Littérature et mémoire des territoires de l’attente
p. 261-272
Texte intégral
1La littérature de l’attente et de l’espace de l’attente est remarquable en ce qu’elle est littérairement et thématiquement typique – elle offre ses propres exemples incontestables – et en ce qu’elle est aussi une littérature qui expose, en particulier aujourd’hui, sa propre pertinence au regard de bien des situations politiques, sociales, culturelles, historiques. On peut conclure au réalisme de la littérature de l’attente et des espaces de l’attente. Les grands exemples contemporains de la littérature de l’attente sont d’abord de pures fictions. De fait, le lien de la littérature de l’attente à une réalité de l’attente, notamment dans les formes paroxystiques que celle-ci prend dans tous les lieux de rétention et d’attente contrainte, et le fait que la pure fiction de l’attente ne contredise pas les réalités de l’attente tiennent à trois choses : la concordance des formes littéraires et de la thématique de l’attente ; une caractérisation de l’attente qui fait droit à la fois à une citation de l’attente et à une réflexivité prêtée à cette citation, et à une vision du temps qui autorise l’accent mis sur l’attente ainsi qu’une certaine conception de l’écriture. Ce sont cette concordance et les conséquences de cette caractérisation de l’attente qui expliquent ultimement que la littérature « pure » de l’attente et de l’espace de l’attente puisse fournir les cadres modélisant des œuvres « réalistes » de l’attente – qu’elles soient réalistes ne fait pas nécessairement conclure à leur continue véracité historique.
2On dira donc ici une typologie de la littérature de l’attente ; on précisera en quoi cette typologie permet de préciser le temps et le territoire de l’attente. Cette typologie autorise encore à marquer les degrés de perspectives historiques que porte cette littérature.
3À partir de cette typologie, peut s’organiser une brève histoire de la littérature contemporaine de l’attente et de son espace – depuis les textes les plus anciens qui font modèle jusqu’aux divers récits de l’attente qui ne touchent pas nécessairement la migration, mais qui sont cependant instructifs. Peut ensuite se dessiner la littérature de l’attente et de son espace, liée explicitement à la migration. Cette dernière littérature, directement liée aux données historiques modernes et contemporaines, fait lire deux choses : l’attente et son espace permettent de présenter le temps de la migration sous le signe d’une allégorisation de la transition – et dans l’observation assez stricte de la typologie de la littérature de l’attente ; puis dans une manière de radicalisation des implications de ses thématiques, toute une part de la littérature de l’attente et de son espace – littérature des réfugiés, des camps – fait du temps de l’attente un temps de la multiplicité historique et de son espace celui d’un universalisme paradoxal. Cette radicalisation thématique place cette littérature explicitement sous le signe de la mémoire, sans que soient contredites les principales données typologiques de cette littérature. Elle conduit ultimement à un roman historique spécifique, où il y a un traitement original de la mémoire.
Encadré 1. Complainte nocturne (Claudio Aguiar)
Thomas Plançon
En 1982, l’écrivain brésilien Cláudio Aguiar publie Complainte nocturne. Le roman met en scène l’histoire particulière vécue par un groupe de paysans sans terre mené par le beato José Lourenço dans le Brésil des années 1930. Cette communauté, après avoir été chassée d’un sitio qui leur avait été confié, s’installe sur une terre à l’abandon, Caldeirão, qu’elle va progressivement rendre prospère et habitable. Cependant le gouvernement de l’état du Céara, craignant que le village ne se révolte contre le pouvoir établi et provoque ainsi un nouvel affrontement comme lors de la guerre de Canudos, enverra l’armée pour disperser les habitants, qui finiront bombardés par l’aviation lorsqu’ils tenteront de reconstruire un nouveau village.
Cette narration nous intéresse tout particulièrement parce qu’elle illustre quelques modalités dans les rapports entre sociétés et territoires de l’attente. Les populations qui se déplacent dans le Nordeste brésilien cherchent un espace propice à leur survie. De là nait l’espérance de trouver une terre qui leur permettra de s’installer durablement. C’est ce qui les pousse à rejoindre le village de Juazeiro, où réside le beato Lourenço, puis à le suivre à Baixa da Anta (d’où ses fidèles et lui-même seront chassés) et à Caldeirão. Le territoire provoque l’attente dans l’imaginaire des déplacés ; il est fantasmé, rêvé, désiré, le déplacement contribuant à accentuer l’imagination.
L’arrivée et l’implantation de personnes dans le village conduisent à une autre forme d’attente, celle-ci transitoire. Ce sont les éléments de la vie quotidienne qui amènent les habitants à la ressentir. Chaque année on espère de bonnes récoltes, une météo clémente. Le village devient un espace d’attente, conditionné par les désirs et souhaits de chacun. Ce sont les habitants qui transforment le lieu en territoire de l’attente, il doit répondre aux espérances. L’espace est pensé par le groupe de manière à répondre à l’attente.
Lorsque l’armée s’installe à Caldeirão pour mettre fin aux agissements de la communauté du beato, apparaît une nouvelle forme d’attente. Si les précédentes pouvaient prétendre à être prédicable, cette dernière quant à elle est vécue de manière incertaine. Il est difficile aux villageois de prévoir, de s’adapter en fonction de la situation. L’attente devient floue, aléatoire, angoissante. Cela se ressent d’autant plus avec l’absence du beato, parti se cacher dans la forêt par crainte de représailles des soldats. La forêt entretient la nature incertaine de l’attente, car elle ne permet pas un contact régulier.
Par le biais de ce roman, ce sont des phénomènes sociaux et humains qui parviennent au chercheur, l’amenant à réfléchir le déplacement à l’intérieur d’un territoire comme le sertão brésilien ainsi que l’attente ressentie par les populations dans le mouvement et dans une situation extraordinaire. C’est aussi pour lui une façon d’aborder la question de la religiosité paysanne au Brésil, qui est fortement implantée dans cette partie de la population à la fin du xixe siècle ainsi qu’au début du xxe siècle. Période durant laquelle les mouvements millénaristes (majoritairement sébastianistes comme celui de Canudos) se répandent dans la jeune république brésilienne. L’épisode de Caldeirão permet de penser les territoires de l’attente d’un point de vue religieux et de ramener à la vie toute une région, ainsi que des populations dont le souvenir a été effacé par le temps.
La littérature de l’attente et sa diversité petite histoire, brèves notations contemporaines
4En termes d’histoire littéraire et d’histoire de l’attente, tout cela est, de fait, une vieille histoire. On peut lire Œdipe Roi de Sophocle sous le signe d’une double attente, celle de la libération de Thèbes de la peste, celle de l’accomplissement du destin d’Œdipe – d’une double attente écrite et sue, donc réfléchie, puisqu’elle est selon le destin, et introductrice à une nouvelle attente, celle d’Œdipe roi qui abandonne sa cité. Il faut rappeler le Purgatoire de la Divine Comédie de Dante, qui donne droit de cité à cette zone intermédiaire entre le Paradis et l’Enfer, que la chrétienté médiévale a inventée et qui traduit remarquablement un autre trait de l’œuvre et de la thématique de l’attente : leur rapport à la loi – celle-ci non seulement interdit ou autorise, mais fait encore attendre son application. Souvenirs de la maison des morts de Dostoïevski1 illustre le pouvoir de symbolisation de l’attente : dans l’enfermement du bagne – ce lieu de la contrainte absolue de l’attente –, s’élabore une symbolique sociale, à la fois systématique, donc indissociable de l’enfermement et de sa loi, et une symbolique de la libération, celle du temps même de l’attente. Cette dualité parcourt, de fait, toute la littérature contemporaine de l’attente, celle des frontières, des camps de rétention, des camps de réfugiés, etc. Le chant du bourreau de Norman Mailer2 dit un des plus remarquables territoires de l’attente, celui du couloir de la mort dans les prisons américaines, et l’insupportable de l’attente dans son propre inachèvement – au point que le condamné réclame et obtient (difficilement) d’être exécuté. On a là l’exacte figuration du rapport de l’attente à la loi – la loi impose et n’autorise pas (elle n’autorise pas même qu’on puisse s’en réclamer). Tout cela est porté à son paradoxe contemporain dans le roman de J.M. Coetze, Waiting for the Barbarians3 : l’attente est celle des Barbares que l’on craint, celle que subit celui qui devait condamner les Barbares et qui est livré à l’attente infinie dans le désert, celle de l’invasion qui ne vient pas. Se dessine ainsi, dans cette allégorie, tout ce qui fait de l’attente un traitement de la division entre races, entre nations, de la certitude et de l’inutilité de la frontière. Il y a des contrepoints à ces constantes de la littérature de l’attente et du lieu de l’attente. Il suffit de dire la manière dont une partie de la littérature américaine du xxe siècle évoque Ellis Island, le lieu d’attente des immigrés à l’entrée aux États-Unis, mais aussi lieu d’incarcération et de déportation – le premier lieu ne se comprend, de fait, que par le second. Ellis Island, tel que le voit Dos Passos dans Manhattan Transfer4, est l’île de l’attente, celle de la promesse et celle de l’Amérique. Ce traitement positif de l’attente des immigrants perdure dans Ellis Island, roman récent de Kate Kerrigan5.
Ce qu’est la littérature de l’attente ; ce qu’est son paradoxe constitutif qui touche à la représentation de la mémoire
5Le traitement de l’attente est consubstantiel à l’expression littéraire, pour deux raisons : les œuvres littéraires sont, par leur forme littéraire, construites selon l’évidence de l’attente ; ces œuvres peuvent avoir pour thème l’attente, particulièrement dans un contexte politique, culturel de migration Ces deux raisons sont exactement congruentes et expliquent, de fait, la continuité à travers l’histoire, à travers les cultures, à travers les littératures, de la référence à l’attente. On doit ajouter que, compte tenu du caractère public des formes et des œuvres littéraires, cette continuité est manifeste et, elle-même, publique. C’est pourquoi la concordance entre formes littéraires et thématiques de l’attente offre un outil constant d’exposition et de représentation de l’attente, comprise en termes historiques et contextuels. Une fois que cette concordance est marquée, il importe encore de souligner que tout récit, toute représentation sont, par définition, un récit, une représentation de l’antérieur – ou, en d’autres termes, une actualisation d’un passé (que celui soit réel ou fictif n’importe pas pour cette notation), un jeu exposé de mémoire (que celle-ci soit réelle ou fictive n’importe pas pour cette dernière notation). Il faut donc dire une triple concordance : celle de la forme littéraire, de l’attente et du passé-mémoire.
Le paradoxe de l’attente
6Une autre remarque s’impose, qui est la conséquence de tout qui vient être noté : cette triple concordance est paradoxale : elle allie le temps de l’attente, qui est un temps comme suspendu, au temps de l’accompli, celui de la représentation du passé, de l’antérieur. Ce paradoxe conduit à deux notations complémentaires : structurellement, l’attente serait comme un temps arrêté ; elle ne se dirait cependant que selon son développement, sa propre réalisation de son objet. Cela autorise à lire le thème de l’attente comme un jeu contradictoire : attente de quelque chose, attente de rien – l’attente est son propre objet, un objet sans mémoire et sans mouvement, un objet sans accomplissement et sans transgression, un objet qui ne cesse cependant d’appeler le passé, de supposer un futur – celui où le récit du passé adviendra. Cet objet, l’attente, peut cependant se dire, susciter un récit, sa propre représentation, à travers le dialogue des personnages. Il y a là la matière du récit de Maurice Blanchot, L’attente l’oubli6, qui se définit ainsi : « Depuis quand avait-il commencé d’attendre ? Depuis qu’il s’était rendu libre pour l’attente en perdant le désir des choses particulières et jusqu’au désir de la fin des choses. L’attente commence quand il n’y a plus rien à attendre, ni même la fin de l’attente. L’attente ignore et détruit ce qu’elle attend. L’attente n’attend rien. » Où se trouve caractérisé le lieu de l’attente : celui de ce récit, de ce dialogue, de ces personnages qui, par ce lieu – une pièce fermée –, se trouvent paradoxalement proches de tout ce qu’ils ont pensé atteindre et qu’ils n’atteignent que dans le rappel de l’attente.
Le territoire de l’attente
7Cette notation sur le lieu de l’attente se précise encore. Parce que l’attente est à la fois l’attente du passage à l’autre lieu, l’attente du passage à l’autre objet, puisqu’elle est son propre objet, son propre moment, elle commande l’espace de cette dualité, ou pour le dire autrement, elle appelle la figuration et la symbolique de son propre territoire, sous le signe du paradoxe que fait cette dualité. Kafka a admirablement illustré ce point dans son court récit, Devant la loi7 : un homme demande à une sentinelle que telle porte lui soit ouverte ; cela lui est refusé pour ce moment ; l’homme attend jusqu’à sa mort que la porte lui soit ouverte ; et, au moment de sa mort, il pose une question et reçoit une réponse : « - Si tout le monde cherche à connaître la Loi, dit l’homme, comment se fait-il que personne d’autre que moi ne t’ait demandé d’entrer ? » Le gardien voit que l’homme est sur sa fin et, pour atteindre son tympan mort, il lui rugit à l’oreille : « Personne que toi n’avait le droit d’entrer ici, car cette entrée n’était faite que pour toi, maintenant je pars, et je ferme [la porte]. » Le paradoxe de l’attente définit le lieu de l’attente : ce lieu est par l’attente et par le paradoxe constitutif de l’attente – attente de quelque chose, attente de rien à cause du temps même de l’attente. Le lieu de l’attente est aussi par cet autre lieu – celui qui est au-delà de la porte – interdit et cependant autorisé. Le territoire de l’attente est ainsi celui du paradoxe de la loi qui autorise et n’autorise pas à entrer – il devient ainsi l’image de l’attente.
Le jeu réflexif de l’attente, ses données temporelles, sa désignation de l’altérité
8Il se conclut de manière assez remarquable de ces notations introductives à la plasticité de la thématique de l’attente et des formes littéraires qu’elle commande et ainsi aux nombreux et divers usages auxquelles peuvent se prêter les œuvres de l’attente. Il se conclut encore : ces usages nombreux ne doivent pas faire négliger ce qui est impliqué par le thème de l’attente : un jeu réflexif – l’attente se sait attente. En même temps qu’elle dessine le désire qu’advienne telle chose, elle s’avoue reconnaissance de cette attente. L’œuvre littéraire de l’attente soumet, par cette réflexivité, la figuration de l’attente et de sa mémoire à un exercice de lucidité.
9À l’arrière-plan de cette concordance de formes littéraire, d’une thématique, d’une temporalité spécifique et d’une réflexivité, et d’un dessin ambivalent de la loi, il est deux données qui, dans leurs représentations littéraires, relèvent de l’anthropologie : la donnée temporelle, la donnée frontalière. Donnée temporelle : comme l’avait fortement noté, dans une situation d’exil, dans une situation d’attente au regard du contexte de la Seconde Guerre mondiale, Erich Auerbach dans son ouvrage Mimesis8, la littérature, particulièrement la littérature occidentale, dès qu’elle entre dans le paradoxe de l’attente – exemplairement et initialement dans la culture occidentale, l’attente du retour du Messie et de l’accomplissement du temps –, entre dans la représentation continue de l’histoire, et fait, en conséquence, du thème de l’attente une donnée proprement historique. Ou, en d’autres termes, l’histoire est l’attente même. Donnée frontalière : le poème de Constantin Cavafy, En attendant les barbares, est un poème de l’attente – celle des barbares –, qui est une solution car il aurait mis fin à l’attente. Outre qu’il traite du paradoxe déjà dit de l’attente, le poème marque un autre paradoxe du territoire de l’attente : l’attente implique ceux qui attendent ; elle implique aussi ceux qui contraignent à l’attente – et qui se définissent aussi par cette attente.
10Dans chacune de ces perspectives, l’attente est en elle-même une pratique de la mémoire.
De l’écriture de l’attente au traitement historique de l’attente
11La concordance de la littérature de l’attente et de l’épreuve historique de l’attente se justifie par tous les points qui viennent d’être indiquées. Elle peut se dire, pour conclure sur ces points, de manière brève. En deux types d’exemples, le premier qui appartient à historiographie, le second littéraire.
12La présentation de l’attente et de son espace peut donc relever d’une explicite construction historique – partiellement métaphorique précisément par la référence à l’attente. Ainsi, dans L’Atlantique noir. Modernité et double conscience9, Paul Gilroy évoque-t-il la métaphore du navire. Elle lui semble essentielle et exemplaire. En effet, pour dire la condition de cette migration et de l’attente aveugle avec laquelle elle se confond, dans un monde « surdéveloppé », il est nécessaire de trouver une métaphore appropriée. Dans ce sens, le navire constitue un « système microculturel et micro-politique vivant et en mouvement ». Cette spécificité de ce que Paul Gilroy considère comme la culture noire, à savoir, une tension entre enracinement et cheminement (« roots and routes ») appelle donc la métaphore du navire et implique la figuration de l’attente – le temps de la traversée –, une attente hors de toute règle et qui est sa propre mémoire.
13Cette même présentation peut relever de la construction littéraire, du roman historique. Dans l’évocation des migrations et des immigrations, ponctuées de territoires de l’attente, le navire et la ville comme lieu d’arrivée et d’attente de générations d’immigrés offrent un traitement à la fois réaliste et métaphorique de l’attente – celle-ci est indissociable de la migration et de l’immigration ; elle est aussi ce qui permet d’assembler divers agents, divers temps de l’immigration, de livrer à travers le roman historique, une quasi-allégorie de l’attente.
14Le roman de Joseph O’Connor, Star of the Sea (L’Étoile de la mer)10, présente la nécessaire fragmentation d’une histoire complexe par le choix d’une forme délibérément polyphonique. Il n’y a pas une histoire unique de la traversée de l’Atlantique, mais une pluralité de perceptions fragmentaires. L’histoire est celle racontée par le journaliste de ce nouveau journal, le New York Times, G. Grantley Dixon, mais elle est également celle de rapports de Josias Tuke Lockwood, capitaine du vaisseau, celle des notes prises par le chirurgien, William James Mangan, celle aussi des articles de journaux, des chansons populaires et des extraits des lettres des émigrants trouvées dans les archives. La concordance du rappel de données historiques et d’une allégorie de l’attente tient dans le croisement de ces diverses voix et dans la réalité-métaphore du navire – qui permet à la fois de discriminer les états, les voix, et de les assembler. La figuration de la mémoire a les mêmes moyens : seule cette construction du roman permet de rapporter le voyage et l’attente qu’il porte à divers représentants et références sociaux11.
15Tel autre roman historique, Frontera Sur (Frontière Sud) de Horacio Vázquez Rial12, reconstitue l’histoire de l’immigration à Buenos Aires d’une famille galicienne – de fait, celle de l’auteur du roman, un historien professionnel qui est aussi romancier. Il s’agit bien d’un exercice de mémoire. Cet exercice prend doublement en compte l’attente : celle qu’a constituée l’immigration pour cette famille – la ville de Buenos Aires est un vaste territoire de l’attente, celle de la reconnaissance du lieu, de l’adaptation, de la fin de l’épreuve de l’anonymat de l’immigration – ; celle que figure le roman et qui est indispensable à la représentation historique de l’immigration – l’histoire de l’immigration est celle d’une famille qui se dit sur deux générations et celle d’un but, indissociable d’un jeu réflexif sur ce but. Le roman à travers l’allégorie de l’attente prend en charge ce jeu.
16Il est donc remarquable que l’historiographie et la littérature se rejoignent dans un même dessin de l’attente – inachevable si on la considère en elle-même, et, par là, utile, dans son allégorisation, à l’évocation historique : elle permet de saisir, par sa dilatatio, ces temps de transition, que sont les migrations et les séjours contraints. Il est encore remarquable que telle définition de la littérature, proposée par Gilles Deleuze, fasse de ces traits de l’attente les traits même de l’écriture littéraire : « Écrire est une affaire de devenir, toujours inachevé, toujours en train de se faire, et qui déborde toute matière vivable ou vécue13 » – on a ici une reprise indirecte de la temporalité de l’attente, temporalité existentielle mais aussi proprement historique, avons-nous noté.
Des œuvres typiques de l’attente aux littératures de la frontière et des camps – radicalisation de la thématique de l’attente et de son historicisation
17Les remarques qui viennent d’être proposées ne peuvent être séparées des œuvres littéraires dont on reconnaît aujourd’hui qu’elles illustrent exemplairement la thématique de l’attente – Le Désert des Tartares de Dino Buzzati14 et Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq15. Ces œuvres portent une leçon claire : le traitement de l’attente et de son espace n’est pas dissociable du traitement de limites, de frontières spatiales, qui sont aussi des frontières temporelles, axiologiques, historiques. En ce sens, ces œuvres confirment la typologie qui a été dite et suggèrent un ultime paradoxe de la représentation de l’attente : celle-ci suppose un temps arrêté ; celui-ci se lit finalement comme une attente ou un appel de l’histoire. Cette leçon est probablement caractéristique, si on la contextualise en termes historiques, d’une vision européenne de l’histoire qui hésite entre une finalisation et une simple chronologie de l’histoire – on retrouve ainsi tout à fait remarquablement les deux visions de l’histoire que notait Mimesis et on conclut : ces œuvres portent une interrogation sur l’histoire qui ignore la multiplicité des histoires qui se disent dans le monde contemporain et le rapport des mouvements de migration à cette multiplicité.
18Il est cependant un implicite de cette littérature de l’attente, tenue pour typique : le sujet de l’attente ne change pas ; l’attente est celle d’un sujet à l’identité fixée, comme est fixée l’identité du lieu de l’attente. C’est pourquoi le personnage de l’attente apparaît ultimement vain (Julien Gracq) ou meurt (Dino Buzati). Or, le sujet pourrait changer, ou reconnaître explicitement ou implicitement, comme cela est d’ailleurs suggéré dans les deux romans, que l’événement de l’histoire surviendra peut-être.
19Il est une littérature de l’attente qui prend en charge explicitement cette possibilité du changement, les implications mêmes de l’attente et de son lieu. Elle met à jour ou porte à un extrême le rapport de l’histoire et de l’attente, qui a été indiqué à propos de Joseph O’Connor et de Horacio Vázquez Rial. Cette littérature est celle qui s’attache à la réalité contemporaine des grands lieux de l’attente – les camps de réfugiés, de migrants, ces lieux de l’attente produits de l’histoire. Cette littérature dessine l’attente comme le temps de l’altérité et porte, faut-il répéter, à un extrême ce qui est impliqué chez les auteurs qui ont été cités. Les littératures des frontières, les littératures de réfugiés, les littératures des camps divers illustrent cela. Ces littératures font modèle en ce qu’elles donnent la fiction de l’attente comme un opérateur de la lecture et de la mémoire des réalités des frontières, des camps.
20Ainsi, une pièce de théâtre, Le Dernier Caravansérail, créée collectivement et jouée par le Théâtre du Soleil16, présente-t-elle des migrants dans divers points du monde et en particulier à Sangatte – lieu d’attente, lieu de refuge, lieu provisoire. Outre ses qualités propres, cette pièce et sa mise en scène ont pour intérêt de présenter divers parcours de migration, des migrants de diverses nationalités, des lieux d’attente dispersés dans le monde – bien que Sangatte soit privilégié. Cela se reformule : par ces histoires, par ces historicités multiples, par ces nationalités diverses, le temps et le lieu de l’attente ne sont plus seulement ceux du passage et de l’histoire possible, mais, de plus, donc, ceux de l’assemblement de ces histoires, de ces nationalités. Le lieu de l’attente devient une manière de territoire de l’hospitalité – une hospitalité paradoxale, puisqu’elle suppose que les lois mêmes ne soient pas observées. Le temps de ce lieu a pour condition des temporalités contradictoires. Le territoire de l’attente et son temps deviennent ainsi la figure du territoire du monde, de ses contradictions, de son défaut d’hospitalité. Les situations politiques contemporaines entraînent une manière de radicalisation de l’usage de la thématique de l’attente – cette thématique est moins celle de l’attente (éventuellement vaine) d’une autre histoire, d’un autre espace (cela que font entendre les œuvres qui ont été précédemment citées), que celle de l’attente vue comme ce qui permet de composer, en un lieu spécifique, les temps et les misères contemporains. L’attente, réelle dans le cas des migrants de Sangatte ou d’ailleurs, autorise la symbolique de sa propre universalité historique, sociale, culturelle. Ainsi réformé, le modèle de la littérature de l’attente devient un opérateur de lecture, faut-il répéter, de bien des situations politiques, sociales, culturelles, qui font de l’attente une évidence contemporaine, historique.
21Les littératures de la frontière jouent de la même manière, selon l’espace spécifique de la frontière – lieu de l’attente de ceux qui ne passeront jamais. Comme l’enseigne la littérature contemporaine de la frontière nord du Mexique, la littérature des frontières joue d’une attente construite de manière clairement identifiable : selon l’interdit que représente la frontière, selon la possibilité de contact qu’elle constitue, selon l’antinomie des espaces qu’elle partage, des histoires qu’elle implique, et selon le manifeste dessin possible du territoire commun – qui ne peut se dire que selon l’attente. Cette attente est présentée selon des personnages singuliers ; elle est aussi une attente historique. Cela donne des romans de la frontière et de l’attente qui se construisent selon un réalisme, mais aussi selon la symbolique qu’appellent un tel temps et un tel territoire. Ainsi les romans du Rio Grande placent-ils toutes ces données précisément sous le signe du fleuve vital – citons Murerion a mitad del río de Luis Spota, El río de la miserecordia de Mauricio González de la Garza (1967), La frontera de cristal de Carlos Fuentes. Ce vaste territoire de l’attente, établi tout au long de la frontière, est indissociable de cet espace sur lequel il s’établit, celui de la vie quotidienne, sociale, économique, qui ne suppose pas nécessairement l’attente. Il faut comprendre que la littérature de ce territoire de l’attente porte des dessins existentiels, sociaux, anthropologiques spécifiques, en ce que l’attente devient une actualité constante et, par là, historique, lisible sur le fond de cette vie quotidienne extérieure à l’attente. Le territoire de l’attente est un territoire ajouté et doublement intermédiaire : au regard des deux nations que sépare la frontière, au regard du territoire national d’où les migrants sont originaires. Il dessine l’inhospitalité, appel d’hospitalité, d’universalisme, comme l’enseigne déjà Le Dernier Caravansérail.
22La littérature des réfugiés fait jouer de manière tout à fait spécifique attente, territoire de l’attente, et mémoire de l’un et de l’autre. Le camp de réfugiés est un lieu d’attente. Il est indissociable de l’histoire – l’histoire des historiographes – qui a amené là les réfugiés. Il est encore indissociable de la sortie des réfugiés. Il reste cependant une manière de lieu constant de référence dans la mémoire du réfugié. Le transitoire devient en quelque manière archétypal. Il y a bien des camps de réfugiés. Il y a bien des textes – plutôt journalistiques – qui en traitent. Il est une œuvre exemplaire, une manière d’autobiographie narrativisée, dite cependant roman, What is the what. The autobiography of Valentino Achak Deng. À Novel17. Elle a pour sujet un réfugié (qui porte le nom du titre de l’œuvre) des camps du sud du Soudan, du Kenya, et pour auteur un journaliste, Dave Eggers. On dit manière d’autobiographie et roman cependant, car l’œuvre qui est un récit est, de fait, issue d’une interview du réfugié par ce journaliste. Que l’œuvre se nomme autobiographie traduit le statut paradoxal de ce texte – autrui, le réfugié, ne peut se dire sans l’appui de l’insider. Cette œuvre offre quatre traits remarquables. Les multiples lieux de l’attente sont ceux d’une longue attente – dix ans au Kenya. Les récits de ces attentes sont à la fois donnés pour authentiques et pour indissociables des histoires que l’enfant a entendues ; le récit de soi est celui de la mémoire d’autrui, mémoire qui, parce qu’elle est celle du groupe, est plus ou moins allégorisé. Le lieu de l’attente ressemble aux lieux de la guerre, comme le lieu de la sortie – les États-Unis – n’est pas libre de la violence – d’une autre forme, certes, que celle que l’enfant a connue auparavant. Le récit de soi est à la fois celui de la mémoire personnelle, celui de la reconstitution de la subjectivité et celui de l’exemplarité, précisément celle du réfugié et de son expérience. Au total, l’œuvre expose les paradoxes de l’attente, de la migration et de leurs conséquences. L’identité du sujet, certaine, devient une identité intermédiaire comme le traduit l’alliance du nom du réfugié et de celui du journaliste dans le titre de l’ouvrage. La situation de ce sujet reste une situation de frontière. Il subsiste toujours un degré d’étrangeté – celle du refuge et de l’attente –, qui exclut toute assignation identitaire. Ainsi, l’évocation du territoire de l’attente permet-elle de dire le maximum de l’aliénation. Ce maximum de l’aliénation permet de dessiner le sujet sous le sceau d’une manière d’universalisme, celui qui se conclut de cette expérience intermédiaire du lieu de l’attente (violente). Par quoi s’exposent une logique et une politique du sujet, qui exclut cependant une injonction de l’universalisme – il faut répéter la manière d’universalisme.
Encadré 2. L’attente et les attentes des migrants dans un bidonville : Demain, demain de Laurent Maffre
Alain Musset
Publiée aux éditions Actes Sud en 2012, la bande dessinée de Laurent Maffre, Demain, demain s’inscrit dans la perspective d’une littérature sociale, engagée, s’appuyant sur de véritables enquêtes sociologiques – en particulier celles de Monique Hervo qui ont servi de base au travail du dessinateur et dont une partie est présentée à la fin de l’ouvrage. Cet impressionnant récit graphique évoque l’univers des travailleurs algériens installés en France dans les années 1950-1960 afin de participer à l’effort de reconstruction et de modernisation d’un pays qui, dans le même temps, avait engagé une guerre sanglante destinée à maintenir dans le giron colonial ses possessions nord-africaines.
Héros malgré lui d’une épopée misérable, Kader a quitté son bled natal dans l’espoir de gagner en France assez d’argent pour faire vivre confortablement sa femme et ses deux enfants, Samia et Ali. Quand ceux-ci le rejoignent enfin, ils doivent affronter une réalité sans commune mesure avec leurs rêves dorés : simple ouvrier immigré dans un pays en proie au racisme, Kader vit dans le bidonville de la Folie, à Nanterre, où s’entassent des centaines d’autres expatriés à la recherche de l’El Dorado (figure 1). Obligée de s’installer dans une cabane qui prend l’eau dès qu’il pleut et dont les murs fragiles ne sont pas un obstacle pour les rats, Soraya doit supporter une misère qu’elle ne pouvait pas imaginer quand elle vivait, comme toutes ses voisines, dans l’attente perpétuelle de son mari exilé.
C’est donc une attente multidimensionnelle et multilocalisée que Laurent Maffre met en scène dans son récit fondé sur un dessin à la plume au trait sec mais émouvant, tout en noir et blanc, et sur des allers retours permanents entre le présent et le passé, entre Nanterre et l’Algérie : celle des femmes qui sont restées dans le bled et qui espèrent en sortir ; celle de leurs hommes qui puisent leur force dans le souvenir et la nostalgie ; celle des familles regroupées dont le seul but est de quitter le bidonville pour aller s’installer dans un vrai logement – peut-être un appartement dans le grand ensemble hlm des Provinces françaises qui se construit à la lisière de leurs baraques.
Mais en attendant de partir, il faut « faire avec » cet espace stigmatisé et stigmatisant. Le présent de Kader et de Soraya est pris au piège entre un passé envahissant et un futur incertain, suivant la logique énoncée par Yi-Fu Tuan dans Espace et lieu, la perspective de l’expérience, quand il souligne que tous les groupes sociaux construisent leur réalité grâce à un flux permanent entre la mémoire des lieux passés et l’anticipation ou la projection des lieux à venir. Le logis sordide de la famille s’illumine donc avec des objets et des images qui rappellent le pays natal : c’est une manière de domestiquer ou d’apprivoiser un lieu hostile perçu et vécu comme une simple parenthèse dans une vie marquée par le déracinement. Le titre du récit de Laurent Maffre, Demain, demain, exprime ainsi toute l’ambiguïté d’une notion, l’attente, qui prend au pluriel une autre dimension – celle de l’espoir.
Fig. 1. – Le bidonville de la Folie, à Nanterre (1962-1966)
23
D’après Laurent Maffre (Demain, demain, Actes Sud BD/Arte Éditions, 2012)
La littérature de l’attente et la mémoire de l’histoire. Brève note finale
24La radicalisation de la thématique de l’attente n’exclut pas les jeux propres à cette thématique – vanité de l’attente, réflexivité. Ces jeux sont nécessaires à la radicalisation – ils sont directement prêtés aux discours des personnages dans Le Dernier Caranvansérail. Cette alliance de la radicalisation de la thématique de l’attente et de la présentation de ses paradoxes, dans le cadre d’une littérature de la migration, fait des œuvres qui usent de ce moyen, d’explicites œuvres du retour du sujet migrant sur lui-même, et de ce retour le moyen du dessin de la mémoire historique. Cela invite au total identifier le type d’appel de lecture que propose l’œuvre littéraire de l’attente : faire de la mémoire – particulièrement celle de la migration – l’occasion d’un recommencement, qui peut lui-même se lire comme la promesse d’une sortie de l’attente. Une écrivaine haïtienne, exilée à New York, Edwidge Danticat, a fait de ce mouvement le thème central d’un de ses romans, qui traite de l’exil des Haïtiens en République dominicaine, de leur départ de cette république, après le massacre des Haïtiens de 1937. The Farming of the Bones18 construit un jeu mémoriel selon l’exil et l’attente, qui autorise une vaste évocation historique et la notation finale d’une nouvelle vie. L’utilisation de l’organisation typique du récit de l’attente permet de construire un roman historique – roman de la mémoire de ce massacre, du vaste territoire de l’attente qu’était devenu la République dominicaine, et roman de l’actualisation de tout cela, puisque l’attente, dans sa présentation, est toujours un présent et une manière de performatif.
Notes de bas de page
1 Dostoïevski F., Souvenirs de la maison des morts, Arles, Actes Sud, 1999, Записки из Мертвого дома, 1862.
2 Mailer N., Le Chant du bourreau, Paris, Laffont, 2009 (The Executioner’s Song, 1979).
3 Coetzee J.M., En attendant les barbares, Paris, Le Seuil, 2000 (Waiting for the Barbarians, 1980).
4 Dos Passos J., Manhattan Transfer, Paris, Gallimard, 1973 (Manhattan Transfer, 1925).
5 Kerrigan K., Ellis Island, New York, William Morrow, 2011 (Ed. or. 2009).
6 Blanchot. M., L’attente l’oubli, Paris, Gallimard, 1962.
7 Kafka F., Devant la loi, dans Le Procès, Paris, Gallimard, 2004 (Vor dem Gesetz, dans Der Prozess, 1925).
8 Auerbach E., Mimesis, Paris, Gallimard, 1977 (Mimesis, 1946).
9 Gilroy P., The Black Atlantic : Modernity and Double Consciousness, Londres, Verso, 1993.
10 O’Connor J., Star of the Sea, New York, Random House, 2004.
11 C’est un des traits de bien des évocations de l’immigration et de ses attentes que d’encadrer les migrants de personnages socialement marqués – cela a une signification sociale ; cela est aussi un moyen de figurer la mémoire puisque, doit-on rappeler, avec Maurice Halbwachs, qu’il n’y a pas de mémoire sans cadres sociaux (Halbwachs M., Les Cadres sociaux de la mémoire, Paris, Alcan, 1925, [http://0-dx-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/doi:10.1522/cla.ham.cad].
12 Rial H.V., Frontera Sur, Madrid, Alfaguara, 1995.
13 Deleuze G., Critique et Clinique, Paris, Minuit, 1997, p. 15.
14 Buzati D., Le Désert des Tartares, Paris, Laffont, 1949, (Il deserto dei Tartari, 1940).
15 Gracq J., Le Rivage des Syrtes, Paris, Corti, 1951.
16 Le Dernier Caravansérail, création collective, Théâtre du Soleil, 2003.
17 Eggers D., What is the what. The autobiography of Valentino Achak Deng. A Novel, New York, McSweeney’s, 2006.
18 Danticat E., The Farming of the Bones, New York, Soho Press, 1998.
Auteurs
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les Premiers Irlandais du Nouveau Monde
Une migration atlantique (1618-1705)
Élodie Peyrol-Kleiber
2016
Régimes nationaux d’altérité
États-nations et altérités autochtones en Amérique latine, 1810-1950
Paula López Caballero et Christophe Giudicelli (dir.)
2016
Des luttes indiennes au rêve américain
Migrations de jeunes zapatistes aux États-Unis
Alejandra Aquino Moreschi Joani Hocquenghem (trad.)
2014
Les États-Unis et Cuba au XIXe siècle
Esclavage, abolition et rivalités internationales
Rahma Jerad
2014
Entre jouissance et tabous
Les représentations des relations amoureuses et des sexualités dans les Amériques
Mariannick Guennec (dir.)
2015
Le 11 septembre chilien
Le coup d’État à l'épreuve du temps, 1973-2013
Jimena Paz Obregón Iturra et Jorge R. Muñoz (dir.)
2016
Des Indiens rebelles face à leurs juges
Espagnols et Araucans-Mapuches dans le Chili colonial, fin XVIIe siècle
Jimena Paz Obregón Iturra
2015
Capitales rêvées, capitales abandonnées
Considérations sur la mobilité des capitales dans les Amériques (XVIIe-XXe siècle)
Laurent Vidal (dir.)
2014
L’imprimé dans la construction de la vie politique
Brésil, Europe et Amériques (XVIIIe-XXe siècle)
Eleina de Freitas Dutra et Jean-Yves Mollier (dir.)
2016