1 « désormais, une terreur larvée s’instaure au Mans sous les yeux impuissants ou complaisants des autorités régulières. Les maisons des aristocrates, ou réputés tels, sont pillées, ceux-ci molestés, les femmes coupables d’assister aux messes des réfractaires, traînées sur la place des jacobins et fouettées publiquement, des expéditions punitives dirigées sur les campagnes voisines », in François Dornic, Histoire du Mans et du pays manceau, Privat, 1975, p. 212.
2 Mme Gauvain du Rancher et ses enfants furent arrêtés et mis en détention en août 1793. Ils faisaient partit des 180 personnes qui avaient été enfermées à la Visitation. Ils y restèrent jusqu’à l’arrivée des Vendéens le 10 décembre 1793. A cette date, ils furent transférés à pied à Bonnétable puis à Mamers puis en charrette jusqu’à Chartres. Louis-Claude, son époux, avait été inscrit sous le numéro 196 sur la liste des émigrés. Il fut rayé le 2 avril 1800 et mourut le 12 novembre 1811, rue du Saumon au Mans.
3 C’est dans l’église des Cordeliers que, depuis longtemps, étaient inhumés les ancêtres de Leprince d’Ardenay, ainsi que les membres de la nombreuse famille de sa femme, les Godard d’Assé, des Ecotais, etc. La plupart de nos anciennes familles, avant la Révolution, avaient choisi leur sépulture dans l’une des églises paroissiales ou conventuelles du Mans et principalement chez les Cordeliers et les Jacobins.
4 Joseph Varossum des Côteaux qui avait été procureur en la sénéchaussée du Maine sous l’Ancien Régime (AD Sarthe – B 978), était devenu président du tribunal criminel. Il avait épousé en l’église de Saint Nicolas, Marie-Madeleine, fille de Jacques Touzard, procureur au siège présidial du Mans et d’Anne Hubert. Il avait été président du comité de surveillance pendant le passage de l’armée des vendéens. Nepveu de la Manouillière ajoute dans ses Mémoires (t. II, p. 390) : « On a dit qu’il a fait mourir beaucoup de personnes. Si cela est, il en a bien fait pénitence, car il a souffert plus de trois ans, d’une humeur cancéreuse dans le bas-ventre, dont il est mort en vrai chrétien. Il laisse une femme encore jeune et une demoiselle. » Il mourut au Mans le 23 décembre 1802 à l’âge de cinquante cinq ans.
5 Nepveu de la Manouillère se trouve exactement confronté au même problème le 28 novembre 1791 et choisi aussi le grand cimetière « où ils ont été enterrés sans cérémonie, à côté de nos parents les derniers morts » (Mémoires, t. II, p. 268-269).
6 Nepveu de la Manouillière nous en livre le récit (t. II, p. 262-263 et 287-288).
7 En vertu de cette loi votée le 17 septembre 1793 sur le rapport de Merlin de Douai, tous les individus « suspects » peuvent être arrêtés. Ceux qui ont prononcé une parole imprudente, commis un acte jugé « contre-révolutionnaire ». Les parents des émigrés peuvent être emprisonnés « s’ils n’ont pas manifesté leur attachement à la révolution ».
8 C’est ce que firent bon nombre d’ecclésiastiques qui avaient refusé de prêter le serment constitutionnel comme l’abbé Rottier de Moncé ou le chanoine Nepveu de la Manouillière.
9 Après avoir échoué devant les remparts d’Angers, les Vendéens décident de marcher sur Paris. Talonnés par kléber, ils s’emparent de La Flèche, puis le 10 au matin, se mettent en route pour Le Mans. Le représentant en mission, Garnier de Saintes, assisté du général Chabot, défendent la ville avec deux bataillons d’infanterie, quelques canons, un bataillon de conscrits et la garde nationale
10 La rue de Quatre-Roues fut le théâtre d’une lutte acharnée entre les royalistes et les républicains. C’était, du reste, l’une des deux seules voies qui conduisaient de la rue Basse à la place des Halles, la rue des Minimes n’étant pas encore ouverte à cette époque.
11 « La lutte est acharnée sur la chaussée reliant Pontlieue au Mans, et surtout au cœur de la ville, sur la place des Halles et dans les rues avoisinantes. Elle dure toute la nuit et c’est seulement au matin du 13 que l’armée de Kléber se trouve maîtresse de la ville », François Dornic, op. cit., p. 216.
12 Les débris de l’armée vendéenne et son cortège de chariots, de femmes et d’enfants s’enfuirent vers l’ouest.
13 Déportés. Voir Anne Fillon, « Août 1792, prêtres sarthois sur le chemin de l’exil », in Fruits d’écritoire, Société et mentalités aux XVIIe et XVIIIe siècles, Laboratoire d’histoire anthropologique du Mans, 2000, p. 333-368. Le terme est aussi employé par Nepveu de la Manouillère à propos de M. Gilouppe, curé de Châlles (Mémoires, t. II, p. 311).
14 Nepveu de la Manouillière confirme cette opinion : « Le 1er mai 1801, Mlle de la Martinière est morte âgée de soixante dix neuf ans ; elle demeurait derrière l’église de Saint Benoît. Elle avait été dame de charité et elle a fait beaucoup de bien au clergé » (t. II, p. 369).
15 Catherine-Louise Maulny, née au Mans, le 14 octobre 1756, était fille de Louis-Geoffroy-Julien Maulny et petite-fille du chroniqueur Louis Maulny, conseillers au Siège présidial. Par sa grand-mère Catherine Landouillette, fille de Julienne Leprince, elle était cousine du 3 au 4e degré avec l’auteur de ces mémoires. Le 13 janvier 1772, à peine âgée de quinze ans, elle avait épousé Jean-René Hérisson de Villiers qui, en 1768, avait succédé à son père au siège présidial. Elle mourut au Mans, au mois de janvier 1794, laissant un fils unique et deux filles dont l’aînée avait épousé, en 1791, M. de Chauvigny. Nepveu de la Manouillière précise qu’elle est morte « de chagrin et de révolution » (t. II, p. 308).
16 Le curé Bodereau est guillotiné en mai 1793 pour avoir soustrait à la nationalisation des objets précieux du culte.
17 Il avait été Cordelier ; il avait eu deux cures et lors de la révolution du clergé, il était curé du Grand-Lucé. On lui donna la cure de la Couture. Quand on supprima tout à fait tout culte, il eut une place à la distribution des blés ; de là à la municipalité et enfin au département (commissaire du département de la Sarthe). Il fut assassiné d’un coup de revolver en 1797, il tomba mort au milieu du carrefour de la Sirène. Voir Mémoires de René-Pierre Nepveu de la Manouillière, t. II, p. 331.
18 Le 4 mai 1793, la Convention vote la loi dite du maximum qui a pour objet de fixer un prix maximum aux grains et autorise les réquisitions afin d’approvisionner les marchés.
19 Claude-Simon-Denis de Launay était né le 13 mars 1737. Il épousa Marie-Françoise-Jacquine Chasseray, fille de notaire, le 3 mars 1776. Il fut admis comme avocat au siège présidial du Mans en 1763 et était devenu échevin de sa ville en 1784. Il était avec M. Lambert l’avocat, les deux meilleurs consultants de la ville. Il fut victime de cette nouvelle loi comme père d’émigrés. « On a trouvé M. de Launay enfermé dans sa chambre ; ayant voulu se déchausser, en se baissant, le sang lui a porté à la tête, et le lendemain matin, on l’a trouvé mort et rempli de sang ; s’il avait eu des secours, il ne serait pas mort. » (Mémoires de René-Pierre Nepveu de la Manouillière, t. II, p. 349).
20 « Le 15 octobre 1799, les mécontents ou royalistes sont entrés dans la ville du Mans, par plusieurs endroits, au même instant, à 5 h du matin. Comme cela était ignoré, on n’avait fait aucun préparatif pour s’y opposer. Ils se sont portés à l’arsenal, pour s’emparer de toutes les armes et munitions de guerre ; ils ont été dans toutes les maisons d’arrêt, donner la liberté aux prisonniers et chez tous les receveurs pour avoir de l’argent ; ils ont chargé le tout et emporté je ne sais où. Ils n’ont point couché dans la ville, le mercredi et le jeudi, il est arrivé beaucoup de troupes pour les poursuivre. Ils ont mangé chez les bourgeois ; j’en avais 8 à nourrir. Ils ont couché dans les églises de St Benoît et de la Coulture, sur de la paille. La ville du Mans est en état de siège. » (Mémoires de René-Pierre Nepveu de la Manouillière, t. II, p. 352-353).