La révolution cubaine et la France gaulliste : regards croisés
p. 221-234
Texte intégral
1Île caribéenne, partie intégrante culturellement et historiquement de l’espace latino-américain, Cuba fut dans les années 1960 le point de mire de toutes les attentions. Si de nombreux chercheurs français – tels que Jean Lamore, Paul Estrade ou encore Alain Yacou – se sont penchés sur les liens étroits qui se sont noués au cours des siècles précédents entre la France et Cuba1, on constate cependant qu’il y a peu d’études concernant les relations franco-cubaines dans la période qui nous intéresse, à l’exception de la fameuse crise des fusées de 1962 qui, en revanche, a cristallisé l’attention internationale, et je pense ici aux travaux de Maurice Vaïsse.
2Du côté cubain, on constate pourtant une vive empathie suscitée par l’histoire et la culture française, comme en atteste la correspondance des ambassadeurs français en poste dans l’île qui n’ont de cesse de rappeler les très forts sentiments d’amitié qui unissent la France et Cuba, notamment parce qu’elle fut le premier pays d’Amérique latine avec Haïti à avoir reconnu en 1942 le Comité national français de Londres et à avoir rompu avec le gouvernement de Vichy2. Déjà en 1956, l’ambassadeur Philippe Grousset écrivait depuis La Havane : « Notre fête nationale ne passe jamais inaperçue à Cuba, elle est avec celle des États-Unis, celle qui a le plus de résonnance dans l’île. » En ce temps-là, Fulgencio Batista était au pouvoir3… Mais, qu’allait-il en advenir en 1959 ?
3On s’interrogera ici sur l’impact de la Révolution cubaine dans les relations bilatérales au travers des échanges épistolaires des archives du Quai d’Orsay mais aussi des déclarations de personnalités officielles françaises et cubaines, des témoignages qui laissent apparaître diverses sensibilités et affinités culturelles réciproques et nous permettent d’évaluer, d’une certaine façon, l’influence du jeu diplomatique sur les inflexions des politiques extérieures.
4C’est donc dans une perspective de regards croisés que nous reviendrons sur cette décennie 1959-1969, c’est-à-dire, sur les premières années de la construction du socialisme à Cuba jusqu’à son adhésion au COMECON en 1972 et sur la toute dernière partie de la gouvernance du général de Gaulle, caractérisée par ses prises de position les plus audacieuses en matière de diplomatie internationale.
5Sans ignorer le fossé idéologique qui pouvait séparer le général de Gaulle et le Comandante Fidel Castro qui ont vécu, chacun en leur temps, dans des contextes fort différents, nous nous permettrons néanmoins d’évaluer, en toute modestie, les points de convergence et de discordance sur des principes fondamentaux du droit international qui ont caractérisé une certaine vision géopolitique du monde incarnée par deux chefs d’État d’une envergure exceptionnelle.
Une révolution anti-impérialiste et tiers-mondiste
6Lorsqu’en janvier 1959, après vingt-cinq mois de campagne militaire, les troupes victorieuses de Fidel Castro, Ernesto Che Guevara et Camilo Cienfuegos entrèrent à La Havane, la même année en France, porté par les événements brûlants de la guerre d’Algérie et soutenu par l’armée, le général de Gaulle, élu président de la Ve République après avoir fait adopter par référendum une nouvelle Constitution, refaisait son entrée sur la scène politique.
7La coïncidence de date est de taille, elle est à la dimension des acteurs et des événements politiques de cette époque qui leur sont liés. Car, on peut dire en effet que la Révolution cubaine a constitué une étape décisive dans l’histoire du xxe siècle, par son rayonnement au niveau régional mais aussi international.
8Ce rayonnement, elle le devait d’abord au caractère radical de ses réformes qui transformèrent en profondeur la société cubaine, ce qui lui valut une hostilité tenace de la part des États-Unis dès les premières heures de la Révolution, alors que le gouvernement procédait aux mesures de nationalisations des secteurs vitaux de l’économie et de redistribution des richesses4. Dès l’année 1960, les États-Unis annulèrent la quote-part sucrière cubaine et mirent fin à leurs livraisons de pétrole ; s’ensuivit une rupture des relations diplomatiques en janvier 1961.
9Le Mouvement du 26 juillet qui avait porté les barbudos au pouvoir incarnait alors le succès d’une guerre de libération nationale, puis la victoire du gouvernement révolutionnaire lors de la tentative d’invasion soutenue par la CIA à Playa Girón (baie des Cochons) en avril 1961 lui octroyait un prestige incontestable auprès des peuples du Tiers-monde qui combattaient en ce temps-là pour leur autodétermination5. Il est vrai que l’expérience cubaine pouvait représenter à cette époque un modèle de développement pour les autres pays pauvres d’Amérique latine, un exemple subversif dans un contexte international extrêmement polarisé où tout mouvement de revendication de justice sociale était très vite taxé de communiste par les classes dirigeantes, permettant de légitimer d’une certaine façon toutes formes d’interventions extérieures6. C’est d’ailleurs pour contrer les effets de contagion de la révolution castriste sur le continent, que Kennedy proposa à l’Organisation des États américains (OEA), dès août 1961, ce vaste programme d’aide économique, « l’Alliance pour le progrès » et obtint en janvier 1962 l’exclusion de Cuba de l’OEA.
10Mais c’est surtout l’indépendance de sa ligne politique extérieure qui a fait la spécificité de la Révolution cubaine et qui explique son retentissement dans le monde entier et, particulièrement, en Amérique latine. Car, rappelons-le, si Cuba s’était ralliée au camp soviétique elle avait cependant toujours affirmé son choix du non-alignement7. Premier pays d’Amérique latine à participer à la conférence de Belgrade en 1961 et cofondatrice du Mouvement des non-alignés, elle se démarquait de la position officielle russe et chinoise par sa sensibilisation aux problèmes des pays du tiers-monde avec lesquels elle partageait les aspirations au développement et à la souveraineté ; une affinité qu’elle devait sans doute à son appartenance à cet espace caribéen et latino-américain marqué par l’histoire des luttes séculaires contre le pouvoir colonial et néocolonial8. Par ailleurs, la constitution de cette troisième force potentielle des pays du Sud avec l’émergence de nouveaux États sur la scène mondiale offrait à Cuba une tribune d’expression au moment où le durcissement des relations avec les États-Unis l’isolait un peu plus de l’Amérique latine.
11Au-delà donc du clivage idéologique Est-Ouest, Cuba devint l’emblème de la confrontation Nord-Sud. « Premier territoire libre d’Amérique » comme elle aimait à le rappeler, ses engagements en Afrique, dès 1963, puis en Amérique latine, témoignèrent, dans ces années-là, d’une velléité réelle d’autonomie face à la bipolarisation du monde et du jeu des deux superpuissances9. Elle fit de la politique internationaliste un axe majeur de sa diplomatie. C’était non seulement une nécessité pour un petit pays pauvre afin de garantir une indépendance nationale mais aussi un devoir moral, expliquait Che Guevara, figure charismatique de la Révolution. Après une tournée dans huit pays africains à partir de décembre 1964, ce fut à Alger, le 24 février 1965, où, dans un discours mémorable, le Che invoquait l’urgence d’élaborer une stratégie globale d’extension de la lutte révolutionnaire par la multiplication des foyers de guérillas10. Puis, en avril de la même année, il se rendit clandestinement dans l’ex-Congo belge qui venait d’accéder à l’indépendance et qui était en proie aux déchirements de la guerre civile. Se solidarisant avec la lutte du MPLA, il préparait déjà le terrain d’une future intervention cubaine en Angola11.
12La Havane devint ainsi l’épicentre d’une nouvelle internationale, aussi bien pour l’Amérique latine avec laquelle elle aspirait à un destin commun12 que pour le reste du monde, accueillant en octobre 1960 l’Institut cubain d’amitié avec les peuples (ICAP). Et ce fut en 1966, lors de la célèbre Conférence tricontinentale, que virent le jour dans la capitale cubaine, l’Organisation de solidarité des peuples d’Afrique, Asie et Amérique latine (OSPAAAL) puis, en 1967, l’Organisation latino-américaine de solidarité (OLAS).
13L’échec de la guérilla du Che en Afrique, puis dans le maquis bolivien en 1967 signifia sans doute la fin de la tentative d’unification du mouvement armé révolutionnaire à l’échelle internationale et marqua une nouvelle étape dans la politique extérieure de Cuba, plus préoccupée désormais de développer et de diversifier ses relations avec d’autres partenaires économiques, notamment avec l’Europe et l’Amérique latine.
La position française : une relation en demi-teinte
14Il est indéniable que la Révolution cubaine, qui se distinguait par sa vocation anti-impérialiste et tiers-mondiste, souleva dès le début une vague de sympathie et d’enthousiasme au sein de la jeunesse, des intellectuels, et dans la gauche française en quête d’un nouveau modèle de socialisme. Cette classe politique retrouvait un autre souffle dans l’idéal guévariste de « l’homme nouveau13 », au point de se rendre à Cuba pour se ressourcer dans les camps de la jeunesse organisés pendant l’été 196814.
15Or, si dans les milieux officiels français, on affichait une attitude plutôt bienveillante vis-à-vis du processus révolutionnaire, Cuba n’en restait pas moins un pays allié de l’URSS, ce qui induisait une certaine méfiance dans la diplomatie bilatérale. Néanmoins, dans l’effervescence des événements de cette décennie 1960, les gouvernements français et cubain ont cherché à maintenir un dialogue constant que l’on peut qualifier de respect mutuel, non sans une certaine ambiguïté de part et d’autre, en contraste d’ailleurs avec les politiques extérieures réciproques particulièrement actives au cours de ces années-là.
16La lecture de la correspondance diplomatique des archives des Affaires étrangères nous montre l’évolution des positions franco-cubaines face aux événements internationaux, une perception qui varie selon les personnalités des diplomates et les postes qu’ils occupaient. On constate, notamment, au sujet de la Révolution cubaine, une différence flagrante d’appréciation entre les propos des ambassadeurs français à Washington et ceux qui étaient à La Havane. La vision qu’ils avaient de la géopolitique latino-américaine en était bien différente. Les États-Unis voyaient Cuba comme une menace régionale et internationale, alors que pour la France, elle était un partenaire économique et commercial potentiel en dépit des fortes réserves à l’égard du régime communiste15. En ce sens, 1959 n’a pas marqué une rupture dans les relations franco-cubaines, mais plutôt une volonté commune de poursuivre et de renforcer les relations bilatérales au niveau de la coopération culturelle, technique et scientifique16.
17C’est donc sur un terrain plus politique que l’on peut observer la manifestation de ces sensibilités. Ainsi, on notera qu’entre 1959 et 1962, le problème algérien avait instauré une vraie crispation dans la diplomatie franco-cubaine du fait que Fidel Castro, lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU le 26 septembre 1960 avait soutenu la lutte d’indépendance du peuple algérien17. Cuba avait reconnu officiellement le FLN puis le GPRA18, accueillant leurs émissaires lors de la fête nationale du 26 juillet dont l’abbé Bérenger, représentant du Croissant Rouge, en mai 1960, et le journaliste communiste Henri Alleg, en janvier 1962. Les déclarations ouvertement anticolonialistes des représentants des autorités cubaines lors des grandes Conférences internationales ne manquèrent pas de provoquer un malaise certain, peu propice au développement des échanges bilatéraux, sans entacher pour autant, soulignait l’ambassadeur français, Roger Robert du Gardier, l’estime réciproque, voire la sympathie, que pouvaient se témoigner les deux nations19.
18Dans une de ses missives, ce dernier citait les propos que M. Raul Roa, ministre d’État cubain, lui aurait confiés à ce sujet en janvier 1960 :
« Sans l’indépendance de l’Algérie il est impossible d’établir une véritable compréhension entre les pays sous-développés et les grandes puissances. […] Nous n’avons aucune animosité contre la France mais nous croyons que la politique de la France en Algérie est erronée et appartient au passé. Pour cela j’ai dit à l’ONU et je le répète ici, que le peuple algérien défend dans sa lutte pour l’indépendance, les grands principes de la France révolutionnaire20. »
19Ce fut en réalité à partir des accords d’Évian et dans l’année 1963 que les rapports se détendirent. Les autorités cubaines firent savoir que leurs dirigeants souhaitaient se rapprocher des missions occidentales et redoublèrent d’une « extrême amabilité […] ce qui tendait à confirmer l’ouverture d’une “campagne de séduction” amorcée depuis quelques mois », écrivait Robert du Gardier. Le 14 juillet de la même année, pour la première fois, Fidel Castro se rendit à l’invitation officielle à l’Ambassade de France ; une tradition qui s’est perpétuée depuis21.
20Les années 1963 à 1967, dominées par une intense activité diplomatique cubaine au sein de l’organisation Tricontinentale et le renforcement des tensions avec les États-Unis, voyaient paradoxalement le resserrement des liens franco-cubains caractérisé par un fort regain d’intérêt pour la culture française et par le développement des échanges commerciaux22. C’était aussi le moment où Cuba cherchait justement à se démarquer de la ligne soviétique, en affirmant son soutien aux guérillas d’Amérique latine.
21Ainsi, le voyage que le général de Gaulle entreprit en Amérique latine de septembre à octobre 1964, fut perçu comme un acte très positif, « un honneur pour toute l’Amérique latine y compris pour Cuba » déclara l’ambassadeur de Cuba en France à son homologue Pierre Négrier. Il déplora néanmoins que le chef de l’État français ne s’arrête pas à La Havane et ne puisse voir « qu’un aspect des réalités latino-américaines23 ». Les bandes d’actualité dans les cinémas cubains retraçaient le vaste périple du Général, d’abord au Mexique – pays plus stable politiquement qui ne rompit d’ailleurs jamais ses liens avec Cuba – puis dans les dix autres républiques d’Amérique du Sud. On y soulignait l’amitié particulière du général pour l’Amérique latine et la forte popularité dont il jouissait en raison de ses positions en faveur de l’indépendance nationale et de son rôle pendant la décolonisation24.
22En janvier 1965, suite à l’excellent accueil réservé à la délégation parlementaire française25, composée de cinq députés dont trois gaullistes de l’UNR, qui se rendait à Cuba, M. Pierre Négrier écrivait : « Nous n’avons que fort peu d’efforts à faire pour retrouver ici la place que nous y avons occupée jusqu’à la dernière guerre. Les Cubains sont très demandeurs, c’est une occasion que nous ne devrions pas laisser échapper26. »
23L’année 1967 fut probablement l’un des moments les plus forts du resserrement des liens amicaux franco-cubains. L’île était passée au premier rang des pays clients de la France en Amérique latine27, un rapprochement qui traduisait une certaine volonté d’indépendance de La Havane vis-à-vis de Moscou. Plus de six cents personnes dont le chef de l’État cubain répondirent à l’invitation de l’ambassadeur Henry Bayle à la résidence de France, le jour de la Fête nationale. Ce dernier déclara à cette occasion au journal Juventud Rebelde :
« Il y a en France une sympathique curiosité et un intérêt pour l’expérience cubaine et pour le peuple de Cuba, alimentés sans doute par la conscience de certaines affinités, que, pour simplifier, je qualifierais de “latines”. […] Il y a une base réelle pour le développement de relations fructueuses entre nos deux pays, malgré la différence des régimes politiques et sociaux28. »
24L’ambassadeur faisait également remarquer que, du côté cubain, il y avait un désir d’ouverture vers l’Europe occidentale et surtout vers la France, « stimulé par la confiance inspirée par la politique d’indépendance que suit la France, d’indépendance pour elle-même et de respect de l’indépendance des autres pays29 ».
25À propos des événements de mai 1968 à Paris, on notera une grande discrétion dans la presse cubaine désireuse d’éviter toute ingérence dans les affaires intérieures françaises et, de son côté, le gouvernement français, après avoir mis quelques restrictions, autorisa finalement les voyages à Cuba à destination des camps d’instruction, tel le Campamento 5 de mayo ou la Brigade Venceremos, une façon pour la jeunesse – pensait-on – de confronter propagande et réalité30.
26Les rapports entre les deux pays semblaient plutôt détendus et l’on pouvait aisément parler d’une bonne entente. Il est d’ailleurs intéressant de souligner que le gouvernement cubain, qui s’était inquiété de la réponse négative du peuple français au référendum du 27 avril 1969 lancé par le général de Gaulle, avait accueilli avec une « vive satisfaction » la victoire de Georges Pompidou qui incarnait à ses yeux, une certaine continuité. Il espérait aussi que cela soit un gage pour la poursuite de la politique d’indépendance nationale française31. « La France est à l’heure actuelle – au dire de l’ambassadeur Pierre Négrier – le pays occidental qui est le plus écouté à Cuba en raison de sa politique extérieure32. »
27Et pourtant, malgré cette « offensive de bonne volonté » de la part du gouvernement cubain qui permit une approche plus compréhensive des politiques réciproques et l’ouverture de certains marchés, ce fut bien une politique de « l’entre-deux » qui caractérisa les relations entre Cuba et la France gaullienne. Car, si cette dernière, condamna toujours l’embargo étasunien contre Cuba, elle n’hésita pas non plus à donner son appui total à Kennedy lors de la crise des missiles. Et bien que les relations culturelles et commerciales déjà anciennes fussent maintenues, voire renforcées, en réalité, il n’y eut pas de véritable politique institutionnelle de coopération économique, scientifique et technique avant la signature d’un accord-cadre en 197533. Dans cette décennie 1960, la coopération avec Cuba restait mineure et ponctuelle, se limitant à des accords modestes. Paris n’avait d’ailleurs pas établi de ligne d’aviation directe avec La Havane et pour s’y rendre il fallait passer par les pays de l’Est ou l’Espagne34. Les rares coopérants qui partaient à Cuba, le faisaient souvent par affinité ou conviction politique personnelles35. À l’époque, pratiquement seul le parti communiste français manifestait sa solidarité de façon concrète ainsi que l’association France-Cuba dont les comités d’amitié implantés dans toute la France permettaient de contourner l’embargo économique36.
Souveraineté, indépendance, coopération : le dessein commun d’une politique mondiale
28L’état des relations franco-cubaines à cette époque fut indiscutablement marqué par la personnalité du général de Gaulle, par son positionnement vis-à-vis du tiers-monde et la défense de la multipolarité. Selon Maurice Vaïsse, c’est cette recherche d’un équilibre mondial – une conception propre au chef de l’État français – qui le poussa à développer naturellement ses relations avec les pays ibéro-américains, se référant à la notion de « latinité » et aux idéaux communs partagés par l’Europe et l’Amérique latine. Il refusa également son inféodation à l’organisation intégrée de défense de l’OTAN, considérant qu’elle ne correspondait plus au contexte stratégique mondial, organisation qu’il quitta en 1966, même s’il ne remit jamais en cause sa fidélité à l’Alliance atlantique37. Et il est vrai que sa position critique vis-à-vis de l’hégémonisme étasunien dans cette zone, notamment lors de l’intervention militaire en République dominicaine en 1965, trouva un écho favorable auprès d’une opinion latino-américaine en quête d’une « troisième voie38 ». Sur la scène internationale, le général de Gaulle se prononça pour l’indépendance des nations d’Afrique noire (1960) et de l’Algérie (1962), défendant la spécificité francophone québécoise39, maintenant une normalisation des relations avec les pays du bloc soviétique et la République populaire de Chine, condamnant l’ingérence américaine au Vietnam (1966)40.
29C’est donc bien la politique extérieure de De Gaulle, « la seule, peut-être, inspirée par une vue “planétaire” » expliquait l’ambassadeur Henri Bayle à La Havane en 1968, qui força l’admiration du gouvernement révolutionnaire cubain41. Cette grandeur qu’avait de Gaulle dans sa vision d’un monde de paix et de coopération, est un trait de personnalité que l’on retrouve aussi chez le combattant, le chef d’État et l’homme de conviction qu’est Fidel Castro. Et c’est avec l’impartialité que donne le recul du temps, en 1988, que le Comandante confia spontanément à Raymond Offroy son empathie particulière pour la personne du Général bien qu’il « n’ait jamais eu la chance ni l’honneur de faire sa connaissance », disait-il. Ce qu’il appréciait le plus en lui, c’était cette volonté d’indépendance qui caractérisa son action politique, sa ténacité, son incroyable foi en son peuple, ses qualités humaines, son intelligence d’homme politique et de militaire qui fit de lui un « facteur de paix », enfin, son sens de l’innovation42.
30Et c’est aussi au moment du décès du Général, le 9 novembre 1970, que nous aurons ce regard cubain sur les années de Gaulle au travers des médias qui donnèrent à cet événement « une place exceptionnelle », commentera l’ambassadeur Henry Bayle à Maurice Schumann, ministre des Affaires étrangères à Paris43. La revue cubaine Bohemia, réalisa un long reportage avec des photos rappelant l’œuvre et la personnalité du Général, soulignant à propos de mai 1968 : « La suprême intelligence de De Gaulle de ne pas verser dans une cause de conflit plus grave encore. » Verde Olivo, l’organe des Forces armées cubaines, parla de « la mort d’un croisé » saluant la mémoire de l’homme du 18 Juin : « Depuis Napoléon et Louis XIV aucun gouvernant n’a été le centre de la vie française d’une façon aussi totale et personnelle et pour une aussi longue période de temps, que Charles de Gaulle. » En référence au référendum de 1969, le journal commentait : « Soumettre le pouvoir au jugement des masses est une attitude qui n’est pas coutumière chez les gouvernants absolus, à moins qu’ils ne soient sûrs d’avance de la réponse » et il s’interrogeait sur les raisons « plus psychologiques que politiques » qui amenèrent le chef de l’État à une détermination qui, « pour la première fois dans sa carrière lui fit perdre la guerre au lieu d’une bataille », et louant la « sobre majesté » avec laquelle le Général quitta l’Élysée pour Colombey. Le quotidien Juventud rebelde consacra à son tour à l’événement quatre colonnes en première page et Granma la dernière. Les archives diplomatiques françaises attestent de la grande émotion suscitée par ce décès, perceptible sur les ondes radio et émissions de télévision, tant par la teneur des réactions que par le nombre de témoignages exprimés, lettres de condoléances et télégrammes envoyés.
31Il faut probablement comprendre que l’entente particulière entre la Cuba révolutionnaire et la France gaulliste témoignait d’une évolution fondamentale de la conception des relations entre pays riches et pays pauvres depuis les années 1960. En effet, la Révolution cubaine a suscité une véritable réflexion autour de la notion de coopération qui ne pouvait plus se concevoir comme une relation unilatérale limitée essentiellement à une aide de type humanitaire ou comme système d’exploitation d’un pays du tiers-monde. Rappelons que les rapports très anciens entre Cuba et la France se sont forgés sur des valeurs partagées et communes à l’histoire des révolutions et des luttes sociales de ces deux nations. La pensée de Rousseau, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et la Commune de Paris de 1871, ont servi de modèles à des générations de penseurs et indépendantistes cubains qui, pendant trente ans, après l’échec de la première guerre d’Indépendance de 1868-1878, ont dû se battre seuls contre la puissance militaire espagnole. Le 14 juillet a toujours été célébré à Cuba par les plus hautes autorités du gouvernement, et le peuple cubain s’est approprié la Marseillaise en tant que symbole révolutionnaire universel44. Et si Cuba et la France ont maintenu jusqu’à aujourd’hui ces liens privilégiés, c’est parce que la conception de la coopération repose sur un principe de stricte égalité et de réciprocité, au dire des acteurs de la diplomatie française, ce qui suppose de la part de la France un profond respect de la ligne politique cubaine. C’est probablement cette tolérance s’appuyant sur la concertation et le dialogue d’une grande puissance occidentale envers un petit pays du tiers-monde qui a permis le rapprochement entre deux régimes situés aux antipodes l’un de l’autre. « Respect rigoureux de l’indépendance des moins forts par les puissants » et inconditionnalité de l’aide, comme l’avait rappelé le général de Gaulle dans son discours à la faculté de droit à Buenos Aires, le 5 octobre 1964, sont sans nul doute les valeurs qui ont guidé Cuba et la France dans leurs relations internationales45.
Conclusion
32On pourrait finalement parler d’un rendez-vous manqué entre Charles de Gaulle et Fidel Castro et si ce dernier exprima à plusieurs reprises son vif désir de rencontrer son homologue, à Paris ou à La Havane, et attendit le moindre signe d’encouragement allant en ce sens46, le Général ne se rendit jamais à Cuba et il fallut attendre mars 1995, pour que le leader cubain puisse venir sur le sol français à l’invitation officielle du président François Mitterrand.
33La volonté de rapprochement était manifestement plus réservée du côté français en raison des réalités et des préoccupations tellement divergentes que connaissaient les deux pays. Et Fidel de l’expliquer très lucidement :
« Nous avons vécu à la même époque, mais aussi, en un sens, dans des époques différentes. Nous sommes bien contemporains, mais les problèmes que le général de Gaulle a rencontrés étaient d’une autre nature que les nôtres. Nous avons vécu l’expérience de la révolution sociale ; lui, celle de la reconstruction et du développement de la France dans le cadre d’un système économique et social donné. Cuba est petit, et si, en effet, la cause que nous défendons est grande, si les principes que nous incarnons sont bien des principes universels […] nos possibilités sont très inférieures à celles d’un grand pays47. »
34De même que les illusions sont retombées très vite sur les ambitions économiques de la France en Amérique latine48, la pression croissante des États-Unis exercée à l’encontre des États qui commerçaient avec Cuba, a probablement représenté un obstacle majeur au rapprochement franco-cubain, une situation dont témoignèrent en leur temps les ambassadeurs français. En matière d’importation de nickel, par exemple, Henry Bayle déclarait : « l’attitude des États-Unis nous impose certaines précautions pour répondre aux appels discrets du gouvernement cubain et nos achats de ce métal ont diminué considérablement de 7 000 tonnes en 1967 à 3 000 en 1970 ». Et d’ajouter : « Une attitude prudente s’impose d’autant plus que l’inscription d’une entreprise étrangère sur les “listes noires” américaines entraîne des représailles brutales et n’est pas aisément annulable49. »
35Le chef de l’État cubain ne cachait pas sa déception face à une attitude française qui se révéla être plus idéaliste que pragmatique. N’avait-il pas déclaré aux membres de la mission parlementaire française en 1965 en parlant du général de Gaulle : « C’est un très grand homme d’État, mais il y a une contradiction entre sa volonté de faire de la France un pays indépendant et son refus de comprendre que j’essaie d’en faire autant50. »
36Et le député gaulliste, M. Marcenet, qui présidait cette mission, avait d’ailleurs confié au journaliste qui l’interrogeait : « Si un jour Castro tombe dans l’orbite des pays de l’Est, je le regretterai, mais personne ne pourra lui en vouloir, nous avons tous nos responsabilités dans cette affaire. Comment faire pour l’aider à ce que sa révolution demeure originale51. »
37Aujourd’hui, après de nombreuses années d’isolement diplomatique, Cuba renoue avec sa vocation latino-américaine, dans un contexte géopolitique qui a radicalement bouleversé la donne dans cette partie du monde. Plus présente que jamais sur la scène régionale, au sein d’organisations d’intégration comme l’ALBA52 ou la CELAC53, Cuba se retrouve à l’unisson d’une nouvelle Amérique latine souveraine, relativement épargnée par le marasme économique global et mue par une volonté d’intégration, de paix et de dialogue, avec laquelle la France a certainement encore un rôle à jouer54.
Notes de bas de page
1 L’histoire des relations franco-cubaines s’inscrit bien dans la longue durée de la période coloniale dont le point de départ remonterait à 1700, époque où Philippe V, petit-fils de Louis XIV, montait sur le trône d’Espagne. L’avènement d’un premier prince bourbon à la Couronne espagnole scellait pour deux siècles une alliance outre-Pyrénées, rompue épisodiquement au gré des guerres révolutionnaires et napoléoniennes. Et c’est à la faveur de ces liens de « famille » que de nombreux Français ont pu s’installer et prospérer à Cuba, un flux migratoire qui s’est intensifié à la fin du xviiie siècle lors des événements révolutionnaires haïtiens, favorisé également par la proximité géographique de la partie française de l’île de Saint-Domingue. Au moment des guerres d’indépendance de Cuba, la fidélité française à l’Espagne allait s’éroder peu à peu vers la fin du xixe siècle, se transformant officiellement en une position confortable de neutralité.
2 Arch. MAE, série B Amérique : 1952-1963, sous-série : Cuba, dossier 22, lettre de E. Petit de Beauverger, La Havane, 15 mars 1952.
3 Fulgencio Batista avait pris le pouvoir après un coup d’État le 10 mars 1952.
4 Salim Lamrani qui a travaillé sur les archives officielles étasuniennes, nous explique que dès l’année 1960, après les premières mesures prises par le gouvernement révolutionnaire qui affectaient les intérêts américains, les États-Unis avaient suspendu les importations sucrières cubaines et mis un terme aux livraisons de ressources énergétiques, obligeant ainsi l’île à se fournir en pétrole auprès de l’URSS en échange de son sucre. Lamrani S., État de siège. Les sanctions économiques des États-Unis contre Cuba, Paris, Éditions Estrella, 2011, p. 33-38.
5 Les historiens cubains considèrent aujourd’hui que la véritable guerre d’indépendance ne s’est réalisée qu’en 1959. En effet, dans les premières décennies d’une République « médiatisée », Cuba était passée du monopole de la métropole espagnole à celle d’une domination néocoloniale américaine ; l’« amendement Platt », inclus dans la Constitution cubaine, permettait à Washington d’exercer un contrôle sur tout le système commercial et le marché cubain. Les États-Unis contrôlaient à Cuba l’industrie exportatrice de sucre, 1 200 000 hectares de terre, les groupes financiers disposaient de l’énergie électrique et d’une partie de l’industrie laitière, de l’approvisionnement de combustible et du crédit bancaire. Entretiens réalisés avec l’historien cubain Eduardo Torres Cuevas, Paris, 2005.
6 La stratégie de lutte contre « l’ennemi intérieur » a été expérimentée au Guatemala pour renverser le gouvernement progressiste de Jacobo Arbenz en 1954, mais également au Panama en 1964 et en République dominicaine en 1965, ainsi qu’en Haïti et dans la plupart des pays d’Amérique centrale.
7 Cuba avait envoyé ses émissaires dès 1959 et 1960 en Égypte et en Tunisie et dans des pays africains (Guinée et Soudan) dans le but de développer une politique multilatérale, en dehors des deux blocs, se prononçant en faveur du désarmement et de la suspension des essais nucléaires (cf. Arch. MAE, série B Amérique 1952-1963, sous-série : Cuba, dossier 23).
8 Beaucoup d’intellectuels cubains : Cintio Vitier, Rafael Hernandez, Alma Mater, s’accordent à voir dans cette relation tout à fait particulière de Cuba avec le tiers-monde un trait culturel proprement national qui viendrait du syncrétisme multiracial et multiculturel constitutif de l’identité cubaine ou cubanidad, telle que la définissait Fernando Ortiz dans son ouvrage Contrapunteo del tabaco y del azúcar, Caracas, Fundación Biblioteca Ayacucho, 1978.
9 Pour Che Guevara, la paix durable dans le monde ne pouvait se faire tant que persistaient les conditions d’injustice et que les droits des peuples colonisés n’étaient pas respectés. La doctrine de la « coexistence pacifique » défendue par l’URSS était donc inconcevable dans la relation dialectique exploiteurs/exploités propre au système capitaliste. Discurso del Comandante Che Guevara en la ONU, 11 décembre 1964. Disponible à l’adresse : [http://es.scribd.com/doc/9619462/Che-Guevara-Discurso-en-la-ONU]. Dernier accès 12 juillet 2012.
10 Che Guevara E., « le discours d’Alger », Le socialisme et l’homme à Cuba, Paris, Librairie François Maspero, 1976, p. 70-85.
11 Gleijeses P., Misiones en conflicto : La Habana, Washington y África (1959-1976), La Habana, Ed. Ciencias sociales, 2002.
12 Dans sa Deuxième Déclaration de La Havane du 4 février 1962, Fidel Castro, en évoquant les liens qui unissaient l’île au reste du sous-continent y appelait au soulèvement « des masses exploitées d’Amérique ». Si la révolution était, selon lui, « inévitable » au vu des « conditions d’exploitation terribles dans lesquelles vivait l’homme américain », il tenait à dissocier le principe de la solidarité internationaliste de l’ingérence extérieure en affirmant que « la Révolution ne s’exporte pas » et que « ce sont les peuples qui la font ». Disponible à l’adresse : [http://www.cuba.cu/gobierno/discursos/1962/esp/f040262e.html]. Dernier accès 1er septembre 2012.
13 Che Guevara E., Le socialisme et l’homme à Cuba, Paris, Librairie François Maspero, 1976.
14 Parmi les personnalités françaises de gauche qui sont parties à Cuba dans les premières années de la Révolution, on peut citer Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi, Régis Debray, François Maspero, René Dumont, Henri Fournial, Roger Garaudy, André Malraux, Georges Marchais…
15 Arch. MAE, série B Amérique 1952-1963, Généralités. Crise américano-cubaine n° 138, lettre de M. Alphand, ambassadeur de France à Washington à M. Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères, 1er février 1963 (publiée par Vaïsse M. [dir.], Archives diplomatiques, vol. 23, t. I).
16 L’Alliance française implantée à Cuba depuis 1951 est une des plus anciennes institutions de promotion linguistique et culturelle du français en Amérique latine.
17 Discurso pronunciado por el comandante Fidel Castro Ruz, primer ministro del gobierno revolucionario, en la sede de las Naciones Unidas (Estados Unidos), el 26 de septiembre de 1960, disponible à l’adresse : [http://www.cuba.cu/gobierno/discursos/1960/esp/f260960e.html], dernier accès le 5 septembre 2012.
18 GPRA : Gouvernement provisoire de la République algérienne.
19 Arch. MAE, série B Amérique 1952-1963, sous-série : Cuba, dossier 22. L’ambassadeur M. Robert du Gardier écrit : « Le Dr Raul Roa, ministre d’État de Cuba, violemment anticolonialiste, n’est aucunement hostile à la France pour l’histoire de laquelle il a la plus grande admiration. […] Il proclame que la nouvelle république de La Havane n’est pas communiste et rejette toute affiliation à un bloc quelconque de puissances. […] Il a une position très nette contre la France aux Nations Unies en raison de l’Algérie, mais ne semble pas dépourvu de sympathie envers notre pays » (11 janvier 1960).
20 Ibid.
21 Arch. MAE série B Amérique 1952-1963, sous-série : Cuba, dossier 22, lettre de M. Robert du Gardier à M. Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères, 29 novembre 1963.
22 Sur le plan culturel, une grande place est accordée aux émissions françaises et aux films, à la télévision et au cinéma. Il a même été instauré une « semaine du 14 juillet » avec des manifestations culturelles. La langue française est devenue obligatoire dans les programmes d’enseignement secondaire, et l’Alliance française compte 2 500 élèves, Cuba envoie une cinquantaine d’étudiants poursuivre leurs études en France et au printemps 1964 est inaugurée une chaire de français à l’université de La Havane. Le passage de la mission économique et commerciale cubaine à Paris a permis à plusieurs sociétés françaises de conclure des contrats pour la vente de biens d’équipement, de camions et de tracteurs d’une valeur de 15 millions de dollars environ. Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 54, notes sur Cuba, relations franco-cubaines, 25 février 1964.
23 Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 54, Notes pour le ministre, 26 septembre 1964.
24 Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 54, lettre de l’ambassadeur, M. Pierre Négrier à M. Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères, 20 mai 1965.
25 La délégation parlementaire était composée de cinq députés : trois de l’UNR (Union pour la nouvelle république), un MRP (centre démocratique) et un communiste, tous membres de la commission des affaires culturelles, ils étaient chargés de développer, chacun dans le domaine qui lui était propre, les relations entre Cuba et la France. L’abbé Laudrin, député UNR du Morbihan aurait déclaré dans le journal cubain Revolución que « le blocus est inhumain et stérile », et que « Castro est un héros à la tête de son peuple, résolu à défendre à tout prix son indépendance ». Tous ont estimé que Cuba ne pouvait survivre seule, qu’il lui fallait une aide et que la France était bien placée pour cela. Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 55, mission parlementaire à Cuba (novembre 1964-février 1965).
26 Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 55, lettre de M. Négrier, 19 janvier 1965.
27 « En un an Cuba est passée du rang de 7e client en 1966 au premier rang, la progression des achats cubains est passée à un pourcentage d’environ 370 %. La balance commerciale franco-cubaine continue de marquer un déficit croissant en faveur de la France malgré les achats de nickel depuis deux ans. » Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 55, Notes sur Cuba et les relations franco-cubaines, par M. Henry Bayle, 25 février 1968.
28 Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 55, traduction de l’interview accordée au journal Juventud Rebelde le 14 juillet 1967 par l’ambassadeur de France à Cuba, M. Henry Bayle.
29 Ibid.
30 Le gouvernement français, craignant que l’organisation d’un camp de la jeunesse, Campamento 5 de Mayo, à Cuba les mois d’été de l’année 1968 serve d’entraînement à la guérilla et d’endoctrinement politique, avait supprimé tous les vols pour Cuba. Ces rumeurs furent démenties par les autorités cubaines et les craintes apaisées ; en réalité, il s’agissait de petites unités de travail volontaire de caractère agricole, situées aux environs de La Havane, les journées étaient ponctuées également par des conférences, des rencontres et des visites destinées à faire connaitre et comprendre la Révolution cubaine.
31 Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 54, lettre de M. Henry Bayle, 20 juin 1969.
32 Arch. MAE, série B Amérique, 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 54, lettre de M. Négrier, 3 juillet 1965.
33 Disponible à l’adresse [http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/exl-php/cadcgp.php]. Dernier accès le 10 septembre 2012.
34 Il faudra attendre 1983 pour voir l’ouverture d’une première ligne d’aviation directe Paris/La Havane, lors de la visite à La Havane de M. Fiterman, ministre français des Transports, en avril 1983.
35 Parmi ces Français qui se sont rendus à Cuba dans les années 1960, on peut citer le célèbre ingénieur agronome André Voisin. Invité par Fidel Castro, il s’est rendu à Cuba en 1964 où il a donné une série de conférences sur ses travaux scientifiques concernant les méthodes de gestion des pâturages, l’emploi méthodique des engrais et l’équilibre à préserver entre la terre, la santé des animaux et celle de l’homme. Ses théories restent d’actualité en Amérique latine. Décédé à Cuba, le peuple cubain lui rend hommage tous les ans pour sa contribution à l’amélioration de la production agricole dans l’île.
36 L’Association France-Cuba s’occupait de l’envoi de l’aide humanitaire et favorisait le développement des échanges économiques, scientifiques, techniques et culturels par l’organisation de conférences et d’expositions, présentation de films et publication d’ouvrages. Elle appuyait également les échanges et jumelages entre villes, écoles, universités, centres culturels et organisations de travailleurs.
37 Gaulle C. (de), Conférence de presse du 21 février 1966, disponible à l’adresse [http://www.ina.fr/fresques/de-gaulle/fresque/?periode=1960]. Dernier accès 13 septembre 2012 (erreur en 2017).
38 Vaïsse M., La grandeur, politique étrangère du général de Gaulle 1958-1969, Paris, Fayard, 1998.
39 Gaulle C. (de), discours du 24 juillet 1967, disponible à l’adresse [http://www.ina.fr/fresques/de-gaulle/fresque/?periode=1960]. Dernier accès 13 septembre 2012 (erreur en 2017).
40 Gaulle C. (de), Discours de Phnom-Penh, 1er septembre 1966, disponible à l’adresse [http://www.ina.fr/fresques/de-gaulle/fresque/?periode=1960]. Dernier accès 13 septembre 2012 (erreur en 2017).
41 Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 54, lettre de Henry Bayle, 22 novembre 1968.
42 « Entretien avec Fidel Castro par Raymond Offroy, novembre 1988 », Fondation Charles de Gaulle, De Gaulle en son siècle. Dans la Mémoire des hommes et des peuples (colloque, 14-24 novembre 1990), La Documentation française, 1991, t. I, p. 50-57.
43 Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 54, lettre de l’ambassadeur M. Henry Bayle au ministre des Affaires étrangères, M. Maurice Schumann, 20 novembre 1970.
44 Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 54. L’ambassadeur de France, Henry Bayle écrivait au ministre des Affaires étrangères, Maurice Couve de Murville, dans une lettre du 19 juillet 1967 que le jour du 14 juillet, une estampe de la Prise de la Bastille était reproduite en première page du journal cubain le Granma tandis qu’en cinquième page était publié un article de cinq colonnes du célèbre écrivain Alejo Carpentier, où dans une longue étude rétrospective de l’événement, il analysait ses incidences sur l’évolution des événements révolutionnaires mondiaux. Enfin, le Granma publiait dans le même numéro la version intégrale de l’hymne national français et sa traduction en espagnol.
45 Discours du général de Gaulle à la faculté de droit de Buenos Aires, le 5 octobre 1964. Disponible à l’adresse [http://www.ina.fr/fresques/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00353/discours-a-la-faculte-de-droit-de-buenos-aires]. Dernier accès le 10 septembre 2012.
46 Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 54, lettre de M. Pierre Négrier au ministre des Affaires étrangères, « Entretiens de la mission parlementaire française avec Fidel Castro », 19 janvier 1965.
47 « Entretien avec Fidel Castro par Raymond Offroy, novembre 1988 », Fondation Charles de Gaulle, De Gaulle en son siècle…, op. cit., p. 54.
48 Le rêve gaulliste d’une « troisième voie » pour l’Amérique latine, explique Maurice Vaïsse, ne s’est pas réalisé, les dictatures sur le continent se sont multipliées dans les décennies suivantes et face à la montée des mouvements de guérillas, les pays en proie à des difficultés sociales grandissantes se sont tournés vers les États-Unis. Vaïsse M., La grandeur…, op. cit., p. 501-542.
49 Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 56, ministère des Affaires étrangères, direction des Affaires politiques, Réunion de travail sur Cuba, Note du 5 septembre 1970, Paris, p. 6.
50 Arch. MAE, série B Amérique 1964-1970, sous-série : Cuba, dossier 55, propos rapportés par le député gaulliste M. Marcenet sur sa mission à Cuba et sa rencontre avec Fidel Castro pour le Nouvel Observateur, 19 janvier 1965.
51 Ibid.
52 ALBA : Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique.
53 CELAC : Communauté d’États latino-américains et caribéens.
54 On peut s’interroger néanmoins sur l’évolution des relations franco-cubaines, placées traditionnellement sous le signe de la neutralité, au sein d’une Europe élargie, sachant que l’approfondissement de la coopération avec Cuba reste soumis depuis l’adoption de la Position commune en 1996 aux conditions exigées par l’Union européenne en matière des droits de l’homme.
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