1 Ce
livre est issu d’une thèse de doctorat soutenue en 2003 à l’université
Rennes 2 sous la direction de J.-P. Sánchez. Au-delà des remaniements et
des actualisations, le cœur
de la recherche et de l’argumentation initiale a été repris.
2 À
la hauteur de l’actuelle ville de Temuco, 38o
45’ de latitude sud.
3 Concepción
était alors située au nord du fleuve Bío-Bío, 36o
44’ de latitude sud, sur l’emplacement actuel de Penco.
4 Covarrubias Orozco S.,
Tesoro de la lengua Castellana
o Española,
Madrid, Editorial Castalia, 1995 (1611), donne une étymologie
hébraïque peu convaincante à « Araucana ».
En effet, « ardiente, seca,
calurosa »
(« ardente, sèche, chaude ») ne cadre pas avec le climat des régions
ainsi nommées par Ercilla, lui-même connaisseur en tant que soldat.
L’un des vers les plus célèbres de son poème épique proclame : « Chile, fértil provincia y señalada
/ en la región antártica famosa. »
(« Chili, province fertile et remarquable dans la célèbre région
antarctique »), Ercilla,
A. de, La Araucana,
Santiago, Editorial del Pacífico, 1972 (1569-1589), Libro 1 - Canto 1,
p. 30.
5 Rosales
D. de, Historia general de
Chile. Flandes indiano,
Santiago, Editorial Andrés Bello, 1989 (1674), t. 2, chap. 12.
6 « Arauco »
viendrait du terme mapudungun
« rauco »
(ragh=greda ;
co=agua).
En 1541 les actes du cabildo
consignent « rauco »,
mais dès 1550 l’ajout du « a » est corroboré sous la plume de Pedro de
Valdivia, voir Wilhelm de
Moesbach E.,
Voz de Arauco : explicación de
los nombres indígenas de Chile,
Padre las Casas, Imprenta San Francisco, 1976 (1944).
7 Canals Frau
S., « La civilización araucana », Las civilizaciones prehispánicas de
América,
Buenos Aires, Ed. Sudamericana, 1959 (1955), p. 526.
8 « Gentilicio »,
courant en espagnol s’avère peu usuel en français : « gentilés »,
qu’utilisait encore Grevisse
et Goosse,
Le bon usage,
Paris, Éditions Duculot, 1986 (1935), est absent de la plupart des
dictionnaires usuels (Le Petit
Robert, 1985),
il semble à quelques exceptions près presque hors d’usage, le
néologisme « ethnonyme » est en revanche de plus en plus usité.
9 Ercilla
A. de, op. cit.,
1972.
10 Neruda
P., Canto General,
Barcelona, Bruguera, 1982 (1950).
11 Voir
par exemple le livre de D. Amunátegui Solar,
Los precursores de la
Independencia de Chile, t. 2,
Santiago,
Imp. Barcelona, 1910, au demeurant très riche en informations et en
transcriptions d’archives coloniales ; les indiens rebelles y sont
considérés comme des précurseurs des luttes d’indépendance.
12 « Aprendemos en los textos de
historia que los araucanos – ellos prefieren llamarse « mapuches »,
gente de la tierra – eran belicosos y valientes, que mantuvieron en
jaque a los españoles en una guerra que duró tres siglos, que de algún
modo no fueron vencidos. »,
Aguirre
I., Lautaro Epopeya del pueblo
mapuche,
1982, p. 7. Traduit par nos soins.
13 « Configuration
idéologique » est utilisé ici dans l’acception la plus neutre, celle
de système de représentations.
14 Dans
le genre romanesque cette fois-ci, un autre exemple serait : Lautaro joven libertador de
América, de
F. Alegría,
Santiago, Editorial Zig-Zag, 1981 (1943). D’autre part le manuel
d’histoire de W. Millar
conçu pour des jeunes enfants chiliens le décrivait comme « un jeune
araucan vaillant et intelligent » (« un valiente e inteligente mocetón
araucano »),
dont les discours sont qualifiés de fougueux, Historia de Chile,
Santiago, Editorial Zig-Zag, 1955, p. 80.
15 Voir
Latcham
R., « La capacidad guerrera de los Araucanos, sus armas y métodos
militares », Revista Chilena de
Historia y Geografía,
Santiago, Imp. Universitaria, 1915, t. 15, p. 22-93 ; Jara
A., Guerra y Sociedad en
Chile,
Santiago, Ed. Universitaria 1971 (1961) et Wachtel
N., La vision des vaincus. Les
indiens du Pérou devant la conquête espagnole,
Paris, Gallimard, 1971.
16 Selon
Erize E., Diccionario
comentado. Mapuche-Español,
Buenos Aires, Cuadernos de Sur,
1969, p. 57,
il s’agirait d’un terme partagé par le quechua, l’aymara et le
mapudungun. Son usage est largement attesté au xviie siècle,
bien qu’il n’apparaisse pas dans le vocabulaire de Valdivia L. de,
Arte vocabulario y
confesionario de la Lengua de Chile,
Leipzig, B.G. Teubner, 1887 (1606). Il est répertorié dans les
dictionnaires contemporains, ainsi que d’autres termes du même champs
sémantique : « auka :
alzado, rebelde, muy
travieso » ;
« el alzamiento, la
rebelión » ;
« aukaNen : estar en
guerra, tener guerra »,
Augusta
F. de, Diccionario Araucano
(Mapuche-Español, Español-Mapuche),
Santiago, Ediciones Cerro Manquehue, 1996 (1916), p. 12 ; « Auca : rebelde, chúcaro ;
Aucan : alzado,
revoltoso »,
Wilhelm de Moesbach
E., op. cit. ;
« Aucachraun : junta de
sublevados ; Aucaculme : Belicoso, sin. Aucave ; Aucalchequen :
revoltoso, sedicioso »
etc., Erize
E., loc.
cit.
17 Augé
M., Les domaines de la parenté.
Filiation / alliance / résidence,
Paris, Maspero, 1975, p. XIX-XXI et p. 117-121.
18 Se
reporter à l’étude de W. Mejías
López sur
les idées de la guerre juste chez Ercilla, qui confirme et approfondit
cette interprétation : « Ercilla aceptaba la conquista de
América y sobre todo la presencia hispánica en Chile, aunque los
problemas que afrontó el indígena a consecuencias de las guerras en el
Arauco fomentaron en él un vigoroso rechazo de la manera como se
realizaba la ‘pacificación’ », Las ideas de la guerra justa en Ercilla
y en La Araucana,
Santiago, Ed. Universitaria, 1992, p. 49.
19 Oña
P., Arauco Domado,
Madrid, Ediciones Cultura Hispánica, 1944 (1596).
20 Lope de Vega,
Arauco Domado (por el
excelentísimo Señor don García Hurtado de Mendoza),
Santiago, Zig-Zag, 1954 (1625).
21 « ‘Arauco Domado’ es una comedia única
en su género y se distingue […] porque nos representa igual heroísmo
en los dos pueblos que pelean »,
Lezama
A. de, « Estudio introductorio a la obra », dans Lope de Vega,
ibid.,
p. 77.
22 « la admiración que le inspiraba el
indomable heroísmo araucano », Lezama,
A. de, ibid.,
p. 81.
23 Oña
P. de, « Prólogo al
lector »,
op. cit.,
1944.
24 González
de
Nájera
A., Desengaño y reparo de la
guerra de Chile,
Santiago, Ed. Andrés Bello, 1971 (1614). Il voudrait corriger les
fausses impressions laissées par l’éloge que fit Ercilla des indiens
du Chili : « por lo mucho que
los engrandeció don Alonso de Ercilla en su Araucana ».
25 Villalobos
S., Historia del pueblo
chileno,
Santiago, Zig-Zag, 1986, t. 3, p. 200, rappelle que González de Nájera
eut peu de succès et une faible diffusion : « El tratadista militar no logró
atraer la atención de la corte hacia su plan, que tampoco debió ser
conocido en Chile ».
L’édition du texte intégral n’a vu le jour qu’en 1866 en Espagne et en
1889 au Chili, González
de
Nájera A.,
op. cit.,
1971, p. XII.
26 Pour
une analyse des arguments sur l’infériorité des indiens développés par
González de Nájera voir Casanueva
F., « Guerre et nature au Chili : représentation et témoignage
(1601-1607) d’Alonso González de Nájera », La nature Américaine en débat :
identités, représentations, idéologies,
Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 1991, p. 60 et suiv. et
aussi Stuchlik
M., Rasgos de la sociedad
mapuche contemporánea,
Temuco, Ed. Nueva Universidad, 1974, p. 33-37.
27 Entre
autres, R. Mellafe
fait valoir ce dernier aspect dans une brève introduction à une
édition de poche de l’œuvre de González de Nájera, « Prólogo »,
Editorial Universitaria, 1970, p. 11.
28 Obregón Iturra
J. P., « Imaginarios de la otredad y drásticos remedios para acabar la
guerra de Chile en la obra del soldado A. González de Nájera (1614) »,
dans González Cruz,
D. Pueblos Indígenas y
Extranjeros en la Monarquía Hispánica : La imagen del otro en tiempos
de guerra (Siglos XVI-XIX),
Madrid, Sílex ediciones, 2011.
29 Obregón Iturra
J.P., ibid.
30 Voir
l’ouvrage de référence de B. Vicuña Mackenna,
La Guerra a Muerte, Santiago,
Ed. Francisco de Aguirre, S.A, 1972 (1868).
31 Une
des loges maçonniques ayant joué un grand rôle durant les guerres
d’indépendance avait même pris le nom d’un des chefs emblématiques de
la lutte des Araucans-Mapuche (Logia Lautaro),
voir Pradenas
L., Lautaro en París. De la
Gran Reunión Latinoamericana al Gran Oriente Latinoamericano,
Siglos XIX-XXI,
Paris, Ediciones Lautarinas, 2010, p. 72 et suiv.
32 Pinto Rodríguez
J., De la inclusión a la
exclusión. La formación del estado nación y el pueblo mapuche,
Santiago, Instituto de Estudios Avanzados (IDEA), 2000, p. 107 et
suiv., notamment à partir du chapitre IV, « Las cosas cambian. La
década del 50 y la ocupación de la Araucanía. »
33 Alone,
« Primera parte. La conquista y la colonia : Don Alonso de Ercilla y
Zúñiga, La Araucana, Ercilla historiador y poeta », Historia ilustrada de la literatura
chilena,
Santiago, Zig-Zag, 1984,
« se creó un mito, surgió un
culto ».
34 « La Araucana ha sido en Chile la
Biblia y el Corán: porque nosotros, como escribe Solar Correa,
« respiramos a Ercilla y no lo sabemos »,
Alone,
ibid.,
p. 14. Traduit
par nos soins.
35 La
bibliographie abondante en rend compte. Signalons à titre de
curiosité, un ouvrage très bien documenté à usage exclusif de l’armée
argentine : Comando General del Ejército-Dirección de Estudios
Históricos, Política seguida
con el aborígen, Buenos
Aires, Círculo Militar (Biblioteca del oficial), t. 2, vol. 2 :
1820-1852, 1974. « Edición no
comercial. Exclusivamente para uso del Círculo Militar ».
36 Pour
une analyse sur le colonialisme républicain à l’échelle plus large du
cône sud, voir Obregón Iturra
J. P., Capdevila L.
et Richard
N. (éd.), Les indiens des
frontières coloniales. Amérique australe, xvie siècle temps présent,
Rennes, PUR, 2011, notamment p. 9-24, voir également Capdevila L.
et Richard
N. (éd.), « Formes nationales du colonialisme tardif dans le Cône Sud
(1850-1950) », Mundo Nuevo
Nuevos Mundos,
Dossier 2013.
37 Bidou
P., « Nature du mythe », dans Bonté
et Izard
(dir.), Dictionnaire de
l’ethnologie et de l’anthropologie,
Paris, Quadrige/PUF, 2000 (1991), p. 498-500.
38 Voir
l’analyse menée sur le nord de la Patagonie par Argeri
M. E., De guerreros a
delincuentes. La desarticulación de las jefaturas indígenas y el poder
judicial, Norpatagonia, 1880-1930,
Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, 2005.
39 « La
disputa Latcham-Guevara » dans Parentini
L.C., Introducción a la
etnohistoria mapuche,
Santiago, DIBAM-Centro de Investigaciones Diego Barros Arana, 1996,
p. 27-40.
40 L’étude
menée par Stuchlik
M., op. cit.,
1974, sur les stéréotypes de la société chilienne vis-à-vis des
indiens du centre-sud, fut à son époque l’une des plus
perspicaces.
41 Molinié A., « Rite
espagnol en clé de Juif », Terrain,
no 27,
1996, p. 131-146, traite de cette question dans un autre contexte.
42 « con su sangre el altivo araucano
nos legó por herencia el valor ». Ces
vers de l’hymne
national font vigoureusement réagir Alone,
critique littéraire précédemment cité, qui signale à propos
d’Ercilla : « ahí se apoyarían,
tres siglos después, los Padres de la Patria, autores de la
Independencia, y eso explica los versos incomprensibles de nuestro
Himno Nacional « de tres siglos lavamos la afrenta… » ¿Qué afrenta?
¿El ser españoles? ¿Fueron entonces los mapuches quienes fundaron la
República? »,
Alone,
op. cit.,
1984, p. 14.
43 Boccara
G., Guerre et ethnogenèse
mapuche dans le Chili colonial. L’invention du soi,
Paris, L’Harmattan, 1998, p. 361-362.
44 Parentini
L. C.,
op. cit.,
1996.
45 Marimán
Quemenado.
P (et al.),
¡Escucha, winka! Cuatro ensayos
de Historia Nacional Mapuche y un epílogo sobre el futuro, Santiago,
LOM Ediciones, 2006, notamment les contributions de Marimán
Quemenado
et de Millalén
Paillal.
46 Amselle
et M’Bokolo,
Au cœur de l’ethnie. Ethnie,
tribalisme et État en Afrique,
Paris, La Découverte /Poche, 1999 (1985), p. 113.
47 Amselle
et M’Bokolo,
ibid.
p. III.
48 Boccara
G., op. cit.,
1998.
49 Valdivia
L. de, op. cit,
1887 (1606).
50 Augusta
F. J. de, op. cit.,
1996 (1916), p. 194.
51 La
particule « re »,
antéposée à d’autres termes pourrait prendre les sens suivants : « solamente, sin mezcla de
otro », Valdivia
L. de, op. cit.,
1887 (1606) ; « solamente,
exclusivamente, sin mezcla, puro »,
Augusta F. J. de,
op. cit.,
1996 (1916), p. 195 ; « puro,
nítido, neto, genuino, exclusivo, sin mezcla »,
Erize
E., op. cit.,
1969, p. 364. L’historien mapuche J. Millalén Paillal
fait une lecture critique de l’interprétation de ce concept par
Boccara et d’autres chercheurs contemporains, dans Marimán
Q. (et al.),
op. cit.,
2006, p. 33 et suiv.
52 Millalén Paillal
J., op. cit.,
2006.
53 Un
peu plus en France, pays d’origine du chercheur, qu’ailleurs. « Reche »
est par exemple repris comme un terme allant de soi dans l’article
« araucana/o »
dans Sicard
et Moreno,
Diccionario del Canto General
de Pablo Neruda,
Paris, Ellipses, 2000.
54 Et
aussi par les Argentins, pour ceux vivant à l’est de la Cordillère des
Andes.
55 À
noter qu’en écrivant en français et en espagnol nous ne souscrivons
pas à la suppression de la marque du pluriel « s », désormais
fréquente.
56 En
plus des termes déjà cités, il faut y ajouter « Araucanía » qui depuis
le xixe siècle
désigne la région dans son ensemble.
57 Sur
cette option méthodologique voir entre autres Cerrutti S., « Processus
et expérience : individus, groupes et identités à Turin, au xviie siècle »,
dans Revel
J. (dir.), Jeux d’échelles. La
micro-analyse à l’expérience,
Paris, Gallimard/Le Seuil, 1996, surtout p. 168-170.
58 F.
Campos Harriet
explique précisément pourquoi le Chili portait un nom ne correspondant
pas à sa véritable position dans l’Empire espagnol, le titre de son
article évoque bien son contenu « ¿Por qué se llamó Reino a
Chile? »,
Santiago, Editorial Andrés Bello, 1966.
59 Sur
la généralisation en Europe de l’appellation « indien », consulter Aubert
J.-P. « Du nom « Indien » attribué par Christophe Colomb aux indigènes
du Nouveau Monde. Enquête sur sa diffusion et sa signification dans
l’Europe du Ponant », dans Sánchez
J.-P., Dans le sillage de
Colomb. L’Europe du Ponant et la découverte du Nouveau Monde
(1450-1650),
Rennes, PUR, 1995 (1992). p. 265-272.
60 Il
coexiste avec « naturales »
tombé en désuétude.
61 La
formule consacrée étant « indio
(d)e mierda »,
une insulte de taille. Aussi, le dirigeant Martín Painemal pointait
son ressenti de la discrimination lorsqu’il entendait dire : « ¡este es indio! con un
pronunciamiento hostil, de odio »,
Foerster
R., Vida de un dirigente
Mapuche. Martín Painemal Huenchual,
Santiago, Grupo de Investigaciones Agrarias GIA, Academia de Humanismo
Cristiano, 1983, p. 101.
62 « Indigène »
reste très lié au passé colonial et à la France d’outre-mer.
63 Titre
d’un stimulant numéro sur ce sujet de la revue Genre Humain (Le),
Paris, Éditions du Seuil, n° 2, 1988.
64 En
1536 sur le fleuve Itata (36o24’ de lat. s.,
à l’embouchure).
65 Jerónimo
de Alderete reconnaît les embouchures du fleuve Bío-Bío (36o 49’ de lat. s.)
et du fleuve Valdivia (39o 52’ de lat. s.),
et Francisco de Villagra l’anse de Reloncaví (41o 40’
de lat. s.),
Silva
Galdames
O., Atlas de Chile
Histórico,
Santiago, Ed. Universitaria, 1983, p. 38.
66 Pedro
de Valdivia, après avoir été battu par les armées de Lautaro (1553) et
presque un demi-siècle plus tard, Martín García Oñez de Loyola face
aux armées de Pelentaro (1598).
67 Concepción
alors située dans la baie du même nom, quelques kilomètres au nord du
fleuve Bío-Bío, avait été détruite en 1554 et 1555. La ville,
fortement menacée, survécut au soulèvement de 1598.
68 Plusieurs
personnes ont contribué à la délicate élaboration des cartes.
J’exprime ma gratitude à Daniela Durán et Camilo Vásquez dont la
connaissance de la région a été d’une aide précieuse, je remercie
également Aurélie Hess et Nicolas Richard du CERHIO.
69 Ce
qui n’empêche nullement qu’elle ait pu –
après coup ou en cours de route –
s’en faire une raison et y trouver un intérêt, cela fait aussi partie
du processus d’accommodement.
70 Sur
le rôle du jésuite Luis de Valdivia dans la guerre défensive voir Zapater
H., La búsqueda de la paz en la
guerra de Arauco : Padre Luis de Valdivia,
Santiago, Andrés Bello, 1992 et « Parlamentos de paz en la guerra de
Arauco », dans Villalobos
et Pinto
Rodríguez
(comp.), Araucanía. Temas de
Historia fronteriza,
Temuco, Ediciones U. de la Frontera, 1985 ; voir aussi les travaux
plus récents de J. M. Díaz
Blanco, Razón de Estado y Buen Gobierno. La
Guerra Defensiva y el imperialismo español en tiempos de Felipe
III,
Sevilla, U. de Sevilla, 2010 et El alma en la palabra. Escritos
Inéditos del P. Luis de Valdivia,
Santiago, Ediciones U. Alberto Hurtado/PUC, 2011.
71 La
question de l’esclavage indien sera traitée dans la troisième partie
de cet ouvrage.
72 Cette
idée doit beaucoup à des conversations qu’encore étudiante nous avons
eues avec Thierry Saignes lequel, grâce à sa connaissance des
Chiriguanos, posait des questions stimulantes quant aux
Araucans-Mapuches. Cette note se veut une reconnaissance de dette,
malheureusement posthume.
73 À
cet égard nous différons fortement de S. Villalobos
qui affirme une prédominance des relations « pacifiques » à partir du
milieu du xviie siècle,
op. cit.,
1985, p. 29.
74 Zapater
H., op. cit., 1992.
75 Conséquence
directe de l’expédition hollandaise de Brower qui, débarquant en 1643
sur les côtes de Valdivia, établit des contacts avec plusieurs groupes
indiens de la zone. Les Hollandais, ayant à l’époque réussi à asseoir
leur pouvoir sur les côtes du Brésil, la menace fut prise très au
sérieux par les autorités espagnoles. Pendant quasiment un siècle le
fort de Valdivia et ses environs furent placés sous la tutelle directe
du vice-roi du Pérou (1645-1740) ; ils échappaient par conséquent à
l’autorité des gouverneurs du Chili, G. Guarda Geywitz,
La sociedad en chile austral
antes de la colonización alemana 1645-1851,
Santiago, Ed. Andrés Bello, 1979, p. 17-18.
76 Au
cours du xviiie siècle
deux offensives majeures ont eu lieu en 1723 et en 1769. H. Casanova Guarda
leur a consacré une étude intitulée Las rebeliones araucanas del siglo
XVIII, Temuco,
Ed. U. de la Frontera, 1987.
77 Les
documents produits par L. León
Solís
signalent l’alarme provoquée par les incursions des indiens du Chili
dans la province de Buenos Aires dès 1714. Le moment culminant des
invasions fut atteint beaucoup plus tard : aux alentours de 1770, Maloqueros y Conchavadores en
Araucanía y las Pampas, 1700-1800,
Temuco, Ed. de la U. de la Frontera, 1991, p. 190-191.
78 Voir
carte no 2.
79 « Lugar anodino ocupa Tomás Marín de
Poveda, hombre de escasos antecedentes que no hizo mucho bien ni mucho
mal », Villalobos
S., op. cit.,
1986, t. 3, p. 64.
80 « añora la tranquilidad… »
ou bien « por último todos
desean la paz … »,
Villalobos S., « Guerra
y paz en la Araucanía : periodificación », dans Villalobos
et Pinto Rodríguez (éd.),
op. cit.,
1985, p. 29.
81 Villalobos
S., loc.
cit.
82 Le
recours à la notion de frontière a connu un grand succès dans les
études sur les Amériques depuis Turner F.,
« El significado de la Frontera en la Historia Americana », dans Solano
et Bernabeu
(éd.), Estudios (Nuevos y
Viejos) de la Frontera,
Madrid, CSIC, 1990, p. 9-44, édition en anglais de 1935 (1893).
83 Jara
A., op. cit.,
1971 (1961).
84 Les
analyses critiques les plus poussées du « Grand Partage » se trouvent
sous la plume du spécialiste d’ethnologie européenne G. Lenclud,
« Le grand partage ou la tentation ethnologique », dans Althabe
(et al.),
Vers une ethnologie du
présent,
Paris, Éditions MSH, 1992 (1987-88), p. 35-65 et de B. Latour,
Nous n’avons jamais été
modernes. Essai d’anthropologie symétrique,
Paris, La Découverte, 1991, p. 132 et suiv.
85 L’étude
très fouillée de P. Leduc,
Les historiens et le temps.
Conceptions, problématique, écritures, Paris,
Éditions du Seuil, 1999, permet de prendre conscience de la relation
très particulière que les historiens entretiennent avec la
temporalité.
86 Particulièrement
net au début du xxe siècle,
voir Guevara T.,
Las últimas familias y
costumbres araucanas, Santiago,
Imp. Barcelona, 1913
et aussi Latchman
R., La organización social y
las creencias religiosas de los antiguos araucanos,
Santiago, Imprenta Cervantes,
1924. Au
cours de la seconde moitié du xxe siècle
cette tendance était encore manifeste, voir Titiev
M., Araucanian culture in
transition,
Ann Arbor, University of Michigan Press, 1951.
87 L’expression
est empruntée à E. Morin,
organisateur d’un colloque et d’une publication portant ce titre qui
plaide dans ce sens, Relier les
connaissances : le défi du xxie siècle,
Paris, Éditions du Seuil, 1999 (1998).
88 L’accès
aux autres disciplines (la linguistique la paléographie,
l’archéologie, le droit, la diplomatique, la géographie, etc.) s’est
effectué grâce aux études spécialisées en bibliographie.
89 Izard
M. et Wachtel N.,
« Histoire et Anthropologie : L’ethnohistoire » dans Bonté
et Izard
(dir.), op. cit.,
1991, p. 338.
90 Le
monde grec étant toujours perçu comme le creuset d’origine des
sociétés occidentales, voir M. Detienne, Comparer l’incomparable,
Paris, Éditions du Seuil, 2000.
91 Non
pas une anthropologie version chilienne mais de par notre formation
une ethnologie bien française.
92 C’est
tout le sens du travail de fond entrepris par J. L. Martínez Cereceda,
voir par exemple « Construcciones asimétricas: de indios, viracochas y
supays en los Andes coloniales », dans Araya et
Valenzuela (éd.)
América Colonial.
Denominaciones clasificaciones e identidades,
Santiago, RIL Editores, 2010.
93 Dillehay
T., Monumentos, Imperios y
Resistencia en los Andes. El sistema de gobierno mapuche y sus
narrativas rituales,
QUILLQA/U. Católica del Norte/U. Vanderbilt/Ocho Libro Editores, 2011
(2007), Voir aussi Martínez
Cereceda, ibid.
94 Latour
B., op. cit.,
1991 et Petites leçons de
sociologie des sciences,
Paris, La Découverte, 1993 ; Latour
et Lemonnier,
De la préhistoire aux missiles
balistiques. L’intelligence sociale des techniques,
Paris, La Découverte, 1994. Dans son point de départ, inspiré par la
sociologie des sciences, notre projet converge avec celui de Romain
Bertrand, mais non pas sa mise en œuvre.
L’impossibilité d’aller au-delà des « archives du contact » nous ayant
conduit à emprunter d’autres voies. Bertrand, R.,
L’histoire à parts égales.
Récit d’une rencontre Orient-Occident (xvie-xviie siècles),
Paris, Seuil, 2011.
95 Signalons
deux points sur ces polémiques. D’abord, l’un des contradicteurs les
plus acharnés admet qu’il s’agit là d’« une réflexion qui ne peut
laisser indifférent et qu’on ne peut pas feindre d’ignorer », Caillé A.,
« L’énigme du don (à propos de
Maurice Godelier : L’énigme du don) »,
L’Homme,
no 142,
2001, p. 96, ainsi que : « On ne pourra plus penser après Latour comme
nous le faisions jusque-là », ibid.,
p. 114. Ensuite P. Bourdieu,
dans Science de la science et
réflexivité, cours du Collège de France, 2000-2001,
Paris, Raisons d’agir, 2001, manifeste la crainte étonnante d’apporter
par la critique une publicité démesurée à un courant qu’il juge
mineur : si ces analyses étaient aussi inconsistantes, pourquoi donc
un telle crainte ?
96 Deux
autres auteurs que nous utilisons amplement se sont trouvés dans des
situations semblables : il s’agit de Pierre Clastres et de Michel
Foucault.
97 Saignes
T., « L’ethnographie missionnaire en Bolivie : deux siècles de regards
franciscains sur les Chiriguano, 1780-1980 », dans F. Morales
(éd.), Franciscan presence in the
Americas,
Potomac, Academy of Franciscan History, 1983, p. 346.
98 À propos
des motivations de la recherche historienne, voir P. Veyne,
Comment on écrit l’histoire
suivi de Foucault révolutionne l’histoire,
Paris, Éditions du Seuil, 1978 (1971). En particulier le chapitre IV :
« Par pure curiosité pour le spécifique », p. 43-64.
99 À notre
connaissance le seul exemplaire de ce dossier comprenant 201 pages est
conservé à la Bibliothèque Nationale du Chili qui nous a aimablement
facilité une copie (Manuscritos Medina, vol. 323).
100 Pinto Rodríguez
J. « Misioneros y mapuches : el proyecto del padre Luis de Valdivia y
el indigenismo de los Jesuitas en Chile », p. 70-92, dans Silva Galdames,
O. et al., Encuentro de
Etnohistoriadores,
Santiago, U. de Chile, 1988, p. 86 : « En Chile el caso más interesante
podría ser el que se desprende de un proceso a unos brujos […]
apresados por el comisario general de naciones de indios del
reino… ».
Casanova Guarda,
Diablos, brujos y espíritus
maléficos. Chillán, un proceso judicial del siglo xvii,
Temuco Ediciones Universidad de la Frontera, 1994, p. 141 : « Un interesante proceso conducido en
1693 por el comisario general de naciones Antonio de Soto
Pedrero… ». Boccara
G., op. cit.,
1998, p. 130-131 : « Un
document de la fin du xviie siècle […] d’une extrême richesse
ethnographique […]. Ce très riche document. »
101 Dans
le travail paléographique certains problèmes ponctuels subsistent mais
les difficultés de déchiffrage, plus ardus pour le xvie siècle
et qui peuvent se retrouver durant le premier quart du xviie siècle,
s’estompent à mesure qu’avance le siècle.
102 En
guise d’exemple deux ouvrages de référence dont les titres mêmes sont
emblématiques d’une pratique largement partagée, bien que pas toujours
aussi poussée : Medina
J. T., Los aborígenes de Chile,
Santiago,
Imp. Universitaria, 1952 (1882) et Zapater
H., Aborígenes chilenos a
través de cronistas y viajeros, Santiago,
Editorial Andrés Bello, 1978.
103 Voir
à ce sujet la réflexion de F. Affergan,
« Crise de l’induction et altérité : le cas de la Martinique », Revue de l’Institut de Sociologie
de l’Université Libre de Bruxelles, 1988,
3-4.
104 J.-P. Olivier de Sardan
est parmi ceux qui critiquent âprement les usages en cours : « la
parole des intéressés n’a souvent aucune existence dans la littérature
ethnologique, elle est dissoute, malaxée, transformée à travers le
réseau d’interprétations que propose le chercheur : qui peut alors
faire la part des dires de l’informateur et celle des explications de
l’anthropologue ? », Les
sociétés songhay-zarma (Niger-Mali) chefs guerriers, esclaves,
paysans,
Paris Ed. Karthala, 1984, p. 6. Un souci similaire émerge dans les
interrogations sur la place du récit dans la pratique historique, voir
notamment P. Ricoeur,
Temps et récit, t. 1, L’intrigue et le récit
historique,
Paris, Éditions du Seuil, 1983 et K. Pommian,
Sur l’histoire,
Paris, Gallimard, 1999 (1997).
105 Le
plus connu demeure le livre de C. Ginzbourg
retraçant les déboires judiciaires du meunier Menocchio, pris dans les
tenailles de l’Inquisition dans le Frioul du xvie siècle,
Le fromage et les vers :
l’univers d’un meunier du xvie siècle,
Paris, Flammarion, 1980.
Pour une analyse poussée de la célébrité de cet ouvrage voir Serna
et Pons, Cómo se escribe la microhistoria :
ensayo sobre Carlo Ginzburg,
Madrid, Cátedra/Universidad de Valencia, 2000. Deux autres travaux
importants du même auteur portent sur des dossiers judiciaires
italiens des xvie
et xviie siècles :
Les batailles nocturnes :
sorcellerie et rituels agraires en Frioul, xvie et xviie siècle,
Paris, Verdier, 1980 (1966) et le Sabbat des sorcières,
Paris, Gallimard, 1992 (1989). Par ailleurs, dans Le juge et l’historien :
considérations en marge du procès Sofri,
Paris, Verdier, 1997 (1991), l’auteur applique à un procès
contemporain, intenté à un leader de l’extrême gauche italienne, les
mêmes procédés d’analyse qu’il avaient employé pour les procès
inquisitoriaux. Levi
G.
Le pouvoir au village. Histoire
d’un exorciste dans le Piémont du xvie siècle,
Paris, Gallimard, 1989, constitue un autre travail de référence.
106 En
particulier les monographies -en histoire ou en ethnologie- ayant une
forme codifiée qui demeure sensiblement la même, quel que soit l’objet
étudié. Ces monographies à tiroirs prédéfinis, quel que soit le
contenu à placer, donnent l’ennuyeuse impression de ne trouver que ce
que l’on connaît déjà, de reconnaître plus que de découvrir réellement
Pour une analyse critique voir Chiva
I., « À propos des communautés rurales… »
dans Althabe,
Fabre
et Lenclud
(dir.), op. cit.,
1992, et Bromberger
C., « Du grand au petit : variations d’échelle et des objets d’analyse
dans l’histoire récente de l’ethnologie de la France » dans Chiva
et Jeggle
(dir.), Ethnologies en
miroir…
Paris, Éditions MSH, 1987.
107 B.
Lepetit
exprimait par exemple la crainte d’une « mise en œuvre simplifiée du
paradigme microanalytique », « Architecture, géographie, histoire ;
usages de l’échelle », Genèses,
no 13,
1993, p. 397.
108 R.
Romano
aurait même disqualifié l’œuvre de Ginzbourg en la traitant de « ejemplo de micropensamiento
historiográfico »,
cité par Serna
et Pons,
op. cit.,
2000, p. 25.
109 Voir
parmi d’autres la collection « microhistoria »
éditée en Espagne par « Anaya & Mario Muchnik ».
110 D’où
le titre de l’ouvrage collectif : Revel J. (éd.),
Jeux d’échelles. La
micro-analyse à l’expérience,
Paris, Gallimard/Le Seuil, 1996.
111 Au
début de ce travail nous envisagions, un peu naïvement, une
progression de la recherche par cercles concentriques qui, en
s’élargissant, permettraient de glisser d’une échelle à une autre,
comme s’il s’agissait de changer la mise au point d’un téléobjectif.
C’était se méprendre sur le caractère instable et mouvant de la
matière dont nous cherchions à rendre compte, ne se laissant pas
appréhender par des figures aussi parfaitement géométriques, à moins
de la soumettre à un lissage la dépouillant du relief et lui ôtant
l’épaisseur de son grain.
112 Lahire
B., « Les variations des contextes en sciences sociales », Annales HSS,
no 2,
1996, p. 381-407.
113 Revel
J. (éd.), op. cit.,
1996.
114 Lahire
B., op. cit.,
1996.
115 Lepetit
B., op. cit.,
1993.
116 Op. cit.,
1996, p. 393 et suiv.
117 Une
autre formulation de cette même idée est exprimée en ces termes : « l’approche suppose au contraire
une construction progressive où les contours – factuels, historiques,
géographiques même parfois – de l’objet sont produits par le mouvement
de l’analyse elle-même »,
Fabre
D., « L’ethnologue et ses sources », dans Althabe,
Fabre
et Lenclud,
op. cit.,
1992, p. 49-50. Par ailleurs, dans son approche des innovations
scientifiques et techniques, B. Latour
affirmait : « Nous suivons la production simultanée d’un “texte”
et d’un “contexte” »,
op. cit.,
1993, p. 50.
118 Fabre
D., op. cit.,
1992, p. 49.
119 Le
terme est emprunté à un des ouvrages de J.-L Amselle, Branchements. Anthropologie de
l’universalité des cultures,
Paris, Flammarion, 2001, et il va sans dire que le procédé lui doit
aussi énormément.
120 Bien
évidemment, il y avait d’autres options, moins porteuses de notre
point de vue.
121 Les
deux volumes édités par R. Verdier
sur le serment ont été fondamentaux pour notre propre réflexion, Le serment,
t. 1 et t. 2, Paris, CNRS, 1991.
122 Garapón
A., Bien juger : essai sur le
rituel judiciaire,
Paris, Odile Jacob, 1997, analyse le rituel judiciaire français en le
comparant au déroulement des procès aux États-Unis.
123 En
France, Simmel connaît depuis les années quatre-vingts un regain
d’intérêt. Le recueil de contributions publié par P. Watier, Georg Simmel. La sociologie et
l’expérience du monde moderne,
Paris, Méridiens Klincksiek, 1986 (1985), constitue un bon état des
lieux de la réception de la sociologie de Simmel par des chercheurs
contemporains. Sur le volet des conflits voir en particulier l’article
de S. Guth,
« Le conflit et la morphogenèse des groupes » et la préface de J. Freund.
124 Dans
son « Introduction », à Simmel
G., Sociologie et
épistémologie,
Paris, PUF, 1981 (1970), p. 67, J. Freund
estime qu’« À l’encontre de la plupart des auteurs de son époque qui
ne voyaient dans la lutte qu’une forme sociale à dépasser et par
conséquent à éliminer, il considère le conflit comme une force
fondamentale et positive de toute socialisation » ; ou encore que
« Simmel a été l’un des rares auteurs à faire porter l’analyse sur les
deux moments du conflit : l’hostilité et la socialisation autour d’un
objet commun », ibid.,
p. 69.
125 Vengeance (La) : études
d’ethnologie, d’histoire et de philosophie,
Paris, Cuyas, 1981-1986, est la publication en quatre volumes d’un
séminaire organisé par Raymond Verdier
à l’université de Nanterre.