1 Rappelons ici l’importance du livre de Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage (1962)
in Œuvres, préface de
V. Debaene, édition établie par Debaene V., Keck F., Mauzé M. et Rueff M., Paris, Gallimard,
coll. « Bibliothèque de La Pléiade », 2008. Cette pensée, que
Lévi-Strauss définit comme une science du concret, « est à la base
de la pensée que nous appelons primitive, mais seulement pour
autant qu’elle est à la base de toute pensée, car c’est sous
l’angle des propriétés communes que nous accédons plus facilement
aux formes de pensée qui nous semblent étrangères » (op. cit., p. 169).
2 La littérature sur ce courant de l’anthropologie qui se
développe notamment dans les années 1990, même si Boas avait déjà
utilisé la notion de « relativisme culturel » au début du xxe siècle, est trop vaste
pour être rappelée ici. Une position relativiste extrême voit dans
les sociétés contemporaines une juxtaposition de communautés
définies culturellement (mais en fait subsumées par la race et la
religion). Cette image diffère de celle, stratifiée, héritée du
xixe siècle et notamment du
marxisme (mais aussi de la sociologie de la première moitié du xxe siècle), Il va de soi
que ce texte, qui s’appuie sur des documents du xixe siècle et début du xxe siècle, ne peut pas
ignorer les antagonismes de classe, teintés, en ce qui concerne
les populations indigènes, de théories issues du darwinisme
social.
3 Voir Quijada M.,
Bernand C. et Schneider A., Homogeneidad y nación con un
estudio de caso : Argentina, siglos xix y xx, Madrid, CSIC,
Colección Terra Nova e cielo nuevo, 2000. Pour ce qui est du
phénomène plus large d’homogénéisation, voir l’ouvrage de Bayly C. A., La naissance du monde moderne
1780-1914, Paris, Le Monde Diplomatique, Les Éditions de
l’Atelier, 2004.
4 Cité par Florescano
E., Etnía, estado y nación.
Ensayo sobre las identidades colectivas en México, Mexico,
Nuevo Siglo-Aguilar, 1997, p. 397.
5 Métraux A., Itinéraires I. Carnets de notes
et journaux de voyage, Paris, Payot, 1973, p. 57-59.
6 Engels rappelle dans la préface de 1888 du Manifeste, que la théorie
de Marx est à l’histoire ce que celle de Darwin est à la
biologie.
7 López Bárcenas F., Legislación y derechos
indígenas en México, Mexico, Colección Legislación y
Desarrollo Rural, 2010, p. 24-25.
8 Voir sur cette question importante Demelas M.-D. et Vivier N. (dir.), Les propriétés collectives face
aux attaques libérales (1750-1914), Europe occidentale et Amérique
Latine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003.
9 Salomon N., La campagne de
Nouvelle-Castille à la fin du xvie siècle d’après les Relaciones
Topográficas, Paris, SEVPEN, 1964. Il faut rappeler que les
« Relaciones Topográficas de los pueblos de España » se fondent
sur un questionnaire qui a également servi à la rédaction des
« Relaciones Geográficas de Indias » ; Vassberg D., Tierra y sociedad en
Castilla, Barcelone, Éd. Crítica, 1986.
10 Pour les définitions des baldíos et des ejidos voir Vassberg D., op. cit., p. 17-18.
11 Voir à ce propos les réflexions de James Lockhart sur l’altepetl, dans Lockhart J., The Nahuas after the conquest.
A social and cultural
history of the Indians of Central Mexico, sixteenth through
eighteenth centuries, Stanford, Stanford University Press,
1992.
12 Russo A., El realismo circular. Tierras,
espacios y paisajes de la cartografía novo-hispana, siglos
xvi y xvii, Mexico, UNAM, Estéticas,
2005. Elle signale l’importance qu’avait pour les Indiens des pueblos le tepeyotl, le cœur ou
l’esprit de la montagne. Cet espace ne pouvait pas être
domestiqué. Parmi les nombreux auteurs qui ont étudié ces cartes
villageoises citons Gruzinski S., La colonisation de
l’imaginaire. Sociétés indigènes et occidentalisation dans le
Mexique espagnol, xvie-xviiie siècles, Paris,
Gallimard, coll. « Bibliothèque des Histoires », 1988 ; Florescano E., « Titres
primordiaux et mémoire canonique en Méso-Amérique », Études Rurales, janvier-juin
2001, n° 157-158, p. 15-44.
13 Brading D., Mito y profecía en la Historia
de México, Mexico, Vuelta, 1989, p. 86-87 ; Levaggi A., « La protección
de los naturales por el estado argentino (1810-1950) : el problema
de la capacidad », Revista
Chilena de Historia del Derecho, n° 16, 1990-1991,
p. 445-469.
14 Brading D., The First America. The Spanish
Monarchy. Creole, patriots and the Liberal state, 1492-1867, Cambridge,
Cambridge University Press, 1991, p. 568.
15 La mainmorte est l’état des biens appartenant à des personnes
morales (communautés, établissements religieux, communes).
16 Aldana Rendón M., « ¿ Algo que
celebrar ? Las comunidades indígenas del Occidente, entre la
independencia y la revolución », Participación indígena en los
procesos de Independencia y Revolución Mexicana, Mexico,
Comisión Nacional para el Desarrollo de los Pueblos indígenas
(CDI), 2011, p. 196-197.
17 López Bárcenas F., Rebeliones indígenas en la
Mixteca. La consolidación del estado nacional y la lucha de los
pueblos por su autonomía, Mexico, MC Editores, 2007,
p. 27.
18 Loi du 26 mars 1894 sur l’aliénation des baldíos.
19 Pimentel F., Memoria sobre las causas que
han originado la situación actual de la raza indígena de México y
medios de remediarla, Mexico, Imprenta de Andrade y
Escalante, 1864, p. 214-226.
20 Cette question est analysée par K. Marx dans Œuvres, t. 1, Économie,
Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de La Pléiade », 1965,
p. 1473-1479.
21 Levaggi A., op. cit., p. 447.
22 Wilde G.,
« ¿ Segregación o asimilación ? La política indiana en América
surmeridional a fines del período colonial », Revista de Indias, 1999,
vol. LIX, n° 217, p. 640-643.
23 La première ligne de chemin de fer fut inaugurée en Angleterre
en 1830 entre Manchester et Liverpool. D’autres projets suivirent.
Le premier tronçon de la ligne « Ferrocarril del Oeste », en
Argentine, date de 1860 ; en 1845 débute la construction de la
ligne Mexico-Veracruz, qui ne sera achevée qu’en 1873.
24 Sarmiento D. F.,
Facundo, Madrid, Éd.
Cátedra, 1990 (1845), p. 16 et p. 62.
25 Lira González A., « Los
indígenas y el nacionalismo mexicano », in Relaciones, Estudios de
Historia y Sociedad, Zamora, El Colegio de Michoacán,
vol. V, n° 20, 1984, p. 75-94.
26 Hobsbawm E., Les primitifs de la
révolte, Paris, Fayard, 1963, p. 94.
27 Rabinovitch A. M.,
La société guerrière.
Pratiques, discours et valeurs militaires dans le Rio de la Plata,
1806-1852, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll.
« Des Amériques », 2013. Sur le « caudillismo » et les malones, Raúl Fradkin a
écrit de nombreux textes dont « Bandolerismo y politización rural
de Buenos Aires tras la crisis de independencia (1815-1830) », Nuevo Mundo/Mundos Nuevos,
2005, [http://nuevomundo.revues.org/document309.html].
28 Selon les analyses pertinentes de l’historien Bayly C. A., The birth of the Modern World,
1780-1914, Oxford, Wiley-Blackwell, 2004. Le texte de La Nación est cité par
Mónica Quijada dans Quijada M., De los cacicazgos a la
ciudadanía. Sistemas políticos en la frontera, Rio de la Plata,
siglos xviii-xx, Berlin,
Ibero-Amerikanisches Institut, Estudios Indiana 3, 2011,
p. 277.
29 Quijada M., op. cit., p. 281.
30 Zeballos E., La conquista de quince mil
leguas, Buenos Aires, Hachette, coll. « El Pasado
Argentino », 1958 (1878),p. 329.
31 Quijada M., op. cit., p. 280-285.
32 Moreno F. P., Apuntes preliminares sobre una
excursión a los territorios del Neuquén, Río Negro, Chubut y Santa
Cruz, La Plata, Talleres de Publicaciones del Museo, 1897,
p. 88-89.
33 Levaggi A.,
p. 452.
34 Katz F., « Labor
conditions on haciendas in Porfiriato Mexico : some trends and
tendencies », The Hispanic
American Historical Review, vol. 54, n° 1, février 1974,
p. 1-47.
35 Cabrera L., « La
reconstitución de los ejidos de los pueblos como medio de suprimir
la esclavitud del jornalero mexicano », discours prononcé devant
les députés à Mexico, le 3 décembre 1912. Reproduit largement dans
Bernand C., Les Indiens face à la
construction de l’État-nation. Mexique-Argentine, 1810-1917,
Paris, Atlande, 2013, p. 240-246.