute, les derniers actes politiques d’un prélat qui avait réputation d’être un grand connaisseur des affaires et d’être doté d’un sens politique très fin (Pocquet B., Histoire de Bretagne …, op. cit., p. 19 et 166). Apprenant qu’il est tombé malade, le chapitre de Saint-Brieuc lui envoie un député et de l’argent pour le faire soigner efficacement (Nières C. [dir.], Histoire de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 68). Sans succès ! Il meurt le 31 octobre à Ancenis où les états viennent de s’achever, le 22 octobre.
488 La dépouille funèbre de Louis Frétat de Boissieux est transportée depuis Ancenis jusqu’à Saint-Brieuc par la route. Parvenu dans les faubourgs de Rennes, le 4 novembre, son brancard s’y brise ; le corps du prélat est alors abrité pour un temps en la chapelle de l’hôpital Saint-Yves. Puis l’évêque de Rennes et son chapitre le conduisent en la cathédrale pour un office solennel et de là en l’église des pères augustins avant qu’il reprenne sa route (Charles O., Chanoines de Bretagne …, op. cit., p. 148). Il entre à Saint-Brieuc le 10 novembre par la porte de Rennes. Exposée dans la cathédrale, sa dépouille est enterrée le jour même par l’évêque de Saint-Malo Vincent-François Desmaretz en présence de tout le clergé (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 6 E 229/26, registre des sépultures, 1720, paroisse Saint-Michel de Saint-Brieuc, additif, fo 19 vo).
489 Le fichier du personnel médical briochin au XVIIe siècle est très peu fourni (Croix A., La Bretagne aux XVIe et XVIIe siècles. La vie, la mort, la foi, Paris, Maloine, 1981, p. 1319-1337) ; en 1628 il est question de « plusieurs barbiers et chirurgiens qui font la farmacie » (Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – 1Bf 348, Arrêts sur remontrance des 19 juillet et 16 septembre 1628). À la suite du décès du médecin Pierre André en 1706, la communauté de ville dans une délibération de 1711 rappelle son droit « d’appeler des médecins pour le bien des habitants » et fait venir à Saint-Brieuc le sieur Hunault, docteur en médecine (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 151 et 182-183). Ce souci de disposer d’un médecin à Saint-Brieuc reste constant au XVIIIe siècle.
490 Parent du chirurgien Pierre Conery d’origine irlandaise, le premier des médecins cités par Ruffelet est le docteur Jacques Conery époux de Mauricette Turgot de laquelle il aura dix enfants ; il est qualifié d’écuyer. Il décède en 1761. Leur second fils lui aussi prénommé Jacques naît à Saint-Brieuc, en 1729. Docteur en médecine de la faculté de Montpellier, il est nommé à son tour médecin de la ville et hôtel Dieu royal de Saint-Brieuc, jusqu’en 1757 date de son décès à Loudéac (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 6 E 105/4, registre des sépultures de Loudéac, 23 juin 1757 : « Le vingt trois juin 1757 a été enterré écuier jacques conery docteur en medecine de la faculté de monpellier médecin de la ville et hôtel dieu roïal de st brieuc âgé de vingt huit ans décédé hier fils d’écuïer jacques conery docteur en médecine et de dame feue louise mauricette turgot son épouse. Le tout en presence de nobles personnes françois ruellan et nicolas chapelain. Y : Maignou Recteur de loudéac, François Ruellan, Nicolas Chapelain de la Villeguerin. »).
491 Charles-François Cartel est un normand de l’évêché de Coutances né à Bricquebec de Guillaume Cartel et Anne Surcouf. Docteur en médecine déjà établi à Saint-Brieuc, il épouse à Quintin, en 1749, Marie Pastol de Keramelen de laquelle il aura treize enfants (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 6 E 221/5, registre des baptêmes et des mariages, Quintin, 1749 : « Noble homme charles françois Cartel docteur en médecine domiciliée de St Brieuc, fils de feu noble homme guillaume Cartel et de demoiselle anne Surcouf de la paroisse de Bricbec eveché de coutance, et demoiselle margueritte, marie pastol de Keramelen fille de noble homme gabriel claude Pastol présent sieur de penquer, et de feüe demoiselle marie mérien originaire de Plougonver eveché de Tréguier, et domiciliée de fait de cette paroisse ont contracté mariage par parole de present, et après une proclamation de banc faite tant à notre messe paroissiale qu’à celle de st michel de st Brieuc sans oposition venüe à connoissance le dix neuf de ce mois et dispense obtenüe des deux autres bancs ; la benediction nuptiale leur a estée administrée par monsieur l’abbé chevalier chanoine de l’eglise cathedrale de st Brieuc et syndic du diocese, en présence des sousignés, le vingt et un octobre mil sept cens quarante et neuf. »).
492 Dans sa délibération du 18 novembre 1754, la communauté accorde une pension de 400 livres à Jacques Conery ; elle sera reconduite à son fils, puis au docteur Cartel (Goubert J.-P., Malades et médecins en Bretagne 1770-1790, Paris, Klincksieck, 1974, p. 149, donne un docteur Castel) et enfin au docteur Bagot. Constatant que le sieur Conery s’était souvent absenté à Saint-Malo (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 2 E 134), les délibérants y mettent une condition : « qu’ils ne s’absenteraient pas de la ville quand ils seraient retenus par quelque malade, ou qu’ils y reviendraient, s’ils étaient absents, à l’instant où un habitant de Saint-Brieuc réclamerait leurs soins » (Habasque F.-M., Notions historiques …, op. cit., t. 2, p. 157).
493 Fils d’un laboureur, Jean Leuduger naît à Plérin le 9 novembre 1649. Il rejoint à 12 ans le collège de Saint-Brieuc, avant de gagner Rennes trois ans plus tard afin de faire sa rhétorique et sa philosophie au collège jésuite. Fin 1669 ou début 1670, après un bref passage dans une abbaye prémontrée du diocèse de Luçon, il entreprend un pèlerinage à Rome. Il retrouve ensuite Rennes pour poursuivre ses études théologiques. Après un court séjour au séminaire de Saint-Brieuc, il est ordonné prêtre en décembre 1673. Un temps habitué à Plérin, il est chargé dès 1675 par Denis de La Barde (voir infra, Catalogue des évêques, notice 53) de prêcher le Carême dans quelques paroisses. C’est le début d’une brillante carrière qui le voit conjuguer service paroissial et intense activité missionnaire. Il est en effet successivement pourvu des cures de Plouguenast (1676-1684) et Moncontour (1684-1689). Participant un temps aux missions du père Maunoir, il est chargé du diocèse de Saint-Brieuc après sa mort en 1683. Uniquement entre 1685 et 1720, Leuduger aura dirigé 27 missions dans le diocèse de Saint-Brieuc et 15 dans celui de Saint-Malo. Il aura de plus participé, aux côtés des Eudistes et des Jésuites notamment, à 5 missions dans le diocèse de Saint-Brieuc, 4 dans celui de Tréguier et une dans ceux de Quimper et Rennes. Entre les devoirs de sa cure et ses obligations missionnaires, il réussit à préparer son doctorat en théologie à l’université de Nantes, ce qui lui permet de devenir théologal (1690) de la cathédrale de Saint-Brieuc, dont il sera aussi chanoine à compter de 1713. Torlay M.-P., Jean Leuduger. Missionnaire apostolique …, op. cit., p. 17-96 et Du Bois de La Villerabel A., Dom Jean Leuduger, fondateur de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit, seconde édition, Saint-Brieuc, Prud’homme, 1924, IX-484 p.
494 Leuduger J., Le bouquet de la mission, ou l’abrégé des vérités et maximes que l’on enseigne dans les missions, Rennes, veuve Mathurin Denys, 1700, in-8, 338 p. (il est à noter que cette édition n’est peut-être pas la première puisqu’elle porte sur la première page la mention « revu, corrigé et augmenté par l’auteur »). L’ouvrage, au succès immédiat, connaît au moins cinq nouvelles éditions du vivant de l’auteur sous le titre Le bouquet de la mission composé pour le peuple de la campagne. Il résume l’enseignement de Leuduger et se veut « un abrégé de tout ce que l’on dit dans les sermons, dialogues, conférences et autres exercices de la mission » (Torlay M.-P., Jean Leuduger. Missionnaire apostolique …, op. cit., p. 97). Fortement influencé par la réflexion des maîtres spirituels du XVIIe siècle comme François de Sales, Pierre de Bérulle ou Jean Eudes, le Bouquet sera utilisé dans les campagnes bretonnes jusqu’au milieu du XIXe siècle, la 14e édition étant publiée en 1853 (Torlay M.-P., Jean Leuduger. Missionnaire apostolique …, op. cit., p. 102). Acteur majeur de la vaste entreprise de christianisation des masses, Leuduger est aussi l’auteur d’un catéchisme en usage dans le diocèse de Saint-Brieuc jusqu’en 1820 (Levot P., Biographie bretonne …, op. cit., t. II, p. 335).
495 Statuts du diocèse de Saint-Brieuc imprimés par l’ordre de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Messire Pierre Guillaume de La Vieuxville, évêque et seigneur de Saint-Brieuc, Rennes, Garnier, 1723, 329 p. Ces statuts reprennent largement les précédents – ceux d’André Le Porc de La Porte, évêque de 1618 à 1631 (voir infra, Catalogue des évêques, notice 51) – parus chez Doublet à Saint-Brieuc en 1624. La Vieuxville explique en introduction de ses statuts qu’« il y a près d’un siècle que ces statuts n’ont été imprimés, à peine en arrivant dans le diocèse en avons-nous pu recouvrer un exemplaire : et dans nos visites nous avons remarqué que les dérangemens que nous avons été obligé de reprendre venoient moins d’un penchant déréglé, que du défaut d’une loi écrite qui prescrive la règle et le devoir ». Sur Pierre Guillaume de La Vieuxville, évêque de Saint-Brieuc de 1721 à 1727 et originaire de cette même ville, ancien chanoine de Saint-Malo et de Nantes, voir Charles O., Chanoines de Bretagne …, op. cit., p. 391, notice 300 et infra, Catalogue des évêques, notice 57.
496 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 57.
497 C’est le roi qui décidait du lieu de tenue des états, souvent en fonction des personnalités devant présider le clergé et le tiers et dont l’influence était jugée prépondérante.
498 Jacques Gallet est né en 1666. Après des études à Saint-Brieuc, où il devient professeur de rhétorique, il est pourvu, en 1701, de la cure de La Poterie près de Lamballe. Il dirige ensuite de longues années le séminaire de Saint-Louis à Paris avant d’être pourvu de la cure de Compans dans le diocèse de Meaux en 1718. Il y meurt le 30 décembre 1725 (Levot P., Biographie bretonne …, op. cit., t. I, p. 761). Sur le personnage, voir infra, Catalogue des évêques, notice 57 et Clément J.-H., « L’abbé Jacques Gallet, de Lamballe », Les Amis de Lamballe et du Penthièvre, t. 39, 2012, p. 89-98.
499 Gallet est un fervent défenseur de l’historicité de Conan Mériadec, mythique fondateur du royaume breton et de sa première dynastie et non moins mythique ancêtre des Rohan. Ce débat d’importance à l’époque (Morice P.-H., Histoire ecclésiastique et civile…, op. cit., p. X-XII) dissimule en fait un enjeu politique essentiel : celui de la mouvance de Bretagne. La thèse de l’existence de Mériadec et de la dynastie qu’il établit dès la fin du IVe siècle, « donc avant la dynastie franque, illustrait un passé glorieux de la province, qui ne pouvait que rejaillir sur la noblesse immémoriale et soutenir, quels qu’aient été les épisodes ultérieurs, ses particularismes face à la monarchie française ». Cette interprétation permet de contrer les idées défendues par les abbés normands de Vertot (Traité historique de la mouvance de Bretagne, 1710 et Histoire critique de l’établissement des Bretons dans les Gaules et de leur dépendance des rois de France et des ducs de Normandie, 1720) et des Thuilleries (Dissertation sur la mouvance de Bretagne, par rapport au droit que les ducs de Normandie y prétendaient, 1711) convaincus du fait que la Bretagne, conquise par Clovis, est toujours restée depuis dans la mouvance du royaume de France (Quéniart J., « Les mauristes et l’historiographie bretonne », dans Tonnerre N.-Y. [dir.], Chroniqueurs et historiens de la Bretagne du Moyen Âge au milieu du XXe siècle, Rennes, PUR, 2001, p. 117). Ruffelet prend ici très clairement position dans une controverse à laquelle il apporte sa contribution dans un autre contexte à la fin des années 1760 en rédigeant à la demande du conseiller au parlement de Bretagne Loz de Beaucours une critique des lettres envoyées par le contrôleur général Laverdy au parlement pour établir « la pleine souveraineté du roi sur la province de Bretagne » et une Réponse au Mémoire historique et critique sur les droits de souveraineté relativement au Traité de Bretagne (Du Bois de La Villerabel A., « Le chroniqueur Ruffelet », op. cit., p. 383-423). Dans ces écrits qui se proposent de contrer la prétention de la monarchie à établir de nouveaux impôts sans le consentement des états, Ruffelet défend les libertés traditionnelles de la province en conjuguant son passé le plus ancien avec les théories économiques de son temps (Charles O., « Un précurseur ? Christophe-Michel Ruffelet [1725-1806], chanoine et historien à l’époque des Lumières », ABPO, t. 111, 2004, p. 105-106).
500 Si Gallet se passionne très tôt pour les origines du duché de Bretagne, ses recherches ne paraissent qu’après sa mort. D’abord imparfaitement publiées par Pierre-François Guyot, abbé Desfontaines, dans son Histoire des ducs de Bretagne en 1739, ses Mémoires sur l’établissement des Bretons dans l’Armorique et leurs premiers rois sont à nouveau imprimés par Morice, qui a eu accès au travail original conservé par le cardinal de Rohan, dans l’Histoire ecclésiastique et civile…, op. cit., t. i, colonnes 543-1015 (Rio J., Mythes fondateurs…, op. cit., p. 265). Cela dit, à cause du style « fort diffus » de Gallet, Morice a amendé le texte (Morice P.-H., Histoire ecclésiastique et civile…, op. cit., t. i, préface, p. XII).
501 Ce laconisme rejoint l’appréciation de Charles Berthelot du Chesnay : « A en juger par ce qui subsiste du secrétariat de l’évêché de Saint-Brieuc et des notes de visite sur les registres paroissiaux, on a l’impression que Vivet fut au moins un bon administrateur. On en a peu parlé. On en parle peu. On peut présumer qu’il a fait simplement ce qu’il devait faire » (Berthelot du Chesnay C., Les prêtres séculiers …, op. cit., p. 642). Voir par ailleurs, infra, Catalogue des évêques, notice 58.
502 Chaque entrée solennelle était l’occasion pour tout corps de chercher à se montrer à son avantage. La communauté de ville qui devait se présenter selon l’usage devant le visiteur pour le complimenter, profitait ensuite de la présence d’une garde entourant le carrosse pour se mêler au cortège et se montrer ainsi sur des distances importantes un rôle d’accompagnant, honneur qu’elle n’avait point. En 1728, l’entrée du nouvel évêque, le Nîmois Louis-François Vivet de Monclus (voir infra, Catalogue des évêques, notice 58), dans sa ville de Saint-Brieuc est l’occasion d’une vive querelle de préséance opposant deux avocats postulant au siège royal ainsi que trois procureurs aux notables de la communauté de ville sur la question de qui devait marcher en tête du cortège. Les parties en viennent plusieurs fois aux mains et la communauté visée dans cette affaire fait dresser procès-verbal, portant plainte devant le gouverneur de Saint-Brieuc. Celui-ci donne tort aux avocats et procureurs leur ordonnant de présenter leurs excuses devant l’assemblé de ville, de demander pardon, et de verser solidairement à l’hôpital 60 livres d’amende (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 171).
503 Alain-Emmanuel de Coëtlogon, né à Rennes en 1646, septième et dernier fils d’un conseiller au parlement de Rennes. Après une carrière débutée au sein de l’armée en 1668, il rejoint la marine comme enseigne en 1670. Lieutenant de vaisseau deux ans plus tard, il combat dans l’escadre de d’Estrées pendant la guerre de Hollande. Promu capitaine de vaisseau en 1675, il se distingue en Sicile, aux combats de Palerme et à celui d’Agosta. Il continue à servir sous les ordres de Tourville dans les années qui suivent. En 1686, il bat deux vaisseaux espagnols puis participe au bombardement d’Alger en 1688. Durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, il est présent lors des principales batailles comme chef d’escadre : à Bantry en 1689, à Béveziers l’année suivante puis à Barfleur et La Hougue en 1692, où son intervention s’avère décisive pour sauver Tourville, à défaut des principaux vaisseaux de la flotte du Ponant. Il est également à Saint-Malo en 1693, lorsque les Anglais tentent de fracasser une machine infernale sur la ville. Lieutenant général en 1701, il aide au ravitaillement de l’Amérique espagnole pendant la guerre de Succession d’Espagne, bat les Anglo-Hollandais au Cabo da Roca, près de Lisbonne, en 1703, et remplit les fonctions de vice-amiral au meurtrier combat de Velez-Malaga en 1704. C’est d’ailleurs son dernier engagement sur mer puisqu’il commande ensuite la marine à Brest. Membre du conseil de Marine en 1715, durant la Régence, vice-amiral du Levant en 1716, il se retire chez les Jésuites en 1726, est fait maréchal de France le 1er juin 1730 et expire six jours plus tard dans une atmosphère de grande dévotion. Brave, énergique, ce grand marin n’a jamais commandé en chef une grande escadre, étant plus tacticien que véritable stratège. Sur ce personnage, voir Kerviler R., Répertoire général …, op. cit., t. 5, p. 434-435, Taillemite E., Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, 2002, p. 105 et Granier H., Marins de France au combat, t. 2 : 1610-1715, Paris, France-Empire, 1994, p. 299.
504 Ce n’est en effet qu’en 1689 qu’un intendant, symbole des progrès de l’absolutisme royal au cours du XVIIe siècle, est nommé en Bretagne : cette province est donc la dernière du royaume à en être dotée. Héritier d’un lignage remontant au XIIe siècle, Louis de Coëtlogon, vicomte de Méjusseaume, qui avait épousé Louise Le Meneust de Bréquigny, la fille d’un président à mortier du parlement en 1613, lui-même reçu conseiller et commissaire nonoriginaire en 1619, est surtout célèbre pour la commission d’intendant qu’il reçut au cours de son office. Le parlement lui interdit de déférer à ces fonctions, le suspendant dans le même temps de celles en son sein. Il ne peut retrouver les charges afférentes à son office que sur la promesse qu’il fit, en 1649, d’avoir renvoyé cette commission et de n’en plus désormais recevoir, incarnant malgré lui la résistance de la province à l’absolutisme louis-quatorzien. S’il meurt le 26 juillet 1657 au château de Coëtlogon, en Plumieux, il est cependant inhumé au couvent des Capucins, à Rennes, dans une chapelle qu’il avait fondée. Parmi ses quinze enfants, figurent notamment Guy, devenu marquis de Coëtlogon par son alliance avec l’héritière de la branche aînée et en faveur de qui il avait résigné son office de conseiller au parlement, François, devenu évêque de Quimper, ou encore Alain-Emmanuel, qui a été présenté plus haut. Sur ce personnage, voir Kerviler R., Répertoire général…, op. cit., t. 5, p. 434 et Saulnier F., Le Parlement de Bretagne …, op. cit., t. I, p. 244-245. Sur les Coëtlogon, voir par ailleurs supra, Annales 1622, 1684 et 1699.
505 Il s’agit de Louis-François Vivet de Montclus. Voir supra, Annales 1727 et infra, Catalogue des évêques, notice 58.
506 Charles-Armand-René de La Trimouille, duc de Thouars, prince de Tarente, pair de France (1708-1741), par ailleurs ami d’enfance de Louis xv. Militaire, blessé plusieurs fois au combat, il devient colonel du régiment de Champagne en 1731, brigadier d’infanterie en 1734 et meurt maréchal de camp. Intelligent et brillant, il est l’auteur de plusieurs écrits ainsi que d’un opéra et entre à l’Académie française en 1738. Sur le personnage : Discours prononcé dans l’Académie française, le jeudi 6 mars 1738, à la réception de M. le duc de la Trémoille, Paris, Coignard, 1738, 12 p. ; Le Rond d’Alembert J., Histoire des membres de l’Académie française morts depuis 1700 jusqu’en 1771, Paris, Moutard, t. IV, 1787, p. 629-637 ; Table ou abrégé des cent trente cinq volumes de la Gazette de France, Paris, Imprimerie de la Gazette de France, t. II, 1767, p. 354 ; La Chesnaye-desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la noblesse …, op. cit., Supplément, t. XV ou troisième des suppléments, Paris, 1786, p. 627 ; Labourdette J.-F., « Le duc de La Trémoille et les états de Bretagne de 1666-1667 », dans Bardet J.-P., Poussou J.-P., Vignal M.-C., États et société en France aux XVIIe et XVIIIe siècles. Mélanges offerts à Yves Durand, Paris, Presses de la Sorbonne, 2000, p. 357. Voir par ailleurs, supra, Annales 1709.
507 Les ponts jouent un rôle essentiel aux abords de Saint-Brieuc en raison du site de la ville et des difficultés de circulation qui en découlent. Ces ouvrages d’art tiennent donc une place particulière dans les préoccupations des autorités locales. Les ponts du Légué et de Saint-Barthélemi sont édifiés à compter de 1732, la réception des travaux, confiés au Sieur Teillard de Rochemartin pour le premier, à Pierre Vincent pour le second, se faisant en 1734 (Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – C 2364 et C 3800). Dès 1744, la commission intermédiaire des états de Bretagne s’inquiète cependant des nécessaires réparations à apporter au pont du Légué qui assure la liaison entre la ville de Saint-Brieuc et son port (Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – C 3805). Dans son journal, Lymon de Belleissue signale aussi la construction du pont de Douvenant en 1733 et de celui des Villemoysan en 1758 (Du Bois de La Villerabel A., « Journal historique et domestique…, op. cit., p. 187 et 196).
508 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 53.
509 Le pont du Gouédic, à l’entrée de Saint-Brieuc en venant de Rennes, est sans doute l’un des plus importants de la ville. Si sa construction remonte au XVIIe siècle – « environ 1613 » pense Ruffelet, en 1644 rectifie Lymon de Belleissue –, il est l’objet d’attentions régulières au XVIIIe siècle : endommagé par les « grandes eaux » dans la nuit du 16 décembre 1734, réparé par Vincent Pierre dans les mois qui suivent, il est « rétabli à neuf, comme il est, dès les fondements », en 1744, selon le magistrat briochin, ces travaux suscitant d’ailleurs l’ire du comte de Boderu en raison de l’utilisation de pierres de sa carrière de la Ville-Bougaud. En 1768, au moment où Ruffelet rédige ses Annales, des travaux de rehaussement de ce pont sont envisagés ; réceptionnés en 1773, ils sont complétés par de nouveaux investissements au tournant des années 1770-1780. Sur ces travaux, voir Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – C 2338, C 2364, C 3109, C 3072, C 3801 et C 3806, ainsi que Du Bois de La Villerabel A., « Journal historique et domestique… », art. cité, p. 174 et 190).
510 Né en 1699, Louis-Robert-Hippolyte de Bréhan, comte de Plélo, mène tout d’abord une carrière militaire. Sous-lieutenant des Gendarmes flamands en 1717, il est colonel en 1722, commandant le régiment des Dragons de Plélo. Il abandonne cependant rapidement ses fonctions militaires pour la diplomatie en 1727 après avoir vendu son régiment. Bénéficiant de l’appui de sa belle-famille, il est nommé ambassadeur de France au Danemark en 1729. Lorsque le tout nouveau roi de Pologne Stanislas Lezczinski se retrouve assiégé par les Russes dans Dantzig, le comte de Plélo prend la tête du petit corps expéditionnaire envoyé par Louis XV (2 000 hommes). Il est tué lors d’un assaut désespéré le 27 mai 1734. Féru de mathématiques, d’astronomie, de mécanique mais aussi d’histoire ou littérature, il appartenait à la célèbre société de l’Entresol et avait traduit l’Essai sur le poème épique, publié en anglais par Voltaire en 1727. Sur ce personnage, voir Kerviler R., Répertoire général …, op. cit., t. 3, p. 187-190 et Rathery E.-J.-B., Le comte de Plélo. Un gentilhomme français au XVIIIe siècle, Paris, Plon, 1876, 300 p.
511 Né en 1705, Louis Phélypeaux, marquis puis, en 1770, duc de La Vrillière, comte de Saint-Florentin, succède à son père aux fonctions de secrétaire d’État de la Religion prétendue réformée. Chancelier et garde des Sceaux de l’Ordre du Saint-Esprit de 1716 à 1770, ministre d’État en 1761, secrétaire d’État de la Maison du Roi de 1749 à 1775, secrétaire d’État aux Affaires étrangères pendant quelques mois de décembre 1770 à juin 1771, il cumule les charges ministérielles tout au long du règne de Louis XV et au début de celui de Louis XVI. Il meurt à 72 ans, en 1777.
512 Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis de Richelieu, duc d’Agenois puis d’Aiguillon, est né en 1720. Arrière-petit-neveu du célèbre cardinal, il suit une carrière militaire entamée aux Mousquetaires du Roi. La guerre de Succession d’Autriche offre l’occasion au jeune homme de montrer sa bravoure. À 22 ans, colonel de Brie infanterie, il opère d’abord en Bohème puis en Piémont où il s’illustre en 1743, participant aux principales batailles livrées par le maréchal de Maillebois contre les Sardes et les Autrichiens. Capturé à Asti au printemps 1746, libéré sur parole, il reprend le combat un an plus tard alors qu’il a été promu maréchal de camp. Devenu duc d’Aiguillon au décès de son père, en 1750, il succède au duc de Chaulnes aux fonctions de commandant en chef en Bretagne en 1753. La promotion est exceptionnelle. Non seulement le duc n’a que 33 ans mais son grade – maréchal de camp – est inférieur à celui de tous ses prédécesseurs, tous au moins lieutenants généraux sinon maréchaux de France. Le sincère attachement de Louis XV pour le duc pèse incontestablement mais le roi entend aussi nommer un représentant pugnace et motivé dans une province dont il connaît les spécificités. Il impose d’ailleurs à son protégé de résider la moitié de l’année en Bretagne alors que les précédents commandants en chef y séjournaient surtout lors des sessions des états de Bretagne mais très peu le reste du temps. En outre, le nouveau commissaire du roi dispose, indirectement, d’une implantation régionale puisqu’il a épousé, en 1740, Louise Félicité de Bréhan, la fille du comte de Plélo ainsi que le précise Ruffelet. Cet ancrage provincial ne lui évite pas l’opposition régulière des états tout d’abord, des parlementaires rennais ensuite, l’affrontement culminant entre 1764 et 1769 lors de l’Affaire de Bretagne. Sur ce personnage, pour lequel il n’existe pas de biographie récente, on se reportera, par exemple, à Marion M., La Bretagne et le duc d’Aiguillon, Paris, Fontémoing, 1898, 624 p. ; Pocquet du Haut-Jussé B., Le duc d’Aiguillon et La Chalotais, Paris, Perrin, 1900-1901, 3 vol. ; Dehaudt C., « Duc d’Aiguillon », dans Bély L., Theis L., Soutou G.-H., Vaisse M. (dir.), Dictionnaire des ministres des affaires étrangères, Paris, Fayard, 2005, p. 182-187 ; Mercier B., « Duc d’Aiguillon », dans Sarmant T. (dir.), Les ministres de la Guerre 1570-1792, Paris, Belin, 2007, p. 444-450 ou, plus récemment, à la contribution de Aubert G., « Le duc d’Aiguillon, La Chalotais et l’Affaire de Bretagne », dans Le Page D. (dir.), Onze questions d’Histoire …, op. cit., p. 209-234.
513 Ruffelet évoque ici la charte de fondation du prieuré bénédictin Saint-Martin de Lamballe (voir infra, Note V).
514 Voir infra, Annexe 9, notice 66. Mitriennal désigne une durée d’un an et demi.
515 Faisant suite à une demande des bourgeois de Saint-Brieuc qui, depuis quatre ans, souhaitaient voir ouvrir des classes dans leur ville, la communauté de ville de concert avec l’évêque Melchior de Marconnay (voir infra, Catalogue des évêques, notice 50), établit un collège à Saint-Brieuc en 1604 (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. II, p. 167-172). Le principal est présenté par la communauté de ville, par le chapitre ou par le gouverneur. Il reçoit de la ville une somme de 600 livres (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – D1). Alors que la communauté de ville dont les finances étaient engagées dans d’autres priorités souhaita souvent se désengager de cette charge, celle-ci fut toujours maintenue par les arrêts du Conseil de 1668, 1670, 1681 et 1691.
516 Au début du XVIIIe siècle, les évêques s’intéressent davantage au collège. Lorsque l’évêque Pierre-Guillaume de La Vieuxville (voir infra, Catalogue des évêques, notice 57) crée une chaire de théologie (Lamarre J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 144), il nomme à cette place le chanoine Laurent Chouesmel de La Salle, docteur en théologie, chanoine de Saint-Guillaume de Saint-Brieuc (sur ce personnage voir Charles O., Chanoines de Bretagne…, op. cit., p. 365). En 1731, l’évêque Louis-François Vivet de Montclus (voir infra, Catalogue des évêques, notice 58) donne son règlement au collège de Saint-Brieuc (règlement du 25 septembre 1731 publié par Galmiche E., « Les règlements du collège de Saint-Brieuc », MSECDN, t. LI, 1913, p. 71-92), et après avoir promu le chanoine Chouesmel comme principal, en 1733, il encourage la reconstruction d’un nouveau bâtiment et de sa chapelle, recevant à cet effet 3 000 livres d’aide de la communauté de ville, le chanoine Chouesnel, pour sa part, versant de ses deniers plus de 30 000 livres. La pose de la première pierre a lieu le 17 mars 1738.
517 Le collège de Saint-Brieuc donne un enseignement qui couvre de la sixième à la seconde puis les classes de rhétoriques, de philosophie (regroupant logique et physique) et enfin de théologie (Durand R., « Le collège de Saint-Brieuc en 1763 », AB, t. XXVIII, 1912-1913, p. 597-601). La création d’une chaire de philosophie qui complète le cours d’humanité, l’enseignement de la littérature, des mathématiques et de la physique sanctionné par des examens, la soutenance de thèses qui couronnent les classes de philosophie et de théologie permettent au collège d’atteindre un niveau qui sera jugé supérieur à celui atteint parfois au siècle suivant (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne…, t. II, p. 169, note 2). En 1763, le collège compte 505 élèves. À cette époque, ses revenus sont de 10 620 livres (Durand R., Le département des Côtes-du-Nord sous le Consulat et l’Empire [1800-1815], Paris, Alcan, 1926, t. 1, p. 489).
518 L’ordonnance d’Orléans rédigée par le chancelier Michel de l’Hospital sur les remontrances des états tenus à Orléans en 1560, et promulguée le jour même de la clôture le 31 janvier 1561, concerne la réformation de la justice et les questions religieuses. Parmi les dispositions, une prébende serait affectée à un docteur en théologie chargé d’enseigner l’Écriture Sainte et une autre réservée à un précepteur chargé d’instruire gratuitement les enfants de la ville (Lavisse E., Histoire de France des origines jusqu’à la Révolution, Paris, Hachette, t. VI, 1904, p. 38-40). L’ordonnance de Blois, ordonnance générale en 363 articles, œuvre du chancelier Hurault de Cheverny sur l’administration et la police du royaume, est signée au mois de mai 1579 et enregistrée en janvier 1580 par le parlement de Paris. Elle est rédigée à l’aide des cahiers de doléances qu’avaient élaborés les États généraux réunis à Blois en 1576. Les articles 7 et 8 décident des prébendes dont le revenu est destiné à l’instruction des enfants des villes où les chapitres sont établis et veulent que les précepteurs qui jouissent des revenus de la prébende soient choisis et destitués par l’évêque, de l’avis du chapitre, des maires, échevins, conseillers ou capitouls de la ville (Diderot D., D’Alembert N., Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, 1re édition, Paris, t. 11, 1765, p. 593 : « Ordonnance de Blois ; il y en a deux de ce nom, une de Louis XII. en 1498 sur les gradués ; elle adopte le concile de Bâle & la pragmatique ; elle concerne aussi l’administration de la justice & la procédure ; l’autre, qui est celle que l’on entend ordinairement, est dite de Blois, quoique donnée à Paris, parce qu’elle fut faite sur les remontrances des états de Blois : elle concerne le clergé, les hôpitaux, les universités, la justice, la noblesse, le domaine, les tailles. »)
519 Ruffelet reviendra plus en détail, dans le Catalogue des évêques (voir infra, notices 36 et 58), sur ce changement important dans la procédure de nomination aux bénéfices ecclésiastiques. Jusqu’alors, en vertu du statut de « pays d’obédience » pontificale que la Bretagne conserva jusqu’à la Révolution malgré les réticences des juristes gallicans, le pape nommait à une partie des cures durant huit mois de l’année (les autres quatre mois, la nomination revenait à l’évêque, à moins que celui-ci ait obtenu un indult lui accordant six mois). Les bénéfices relevant du pape étaient attribués par concours, conformément au décret du concile de Trente, ce qui supposait que les candidats (forcément bretons, en vertu d’une disposition de l’acte d’union de 1532) se rendent à Rome. En 1740, dans un contexte de déclin du pèlerinage romain et de suspicion pour les prêtres errants, les évêques bretons firent valoir les inconvénients du voyage, et la lenteur des procédures romaines pour réclamer que le concours se tienne en Bretagne, en présence de commissaires nommés par le pape. Le 1er octobre 1740, le nouveau pape Benoît XIV promulgua une bulle concédant « l’indult perpétuel pour le concours en Bretagne », que le roi reçut par des lettres patentes datées du mois de décembre suivant. Le concours fut donc organisé localement : à Saint-Brieuc, 86 cures furent ainsi pourvues entre 1741 et 1789, l’évêque proclamant un lauréat auquel Rome délivrait ensuite ses provisions (Berthelot du Chesnay C., Les prêtres séculiers …, op. cit., p. 219-229).
520 Comme constaté la plupart du temps dans les villes, la communauté de ville de Saint-Brieuc prend au XVIIIe siècle le pas sur le général de la paroisse (voir supra, Annales 1609 et Dupuy A., Études sur l’administration municipale …, op. cit., p. 6), les décisions « politiques » étant décidées par la communauté, le général ayant alors un rôle plus effacé limité théoriquement au « religieux » ; très rapidement la communauté en vient à empiéter sur le territoire religieux du général dont elle traite les affaires et garde les archives. Malgré un premier arrêt du parlement de Bretagne, du 9 juillet 1729, accepté par le général de la paroisse de Saint-Michel de Saint-Brieuc le 25 septembre, qui déclare les deux institutions séparées et qui désigne les personnes susceptibles d’être appelées à constituer le corps politique de la paroisse (Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – 1Bf 1444, arrêt sur remontrance du 17 octobre 1729), un arrêt de 1742 confirmé en 1746 attribue à la communauté de ville le droit de former ce corps politique. Sur l’opposition de René de La Villeon, recteur de Saint-Michel, un troisième arrêt du 18 juillet 1742, déclare la séparation définitive et défend à la communauté de connaître des affaires de la paroisse (Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – 1Bf 1590, arrêts sur remontrance des 18 juin et 18 juillet 1742 et 9 mars 1746). La première réunion du général de la paroisse prend place le 21 juillet 1743 (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 147).
521 À la fin de l’Ancien Régime, Saint-Brieuc est le siège de l’une des 25 sénéchaussées abritant la justice royale (Durand R., Le département des Côtes-du-Nord …, op. cit., p. 233), cour de première instance pour les habitants des fiefs relevant du roi mais aussi cour d’appel pour les justices seigneuriales, exerçant non seulement la justice mais traitant encore de la vie administrative locale. Au moins la moitié de ces sénéchaussées disposait d’un avocat du roi, office cédé par le roi à titre onéreux. La « finance » est la somme payée par l’acquéreur, les « gages » sont ses appointements annuels (Furetière A. Dictionnaire universel français et latin, La Haye, Reinier et Arnoud Leers, 1727). Possessionnés à Yvias et Paimpol, domicilié au manoir de La Ville-Ginglin en Cesson, les Vittu de Querault sont les mêmes que les Vittu de Keraoul, parents des Vittu de Kersaint, impliqués dans la vie locale briochine. Jean-Louis Vittu de Kersaint achète, en 1721, la seigneurie de Keraoul en Paimpol. Sur ce personnage, conseiller au parlement de Bretagne, voir Soulabaille A., Guingamp sous l’Ancien Régime, Rennes, PUR, 1999, p. 249, note 49 et Arch. dép. des Côtes-d’Armor – E 2180, « Prise de possession par Jean-Louis Vittu de Kersaint, négociant à Paimpol mentionnant la chapelle de Kerraoul dans l’église abbatiale de Beauport ». On note un Vittu de Kersaint maire de Saint-Brieuc de 1734 à 1748 (voir infra, Annexe 9, notice 66), et un Vittu de Keraoul, le même que celui cité par Ruffelet, avocat du roi, député de Saint-Brieuc aux états de 1748 à Rennes (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 147, 173 et 174).
522 Ce droit très ancien a régulièrement été menacé, à tel point que le chapitre en a déjà demandé la confirmation en 1424, 1525, 1596, 1618, 1653, 1705, 1707 et 1727. Voir Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – 1 Ba 39, greffe du parlement de Bretagne, enregistrement. Lettres de confirmation de privilèges pour le chapitre de Saint-Brieuc de novembre 1727 (fo 53 ro), Lettre de surannation sur les précédentes, 27 février 1745 (fo 53 vo).
523 Né en 1714, il devient lieutenant général des armées du roi le 10 mai 1748. La Chesnaye-Desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la noblesse …, op. cit., t. 7, col. 127.
524 Ce terme d’origine espagnol (de menino, petit, mignon) désigne « les gentilshommes d’honneur de Monsieur le Dauphin ». Ce sont de jeunes hommes choisis dans la bonne noblesse et dotés d’une charge très rémunératrice pour être les intimes du futur souverain durant sa jeunesse. Ces places pouvaient procurer bien des avantages après – parfois avant – son avènement, Labourdette J.-F., « Maison du roi », dans Bély L. (dir.), Dictionnaire de l’Ancien Régime, Paris, PUF, 1996, p. 782. Ces jeunes hommes, appelés en réalité gentilshommes de la manche – comme l’étiquette leur interdisait de tenir le prince par la main, ils ne pouvaient le retenir que par la manche –, « sont les gardes du corps du prince, son rempart dans les cérémonies publiques afin que personne ne le touche ». Même s’ils n’ont pas de fonction éducative, leur présence permanente dans le cabinet du prince fait parfois de leur nomination, un enjeu entre les différents réseaux de la cour. Sur ce sujet, voir Mormiche P., Devenir prince. L’école du pouvoir en France. XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, CNRS éditions, 2009, p. 12-13 et 88.
525 Guy-Michel de Durfort, duc de Lorges, est nommé maréchal de France à 64 ans en 1768 après une longue carrière militaire. En 1733, il a fait l’acquisition du duché-pairie de Randan en Auvergne et abandonné le titre de duc de Durfort à son frère cadet Louis. La Chesnaye-Desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la noblesse …, op. cit., col. 127, La Roque L. (de), Catalogue historique des généraux français, connétables, maréchaux de France, lieutenants généraux, maréchaux de camp. Maréchaux de France depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’à la fin du Premier Empire, Paris, Desaide, 1902, p. 80.
526 Guy-Nicolas de Durfort est le gendre de Michel Chamillart, ministre, secrétaire d’État et contrôleur général des finances, La Chesnaye-Desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la noblesse …, op. cit., col. 127.
527 Né en 1630, mort en 1702, il est devenu maréchal de France en 1676 et a été gouverneur de Lorraine. Il est le fils d’Elisabeth de La Tour, sœur d’Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, La Chesnaye-Desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la noblesse …, op. cit., col. 121 et 126.
528 Une vingtaine d’années auparavant, Beugni est « administrateur en charge » de l’hôpital de Saint-Brieuc (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – H dépôt 1/21, comptes de l’hôpital général de Saint-Brieuc, 1726-1728). En 1747, Beugny de Lagrange, « lieutenant de roi de cette ville » figure dans le rentier de la paroisse Saint-Michel de Saint-Brieuc (Arch. dép. des Côtesd’Armor – 20 G 504, rentier général de l’église et fabrique de la paroisse de Saint-Michel de Saint-Brieuc, 1747). Le titulaire de l’office de lieutenant de roi représente le gouverneur militaire de la province.
529 Dans le corps de ville, le miseur occupe des fonctions de comptable.
530 Maire de Saint-Brieuc de 1748 à 1753, voir infra, Annexe 9, notice 63.
531 Voir infra, Liste des maires. Ruffelet fait ici allusion à une politique ancienne de la monarchie : la vente des offices municipaux. En effet, à la fin du XVIIe siècle elle transforme les fonctions municipales électives en offices vénaux. En 1717, elle décide de revenir aux élections avant de les abandonner à nouveau entre 1722 et 1724 puis entre 1733 et 1748 (Guignet P., « Municipalités », dans Bély L. [dir.], Dictionnaire de l’Ancien Régime …, op. cit., p. 864). La tentative du contrôleur général Laverdy d’harmoniser la composition des corps de ville de tout le royaume restera lettre morte en Bretagne.
532 Cet arrêt est inséré en tête de Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 20 G 489, registre des délibérations du général de la paroisse Saint-Michel (1750-1770). Il s’agit de l’ultime étape de la lente mise en place d’un véritable général de la paroisse dans la mesure où, longtemps, la communauté de ville et le général n’ont formé qu’une seule instance. La séparation des deux corps politiques avait déjà été ordonnée par un arrêt – difficilement appliqué – du 18 juillet 1742. Ce règlement élaboré par quelques notables, dont le futur maire Souvestre de La Villemain (voir infra, Annexe 9, notice 63), et appuyé par le marquis de Brehand, seigneur du Boisboixel, se veut exhaustif et aborde des domaines aussi divers que la gestion des archives, le personnel laïc de la paroisse, la nomination et les attributions des trésoriers… Sur ces questions, voir Rauber J., Le pouvoir en ville : la paroisse Saint-Michel au XVIIIe siècle (1680-1791), mémoire de master (G. Provost, dir.), université Rennes 2 – Haute-Bretagne, 2006, t. 1, p. 51 sqq., t. 2, p. 312-318 pour la transcription de l’arrêt.
533 Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), fils de Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse et de Marie-Victoire de Noailles. Gouverneur de Bretagne à partir de 1736, mais vivant à Paris, il ne séjourne que très rarement dans la province, semblant y venir pour la première fois en 1746 « pour la défendre et la protéger » (Duma J., Les Bourbon-Penthièvre …, op. cit., p. 38). Lorient et son commerce des Indes constituent en effet alors une cible privilégiée pour les Britanniques qui assiègent la ville à partir du 5 octobre 1746 (Lagadec Y., Perréon S. [en collaboration David Hopkin], La bataille de Saint-Cast [Bretagne, 11 septembre 1758]. Entre Histoire et mémoire, Rennes, PUR/SHAB, 2009, p. 96-97). En vertu de la convocation du ban et de l’arrière-ban – la dernière en Bretagne – des nobles de l’évêché de Saint-Brieuc, dont 23 de la subdélégation de Lamballe, se portent au secours de la ville (Perréon S., L’armée en Bretagne …, op. cit., p. 132 et 141).
534 Ce fait est suffisamment exceptionnel pour être relevé. En général, c’est l’intendant des ducs de Penthièvre demeurant à Lamballe qui prend possession en leur nom de cette stalle honorifique (Le Gal La Salle J.-P., « Le Duché-Pairie de Penthièvre sous Louis-Joseph de Vendôme [1669-1687] », Les Amis de Lamballe et du Penthièvre, t. XXXII, 2004, p. 66). Stricto sensu, le canonicat est le bénéfice ecclésiastique dont la prébende est le revenu. Il n’est pas rare que des prébendes échappent aux chanoines. Ainsi, à Saint-Brieuc, outre celle qui revient au duc de Penthièvre, une est attribuée à l’évêque, une autre au principal du collège, une dernière à la psallette (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne…, op. cit, t. I, p. 152). Le duc est un chanoine honoraire laïc héréditaire, la prébende étant associée au titre. Des ecclésiastiques peuvent aussi être chanoines honoraires : les plus nombreux sont les chanoines les plus anciens qui, bien que s’étant démis de leur bénéfice, conservent par décision de leur compagnie un certain nombre de droits.
535 Sur l’origine des Avaugour, voir supra, Annales IXe s., 1079, 1480, 1696 Notice abrégée de l’histoire de Penthièvre (1re et 2e époque), 1691.
536 Un moine de l’abbaye de Saint-Méen du début du XIe siècle (Cassard J.-C., « Judicaël », dans Cassard J.-C., Le Quéau J.-R., Croix A., Veillard J.-Y. [dir.], Dictionnaire d’histoire de Bretagne …, op. cit., p. 418). Selon P. Le Baud, il est l’auteur d’une vie de Judicaël.
537 Faut-il voir dans cette conclusion lapidaire un attachement de Ruffelet à la thèse de l’existence de ce personnage légendaire – pourtant condamnée par Dom Morice – suivant ainsi l’Histoire de Bretagne de Lobineau qui réintroduit la filiation entre Conan Mériadec et les Rohan ? Ou alors un réel souci de ne pas contrarier ces derniers ? Sur les enjeux de la rédaction des histoires de Morice et Lobineau, voir Quéniart J., « Les mauristes et l’historiographie bretonne »…, art. cité, p. 116-122 en particulier ; sur la prétention des Rohan à descendre de Conan Mériadec, voir Rio J., Mythes fondateurs …, op. cit., p. 130-134.
538 Il devient gouverneur de Morlaix en 1740, alors qu’il est brigadier (Annuaire des Côtesdu-Nord, 1848, p. 63… qui pour le reste reprend les informations de Ruffelet).
539 Il s’agit probablement d’Emmanuel-Louis, vicomte puis comte de Coëtlogon. Né en 1709, fils de Louis de Coëtlogon, vicomte de Loyat, qui servit lui-même lors des campagnes en Italie au cours de la guerre de Succession d’Espagne, il devint capitaine de dragons en 1722, lieutenant de roi à Rennes en 1723 suite à la démission de son père, colonel à l’armée du Rhin en 1735 au moment de la guerre de Succession de Pologne. Présent à la prise de Prague en 1742, commandant le régiment de Penthièvre lors de la bataille de Dettingen en 1743, il profite des opportunités offertes par la guerre de Succession d’Autriche et est promu brigadier en 1743, maréchal de camp au siège de Namur en 1745, lieutenant-général enfin en 1748 ou 1749, après avoir participé à la bataille de Raucoux. Grand cordon de l’ordre de Saint-Louis, il épouse Charlotte de Ségur en 1766 (Kerviler R., Répertoire général…, op. cit., t. V, p. 434). René-Alexis Le Sénéchal, marquis de de Carcado, né le 21 novembre 1709 à Saint-Malo, est le fils de René-Alain, marquis de Rosmadec-Molac, lui aussi lieutenantgénéral et chevalier de Saint-Louis, mort en 1744.
540 Voir supra, Annales 1622, 1684, 1699, 1730.
541 C’est un arrêt du parlement de Bretagne en date du 5 août 1748 qui définit « une mesure de cuivre étalonnée de 3 fleurs de lys, contenant le poids de 2 onces de grain, ce qui fait la 322e partie du boisseau, qui doit être de 16 pots de bled, mesure de Saint-Brieuc, et peser 40 livres, 4 onces » selon le journal de Lymon de Belleissue ; Du Bois de La Villerabel A., « Journal historique et domestique… », art. cité, p. 191.
542 Sur les offices municipaux et notamment la charge de maire, voir supra, Annales 1692, infra, Annales 1754 et Liste des syndics et maires.
543 L’hôpital de Saint-Brieuc n’était à l’origine qu’une petite maison de charité, remontant peut-être au XVe siècle, connu au siècle suivant par deux rentiers de 1545 et 1560 et doté d’une rente de six livres tournois en 1649 (Arch. municip. de Saint-Brieuc – DD 95). Situé dans une partie du quartier Saint-Vincent de Paul actuel, cet hôpital est confié, en 1666, aux sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve, ordre hospitalier récemment fondé à Lamballe (voir supra, Annales 1697). Sous l’influence du père Chaurand, compagnon du père Maunoir qui, profitant d’une mission de ce dernier, réussit à convaincre l’évêque Hardouin Fortin de la Hoguette (voir infra, Catalogue des évêques, notice 54) et trouve sous forme de legs et de rentes les ressources nécessaires, l’hôpital de la Madeleine s’agrandit, en 1677, d’un hôpital général installé en quelques heures dans une maison d’emprunt située à proximité. Plus de 80 pauvres mendiants de la ville y sont enfermés. Voir Nières C. (dir.), Histoire de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 72-73. Administré au siècle suivant par un bureau dont l’évêque fait partie, l’hôpital de la Madeleine reçoit à plusieurs reprises diverses subventions royales : 7 000 livres en 1733, 6 000 livres en 1754 puis, de 1752 à 1782, une allocation prise sur les 10 232 livres versées annuellement aux hôpitaux de Bretagne par décision du Conseil. Entre-temps, en 1750, lui est accordé le titre d’Hôtel-Dieu royal, à condition de recevoir les militaires (Habasque F.-M., Notions historiques …, op. cit., t. 2, p. 113-124 ; Durand R., Le département des Côtes-du-Nord …, op. cit., p. 164 ; Tempier D., « Établissement d’un hôpital général à Saint-Brieuc en 1677 », Revue des Archives Historiques des Côtes-du-Nord, 1885, p. 77-84).
544 Nous n’avons rien trouvé sur ce Clavier, sieur du Tertre. Il ne semble pas y avoir de lien avec la sieurie du Tertre dans le diocèse de Tréguier (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 2 E 301).
545 Sur le site actuel de la chapelle Notre-Dame de la Fontaine (située rue Ruffelet) qui date de 1838, existait un ancien lieu de culte reconstruit, en 1407, par Margueritte de Clisson comtesse de Penthièvre (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. 1, p. 283-290). Auprès de l’ancienne chapelle existait une « hostellerie » qui devint une maladrerie (Du Bois de La Villerabel A., À travers le vieux Saint-Brieuc …, op. cit., p. 41, qui utilise un testament de Pierre de Boisboissel de 1362). Les Cordeliers décident en 1451 de s’établir à Saint-Brieuc. En 1454, un premier site leur est concédé : « alors un vénérable et très dévot chanoine de cette cité, maître Jean Goueorius (Joanne Goveorio), offrit à l’ordre, et donna un certain hôpital, rebâti par lui dans le faubourg qui va vers l’oratoire de la Bienheureuse Marie de la Fontaine pour y construire le susdit couvent » (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., p. 304). Le futur duc de Bretagne Pierre II assiste à cette donation. Mais devant l’opposition des chanoines, les Cordeliers se dispersent avant que l’évêque de Saint-Brieuc Christophe de Penmarc’h (voir infra, Catalogue des évêques, notice 44) les rappelle en 1495. En 1503, Charles II de Quimerch, son fils Thébaud et l’épouse de ce dernier Jeanne de Couvran, leur donnent le manoir de la Haute-Garde en la paroisse Saint-Michel près de la route de Quintin, hors la ville de Saint-Brieuc (texte de la fondation publié par Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., p. 383-384). La première pierre du couvent est bénite le 3 septembre 1504. L’église reçoit sa dédicace le 26 juillet 1515 (Martin H., Les ordres mendiants en Bretagne …, op. cit., p. 82-83 ; Habasque F.-M., Notions historiques …, op. cit., p. 114, note 1).
546 Succédant peut-être à un premier oratoire, la chapelle de Gouédic est consacrée en 1337 au passage du Gouët. Un hospice y est attaché à l’effet d’y loger les pèlerins (Habasque F.-M., Notions historiques …, op. cit., t. 2, p. 113, note 1 ; Nières C. [dir.], Histoire de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 41). En 1435, par testament, Jehan Le Poullec, chanoine de Saint-Brieuc et recteur de Plédran, donne 20 sols à cet hospice (Arch. dép. des Côtesd’Armor – 1 G 204, rentier du chapitre cathédral, 1710, contenant copie du testament de 1435).
547 Outre les trois établissements dont Ruffelet rappelle l’existence, il est possible d’en citer trois autres. Le premier est l’hospice de la chapelle Saint-Gilles connu par le testament de 1435 déjà cité (voir supra, Annales 1750). En effet, Jehan Le Poullec laisse une nouvelle somme de 20 sols à un second hospice, celui de Saint-Gilles, situé à proximité du manoir épiscopal, au cœur de la ville. La chapelle Saint-Gilles ayant été reconstruite en 1505 en vertu d’une fondation de l’évêque Christophe de Penmarc’h (voir infra, Catalogue des évêques, notice 44), il est possible que l’hospice ait disparu à cette époque (Anne-Duportal A., « Saint-Brieuc – Varia », MSECDN, t. XL, 1902, p. 57). Le second est une maison de charité associée à la chapelle Saint-Pierre située à l’entrée de Saint-Brieuc sur la route de Quintin, fondée au début du XVIe siècle par Dollo seigneur de La Coste en Plaintel « pour les fiévreux et autres malades y aller faire leur prière » (Croix A. [coord.], La Bretagne d’après l’Itinéraire …, op. cit., p. 251-252, notes 56, 57, et 59). Le dernier est un projet de « construction d’une maison de santé, logement et refuge aux pauvres personnes » pour lequel François Rohan du Formorel et Jullien Rohan de Grandmaison son frère donnent à la communauté de ville « une pièce de terre à eux appartenant par indivis, provennant de la succession de Christine Le Normant ». Cette pièce de terre est située près de la Fontaine aux loups en la paroisse Saint-Michel (Arch. municip. de Saint-Brieuc – DD 94).
548 L’octroi est le droit accordé (octroyé) à une municipalité par le pouvoir souverain de lever à son usage un impôt indirect sur l’entrée dans les villes de boissons alcoolisées et parfois de produits pondéreux. Le rapport est faible, la fraude généralement importante (Quéniart J., La Bretagne au XVIIIe siècle …, op. cit., p. 428).
549 Ce tarif de 1 sol par pot de vin et 3 deniers par pot de cidre est le même que celui destiné en 1624 à l’édification des murailles. Depuis 1647, l’État avait décidé de doubler les octrois et de s’en attribuer la moitié et ne s’était pas privé de nouvelles augmentations lors de la guerre de Succession d’Espagne et quand il s’était agi de racheter les offices municipaux. Des barrières d’octroi sont installées en 1743 à une distance d’un quart de lieue sur les routes de Rennes, Moncontour, Plœuc, Quintin, Paimpol et Plérin et à trois quarts de lieu sur celles de Brest et de Lanvollon. Des bornes signalent leur emplacement, marquées « B. D. S. B. 1743 » pour Barrière de Saint-Brieuc (Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 150, note 1. En mai 1913, Frotier de la Messelière dessine celle du Pré-Auren, sur la route de Saint-Brieuc à Plœuc).
550 La collecte de l’octroi est affermée (Durand R., Le département des Côtes-du-Nord …, op. cit., t. 2, p. 263). La somme indiquée par Ruffelet couvre largement les dépenses ordinaires de la municipalité qui, en 1754, se montent à 8 815 livres.
551 Il s’agit des Remontrances de François Paumier au Roy sur le pouvoir et autorité que S. M. a sur le temporel de l’estat ecclésiastique, Paris, Antoine Etienne, 1650. Cet ouvrage circule pendant l’assemblée du clergé de 1650 et est rapidement condamné : il n’aurait subsisté que deux exemplaires conservés à la bibliothèque du roi. L’ouvrage Lettres. Ne repugnate est dû au jurisconsulte Daniel Bargeton (1678-1757). Il y défend le principe de l’assujettissement des biens du clergé à l’impôt du vingtième. L’ouvrage, suspecté de jansénisme, d’anticléricalisme et de parlementarisme, est condamné par le conseil d’État peu après sa sortie en juin 1750 et par une bulle pontificale l’année suivante. Il semble être un travail original. Voir Vercruysse J., « Daniel Bargeton (1678-1757) victime de lui-même », dans Grivet C. (dir.), Écriture de la religion, écriture du roman, Lille, Presses universitaires de Lille, 1979, p. 41-48. Au sujet de Thépault du Breignou, voir infra, Catalogue des évêques, notice 59.
552 Voir supra, Annales 1609.
553 L’on ne trouve guère de trace, dans les archives, de cet échouage d’une frégate d’Ostende sur les grèves de Plérin en pleine guerre de Hollande. La mention de cet épisode dans les Annales briochines tient sans doute à l’occasion qui est donnée au chanoine Ruffelet de rappeler la participation d’un de ses ancêtres, commandant des « milices de Plérin », sans doute ici les embryons de milice garde-côte mis en place en Bretagne à compter du XVe siècle mais dont l’organisation date pour l’essentiel du XVIIIe. Si Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 112 mentionne bien ce « combat du Roselier », c’est en renvoyant implicitement aux Annales briochines.
554 La remarque de Ruffelet sur ces canons dit bien les limites des défenses de la ville dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : non seulement elle est dépourvue de murs, mais elle ne dispose que de huit canons, dont deux sont hors d’usage. Saint-Brieuc n’aurait guère les moyens de résister à l’attaque d’une armée régulière. Sur ces questions, Riet D., La ville et les armes. Milices et troupes à Saint-Brieuc au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise, université Rennes 2, dact., 1978.
555 Ce titre est galvaudé si on en croit Furetière : « Tiltre qu’on donne à presque tous les Officiers du royaume. Il n’y a pas jusqu’aux Notaires qui prennent maintenant la qualité de Conseillers Notaires et Gardenotes du Roy. » L’intérêt que porte Ruffelet à l’installation en cette charge de Pierre Souvestre de la Villemain, par ailleurs maire de Saint-Brieuc donc notable reconnu en cette ville (voir infra, Annexe 9, notice 63), contredit quelque peu l’opinion parisienne de Furetière et montre, à Saint-Brieuc un siècle plus tard, la relativité de cette distinction aux yeux des habitants.
556 Terme utilisé dans les provisions d’offices et signifiant la moitié de 3 ans.
557 Les édits de 1706 et de 1733, créent et confirment des offices de maires alternatifs et triennaux à titre onéreux. Ils font partie de la longue série (1692, 1702, 1703, 1706, 1714, 1716, 1717, 1722, 1724, 1733, 1738, 1748, 1771) de création, extension, ajournement, suspension, suppression et reprise des offices à titre vénaux que le gouvernement du roi toujours à cours de finances s’ingénie à proposer aux particuliers et aux villes. Les acquéreurs échaudés par le côté aléatoire de la création ne se précipitent pas, d’autant qu’ils doivent auparavant obtenir l’agrément du roi. Les villes agissent de même malgré le fait qu’elles peuvent acheter les offices à leurs détenteurs, ceux-ci, à partir de 1738, ne pouvant s’y opposer. Sur ces questions, voir supra, Annales 1692, 1748 et infra, Liste des syndics et maires.
558 À Saint-Brieuc, cette politique conduit à l’existence de deux offices de maires. Le premier est acquis par Pierre Souvestre de la Villemain à titre onéreux qui le conserve de 1749 jusqu’à sa mort, en décembre 1773 (voir infra, Annexe 9, notice 63). Le second a été acquis et appartient à la communauté de ville qui peut faire procéder en son sein à des élections. La présence du sieur François-Michel Limon de la Belleissue, oncle de Ruffelet, maire en 1753 (voir infra, Annexe 9, notice 45), illustre cette seconde possibilité.
559 L’avocat du roi, créé en 1708, est l’un des 23 membres du corps de ville de Saint-Brieuc. Chargé de défendre les intérêts de la communauté devant les tribunaux, il cumule le plus souvent ses fonctions avec celles de maire (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. I, 1855, p. 88).
560 Vittu de Kerraoul a acheté sa charge 1 230 livres en 1733. Elle lui rapporte 36 livres de gages (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne…, op. cit., p. 88).
561 Établie par un acte du 3 septembre 1746, cette école destinée aux enfants du peuple est confiée aux frères de l’institut de Saint-Yon (Nières C. [dir.], Histoire de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 74). Derrière ce vocable se cachent les frères des Écoles chrétiennes. Cet institut de célibataires engagés par des vœux simples a été fondé par un chanoine rémois, Jean-Baptiste de La Salle, à la fin du XVIIe siècle et reconnu par lettres patentes en 1724 (Venard M. [dir.], Histoire du christianisme, t. 9 : L’âge de raison …, op. cit., p. 346). Les frères ont longtemps été désignés par le nom de la maison qu’ils occupent à Saint-Yon près de Rouen. (Marion M., Dictionnaire des institutions de la France …, op. cit., 1re édition, 1924, p. 246). Il semble que le rôle de l’intendant Pontcarré de Viarmes – fils d’un ami de Jean-Baptiste de La Salle – ne soit pas étranger à l’essaimage de l’institut en Bretagne (Lebrun F., Venard M., Quéniart J., Histoire de l’enseignement et de l’éducation, t. II : 1480-1789, 1981, réédition, Paris, Perrin, 2003, p. 399). Particulièrement réputés pour la compétence des maîtres formés dans leurs noviciats, les frères des Écoles chrétiennes marquent les esprits par leurs méthodes novatrices : priorité au français – ce qui leur vaut le qualificatif peu amène de « frères ignorantins » –, répartition des élèves en classes, en groupes de niveau, utilisation du tableau… (Rigault G., Histoire générale de l’institut des frères des Écoles chrétiennes, t. I : L’œuvre pédagogique et religieuse de saint Jean-Baptiste de La Salle, Paris, Plon, 1937, 627 p. et t. II : Les disciples de saint Jean-Baptiste de La Salle dans la société du XVIIIe siècle, Paris, Plon, 1938, 653 p.). Tard venus sur la scène scolaire, les établissements des frères se heurtent parfois à l’hostilité des autorités locales : à Saint-Brieuc, par exemple, l’école ne reçoit aucune aide de la communauté de ville (Nières C. [dir.], Histoire de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 74). Elle pourra cependant compter sur l’aide de plusieurs chanoines (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélémy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., p. 332).
562 Chanoine du chapitre cathédral de Saint-Brieuc à partir de 1714, Jean-Baptiste Du Plessix de Kersaliou en est le doyen de 1724 jusqu’à son décès le 27 octobre 1750 (Charles O., Chanoines de Bretagne …, op. cit., p. 377, notice 200). Dès 1744, il tente, sans succès, d’établir une école de frère de Saint-Yon à Saint-Brieuc (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne…, op. cit., p. 332).
563 Le 5 janvier 1757, Robert-François Damiens, domestique à Paris, blesse légèrement le roi Louis XV d’un coup de canif au côté droit, n’atteignant aucun organe. En pleine guerre de Sept Ans et alors que les tensions croissent entre la cour et les jésuites que Damiens servit à Louis-le-Grand, on accuse successivement les Britanniques puis la Compagnie de Jésus d’être à l’origine de cet attentat. Finalement, le domestique est jugé pour parricide à compter du 12 février devant la Grand’Chambre du parlement de Paris. Il est écartelé le 28 mars 1757 en place de Grève.
564 Créée en 1757, la Société d’agriculture de Bretagne est la première du genre dans un royaume riche en revanche en académies provinciales – une forme de sociabilité que la Bretagne ignorera jusqu’à la Révolution. Elle doit œuvrer à l’amélioration de l’agriculture – notamment par le défrichement des landes – mais aussi à favoriser le développement commercial de la province. En 1770 cependant, au moment sans doute où Ruffelet rédige ces lignes, les états de Bretagne cessent de soutenir la Société d’agriculture, provoquant sa rapide disparition. Sur cette société et son action, voir Dumas C., Aux origines du paysage agraire breton contemporain. Les aspirations, les principes et les ressources de la Société d’agriculture, de commerce et des arts de Bretagne (1757-1770), thèse dact., Brest, 2003, 3 vol.
565 Né vers 1708 dans le diocèse de Coutances et mort en 1777 à Saint-Brieuc, Gabriel Rabec est chanoine de Saint-Brieuc à partir de 1745 (Charles O., Chanoines de Bretagne …, op. cit., p. 435, notice 641). Oncle par alliance de Robert de Granville, lui aussi membre de la Société d’agriculture et mentionné plus loin par Ruffelet, on lui doit notamment un guide sur la teinture rouge des lins et des chanvres. Né en 1704 à Plestan et mort dans la même paroisse en 1770, Olivier Poulain, comte de Tramain seigneur de Gautrel et du Val en Plestan, de La Haye à Dol et d’autres lieux, demeure en général en son hôtel de Lamballe. Son intérêt pour le commerce le conduit à participer aux travaux de la Commission du commerce de la Société d’agriculture à partir de 1759. François Julien Digaultrais, sieur des Landes, né à Quintin en 1713, mort à Saint-Brandan en 1799, est quant à lui marchand de toiles à Quintin. Échevin de la petite ville, particulièrement intéressé aux questions touchant à la fabrication et au commerce des toiles, il est l’oncle par alliance de François-Guillaume Le Deist de Botidoux, lui aussi associé au bureau de Saint-Brieuc dès 1757. Ce dernier, né en 1723 au Quillio, mort à Saint-Hervé en 1782, cumule les professions d’avocat et de marchand de toiles et amasse au fil des ans l’une des principales fortunes des environs. Jean Armez, sieur du Poulpry, est quant à lui originaire de Paimpol où il est né en 1704. Négociant, subdélégué de l’intendant, seigneur du Poulpry, de Plourivo et de Lannevez en Paimpol, il s’intéresse notamment aux prairies artificielles. Né en 1701 et mort en 1774, le Briochin Mathieu Le Mée de La Salle est marchand à Pontrieux. Il cumule par ailleurs les fonctions administratives, associant celles de lieutenant du maire de Saint-Brieuc à celle de correspondant de la Commission intermédiaire des états dans la même ville.
566 Erreur non corrigée par l’auteur.
567 Jean Le Dosseur, né à Troyes en 1733, est régisseur du domaine de Guémadeuc en Pléneuf. C’est à ce titre qu’il devient membre en 1769 de la Société d’agriculture où il réfléchit, notamment, à l’importation d’animaux étrangers. Né vers 1720, décédé en 1780, Guillaume Jacques Mignot, bachelier en théologie, devient prêtre en 1746. Il est ensuite successivement recteur de Saint-Alban de 1751 à 1764 puis de Plestan de 1764 à sa mort. On lui doit notamment un Prospectus pratique de l’agriculture ou mémoire précis et indicatif sur les progrès de l’agriculture dans l’intérieur de la province (Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, C 3913) et plusieurs articles dans des revues physiocratiques. François-Jean Robert de Granville, né vers 1725, est caissier des mines de Châtelaudren. Fils d’un marchand de draps de soie de Saint-Brieuc, il a épousé en 1745 la nièce du chanoine Rabec ce qui facilite sans doute son entrée dans la Société d’agriculture en 1769. Écuyer, conseiller du roi, il conjugue ses activités minières au négoce depuis Saint-Malo tout en s’intéressant à l’agriculture, notamment sur les terres de la métairie de Lanjouan, près de Lamballe, acquise par contrat d’afféagement en 1759.
568 Erreur non corrigée par l’auteur.
569 L’on en sait fort peu sur le comte de la Riviére et ses fonctions de gouverneur de la ville (voir infra, Annexe 9, notice 29). De manière logique, Lymon de Belleissue, alors maire de Saint-Brieuc (voir infra, Annexe 9, notice 45), dit lui avoir écrit le 1er janvier 1754 pour lui présenter ses vœux, au même titre d’ailleurs qu’au « duc d’Aiguillon, commandant en chef de la province […], à M. l’intendant de Bretagne […], à quatre de MM. les présidents du Parlement », etc. Le 29 novembre précédent, la ville avait engagé des dépenses de 199 l. « pour le service de Madame la marquise de la Rivière, gouvernante de la Ville ». Du Bois de Villerabel A., « Journal historique et domestique… », art. cité, p. 194.
570 Joseph-Marie Budes, comte de Guébriant, est le fils de Jean-Baptiste, député des états de Bretagne à la cour. Né en 1701, il épouse successivement Marguerite Le Demours de Kernilien et Jeanne-Marguerite de Kergariou, dont il eut un fils, Joseph, mort jeune, et une fille, Rose, qui sera dame d’honneur de la princesse de Lamballe. Garde de la marine en 1716, lieutenant de vaisseau en 1735, capitaine de vaisseau en 1746, ce chevalier de Saint-Louis est fait chef d’escadre le 1er janvier 1757. Commandant de la Marine à Rochefort, il doit faire face à la tentative de descente que les Britanniques y planifient en septembre 1757, son « succès » face à la Navy tenant plus aux hésitations des ennemis qu’à ses initiatives. Commandant de L’Orient, un vaisseau de 80 canons, il dirige l’escadre blanche, forte de sept vaisseaux, lors de la bataille des Cardinaux le 20 novembre 1759, et ne peut empêcher la lourde défaite de la Royale : même si seul le Soleil-Royal est détruit dans son escadre, trois navires doivent se réfugier en Vilaine où ils termineront la guerre, les trois autres – dont L’Orient – parvenant à rallier Rochefort. C’est là que Joseph-Marie de Guébriant meurt quelques mois plus tard, le 4 août 1760. Sur cette branche de la famille Budes de Guébriant, voir La Chesnaye Desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la noblesse …, op. cit., t. IV, 1772, p. 675 et Vergé-Franceschi M., Les officiers généraux de la marine royale, 1715-1774, Paris, Librairie de l’Inde, 1990, t. 4, p. 1603-1613 et t. 7, p. 65-66.
571 À l’été 1757, William Pitt, principal ministre du roi George II d’Angleterre, met sur pied une opération amphibie dont le but affiché est de se saisir de l’arsenal de Rochefort après un débarquement sur les côtes charentaises. Si l’île d’Aix est bien prise le 23 septembre, les dissensions entre officiers de la Navy et officiers de l’Army conduisent le corps expéditionnaire à regagner Saint-Helens début octobre sans même avoir tenté de débarquer, l’opération constituant de ce fait un échec britannique bien plus qu’un succès français du comte de Langeron, contrairement à ce que laisse entendre Ruffelet. La cour martiale qui se réunit à Londres pour juger les principaux responsables de cette descente permet cependant à l’Amirauté de tirer toutes les conclusions qui s’imposent : les enseignements de cet échec permettent ainsi de rationaliser les procédures ; les succès des débarquements de l’année 1758 à Cancale, Cherbourg et Saint-Briac s’expliquent largement ainsi. Sur cette opération, voir Hackmann W. K., « The British Raid on Rochefort (1757) », Mariner’s Mirror, n° 64, 1978, p. 263-275 et Lagadec Y., Perréon S. (avec la collaboration de David Hopkin), La bataille de Saint-Cast …, op. cit., p. 141-143.
572 Louis-Théodore Andrault, comte de Langeron, marquis de la Coste, baron de la Ferté-Langeron, fut successivement sous-lieutenant des Gendarmes de Berry en 1717, brigadier en 1734, maréchal-de-camp en 1739, lieutenant-général en 1744, lieutenant de Roi en Basse-Bretagne, enfin commandant en chef de la province de Guyenne. Mort le 27 septembre 1779, il avait épousé successivement Augustine-Marie de Menou en 1751, Marie-Anne-Louise de Damas de Cruz et mademoiselle de Saint-Pierre en 1764. Fils de Joseph Andrault, comte de Langeron, lieutenant-général des armées navales, mort le 28 mai 1711, et de Jeanne-Madeleine du Gouray de la Coste, il est aussi le père d’Alexandre-Louis Andrault de Langeron, général au service de la Russie pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire. La Chesnaye Desbois F.-A. de, Badier J., Dictionnaire de la noblesse …, op. cit., 1770, t. I, 1770, p. 257.
573 La bataille de Saint-Cast vient clore une série de descentes menées par les Britanniques sur les côtes de France entre septembre 1757 et septembre 1758, à l’initiative de William Pitt. La dernière de ces opérations, qui débute par un débarquement le 4 septembre à Saint-Lunaire dans le but d’attaquer Saint-Malo, se solde par un échec patent : les conditions météorologiques ne permettant guère la traversée de la Rance, les troupes du général Bligh doivent rapidement envisager un rembarquement dans l’anse de Saint-Cast, où s’est réfugiée la flotte du commodore Howe. Ce rembarquement se fait le 11 septembre sous le feu des troupes françaises concentrées là par le duc d’Aiguillon (sur le personnage, voir supra, Annales 1734), commandant en chef de la province de Bretagne. Si la plus grande partie des redcoats regagne les vaisseaux de la Navy sans trop de pertes, l’arrière-garde, composée de troupes d’élites, guards et grenadiers, est presque entièrement détruite ou capturée. Sur cette bataille sans doute plus importante sur le plan politique intérieur quelques mois après Rossbach et Louisbourg que d’un strict point de vue militaire, voir Lagadec Y., Perréon S. (avec la collaboration de David Hopkin), La bataille de Saint-Cast…, op. cit., p. 135-291.
574 Erreur non corrigée par l’auteur.
575 La question des pertes britanniques lors de cet affrontement reste très discutée. Si l’on s’accorde sur le fait qu’elles n’ont pas eu l’ampleur mise en avant par certains chroniqueurs français, il reste difficile de les apprécier avec quelque précision. Il est cependant probable qu’elles s’établissent à 700 morts environ, et de 5 à 800 prisonniers. Lagadec Y., Perréon S. (avec la collaboration de David Hopkin), La bataille de Saint-Cast…, op. cit., p. 253-265.
576 La médaille frappée à 1 200 exemplaires en l’honneur du commandant en chef à l’initiative des états dit bien la grande proximité – au moins de façade – qui existe à cette date entre le duc, la province mais aussi sa noblesse. S’il est décidé qu’elle ne sera qu’en « bronze seulement, sans qu’il y en ait aucune en or ni argent, attendu les misères de la province et le peu de fonds qu’elle a », ce « monument », selon l’expression de d’Aiguillon, permet de mettre en avant la victoire des armées du roi qu’il a conduites tout en transmettant « à la postérité la part que la noblesse de Bretagne avoit eue à une action aussi glorieuse ». Dans une lettre du 27 septembre 1758 à la commission intermédiaire des états de Bretagne, le commandant en chef soulignait déjà que « nos ennemis craindront à l’avenir d’attaquer une province dont les membres les plus distingués deviennent grenadiers dès qu’elle est menacée et donnent à leurs nouveaux compagnons l’exemple de la valeur et de l’intrépidité ». Sur cette médaille, voir Lagadec Y., Perréon S. (avec la collaboration de David Hopkin), La bataille de Saint-Cast…, op. cit., p. 250-251.
577 Les états de Bretagne s’ouvrent cette année-là à Saint-Brieuc le 18 décembre 1758. Au cours des quelques semaines que dure la réunion, outre la célébration des héros de Saint-Cast, l’assemblée provinciale acquit certains droits domaniaux – ceux dits de franc-fief, le contrôle des actes, le petit-scel, le centième dernier entre autres – auprès du roi pour une somme de 40 millions de livres tournois, en profitant pour réorganiser la perception de ces droits. Sachant qu’ils rapportaient de l’ordre de 2 millions par an au Trésor royal jusqu’alors, il s’agissait là d’un investissement à long terme de la part des états, gage cependant d’une certaine autonomie financière, souhaitée par certains nobles bretons – MM. De Pontual, de Kerguézec, de La Bordonnaye notamment – appuyés d’ailleurs par le duc d’Aiguillon. Sur ce point, voir notamment Pocquet du Haut-Jusse B., Le duc d’Aiguillon et La Chalotais …, op. cit., vol. 1, p. 86-89.
578 Si la première pierre est posée par le duc d’Aiguillon et l’évêque de Saint-Brieuc (voir infra, Catalogue des évêques, notice 59) au moment de la tenue des états à Saint-Brieuc, fin 1758-début 1759, les travaux avaient commencé dès 1756 selon Lymon de Belleissue qui signale, en 1756, que « l’on fait la levée qui sert d’avant-quai au Légué », ce que confirme d’ailleurs la passation cette année-là d’un marché avec le sieur Fortin pour « des travaux à faire au port du Légué suivant les plans de Chocat de Grandmaison », ingénieur (Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – C 2396). Ce n’est cependant qu’en 1759 que Lymon note que « l’on commence le quai du Légué ». Le magistrat briochin signale par ailleurs le projet déposé en 1762 par M. de La Brulaire-Le-Febvre pour la construction d’une digue « d’environ 3 quarts de lieue » entre la tour de Cesson et celle de Lermor en Hillion, projet qui ne vit pas le jour. Sur ces points, voir Du Bois de Villerabel A., « Journal historique et domestique… », art. cité, p. 195-198 et Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – C 479 et C 2396.
579 « Louis XV régnant. Sous les auspices d’Armand de Richelieu, duc d’Aiguillon, Vainqueur des forces anglaises au rivage de Saint-Cast, De l’Illustrissime évêque et seigneur H. N. Thépault du Breignou : Ont posé Armand de Richelieu, duc d’Aiguillon, commandant de Bretagne, Hervé Nicolas Thépault du Breignou, seigneur et père de la ville, Comme protection du commerce maritime, Défense et ornement du port de Saint-Brieuc, Pour être un monument de salut public Cette pierre élevée par la munificence des états de la province. 1758. »
580 Il s’agit de Jean-Baptiste de Boisgelin de Kerdu, vicomte de Kergomar (Morniche P., Devenir prince …, op. cit., p. 310). Les gentilshommes de la manche sont aussi appelés ménins. Voir à ce sujet supra, année 1745.
581 Geoffroy II Plantagenêt est duc de Bretagne de 1181 à 1186. Il fait promulguer en 1185 un texte juridique, l’Assise au comte Geoffroy, dont l’objectif est, alors que s’esquisse un État organisé, de limiter la division des grands fiefs. Il propose à ses barons « d’introduire la règle de la primogéniture pour leur succession, au lieu de l’usage traditionnel d’un partage égal entre tous les fils vivants », l’aîné ne devant laisser à ses frères – la fille aînée est exclue si elle a un cadet – que le tiers du patrimoine (Cassard J.-C., « Assise au comte Geoffroy », dans Cassard J.-C., Croix A., Le Quéau J.-R., Veillard J.-Y. [dir.], Dictionnaire d’histoire de Bretagne …, op. cit., p. 75).
582 Pour des informations sur les Boisgelin et leurs possessions, voir Lamare J., « La famille de Boisgelin », MSECDN, 1865, p. 102-216.
583 On peut partiellement reconstituer l’histoire de ces transmissions grâce à Arch. dép. des Côtes-d’Armor – B 46, sénéchaussée royale de Saint-Brieuc, insinuations, 1640-1641, fo 3, 26 février 1641, B 57, idem, 1649, fo 169, 8 septembre 1649, B 74, 1662, fo 13, 28 juin 1662. Elles sont finement décrites dans Lamare J., « La famille de Boisgelin »…, art. cité, p. 128. Jean de Beringhen, issu d’une famille originaire du duché de Clèves et qui vient d’arriver en Bretagne, acquiert la terre de Pléhédel en 1670 pour la somme de 154 000 livres (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – B 78, sénéchaussée royale de Saint-Brieuc, insinuations, 1669-1671).
584 Elisabeth de Beringhen, fille de Théodore de Beringhen, conseiller au parlement de Paris et protestant, vicomtesse de Beuvron, vend Pléhédel à Charles-Eugènes de Boisgelin en 1771. Ce dernier (1726-1791) est capitaine de vaisseau et sera gouverneur de Saint-Brieuc à partir de 1773 (voir infra, Liste des gouverneurs de Saint-Brieuc, note). Par son mariage avec sa cousine Sainte de Boisgelin-Cucé – qui lui apporte une importante dot –, il réussit à rétablir les finances passablement dégradées de sa maison… ce qui lui permet d’acheter les terres de Plédéhel (Lamare J., « La famille de Boisgelin »…, art. cité, p. 127).
585 La découverte d’un filon de plomb argentifère près de l’étang de Plouagat en Châtelaudren dans l’évêché de Tréguier (Chrétien M.-E., « Les mines de plomb argentifères dans les Côtes-du-Nord », MSECDN, t. LII, 1920, p. 28) se produit dans un contexte bien particulier : la Bretagne est en effet considérée au XVIIIe siècle comme la première province du royaume en matière d’exploitation minière et les mines de Poullaouen, du Huelgoät et de Pont-Péan en sont les fleurons (Geslin C., « Mines », dans Cassard J.-C., Croix A., Le Quéau J. R., Veillard J.-Y. [dir.], Dictionnaire d’histoire de Bretagne …, op. cit., p. 499). Vraisemblablement connus des anciens, redécouverts par des Anglais à la fin du XVIIe siècle, les filons de Châtelaudren étaient retombés dans l’oubli (Chrétien M.-E., « Les mines de plomb… », art. cité, p. 27). Voir par ailleurs supra, Description générale du diocèse et infra, note IX.
586 Jacques Valmont de Bomare (1731-1807) n’a en réalité fait que publier la découverte. Celle-ci, remontant à 1760, semble revenir à Noël Danycan (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. III, 1864, p. CLXVIII).
587 Le négociant malouin installé à Paris Noël Danycan de l’Epine (1656-1735) avait obtenu en 1730 (confirmation par arrêt du conseil en 1731) la concession des mines de Bretagne (Lespagnol A., Messieurs de Saint-Malo. Une élite négociante au temps de Louis XIV, Rennes, PUR, 1997, t. II, p. 847) à l’exception de celles de Poullaouen. Dans les faits, il se limite à l’exploitation de celles de Pont-Péan. Sa veuve, Hélène Maget, obtient en 1766 l’exploitation des filons dans un large rayon autour de Châtelaudren. Lorsque paraissent les Annales briochines, la veuve Danycan dont les ressources se sont rapidement épuisées vient de transmettre ses droits à une société par actions. À leur apogée, en 1784, les mines et usines de Châtelaudren emploient 500 ouvriers, produisent 110 tonnes de plomb et 269 kg d’argent (Chrétien M.-E., « Les mines de plomb… », art. cité, p. 28-30).
588 Erreur non corrigée par Ruffelet.
589 Cyr-Marc-Antoine Dubois de l’Isle est décédé le 20 mars 1760 à Saint-Brieuc au terme d’une carrière bien remplie. Docteur de Sorbonne ayant fréquenté le séminaire Saint-Sulpice de Paris, il est chanoine et scolastique de la cathédrale de 1722 à 1760. Il exerce également les fonctions d’official, de vicaire général et d’examinateur du concours pour les cures. (Charles O., Chanoines de Bretagne …, op. cit., p. 378, notice 206).
590 Ruffelet évoque ici l’évolution du mode de gestion des maisons du chapitre cathédral, appelées maisons prébendales. Le chapitre dispose en effet de dix maisons attribuées aux chanoines en fonction de leur ancienneté. Les bénéficiaires peuvent y loger ou les louer à leur profit à des tiers. En théorie, les héritiers du chanoine défunt sont chargés de la remise en état de la demeure avant transfert à un autre chanoine. Mais, bien souvent, le chapitre doit assumer les frais de longues et coûteuses procédures pour faire respecter son bon droit, et dans bien des cas, financer les travaux lui-même. Pour mettre fin à cette situation, le chapitre et François Bareau de Girac, alors évêque de Saint-Brieuc (voir infra, Catalogue des évêques, notice 60), décident d’unir les maisons à la manse du chapitre : ce dernier en assure désormais la gestion et les loue à son profit. En guise de compensation, les chanoines les plus anciens reçoivent une pension de deux cents livres qui est une sorte d’indemnité de logement. (Arch. Dép. des Côtes-d’Armor – G 4, maisons prébendales. Concordat entre Monseigneur l’évêque de Saint-Brieuc et le chapitre de l’église cathédrale dudit Saint-Brieuc, 17 juillet 1769).
591 Marie-Jacques de Bréhan fut colonel du régiment de Picardie à partir 1er décembre 1745 et se distingua lors des batailles d’Ettingen en 1743 pendant la guerre de succession d’Autriche et d’Hastembeck en 1757 pendant la guerre de Sept Ans. Il fut admis aux honneurs de la cour en 1751 (Kerviler R., Répertoire général de biographie …, op. cit., t. 3, 1886-1904, p. 194 et Bréhant N.-C. de, Généalogie de la Maison de Bréhant en Bretagne, Paris, Bachelin-Deflorenne, 1867, p. 130). Né à Saint-Brieuc le 22 mai 1715, il est mort 30 mai 1765 (le 13 mai 1764 selon Kerviler).
592 Marie-Angélique-Charlotte de Bréhan, qui sera « dame du palais de Marie-Antoinette », épouse le duc de Maillé en 1769 (Kerviler R., Répertoire général de biographie…, op. cit., p. 130).
593 Arrière-grand-père du marquis, décédé en 1640, il était gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et écuyer ordinaire de la petite écurie du roi (Bréhant N.-C. de, Généalogie de la Maison de Bréhant…, op. cit., p. 127-128). Cette branche de la famille Bréhant remonte à Jehan de Bréhant qui vivait à la charnière des XIVe et XVe siècles.
594 Selon Kerviler, c’est vers 1380 que la branche aînée de la famille du Boisboissel s’est fondue dans la famille du Rouvre (Kerviler R., Répertoire général de biographie…, op. cit., t. 2, p. 166). Sur Hélie du Rouvre, voir supra, Annales 1667 et infra, Annexe 9, notice 19.
595 Ruffelet évoque ici le second traité de Guérande conclu le 4 avril 1381. Il doit régler les séquelles de la guerre de Succession de Bretagne qui s’est achevée par le premier traité de Guérande (voir supra, Annales, année 1365). Il oblige le duc Jean IV (1364-1399), après son retour d’Angleterre (1379) et deux ans de double-jeu entre la France et l’Angleterre, à renoncer à l’alliance anglaise, à demander pardon au roi de France Charles VI par un nouvel hommage et à promettre de verser une indemnité de guerre de 200 000 livres (Leguay J.-P., Martin H., Fastes et malheurs …, op. cit., p. 128).
596 Il s’agit d’une vieille famille d’extraction chevaleresque issue des Le Prévost. Ces derniers tiraient leur nom de l’exercice de la charge de prévôt de l’abbaye Saint-Georges de Rennes, c’est-à-dire de protecteur des religieuses et de leurs biens, qu’évoque une charte des environs de 1060 (Morice P.-H., Mémoires pour servir de preuves …, op. cit., t. I, 1742, colonne 401). C’est à partir de 1317 que les Le Prévost, titulaires de la seigneurie du Boisboissel sise en Saint-Michel de Saint-Brieuc, se firent appeler Boisboissel (Kerviler R., Répertoire général de biographie…, op. cit., p. 166). À Saint-Brieuc, ils ont longtemps eu en charge la protection du manoir épiscopal et du temporel de l’évêque avant de ne conserver que l’exercice de la justice de l’évêque (Geslin de Bourgogne J.-H., Barthélemy A. de, Anciens évêchés de Bretagne …, op. cit., t. II, p. 2 et 106).
597 Voir supra, Annales, IVe et Ve siècles depuis Jésus-Christ.
598 Prévôt de l’évêque de Saint-Brieuc, le seigneur de Boisboissel exerce la haute justice de l’évêque. Comme son propre fief n’a que moyenne justice, il essaye vainement à plusieurs reprises d’usurper la haute justice, ce qui provoque de fréquents conflits avec l’évêque. Voir Croix A. (coord.), La Bretagne d’après l’itinéraire…, op. cit., p. 237.
599 Le récit de Ruffelet a été repris par Lamare J., Histoire de la ville de Saint-Brieuc …, op. cit., 123 et Nières C. (dir.), Histoire de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 58. Mais ni l’un ni l’autre ne relèvent le commentaire de Ruffelet qui renvoie cet usage à un passé éloigné. Pour lui, l’épisode de la haquenée est une « cérémonies baroques, il est vrai, & qui ne s’observent plus depuis longtems ». De plus, ils ne prêtent pas attention à la taxe dont devait s’acquitter l’évêque à l’occasion de sa première entrée à Saint-Brieuc. En effet, le nouveau prélat devait verser au seigneur du Boisboissel « à défaut de fournir la haquenée ou monture sur laquelle il est supposé faire sa première entrée » la somme de 300 livres pour valeur du cheval et de ses harnais, conformément à un usage réaffirmé par une sentence du présidial de Rennes du 30 juin 1700 confirmée par arrêt de la cour du 5 juin 1744. Cette taxe est systématiquement contestée par les trois derniers titulaires du siège épiscopal, à l’image de Ferron de La Ferronays déclarant « qu’étant nouvellement arrivé dans sa ville épiscopale, il ignore et ses droits et ceux dudit seigneur comte de Maillé ». En définitive, si l’on ajoute à ces deux remarques l’absence de mention du cérémonial de la haquenée dans les récits de prises de possession consignés dans les registres d’insinuations ecclésiastiques (Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 1 G 50, 1765-1769 ; 1 G 51, 1769-1776 ; 1 G 52, 1774-1776), tout porte à croire que la cérémonie de la haquenée s’est muée avec le temps en taxe… elle-même contestée par un mémoire postérieur à 1744 qui remarque que « les entrées fastueuses que faisaient autrefois les évêques n’ont plus lieu depuis longtemps ; et pendant qu’elles ont été en usage, et il est bien certain que leurs principaux vassaux qui paraissaient à ces entrées y rendaient quelque service au prélat, et que c’était en récompense de ce service, qu’il faisait présent à l’un de la haquenée qu’il avait montée, à l’autre de la coupe dans laquelle il avait bu, ou du linge qui avait servi au festin… ». Il est donc insupportable que « le prix d’une servitude due au seigneur par le vassal » soit devenu « une charge au profit du vassal sur le seigneur ». Sur cette question, voir Arch. dép. des Côtes-d’Armor – 1 G 84, droits et privilèges des vassaux ; seigneurie de Boisboissel, premier vassal, notamment les procès-verbaux d’entrée dans la ville des évêques André Le Porc de La Porte (21 avril 1619), François Bareau de Girac (13 décembre 1766), Jules Ferron de La Ferronays (18 juillet 1770) et Henri-François de Regnauld de Bellescize (16 décembre 1775) ; 1 G 87 – seigneurie de Boisboissel, premier vassal. Affaires de 1700 à 1745, à propos de la haquenée de l’évêque. Pour des renseignements sur les trois premiers de ces évêques, voir infra, Catalogue des évêques, notices 51, 60 et 61.
600 Ruffelet a ici directement inspiré Nières C. (dir.), Histoire de Saint-Brieuc …, op. cit., p. 57-58.
601 Pour une réflexion sur cette question des entrées d’évêques à l’échelle du royaume, consulter Gomis S., « Les entrées solennelles des évêques dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles », dans Dompnier B. (dir.), Les cérémonies extraordinaires du catholicisme baroque, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2009, p. 509-523.
602 Après avoir passé au prieuré de Locmaria, le nouvel évêque se présentait à la porte de la ville à cheval. Le seigneur de Quengat l’aidait à en descendre et conservait la monture en échange de ce service. Après avoir rempli d’autres obligations, le prélat, en habits pontificaux, s’asseyait dans une chaire portée par le vicomte du Faou et les seigneurs de Névet, de Plœuc et de Guengat. La cérémonie s’achevait par le serment au chapitre et à la ville de maintenir leurs privilèges (Lobineau G.-A., Histoire de Bretagne …, op. cit., p. 846).
603 À Rennes, ce sont les barons de Vitré, d’Aubigné, de Châteaugiron et de La Guerche qui portaient la chaise épiscopale sur laquelle était assis l’évêque revêtu de ses ornements pontificaux de l’église Saint-Étienne, considérée comme la première de la cité, à la cathédrale. Avec le temps, ils seront remplacés par quatre bourgeois. Il est à noter que la veille le prélat se rend au monastère Saint-Melaine à cheval. Le cérémonial de la prise de possession d’un nouvel évêque est longuement décrit dans Guillotin de Corson A., Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, t. I, Rennes/Paris, Fougeray/Haton, 1880, p. 107-114.
604 Après avoir passé la nuit à l’aumônerie de l’hôpital de Saint-Clément, le nouvel évêque était conduit jusqu’à la porte Saint-Pierre par le baron de Châteaubriant qui tenait la bride de sa monture. Le prélat était ensuite porté sur une chaise par les quatre grands barons du diocèse énumérés par Ruffelet jusqu’au grand autel de la cathédrale. Voir Travers N., Histoire civile, politique et religieuse de la ville et du comté de Nantes, Nantes, Forest, 1837, t. 2, p. 395-397.
605 Le jurisconsulte Pierre Hévin est né à Rennes en 1621. Reçu avocat à 19 ans, il parfait sa formation à Paris avant de revenir à Rennes et de voir sa carrière prendre son essor. Il est l’auteur de nombreux travaux dont la Coutume de Bretagne, avec les usances particulières, annotées par P. Hévin, Rennes, Vatar, 1682. Après sa mort en 1692, paraîtront ses Consultations et observations sur la coutume de Bretagne, Rennes, Vatar, 1734, dont Ruffelet possède un exemplaire. S’employant à réfuter certaines analyses de Bertrand d’Argentré, il allie une réelle érudition à une certaine sécheresse de style qui tranche avec celui de ses confrères qui multiplient les citations. Sur Hévin, voir Levot P., Biographie bretonne …, op. cit., t. I, p. 908-912.
606 Comme à Saint-Brieuc, ce cérémonial est partout tombé en désuétude. Ainsi, à Nantes, l’évêque Philippe du Bec supprime cette coutume qu’il juge peu conforme à la simplicité évangélique en 1566 et « aucun depuis n’a fait d’entrée solennelle » (Travers N., Histoire civile, politique et religieuse …, op. cit., p. 396) ; à Rennes, au XVIIIe siècle, l’évêque se rend à la cathédrale en marchant, protégé par un dais porté par quatre marguilliers (Guillotin de Corson A., Pouillé historique …, op. cit., p. 111).
607 Né à Jugon dans le diocèse de Saint-Brieuc en 1707 dans une famille d’avocats et mort à Rennes le 11 juin 1765, François-Hyacinthe Sevoy est entré chez les eudistes en 1730. Il est l’auteur des Devoirs ecclésiastiques, ou Instructions tirées des œuvres des Saints Pères, des conciles et des auteurs ecclésiastiques, sur les saints ordres, et sur les dispositions pour les bien recevoir, Paris, Thomas Herrissant, 4 volumes, 1760-1765. Levot P., Biographie bretonne …, op. cit., t. II, 1857, p. 885, Olivier-Martin F., Notes historiques sur la ville et la châtellenie de Jugon des origines à 1789, Rennes, 1939, réédition, Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1985, 272 p.
608 Pierre Plessé de Saint-Mirel est né à Jugon dans le diocèse de Saint-Brieuc le 27 novembre 1704 et mort à Paris en 1766. Levot P., Biographie bretonne…, op. cit., p. 616-617.
609 Connue également sous le nom de Mémoires de Trévoux, cette publication fondée par les Jésuites en 1701 s’emploie à critiquer les idées des Lumières. Plessé a aussi collaboré avec le fermier général Claude Dupin à la rédaction des Observations sur un livre intitulé : de l’esprit des lois, Paris, Guérin et Delatour, 1857-1858, 3 volumes (Levot P., Biographie bretonne …, op. cit., p. 616).
610 Sur la noblesse bretonne, les fiefs…, voir infra, Notes XXIII et XXIV.
611 Erreur non corrigée par l’auteur.
612 Précédé d’un arrêt du roi du 1er juin, l’édit de novembre 1733 déjà évoqué (voir supra, Annales 1754) pour la nomination des maires traite encore de celle des gouverneurs des villes et lieutenants du roi. Il s’agit de nouveau d’offices à titre onéreux ; pour le gouvernement de la ville de Quintin, la somme devant être versée (la finance) atteint 6 000 livres tandis que les gages annuels s’élèvent à 600 livres, logement de 120 livres compris.
613 Les états de l’ordinaire des guerres sont les listes des noms percevant les « fonds établis pour payer la maison du roi, les commissaires des guerres et les gendarmes ». La déclaration de mai 1766 s’efforce de séduire le public échaudé par le côté aléatoire des précédentes créations. L’office de gouverneur « dans les villes closes du royaume » est désormais pourvu à vie. Le titulaire ne peut être qu’un officier militaire en activité ou retiré, noble d’extraction ou jouissant de la noblesse. Sous l’autorité du gouverneur de la province, il reçoit pouvoir de « commander aux habitants tout ce qui était nécessaire pour le bien du service du roi, sûreté et conservation de la ville en son obéissance et faire vivre lesdits habitants en bonne raison et accords, les uns avec les autres, commander aux gens de guerre […] établis en garnison, […] les contenir en bon ordre et police ».
614 Les trois villes citées par Ruffelet ont tôt connues des gouverneurs : Geffroy Barthélémy est connu pour Lamballe, dès 1340 ; Armel de Châteaugiron tient Moncontour en 1407 (« Notions historiques et archéologiques sur la ville de Lamballe par M. Quernest, juge de Paix à Saint-Brieuc », MSECDN, t. XXIV, 1886, p. 179 et Jouve G., Moncontour-de-Bretagne, Saint-Brieuc, 1990, p. 344). En 1312, un Guillaume de Robihan est nommé par le seigneur de Quintin connétable de la ville ; il précède en cette place ses lointains et illustres successeurs Christophe Ier de Robien et le fils de ce dernier Christophe II respectivement gouverneurs de Quintin à partir de 1616 et de 1625 (Aubert G., Le président de Robien gentilhomme et savant …, op. cit., p. 18 et 20). Sur les Robien, voir supra, Annales 1605.
615 Jean-Baptiste-Louis-Auguste Le Denays, marquis du Quémadeuc en Maroué, né en 1746, est l’arrière petit-fils d’Annibal de La Revol, gouverneur de la ville de Lamballe de 1680 à 1704, et le fils de Jean-Baptiste IV Le Denays, capitaine au régiment de la Reine, et d’Elizabeth Jollivet, époux d’Elizabeth Charlet d’Esbly. Il entre à l’École Militaire du Roi en 1762, obtient le brevet de capitaine au régiment de la Reine, en 1766, et est nommé gouverneur et capitaine de la ville de Lamballe cette même année. Admis à l’honneur de monter dans les carrosses du Roi en 1771, il devient maître de camp en 1774 et reçoit la croix de chevalier de Saint-Louis en 1782. Il obtient à cet effet le titre de marquis du Quémadeuc (Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, article Morieux, Château du Tertre Rogon, et Quernest, « Notions historiques et archéologiques sur la ville de Lamballe… », art. cité, p. 180).
616 François-César Visdelou, sieur du Liscouet en Boqueho, né à Quintin le 12 avril 1722, est le fils de Gilles Visdelou, écuyer, et de Catherine-Francoise Etard de Bascardon. Volontaire au régiment d’infanterie de Noailles en 1742, il est nommé sous-lieutenant puis lieutenant, en 1743, après la bataille de Tinguen. En 1746, il lève une compagnie au régiment Royal Marine, situation qu’il quitte en 1755 pour se marier avec Marie-Madeleine Boschat, fille d’un important négociant de toile de la région de Quintin. Ayant « demandé de l’employ dans la province de Bretagne pour continuer ses services », il est affecté au bataillon gardecôtes de Saint-Brieuc dont il devient aide-major en 1762, puis major en 1764. Il est également inspecteur des haras du diocèse de Saint-Brieuc. Nommé gouverneur de Quintin, en 1767, grâce, sans doute, aux interventions du duc d’Aiguillon et de la duchesse de Lorge, il dépose ses provisions d’office au greffe de la communauté de Quintin (Arch. municip. de Quintin – BB 29, délibération du 23 avril 1768) et prête serment entre les mains du sénéchal de Saint-Brieuc le 24 février 1768. Chevalier de Saint-Louis en 1784, il reste gouverneur de Quintin jusqu’à la suppression de cette fonction pendant la Révolution (Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine – 3 Per 3860 ; Chassin du Guerny R., « Journal d’un habitant de Quintin au dix-huitième siècle », MSECDN, t. LXXXV, 1956, p. 36 ; Hamon P., « François-César Visdelou du Liscouet, dernier gouverneur de Quintin », MSHAB, t. LXXXV, 2007, p. 369-393).
617 À Moncontour, la fonction avait été délaissée depuis les années 1725. Le dernier gouverneur connu est Jean-Baptiste Couppé des Essarts, capitaine aux dragons de la Reine, qui avait été nommé gouverneur de Moncontour en 1723 (Houssaye A., Moncontour-de-Bretagne et ses environs, Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1910, p. 80 et 113 ; Jouve G., Moncontourde-Bretagne…, op. cit., p. 176, son portrait p. 173). Sa charge lui coûta en achat 1 100 livres. Les gages annuels étaient de 200 livres prélevés sur les revenus de l’octroi. Cette charge rétablie en 1722, ayant été tôt supprimée, Couppé des Essarts n’eût point de successeur. Il est toutefois possible à la suite des informations données par Ruffelet de citer Antoine-Joseph-Philippe de Walsh-Serent Colonel au régiment irlandais de Roscommond, devenu Walsh en 1760. Ce régiment tient garnison dans la ville en 1778-1779. Il est remplacé par les régiments de Barrois et de Boulonnais de chacun 1 000 hommes logés par les habitants. Le successeur de Walsh à la tête de ces régiments est le colonel de Chabrillant (Houssaye A., Moncontour-de-Bretagne…, op. cit., p. 88 et 113).
618 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 59.
619 Erreur non corrigée par l’auteur.
620 « (Deo Optimo Maximo) Au Dieu très bon et très grand/Ici repose réverendissime Père en Christ et seigneur/H. N. Thépault du Breignou/Evêque et seigneur de Saint-Brieuc/Très fidèle à la Religion/Que sans cesse il cultiva et favorisa,/Généreux envers les pauvres,/Bienfaisant pour tous./Il mourut le 26e jour de janvier 1766/Qu’il repose en paix. »
621 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 60.
622 Voir infra, Catalogue des évêques, notice 61.
623 Voir infra, Liste des gouverneurs et maires et Annexe 9, notice 30.
624 Voir supra, Annales 1667, 1696, 1766 et infra, Liste des gouverneurs et maires.
625 Voir supra, Annales 1746, 1766.
626 Voir supra, Annales 1692, 1734, 1754 et infra, Liste des gouverneurs et maires.
627 Voir supra, Annales 1738.
628 Voir supra, Annales 1720.
629 Voir supra, Annales 1539.
630 Voir supra, Annales 1746.
631 Voir supra, Annales 1748.
632 Guy-Michel de Durfort-Lorges, dit duc de Randan, a été fait maréchal de France en 1768. Il avait renoncé au duché de Lorges (Quintin) en faveur de son frère en 1758. Sur les Durfort, voir supra, Annales 1691.
633 États extraordinaires tenus lors de l’Affaire de Bretagne entre février et avril 1768. Ogier a joué un rôle dans l’apaisement que connut cette affaire entre 1768 et 1771. Il est à remarquer ici que Ruffelet ne dit rien de son évêque d’alors, Mgr Bareau de Girac (voir infra, Catalogue des évêques, notice 60), qui joua un rôle politique très important lors de ces états. Ogier gagna dans l’affaire une grande popularité.
634 Particulièrement décrié depuis les états de 1762 qui marquent le début d’une des plus graves crises politiques de l’histoire de la Bretagne, le duc d’Aiguillon quitte la Bretagne aussi détesté qu’il avait été apprécié au moment où il avait remplacé le duc de Chaulnes, qui lui aussi eut maille à partir avec les états.
635 Outre les états extraordinaires du début de l’année, les états ordinaires se tinrent à l’automne 1768 à Saint-Brieuc, en reconnaissance par la monarchie de la qualité des services rendus par Bareau de Girac (voir infra, Catalogue des évêques, notice 60), toujours oublié de Ruffelet. C’est entre les deux sessions briochines que d’Aiguillon a démissionné et a été remplacé par le conciliant Duras.
636 Ces états marquent en effet le temps d’une première réconciliation, marquée par le rappel, peu après, du parlement démissionnaire depuis 1765. Les propos enflammés de Ruffelet renvoient au soulagement et à la joie ressentis en Bretagne par cette réconciliation, marquée par de nombreuses manifestations enthousiastes pour un roi qui retrouve momentanément son statut de « bien aimé ».
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