1 C’est
en particulier le cas des histoires de la sociologie écrites à l’USP par
Azevedo, Ianni, Fernandes, comme on le verra plus avant dans
l’ouvrage.
2 Le
Portugal ne fait pas partie des pays que les intellectuels brésiliens
de la deuxième partie du siècle prennent en modèle : au contraire,
échapper à l’emprise coloniale d’un pays latin vu comme en retard par
rapport à l’Europe du Nord est une idée centrale pour ceux qui se
veulent les guides possibles de la nation.
3 En
concurrence avec le spencérisme. Voir, sur le positivisme, entre
autres Soares
(1998) et Meucci
(2000). On peut citer à titre d’illustration des travaux des disciples
de Comte : Formula da
civilização brasileira
(1883) par Anibal
Falcão, ou encore A pátria
brasileira
(1881) par Teixeira Mendes.
4 Teixeira
Mendes est, comme on le sait, le créateur du drapeau brésilien qui
porte la devise « Ordem e progresso ».
5 Par
exemple : A concepção de
sociologia de Gumplowicz
(1895) de Bevilàqua ; Doutrina
contra doutrina: o evolucionismo e o positivismo no Brasil
(1895), et O Brasil social:
vistas sintéticas obtidas pelos processos de Le play
(1907) de Sílvio Romero.
6 Torres
(1978 [original 1914]), p. 63-64 : traduction personnelle.
7 Os sertões,
traduit en français sous le titre Hautes terres
(Métailié,
2012).
8 Par
exemple, en 1937, dans son compte rendu des travaux de sociologie
culturelle brésilienne, le sociologue américain Luther Lee Bernard
cite seulement les anthropologues Arthur Ramos et Roquette Pinto (Bernard,
1937).
9 Sur
Von den Steinen, voir Nordenskiöld
(1930).
10 Von den Steinen
(1940), p. 80.
11 Gonçalves
Dias (1823-1864) était diplômé de
droit de Coimbra et connaissait bien l’Europe. Il fut professeur de
latin au lycée de Rio, poète romantique, journaliste, fondateur de
revue, fonctionnaire chargé de questions d’éducation.
12 Formé
en mathématiques et en droit, il parlait Tupi et avait exploré les
territoires du Nord pendant plus de douze ans. Son ouvrage de 1876
(O selvagem)
comprend un manuel destiné
à faciliter le contact avec les indigènes. Il mélange également des
observations diverses sur les coutumes et des recomandations sur la
façon de gérer la question indigène. Sur les pionniers brésiliens de
l’ethnologie : Melatti
(1984).
13 Voir
sur Nina Rodrigues et sa postérité Corrêa
(2000).
14 Rui
Barbosa (1849-1923) était un juriste et journaliste bahianais. Député
dès 1879, il dressa les plans d’une réforme de l’enseignement. Il
prévoyait notamment un système éducatif national et un enseignement
tourné vers les sciences et l’observation.
Dans les années suivantes, il fut l’un des artisans de la transition
de l’Empire à la République. Ministre des Finances sous le
gouvernement provisoire en 1889, il fut par la suite plusieurs fois
candidat à la présidence de la République.
15 En
bonne ligne positiviste, les projets de Constant faisaient grande
place aux sciences dans les programmes, contre la philosophie et la
religion. L’enseignement des langues devait se limiter, cela ne nous
étonnera pas, au français et l’histoire devait concerner
principalement le Brésil (voir Neuhold,
2013).
16 La
réforme João Luis Alves est généralement
appelée Reforma Rocha
Vaz. Cette
réforme, souvent perçue comme conservatrice par les historiens de
l’éducation brésiliens, a conduit à créer le département
national d’enseignement (ancêtre du ministère de l’Éducation), a
imposé la succession obligatoire des classes de niveau dans
l’enseignement, a augmenté le temps consacré au latin et a créé la
matière « morale et civisme ».
17 Le
Colegio imperial Dom Pedro
II : fondé
en 1837 (soit sept ans plus tard que le Ginásio Pernambucano
à Recife). Il a essentiellement servi à préparer les fils de l’élite
locale aux études
juridiques. Il changea plusieurs fois de nom sous la République et
s’agrandit à partir des années 1950. Il inclut aujourd’hui seize
campus différents dans l’État de Rio de Janeiro.
18 Sociologia
(1931), Sociologia
Educacional
(1933), Sociologia e Educação
(1934), Sociologia
Experimental
(1934), Práticas de
Sociologia
(1937), Didática das Ciências
Sociais
(1949), Textos de Sociologia
Educacional
(1951), Introdução Metodológica
aos Estudos Sociais
(1957).
19 Les
pionniers signataires étaient au nombre de vingt-six (bien qu’Azevedo
fût le principal rédacteur) dont : Raul Briquet, Delgado de Carvalho,
Hermes Lima, Cecília
Meireles, Julio de Mesquita, Lourenço filho, Roquette Pinto, Anisio
Teixeira, Afrânio Peixoto. Certains de ces noms seront évoqués dans la
suite de notre livre. Le texte du manifeste commence par ces phrases,
représentatives de l’état d’esprit de toute une génération : « Dans
la hiérarchie des problèmes nationaux, aucun ne dépasse en importance
et gravité celui de l’éducation. Pas mêmes ceux de caractère
économique ne peuvent lui disputer la première place dans les plans de
reconstruction nationale. En effet, si l’évolution
organique du système culturel d’un pays dépend de ses conditions
économiques, il est impossible de développer les forces économiques ou
productives sans la préparation intensive des forces culturelles. » Le
texte complet est disponible à l’adresse internet suivante : http://www.histedbr.fe.unicamp.br/revista/edicoes/22e/doc1_22e.pdf.
20 La
Réforme Campos de 1931 insiste sur la division de l’enseignement
secondaire entre une branche professionnelle pour le peuple et une
branche classique pour la bourgeoisie, qui permet d’accéder aux écoles
et instituts d’enseignement supérieur. Les dernières années
de cette branche élitiste étaient destinées à préparer l’entrée dans
le supérieur et étaient donc spécialisées :
ce furent les cours complémentaires (les quatres années qui les
précédaient formaient le cycle fondamental). La sociologie et la
psychologie y firent leur apparition. Voir entre autres à ce sujet Zotti
(2004).
21 Quatre
heures de cours de sociologie par semaine étaient prévues pour les
futurs juristes, trois pour les autres.
22 Simone
Meucci suggère que la fin de la sociologie dans le secondaire a pu
obliger l’université à envisager la discipline d’une manière moins
scolaire (moins destinée
à la formation d’enseignants) mais elle n’est pas en mesure d’étayer
son hypothèse.
23 O idealismo da
Constituição
(1920), Pequenos estudos de
psicologia social
(1921), Evolução do povo
brasileiro
(1923), O caso do
Império
(1925), Problemas de política
objetiva
(1930), et Raça e
assimilação
(1932). Avec l’arrivée de Vargas au pouvoir, il prend un rôle actif de
conseil dans l’élaboration de la legislation du travail. Il publie
alors des travaux de réflexion juridique : Problemas de direito
corporativo
(1938), Problemas de direito
sindical (1943),
et Direito do trabalho e
democracia social (1951).
24 On
trouvera une biographie complète de Figueredo dans Pinheiro Filho
(2007).
25 Voir
par exemple, pour les établissements catholiques de l’État de Santa
Catarina, Daros et Pereira
(2002).
26 Par
exemple le révérend normalien, diplômé de
théologie Juli Andrade Fereira sera élu en 1944 à la chaire de
sociologie de l’école normale de Franca (São Paulo) par un jury
composé de Roger Bastide, Fernando de Azevedo, Romano Barreto, Nelson
Omegna et Raul Moraes.
27 Au
Pérou, la sociologie est enseignée dès
le début du siècle mais ne prend un virage « scientifique » que vers
le milieu des années 1950, notamment sous l’influence de Bouricaud
(voir Navarrete,
2005). En Argentine, le péronisme nuit au développement
d’une science sociale empirique. Il faut attendre le milieu des années
1950 pour voir la communauté des sociologues argentins s’ouvrir aux
institutions étrangères (voir Germani,
1968). Au Mexique, la transition se fait plus tôt,
mais comme dans les cas précédents, la marque du changement tient en
grande partie à l’usage de statistiques.
28 Lettre
de Lowrie à Pierson du 12 juillet 1939 (dossier 74, archives
Pierson-Arquivo Edgar Leuenroth à l’Unicamp).
29 Avant
sa thèse, il avait entrepris une lecture exhaustive des travaux des
Brésiliens et avait jugé que la plupart avaient peu à voir avec
l’analyse approfondie des faits. Oliveira Vianna, figure dominante du
premier quart de siècle est alors pour les Américains un sociologue
entre guillemets.
30 Voir
par exemple la préface qu’il écrit
pour la première édition du livre de Pierson publiée au Brésil en
1945.
31 Avec
des auteurs comme Fausto Barreto, Livio de Castro, Paulo Egídio,
Florentino Menezes ou Silvio Romero.
32 Voir
par exemple : A mulher e a
sociogenia
(1887) de Lívio Castro, Etnografia brasileira
de Sílvio Romero (1888), Ensaios de filosofia do
direito
(1895) de Sílvio Romero, Estudos de taxonomia
social
(1898) de Fausto Cardoso, Estudos de sociologia
criminal
(1900) de Paulo Egídio.
33 En
effet, on constate que : 1) si la sociologie avait du mal à trouver sa
place dans l’université dans les années 1920 en France, son
développement original en tant que science n’avait rien de comparable
avec le Brésil et s’appuyait sur un courant solide de chercheurs de
terrains dans le domaine notamment de l’ethnologie (Métraux,
Soustelle, Griaule, Leenhart, Leiris, etc.) ; 2) le seul grand
chercheur national que Queiroz est capable de citer est Azevedo, qui
ne faisait pas de terrain, résumait les avancées
étrangères et croyait lui-même à la faiblesse des travaux brésiliens ;
3) aucune recherche de terrain dépassant le folklore et autre que
celle de Euclides da Cunha n’est citée ;
4) les auteurs salués sont peu nombreux et souvent bien loin de la
sociologie (comme les artistes de la semaine d’art moderne de 1922).
Ce sont les idées qui intéressent l’auteur et pas la sociologie en
tant que démarche scientifique. Ainsi les contributions de Caio Prado
Jr., ou Gilberto Freyre à la compréhension de l’histoire nationale
sont plébiscitées. Ce contre quoi veut lutter Queiroz, comme d’autres,
est en fait le mépris des intellectuels des pays centraux pour la
production intellectuelle latino-américaine,
mais ses arguments sont particulièrement peu consistants.
34 Voir
par exemple Vergara
(2004).
35 C’est
par exemple le choix de L’histoire de la
sociologie
(1991) proposée par Pierre-Jean Simon.