Chapitre 11. Réactions du régime, 1962-1964
p. 477-512
Texte intégral
1En novembre 1962, les services français rapportent que Madame Diori a débloqué la somme de 120 millions de francs CFA pour la construction d’un hôtel dans la capitale. Le président lui-même compléterait cette extraordinaire quantité d’argent, correspondant à 2,4 millions de francs français, pour l’achat des terres adjacentes nécessaires pour la réalisation du projet1. Il s’agit de ce qui deviendra le Grand Hôtel, installé sur les berges du Niger, dans Terminus, et muni de beaux jardins, d’un bar et d’une piscine, avec une vue à couper le souffle sur le fleuve (photo 11.1).
Photo 11.1 – Le Grand Hôtel, Niamey.
Source : www.grandhotelniger.com
2Le niveau de richesse personnelle indiquée par le bruit qui courait sur l’implication de « l’Autrichienne » et de son époux était emblématique de la conduite des classes dirigeantes du pays. Diori possédait déjà un appartement à Paris, au 39 rue Scheffer, dans le prestigieux 16e Arrondissement, acquis 170 000 FF à travers son ambassadeur. En 1968, il y ajouta une maison à 1,2 million de francs (60 millions de francs CFA) sur l’île de Villenne, sur la Seine2. Le département d’État américain en tira du coup la conclusion que le régime était moins intéressé par des questions d’idéologie que par les avantages liés au pouvoir. Plutôt que de s’occuper des problèmes de gouvernement, les ministres « voyageaient souvent hors du pays, entreprenant des déplacements prolongés, coûteux et souvent improductifs ». Comme le constatent les Français, ceci ne concernait pas que les personnalités les moins éminentes, notant méticuleusement que « l’humeur voyageuse » de Diori lui avait fait passer 175 jours à l’étranger en 1961 et déjà 96 jours en septembre 19623.
La chambre à coucher de l’ambassadeur
3Le régime représentait les intérêts étroits des « commis » et, du fait de son faible enracinement social, il dépendait de la protection française. La situation de ses fonctionnaires était marquée par une attitude de parasite mêlée d’un sentiment général d’inquiétude. L’insécurité larvée, alimentée par les fissures internes qui marquaient une administration aux ambitions nationales tous azimuts, était exacerbée par l’immaturité idéologique du régime. Comme le paraphrasent les services français, on peut dire que sa doctrine se résumait à l’idée que le RDA était le tout-puissant guide du peuple ayant la haute main sur l’administration ; que le Sawaba ne pouvait rien contre lui, puisqu’il avait des milices ; et que la France « rest[ait] la grande amie », étant le seul pays prêt à lui accorder une « aide importante sans contrepartie ». Tout ceci démontrait aussi, en même temps, la faiblesse psychologique du RDA qui souffrait – pour reprendre les termes du département d’État américain – de « l’impression embarrassante que le gouvernement de Diori [était] une créature des Français4 ».
4Étant donné les origines de son gouvernement, le président, en particulier, était sensible à cette imputation, se plaignant de ce que le contrôle des Français sur l’aide métropolitaine ne cadrait pas avec le statut d’un pays souverain. Cependant, Hamani Diori n’était pas sans ambivalence, félicitant chaleureusement la France de sa générosité, très attaché à ses voyages à l’étranger, mais aussi plein d’appréhension sur la sûreté de son pouvoir. Un accord de défense franco-nigérien fut signé en 1961. Des modalités d’intervention furent précisées dans un protocole élaboré une année plus tard (tandis que des assurances non écrites étaient également fournies), et bien que les Corses s’efforçaient d’épargner des nuits blanches à Diori, un coup d’État manqué survenu au Gabon en février 1964 conduisit à l’installation, par les Français, d’une ligne téléphonique entre le palais présidentiel et la chambre à coucher de leur ambassadeur. Par ailleurs, Diori fit édifier un mur de béton autour de sa résidence et prit soin de sélectionner les membres de sa Garde présidentielle – tous, selon les services français, des « Djermas de bonne souche5 ». Ceci lui attira la dérision des propagandistes du Sawaba, qui se moquèrent de Boubou Hama en le qualifiant de « Monsieur La Trouille », dont le « dauphin » était Diori, et dont la maison, tout comme les autres villas ministérielles, était entourée de barbelés et munie d’éclairage de sécurité6.
5Les observateurs occidentaux aussi n’avaient guère d’estime pour le gouvernement de Diori, marqué par une paranoïa assez prononcée. Les Américains notèrent que les ministres « dépendaient largement des conseillers français » et les membres des services français exprimaient un dédain silencieux pour nombre d’aspects du règne du RDA, en particulier les longues absences de Diori. Ils trouvaient souvent les craintes du régime « assez vagues », notant qu’une « peur maladive du complot et de l’assassinat » était régulièrement exprimée par des personnalités de premier plan, notamment le ministre de l’Intérieur. Pour les Français, nombre de ces inquiétudes, concentrées sur le risque d’ordre général posé par les pays qui soutenaient l’opposition, étaient exagérées. Et pourtant, le régime de Diori fut souvent confronté à des évènements qui ébranlèrent son assurance. Le meurtre du chef de l’État togolais en janvier 1963 mena à des instructions strictes sur la répression du trafic d’armes, et les évènements qui survinrent au Congo-Brazzaville en août de la même année déclenchèrent toute une série de mesures. À la suite d’un soulèvement populaire, le gouvernement congolais avait été renversé en quelques jours pour être remplacé par un régime d’inspiration marxiste. Diamballa Maïga organisa donc une réunion avec le chef de la Sûreté et des représentants de l’armée pour examiner des questions de défense, tandis que des personnalités de la police, comme Maïga lui-même, entreprirent des missions secrètes en vue de coordonner l’action du gouvernement quant à des scénarios que les Français considérèrent indistincts mais « du domaine du possible7 ».
6Si les services français désapprouvaient le goût excessif de Diori pour les équipées à l’étranger et admiraient l’esprit déterminé de Maïga, non sans remarquer sa touche de psychose, le troisième homme du triumvirat, Boubou Hama, était noté pour son impétuosité, sa vanité et son manque d’équilibre. Ceci comprenait des éclats sporadiques de sentiments anti-français et une propension à la médisance qui fournissait au Sawaba une publicité gratuite dans les colonnes du périodique gouvernemental – au grand dam des Français qui considéraient la conduite du président du RDA désordonnée, maladroite et parfois tout simplement stupide. Maïga, dont la paranoïa le poussa quelques fois à des réactions excessives, recevait à l’occasion une évaluation similaire, bien que le beau-frère de Diori et chef d’État intérimaire était clairement le socle du régime. Le président lui-même, dont on a du mal à croire que les Français aient pu apprécier le cran, était le mieux apprécié, en particulier à cause de l’influence modératrice qu’il avait sur ses collègues, mais sans aucun doute aussi pour ce que les diplomates britanniques considéraient comme une faiblesse de caractère permettant la continuation de la mainmise métropolitaine. Par exemple, les Français ne montrèrent aucune intention de réduire leur contrôle du programme d’aide8.
7Si la peur restait le trait distinctif du régime, il n’y avait guère eu de changements depuis les débuts du règne du RDA. Pour prendre en charge cette obsession pour la sécurité, il en fallait plus que l’accès aux appartements privés d’un ambassadeur. La Garde présidentielle fut établie à la suite de la mutinerie militaire, et ses « bons Djermas » étaient essentiellement des anciens militaires ou membres de la Garde républicaine. Au nombre de 60, ils étaient chargés de la protection du président et étaient placés directement sous les ordres de Diori. Ils étaient équipés de radios et d’armes lourdes, y compris des mitrailleuses et un mortier de 60 mm. Les effectifs étaient censés croître jusqu’à 150 hommes en 19669. Le Bureau de coordination constituait une autre annexe du palais présidentiel, géré, comme nous l’avons noté dans la IIe partie, par des agents français avec le titre de « conseillers techniques » et en liaison étroite avec la Sûreté. L’africanisation des cadres de cette dernière institution, qui débuta pour de bon lorsque le demi-frère de Diori prit le commandement des mains de Jean Colombani, inquiéta les Français quant aux capacités de surveillance de l’agence, ce qui, par suite, devint une source d’appréhension pour Diori10. Cependant, ces craintes étaient injustifiées ou faisaient partie des rivalités internes du triumvirat, puisque la Sûreté était rigoureusement supervisée par le ministre de l’Intérieur et continua activement à persécuter les sympathisants du Sawaba. Son personnel atteignit 464 agents en 1964, dont 147 travaillaient dans la capitale, en sus des 58 postés au niveau du siège11. Une soi-disant Cour de sûreté de l’État, institution distincte, fut établie cette même année pour faire le procès de ceux qui avaient pris part à la mutinerie, puisque les Français, tout comme le RDA, pensaient que les magistrats de la Haute Cour et de la Cour Suprême étaient trop indépendants. Elle fut présidée par Boubacar Diallo, ministre de la Justice jusqu’à 1963 (date à laquelle il fut rétrogradé à la Fonction publique et au Travail, étant suspect de loyauté insuffisante à l’endroit du gouvernement12).
8Les différentes questions de sécurité étant gérées par une foule d’institutions, le personnel français pouvait aider à coordonner les réactions, puisqu’il était représenté dans plusieurs organes gouvernementaux et avait souvent des agents plus pondérés que leurs homologues nigériens13 – même si nombre d’entre eux partageaient l’hostilité tenace du RDA à l’encontre du mouvement Sawaba. Les lignes de communication convergeaient au niveau de l’ambassade – sinon dans la chambre de l’ambassadeur, au moins dans son bureau, et dans la mission militaire de ladite ambassade. Ces espaces constituaient à leur tour la connexion avec Paris, l’ultime ligne de défense. La coopération sécuritaire, facilitée par la camaraderie corse et la répugnance des Français à critiquer ouvertement le régime, fonctionnait sans difficultés. Lorsque, par exemple, le colonel Germain, inspecteur des forces de la gendarmerie française stationnées à l’étranger, vint pour une visite à Niamey à l’automne 1963, il rapporta que « les relations entre les cadres d’assistance technique et les autorités nigériennes [étaient] excellentes et les conseillers militaires français paraiss[aient] écoutés ». Germain, qui fut reçu par Diamballa Maïga, en l’absence de Diori, fut profondément impressionné par l’aristocrate songhay dont la connaissance de la gendarmerie lui parut exceptionnelle14.
9L’ambassadeur de France était à l’époque Paul Fouchet, qui avait succédé à Don Jean Colombani en octobre 196215. La mission militaire était conduite par le colonel Aillerie et le bureau de l’assistance militaire, par le colonel Feraud. Ce fut sur ordre de Fouchet que les troupes françaises firent obstacle au coup d’État potentiel du capitaine Diallo. S’il fut remplacé en mai 1964 par Albert Tréca, les relations diplomatiques bénéficiaient aussi de liens directs au plus haut niveau16. Comme nous l’avons vu au chapitre 6, de Gaulle avait de l’affection pour Diori, et, selon ses propres termes, Foccart avait non seulement d’« excellentes relations » avec Boubou Hama, mais aussi avec Issoufou Djermakoye. Au cours de la quatrième année du régime, « l’homme de l’ombre » comme on appelait le Monsieur Afrique de l’Elysée, se rendit à Niamey pour offrir un cadeau à Diori à l’occasion des fêtes du 18 décembre17.
10La mutinerie de Diallo avait montré que la présence militaire française n’était pas sans importance pour la survie du RDA. Les troupes françaises furent cependant réorganisées en 1962, époque à laquelle elles commencèrent à subir une réduction graduelle d’effectifs. En avril de cette année, elles furent intégrées dans la Zone d’outre-mer no 4, nouvellement établie et rassemblant des forces stationnées dans les pays de l’Entente, avec quartier général à Abidjan. La 4e brigade, commandée par un général, comprenait les unités stationnées au Dahomey et au Niger. Le contingent nigérien se montait à 2 200 hommes, y compris une unité de logistique, un escadron blindé, une unité de reconnaissance et de combat et une compagnie d’infanterie. En même temps, l’indépendance de l’Algérie mena à des retraits des troupes de zones reculées (Nguigmi et, temporairement, Bilma) qui soulevèrent des inquiétudes au sein du triumvirat et parmi les piliers du RDA, en particulier ceux du secteur de Zinder, qui se trouvaient en territoire ennemi. Il fallut organiser des réunions des chefs de quartier de la ville et des marabouts pour apaiser les appréhensions, et les officiels firent savoir qu’ils appelleraient des troupes françaises ou étrangères pour garder les frontières – une allusion aux infiltrations du Sawaba dont les militants locaux étaient, suivant le constat des Français, satisfaits de ces retraits. Dans cette ambiance de craintes sécuritaires qui se concentraient surtout sur les infiltrations algériennes et la dissidence Touarègue-Toubou, Diori se serait envolé pour Paris afin de stopper le retrait qui avait été annoncé de manière quelque peu abrupte. Il envisagea aussi de demander l’installation de bases aériennes françaises à Niamey et Agadez. Cependant, le départ des troupes fut exécuté comme prévu, d’abord à Madama, près de la frontière libyenne, puis à Nguigmi. Dans l’escarpement du Kaouar, le processus fut plus irrégulier et les troupes ne quittèrent finalement cette zone isolée qu’en septembre-octobre 1964. Agadez fut abandonné en décembre de cette année, et à ce stade, les forces françaises de Zinder étaient également parties. La Zone d’outre-mer no 4 fut dissoute en mars 1965. Cependant, un détachement français demeura en garnison à Niamey avec un effectif de 205 hommes, sous la dépendance de Dakar pour son ravitaillement. Les installations de l’aéroport de la capitale furent également maintenues, tout comme la mission militaire de l’ambassade. En fait, environ 1 000 hommes restèrent au Niger, formant une partie du 4e régiment RIAOM, avec des bases à Niamey, Zinder, Agadez et Bilma18.
11Le retrait des troupes françaises était donc limité19. À l’époque, les Forces armées nigériennes étaient en voie de formation, d’abord par transfert simple d’unités sous commandement français au commandement nigérien. Officiellement, l’armée du pays – les Forces armées nigériennes, FAN – avait été formée le 1er août 1961, presqu’un an après l’indépendance. En avril de cette année, elle avait cinq officiers nigériens et 53 sous-officiers, mais selon les Français, la valeur de ces troupes (recrutées de force au sein d’une population réfractaire) reposait entièrement sur le personnel métropolitain. En même temps, la présence de conseillers français, dont beaucoup se trouvaient à des postes de commandement, posait des problèmes, puisque les relations avec les officiers nigériens étaient notoirement mauvaises20. Si l’on ajoute à tout ceci le manque de fonds inhibant le développement des forces, le corps des officiers vivait dans un état de frustration chronique. Après avoir atteint 800 hommes en juin 1962, les effectifs progressèrent lentement, se hissant à 900 hommes en mars 196321. La pénurie de fonds fit obstacle à la création de deux nouvelles unités de combat qui devaient être stationnées à Niamey et Tahoua, et l’armée manquait de personnel et de réservistes nécessaires à la surveillance de lieux sensibles22.
12Il n’empêche, le régime fit de son mieux pour préserver les frontières des formes les plus criantes d’incursion, stationnant, par exemple, des troupes à Assamakka (ainsi qu’à Madama) pour s’opposer à l’infiltration algérienne et à celle du Sawaba. Diverses villes frontalières avaient déjà été pourvues d’un poste administratif (en dehors de Ayorou et Madarounfa, il y en eut à Gaya, Bosso, Matamey et Bankilaré, au nord de Téra). Le gouvernement avait l’intention de faire passer les effectifs des FAN de 1 300 hommes en 1964 à 1900 en 1968. Le plan comprenait la mise en place d’un groupe de longue portée, dans le désert, à Agadez, équipé de camions Dodge, ainsi que de deux groupements nomades basés à Agadez et Tahoua. Mais les forces des FAN, constituées essentiellement de Zarma et de Haoussa, n’appréciaient pas de travailler au nord, et les désertions étaient régulières23.
13L’indiscipline était un problème général, bien qu’en 1963, les Français aient observé que l’armée se focalisait au moins sur ses devoirs militaires qui, officiellement, concernaient la défense vis-à-vis de l’extérieur. Cependant, des querelles entre militaires et civils, à Niamey, en novembre 1962, révélèrent jusqu’à quel point la discipline était mauvaise. Des sentiments ethniques opposant des soldats haoussa à la population zarma furent, paraît-il, à l’origine de bagarres qui éclatèrent à deux reprises et amenèrent Maïga à intervenir avec la police et la gendarmerie. Il existait aussi des tensions entre les anciens de l’armée coloniale et les nouvelles recrues des FAN, qui menaçaient potentiellement de les remplacer24. Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, l’ordre et la tranquillité furent complètement rompus par la mutinerie de Diallo à la fin 1963. Le soulèvement laissa les FAN dans un certain état de désorganisation et poussa le gouvernement à tâcher de réduire les effectifs à environ 800 hommes tout en recrutant plus de Zarma, ces derniers étant considérés plus fiables du point de vue politique. En mai 1964, on nomma de nouveaux chefs d’état-major, mais une évaluation française conduite un an plus tard conclut que si la discipline avait été restaurée, l’armée nigérienne manquait de dynamisme et « n’avait de valeur que par la présence à l’arrière-plan de l’Armée française25 ».
14Les Forces armées nigériennes manquaient donc non seulement de structure et de mandat, mais aussi des effectifs et de la loyauté sur lesquels on pouvait se reposer pour défendre le régime contre ses ennemis de l’intérieur. Cette tâche fut essentiellement déléguée à deux services publics, la Garde républicaine et la gendarmerie. Les gardes formaient une force militaire placée sous le commandement d’un officier de la gendarmerie française et étroitement supervisée par Diamballa Maïga en personne. En 1963, ils étaient répartis en 45 brigades de cercle et trois pelotons nomades, avec un total de 960 hommes à la fin de l’année, dépassant ainsi en effectif les FAN. Un an plus tard leur nombre se montait à 1 200 hommes, et il était prévu qu’ils atteignent l’effectif de 1 420 gardes en 1966. Mais en dépit de ses fonctions de protection, les militaires français considéraient la Garde républicaine (dont nombre des membres provenaient de l’ancien corps des Gardes de cercle) « mal instruite, mal armée [et] de peu d’utilité26 ».
15Par contraste, ils considéraient la gendarmerie – force de police organisée de façon militaire et si typiquement française – comme « certainement le corps le plus solide des Forces nigériennes ». Comme dans d’autres pays, les gendarmes faisaient officiellement partie de l’armée (avec laquelle ils se livraient, cependant, à une concurrence acharnée) et étaient placés sous l’autorité du ministre de la Défense. Dans les faits, ils étaient en permanence à la disposition du ministère de l’Intérieur qui politisa leur mandat et leur caractère. Ils recevaient leurs ordres directement de Maïga, sans tenir le ministre de la Défense informé. Maïga essaya de faire officiellement affecter la gendarmerie à son département ministériel, mais Diori, craignant son puissant ministre, préféra une demi-mesure par quoi la gendarmerie continua à relever des Forces armées et à retenir son caractère militaire, tout en étant de fait rattachée au ministère de l’Intérieur. Lors du départ des troupes métropolitaines, une partie des matériels français fut affectée à la gendarmerie qui s’en servit pour doter ses deux nouveaux groupements qui devaient être stationnés à Tahoua et Agadez. L’Allemagne de l’Ouest allait poursuivre l’équipement des gendarmes. L’africanisation du commandement débuta pour de bon en 1962, lorsque les commandants français devinrent des conseillers techniques et trois Nigériens furent promus à la tête des groupes territoriaux constituant les ressorts de la gendarmerie (Niamey, Maradi, Zinder). La force dans son ensemble était dirigée par le capitaine Garba Badié, personnage résolu quoique féroce27.
16L’allocation des fonds demeurait sous contrôle du ministère de la Défense, ce qui fit obstacle au développement des effectifs et du professionnalisme de la gendarmerie – au grand dam de Maïga. Les gendarmes n’étaient donc pas très nombreux, mais ils formaient une institution de police maintenant une loyauté inébranlable à l’égard du régime et de l’hostilité à l’encontre de tout ce qui ressemblait à de l’opposition. La gendarmerie avait 210 cadres à ses débuts, en 1962, puis 280 en 1964 et 350 en 1965, avec une projection de 445-500 hommes sur 1967. Les forces étaient réparties sur tout le territoire national. Rien qu’en 1964, par exemple, plusieurs nouvelles brigades furent mises en place. Six d’entre elles furent établies en début d’année, y compris à Ayorou, la ville sawabiste proche de la frontière malienne ; Ouallam ; Bouza, au nord de Madaoua ; la ville d’Iferouâne dans l’Aïr, où les habitants avaient été excités par des propagandistes sawabistes venus d’Algérie. Il y eut d’autres brigades, stationnées à Bankilaré ; Aderbissinat ; Matamey ; Dargol ; et Tillia et Tchin-Tabaradene, dans l’Azaouagh. Une brigade mobile fut mise en place à Agadez, et des brigades territoriales étaient déjà à pied d’œuvre à Bilma et Ingal, rendant compte au commandement de la compagnie, à Zinder, et bénéficiant de l’encadrement d’un officier français basé à Agadez. Des brigades mobiles étaient également prévues pour Tahoua et Dakoro, et un peloton d’environ 30 hommes muni de 4X4 Dodge, fut envoyé à Bilma28.
17Les conflits qui éclatèrent dans la région de Tahoua en mai-juin 1964 révélèrent à quel point les gendarmes pouvaient se comporter durement vis-à-vis de toute opposition au gouvernement. Lorsque des paysans haoussa reçurent des terres traditionnellement réservées aux nomades bouzou (i. e., Bella), des affrontements eurent lieu, avec, à la clef, plusieurs morts et blessés. Les gendarmes survinrent et déchaînèrent une vague de répression qui jeta de nombreuses personnes dans le désert, sans provision, causant plusieurs décès et obligeant le commandant de cercle à intervenir pour empêcher de nouveaux incidents29.
18Une évolution encore plus dangereuse – puisqu’elle ne relevait d’aucune chaîne de commandement professionnelle – concerne la mise en route de milices du parti. À l’origine de ceci se trouvaient les Israéliens. À l’automne 1962, le Niger se renseigna auprès de la compagnie israélienne Dartex sur les prix de vente d’armes et d’équipements. Au mois de janvier suivant, un expert vint au Niger pour parler de l’instruction des jeunes du RDA et, en avril 1963, Issoufou Djermakoye se rendit en Israël pour négocier de l’assistance dans une série de domaines, y compris l’entraînement des milices. L’initiative remontait donc à une période antérieure à la mutinerie de Diallo, mais reçut un élan nouveau lorsqu’il apparut que le régime ne pouvait pas se reposer sur les Forces armées. Un capitaine fut envoyé de Tel Aviv pour instruire les jeunes du parti et une mission israélienne fut établie pour superviser une formation qui dura plusieurs années30.
19La Jeunesse pionnière nigérienne (ou Jeunesse pionnière du RDA) reçut un entraînement physique, de l’endoctrinement politique et un apprentissage au tir (photos 11.2 et 11.3). Les Israéliens inclurent, par la suite, des techniques de contre-guérilla et d’interrogatoire. Les projections de 1965 parlent de 700 Pionniers du RDA formés par les officiers israéliens. Il y eut aussi des femmes, comme on peut le voir sur les photographies montrant des jeunes femmes armées de mitraillettes formant la garde d’honneur de Modibo Keïta lors de sa visite d’État, en mars 1964. Les pionniers aidèrent à la protection des piliers du régime. Ainsi, en septembre 1963 – alors que Diori passait les vacances d’été en France – Diamballa Maïga forma une milice de 60 hommes munis de pistolets automatiques pour sa garde personnelle. En général, le but des milices du RDA était d’aider à garantir la sécurité politique à travers le pays. Des centaines d’instructeurs prirent des cours à Niamey avant d’être dépêchés dans les villages pour former les jeunes des campagnes. En décembre 1963, les Français firent don de 100 MAS 36, un fusil français équipé d’une baïonnette : mais il n’est pas sûr qu’ils aient été destinés aux milices31. De plus, Diori contacta le chargé d’affaires israélien pour qu’il arme les Pionniers avec des Uzi. En juin 1964, les unités de la milice, à Niamey, étaient en possession d’au moins 150 de ces armes32.
Photo 11.2 – Jeunes du RDA s’entraînant au tir (Le Niger, 23 nov. 1964).
Photo 11.3 – Jeunes du RDA à l’entraînement physique (Le Niger, 23 nov. 1964).
L’état du régime
20L’obsession sécuritaire était alliée à d’autres obligations imposées aux habitants des villes et des campagnes. À l’automne 1962, le gouvernement commença à planifier des « champs collectifs » qui devaient être créés dans chaque village, sur financement des sections du RDA. Ils étaient destinés à stocker des réserves alimentaires, mais l’implication du parti offrait des opportunités de patronage. De façon plus douteuse, Djibo Yacouba, ministre de l’Économie rurale, s’était rendu au Sud Vietnam, où il fut fort impressionné par les « hameaux stratégiques » dans lesquels on avait forcé les paysans à se rassembler. Bien qu’à l’époque les infiltrations du Sawaba n’aient pas constitué une menace importante, il décrivit les mesures sud-vietnamiennes comme un bon moyen d’établir la démocratie au village et d’aider les ruraux à se défendre contre les communistes. Au début de 1963, le gouvernement annonça son intention d’introduire le « service civique » pour les jeunes, chose que les Américains aussi avaient recommandée. Une telle mesure combattrait le chômage des jeunes et pourrait stimuler l’influence du parti, puisque ces projets étaient placés sous l’égide du RDA33.
21Comme nous l’avons vu dans des chapitres antérieurs, l’organisation du parti souffrait dès le début de structures faiblement implantées, d’une mobilisation contrariée et de luttes internes, en particulier à Agadez et Zinder, des zones clef de la compétition avec le Sawaba. Les annonces faites par Boubou Hama en juin 1962 sur la réorganisation du parti montrent que de graves difficultés subsistaient encore quelques années plus tard. Hama espérait que la réorganisation permettrait la diffusion sans possibilité de débats de ses ordres, ainsi que le renforcement de son contrôle personnel du gouvernement. Les Français étaient inquiets à ce sujet, puisque les conflits entre le RDA et l’administration – qui, à ce stade, éclataient surtout au niveau des circonscriptions – ne s’en trouveraient pas réduits. Le régime prévoyait, à ce niveau, de tenir des élections destinées à stimuler la légitimité des présidents locaux du RDA qui intervenaient à présent fréquemment dans les activités des chefs de circonscription. Il s’agissait de résoudre ces conflits non pas en refrénant les représentants politiques du régime, mais en réorganisant l’administration34. Les résultats furent contre-productifs. Le secrétaire du RDA à Agadez, Issoufou Ghaly, dut être rappelé à l’ordre lorsqu’il soumit le commandant de cercle à ses ordres, émit des observations anti-françaises (y compris lors des essais nucléaires dans le Sahara) et critiqua le pouvoir de Diori. Ses actes de brutalités contre la population furent reproduits dans plusieurs autres localités, et pas seulement au nord du pays. L’homme du RDA à Nguigmi profita au maximum de sa position dans sa lutte acharnée avec le commandant de cercle local. En avril 1963, Diori pensa faire une tournée dans la région de Zinder pour raccommoder les rapports entre la population et les piliers du parti dont le comportement « brouillon » avait causé de vives tensions. Les gens se plaignaient des « dépenses abusives des gouvernants et des hauts fonctionnaires ». Ici, ce fut Issa Ibrahim, l’ennemi juré du Sawaba, dont les actions politiques étaient marquées au coin du scandale et de l’outrage, qui réussit à nuire aux rapports du RDA avec les immigrés dahoméens et les intérêts français – menaçant de punir ceux qui critiquaient le régime et en appelant à l’africanisation des entreprises privées. Les jeunes du RDA de la région espéraient qu’il promouvrait leur carrière. De façon exceptionnelle, le chef de circonscription du Kaouar réussit quant à lui à tenir sous contrôle les leaders et les jeunes du RDA35.
22La corruption partit des sommets de l’État pour se répandre à travers le pays, affectant les institutions nationales et l’administration régionale. L’éloignement de la capitale favorisait l’impunité et les extorsions qui, selon les Français, constituaient un phénomène « très répandu ». La corruption au niveau local avait un impact profond sur la conduite des paysans. Au niveau national, les travailleurs étaient critiques à l’encontre des fonctionnaires véreux de la confédération syndicale, et les étudiants dénonçaient l’enrichissement illicite des dignitaires et des membres de l’entourage présidentiel, écrivant des tracts acerbes sur la mise en location de taxis, de bars et de maisons par des ministres. « L’Autrichienne », en particulier, était la cible d’attaques du fait de ses nombreuses villas et de la levée de contributions populaires destinées à la construction d’un palais personnel dans la région de Dogondoutchi36. On pouvait s’attendre à ce que le Sawaba exploite tout ceci au maximum, d’autant plus qu’il avait déjà visé les pratiques frauduleuses du régime à une date antérieure. La corruption du régime devint un thème de la propagande du Sawaba, et ses agitateurs firent de leur mieux pour alimenter la rancœur des paysans37.
23Le sentiment régionaliste à travers lequel le Centre et l’Est exprimaient leur colère était contré par la nomination de commandants de cercle qui n’étaient pas originaires de la région. Mais le procédé avait généralement des effets contre-productifs sur les rapports avec la population. Dans la capitale, la police reçut l’ordre de rafler les jeunes oisifs (avril 1963), parmi lesquels nombreux étaient ceux qui avaient quitté la campagne pour améliorer leur sort et qui étaient à présent déportés chez eux, prétendument pour aider à la récolte. Dans l’ensemble, les rapports entre le gouvernement et les jeunes étaient mauvais, ces derniers étant braqués par le chômage, les faibles opportunités d’instruction et la concurrence pour l’accès à la fonction publique. On se plaignait que l’administration était plus fermée que jamais, obstruant l’accès pacifique aux privilèges. Une rencontre entre les représentants des jeunes et Diori, en juin 1963, se déroula dans une ambiance tendue. Le département d’État américain rapporte, en 1962, que le président risquait de perdre le soutien de l’élite instruite des villes, en particulier les jeunes intellectuels qui, comme le mouvement des travailleurs, penchaient vers le Sawaba. S’il ne s’agissait là que d’une petite fraction de la population, et si les Américains ne pensaient pas que le Sawaba pourrait renverser le régime dans les quelques années à venir, ils notèrent qu’il demeurait « un facteur important de la vie politique nigérienne » et que Diori pourrait se trouver obligé de nouer des relations plus étroites avec le Bloc de l’Est pour contenter une jeunesse militante. Bien que le gouvernement n’ait pas eu les moyens de satisfaire toutes les exigences qui lui étaient adressées, il se mit à nommer un petit nombre de radicaux anti-occidentaux à des postes importants afin de désamorcer les tensions sociales38.
24Les médias du régime se félicitèrent ainsi de ce qu’ils présentaient comme étant de la stabilité politique, sans tenir compte des contestations larvées. Cependant, des pluies abondantes menant à de bonnes récoltes sur la période 1963-1964 créèrent un répit dans les zones rurales. Diori, dont la stature morale venait d’être relevée par le pèlerinage du Hadj, a dû apprécier le rapport de 1963 du cercle de Tessaoua qui avait conclu que l’année écoulée avait été marquée par le travail et l’optimisme39. Cependant, c’était sans tenir compte des tensions qui traversaient le corps politique. Lorsque le gouvernement décida de monter en épingle l’exécution de razzieurs toubou qui avaient mis en coupe réglée des régions de l’extrême est, et qui furent condamnés à mort pour meurtre et vol de bétail, on vit à quel point ses actions contre l’insécurité pouvaient être féroces. Diori refusa de leur faire grâce, et, pour faire un exemple de leur cas, il fut décidé qu’une personne serait exécutée à Nguigmi, une autre à Maïné-Soroa et une troisième à Tahoua. Maïga écrivit au ministre de la Défense pour lui dire que la chose devait être faite par des militaires. Étant donné leurs patrouilles dans les zones nomades, les gardes républicains seraient trop exposés. Le gouvernement fit beaucoup de publicité autour de ces exécutions, qui eurent lieu le 9 septembre. En agissant de la sorte, le RDA se préparait à affronter une vengeance éventuelle des nomades, exactement comme lorsqu’il arrêta uniquement des bouzou lors de conflits avec des paysans haoussa à Tahoua l’année suivante40.
Relations étrangères
25La gestion des affaires étrangères avait aussi à voir avec la question de la sécurité du pouvoir, en plus des stimulations apportées aux très nécessaires projets de développement. La France gaulliste était, bien entendu, la principale amie du RDA au plan international, mais d’autres pays occidentaux offrirent aussi un partenariat important pour la défense du régime. Les liens avec Israël furent précoces. En octobre 1959, à l’heure où le Sawaba était mis hors la loi, Tel Aviv invita deux membres du gouvernement à visiter Israël à ses frais. En 1962, les Israéliens envoyèrent un chargé d’affaires qui noua des liens personnels étroits avec Diori et cultiva une bonne source de renseignement au sein de l’administration. Des projets de développement et d’investissement commercial furent mis en route, non sans inquiéter les gaullistes pour qui le Niger était par excellence un pays du « pré carré », la sphère d’influence de la France en Afrique sub-saharienne. La coopération technique permit au Niger de profiter du savoir-faire d’Israël en matière agricole et en gestion des ressources hydrauliques, et des jeunes nigériens allèrent étudier dans l’État hébreu41. Les Américains aussi établirent des liens qui créèrent une concurrence modérée avec les Français, envoyant des volontaires du Corps de la Paix et des conseillers de l’USAID. Ils devinrent les bailleurs les plus importants après Paris. Parmi les autres puissances occidentales (ou à tendance occidentale) avec lesquelles le régime établit des liens, figurent la Belgique, l’Allemagne de l’Ouest et Taiwan, dont l’ambassadeur en France visita le Niger en 1962. Les rapports diplomatiques avec Taiwan commencèrent un an plus tard et conduisirent aussi à la coopération dans le domaine agricole, donnant lieu à un projet de riziculture à Tillabéri. Le ministre nigérien des Affaires étrangères se rendit dans la Chine nationaliste en 196542.
26La préférence du RDA pour Taipei au lieu de Pékin avait beaucoup à voir avec le soutien militaire et financier octroyé par les communistes chinois au Sawaba. Comme on peut le déduire de remarques faites par Diori en février 1964, le régime prit conscience des projets révolutionnaires que lui réservaient les Chinois. À l’époque, le Niger ne réagit pas à la reconnaissance, par la France, de la République populaire et permit même à une délégation nord coréenne de visiter le pays. Cependant, les Français considéraient les relations qui se mettaient en place entre la Chine et le Nigeria dangereuses pour le Niger43.
27Bien que les pays d’Europe de l’Est n’aient pas été des partenaires naturels, le RDA s’efforça de développer des rapports modérés avec eux, essayant timidement d’équilibrer sa dépendance à l’Occident. Nous avons vu, au chapitre 9, qu’il y eut quelques contacts au plan culturel, et le gouvernement accepta, sur une inspiration de l’ambassadeur ouest allemand, des bourses de l’Union soviétique pour contrer l’importance de la présence des recrues du Sawaba dans ce pays. Cependant, le régime ne montra guère d’enthousiasme à établir des relations diplomatiques officielles comme le désiraient les Soviétiques, qui voulaient équilibrer les mises sur leurs pions. Un accord sur la culture fut signé avec les Russes, et, en 1962, des ministres nigériens visitèrent Prague, Varsovie et Moscou afin de parler de coopération économique. Ils conclurent des accords commerciaux mais refusèrent de les couronner par des liens diplomatiques en bonne et due forme. Les résultats de cette tournée, quoique médiocres, reçurent une évaluation positive, non pas seulement à cause de l’assistance technique qu’elle pourrait produire, mais aussi parce qu’elle disputait au Sawaba le monopole des relations avec l’Europe de l’Est. Mais le triumvirat aurait rassuré les Français sur le fait qu’il n’avait pas accordé à l’Union soviétique le droit de survoler son territoire national. Si Diori a envoyé un télégramme de félicitation à Moscou lors du 45e anniversaire de la Révolution russe, et si des diplomates russes en poste à Bamako ont visité Niamey en décembre 1962, les Soviétiques n’avaient toujours pas, deux ans plus tard, créé des liens diplomatiques normaux. En juin 1964, une délégation yougoslave arriva au Niger, à l’instar d’une autre délégation commerciale de Moscou, menant à un accord de peu de valeur. L’année précédente, le Niger avait inauguré une relation technique et culturelle avec la Bulgarie et une mission tchèque s’était rendue à Niamey. Nombre de ces accords servaient à amadouer les militants au sein du régime comme au dehors. Ainsi, plus tôt, en 1961, il y eut même des missions en provenance de la Chine communiste et du Nord Vietnam, venues parler de bonne volonté et d’échange d’enseignants44.
28Les relations avec les pays voisins furent aussi plus ou moins largement affectées par la menace du Sawaba. Nous avons vu que les liens avec les autorités du Nord Nigeria étaient plutôt bons. Le Sardauna de Sokoto visita le Niger à différentes reprises et Diori fit une tournée au Nigeria en 1961, avec, à l’esprit, les potentiels actes de subversion du Sawaba. Il en résulta une coopération modeste qui se développa lentement et porta sur diverses questions, dont certaines d’ordre judiciaire – au grand dam des Maliens qui s’inquiétèrent de ce que le Niger pouvait entrer dans l’orbite de la puissance économique nigériane45. Les relations avec les Algériens furent, dès le départ, de piètre qualité, puisque le RDA refusait de reconnaître le FLN avant que les Français ne fussent prêts à partir, et que l’Algérie ne devienne indépendante. Par la suite, les rapports furent dominés non seulement par l’aide de l’Algérie au Sawaba, mais aussi par les incursions de l’armée algérienne en territoire nigérien. Mais comme nous l’avons vu au chapitre précédent, en 1964, les Algériens avaient changé de stratégie. Tout en continuant à soutenir le Sawaba de différentes manières, ils avaient cessé leurs propres infiltrations et commencé une certaine coopération économique avec Niamey. Dans cette optique, Boubou Hama se rendit à Alger et signa trois accords dont la valeur était cependant symbolique et qui ne pouvaient dissimuler la déception du Niger quant au fait que la coopération économique, dans le domaine des transports par exemple, n’ait pas avancé davantage46.
29Parmi les autres contacts en Afrique du Nord figure l’Égypte, dont le soutien modeste au Sawaba n’a pas empêché une invitation faite à Diori de venir en visite au Caire. Le chef de l’État nigérien arriva dans la capitale égyptienne durant l’été 1963 et signa des accords de coopération commerciale et technique qui furent perçus comme une menace par les Français, puisqu’ils pouvaient stimuler l’influence de l’Égypte. Diori visita de même la Guinée au cours d’une tournée ouest africaine qui le mena aussi au Ghana et au Mali, dans l’espoir d’isoler ses ennemis du Sawaba. Sékou Touré, tout en apportant un soutien ferme au Sawaba, décida d’offrir au régime nigérien un certain nombre de bourses. Bien que ceci montre à quel point l’instruction était stratégique dans la lutte contre le RDA, la visite de Diori créa une certaine détente dans les rapports entre la Guinée et Niamey, sans que toutefois cela mette en péril le soutien guinéen au Sawaba47.
30De même, les rapports avec le Ghana demeurèrent problématiques, en dépit de la visite de haut niveau de Diori à Accra (mars 1962). Son entourage comprenait Diamballa Maïga, ce qui indique que les questions de sécurité occupaient une place de premier plan dans l’esprit de Diori. De façon significative, le président fut accueilli à l’aéroport par Yacouba Idrissa, représentant de la communauté nigérienne. Comme nous l’avons noté, le riche oncle de Bakary était une pièce centrale des activités du Sawaba au Ghana. À l’aéroport d’Accra, il échangea des propos avec Diori, des ministres et d’autres membres de son entourage, et, en compagnie de sa suite, il prit part aux réceptions données à l’occasion de l’arrivée et du départ du président nigérien. Les journalistes et les sources proches du RDA avancent que Idrissa avait affirmé qu’il cesserait ses activités en faveur du Sawaba et se rallierait au gouvernement, expliquant qu’il avait envie de rendre visite à sa famille à Gothèye et que, si Diori et Nkrumah se montraient désireux de coopérer, il respecterait leurs décisions. Il se peut qu’en ceci, l’homme d’affaires ait été poussé par le désir de protéger ses intérêts économiques. Cependant, si le RDA était évidemment très intéressé par l’idée de gagner à sa cause l’un des bailleurs clefs du Sawaba (un porte-parole nigérien affirme que la question fut soulevée lors de discussions entre Nkrumah et Diori), les déclarations de Idrissa étaient probablement fallacieuses ; ses activités pour le Sawaba ne connurent pas de répit48.
31La visite de Diori ne produisit donc que peu de résultats. Les deux pays entreprirent une coopération économique, mais alors que les Nigériens se préparèrent à recevoir une délégation commerciale du Ghana, les Ghanéens se montrèrent par la suite peu intéressés – bien que des accords commerciaux aient été signés en 1963. Si le chef de la mission ghanéenne au Niger adjura son gouvernement de se déclarer en faveur du RDA et d’arrêter son soutien au Sawaba, sa propre ambassade restait un vivier d’activités sawabistes. Les rapports continuèrent du coup à être difficiles. Du reste, le Ghana n’avait envoyé qu’un chargé d’affaires à Niamey alors que les Nigériens avaient envoyé un ambassadeur plein ; les deux pays refusaient mutuellement à leurs représentants les privilèges de l’alcool hors taxe ; et les Ghanéens se montraient plus intéressés par le Sawaba que par le RDA. La promesse de la fermeture des bureaux du Sawaba à Accra ne fut pas tenue, et ses entraînements militaires se poursuivirent sans entraves49.
32On peut en dire autant, pour une bonne part, des rapports avec le Mali. Nous avons vu, au chapitre précédent, que l’hostilité du RDA à l’égard de Bakary ne donnait qu’une marge de manœuvre limitée à Modibo Keita. Par ailleurs, le style impétueux de son régime n’améliora guère les rapports avec le président sans grande assurance du Niger, qui réagit vivement lorsque le représentant de Bamako s’avisa de lui faire la leçon sur l’importance de la coopération entre les États. Après la visite de Diori au Mali en avril 1962, la coopération évolua lentement, menant, entre autres choses, à des échanges sur la lutte contre le trafic de devises. Un deuxième voyage, en novembre 1963, conduisit à une rencontre avec Modibo Keita à Gao où Diori débattit de questions économiques et de la révolte des Touaregs du Mali. Il fallut cependant attendre jusqu’au printemps 1964 pour que le chef de l’État malien vienne en visite d’État au Niger. Keita fit une tournée dans le pays, visitant plusieurs villes et délivrant des discours mesurés sur la coopération, tandis que Diori se fendait d’un appel aux sawabistes qui fit contraste avec une nouvelle vague d’arrestation déclenchée une quinzaine de jours plus tard. Le but principal de la tournée de Keita, du point de vue du RDA, était de neutraliser l’effet de la présence de Bakary au Mali, et non pas de remettre à l’ordre du jour des démarches de rapprochement qui avaient échoué50. Comme on l’a noté, tout ceci n’eut guère d’effet tangible sur la position du Sawaba au Mali, bien qu’il en ressortisse que les hommes de l’hinterland de Gao devaient manœuvrer avec prudence.
Espionnage
33Une manière moins tortueuse de s’attaquer à la menace sawabiste à l’étranger consistait à s’en prendre directement aux membres de la branche externe, ou à viser les intérêts du mouvement à l’étranger. Cela impliquait le montage d’actions sur le territoire de pays voisins, tel que l’envoi d’agents ou l’exécution de missions. Il pouvait être question de recueillir des informations, d’interroger des cadres du Sawaba ou d’attaquer ou de kidnapper des activistes du mouvement. Il pouvait aussi s’agir de l’infiltration de la branche externe par des espions. Nombre de ces activités débutèrent après l’arrivée au pouvoir du RDA, et tirèrent profit de la formation soignée fournie par l’appareil sécuritaire des Français. La visite de Djibo Yacouba et de Diamballa Maïga auprès du gouvernement du Nord Nigeria à Kaduna, en mai 1959, fut précédée d’une mission préparatoire qui profita de l’occasion pour entrer en contact avec le siège de la NEPU. Si l’objectif avait été de torpiller son alliance avec le Sawaba, et non pas de s’en prendre aux cadres de ce dernier, il apparut que le régime était prêt à porter la lutter au-delà des frontières du pays. Cette même année, le Niger envoya des émissaires auprès de Sam Pennie, l’un des premiers contacts du Sawaba au niveau du gouvernement Nkrumah, auprès de qui le RDA espérait acquérir des dossiers de renseignement. Le régime poussa plus avant en 1962. Abdou Adam, secrétaire du RDA à Zinder bien connu pour sa discrétion, fut envoyé au Caire, officiellement dans le cadre d’un tournoi de tennis de table, mais en réalité pour enquêter sur les relations du Sawaba en Égypte. Mêlant travaux de renseignement et présence à des conférences, Adam contacta les Nigériens étudiant avec des bourses égyptiennes, en plus d’une rencontre avec le président Nasser (sans doute en tant que membre d’une délégation) et d’une collecte d’informations sur la police égyptienne entraînée par les Allemands ainsi que sur les efforts de propagande du pays. Daouda Ardaly se trouvait également dans la capitale égyptienne, mais Adam ne rencontra pas le chef du programme de recrutement du Sawaba51.
34Les risques sécuritaires s’aggravèrent pour le Sawaba lorsque la Sûreté entreprit d’envoyer des hommes pour qu’ils essaient de capturer ses leaders. Nous avons vu qu’en 1960, Jean Colombani s’était rendu à Malanville où, sans se soucier de la souveraineté du Dahomey, il s’efforça de se saisir de Bakary après que les autorités du pays aient refusé de coopérer à son arrestation. Un an plus tard, le commissaire de police de Zinder, Espitalier, dépêcha une mission à Kano pour enquêter sur le quartier général local du Sawaba et s’emparer de Ousmane Dan Galadima, bien qu’il semble qu’on ait eu l’intention de le faire par la voie officielle, en prenant contact avec l’émir. Les Nigériens ne réussirent pas à localiser Galadima mais décidèrent d’envoyer un représentant consulaire, un certain Amirou Issa, qui avait de nombreux contacts à Kano et pouvait transmettre des renseignements52.
35Par contraste, une mission de quatre Nigériens qui se rendit à Accra en juillet 1963 était potentiellement plus dangereuse dans la mesure où elle eut accès à Bakary, qui organisa une rencontre et la présenta aux cadres du parti. Les quatre hommes, tous ingénieurs de profession, constituaient peut-être une mission de surveillance, puisque les services français rapportent qu’ils avaient été envoyés au Ghana pour y évaluer la force de la présence du Sawaba. Ils rentrèrent au Niger au bout d’une quinzaine de jours53. La mission du commissaire de police d’Agadez à Tamanrasset, à quelques mois de là seulement, représenta aussi une menace – comme Yahaya Silimane s’en aperçut lorsqu’il fut coincé par le commissaire (il avait en fait été attiré par ruse à l’hôtel de ce dernier). Le commissaire œuvrait sous couvert d’une mission de rapatriement de Nigériens sans emploi, et une deuxième mission en direction de la ville algérienne – cette fois entreprise par des émissaires du commandant de cercle d’Agadez – eut lieu l’année d’après, bien qu’on n’en connaisse pas les objectifs54.
36Par suite, les soupçons d’espionnage étaient monnaie courante et la branche externe du Sawaba s’efforça de maintenir une sécurité renforcée, notamment autour du leadership. Nous avons vu que des gens comme Issoufou Danbaro et Daouda Ardaly étaient régulièrement confrontés à des individus en qui ils n’avaient pas confiance, ou qu’ils soupçonnaient d’être des taupes. On pensait qu’il y avait des espions dans toutes les principales villes commerçantes du Nord Nigeria ou même sur les voies empruntées par les militants du Sawaba entre le Nigeria et le Ghana, épiant leurs mouvements. Au Ghana, la situation était compliquée par la nature chaotique de l’administration de Nkrumah, dont les agents avaient du mal à maintenir un degré suffisant de discrétion – ce qui mena à de nombreuses fuites sur l’assistance aux mouvements de libération. Cependant, la plupart des gouvernements et des groupes d’opposants en Afrique de l’Ouest, en plus des légations étrangères, étaient occupés à collecter des renseignements les uns sur les autres. Ainsi que nous l’avons noté, les Guinéens épiaient la police nigérienne et les Ghanéens, entraînés par des agents est allemands, faisaient du renseignement à Niamey. Le Sawaba lui-même a pu élargir son infiltration de l’administration nigérienne aux postes de l’étranger, puisqu’il avait peut-être une taupe du nom de Kalla qui travaillait en qualité de planton à l’ambassade d’Accra55.
37Néanmoins, les Français comme les Nigériens réussirent à construire un bon réseau d’espionnage qui leur fournit de précieux renseignements, en particulier au Ghana. Les Nigériens réussirent même à placer des espions au niveau des camps d’entraînement des commandos. Abdoulaye Antama, l’homme de rang qui avait eu maille à partir avec son chef d’unité Siddi Abdou, était, semble-t-il, l’un d’entre eux, ou devint plus tard un informateur. Nous avons vu, au chapitre 9, Noufou Idrissa, le marchand de bois président du RDA d’Accra, rapporter ce qu’il savait des sawabistes du cru lors d’une visite rendue au gouvernement, à Niamey56. Les Français exploitaient leur propre infrastructure – comme ils le faisaient ailleurs dans la sous-région – et ont dû recourir à de nombreuses sources locales57. Il est possible que celles-ci aient inclus le rival économique de Noufou, Yacouba Idrissa, qui, en dehors de ses activités pour le Sawaba, travaillait comme informateur pour les services ghanéens. Son nom apparaît de temps en temps comme une source des rapports secrets des Français, et, en novembre 1959, des officiers français notent que si Idrissa était en relation avec le gouvernement ghanéen, il était également en contact avec leur ambassade à Accra. Comme il restait engagé aux côtés du Sawaba, tout ceci pourrait simplement vouloir dire qu’il était un personnage à la langue bien pendue, ou qu’il essayait de se faire de l’argent à travers ses contacts français. Cependant, il y a aussi l’intéressante éventualité qu’il se comportait en agent double, transmettant aux Français de fausses informations. Dans le rapport de novembre 1959, les Français avaient lancé un avertissement par rapport à la duplicité de l’homme d’affaires, qualifié de personnage dangereux. Deux ans plus tard, une rumeur avança que l’ambassadeur du Niger au Ghana avait exigé l’arrestation de Idrissa58.
Mort dans la cour
38À midi, le 22 mai 1962, Daouda Ardaly était au lit, se reposant dans sa demeure de Bamako, après déjeuner. L’officier de recrutement du Sawaba somnolait alors que le soleil commençait à taper, lorsqu’un homme fit brusquement irruption dans sa chambre, poignard au point, et se précipita sur l’activiste ensommeillé. Ardaly essaya de se défendre59 mais fut atteint au cœur et au foie avant d’avoir pu échapper à son assaillant en passant à travers la fenêtre. Titubant dans la cour intérieure, la victime essaya de gagner la rue mais s’effondra à l’entrée de la maison ; Daouda Ardaly était mort60. L’agresseur fuit la scène du crime mais la police le rattrapa et il fut tué alors qu’il résistait à son arrestation. Il s’appelait Alkassoum Alboro (Aiboro ?). C’était un ancien militant du Sawaba. On ne sait pas grand-chose de lui, sinon qu’il avait été soldat dans l’armée française d’Algérie. Il avait en fait déjeuné avec sa victime juste avant de faire intrusion dans sa chambre à coucher. Les données indiquent qu’Ardaly ne se méfiait pas de lui61.
39Ce meurtre à la facture de scénario de cinéma créa une onde de choc à travers les milieux Sawaba. L’officier de recrutement était en charge d’une des tâches les plus importantes du mouvement, à savoir traiter les dossiers des recrues et surtout canaliser les futurs étudiants vers leurs destinations en Europe de l’Est. Djibo Bakary publia sur l’heure un tract dans lequel il attribua l’assassinat au régime de Diori62 et, lors du premier anniversaire de la mort de l’activiste, le parti publia un hommage vibrant dans lequel l’accusation fut renouvelée et Ardaly présenté comme un « martyr de la cause africaine » (photo 11.4). Son trépas fut comparé à celui de figures emblématiques comme Patrice Lumumba et Félix Moumié, le leader de l’UPC camerounais, empoisonné par les services français en Suisse (octobre 1960)63.
Photo 11.4 – Daouda Ardaly (Sawaba, mai 1963).
40Plusieurs années plus tard, le journaliste français Georges Chaffard se présenta avec une histoire toute différente. Dans le chapitre qu’il consacre dans son livre aux faits récents touchant le Sawaba, il prétendit que quelques mois après le meurtre, un renégat du Sawaba, perclus de nostalgie, rentra au Niger et raconta aux autorités que l’assassinat avait été organisé par Bakary. Le leader du Sawaba et Ardaly se seraient disputés à propos d’argent et de femmes, Bakary s’étant mis à désirer la maîtresse de Ardaly, une assistante sociale malienne. Ardaly se serait plaint de ne pas avoir reçu de fonds suffisants de son supérieur et aurait fait régulièrement des chicanes à ce sujet, d’autant plus qu’il se serait mis en tête de relever son statut en épousant une femme d’origine autrichienne. Tout ceci aurait amené Bakary à décider l’assassinat de l’officier de recrutement du Sawaba. Le renégat ne fournit aucune preuve, mais Chaffard indiqua – sans divulguer ses sources – que lorsque le corps de Ardaly fut découvert, Djibo Bakary partit aussitôt pour le Ghana et n’assista pas aux funérailles, restant au Ghana un mois et demi et ne revenant au Mali que pour organiser le transfert du quartier général au Ghana64.
41De plus, d’après des sources britanniques, le gouvernement malien doutait aussi que le RDA ait été responsable du meurtre de Ardaly. Il affirma que l’assassinat était probablement le résultat d’une dispute personnelle à l’intérieur du mouvement, soutenant que des querelles d’argent avaient été rapportées concernant Ardaly et Alboro, son meurtrier. Par ailleurs, en réponse aux accusations de meurtre commandité émises par Bakary à l’encontre du gouvernement nigérien, Diamballa Maïga reçut un diplomate de l’ambassade de Grande-Bretagne en Côte d’Ivoire plusieurs semaines plus tard, se montrant « très désireux » de réfuter les allégations du Sawaba en offrant une explication alternative de l’assassinat. Selon le diplomate, Maïga assura que « le meurtrier présumé » n’était connu personnellement d’aucun ministre du gouvernement, bien qu’ils aient su qu’« il était un pauvre type qui était toujours en train de s’endetter ». Le ministre de l’Intérieur soutint que Daouda Ardaly « n’avait aucune notabilité au Niger » et le diplomate remarque que Maïga « mettait clairement l’accent sur ce point pour souligner que le Gouvernement du Niger n’avait aucun intérêt à se débarrasser de lui ». L’homme fort du RDA reconnut, cependant, que Ardaly « jouissait d’une certaine réputation à l’étranger », le disant même plus sérieux que Bakary. Se rendant compte que sa position vis-à-vis des gouvernements du Mali, du Ghana et de la Guinée déclinaient (à en croire Maïga), le leader du Sawaba aurait souhaité redorer son blason et discréditer le régime nigérien en mettant en œuvre l’assassinat de Ardaly, dont il aurait été jaloux65.
42Mais de nombreux aspects de ces explications alternatives, qui se contredisent dans une certaine mesure, ne cadrent pas. Certains éléments paraissent bien peu probables et d’autres sont tout simplement grotesques. Avant de les examiner, il convient de dire quelque chose sur les sources utilisées par Chaffard. Il est fort probable que ce journaliste, qui se reposait sur les informations en provenance du gouvernement (de façon écrite ou orale66), était influencé par la présentation des évènements faite par le Niger. La source de l’un des arguments alimentant sa thèse sur un meurtre ordonné par Bakary – l’absence de ce dernier aux obsèques – est inconnue, mais celle de son second indice – le départ du leader du Sawaba pour le Ghana, suivi du déplacement du quartier général sur Accra – était probablement le journal gouvernemental Le Niger ; en octobre 1964, le périodique soutint que cela constituait une preuve de la culpabilité de Bakary. L’article en question, plein de sous-entendus67, répéta pour l’essentiel les allégations de Maïga en soutenant que, grâce à ses contacts dans les pays de l’Est, Daouda Ardaly commençait à éclipser Djibo Bakary. Ce dernier ordonna à Alkassoum Alboro, identifié par son nom dans l’article et présenté comme un « militant actif sawaba », de régler son compte à son rival. D’après l’article, le déplacement du siège du Sawaba était « très significatif ». Le lien entre l’ordre d’exécution supposé de Bakary et son départ subséquent pour Accra fut repris dans un article du même journal un an plus tard. En 1967, lorsque Chaffard arriva au Niger, l’idée de l’implication de Bakary dans l’assassinat de Ardaly était devenue monnaie courante68.
43Cependant, en se basant, pour ses informations, sur les dires d’un transfuge, Chaffard ne fait qu’accroître les doutes sur leur véracité, puisqu’un renégat aurait tout intérêt à se conformer aux besoins du régime. Il est naturellement possible que le leader du Sawaba et Daouda Ardaly aient été en désaccord sur des questions d’argent. Mais grâce aux bailleurs du Sawaba, les fonds ne manquaient pas vraiment, et comme Bakary et Ardaly avaient tous deux de nombreux contacts en Europe de l’Est, il n’apparaît pas clairement que l’argent ait pu être une source de problèmes. L’officier de recrutement avait d’immenses responsabilités, prenant des décisions sur les bourses, se procurant et distribuant documents de voyage et tickets, et accompagnant étudiants et conscrits à l’aéroport. Ardaly devait avoir de l’argent liquide sous la main. Si les femmes constituaient une source de tension, le compte-rendu qu’en donne Chaffard est paradoxal, nous montrant Bakary en train de convoiter la maîtresse de Ardaly, tandis que son lieutenant désirerait une autre femme, originaire d’Autriche. On ne devrait pas écarter ce dernier élément trop rapidement69, mais l’idée que ces liaisons aient pu créer une rupture entre les deux hommes sent un peu trop la campagne de dénigrement. Dans tous les cas, cela aurait été une raison bien frivole pour assassiner un personnage comme Ardaly. Dan Galadima, qui occupait un poste élevé dans la hiérarchie du parti – et était certes alors en Afrique du Nord – n’avait conscience d’aucune dissension interne. Il en était de même des autres70. Même si la théorie de Chaffard était exacte, il suffisait de remplacer Ardaly, d’autant plus que le meurtre d’un cadre disposant d’un tel réseau était très dommageable pour le mouvement et ne rapprochait pas Bakary de son objectif primordial, la reprise du pouvoir. Il en est de même dans le cas où, comme le suggère Diamballa Maïga, un meurtre commandité par Bakary avait été inspiré par l’importance croissante de Ardaly71. Enfin, les autorités maliennes, tout en laissant entendre que le meurtre n’avait pas été ordonné par le régime nigérien mais résultait d’un conflit à l’intérieur du Sawaba, parlèrent d’une querelle d’argent entre Ardaly et Alboro, son assassin – sans se référer à Djibo Bakary72.
44Le gouvernement de Modibo Keita avait un intérêt en vue lorsqu’il minimisa l’implication de Niamey. À cet égard, il est certainement possible que Bakary se trouvait à Bamako à l’époque, qu’il n’assista pas aux funérailles et qu’il partit aussitôt au Ghana. Mais on peut douter qu’il faille voir là un signe de connivence. Le leader du Sawaba était constamment en voyage, et l’assassinat a pu créer une panique sécuritaire le contraignant à partir pour Accra – un environnement plus sûr du point de vue politique. Par ailleurs, une réunion du bureau politique allait s’y tenir (Ardaly lui-même était sur le départ) et à peine un mois plus tard, Bakary était de retour en ville et parlait sur les ondes de Radio Bamako73. Comme nous l’avons vu au chapitre 10, les rumeurs sur la fin de la présence du Sawaba au Mali remontaient déjà à novembre 1961 – bien avant l’assassinat de Ardaly – et avaient plus à voir avec les difficiles tentatives maliennes d’amélioration des liens avec Niamey qu’avec un présumé meurtre commandité par Bakary. C’est seulement à l’automne 1962, bien longtemps après le meurtre, qu’il fut demandé à ce dernier de déplacer son quartier général. Ainsi, puisque la base ghanéenne avait commencé à croître en importance et que les infrastructures du Sawaba à Gao (et, de façon plus limitée, à Bamako) demeuraient intactes, que par ailleurs Bakary continuait ses allées et venues, le meurtre d’Ardaly ne marqua pas un tournant dans la transplantation à Accra – bien qu’il ait pu convaincre les Maliens d’y pousser74.
45Une dernière objection à l’encontre des suppositions de Chaffard sur l’implication de Bakary est qu’en une telle occurrence, il eût été logique d’envoyer un commando loyal depuis le Ghana. Mais le meurtrier vint du Niger75, ce qui nous amène aux circonstances mêmes de l’assassinat. C’est un câble diplomatique britannique qui a identifié Alkassoum Alboro comme étant le meurtrier, trouvant manifestement sa source dans des consultations avec les autorités maliennes. Ce détail fut confirmé deux ans plus tard par une mention dans le journal gouvernemental nigérien76. Il était Nigérien77, et, d’après le ministre nigérien de l’Intérieur, il était pauvre et endetté. En dehors de liens avec le mouvement et, peut-être d’un passé dans l’armée coloniale française, les sources du Sawaba ajoutent qu’il a pu être mentalement déséquilibré et qu’il avait un passé criminel – bien que la source mentionnant ce détail ait pu provenir de l’éventualité d’une querelle entre Alboro et Ardaly ayant par la suite mené à leur lutte mortelle, et pour salir la réputation de l’assassin78. L’éventualité d’une dispute entre les deux hommes milite également contre l’idée que Alboro ait été un homme de main de Bakary. Il est donc possible que l’assassin ait agi de sa propre initiative79. Le déjeuner avec Ardaly montre qu’ils avaient quelque affaire à régler, peut-être parce que Alboro voulait étudier à l’étranger. L’hommage rendu en 1963 à l’officier du recrutement du Sawaba indique que ses devoirs l’avaient contraint à faire des choix difficiles en matière de candidats80. Si, pour le gouvernement malien, il s’agissait d’une querelle d’argent, il n’a pas été question d’argent volé, ce qui ne nous éclaire guère sur les raisons qu’Alboro aurait eu de tuer Ardaly (en dehors de la vengeance), puisqu’un tel acte ne faciliterait pas l’obtention d’une bourse. Le fait que le lieutenant de Bakary ne se soit pas méfié de son visiteur et ait gagné son lit après avoir mangé avec lui remet peut-être en cause l’éventualité d’une dispute antérieure, dont l’unique source se trouve dans une assertion d’autorités maliennes intéressées à désamorcer les tensions avec Niamey.
46Reste alors un troisième scénario possible qui pourrait jeter la lumière sur le meurtre de Ardaly, à savoir que le régime nigérien serait bel et bien à l’origine de l’ordre de tuer. Un bulletin de l’AFP, diffusé le lendemain de l’assassinat, dit qu’il s’agissait probablement d’un meurtre politique, ajoutant qu’au cours des mois précédents, les leaders du Sawaba avaient été mis en garde au sujet de voyageurs suspects se présentant comme des sympathisants. Étant donné les efforts d’infiltration et d’enlèvement jusque-là déployés par le régime, une telle alerte n’avait rien de singulier. En tant qu’agent recruteur du Sawaba, Ardaly était chargé de la tâche décisive d’aider à construire une armée de guérilleros et à cultiver les cadres administratifs avec lesquels on allait s’emparer de l’État – entreprise vitale et conséquemment risquée qui le mettait en vue. Ainsi que nous l’avons noté, Daouda Ardaly était en général prudent quant à l’admission des recrues et rejetait souvent des candidats, au point de provoquer de l’irritation parmi les leaders de la branche interne81.
47Le fait que l’assassin soit venu à Bamako du Niger laisse penser, de prime abord, que le meurtre a été ordonné par le gouvernement de Niamey82. L’empressement avec lequel Diamballa Maïga chercha à convaincre son visiteur britannique de l’innocence du régime, à quelques six semaines du fait, l’amena à faire plusieurs déclarations tendant à le montrer. D’abord, l’éminence grise de Diori, tout en niant connaître en personne le meurtrier, n’en donna pas moins plusieurs détails sur la vie de Alboro, assurant par exemple qu’il était endetté – ce qui suggère à tout le moins la possibilité qu’il a pu être payé pour accomplir les basses œuvres du régime. Ensuite, le diplomate britannique observe que Maïga a fortement insisté sur l’insignifiance d’Ardaly au Niger afin de bien montrer que le gouvernement n’avait aucune raison de s’en prendre à lui. Ce faisant, le ministre révéla ce dont le régime était capable. Enfin, il se contredit lui-même en faisant allusion à la place importante occupée par Ardaly dans la branche externe du Sawaba. Certains sawabistes ont, par la suite, avancé que cette importance de la position de Ardaly était suffisante pour inciter le RDA à l’éliminer83.
48Cependant, si l’interlocuteur britannique de Maïga parut impressionné par l’explication alternative qui accusait Bakary du meurtre84, il rapporte que les activités et l’influence interne du Sawaba inquiétaient « beaucoup » le gouvernement. Si, au mieux, ceci ne renvoyait qu’à l’éventualité que le régime, à travers Alkassoum Alboro, n’avait pas visé l’officier du recrutement du Sawaba mais Djibo Bakary lui-même (qu’il avait tenté de kidnapper jadis), il existe d’autres données indiquant que tel était bien le cas. Une quinzaine de jours après le meurtre, un diplomate britannique en poste à Bamako envoya un rapport à Londres rendant compte d’une conversation qu’il avait eue avec l’ambassadeur du Maroc au Mali. Ce diplomate nord africain, qui était « très au fait de ces matières et connaissait bien Ardali [sic] », dit à son collègue anglais que l’assassin était venu à Bamako deux semaines avant le meurtre, espérant rencontrer Bakary lui-même. À l’époque, le leader du Sawaba se trouvait hors du pays (peut-être en Guinée), ce qui força l’assassin à rester sur place :
« Ayant traîné à Bamako dix à douze jours en l’attendant, le meurtrier finit par faire intrusion chez Ardali une après-midi et poignarda ce dernier lors de sa sieste. L’ambassadeur du Maroc considère qu’il a été envoyé (ou était venu) à Bamako dans le but d’assassiner Bakary, mais que le fait de l’attendre joua sur ses nerfs, si bien qu’il finit par tuer son secrétaire à sa place85. »
49Cette explication sans équivoques soulève bien entendu la question de savoir comment le diplomate marocain était au courant de tout ceci. Il est clair qu’il connaissait Daouda Ardaly personnellement, ce qui devait être lié à l’Opération Formation des Cadres – dans l’optique de laquelle des sawabistes partaient étudier au Maroc – et à l’envoi de recrues à Kibdani, pour entraînement militaire. Si l’on ne saurait écarter l’idée que l’ambassadeur était affecté par la colère lorsqu’il fit ces remarques, il existe deux autres sources qui confirment que la cible de Alboro était bien Djibo Bakary, et non son lieutenant86. Le bulletin de l’AFP sur la mort de Ardaly indique que l’alerte portant sur des personnes hostiles tentant d’avoir accès aux sawabistes, au Mali, avait été dirigée spécialement à l’endroit de Bakary lui-même87. Par ailleurs, nombre d’années plus tard, Boubakar Djingaré, le maçon niaméyen et commando, avança que Ardaly avait été poignardé par un ancien sawabiste qui recherchait en fait Bakary. Bien qu’il ait pu avoir eu vent, par la suite, de cette explication à travers d’autres maquisards, Djingaré se trouvait, au moment de l’assassinat, non pas à Bamako, mais à l’école syndicale de Conakry – et par suite, il est peu probable qu’il ait connu l’ambassadeur du Maroc au Mali88.
50Dans ses ressouvenirs, Djingaré ajoute qu’il ignorait si c’était le gouvernement nigérien qui avait ordonné le meurtre de Bakary. Mais si Alkassoum Alboro avait recherché une autre personne avant d’aller tuer Ardaly, il y a fort à parier qu’il n’agissait pas de son seul chef, et qu’il suivait plutôt des ordres, surtout si l’on met ceci en rapport avec les avertissements à propos de personnes infiltrées89. Par conséquent, étant donné l’obsession du régime pour Bakary ainsi que le témoignage catégorique de l’ambassadeur du Maroc, on peut conclure que l’action commanditée contre le leader du Sawaba provenait de Niamey. Si son lieutenant était une bonne cible de remplacement, au vu de son importance pour le mouvement – reconnue aussi bien par Diamballa Maïga que par les sawabistes –, il est impossible de prouver que le régime ait donné à ce sujet également des instructions par avance, bien qu’en considération de ce que nous savons du régime RDA, on ne peut non plus écarter complètement cette éventualité90.
Les gens de la côte
51Donc la fin sanglante de Daouda Ardaly – à qui succéda, au poste d’officier de recrutement, un autre syndicaliste, Mamoudou Pascal91 – témoigne de la détérioration des rapports entre le gouvernement et l’opposition ainsi que de la violence croissante du règne du RDA. Nous avons vu qu’un mois avant la mort de Ardaly, il y avait eu une autre vague d’arrestations dans la capitale, tandis que le Sawaba publiait sa déclaration de politique générale de 1962 qui appelait ouvertement à la chute violente du régime92. Alors que le leadership jurait de venger le meurtre de son officier de recrutement, de nouveaux volontaires quittaient le Niger pour joindre les rangs du mouvement93. La répression continua, illustrée par un autre train d’arrestations arbitraires en février 1963, qui débuta à Niamey mais s’étendit à travers le pays pour toucher des régions comme Agadez, le Kaouar et Zinder94.
52La brutalité des gendarmes à l’égard des nomades bouzou montre que les sawabistes n’étaient pas les seuls à pouvoir souffrir des réactions du régime. Mais l’impression chronique d’insécurité ressentie par le régime, étant donné ses bases sociales précaires, pouvait mener à bien pire. Les contestations syndicales qui ont secoué le monde politique du Dahomey voisin en 1963 avaient non seulement mené à l’effondrement de la première république de ce pays, mais aussi créé de problèmes graves au Niger. Les manifestations massives de Cotonou contre la corruption et les mesures d’austérité, au cours des derniers jours d’octobre, furent entachées d’émeutes dans lesquelles au moins trois immigrés nigériens furent tués et plusieurs blessés95. Ces évènements conduisirent l’armée dahoméenne à décider le renversement du gouvernement de Hubert Maga – un bon ami de Diori, qui préférait clairement Maga au gouvernement gauchiste qui suivit l’interlude militaire (janvier 1964)96.
53Les évènements d’octobre menèrent à de vives réactions au Niger, aussi bien au sommet du système politique que parmi les citoyens ordinaires. La rumeur dit que Maga avait réclamé l’intervention militaire de l’Entente pour étouffer les contestations, et le gouvernement de Diori a apparemment considéré une telle action, avant de se heurter à l’opposition du capitaine Diallo et de Zodi Ikhia à l’envoi des troupes requises. Les nouvelles des morts et blessés de Cotonou atteignirent cependant rapidement Niamey. Il est possible que ces personnes aient été des victimes accidentelles, prises dans les troubles, mais ces morts indignèrent l’opinion publique et alimentèrent les vieux réflexes xénophobes à l’égard des immigrés AOFiens, en particulier les « gens de la côte97 ». Comme les Dahoméens et les Togolais étaient en général plus instruits, ils avaient souvent retenu leurs postes dans l’administration, frustrant ainsi les chercheurs d’emploi. De plus, les Dahoméens dominaient une partie du secteur privé, spécialement le commerce des fruits et des produits de base comme l’huile d’arachide98. Politiquement marginalisés, nombre d’entre eux se sentaient attirés par le message du Sawaba, bien que cela les rendait encore plus vulnérables. Ainsi que nous l’avons noté, en 1962, le brandon d’agitation Issa Ibrahim attisa la haine contre les Dahoméens de Zinder qui avaient, pour nombre d’entre eux, des liens avec le Sawaba. Il les menaça de déportation, ajoutant qu’ils étaient « les derniers des Africains », à qui n’étaient réservés que pauvreté et chômage99. Ces discours haineux exploitaient des courants sous-jacents qui n’étaient jamais loin de la surface, comme le montra, l’année précédente, une bagarre à Niamey impliquant plusieurs personnes originaires du Dahomey et causant quelques blessures (janvier 1961). Diamballa Maïga blâma des sawabistes impénitents pour l’incident100. Sous Djibo Bakary, dont l’orientation fédérale avait été forte dès le départ, le gouvernement désapprouvait la xénophobie101, et, avec des AOFiens en son sein, il défendait les droits des immigrés. Ne serait-ce qu’au plan idéologique, une telle intolérance n’était pas adaptée à un parti qui se voyait comme un membre du mouvement ouvrier international. Ainsi, en avril 1958, devant une foule de 3 000 personnes, Bakary appela le peuple à considérer les AOFiens comme leurs « frères véritables », et quelques mois plus tard, il réagit vivement aux tentatives de certains militants de la base de faire remplacer les membres AOFiens du gouvernement102. Par conséquent, après son éviction du pouvoir, le Sawaba avait continué à tenir compte de ces immigrés devenus des marginaux au plan politique103.
54Pour les Dahoméens, cette proximité avec le Sawaba devenait, à présent, un désavantage. Au plus fort des troubles de Cotonou, le RDA prit des mesures pour protéger les immigrés à Niamey. Mais, en même temps, il n’apprécia pas les allégations des syndicalistes de Cotonou à propos d’ingérences nigériennes dans les affaires du Dahomey. Lorsque le résultat des émeutes devint clair, avec l’éviction de l’ami de Diori et des Nigériens qui comptaient leurs morts, Niamey s’efforça de calmer les esprits et de prévenir tout désordre en confisquant les fusils de chasse et en suspendant un petit nombre de policiers d’origine dahoméenne (5 novembre 1963). Par la suite, deux d’entre eux furent déportés, puis trois, mais ceci encouragea les Nigériens à en vouloir davantage, sous prétexte que l’administration ne pouvait compter sur la loyauté d’étrangers. Le gouvernement céda et décida de limoger tous les 51 agents de police étrangers africains (48 Dahoméens et 3 Togolais), quoique avec des indemnités, un mois de salaire et le maintien de la pension de retraite104. La mesure attisa encore plus les appétits et la rumeur d’un renvoi de tous les fonctionnaires dahoméens se répandit. Puis, dans la nuit du 21-22 novembre, des troubles éclatèrent suite à une information selon laquelle un Dahoméen de Niamey, qui avait été licencié et s’apprêtait à retourner dans son pays, avait tué sa femme nigérienne lorsque cette dernière s’était refusée à le suivre. L’homme fut lui-même tué et les incidents se propagèrent, des Dahoméens furent molestés, des maisons détruites, et les caves à liqueur des Dahoméens furent pillées sous l’œil de la police qui n’intervint pas. Le jour suivant, une rumeur annonça que quelqu’un avait tué un autre Dahoméen au coupe-coupe. La panique se répandit et les Dahoméens prirent des mesures qui se muèrent en un début d’exode105.
55Comme il fallait s’y attendre, tout ceci mena à de vives réactions au Dahomey, où une compagnie de l’armée fut envoyée à Malanville pour assister les déportés, acte, cependant, que le gouvernement de Niamey interpréta comme un geste d’hostilité à cause des déclarations incendiaires des syndicalistes dahoméens. L’ambiance révolutionnaire qui régnait à Cotonou conduisit les médias dahoméens à réagir avec une passion caractéristique, appelant les syndicats nigériens à se révolter contre leur gouvernement et mettant Niamey en garde sur le fait que les Dahoméens feraient appel à Djibo Bakary si les expulsions continuaient. Ceci mit évidemment le RDA en colère. Par ailleurs, Mounkaila Beidari, le commissaire politique du Sawaba pour la région de Téra, stationné à présent à Niamey, écrivit une lettre à Justin Ahomadegbé, le nouveau vice-président du Dahomey, l’avertissant de manœuvres militaires nigériennes et appelant les Dahoméens à attaquer le régime RDA. Le bruit circula aussi que Bakary avait été aperçu à Parakou début décembre. Si cela est vrai, on ne sait pas quelle était sa mission (elle avait peut-être à voir avec la mutinerie de Diallo qui était alors en cours), mais le Sawaba avait des relations avec le Nord Dahomey depuis longtemps et était en train de mettre en place ses infrastructures dans le secteur. Aussi, en fin novembre, Niamey envoya des soldats à Gaya en réponse au déploiement de militaires dahoméens106.
56Si Boubou Hama et Diamballa Maïga parurent s’efforcer de calmer les esprits, donnant des assurances sur la protection des immigrés, le régime fit monter la pression au cours de la deuxième semaine de décembre en étendant les ordres d’expulsion à tous les fonctionnaires dahoméens et en demandant au secteur privé de l’imiter. Les autorités du Dahomey ordonnèrent ensuite à leurs citoyens de rentrer et nommèrent un ministre résident à Malanville pour superviser l’évacuation107.
57Un flot de réfugiés commença à se former, constitué de fonctionnaires licenciés (750 à 800) avec leurs dépendants, cherchant à gagner un lieu sûr. En fin 1963, 3 000 personnes étaient passées par Parakou. À ce stade Boubou Hama, soutenu par Maïga, avait cédé aux postures anti-dahoméennes, se servant du leader syndicaliste RDA René Delanne comme porte-voix et faisant des discours alarmistes dans les médias. Diori essaya de calmer le jeu, mais le climat fut davantage empoisonné lorsque le Niger ressuscita une dispute frontalière qui se développait depuis l’indépendance. Le point central du conflit était Lété, une île du fleuve Niger utilisée par des paysans dahoméens et des Peuls du Niger, ce qui créait parfois des problèmes. Le ministre nigérien de la Défense, décidé à démontrer les desseins expansionnistes des Dahoméens, publia un livre blanc sur les troubles qui s’étaient produits à Lété trois ans auparavant, et qui avaient mené à la destruction de nombreuses cases et à la mort de quatre Nigériens. Tandis qu’il assurait qu’il y avait des troupes étrangères sur l’île, le leader militaire du Dahomey se plaignait de la présence des Nigériens108 et, en réponse, il stationna une compagnie de combat renforcée le long de la frontière. De plus, l’armée et la gendarmerie dahoméennes, armées de mortiers et de canons, commencèrent des exercices dans le Nord109. Hama dénonça cette « tentative d’agression » et lança un appel aux volontaires, incitant à faire des dons d’argent et à armer les civils. Suivant ses habituelles manières pompeuses, le président du RDA dit aux jeunes de produire des cocktails Molotov et aux forgerons de forger des fusils et de préparer du poison. De façon plus spectaculaire, le régime fit venir à Niamey, par voie aérienne, des troupes stationnées à Agadez et Zinder pour les déployer sur la frontière. Comme, en retour, les syndicats et étudiants dahoméens s’étaient mis à se mobiliser, les Dahoméens du Niger essayèrent de fuir en masse. Mais lorsque les leaders du Dahomey décrétèrent un blocus stoppant les importations du Niger et – à la grande fureur de ce dernier – le transport de l’arachide, Niamey interdit tout mouvement de Dahoméens sur le territoire nigérien. Coincés à Gaya et dans l’impossibilité de traverser la frontière, la masse de réfugiés s’accrut jusqu’à atteindre 3 000 à 4 000 personnes à la fin de l’année, souffrant du manque de nourriture et d’eau ainsi que de mauvaises conditions d’hygiène110.
58Sans essayer de cacher les difficultés créées par les réfugiés au niveau de leur économie, les Dahoméens se plaignirent de ce que le Niger essayait de compromettre leur révolution. Ils accusèrent Diori de soutenir Maga, le président déchu. Pendant ce temps, le Niger négociait avec le Nigeria le transport de l’arachide vers les ports de ce pays, mais fut confronté à des problèmes économiques et organisationnels croissants lorsque les convois important nourriture et médicaments furent bloqués – provoquant une spirale de hausse des prix – et le départ de personnel qualifié plongea le pays dans le chaos, au plan administratif. On pourvut les postes de l’administration avec des cadres ou du personnel provincial sans qualifications, tandis que les hôpitaux et autres services firent face à de sérieuses difficultés. Dans les campagnes, la situation devint alarmante111.
59La tragédie humanitaire qui se mettait en place à Gaya déclencha une intervention internationale lorsque le leader du Dahomey en appela au Conseil de sécurité et Diori rejeta un plan français d’évacuation des réfugiés. Un tourbillon d’activités diplomatiques se développa et plusieurs pays offrirent leur médiation, ce qui conduisit à une rencontre de bas niveau entre les deux parties, sur la frontière, au début de janvier 1964. Les tensions s’apaisèrent et, au milieu du mois, les Dahoméens expulsés purent traverser le pont de Malanville. Comme le Niger cessa toute nouvelle expulsion d’employés du secteur privé, l’exode finit par s’éteindre, non sans avoir, cependant, mené au départ de plusieurs milliers de personnes – les estimations courant entre 7 500 et 20 000 départs112. Nombre de ces gens avaient toujours vécu au Niger. Les négociations subséquentes tournèrent autour du retrait mutuel des troupes, qui prit finalement place en mars-avril113. Les pourparlers portant sur les questions économiques traînèrent jusqu’à l’été, menant à une rencontre, à Dosso, où on renoua les liens commerciaux en prononçant des discours sur la façon dont le fleuve Niger constituait un lien entre les deux pays et non une pomme de discorde. On observa une minute de silence à l’endroit des victimes de la crise, mais elle sonna plutôt creux, d’autant plus que la question de l’île de Lété n’avait pas été résolue, pas plus que celle de la compensation des immigrés dahoméens dont beaucoup étaient partis sans toucher d’indemnités114.
60La mauvaise gestion de cette crise par Niamey conduisit à l’établissement, au sud de ses frontières, d’un gouvernement gauchiste hostile qui nourrissait de la sympathie pour le Sawaba, sur la base de contacts anciens, tels que ceux existant entre Joseph Akouété, le lieutenant togolais de Bakary, et Sourou Apithy, jadis un leader de l’opposition, et à présent chef de l’État dahoméen. Si les milieux dahoméens avaient eux aussi réagi de façon excessive, le caractère branlant de leur administration nouvelle, marquée par des querelles entre Apithy et son vice-président, ne constituait guère une consolation pour Niamey puisqu’il compliquait le paysage politique dahoméen. Le nouveau régime n’était pas apprécié au nord, comme le montrent les clashes de Parakou entre gens du Nord et originaires du Sud, en mars 1964, avec plusieurs victimes à la clef. On accusa Niamey d’avoir eu à voir avec le conflit115.
1964
61Le traitement cruel des Dahoméens montre que le règne du RDA était de plus en plus marqué par le manque de sang-froid et la propension à la brutalité. Diallo, le capitaine mutin, à présent en prison, subit, au début de 1964, un premier interrogatoire. Les services français rapportent que les personnes arrêtées pour le soulèvement militaire du mois de décembre de l’année précédente furent « durement » interrogées, expliquant que les méthodes étaient parfois « brutales » et menaient à des « aveux spontanés » aux « preuves insuffisantes », ce qui répandit dans la capitale la peur d’être dénoncé. En fin janvier, les Français parlent de « l’état physique lamentable des prisonniers inculpés dans cette affaire », mentionnant des « bruits particulièrement pessimistes […] sur le cas particulier du capitaine Diallo116 ».
62Ils n’avaient jamais auparavant parlé en termes aussi clairs des mauvais traitements et de la torture, mais ils étaient inquiets des excès du régime117. La mutinerie, s’ajoutant à la crise dahoméenne et à l’implication du Sawaba, avait créé un climat d’hystérie dans lequel les réactions exagérées étaient devenues monnaie courante. Comme nous l’avons noté au chapitre précédent, les sawabistes soupçonnés d’implication dans les plans de Diallo furent mis en état d’arrestation, même lorsqu’ils avaient depuis longtemps cessé d’être des membres actifs du mouvement. Le traitement qu’ils reçurent fut rude. Lors de son transfert sur Tillabéri, Maïdanda Djermakoye aurait été transporté dans un sac118. Sanda Hima, le frère de Djibo Bakary, aurait été bastonné au poste de police119. Dans un tel contexte, les accidents ne devaient pas tarder. Le 29 janvier, les services secrets français rapportent à Paris que le régime avait confirmé la mort de Mody (Moddy) de Gamkallé, adjudant-chef de première classe de Diallo, qui se serait suicidé. Cependant, notent les Français, « un docteur appelé à soigner le capitaine rebelle déclarait […] qu’il avait trouvé celui-ci en très mauvais état physique ». L’homme qui était probablement responsable de cet état de fait était le chef de la gendarmerie, le capitaine Garba Badié. Ainsi, les Français avertissent que le pouvoir de Badié, qui avait cru sous la protection de Maïga, au cours de la mutinerie, pouvait devenir un problème. Sans qu’il soit certain qu’ils aient pensé à la mort de Mody, des sawabistes accusèrent plus tard Badié en termes explicites, affirmant qu’il avait « assassiné » l’officier (mais en donnant une mauvaise date, le 9 février, donc dix jours après l’annonce du décès120). Parmi les sawabistes tués – battus à mort semble-t-il – figurent Djimaraou Rabo et Kaka Koussou (le chauffeur), bien qu’on ne sache pas si ces décès survinrent au cours de cette période ou par la suite – mais probablement avant l’été-automne de 1964121.
63Pendant ce temps, les vagues d’arrestation gagnaient du terrain, sans qu’on s’embarrasse de preuves de culpabilité. Si plusieurs personnes étaient effectivement impliquées dans la tentative de coup d’État, de nombreuses autres – tel que Djermakoye – ne l’étaient pas. En dehors des meneurs de la mutinerie (Diallo, Zodi Ikhia, Garba Sangara) et de sawabistes comme Arouna Zada, Sanda Hima et Madougou Namaro, on avait aussi arrêté Alassane Abba, le directeur de cabinet de Ikhia et deux de ses assistants ; trois gardes du capitaine Diallo ; son frère – un sergent – qui aurait eu des documents compromettants en sa possession ; et Issa Ibrahim, i. e. Ibrahim Issa, le cadre du Sawaba et journaliste qui avait passé un compromis et était devenu directeur à l’information au ministère de la Défense. En début janvier, les Français comptèrent 50 détenus et si leur nombre n’a pas atteint les 2 000 personnes dont avait fait état une déclaration du Sawaba à Accra, Maïga lui-même dit à un diplomate qu’environ 80 personnes avaient été arrêtées, y compris 24 militaires122.
64Pis, il dit aussi à ce diplomate que 15 Français d’obédience gauchiste étaient impliqués, certains d’entre eux étant proches de Diori. Cette accusation burlesque pour laquelle aucune preuve ne fut avancée témoigne de la montée de la frénésie paranoïaque. Pour les Français, il s’agissait là surtout du résultat de l’influence croissante de Boubou Hama – dont ils déploraient le manque de modération – et de Maïga, dont le pouvoir avait été dopé par la mutinerie. Néanmoins, Diori lui-même désira publiquement des sanctions exemplaires afin de décourager toute nouvelle tentative de coup d’État, et, en attendant le procès des mutins (qui fut différé à plusieurs reprises), il déclencha des mesures exceptionnelles de sécurité123.
65Dans ces circonstances, une tardive tentative de rapprochement entre le Sawaba et le RDA n’aboutit à rien. Il fut demandé à Adamou Sékou, qui avait été relâché de Bilma, de se rendre à Bamako pour parler avec Bakary à la suite de la visite de Modibo Keita à Niamey. Ces efforts échouèrent puisque Bakary rejeta une fusion qui devait s’opérer sous le nom du RDA, renouvelant, au lieu de cela, son appel à de nouvelles élections – une exigence caractéristique d’un mouvement dont le dynamisme lui permettait de faire face à une confrontation électorale avec quelque confiance124. Comme – ainsi que nous l’avons noté – ceci fut suivi d’une nouvelle vague d’arrestations, la tentative connut le même sort que les initiatives de médiation de l’année précédente. En mars 1963, Bakary, approché par deux officiels nigériens, avait exigé l’amnistie, l’entrée du Sawaba au gouvernement et le départ du personnel français. Au mois de novembre suivant, il se rendit à Lomé, demandant au président togolais de plaider son retour auprès de Diori. Ce dernier envoya Georges Condat pour des pourparlers au cours desquels le Niger soutint que le leader du Sawaba devait faire amende honorable, et Bakary répliqua en exigeant de participer au gouvernement. Une lettre à Adamou Sékou, qui fut interceptée et dans laquelle Bakary indiquait que le RDA était aux abois et Condat un traître, permit à Boubou Hama de torpiller les échanges125.
66Ainsi, les « Rouges » étant plus que jamais aux postes de commande, le régime entrait dans une logique de confrontation. Nous avons vu, au chapitre 10, que des dizaines de gens avaient été arrêtés en mai 1964 à Maradi et Zinder – y compris des membres de la police et de la garde républicaine – car ils étaient suspectés d’être impliqués dans les opérations d’infiltration du Sawaba organisées depuis le Nord Nigeria. Les services français ne croyaient pas, cependant, que la stabilité était menacée, et ils étaient d’avis que les autorités réagissaient de manière excessive, certains des piliers du régime se rendant coupable d’intoxication alarmiste. Cette tendance croissante à la réaction excessive ne se limitait pas à cette région, comme les nomades bouzou de Tahoua allaient bientôt s’en apercevoir126. L’incident a pu être attisé par la visite prochaine de Diamballa Maïga et Boubou Hama, qui, en fin mai, avaient entrepris une tournée dans le centre du Niger, dans le but d’y relancer le soutien déclinant du RDA. Tandis que d’autres personnes visitaient les régions de l’Ouest et de l’Extrême-Est, les intransigeants du triumvirat (Diori se trouvait à une conférence au Tchad) s’occupèrent du centre profond, voyageant de Birnin Konni à Keïta, à l’est de Tahoua, avant de poursuivre sur Dakoro, Tahoua même, Bouza, Madaoua et Maradi. L’objectif de cette tournée, remarquable du fait de ses membres de haut-niveau, était – pour reprendre les termes du président du RDA – d’éduquer les masses. Leur présence dans ce qui représentait, pour le RDA, la région la plus sensible, ne pouvait manquer d’aviver les tensions. Peu avant le voyage, Hama avertit qu’il y avait des trublions dans certaines parties du pays – il entendait clairement le Centre-Est – mais qu’on les dénicherait et qu’ils seraient punis pour l’exemple127.
67La signification possible de ces propos devint manifeste à Djirataoua, un village des abords de Maradi, sur la route menant à la frontière nigériane (et dont le chef de canton fut dénoncé comme sawabiste par un de ses propres parents, figure locale du RDA128). Dans cette région toujours rétive, les services français rapportent que les gens voyaient d’un mauvais œil le passage de Hama et Maïga. À l’image de ce que Messmer et Diori avaient vécu lors de leur visite à Tahoua et Maradi (1959), les « Rouges » furent chahutés par les foules, des sympathisants du Sawaba paraît-il, lors d’un meeting public – une autre source indique que les « Rouges » se sentirent insultés lorsque les gens quittèrent la scène pour aller prier. Après le départ des intransigeants du régime, la police se mit à arrêter des gens, sur ordre direct de Maïga et Hama. La plupart des détenus n’étaient sans doute pas des gens du Sawaba, mais 35 personnes furent bouclées dans une prison locale dans la nuit du 27 au 28 mai, entassées dans une cellule, sans eau ni assez d’air. Suivant le témoignage subséquent d’un ministre RDA, les prisonniers appelèrent à l’aide durant la nuit129.
68Le lendemain matin, les gardes firent une horrible découverte : 21 personnes étaient mortes130. Selon une source, la police avait paniqué, mais les Français lient les arrestations à la découverte antérieure d’un réseau local d’infiltration, plus particulièrement, celui qui avait infiltré l’administration de Maradi131. Une source britannique identifia les victimes comme des suspects de militantisme anti-gouvernemental, dont certains des camarades avaient pu éviter l’arrestation en fuyant au Nigeria, « sans aucun doute avec des armes132 ». Dans tous les cas, l’horreur était sans précédent, même dans le dur contexte de la vie politique nigérienne, et elle souligne une montée de la violence dans les rapports entre le gouvernement et l’opposition. D’un autre côté, la présence de Diamballa Maïga dans la région au moment de l’incident rappelle étrangement le rôle joué par le pilier du RDA dans les évènements violents d’avril 1958133. Les liens entre les arrestations et le Sawaba suggère à tout le moins une dureté volontaire des autorités, qui cherchèrent d’abord à enterrer l’incident.
69Le 30 mai, cependant, Diori décida de rendre l’affaire publique. La stupéfaction fut générale à travers le pays. Ebranlé par l’affaire et craignant pour son prestige, le président ordonna une enquête, promit de punir les responsables et, en début juin, entreprit une tournée dans la région – sans Hama ou Maïga – pour calmer l’indignation populaire et raccommoder son image. Les Français s’inquiétèrent de ce que les morts de Djirataoua pouvaient renforcer la position du Sawaba134.
70Mais si ordre fut donné de ne pas procéder à des arrestations arbitraires, les décès furent suivis d’une répression massive. Des gendarmes furent envoyés à Maradi pour renforcer la sécurité, et la découverte d’un dépôt d’armes près de la frontière nigériane, non loin de Tessaoua135, étendit la vague d’arrestations jusqu’à Zinder. Pire, les arrestations furent effectuées par les milices du RDA (puisque, comme nous l’avons vu au chapitre précédent, ni la police locale, ni les gardes républicains n’inspiraient confiance) et, selon certaines sources, elles gardèrent en détention plusieurs centaines de gens. Des officiels du parti menèrent des interrogatoires sur place – « sans douceur », ajoutent les Français de manière inquiétante – et certains détenus furent transférés par avion sur Niamey, finissant probablement au siège de la Sûreté ou au BCL. Les greniers furent systématiquement fouillés en quête d’armes, les maisons saccagées et la propagande sawabiste confisquée. Les gens n’osèrent pas exprimer du mécontentement, mais, suivant les rapports, désapprouvèrent fortement les méthodes de la police. Les services français dirent à Paris que la peur régnait dans la région de Maradi et que si la plupart des gens restaient passifs, le mécontentement croissait. En fait, nombreux furent ceux qui s’enfuirent au Nigeria, et si plusieurs personnes revinrent par la suite, ceux qu’on associait à l’opposition décidèrent de rester du côté du Nigeria plutôt que de s’exposer au risque d’une arrestation ou du harcèlement des jeunes du RDA136. Le mécontentement dans les campagnes ne se limitait pas non plus au Centre et à l’(Extrême) Est. À l’Ouest, les paysans de la région de Téra étaient contrariés des prix des produits agricoles et le gouvernement ne parvenait toujours pas à mettre fin au départ des jeunes qui partaient chercher du travail au Ghana. En dépit d’une visite de Diori dans la région un peu plus tôt dans l’année, la population de Dargol, une bourgade proche, ne se montrait guère enthousiaste dans son soutien au gouvernement. Il s’agit là de zones dans lesquelles le Sawaba avait bénéficié d’un soutien par le passé137.
71Pendant ce temps, dans le Niger central, les activistes du Sawaba continuèrent à se réunir. Les Français rapportent que les agents du mouvement restaient actifs. Le régime affirma même que les sawabistes avaient l’intention d’assassiner Maïga et Hama, bien que ces allégations aient été faites plus tard, lorsque la situation se dégrada davantage et qu’une virulente campagne de propagande tâcha de justifier les morts de Djirataoua138. En juillet, on avança qu’au mois précédent, un commando du Sawaba, qui aurait été entraîné au Maroc, avait été envoyé d’Accra avec un fusil et 50 balles ; son but aurait été de tuer Diori lors de sa visite à Maïné-Soroa, au cours de sa tournée dans la région – apparemment pour venger la terrible affaire de la prison. L’assassin présumé fut intercepté et mis en détention, mais il est difficile de vérifier la véracité de son histoire139.
72En début juillet, Diori ordonna la libération des 14 prisonniers survivants de Djirataoua, tandis que Hama lançait l’initiative d’un « séminaire national » qui devait avoir lieu à la fin du mois. On peut juger du caractère important de cette réunion par sa très large audience. De nombreuses personnalités gouvernementales furent invitées, en plus des membres du bureau politique du RDA – l’organe central de décision politique –, les secrétaires des sections locales du RDA, les organisations des femmes et des jeunes, les députés, les chefs de circonscription, les représentants syndicaux et les officiers de l’armée et de la gendarmerie. Au lieu de baisser la tension politique, la conférence sembla destinée à renforcer l’assurance des cadres du parti, en partie en réponse à des évolutions nouvelles au plan militaire (voir chapitre suivant).
73Les délégués ayant été autorisés à discuter ouvertement, afin de neutraliser les critiques portant sur les tendances autoritaires du régime, Diori sortit de la conférence avec une position renforcée, y compris vis-à-vis de ses collègues du triumvirat. L’évènement culmina dans la fête de l’indépendance (3 août) au cours de laquelle les milices du RDA participèrent à un défilé pour effrayer l’opposition. Le rôle des milices dans la protection du régime était l’une des questions débattues au séminaire – tout comme, sans aucun doute, celui de la gendarmerie et des Forces armées. À la fin de la conférence, les délégués rentrèrent au village pour enrôler de nouvelles recrues dans les structures du parti, rameuter du soutien et mobiliser la population. À cet effet, Hama avait proposé de réorganiser encore le parti afin de renforcer sa représentation au niveau des villages, menant à une infrastructure politique double qui correspondrait à chaque échelon administratif et, bien entendu, renforcerait la position personnelle de Hama. Cette structure double devait être divisée en six secteurs couvrant tout le Niger, chacun d’entre eux étant dirigé par un membre du bureau politique140.
74Tout ceci montrait qu’une ouverture à l’opposition n’était pas à l’ordre du jour. Les zones rurales souffrirent considérablement des actions d’agitation du RDA, dont les pratiques dirigistes s’ajoutaient aux intimidations des forces de sécurité141. À la suite de Djirataoua, l’administration entreprit aussi un effort majeur de renforcement de l’armement. Si au début Paris s’était montré réticent à armer les milices qui opéraient en dehors de toute structure professionnelle de commandement142, il avait, à l’été 1964, abandonné ses réserves. En début juin, 150 caisses de munition, commandées de France par la présidence de Diori, arrivèrent d’Abidjan. Bien que l’achat ait été fait avant Djirataoua – et était donc lié aux efforts de consolidation des forces paramilitaires à la suite de la mutinerie dans l’armée – un avion militaire fit, en juillet, deux voyages en Côte d’Ivoire pour en ramener 56 caisses d’armes et d’accessoires, en plus de 63 caisses de munition, le tout destiné aux Pionniers du RDA. En août, Israël envoya 64 caisses de munition et 23 caisses contenant des Uzi, qui devaient être livrées aux milices à travers la présidence. À ce stade, on rapporte qu’elles disposaient – en plus des 36 fusils MAS offerts par la France en 1963 – de 400 Uzi et 1 000 fusils automatiques (« Herstal », type OTAN) acquis en Belgique avec de l’argent collecté au cours de la crise dahoméenne. En plus de tout ceci, la société française Delmas de Bordeaux fut autorisée à livrer des pistolets automatiques et des milliers de cartouches à la Sûreté. À Zinder et Agadez également, la police reçut des Uzi. À la mi-juillet, il fut même décidé d’élargir les rangs de l’armée en enrôlant 130 recrues. Dans l’intervalle, le budget de la sécurité fut rallongé grâce à des réductions de dépense dans d’autres secteurs, et à des augmentations d’impôt143.
75Enfin, le 14 août, un exercice de sécurité eut lieu dans la capitale. Les troupes de l’armée, de la gendarmerie et des milices prirent position ; des forces de sécurité patrouillèrent dans les rues ; et des simulations de combat furent organisées avec des tirs à blanc – ce qui, selon les services français, devait montrer à « d’éventuels fauteurs de trouble que le gouvernement était en mesure de parer à toute agitation144 ».
Notes de bas de page
1 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 26 nov.-2 déc. 1962, 25.940, no 31 ; SHAT, 5 H 122.
2 La source est le propre ancien conseiller de Diori, J. Baulin, Conseiller du Président Diori (Paris, 1986), 129.
3 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 3-9 sept. 1962, 25.547, no 19 ; SHAT, 5 H 121 ; Confidential/NOFORN. Department of State. Bureau of Intelligence and Research. Research Memorandum RAF-26, 30 mars 1962 ; PRO, FO 371/161689. (« frequently traveled abroad on extended, costly, and often unproductive trips »).
4 Bulletin de rens. hebdomadaire, 3-9 août 1964, 959, no 32 ; SHAT, 5 H 127 ; Research Memorandum RAF-26, 30 mars 1962 (« the embarrassing impression that Diori’s government [was] a creature of the French »).
5 Research Memorandum RAF-26, 30 mars 1962 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 13-19 août et 17-23 déc. 1962, 25.428/26.081, nos 16/34 ; 20-26 avr. 1964, 501, no 17 ; SHAT, 5 H 122/121/126 ; Foccart parle. vol. 1 : Entretiens avec Philippe Gaillard (Paris, 1995), 275 (dans le vol. 2, 130-1, on laisse entendre que la connexion téléphonique fut installée plus tard) ; ZOM no 4, Accord de défense passé par la France avec le Niger (1961) ; SHAT, 6 T 852 ; texte accord (sans le protocole de 1962) également dans le Journal Officiel de la République du Niger, 23 sept. 1961, no 38, 649-666. L’accord de 1961 découla de ce qui avait été déjà décidé au niveau de l’Entente.
6 Gaskya : Organe Officiel du Parti Sawaba, no 5, 29 juin 1961 et no 16, 30 oct. 1961.
7 Research Memorandum RAF-26, 30 mars 1962 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 3-9 sept. 1962, 25.547, no 19 ; 23-29 sept. 1963, 2.089, no 39 ; SHAT, 5 H 124 ; 18-24 mars 1963, 25.434, no 12 ; SHAT, 5 H 123 ; 2-8 sept. 1963, 2.008, no 36 ; SHAT, 5 H 124 (« relied heavily on French advisers »).
8 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 23-29 déc. 1963, 2.576, no 52 ; 30 déc. 1963-1965 janv. 1964, 21, no 1, SHAT, 5 H 125 ; 3-9 sept. 1962, 25.547, no 19 ; 15-21 juin 1964, 768, no 25 ; SHAT, 5 H 127 ; « Rapport de Fin de Commandement du Général de Division Revol. Délégué pour la Défense de la Z.O.M. du 28 juin 1963 au 28 févr. 1965 », partie I ; SHAT, 5 H 35 ; Minutes R.W. Renwick, 19 oct. 1964 ; PRO, FO 371/177218 ; Research Memorandum RAF-26, 30 mars 1962.
9 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 9-15 mars 1964, 307, no 11 ; SHAT, 5 H 126 ; 9-15 déc. 1963, 2.501, no 50 ; 19 déc. 1963, 2.511/2/SC ; tous deux SHAT, 5 H 125 ; télégramme MISMIL Niamey à Génédef ZOM 4 Abidjan, no 3553/4/, avant le 12 oct. 1964 ; Dévolution. Cession de matériels. SMB Niger ; SHAT, 5 H 67.
10 Au milieu des années 1960, le directeur adjoint était Boubé Idrissa. Le Niger, 31 mai 1965.
11 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 25-31 mars 1963, 25.463, no 13 ; SHAT, 5 H 128 ; Bulletin de renseignements particuliers, 20 avr. 1964, no 464/2/SC ; SHAT, 10 T 717/D.2
12 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 9-15 mars 1964, 307, no 11 ; ibid., 16-22 mars 1964, 319, no 12 et 1er-7 juillet 1963, 879, no 27 ; SHAT, 5 H 126/124 ; S. Decalo, Historical Dictionary of Niger (Metuchen, NJ et Londres, 1979), 87 ; C. Maman, Répertoire biographique des personnalités de la classe politique et des leaders d’opinion du Niger de 1945 à nos jours (Niamey, 1999), vol. 1, 235.
13 Ils trouvaient, par exemple, que le recrutement de Zarma pour la garde présidentielle montrait que les peurs du régime à l’égard du Sawaba étaient exagérées. Bulletin de renseignements hebdomadaire, 20-26 avr. 1964, 501, no 17.
14 « Rapport du Colonel Germain Adjoint gendarmerie au Chef d’État-Major des Forces terrestres stationnées outre-mer », Paris, 17 oct. 1963, no 00054/I.G.O.M.S./S : SHAT, 5 H 35.
15 Colombani quitta le Niger en août 1962.
16 « Rapport du Colonel Germain » ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 30 juillet-5 août 1962, 25.379, no 14 et 15-21 oct. 1962, 25.740, no 25 ; SHAT, 5 H 121 ; 2-8 déc. 1963, 2.473, no 49 ; SHAT, 5 H 125 ; 25-31 mai 1964, 673, no 22 ; SHAT, 5 H 126.
17 Foccart parle, 95 et 156 et Bulletin de renseignements hebdomadaire, 17-23 déc. 1962, 26.081, no 34.
18 C. Lefebvre (Territoires et frontières : Du Soudan central à la république du Niger 1800-1964 [thèse doctorale, Paris, 2008], annexe XLIII) indique en fait une augmentation de la présence française dans son ensemble, bien que ceci ait surtout été dû au volet civil. « Rapport de Fin de Commandement du Général de Division Revol », parties I, III, VI ; ibid., Le Porz, délégué pour la Défense de la ZOM 4 du 1er avril 1962 au 30 juin 1963, partie VI ; SHAT, 5 H 31 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 24-30 sept. 1962, 25.633, no 22 et 2-8 juillet 1962, no 10 ; SHAT, 5 H 121 ; Le Niger, 28 sept. 1964 ; Decalo, Historical Dictionary, 33 ; T.C. Ravensdale, ambassade de Grande-Bretagne Abidjan, à G.E. Millard, Foreign Office, 1191/62, 17 oct. 1962 ; A.J. Warren, ambassade de Grande-Bretagne Abidjan, à R.J. Stratton, Foreign Office, 6 nov. 1962 ; PRO, FO 371/161.727 ; Form-at-Glance, Niger, MI 4 (a)/0706, War Office, 16 sept. 1963 ; PRO, FO 371/167.615.
19 Par ailleurs, des troupes françaises restèrent aussi sur place à I-n-Eker, le site d’essai nucléaire, au nord de Tamanrasset, jusqu’en 1967. K. van Walraven, « From Tamanrasset : The Struggle of Sawaba and the Algerian Connection (1957-1966) », Journal of North African Studies, 10 (2005), 3-4, 524, n. 43. Il était facile de faire venir des renforts par voie aérienne d’autres pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Congo-Brazzaville.
20 Decalo, Historical Dictionary, 34. Contexte plus large in A. Mahamane, « La naissance de l’armée nationale du Niger : 1961-1974 », in K. Idrissa (dir.), Armée et politique au Niger (Dakar, 2008), 45-92.
21 Pour la structure de l’état-major, voir, pour décembre 1962, le plan in SHAT, 5 H 142.
22 Les Français fournirent uniformes et armements pour les réservistes. « Rapport de Fin de Commandement du Général de brigade Le Porz », partie VI.
23 Ibid. ; « Rapport de Fin de Commandement. 1re partie : Situation Politique et Militaire de l’Ex-Afrique-Occidentale Française, Z.O.M. no 1 ». Dakar, 30 juin 1962 ; SHAT, 5 H 31 ; Dévolution. Cession de matériels. SMB Niger ; Ravensdale à Millard, 17 oct. 1962 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 19-25 nov. 1962, 25.914, no 30 ; SHAT, 5 H 122 ; M. Djibo, Les transformations politiques au Niger à la veille de l’indépendance (Paris, 2001), 227.
24 Ravensdale à Millard, 17 oct. 1962 ; « Rapport de Fin de Commandement du Général de brigade Le Porz, partie VI » ; Maman, Répertoire biographique, vol. II, 273 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 26 nov.-2 déc. 1962, 25.940, no 31.
25 Baulin, Conseiller du Président Diori, 49 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 11-17 mai 1964, 599, no 20 ; SHAT, 5 H 127 ; 28 mai 1964, no 647/2/DR ; SHAT, 5 H 126 ; « Rapport de Fin de Commandement du Général de Division Revol, partie VI ».
26 « Rapport Annuel 1962, partie VII : Armées Nationales. Niger » ; SHAT, 5 H 35 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 9-15 déc. 1963, 2.501, no 50 ; Dévolution. Cession de matériels. SMB Niger ; « Rapport de Fin de Commandement du Général de Division Revol, partie VI ».
27 Premier ministre. SDECE. Destinataire no 544, 5 juin 1965 ; SHAT, 10 T 719/D.2 ; « Rapport de Fin de Commandement… Le Porz, partie VII », Revol, partie VI ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 22-28 juillet 1963, 952, no 30 ; SHAT, 5 H 124 ; 5-11 août 1963, 1.007, no 32 ; SHAT, 5 H 130 ; 17-23 déc. 1962, 25.428, no 16 ; directive générale pour le lieutenant-Col. Seurat, conseiller mil. de l’ambassadeur de France à Niamey, min. des Armées. Division rens., no 4344 EMA/REN/2/S, 10 juin 1965 ; SHAT, 10 T 717/D.2.
28 « Rapport du Colonel Germain ; Rapport de Fin de Commandement du Général de Division Revol, partie VI » ; Dévolution. Cession de matériels. SMB Niger ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 13-19 janv. 1964, no 78 ; SHAT, 5 H 125 ; 13-16 mars 1964, 470, no 16 et 10 juillet 1964, no 848/2/SC ; tous deux SHAT, 5 H 126 ; 31 août-6 sept. 1964, 1.054, no 36 et1er sept. 1964, no 1.069/2/SC ; tous deux SHAT, 5 H 127.
29 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 11-17 mai 1964, 599, no 20 et 1er-7 juin 1964, 705, no 23 ; SHAT, 5 H 126.
30 Le capitaine était Michael Mounhayt et la mission était menée par le commandant Almagor. Premier ministre. SDECE. Destinataire no 541, 7 août 1963 ; SHAT, 10 T 719/D.2 ; Le Niger, 23 nov. 1964. Déjà en début 1962, une délégation nigérienne pour Israël avait annoncé ses souhaits d’une assistance pour l’entraînement des jeunes du parti. Voir protocole, 2 févr. 1962, Missions en Israël ; ANN, PRN (Préclassement) 1958-1974, no 644.
31 Bulletin de renseignements, 12 août 1964, no 969 ; SHAT, 10 T 717/D.2.
32 Ils reçurent des munitions de 9 mm. Bulletin de renseignements, commandement supérieur du point d’appui de Dakar, 19 juillet 1965 ; SHAT, 10 T 717/D.2 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 30 juillet-5 août 1962, 25.379, no 14 ; 14-20 janv. 1963, 25.141, no 3 ; SHAT, 5 H 128 ; 15-21 avr. 1963, 25.577, no 16 ; SHAT, 5 H 129 ; 16-23 sept. 1963, 2.064, no 38 ; SHAT, 5 H 124 ; 23-29 sept. 1963, 2.089, no 39 ; 16-22 mars 1964, 319, no 12 ; 24 juillet 1964, no 892/2/SC ; SHAT, 5 H 127 ; 8-14 juin 1964, 747, no 24 ; SHAT, 5 H 126 ; document sans titre (n. d.) in SHAT, 10 T 717/D.2 ; Baulin, Conseiller du Président Diori, 49.
33 Bulletin de renseignements, 15-21 oct. 1962, 25.740, no 25 ; 25 févr.-3 mars 1963, 25.337, no 9 ; SHAT, 5 H 123 ; A.H. Morgan, ambassade de Grande-Bretagne Saigon, à Foreign Office, 29 nov. 1962 ; PRO, FO 371/161.706 ; Bulletin de Rens., 19 juillet 1965 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 23-29 juillet 1962, 25.345, no 13 ; SHAT, 5 H 121.
34 Aux Nations Unies, par exemple, le Niger était représenté par un membre du parti, et non par l’ambassadeur aux États-Unis. Bulletin de renseignements hebdomadaire, 24-30 sept. 1962, 25.633, no 22. La réorganisation administrative porta sur la transformation des cercles en départements, dirigés par des préfets. Les chefs de circonscription devinrent des sous-préfets. On créa des arrondissements dotés d’un conseil général et des communes dirigées par un maire et dotées d’un conseil municipal élu au suffrage universel. La loi fut adoptée en juillet 1964.
35 Ibid., 15-21 oct. 1962, 25.740, no 25 ; 6-12 août 1962, 25.410, no 15 ; SHAT, 5 H 121 ; 25 févr.-3 mars 1963, 25.337 ; 1er-7 avr., 25.518, no 14 et 20-26 mai 1963, 710, no 21 ; tous deux SHAT, 5 H 123 ; 29 juillet-4 août 1963, 982, no 31 et 12-18 août 1963, 1.024, no 33 ; tous deux SHAT, 5 H 124 ; 26 août-1er sept. 1963, 1.079, no 35 ; SHAT, 5 H 130 ; 15-21 avr. 1963, 25.577, no 16 ; 11-17 févr. 1963, 25.257, no 7 ; SHAT, 5 H 128 ; 15 au 21 juin 1964, 768, no 25 ; 22-28 juin 1964, 808, no 26 ; SHAT, 5 H 127 ; 13-19 juillet 1964, 882, no 29 ; SHAT, 5 H 127 ; « Recueil des principaux renseignements collectés au cours de la période du 25-31 janv. 1962 », no 162 ; SHAT, 5 H 92 ; « Recueil des principaux renseignements reçus par le Bureau d’Études de Dakar pour la période du 28 mai au 3 juin 1959 », no 32 ; CAOM, Cart. 3686.
36 Maïga nia qu’on ait eu recours au travail forcé pour le palais. Bulletin de renseignements hebdomadaire, 12-18 août 1963, 1.024, no 33 ; 3-9 sept. 1962, 25.547, no 19 ; 13-19 juillet 1964, 882, no 29 ; 26 août-1er sept. 1963, 1.079, no 35 ; FEANF – USN : Association des étudiants nigériens en France (AENF), XIIe congrès, 24-26 déc. 1964, Antony (Paris) ; ANN, 86 MI 1 E 8.2 ; Rapport mensuel, août 1969 ; SHAT, 10 T 715/D.2-3. Sur les exploits de Madame Diori, voir R. Higgott et F. Fuglestad, « The 1974 Coup d’État in Niger : Towards an Explanation », Journal of Modern African Studies, 13 (1975), 3, 390 ; A. Salifou, Le Niger (Paris, 2002), 220 ; Baulin, Conseiller du Président Diori, 129-130.
37 Mémorandum sur la situation politique du Niger, Parti Sawaba, Bamako, 13 nov. 1961 ; SHAT, 10 T 717/D.2 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 13-19 juillet 1964, 882, no 29.
38 Le service de l’information et les forces de sécurité. Bulletin de renseignements hebdomadaire, 29 juillet-4 août 1963, 982, no 31 ; 11-17 mai 1964, 599, no 20 ; 22-28 avr. 1963, 25.600, no 17 et 24-30 juin 1963, 861, no 26 ; tous deux SHAT, 5 H 123 ; 1er-7 juillet 1963, 879, no 27 ; UK Mission to United Nations, New York, à Foreign Office, Cypher/CTP, 15 janv. 1962 ; PRO, 371/161.689 ; Research Memorandum RAF-26, 30 mars 1962, (« a major factor in Niger politics »).
39 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 1er-7 juillet 1963, 879, no 27 ; 23-29 sept. 1963, 2.089, no 39 ; 31 août-6 sept. 1964, 1.054, no 36 ; Rapport annuel 1963, Cercle de Tessaoua ; ANN, 86 MI D 9.38 ; R.S. Faber, ambassade de Grande-Bretagne, Abidjan, à Foreign Office, 10314/62, 22 mai 1962 ; PRO, FO 371/161.693.
40 Les nomades bouzou jurèrent qu’ils n’oublieraient pas l’épisode. Il y avait déjà eu plusieurs condamnations à mort prononcées à Zinder l’année précédente. Bulletin de renseignements hebdomadaire, 26 août-1er sept. 1963, 1.079, no 35 ; 16-23 sept. 1963, 2.064, no 38 ; 24-30 juin 1963, 861, no 26 ; 10-16 déc. 1962 ; 26.045, no 33 ; SHAT, 5 H 122 ; 6-12 juillet 1964, 852, no 28 ; SHAT, 5 H 126.
41 « Recueil des principaux renseignements reçus par le Bureau de synthèse pour la période du 8 au 14 oct. 1959 », no 51 ; CAOM, Cart. 2250 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 3-9 sept. 1962, 25.547, no 19 ; 10-16 sept. 962, 25.596, no 2 ; SHAT, 5 H 121 ; 5-11 nov. 1962, 25.842, no 28 et 7-13 janv. 1963, 25.065, no 2 ; tous deux SHAT, 5 H 122 ; Baulin, Conseiller du Président Diori, 49 et 52 n. 1 ; T.R. Shaw, ambassade de Grande-Bretagne, Abidjan, à C.M. Lequesne, Foreign Office, 2 oct. 1964 ; PRO, FO 371/177.230.
42 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 3-9 sept. 1962, 25.547, no 19 ; 15-21 oct. 1962, 25.740, no 25 ; 12-18 nov. 1962, 25.909, no 29 ; SHAT, 5 H 122 ; 17-23 déc. 1962, 26.081, no 34 ; 22-28 juillet 1963, 952, no 30 ; 21-27 oct. 1963, 2.244, no 43 ; SHAT, 5 H 131 ; 18-24 mai 1964, 636, no 21 ; SHAT, 5 H 127 ; « Synthèse de renseignements intérieurs. 4e trimestre 1961 », no 590/2/S, no 185/BS/S ; SHAT, 5 H 95 ; Le Niger, 8 mars et 22 nov. 1965.
43 « Recueil des principaux renseignements collectés au cours de la période du 4 au 10 janv. 1962 », no 152 ; SHAT, 5 H 92 ; « Synthèse de renseignements intérieurs. 4e trimestre 1961 » ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 17-23 févr. 1964, 215, no 8, 10-16 févr. 1964, 172, no 7, 13-19 avr. 1964, 470, no 16 et 7-13 sept. 1964, 1.078, no 37 ; tous SHAT, 5 H 127.
44 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 24-30 sept. 1962, 25.633, no 22 ; 1er-7 oct. 1962, 25.668, no 23 ; SHAT, 5 H 121 ; 22-28 oct. 1962, 25.781, no 26 ; SHAT, 5 H 122 ; 18-24 mars 1963, 25.434, no 12 ; 12-18 nov. 1962, 25.909, no 29 ; 17-23 déc. 1962, 26.081, no 34 ; 1er-7 juin 1964, 705, no 23 ; 15 au 21 juin 1964, 768, no 25 ; 15-21 avr. 1963, 25.577, no 16 ; Information Officer’s Visit to Niger, July 12-19, 1963 ; PRO, FO 371/167.615 ; ambassade de Grande-Bretagne, Abidjan, à Foreign Office, no 23, 1.011/1/61, 13 mars 1962 ; PRO, FO 371/161.689. Research Memorandum RAF-26, 30 mars 1962 contient une revue des missions du Bloc soviétique en 1961. En dehors des pays déjà mentionnés, les missions de bonne volonté du Niger se rendirent également en Hongrie et en Roumanie.
45 « Synthèse de renseignements intérieurs. 4e trimestre 1961 » et Bulletin de renseignements hebdomadaire, 1er-7 oct. 1962, 25.668, no 23.
46 R.S. Faber, ambassade de Grande-Bretagne, Abidjan, à Foreign Office, 1.024/62, 21 avr. 1962 ; PRO, FO 371/161693 ; Bulletin de rens. hebdomadaire, 1er-7 juin 1964, 705, no 23 ; 15-21 juin 1964, 768, no 25.
47 Bulletin de rens. hebdomadaire, 2-8 juillet 1962, no 10 ; 29 oct.-4 nov. 1962, 25.808, no 27 ; SHAT, 5 H 122 ; 8-14 juillet 1963, 922, no 28 ; SHAT, 5 H 124 ; Gaskya, no 20, 18 mars 1962.
48 Voir aussi la prochaine section. « Recueil des principaux renseignements collectés au cours de la période du 8-14 » et « 22-28 mars 1962 », nos 167 et 169 ; SHAT, 5 H 91.
49 Ibid., « 29 mars-4 avril 1962 », no 170 ; SHAT, 5 H 91 ; Le Niger, 21 juin 1965 ; W.S. Thompson, Ghana’s Foreign Policy 1957-1966 : Diplomacy, Ideology, and the New State (Princeton, 1969), 246 ; I. Wallerstein, Africa : The Politics of Unity. An Analysis of a Contemporary Social Movement (New York, 1967), 60.
50 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 6-12 août 1962, 25.410, no 15 ; 17-23 déc. 1962, 26.081, no 34 ; 25 nov.-1er déc. 1963, 2.415, no 48 ; SHAT, 5 H 125 ; 16-22 mars 1964, 319, no 12 ; 20-26 avr. 1964, 501, no 17 ; 23-29 mars 1964, 345, no 13 ; SHAT, 5 H 126. En juillet 1964 Boubou Hama répondit à la visite de Keita en se rendant au Mali. Le Niger, 13 juillet 1964.
51 « Recueil des principaux renseignements… 25-31 janv. 1962 », no 162 ; ibid., « 4 au 10 juin 1959 », no 33 ; « 24 avril au 5 mai 1959 », no 28 ; CAOM, Cart. 3686/3685 ; entretien avec Abdou Adam, Niamey, 28 nov. 2003 et 22 févr. 2008.
52 Jean Colombani à ministre de l’Intérieur, 4 oct. 1960 ; ANN, 86 MI 3 F 3.5 ; A. Espitalier, commissaire de police Zinder, à directeur Sûreté, 3 oct. 1961 (2 lettres) ; ANN, 86 MI 3 F 8.6 ; Bulletin hebdomadaire semaine du 1er-7 oct. 1961, no 1.342/MI/CAB/Ct. cf. ANN, 86 MI 3 F 12.16.
53 Ces quatre hommes, tous zindérois excepté un, étaient Banda Zakari ; un certain Rahimoune ; Serkin Dan Ali, de Dakoro ; et Kassimou Sandiko. Premier ministre. SDECE. Destinataire no 541, 14 sept. 1963 ; SHAT, 10 T 719/D.2.
54 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 4-10 mai 1964, 565, no 19 ; SHAT, 5 H 126 ; M. Aboubakar, commissaire de police Agadez, à M. le directeur de la Sûreté nationale, Niamey, 6 nov. 1963 ; ANN, 86 MI 3 F 18.9 (Direction de la Sûreté nationale/Commissariat de police de la ville d’Agadez : Notes d’information concernant le Sawaba en liaison avec Tamanrasset).
55 Entretien avec Kanembou Malam (ancien militaire), Diffa, 12 févr. 2006 ; surveillance du territoire (Bureau de coordination), no 396/SN/ST : Organisation terroriste « Sawaba » (Recueil des dirigeants et militants actifs en fuite) ; ex. no 000148, dest. le sous-préfet de Dosso ; et Thompson, Ghana’s Foreign Policy, 376 ; chap. 9 n. 358. Une mission nigérienne en Europe de l’Est aurait essayé de persuader les gouvernements de la région de déporter les étudiants Sawaba. Gaskya, no 12, 12 sept. 1961.
56 Thompson, Ghana’s Foreign Policy, 376 ; interviews Ali Amadou, Niamey, 28 janv. 2003 ; Oumarou Janba, Zinder, 10 févr. 2003 ; Abdou Adam, Niamey, 29 nov. 2003 ; Limane Kaoumi, Diffa, 12 févr. 2006 ; Aba Kaka, Bosso, 13 févr. 2006. Voir aussi les cas de Kona Mayaki, Issoufou Moumouni, Baban Loré, Ali Dicko et Abdoulaye Antama, présentés au chapitre 9.
57 Le Sawaba soupçonnait un journaliste français (peut-être Georges Chaffard ou Philippe Decraene) d’être un agent secret. D. Bakary, Silence ! On décolonise : Itinéraire politique et syndical d’un militant africain (Paris, 1992), 260 et chap. 9 niveau notes 48-49.
58 « Recueil des principaux renseignements reçus pour la période du 22 au 28 janv. 1960 », no 65 ; CAOM, Cart. 2252 ; P. Crousset, ambassadeur de France au Ghana, à Don Jean Colombani, Niamey, 8 juin 1961 ; ANN, 86 MI 3 F 4.11 ; « Recueil des principaux renseignements… 8-14 mars 1962 », no 167; 16-22 nov. 1961, no 152 ; SHAT, 5 H 95.
59 On a pu le déduire à partir des indices laissés par les taches de sang. Bulletin de renseignements, 23 mai 1962 ; SHAT, 10 T 717/D.2.
60 Détails dans le texte d’un bulletin d’information AFP, 23 mai 1962 ; ANN, 86 MI 3 F 4.4. Sawaba. Organe Central du Parti Sawaba du Niger, mai 1963, avance qu’Ardaly mourut presque sur le champ.
61 Ibid. ; Confidential Inward Saving telegram, Bamako, à Foreign Office, 5 juin 1962 ; PRO, FO 371/161.689 ; Le Niger, 26 oct. 1964.
62 Confidential Inward Saving telegram, Bamako, à Foreign Office, 5 juin 1962 ; Appel à la Jeunesse (Union de la jeunesse démocratique du Niger : Bamako, 25 mai 1962).
63 Sawaba, mai 1963. Le 22 mai 1963, les étudiants Sawaba de Moscou organisèrent aussi un meeting de protestation pour commémorer la mort de Ardaly. Premier ministre. SDECE. Destinataire no 501, 1er juillet 1963 ; SHAT, 10 T 717/D.2. Pour les programmes de « coups fourrés » français à l’époque, voir R. Faligot et P. Krop, La piscine : Les services secrets français 1944-1984 (Paris, 1985).
64 G. Chaffard, Les carnets secrets de la décolonisation (Paris, 1967), vol. 2, 308-309. Le nom du renégat n’est pas connu.
65 Confidential Inward Saving telegram, Bamako, à Foreign Office, 5 juin 1962 ; R.S. Faber, ambassade de Grande-Bretagne, Abidjan, à K.M. Wilford, Foreign Office, Londres, 6 juillet 1962 ; PRO, FO 371/161.689. (« very eager », « the assumed murderer », « he was a poor type, who was always getting into debt », « had no standing whatever inside Niger », « clearly emphasised this point in order to drive home that the Niger Government had no interest in getting rid of him », « enjoyed a certain reputation abroad »).
66 À cause de cela, les sawabistes l’ont parfois considéré comme pro-régime RDA. Entretien avec Ali Amadou, Niamey, 31 janv. 2003. Sur les sources de Chaffard, voir aussi les chapitres suivants.
67 Ceci était clairement lié à la situation très tendue prévalant alors au Niger. Voir chapitre prochain.
68 Le Niger, 26 oct. 1964 et 26 juillet 1965.
69 Comme nous l’avons noté en IIe partie, Ardaly assista à un festival de la jeunesse à Vienne en 1959, où il rencontra peut-être quelqu’un. Son propre frère releva son statut en épousant la fille de l’ambassadeur du Mali en URSS, tandis que Hima Dembélé avait une relation amoureuse en Allemagne de l’Est.
70 Interview, Madaoua, 7 févr. 2003. Boubakar Djingaré, qui était passé par Bamako en se rendant à Conakry, nie aussi que Ardaly et Bakary s’étaient disputés. Interview, Niamey, 27 oct. 2005.
71 Faber à Wilford, 6 juillet 1962. Galadima, en faisant allusion à l’importance de Ardaly, indiqua qu’il était un ancien du mouvement. Il aurait donc fallu une raison sérieuse pour l’éliminer. Interview, Madaoua, 7 févr. 2003.
72 Confidential Inward Saving telegram, Bamako, à Foreign Office, 5 juin 1962.
73 Texte bulletin d’information AFP, 23 mai 1962 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 2-8 juillet 1962, no 10.
74 Comme le lien présumé entre le meurtre et le déménagement a été avancé pour la première fois plus de deux ans après les faits, il renvoie probablement à un anachronisme comprimant des évolutions antérieures pour les faire tenir dans un moment unique. Bachir Boukary a bien posé un tel lien par la suite, mais il a manifestement lu Chaffard, ce qui contamine son témoignage. Interview, Zinder, 11 févr. 2003.
75 Entretien avec Mounkaila Beidari, Niamey, 2 déc. 2003, qui suggère que Alboro a fait un voyage de quatre jours du Niger à Bamako. Ceci est partiellement confirmé par une autre source, l’ambassadeur du Maroc à Bamako, qui ne dit rien sur le lieu de provenance de l’assassin, mais assure qu’il venait du dehors de la capitale malienne. C.M. Lequesne, ambassade de Grande-Bretagne, Bamako, à K.M. Wilford, Foreign Office, 7 juin 1962 ; PRO, FO 371/161.689.
76 Confidential Inward Saving telegram, Bamako, à Foreign Office, 5 juin 1962 ; Le Niger, 26 oct. 1964. Ce détail s’est aussi glissé dans les sources françaises. Bulletin de renseignements particuliers, 18 oct. 1964, no 1234/2/S - Note d’information ; SHAT, 10 T 717/D.2.
77 Entretien avec Ali Amadou, Niamey, 31 janv. 2003 et Sawaba, mai 1963.
78 Entretien avec Mounkaila Beidari, Niamey, 2 déc. 2003 et Sawaba, mai 1963.
79 Entretien avec Mounkaila Beidari, Niamey, 2 déc. 2003.
80 Sawaba, mai 1963. On ne sait rien du niveau d’instruction de Alboro.
81 Voir chap. 8 niveau n. 91 et chap. 9 niveau notes. 47-52.
82 Comme le Sawaba l’avait toujours indiqué. Il n’y a rien qui puisse faire croire que l’action ait pu être ordonnée par des membres de la branche interne. Nous avons vu que le comportement parfois erratique de Hima Dembélé provenait de ses problèmes conjugaux.
83 Entretien avec Ali Amadou, Niamey, 31 janv. 2003. Mounkaila Beidari, bien que plus prudent, n’a pas écarté cette éventualité. Interview, Niamey, 2 déc. 2003.
84 Le diplomate ajoute que Maïga n’avait rien affirmé de façon décisive mais avait parlé par implication et sans pouvoir fournir de preuves directes. Notant qu’il ne serait sans doute pas possible de « connaître le fin fond de l’histoire », il pense que le ministre avait « présenté les choses de manière bien convaincante », tout en concluant son rapport en disant qu’il ne pouvait être sûr que la version de Maïga était plus crédible que celle du Sawaba. Faber à Wilford, 6 juillet 1962, (« get to the bottom of this affair », « quite a convincing case »).
85 Lequesne à Wilford, 7 juin 1962. (« a great deal », « well informed on these matters and who knew Ardali [sic] well », « Having hung around in Bamako for ten or twelve days waiting for him the murderer eventually broke into Ardali’s house one afternoon and stabbed the latter in the course of his siesta. The Moroccan Ambassador considers that he was sent [or came] to Bamako for the purpose of assassinating Bakary, but that the process of waiting for him to return got on his nerves so that he killed his secretary instead »).
86 Le diplomatique britannique basé à Abidjan et qui avait eu des échanges avec Diamballa Maïga trouvait peu probable que ce dernier puisse « recourir à l’assassinat pour se débarrasser de lui [i. e. Bakary] », mais sans donner ses raisons. Faber à Wilford, 6 July 1962, (« resort to assassination to get rid of him »)
87 Texte bulletin d’information AFP, 23 mai 1962 ; interviews Boubakar Djingaré, Niamey, 26-27 oct. 2005.
88 Comme nous l’avons noté au chapitre 9, Djingaré quitta Niamey en avril 1962 et, en mai, se trouvait à Conakry. Il se rendit de là au Ghana, puis à Moscou et à Marnia ensuite. Après quoi, il partit en Chine via Casablanca, ce qui ne permet pas de juger qu’il connaissait le diplomate.
89 Entretien avec Boubakar Djingaré, Niamey, 27 oct. 2005.
90 Le dossier de la Sûreté sur Daouda Ardaly aux archives nationales du Niger (86 MI 3 F 4.4) contient un très grand nombre d’exemplaires du texte du bulletin de l’AFP sur son assassinat, mais sans aucun commentaire. Si les milieux diplomatiques britanniques avaient au moins eu quelque chose à dire sur le meurtre, les autorités françaises, si l’on en juge par les archives, ont, quant à elles, évité tout commentaire, en tout cas par écrit.
91 Bureau de coordination et de liaison, no 879/BCL : Étudiants et boursiers du Sawaba de retour des Pays de l’Est, 18 oct. 1968 ; ANN, 86 MI 1 E 8.14.
92 Parti Sawaba, pour un front démocratique de la patrie (Bureau politique : Niamey, 1962) fut publié entre la mi-avril et la mort de Ardaly, dont il n’y est pas fait mention. Se peut-il que l’assassinat ait été une réponse à la déclaration de guerre du Sawaba, telle que formulée dans la déclaration de politique générale ?
93 Voir chap. 9 niveau n. 14 ; Chaffard, Les carnets secrets, 308.
94 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 11-7 févr. 1963, 25.257, no 7 ; 25 févr.-3 mars 1963, 25.337, no 9 ; A.J. Warren, ambassade de Grande-Bretagne, Abidjan, à B. Miller, Foreign Office, 15 févr. 1963 ; PRO, FO 371/167.615.
95 Un autre rapport affirme que plusieurs Nigériens furent tués, impliquant que le nombre de morts était supérieur à trois. Bulletin de renseignements hebdomadaire, 1er-7 juin 1964, 705, no 23.
96 Maga démissionna en fin novembre et fut mis en résidence surveillée. Deux ministres qui avaient aidé à enflammer les passions furent remplacés par des nordistes. Ibid., 2-8 déc. 1963, 2.473, no 49 ; 23-29 déc. 1963, 2.576, no 52 ; « Rapport de Fin de Commandement du Général de Division Revol, partie I » ; press release Niger embassy, Washington, 5 janv. 1964 ; PRO, FO 371/177229 ; Decalo, Historical Dictionary, 78.
97 « Rapport de Fin de Commandement du Général de Division Revol, partie I » ; press release Niger embassy, Washington, 5 janv. 1964.
98 Decalo, Historical Dictionary, 78.
99 « Recueil des principaux renseignements… 25-31 janv. 1962 », no 162.
100 Chancellerie, ambassade de Grande-Bretagne, Abidjan, à Foreign Office, 21 janv. 1961, 1.011/3/61 ; PRO, FO 371/154.706.
101 Decalo, Historical Dictionary, 78. Ceci présente un certain contraste avec le PPN-RDA au sein duquel le sentiment anti-AOFien était présent dès le départ. Voir chapitre 1.
102 Il laissa aussi Abangla Félix, secrétaire du PRA, parler au nom des Togolais et des Dahoméens. Azalaï, 7 juin 1958 (CAOM, Cart. 2154/D.3) ; Decalo, Historical Dictionary, 78 ; chap. 4, niveau n. 69. Sur l’attitude de Bakary à l’égard de la xénophobie et de la condescendance des AOFiens à l’égard des Nigériens, voir Silence !, 76.
103 Il y a une allusion au sentiment anti-étrangers dans un rapport de Henri Georget, entrepreneur européen qui avait opté pour le Sawaba et qui, en 1961, créa des perturbations au niveau des Européens et des étrangers africains en appelant à la nationalisation des sociétés privées et à des expulsions. Jean Colombani, chef des services de police, à ministre de l’Intérieur, 28 janv. 1961 ; ANN, 86 MI 3 F 3.2.
104 Les frais de rapatriement seraient couverts par le gouvernement. Les policiers avaient servi à Niamey, Zinder, Maradi, Tessaoua, Madaoua, Agadez et Nguigmi. « Rapport de Fin de Commandement du Général de Division Revol, partie I » ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 4-10 nov. 1963, 2.306, no 45 ; 18-24 nov. 1963, 2.382, no 47 ; SHAT, 5 H 125.
105 La Transafricaine fournit des bus pour ceux qui désiraient partir. D’autres constituèrent des comités de quartier pour se protéger et les domestiques dahoméens travaillant pour des militaires demandèrent la permission de dormir dans les casernes, n’osant pas partir. « Rapport de Fin de Commandement… Revol » ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 18-24 nov. 1963, 2.382, no 47 ; 4-10 nov. 1963, 2.306, no 45 ; Premier ministre. SDECE. Destinataire, no 541, 27 nov. 1963 ; SHAT, 10 T 719/D.2.
106 Une mission dahoméenne à Niamey reconnaissait, pendant ce temps, la présence de l’armée à Malanville. « Rapport de Fin de Commandement… Revol » ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 23-29 déc. 1963, 2.576, no 52 ; Premier ministre. SDECE. Destinataire, no 541, 17 déc. 1963 ; SHAT, 10 T 719/D.2. Beidari, qui travaillait alors à l’aéroport de Niamey, envoya sa lettre dans un avion en partance pour Cotonou. Il eut une dispute avec un camarade qui se demandait si cette action était patriotique, mais il souligna que l’on devrait utiliser tous les moyens d’affaiblir le RDA. Interview, Niamey, 15 déc. 2009.
107 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 18-24 nov. 1963, 2.382, no 47 ; 23-29 déc. 1963, 2.576, no 52 ; 9-15 déc. 1963, 2.501, no 50 ; « Rapport de Fin de Commandement… Revol ».
108 D’autres rapports parlent de policier nigérien d’origine dahoméenne. Confidential Inward Saving telegram, Abidjan, à Foreign Office, 13 janv. 1964, no 2 ; PRO, FO 371/177.229.
109 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 23-29 déc. 1963, 2.576, no 52 ; Confidential Inward Saving telegram, Abidjan, à Foreign Office, 13 janv. 1964, no 2 ; A. Silkin, ambassade de Grande-Bretagne, Dakar, à R.S. Faber, ambassade de Grande-Bretagne, Abidjan, 8 janv. 1964 ; PRO, FO 371/177.229 ; « Rapport de Fin de Commandement… Revol » ; press release Niger embassy, Washington, 5 janv. 1964.
110 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 23-29 déc. 1963, 2.576, no 52 ; 30 déc. 1963-5 janv. 1964, 21, no 1 ; « Rapport de Fin de Commandement… Revol » ; Confidential Inward Saving telegram, Abidjan, à Foreign Office, 7 janv. 1964, no 1 ; PRO, FO 371/177.229 ; ibid., 13 janv. 1964.
111 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 23-29 déc. 1963, 2.576, no 52 ; 30 déc. 1963-5 janv. 1964, 21, no 1 ; 13-19 janv. 1964, 75, no 3 ; SHAT, 5 H 125 ; Confidential Inward Saving telegram, Abidjan, à Foreign Office, 13 janv. 1964 ; « Rapport de Fin de Commandement… Revol » ; Premier ministre. SDECE. Destinataire, no 501, 26 mars 1964 ; SHAT, 10 T 719/D.2 ; Decalo, Historical Dictionary, 78.
112 Les Français parlent de 7 500 personnes. Bulletin de renseignements hebdomadaire, 13-19 janv. 1964, 75, no 3. Decalo, Historical Dictionary, 78, parlent de 6 000 à 20 000. Les sources britanniques parlent de 16 000, mais pensent le chiffre exagéré, bien qu’il comprenait sans doute des dépendants et d’autres personnes de ce genre. Silkin à Faber, 8 janv. 1964 ; Confidential Inward Saving telegram, Abidjan, à Foreign Office, 13 janv. 1964.
113 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 23-29 déc. 1963, 2.576, no 52 ; 13-19 janv. 1964, 75, no 3 ; 10-16 févr. 1964, 172, no 7 ; 24 févr.-1er mars et 13-19 avr. 1964, 245/470, no 9/16 ; SHAT, 5 H 127/126 ; Confidential Inward Saving telegram, Abidjan, à Foreign Office, 7 et 13 janv. 1964 ; « Rapport de Fin de Commandement… Revol ».
114 Ceci était spécialement le cas des travailleurs du secteur privé, et certains d’entre eux regagnèrent le Niger en février. « Rapport de Fin de Commandement… Revol. » ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 24 févr.-1er mars, 245, no 9 ; 1er-7 juin 1964, 705, no 23 ; Le Niger, 8 juin et 4 juillet 1964.
115 Chap. 9 niveau n. 105 ; E.M. Smith, ambassade de Grande-Bretagne, Lomé, à P.R.A. Mansfield, Foreign Office, 21 nov. 1964, 1.061/64 ; PRO, FO 371/177.229 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 24 févr.-1er mars, 245, no 9 ; 9-15 mars 1964, 307, no 11.
116 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 30 déc. 1963-5 janv. 1964, 21, no 1 ; 13-19 janv. 1964, 75, no 3 ; 20-26 janv. 1964, 95, no 4 ; SHAT, 5 H 125.
117 La collecte forcée d’argent, destinée à armer les civils, continua, et les gens commencèrent à devenir rétifs puisqu’on ne voyait pas clairement à quoi étaient utilisées les sommes considérables ainsi recueillies. Ibid., 13-19 janv. 1964, 75, no 3.
118 Interview Harou Kouka (ancien ministre RDA), Niamey, 26 nov. 2003.
119 Interview Boubacar Sanda, Soudouré, 27 févr. 2008.
120 Premier ministre. SDECE. Destinataire no 541, 29 janv. 1964, dest. no 501, 4 févr. 1964 ; SHAT, 10 T 719/D.2 ; UDN/Sawaba, Liste des responsables et militants du Sawaba tombés sous le régime PPN/RDA, n. d. ; grâce à Mamoudou Pascal.
121 Seeda : Mensuel nigérien d’informations générales, no 6, sept. 2002 ; chap. 9 n. 348.
122 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 13-19 janv. 1964, 75, no 3 ; 9-15 déc. 1963, 2.501, no 50 ; 27 janv.-2 févr. 1964, 116, no 5 ; 6-12 janv. 1964, 60, no 2 ; tous deux SHAT, 5 H 125 ; télégramme ambassade de France, Niamey, à ministère des Affaires étrangères, Paris, 18 janv. 1964 ; SHAT, 10 T 717/D.2 ; interview Amadou Madougou (fils de Namaro), Niamey, 24 févr. 2006 ; Appel. Front démocratique de la patrie, Accra, 2 févr. 1964 (source : Sawaba, déc. 1964), qui affirme aussi que « plusieurs militants » furent assassinés.
123 La circulation nocturne était régulièrement stoppée dans la capitale. Bulletin de renseignements hebdomadaire, 15-21 juin 1964, 768, no 25 ; 16-22 mars 1964, 319, no 12 ; 6-12 avr., 427, no 15 ; SHAT, 5 H 126 ; 11-17 mai 1964, 599, no 20.
124 Chap. 8 niveau notes 105-106.
125 Chaffard, Les carnets secrets, 318-320 ; Airgram, Department of State, A-259, 28 mars 1963 ; USNARA, II RG 59, POL 30, Niger, 2/1/63, Box 3997 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 18-24 nov. 1963, 2.382, no 47.
126 Chaffard (Les carnets secrets, 320) fait allusion à un facteur Sawaba. Il n’avance pas de preuve, mais comme les Bouzou (Bellas) font partie des soutiens de base du Sawaba, et Tahoua était un vieux fief de Bakary, cela est possible.
127 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 4-10 mai 1964, 565, no 19 ; 11-17 mai 1964, 599, no 20 ; 18-24 mai 1964, 636, no 21 ; 25-31 mai 1964, 673, no 22.
128 Entretien avec Ibrahim Bawa Souley, Niamey, 26 nov. 2003 et A. Salifou, Biographie politique de Diori Hamani : Premier président de la république du Niger (Paris, 2010), 131-132.
129 Entretien avec Harou Kouka, Niamey, 26 nov. 2003 et Salifou, Biographique politique, 131-132.
130 Certaines sources parlent de 40 prisonniers, et d’environ 30 à 35 morts. Mamoudou Pascal parlera plus tard de 22 morts. UDN/Sawaba, Liste des responsables et militants du Sawaba tombés sous le régime PPN/RDA ; Événements survenus en Afrique francophone pendant la semaine du 25 au 31 mai 1964 ; SHAT, 10 T 210 ; W.S. Bates, British High Commission, Kaduna, à J.A. Pugh, Lagos, 21 oct. 1964, 121/472/1 ; PRO, FO 371/177230. Un document Sawaba basé sur une liste établie à l’époque par une personne anonyme identifie par leur nom 21 personnes, ainsi que le nombre d’enfants qu’ils laissaient : Mallam Garba Chékarao ; Mallam Kane Kalima (Katima ?) ; Mahamane Gounde Dan Hilo ; Balla Dan Boy ; Dan Gado Boy ; Garba Gagara Galadima ; Mati Kadao ; Sani Dan Sadaka ; Garba dit Bako Sani ; le frère de Rouggim Dan Gou(r)gou ; Fadi Mahaman Dan Boussa ; Dan Firi Mahaman Dan Boussa ; Iro Harouna, frère de Boussa ; Djefao Dan Zaroumey ; Na Gonda Sarkin Hako Kané ; Garbou Dan Balla ; Boukou, ancien combattant ; Iro Dan Boukou ; Fadi Abarchi ; Bakassa Aska ; et Mantao Badi. Voir Liste des Nigériens militants ou sympathisants du Sawaba morts dans les prisons du régime de Diori Hamani (UDFP-Sawaba, Niamey, n. d. ; grâce à Ousmane Dan Galadima) ; Haske : Bimensuel nigérien d’information et de réflexion, no 004, 15 août 1990. Les corps auraient été enterrés à la hâte au cimetière du village, où les gardes ordonnèrent un enterrement immédiat. K. Alfari, Mémorandum sur les fraternelles relations franco-nigériennes (Union de la jeunesse patriotique du Niger : Niamey, 2003), 49.
131 Événements survenus en Afrique francophone pendant la semaine du 18-24 mai ; SHAT, 10 T 210.
132 A.J. Warren, ambassade de Grande-Bretagne, Abidjan, à B. Miller, Foreign Office, 11 juin 1964 ; PRO, FO 371/177.218 ; Chaffard, Les carnets secrets, 320 ; Le Niger, 26 oct. 1964 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 15 au 21 juin 1964, 768, no 25 ; 25-31 mai 1964, 673, no 22 ; 4-10 mai 1964, 565, no 19 ; « Rapport de Fin de Commandement du Général de Division Revol, partie I » ; Bates à Pugh, 21 oct. 1964, (« doubtless with arms »).
133 Mais les Français, qui admiraient le ministre de l’Intérieur pour son travail en matière sécuritaire, avaient plus tendance à rattacher l’incident à Boubou Hama, dont ils n’aimaient pas le caractère impulsif (et les éclats anti-français occasionnels). Bulletin de renseignements hebdomadaire, 15-21 juin 1964, 768, no 25.
134 Note 136 ci-dessous. Selon un ministre RDA, le préfet du cru et son adjoint furent démis de leurs fonctions et mis aux arrêts. Tous les responsables de ce qui fut présenté comme une bavure d’officiels trop zélés auraient été poursuivis en justice. L. Kaziendé, Souvenirs d’un enfant de la colonisation (Porto Novo, 1998), vol. 5, 234-235.
135 Il comprenait 650 cartouches de provenance tchèque. Bulletin de renseignements hebdomadaire, 1er-7 juin 1964, 705, no 23 ; Le Niger, 26 oct. 1964.
136 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 25-31 mai 1964, 673, no 22 ; 1er-7 juin 1964, 705, no 23 ; 8-14 juin 1964, 747, no 24 ; 15 au 21 juin 1964, 768, no 25 ; Événements survenus en Afrique francophone pendant la semaine du 25 au 31 mai 1964 ; 1er au 7, 8 au 14 et 22 au 28 juin 1964 ; SHAT, 10 T 210.
137 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 13-19 avr. 1964, 470, no 16 ; Bulletin mensuel de renseignements, 0.473.6, 20 oct.-20 nov. 1964, Téra ; ANN, FONDS DAPA.
138 Le Niger, 26 oct. 1964.
139 Il a pu s’agir, ici aussi, d’une propagande malveillante. Il n’y a pas de données indiquant qu’à ce moment-là, le Sawaba préparait des assassinats. On ignore tout de l’aspirant assassin, sauf qu’il était natif de la région. Ibid. et Bulletin de renseignements hebdomadaire, 13-19 juillet 1964, 882, no 29.
140 Événements survenus en Afrique francophone pendant la semaine du 1er au 7 juin 1964 ; Bulletin de renseignements hebdomadaire, 1er-7 juin 1964, 705, no 23 ; 6-12 juillet 1964, 852, no 28 ; 13-19 juillet 1964, 882, no 29 ; 3-9 août 1964, 959, no 32 ; 22-28 juin 1964, 808, no 26 ; 27 juillet au 2 août 1964, 927, no 31 ; SHAT, 5 H 127 ; « Rapport de Fin de Commandement du Général de Division Revol, partie I ». Voir aussi n. 34, ci-dessus.
141 Pour une impression, voir Association des étudiants nigériens en France (AENF), XIIe congrès.
142 Ainsi que l’affirme Baulin, Conseiller du Président Diori, 49.
143 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 8-14 juin 1964, 747, no 24 ; 13-19 juillet 1964, 882, no 29 ; 24 juillet 1964, no 892/2/SC ; 24-30 août 1964, 1.025, no 35 et 12 août 1964, 976/2/SC ; tous deux SHAT, 5 H 127 ; Bulletin de renseignements, 12 août 1964, no 969.
144 Bulletin de renseignements hebdomadaire, 19-23 août 1964, 1.000, no 34 ; SHAT, 5 H 127 ; Association des étudiants nigériens en France (AENF), XIIe congrès. Des étudiants en vacance à Niamey à l’époque ont été témoins de ces évènements.
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