1 Les rituels ont donné lieu à des classifications, selon de nombreux critères, ainsi qu’à des tentatives de définition qui varient selon les auteurs et les écoles. La terminologie est mouvante et les termes se recouvrent souvent partiellement : distinguer de façon rigoureuse rite et rituel, voire parfois cérémonie ou acte codifié, n’est pas toujours aisé. Le noyau dur du phénomène est généralement appelé « rite » et des prolongements ou manifestations, moins centrales ou moins strictement codifiées, sont nommés « rituels ». Mais les usages ne sont pas rigoureux et fréquemment les termes se chevauchent, Rivière C., Les rites profanes, Paris, PUF, 1995, p. 11-12.
2 Voir entre autres le dossier « Rituels contemporains » de la revue Terrain, no 8, 1987.
3 Il sert à corroborer la date manuscrite qui dans maints documents n’apparaît qu’à la fin ; sa présence se révèle inestimable lorsque les documents sont incomplets et que d’autres dates font défaut. La notion d’authenticité sera précisée au cours de l’analyse.
4 Martínez de Salinas M.L., « La sala del papel sellado del consejo de Indias », Congreso del Instituto Internacional de Historia del Derecho Indiano, VI, Valladolid, 1986, p. 455. Un autre prélèvement instauré à peine cinq ans plus tôt – « media anata », 1631 –, taxait la moitié des revenus de la première année d’exercice au service de la couronne (d’où son nom : demi annuité) à tout « fonctionnaire » nommé pour une durée supérieure à quatre ans, voir Rodríguez Vicente M.A., « El derecho de media anata », Congreso del Instituto Internacional de Historia del Derecho Indiano, VI, Valladolid, 1986, p. 456-504.
5 Riesco Terrero A. (et al.), Aproximación a la cultura escrita, Madrid, Playor, 1995, p. 221.
6 L’en-tête contenait trois types d’informations : le prix, le sceau et la date. Le prix : « un cuartillo » correspond au quart d’un real (1 real = 34 maravedís). Le montant déboursé est doublement rappelé d’abord à une place centrale mais de taille réduite, la mention est ensuite incluse dans un paragraphe de trois lignes indiquant : la catégorie du sceau (« Sello cuarto ») ; le prix du papier (« un quartillo ») ; les années pour lesquelles il fut expédié, toujours par deux (« año de mil seiscientos noventa y cuatro y noventa y cinco »).
7 Le quatrième sceau (sello cuarto) était en principe réservée à des affaires concernant les plus pauvres dont les indiens.
8 Ripodas Ardanaz D., « Los indios y la figura del Rey durante el Quinientos », Congreso del Instituto Internacional de Historia del Derecho Indiano, VI, Valladolid., 1983, p. 280.
9 Lisón Tolosana C., La imagen del Rey. Monarquía, realeza y poder ritual en la casa de los Austria, Madrid, Espasa Calpe, 1992. Axée sur la péninsule Ibérique, l’étude examine des rituels (en particulier les gestes corporels de soumission au monarque) qui ne pouvaient être connus que très indirectement dans les Indes ; son approche aide cependant à penser comment pouvait se construire à distance l’image d’un roi tout puissant.
10 Ripodas Ardanaz D., op. cit., 1983.
11 « Es justo y conveniente, que cuando nuestro sello Real entrare en alguna de nuestras Reales Audiencias, sea recibido con la autoridad, que si entrase la Real persona […] le lleven en medio con toda la veneración, que se requiere… », Recopilación de leyes de los Reynos (sic) de las Indias, Madrid, Consejo de la Hispanidad, 1943 (1680), lib. II, tit. XXI, ley 1. Il s’agit à l’origine d’un décret royal du 04/09/1559, Valladolid.
12 Voir également Valenzuela Márquez J., Las liturgias del poder. Las celebraciones públicas y estrategias persuasivas en Chile colonial (1906-1709), Santiago, Centro de Investigaciones Diego Barros Arana, DIBAM, LOM Ediciones, 2001.
13 Voir notamment, « Routes menant aux extrémités du monde connu : des écueils géographiques… et administratifs », Zúñiga J.-P., Espagnols d’outre-mer : émigration, reproduction sociale et mentalités à Santiago du Chili au xviie siècle, Paris, EHESS, 2002.
14 Étudié entre autres par F. Tomás y Valiente, La venta de oficios en Indias, Madrid, Instituto Nacional de administración pública, 1982 (1972).
15 Dans une structure de pouvoir aussi fortement personnalisée, la mort du souverain était un moment crucial que l’institution monarchique devait surmonter avec succès afin de se pérenniser. En considérant l’équation : sceau royal, personne du roi et institution monarchique, la destruction et remplacement des sceaux à la mort du roi n’était pas une opération banale, tout en étant systématique : « Siempre que fallecía un soberano se destruían los suyos [los sellos]… », Real Díaz J. J., Estudio diplomático del documento indiano, Madrid, Dirección de archivos estatales / CSIC Escuela de estudios Hispanoamericanos, 1991 (1970), p. 228.
16 Casanueva F., « La société coloniale chilienne et l’église au xviie siècle : les tentatives d’évangélisation des indiens « rebelles » », Thèse Université de Paris 4, 1981.
17 En France à partir du xiiie siècle l’en-tête du document annonçait : « Donné pour copie », Giry A., Manuel de diplomatique, New York, Burt Franklin, 1893, p. 26. Pour les documents américains au moins la qualification juridique du document aurait été systématiquement fournie dans le protocole initial des traslados, Real Díaz J. J., op. cit., 1991, p. 28-31.
18 Dans beaucoup de copies authentiques (traslados), le protocole liminaire se trouve absent ou bien n’apporte que très peu de données.
19 Le capitaine Soto Pedrero étant uniquement l’auteur des premiers documents de la copie. Par ailleurs, la seule indication supplémentaire apportée par ce début est l’inscription en haut de page : « Chile, Gober, 1695 ». L’écriture n’est pas celle du manuscrit et l’annotation est sans doute postérieure. Voir illustration n° 1.
20 Nous avons pour l’instant conservé le terme espagnol de l’époque dont la traduction s’avère délicate et variable – notaire, greffier, secrétaire. Nous y reviendrons au chap. 2.
21 « Concuerda este traslado con los autos originales… » {tr.p. 201}. Rappel : toutes les références internes au manuscrit, objet de l’édition critique en annexe, prendront cette forme.
22 Real Díaz J. J., op. cit., 1991, p. 23-25.
23 « Son las copias que están validadas con la fe notarial la cual le hace suplir con toda su fuerza jurídica al original », Real Díaz J. J., loc. cit.
24 Marín Martínez (et al.), Paleografía y diplomática, t. 2, Madrid, Universidad Nacional de Educación a distancia, 1988, p. 25 ; dans les clauses finales du manuscrit on peut lire : « se les ha dado y se les da entera fe y crédito en juicio y fuera de él… » {tr. p. 202}.
25 La restriction vient des premiers documents, écrits dans des conditions particulières par le capitaine Soto Pedrero.
26 « Personne qui est la première cause d’une chose, à l’origine… qui a fait… », Dictionnaire Le Petit Robert 1, 1985.
27 « de mandato de dicho Señor Presidente » {tr. p. 201}.
28 La comparaison des écritures ne laisse pas de doute, en particulier l’examen de l’écriture de son nom dans la signature, unique graphie appartenant de façon avérée à Manuel de Cabezón, l’introduction à la validation ayant aussi été inscrite par quelqu’un d’autre.
29 Barros Arana D., rend minutieusement compte de cette documentations dans son Historia General de Chile, t. 2 - t. 5, Santiago, Rafael Jover Editor, 1884.
30 Voir {tr. p. 101-102}.
31 T. Marín de Poveda batailla âprement pour appliquer la juridiction militaire aux réservistes en dehors des périodes de guerre. Ce conflit de juridiction l’opposa au tribunal royal en 1693 et, bien plus tard en 1703, la Couronne donna raison au gouverneur à l’encontre des juges royaux.
32 Un détail contenu dans un autre document de la même époque confirme, par un exemple a contrario, que d’habitude chacun y apposait se propre signature : ainsi le greffier précisait qu’une signature avait été effectuée de la main gauche, le signataire étant blessé au bras droit : « Yo el presente escribano doy fe de que firmó con la mano izquierda… », Ms.04/05/1695, Vergara (alcalde), Causa criminal contra … Espineda Millán, AGI Chile 125, fo 5.
33 Les chiffres avancés par Sergio Villalobos pour les Espagnols du Chili entre 1553 et 1556 montreraient que ceux sachant signer dépassaient en nombre ceux qui étaient totalement illettrés. Cité par Gómez T., L’invention de l’Amérique. Mythe et réalités de la Conquête, Paris, Flammarion, 1992, p. 199.
34 Peña y Cámara J. M., Archivo General de Indias de Sevilla : guía del visitante, Madrid, Dirección General de Archivos y Bibliotecas, 1958, p. 35.
35 « Y lo firmó Su Señoría con dichos padres y demás personas » {tr. p. 26}.
36 Lorsque dans d’autres documents les souscriptions sont absentes les formules introductives sont également plus vagues : « y las demás personas » {tr. p. 24} et « con las demás personas referidas » {tr. p. 22}.
37 Les témoins souscrivant l’écrit du gouverneur sont des porte-étendards de l’armée, dont nous avons précédemment mis en relief le caractère prestigieux et honorifique de la charge. Par ailleurs, leur nom est précédé de la particule « don », réservée, en principe, aux nobles ou hidalgos. Les données sur les deux témoins de l’escribano Villagra sont plus réduites : des noms espagnols, précédés d’aucune particule, laissent supposer des origines plus modestes, ni le métier ni la fonction ne sont précisés.
38 Les formules les plus répandues sont : « Para que conste… » et surtout : « y lo firmó Su Señoría con dichos… » Le premier cité est toujours l’auteur, les autres noms suivent, le dernier étant toujours celui de l’escribano.
39 Giry A., op. cit., 1893, p. 613-616.
40 Actio : l’action qui est consignée dans l’acte.
41 Conscriptio : consignation par écrit de l’action. Ces deux moments actio et conscriptio peuvent se confondre mais également se succéder.
42 Voir {tr. p. 21}. La participation du clergé séculier dans l’évangélisation des Araucans-Mapuches est suffisamment exceptionnelle pour mériter qu’on lui accorde par ailleurs d’autres développements.
43 Ces capitaines ont assisté au rassemblement de Maquegua, cinq d’entre eux concouraient à l’actio : ils sont cités nominativement comme étant présents : « Y se hallaron… » {tr. p. 17}.
44 Voir {tr. p. 22}.
45 Les deux autres sont : Bartolomé Pérez de Villagra et Andrés Ortiz de Valdivia, {tr. p. 23}.
46 Voir {tr. p. 167}.
47 Le son de leur voix nous échappe à jamais tout comme les stratégies langagières de traduction.
48 Tout particulièrement au début xviie siècle chez le chroniqueur González de Nájera A., Desengaño y reparo de la guerra de Chile, Santiago, Ed. Andrés Bello, 1971 (1614) ; voir Obregón Iturra J. P., « Imaginarios de la otredad y drásticos remedios para acabar la guerra de Chile en la obra del soldado A. González de Nájera (1614) », dans González Cruz D. (éd.), Pueblos Indígenas y extranjeros en la Monarquía Hispánica : La imagen del otro en tiempos de guerra (Siglos XVI-XIX), Madrid, Sílex Ediciones, 2011, p. 267-282.