1 Depuis la deuxième moitié des années 1980 une série
d’évolutions juridiques et législatives aux niveaux international,
national et provincial ont reconfiguré les champs de lutte indienne. Au
niveau international mentionnons la Convention 169 de l’Organisation
internationale du travail (OIT) de 1989, la Convention constitutive du
Fonds pour le développement des peuples indigènes d’Amérique latine et
des Caraïbes de 1992 et la Déclaration des Nations Unies sur les droits
des peuples autochtones de 2007 (en préparation depuis 1982). Sur le
plan national, outre la révision constitutionnelle déjà évoquée, citons
la loi nationale 23.302 de Politique indigène et de Soutien aux
communautés aborigènes approuvée en 1985 (promulguée en 1989 seulement)
et la ratification de la déclaration de l’OIT en 1992 par la loi 24.071.
Au niveau provincial, il convient de mentionner la révision de la
Constitution de la province de Tucumán en mai 2006 portant sur l’article
149. Pour approfondir ces questions et le contexte général de ces
transformations (progression du néolibéralisme, retrait de l’État,
globalisation, multiculturalisme), voir entre autres Bengoa J., La emergencia indígena en América
Latina, Santiago de Chile, Fondo de Cultura Económica, 2007 ; Briones C., « Formaciones de
alteridad : contextos globales, procesos nacionales y provinciales »,
in C. Briones (comp.), Cartografías argentinas. Políticas
indigenistas y formaciones provinciales de alteridad, Buenos Aires,
Antropofagia, 2008, p. 9-36 ; Carrasco M. et Briones C., « La tierra que nos quitaron ».
Reclamos indígenas en Argentina, Buenos Aires, Asociación de
Comunidades Aborígenes Lhaka Honhat e IWGIA, 1996.
2 Les communautés
indiennes de Tucumán inscrites aujourd’hui au Registre national de
communautés indiennes (RENACI) sont : Communauté indienne Quilmes,
Communauté indigène de Amaicha del Valle, Communautés de La Angostura,
El Mollar, Ayllu El Rincón, Casas Viejas, Tafí del Valle, Indio Colalao,
Potrero Rodeo Grande, Chuschagasta, Tolombón, Anfama, Chasquivil et
Solco Yampa. Arenas P.,
« La participación de Tucumán en el Relevamiento territorial de la ley
26160 : Una mirada desde las prácticas », Población y Sociedad, n° 20 (2),
2013, p. 125-136. D’autres sont en voie d’obtenir une personnalité
juridique.
3 La pénétration hispanique dans la vallée Calchaquí fut
marquée par la résistance indigène. Ainsi, la conquête effective de la
zone fut acquise après une succession intense de combats – dits « Guerras Calchaquíes » – au fil
de 130 ans ponctués de trois moments de virulence extrême. Le premier
d’entre eux (1534-1565) eut pour épicentre le secteur central de la
vallée, sous la direction du cacique de Tolombón, Juan Calchaquí.
Le deuxième (1630-1643) est connu sous le nom de « grand soulèvement »,
emmené par le cacique Chalemín. Le troisième (1656-1665) commença avec
l’arrivée à Tucumán de l’Andalou Pedro Bohórquez qui, autoproclamé
dernier descendant des incas, lança un soulèvement général qui continua
y compris après qu’il fût fait prisonnier. Voir à ce sujet Lorandi A. M. et Boixadós R., « Etnohistoria de
los valles Calchaquíes en los siglos xvi y xvii », Runa, n° 17-18, 1987-1988,
p. 263-419.
4 Giudicelli
C., « De la déportation à l’invisibilisation : la “dénaturalisation” des
Indiens Calchaquís (Nord-Ouest argentin), xviie-xxie siècles », Recherches amérindiennes au
Québec, vol. xli,
n° 2-3, 2011, p. 61-82. Sur la question des dénaturalisations de la
vallée Calchaquí et la rhétorique d’extinction des Indiens, voir
également Rodríguez L., Después de las desnaturalizaciones.
Transformaciones socio-económicas y étnicas al sur del valle Calchaquí.
Santa María, fines del siglo xvii-fines del xviii, Buenos Aires, Editorial
Antropofagia, 2008.
5 C’est-à-dire la manière par laquelle ces formations
« non seulement produisent des catégories et des critères
d’identification/classification et d’appartenance, mais aussi, en
administrant des hiérarchisations socio-culturelles, régulent les
conditions d’existence différentielles pour les différents types
d’altérités internes ». Briones
C., op. cit.,
p. 16.
6 Larrouy
A., Documentos del Archivo de
Indias para la Historia del Tucumán, siglo xviii, tome ii, Toulouse, Librairie E.
Privat, 1927.
7 Gil Montero R., « La población
colonial del Tucumán », Cuadernos de Historia de la
Población, n° 3-4, 2006, p. 65-122.
8 López C.,
« Tierras comunales, tierras fiscales : el tránsito del orden colonial
a la revolución », Revista
Andina, n° 43, 2006, p. 215-238.
9 L’évêque Moscoso estimait en 1801 que la population de
la juridiction de Tucumán s’élevait à 20 014 personnes mais il ne la
divisait pas en catégories ethniques. Cf. Moscoso A. M., « Informe »,
Revista de Buenos Aires :
Historia Americana, Literatura, Derecho, vol. 25, 1871 (1801),
p. 26-80.
10 Malaspina A., Viaje político-científico alrededor
del mundo por las corbetas Descubierta y Atrevida, Madrid,
Imprenta de la Viuda e hijos Abienzo, 1885
(1789-1794).
11 López C., op. cit.
12 Maeder E.,
« El censo de 1812 en la historia demográfica de Catamarca », Anuario del Instituto de
Investigaciones Históricas, n° 10, 1968-1969,
p. 217-248.
13 Parolo M. P., « Estructura
socio-ocupacional en Tucumán. Una aproximación a partir del censo de
1812 », Población &
Sociedad, n° 3, 1995, p. 35-62.
14 Ibid,
p. 58.
15 Goldman N., « La Revolución de
Mayo : Moreno, Castelli y Monteagudo. Sus discursos políticos », Ciencia y Cultura, n° 22-23,
2009, p. 321-366.
16 Doucet G., « La abolición del
tributo indígena en las Provincias del Río de la Plata : indagaciones
en torno a un tema mal conocido », Revista Historia del Derecho,
n° 21, 1993, p. 133-207.
17 Comme l’a signalé de la Cadena,
bien que les classifications et étiquettes juridico-politiques aient
modifié l’ordre colonial préexistant, celui-ci ne fut pas totalement
éradiqué. de la Cadena M.,
« ¿ Son los mestizos híbridos ? Las políticas conceptuales de las
identidades andinas », Universitas Humanística,
n° 61, 2006, p. 51-84.
Dans ce contexte il devient intéressant de répondre à la question que
se pose Bernand au sujet du mode de passage d’une société d’états
(basée sur les différences raciales et ethniques mais plus
fondamentalement sur les différences morales) à une société censément
homogène, au sein de laquelle le racisme allait prendre une visibilité
croissante. Bernand C.,
« Mestizos, mulatos y ladinos en Hispanoamérica un enfoque
antropológico de un proceso histórico », in M. Leon Portilla (coord.),
Motivos de la Antropología
Americanista. Indagaciones en la diferencia, Mexico, Fondo de
Cultura Económica, 2001, p. 105-133.
18 Recensement
provincial de 1845. Noticias
oficiales sobre la estadística, el territorio, y productos de la
provincia de Tucumán. Brochure imprimée conservée à l’Académie
nationale d’histoire (Buenos Aires).
19 Otero H., « Estadística censal
y construcción de la nación. El caso argentino 1869-1914 », Boletín del Ravignani,
n° 16-17, 1997-1998, p. 124.
20 Tío
Vallejo G., « Presencias y ausencias del cabildo en la
construcción del orden provincial : el caso de Tucumán 1770-1820 »,
Araucaria, n° 9 (18),
2007, p. 248.
21 Díaz Ricci
S., « Breve Historia Constitucional de Tucumán », Revista El Derecho, Suplemento Der.
Constitucional, n° 11 614, année xliv, 2006,
p. 13-20.
22 « Article cxxviii. Les Indiens étant
égaux en dignité et en droits aux autres citoyens, ils bénéficieront
des mêmes privilèges et seront régis par les mêmes lois. Toute taxe et
tout service personnel est dorénavant aboli sous quelque dénomination
que ce soit. Le corps législatif promouvra efficacement le bien des
Natifs au moyen de lois améliorant leur condition jusqu’à les mettre
au niveau des autres classes de l’État », Constitución de las Provincias
Unidas en Sudamérica, Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes,
consultable en ligne sur : [http://www.cervantesvirtual.com/].
23 « Article cxxix. Est dorénavant
constitutionnellement aboli également le trafic d’esclaves et prohibée
pour toujours son introduction sur le territoire de l’État », ibid.
24 Constitution de la Province de Tucumán, publiée
dans Celesia E., Constitución de la República del
Tucumán : año 1820, Buenos Aires, J. Suárez, 1930.
25 Il est intéressant de noter, conformément à
l’analyse proposée par García de Saltor, que malgré l’affichage par la
Constitution de 1820 de l’idée d’égalité et de la fin des
différenciations socio-ethniques ou autres, paradoxalement,
particulièrement dans son annexe, figurent plusieurs éléments relevant
de l’ancien régime qui dessinent justement de nettes différenciations
et hiérarchisations. García de
Saltor I., La construcción
del espacio político : Tucumán en la primera mitad del siglo xix, San Miguel de Tucumán,
Instituto de Historia y Pensamiento Argentinos, Universidad Nacional
de Tucumán, 2003.
26 Selon Páez de la Torre, deux projets auraient
été présentés presque simultanément : l’un par l’exécutif provincial
et l’autre par la chambre des représentants, certains auteurs
attribuant ce dernier à Marcos Avellaneda. Paéz de la Torre C. (h), Historia de Tucumán, Buenos
Aires, Plus Ultra, 1987.
27 Dans le but d’abolir l’esclavage, le 2 février 1813,
l’Assemblée générale constituante décréta que tous les enfants nés
dans le territoire des Provinces unies du Río de la Plata à partir du
31 janvier de cette même année devaient être considérés comme libres.
Ce principe juridique est connu comme « liberté de ventres » (libertad de
vientres).
28 Archives
historiques de Tucumán (AHT), Section administrative (SA), vol. 37,
Projet de constitution pour la province de Tucumán (1834), également
publié dans Mandelli H.,
La proyectada constitución
tucumana de 1834, Buenos Aires, H. Krasilovsky y Cía.,
1940.
29 Comme l’a signalé Cansanello,
le statut de citoyen – question que nous ne faisons qu’effleurer ici –
relève d’un phénomène complexe, produit d’un long et inextricable
processus qui ne peut être résumé par l’image selon laquelle tous les
sujets de la Couronne espagnole se seraient soudainement transformés
en citoyens du simple fait des mesures prises pendant les premières
années révolutionnaires. Cansanello O., De súbditos a ciudadanos. Ensayo
sobre las libertades en los orígenes republicanos. Buenos Aires
1810-1852, Buenos Aires, Imago Mundi, 2003.
30 Barragán
R., Indios, mujeres y
ciudadanos. Legislación y ejercicio de la ciudadania en Bolivia
(siglo xix), La Paz, Fundación Diálogo,
1999, p. 53.
31 Cf. AHT, Procès-verbaux municipaux des 18 et 25 juin
1821 et des 2, 12, 17 et 23 juillet, entre autres.
32 Actas de la Sala de
Representantes : desde 1823 hasta 1852, Editorial del Archivo
Histórico de la ciudad de Tucumán, 1917, p. 34-35 et 60.
33 Noli E.,
Indios ladinos, criollos
aindiados. Procesos de mestizaje y memoria étnica en Tucumán
(siglo xvii), Rosario, Prohistoria,
2012.
34 Díaz Rementería C.,
« Supervivencia y disolución de la comunidad de bienes indígena en la
Argentina del siglo xix »,
Revista de Historia del Derecho
Ricardo Levene, n° 30, 1995, p. 11-40.
35 AHT,
SA, année 1845, vol. 62, p. 32-34.
36 Le registre de Navarro avait sans doute servi de base
à l’élaboration ultérieure du recensement provincial, comme le signale
Medina dans sa thèse : Medina M. C., Landless women, powerful men.
Land, gender and identity
in NW Argentina (Colalao - El Pichao, 1850-1910), thèse de
doctorat, Göteborg University, 2002.
37 Nous faisons référence ici aux procès territoriaux que
la « communauté de Amaicha del Valle » intenta tout au long du xixe siècle à la famille
Aramburu. Précisons tout de même que s’ils font réclamation en tant
qu’Indiens, estimant que ces terres leur appartenaient du fait d’avoir
payé le tributo colonial,
ils y articulaient le recours à la rhétorique libérale typique de
l’époque, se présentant comme citoyens ou vecinos voire mettant en avant
leur participation au combat patriote contre les royalistes. Voir à ce
sujet Rodríguez L., « Los
usos del sistema judicial, la retórica y la violencia en torno a un
reclamo sobre tierras comunales. Amaicha del Valle, siglo xix », Runa, n° 30 (2), 2009,
p. 135-150.
38 López de Albornoz C. et Bascary A. M., « Pueblos
indios de Colalao y Tolombón : identidad colectiva y articulación
étnica y social (siglos xvii-xix) », Humanitas. Revista de la Facultad
de Filosofía y Letras, n° 27, 1998, p. 71-112 ; López C., op. cit. ; Fandos C., « Estructura y
transferencia de la propiedad comunal de Colalao y Tolombón (provincia
de Tucumán) en la segunda mitad del siglo xix », Mundo Agrario, n° 14, 2007
(disponible en ligne sur : [http://www.mundoagrario.unlp.edu.ar/])
et Fandos C.,
« La Comunidad indígena de Colalao (Tucumán) en la segunda mitad del
siglo xix, vínculos y
estrategias, el caso Guaisman », communication effectuée lors des Primeras Jornadas Nacionales de
Historia Social, Córdoba, Centro de Estudios Históricos
« Profesor Carlos A Segreti », 2007.
39 Il s’agit des villages de Colalao et Tolombón,
de Chuscha, d’Amaicha, de La Ramada, de Nascchi et de
Marapa.
40 Campi
reconnaît qu’à partir de l’indépendance l’élite de Tucumán a recours à
la force de la loi et à tout l’appareil répressif de l’État pour
s’approprier les terres communales Indiennes. Cependant, il considère
également que ces dernières ne représentaient qu’une petite partie des
terres sur lesquelles cette élite construisait sa puissance. Il est
probable que la grande quantité de terres rendues disponibles suite à
l’expulsion des jésuites ait couvert, au départ, ses besoins,
permettant ensuite le développement des plantations de canne et des
sucreries. Mais cette question reste selon lui à explorer plus
précisément. Campi D.,
« Notas sobre la gestación del mercado de trabajo en Tucumán
(1800-1870) », Población &
Sociedad, n° 5, 1998, p. 133-163.
41 De nombreux points communs
peuvent être trouvés dans le cas des Huarpes de la province de
Mendoza, étudié dans Escolar D., « Huarpe Archives
in the Argentine Desert: Indigenous Claims and State Construction in
Nineteenth-Century Mendoza », Hispanic American Historical
Review, n° 93 (3), 2013, p. 451-486.
42 Comme l’indique López, au cours
des premières décennies postrévolutionnaires la majorité des terres
communales sont déclarées inoccupées ou incultes, expropriées par
l’administration fiscale et vendues ou louées à des tiers. Selon cette
auteure, il n’y avait pas avant les années 1850 de législation
provinciale pour réglementer l’aliénation de terres publiques, le
mécanisme d’assignation des terres restant relativement simple : toute
terre dépourvue de propriétaire reconnu pouvait être cédée ou vendue
par l’État provincial. López C., op. cit.
43 AHT, Section judiciaire civile (SJC), année 1857,
boîte 276, dossier 24.
44 AHT, SJC, boîte 77, dossier 1, année 1840, folio 20.
López de Albornoz et Bascary ont étudié ce cas de près en mettant en
évidence cette tension qui entoure la nomination du protecteur des
natifs. López de Albornoz
C. et Bascary A. M., op. cit.
45 Le
protecteur développait pour sa défense deux arguments principaux. Il
distinguait d’abord les communautés en général de celles d’Indiens :
« Car tandis que celles-là ne sont pas pauvres, celles-ci le sont et
c’est pour cela que le législateur a voulu distinguer celles d’Indiens
des autres. » En second lieu, il ajoutait : « Je puis dire qu’il ne
s’agit plus d’une communauté puisqu’ont été abolis le tributo, la mita, la encomienda, le yanaconazgo, le service
personnel et le caciquat, évidemment ; mais en ce que la propriété
unique qui existe toujours n’a pas été divisée, non, c’est faux, car
le terrain qu’ils occupent reste encore indivis. » AHT, SJC, boîte 77,
dossier 1, année 1840, folio 23 verso. Nous avons analysé la question
de l’existence de la « communauté » de Colalao et Tolombón ou de ce
qu’elle représentait dans un autre travail : Rodríguez L., « La “comunidad”
de Colalao y Tolombón hacia mediados del siglo xix. Características de una
institución en redefinición », Bulletin de l’IFEA, n° 40 (3),
2011, p. 533-559.
46 Les conflits qui ont traversé la communauté de Colalao
et Tolombón ont été mis en évidence pour la première fois par Fandos C., op. cit.
47 Nous avons analysé en détail le rôle des fondés de
pouvoir de la communauté de Colalao et Tolombón dans Rodríguez L., « El sistema de
representación de indígenas entre la colonia y la república. Los
apoderados de la comunidad de Colalao y Tolombón en perspectiva
comparativa », in I. De Jong et A. Escobar Ohmstede (coord.), Las poblaciones indígenas en la
construcción y conformación de las naciones y los estados en la
América Latina decimonónica, Mexico, CIESAS, à
paraître.
48 AHT, SJC, boîte 80 dossier 17, année 1843, folio 17.
49 Ibid.
50 Ibid. Le
cas de Colalao et Tolombón n’est pas isolé : de nombreux cas peuvent
être cités au sujet de la tutelle. Par exemple en 1843, suite aux
« protestations d’un mécontent » (le mécontent étant Francisco
Balderrama, membre de la communauté d’Amaicha), Don Francisco Javier
Norry demandait au gouverneur Gutiérrez de s’occuper des réclamations
« de cette catégorie de personnes » du fait de « leur grande
timidité » dans le litige territorial qui opposait depuis plusieurs
années « le village d’Amaicha et Encalilla » à Fernando Aramburu. Bien
que les explications de Norry ne parlent pas explicitement d’Indiens
ou d’indigènes, la rhétorique coloniale et tutélaire qu’il employait
est significative. Voir AHT, SA, vol. 59, année 1843, folio
142.
51 López C.,
op. cit.,
p. 230.
52 La catégorie Pueblo de indios (« village
d’Indiens ») fait référence à la dynamique d’organisation politique et
administrative imposée par le système colonial aux populations
indigènes par le vice-roi Toledo dans la décennie 1570 pour la
vice-royauté du Pérou. Dans l’actuel Nord-Ouest argentin, ce système
de réduction dans des villages s’est développé après les Ordonnances
d’Alfaro (1612) avec trois caractéristiques principales : l’usufruit
des terres communales, un système politique appuyé sur les caciques et
le conseil (cabildo)
indien et l’obligation de payer une contribution spécifique. Castro Olañeta I., « Pueblos
de indios en el espacio del Tucumán colonial », in S. Mata de López et N. Areces (comp.), Historia Regional. Estudios de
casos y reflexiones teóricas, Salta, CEPIHA-EDUNSa, 2006,
p. 37-49.
53 Martínez et al. indiquent qu’avec
d’autres mécanismes d’assimilation en vue de l’homogénéisation
fictive, comme les appareils constitutionnels et pédagogiques, un
autre dispositif a été mis en pratique, « la destruction des espaces
sociaux et territoriaux occupés par eux [les Indiens de village], ce
qui avait constitué l’un des piliers de la République coloniale des
Indiens ». Martínez J. L.,
Gallardo V. et Martínez N., « Construyendo
identidades desde el poder : los indios en los discursos republicanos
de inicios del siglo xix », G. Boccara (éd.), Colonización, resistencia y
mestizaje en las Américas (siglos xvi-xx), Quito, Ediciones Abya-Yala,
2002, p. 37.
54 López C., op. cit., p. 230.
55 Ibid.
56 Gil
Montero R., op. cit.
57 Barragán R., « ¿ Categoría
fiscal o categoría social ? La campesinización del indio », Cuadernos de Historia
Latinoamericana, n° 8, 2000, p. 144.
58 AHT, SA, vol. 58, année 1842, folio
12.
59 Molina E., « Criminalidad y
revolución. Algunas consideraciones sobre las prácticas delictivas en
Mendoza entre 1810 y 1820 », Avances del CESOR, n° 6, 2009,
p. 133-154 et Molina E.,
« Relaciones sociales, delito y orden comunitario : judicialización de
los conflictos en Mendoza, 1770-1810 », Revista de Historia del
Derecho, n° 41, 2011, p. 163-198.
60 Leoni Pinto R., « La justicia
criminal en Tucumán (1820-1825) », Población & Sociedad,
n° 6/7, 1998-1999, p. 67.
61 Il est possible de consulter aux AHT la correspondance
entre gouverneurs ainsi que des décrets gouvernementaux abordant les
incursions des « Indiens barbares » et affectant des fonds consacrés
aux expéditions à leur encontre. Voir par exemple SA, vol. 25, Bernabé
Aráoz au pouvoir central, année 1816, folios 13 et 14 ; SA, vol. 40,
De San Juan Quiroga, Juan Facundo à Heredia, Alejandro, année 1832,
folios 495-496 ; Digesto Jurídico, Décret du 3-1-1832, Fonds pour une
expédition contre les Indiens (MLB, GH, p. 100) ; SA, vol. 47, El
Gdor. de Córdoba se dirige al de Tucumán comunicando el triunfo sobre
los indios, année 1837, folio 19.
62 Leoni Pinto signale que
dans le contexte des guerres d’indépendance, avec la réorientation de
l’effort militaire vers la lutte contre l’Espagnol, les incursions des
Indiens sur les espaces conquis depuis l’époque de la colonisation
s’intensifièrent. Leoni
Pinto R., Tucumán y la
Región Noroeste. Período 1810-1825, San Miguel de Tucumán,
Universidad Nacional de Tucumán, 2007.
63 Grosso J. L., Indios Muertos, Negros Invisibles :
Hegemonía, Identidad y Añoranza, Córdoba, Encuentro Grupo Editor,
2008.
64 Barragán R., « Indios, mujeres y
ciudadanos… », op. cit.
65 « Un poder que normativizó, delimitó
lo permitido y lo prohibido, calificó y categorizó a los grupos
sociales legitimando el propio ejercicio del poder », ibid., p. 13.
66 Grosso J.
L., op. cit.
67 L’attention portée à ces
dichotomies est redevable des discussions conduites dans le cadre d’un
projet UBACyT dirigé par Ingrid de Jong dont l’objectif était
justement de comparer les processus d’incorporation de l’Indien dans
les zones dites de domination précoce et les zones dites de
frontières.
68 Il sera intéressant de vérifier également si
cette représentation de l’Indien comme oisif par nature est liée,
d’une façon ou d’une autre, à une caractérisation générale de la
population (les « catégories populaires ») qui allait se généraliser
au long du xixe siècle : le vagabondage et
la paresse (« vagos y
malentretenidos »). Dans le cas de Tucumán, comme le signale
Parolo, une véritable « croisade » sera entreprise contre le
vagabondage, par le biais de diverses réglementations et lois sur le
sujet. Parolo M. P.,
« Nociones de pobreza y políticas hacia los pobres en Tucumán en la
primera mitad del siglo xix », Población & Sociedad,
n° 12/13, 2005-2006, p. 137-168.
69 « Es decir, los elimina, si no
físicamente, sí espacialmente al quedar – igualmente – fuera, sin que
contaminen a los nuevos estados », Martínez J. L., Gallardo V. et Martínez N., op. cit., p. 41.
70 D’autres
travaux pourront également étudier comment furent administrées
d’autres altérités, comme celles des noirs et de toute la gamme de
métissages afférente, dans le processus de construction de la matrice
provinciale d’altérité.