332 Ms 20.
333 Catherine Houdayer venait d’Avoise, village situé sur le cours de la Sarthe à 24 km en droite ligne à l’ouest de La Fontaine. C’est aussi à Avoise qu’elle retournera se marier. Presque contemporain de Louis Simon, le chirurgien Pierre Brasdor était né dans ce village en 1721. Admis au Collège des chirurgiens en 1752, enseignant l’anatomie et les opérations chirurgicales, il devient directeur de l’Académie de chirurgie. Une méthode consistant à lier l’artère au delà de la tumeur dans les anévrismes porte son nom.
334 Ces deux provinces appartiennent, comme le Maine, au groupe des coutumes de l’Ouest, coutumes dites d’égalité stricte. Voir Yann Bignon, Principe égalitaire des successions roturières dans le Maine au XVIIIe siècle, maîtrise, Université du Maine, J.-M. Constant et A. Fillon (dir.), 1999, 211 pages.
335 En Normandie, l’égalité parfaite entre les fils s’accompagnait d’une exclusion totale des filles, qui en présence de frères ne recevaient qu’une dot et « ne venaient pas à partage » au décès de leurs parents (A. Fillon, Gens d’Ouest…, op. cit., p. 21-22).
336 Ms 19-20.
337 Ms 27-28.
338 « Car, comme il Sétait marié trop jeunne, il fréquantait toujours les jeunes gens… », ms 7.
339 « Il était trop vieil pour elle » : la conformité d’âge (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 108-111).
340 « Elle lui dit quelle ne l’aimait plus parce quil Etait trop viel pour elle », ms 27.
341 « … j’aimais un peu cette fille lâ mais mon pere a qui j’en avais parlé une fois en badinant me dit quelle Etait malseine parce quelle avait de trop grosse jambes », ms 24. La maladie appelée hydropisie est la cause principale d’œdèmes généralisés, liée à une insuffisance cardiaque congestive (d’où les jambes trop grosses).
342 « C’était une fortune pour moi » : la conformité de moyens (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 121-127).
343 Ms 19.
344 Ms 44.
345 Ms 4 et 55.
346 Ms 62.
347 Ms 4.
348 « Il me Reçu bien a cause de ma mère quil avait aimée pour le mariage », ms 11. Le départ puis l’installation à Paris de ce villageois fait immanquablement penser au comportement de fuite d’un amoureux déçu et évoque les paroles de Nannon lors de la nuit des noces : « si vous n’aviez pas voulu mépouser, je m’en serais allée loin dici… » (ms 52).
349 Ms 28.
350 Anne Fillon, « Amour », Dictionnaire de l’Ancien Régime, L. Bély (dir.), Paris, PUF, 1996, réédité dans Fruits d’écritoire…, op. cit., p. 127-131.
351 « Avant son mariage elle vint me voir pour connaitre ma femme elle me pria bien d’aller la voir a Anvoise disant quelle m’aimait toujours mais je ni suis jamais allé. Cependant j’ai eu de la peine a l’oublier parce que sétait la premiere fille que j’avais aimée… », ms 19. La formule « avant son mariage » fait référence à son mariage à elle, célébré le 10 septembre 1770, soit plus de cinq ans après la rupture avec Louis Simon.
352 Ms 60.
353 Ms 21 et 53. Quant à la Saint-Louis, rapportant à Louisot les propos de Nannon, elle déclare : « vous lui plaisez tant quelle ne peu s’en taire » (ms 21).
354 Ms 20. Par son double rôle de sacriste et de chantre Louis Simon se distingue immédiatement des autres jeunes gens aux yeux de l’arrivante. Le lutrin est un lieu de représentation masculine, vers lequel convergent les regards durant la messe du dimanche, et Xavier Bisaro le souligne : « Parmi ses attributs (faire rire, danser, attirer l’attention à la veillée…), le coq de village compte donc la présence dominicale au lutrin » (Chanter toujours…, op. cit., p. 76). Louis Simon est incontestablement un jeune coq de village.
355 Ms 24.
356 Ms 46.
357 « Je me suis donc marié purement par amitié » : la place de l’amour (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 127).
358 « … il lui sembla être dechargée d’un pesant fardeau », ms 39.
359 Ms 52-53. Et aussi : « je n’ai point cessé de vous aimer et vous aimerai jusqu’a la mort et si Elle se presentet pour l’un ou pour l’autre j’aimerais mieux partir la premiere », ms 47.
360 « C’est le moyen de trouver loccasion de lui faire un affront comme elle m’en a fait un » (ms 39) ; « Mon dessein Etait toujours de l’afronter », « vous m’avez fait un si grand afront vous m’avés Couvert de honte et de Confusion » (ms 47).
361 Ms 39.
362 Ms 22.
363 Ms 23, 30, 40, 51.
364 Sur ce sujet : « Toutes les caresses et complaisances possibles et convenables […] à une fille honnête » : gestes amoureux avant le mariage (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 217-240).
365 Ms 61.
366 « Ma mere qui aimait passionnément mon père fit ce quelle put pour l’arrêter », ms 4.
367 « La sainte maison favorise-t-elle donc des relations illicites ? […] Les jeunes domestiques habitent seuls dans la partie [du couvent] qui n’est pas “en clôture”. Or on a vu comment Louis Simon pouvait s’introduire de nuit dans la maison sans rencontrer personne… » (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 223-224).
368 Ms 53.
369 Ms 18.
370 « Je l’ai donc aimée pendant trois mois, jusqu’à un dimanche quelle mavait donné un rendevous (setait un dimanche de carême aprés vêpres) pour nous trouver au chateau du Maurier… », ms 18-19. On est alors vers le mois de mars 1765.
371 Ms 23-24. Les avances de la demoiselle sont explicites : « venez donc aupres de moi voir si je file bien », et d’ailleurs le mémorialiste commente : « je pensais bien ce quelle desirait de moi cela n’etait pas malaisé a deviner ».
372 Ms 37 et 43.
373 « […] cette demoiselle qui Etait un peu dificile a contenter… », ms 58.
374 Ms 50.
375 A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 185, à partir des minutiers de Cérans et d’Oizé.
376 Cette rivale anonyme est d’après le mémorialiste « une autre fille qui s’attendait aussi en moi » (ms 50).
377 Ms 60.
378 Jusqu’ici toujours en retrait de son époux dans l’historiographie, Nannon Chapeau est désormais honorée pour elle-même comme figure féminine remarquable (Serge Bertin et Sylvie Granger, Femmes en Sarthe, actrices de leur temps, [2012], 2e édition augmentée, Le Mans, Libra Diffusio, 2015, 304 pages, p. 66-69).
379 Ms 27, 42, 47. À toutes ces injonctions, Louisot a tendance à répondre « quil était toujours tems » (ms 27) ou « que cela ne pressait pas et que nous avions toujours le temps » (ms 47). À quoi Nannon, plus décidée que jamais, réplique : « que voulés vous attendre, puisque nous somme pour Etre ensembles, faut en finir ». Mais s’il obtempère, ce n’est « que par non chalance » (ms 47).
380 Ms 25.
381 Il peut aussi s’agir d’un rire de soulagement : « je fit Reflection que si j’y alais, les autres serais aussi venus et peut Etre que vous nauriez pas fuit et cela aurait fait une querelle terrible et je me mis a rire quand je vit que vous vous sauviez » (ms 42).
382 Ms 53.
383 Ms 23 et 31.
384 Des exemples concrets dans A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 183-185.
385 Ms 54.
386 Ms 45.
387 Ms 29, 36-37, 45.
388 Ms 30-31-32, 37, 41, 43-44, 49.
389 Sommations respectueuses : acte extrajudiciaire qu’un fils de plus de 30 ans ou une fille de plus de 25 ans (majorité matrimoniale) étaient tenus de faire « respectueusement » signifier par le biais d’un notaire à ses père et mère refusant leur consentement au mariage projeté. Au bout de trois sommations, le mariage est possible, même si les parents persistent dans leur refus. Bien entendu, pendant la durée de la procédure, les parents pouvaient tenter divers moyens de pression et surtout espérer voir leur enfant réfléchir et se ranger à leur avis.
390 « Sommations respectueuses : des heures chaudes pour sept filles décidées » : sept études de cas précises dans A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 89-103.
391 Sur l’auberge de La Tête noire : Stéphanie Cacheu, Les marchands hôtes de Malicorne de 1750 à 1780, maîtrise, Université du Maine, J.-M. Constant et A. Fillon (dir.), 1999, 70 pages ; et Aurélie Fontaine, Les cabaretiers au XVIIIe siècle. L’exemple de Malicorne, maîtrise, Université du Maine, F. Pitou (dir.), 2004, 156 pages, p. 42.
392 Annick LeGoff-Guilleux, Cent ans de relais de poste de Foulletourte : la famille Froger (1759-1859), maîtrise, Université du Maine, A. Fillon (dir.), 1995, 145 pages.
393 « Parents, figurants, causeurs, conseillers, acteurs » (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 145-156).
394 Marion Trevisi, « Oncles et tantes au XVIIIe siècle : au cœur de la parenté, quelle présence, quels rôles ? », Histoire, économie et société, 2004, n° 23-2, p. 283-302.
395 Ms 28.
396 Ms 48.
397 André Burguière, « Le rituel du mariage en France : pratiques ecclésiastiques et pratiques populaires (XVIe-XVIIIe siècles) », Annales ESC, 1978, n° 33-3, p. 637-649.
398 L’un des oncles l’exprime crûment au détour d’une plaisanterie : « quils ne s’attande pas dans mon héritage car je mangerai tout avant que de mourir » (ms 48). Après son décès, survenu fin 1788, Louis Simon assiste et signe à son inventaire après-décès, qui révèle un douillet art de vivre dont témoignent par exemple « une pendulle sonnante de cuivre avec ses poids », des tasses à café avec leurs soucoupes, deux tables à jouer ou plusieurs cannes à pommeau d’or, ainsi que des cartes géographiques (Ad Sarthe : B 1103, pose de scellés après le décès du curé Bruneau, Spay, 14 décembre 1788, puis inventaire, 7 janvier 1789 et jours suivants).
399 « Quand le gas la vit il la serra auprés de lui, il avait ces deux cousins avec lui et le fils du fermier ils plaidoient tous quatre la même cause contre la fille » (ms 33) ; « j’ai combatu tout ce que j’ai pû je me croiais dabord Etre assé forte mais comment voulez vous qu’une pauvre fille Resiste a cinq hommes dont mon pere en Etait un » (ms 42).
400 Ms 33.
401 Il lui « marquait bien de l’amitié » pourtant, écrit le mémorialiste (ms 33). Il se souvient certainement que le domestique de son oncle meunier courtisait alors la fille de son maître, sa cousine, donc, et que s’il lui faisait stratégiquement des démonstrations d’amitié c’était dans l’espoir de se concilier un allié. En réalité, Coubard faisait plus que la courtiser : Louise Soyer était alors enceinte de trois mois. Le mariage aura lieu après les travaux estivaux, le 30 septembre 1766, et dès Noël François Soyer est grand-père. Louis Simon racontant ses souvenirs ne souffle mot de l’état de sa cousine (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 224).
402 Ms 36.
403 « Non madame ce jour la mon pere Etait le maître mais il ne le sera pas toujours car je lui ai dit quil ne me marirait pas malgré moi parce quil ni serait pas pour moi », ms 41.
404 Ms 50.
405 Cette alliance ‘‘ naturelle” entre les travailleurs de la terre les oppose aux artisans du bourg, dont fait partie l’étaminier. Ce type de rivalité est en effet nettement perceptible dans certaines affaires judiciaires portant notamment sur des rixes de cabaret… (Robert Muchembled, Société, cultures et mentalités dans la France moderne, XVIe /XVIIIe siècle, Paris, A. Colin, coll. Cursus, 1990, rééd. 1994, 187 pages, en particulier p. 77-78 ; Fabrice Mauclair, La Justice au village. Justice seigneuriale et société rurale dans le duché-pairie de La Vallière [1667-1790], Rennes, PUR, 2008, 369 pages ; et, du même, Tranches de vie en Touraine au XVIIIe siècle. À travers les archives des justices seigneuriales, Chinon, Anovi, 2015, 320 pages).
406 Il aurait a priori semblé logique que le chapelain d’un petit prieuré rural, s’il parvient à se hisser à un canonicat, intègre plutôt une collégiale que directement la cathédrale du diocèse. Du début de l’année 1766 jusqu’à l’été, les registres capitulaires de la collégiale Saint-Pierre-la-Cour, bien conservés, ne mentionnent que deux réceptions de chanoines : le 18 juin 1766, Pierre-Nicolas Champion, prêtre du diocèse d’Orléans, et le 8 juillet, Louis Hureau, prêtre du diocèse du Mans (Ad Sarthe : G 509, folios 46 verso et 53 recto). Nulle trace, donc, d’un Guiard/Guyard… ce qui laisse supposer qu’il est plutôt devenu chanoine de la cathédrale (dont les registres sont perdus). L’enquête reste ouverte concernant cet intéressant personnage.
407 « Une fille ancienne du couvent dit : pourquoi blamés vous Louisot n’avait il pas Raison de courir aprés son gibier quil voyait amener ? tout autre en aurait fait autant ou il auret Eté un bête », ms 38.
408 Ou bien Nannon n’ayant pas la force de sortir de l’enceinte du prieuré et de marcher jusque chez la Saint-Louis, elle s’est adressé au jardinier qui loge tout près de sa chambre.
409 Ms 39.
410 « Monsieur le curé et les autres » (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 155-156).
411 « Le couvent en émoi » (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 154-155).
412 Grâce à sa correspondance, on peut la suivre au couvent de La Fontaine jusqu’en 1776, année où elle épouse Jean Bastard de Fontenay (Ad Sarthe : BMS Avoise, 1761-1780, vues 245-246). Âgée de plus de 40 ans, elle se marie par amour.
413 Très à l’aise dans cet élément, Mlle de La Gallissonnière va jusqu’à s’interposer entre M. de La Beuvinière et sa fille, tout juste arrivée au Couvent. Elle déclare avoir « fait taire le Comte » et réussit à convaincre l’abbesse de l’injustice du père. La jeune fille est décrite comme une « pauvre petite arrivée tremblante comme la feuille de tout ce qui lui arrivoit ». La redresseuse de torts prend enfin le parti d’écrire à « ce bourru » et menace d’aider la jeune amoureuse à porter l’affaire en justice, probablement au moyen de sommations respectueuses (Ad Sarthe : E 336).
414 B. Hubert, Correspondance de M. Barrin de La Gallissonière…, op. cit., p. 64-68.
415 Ms 21.
416 Ms 60.
417 A. Fillon, « Les Fleurs de l’amour », art. cité.
418 « Pendant que les deux pères étoient à boire Bouteille ensemble… », ms 29. On est alors le dimanche 4 mai 1766 (voir le calendrier des amours, dans les documents complémentaires de la IVe partie).
419 « Cinq sols en foi de mariage » : de la fréquentation à la publicité (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 159-176).
420 « L’offre des cadeaux » (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 166-175).
421 Historien et anthropologue anglais, Peter Laslett, de son nom complet Thomas Peter Ruffell Laslett (1915-2001), a joué un rôle fondamental dans le renouvellement de la sociologie historique et l’étude des systèmes familiaux. Son ouvrage majeur, The World We Have Lost : England Before the Industrial Âge (1965 puis nombreuses rééditions, réédité et mis à jour en 2000) a été traduit en français sous le titre Un monde que nous avons perdu : Famille, communauté et structure sociale dans l’Angleterre pré-industrielle, Paris, Flammarion, 1969.
422 Ethnologue et folkloriste français, Arnold van Gennep (1873-1957) est principalement connu pour son monumental Manuel de folklore français contemporain, demeuré inachevé. Il est considéré aujourd’hui comme le fondateur en France du folklore en tant que discipline scientifique. Ses travaux sur le concept de rite de passage et sa théorie des trois phases (préliminaire, liminaire, postliminaire) furent poursuivis et approfondis par Victor Turner (Manuel de folklore français contemporain [titré Le Folklore français dans la réédition chez Robert Laffont], Paris, collection « Bouquins », 1937-1958).
423 « Je la Rassura en lui disant que sa bague ne signifiet Rien puisque elle l’avait prise Sans son pere elle pouvait aussi la Rendre sans lui », ms 31. Quant à Nannon, de retour de son procès à La Flèche, c’est elle qui explique doctement à son père que sans son obstination « nous n’aurions rien a payer parce quil [Patoy] mavet donné cette Bague sans témoins et dans un tems ou jétais mineure » (ms 49).
424 Ms 30.
425 Ms 29.
426 À compter du milieu du siècle, les présents utiles (chapelets, toile) cèdent la place aux accessoires vestimentaires et aux bijoux : « ces parures sont offertes pour plaire et cela est nouveau » écrivait Anne Fillon, il s’agit de « flatter la coquetterie des filles, dans l’envie qu’elles ont d’être des demoiselles » (« Les Fleurs de l’amour… », art. cité, p. 103).
427 « La demande en mariage et la fréquentation officielle » (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 175-176).
428 « Le Dimanche suivant j’invitai le Bonhomme d’une bouteille de vin nous fûmes au plat d’Eteim », ms 43. On est alors le dimanche 20 juillet 1766.
429 « Le temps des formalités » (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 176-181).
430 C’est le dimanche 14 décembre 1766 qu’ont lieu les fiançailles de Louis et Anne, et les premiers bans sont publiés le dimanche 21 (ms 48).
431 « Faut donc nous marier aujourd’hui » : l’union des biens et des personnes. Le contrat notarié (A. Fillon, Les Trois Bagues…, op. cit., p. 194-201).
432 Ms 48-49. L’affaire est plaidée à La Flèche le 9 janvier 1767.
433 L’arrivée de la milice dans les villages créait un émoi si grand que les situations pouvaient facilement basculer dans les invectives, l’insoumission et parfois même la révolte (Jean Nicolas, La rébellion française, mouvements populaires et conscience sociale 1661-1789, « Échapper à la milice et au système des classes », Paris, Le Seuil, 2002, 505 pages, p. 392-400). Valentin Jamerey-Duval (1695-1755), qui dans sa jeunesse a parcouru les campagnes de Champagne et de Lorraine, témoigne dans ses mémoires que, dès qu’on annonçait la levée de la milice provinciale « Au seul bruit qui s’en répandait, la jeunesse épouvantée allait se cacher dans les réduits les plus écartés et les plus épaisses des forêts » (V. Jamerey-Duval, Mémoires…, op. cit., p. 135).
434 Alain Cabantous, Histoire de la nuit (XVIIe -XVIIIe siècles), Paris, Fayard, 2009, 388 pages.
435 C’est-à-dire le lundi 26 janvier 1767, comme il avait été prévu antérieurement, avant l’annonce de l’approche de la milice.
436 Ms 52.
437 « On fits plusieurs danse a la fois car il y avait trois violons », ms 52. Cela indique donc que dans un périmètre peu éloigné du village de La Fontaine (eu égard aux mauvais chemins de janvier), vivaient au moins quatre violoneux, en comptant Louis Simon lui-même.
438 La Ségrairie était une ferme, qui faisait cabaret et vendait du vin « à la guinguette », il n’est pas certain qu’elle ait disposé d’une salle assez vaste pour accueillir des danseurs. Par ailleurs elle est éloignée du centre bourg où se trouvent les deux autres possibles lieux de danse. Le mot « danse » peut ici être employé pour « contredanse » et désigner concrètement le carré de huit danseurs nécessaire. L’expression « faire plusieurs danses à la fois » correspondrait alors au fait de danser plusieurs contredanses à huit, peut-être dans plusieurs pièces différentes d’une même maison.
439 Au sens propre, le madrigal est une forme ancienne de musique vocale qui s’est développée au cours de la Renaissance et au début de la période baroque (XVIe siècle-début XVIIe siècle). Au sens figuré, le mot désigne un petit poème galant et fait allusion au goût de Louis Simon pour les formules un peu affectées, voire emphatiques, qu’il estime sans doute distinguées, fabriquées de bric et de broc avec des termes issus de ses lectures ou des chansons nouvelles.
440 Ms 53.
441 Ms 55.
442 Ms 59.
443 Ms 55.
444 « Des sept Enfant que Dieu nous a donné, elle n’a jamais voulu que je me sois levé la nuit pour Eux a moins quelle ne fut malade, disant que j’avais assés de mal a travailler le jour, pour prendre du Repos la nuit », ms 57.
445 Ms 59 et 65.
446 L’allaitement artificiel au lait de vache pratiqué par Anne Chapeau était une pratique déjà ancienne, surtout en Normandie. Les médecins commencent à en dénoncer les méfaits vers le milieu du XIXe siècle (Catherine Rollet, « L’allaitement artificiel en Normandie et dans le Maine », Annales de Normandie, 1985, n° 35-2, p. 107-119).
447 François Lebrun, « La place de l’enfant dans la société française depuis le XVIe siècle », Communications, 1986, vol. 44, p. 247-257.
448 « Suivez mon Exemple : une de mes fille est devenue veuve avec quatre enfans, dont lainé avait six ans et le [plus] jeune 4 mois ; je les ait élevés jusqu’a lâge de gagner leur vie. », ms 61. Thérèse devient veuve en 1797. Il ne faut pas minimiser ce que dut être, pour ses parents, la charge nouvelle qu’ils assumèrent après la mort de leur gendre : leur fils Paul a 20 ans, leur fille Agathe 16. Louis Simon est alors âgé de 53 ans. C’est le moment où il doit abandonner le Plat d’Étain à cause de la chute des affaires provoquée par la guerre civile, pour retourner dans la maison qu’il avait acquise en 1781 et agrandie en 1788.
449 Ms 58 et 64. Au sujet de ce fils mort à 11 ans, le mémorialiste écrit « je le regrettai infiniment parce quil me ressemblet ».
450 « Seuls les plus âgés de ses frères et sœurs ont assisté aux formalités » écrit Anne Fillon (Louis Simon étaminier…, op. cit., vol. 2, p. 499). Le curé Lelong rédige ainsi l’acte de décès : « L’an 1781, le 19 octobre, le corps de Louis Simon baptisé en cette église il y a onze ans, décédé d’hier en ce bourg, a été inhumé au cimetière de ce lieu par moi soussigné, en présence d’Augustin, Anne et Thérèse Simon ses frère et sœurs, lesquels ont dit ne savoir signer » (Ad Sarthe : BMS La Fontaine-Saint-Martin 1762-1792, vue 161/273). Leur apprentissage de l’écriture se place donc un peu plus tard.
451 Ms 17.
452 Sur ces adjudications d’orphelins, voir l’article d’Anne Fillon, « Les orphelins du dimanche, recherche sur une pratique insolite », La vie, la mort, la foi, Mélanges offerts à Pierre Chaunu, Paris, PUF, 1993, p. 127 à 145 ; réédité en version longue dans Fruits d’écritoire, op. cit., p. 165-208.
453 Ces mentions sont confirmées par l’analyse du contenu de l’ouvrage d’Éléonor Froger, curé de Mayet, gros bourg du sud du Haut-Maine, Instructions de morale, d’agriculture et d’économie, par un laboureur à son fils. Ce petit livre de 300 pages fut imprimé à Paris en 1769 (A. Fillon, « Éléonor Froger, Curé des Lumières », art. cité).
454 Ms 57. Les enfants de la campagne sont très jeunes chargés de tâches progressives qui équivalent à suivre, année après année, un long cycle d’apprentissage. Ils sont d’abord, dès l’âge de 5-6 ans, gardiens de dindons, de chèvres, de moutons, puis de bovins comme les mères-vaches gardées par les filles de Louis Simon. Les rôles divergent ensuite selon les sexes. Les garçons servent d’auxiliaires à la charrue, avant d’assumer, vers 14-15 ans, la conduite régulière d’un attelage. Les filles sont, quant à elles, responsables de la basse cour et des travaux ménagers. De mars à novembre, du soleil levant au soleil couchant, les enfants peuplent les pâturages, les abords des forêts, gardant les troupeaux… (Entretien avec Jean-Marc Moriceau, « Les paysans sont le moteur de l’histoire », L’Histoire, n° 380, octobre 2012, p. 8).
455 Sur ce sujet : A. Fillon, « À la recherche des aïeuls du Maine (1700-1800) », art. cité, Fruits d’écritoire …, op. cit., p. 209-240.
456 « Au bout des six mois, mon pere fut demeurer dans la maison ou Etait mon grand père, au devant de la halle, a gauche en allant au Couvent, et mon grand pere vint avec nous au Bas du Bourg… », ms 54.
457 Emmanuel Le RoyLadurie, Les Paysans de Languedoc, Paris, SEVPEN, 2 vol., 1966, 1 035 pages.
458 Alain Collomp, La maison du père : famille et village en Haute-Provence aux XVIIe et XVIIIe siècles, préface d’E. Le Roy Ladurie, Paris, PUF, « Les chemins de l’Histoire », 1983, 340 pages.
459 La maison basque, comme la maison pyrénéenne en général, est la pierre angulaire de la vie sociale traditionnelle, généralement transmise, ainsi que toutes ses dépendances, à l’ainé de la famille, voire à l’aînée en Labourd (Chr. Aguerre, Maison basque, op. cit.).
460 On saisit combien est forte la rupture avec la représentation négative de la vieillesse lorsque surgit, vers 1760-1770, la vogue des tendres aïeuls dans les productions culturelles françaises : le théâtre, avec Le père de famille de Diderot (1761) ; la peinture et les estampes, en particulier celles de Greuze (1725-1805), d’Étienne Aubry (1745-1781) et de Philibert-Louis Debucourt (1755-1832) qui montrent pour la première fois des grands-parents dans la décennie 1770 ; voire la poésie, puisque Nicolas de Chamfort reçoit, en 1764, le prix de l’Académie française pour son Epître d’un père à son fils sur la naissance de son petit-fils (Vincent Gourdon, « Aux sources de la grand-parentalité gâteau [XVIIIe-XIXe siècles], Deux siècles de représentation politique et sociale des grands-parents », Dossier familles, vieillissement et générations, Recherches et Prévisions, n° 71, 2003, p. 63-74).
Dans le Maine, le négociant anobli Leprince d’Ardenay évoque dans ses Mémoires (p. 39) son enfance et le souvenir de son « bon papa » Desportes.
461 Jean-Pierre Bois, Les vieux, de Montaigne aux premières retraites, Fayard, 1989, 446 pages. Voir aussi : Jean-Pierre Gutton, Naissance du vieillard. Essai sur l’histoire des rapports entre les vieillards et la société en France, Paris, Aubier, « Collection historique », 1988, 241 pages.
462 « […] dans la jeunesse de mon grand pere car il ma dit… » (ms 67) ; « Mon grand pere m’a dit » et « Mon grand pere m’a aussi dit » (ms 81), « dans la jeunesse de mon grand père » (ms 82)…
463 Les Simon chantent donc de père en fils au lutrin paroissial au moins depuis l’arrière grand-père de Louis, soit quatre générations au minimum. Michel Simon est le premier de ses ancêtres sur lequel le mémorialiste puisse donner quelques détails, grâce à la tradition orale, passée par la bouche de son grand-père Pierre. Pour les précédents, il ne disposait pas d’autre source que les registres paroissiaux. Or dans le Maine ceux-ci ne mentionnent qu’exceptionnellement l’activité, considérée comme secondaire, de chantre d’Église.
464 Ms 2. Sur le braconnage dans le Maine, voir l’étude d’Alexandre Julien, Le délit de chasse dans le Maine au XVIIIe siècle, maîtrise, Université du Maine, L. Bourquin (dir.), 2000, 133 pages.
465 Le château de Gallerande est situé à Luché-Pringé (à moins de 12 km de La Fontaine Saint-Martin).
466 Les Mailly d’Haucourt sont connus dans l’histoire par la figure du marquis Joseph-Augustin de Mailly, maréchal de France (1708-1794) qui à 84 ans vola au secours de Louis XVI aux Tuileries le 10 août 1792 puis fut guillotiné à Arras le 23 mars 1794. Sa veuve revint dans le Maine se réfugier au château des Perrais chez les de Broc, puis racheta la terre de La Roche-de-Vaux qui avait été confisquée au maréchal (Ambroise Ledru, Histoire de la maison de Mailly, Paris, Le Mans, Laval, 1893, 2 vol., 530 et 555 pages). Le château de La Roche-de-Vaux, dénommé plus tard La Roche-Mailly était situé paroisse de Pontvallain et distant d’un peu plus de 14 km de La Fontaine.
467 « Il gagna la mort a guetter dans lhiver des canes Sauvage pour les tuer au lac des Soucis », ms 2.
468 Ms 82.
469 « Mon père m’ancouraget de chanter me disant quil avait bien chanté la messe tout Seul au pupitre a lâge de onze ans et comme mon grand pere Etait toujours Sacriste je fut obligé d’aller aussi chanter Etant Fort jeunne », ms 6.
470 Ms 7-8.
471 « Le soir vers le soleil couchant je fut chez mon grandpere qui demeurait dans la maison qui est devant la halle et il y avait un Banc a côté de sa porte ou jetais assis lorsque Nannon vint a passer », ms 26.
472 Ce « contrat » est un brevet d’apprentissage, acte signé devant notaire où les clauses et engagements des deux parties étaient notés avec une grande précision. Dans sa thèse, Frédérique Pitou analyse un corpus de 240 brevets d’apprentissage lavallois (Frédérique Pitou, Métiers et boutiques à Laval au XVIIIe siècle. Place du groupe des marchands artisans et ouvriers dans une ville textile, thèse d’histoire, Université du Maine, J.-M. Constant (dir.), 3 vol. dactylographiés, 1994, 895 pages).
473 Cardeur : ouvrier qui carde, c’est-à-dire qui démêle des fibres textiles et qui les peigne à l’aide d’une carde.
474 Mal caduc : appelé aussi « mal de saint Jean », « mal de saint Valentin » ou encore « haut mal ». Pour le combattre, on n’avait guère d’autre moyen que de faire appel aux saints guérisseurs comme saint Loup [ou Leu], saint Gilles, saint Namphase, saint Paul etc. À ce sujet : André Polard, Écrire l’histoire de l’épilepsie, Questions préliminaires, Paris, L’Harmattan, 2013, 174 pages (à partir d’un mémoire de Master 2 d’Histoire Contemporaine soutenu à l’Université du Maine le 29 juin 2011).
475 Ad Sarthe : La Fontaine-Saint-Martin, BMS 1762-1792, vue 36/273, 5 décembre 1766. Sont présents à l’inhumation son père, sa sœur et son frère Jean, ainsi que Louis Simon et Louis Degoulet.
476 De la même façon, le mémorialiste gomme un autre frère de Nannon, Urbain Chapeau, plus jeune (né en 1751). L’enquête complémentaire a permis de découvrir qu’il avait embrassé le camp des Vendéens et qu’il était mort pendant la Virée de Galerne de 1793. Voir Introduction, La « mémoire épisodique » de Louis Simon.
477 Ms 3.