Images de Napoléon Bonaparte dans l’optique des imprimés luso-brésiliens
p. 457-470
Texte intégral
Ce travail a été élaboré à partir d’une recherche financée par le CNPq, qui s’est terminée par ma thèse – As Representações napoleônicas em Portugal : imaginário e política (c.1808-1810) – approuvée au concours de professeur titulaire d’histoire moderne au département d’histoire de l’université de l’État de Rio de Janeiro, en juillet 2002.
1Au Portugal, la période difficile des invasions françaises (1807-1810) permit l’élaboration d’images distinctes sur Napoléon Bonaparte et la France impériale, favorisant une effervescence mythologique notable, caractéristique des périodes de turbulences politiques, où les récits, les appels et les annonces prophétiques prirent corps et importance, échappant à toute explication rationnelle des événements. Construites beaucoup plus pour glorifier ou dénigrer un passé et pour forger des images d’un héros ou d’un démon, de telles représentations peuvent cependant se transformer en un objet privilégié de l’historiographie, car, selon Roger Chartier, elles permettent, grâce à l’idée et à la mémoire, de se référer à des images distinctes d’objets, de concepts ou de personnes absentes, en cherchant à leur prêter une signification telle qu’elles l’avaient ou qu’elles auraient dû l’avoir1. Au-delà des symboles, elles ont témoigné de la trame qui a constitué la mémoire de ces années, frontière entre le monde de l’Ancien Régime et le monde libéral, qui ont connu le choc entre forces conservatrices et forces rénovatrices.
2En provoquant une modification profonde, aussi bien dans l’histoire de la France que dans celle de l’Europe – par la réorganisation d’un nouveau corps politique, par l’introduction d’un Code Civil, par la destitution de plusieurs dynasties ou par la réorganisation de la carte européenne – Bonaparte finit par entrer dans le cours de l’histoire. D’un côté, cette entrée fut forgée par lui-même, grâce à la narration de ses victoires, à ses proclamations dans la presse et aussi par l’intermédiaire des lettres et des arts. De l’autre, elle fut rendue possible par les images construites par ses ennemis. Dans les deux cas, Napoléon s’élevait au-dessus de ses contemporains, se distinguant des autres – pour le meilleur et pour le pire. Se créait ainsi l’archétype du héros2, qui éveillait, cependant, des échos distincts.
3D’une part, à l’origine de tout, la légende impériale, ou légende rose et dorée forgée, initialement, par l’empereur lui-même, lors des campagnes d’Italie et qui finit par transformer Bonaparte en une combinaison de héros et de demi-dieu, spécialement entre 1800 et 1814. D’autre part, à cette même époque, la légende noire – l’anti-Napoléon – construite à partir d’innombrables caricatures, pamphlets et écrits qui parurent non seulement en France mais dans toute l’Europe. Avec l’Angleterre comme foyer initial, cette littérature de circonstance rencontra un rapide succès en Allemagne, en Russie et dans la péninsule Ibérique, étant entendu que ses thèmes furent repris en France, surtout entre 1814 et 1821. Le héros était réduit aux dimensions d’un usurpateur et d’un exterminateur de médiocre envergure, doté d’un caractère féroce et sanguinaire, dont la carrière, mêlée de crimes sordides, se termina, sans plus de grandeurs, sur une île perdue de l’Atlantique3.
4Le monde luso-brésilien non seulement connut mais aussi construisit sa légende autour de Bonaparte. Le Portugal, à cause de l’absence de souverain et de la guerre d’occupation sur son propre territoire, et le Brésil, nouveau décor de la Cour portugaise d’où devaient émaner les nouveaux actes administratifs de l’empire portugais, vécurent des moments difficiles d’ordre politique et aussi économique, qui se traduisirent par d’innombrables écrits de circonstance – des centaines de libelles, des opuscules, des pamphlets, des blagues, des pages de petites histoires et des journaux. Selon Daupiás d’Alcochete, on estime que près de 3 000 pamphlets ont été publiés, parmi lesquels figuraient des proclamations officielles4. À caractère didactique et polémique, les pamphlets faisaient des commentaires sur des faits récents, ou ouvraient des débats sur les grandes questions du moment, mais avaient recours à un langage accessible, car basé sur des thèmes fondamentaux de la politique et de la situation portugaise. Comme ils étaient écrits dans des régions dominées, en règle générale, ils restaient anonymes à cause de la censure. Dans le monde luso-brésilien, on peut constater qu’ils sont de quatre types : les anti-napoléoniens, les anti-français, les anti-francisés et les patriotiques exclusivement5. Que ce soit par le prix ou par le petit nombre de pages, les pamphlets constituaient la publication la plus accessible et avaient une circulation plus intense, atteignant aussi les couches situées aux franges de la société qui, incapables de lire, pouvaient toutefois entendre la lecture à voix haute, assimilant, par le filtre de leur imagination, les idées qui devaient être inculquées.
5Certains pamphlets se présentaient sous la forme de dialogues, suivant le modèle classique du Spectator de Addison et Steele6. Par exemple, dans O jacobinismo vencido pelas razões de hum patriota ou Dialogo entre hum patriota e hum jacobino sobre a retirada de Massena (1811), le second va visiter le premier pour le convaincre de suivre le parti français, mais, grâce à un duel de mots, le patriote parvient à démontrer qu’un « jacobin ou partisan de Napoléon est un individu qui trompe sa Patrie, qu’il est un traître à son Souverain » ; et encore, il est « le dégoût des bons Citoyens, c’est un Séide d’un homme sans Loi ». Ainsi, le partisan, repenti, finit par abjurer sa foi et écrit une poésie – « Jacobins Pestiférés » – contre la maudite secte des Partisans7.
6D’autres essayaient d’expliquer certains points fondamentaux des événements de l’époque, en recourant, pour atteindre cet objectif, au petit catéchisme à usage populaire comme le Cathecismo civil ou breve compêndio da sobrigações do hespanhol, conhecimento pratico da sua liberdade e explicação de seu inimigo (Catéchisme civil ou bref recueil des obligations de l’espagnol, connaissance pratique de sa liberté et explication de son ennemi), publié lors du soulèvement de l’Espagne, mais qui circula aussi au Portugal en essayant d’exprimer la haine pour Napoléon,
« Q : Qui est l’ennemi de notre bonheur ?
R : L’empereur des Français.
Q : Et qui est cet homme ?
R : Un nouveau Seigneur, infiniment mauvais et cupide, le début de tous les maux et la fin de tous les biens, c’est le condensé et le dépôt de tous les vices et de toutes les méchancetés.
Q : Combien de natures a-t-il ?
R : Deux : une diabolique, l’autre inhumaine8. »
7La religion était utilisée dans le but d’atteindre un public plus large, en divulguant les critiques au régime français, par le biais de la vieille habitude parodiant les formes religieuses. Surgirent ainsi des Notre Père, des Credo, des Ave Maria, qui exprimaient les sentiments d’opposition à la domination napoléonienne. Un exemple peut être trouvé dans le pamphlet ABC poético, qui contenait, à la fin, un Notre Père composé de 26 strophes dans lesquelles la dernière ligne de chaque strophe formait l’ensemble de la prière :
« Pour un Trophée si Auguste
Que nous avons atteint pour vous,
Concédez-nous, nous vous en prions,
Notre Pain
Abattez Colosse Français
Origine de notre mal,
Bourreau, cruel Tyran
De chaque jour
De cette Monarchie Lusitanienne
N’oubliez pas, seigneur,
Protection, grâce, faveur
Donnez-nous aujourd’hui9. »
8De la même manière, on trouve un Signe de la Croix, cri d’indignation contre les Français, d’un auteur inconnu, qui circulait aussi dans les rues de Lisbonne et de Rio de Janeiro :
« Connais-tu Jinó10 ?
Moi je ne l’ai jamais vu.
Car il est bon de le connaître
Au fait.
De France il est général,
C’est un imposteur, exploiteur,
Et aussi adversaire
De la Sainte Croix.
Nom sacré de Jésus !
N’y a-t-il personne qui en finisse avec lui ?
D’un tel diable
Dieu Délivre-nous11. »
9Les fausses lettres aux amis étaient également courantes, comme la Carta de hum amigo residente na Hespanha a outro de Lisboa, em que se referem grandes acontecimentos (1808) [Lettre d’un ami résident en Espagne à un autre de Lisbonne où l’on évoque de grands événements], la Carta escritapor L. P. A. P a hum patricio da cidade da Bahia (1808) [Lettre écrite par L.P.A.P. à un compatriote de la ville de Bahia] ou A Grande carta que a mãi do Imperador Napoleão I dirigiu a seu filho (1810) [La Grande lettre que la mère de l’Empereur Napoléon Ier adressa à son fils], une parodie où la critique se fait par le biais de la voix de Laeticia, mère de Napoléon, qui se considérait la « femme la plus malheureuse », pour avoir nourri dans ses entrailles un monstre que tout le monde maudit12.
10Des lettres on passa aux farces, comme celle annoncée par la Gazeta do Rocio – un drame allégorique sur l’Empereur – dont les acteurs jouaient le rôle de leur caractère ; ainsi, par exemple, Junot, duc d’Abrantès, gouverneur du Portugal, en 1808, représentait l’erreur ; Lagarde, intendant général de police du Portugal, lors de la première invasion, l’insolence ; et tous les Français, les voleurs13. Il y eut aussi d’innombrables poèmes, vers et odes décrivant, en général, les événements et les personnages des principaux faits qui s’étaient produits au Portugal, comme la Restauration de la ville de Porto.
11À la fin, ces libelles prirent la forme de mémoires, de manifestes ou d’expositions circonstanciées de certains événements, quelques-uns célébrant la vertu et le savoir britanniques par opposition à la brutalité, la libéralité et la prédation des envahisseurs français. D’autres exaltaient le patriotisme et l’héroïsme portugais, comme les écrits, qui allaient dans ce sens, de José Acúrsiodas Neves, connu pour sa pensée économique libérale, mais qui défendait les pratiques de l’absolutisme monarchique, se transformant en historien pour narrer les premières défaites des armées napoléoniennes face à une insurrection nationale, à partir de fin 180814. Selon les récits de cet auteur, des attitudes d’opposition à Napoléon se firent jour dans le milieu des universitaires de Coimbra, qui constituèrent un bataillon de volontaires pour aider les opérations militaires des Anglais. Ce corps fut divisé en deux sections, celle des étudiants et celle des professeurs, la poudre et les cartouches étant fabriquées dans l’institution elle-même, sous la direction du professeur de Métallurgie et intendant des Mines, le Brésilien José Bonifácio de Andrada e Silva, faisant en sorte que « le berceau des lettres » devienne « un arsenal de guerre ». Un pamphlet rédigé par un universitaire, Ovídio Saraiva de Carvalho e Silva, ultérieurement député des Cours de 1820 pour le Piauí, décrivit l’enthousiasme de ces combattants : « Voici, ô Nation Portugaise, le corps brillant qui te fait briller et te protège, et qui, avec les livres à gauche et, à droite, l’épée, court venger l’offense de fer à la triste Patrie consternée. » Dans la ligne de nombreux autres écrits, il considérait Napoléon comme « l’apostat de la société humaine », le « bourreau de [sa] nation », et exaltait l’importance de la victoire du Portugal contre l’armée d’invasion, considérant que « cette nation a été gardée par l’Auteur de l’Univers pour venger les grands Empires d’Europe des insultes du Corse », afin d’attribuer la victoire aux « miracles de l’héroïsme » et à Dieu15.
12Toute cette littérature de circonstance circulait aussi en Amérique portugaise, lieu de refuge de la Famille Royale. Dans la Gazeta do Rio de Janeiro, entre 1810 et 1813, des libraires d’origine française, comme Paulo Martin, annonçaient ces brochures qui avaient été déjà imprimées au Portugal, ou réimprimées à Rio de Janeiro, et qui étaient destinées à combattre Bonaparte, comme a Verdadeira vida de Napoleão Bonaparte [la Vraie vie de Napoléon Bonaparte], a Besta de Sete Cabeças e Dezcornos ou Napoleão, imperador dos franceses [la Bête à sept têtes et Dix cornes ou Napoléon empereur des Français] et a Receita especial para fabricar Napoleões [la Recette spéciale pour fabriquer des Napoléons]. Ce dernier, un sonnet écrit pour « un ami qui gagne des sous », enseignait :
« Prenez une poignée de terre faisandée,
Un quintal de mensonge raffiné,
Un baril d’impiété alambiquée,
D’audace une bonne couche,
La queue du Paon toute déployée,
Avec la griffe du Tigre ensanglantée,
Du Corse le cœur, et la fourbe
Tête de Renard vieillie ;
Tout cela bien cuit à petit feu
De l’extérieur caressant, doux et léger,
Ambition effrontée leur ordonne de prier :
Laisser que tout se mélange,
Et ainsi attend très vite ; car tout de suite
Un Napoléon sort de là en volant16. »
13Les pamphlets jouèrent, sans doute, dans la construction de la légende noire, un rôle plus important que celui des journaux dans la mesure où ceux-ci touchaient un public plus restreint, en général les abonnés aux périodiques ou ceux qui étaient habitués à commenter, dans les cafés, les articles élaborés par les rédacteurs qui ne se transformaient pas toujours en grands polémistes. Cependant, au Portugal, la Gazeta de Lisboa diffusa des articles opposés à la domination napoléonienne, jusqu’au 1er février, quand elle devint un instrument du gouvernement de Junot. Au Brésil, dans le seul journal qui existait à la Cour, la Gazeta do Rio de Janeiro, on trouvait encore des critiques violentes contre Bonaparte et les principes français. D’un côté, il y avait les nouvelles transcrites de journaux européens, où l’on divulguait les défaites françaises ou l’opinion du public étranger sur les délires de l’empereur. Un article, commentant les opérations des armées françaises dans la péninsule Ibérique, louait l’efficacité des soldats portugais, qui verraient bientôt « réduit en poussière l’infâme Napoléon qui nous inquiète sans raison ». Il encourageait la poursuite de la lutte car Napoléon « n’est pas immortel, bien qu’il se croie tel dans le délire de ses plans. Néron aussi se croyait immortel, mais l’Histoire nous dit de lui : “tale monstrum XIV annos perpessus terrarum orbis tandem destruit”17 ».
14De l’autre, dans les colonnes du journal Correio Braziliense, rédigé à Londres par le Brésilien Hipólito da Costa, il y avait une préoccupation commune : le combat et la critique contre le tyran Napoléon Bonaparte, décrit comme un « despote corse », « nouvel Attila », « destructeur de tous les droits des hommes », un être « abominable et méprisable », comparable même à Satan, et considéré comme le continuateur de la Révolution française, dont l’ambition menait à l’état de la plus parfaite barbarie18. Dans ses observations sur les causes de la destitution de Bonaparte, Hipólito synthétisait son opinion sur l’empereur des Français :
« En prenant les rênes du gouvernement, Bonaparte a rétabli l’activité, il a réorganisé l’Armée, a flatté la vaine gloire des Français avec quelques victoires et s’est rendu populaire, mais il a formé tout de suite le plan d’en finir totalement avec la République, et quand il s’est trouvé avec un pouvoir solide, il a fait tomber le masque, usurpé le Pouvoir Souverain ; et il a commencé à mettre en pratique tous les stratagèmes et à utiliser tous les moyens d’oppression, parce qu’un usurpateur ou un tyran se voit toujours obligé de se maintenir sur le trône. Des guerres injustes pour employer les troupes ; des impôts élevés ; des emprisonnements arbitraires ; des exécutions secrètes ; des alliances néfastes pour la France et avantageuses pour le despote ; le monopole des sciences, des restrictions de la pensée, de la parole et de l’écrit sur les affaires publiques ont été les conséquences nécessaires de son système19. »
15Finalement, Bonaparte reconstruira un despotisme semblable à la tyrannie existant sous l’Ancien Régime, limitant les libertés individuelles pour que ses vassaux restent dans l’ignorance, attaquant des États innocents et pacifiques et méprisant le droit des peuples avec sa politique de blocus. Même quand il attirait l’attention sur quelque bénéfice offert par l’empereur – abolition de l’Inquisition, des droits féodaux, de l’inégalité des impôts et des taxes –, il alléguait qu’il utilisait ces moyens pour offrir au peuple une certaine tentation afin qu’il accepte les changements arbitraires qu’il voulait faire. Les troupes françaises étaient aussi attaquées pour avoir commis « des atrocités indignes d’hommes », car « ils volent, insultent et tuent impunément les honorables habitants » et « outragent la religion » en mutilant les images sacrées20.
16Dans tous ces écrits, d’innombrables représentations furent forgées sur Bonaparte pour tenter de le transformer en un mythe, produit des événements, elles-mêmes se voyant aussi imprégnées par la force du mythe. Des monstres et des démons, des conspirations, des peurs, des espoirs de jours meilleurs seraient élaborés au moyen d’images qui récupéraient les symboles et les valeurs de mythes fondateurs, présents en d’autres moments. Sans doute, le mythe ne peut-il contenir en lui-même le signe de sa propre vérité, ni être confondu avec le monde vécu, mais par la force qui réside en lui, il est capable de prêter à l’ordre présent un passé destiné à fournir sa légitimité et sa rationalité21.
17Ainsi, ces pamphlets tournaient autour d’un thème central, comprenant une opposition entre une société déjà modifiée par la force des idées et des institutions libérales et une autre, celle du monde luso-brésilien où l’Ancien Régime restait en vigueur, réticent, pour maintenir les forces de la tradition. Surgit alors soit l’image d’un héros sauveur, restaurateur de l’ordre ; soit le désir de revenir à un âge d’or qui met en jeu une période précédente de bonheur perpétuel ; ou soit, enfin, le combat entre le bien (lumières) et le mal (ténèbres) jusqu’à la Fin des Temps, accompagné des images de l’Antéchrist. Se constituent ainsi ce que Raoul Girardet, utilisant une proposition de Gilbert Durand, appelle des « constellations mythologiques », autrement dit un ensemble de constructions mythiques réunies autour d’une même question – la légende sur Napoléon Bonaparte22.
18La convulsion des guerres napoléoniennes dans le monde luso-brésilien, a permis, par conséquent, une lecture interprétative du réel, enracinée dans les idées des origines du monde et de l’homme, une lutte symbolique se livrant, dans ce cas, entre les deux principes qui ont opéré à la création – un dieu bénéfique, qui a donné origine au cosmos, et un principe maléfique, inconstant et désordonné, qui est intervenu à ce moment de la création. Essence des grandes religions, cette perspective conduisit à une véritable confrontation dualiste qui récupéra, sous de nouvelles formes, l’opposition entre le bien et le mal23. En ce moment de tension, le mal était représenté, en général, par le « monstre de l’Univers » – Napoléon Bonaparte, au moyen d’innombrables images. Depuis le Père Fouettard, dont le nom servait aux nourrices pour intimider les enfants quand ceux-ci ne les laissaient pas dormir la nuit, jusqu’au « héros que la Corse a vomi à la face de l’Europe dans la force de sa fureur » ou au « féroce Dragon ». Dans toutes celles-ci, il y a des associations à des forces maléfiques et à des symboles de violence présentant les éléments constitutifs du récit qu’elles veulent construire24.
19Le héros-dieu, qui à ce moment-là incarne le bien, se trouve dans celui qui affronte Bonaparte et, d’une certaine façon, arrive à le vaincre, bien que temporairement. Deux personnages émergent de la littérature de circonstance dans le monde luso-brésilien – George III et le prince régent Dom João. Le souverain anglais, en s’opposant à Napoléon et en aidant les peuples envahis, pour une question essentielle de survie et de lutte pour le pouvoir économique en Europe, se transforma en défenseur de la cause des nations européennes, étendant « sur toute la terre les rayons lumineux de son incomparable humanité ». C’était le « Roi Magnanime », dont la vie fut « consacrée au bonheur de ses peuples et de leurs alliés ». De la même manière, Dom João était le « Prince vertueux, humain, ami de l’Église et de ses Ministres », par opposition à un « despote » qui, « déguisé avec une peau de brebis, sans foi ni religion », « dissimule sa voracité de loup et d’étranger rusé », recherchant « l’art de soutirer toutes les richesses de l’État25 ».
20Dans cette lutte symbolique, on revenait à la vision biblique des origines du monde où Dieu est bon et la qualification négative provient des événements humains successifs, spécialement de l’histoire d’Adam et Eve, avec le péché originel. Ainsi, en s’interrogeant sur l’origine de Bonaparte, les pamphlets en donnaient une – « de l’enfer et du péché ». On entrevoyait l’idée que dans l’histoire des siècles les tyrans étaient vus comme « destinés par Dieu à être les fléaux des peuples et les exécutants de sa colère ». Napoléon était ainsi un simple « instrument » auquel Dieu eut recours « pour réveiller les hommes et leur faire accomplir leurs devoirs ». On utilisait parfois le comique, au moyen de la glose, pour renforcer l’idée du mal associée au pêché de l’homme :
« GLOSE,
Où parle un pécheur
Je veux conter, Maître Arrais,
Et celui qui doit paiera,
Je vais vivre à l’Arrábida
Au bateau je ne retourne plus :
La fille que j’avais sur le quai
Je l’ai laissée vers Natal
Je ne veux plus vivre mal,
Car j’ai la foi, que Dieu
Envoya à cause de mes péchés
La Peste du Portugal26. »
21Dans cette vision, les punitions de Dieu étaient justes car la société européenne s’était laissée emporter par la contagion des écrits érudits français, qui étaient toujours « impies, séditieux, incendiaires et d’une exécrable obscénité, directement composés et destinés à saper et à corrompre le trône, l’autel et les bonnes mœurs ». Leur contagion était pire qu’une peste, dont les dommages semblaient être « bien moindres que ceux de la contagion mentale et morale moderne ». On avait recours à la métaphore de la peste pour démontrer la virulence de ces contagions maléfiques27.
22On devinait aussi dans ces écrits la perspective d’un âge d’or, d’un « temps d’avant », qui était une époque de grandeur, de prestige, de sécurité et d’un certain bonheur. D’un côté, pour les partisans des Français, il y avait l’espérance initiale que la domination napoléonienne pouvait représenter les « promesses d’un nouvel âge d’or, d’un siècle de bonheur », que les « sophistes impies avaient promis, une fois les Trônes disparus », quand alors « renaîtrait la liberté primitive et l’égalité des hommes, où tous seraient des messieurs et jouiraient d’un plaisir et d’un état de tranquillité, qu’il n’y a jamais eu dans le monde ». Au Portugal, pour certains, on croyait que les Français reproduiraient « sur les rives du pacifique Tage, les fabuleux âges d’or ». C’était une espèce de paradis perdu, inséparable de tant d’autres rêves alimentés par les hommes, qui revenaient à l’idée d’un état de nature28.
23D’un autre côté, la vision de l’âge d’or, pour ceux qui étaient opposés aux Français, était liée à un passé de gloire qui ne se traduisait certainement pas par la domination napoléonienne. Dans les pamphlets portugais, le souvenir d’époques dorées apparaissait fréquemment en fonction du sentiment d’orphelinat politique dû à l’absence du roi. D’innombrables manifestations venaient au jour, symbolisant le désir de retour à un vieil ordre immémorial, et s’exprimaient au moyen d’un langage d’espérance et de rédemption messianique. Certaines d’entre elles rapportaient notamment l’origine fabuleuse et fantastique de l’empire portugais, caractérisé par le miracle de Ourique, véritable mythe des origines et support de la vision prophétique de la Restauration de 1640. Ainsi les victoires remportées par les armées luso-anglaises contre les Français étaient expliquées par les miracles divins. Dans cette perspective providentialiste, la Restauration de 1808 serait l’œuvre de Dieu et non des hommes, de nombreux récits désignaient la victoire portugaise comme « des merveilles » qui « ne se sont pas produites sans miracle29 ». On espérait aussi que la crise commencée en 1807, avec le transfert de la Cour portugaise au Brésil et l’occupation du Portugal par les troupes françaises, se termine bien, par la reconstitution des « promesses de Ourique » ou, même, par la possibilité d’un nouveau retour de D. Sebastião30.
24En ce qui concerne les ennemis, cet imaginaire scatologique ne pouvait pas manquer de toucher Bonaparte lui-même en tant que symbole actualisé du mal, en voyant en lui l’un des précurseurs de la fin du monde ou encore l’Antéchrist-même. De telles représentations commencèrent à peupler l’imaginaire des Portugais. En 1810, un pamphlet écrit par le père Manuel Joaquim Rodrigues Rici, bien que non publié car censuré par la Mesa do Desembargo do Paço31, avait pour objectif essentiel de démontrer que « le dragon et la bête de l’Apocalypse » étaient consubstantiels « de Napoléon Bonaparte et de l’Empire français ». Il avertissait ses lecteurs qu’était « venue l’époque la plus critique du monde », dénonçant la domination croissante du mal. Il démontrait que des signes se produisaient déjà dans diverses parties du monde et même à Lisbonne quand, par exemple, l’on vit les « tremblements de terre », les « tempêtes et les ouragans », au moment de l’entrée des Français et « la foudre et les éclairs » sur l’armada russe, qui était ancrée sur le Tage pour appuyer les objectifs de l’ennemi. Pour l’auteur, tous ces signes indiquaient l’indignation de Dieu32.
25Dans sa conception, l’image de l’Antéchrist s’insérait parfaitement dans les convulsions de l’époque. Il définissait donc l’Antéchrist comme « l’Ange Exterminateur », le « fils du péché », la « bête à sept têtes et dix cornes », le « formidable Dragon de l’Apocalypse », et affirmait qu’il existait déjà parmi les hommes.
« Cette Bête c’est Napoléon avec son empire, la France et les autres Rois et Reines qu’il a subjugués ; c’est, en un mot, le Napoléonisme ou le Bestialisme. Personne ne peut douter que ce mot de Bestialisme est la définition la plus exacte que l’on puisse donner pour qualifier un tel gouvernement et les individus qui le composent. Ces Royaumes ainsi subjugués, ayant été gouvernés jusque-là par des codes éclairés, extraits à force de travail et de siècles de tout ce qu’il y a de plus sacré dans le Droit Divin, naturel et des Gens, sont maintenant gouvernés par un code vraiment Bestial ou brutal, puisqu’ils n’ont aucune ressemblance avec le Très Sacré Droit Divin et naturel et ni même celui des Gens, et qui ne fut composé et formé, que selon le désir brutal et la volonté de son auteur, Napoléon. [...] cette Bête du texte Sacré reste ainsi assez vérifiée en Napoléon et son Empire33. »
26Dans cette longue citation sont mises en évidence certaines marques de la mentalité du père Rici enracinée dans les valeurs et les principes de l’Ancien Régime, particulièrement l’idée de suprématie absolue de la religion sur tout droit de l’homme et l’explication divine sur tous les événements terrestres.
27Outre ceux-là, quelques autres exemples peuvent être tirés de ces écrits de circonstance dans lesquels l’appropriation des visions prophétiques se faisait en les détachant de leur contexte original. Dans un dialogue en forme de catéchisme, pour que le public ait « connaissance du système désorienté de la France », dans ces « derniers jours », le maître, dans son exhortation finale, recommandait aux hommes de s’éloigner des « congrès des Impies » et des « Assemblées » de « Maîtres mystérieux », qui trompent tout le monde « avec des haines, des terreurs paniques et d’autres superstitions indigestes et abominables ». Il demandait d’être prudent car Bonaparte ressemblait beaucoup au « fils du mensonge », à qui Jésus-Christ se référait comme présage de la fin des temps et, ce moment, personne ne savait, pas même les « anges du Ciel », quand il arriverait34.
28Les signes étaient très évidents – tempêtes, inondations, tremblements de terre, ténèbres, sang et guerre – et tous annonçaient la fin des temps. « Vous verrez qu’une pluie de calamités successives commence déjà à dévaster et à embraser les vastes et fertiles prairies du pays de France ». Calamités et feu, associés à la souffrance et à la mort, devenaient la caractéristique marquante de cette « époque de colère », qui précédait l’arrivée de l’Antéchrist. On annonçait ainsi, dans la vision de l’époque, l’incursion finale du Dragon sur la terre, la plus terrible, selon les prophéties, et permise par Dieu pour la punition des infidèles. Si ce n’était pas le présage de la fin des temps, c’était, sans aucun doute, le début de la fin d’un temps – celui de la société de l’Ancien Régime, dont les bases avaient été sapées par la Révolution française35.
29D’autres indices prophétiques, spécialement l’image de la comète, étaient aussi véhiculés pour annoncer le début de nouvelles calamités : « Il est apparu, il y a quelques jours, à l’horizon de cette ville une comète à la longue queue, ce qui est, pour le petit peuple, augure de maux funestes [...] Le Peuple est déjà totalement persuadé, voulant s’armer, de crainte de quelque nouvelle invasion protectrice des Français. » Dans certains cas, le phénomène naturel pouvait être le présage de bonnes nouvelles. Dans une lettre au comte das Galveias, le brigadier commandant du village de Ilha Grande – Francisco Cláudio Álvares de Andrade – décrivait « le grand phénomène » vu par certaines personnes le 25 mai 1813, vers sept heures du matin. Sur le même parallèle que le soleil, à une distance de cinq ou six degrés au sud du vrai Soleil, élevé sur l’horizon, est apparu « un arc de plus ou moins quinze degrés ». Le phénomène a duré de « deux à trois minutes » et s’est désagrégé en « un nuage qui s’est éloigné vers le nord à grande vitesse jusqu’à disparaître ». Il soulignait encore que « le temps était clair » et « l’air calme ». La fin de son texte était, toutefois, révélateur de sa vision : « Plaise à Dieu que cela augure la dissipation totale de l’Empereur des Français pour la tranquillité du monde », en annexant, en outre, un dessin du phénomène en question36.
30On devinait ainsi l’idée que la France Impériale, héritière d’une révolution, négation absolue de Dieu, et l’expansion napoléonienne, son instrument annonciateur de la barbarie, constituaient des menaces pour les valeurs de la chrétienté – signifiant dans ce contexte, la civilisation – dont la préservation dépendait du trône et de l’autel. La confrontation Civilisation/Occident/Chrétiens versus Barbarie/Orient/Hérétiques s’établissait en récupérant quelques représentations anciennes qui avaient leur origine dans l’avancée des barbares sur Rome, qui amenaient aussi en leur sein l’idée de la fin des temps.
31Napoléon, « un monstre vomi par l’enfer », avait pour objectif « d’en finir avec l’Europe civilisée », c’est-à-dire, dans le langage des pamphlets, celle tournée vers la Sainte Religion, vers la sécurité des souverains légitimes, des propriétés et des personnes de bien. La civilisation était conçue dans la perspective d’un jugement de valeur où il y a toujours quelque chose de grand, de noble, enfin, de meilleur moralement et matériellement parlant que ce qu’elle ne contient pas, c’est-à-dire, la barbarie et la sauvagerie. Les hommes n’avaient pas encore détourné totalement leur regard des Cieux et, donc, la France se présentait moralement comme inférieure aux qualités des autres nations européennes, car c’est là que se trouvaient les ténèbres. Or, s’agissant d’une confrontation entre le bien et le mal, « cette partie du monde qu’est l’Europe civilisée » obtiendrait indubitablement la victoire en retournant à son état antérieur et, par conséquent, « la barbarie s’éteindrait pour toujours37 ».
32Les écrits dénonçaient encore les atrocités et les brutalités commises par ces nouveaux barbares d’Europe. Les récits étaient, parfois, excessivement dramatiques, remplis de sang et de violence. Dans un mémoire sur les « dégâts causés à l’évêché de Coimbra par l’Armée française », son auteur soulignait :
« Jetons un voile épais sur des scènes encore plus lamentables ! Ma main tremble en voulant raconter combien de fois les épouses et les jeunes filles ont été violées dans les propres bras de leurs pères et de leurs maris. Certaines, oh férocité sans exemple ! ont été finalement arrachées à la vie ou par balles ou à coups de sabre, et toujours de façon extrêmement cruelle.
[...]
À Oliveira do Hospital, ils ouvrirent une jeune fille, du ventre à la poitrine, à la baïonnette, après qu’elle ait été victime de leurs turpitudes38 ! »
33De la même manière, les Français n’enterraient jamais les morts, car, de plus « ces barbares ont l’habitude de tuer ou d’abandonner les blessés qui se trouvent dans l’impossibilité de prendre les armes ». Les Anglais, cependant, « ordonnèrent de soigner avec toute la charité » les blessés et d’enterrer de façon chrétienne, donc civilisée, ceux qui étaient décédés39.
34Ainsi, le temps présent, qui s’identifiait à la France impériale, était le temps de la dégradation, du désordre, d’une société envahie par des coutumes non civilisées. La France se transformait en un lieu mystérieux, arriéré et menaçant, qui faisait renaître la vieille peur que l’Europe elle-même avait sentie par rapport aux peuples barbares, venus du Nord, et à l’Orient hérétique. En ce sens, le retour à l’âge d’or symbolisait, par essence, la régénération des coutumes et des valeurs anciennes, liées au trône et à l’autel, et non à la France révolutionnaire. Au milieu des exclamations exaltées, pleines de figures de langage, les messages de ces écrits politiques traduisaient des luttes symboliques qui se réduisaient, en règle générale, à une dualité simpliste, mettant en évidence le bien et le mal, mais représentaient aussi une lutte politique et idéologique, encore mêlée au religieux, entre la société libérale, issue de la Révolution française et dont Bonaparte était considéré comme l’héritier, et celle de l’Ancien Régime, où les symboles religieux finissaient par remplir le champ de l’énonciation du sentiment politique.
35En ce moment de tension politique, sociale et économique à l’intérieur de l’Empire portugais, quand d’innombrables conflits se produisaient entre les couches populaires et les envahisseurs, mais aussi contre une partie de l’aristocratie portugaise, qui avait appuyé les troupes de Junot, les images et les représentations que ces pamphlets ont construites, des deux côtés de l’Atlantique, invoquaient donc un certain héritage du passé, basé sur les idées de l’Ancien Régime et imprégnées des valeurs du mythe, comme une justification cohérente pour mettre de l’ordre dans le chaos du présent. En se sentant orphelin, sans la présence de son roi, le Portugal a cherché une sortie dans son passé glorieux, dont le modèle le plus fréquent était la Restauration de 1640. Il n’y avait pas encore d’espace dans son univers mental pour une conception moderne de la nation, principalement parce qu’il continuait à être une société marquée par l’oralité. Ainsi, les pamphlets, bien qu’ils présentent un discours public, donc politique, révélaient des représentations de pratiques politiques où la religion restait une force structurante, servant d’obstacle à la construction d’une idéologie sécularisée. Au début du xixe siècle, la pensée religieuse continuait à être la façon naturelle de concevoir l’univers, permettant le recours aux explications surnaturelles non seulement de la part des couches populaires, mais aussi de la part des lettrés, et même le choc des nouveautés françaises introduites lors des invasions napoléoniennes n’a pu entraîner l’usure de ces structures traditionnelles. Par conséquent, les croyances traditionnelles du monde de l’Ancien Régime, bien qu’elles commencent à entrer en agonie dans certains endroits d’Europe, ne donnaient pas de signes d’affaiblissement dans le monde luso-brésilien.
36En réalité, une opinion vraiment publique ne s’était pas encore construite. Il faudra attendre une autre conjoncture historique et une nouvelle vague d’écrits – les pamphlets et les brochures politiques de 1820-1823, avec la proposition de divulguer l’idéal libéral grâce à une pédagogie politique – pour que commence la lente corrosion, tant au Portugal qu’au Brésil, des bases de la société de l’Ancien Régime. Ce n’est qu’alors que deviendra possible l’entrée du monde luso-brésilien sur la voie de la politique moderne, avec le monopole de l’État sur les décisions publiques, l’ébauche de création d’une sphère publique de pouvoir et les principes d’un processus de construction de citoyenneté politique. Un tel processus allait toutefois perdurer pendant tout le xixe et, peut-être, le xxe siècle.
Notes de bas de page
1 Chartier R., Au bord de la falaise : l’histoire entre certitudes et inquiétude, Paris, Albin Michel, 1998, p. 175-179 et 67-86.
2 Cf. Jourdan A., Napoléon : héros, imperator, mécène, Paris, Aubier, 1998, p. 57-84.
3 Cf. Tulard J., L’Anti-Napoléon : la légende noire de l’Empereur, Paris, Julliard, 1965.
4 Les pamphlets portugais anti-napoléoniens, Arquivos do Centro Cultural Português, Paris, n° 11, 1978, p. 7-16.
5 D’Alcochete N. D., Les pamphlets portugais..., p. 10-11.
6 Gay P., The Enlightenment: the science of freedom, New York, Norton, 1977, p. 52-55. Voir aussi Pallares-Burke M. L., The Spectator: O Teatro das Luzes. Diálogo e imprensa no século XVIII, São Paulo, Hucitec, 1995.
7 Lisboa, Offic. de Simão Thaddeo Ferreira, 1809 : citation p. 19, poème aux p. 22-28. Œuvre vendue dans la boutique du français J. Roberto Bourgeois et annoncée dans la Gazeta do Rio de Janeiro, entre 1810 et 1813.
8 Ce catéchisme a été traduit en portugais en 1808. Cf. Cathecismo civil ou breve compêndio das obrigações do hespanhol, conhecimento pratico da sua liberdade e explicação de seu inimigo, Lisboa, Tip. Lacerdina, 1808. Citation à la p. 3.
9 ABC Poético, Doutrinal e Antifrancez ou VeniMecum, Lisboa, Imp. Régia, 1809 (réimprimé à Rio de Janeiro en 1810), p. 12. Il y a aussi, dans le « Diálogo entre hum Cura e umFreguez », transcrit du manuscrit de Fr. José Joaquim de Santa Rosa – Livro da Razão sobre algumas particularidades pertencentes à Caza de Real e de Covas – un autre Notre Père, rédigé sur le même modèle que celui qui est cité. Cf. Pires de Lima A. C., « As invasões francesas na tradição oral e escrita », Separata da Revista Lusitana, Porto, v. XXIII, 1922, p. 10-13. Pour les parodies des formes religieuses comme un des genres de la culture populaire, voir Burke P., Popular culture in early modern Europe, New York, Harper &Row, Publishers, 1978, p. 122-123.
10 Orthographe (et prononciation) déformée de Junot (N.D.T.).
11 Voir Pires de Lima A. C., O Sinal da Cruz de Junot, Coimbra, Coimbra Editora Limitada, 1943, p. 5. Comme l’indique l’auteur, Gustavo Barroso, dans l’œuvre Ao som da Viola (1921) cite un « Au nom de la Bigote » qui est semblable au dialogue transcrit ci-dessus, avec de petits changements. Ainsi, le texte a circulé au Brésil, parmi d’autres pamphlets, étant maintenu, surtout, au sein des traditions nordestinas où, selon Barroso, il était régulièrement cité au moins jusqu’au siècle passé.
12 A Grande Carta que a mãi do Imperador Napoleão I dirigio a seu filho, que foi interceptada e traduzida do italiano para hespanhol e deste em vulgar, Lisboa, Imp. Régia, 1810, p. 3.
13 Gazeta do Rocio, n° 9, Collecção das celebres Gazetas do Rocio que para seu desenfado compoz certo Patusca, o qual andava à pesca de todas as imposturas, que o intruso ministerio francez fazia imprimir no Diario Portuguez, Lisboa, Tip. Lacerdina, 1808.
14 Pour les textes de Acúrsio das Neves, voir son œuvre complète, publiée il y a quelques années, Obras compeltas de José Accursio das Neves, Estudos introdutórios de Antônio Almodovar e Armando de Castro, Porto, Edições Afrontamento, 1984-1985.
15 Cf. Neves J. A., História geral da invasão dos franceses em Portugal e da restauração deste Reino, Porto, Edições Afrontamento, s. d., t. 3, p. 115-116 ; Carvalho e Silva O. S., O Patriotismo acadêmico consagrado ao Senhor D. João de Almeida de Mello e Castro..., Rio de Janeiro, Impressão Régia, 1812, p. 166 et 163-164, respectivement.
16 Receita especial para fabricar Napoleões, traduzida de um novo exemplar impresso em espanhol por um amigo de ganhar vinténs. (É infalível), réimprimé à Rio de Janeiro, Imp. Régia, 1809, p. 1.
17 Gazeta do Rio de Janeiro, n° 72, 7 septembre 1811.
18 Pour la première citation, voir Correio Braziliense ou Armazem Literário, vol. 1, n° 3, août 1808, p. 245 ; pour la deuxième, cf. idem, vol. 3, n° 14, juillet 1809, p. 102 ; pour les deux dernières, cf. idem, vol. 2, n° 10, mars 1809, p. 259.
19 Correio Braziliense ou Armazem Literário, vol. 12, n° 71, avril 1814, p. 613.
20 Cf. Correio Braziliense ou Armazem Literário, vol. 2, n° 8, janvier 1809, p. 76. Pour la dernière citation, voir Correio Braziliense ou Armazem Literário, vol. 1, n° 3, septembre 1808, p. 216.
21 Caprettini G. P., Ferraro G., Filoramo G., « Mythos/logos », R. Romano (dir.), Enciclopédia Einaudi, Lisboa, Imprensa Nacional/Casa da Moeda, 1987, vol. 12. Mythos/Logos – Sagrado/profano, p. 93-95 (expression à la p. 94). D’autres moments historiques ont été propices à cette préoccupation de donner une explication intelligible à ce qui paraît incompréhensible, comme les guerres de Religion, la Révolution française ou la Révolution russe, entre autres. Cf., par exemple, pour une analyse des représentations sur les guerres de Religion, Bercé Y.-M., Révoltes et révolutions dans l’Europe Moderne (xvie-xviiie siècles), Paris, PUF, 1980, p. 18-32 ; pour la Révolution russe, Menezes L. M., Tramas do mal : a Revolução de Outubro no plano das representações (1917-1921), thèse pour concours de professeur titulaire présentée au département d’histoire de la UERJ, 1999 (Mimeo).
22 Girardet R., Mitos e mitologias políticas, São Paulo, Companhia das Letras, 1987, p. 11-21.
23 Nola A., « Origens », R. Romano (dir.), Enciclopédia Einaudi, vol. 12 : Mythos..., p. 19-22.
24 Citations, respectivement, dans Carta escrita por L. P. A. P a hum seu patrício da Cidade da Bahia, Lisboa, Nova Officina de João Rodrigues Neves, 1808, p. 7 ; Sonho de Napoleão, Lisboa, Officina de João Evangelista Garces, 1809, p. 7 ; Ode sobre o memorável feito da tarde de 18 de junho, em que a cidade do Porto tomou armas para sacudir o jugo francez, Lisboa, Officina de Simão Thadeo Ferreira, 1808, p. 7 ; Perfídia ou politica infernal : Diálogo entre Lucifer e Bonaparte, Lisboa, Typografia Lacerdina, 1808, p. 14 ; Discurso sobre a ruina de Portugal traçada pelos francezes, Lisboa, Officina de Simão Thadeo Ferreira, 1809, p. 26.
25 Pour George III, voir les citations dans À inclyta Grã-Bretanha, hum soldado português em nome da sua pátria, Lisboa, Impressão Régia, 1811, p. 1 ; « A Generosidade de Jorge III e a ambição de Bonaparte. Wellesley e os generais franceses, [1809] », Obras Completas de José Acúrsio das Neves, vol. 5, Escritos Patrióticos, Porto, Edições Afrontamento, s. d., p. 167 ; Voz da Gratidão, que a nação portuguesa dirige ao glorioso heroe dos nossos tempos, o grande e immortal Jorge III, Lisboa, Impressão Régia, 1810, p. 2. Pour D. João, cf. Discurso sobre a ruina..., p. 12.
26 Citations, respectivement, dans Cathecismo Civil e Breve compendio..., p. 4 ; Discurso sobre a ruina..., p. 21 ; Partidista contra partidistas e Jacobinos praguejados, Lisboa, Offic. de Simão Thaddeo Ferreira, 1809, p. 11 ; Protecção á franceza, Rio de Janeiro, Impressão Régia, 1809, p. 26.
27 ANRJ. Mesa do Desembargo do Paço. Caixa 171, pac. 3, doc. 43. 16 octobre 1820 et 21 janvier 1819.
28 Correspondência Antijacobina. Carta Segunda, Lisboa, Impressão Régia, 1809, p. 25. Dernière citation dans, Sermão de Acção de graças pela Feliz Restauração do Reino de Portugal prégado na Real Capella do Rio de Janeiro na Manhã de 19 de dezembro de 1808, par Januário da Cunha Barbosa, Rio de Janeiro, Impressão Régia, 1809, p. 4.
29 Sermão de Acção de graças pela Feliz Restauração..., p. 3-4.
30 Pour l’analyse du Miracle de Ourique en tant que mythe d’origine, voir Buescu A. I., « Um mito das origens da nacionalidade : o milagre de Ourique », F. Bethencourt et D. R. Curto, A memória da Nação, Lisboa, Livraria Sá da Costa Editora, 1991, p. 49-69. Pour la question du sébastianisme à l’époque de l’invasion napoléonienne, cf. Neves L. M. B. P., « As representações napoleônicas », Napoleão Bonaparte : imaginário e política em Portugal, c. 1808-1810, São Paulo, Alameda, 2008, p. 192-204. Pour l’analyse du sébastianisme, voir Hermann J., No reino do desejado : a construção do sebastianismo em Portugal, séculos XVI e XVII, São Paulo, Companhia das Letras, 1998 ; Valensi L., Fábulas da memória : a batalha de Alcácer Quibir e o mito do sebastianismo, Rio de Janeiro, Nova Fronteira. 1994.
31 Tribunal suprême de justice du Portugal entre le xvie et le début du xixe siècle (N.D.T.).
32 Rodrigues Ricci M. J., O mais importante desengano ou o AntiChristo descuberto e indubitavelmente verificado em Napoleão. Exposição literal do Apocalipse, A.N.T.T. Real Mesa Censória, Licença de Impressão, Caixa 68, n° 5, 1810, fl. 3 e 13. Pour une analyse minutieuse de ce pamphlet ainsi que de sa censure, cf. Castro Z. O., « Napoleão, “o anticristo descoberto” », Ler História, Lisboa, n° 17, 1989, p. 93-111.
33 O mais importante desengano ou o AntiChristo descuberto..., fl. 32.
34 Mentor da moda ou educação à franceza em forma de Cathecismo, para conhecimento do desorientado systema da França nestes ultimos días, Segunda parte, Lisboa, Impressão de Alcobia, 1809, p. 23.
35 Pour la citation, voir Discurso sobre a ruina..., p. 19. Pour la vision de la punition de Dieu, cf. Os precursores do Anti-Christo ; historia profetica dos mais famosos impios que tem havido desde o estabelecimento da Igreja aos nossos dias ; ou a Revolução Franceza profetizada por S. João Evangelhista, com huma dissertação da vinda e do futuro reinado do Anti-Christo. Traduite de la sixième édition de l’original français, Lisboa, Impressão Régia, 1818, p. 233-283.
36 Pour la première référence cf. Gazeta do Rocio, n° 7, Coleção das célebres Gazetas do Rocio..., p. 17. Arquivo da Casa Imperial do Brasil, 1807-1816. I – POB-1.6.813-Add.c. 1er juin 1813.
37 Que he o que mais importa à Hespanha. Discurso de hum membro do povo espanhol, traduzido por F. I. J. C, Lisboa, Nova Officina de João Rodrigues Neves, 1808, p. 6 ; Carta de hum official portuguez a Pedro de Almeida, ex-Marques d’Alorna, Lisboa, Impressão Régia, 1811, p. 41. Pour le concept de civilisation, cf. Febvre L., « Civilisation : évolution d’un mot et d’un groupe d’idées », Pour une histoire à part entière, Paris, Jean Touzot, 1962, p. 481-483.
38 Breve Memoria dos estragos causados no bispado de Coimbra pelo exercito francez, commandado pelo General Massena extrahida das informações que derão os reverendos parocos, Lisboa, Impressão Regia, 1812, p. 5, 11 et 12.
39 « Relação da batalha do Vimeiro, em que forão completamente derrotadas, e vencidas as tropas francezas, que comandava, em chefe, o general Junot, a qual foi transmettida fielmente por hum Official do Corpo de Engenhieros, que assistiu ao Combate », Minerva Lusitana, n° 37, s. n. t., p. 5 et 7.
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