Un littoral déchu ou la grande São Vicente détrônée par la Rochelle pauliste (1681-1766)
p. 59-82
Texte intégral
La construction de l’objet
1Si la ville a été prise en compte au xixe siècle en tant qu’objet d’une nouvelle science théorique et technique – l’urbanisme – cette notion a toutefois été relativement délaissée par l’historiographie, étant considérée seulement comme la simple scène où se jouaient les « faits » historiques. La ville coloniale a été l’objet d’une série de travaux – depuis la publication du célèbre ouvrage de Sérgio Buarque de Holanda, Racines du Brésil, dont le chapitre « le carreleur et le semeur » comparaît les villes coloniales espagnoles et portugaises en Amérique – mais ces travaux ont été bien souvent marqués par une vision biaisée, voire même anachronique de ces espaces urbains si particuliers, construits sur des zones de conquêtes et de contacts, dans lesquels les concepts de l’urbanisme du xixe siècle, tels que l’ordre et l’aménagement sont utilisés pour l’étude des espaces coloniaux (Torrão Filho, 2007, p. 17 et suiv.). Les villes capitales n’ont pas été l’objet d’une plus grande attention, à l’exception près de certains cas de transferts des sièges de gouvernement, résultant bien souvent de changements politiques d’ordre structurel, comme la décolonisation ou la fin de l’Union soviétique ou lorsque sont crées de nouvelles capitales à partir de plans audacieux, comme Brasilia qui a impliqué des projets de modernisation et de régénération nationaux dont la longue histoire commence avec la proposition de Nova Lisboa comme capitale de la cour en exil en 1808 (Vidal, 2009, p. 44). Capitale désirée, rêvée et planifiée, Brasilia a révélé par sa réalisation même, diverses conceptions et objectifs envisagés pour l’intériorisation du Brésil au travers des principes les plus avancés de l’architecture moderne (Braga, 2010).
2En ce qui concerne les capitales nationales, on a pu remarquer le rôle important qu’elles jouent comme fondements des États modernes, où la ville autrefois municipalité libre et autonome devient le siège de l’autorité de l’État, des organes du gouvernement et de l’administration publique et des représentations diplomatiques, situées généralement au centre du pays. Argan rappelle que ces capitales cessent, à partir du xviie siècle, d’être des espaces fermés sur eux-mêmes pour devenir « un organisme ouvert, un nœud de communication » (2004, p. 71-72 ; Gama, 1994). Le centre géographique est la condition fondamentale de l’efficacité économique d’une capitale et de ses relations avec les espaces qui lui sont associés et qui composent la région. Selon Lepetit, la pensée économique urbaine de l’ancien régime est dominée par le modèle de la ville capitale (Lepetit, 2001, p. 41). Les villes constituent encore des espaces d’innovation et de transformation politiques et économiques, donnant davantage de réalité aux formes de production, voire même au moyen de l’improvisation même si elles sont insérées dans un contexte conservateur comme celui de l’ancien régime (Ringrose, 1988, p. 162-163). Selon Rawat, la capitale joue un rôle essentiel dans la vie de la nation, comme « support du pouvoir politique et économique », la détermination de sa localisation étant alors un problème central pour la formation des états, autant modernes que pré-modernes. Ainsi, la construction et la relocalisation des capitales est une question centrale dans les projets de construction des nations (Rawat, 2005, p. 1). Hancock considère que les capitales cristallisent le discours national puisqu’elles sont perçues comme symbole du fait urbain et de la nation même. C’est le cas notamment de Londres et Paris, capitales des deux états qui se disputent la primauté du monde au xixe siècle. Perçues également comme exemple et contre-exemple des deux nations, ces capitales constituent « le support matériel et visible de civilisations qui cherchent à s’opposer terme à terme » (Hancock, 2003, p. 9). Elles sont des images qui synthétisent les identités nationales de chaque pays et qui sont mobilisées pour définir le caractère de chaque peuple dans les guides et la littérature de voyage.
3Si les capitales ont été l’objet de peu d’attention, les travaux concernant les capitales coloniales ont eux été encore moins nombreux, tout comme ceux concernant les capitales régionales ou provinciales qui ne sont pas des centres de décision et d’administration des états européens (Zagarri, 1988), ou encore les villes qui ont perdu leur statut de capitale, comme la Lisbonne de l’union dynastique avec l’Espagne ou la Barcelone de la Catalogne vaincue (Bouza, 1994 ; Amelang, 2007). Une capitale coloniale comme l’a été São Paulo entre le xviie et le xviiie siècles, située dans une capitainerie relativement secondaire comme l’était l’ancienne São Vicente, dans un espace de conquête peu connu où la centralité n’est pas géographique mais liée à l’occupation d’espaces propres à la colonisation généralement localisés sur les zones littorales, a été encore moins étudiée. Nous traiterons donc ici de ce lent processus par lequel la petite ville de São Paulo, premier embryon urbain fondé au cœur de l’Amérique portugaise, à l’exception près de l’éphémère Santo André, a fini par détrôner, non seulement une mais diverses autres capitales, affirmant sa centralité et son pouvoir de porte d’entrée du sertão1 et véritable noyau de conquêtes.
4Musset note que, à la différence des Espagnols, les Portugais ont peu utilisé le principe de délocalisation de leurs villes – les villes nomades – pour s’adapter aux réalités géographiques ou géopolitiques du monde brésilien (2002, p. 19, n. 2), à l’exception près de Mazagão, transférée d’Afrique en Amérique (Vidal, 2005). Dans le cas de São Paulo de Piratininga, son éviction au statut de ville et son existence comme noyau urbain est justement passé par le transfert de la ville de João Ramalho, Santo André da Borda do Campo, à l’espace plus sûr les champs de Piratininga. Cortesão considère ce transfert comme la représentation, dans la conquête du territoire au moyen de l’occupation urbaine, du passage de « la possession superficielle de bord à la possession complète et illimitée des champs » (1955, p. 229). L’auteur définira alors ce processus comme celui de la constitution de São Paulo comme capitale géographique du Brésil, avec ses relations, réelles ou imaginaires avec le monde hispanique et principalement avec la région du Rio de la Plata. L’autre déplacement, plus lent, a été celui du littoral vers le plateau, lorsque les Portugais commencèrent à pénétrer définitivement l’intérieur du continent, cessant de gratter les côtes tels des crabes, selon l’expression de Frei Vicente de Salvador. Une capitale nomade qui a des difficultés à se fixer, ville instable dans une société mouvante, ayant peu de raisons de perdurer, dit Sérgio Buarque de Holanda mais qui « diffusant par pulsations régulières les restes de son peuple » (Holanda, 1966, p. 66) s’étend « vers de nouvelles communautés qui vont successivement se former au travers du sertão » (ibid., p. 102). Avec force, elle absorbera Santo André, déjà ville alors que São Paulo n’était à peine qu’un village, s’appropriant ses habitants et son nom, passant du petit collège religieux de São Bento à la ville, à la capitainerie, et à tout le territoire du sertão, comme le rappelle Washington Luís. Même si la capitainerie s’appelait São Vicente, qui doit son nom au protecteur des marins, ou à la capitainerie oubliée de Santo Amaro, marin sauvé par Notre Dame sur une île déserte semblable au paradis terrestre – ses habitants, s’appelaient déjà « Paulistes » (Luís, 1980, p. 106). Le territoire soumis à la centralité de São Paulo, ville centripète, sera tout aussi nomade. Ses noms et ses limites géographiques resteront obscures, ainsi que sa possession légitime, qu’elle soit castillane ou portugaise, de tel ou tel donataire ou héritier, seigneuriale ou de la Couronne. La définition de son espace, de ses frontières, de sa capitale, étant marquée par une extrême mobilité.
5S’agissant de la constitution de São Paulo comme capitale, ou tête de la capitainerie, quelques observations liminaires sont nécessaires. Parler de la capitainerie de São Vicente ou de la capitainerie de São Paulo, c’est inévitablement tomber dans l’anachronisme. En effet, ce territoire couramment associé à l’état actuel de São Paulo ou même à la capitainerie de São Paulo, devenu autonome qu’en 1720, a été initialement formé par diverses capitaineries héréditaires que Sérgio Buarque de Holanda a nommé « les capitaineries paulistes », ainsi au pluriel (1966, p. 55). Les deux capitaineries de São Vicente, appartenant à Martin Afonso de Souza, ont été entrecoupées par la capitainerie de Santo Amaro ainsi qu’au sud par celle de Santana, terre de Pero Lopes de Souza2. Les terres données aux frères ont été divisées du fait de la possibilité de trouver là des mines et des pierres précieuses afin qu’ainsi, les mines désirées n’appartiennent pas injustement à un seul donataire3 (Calixto, 1924, p. 106). Ces capitaineries feront alors l’objet d’une longue dispute juridique entre les descendants des donataires, ce qui sera essentiel dans l’établissement de São Paulo comme tête de la capitainerie. Cela entraînera également la création d’une nouvelle capitainerie, en 1624, lorsque la comtesse de Vimieiro, descendante de Martin Afonso, perd la possession d’une partie de ses terres et crée la capitainerie de Nossa Senhora da Conceição de Itanhaém (Calixto, 1915).
6Ainsi, nous étudions le territoire initialement divisé en cinq capitaineries distinctes, formant à différents moments une ou plusieurs capitaineries appartenant à divers propriétaires, tout comme les quatre capitales dont trois furent détrônées par São Paulo. Tout d’abord, São Vicente, créée en 1532, a été la première ville de l’Amérique portugaise et la tête de la capitainerie du même nom. Santos, élévé l’année 1545 au statut de ville et qui à certains moments de la xviiie siècle était le siège des gouverneurs sans le grade de généraux capitaines, dépendant du gouvernement de Rio de Janeiro et pour quelques mois a reçu le gouverneur de la capitainerie nouvellement créé et restauré de São Paulo, D. Luís Antônio de Souza Botelho Mourão, en 1765. Nossa Senhora da Conceição de Itanhaém, la tête de la petite capitainerie de la comtesse de Vimieiro, village composé en 1561, qui allait plus tard être attaché à la capitainerie de São Vicente. Enfin, en 1560, São Paulo, village jésuite, est établi comme ville du fait du transfert de Santo André, au terme du long processus de reconnaissance de sa centralité qui s’achèvera par la reconnaissance de son statut de capitale. À ces quatre villes, une cinquième pourrait être ajoutée : Nossa Senhora do Carmo, future ville de Mariana, qui à partir de la création de la capitainerie de São Paulo et Minas do Ouro en 1709, devient de fait la tête de la nouvelle capitainerie quand São Paulo devient celle de droit.
7Dans ce processus, il est possible de distinguer trois moments. Le premier commence en 1681, lorsque le donataire marquis de Cascais tente de faire de São Paulo la tête de la capitainerie. Cette tentative échoue car le conseil municipal de São Vicente s’oppose à cette perte de dignité et que le marquis de Minas, gouverneur général du Brésil, décide également du contraire. En 1709 s’initie une nouvelle étape. La capitainerie de São Paulo Minas do Ouro est créée mais São Paulo n’en est que le siège nominal puisque les gouverneurs demeurent dans le Minas. Finalement, en 1766, après la restauration de São Paulo qui avait été réduite à une simple comarca4 de Rio de Janeiro en 1748, le gouverneur Morgado de Mateus quitte la ville de Santos pour s’installer définitivement dans les terres du sertão malgré les vives protestations des membres du conseil du port santiste (Torrão Filho, 2007, p. 202).
8Une des particularités des capitales coloniales est son établissement en tant que siège d’un pouvoir toujours délégué, n’étant pas la résidence d’un roi ou d’un chef d’État mais faisant référence à une autre capitale qui la précède, dans notre cas, Lisbonne. Ce phénomène pourrait être appelé celui des « capitales incomplètes ». Les têtes de capitainerie seraient encore plus « incomplètes » puisque dépendantes d’une capitale locale et d’une autre, de l’autre côté de l’Atlantique. Jusqu’au xviiie siècle, la tête des capitaineries de São Vicente puis de São Paulo représentaient l’autorité et les droits seigneuriaux de leur propriétaire, jusqu’au moment où elles sont acquises par la Couronne. Comme tout village et toute ville, la capitainerie représentait la juridiction administrative et politique portugaise outremer et contrôlait un vaste territoire comprenant des lieux et des villes du sertão encore inexploré. D’autre part, et comme en fit l’expérience le marquis de Cascais qui tente de faire de São Paulo la tête de sa capitainerie, cette autorité était limitée par les droits de la Couronne quant à l’élection ou le maintien des sièges de gouvernement des territoires des donataires. Cette décision devait également parfois passer par Salvador ou Rio de Janeiro à partir de 1763, ces nouvelles « capitales » de l’Amérique portugaise.
9Autre anachronisme auquel nous avons à faire face est celui qui concerne le terme de capitale. Capitale et tête ne signifient effectivement pas exactement la même chose. Bluteau définit la capitale comme quelque chose d’essentiel, « ce qui est comme la tête, le principe et la source, là où les autres choses trouvent leurs origines et là où d’autres s’établissent » (1712). Ce peut être également ce qui est digne de mort, de peine capitale, ce qui renferme la vie ou une condition de citoyenneté. Les villes principales des royaumes ou des provinces qu’on appelait « tête » étaient définies initialement comme « Tête de l’homme, principal domicile de l’âme et des organes des sens ». Cela peut également signifier ce qui est « premier en chiffre ou en dignité, la tête du conseil » ou la « tête du Royaume, principale ville d’un Royaume » ou encore « la tête de l’empire, le siège et la Cour des Vice-Rois » (Bluteau, 1712).
10Ainsi, la tête est le terme qui désigne la ville principale d’un royaume ou d’une province et représente la conception de la société et du royaume comme corps mystique5 (Bastos, 2006, p. 7-8), une monarchie corporatiste constituée de divers membres qui s’intègrent en ordre et en hiérarchie là où la tête ordonne et donne sens au corps politique, garantissant le bien commun de la république et l’équilibre de la ville comme ordre sacré auquel elle se doit de correspondre (Bastos, 2006, p. 5 ; 2007, p. 44, n. 32). Ce corps mystique confère homogénéité, continuité et perpétuité à la monarchie qui échappe ainsi à l’action délétère du temps et de l’histoire, assurant la permanence de la communauté autant spirituelle que politique.
11La tête doit conduire chaque partie du corps à sa conservation, garantissant le respect des hiérarchies des villes et des hiérarchies de la société, correspondant mieux à la logique de la monarchie corporative qu’à l’idée d’une capitale où émane le pouvoir central s’irradiant vers ses périphéries de façon plus ou moins homogène6. Ainsi, nous comprenons l’action du marquis de Cascais tentant vainement de déplacer la tête de sa donation de São Vicente à São Paulo : le village de Piratininga n’était pas le siège du pouvoir du marquis qui devait tenir compte des hiérarchies des pouvoirs religieux, locaux et royaux, mais représentait la dignité de ses droits seigneuriaux menacés par la décision du conseil municipal de São Vicente, garantissant la juste conservation et la bienséance de ses droits légitimes alors sérieusement contestés.
12Campbell attire l’attention sur le manque de théorisation concernant les capitales considérées souvent comme rien de plus que des centres administratifs sans que soit révélé leur caractère de théâtre symbolique de l’idéologie nationale, catalyseurs de l’économie d’un pays, ponts entre la culture locale et la communauté imaginaire de l’État de nation. Il manque effectivement une théorisation sur le rôle de la capitale à l’époque moderne tout autant qu’une définition de ce qu’il y a de différent entre les capitales et les autres villes (Campbell, 2003, p. 2-4). Comme nous le verrons dans le cas de São Vicente et São Paulo, cette absence de théorie cause encore quelques problèmes puisqu’il s’agit de capitales construites dans un contexte colonial, sièges régionaux de capitaineries qui appartenaient à un vaste territoire de conquête, et soumises à un domaine seigneurial tout en ayant des fonctions de capitale définies par décision royale. Il s’agit également d’une expérience historique assez différente que celle définie par Campbell qui sont des capitales insérées dans un contexte national contemporain ou qui participent de la construction des États absolutistes.
13São Vicente et São Paulo sont les têtes de pouvoirs corporatifs, les parties d’un organisme complexe dont chaque organe est indispensable ce qui rend alors impossible un gouvernement totalement centralisé. « Une société où tout le pouvoir est concentré dans les mains du souverain serait aussi monstrueuse qu’un corps se réduisant à sa tête seule », écrit Hespanha. C’est pourquoi la fonction de la tête n’est pas de détruire l’autonomie de chaque membre du corps social mais de, « d’une part, représenter de façon externe l’unité du corps et, d’autre part de maintenir une harmonie entre tous ses membres, attribuant à chacun ce qui lui est propre, garantissant à chacun son véritable statut » (Hespanha, 1994, p. 300).
14En plus d’être la tête, la partie la plus importante d’un corps, la ville capitale dans les monarchies catholiques est considérée comme l’épouse d’un mariage mystique entre la ville et son roi, de la monarchie avec son peuple, du prince avec le corps mystique de la société (Bouza, 1994, p. 77). Ainsi, une capitale déchue est comme le rappelle Bouza « presqu’une veuve », séparée de son roi et époux bien-aimé comme la Lisbonne des Philippes, détrônée par l’arrière-pays castillan lors de l’union dynastique (1994, p. 72). La capitale déchue apparaît alors comme une tête qui a perdu son corps, de la même façon qu’une ville dominante fonctionne comme une tête qui cherche son union mystique avec un corps qu’il représente.
15Une capitale coloniale est également l’épouse dont les noces unissent de façon mystique l’espace de la conquête à la monarchie apostolique du Portugal, rassemblant les parties éparses de l’espace impérial en un corps ordonné et harmonieux. São Vicente est notre reine déchue, épouse abandonnée et échangée au profit de la jeune fiancée du plateau, ornée des bijoux des mines du sertão, dans un nouveau contrat matrimonial qui donne naissance à une nouvelle harmonie et à un nouvel équilibre. Par conséquent, contrairement aux capitales contemporaines, les têtes de l’Ancien Régime ne constituaient pas des centres d’administration, de la bureaucratie et des affaires des gouvernements nationaux, qui sont des caractéristiques apparaissant avec la formation des États-nation (Campbell, 2003, p. 5 ; p. 14 et suiv.) ; ces villes ne concentraient pas les pouvoirs de décision de l’État mais elles étaient des espaces où les pouvoirs convergeaient et où l’administration politique, religieuse, judiciaire et économique pouvait être partagée entre différentes villes. Dans le cas colonial, les villes constituaient des pôles d’occupation et de construction d’un territoire européen et chrétien en Amérique. Elles devaient souvent affronter et concurrencer les villes et villages autonomes ainsi que les différents pouvoirs et les différentes juridictions. Comme l’observe Campbell, comparées aux capitales actuelles, les villes coloniales restent donc différentes des autres de par leur expérience historique propre.
Frontières mouvantes
16Le partage des capitaineries entre les frères Martim Afonso et Pero Lopes de Souza a entraîné une imprécision de leurs limites et une confusion, pour leurs descendants, dans l’exactitude de leurs propriétés. Ces complications provoquent alors un long et compliqué processus judiciaire7. Le litige commence avec la succession de la capitainerie de Santo Amaro. D. Isabel de Souza Miranda, qui n’avait pas d’enfants, lègue effectivement l’héritage de Santo Amaro à son cousin Lopo de Souza, rassemblant ainsi les deux capitaineries. Mais le comte de Monsanto, petit-fils de Martim Afonso du côté de la branche maternelle, revendique lui aussi la capitainerie de Santo Amaro. À sa mort, en 1610, Lopo de Souza laisse à sa sœur, la comtesse de Vimieiro, l’intégralité de son héritage. La chance tourne finalement en faveur du comte en 1615 puisqu’il reçoit alors la possession de la capitainerie de Pedro Lopes de Souza. Cependant, la comtesse de Vimieiro ne parvient pas à faire reconnaître sa capitainerie de São Vicente, qui ne faisait pas partie du litige et que finit par obtenir le comte de Monsanto. Dès lors, on comprend la façon dont ces capitaineries se confondirent au fil du temps et comment leurs noms changèrent et s’échangèrent.
17La séparation des capitaineries des deux cousins est finalement faite en 1623. Le comte conserve, ce qu’on appelle à partir de ce moment-là, la capitainerie de São Vicente – le nom de Santo Amaro disparaissant – qui comprend les villes de São Vicente, São Paulo et Santa Ana de Moji. La comtesse donne elle aux terres qui lui sont attribuées le nom de Itanhaém et prend pour siège principal la ville du même nom. Mais le conflit ne s’achève pas ici. En effet, le comte de l’Ilha do Principe, héritier des terres d’Itanhaém, va revendiquer les terres qui étaient aux mains de Monsanto et qui lui seront restituées en 1679 jusqu’à ce que le marquis de Cascais, héritier du comte de Monsanto, n’en reprenne à nouveau possession en 1692.
18Mais ce conflit connaît une issue provisoire en 1711 puisque les capitaineries sont alors vendues par le marquis de Cascais à la Couronne moyennant 40 000 cruzados. Toutefois, cela advient au terme d’une négociation quelque peu confuse puisqu’en réalité seule la capitainerie de Santo Amaro avait été vendue et non celle de São Vicente comme on appelait les terres du marquis de Cascais (Silva, 2009, p. 19). Les tensions se poursuivent donc tout au long du xviiie siècle. Les Vimieiro font appel à des personnalités comme le généalogiste Pedro Taques, les gouverneurs Morgado de Mateus et Martim Lopes Lobo de Saldanha ou encore l’ouvidor Marcelino Pereira Cleto, qui tentent de faire reconnaître les droits des Vimeiro sur la capitainerie de São Vicente, devenue São Paulo. Le conflit se résout seulement en 1825, avec le traité de la Reconnaissance de l’Indépendance du Brésil qui indemnise finalement les Vimieiro (Vianna, 1969, p. 125-126).
19En 1679, les nouvelles possessions qui sont accordées par le conseil municipal de São Vicente au comte de l’Ilha do Principe conduisent à une nouvelle dispute quant à savoir quelle ville prendra la tête de la nouvelle capitainerie de São Vicente en train de se former. Le marquis de Cascais, temporairement écarté de ses terres, confère à la ville de São Paulo, dont il avait refusé de reconnaître l’appartenance à son adversaire, le statut de tête de sa capitainerie, le 22 mais 1681. Dans une lettre adressée au conseil de sa ville fidèle et aimée, et rédigée par les membres du conseil eux-mêmes, le 16 juillet 1682, le marquis de Cascais reconnaît le zèle avec lequel les habitants de São Paulo ont défendu leur juridiction contre la décision, à ses yeux violente, adoptée par les membres du conseil de São Vicente. Ainsi, il justifie la suprématie de São Paulo sur le reste de sa capitainerie à qui il incombe désormais de « protéger mes intérêts plus que jamais, ce peuple aimé dorénavant plus que tout autre ». Le marquis espérait que sa nouvelle tête de capitainerie résistât à toute offense que puisse lui faire le conseil municipal de São Vicente en raison du ressentiment de les avoir « faits-sujets », dépendants de la suprématie alors acquise par la ville de São Paulo8.
20Le conseil municipal de la nouvelle tête communique au capitão mor de la capitainerie, au juge général, aux autres conseils et au gouverneur de Rio de Janeiro la décision de son Seigneur. Elle la transmet également aux habitants, le 27 avril 1683, et appelle quelques hommes bons pour qu’ils aillent sur les places et les lieux publics avec le capitaine en chef, répandre l’information et révélant comment le marquis a fait honneur à la ville en la faisant tête de la capitainerie avec tous les privilèges et toutes les dignités dont jouissait jusqu’alors la ville de São Vicente. Elle appelle en même temps à se présenter toute personne disposant d’un document contraire pour que puisse se faire la reconnaissance officielle de la nouvelle possession9. Le conseil de São Vicente en est également informée, avec la plus grande précaution, le 4 octobre 1684. La lettre explique alors les raisons pour lesquelles le conseil de São Paulo se considère comme nouvelle tête de la capitainerie tout en disant reconnaître les raisons différentes de « Vos Excellences ».
21Le conseil pauliste demande alors que les membres du conseil leur envoient quelque document ou attestation certifiant que les rois ont honoré São Vicente en lui accordant la primauté et disent alors : « Nous ne douterons pas de l’obédience des fidèles vassaux et nous suivrons l’autorité du suprême aux dépens de celle du modeste qui est celle du seigneur le marquis qui a accordé à ce conseil ici présent la primauté10. » La réponse arrive le 21 janvier 1685. Les membres de São Vicente y rappellent que « l’on sait bien que l’ennemi a incendié la ville et qu’en même temps ont été brûlés les papiers » qui auraient pu prouver l’autorité royale qui s’imposerait à celle du donataire, reconnaissant ainsi le respect et la soumission à la décision du marquis11. Selon Benedicto Calixto, le conseil de São Vicente possédait plusieurs copies des documents, des lettres royales et des attestations reconnaissant la primauté de la ville. Le conseil a agi « astucieusement » feignant d’être d’accord avec les membres de la municipalité de São Paulo quand en même temps elle avait recours au tribunal de la Relação de Bahia et au gouverneur afin de demander la révocation de l’acte du marquis (Calixto, 1924, p. 188).
22Le marquis de Minas, gouverneur général de Bahia, résout finalement la question en faveur de São Vicente, communiquant sa décision au conseil, le 6 septembre 1684. Au cours de l’intérim, le conseil de São Paulo fait usage de ses prérogatives de tête de la capitainerie, refusant de reconnaître Pedro Taques de Almeida comme capitão mor comme l’avait alors nommé le conseil de São Vicente. Le gouverneur général présente aux membres du conseil pauliste l’aberration d’un tel comportement puisque São Vicente avait été érigée comme primauté de la capitainerie, grâce à l’honneur particulier fait par le roi D. João III au premier fondateur, Martin Afonso de Souza. C’est pourquoi, un document du donataire « n’a ni le pouvoir, ni la juridiction » pour définir une nouvelle tête, « cette décision n’incombant qu’à Sa Majesté ». Les membres de la municipalité de São Paulo doivent « de raison et de justice » changer d’opinion, « faisant de São Vicente la tête de la capitainerie comme il l’a toujours été », et, dans le cas contraire recourir à Sa Majesté, exigeant que les membres de la municipalité maintiennent, avec prudence, « toute la tranquillité et le repos de cette capitainerie12 ».
23En réponse au conseil de São Vicente, le gouverneur général renouvelle son soutien à la demande des membres de la municipalité, affirmant qu’il n’était pas légitime de trahir la tête de la capitainerie au moyen de la seule provisão13 du donataire sans aucun ordre de la part de sa Majesté puisqu’elle était une possession ancienne14. Au capitão-mor15, le gouverneur répond catégoriquement que la requête du marquis de Cascais n’a « ni finalité ni fondement » et que si cela se reproduisait, « il le contraindrait à venir et que l’on verrait bien alors si le gouvernement général détient ou non le pouvoir de décision ». Il réaffirme ici que seul le roi détient le pouvoir d’ériger la ville de São Paulo comme tête de la capitainerie à la place de Santos, qui se confondait désormais avec la ville de São Vicente et ce qui révélait que Santos commençait déjà à devenir plus importante que sa voisine16.
24Le conseil pauliste a résisté tant qu’elle a pu à la nomination de Pedro Taques car cela aurait signifié capituler définitivement et abandonner toute prétention de devenir tête de la capitainerie. La nomination de São Vicente se justifiait par son ancienneté – ce qui avait déjà été affirmé par le marquis des Minas – en plus de résulter d’une décision royale. Pedro Taques accuse alors le conseil de São Paulo de « le calomnier mesquinement » pour ne pas reconnaître l’ordre du gouverneur. Comme l’a rapporté le capitão-mor, il n’était pas permis d’engager un procès envers quiconque exerçant dans la milice ou la justice. Ainsi, l’insistance du conseil dans l’accusation de Pedro Taques n’était qu’une manoeuvre empêchant la reconnaissance de son titre donné par São Vicente17. En ce premier jour de mars 1685, lorsque Pedro Taques est reconnu par le conseil pauliste, s’achève donc l’éphémère primauté donnée par le marquis de Cascais à São Paulo. La tentative du donataire d’honorer la fidélité de São Paulo s’est donc heurtée aux prérogatives du roi qui définissaient les têtes de capitainerie ainsi qu’à l’ancienne et traditionnelle primauté de São Vicente18.
La Rochelle du Sud
25En plus des preuves de sa fidélité au donataire, la ville de São Paulo, connue sous le nom de la Rochelle du Sud, a démontré la conscience de son indépendance, presque solitaire, puisqu’elle vivait sur les hautes terres du plateau, à l’entrée du sertão, affrontant les dangers et découvrant des richesses. Le 10 janvier 1683 a lieu le soulèvement de la ville qui oblige les membres de la municipalité à convoquer une réunion « extraordinaire », aux cris de « vive la peuple et mort au mauvais gouvernement ». Ils menacent également de mort les membres du conseil qui ne voudraient pas participer à cette réunion du fait de l’absence du chef du conseil, tout cela parce que les membres de la municipalité ne voulaient pas que viennent à la ville les ouvidores gerais19, ni les corregedores20, prétextant un privilège donné par le roi au donataire21.
26Les insurgés qui s’estimaient tête de la capitainerie, exigent les pouvoirs et les droits revenant à ce statut. Ils réclament également une indépendance qui ne coïncidait certes pas avec les privilèges qu’ils possédaient mais qui ne pouvaient être évitée. Lors de la réunion du 16 avril 1700, le conseil discute, « au nom du peuple et des autres villes annexes » des différents droits et privilèges comme notamment celui de la possession des mines de Cataguases. On traite également des champs et des terres encore inexploitées mais fertiles qui « appartiennent de droit aux Paulistes » parce que « ce sont eux qui ont conquis les dites terres et qui ont découvert les mines d’or qu’ils exploitent actuellement » et que cela a évidemment été fait « au coût de leurs vies et sans soutien de la part du roi ». C’est pourquoi, ce serait une grande injustice argumentaient les membres du conseil, que l’on cède aux habitants de Rio de Janeiro des droits sur ces terres puisqu’ils n’ont pris part, ni à leur conquête, ni à leur découverte22.
27De tels soulèvements étaient choses communes à São Paulo. En effet, la question des mines de Catagueses, tout comme les désordres liés au commerce de la viande ou de l’approvisionnement en sel étaient, selon Romeiro, à l’origine du conflit des Emboabas. Ce dernier a opposé les Paulistes à ceux que l’on appelait les Emboadas23, les étrangers, mais aussi la ville aux marchands de Santos, connus pour être des avares et des profiteurs (Romeiro, 2008, p. 151-152). Conformément à cet auteur, la guerre des Emboabas qui se déroule entre 1708 et 1709 est marquée par la légende noire qui représentait São Paulo comme un bastion au milieu du sertão, résistant à l’autorité royale, libéré de l’ingérence de toute autorité, refuge des bandits et des fugitifs.
28Cette légende noire révèle l’autonomie et l’indépendance politique des hommes de São Paulo qui ne se considéraient pas comme les vassaux du roi, qui refusaient de lui obéir et de s’y soumettre et qui vivaient dans cette Rochelle imprenable. Les Paulistes ne s’estimaient pas être les vassaux du roi mais seulement les locataires de ses terres en Amérique (Romeiro, 2008, p. 227). La fidélité « pauliste » dépendait donc d’une récompense particulière qui résultait d’une imaginaire politique provenant de l’apprentissage des négociations toutes les fois où ils s’associaient pour prêter main-forte au roi. Cette négociation parfois trop vindicative était perçue comme une fidélité suspecte, incertaine et ambigüe (Romeiro, 2008).
29Cette vision intéressée de la fidélité peut expliquer l’adhésion de la ville de São Paulo à la cause du marquis de Cascais, contrariant la tête de la capitainerie qui avait suivi favorablement la décision du comte de l’Ilha do Principe. Cette dignité s’établissait dans la perspective de devenir tête de la capitainerie à un moment où ce titre pouvait aider la ville à légitimer ses prétentions liées à la découverte des mines, ce qui conduira au conflit des Emboabas.
30Ces découvertes et ces conflits entraîneront la création de la capitainerie de São Paulo et Minas do Ouro par la lettre royale du 9 novembre 1709 et la nomination d’Antonio de Albuquerque Coelho de Carvalho en tant que gouverneur. Cette nouvelle unité administrative a pour fonction une meilleure gestion des mines, la résolution des conflits, l’installation d’habitants afin que ces peuples puissent « vivre sous l’égide de la Justice ». L’idée est également celle de contenir la contrebande de l’or et garantir la collecte du quinto24. Cette lettre royale maintient enfin l’égalité entre les membres nommés par le roi et ceux choisis par les Paulistes, ne faisant aucune différence entre eux25.
31À partir de ce moment-là la ville de São Paulo devient officiellement la tête de la nouvelle capitainerie ; le gouverneur informe alors le roi João V qu’il est en chemin vers Minas, passant d’abord par São Paulo où il lui semble nécessaire de se présenter afin de « persuader les Paulistes de se soumettre à son autorité » et qu’ils puissent vivre ainsi en harmonie avec les étrangers des mines, conformément au désir de Sa Majesté. Il présente également au conseil de la ville la décision royale d’en faire la tête de la nouvelle capitainerie26. Cependant, peu de temps après il se rend sur les zones de minération où il finit par s’installer définitivement et gouverne dès lors loin de son siège, dans la ville de Nossa Senhora do Carmo, fondée en 1711 – qui deviendra ensuite la ville de Mariana27 – et où tous les gouverneurs passeront la majeure partie de leur temps. Dans la zone frontalière peu habitée, la centralité de São Paulo avait déjà été effectivement reconnue. Cependant, la nécessité d’occuper l’intérieur des terres et d’y apporter la justice afin de garantir la tranquillité des peuples et de permettre la collecte de l’impôt dans la crainte et le respect de la Couronne, a rendu nécessaire l’installation des gouverneurs dans les zones plus turbulentes de la minération.
32Faire de São Paulo la tête de la capitainerie, même simplement de nom, suffisait à satisfaire les Paulistes qui demeuraient finalement loin de l’administration des mines puisque la véritable tête de la capitainerie se trouvait là où le gouverneur le jugeait le plus nécessaire. C’est pourquoi les instructions royales le laissaient libre de choisir sa résidence qui pouvait être « en quelque lieu qui vous semblera convenir le mieux à mon service28 ». Dans une lettre au conseil municipal datée du 16 décembre 1711, le roi informe les membres qui lui avaient écrit l’interrogeant sur la résidence du gouverneur, que ce dernier, ainsi que ses successeurs, pourraient vivre dans quelque ville de la région ou des mines car même si São Paulo était la « tête principale de la capitainerie » cela ne signifiait pas que les gouverneurs ne pouvaient pas aller en toute terre et en tout endroit « où la nécessité et mon service l’exigent29 ». Cette nomination de São Paulo révèle non seulement la reconnaissance de l’importance croissante de la ville mais aussi la nécessité de pacifier les vassaux rebelles, faisant de la nouvelle capitainerie30 « le cœur de l’empire, tout en leur inculquant les valeurs politiques de l’Ancien Régime » (Romeiro, 2008, p. 308).
33D’autre part, le port de Santos est mis à l’écart du gouvernement du plateau non en raison des conflits entre Paulistes et Santistes mais afin de maintenir la juridiction des mines toujours plus dépendantes de Rio de Janeiro. Le gouverneur justifie l’intérêt de maintenir le port de Santos sous la tutelle du gouvernement de la nouvelle capitainerie afin d’assurer l’approvisionnement des peuples et des villages de l’intérieur et parce qu’en plus il avait appartenu à l’ancienne capitainerie de São Vicente que l’on appelait déjà São Paulo31. Les membres du conseil de la ville de Santos, inquiets de la trop grande distance avec Rio de Janeiro, sollicitent également le roi le 15 septembre 1710, afin que leur port reste subordonné à la capitainerie de São Paulo Minas do Ouro32.
34Malgré la demande du gouverneur et des membres du conseil santiste, le roi décide de laisser Santos sous la tutelle du gouvernement de Rio de Janeiro afin que les mines ne communiquent avec aucun autre port que celui de Rio de Janeiro33. En effet, si São Paulo avait été reconnue comme le fer-de-lance des découvertes de l’or et qu’elle était devenue importante en tant que véritable carrefour, Rio de Janeiro apparaissait comme un centre plus fidèle à la défense des intérêts fiscaux de la couronne ce qui anticipait la décision qui sera prise en 1763 d’ériger la ville comme tête de la monarchie en Amérique (Bicalho, 2006).
35Mais les protestations du gouverneur quant aux difficultés d’accès des Paulistes aux mines par le nouveau chemin, tout comme les difficultés pour défendre et approvisionner le plateau, ne permettent pas de changer la décision de Sa Majesté. Nous comprenons ici que la ville de São Vicente a perdu de son ancienne importance et de ses privilèges non seulement en faveur de São Paulo mais aussi du port de Santos qui, après la signature de quelques documents, finit par donner son nom à cette curieuse et mouvante capitainerie, mouvant autant dans l’espace, en raison de ses frontières imprécises, que dans ses dénominations.
36Déjà avant la création de la nouvelle capitainerie, l’importance de São Vicente avait été remise en question. En août 1703, les membres du conseil vicentine s’étaient plaints au roi afin que le paiement de l’ordre d’ouvidor geral soit payé dans leur ville et non à São Paulo, ce à quoi le roi avait répondu que tant que São Vicente serait tête de la capitainerie et non tête de la comarca, le paiement se ferait à São Paulo là où « réside l’ouvidor geral34 ». Notons ici un détail important qui est que le roi avait fait de São Paulo la tête de la comarca en 1704, ce qui augmentait ses dignités et répartissait la justice entre les autres villes.
37La comarca, comme l’explique Bluteau, est un territoire délimité, un espace de terre « où s’exerce la juridiction d’un corregedor » que respecte une multitude de gens. Ce peut être également un ensemble de villes dont la juridiction est exercée par les ministres de la ville, « ville grande et notable » où résident le corregedor et le provedor35 de toute la comarca. À ce moment-là, São Paulo était à la tête de la comarca sans toutefois avoir retiré les droits de tête de la capitainerie à São Vicente qui voyait de nouveau ses prérogatives partagées avec la ville du plateau.
38En 1713, le roi décide que São Paulo, en tant que tête de la comarca, et officiellement également tête de la capitainerie, devienne une prison de pierres et de chaux36. En 1724, São Paulo demande donc à toutes les villes de la capitainerie de lui envoyer leurs criminels pour qu’ils soient emprisonnés là où les possibilités de fuite sont moindres37.
39La constitution de la nouvelle capitainerie nécessitait de racheter l’antique donation de São Vicente au marquis de Cascais, laissant ainsi à la Couronne la possession des terres de la capitainerie de Santos et de São Vicente. Cela est fait en 1711, après que le marquis ait tenté de la vendre au puissant Pauliste José de Góis de Morais. L’ancienne São Vicente, ou plutôt ce qu’elle était devenue après les nombreuses disputes, annexions et divisions, était devenue la capitainerie la plus importante pour la Couronne. C’est pourquoi, il était donc nécessaire qu’elle perdît sa condition seigneuriale. Constituée de « plusieurs villes de juridiction si importante » il n’était pas possible qu’elle demeurât une propriété privée et devient donc patrimoine royal38. Par cet achat, la petite Itanháem ainsi que les capitaineries de São Vicente et de Santo Amaro, qui était originellement la propriété du marquis de Cascais, se confondent à nouveau. À cela s’ajoute la division de la capitainerie de Rio de Janeiro qui faisait à l’origine partie des terres données à Martin Afonso de Souza ; toutefois l’annexion d’Itanháem prendra fin avec l’indemnisation des héritiers sous le règne de Maria I.
40Cependant, la Couronne elle-même ne savait pas les limites exactes des capitaineries. En 1730, elle cherchait encore à savoir si les capitaineries de São Paulo de Piratininga, São Vicente et Nossa Senhora da Conceição de Itanháem « étaient une seule capitainerie portant différents noms ou diverses capitaineries qui s’étaient formée à partir des cent lieues léguées au premier donataire39 ».
41En 1711, São Paulo reçoit le statut de cité, conjointement à l’achat de la capitainerie ce qui est un signe de compensation pour avoir été une tête sans gouvernement. Cette décision du Conseil d’outre-mer prise le 12 février 1711 était certainement une manière de satisfaire et de contenter les Paulistes qui souhaitaient cet honneur tout comme la création d’un diocèse, ce qui dépendait en réalité du nombre de familles qui pouvaient prendre en charge l’impôt des Évêques40.
42Cette élévation au statut de cité répond à une demande du conseil de São Paulo, tandis que la création du diocèse ne deviendra effective qu’en 174541. Par ce geste la Couronne reconnaît la nouvelle place de São Paulo dans « la géographie de l’Amérique portugaise » (Romeiro, 2008, p. 309) ainsi que son pouvoir de capitale qui pouvait dès lors s’exercer de fait alors qu’il n’était pas encore totalement reconnu de droits.
Une fiancée étincelante
43La création de la nouvelle capitainerie de São Paulo séparée des Mines par le décret du 2 décembre 1720 institut deux gouvernements différents pour les Mines et pour São Paulo. Cette dernière reçoit alors en retour les villes de la marine de Parati, Ubatuba et de l’île de São Sebastião42. Tout cela est décidé en raison des distances entre São Paulo et les Mines ainsi que du manque d’assistance et d’accès aux justices (Ellis, 1975, p. 158). En effet, la proximité géographique qui garantissait la représentation des peuples et l’accès à la justice était une question importante dans la définition des nouvelles capitales d’Amérique au xviiie siècle (Zagarri, 1988, p. 1247).
44Deux ans plus tard, une lettre royale redonne le port de Santos à São Paulo lors du gouvernement de Rodrigo César de Menezes, premier gouverneur à habiter la capitale de Piratininga en 1721, reprenant ainsi à Rio de Janeiro la possession du port43. De par cette séparation d’avec les Mines il n’était plus nécessaire de séparer le port du Plateau et d’éviter le détour du chemin de l’or. En même temps, São Paulo continuait de partager des juridictions avec la marine, non plus avec São Vicente tombée dans l’oubli, mais avec Santos.
45Le nouveau gouverneur de São Paulo, Rodrigo César de Menezes essaie de faire de la tête de la capitainerie le lieu de signature des contrats royaux relatifs aux impôts. Après la plainte de la Fazenda royale de Santos44, le roi avertit le gouverneur, par la lettre du 11 août 1722, qu’il se doit de respecter le lieu où est signé ce contrat concernant les rétributions des gouverneurs « s’ils n’ont pas décidé de changer quoique ce soit » et surtout sans avoir demandé « son autorisation pour faire ce changement de lieu45 ». São Paulo devra donc encore se partager le pouvoir avec Santos jusqu’à la seconde moitié du xviiie siècle quand alors, ressuscitée, elle atteindra définitivement le statut complet et la gloire d’une vraie capitale.
46La bataille pour la centralité prendra un nouveau tournant avec la fin de la charge de gouverneur à São Paulo, en 1748. En effet, la capitainerie de São Paulo devient à cette date une comarca de Rio de Janeiro et la résolution des questions militaires est alors attribuée à un gouverneur de Santos (sans pourtant réel pouvoir de capitão-general) et placé sous la juridiction du gouverneur de Rio de Janeiro. Au même moment sont également séparées et crées les capitaineries du Goiás et du Mato Grosso. Il s’agit là de concentrer les efforts et l’assistance à l’extrême Ouest – là où se trouve l’or – et il est impossible que cela soit fait depuis São Paulo, tête bien trop distante des autres membres du corps (Bellotto, 1979, p. 30-32 ; Derntl, 2010, p. 56 et suiv.).
47Cette situation est pour les contemporains et pour beaucoup d’historiens considérée comme la période de la décadence de São Paulo et celle-ci perdure jusqu’à sa restauration en 1764, après la réclamation du conseil de Piratininga. Une fois encore, afin de faire valoir la restauration de leur capitainerie, les Paulistes arguent dans une lettre au roi d’août 1752, la conquête de vastes territoires indigènes qui vivaient dans « les sertões éparses et incultes du Minas Gerais, Cuiabá et Goiás », là où ils ont trouvé les pierres et les métaux précieux et ce, « au prix de leur vie et des fazendas ». En « récompense de ces services » et parce qu’on leur avait repris leurs propres mines, les membres du conseil demandent que le roi envoie un capitão-general qui leur apporterait « la police et la liberté de justice » qu’ils méritent. Après tant de conquêtes, ils étaient contraints désormais de demander la justice auprès de Rio de Janeiro, au risque de leur vie lors de la traversée maritime. C’est pourquoi, ils faisaient appel à un général qui vivait à São Paulo, capitale oubliée qui réclamait un bon gouvernement46, une épouse qui cherchait la reconnaissance de ses droits matrimoniaux.
48Ne parvenant pas à toucher la sensibilité de Sa Majesté, les membres du conseil écrivent à nouveau au roi le 12 février 1763. Ici l’annexion de São Paulo au gouvernement de Rio de Janeiro apparaît comme une imposture, le roi ayant été trompé par les informations données par ceux qui « désiraient davantage étendre les limites de leur propre pouvoir plutôt que de se mettre au service de Votre Majesté ». Ils arguent alors que la présence d’un général pourrait faciliter les découvertes des pierres précieuses qui enrichiraient la couronne comme au temps de Rodrigo César de Menezes. Ils ajoutent également que l’expulsion des Espagnols qui passent facilement par le sertão en direction des terres portugaises, nécessite la présence d’un gouverneur. Cela est alors un argument de poids puisque la décision de restaurer São Paulo est prise rapidement. Finalement, le fait que des généraux ont été présents à Cuiabá et Goiás, des capitaineries autrefois soumises à São Paulo, renforce leur argumentation puisqu’on « ne peut nier à la tête l’honneur que l’on accorde aux membres47 ».
49L’existence d’un gouvernement indépendant dans des territoires autrefois soumis à São Paulo quand la ville elle-même n’en possédait pas, créait du point de vue des Paulistes, un déséquilibre dans le corps politique de la monarchie donnant aux membres des prérogatives que l’on refusait à la tête, ce qui légitimait ses demandes de l’envoi d’un gouverneur qui réaffirmerait l’équilibre perdu.
50Le comte de Cunha, vice-roi du Brésil entre 1763 et 1767 écrit également au roi le 12 août 1764. Il affirme alors que la capitainerie est réduite à un état regrettable puisqu’il est impossible de gouverner conjointement les capitaineries de São Paulo et Rio de Janeiro du fait de la distance et parce que les habitants de São Paulo sont également « excessivement agités et révoltés, répartis sur un territoire riche en mines d’or et au voisinage des Espagnols48 ».
51Dans une lettre au secrétariat des Affaires de la marine et de l’outre-mer, Francisco Xavier de Mendonça Furtado, le comte de Cunha décrit le « misérable état auquel il pense la capitainerie réduite » du fait de l’absence de gouvernement et de la proximité de la ville de São Paulo avec la nouvelle découverte de São João de Jacuri. Pour cette raison, il soutient que Sa Majesté décidera de nommer gouverneur et capitão-general de São Paulo, D. Luís Antônio de Souza Botelho Mourão et qui sera chargé de définir les limites avec Minas et Goiás49.
52Des intérêts divers et différents ont donc orienté la restauration de São Paulo : le changement d’axe politique pour le Sud-Est de la colonie avec le transfert de la capitale à Rio de Janeiro en 1763, comme par exemple les intérêts des commerçants paulistes d’avoir un gouvernement à proximité qui répondrait à leurs intérêts et défendrait la question des frontières avec les Espagnols au Sud qui plus d’une fois sont presque arrivés à entraîner une guerre entre les deux royaumes ibériques.
Le miracle de la toute-puissance
« Tout cela et bien davantage m’est encore nécessaire pour sortir de cet état de léthargie dans lequel se trouvait [la capitainerie de São Paulo] ; la créer de nouveau serait une moindre chose puisque la création des choses est œuvre de la Nature ; les ressusciter est miracle de la toute-puissance. Pour créer le Monde Dieu n’a eu besoin que d’un mot, pour le restaurer il lui a fallu descendre des Cieux, dépenser trente années et sacrifier Sa vie50. »
Morgado de Mateus.
53En arrivant dans la capitainerie restaurée qu’il s’apprête à gouverner, Morgado de Mateus est d’abord resté près de neuf mois à Santos où il commence à mettre en place son gouvernement. Il se rend ensuite à São Paulo où il reconnaît son statut de capitale, le 7 avril 1766, jour de Notre Dame des Plaisirs, la sainte de sa maison au Portugal51. Mais lors de ce changement, le gouverneur doit faire face à la résistance de Santos qui refuse de le voir s’installer définitivement à São Paulo. En effet, le gouverneur avait été présent à Santos de son arrivée le 23 avril 1765 jusqu’au 23 juillet 1766 et il y était resté afin d’organiser la Justice et de s’informer de l’état de la capitainerie. Cependant, il désirait que sa nomination en tant que gouverneur fût faite seulement à São Paulo « afin de ne pas « scandaliser » les habitants » et également parce que « les conseils y avaient installé là un Capitão General » (Bellotto, p. 88 ; Torrão Filho, 2007, p. 202).
54Les membres du conseil de Santos envoient donc une lettre au roi expliquant l’inconvénient du départ du gouverneur à São Paulo. Avec la fin de la capitainerie, la ville devient gouvernée, comme nous l’avons expliqué plus haut, par un gouverneur sans réel pouvoir et subordonné au gouverneur de Rio de Janeiro. Pour ces raisons, le conseil santiste cherche à maintenir le gouverneur dans la marine, ce qui est une manière de se superposer à la ville de São Paulo.
55Dans la lettre du 6 août 1766, les membres santistes revendiquent le fait que pendant les neuf mois où le capitão-general et le gouvernement ont été présent à Santos, « on a vu la dite Place et ses Forteresses entièrement renforcées par un nombre de gens nécessaire à sa défense52 ». Dès lors, le peuple de la ville l’a estimée sûre « parce qu’elle était la principale tête qui gouvernait ». Cependant, avec le départ du gouverneur, la ville redevient une place délaissée, non seulement par le gouvernement, mais également par « les hommes de guerre qui sont partis de la même manière que le gouverneur pour São Paulo ou pour quelque autre lieu ».
56On présente donc au gouverneur la commodité pour le gouvernement de résider à Santos, mais en vain. Les membres du conseil décident alors d’écrire au roi et mettent en avant les avantages d’installer le gouvernement dans cette ville comme le fait qu’elle soit une place ouverte sur la mer grâce à son port, là où ont également toujours habité tous les généraux, et non à São Paulo « où l’on n’a pas besoin de leur assistance ». Ils ajoutent que Santos est sous le simple commandement d’un capitão-mor de l’Infanterie disposant d’un nombre limité d’une trentaine de soldats alors que se trouve à Paranaguá et à São Paulo des compagnies entières. Afin de disposer de davantage de troupes, et donc de sécurité, ils se proposent même de payer celles qui s’installeraient dans la ville. Ils se plaignent également du gouverneur d’avoir transféré le Trésor Royal et emporté avec lui les contrats ce qui porte là un grand préjudice à la ville de Santos et ce pour la simple raison « de vouloir résider à São Paulo ».
57Essayant d’émouvoir le roi, les membres du conseil de la marine affirment que si Sa Majesté savait où se situait la ville de São Paulo « et la distance qu’il y a jusqu’à cette place, il ne consentirait pas à ce que le Gouverneur Capitão General y aille y résider, sans utilité aucune alors que son assistance est indispensable à notre Place ».
58Le provedor de la Fazenda, José Honório de Valadares e Aboim, montre également son insatisfaction quant à la décision prise par le roi, et rendue effective par le gouverneur, de transférer le coffre et la Justice à São Paulo. Il dit alors au capitão-general qu’il doit pouvoir espérer une décision du roi en réponse à cette lettre puisque ce ne serait « pas de l’Intention Royale de disposer d’une chose portant préjudice à la Fazenda Royale car le coffre ne peut pas demeurer si loin de la place principale et du port où se font justement là l’essentiels des dépenses liées à la défense, à l’armée et à l’Hôpital53 ». Il stipule que ce transfert nuit au suivi des contrats relatifs au commerce des baleines et du sel, à la saisie des impôts qui leur sont associés ainsi qu’« aux nombreuses dépenses que l’on doit nécessairement faire en une telle place et avec un tel port54 ». Il rappelle également le risque de transporter le coffre, que le voyage se fasse par la mer ou par la terre ajoutant qu’ensuite à São Paulo le coffre restera « abandonné au milieu du vaste et ouvert sertão ». De plus, il encourage le gouverneur à résider à Santos afin de porter assistance « à quelque possible incident de guerre55 ».
59Dans une lettre au roi le 5 décembre 1767, le gouverneur affirme que le changement n’a engendré aucuns des deux désagréments précédemment soutenus « parce que l’on trouve remède à tout et qu’il n’y a pas plus de différence à envoyer moins d’argent dans la ville de Santos et davantage à São Paulo où réside actuellement la Justice56 ». Malgré les avis contraires, le coffre et le gouverneur remontent donc en direction de São Paulo qui n’est effectivement déjà plus qu’un simple sertão ouvert pour les autorités qui gouvernent la capitainerie.
60Les arguments des membres du conseil santiste et du provedor de la Fazenda n’ont donc ému ni le roi ni le gouverneur. Plus tard, en 1782, Marcelino Pereiro Cleto, ouvidor intérimaire de la comarca, magistrat de Santos, en plus de l’être de celle de la comarca de Rio de Janeiro, et célèbre auteur du procès de l’Inconfidência Mineira, notait la décadence de la ville de Santos où tout « était ruines et désertions », la marine étant désormais « sans mines, sans commerce et sans agriculture » (Cleto, 1977, p. 27).
61Cleto se plaint qu’ont été emmenés à São Paulo le trésor royal, la casa de fundição57, le régiment de la place de Santos et deux des volontaires royaux ainsi que les travaux de grammaire, de philosophie, de rhétorique, de lecture et d’écriture, sans pourtant qu’aucun professeur pour la marine n’ait été jusqu’alors nommé. Répétant également les mêmes arguments que ceux du conseil de Santos de 1766 (Cleto, 1977, p. 36-40), il faisait aussi remarquer que les gouverneurs se maintenaient à São Paulo sans pourtant disposer d’un véritable lieu de résidence, ce qui pouvait plus facilement se trouver à Santos avec notamment l’ancien collège des Jésuites. À partir de là il conclut, comme l’avaient fait les membres du conseil santiste de 1766, que la tête de la capitainerie devait être de nouveau transférée à Santos puisque pendant tout un temps avant la restauration se trouvait là un gouverneur soumis à l’autorité de Rio de Janeiro.
62Afin de confirmer sa thèse l’ouvidor rappelait que le roi D. João III avait limité la création de villes dans le sertão qui devait alors respecter une distance minimum de six lieues les unes entre les autres alors qu’il laissait cependant toute liberté à la création de villes de la marine. À partir de là, l’auteur en déduit que le roi « connaissait déjà l’utilité bien plus importante de peupler le littoral avant le sertão » (Cleto, 1977, p. 21). Mais ce raisonnement était déjà lettre morte avec la politique de la seconde moitié du xviiie siècle avant la vaste pénétration et urbanisation de l’intérieur.
63Le processus a donc été long pour que São Paulo impose sa domination sur la capitainerie qui abandonne alors le nom de São Vicente pour prendre celui de São Paulo. La dénomination de São Paulo se superpose à l’ancienne capitainerie de São Vicente, substituant son nom de la même façon dont la ville de Piratininga a succédé à São Vicente dans la lutte pour la suprématie des têtes de capitaineries qui reçurent son nom. Bien qu’elle ait été « très célèbre il fût un temps » écrivait Frei Gaspar da Madre de Deus, la ville était désormais, alors que s’approchait la fin du xviiie siècle, « si inconnue que ni même son premier nom ne conserve la mémoire de son ancienne existence » (Madre de Deus, 1975, p. 29).
64Mais avant même Frei Gaspar, Sebastião da Rocha Pitta, en 1730, avait déjà attiré l’attention sur le fait que la première province qui avait été fondée en Amérique portugaise et « qui avait été florissante et opulente en fabriques et en cultures » ne conservait présentement que les « ombres de sa grandeur ». Également « tête de la province, la ville de São Vicente avait perdu cette dignité qui était passée à Santos et qui était maintenant celle de la ville de São Paulo » (Rocha Pitta, 1950, p. 100).
65Rocha Pitta s’étonnait qu’une ville qui n’avait pas plus qu’une église principale et une petite et insignifiante chapelle de Saint-Antoine, ait réussi à s’imposer à une marine si puissante et si riche. Cependant, la centralité de São Paulo et sa caractéristique de tête d’un territoire en expansion ont fini par s’affirmer de façon incontestable.
66Ici il faut rappeler la distinction que fait De Seta entre une ville capitale et une ville dominante. La première est celle qui est investie comme telle par le gouvernement d’un peuple, d’un patriarche, d’un seigneur ou d’un État. La ville dominante, au contraire, ne reçoit aucune investiture mais malgré cela, « elle joue une fonction éminente dans le système territorial duquel elle fait partie » (De Seta, 2002, p. 193). Avant de devenir tête de la capitainerie, la nouvelle épouse intronisée dans le lit nuptial de la capitale restaurée et ressuscitée, São Paulo exerçait déjà sa domination en tant que fer-de-lance de la conquête du sertão et des mines, constituant un centre important de construction d’un territoire qui cherchait à s’intérioriser toujours davantage.
67À la fin du xviiie siècle les deux fonctions de capitale et de domination se confondaient en une même ville. Quand était arrivé Morgado de Mateus, la suprématie de São Paulo était encore contestée par les autres villes qui résistaient à sa centralité mais à aucun moment le gouverneur ou le roi n’avaient douté du fait que c’était là que se tissait la trame du pouvoir.
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Notes de bas de page
1 Le sertão est un terme désignant des espaces non peuplés. On pense que l’origine du mot vient de terme desertão signifiant grand désert. C’est un espace inconnu et mystérieux qui attire du fait de la possibilité de pouvoir y rencontrer des richesses minières et d’autres produits rares comme des épices, des plantes médicinales.
2 La documentation révèle des imprécisions quand à la nomination des capitales. Elles apparaissent de façon indistincte sous les noms de São Vicente, São Vicente et São Paulo, Santos e São Vicente, par exemple.
3 Cf. Bueno (2009, p. 269) une reconstitution des limites des capitaineries de São Vicente et Santo Amaro, à partir de cartes par satellite.
4 Comarca est un terme qui désigne les divisions militaires, administratives et judiciaires entre les différentes provinces.
5 Rodrigo de Almeida Bastos rappelle l’inspiration pauline de la notion de corps mystique présente dans l’Épître aux Corinthiens, 2006.
6 Concernant la théorie corporatiste de la société de l’Ancien Régime il est nécessaire de revenir au classique de Hespanha, 1994, p. 297 et suiv.
7 Cf. Calixto, 1924, p. 138 et suiv. ; Madre de Deus, 1975, p. 182-225 ; Leme, 2004, p. 77 et suiv. ; Silva, 2009, p. 13-19.
8 Registro de uma carta do marquez de Cascaes para esta Camara. Registro Geral da Camara Municipal de S. Paulo, São Paulo, Arquivo Municipal de São Paulo, 1917, v. III, p. 345-346. Cf. Blaj, 2002, p. 32-33.
9 Registro de provisão que passou o senhor marquez de Cascaes a esta Villa, ibid., p. 390-391.
10 Registro de carta que a Camara de São Paulo escreveu à Camara de São Vicente em os quatro do mez de outubro de 684 annos, ibid., p. 416.
11 Registro da carta da Camara de São Vicente, ibid., p. 434-435.
12 Registro da carta do governador geral Marquez das Minas a essa Camara escripta em 6 setembro1684 annos, ibid., p. 390-391.
13 Une provisão est un document officiel, une autorisation ou une attestation qui attribue un titre ou une charge.
14 Carta para os officiaes da Camara da Capitania de São Vicente. Documentos Históricos, Rio de Janeiro, Bibliotheca Nacional, 1929, v. XI, p. 103.
15 Le capitão-mor est élu par les officiers du conseil municipal (vereadores), il est responsable de la troupe qui défend la ville, représente la figure royale dans la prise de possession des terres découvertes, définit les limites des terres et décide de leur répartition.
16 Lettre adressée au capitão-mor da Capitania de São Vicente, ibid., p. 101. Azevedo Marques affirme que São Vicente, en raison du mauvais choix de localisation de sa fondation, et face au progrès de Santos, a connu une rapide décadence qui semble selon lui « s’achèvera avec l’extinction complète du peuplement », Marques, 1980, v. II, p. 250.
17 Registro de uma petição do capitão Maior Pedro Taques de Almeida e do mandado do ouvidor Diogo Aires de Araújo por donde se deu posse ao capitão Maior hoje o primeiro de março de 1685 annos. Registro Geral da Comarca Municipal de S. Paulo, São Paulo, Arquivo Municipal de São Paulo, 1917, v. III, p. 447-452.
18 Malgré une documentation abondante concernant la reprise de la suprématie de São Vicente et la révocation du transfert faite par le marquis de Cascais, Ilana Blaj attire l’attention sur le fait que plusieurs auteurs, depuis les premiers de ceux de Pedro Taques de Almeida Pais Leme jusqu’aux travaux plus récents, prennent l’année 1681 comme la date à laquelle São Paulo est devenue tête de la capitainerie. Blaj, 2002, p. 33, n. 42. Et mêmes les travaux publiés après ceux de Blaj répètent encore cette même erreur. C’est le cas, par exemple, de ceux de Neves (2007, p. 17-18), et de Bueno (2009, p. 270). Bueno cite également la charte de 1681 qui aurait été « un coup mortel pour les santistes », une fois qu’« étant donnée la pauvreté de sa voisine São Vicente », Santos jouera « les fonctions de capitale de la capitainerie de São Vicente ». Cette charte à laquelle se réfère l’auteur doit être la provisão du marquis de Cascais qui, comme nous l’avons vu, ne prend pas effet. À ce moment, et malgré les contestations, São Vicente continue d’être la tête de la capitainerie.
19 Sous l’Ancien Régime, les ouvidores sont les magistrats de l’Empire colonial. Ce sont les juges choisis et placés par les donataires de la capitainerie pour arbitrer leurs terres.
20 Durant la période coloniale, le corregedor est un magistrat au pouvoir administratif et judiciaire qui représentait la Couronne dans chacune des comarcas du Portugal et dont les fonctions étaient analogues à celles actuelles du juiz de Direito.
21 Actas da Camara da Villa de S. Paulo. 1679-1700, São Paulo, Archivo Municipal de São Paulo, 1915, v. VII, p. 202-206.
22 Ibid., p. 536-537.
23 Emboabas est un le nom donné aux Portugais dans la langue indigène générale. Dans un premier temps, ce terme a été utilisé par les Paulistes pour faire référence aux étrangers dans la région des Minas. Il désigne ensuite la guerre civile entre les Paulistes et les groupes récemment arrivés dans le Minas entre 1707 et 1709.
24 Le quinto do ouro était un impôt collecté par la Couronne portugaise sur l’or trouvé dans ses colonies. Il correspondait au 20 % du métal qui était extrait. Son encaissement était enregistré dans les casas de fundição.
25 Carta Régia creando a Capitania de S. Paulo e Minas de Ouro e nomeando governador da mesma a Antonio de Albuquerque Coelho de Carvalho – de 9 de novembro de 1709. Documentos Interessantes para a Historia e Costumes de S, Paulo, São Paulo, Archivo do Estado de S. Paulo, 1929, v. XLVII, p. 65.
26 Registro de uma carta do senhor general Antonio de Albuquerque Coelho de Carvalho governor e capitão general desta villa. Registro Geral da Camara Municipal de S. Paulo, São Paulo, Archivo Municipal de São Paulo, 1917, v. IV, p. 4-5.
27 Carta de Antonio de Albuquerque Coelho a D. João V. sobre o governo de S. Paulo e Minas do Ouro – de 3 de abril de 1710. Documentos Interessantes para a Historia e Costumes de S, Paulo, São Paulo, Archivo do Estado de S. Paulo, 1929, v. XLVII, p. 68-69.
28 Carta Régia creando a Capitania de S. Paulo e Minas do Ouro e nomeando governador da mesma a Antonio de Albuquerque Coelho de Carvalho – de 9 de novembro de 1709, ibid, p. 65.
29 Registro de uma carta de Sua Magestade, Registro Geral da Comarca Municipal de S. Paulo, São Paulo, Archivo Municipal de S. Paulo, 1917, v. IV, p. 73.
30 La situation sui generis de la ville de São Paulo, étant un domaine seigneurial et non royal, aurait été responsable pour un contemporain comme Manuel Juan de Morales de l’afflux massif de population à la fin du xviie siècle, attirés par la liberté que l’on trouvait là, loin de la justice royale. Apud, Silva, Ruiz, 2004, p. 102.
31 Carta de Antonio de Albuquerque Coelho de Carvalho a D. Jõao V, sobre o porto de Santos ficar pertencendo à nova capitania de S. Paulo e Minas do Ouro – de 3 de abril de 1710. Documentos Interessantes para a Historia e Costumes de S, Paulo, São Paulo, Archivo do Estado de S. Paulo, 1929, v. XLVII, p. 70-71.
32 Arquivo Histórico Ultramarino (Lisboa), São Paulo, cx. 1, doc. 84.
33 Carta Régia subordinando a praça de Santos ao governo do Rio de Janeiro – de 18 de maio de 1711. Documentos Interessantes para a Historia e Costumes de S, Paulo, São Paulo, Archivo do Estado de S. Paulo, 1929, v. XLVII, p. 75-76.
34 Ordens Reais n. 49, Carta de Sua Magde. porq. SedeClara Ser esta Vila Cabeça de Comarca, 21 de janeiro de 1704. Revista do Arquivo Municipal de São Paulo, São Paulo, I (IV), 1934, p. 68.
35 Le titre de provedor correspond à une charge publique destinée à défendre et garantir les droits et les libertés des citoyens.
36 Registro de uma provisão de Sua Magestade que Deus guarde ao ouvidor geral. Registro Geral da Camara Municipal de S. Paulo, São Paulo, Archivo Municipal de São Paulo, 1917, v. IV, p. 218.
37 Documentos Avulsos de Interesse para a História e Costumes de São Paulo, São Paulo, Departamento do Arquivo do Estado de São Paulo, Secretaria de Educação, 1954, v. V, p. 157.
38 Registro da escriptura de venda, e quitação do donatario pelo marquez de Cascaes à real coroa. Registro Geral da Comarca Municipal de S. Paulo, São Paulo, Archivo Municipal de S. Paulo, 1917, v. IV, p. 76 et suiv.
39 Arquivo Histórico Ultramarino (Lisboa), São Paulo, cx. 2, doc. 92.
40 Arquivo Histórico Ultramarino (Lisboa), São Paulo, cx. 1, doc. 21.
41 Carta Real anunciando a creação do Bispado de S. Paulo. Documentos Interessantes para a Historia e Costumes de S, Paulo, São Paulo, Archivo do Estado de S. Paulo, 1895, v. XVI, p. 164.
42 Alvará de creação do novo governo de S. Paulo – de 2 de sezembro de 1720, ibid., 1929, v. XLVII, p. 95.
43 Carta Regia mandando annexar a Praça de Santos á Capitania de S. Paulo, ibid., 1896, v. XVIII, p. 49-51.
44 La Provedoria da Fazenda Real était l’épine dorsale de l’administration économique du Brésil colonial jusqu’à 1770. Ces organes ont été créés avec les capitaineries héréditaires dans la décennie de 1530 à 1540 et se sont ensuite étendus à tout le territoire de la colonie. Au-delà des fonctions tributaires ou relatives au trésor public, les provedorias constituaient la base de l’administration civile et de la gestion militaire. Les provedores étaient souvent d’origine brésilienne. La succession héréditaire des charges était habituelle, ce qui a favorisé l’intégration de ces organes dans la société brésilienne.
45 Carta Regia sobre a transferencia para S. Paulo da arrematação dos contractos que se faziam em Santos, ibid., p. 63-64.
46 Registro de uma carta que os officiaies da Camara escreveram a Sua Magestade que Deus guarde pedindo general emandaram aqui registrar por mim escrivão. Registro Geral da Camara Municipal de S. Paulo, São Paulo, Archivo Municipal de São Paulo, 1920, v. X, p. 150-153.
47 Registro de uma carta que os officiaes da Camara escreveram a Sua Magestade fidelissima em vereança de 12 de fevereiro de 1763, ibid., p. 470-473.
48 Documentos Interessantes para a Historia e Costumes de S. Paulo, São Paulo, Archivo do Estado de S. Paulo, 1896, v. XI, p. 209-211.
49 Ibid., 1929, v. XLVII, p. 144.
50 Carta ao Conde de Oeiras, 20 de junho de 1768, ibid., 1896, v. XIX, p. 29.
51 Biblioteca Nacional (Rio de Janeiro). « Demonstração dos principios e das primeiras fundações da Capitania de São Paulo conforme as noticias adquiridas por D. Luís Antônio de Souza Botelho Mourão, governador e capitão-general que foi da dita capitania », s. d., s. l., Arquivo de Mateus, doc. 16, I-30, 26, 13.
52 Arquivo Histórico Ultramarino (Lisboa), São Paulo, Mendes Gouveia, cx. 26, doc. 2445.
53 Parecer que deo o Provedor da Fazenda Real sobre o Contheudo nesta Junta, 28 de janeiro de 1766. Documentos Interessantes para a Historia e Costumes de S. Paulo, São Paulo, Archivo do Estado de S. Paulo, 1895, v. XV, p. 48.
54 Ibid., p. 49.
55 Ibid., p. 50.
56 Carta nº 6. Sobre a mudança do cofre Real de Santos para S. Paulo, ibid., 1896, v. XXIII, p. 270-271.
57 Casa da fundição : durant la période coloniale, lieu où l’on fondait l’or extrait des mines. Il s’agissait là de le transformer en lingots pour faciliter le relevé des impôts.
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